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ladytelephagy
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21 février 2010

[DL] The Jake Effect

Autant il y a des séries qu'on s'évertue à chercher, et sur lesquelles on ne parvient jamais à mettre la main (je vous fais pas une liste...), autant il y en a qu'on ne cherche pas et qu'on trouve à cagouler très facilement.
Mais on conviendra tous que c'est pas poli de refuser.

Je suis tombée sur The Jake Effect sans même y penser. Vraiment, un pur hasard si ça s'est produit peu après avoir parlé de pilotes tombés au combat, et d'ailleurs en pratiquant un peu de lecture, on apprend que cette série n'a pas connu le destin tragique d'un Pretty Handsome puisque, 4 années après avoir été commandée puis annulée sans la moindre diffusion, ses 7 épisodes ont trouvé la résurrection sur une chaîne du câble, Bravo. Ce qui explique la présence de ce gros logo tout gris sur une série pourtant commandée par un network coloré, NBC.

TheJakeEffect
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Reste que le générique de The Jake Effect, à défaut d'être mémorable, donne quand même bien l'eau à la bouche : Jason Bateman (Arrested Development, d'ailleurs il parait que si j'ai aimé Better Off Ted ya pas de raison que je n'aime pas cette série, quelqu'un peut me confirmer ça ?), Greg Grunberg (Felicity, ALIAS, Heroes...), Nikki Cox (Las Vegas, Unhappily Ever After), non ya pas à dire, ya du beau linge.

Après, ayant regardé le pilote (toujours par pure politesse) de The Jake Effect, je vous garantis qu'on n'a pas raté grand'chose sur le contenu. L'histoire est relativement simple : un avocat décide de changer de vie, et devient enseignant. Quelques gags corrects, mais rien d'ébouriffant. Une amourette avec Nikki Cox qui fait une fois de plus ce qu'elle faisait de mieux avant de ressembler à la créature de Frankenstein : être rousse et jolie.
Cela dit, pour le téléphage désireux de se cultiver, ça reste quand même une curiosité...

Et pour ceux qui... Euh, je sais pas si la série est éligible pour une fiche sur SeriesLive, j'vais me renseigner.

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29 août 2013

Carnassier

Tout le monde parle un peu de la même chose aujourd'hui ; j'aimerais vous faire penser que je suis au-dessus de la mêlée, que je vais vous parler d'une série togolaise ou péruvienne. En plus je n'ai jamais testé ni l'une ni l'autre, donc effectivement ça semble alléchant à en parler comme ça. Mais non. Comme absolument tout les journalistes média aujourd'hui, je vais vous parler de House of Cards.
Et comme beaucoup de ces personnes, et une grande partie des spectateurs de Canal+ ce soir, je n'ai pas non plus vu le House of Cards britannique. Comme ça c'est assorti.

HouseofCards-US

Vous souvient-il des années 2000 ? Une époque où c'était A la Maison Blanche qui dominait les quelques séries politiques américaines. Sorkin tentait d'y décrire comment une équipe d'idéalistes, menée par un Président éduqué et droit comme un "i", se confrontait aux réalités de la vie politique à Washington... tout en triomphant, le plus souvent, de l'adversité. Qui croirait que l'une des séries les plus optimistes du genre politique date des années Bush, hein ? On l'avait pas vue venir celle-là.

Aujourd'hui les choses sont différentes. Comme l'a par exemple montré Boss, ce que nous cherchons aujourd'hui dans nos séries, c'est la preuve que nos élus sont corrompus et cyniques. Ere de l'anti-héros oblige, nous voulons à la fois nous identifier à lui et à ses imperfections ; mais en même temps, nous voulons aussi nous conforter dans l'idée que "tous pourris". Ils sont hypocrites, menteurs, désabusés ; ce sont des arrivistes qui ne pensent qu'à leur statut, leur pouvoir personnel et leur progression dans la pyramide alimentaire. Ils ne sont qu'ego. Comme beaucoup de séries dramatiques de toutes sortes actuellement, les fictions politiques du moment nous confortent dans notre vision noire du monde et de ses dynamiques ; à vrai dire, même les comédies peignent ce portrait, comme Veep (ou ce qu'on a pu voir d'Alpha House, commandée par Amazon).
Le temps des idéalistes est révolu ; il a disparu quand le Président providentiel s'est avéré être un Président comme les autres, imparfaits. Notre seule façon de gérer la déception est de tous les mépriser.

House of Cards s'inscrit parfaitement dans cette optique, et c'est tangible dés le pilote. En montrant un Président qui ne prendra pas la parole devant les spectateurs, dans des scènes qui sont réservées à leurs seuls yeux, mais uniquement dans un discours vidé de toute substance, l'épisode dépossède l'homme qui est au sommet de l'Etat du moindre pouvoir. Ce qu'il veut importe peu, puisque c'est quelqu'un d'autre qui s'exprime à sa place, en l'occurrence la Cheffe de cabinet Vasquez.
Et de toute façon, ce ne sont pas les gens au pouvoir les héros de House of Cards, mais Frank Underwood, un élu de la Chambre des Représentants qui fait figure, dans le contexte particulier de la politique au niveau fédéral, d'un outsider. Car en dépit de son ambition dévorante et de son intelligence aigue, de sa connaissance parfaite du fonctionnement officiel comme officieux des institutions, Frank ne va pas être promu Secrétaire d'Etat comme il l'espérait. D'ailleurs il ne l'espérait pas : c'était pour lui acquis, et la nouvelle, dans ce premier épisode, que le poste lui a échappé (pour atterrir entre les mains de Kevin Kilner - c'est l'instant fangirl pour la spectatrice d'Invasion Planète Terre) va avoir pour conséquence d'enclencher les rouages de sa vengeance. Un processus qui sera long, nous en sommes conscients dés ce premier épisode, parce qu'il implique de détruire un par un ceux qui l'ont floué.

Le paradoxe de House of Cards est là : dans le fait que des intriguants de toutes sortes sont sur le point, à n'en pas douter, d'être exposés (face aux spectateurs au moins) pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des gens corrompus de diverses façons par le pouvoir... par un homme qui lui-même est tout aussi corrompu qu'eux. Nous le célébrons parce qu'au moins, il va leur donner ce qu'ils méritent. Si pour cela il faut qu'il accède à d'encore plus hautes responsabilités, eh bien, c'est un dommage collatéral qu'en tant que spectateurs, nous acceptons d'assumer.
D'ailleurs, quand il aura le pouvoir, Frank Underwood, qu'en fera-t-il ? Quelle importance, répond le pilote de House of Cards : l'essentiel est qu'il obtienne sa vengeance par tous les moyens possibles. C'est à ça que tient la politique aujourd'hui.

Ecoutez, c'est pas moi qui vais contredire : des pourris en politique, ce n'est pas ça qui manque. Même pas forcément besoin d'aller au plus haut pour en trouver, il en grouille plein dans les couloirs des cabinets. Mais là où parfois A la Maison Blanche péchait par excès de candeur sur le monde politique, des séries comme House of Cards donnent dans l'excès inverse. Il manque encore un peu de nuance à la plupart des séries du genre, plus encore actuellement. Elles montrent soit les "gentils" qui font ce qu'ils peuvent contre vents et marées, pour essayer au moins un peu de faire progresser les choses ; soit des méchants qui font ce qu'ils peuvent pour avoir le champ libre pour atteindre le sommet (ou au mieux, des idiots pas forcément impressionnants qui continueront de faire ce qu'ils peuvent pour rester à peu près dans le jeu, quand bien même ils n'en ont pas la carrure). La politique est plus complexe et nuancée que cela, et on s'attendrait à ce que l'art de la nuance, la télévision, prenne le temps d'en tester les nuances de bleu-blanc-rouge ; ce n'est pas avec House of Cards qu'on verra cette expérience se produire sous nos yeux.

Frank Underwood est, c'est entendu, un carnivore de la pire espèce, qui n'est finalement là que pour le jeu politique et sa place sur l'échéquier. Le problème c'est qu'à ses côtés, beaucoup de personnages de ce premier épisode manquent d'épaisseur.

On l'a dit et répété dans 102% des articles publiés aujourd'hui sur le sujet : oui, c'est Netflix qui a originellement "diffusé" la série, et il était plus qu'encouragé de regarder les épisodes à la suite, en enfilade. De ce fait, les personnages n'ont pas l'obligation de se présenter à nous de façon claire et ordonnée, de s'exposer d'entrée de jeu pour que nous sachions d'emblée qui est qui. Cela peut très bien se produire plus tard, ou même pas du tout, dans le fond ; pour ma part, j'écris toujours mes reviews de pilote sans avoir vu la suite, donc à ce stade, vous n'en saurez rien...!
Le strict minimum est opéré dans ce premier épisode, mais je ne suis pas totalement convaincue que ce soit entièrement dû à la diffusion sur la plateforme. Claire Underwood, Zoe Barnes et les autres restent assez unidimensionnels face à un Frank Underwood habile et malsain dont la duplicité s'affiche rapidement, et cela peut aussi être dû, tout simplement, au parti-pris de la série.
Le binge watching fortement suggéré par la politique de "diffusion" de Netflix semble, au passage, plus difficile à faire dans le cas d'une série comme House of Cards que pour Orange is the new black, au ton largement plus versatile, et qui ne donne pas l'impression d'assomer le spectateur avec la brutalité sombre de son univers comme c'est le cas pour la série de Fincher. Personnellement j'ai essayé mais pas trouvé la force d'enfiler les épisodes à la suite. Se résoudre à ne pas tout regarder d'un coup, quelle qu'en soit la raison (choix, manque de temps, etc.), c'est accepter d'avoir, à la fin de chaque épisode, une vision un peu plus morcellaire que prévu, peut-être ; ce qui inclut de trouver les personnages secondaires simplistes dans ce premier épisode. Cependant, on n'aura pas attendu Netflix pour que soient écrites d'un seul tenant des séries ou des mini-séries, et cela ne nous a pas pour autant poussés à nous infliger un univers étouffant pendant 13h d'affilées si on ne le sentait pas. Juste parce que l'on peut, ne signifie pas que l'on doit (ni que l'on a).

Pour en revenir aux personnages secondaires, contrairement à Boss (encore), House of Cards ne semble pas très décidée sur la façon dont elle veut employer les personnages de son axe journalistique. Dans Boss, c'était le reporter Sam Miller qui faisait figure d'idéaliste, poursuivant la "vérité" avec autant d'acharnement qu'il soupçonnait assez vite que des vies étaient en jeu ; ici, on ne sait pas trop si c'est du lard où du cochon. Certes, Zoe Barnes est elle aussi une ambitieuse, assombrissant encore plus le portrait fait du microcosme de Washington, mais c'est aussi une débutante profondément anxieuse et à la précipitation de mauvaise augure. On comprend mal le rôle qu'elle joue dans le discours de la série, en particulier au sujet des médias et de la collusion avec le pouvoir.
Mais ma plus grande déception concerne Claire Underwood ; si en apparence elle rappelle énormément Meredith Kane, de Boss, y compris dans son incarnation à la fois élégante et terrifiante de sang-froid par Robin Wright, elle semble dans ce premier épisode manquer de répondant. J'ai apprécié en revanche la déclaration d'amour incroyable que Frank nous a faite suite à leur altercation.

Et de ces déclarations, parlons-en. Je m'étonne que tout le monde semble unanimement chanter les louanges de House of Cards, quand sa façon de faire tomber le quatrième mur est la même que House of Lies, dont le procédé avait pourtant été largement décrié. J'ai même trouvé le procédé assez grossier dans sa première manifestation ("comment pourrais-je commencer ma série par un monologue puissant sans avoir l'air grandiloquent ? ...Ah, je sais ! On va casser le quatrième mur !"), quand bien même son utilisation, à force, finit par devenir relativement naturelle. Mais peut-être que, d'une série livrée en un seul bloc, on a aussi tendance à attendre la perfection dés le premier épisode, et ce n'est pas très juste.

House of Cards n'est peut-être pas LA plus grande série de tous les temps ; elle pâtit de certaines comparaisons (notamment avec Boss, à laquelle elle doit beaucoup mais qui, de pilote à pilote au moins, lui dame sévèrement le pion) et peut-être aussi de l'aura naissante des séries Netflix. Mais dans un panorama où les limites de nos exigences sont sans cesse repoussées par l'arrivée de nouveaux acteurs, de la chaîne câblée AMC aux pure players comme Netflix, clairement, on est devenus difficiles et pointilleux ! House of Cards se situe, c'est sûr, dans le haut du panier des séries américaines du moment (il faut dire qu'elle fait tout pour), et même si elle souffre de petits défauts, il faut garder à l'esprit que des séries de cette trempe, il n'en sort tout de même pas tous les jours : en téléphagie, il faut rester ouvert.

Challenge20122013

19 juillet 2013

Nihonjinception

Certains jours on n'a qu'une envie : s'asseoir devant une série qui nous surprenne. C'est une envie compréhensible, surtout quand la lassitude gagne après quelques mois télévisuels en dents de scie, ou quand on a l'impression de tourner téléphagiquement en rond. Mais cette pulsion s'accompagne généralement des deux pires ennemis de la découverte sereine en matière de fiction : d'abord, des attentes démesurées dés lors que se présente un pitch un tant soit peu hors du commun, et surtout, la tendance qu'a alors le téléphage à tenter de trouver à tout prix une série qui va le renverser, qui peut tourner a l'obsession.
Je suis précisément dans cette situation actuellement, et j'espérais beaucoup de DOUBLE TONE, dont le pitch me donnait très envie. Mais c'est aussi une recette quasi-infaillible pour être déçu...

Pas de méprise, DOUBLE TONE est très exactement en train de faire ce que le sujet de départ laissait entendre : la série met en parallèle deux femmes, Yumi Nakano et Yumi Tamura, que deux choses lient, leur prénom, et le fait qu'elles rêvent l'une de l'autre. Le mal ne vient pas de là, mais je vais y revenir.

L'épisode inaugural commence un enchaînement qui sera constant pendant tout le pilote, et vraisemblablement pendant la majeure partie de la série : la vie de l'une des Yumi s'affiche à l'écran, avant d'être interrompue par la sonnerie d'un réveil. L'autre Yumi ouvre alors les yeux, commence sa journée... jusqu'à ce qu'elle soit interrompue par la sonnerie d'un réveil. C'est au tour de la première Yumi de se réveiller à nouveau, et ainsi de suite.

DOUBLETONE

La formule est claire dans l'esprit de la scénariste (Akari Yamamoto, qui a contribué à trois épisodes de Neo Ultra Q l'hiver dernier, et écrit le pilote de Magerarenai Onna)... voire peut-être un peu trop.
Ce qui devrait plonger les protagonistes et/ou le spectateur au minimum dans la confusion, apparaît comme un processus accepté, pour ne pas dire naturel. A-t-il commencé avec le pilote, ou dure-t-il déjà depuis un moment ? Ce n'est pas très clair non plus. En tous cas les scènes (plutôt courtes de surcroît) s'enchaînent sans qu'on ait le temps de se poser de questions, et les Yumi moins encore. Ou quand elles le font, c'est avec une horripilante voix-off et avec des demi-questions qui ne vont pas bien loin ("mon amie est apparue dans mon rêve/la vie de cette autre femme... ça alors c'est étrange") et qui sont rarement suivies d'effet (poser la question à l'amie ? non ? ah bon ok).

Il faut dire que DOUBLE TONE n'a que six épisodes d'une demi-heure pour raconter son intrigue complexe... et du coup, cette exposition est simplifiée à l'extrême pour ne pas perdre de temps. Mais cette confiance limitée dans les capacités intellectuelles du spectateur va porter tort à tout ce pilote, en nous empêchant de suivre réellement le cheminement de pensée des héroïnes. Et surtout, le résultat, c'est que ce premier épisode va trop vite pour qu'on s'investisse émotionnellement dans une vie, l'autre, ou le fait que les deux semblent s'entremêler par rêve interposé. Ce qui est quand même problématique, vous en conviendrez !
La réalisation et le jeu des actrices en rajoute une couche, avec un épisode qui manque d'authenticité, dont les dialogues sonnent creux voire faux, et où le rythme n'est pas au rendez-vous, ce qui là encore, relève de l'exploit quand on voit l'idée de départ et les contraintes... et le twist de fin de pilote, sur lequel, ça va de soi, je ne vais pas m'amuser à vous spoiler.

Mais dans ce qui semble, avec ces premiers paragraphes, s'annoncer comme un fiasco, je suis venue également vous apporter une bonne nouvelle : si DOUBLE TONE se perd autant en chemin, c'est parce qu'elle essaye aussi de dire quelque chose sur le fond, qu'elle essaye à la fois de le dire suffisamment vite pour avoir tout raconter dans 6 épisodes de ça, et qu'elle ne veut pas trop appuyer dessus non plus, comme par peur de paraître trop militante. En cela, elle m'a d'ailleurs rappelé les hésistations de Magerarenai Onna, d'ailleurs.
Ainsi, nos deux Yumi ne pourraient pas vivre des vies plus opposées : Yumi T est une mère de famille qui s'occupe à la fois de son mari Youhei (assez antipathique), de sa petite fille Ami, de sa maisonnée que le mari laisse totalement à sa charge jusque dans les décisions financières, et cumule par-dessus tout ça un emploi (peut-être à mi-temps ?) dans un bureau, où la seule personne avec laquelle elle a sympathisé est sa patronne Ikuko, une amie de son mari. De l'autre, Yumi N est célibataire, vit seule dans une petite routine calme, travaille depuis à peine un an dans un bureau, et jure qu'elle ne veut pas se marier (quand je vous disais que ça me rappelait quelqu'un...!).

Là où, dans tout cela, DOUBLE TONE tente son coup de poker, c'est justement en décrivant la frustration de Yumi T, la façon dont son mari l'ignore et, osons le dire, la prend pour sa bonniche, et où sa fille exige sans cesse son aide, ce qui ne manque pas de la frustrer. Au travail, seule Ikuko semble l'estimer, son supérieur direct ayant assez peu d'interactions avec elle dans le pilote, mais suffisamment pour traduire une certaine animosité ; mais même là, quand elle fait part à Ikuko (qui l'y enjoint) de ses craintes et doutes, elle se fait gentillement rembarrer sur le mode : "ah en fait t'es pas heureuse d'être heureuse, oh bah ça va, je croyais qu'il t'arrivait un truc grave !". Non, non, c'est pas grave. Yumi T nous fait juste un début de dépression, à part ça tout va bien.
A contrario, Yumi N, en dépit du fait qu'elle souffre peut-être un peu de solitude et parle à une photo encadrée (mais de qui est-ce donc le portrait ?), semble heureuse et épanouie. Elle fait gaiement du vélo dans les rues, et surtout, elle est estimée à son travail, où son patron lui demande son avis, et l'écoute, voire l'encourage à prendre des initiatives. C'est très sympa, cette vie que Yumi N mène, et quand elle dit qu'elle ne veut pas se marier et qu'en gros, sa vie lui convient très bien comme ça, on la croit. Au moins à 90%, allez, peut-être 95% (on a vu la photo encadrée). Tout le monde semble perpétuellement tenter de le caser, mais elle ne tient pas à changer les choses, Yumi N, elle a fait son choix finalement.

Et en substance, DOUBLE TONE veut interroger cela : le bonheur d'une femme, où est-il ? Dans une vie de famille stable et conventionnelle ? Au risque de parfois se laisser déborder par les responsabilités et oublier d'exister... Ou bien dans une vie réglée comme du papier à musique mais qui renvoie une image positive de soi, à condition de ne pas se laisser submerger par la solitude et le silence ?
Les deux Yumi sont très conscientes de rêver de la vie d'une femme diamétralement opposée à la leur ; Yumi T, en pleine crise existentielle, le soulignera à quelques reprises à l'oral (et pour que la voix-off le dise...). Yumi N, même si elle est plus dans l'interrogation de ses rêves sous un angle qu'elle devine comme étant occulte (il faut dire qu'elle est plus satisfaite de sa vie), apparait également comme très consciente des différences entre elle est sa "jumelle astrale". C'est la porte sur une autre option que leur ouvre DOUBLE TONE, l'opportunité de se dire : et si j'étais l'autre, serais-je plus heureuse ? Le pilote amorce quelques éléments de réponse, et il est clair qu'en dépit des hésitations et maladresses du scénario, ce sera un sujet central de la série.

Jusque là, je n'avais jamais fait attention si NHK BS Premium, chaîne publique du satellite qui depuis quelques saisons ose de plus en plus de pitches originaux, avait des formats de "science-fiction" d'une demi-heure, comme cela arrive régulièrement à Fuji TV (nous "offrant" ainsi O-PARTS ou Mirai Nikki) ou TBS (avec par exemple Clone Baby ou Soumatou Kabushikigaisha). Si c'est une première, c'en est une qui part un peu du mauvais pied, hélas.
C'est regrettable, car l'idée de départ est bonne. Et surtout, c'est dommage parce qu'à l'instar d'une longue tradition de bonnes séries de science-fiction, l'important n'est pas d'oser impressionner le spectateur, de lui couper le souffle avec des effets spéciaux et/ou des rebondissements inouïs, mais plutôt d'utiliser le genre, métaphorique par excellence, pour poser des questions qui s'imposent à chacun. DOUBLE TONE réussit très modérément le premier objectif, et c'est à la condition que le spectateur éprouve de la curiosité pour le sujet de fond, et fasse preuve de patience, que l'épisode peut finalement porter ses fruits. J'espère quand même que la réalisation (et la direction d'acteurs) va un peu se réveiller maintenant qu'on a passé le stade introductif.

Une chose est sûre : je voulais m'asseoir devant une série qui nous surprenne, et ça ne s'est pas produit. Mais toutes les séries dignes d'intérêt ne sont pas capables de surprendre ; et vice-versa. Jurisprudence Awake, cousine américaine de DOUBLE TONE que j'ai abandonnée au bout de deux épisodes, et qui présente les qualités et défauts inverses exactes. Par contre, l'une des raisons pour lesquelles je regarde des séries, dans l'absolu, c'est précisément pour avoir l'impression de me glisser dans une vie que je ne vivrai jamais moi-même, pour imaginer des points de vue différents sur le monde, pour essayer d'élargir mon expérience sans avoir à devenir moi-même mère de famille au Japon, ou Premier ministre au Danemark, ou consultant pour de grandes entreprises. La mise en abîme quand je me trouve devant DOUBLE TONE est donc d'autant plus saisissante !
Alors, peut-être que DOUBLE TONE ne m'a pas donné ce que je voulais... mais peut-être aussi qu'elle tente de me donner ce dont j'ai besoin. Je le vérifierai avec au moins un épisode supplémentaire, mais je pense que c'est à chacun de se faire son opinion...

6 décembre 2012

I spy, I spy

Tiens, bah puisque j'en suis à tenter des séries d'espionnage, après Covert Affairs, j'ai voulu regarder le pilote de Spy, une comédie britannique dont j'avais vaguement entendu parler. Et par "vaguement" je veux dire que j'ai découvert son existence en lisant une news à propos de sa saison 2 (j'ai encore deux-trois progrès à faire côté séries britanniques, on le sait tous). A la bourre, donc mais plus j'y réfléchis plus ça a l'air d'être un problème récurrent dans mon rapport aux séries d'espionnage je vais vous parler du pilote...

Spy-LOGO

Il faut dire que ce premier épisode est très long au démarrage. La séquence d'ouverture est supposée être drôle mais ne l'est pas du tout. On parle d'un personnage dont la situation est très proche de celle de Woodley, mais au lieu de nous le rendre attachant, on nous le présente comme un pauvre type qui peut se faire lyncher par son ex, le nouvel amant de son ex, et même (voire surtout) par son jeune fils, ce qui tourne plutôt au lynchage qu'autre chose. Et vous le savez, je réagis assez mal à l'humiliation d'un personnage érigée comme alpha et omega d'une série (ça me le fait au moins depuis The Comeback, alors c'est pas d'hier !), du coup, les débuts de cet épisode de Spy ne m'ont pas arraché le plus petit rictus.

Ca a donc pris du temps avant que je ne me détende, mais on y est finalement arrivés. Pour cela, il a fallu que l'épisode insiste énormément sur l'inversion de rôles entre le père et le fils. C'est cet effet délicieux qui, à force de répétition du procédé, permet de vraiment accrocher à l'humour de la série, et de lui donner un ton bien particulier, loin du simple personnage piteux et ridicule. En décidant d'avoir un petit garçon haut comme trois pommes qui donne des leçons de maturité à son père avec un grand naturel, Spy met le doigt sur quelque chose de précieux qui, au bout de quelques scènes à ce régime, est devenu un absolu bijou en milieu d'épisodes, lorsque le fils fait passer au héros un faux entretien d'embauche pour se tester. Le fait que ça ne semble choquer absolument personne dans la série que ce gamin soit si mature et si adulte dans son comportement (et ça avait besoin d'être établi au cours des scènes précédentes, justement) fait que cette séquence m'a littéralement fait m'esclaffer à voix haute, ce qui ne m'arrive pas souvent devant une comédie.

Ok, à partir de là, Spy trouve ses marques, son rythme, et son ton, c'est visible, même si ce n'est pas parfait.
Tout l'enchaînement qui conduit à l'entretien pendant lequel Tim, le héros, apprend qu'il a été sélectionné pour devenir agent secret au service de Sa Majesté (il postulait pour un job au service informatique...) est réussi et plutôt efficace, en dépit de quelques lourdeurs. Le seul vrai problème tient dans le fait qu'on a vu arriver très tôt ce retournement de situation ; j'aurais préféré que les responsables qui lui font passer les tests ne soient pas eux aussi mis dans une situation embarrassante. C'aurait quand même été vachement plus drôle s'ils prétendaient effectivement passer des annonces à l'ANPE pour recruter leurs agents secrets ! Au lieu de ça, Tim devient un agent secret malgré lui ET malgré ses patrons, bien obligés de l'engager vu qu'il a l'air de répondre à leurs critères, même si de toute évidence il n'est pas du tout préparé pour la réalité de cet emploi. Ca en dit long sur le nombre de bras cassés dans cette série...
En tous cas, l'épisode se décongestionne donc avec le temps, ce qui ne peut vraiment pas lui faire de mal. Mais j'avoue que j'ai plusieurs fois été tentée de décrocher, et il s'en est fallu de peux pour que je n'en vienne pas à bout.

Spy n'est de toute façon pas très révolutionnaire dans son objet. On se souviendra que déjà à l'apoque de Get Smart, un agent secret improbable passait son temps à faire des bourdes mais qui ne garde son job que grâce à une chance insolente (faudrait un jour que je me le fasse, ce pilote de vieillerie, d'ailleurs, à force d'en entendre parler...), et c'était dans les années 60 ; depuis, des agents-malgré-eux, il y en a eu trois douzaines, à l'instar de Chuck (dont la parenté est d'autant plus évidente qu'il y a le boulot dans un magasin d'électroménager). La seule chose qui fait une différence, c'est que pendant que Tim sauvera le monde, son entourage proche, ou au moins son ex-femme et son fils, continueront de le prendre pour le dernier des minables, puisqu'il a interdiction formelle de parler de son boulot à qui que ce soit, bien qu'évidemment, la première chose qu'il fasse est de se confier à l'un de ses amis ("do you see how bad I'm going to be at this ?", lâchera-t-il en réalisant sa gaffe). Toujours ce côté un peu humiliant qui risque de ponctuellement me rebuter...
Mais bon, la première saison n'est pas longue, donc à la rigueur, pourquoi pas.

Et sinon qu'est-ce que je fais, je tente d'autres séries d'espionnage dans la foulée ? Surtout que j'ai toujours pas touché au pilote de Hunted... Faut voir. Tiens, j'ai souvenir d'une série japonaise, Karei Naru Spy, aussi, dans le genre, je vais aller la cagouler tant que je suis motivée...

5 octobre 2012

It's not who you've slept with...

A peu près chaque semaine, des DVD débarquent dans ma boîte aux lettres. Je fais mes commandes en général au même moment du mois (coups de tête non inclus), et ensuite, ce sont les délais de livraison qui font le reste, et jouent au Père Noël. J'avoue que je ne me lasse pas de la sensation de découvrir chaque semaine minimum un nouveau paquet dans ma boîte, à plus forte raison quand il s'agit de deviner d'où il vient sans regarder les cachets de la poste (sinon c'est tricher). "C'est peut-être Intersexions... ou Capadocia ? Non, c'est trop tôt pour Capadocia... quoique ?".

Aujourd'hui, la surprise était de taille : ma première série sud-africaine ! Une série dont j'avais entendu parler depuis bien longtemps, qui me rendait curieuse, et qui semblait être un véritable phénomène dans son pays d'origine : Intersexions. Vous pensez bien que ce n'est pas un DVD qui a eu le temps de prendre la poussière, et j'ai donc regardé le pilote presque le soir-même !

Intersexions

En préambule de ce visionnage du pilote d'Intersexions, plein de questions, pourtant.

D'abord, il s'agit bel et bien de ma toute première série sud-africaine. J'ai lu énormément de choses, consulté des sites et des bases de données à n'en plus finir, écumé le web à la recherche d'un petit épisode de soapie égaré par mégarde... depuis maintenant deux ans, je suis attirée par plein de séries sud-africaines, et je n'avais réussi à mettre la main sur aucune ! Quelle frustration ! Le problème, j'ai remarqué, quand je découvre ma première fiction d'un pays donné, c'est que grosso-modo, elle donne le ton pour la suite. J'aurais commencé le Brésil sur une telenovela, j'aurais peut-être fui, mais j'ai été déflorée par Capitu et l'empreinte est là à vie, avec un biais favorable à peu près quoi qu'il arrive. Le danger était donc d'être non seulement écoeurée de mon acquisition faite à l'aveugle, qui pouvait potentiellement me déplaire, mais aussi de toute la fiction sud-africaine dans son ensemble, parce que la première impression compte énormément. Ce qui aurait été gênant parce qu'il y a plein de choses qui piquent ma curiosité ! C'est donc, de façon injuste mais inévitable, toute la fiction sud-africaine que je m'apprêtais à jauger ainsi.
Autre problème : en-dehors de son pitch et quelques news, je n'avais aucune idée du niveau de production de la série en particulier, de la qualité du jeu des acteurs, et même pas... de la langue ! Rappelons que l'Afrique du Sud reconnait (j'ai vérifié) 11 langues officielles, dont l'Afrikaans sur lequel je vous avoue que je suis pas trop-trop au point, et que je n'ai trouvé nulle part l'information me permettant de savoir dans quelle langue la série était tournée. Il était à peu près évident qu'il s'y trouverait soit une piste, soit des sous-titres anglais (ce sur quoi je vais revenir), mais la langue de tournage était une grosse inconnue. Et quand il faut aussi apprivoiser une nouvelle langue (vous en avez fait l'expérience avec Srugim), on ajoute encore un niveau de difficulté.
En corollaire du problème de la langue, il y avait tout bonnement les questions culturelles. L'ex-élève française que je suis n'a été préparée à rien ou si peu en matière de culture africaine ; bon, quelques rudiments d'Histoire (Nelson Mandela essentiellement), mais à part ça ? L'Afrique du Sud, un pays plutôt conservateur en matière de moeurs, ou au contraire plus libéré ? Dans une série sur les relations amoureuses et a fortiori sexuelles, quels sont les rôles accordés à chacun dans un couple, par exemple ? Puisque je n'en savais rien, il allait falloir s'adapter...
Mais ce n'est pas tout : ensuite, je ne connaissais la série que de réputation, mais justement, qui dit qu'une série produite par une chaîne publique, en partie avec l'argent de l'institut John Hopkins, et afin de parler du HIV et du SIDA, allait me plaire ? C'est un sujet quasi-pédagogique, j'aurais pu m'ennuyer comme un rat mort. J'étais donc attentive mes réactions, me demandant si le sujet n'était pas trop aride, ou si, au contraire, il n'allait pas me rebuter. Pas de méprise : je suis toujours amatrice de drama, mais il y a drama et message-d'information-et-de-prévention-déguisé-en-drama, si vous voyez ce que je veux dire...
Bon et puis, enfin, venait la qualité de la série elle-même. Outre tout ce que je viens de citer, il y avait tout simplement la question de regarder ce pilote comme un pilote, pas comme un échantillon... Et concilier tous ces points n'était pas forcément une évidence a priori !
Cela faisait donc bien des défis à relever.

Résultat ? Eh bien ce pilote m'a très agréablement surprise.
Apparemment conçue comme une anthologie, Intersexions commence lorsque Mandisa se prépare à épouser Kabelo, lequel est un homme d'une générosité qui n'a d'égale que la profondeur de son porte-monnaie, et la traite comme une princesse. Mais alors que Mandi et sa meilleure amie Cherise se réjouissent de cette journée parfaite (surtout que leur firme de relations publiques a également décroché un gros contrat), elles entendent à la radio que DJ Mo, un animateur de radio très populaire, annonce publiquement avoir le SIDA et être sur son lit de mort. Le visage décomposé de Mandisa dit tout : elle a vraisemblablement eu une histoire avec lui.
Comme en deux minutes, l'exposition est rondement menée (Mandisa et Cherise discutent du mariage à venir, puis Mandisa parle brièvement à Kabelo au téléphone), on sait pas mal de choses : que Kabelo est donc riche, qu'il adore sa future épouse, que celle-ci mène une vie professionnelle bien remplie avec Cherise, mais aussi que Mandi n'est plus vierge (elle promet des choses coquines à son fiancé au téléphone avec un air entendu). On ne trouve donc pas déplacé qu'elle ait connu d'autres hommes avant son futur mari dans ce contexte, on y est même très bien préparés, de sorte qu'on tombe quasi-immédiatement des nues lorsqu'on apprend, là, avant même la 3e minute (générique compris), que l'ex de Mandisa est sur le point de mourir du SIDA.

Là où notre héroïne va nous surprendre, c'est que, contre l'avis de Cherise, elle ne dit rien à son promis (lequel va mal interpréter son émotion pendant la cérémonie, forcément), même alors qu'elle n'est pas sûre d'être elle-même en bonne santé. Les jours qui suivent le mariage, celui-ci n'est absolument pas consommé, Mandisa ayant toujours une bonne excuse.
La façon dont la culpabilité la ronge peut paraitre un peu longue par moments, mais elle est aussi assez bien vue. Bloquée dans une situation où elle ne cesse de s'angoisser, mais où elle est incapable de dire ou faire quoi que ce soit, Mandisa n'a ainsi absolument pas pris rendez-vous pour se faire tester. Il y a une sorte de cocktail déni/dépression qui me semble assez compréhensible ; on sent bien l'horreur que la jeune femme ressent, et en même temps son impossibilité à prendre le risque qu'on lui confirme qu'elle a raison d'avoir peur. C'est un passage de l'épisode qui nous donne l'occasion de nous attarder énormément sur le visage de l'héroïne (qu'elle a fort joli mais c'est pas le sujet), déchiffrant toutes les nuances de l'angoisse, tandis qu'elle camoufle tant bien que mal sa terreur à son époux. Quand elle réalise qu'elle est peut-être enceinte, évidemment, ça ne s'arrange pas... et la réaction ravie du mari sera de courte durée, vous vous en doutez.

Intersexions-Mariage
La mariée est extatique.

A la fin de 24 minutes de torture, Mandisa se prend finalement par la main et va faire les tests. J'avoue que cette scène a été un peu baclée puisque l'infirmière qu'elle rencontre lui explique, en gros, le concept de la série, mais que toute l'attention de la camera est focalisée sur les réactions de Mandi. Difficile de compatir et d'apprécier le message en même temps. Pourtant le dialogue est bon, c'est la réalisation qui ne le met pas en valeur :
"Doctor, I don't sleep around. All the men I've slept with can be counted in one hand.
- It's not only about who you have slept with. What is important is : do you know who your previous lovers have slept with ?".
L'épisode se conclut sur cette interrogation effrayante (qui peut vraiment être certain de savoir y répondre ?), un tremplin vers ce qui sera, si mes sources sur la série ne m'ont pas trompée, le maillon suivant de la chaîne. Après tout, le générique n'énonce-t-il pas brutalement cette réalité moderne : "In sex, there are no strangers" ?

Ah oui, parce que finalement, je ne vous ai pas dit : Intersexions est en anglais. Souvent. Disons, pendant un mot sur trois ? Les dialogues sont en effet un panachage de langues que je ne prétendrai pas avoir reconnus.
Fort heureusement, les épisodes sont d'office sous-titrés en anglais (ouf !). Je suis donc d'autant plus ravie d'être certaine d'absolument tout comprendre...

Justement, passons si vous le voulez bien à la "review" de mon dealer en DVD du jour. N'ayant pas trop d'inspiration, j'ai opté pour à peu près la première solution que me proposait Google lorsque je faisais la recherche pour les DVD de la série, et c'est tombé sur kalahari.com. Parfois je vous avoue avoir l'impression de vivre dangereusement, mais bon, c'était un coup à tenter, il faut bien une première fois à tout, même quand personne ne peut vous recommander un service pour l'avoir utilisé. Eh bien dorénavant, chers amis, je suis cette personne qui vous recommande kalahari. Le choix n'est pas très vaste, les DVD pas toujours bien rangés (par exemple on ne trouve pas Intersexions parmi le listing des séries locales... whoops !), les descriptions techniques très épurées, mais au final, ça fonctionne. Commandé le 8 septembre dernier, les délais annoncés étaient un rien optimistes (9 jours... soit les délais prévus pour la livraison sur le territoire sud-africain). J'ai donc commencé à compter les jours, et le DVD est arrivé aujourd'hui. Niveau délai c'est pas tellement ça, donc, mais ça ne veut pas dire que ça vienne de kalahari. Niveau emballage, rien à redire : Amazon ne ferait pas mieux. Carton ultra épais, DVD parfaitement arimé, rien à redire (d'ailleurs l'éditeur lui-même est d'une intéressante prévenance, glissant une rondelle de papier entre le DVD et le boîtier afin de minimiser encore le risque que le DVD tourne sur lui-même pendant le transport et/ou se raye contre le boîtier). Alors au final, en-dehors du presque mois de délai, franchement, ça va.
Bon, côté prix maintenant, parce que je sais ce que c'est. Le DVD d'Intersexions était en promo ce jour-là : 165,75 rands, au lieu de 188,95 rands en ce moment (environ 3€ de différence... il n'y a pas de petit profit !). Ironie du sort, les frais de port à l'international étaient plus cher que le DVD lui-même (ce sont les risques du métier), soit 180 rands tout rond. J'ai donc payé au total 345,75 rands, soit 33,04€ euros ; étant donné que je considère qu'une saison en-dessous de 35€, frais de port compris, est une affaire, vous me voyez donc comblée. Kalahari, je ne viendrai plus chez eux par hasard !

Encore une belle aventure téléphagique en perspective, donc, j'ai hâte de remonter les maillons de cette chaîne et comprendre comment chaque personnage, est relié, souvent sans le savoir, aux autres, même si c'est à cause d'une terrible maladie. Le SIDA est, comme chacun sait, un fléau qui fait particulièrement rage en Afrique, mais il ne fait aucun doute que la thématique de la transmission du virus, du passé sexuel de chacun, et des précautions à prendre ou des vérités à annoncer, n'a rien de typiquement local, bien au contraire. On connait tous quelqu'un. Ou quelqu'un qui connait quelqu'un. Ou on a tous eu au moins une frayeur.
Le sujet, sans être traité avec pathos pour le moment (on est loin des derniers épisodes de Corky et de [dit-elle en sanglotant rien qu'à cette pensée] la mort de Jesse, car Intersexions fait le choix d'être plus mesuré et de prendre de la distance), est on ne peut plus actuel et universel. Peut-être même vais-je réaliser au cours de ce visionnage qu'il y a des évidences qu'à force d'être inondés de messages de prévention, on a mis de côté avec les années (ce serait ironique si ça se produisait) !
Après tout, combien de fois les séries nous parlent-elles du VIH ou du SIDA sur la durée, toutes nationalités confondues ? Il y a eu des intrigues d'Urgences, je suppose quelques unes dans Dr House, ça semble inévitable, et évidemment Kamisama, Mou Sukoshi Dake, mais le pari d'Intersexions est d'explorer un terrain sur laquelle peu de séries s'aventurent, et donc, d'exploiter un sujet sur lequel les téléphages ne sont pas incités à réfléchir ou même ressentir des choses très souvent. Pour quelqu'un qui aime les séries dramatiques, l'occasion de trouver de nouveaux sujets est donc parfaite, car le potentiel effleuré dans le pilote peut conduire à énormément d'histoires intéressantes autant que touchantes. Et puis, peut-être qu'un peu de pédagogie ne serait pas plus mal, pour une petite remise à niveau...!

Le format particulier d'Intersexions (il ne s'agit certainement pas d'une comédie, et même pas d'une dramédie, mais le pilote dure 24mn montre en main) s'adaptera en plus très bien à un visionnage "bouche-trou", par exemple lorsqu'il ne reste que quelques minutes à épisode US pour terminer de cagouler et que je ne veux pas me lancer dans quelque chose de trop long en attendant. Que des avantages que je n'avais même pas prévus !

Du coup, pour un coup d'essai...! Je recommande de tenter Intersexions (méfiez-vous des videos mises en ligne par SABC sur Youtube... c'est la toute fin de la saison 1 !), et pour vous prouver ma bonne volonté, je vais même vous dire : si au moins 5 personnes disent en commentaire ci-dessous être intéressées par le pilote... j'exaucerai leur voeu. Vous avez toutes les cartes en main pour vous décider...

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2 octobre 2012

Calling in sick

Sur le sujet du défi que whisperintherain et moi nous sommes lancés, vous pensiez tout savoir. Oui, nous allons regarder et reviewer tous les pilotes de la rentrée. Aux quatre coins de la planète. Avec entrain et enthousiasme. Tout ça tout ça. Ce que vous ignorez jusque là, c'est que... bon, une saison, ça couvre les trois quarts de l'année, et on s'est dit qu'il y aurait peut-être des moments pendant lesquels le défi nous pèserait un peu. Alors on a établi un système de joker...
Alors, pour le pilote qui est l'objet de ce post... non, j'ai pas posé de joker (ces choses-là sont précieuses et la saison sera longue). Mais croyez-bien que j'y ai pensé. Très fort. On verra, grâce au lien au bas de ce post, si mon compagnon de galère s'en tire mieux que moi...

Vegas

"MAAAIIIS ! Je veux pas y aller !
- Ah non, tu commences pas ton cirque, hein.
- S'il-te-plait !!!
- Non. Quand j'ai dit non, j'ai dit non. Tu y vas et puis c'est tout.
- Mais euh, j'ai pas envi-i-i-e !
- Je veux pas le savoir. La rentrée, c'est la rentrée, alors tu vas faire ta review. Voilà, affaire classée.
- Ouais enfin, euh, d'abord, avec tous les trucs que j'ai, personne va faire la différence si je sèche UNE fois. J'te f'rai dire.
- Eh bien moi, je le saurai.
- Alleeez, je t'en supplie ! Je... je ferai un post sur autre chose ! Tiens, euh... sur The Rickey Smiley Show !
- Non, pour celui-là, whisper et toi avez décidé d'un joker commun, tu te souviens ? C'était tellement pourri que vous avez décidé d'occulter son existence.
- Oh, allez ! Je vais me mettre à pleurer...
- Les larmes ça marche pas sur moi. Tu te mets à ta review de Vegas, un point c'est tout.
- Ok, ok je vais le faire... mais tu trouves pas que j'ai de la température ? On pourrait appeler les lecteurs du blog et leur dire que je suis malade...?
- Mais oui. Et on leur expliquera aussi comment tu t'es goinffré de l'épisode de rentrée de The Good Wife pas plus tard qu'hier.
- ...Bah justement, c'est badass Kalinda qui m'a mis la fièvre.
- Bon ça suffit maintenant, écris ta review.
- Mais c'est pourri, Vegas, merde à la fin ! J'ai pas envie de devoir tartiner un post où je vais lâcher des horreurs sur un pilote de série que j'ai même pas réussi à tester en entier, et sur lequel j'ai l'impression d'avoir tout dit dans un tweet ! C'est ridicule ! Hein ? Franchement ?

- ...
- Non ?
- Bah... si, bon, un peu oui. Allez, va pour cette fois, je te fais un mot.
- Merci ! Hey, je peux rester en pyjama, allumer la télé, et finir la saison de Girl vs. Boy ?
- Vas-y, profite tant que je suis dans de bonnes grâces !
- Et tu crois que je peux finir le Netella ?
- Ho. Pousse pas, non plus."

Challenge20122013

25 septembre 2012

The sitcom that time forgot

Bon, je sais que je dis ça toutes les semaines ou presque, mais là, ça y est, le coup d'envoi de la rentrée américaine est donné. On va crouler sous les pilotes, on va se vautrer dans les season premieres, ça va être une orgie téléphagique de toute beauté. Toujours dans l'esprit du défi que whisperintherain et moi-même nous sommes lancé, je continue donc à reviewer chaque pilote de la saison. 
Aujourd'hui, c'est au tour de Partners, dont les critiques assassines m'avaient fait redouter le pire...

Partners

Ne perdons pas de vue ce que signifie réellement le terme : "mauvais". Ce terme est synonyme de Brothers, ou de Work It. A contrario, le terme "mauvais" n'est pas synonyme de "peu original", ou de "déjà vu cent fois notamment dans une série précédemment créée par la même équipe".
Quand les gens (généralement les journalistes donnant leur avis à l'issue du TCA press tour) commencent à dire qu'une série est mauvaise, je forme toutes sortes d'images dans ma tête, histoire de me préparer au pire (voilà pourquoi, ladies and gentlemen, il faut éviter le buzz du printemps sur les séries de l'automne, entre parenthèses). Mais ce que je commence à imaginer n'a rien à voir avec ce qu'est au final le pilote de Partners. Rien du tout.

Alors oui, la situation de Partners, on l'a déjà vue quelque part, et pour cause : c'est celle esquissée dans Will & Grace chaque fois que les deux protagonistes éponymes étaient en couple au même moment. Une relation totalement platonique qui rivalise involontairement avec deux autres qui ne le sont pas. Et ce n'est pas surprenant d'avoir affaire à cette histoire ; ça fait des années, mais littéralement des années et des années, que Kohan et Mutchnick tentent de la vendre à une chaîne... parce que c'est la leur !
Vous attendez de ces mecs-là de l'originalité ? Vous allez être déçus : ils font partie de ceux qui appliquent à la lettre l'adage "write about what you know". C'est comme tenter une série de Fran Drescher et espérer qu'elle n'y déverse pas 80% de contenu autobiographique et 20% de gags visuels ! Pour autant, est-ce que c'est mauvais ? Non. C'est juste totalement prévisible. Il y a une nuance.

Mais qui a besoin d'imprévisibilité dans toutes les séries qu'il regarde ? Il y a des séries qui nous surprennent, des séries qui nous émeuvent, des séries qui nous réchauffent simplement le coeur... un bon menu téléphagique annuel est toujours varié ! On ne regarde pas toutes nos séries pour la même raison. Sans quoi personne ne serait capable de regarder à la fois Portlandia et The Good Wife. Non ? Que moi ? Ah.
En fait j'aurais même envie de dire qu'en matière de sitcoms, il n'est pire ennemi que l'originalité du pitch. Regardez ce qui se passe quand on essaye de changer des formules famille/groupe d'amis/boulot : c'est presque invariablement un aller simple pour l'Enfer. Les pitches les plus originaux en matière de sitcom donnent de véritable cauchemars : Cavemen, par exemple, ça c'est un pitch original, hein ? CQFD. Tiens, Work It, qu'on mentionnait plus haut, c'était plutôt original, aussi, comme idée. Et vous voulez qu'on parie sur The Neighbors ? Pour une comédie en single camera, peut-être que la prise de risque est moins grande, mais pour une multi-camera, il vaut mieux rester dans les clous, et enrichir non pas la situation mais les personnages et leurs réactions. C'est ça, l'intérêt d'un sitcom !

Mais le plus important, pour un sitcom, c'est d'être drôle, je crois qu'on sera tous d'accord là-dessus. Et si on enlève la question de la situation prévisible, qui n'est pas un critère d'humour, il faut admettre qu'il y a de bonnes répliques dans Partners. Elles sont efficacement écrites, même si elles sont parfois délivrées de façon exagérée (notamment par Urie). J'ai ri plusieurs fois, à voix haute, du genre à faire trembler les murs de l'immeuble. Dieu sait que ça m'arrive très sporadiquement avec un sitcom.
Alors oui, ayant englouti une intégrale de Will & Grace il y a deux ans à peine (en moins de deux mois), je suis forcément bon public pour la formule, et ça joue probablement. Je suis très contente de retrouver la recette d'un sitcom qui avait su me faire rire : c'est suffisamment rare pour que je sois prête à renouveler l'expérience quand l'occasion s'en présente.

Et puis, il s'avère que je les trouve aussi attendrissant que les héros de Will & Grace, ces deux gars. J'aime bien leur dynamique, quand bien même elle n'apporte rien de nouveau au paysage télévisuel... elle fonctionne ! L'énergie personnelle des créateurs de Partners transparait à travers les scènes, et quand un pilote renvoie une impression de sincérité et d'authenticité, on ne peut pas réellement lui en vouloir de ne pas sortir des chantiers battus. Moi, en tous cas, je ne le peux pas.

Alors le pilote de Partners, au moins en ce qui me concerne, il n'a rien à se reprocher. Un peu de surjeu ça et là, sans doute. Bon. It comes with the territory. Je ne suis pas encore très convaincue par l'un des personnages (Wyatt, dont je n'avais même pas retenu le nom tant il est sous-employé et sans intérêt dans ce premier épisode, et qui mériterait peut-être qu'on insiste sur son côté un peu simplet), mais pour le reste, allez hop ! On est repartis comme en 1998 !

Challenge20122013

1 octobre 2012

Sex & the psy

Si aujourd'hui est devenu (relativement) aisé de parler de séries canadiennes entre téléphages, y compris si elles sont issues du câble, il y a encore quelques années, c'était encore beaucoup plus difficile. En 2004 seulement, apparaissait Show me yours, une petite dramédie qui a duré deux saisons sur Showcase. Et jusque là, vous n'en aviez encore jamais entendu parler.
Moi non plus, à vrai dire ; mais quand j'ai commandé mon DVD de Hounds il y a quelques semaines sur un site néo-zélandais (Mighty Ape, dont je vous ai déjà parlé), j'ai remarqué que le prix de l'intégrale en DVD de Show me yours valait une misère. Alors, frais de port pour frais de port... autant se payer deux saisons d'une série que je n'avais que peu de chances de voir autrement.

Evidemment, c'est le visionnage de Hounds qui a eu ma priorité, mais j'ai fini par glisser un oeil sur mon "investissement" tout de même.

ShowMeYours

D'entrée de jeu, il est clair que Show me yours est une série appartenant à la famille des séries de Cinemax, en particulier celles de Max After Dark (vu qu'il est encore difficile de savoir avec précision ce qu'il faudra attendre de Banshee ou Sandbox, et qu'on sera fixés dans quelques jours pour Hunted). Q quand je dis qu'elle est de la même famille, ce n'est certainement pas une parenté officielle (Cinemax est une chaîne US), mais clairement, tous les ingrédients y sont : un côté un peu sexy, écriture gauche, production value pas franchement impressionnant... Les acteurs sont d'ailleurs à l'avenant.
Bon, clairement, quand je vois des séries comme A Girl's Guide to Depravity, Chemistry ou Zane's Sex Chronicles, ma première pensée n'est pas exactement de me retrouver avec un DVD de l'intégrale pour pouvoir le regarder encore et encore et encore. Ce sont les dangers de l'achat à l'aveugle, ma foi.
Pour autant, dans le genre "petite dramédie sexy", Show me yours n'est pas la pire (la palme revient à Chemistry en ce qui me concerne). Mais vous allez voir que même dans cette catégorie peu exigeante, elle n'est pas la meilleure.

L'histoire est celle de Kate, une séduisante jeune femme (évidemment) qui est aussi thérapeute. Tout va pour le mieux dans sa vie : elle travaille sur un bouquin, a un épatant petit ami, bref, tout roule. Lorsqu'elle rencontre à un mariage un type du nom de Benjamin, un biologiste un rien arrogant, elle pense au départ qu'elle le déteste, mais force est de constater, quand il lui vole un baiser, qu'elle est en réalité attirée par lui. Par-dessus le marché, l'éditrice de Kate trouve absolument génial (et vendeur !) l'idée que tous les deux puissent écrire ensemble un livre de sexologie ; comme ils ont des points de vue radicalement différents sur la question, par déformation professionnelle ET par tempérament personnel, forcément, leurs deux avis sur une même chose peuvent provoquer des débats intéressants...
Voilà pour le pilote.
Enfin pas tout-à-fait, puisque ce premier épisode ne se contente pas de discuter. Rapport au fait que c'est quand même une série de softcore, pas une thèse universitaire !

Pour leur première séance "d'écriture" (qu'ils disent), Kate et Ben vont commencer à évoquer des anecdotes sexuelles... celle de Ben ressemble à un cliché tout droit issu d'un roman Harlequin, avec torse luisant, décor exotique et tout le toutim. Ce qui n'a pour effet que d'encore plus émoustiller notre héroïne...
Or, le problème de Kate, méchamment attirée par Ben et son attitude si insolente, c'est évidemment qu'elle est déjà en couple. Mais au-delà de l'aspect soapesque, ce qui l'ennuie au moins autant, c'est d'admettre qu'elle est attirée par un type qui est tout le contraire de ce qu'elle prône en matière de sexualité ; en cela, le conflit qui est supposé agiter le personnage acquiert une petite dimension secondaire vaguement plus intéressante que la simple envie de batifoler avec un insupportable beau gosse. On n'est clairement pas dans le triangle amoureux. Mais ce dilemme a aussi des conséquences très négatives...

Car le plus gênant dans Show me yours, ce n'est pas vraiment que Kate va passer son temps à parler fantasmes avec Ben en dépit du fait qu'elle ne s'autorise pas à concrétiser.
Ce jeu autour du désir n'est finalement pas si mal, et fonctionne bien mieux, dans le contexte d'une série vaguement érotique, qu'un classique vont-ils-ne-vont-ils-pas, en cela que le spectateur n'est pas le seul à se demander si ça va se faire : les héros aussi (Ben n'est pas là juste pour l'amour de la littérature, hein, il veut aussi se faire Kate). Le suspense n'est pas vraiment à son comble, car la série n'est pas écrite pour qu'on en fasse l'objet de notre attention, mais dans la façon de s'observer, se quereller, et se fantasmer l'un l'autre, leur chassé-croisé à du sens.
Non, le vrai truc qui me chatouille dans ce pilote, c'est que Kate est une gentille femme qui a un gentil métier, un gentil petit ami, un gentil tempérament, de gentilles convictions... et que franchement, le personnage est un cliché ambulant de la faible femme qui pense que le sexe doit être une chose jolie et douce et pure et pleine de sentiments avec un type qui a une "situation" et qu'on peut présenter aux copines.
Oh, eh. Va pas me faire croire qu'avec les litres qu'elle dépense à baver (mais oui baver, vous pensiez que j'allais dire quoi ?) sur la perspective de se taper Ben, Kate est une pauvre innocente ! A d'autres. Pourtant c'est bien le portrait qui en est fait : Kate est une pauvre femme qui met les sentiments, la tendresse et la bien-pensance (osons le dire) avant le désir et la passion. Un cliché ambulant, vous dis-je. Qui ne va pas se dire qu'elle n'a qu'à coucher avec Ben si ça lui chante, qu'elle ne va pas non plus se séparer de son prince charmant parfait (bien qu'un peu transparent) pour lequel elle ne ressent pas vraiment d'excitation, non, elle va juste préférer la frustration au nom d'un principe dont elle est convaincue pour on ne sait quelle raison : c'est pas bien.
Du coup, en faisant une série clairement orientée vers les femmes (ça papote beaucoup moins quand on crée une fiction érotique pour les hommes...), Show me yours trouve le moyen de se montrer assez réductrice en matière de plaisir féminin : le sexe, c'est bien d'y songer, mais pour le passage à l'acte, ouhlala, comme vous y allez, surtout pas avec qui on veut, hein, il faut rester des bonnes filles.

Et c'est finalement pas mieux pour Ben qui devient, un peu comme avec des vases communicants, le mec pas très recommandable voire un peu rustre, le type qui n'a qu'une idée derrière la tête et qui ne poursuit qu'un but.
On parle souvent des fictions sexistes dans lesquelles les femmes sont soit des putains, soit des madones ; eh bien de la même façon, c'est fou le nombre de séries à destination du public féminin qui classent les hommes soient dans la catégorie soit du parfait fiancé, soit du sale type forcément tordu (voir aussi ma review de la première saison de Girls). C'est au moins aussi réducteur, et le cliché est épuisant dans un sens comme dans l'autre.

Alors sur moi, en fin de compte, Show me yours n'a pas trop fonctionné. Entre l'érotisme cliché et les personnages qui le sont à peine moins, on ne peut pas dire qu'il y ait quelque chose à sauver.
A choisir, en matière d'énumération de fantasmes, Zane's Sex Chronicles sera, quelques années plus tard, plus honnête : on y explore ainsi des situations tout autant rocambolesques (dans le pilote, l'une des héroïnes imagine se faire prendre dans une laverie automatique, par exemple), mais sans que les femmes soient ainsi confinées dans un rôle rigide, celle de la nana qui n'a que son fantasme auquel songer, vu qu'elle ne peut concrétiser parce que ça ne se fait pas ; les héroïnes de Zane's Sex Chronicles passent à l'acte (qu'elles soient célibataires ou en couple). Kate est ici vissée dans une position d'impuissance ; les principes qui l'empêchent de concrétiser avec Ben sont de simples conventions : elle ne semble jamais vraiment éprise de son compagnon, elle n'est pas mariée à lui... en bref, elle a des options pour se sortir de cette situation, mais la série préfère jouer sur le principe qu'elle n'a pas le choix (grâce au gadget scénaristique de l'éditrice qui force leur coopération).

En tous cas dans le pilote. Ca se trouve, quelque part pendant les deux saisons, Show me yours permettra à Kate d'entrer plus activement dans le jeu de séduction, au lieu de se liquéfier devant le fruit interdit. On sait pas. Tout peut arriver. Sauf que je n'y crois qu'à moitié. Je soupçonne la série de reposer plutôt sur le concept de l'attraction perpétuellement rendue impossible sous un prétexte fallacieux. Et c'est dommage parce que, même sans pour autant coucher avec Ben, Kate pourrait participer à ce "concours de fantasmes" de façon un peu moins victimisante, et pourrait elle aussi essayer de faire saliver Ben avec des histoires croustillantes. Pour l'instant on en est loin.

Bon, ce n'étaient pas les euros les mieux dépensés de ma carrière de téléphage, c'est net. Vu que les scènes chaudes ne sont pas vraiment excitantes parce qu'elles sont stéréotypées et tout de même assez timorées, on ne peut pas dire que je me sois payée un DVD érotique qui va beaucoup servir pour les soirées d'hiver ! Je vous l'avoue, d'ailleurs : j'ai regardé ce pilote il y a une bonne dizaine de jours et je n'en parle que maitenenant (donc de mémoire), parce que franchement c'est pas l'enthousiasme qui m'étouffait.
Alors ok, je l'admets, sur ce coup j'ai pas eu le nez creux. Quand ça arrive, il faut le dire aussi. Cependant, si vous êtes moins regardant que moi, ça se trouve, ça vous plaira, hein... les dégoûts et les douleurs, ça ne se discute pas.

25 mai 2010

Who was the boss ?

Pendant que tout le monde est occupé à s'époumoner à propos du renouvellement de Glee pour une troisième saison (annonce qui pourrait faire l'objet d'un post Point Upleasant à elle seule...), je voulais rendre hommage à quelqu'un que nous avons tous connu, surtout les téléphages de ma génération, et qui pourtant est un grand inconnu parce qu'il ne travaillait pas devant les caméras.

MartinCohan

Il s'agit de Martin Cohan, plus connu comme étant la moitié de Hunter-Cohan, un tandem à qui on doit, excusez du peu, Ricky ou la Belle Vie ou Madame est Servie. Et si personne ne semble avoir pensé nécessaire de le mentionner, je trouve quand même dommage que personne n'ait un petit mot pour quelqu'un qui a participé à la télévision des années 80 de cette façon, une télévision dont pourtant beaucoup sont nostalgiques.

HunterCohan

C'était une autre époque, semble-t-il. Une époque où il existait des sitcoms familiaux. Des séries drôles que tout le monde pouvait regarder.
On en fait encore, des sitcoms de ce genre ? Je n'ai pas l'impression. La plupart des sitcoms s'adressent aujourd'hui uniquement à des jeunes adultes ou des parents. Qui prendrait ses gamins de 10 ans sous le bras pour regarder How I met your mother ? Qui déciderait de dîner avec toute la petite famille le soir devant un épisode de 30 Rock ? Je ne regarde pas Two and a Half Men mais je ne parierais pas ma chemise dessus non plus. Quant aux séries à destination de la "jeunesse", genre la tripotée de petites idoles éphémères made in Disney ou Nickelodeon, comme Hannah Montana ou plus récemment Victorious, elles sont au contraire intolérables de niaiserie pour les parents.

Martin Cohan était de ceux qui croient à une télévision intergénérationnelle, sans forcément se résoudre à s'adresser au plus petit dénominateur commun (car ces séries abordaient aussi des thèmes plus matures, et Madame est Servie ne se privait pas de second degré un peu plus coquin). L'esprit bon enfant typique des années 80, mais sans brader la qualité.

Et c'était un nom qui a accompagné des années et des années de téléphagie pour beaucoup d'entre nous, alors, bon, la moindre des choses, c'était de dire au revoir.

26 avril 2010

Plus légère après Gravity

Il est un fait communément admis que j'ai un goût particulier (euphémisme) en matière de célébrités masculines. Oh, je peux faire genre "je suis pas si tordue que ça" et vous dire que Christopher Meloni est ZE man, la définition de la virilité et tout le bazar, et ce sera vrai, et une fois passé le fait qu'il n'a qu'une vingtaine d'années de plus que moi, vous me trouverez à peu près raisonnable. Mais il y a aussi les fois où je vais vous confesser de but en blanc que l'un des amours de ma vie, c'est Eric Schaeffer. Que j'aime cet homme d'amour depuis des années et des années, bien qu'en étant consciente de faire partie d'une minorité de gens qui le connaissent, et plus encore, qui l'apprécient.
Tout a commencé avec Century City, bien qu'il n'y ait été qu'acteur et n'ait pas tellement apporté sa griffe aux épisodes... et déjà combien sommes-nous à avoir vu Century City ? Mais alors, quand il a créé Starved ? Oh mais merde alors, ce type est un Dieu ! Et combien sommes-nous à avoir regardé ET Century City, ET Starved ?

Alors quand aujourd'hui, agrippée à mon clavier tandis que je suis en larmes et en joie tout à la fois, je m'apprête à vous parler de ma nouvelle série préférée, Gravity, quelque part, je pense que vous avez tout compris sur la raison qui m'a poussée à regarder le pilote de cette nouvelle série. Ou plutôt... non, vous n'avez pas encore toutes les informations en main. Au départ, les raisons étaient les suivantes :
- il va y avoir un pilote. Bon, ça c'est normal, c'est la raison qui me fait regarder tout et n'importe quoi. Je veux dire que si un jour une série parvenait à accomplir la prouesse d'être diffusée sans avoir de premier épisode introduisant l'intrigue et les personnages, ce serait le seul cas où je n'aurais pas spontanément envie de la voir. Et encore, parce que lancer une série sans qu'elle n'ait de pilote, c'est une expérimentation qui pique ma curiosité. Non, sérieusement, le simple fait d'avoir un pilote rend n'importe quelle série éligible, c'est tout. Je suis pilotovore, on n'y peut rien.
- Eric Schaffer. Il parait que plein de gens ne l'aiment pas. Pour ceux qui savent de qui il s'agit. Moi franchement, je vais vous dire, je m'en fous. J'ai lu ce papier d'une nana qui est sortie avec lui une fois ou deux, qui le décrit à mi-chemin entre le pauvre type et le parfait petit enfoiré New-Yorkais, bah : même pas peur. Eric, je t'aime. Je t'aime parce que quelqu'un qui porte en lui une série comme Starved, c'est un mec que je ne peux qu'aimer. Et que tu aies rejoint le projet Gravity, c'est une preuve de plus que je t'aime. D'amour. Je m'en fiche de ce que disent tes ex. Elles n'ont rien compris. Un mec qui a Starved ou Gravity dans la tête, il faut pouvoir assurer en face, c'est tout, et c'est pas la première pétasse qui est équipée pour assumer une relation avec un type comme toi. Toutes les femmes ne sont pas à la hauteur. Moi, Eric, je le suis. Passe me voir à l'occasion, tu verras ! (PS : moi au moins, je ne te quitterai pas pour Conan O'Brien... enfin... on en rediscutera si ça se présente, disons)
- une série sur le suicide. Sur le suicide, quoi ! Là il en faut dans le pantalon, là franchement c'est de la télévision. Le suicide, merde ! Des gens qui veulent mourir, mais que par définition on peut pas faire mourir, parce qu'on les paye pour être là toute une saison ! Voilà bien un thème qui fait appel à la souche téléphagique en moi, la raison pour laquelle je continue de regarder des séries après en avoir vu pourtant des tonnes. Oh je peux aller tuer le temps devant un Caprica ou un Geomsa Princess, mais dans la vraie vie, ce que je veux, ce que je veux vraiment, c'est une série qui me chope les entrailles et me les extirpe douloureusement, sans chercher à me ménager, sans chercher à me dire "oh ma petite chérie, tu es sûre, tu préfèrerais pas une série où les enquêteurs ils pensent rien qu'à relever des empreintes et interroger des maris jaloux, tu es sûre, parce que ça je sais faire, hein, ça c'est pas dangereux pour toi", non, moi je veux des séries qui me parlent à moi de choses difficiles et douloureuses, et qu'on ne me prenne pas pour une demeurée ou, au mieux, une poupée de porcelaine. Je veux des séries qui abordent des sujets sur lesquels on ne peut pas reculer, une fois que tu t'es embarqué dedans, tu es obligé d'être honnête et de ne pas toujours faire dans le très propre. Des thèmes où il n'y a pas de zone de confort possible, voilà ce que j'attends de mes séries depuis toujours, depuis Rude Awakening, et l'équation Eric Scaheffer + suicide, c'était une garantie que j'allais en avoir pour mon argent.

Donc l'attente de Suicide for Dummies, de Failure to Fly et finalement de Gravity me rendait toute extatique.

Gravity

Et puis.
Et puis, il y a 19 jours, il s'est passé quelque chose. J'arrive d'ailleurs toujours pas à croire que ça ne fait que 19 jours, comme je n'arrivais pas à croire que ça n'en faisait que 12 ou que 5. La douleur est encore là comme si je l'avais appris hier. Un suicide ; dans la vraie vie, si je puis dire. Et après avoir passé plusieurs jours à me déconnecter de ma téléphagie, à n'y voir plus rien qui trouve du sens (merci pour vos conseils, j'ai d'ailleurs commencé la première saison de In Treatment, on en reparle bientôt), j'ai progressivement réalisé que j'étais dans une zone d'attente. Et que c'était Gravity la clé.
J'ai approché ma propre mort, deux fois. L'une plus sérieusement que l'autre, en toute sincérité. Mais j'avais perdu ce contact morbide avec le suicide, et j'avais besoin de Gravity pour "comprendre" ou en tous cas lancer la compréhension. Juste pour poser les questions qu'une bonne série sur un sujet grave pose immanquablement. Et moi-même, je me suis enfermée depuis 19 jours dans un cercle morbide où j'essayais de me mettre dans sa peau, et Gravity m'a servi à me libérer de ça parce que des personnages en parlent à ma place.

Le pilote de Gravity n'évite pas quelques clichés, mais je pense qu'une bonne partie sont conçus pour faire partie de son charme, de la même façon d'ailleurs que Starved n'était pas exempte de maladresses ponctuelles qui ne desservaient pas un instant la série.
Pour d'autres passages, avant même d'avoir lu que mener la série à l'écran avait pris 3 années, je peux sentir qu'il y a eu des concessions qui rendent le propos un tantinet plus mesuré que prévu. Gravity voulait parler du désir de mort et du désir de vie, qui existent en chacun mais qui, selon le moment, ne nous apparaissent pas toujours dans les mêmes proportions. Sa bande-annonce aux airs de feelgood movie, c'était une de ces concessions. Comme le personnage du flic qui m'apparait comme un ajout pour rentrer dans un certain moule télévisuel permettant à la série de voir le jour.

Mais quand on dépasse ces clichés et cette intrigue pseudo-policière (qui au final n'en sera peut-être même pas une...), on trouve dans Gravity toute l'honnêteté qu'on était en droit d'attendre sur le sujet.

C'était une telle épreuve et un tel soulagement de regarder Gravity. Loin de mes conneries de fantasmes sur Eric Schaeffer ou de mes tendances pilotovores, loin de toutes les raisons plus ou moins bonnes pour lesquelles on regarde une série au départ, Gravity, c'est juste la raison pour laquelle je regarde des séries, et c'est juste celle dont j'ai besoin maintenant.
Merci.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Gravity de SeriesLive.

21 octobre 2009

Samurai no Waltz

Mais où étiez-vous passés ? Je vous ai dit que je voulais vous raconter mon weekend téléphagique, et vous, vous partez avant la fin ? Ah bah bravo la curiosité, hein !
Surtout qu'en vous parlant de Tenchijin comme je m'apprête à le faire, je vais aborder un nouveau genre télévisuel, aussi bien pour vous que pour moi : le jidaigeki (et plus précisément son cas particulier le taiga).

Tenchijin

Je dois dire que, jusqu'à présent, j'entretenais une relation à la fois de fascination et de méfiance vis-à-vis des séries en costumes made in Japan. Pour ce qui est de la méfiance, elle est à mettre au compte de mon aversion pour les séries historiques en général, quelle que soit leur provenance, The Tudors (et dans une moindre mesure Rome) m'ayant sortie de ma démarche habituelle, qui consistait à voir qu'il y avait une série historique, à constater qu'elle avait l'air très bien foutue, et à faire un détour scrupuleux pour l'éviter soigneusement.
Pour ce qui est de la fascination, elle est le cas particulier de mon admiration envers la capacité qu'on les Japonais à mettre leur passé au présent. Littérature, musique, télévision... ils cultivent leur culture en plus de leur capacité à piocher dans celle des autres pour souvent panacher le tout, et ça ne les choque pas d'utiliser des trucs qui ont des siècles pour divertir le public (tous les publics, d'ailleurs) aujourd'hui. Je prends toujours un exemple musical pour expliquer l'objet de mon enthousiasme à ce sujet. Prenez une chanson récente... mettons, Starlight Waltz. On y trouve 2 DJ electro, une chanteuse de bossa nova, et des arrangements à grand renfort de folklore d'Okinawa. C'est magique ! Si, absolument, c'est magique et je le prouve : c'était quand la dernière fois qu'un artiste français s'est pris à mixer des musiques actuelles avec des airs de bourrée ou avec des gros morceaux de biniou dedans ? CQFD. En France, notre patrimoine historique ne fait ses apparitions dans les sphères télévisuelle ou musicale que lorsqu'on veut brandir l'étendard de la culture. Mais dans la popculture, point, et le divertissement encore moins.

Et Tenchijin ne déroge pas à la règle. Ce n'est pas un casting de vieux croûtons ou d'acteurs sur le retour qu'on y trouve : Satoshi Tsumabuki (Orange Days, Lunch no Joou), Hiroshi Abe (Shiroi Haru), Misako Tanaka (14 Sai no Haha, Aishiteru ~Kaiyou~)... il ya du beau monde, de l'acteur aimé, de l'acteur primé. Bref, quand la NHK a lancé ce projet, elle n'a pas fait ses petites affaires dans son coin pour fournir à trois mémés leur lot de dorama historique habituel, non, la chaîne à pensé à tout le monde, parce que la série historique, ça ne doit jamais être barbant, sinon on a manqué son objectif. Bah désolée, moi, ce genre de démarches, ça me fait palpiter le cœur. Et pendant ce temps, d'aucuns se gargarisent d'exception culturelle...

Alors, bon, après, sortie de ses bonnes intentions, Tenchijin reste (du moins je l'imagine, c'était ma première série du genre) assez conventionnelle. Mais cependant, pas chiante. Bon, juste un peu longue... le pilote d'1h15, personnellement je l'ai senti passer (pis ma cagoule aussi parce que punaise, à 1,35 Go la bestiole...). Je vous trompe pas sur la marchandise, vous voyez.
Mais pas un instant je n'ai eu d'envie suicidaire. Beaucoup des acteurs sont bons (les Japonais ont juste un problème récurrent avec leurs enfants-acteurs, je pense que ce fait est dû à la nature-même de leur industrie télévisuelle, mais en-dehors de ça rien à redire), ce n'était pas filmé à la va-vite, les costumes sont ce qu'on en attend, bref, c'est de la bonne fresque historique.

Et puis, en dépit de son conventionnalisme, Tenchijin reste divertissant, et c'est ce que j'ai envie de considérer comme essentiel. Exacte ou pas sur la réalité historique (et personnellement je considère que ce n'est pas un prérequis), la série présente des personnages solides, je pense par exemple à celui de Hiroshi Abe qui tient très bien la route : c'est un homme de son temps, guerrier et un peu ombrageux, mais en même temps un homme avec des principes et une certaine rigueur morale. La série retraçant son histoire, on s'attend aussi à ce que le personnage du samurai Naoe prenne de la profondeur avec le temps, puisque la série commence alors que le personnage a 5 ans, et que son initiation aux règles de vie des samurai va se faire en parallèle de la construction de son amitié avec son jeune maître.

Tenchijin, avec son cast impressionnant (help ! par où commencer ?), son ambition de retracer plusieurs décennies de la vie de son samurai de héros, et sa distance (car cela reste factuel, on ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit ni grandir un personnage), est la définition-même de la fresque historique télévisuelle.
Je soupçonne qu'il y en ait eu d'autres aussi bonnes avant.
Mais j'ai tendance à penser que ça mérite tout de même 1h15 d'attention, quitte, comme j'ai choisi de le faire, à ne pas y consacrer plus de temps ensuite ; il faut dire que 47 épisodes, c'est beaucoup pour l'allergique à la fiction historique que je continue d'être. Mais vous le voyez, je me soigne.

Et pour ceux qui manquent cruellement d'hommes aux cheveux longs : la fiche Tenchijin de SeriesLive.

10 juin 2009

La bande originale de ma vie - Part. 1

C'est quelque chose qui m'était totalement sorti de l'esprit : mon adoration de jadis pour les CD en rapport avec les séries. Aujourd'hui que j'ai un port USB qui me maintient en permanence connectée à mon ordinateur (ou celui du boulot, ou celui de mes proches...), j'ai perdu de vue l'état d'esprit qui régnait alors...

Vous admettrez que ce n'est pas pareil, quand même. J'y repensais quand je suis tombée sur les Chroniques musicales de Critictoo (qui portent pour le moment majoritairement sur des séries récentes), une rubrique à laquelle, j'avoue, je n'avais encore pas fait attention. Je me suis alors rendu compte que découvrir tout un album, chose que je ne fais plus depuis bien longtemps, et découvrir une chanson ici, une chanson là, au fur et à mesure des cagoulages, c'est sensiblement différent. Alors j'ai essayé de me souvenir de ce que j'avais ressenti en abordant certains des CD que j'avais achetés, évidemment en rapport avec les séries.
En voici donc quelques unes que, avant d'avoir un chez moi informatique, j'écoutais sur mon bon vieux lecteur CD...

Aujourd'hui : les B.O. de série

Sex and the City 
Music from the HBO Series
sexandthecity_CD

Ce n'est qu'une fois qu'on a acheté le CD qu'on se demande pourquoi (c'est dommage mais c'est comme ça). Il ressort de l'ensemble une telle impression de disparité... Parce que quand même : Tom Jones, Trisha Yearwood et Missy Eliott, vous avouerez qu'il n'y a pas beaucoup d'homogénéité. En fait, ce qui apparait, c'est que la série n'a pas vraiment d'univers musical bien à elle, se contentant de piocher çà et là dans la pop culture. Je pense que je m'attendais à des variations autour du générique, et pour celui-ci il faudra attendre qu'arrive la 13e piste, soit le générique par Groove Armada, qui réponde à cette demande. C'est bien peu. Bref, un CD complètement opportuniste que je n'écoute plus depuis longtemps.

Music from
Malcolm in the Middle

malcolm_CD

Exactement le contraire du précédent ! Non seulement on retrouve à la perfection l'esprit de la série (et notamment la 1e saison), mais en plus tout en étant différents les uns des autres, chacun des titres parvient à être à la fois drôle et entraînant. Bref le point commun de ces chansons n'est pas seulement d'avoir utilisées pour la série, mais d'appartenir au même univers. On ressort de cette écoute avec un sourire en banane et l'envie de se replonger dans la série, car si les chansons n'ont souvent pas été utilisées plus d'une poignée de secondes, on se rappelle immédiatement dans quel contexte elles ont servi. Une vraie réussite ; encore aujourd'hui j'écoute cet album avec plaisir, ce qui vu son âge tient un peu du miracle, quand même.

Farscape : Music from
the Original Soundtrack
farscape_CD
 

Un CD qui n'usurpe pas le titre de "bande originale". Là où les deux précédents se contentaient d'offrir une compilation de chansons glanées çà et là (avec un succès variable, comme je vous l'ai dit), la BO de Farscape consiste uniquement en chanson composées spécialement pour la série. La cohérence de l'univers musical du CD sonne donc comme une évidence. Le bémol, c'est que du coup ça manque un peu de variété... Tous les morceaux ne se ressemblent pas, évidemment, mais ils sont tellement dans le même esprit qu'il faut vraiment rester l'oreille collée au lecteur CD pour discerner quand une chanson finit et une autre commence. Un peu usant à la longue.

Gene Roddenberry's Earth Final Conflict : original soundtrackefc_CD  

Pour moi, l'acquisition de ce CD se posait comme une évidence, vous l'imaginez. Le CD d'une série, c'est typiquement le genre d'objet dérivé qu'on achète pour le simple plaisir d'avoir un objet estampillé de sa série favorite, un peu à l'aveuglette, mais sans verser dans l'inutile puisque, bah, c'est de la musique, on va l'écouter. C'est pas comme une statuette ou un goodies quelconque qui prendra la poussière. Et la surprise, c'est justement par ce biais de redécouvrir un univers musical enivrant, un peu ésotérique, et souvent teinté d'influences irlandaises (qui s'expliquent fort bien vu le contexte). Mais pour les mêmes raisons qui font qu'on l'a acheté, ce CD est à déconseiller aux non-fans. Et puis à la longue, il fait un peu disque de relaxation, sincèrement...

Band of Brothers
Music from the HBO miniseries
bandofbrothers_CD
 

On a beaucoup comparé Band of Brothers à une fresque cinématographique (certaines raisons étant plus objectives que d'autres), eh bien pour ceux qui se sont déjà farci un album intégral autour d'un film, on est effectivement dans la même veine ici. C'est magistral, c'est orchestral, mais au final assez peu original sur la longueur, j'avoue que je ne l'avais acheté que pour le générique et pour le quatuor à cordes n°14 de Beethoven (qui ouvrait le fabuleux épisode Why we fight), qui sont, d'ailleurs, à l'heure d'aujourd'hui, les deux seuls titres dont je me souviens dans cette BO. Et les seuls que je réécoute volontiers, aussi. Le coeur tordu de douleur, mais c'est un détail.

C'est ça aussi, l'Opération COLLECTION. Des CD que j'aimais chiner dans les bacs d'occasion, comme ce vieil album de Code Quantum, ou dénicher à l'arrière d'un rayon improbable, comme pour Soul Food.
Parfois, ça me fait un pincement au coeur que le numérique soit entré dans ma vie...

Au prochain épisode, les compilations...
Non, le post du jour ne parlera pas de Fringe, n'insistez pas.

29 mars 2009

Sois mère et tais-toi

Une série avec Megan Mullaly ? Je dis yes
Une série où les mamans ne sont pas parfaites ? Je dis yes
Une nouvelle comédie sur ABC ? Je dis... mouais, faut voir. C'est pas parce qu'ils m'ont eue avec Better Off Ted que je suis à nouveau bien disposée à leur égard. La méfiance persiste.
Cela dit, une nouvelle comédie, vu la morosité ambiante et tout, je dis quand même yes

Sauf que. Oui, ça va être un post avec un "sauf que" dedans. Et pas des moindres.
Sauf que ce serait mieux si Megan Mullaly était plus à son avantage, si les mamans étaient encore moins parfaites, et si cette comédie n'était pas sur ABC.
Ouais, en fait, ça va vraiment péter, là, parce que j'en peux plus. Et encore, je n'ai vu que le pilote, imaginez si je me farcissais la suite.

Déjà rien que de voir le mode de vie des mamans en question, j'ai envie de me dire : mais qu'est-ce qu'on fait là ? On n'en a pas déjà assez bouffé, de la femme pétée de thunes désespérée ? Nan, franchement, une mère qui serait vraiment dans la mouise, ce serait... tiens, je sais : Grace Kelly, d'Une Maman Formidable ! Alors elle, elle est dans le motherhood, et jusqu'au cou. Là d'accord, là je veux bien. Même Reba elle n'avait pas le droit de se plaindre. Et elle avait Barbara Jean comme voisine. Alors zut, hein.

Parce que nos trois primprenelles, là, non, c'est une grosse blague. Mais pas dans le sens où vous le pensiez au début !
La divorcée ? Elle a un super job qui lui permet de se payer un homme de maison et d'avoir une vie sans trop de contraintes. La vieille ? On ne la voit même pas avec son fils dans le pilote, c'est dire si sa vie lui donne du fil à retordre dans ce domaine (est-ce qu'il existe seulement, ce fils, j'aimerais bien qu'on me le prouve). Quant à la gentille et jeune maman parfaite, son mari (je t'ai reconnu !!! Tu étais dans Committed !) est docteur, ils ont une maison du feu de Dieu, et pour autant que je sache son seul soucis dans la vie c'est de s'envoyer en l'air avec son mari et cuisiner.

Alors merde, elles vont nous lâcher la grappe, les Parques, ça va bien, maintenant. Alors ya la jeune, ya la middle-aged, et ya la vieille bientôt frippée, et elles sont des mamans, et ouhlala c'est très dur à supporter, mais je rappelle que des gamins, personne ne les a forcées à en faire (ni à s'en imaginer, d'ailleurs). Vous me voyez pas me plaindre des miens, eh bien ya une bonne raison, c'est que j'en ai pas faits. Et si je les avais faits et que je vivais dans les mêmes conditions que les trois connasses, là, je la bouclerais et je profiterais au max. C'est pas possible de voir ça, mais c'est honteux, bordel ! Mais enfin, mais regardez The Corner et revenez vous plaindre ensuite si vous l'osez, seulement !

Donc je décrète que je prends en grippe, à compter d'aujourd'hui, là, paf, maintenant, top chrono ça commence, toutes les séries, et je pressens qu'on en a encore devant nous hélas, qui voudront nous faire croire que des nanas qui n'ont pas un seul soucis dans la vie ont vraiment des malheurs pas possibles. Ca ira de la première qui osera se plaindre d'une couche pleine, à celle qui se tartinera le visage avec des anti-rides, et tout ce qui est entre les deux.

Donc exit Desperate Housewives (évacuées par la bonde il y a quelques saisons en ce qui me concerne de toutes façons... même si les bandes-annonces de Canal donnent presque envie), exit Lipstick Jungle (normalement on peut s'estimer sortis du pétrin avec cette saloperie, je crois, non ?), et exit surtout In the Motherhood qui ne va rien nous apprendre que nous ne sachions déjà : être pleine aux as, avoir un job épatant et une famille, tout ça pour babiller au téléphone avec les copines toutes les dix minutes, c'est trop dur la vie.

A quand une série sur les vrais malheurs d'une femme qui n'aura pas tout ça pour elle ? Suis-je bête, ça a déjà existé, c'était Rude Awakening, vous arrivez trop tard.
Bon alors ça c'est fait ; suivant.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culcul-ture : la fiche In the Motherhood de SeriesLive.

8 mai 2012

Culture lutte

Parmi les chaînes qu'il va falloir commencer à surveiller sérieusement aux Etats-Unis, il y a Cinemax. Jusque là, avec des séries comme Zane's Sex Chronicles (dont j'ai déjà eu l'heur de vous entretenir), on ne peut pas dire que les fictions originales de la chaîne faisaient rêver le téléphage exigeant, et pourtant, avec la saison 2 de Strike Back l'an dernier, la chaîne a commencé à vraiment passer aux choses sérieuses, mettant de nombreux projets en branle, dont la plupart portés sur l'action. Vu qu'Alan Ball va y établir ses quartiers avec la série Banshee, il n'y aura bientôt plus le choix : il va falloir nous habituer à parler de ce qui se passe sur Cinemax.
Ca va nous faire un gros changement parce que jusque là, on ne peut pas dire que les séries de Cinemax avaient été autre chose que du softcore porn. Je me rappelle encore de mon visionnage du pilote de Chemistry, cet été. Jeu des acteurs pitoyable, scénario sans queue ni tête (ou en tout cas trop peu de l'un et certainement pas assez de l'autre), réalisation au rabais... c'était piteux.
A côté de ça, The Girl's Guide to Depravity, dont je vais vous parler aujourd'hui, est plus aboutie.

Depravity

Toutes proportions gardées, évidemment. Mais en tous cas, vous pouvez oser confesser avoir regardé The Girl's Guide to Depravity en société téléphagique sans craindre la mise au pilori.

Le concept en est assez simple : inspiré d'un blog qui a lui-même donné lieu à un livre (je crois que c'est la loi maintenant, tout blog doit donner suite à une sortie papier, non ?), il s'agit d'expliquer aux jeunes femmes seules et fabuleuses (point d'exclamation) comment profiter de leurs années de célibat sans se prendre la tête, ou en tous cas le moins longtemps possible.

Sur le fond, je ne vais pas, hm, m'étendre : c'est un peu toujours la même chanson. Comment survivre à tous ces méchants garçons qui n'attendent que de nous briser le coeur ? En nous comportant comme des pestes avant même qu'ils n'aient eu le temps de nous approcher émotionnellement (vous vous doutez bien, parce que vous avez vu Samantha dans Sex & the City, que ça ne marche pas toujours pour autant).
Ce côté offensif (qui masque un état d'esprit sur la défensive) n'est pas franchement le modèle qu'on aimerait retrouver dans les séries sur les rapports entres les hommes et les femmes, mais bon, on n'est pas franchement là pour une leçon de "vivre ensemble" après tout. Et puis, la romance, Chemistry s'y est essayée, et sincèrement, par rapport, je préfère l'aggressivité passive de The Girl's Guide to Depravity.
On en revient un peu aux propos sous-entendus dans Single Ladies sur la nécessité de jouer de ses atouts pour parvenir à ses fins, y compris de façon purement vénale, même si les deux héroïnes de ne souhaitent pour l'instant rien d'autre que des boissons gratuites quand elles fréquentent un bar ; quand les nanas de Single Ladies visent non seulement le champagne haut de gamme mais aussi directement les breloques, les tenues de styliste, et même le manoir (eh oui, la série revient à la fin du mois, on va recommencer à en parler régulièrement dans ces colonnes).
En gros on n'aura rien appris sur le style de vie des party girls, ce qui est dommage dans l'absolu, mais soyons sincères, on n'attendait pas franchement de The Girl's Guide to Depravity qu'elle révolutionne le propos.

Si l'histoire de ce premier épisode n'a rien d'extraordinairement original, donc, et si l'on retrouve deux scènes de sexe relativement explicites (en tous cas plus que dans Sex & the City ; port de la comparaison obligatoire) qui permettent de ne pas oublier qu'on est sur Cinemax, The Girl's Guide to Depravity a au moins l'avantage d'avoir un sens du rythme plutôt soutenu. D'ailleurs la scène d'ouverture, qui en cumulant avec le générique nous offre presque 5 minutes d'exposition uniquement musicale, est plutôt réussie. Les dialogues se défendent ensuite plutôt bien, tant qu'on n'attend que de la comédie légère et pas de la répartie d'orfèvrerie.

Le problème essentiel de ce pilote réside principalement dans son choix de casting, en fait : les héroïnes débitent leur texte sans trop y croire, les hommes qu'elles rencontrent ne se passionnent guère plus qu'elles pour les échanges, et on a un peu l'impression que ce qui aurait pu donner du pétillant à notre affaire n'est en fait rien d'autre que de l'Alka-Seltzer ; on a évité le pire, mais c'est pas franchement la fête pour autant. Avec des actrices juste un peu plus motivées, The Girl's Guide to Depravity aurait déjà pu devenir sympathique, à défaut de transcendent (faut ptet pas trop en demander non plus). C'est là que le rendez-vous est véritablement manqué.

Avec tous les projets de Cinemax essentiellement tournés vers l'action et l'adrénaline, The Girl's Guide to Depravity pourrait pourtant faire partie des dernières de son genre sur la chaîne, puisqu'à l'heure actuelle, aucun projet pour la fameuse case sexy "Max After Dark" ne semble en développement pour prendre la relève. Ca donnerait presqu'envie d'aller se mettre devant les 13 épisodes de la série (le dernier sera diffusé vendredi 18 mai) pour assister à l'extinction des séries vaguement coquines de la chaîne. Mais si, vous savez... pour votre culture perso.

17 avril 2012

Actually yes, I do care

NYC-22

La différence, c'est le ressenti.

Et pourtant on pourrait imaginer que ce ne soit pas nouveau. Intellectuellement, je suppose que je le sais, mais les idées préconçues ont la vie dure.

Les séries policières comptent probablement parmi celles à propos desquelles j'ai le plus de préjugés négatifs, et je pars souvent du principe qu'elles ne peuvent plus me surprendre ni même m'émouvoir. Parce que j'ai l'impression de connaître le sujet du bout des doigts et plus encore. Parce que j'ai la sensation qu'il n'y a rien à dire sur le métier, la fonction, le quotidien, que je n'aie lu, vu, entendu cent fois. Je suis fille de flic, à plus forte raison d'un flic qui avait besoin de me mettre le nez dedans alors que je n'avais pas 10 ans, et qu'il s'agisse de fiction ou de réalité, j'ai souvent le sentiment de connaître ce métier aussi bien que si je le pratiquais. C'est erronné évidemment, mais c'est comme ça que je le vis. Et du coup tout semble être une redite.
Il y a eu des périodes de réconciliation avec le monde policier ; essentiellement pour les séries en uniformes (pas les enquêtes qui ont fait les gros succès de la télévision américaine, donc), et à doses homéopathiques. Brooklyn South, une saison, parfait. Southland, abandonnée au bout de deux saisons ; j'aime toujours la série, mais de loin. En règle général ça reste quand même un domaine avec lequel je prends vite mes distances même quand la qualité est là.
Je me rappelle encore de la première fois que j'ai découvert Rookie Blue. C'était comme relire quelque chose que j'aurais appris par coeur ; les scènes se déroulaient et en dépit du fait que c'était la première fois que je les voyais, elles ne comportaient rien d'inédit. C'était le niveau zéro de la découverte : quand on regarde un pilote pour le regarder, mais alors que l'effet de déjà vu est plus fort que tout.

C'est avec l'intuition qu'il allait se passer quelque chose de similaire que j'ai démarré NYC 22. Sur l'air de "ok, je regarde parce qu'au moins ce ne seront pas des enquêtes, mais dans une heure c'est fini et on n'en reparlera plus jamais".

Et je devrais le savoir. Je le devrais mais les préjugés me font oublier. La différence, c'est le ressenti. Entre NYC 22 et Rookie Blue, la différence c'est que même avec une structure similaire (des jeunes flics qui font leurs premiers pas), j'ai ressenti quelque chose. Parce que les personnages m'ont un peu plus interpelée, peut-être. Parce que les dialogues étaient moins cosmétiques, possible. Ou bien parce qu'il y avait quelque chose d'autre, c'est difficile à dire à ce stade. Mais j'ai ressenti un vrai enthousiasme devant NYC 22 parce que la différence entre une bonne et une mauvaise série, ce n'est pas le pitch original, c'est le traitement. C'est du traitement que dépendra toujours le ressenti et c'est du ressenti que dépend la téléphagie. Et on pourrait se dire que depuis le temps je le sais, c'est tellement évident, comment l'oublier ? Mais ça reste une redécouverte à intervalles réguliers.

Peut-être que ce qui m'a plu dans NYC 22 ce n'est pas simplement les histoires de police en uniformes. C'est que j'avais l'impression d'apprendre rapidement à connaître les hommes et femmes derrière ces uniformes. Ca fait également une énorme différence ; peut-être que les personnages de Rookie Blue ne seront jamais que cela, des personnages, issus de l'esprit d'un scénariste, paramétrés pour offrir telle possibilité narrative ou telle autre, et qu'en fait j'ai vu les protagonistes de NYC 22 comme des humains, tout simplement. Ils arrivaient à m'être proches, en l'espace de ce premier épisode ; je crois que la proximité est précisément ce que je recherche dans une série policière en uniformes, en fait.

Les flics de NYC 22 arrivent avec un background imposant. En fait c'est ce qui les caractérise : ils sont essentiellement là pour nous parler de leur passé et pas des masses de leurs attributions. Le pilote fait énormément de cas de la raison pour laquelle ils sont là, aujourd'hui, chacun.
Probablement que NYC 22 est, à sa façon, capable de tirer partie de l'essence de ce qui fait la légende de la police new-yorkaise : un immense patchwork d'hommes et de femmes aux parcours divers qui viennent trouver une existence "normée" sous l'uniforme. On ne le ressent pas avec la police de la plupart des autres villes ; ce n'est pas ce qu'on ressent quand on regarde Southland ou Boomtown, ce n'est pas ce qu'on ressent quand on regarde NYPD Blue ou Les Experts Manhattan. C'est unique aux flics en uniformes de New York, et à cette catégorie bien précise seulement. Chacun arrive avec son accent et son passé, un peu comme on arrive à New York, et l'uniforme est l'équivalent moderne d'Ellis Island. C'est comme ça que je le vois. Ca leur est unique, aux flics de New York. Et NYC 22 m'a ramené dans cet univers bien particulier qui m'avait plu avec Brooklyn South et New York 911, a ravivé cette impression que je pensais éteinte.
Mais NYC 22 n'est pas une redite de ces séries. Elle n'appartient pas à une époque révolue. Elle est incroyablement moderne dans sa façon de nous parler des parcours de ses personnages, à l'instar de Lazarus et de sa trajectoire, qui nous parle, encore une fois, de crise, ou Ahmad, qui est un personnage qui n'aurait pu exister que dans une série post-11 Septembre. Et chacun débarque avec son expérience de la vie, mais aussi une expérience professionnelle antérieure, bien souvent. Les "rookies" ne sont pas des bleus, en réalité. Ils débarquent de l'école de police mais ils ne sont pas de grands naïfs qui découvrent le monde. C'est ce traitement qui est émouvant, et ce traitement qui fait la différence entre une série policière d'une banalité affligeante, et une série policière telle que NYC 22. Qui n'invente rien. Mais qui a décidé que ce qu'elle ferait, elle le ferait bien. Pari tenu, en ce qui me concerne.

A l'issue du pilote, j'avais deux envies : envisager de reprendre Southland... et poursuivre NYC 22.
Oh mon Dieu, j'ai vraiment envie de poulet sur mon écran. Je crois que ça fait bien une douzaine d'années que ça ne m'était pas arrivé.

6 mars 2012

Las tijeras del amor

BlackMarch

Avec toute la bonne volonté du monde, je suis incapable de trouver une telenovela qui ait des sous-titres.
Non, pardon, il me faut préciser : une telenovela qui m'attire et qui ait des sous-titres anglais. C'est plus honnête comme ça, reconnaissons-le.

Parce que des telenovelas avec des sous-titres, on en trouve par exemple sur Amazon (où une personne bien intentionnée a fait une liste probablement non-exaustive, par exemple) (n'oubliez pas, c'est Black March), mais le soucis c'est que ce ne sont pas là des séries qui m'attirent, et pour s'en assurer il suffit de lire les titres, ça marche dans 90% des cas pour connaitre le sujet de la série : s'ils contiennent les mots "amor", "pasion", "corazon" ou encore "destino", c'est que ça parle d'amour, de passion, de coeur, de destin, autrement dit c'est le cliché-même de la telenovela. Et dans ces cas-là, je n'y peux rien, j'ai un frisson désagréable qui me prend depuis les reins jusque dans la nuque, je me sens pas bien, j'ai le teint qui vire au vert, et je finis malade. On pourrait penser que j'exagère, sauf que j'ai déjà de gros problèmes avec les romances anglophones (ou sud-coréenne, c'est même ma grosse pomme de discorde avec ce pays), alors vous pensez bien que dans une telenovela...
Donc les amours impossibles, les triangles amoureux, les machins, tout ça en Espagnol que je ne parle pas, ça ne donne pas envie.

UnaMaidenManhattan
Actuellement, Una Maid en Manhattan, par exemple, diffusée par Telemundo, est l'exemple typique de série pour laquelle il faudrait me supplier pour que je regarde. On peut être curieux sans fouler aux pieds ses préférences personnelles, non ?!

Corazón Valiente, qui débute ce soir sur Telemundo également, ne trompe personne, en tous cas. J'avoue que j'ai jeté un oeil au pilote, disponible sur le site de la chaîne, et que j'ai eu l'impression que même la telenovela en espagnol était doublée en espagnol. Ca n'encourage pas à faire des découvertes ! L'histoire n'est pas très attrayante non plus, puisque les deux héroïnes, amies depuis l'enfance, deviennent gardes du corps, l'une tombant amoureuse de l'homme qui est sous sa protection (évidemment, il est marié à une pétasse insupportable, mais il a une fille avec elle et le sens du devoir donc ça va durer plusieurs dizaines d'épisodes), et l'autre qui se débrouille même pour tomber sous le charme du fils du trafiquant qui l'avait fait kidnapper quand elle était enfant. Il y a, certes, un peu d'action en perspective, mais qui semble plutôt vouée à servir ici de prétexte.

Je parle beaucoup de Telemundo parce que ça fait plus de 10 ans maintenant que la chaîne nord-américaine propose des telenovelas maison (au lieu de simplement rediffuser des séries achetées en Amérique latine), qu'elle les diffuse avec des sous-titres anglais, et pourtant c'est toujours la galère pour y avoir accès : pas de DVD, du streaming sans sous-titres, bref c'est infernal. Même par des moyens illégaux ! A désespérer des pirates.
Après on est d'accord que la qualité n'est pas absolument au rendez-vous ; entre le jeu des acteurs et la réalisation, on ne peut pas dire qu'on soit dans le haut du panier téléphagique, mais encore faudrait-il avoir accès à une variété décente de séries pour s'en assurer, et dans de bonnes conditions de découverte évidemment.

LaReinadelSur
C'est pour ça que j'étais quand même plutôt contente d'apprendre que France Ô avait fait l'acquisition de La Reina del Sur (ci-dessus), même si j'avais trouvé le pilote assez peu emballant quand je l'avais vu, à l'époque sans sous-titres ; à ce propos, je me suis aperçue en rédigeant ce post que les deux premiers épisodes étaient encore visibles en streaming, en VF et sans débourser un rond pendant 7 jours, à mon avis ça ne fonctionne donc plus que pour quelques heures, donc urgez-vous (moi-même je vais voir comment se passe le deuxième épisode par rapport au premier dés que j'aurai posté cet article). Hélas cent fois hélas, depuis que je n'ai plus de télévision, j'ai toutes les peines du monde à me discipliner pour allumer adsltv à une heure précise et à être au rendez-vous pour une diffusion. C'est un vrai problème et je me demande combien de téléphages pratiquant une consommation essentiellement basée sur le cagoulage partagent cette préoccupation, d'ailleurs : plus je cagoule, moins j'arrive à regarder mes séries à une heure imposée.
Sans compter qu'il y a le douloureux problème du doublage, déjà assez difficile à supporter en temps normal, mais qui confine à l'insulte dans le cas des telenovelas (et c'est pourtant quelque chose qu'on sait depuis la diffusion de Rubi par M6 ; las, le public des telenovelas n'est pas vraiment celui qui affectionne les sous-titres).
Dans ces conditions, j'ai fait une croix sur la diffusion de La Reina del Sur dés le matin du 1er mars, quand j'ai réalisé que, damned, j'avais ENCORE oublié de me mettre devant mon écran à l'heure dite, et que de toute façon, la version française n'est pas un moyen idéal pour découvrir une fiction sur laquelle on a quelques préjugés.

A tout prendre, le genre de série qui m'attire serait plutôt les "narconovelas" et assimilées : ce courant récent de telenovelas (une dizaine d'années environ) qui, même si inévitablement parlent de romance, laissent aussi la part belle à l'action, et même, à la violence.
Les histoires sont souvent dérangeantes, voire même trash (rappelez-vous de Sin Tetas No Hay Paraíso, qu'on a déjà évoquée) et là on commence à discuter. Instinctivement je serais tentée par ces séries, comme beaucoup de téléphages classiques, il me semble, pourraient l'être plus facilement que par une romance niaise. Si seulement on en avait la possibilité de façon décente.

Rosario Tijeras est l'incarnation de tout ce qu'un pitch de telenovela peut me donner envie de regarder, et c'est une série sur laquelle j'ai l'oeil qui traine depuis de nombreux mois, convoitant en secret ses épisodes, puis me ravisant chaque fois que je mets la main dessus. Car, sans sous-titres ? La VOSTM, ça va pour un pilote, mais sur 70 épisodes, euh...
Mais malgré ce, oh, tout petit inconvénient, rien ne m'attirera, je pense, autant que Rosario Tijeras, et il y a de fortes chances qu'un jour je succombe à la tentation. Aussi je vous en délivre le résumé.
Il s'agit de l'histoire d'une jeune fille qui a grandi dans un bidonville, qui est violée à 14 ans, et qui se sort de cette horrible expérience en, hm, Messieurs ne lisez pas la fin de cette phrase : en castrant l'un de ses agresseurs avec une paire de ciseaux. Je vous avais prévenus. Elle grandit avec, on s'en doute, un tout petit peu de haine, et se met à vouloir se venger des hommes... sauf que bien-sûr elle va en rencontrer deux, diamétralement opposés, et son coeur va balancer tout en les entrainant dans son sillon de destruction. Voyez comme tout de suite, avec une histoire pareille, l'intrigue amoureuse, on s'en tape un peu. Même si on n'y échappera pas, et ça fait partie des bases du genre après tout, on sent bien qu'il se trame quelque chose dans Rosario Tijeras qui n'est pas exactement le cliché de la telenovela romantique.
Et puis, María Fernanda Yépez sait se montrer convaincante, aussi :

RosarioTijeras Rosario Tijeras, qui fait très envie. Téléphagiquement, je veux dire.

Bien bien bien. Donc en fait, je voulais juste dire que, les telenovelas, cycliquement j'essaye de m'y intéresser, mais je trouve que pour le moment, on n'est pas aidés. Que les chaînes mexicaines, colombiennes, argentines et autres ne tentent pas de rendre leurs produits attirants pour le public téléphage, bon. Après tout ces séries se vendent très très bien à destination des ménagères, qui est son public-cible et qui permet à ces séries de s'exporter sans grande peine depuis des années (même si dans de plus en plus de pays, on constate un recul de la telenovela au profit... des romances sud-coréennes). Pourquoi les chaînes sud-américaines changeraient-elles une politique qui marche ? Pour intéresser les téléphages, au pire, elles ont de toute façon les nocturnas (genre Lynch qui commence bientôt et qu'on a pu évoquer ; gageons que celles-ci seront plus facilement prises en main par des fansubbers hispanophiles), et les vaches sont bien gardées.
Mais si les chaînes au moins nord-américaines ou françaises s'en donnaient la peine, et proposaient des telenovelas plus faciles d'accès pour un public plus exigeant, on pourrait peut-être enfin leur donner une chance ! Sans vouloir vous commander.

Je sais bien que mes protestations de téléphage resteront lettre morte. Dans certains domaines, je suppose que si on veut vraiment être curieux, on n'a qu'à pas être regardant, et pis c'est tout. Mais j'avais envie de râler, voilà.
Et, oui, je me sens mieux de vous avoir dit ce que j'avais sur le coeur, merci d'avoir demandé.

17 février 2012

Real good news

RealGoodNews

Il y a deux raisons pour lequelles je poste souvent tard le soir. D'une part... bah, je réfléchis mieux la nuit. Bon. D'autre part, et surtout, j'évite de parler trop souvent de la même série. Je sais que j'ai tendance à la monomaniaquerie ou, dans le meilleur des cas, à des obsessions ciblées mais multiples. Je peux regarder hebdomadairement Suburgatory et The Good Wife, par exemple, mais si je suis sous le charme d'autres séries, genre Äkta Människor, 30° i Februari ou Smash, c'est de celles-là dont j'aurai envie de parler tous les jours.
Pas au sens où je vais avoir envie de faire des reviews de chaque épisode mais parce que, eh bien, avec mon enthousiasme débordant et le fait que je pense énormément à ces séries même quand il n'y a plus d'inédit à se mettre sous la dent, je pourrais en faire des tartines.

A une époque je n'y prêtais pas attention, mais j'essaye désormais de me surveiller parce que sinon, ça peut être agaçant pour vous, enfin j'imagine. Et vu qu'il y a déjà le Ozmarathon pour me faire revenir encore et encore sur une même série dans ces colonnes, ce n'est probablement pas la peine d'en rajouter.

Et pourtant.
Pourtant en apprenant aujourd'hui qu'Äkta Människor a été achetée par arte en vue d'une diffusion en 2013, j'avoue que j'ai un peu de mal à vous parler d'autre chose.

arte est véritablement ma chaîne préférée de tout l'univers en ce moment. J'espère de tout mon coeur que 30° i Februari est également sur sa liste de courses, comme l'a été Lilyhammer, qu'elle a achetée. Sans compter qu'apparemment, la deuxième saison de Borgen devrait aussi être diffusée avant la fin de l'année 2012, ce que je trouve à la fois impressionnant et étrange.

Tandis que mon cerveau ne cesse de tourner et retourner l'idée qu'Äkta Människor va être diffusée en France dans moins d'un an, comme on tourne et on retourne un berlingot sucré sous la langue, j'ai envie de vous dire à quel point cette série continue de m'enchanter, épisode après épisode. Combien je trouve incroyable qu'elle n'hésite pas à épaissir sa galerie de personnages même en cours de route, en invoquant de nouveaux visages qui deviennent réguliers sans jamais être des prétextes. Combien je trouve sa façon de nous faire réfléchir très subtile, et toujours liée à l'émotion, et pas juste une prêche intellectualiste sur un sujet ou un autre. Combien je suis impressionnée par les pistes qu'elle explore à ce stade, qui peuvent conduire à quelque chose de très violent, de très avancé dans la science-fiction, et dont les causes sont incroyablement bien explorées pour que rien ne soit jamais gratuit. Combien les différents axes, voués, on l'imagine, à s'effleurer, mais pas nécessairement à se croiser (à l'instar de Therese qui fait appel à Leo), sont à la fois indépendants et forment un tout incroyablement cohérent.

Je suis profondément impressionnée par cette série, son univers, ses personnage, son ton, sa photographie. Tout est parfaitement ourlé, et même quand certaines choses posent question ou semblent légèrement maladroites (comme par exemple le fait que Hans ait complètement oublié ses hésitations relatives aux possibilités d'Anita dans le domaine sexuel), la richesse de l'épisode est si dense qu'on n'y regarde pas à deux fois parce qu'il y a tant à louer que ce n'est rien du tout.

Et je suis tellement contente de savoir que des spectateurs découvriront ces séries au-delà de notre cercle grandissant de téléphages curieux. C'est incroyable de la part d'arte de faire cette effort alors qu'Äkta Människor n'est pas un immense succès d'audiences dans son pays d'origine. C'est l'un de ces cas formidables où la qualité d'une série a primé sur les autres considérations. Et cette qualité est indéniable.

Je voudrais, un peu tout les jours, vous dire le respect, l'admiration et la gourmandise que m'inspirent Äkta Människor. Heureusement pour vous, je me retiens en général. Pas aujourd'hui.
Äkta Människor, c'est de la bombe !!! Bientôt littéralement...

30 septembre 2011

A thank you note

On a tous vu passer, en particulier si on est sur Twitter, des articles s'inquiétant plus ou moins (selon les auteurs et leurs convictions) du nombre de scénaristes de sexe féminin, de séries avec un personnage central de sexe féminin, et dans ce cas s'agit-il de personnages de sexe féminin forts, etc., dans les séries. Je vais être honnête avec vous : je ne les ai pas lus. Volontairement. J'en ai lu un il y a quelques mois, années peut-être, qui en gros tirait la sonnette d'alarme parce que, attention, il n'y a presque plus que des hommes qui écrivent, et quand des femmes écrivent c'est uniquement pour des séries de gonzesses et/ou pour ados, et je me souviens en essence m'être surprise à secouer la tête vigoureusement, en me disant qu'il n'y avait pire sexiste que certains féministes enragés.
Comme si être UNE scénariste faisait écrire différemment de si on est UN scénariste. Personnellement, 90% des histoires que j'écris s'intéressent avant tout à des personnages masculins ou à des ensemble shows mixtes. C'est une question de choix personnel et certainement pas de sexe que d'écrire sur quelque chose en particulier. Après, moi j'écris pour le plaisir et pas parce qu'on me paye pour le faire, et forcément c'est à prendre dans cette limite, c'est sûr ; peut-être que la réalité des choses c'est qu'on embauche plus facilement une femme pour écrire pour un show de la gamme de Desperate Housewives même si elle rêverait d'écrire un truc genre Oz. Mais dans ce cas le problème vient des exécutifs, pas des scénaristes, et je doute que leur opinion change grâce à un article de Jezebel ou autre.

C'est comme cette règle de Bechdel, ça me fait hurler tant c'est ridicule. Comme si pour se faire valider en tant qu'être indépendant, une femme devait faire abstraction des hommes. Ca ne représente jamais qu'environ 50% des êtres humains qu'elle rencontre dans sa vie, hein. Sans compter que si une femme parle avec une autre femme, elle ne sortira pour autant pas des stéréotypes liés à son genre, au contraire : plus une femme parle avec une autre femme, plus on est sûrs que, si elle ne parle pas d'hommes, elle parle d'enfants ou de fringues. Dans les fictions, ça n'est pas très différent.

Bref, on peut difficilement dire que je sois une féministe engagée. J'ai juste mes moments, quand certaines choses me chatouillent ou m'émeuvent. Parfois parce que je suis une femme. Parfois juste parce que je suis.

Et en cette rentrée, quelque chose m'a émue. La semaine dernière, déjà, j'évoquais dans le pilote de The Playboy Club une potentielle galerie de portraits de femmes, et de femmes dans les années 60, ce qui a forcément un sens particulier. Et pourtant, The Playboy Club est une série créée par un homme, Chad Hodge. Quant à PanAm, elle a été créée par un homme, Jack Orman. Pourtant, cela faisait bien longtemps qu'aucune série n'avait si joliment parlé de femmes, et en voici deux pour nous raconter l'histoire de jeunes femmes qui, en cherchant simplement à faire ce qui leur plait et leur convient dans un univers où ce qu'on attend d'elle est très limité, vont faire progresser toutes les femmes.

C'est en particulier devant PanAm (qui, comme je l'expliquais dans ma review du pilote, est plus explicite à ce sujet) que tout d'un coup j'ai eu cette révélation que, si des femmes comme Kate ou Laura n'avaient pas existé, je ne serais pas en train de regarder ce pilote dans mon nouvel appartement, pour lequel j'ai signé seule, pour lequel je prends des décisions seule, pour lequel j'ai fait une partie du déménagement seule, pour lequel je paye seule, moi, une célibataire de 30 ans. Il y a eu cet instant où j'ai vu les filles partir dans leur décapotable et où j'ai regardé autour de moi, en me disant subitement que parce que des femmes comme ça ont pris le risque de tout mettre derrière elles pour faire ce qui les rend heureuses, je n'ai pas à me poser la question de si moi, je peux le faire.
Devant des scènes comme celles-là, je regrette presque de ne pas être féministe tant j'ai l'impression d'avoir le vent dans le dos, d'être fière, d'être redevable. Je ne regrette pas de ne pas me passionner pour le débat Madame/Mademoiselle (en même temps on parle de quelqu'un qui n'a eu aucun problème à dire spontanément qu'elle avait 30 ans... depuis qu'elle en a 26 ou 27, et alors qu'elle en a actuellement 29, mais qui n'a aussi aucune envie de se marier, et qui entend donc indifféremment des deux tout le temps et se contrefous de savoir quel âge on lui donne, quel statut marital on lui donne, etc.), mais je regrette presque de ne pas me sentir plus solidaire de certaines de mes semblables qui ont toujours envie de changer quelque chose.

FreeLikeaGirl

Pour revenir aux séries, je crois que c'est aussi quelque chose qui me plait que de me dire que je ne vais pas y chercher, jamais, une conviction politique ou sociale, avec la quelconque envie d'y voir se réfléter mes propres convictions politiques ou sociales. Je sais ce que je pense de la peine de mort, par exemple, et si je regarde une série pro- ou anti-, ce sera parce que j'espère un sujet porteur de thèmes intéressants et de bon drama, pas pour valider ma propre perception des choses (sur ce thème, mon épisode préféré est celui de L'Esprit de l'Amérique, dans The Practice, qui bien que finissant sur une hésitation, propose des points de vue suffisamment différents). Mais je suis contente quand une série, qu'elle soit pro- ou anti-, me permet d'être émue sur un sujet à propos duquel je ne me posais plus tellement de questions ; le féminisme en est un. Je mène ma vie sans militer, et soudain je réalise que certains combats me touchent personnellement, parce que j'en profite aujourd'hui avec un délice dont vous n'avez pas fini de m'entendre me vanter vu la lune de miel que je vis avec mon nouvel appart.

Alors je voulais consacrer ce post du vendredi à ça, à remercier les femmes qui ont fait les efforts qui à moi, semblent aujourd'hui couler de sources. Et surtout, parce que c'est un blog téléphagique, à remercier les hommes qui ont créé des séries qui me rafraîchissent un peu la mémoire. Chad, Jack, merci. Dans quelques semaines j'aurai peut-être un coup de coeur pour une série qui n'aura rien à voir, American Horror Story, ou Grimm, ou Runaway, ou une série à laquelle je ne m'attends même pas, et je me sentirais moins proche de tout cela, sans doute. Mais ce que j'ai ressenti en cette rentrée, je vous le dois quand même un peu. Merci pour The Playboy Club et PanAm.

D'ailleurs puisqu'on en parle, et pas uniquement pour la raison évoquée dans ce post : quand est-ce qu'on a la suite de PanAm ? Une semaine, ça commence à être long. Et je crois bien que je suis sous le charme...

13 juillet 2011

Le poing levé

Tout a commencé il y a un peu moins d'un mois et demi, sept semaines, en fait. Nous voici arrivés 222 épisodes plus tard, et j'ai fini mon intégrale de Roseanne. Ce fut toute une épopée qui a notamment comporté un achat de l'intégrale, des semaines de délice, et une dernière semaine où j'ai bien souvent été à la torture, mais j'y reviens en temps utile.

Et avant de vous faire un petit post de bilan (je sais bien, je n'ai jamais le réflexe d'en faire et il faudrait que je prenne le temps de vous reparler de Cloudstreet, par exemple, ou de mon revisionnage de The No. 1 Ladies' Detective Agency, mais je n'ai simplement pas pris le pli...), je voudrais revenir sur cette expérience incroyable qui consiste à assister à la fin d'une série. En ces temps d'annulations souvent intempestives (même quand on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour les éviter), on a tendance à oublier. Et puis, suivre une série sur plusieurs années, et s'envoyer l'intégrale en quelques semaines, ça transforme aussi le regard qu'on a ce sur final. Bref, on a parfois tendance à oublier ce que c'est que de voir grandir une série et la voir se préparer à disparaître, et à le faire en quelques heures.
Pour tout vous dire je suis encore ébranlée. Des personnages qu'on avait appris à aimer, qui s'en vont sans espoir de retour, ce n'est pas un spectacle dont on sort avec le sourire.

Conner-1

Pourtant comme je l'ai dit, ces 7 semaines ont été des véritables montagnes russes. C'est le danger des intégrales : le visionnage condensé fait qu'on voit mieux la plupart des choses. Parfois c'en sont de bonnes, on repère des références, des petits rappels, des marques de continuité qui nous auraient échappé si on avait laissé passer une semaine entre deux épisodes. Et puis parfois, il s'agit de mauvaises choses, et ça rend les choses douloureuses à regarder.

Il y a 7 semaines et 9 saisons de ça, Roseanne (re)commençait comme un sitcom honteusement drôle. Pas de famille dysfonctionnelle ici, mais un personnage central et un parti-pris atypiques, et des revendications à la pelle. Parce que la mission première de la série n'a jamais été de simplement faire rire, mais de faire rire pour faire passer la pilule d'une masse de prises de position assumées et pas forcément bien vues, Roseanne se devait d'avoir d'excellents dialogues, et elle a longtemps brillé par leur verve sans fioriture. La série met en scène des personnages qui sont peut-être pauvres, peut-être pas très éduqués, peut-être pas sortables... mais définitivement intelligents (sauf Mark). Jamais ses personnages ne sont pris à défaut de ce côté, leur répartie ne les diminue jamais, les saillies ne sont pas là pour les tourner en ridicule. C'est donc un univers où il n'existe pas de gag à proprement parler, mais plutôt des vannes constantes et échangées allègrement par tout le monde. Et avec tout le respect que je dois à de nombreux sitcoms qui pourtant m'ont fait rire, c'est une qualité qu'on trouve rarement dans ce genre où le rire vient avant tout du ridicule.

Mais outre le fait qu'elle ne prend pas ses personnages pour des imbéciles, la série a aussi décidé de choisir ses sujets avec intelligence, décidant par là de ne pas prendre ses spectateurs pour des imbéciles. C'est l'angle social dont se prévaut tant la série.
Les premières saisons (ça s'atténue fortement lorsque Roseanne et Jackie tentent de monter leur propre affaire) sont consacrées à des intrigues vues peu ou pas du tout ailleurs, et quand elles ont un pitch de départ similaire, elles ne sont jamais traitées selon les canons du genre et surprennent toujours. La série ne nous emmène pas où tant d'autres sont allées : ainsi, quand Roseanne quitte son travaille à l'usine, elle paye le prix de sa démission et ne trouve pas de travail tout de suite. Les cordons de la bourse familiale se resserrent et elle passe plusieurs épisodes à vivoter d'un boulot de vendeuse d'abonnements par téléphone. Ainsi, chaque décision quant à l'avenir de la petite famille ne se décide pas pour nous faire rire ou provoquer un changement, mais avec toujours un oeil sur le point d'horizon, et les étapes réalistes qui se produiront forcément si un changement intervient. Le plus souvent, dans les premières saisons, ces changements sont de l'ordre professionnel et n'interviennent ni par hasard, ni de façon miraculeusement résolue. S'imprime vite un schéma, qui je pense doit être moins évident pendant un visionnage hebdomadaire, de format feuilletonnant subtil.

Ce qui est fascinant c'est aussi la façon dont ces choix sont conduits. La famille Conner ne prend jamais de décision mûrement réfléchie, ou presque, et ne se dit pas qu'il faudrait peut-être se montrer raisonnable et/ou essayer de faire quelque chose pour redresser la barre (comme on a vu plusieurs fois le faire les familles de séries comme Malcolm). Ce sont des impulsifs, ils payent le prix de leur choix, et la série ne leur trouve pas d'excuse autre que "c'était comme ça qu'on le sentait". Impossible de voir Roseanne traiter son job, en apparence parfait, dans un salon de coiffure, sans se dire que la pauvre femme a perdu la tête. Mais à aucun moment la série ne cherchera à lui donner à se justifier. Les choix de Conner, quels qu'ils soient, leur appartiennent entièrement, comme s'ils n'avaient que faire de ce que le spectateur en pensera, drapé dans son assurance de savoir ce qui est le mieux pour les personnages, ou comment il faudrait se conduire pour arranger les choses. Les Conner sont pauvres et parfois semblent tout faire pour le rester, mais c'est parce que dans le fond, ce sont des indépendants, et il y a certaines choses qu'ils ne feront jamais juste pour pouvoir payer les factures.

Derrière cette apparente désinvolture repose donc une grande part de volonté de rester libre des carcans sociaux. Les nombreuses démonstrations de Roseanne pour prouver que c'est elle qui porte la culotte, et qu'elle n'est pas une femme soumise, en sont une autre manifestation.

Au-delà du constat social, ou plutôt de la déclaration de guerre contre l'ordre social, Roseanne est aussi une série qui parle du rapport parent/enfant avec une sincérité désarmante, et la volonté là encore de ne pas donner de leçon. Parce que les parents eux-mêmes en sont bien incapables. Ils ne veulent pas tenir leurs enfants, ils ne veulent même pas leur inculquer quoi que ce soit, ils les laissent vivre même si après, pour parvenir à ce qu'elle veut, cette manipulatrice de Roseanne finir par tenter de tordre leur volonté. Mais les Conner ne peuvent jamais vraiment contrôleur leurs enfants et, sur le long terme, cela se prouvera de nombreuses fois.

J'ai dit que Roseanne était un personnage manipulateur : ce n'est pas là son pire défaut. Bruyante, désagréable, constamment en quête du contrôle total (qu'elle n'exercera jamais vraiment parce qu'elle est trop électron libre pour se contraindre elle-même à exercer longtemps son pouvoir de coercition sur la famille et les amis), cette femme qui est, comme le titre de la série l'indique clairement, au centre de tout, est aussi le personnage le plus détestable du lot, celui qu'on a envie de baffer par moments, celui qui semble toujours manquer de coeur ou de finesse pour apprécier ce qu'elle a. Ajoutez à cela que Roseanne Barr (or whatever) n'est pas la meilleure des actrices, et de loin ; fort heureusement, John Goodman est un homme de grand talent qui sauve chaque scène et porte Barr autant de fois que nécessaire.
C'était en tous cas assez osé de réussir à rendre le personnage si antipathique et en même temps de le rendre incontournable, jamais totalement haïssable parce que, admettons-le, il a aussi quelques unes des meilleures répliques.

Conner-2

La réputation de Roseanne la précède : il est de notoriété publique (téléphagiquement publique, disons) que sa fin est une erreur de la nature. Après bien des rires et des épisodes engloutis avec gloutonnerie, je suis arrivée dimanche à la saison 9. On m'avait dit que c'étaient les trois dernières qui étaient moins bonnes, et la 7 comme la 8 se montrant appréciables (même si franchement moins abouties), je partais avec une relativement bon a priori sur la question.

C'était sans compter sur notre ennemi à tous, téléphages de bon goût : le saut de requin. Tremblez ! Roseanne effectue un jump the shark de toute beauté, exécuté avec autant de souplesse qu'une baleine et autant de doigté qu'un manchot. Et tout ça, en nous regardant droit dans les yeux avec défi, l'air de dire que c'est comme ça et puis c'est tout, à prendre ou à laisser.
Plusieurs fois je vous avoue que l'envie ne m'en a pas manqué ! Tout laisser, peu importe la loyauté qu'on ressent instinctivement envers une série qu'on a suivie assidûment et à fortes doses pendant 8 saisons dévorées en une courte période de temps.

Insupportable, le premier quart de la saison va détruire tout ce que la série avait mis en place avec tant d'intelligence, d'audace et de bonne humeur incisive. La saison tombe totalement à plat. Les cosplay quasi-permanent est insultant. Le défilé complètement gratuit des guests est insupportable. Les intrigues tiennent sur du papier à cigarette (un cas d'école : l'épisode dans le train). Ne sont à sauver que quelques épisodes (déjà initiés dans des saisons précédentes, maintenant plaqués sans le moindre remords sur une intrigue moribonde) qui servent d'hommages aux grandes comédies de la télévision américaine, comme Gilligan's Island, That Girl, I Dream of Jeanie, et bien d'autres (on retrouve la même volonté dans Une Nounou d'Enfer, qui n'a jamais renié ses influences).

C'est une abomination, et il n'y a pour cela qu'une personne à blâmer : John Goodman. Chaque fois que Dan disparaît pendant la saison, c'est une torture que de voir les intrigues se déverser dans le tout à l'égoût. Chaque fois que Goodman accepte de se coltiner Roseanne Barr, certes l'alchimie est diminuée entre eux (rarement vu une série où les tensions se ressentent autant à l'écran), mais les intrigues reprennent des couleurs.

Tout ça pour s'achever sur une fin de saison encore radicalement différente, totalement sentimentale, avec des gags plats mais beaucoup d'émotion tirée d'une intrigue qui prend une tournure incroyablement dramatique. Impossible alors de rester de marbre même si on s'étonne un peu, dans le fond, de s'être autant éloigné de la comédie (mais avec le talent des meilleurs tear-jearkers). S'ajoutent à cela de nombreuses mais très fines touches du type "bouclage de boucle", comme autant de rappels des premières saisons et/ou des gimmicks de la série, qui complètent parfaitement l'effet recherché lorsqu'on aborde la saison finale d'une série qu'on connaît sur le bout des doigts.

Hélas, Roseanne se clôt sur un dernier affront, la scène finale du dernier épisode nous inflige encore quelques blessures en balayant d'un revers de la main (comme une vengeance de la créatrice de la série) les éléments auxquels on s'était le plus attachés.

Conner-3

Pleine de surprises, bonnes comme mauvaises, Roseanne est une série qui change radicalement la face du sitcom. On peut ne pas en aimer les recettes, on peut en déplorer l'évolution finale, on peut adresser des reproches et beaucoup seront fondés.
Mais on ne peut lui enlever le caractère proprement révolutionnaire de son ton et de son propos dans ses premières saisons, et la galerie de personnages épatante qu'elle développe (la série se montre très fidèle à nombre d'entre eux, qui n'apparaissent ni ne disparaissent jamais vraiment de façon soudaine dans la vie des Conner, et s'applique à nous montrer comme normale la réapparition de certains d'entre eux, témoignant d'une forme de tendresse à laquelle j'ai rarement assisté dans une série).

Même fâchée, même en larmes, je finis ces 7 semaines de visionnage avec la conviction d'avoir assisté à une des plus grandes comédies de l'histoire de la télévision. Au moins au début.

Pour vous en assurer, je vous invite donc à ne pas hésiter à tenter le pilote de la série, qui devrait compter parmi les épisodes vus de tout téléphage qui se respecte. Tout le monde ici sait comment tirer le meilleur d'un post La preuve par trois, dites ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Roseanne de SeriesLive.

1 mai 2011

Toujours plus loin

Deuxième semaine pour la rubrique Séries du Monde, et je vous avoue que je me suis fait peur : avec le mariage royal, toutes les télés de la planète ont semblé se taire pour vivre au rythme britannique... Dieu nous en préserve. Une semaine en tous cas plutôt calme, mais avec avec un temps fort et non des moindres sur la fin, les Logie Awards.
Et comme vous le savez, j'adore les cérémonies de récompenses étrangères, on y découvre toujours plein de trucs (j'ai pensé à dire que j'avais hâte pour les Gullruten ?).

Je vous rappelle aussi que, pour ne pas encombrer la page d'accueil de SeriesLive avec les news du monde, seules certaines d'entre elles y apparaissent. Pour voir vraiment TOUTE l'actu du monde, il est recommandé de visiter régulièrement la page d'accueil de la rubrique Séries du Monde. C'est là que ça se passe.

Eh bien justement, nous y voilà : le récap de la semaine, pour savoir ce qui s'est passé dans le monde...

Lundi SasuralSimarKa_MEA Ce soir en Inde : just dance
Colors remet un peu de légèreté dans sa case de 19h30...
Mardi ElBarco_MEA Audiences espagnoles : El Barco réussit sa sortie
Objectif atteint pour la nouvelle série d'Antena3 !

chang_wook_ji_01 SBS consacrera l'été aux arts martiaux
La chaîne sud-coréenne a en projet un biopic qui promet de l'action...
Mercredi LahazatHarega_MEA La révolution égyptienne s'invite sur le tournage de Lahazat Harega
Quand l'histoire d'une série et l'Histoire d'un pays tentent de cohabiter.

World En bref : l'actu des télés du monde
C'est un peu le journal des bonnes nouvelles, cette semaine !
Vendredi Midas_MEA Audiences coréennes : reculer pour mieux sauter
Plusieurs séries sont sur le départ, annonçant un mois de mai remuant !
Samedi JeppangwangKimTakGoo_MEA Le boulanger refait des siennes... aux Philippines !
Après avoir semé la terreur l'été dernier dans les grilles sud-coréennes, la série Jeppangwang Kim Tak Goo fait de nouveau parler d'elle aux Philippines.

Underbelly_MEA Underbelly enfin autorisée dans l'état de Victoria
Cela faisait depuis 2008 qu'une partie de l'Australie attendait de pouvoir voir la série.
Dimanche PhysiqueouChimie_MEA Antena3 prête à reprendre ses cours de Physique ou chimie
La série adolescente joue son avenir cette semaine.

Logies Logies 2011 : les résultats !
Pour connaître les gagnants des récompenses de la télévision australienne, c'est par là !

Pas peu fière du tableau de chasse de cette semaine : Inde, Espagne, Corée du Sud, Egypte, Argentine, Japon, Canada, Philippines, Australie...
A mesure que les choses progressent, des pays semblent pouvoir faire leur apparition dans les colonnes de la rubrique ; cette semaine, avec l'Egypte et les Philippines, je vous avoue que j'ai apprécié qu'on change un peu d'horizon. Mais globalement j'essaye de nous permettre d'aller un peu partout, sans compter que quatre pays semblent s'installer comme des incontournables de la semaine (à savoir le Japon, la Corée du Sud, le Canada et l'Australie). C'est bien aussi d'avoir des pays-repères, je trouve.

Cependant, si vous avez un pays que vous préférez, ou au contraire un pays qui vous rend curieux mais dont vous ne savez pas grand'chose, faites-le moi savoir ! J'intensifierai mes recherches en ce sens. Par exemple, je peux assez facilement trouver des sources pour des news sur l'Espagne, ça vous plaît ? N'hésitez pas à me dire.

23 décembre 2010

Dreaming I was dreaming

Il y a des matins où on n'a pas envie de se réveiller. Des matins où on est si bien à rêver, qu'on veut ne plus se reconnecter avec le réel, plus jamais. Rester dans le monde bizarre et enivrant des rêves irréalisables mais pourtant tellement réalistes.
Ce matin était l'un de ces matins. J'aurais fait n'importe quoi pour rester dans mon rêve.

Cette nuit, j'ai rêvé que je regardais des épisodes de Doctor Who inédits.

Mais attention, pas n'importe quels épisodes inédits. Des inédits de la première saison. Un jour, quelqu'un postait une info sur Twitter selon laquelle des épisodes avaient été tournés mais jugés, pour une raison x ou y, inaptes à être diffusés. Et puis, de la même façon que je suis désormais capable de dénicher le pilote de Hatufim sur un forum israélien, j'avais réussi à mettre la main dessus, parce que j'ai depuis cet été +5 en compétence "cagoulage de l'impossible". Et quand mon téléphone a sonné, j'étais en train de paisiblement regarder ces épisodes inédits, un milkshake à la fraise à la main.

Ça ne vous le fait jamais, ça ? Espérer le cœur battant que vous allez dénicher des inédits... d'une saison depuis longtemps achevée ? Ou d'une série achevée ?
Vous avez beau savoir que ça n'arrivera pas, vous avez quand même cette sorte d'espoir qu'un jour, votre vœu sera exaucé. Vous n'en êtes même pas à essayer d'imaginer ce qui s'y passerait, ce n'est pas comme quand on commence à caresser le projet d'une fan fiction, non, c'est vraiment un trésor perdu qui soudain remonterait à la surface. Un vrai inédit, qui pourrait vous surprendre tout en ayant le confort de porter sur une saison/série pourtant achevée. Soudain, sur mon écran, des épisodes de Nine. Pas une 6e saison où on trouverait une excuse pour faire revenir le personnage (ce qui semble hautement improbable dans ce cas précis, mais éventuellement faisable pour d'autres séries), pas d'épisode à flashback, non, juste des inédits de l'ancienne saison. Puisqu'on doit faire avec Eleven, maintenant, bon bah admettons (même si je milite activement pour un passage à Twelve...), mais qu'on m'offre le luxe de n'avoir pas fait le tour de Nine.

Je crois que c'est pour cette raison, paradoxalement peut-être, que je n'ai jamais fini la 3e saison de Brothers & Sisters, étrangement. Je m'étais toujours dit que j'attendrais la fin 2010 et/ou le début 2011 pour me remettre à la série. Parce que quand je me suis enfilé 2 saisons et demies, à l'époque, j'étais tellement enchantée que je voulais que ce sentiment dure toujours, cette période où j'adorais la série. Je pressentais bien que si je continuais à la dévorer à ce rythme, je tomberais sur un os : diffusion interrompue (pour cause de hiatus), épisodes diffusés hebdomadairement (ce qui gênait ma consommation marathon en une semaine par saison), etc... Et là, je vois arriver 2011 et je commence déjà à me faire une joie. Oh, je vais pas reprendre la série où je l'ai laissée, bien-sûr, non, je vais me refaire les deux premières saisons, puis attaquer la troisième, et découvrir des inédits à la pelle, goulûment, comme s'ils avaient été cachés pendant tout ce temps et que je mettais enfin la main dessus. Et là, je suis partie pour une nouvelle orgie. L'idée me plaît, c'est vraiment séduisant de voir se rapprocher la date dans le calendrier et de savoir que je vais m'en envoyer des tonnes derrière la cravate. Ça va être un délice. Pas d'attente, pas de privation, juste le plaisir de me lâcher et de trouver des inédits bien que les choses aient avancé.
En tous cas je m'en fais une fête et j'aimerais pouvoir me dire que je vais dénicher de "vieux inédits" pour d'autres séries que celle-ci. Fêter des retrouvailles avec une série/saison dont je sais qu'elle n'a plus cours, mais qui est logée exactement où je le souhaite sur la courbe de croissance de mon histoire avec la série.

Il n'y a pas d'inédit de la première saison de Doctor Who. Il n'y a pas d'inédit de Pushing Daisies. Il n'y a pas d'inédit de Life. Il n'y a pas d'inédit d'Une Nounou d'Enfer (même pas de Living with Fran... et il est trop tôt pour Happily Divorced).
Il y a des matins où on n'a pas envie de se réveiller. Des matins où on est si bien à rêver, qu'on veut ne plus se reconnecter avec le réel, plus jamais.

ThePartingofWays

9 novembre 2010

Le Docteur est demandé en salle 9

Jusque récemment, la rubrique La une est à VOUS m'avait essentiellement apporté le sentiment de (re)découvrir, grâce à votre impulsion, des pilotes auxquels je n'aurais pas donné une chance autrement. Pour culture perso, en quelque sorte. Dans l'espoir de ne pas mourir idiote. Histoire d'essayer de m'ouvrir à d'autres possibilités et d'autres horizons, comme j'essaye de le faire pour vous (je ne sais pas si vous avez vu les pilotes de Rake, Daemul et The Circuit, par exemple... mais c'était en tous cas le but recherché). Je m'attendais surtout à regarder des séries que j'avais mises de côté jusqu'alors, soit parce que le peu que j'en avais vu m'avait rebutée, soit même par bête a priori (linguistique dans les cas des séries britanniques, par exemple). En somme, il s'agissait d'espérer que vous me pousseriez un peu au train pour tester des trucs. Pas forcément en vue de les adopter.

J'ai d'ailleurs, jusque là, choisi des séries pour lesquelles justement j'avais besoin qu'on me pousse un peu, parce que spontanément, je ne regarderais pas ces séries-là. Les séries partaient donc toujours avec un dossier à charge, car si je ne les regarde pas, c'est que j'ai une raison (fut-elle de piètre qualité). Le challenge n'était pas des moindres mais vous l'avez relevé, parce que vous êtes des lecteurs en or, et vous avez bataillé, rivalisé d'arguments, pour ou contre, vous n'avez pas cherché à me vendre les séries, juste permis d'avoir d'autres avis que le mien, et c'était exactement ce dont tous les commentaires d'un blog devraient toujours êtres remplis (du coup, quand ya pas de commentaire, je vous le pardonne moins parce que j'ai vu de quoi vous pouvez être capables... mais c'est un autre débat).

Il y a des séries dont j'ai effectivement (re)vu le pilote voire plus grâce à ces posts : The Guild, Merlin, et Community enfin, pour lequel j'ai mis plus de temps que pour les autres mais je m'y suis mise ; le post est en chemin.
Désolée pour le spoiler, mais aucune de ces séries n'a su me ravir ni me convaincre. Mais j'ai essayé et je ne l'aurais pas fait sans vous. C'est déjà une victoire.

Mais, plus important, il y a une série pour laquelle ça avait commencé tièdement. Le pilote était pas mal. Sans plus. L'un des personnages me sortait par les yeux. Je n'appréciais que le ton et pas vraiment le contenu. Yavait des saloperies d'accents. Mais vous avez persisté : insiste ! C'était le mot d'ordre. Insiste ! Et comme je ne suis pas totalement obtuse non plus, j'ai insisté.
Je dis souvent que le pilote est décisif pour moi : si je n'entrevois pas du potentiel, je lâche tout. Personne ne me forcera jamais à m'infliger plusieurs épisodes d'une série que je n'aime pas si moi, je n'ai aucune raison de le faire. Souvent, les réactions sur cette partie de mon comportement téléphagique sont souvent que je suis trop expéditive, et qu'il faut souvent du temps à une série pour mûrir. Et je me tue à vous répéter que je ne le nie pas mais encore faut-il ne pas avoir l'intime conviction, au vu du pilote, que le cas est désespéré. Je ne dis pas que c'est marche ou crève, mais quand c'est mort dés le pilote, je n'insiste pas.

C'est ici un parfait exemple de série dont le pilote ne m'a pas laissé une impression de perfection, mais pour lequel je n'étais pas non plus complètement refroidie. Il y avait des éléments désagréables (beaucoup). Il y en avait aussi des plus agréables (deux ou trois) qui compensaient plus ou moins. Et puis il y avait un trailer de fin d'épisode. C'est ce que j'appelle avoir du potentiel. J'ai suivi vos conseils, qui coïncidaient avec ce que me disait mon instinct, et j'ai insisté.

Le parcours a été difficile. Il m'a fallu du temps pour regarder le deuxième épisode. Du temps encore pour regarder le troisième. A la fin de ces derniers, l'horizon s'est enfin dégagé. Sans enthousiasme débordant, mais en me forçant moins déjà, et un peu plus rapidement, j'ai commencé à enchaîner les épisodes.

Il manquait toujours quelque chose. Le trailer semblait toujours plus palpitant que le résultat final. Certains éléments m'agaçaient toujours, voire plus. Quand un épisode était bon sur la forme, il était pénible sur le fond (épisodes 4 et 5). Ou pire : vice versa (1x06). Certains épisodes sentimentaux étaient d'un sirupeux consommé (7e).
Et puis, sont arrivés les épisodes 8 et 9. A ce stade, j'avais dépassé la moitié de saison mais avais l'impression d'avoir fait le tour du sujet. La série semblait bloquée dans l'équivalent téléphagique de la "friend zone" : oui, bon, c'est pas mal, mais bon, hein, voilà quoi. Mais avec cette histoire sur deux épisodes, soudain mon cœur a fait boom. J'ai commencé à regarder la série autrement. J'ai arrêté de me dire que je pourrais continuer la série "juste comme ça". J'ai arrêté de me dire que ce ne serait jamais un coup de cœur.

Et c'est comme ça que je suis tombée amoureuse de Doctor Who.

Ninth

Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Car j'ai découvert que j'étais éperdument tombée sous le charme du Docteur. Ses sourires terrifiants et ses douleurs touchées par la grâce, sa tendresse pour Rose et sa rage débordante envers les Daleks... comment ne pas avoir le cœur qui fond pour un personnage capable de passer d'un extrême à l'autre ? Ce sont mes préférés. Ce sont toujours mes préférés. Le regard dur mais bleu, le sourire large mais crispé...
Nine était mon Docteur.

Malheureusement, il ne l'a pas été longtemps. La fin de la saison est arrivée, et mon cœur de téléphage s'est, déjà, brisé. Quelques semaines plus tôt, je m'en foutais, et voilà que j'avais l'impression persistante (que connaissent bien les téléphages les plus atteints) d'avoir une méchante peine de cœur. Je faisais un truc et soudain je poussais un soupir. Je commençais à regarder autre chose et je m'impatientais. Il y a même eu une fois pendant laquelle j'ai levé la tête, eu l'impression qu'il manquait quelqu'un dans la pièce, et réalisé que ce n'était pas le cas. Bien obligée de se rendre à l'évidence... j'étais en plein manque de Doctor Who.
Pire. Après le pilote, ont suivi plusieurs heures pendant lesquelles le cagoulage de la saison 2 se refusait à avancer, et où j'avais pourtant terriblement envie d'un épisode. Mais, bien consciente que de nouveaux épisodes ne manqueraient pas d'avoir pour héros le 10e Docteur, ma frustration était double, car je savais que l'attente ne serait qu'à moitié récompensée.

Et puis, ce matin, j'ai regardé l'épisode de Noël dédié à l'arrivée de Ten. Et j'ai alors ressenti ce qui, je crois, est parfaitement naturel dans ce cas : je l'ai détesté. Pourquoi m'avoir ôté mon Docteur pour mettre ce type dentu (et trop jeune) au rictus détestable ? Tout en bouffonade, Ten débarque, sauve le monde, et j'ai perdu le Docteur. Plusieurs années après tout le monde, je passe par ce stade naturel qui est de regretter le Docteur précédent (jusqu'à ce que le suivant arrive, plus jeune encore, qui me fasse certainement réaliser que Ten n'était sans doute pas si mal et apprivoiser le nouveau dans la foulée, acceptant le concept sur le long terme ; du moins j'imagine).
D'après mes observations, tel est le cycle de la vie chez les fans de Doctor Who.
Et désormais j'en suis une.
Si j'ai pleuré devant le final de la première saison, si je regrette déjà Nine, si je l'appelle Nine d'ailleurs... c'est parce que ça y est, j'en suis. En retard, peut-être, mais résolument l'une des vôtres, j'ai rejoint un univers que j'observais de loin depuis des années, où je voyais les réactions à ci ou à ça. Maintenant j'ai envie de lire des tas de choses (je n'ose, de peur de me faire spoiler), d'avancer dans le visionnage aussi bien-sûr, de revoir, peut-être, certains épisodes, déjà (quelque chose me dit que The Empty Child et The Doctor Dances, ainsi que Bad Wolf et The Parting of Ways, vont entrer au Panthéon de mes épisodes favoris), etc...

Maintenant j'ai TRÈS envie de regarder la semaine prochaine le premier épisode d'Accused avec Christopher Eccleston (oui, moi, anticiper une série britannique, vous me l'auriez dit il y a quelques mois...). Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

Vous voyez ? Continuez à réagir, continuez à contribuer, continuez à me pousser comme vous le faites. C'est grâce à vous que j'avance téléphagiquement. Ce weekend, devant mon écran, je me suis dit soudain que ça faisait 5 ans que vous saviez des choses que moi j'ignorais (dans tous les sens du terme). On se croit curieuse, et en fait il reste tant à faire...
Alors, voilà, en fin de compte, je voulais juste vous dire...


MERCI.

10 août 2012

Leave me breathless

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Avec la diffusion de Go On cette semaine, le coup d'envoi officiel de ce challenge est donné, et nous allons donc nous livrer à cet exercice avec la plus grande application, et autant de régularité que possible. Surtout étant donné les circonstances, puisqu'internet n'a toujours pas été rétabli chez moi.
Du coup, à la fin de ce post, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote de Go On de whisper (je l'ajouterai lorsqu'il l'aura rédigée ; nous ne les posterons pas nécessairement de façon absolument simultanée), et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote, que ce pilote nous ait fait le même effet ou non. Restez donc à l'affût, car sur nos deux blogs, la saison 2012-2013 va être traitée de façon exhaustive !

GoOn-OnAir

Il existe deux sortes de [bons] acteurs dans mon esprit : les "caméléons" et les "nuancés". A titre d'exemple, Lee Pace est un caméléon (il peut même devenir une femme si on le lui demande gentillement). Au contraire, Matthew Perry est du style nuancé : il semble toujours avoir le même personnage, et son travail est d'apporter de fines et subtiles touches de nuance, comme un peintre repasse encore et encore sur le même tableau et rajoute des couches de peinture pour en détailler la texture ou la couleur du ciel.
Les nuancés donnent souvent l'impression de s'interpréter eux-mêmes, et parfois c'est, après tout, peut-être vrai. Peut-être qu'ils ne veulent ou ne peuvent pas dépasser les limites de leur propre nature, et que pour eux, le métier d'acteur, c'est aller chercher dans leur rôle une occasion de se mettre à nu. Les nuancés sont d'ailleurs beaucoup plus enclins que les caméléons à créer des rôles pour eux-mêmes. Ils cherchent à s'explorer avant tout, ils ne sont pas dans une recherche d'altérité. Le choix n'est plus ni moins noble que d'aller se trouver un personnage radicalement différent de soi-même (et/ou du personnage précédent), et d'aller dénicher en soi de quoi devenir cette personne ; il participe simplement d'une démarche totalement différente.

Depuis qu'il a fait sien le personnage de Chandler Bing, Matthew Perry s'est en tous cas trouvé une image dans laquelle on a pu le retrouver de façon assez constante, de ses apparitions dans A la Maison Blanche à son rôle dans Mr Sunshine, en passant par ses rôles dans des longs-métrages. J'ai peut-être loupé l'exception qui confirme la règle, mais il y a quelque chose de brisé en Matthew Perry qu'il n'a pas peur d'incarner encore et encore dans ses personnages, et surtout, quelque chose dont il n'a pas peur de rire. Matthew Perry est de ces acteurs qui aiment appuyer là où ils ont mal pour que le public rient de leurs grimaces, plutôt que de donner le change. J'admire et je respecte énormément ça, cette sincérité apparente, c'est le genre d'élément qui fait que j'adore Rude Awakening ou Titus, d'ailleurs ; et la liste n'est pas exhaustive.
C'est une démarche faite de cohérence et d'authenticité, qui élimine la distance entre l'artiste et le spectateur (que cet artiste soit acteur ou scénariste, d'ailleurs), et les met à pied d'égalité de façon humaine, incitant le spectateur lui-même à laisser tomber ses défenses et devenir, à son tour, vulnérable.

Alors regarder Go On, cela va sans dire, c'est forcément regarder un peu plus Matthew Perry que Ryan King, son personnage. Les personnages des acteurs dits nuancés"sont toujours un peu plus transparents : on regarde au travers d'eux en guettant le moment où on verra passer la silhouette de l'acteur. On se figure toujours qu'on connait mieux les acteurs nuancés que les caméléons. A tort ou à raison, d'ailleurs ; qui peut dire ?
Et lorsque l'on repère Matthew Perry dans Go On, on a du mal à ne pas penser à Chandler Bing, Matt Albie ou Ben Donovan, pour exactement les raisons que je viens d'énoncer.

Mais regarder le pilote de Go On est aussi une façon de découvrir une nouvelle nuance de la palette, et à travers elle, un Matthew Perry qui va mieux. Il est mieux dans son corps, d'abord : sa présence est moins figée, plus légère ; il bouge plus, il a une gestuelle moins engoncée. Mais surtout, son personnage est moins lourd, lui aussi. Certes, Ryan King est un homme cassé (un de plus), qui a perdu sa femme il y a un mois à peine, et qui ne veut qu'une chose, reprendre son boulot de présentateur d'une émission de radio sportive pour aller de l'avant. Mais il ne porte pas son poids comme une nature, et cela se sent dans la façon qu'il a non seulement de s'accrocher au sport, que dans l'esprit de compétition dont il fait preuve.

Go On nous parle d'un homme qui refuse depuis un mois de faire son deuil. Et nous parle donc, de façon plutôt délicate, de deuil quand même, là où on peut dire que Bunheads (pour ce que j'en ai vu, j'ai dû faire une pause à cause de cette histoire de connexion) décide de mettre les pieds dans le plat sans détour et d'aborder la question très frontalement, notamment dans le second épisode, où les choses sont très directes. C'est une façon différente mais pourtant très intéressante d'aborder le sujet : Ryan veut éviter d'interroger son deuil mais, parce que son entourage professionnel estime que ce n'est pas sain, il y est contraint. Plus tard dans l'épisode c'est lui-même qui va s'y contraindre, d'ailleurs. Et finalement c'est un angle sous lequel aborder le deuil qui, tout en traitant un sujet difficile, permet à la fois sincérité et humour, et d'éviter toute pesanteur ; Go On est à ce titre plus une dramédie qu'une comédie, en dépit des gesticulations Matthewperriennes qu'on y trouve.

Comme quelques unes des plus grandes dramédies de l'histoire de la télévision, Go On allie donc gravité et attitude positive. Son personnage central n'est pas un triste sire, il ne nous fait pas rire malgré lui : il nous fait rire parce que lui-même a envie de rire, alors même qu'il a du mal à le faire. Le procédé est incroyablement cathartique. Ce genre de choses fait toute la valeur du travail d'acteur de Matthew Perry, c'est une nuance délicate par rapport au Matthew Perry qu'on a fréquenté (brièvement) dans Mr Sunshine, mettons. Les deux personnages sont incroyablement proches et pourtant, ce qu'ils inspirent est très différent.

C'est, d'emblée, une grande richesse pour Go On que d'avoir ce personnage à la fois tragique et léger. Mais la force supplémentaire de ce pilote tient dans la (très abondante) galerie de portraits, même si elle n'est pour le moment pas appréciable dans les détails, qu'offre le groupe de parole que Ryan King intègre. Sur le thème, plus large, de la perte et de l'abandon, divers profils se dessinent, jamais totalement tragiques, mais confinant rarement au clownesque (à l'exception d'un patient peut-être un peu caricatural, mais pas totalement antipathique, Mr K, et qui peut également avoir du potentiel lorsqu'on aura dépassé la première impression), avec un sens de l'équilibre qui permet de rire sans trouver qu'on est de mauvais goût, ni que la série l'est.
La loufoquerie ne cède jamais la place à la facilité, permettant à l'émotion d'être toujours un peu présente, sans que pour autant ce soient les grandes eaux en permanence.

Alors bien-sûr, il manque peut-être au pilote de Go On quelques petites choses pour pouvoir être qualifié de coup de coeur, notamment parce que Laura Benanti (à cause de laquelle il est difficile de ne pas penser à Starved, et d'ailleurs voilà une autre série à ajouter à la liste ci-dessus) et Matthew Perry mettent énormément de temps à trouver leur alchimie, et qu'on craint assez rapidement, de surcroit, que celle-ci ne se transforme en intrigue amoureuse de type will-they-or-won't-they.
Mais il se dégage de ce premier épisode une intensité qu'on n'est plus habitués à trouver sur une dramédie de network ; je crois d'autre part que la série a aussi hérité d'un petit quelque chose proche de l'esprit de Community, en cela qu'elle pourrait trouver le succès en piochant dans les profils névrosés des personnages loufoques qu'elle a mis en place. Ca se sent bien dans la scène de la compétition (ainsi évidemment qu'à la toute fin) : il y a du potentiel pour une série très libératrice, dans l'émotion comme dans le rire, et c'est plutôt bon signe pour son avenir.

En ce qui me concerne, ce premier pilote de la saison m'a vraiment mise de bonne humeur ; je serai ravie de surveiller l'évolution des épisodes suivants, pour voir si les qualités que j'y ai perçues ne faiblissent pas. Si Go On tient bien la direction qu'elle s'est fixée avec ce pilote, on pourrait bien tenir la meilleure dramédie de network depuis plusieurs années ; et par-dessus le marché, une excellente opportunité de tenir compagnie à Matthew Perry pendant toute une saison, ou plus. Rien ne me ferait plus plaisir que d'avoir l'illusion de comprendre et partager quelques blessures avec lui de cette façon...

Challenge20122013

5 juillet 2010

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'adolescent

Ah, ça va nous changer ! Pour toutes les fois où j'ai tempêté contre les séries américaines à destination des adolescents, aujourd'hui, ça va être un peu différent. Presque, j'ai dit presque, une compensation. Parce que dans un monde télévisé où, chaque année, on nous fourgue un nouveau Hidden Palms, 90210, Gossip Girl ou The Beautiful Life, ce sont des séries comme One Tree Hill qui semblent les plus à même de servir de référence réaliste sur le quotidien des ados, c'est dire si on est pas dans la mouise.
Heureusement, on dirait que c'est en train de changer. Ou en tous cas, j'accueille à bras ouverts le retour de la nuance. Avec l'arrivée de Life Unexpected à la mi-saison, et maintenant, cet été, Huge, on est peut-être en train de retrouver une télévision plus en phase avec la réalité de son public adolescent (pourtant goinfre parmi les goinfres de la téléphagie). J'ai envie de dire qu'il serait temps.

HUGE

Dans Huge, l'obésité est au centre de tout et pourtant, elle n'est qu'un prétexte. Car à travers l'inconfort des jeunes personnages, on retrouve le malaise qu'expérimentent les adolescents quand leur corps semble ne plus vraiment leur appartenir. Derrière l'artifice du surpoids (un cas particulier de ce problème), c'est un thème universel que Huge aborde, celui d'une période de la vie où, de toute façon, on a du mal à aimer son corps, mais où le regard des autres nous pousse à dépasser cet inconfort et ces complexes pour s'épanouir en tant que (presque) adulte.
La problématique du surpoids n'est pas anodine, je n'ai pas dit ça. Dans une Amérique qui qualifie l'obésité de ses jeunes d'épidémie, évidemment pas. Mais sans avoir connu ce problème, on n'a pas de mal à compatir avec les personnages. Pour cela, l'écriture fait beaucoup, mais également la réalisation, qui, s'attardant dans les regards, les plans sur les mains, et les attitudes gauches des uns et des autres, laisse la place au non-dit, celui qui n'exprime pas un poids mais une émotion sincère et reconnaissable entre mille.

Difficile de ne pas retrouver un certain nombre de qualités présentes dans Angela, 15 ans, dans cette nouvelle série de Winnie Holzman. Les personnages se cherchent tout en ayant déjà une idée assez précise de leur identité. Ils voudraient juste réussir à trouver l'équilibre entre le regard des autres et celui qu'ils se portent, parfois accusateur, parfois complaisant. Finalement, ce camps de vacances pour les gros leur permet à la fois de s'assumer, au milieu de leurs semblables (ce que la scène d'ouverture exprime nettement) et de changer, ou du moins essayer.

Pourtant, le personnage central n'a rien de commun avec celui d'Angela. Will serait plutôt l'héritière de Rayanne, à mi-chemin entre la rébellion effrontée et le désespoir camouflé sous des tonnes d'arrogance. Fini les voix off, Will dit tout haut ce qu'elle pense, parfois bravache, et ne se prive pas de faire connaître son avis, ou l'avis qu'elle voudrait avoir. On sent immédiatement la contradiction entre les complexes et blessures, et le côté rentre-dedans et fort en gueule du personnage, le rendant immédiatement humain, c'est-à-dire ni adorable, ni insupportable. Depuis combien de temps n'avais-je pas vu un personnage de ce genre ? Il y a quelque chose de courageux dans la façon dont dés le départ, on nous donne la possibilité de voir au-delà des stéréotypes.

D'ailleurs, pour un épisode d'exposition, le pilote de Huge parvient à éviter un bon nombre d'écueils. En-dehors de la douce Becca, aucun personnage n'est unidimensionnel. Les garces deviennent des victimes, les outsiders des bullies, etc... Côté personnel adulte (et forcément mince), on retrouve la même ambivalence, pas forcément explorée en profondeur mais il faut quand même admettre qu'en 42mn, il s'en dit, des choses, et on a le temps de voir un spectre de nuances particulièrement prometteur.

Non, le pilote n'est pas un chef d'œuvre, évidemment. Ça reste une série adolescente, et une série de ABC Family de surcroît. Mais quand le petit slogan "a new kind of family" est apparu au coin de l'écran, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose, sinon de nouveau, au moins qui était réapparu après bien des années d'absence. Il ressort des regards en coin et des attitudes de façade quelque chose d'honnête et authentique qui m'avait franchement manqué.

Le pari est sincèrement osé de lancer une telle série à une période où personne ne veut se prendre la tête, et encore moins se voir renvoyé à ses fragilités, avec en plus un casting loin d'être sexy (à l'exception de la petite Hasselhoff qui est juste lumineuse), mais personnellement, quelle que soit la saison et quel que soit l'attrait des acteurs, quand l'histoire est bonne, l'interprétation solide et la réalisation impeccable, on n'a pas besoin de me le dire deux fois. Allez hop, Huge vient de passer dans mon programme de l'été.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Huge de SeriesLive.

8 août 2010

Crocodile TV

Pfff. Encore un post. Que voulez-vous que je vous raconte ? Que j'ai regardé le pilote de Wallander ? Même pas, j'ai pas encore eu le temps d'ouvrir mon coffret flambant neuf. Que j'ai cagoulé les sous-titres du deuxième épisode de GOLD ? Même tarif, pas eu le temps. Que j'ai fait du tri dans mes cagoules et que j'ai retrouvé des perles ? Le temps manque, une fois de plus. Alors voilà, j'ai rien à vous dire.
Le dimanche, c'est comme ça, j'ai rien à raconter. J'ai l'impression de n'avoir rien fait de ma semaine et pourtant la suivante est à deux doigts de commencer. C'est rageant.

Évidemment, que je déconne ! Évidemment que j'ai des trucs à vous raconter ! Plein !
D'ailleurs si vous manquez de lecture, pas de problème, ça doit pouvoir se trouver. Tenez, connaissez-vous la télévision australienne ? Je vous avoue que même si j'avais déjà vu des séries australiennes, je n'en savais pas grand'chose. Eh bien voilà, l'erreur est réparée.

Australie_KoalaTV
God save the Queensland : la télévision australienne pour les nuls

Mais c'est justement ça, le problème. C'est la reconnaissance de la fiction australienne. Confinée à deux sortes de public (ceux qui regardent Brigade des Mers en milieu de journée, et ceux qui se délectent d'un Underbelly certainement pas grand public), extrêmement restreints et assez peu causants, la fiction australienne peine à exister.
Alors qu'elle est anglophone, damn it !

Que la fiction philippine manque d'exposition, c'est dommage mais sous un certain angle ça se conçoit. Qui s'intéresse à ce qui se passe dans les Philippines en règle générale ? Personne. La moitié de la population est probablement convaincue qu'il n'y a même pas l'électricité là-bas. Mais l'Australie ?
D'accord, il y a une partie de l'explication à ce problème qui est probablement géographique. Mais ça n'explique pas tout. Notamment depuis qu'internet s'en est mêlé et que la géographie devient, quelque part, toute relative. Une fiction en langue anglaise est une fiction en langue anglaise, point barre. Comment ça se fait qu'elle ait tellement de mal à être aussi visible que, mettons, la fiction britannique ?

C'est visiblement un problème récurrent de son histoire, écrasée qu'elle est par la fiction américaine et la fiction anglaise. Pourtant, quand on approche un peu le nez et qu'on essaye d'y regarder de plus près, on s'aperçoit que si les séries australiennes ont certainement pris quelques idées chez leurs cousines, elles ont développé une personnalité propre. S'il fallait la rapprocher de la production d'un autre pays, la fiction australienne aurait plutôt un lien de parenté marqué avec le Canada. Ces deux pays ont un vrai public, un vrai vivier de talents... et un vrai problème pour exister.
Sur les sites de cagoulage que je pratique (alors après, c'est ptet pas les bons), les séries australiennes semblent s'y faire petites. Il faut vraiment bien regarder pour s'apercevoir qu'elles sont là, en effet. Mais l'offre est plus grande (et accompagnée de plus d'effets d'annonce et de promotion) pour les États-Unis et la Grande-Bretagne. C'est à n'y rien comprendre.

Et c'est tragique. Il se passe pourtant des choses, en Australie. On y trouve des soaps terre-à-terre, où on s'éloigne de la vie des riches (ou disons, des classes aisées) pour s'intéresser au tout-venant. On y trouve des séries dures et violentes. On y trouve des séries policières, beaucoup (bon, là je vous avoue, je passe mon tour, d'ailleurs ce sera le sujet d'un post prochain). Et puis on trouve des séries dramatiques à la sensibilité à fleur de peau, avec quelque chose d'à la fois franc dans le regard, mais tendre dans la démarche. Il y a quelque chose qui me plait bien, dans les séries australiennes, quelque chose de sincère et authentique.

C'est aussi pour ça que j'ai légèrement pimpé Spirited sur la fin de mon article. Si je peux donner un coup de main, c'est tant mieux. J'ai vu le trailer de cette série (lorsque j'ai fait la news sur le Roma Fiction Fest) et je peux vous garantir que ça m'a vraiment captivée de suite. Mais pourquoi personne ne m'a parlé de Spirited avant ? Pourquoi personne ne m'a parlé de Love My Way avant ? Je sais pas, est-ce que je ne fréquente pas les bons "blogs à review" qui en parlent ? Est-ce que je suis passée à côté des news ? C'est presque plus facile de trouver des news sur l'Asie ou l'Afrique du Sud que sur l'Australie (pour moi, en tous cas, après, bon... je sais).
J'ai l'impression d'avoir affaire au parent pauvre de la télévision anglophone, c'est triste...

C'est triste, mais pas insoluble. Et j'ai bien en tête de surmonter ma phobie des accents exotiques (comprendre : non-américains) pour y remédier à mon niveau. Franchement, je vais vous dire : une entreprise folle en plus ou en moins... d'façon j'ai toujours pas trouvé les sous-titres du deuxième épisode de Naznaczony, alors ça m'occupera.

Sérieusement, à part Hartley, vous vous rappelez avoir vu combien de séries australiennes dans votre vie ?

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