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ladytelephagy
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31 mars 2011

[DL] Lykke

Puisque je fais une véritable obsession sur ce générique (pourtant simple, en définitive), je me suis dit que j'allais simplement me mettre à fond dedans, en vous embarquer au passage, un peu comme Arthur qui chante "A la volette" pour se sortir la chanson de la tête. Oui c'est petit ce que je viens de faire.
Donc voici le générique de Lykke, une série danoise qui s'est achevée ce mois-ci (et dont je ne trouve pas plus les sous-titres anglais que pour Dem Som Draeber, soit dit en passant ; mais ptet que ça va changer pour cette dernière qui vient de se faire renouveler) et dont les premières scènes, puisque je me suis arrêtée après quelques minutes du pilote, semblent assez sympathiques. On y croise des personnages dont la vie est en rapport avec la dépression, soit parce qu'ils consomment des pillules du bonheur, soit parce qu'ils les vendent, soit, apparemment, les deux. Découvrir les images de la série quelques jours après avoir vu le pilote de Prozac est, je vous rassure, une pure coïncidence.

Lykke
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Les petits atomes qui dansent, la musique, les couleurs... je ne saurais pas vous expliquer ce qui m'hypnotise dans ce générique mais le fait est qu'il fonctionne à fond. De quoi entretenir mon envie de trouver les sous-titres pour cette autre série danoise (en fait, si j'ai fini par cagouler le pilote de Lykke, c'est précisément parce qu'à ce moment-là je me cherchais le pilote de Den Som Draeber... je ne suis donc pas particulièrement dans une phase danoise, en dépit de la réception de mon coffret Borgen), comme vous pouvez l'imaginer. Donc voilà, l'appel est (re)lancé, hein... A vot'bon coeur, amis danophiles.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lykke de SeriesLive.

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26 mars 2011

Passe le message à ton voisin

En des temps immémoriaux, vous n'êtiez pas encore internautes, peut-être même n'aviez-vous encore jamais cliqué sur une souris, il existait un truc qui s'appelait "tagger" (orthographe incertaine). Cela consistait à répondre à un questionnaire donné puis proposer aux petits copains d'en faire autant. La réaction en chaîne qui en découlait permettait à plusieurs blogueurs, bien que ne s'exprimant pas sur le même support, de tous répondre aux mêmes questions. Accessoirement, ce mème avant la lettre avait tendance à meubler le contenu des blogs d'une même sphère.
C'est ce petit goût d'antan, cette madeleine de Proust numérique, que je retrouve alors que l'ami Eclair m'a taggée, après l'avoir lui-même été. C'est donc de bonne grâce et même avec une dose de nostalgie que je me plie à l'exercice...

1 / Depuis quand regardes-tu des dramas ? Quel a été ton 1er drama ? Comment as-tu découvert les dramas ?

C'était début 2006 ; à l'époque je tenais un site sur la Jmusic du nom de Teruki Paradise (Paix à son âme), sur lequel une petite communauté francophone se réunissait via les forums United Paradise. Ah, les souvenirs ! Bref comme on s'en doute, plusieurs de mes compagnons étaient coutumiers des séries japonaises (et/ou coréennes), et il n'a pas fallu bien longtemps avant qu'on m'encourage à m'y essayer. Mais c'était voué à se produire, si ça ne s'était pas fait comme ça, il y aurait eu un autre vecteur : passionnée de popculture japonaise, passionnée de séries... ces deux passions se serait forcément retrouvées tôt ou tard. Malheureusement, mon souvenir est plus flou lorsqu'il s'agit de se rappeler du titre de la toute première série que j'ai vue. C'était, au choix, 1 Rittoru no Namida, Orange Days ou... Attention Please (ah ouais tout de suite c'est moins glorieux...). Ca se trouve je m'en souvenais quand j'en ai parlé les premières fois sur ce blog, il y aura donc certainement plus de détails via les tags...

OrangeDays
2 / Si tu ne devais garder qu’un drama, lequel ce serait et pourquoi ?

Ha ha ha, ne regarder qu'un dorama, genre c'est possible ! Ca ne correspondrait probablement pas à ma consommation téléphagique : le format court et fermé de la plupart des séries asiatiques (saisons courtes, pas de renouvellement...) fait que je ne pourrais pas en garder qu'un. Ce serait de la torture. Il m'en faut au contraire plus, toujours plus.
Mais, disons... bon... allez, pour la forme, s'il devait n'y en avoir qu'un... Argh, non, c'est juste pas possible de choisir ! Il y a les raisons sentimentales (Orange Days, Lunch no Joou, Ruri no Shima), les raisons téléphagiques (MotherMousou Shimai, Atami no Sousakan), et les raisons brumeuses mais non moins valables (Kamisama, Mou Sukoshi Dake). Pour toutes ces séries et tant d'autres, l'exclusion de ma liste est impossible. Désolée, je suis incapable de ne choisir qu'un dorama. Peut-être justement parce que je regarde des dorama précisement pour la diversité...

MousouShimai
3 / Si tu devais nommer un drama à éviter absolument, lequel ce serait et pourquoi ?

Là encore la liste est longue, mais déjà j'arrive un peu plus à faire du tri. Disons que les premiers titres qui me viennent feront office de pires élèves de la classe, et tant pis pour tous les autres dorama contre lesquels il faudrait prendre le temps de vous mettre en garde. Mentionnons donc, entre autres : Majisuka Gakuen, Kaibutsu-kun, Shinira Bulriwoon Sanai... Mais je pense vous avertir assez régulièrement du danger qui vous guette avec certains navets, alors restez dans le coin pour ne pas vous faire avoir.

KaibutsuKun
4 / Quel est le drama que tu n’as pas encore vu et qui te tente énormément et pourquoi ?

C'est un problème qui étrangement me touche assez peu, je crois réussir à regarder à peu près tout ce que je veux... Enfin, dans une certaine mesure. Disons que, à part s'ils ne sont pas sous-titrés naturellement, j'arrive à trouver le temps de regarder tous les pilotes des dorama qui m'intéressent. Le soucis, c'est de ne pas trouver ce temps pour suivre la série même quand le pilote m'a plu. Exemple concret : j'ai adoré le pilote de CHANGE, mais impossible de me caler les fesses une heure pour voir le deuxième épisode. Et pourtant j'en crève d'envie, mais voilà : il y a toujours plein d'autres pilotes qui passent. Au final, et c'est pire encore pour les dorama que pour les séries américaines d'ailleurs, j'ai tendance à reporter le visionnage de la suite en me disant que de toute façon il y a peu d'épisodes, donc ça ira vite. Et là, CHANGE, pour reprendre l'exemple, ça fait depuis décembre/janvier que je reporte. C'est le drame de ma vie de téléphage, mais c'est comme ça.

CHANGE
5 / Quel est le drama qui ne te tente absolument pas et pourquoi ?

Un jour, un jour promis je me bloquerai du temps pour tenter le pilote d'un truc comme Nobuta wo Produce, mais rien à faire, pour le moment, ça passe pas. Il faudra certainement la jouer style Orange Mécanique ce jour-là. Je ne suis pas dans la cible et c'est, vue de loin, typiquement la série qui n'a rien pour me plaire. Après effectivement, c'est vu de loin, justement, donc je m'en fais peut-être une fausse idée. Mais je ne me sens pas concernée par une série qui se passe dans un lycée. Ni au Japon ni ailleurs, en fait. C'est un contentieux de genre qui dépasse largement le problème Nobuta wo Produce, mais enfin, un jour, faudra bien combler cette lacune, quand même.

NobutawoProduce
6 / Tes acteurs et actrices préférées ?

Je fais relativement peu attention au cast d'une série. En fait, c'est plus une exception qu'une règle, quand je me réjouis de la présence de quelqu'un au générique. Pour Miki Maya, Yuuki Amami (qui n'a pas le droit de pleurer), Asami Mizukawa et la sublime Michiko Kichise, par exemple, ça a un semblant d'intérêt, et encore. Disons que je me réjouis de les voir mais... bon bah, elles sont là c'est bien, elles sont pas là c'est pas grave. Je ne regarde pas une série parce que ces actrices sont au générique, d'ailleurs (toujours pas tenté Hagane no Onna, par exemple, et pourtant la saison 2 arrive au printemps), mais j'avoue qu'une série qui les engage a tout de suite gagné quelques points de karma supplémentaire avec moi. En gros, si un jour Yuuki Amami et Miki Maya tournent dans la même série (attendez je fais une pause, j'essaye de me rappeler si ça s'est déjà produit...?!), ça ne signifiera pas que je la regarderai forcément (tout dépendra du pitch), mais si je la regarde, je trouverai plein de raisons plus ou moins valables pour ne pas la déprécier.
Etrangement, du côté des hommes, je me tamponne sévèrement le coquillard de qui qui y est et qui qui y est pas. Ca doit encore avoir un rapport avec l'identification, tout ça.

YuukiAmami
7 / Ton meilleur souvenir drama ?

Je sais pas si c'est le meilleur, mais c'est l'un des plus émus. Par contre attention, spoiler inside.
Je venais de commencer les dorama, ça faisait moins de trois mois et j'avais déjà vu deux ou trois titres, et me voilà à démarer Ruri no Shima et Lunch no Joou. C'est à cette période que ma grand'mère a été admise à l'hôpital, et comme c'était compliqué et que je ne pouvais pas aller la voir, j'essayais de tromper mon inquiétude en me goinfrant d'épisodes de ces deux séries. Et puis, le 8 mars, elle est décédée. J'étais effondrée. Quelques jours plus tard, j'ai repris les visionnages. Et, pour ces deux séries, l'épisode suivant... comportait le décès d'un personnage. Jamais je n'ai eu le coeur brisé comme ça par un épisode, de toute ma vie. Mais c'est aussi, je pense, comme ça que j'ai entamé le travail de deuil, finalement, en affrontant le sujet au lieu de l'éviter.
Ce n'est pas forcément un "bon" souvenir, mais c'est un souvenir téléphagique intime, de ceux qui, je pense, comptent le plus en termes de séries, et je pense qu'aucune série américaine que je regardais à ce moment-là n'aurait pu me toucher de cette façon. La meilleure preuve c'est que 5 ans plus tard, je me souviens de ces deux séries et de l'impact qu'ont eu ces intrigues sur moi, mais que je suis infichue de vous dire quelle série américaine je regardais à la même époque.

RurinoShima
8 / Qu’est ce que tu dirais à une personne qui ne regarde pas de dramas pour la convaincre d’en regarder ?

Que c'est DIFFERENT. C'est à la fois l'avantage et l'inconvénient. J'entends très souvent des téléphages, dire qu'on tourne en rond, que les chaînes US passent leur temps à recycler de vieilles idées ou des recettes qui marchent. Je conteste ce diagnostic (en général il résulte surtout d'un manque de connaissance de ce qui passe aux USA pour se focaliser uniquement sur les séries les plus populaires du moment et/ou les annonces de projets, souvent peu alléchants sur le papier), mais il est ce qu'il est. A cela je réponds : vous voulez changer d'air ? Il y a des choses différentes en Asie (et ailleurs, mais ce n'est pas l'objet de ce post...!). C'est une formidable façon de continuer de regarder des séries sans tomber sur tout ce qu'on connait déjà via les séries américaines, britanniques, françaises...
Dans les dorama, ce qui prime, c'est le personnage et son ressenti. C'est différent des séries occidentales parce qu'on y prévilégie l'intrigue, les rebondissements, ou les effets de style... Bien-sûr, dans un sens comme dans l'autre, les généralités sont pièges, mais grosso-modo, l'Asie, c'est une télévision à ressentir. Et, alors que depuis 10 ans on nous sert des séries majoritairement tournées vers le cérébral, l'intellectuel (résolution d'enquêtes, interrogatoires, etc...) via les séries policières notamment, bref, depuis 10 ans qu'il y a une approche essentiellement "cerveau gauche" de la fiction, je trouve que ça fait du bien de se laisser aller à quelque chose qui se rapproche de l'émotion pure.
Les dorama, ce n'est pas pour tout le monde, et il y en a qui n'accrocheront pas. Il y en a beaucoup, à dire vrai. Mais c'est une façon de diversifier son menu téléphagique qui permet de se rafraîchir les idées et d'aborder les choses avec un regard, sinon neuf, au moins ressourcé.
Regarder des séries asiatiques, ça demande du temps parce qu'il faut prendre de nouveaux repères, et apprendre ce qui convient et ce qui ne convient pas à chacun. Moi j'ai mis beaucoup de temps à y venir parce que je voulais éviter les amourettes et/ou les trucs lycéens, je croyais que toutes les séries asiatiques c'était ça. Il y en a, c'est sûr (et j'ai envie de dire qu'il y a plus d'amourettes en Corée du Sud, d'ailleurs, ce qui explique ma préférence pour le Japon où les thèmes me semblent plus divers), mais il n'y a pas que ça, simplement il faut dépasser le cliché, chercher, se laisser recommander des trucs et se laisser le temps de se documenter. C'est comme pour plein de choses : si vous voulez être exigeants, il faut vous en donner le temps.

AtaminoSousakanForever
Voilà, j'ai assez papoté ! Je passe le relai à Nakayomi, qui va certainement nous parler lui aussi de Sailor Moon, et à Nephthys, parce que c'est cool d'avoir l'avis d'une petite nouvelle dans le domaine.

25 mars 2011

[DL] Den Som Dræber

On dirait que la motivation revient, progressivement. Ca n'aura jamais pris que deux mois, et encore, ça pourrait être mieux. Mais il s'avère que du coup, la semaine a été plutôt fructueuse. Alors, de quoi vous parler aujourd'hui ? Du pilote de Prozac, que j'ai finalement décidé de regarder après des mois d'hésitation, de Mad Dogs, que j'ai goulument avalée en quelques jours, du très bon démarrage de Winners & Losers, d'ailleurs il faudra surveiller les audiences la semaine prochaine, de l'intégrale Outsourced du weekend dernier, du pilote d’Endgame auquel je me suis attaquée alors que le deuxième épisode était déjà diffusé (pas bien), ou encore, accrochez-vous à vos bretelles, du coffret Borgen que j'ai finalement reçu pour mon anniversaire ce mercredi... Non mon anniversaire n'était pas du tout ce mercredi, mais vous commencez à connaître mes parents : quand il s'agit de cadeaux d'anniversaire, rien n'est jamais simple ; pour mémoire, rappelons les péripéties autour de la 1e saison de Pushing Daisies... Tout ça sans évoquer le décevant 10e épisode de Harry's Law, définitivement la série la plus inégale du moment (mais un coup de cœur tout de même), parce que je vais pas vous en parler tout le temps, non plus, même si ce n’est pas l’envie qui manque.

Déjà que vous avez eu fort à faire en lecture cette semaine, et vous n'avez même pas eu le temps de lire les trois pavés qui ont été postés, la preuve : zavez pas commenté. Ahem.

Donc, du coup, j'ai choisi la solution de facilité : j'ai décidé de vous parler d'une série que je n'ai PAS vue cette semaine. Il faut dire que je guette désespérément les sous-titres de Den Som Dræber, nouvelle série danoise lancée sur TV2, et que comme ça je peux en profiter pour vous demander gentillement si vous les avez vus passer. Hop, ni vu ni connu j't'embrouille, ça fait d'une pierre deux coups.

DenSomDraeber
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

D'autant que je me suis rendue compte que, jusqu'à présent, chaque fois ou presque que je vous avais parlé de série scandinave, j'avais soigneusement évité les séries policières. Deux explications à cela : d'abord tout simplement par goût personnel, puisque je ne suis pas attirée par les séries policières quel que soit leur pays d'origine (on va pas revenir dessus, hein, suffit de chercher n'importe quel post ou presque de ce blog mentionnant NCIS...). Et ensuite parce que, voulant dépasser le cliché de la série scandinave qui ne fournirait que des trucs policiers déprimants et/ou glaçants, j'avais jusque là préféré vous parler d'autres types de séries... oubliant du coup un pan tout entier de la fiction scandinave !

Bon, l'erreur est donc réparée, d'autant que le générique de Den Som Dræber a quelque chose d'à la fois déprimant et/ou glaçant, mais aussi de rythmé et efficace, qui encore une fois dépasse le cliché du générique pendant lequel on se dit qu'on aurait encore le temps de se pendre avant que l'épisode ne reprenne, ça irait plus vite. Et je sais pas pour vous, mais je trouve qu'on sent bien le côté glauque de la chasse au tueur en série (puisque c'est de cela qu'il s'agit) grâce à la fugacité de certaines images dérangeantes.

En tous cas la série a su rencontrer son public avec tous ces éléments, puisque son pilote, diffusé le 13 mars dernier, a attiré un peu plus de 1,47 millions de spectateurs, ce qui est la plus grosse audience pour le lancement d'une série sur TV2 depuis (d'après mes sources) trois ans. Et apparemment les critiques sont à l'avenant, ça a l'air d'être du solide.
Comme ça en plus, vous voilà éduqués sur l'actu danoise, c'est vraiment tout bénéf ce post.

Voilà donc j'ai quand même fini par vous produire un pavé, mais bon, c'est vendredi, et le vendredi c'est permis. Comme le mardi, mais dans la plus pure tradition de ladytelephagy.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Den Som Dræber de SeriesLive.

23 mars 2011

Grandeur et décadence

Difficile de savoir sur quel pied danser avec Malenfant, une mini-série québécoise en quatre épisodes qui s'est achevée jeudi dernier et qui se base sur la vie de Raymond Malenfant, l'un des entrepreuneurs les plus médiatiques de la seconde moitié du XXe siècle.

Mais avant de vous parler de la série elle-même, laissez-moi vous parler d'abord de l'étonnante expérience que cela peut être que de regarder une série à vocation historique québécoise. Il n'y a pas, ou disons presque pas, de barrière de la langue. Du coup on peut être conduits à penser qu'on comprendra tout ; c'est une erreur qu'il ne faut pas faire.

Lorsque j'avais regardé la première saison de Mirador, à la fin de l'année dernière (et maintenant j'en ai pour plusieurs mois à attendre la deuxième saison, d'ailleurs...), je n'avais pas autant été frappée par ce phénomène. Tout simplement parce que les différences culturelles qui pouvaient exister étaient minimes, et n'avaient pas vraiment d'incidence sur l'intrigue. Mais dans le cas présent, j'ai réalisé, pour la première fois, que regarder une série francophone n'impliquait pas de la comprendre réellement.
On a tellement l'habitude d'assimiler la différence culturelle à la langue que quand on regarde une série en français, on s'attend à ne rencontrer aucun obstacle. Pourtant, j'ai dû me rendre à l'évidence : Raymond Malenfant a certainement fait bien du raffût en son temps, mais je n'avais pas le moindre embryon d'idée de qui il était en lançant le pilote. C'était à la fois excitant, pour l'aspect découverte, et effrayant, parce que je n'avais aucun outil pour prendre du recul sur ce biopic, finalement. Mais je me suis lancée, décidant d'aller me documenter une fois le visionnage de la série achevé, découvrant l'histoire telle qu'on avait voulu me la livrer, quitte à la nuancer ensuite avec des éléments non-fictionnels que j'irais chercher. C'était un pari comme un autre ; c'est peut-être ça aussi que je cherche quand je lance le pilote d'une série étrangère, allez savoir.

Malenfant
Alors Malenfant, finalement, de quoi ça parle ? Si comme moi vous ne connaissez pas le personnage, la série se charge d'en dresser un portrait plus que détaillé. Raymond Malenfant est un homme ambitieux, un self-made man qui part du bas de l'échelle pour bâtir un empire immobilier. Dévoré par son envie de réussir, il va connaître la richesse et le pouvoir qu'apporte cet argent... mais aussi ensuite tout perdre. Loin d'être un sujet pour faire rêver sur les miracles qu'on peut accomplir quand on se donne du mal et qu'on travaille dur, l'histoire de Raymond Malenfant est plutôt une fable sur l'ambition et la folie des grandeurs, au bout du compte.

C'est avec un luxe infini de détails que la série s'attache à montrer son personnages avec un maximum de relief. Ambitieux, oui, mais pas mauvais homme. Et finalement, plus qu'un bête biopic qui s'intéresserait à retranscrire sa trajectoire, Malenfant parle de son personnage principal presque avec admiration, comme si, en écrivant, l'auteur avait réussi à approcher toute l'humanité de la personne, avec ses qualités comme ses défauts, et s'était attaché à lui ; la tendresse n'empêche pas la critique, parfois acerbe, de l'ambition, l'orgueil et l'obstination de l'entrepreneur, mais permet de ne jamais oublier l'homme derrière.

A la lecture de la biographie de Raymond Malenfant (comme par exemple, pour commencer, du côté de Wikipedia), toutefois, un bémol surgit : la série indique être "librement adaptée" de la vie de l'homme d'affaires, elle est en fait bien souvent dans la totale réécriture. Romançant un peu plus qu'à son tour, Malenfant pose la question : à quel point une série sur un personnage ayant vraiment existé a-t-elle le droit de prendre des libertés ? Si je n'ai jamais été partisane de l'exactitude documentaire pour les séries historiques, il faut tout de même admettre que changer certains éléments du tout au tout, au-delà de la simple volonté de dramatisation, est un peu perturbante. Par exemple, il me semble tout-à-fait acceptable de prétendre que Colette était Madame Malenfant, alors qu'en réalité elle a toujours conservé son nom de jeune fille ; ça ne prête pas à conséquence, c'est typiquement un élément qui permet simplement de servir le récit, et notamment de renforcer le lien extrêmement puissant qui lie les deux personnages, l'attachement sans borne de Malenfant à sa compagne faisant partie des tours les plus touchants que peuvent prendre les explorations du personnage. Par contre, changer la chronologie, voire même zapper sciemment une bonne décennie de la vie de la famille Malenfant (les années 90, comme passées en avance rapide par la toute fin du dernier épisode, alors que c'était au moins aussi intéressant, mais forcément moins glamour), donne à penser que certaines questions sont restées taboues, et qu'on a préféré taire les zones d'ombre plutôt que de tenter de les éclairer un peu. Ca refroidit un peu, ce petit manque de courage.

Mais il n'empêche. Servie par une bonne écriture, une grande fluidité dans le passage d'une époque à une autre (plus que tout sensible dans le pilote), et un cast impeccable, au premier rang desquels les interprètes du couple Malenfant, la série éponyme a tout de même beaucoup de mérite par elle-même, celle de montrer un personnage qui n'est ni un monstre, ni une victime, juste un homme quelque part entre les deux, qui a tout construit par sa seule volonté de se sortir de la misère, et dont au final le mental d'acier a causé la perte, mais qui reste un être humain touchant de sincérité (la dernière petite scène tendant à nous laisser conserver cette image). C'était donc une bonne mini-série que Malenfant, et au diable l'exactitude historique !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Malenfant de SeriesLive.

22 mars 2011

We're not quite there yet

Des blogs téléphagiques pour vous reviewer le pilote de Breakout Kings, vous en trouverez facilement ; certes, celui que vous avez actuellement sous les yeux n'en a pas fait partie, du fait du rythme de publication hebdomadaire et tout simplement de mes envies. Mais en tous cas, ça n'a pas manqué, et si les 720 news sur le pilote, la commande de la série, le casting, les guests, la diffusion et les trailers ne vous ont pas fait penser à vous intéresser à Breakout Kings, les reviews s'en sont chargées, et nul ne peut ignorer l'existence de cette série. Que vous choisissiez ensuite de regarder ou non vous appartient, mais en tous cas, ce choix est informé. C'est le cas de bien d'autres séries américaines, et on a souvent l'impression de savoir, maintenant, tout ce qui (se) passe outre-Atlantique.

Et pourtant, non. Pour vous parler du pilote d'une série ayant démarré en janvier sur BET, désolée de vous le dire mais il n'y a pas grand'monde. Je ne lis peut-être pas les bons sites/blogs, c'est possible aussi, mais il me semble néanmoins que les téléphages tenant un blog ont, comment dire ? Une sorte de mémoire sélective... C'est un peu le même problème que pour l'information, en fait : on veut bien vous faire des news à la pelle sur les séries que tout le monde connaît, mais hors de question de faire une news sur une série peu connue (exception soit faite des audiences et parfois des diffusions, d'ailleurs encore une fois, on ne le dit pas assez, merci à Critictoo qui s'efforce de laisser moins de poissons échapper aux mailles du filet).

Eh bien pour les reviews c'est pareil. Personne ne peut prétendre à l'exaustivité, mais force est de reconnaître que peu s'y emploient vraiment.

C'est totalement par hasard que je suis tombée sur une cagoule du pilote de Let's stay together. Là où je l'ai trouvée, j'étais venue y chercher tout autre chose. Mais je tombe sur ce lien et je me dis "diantre, un pilote américain récent dont j'ignorais l'existence", et je ne me vois pas ne pas cliquer, voyez-vous, c'est dans ma nature de pilotovore de ne pas résister.
Je sens bien, en regardant la photo de promo, ou ne serait-ce que vu la chaîne sur laquelle cette série est diffusée (BET, pour Black Entertainment Television, on fait difficilement plus explicite), que je ne suis pas dans son public-cible. Je sais aussi que la plupart de ces comédies ne partagent pas... ma conception de l'humour, dirons-nous. D'un autre côté, je suis blanche (et même pas une américaine blanche), alors culturellement ça s'explique. Mais enfin, est-ce une raison ? Alors je clique, enrageant de savoir que ce pilote a été diffusé en janvier et que je n'en savais même rien.

Ah ça, il n'y a pas grand'monde pour reviewer, ne serait-ce qu'au stade du pilote quitte à laisser tomber ensuite, des séries comme Let's stay together, Are we there yet?, Meet the Browns, House of Payne et toutes ces comédies tellement ciblées que, oh bah écoutez, on va pas en parler, on n'est pas concernés (ce qui me fait vraiment penser qu'il n'y a que des blancs dans la blogosphère téléphagique).

Les séries que nous ignorons plus ou moins délibérément en disent sans doute autant que celles auxquelles nous choisissons d'accorder du temps (et de l'espace sur nos sites et blogs), finalement.

LetsStayTogether
Let's stay together est-elle un bijou insoupçonné à côté duquel la communauté téléphagique francophone est tristement passée ? Je vais pas vous raconter des conneries : non, mais elle est définitivement dans la moyenne supérieure comparée à la plupart des séries que je viens de citer (ya que dans ses rêves que TBS est "very funny").
Je partais, finalement, avec un certain a priori négatif dû à mes expériences précédentes, souvent malheureuses comme les tags de ce post en attestent, et je m'attendais en toute sincérité à ne pas rire du tout. Ajoutez à cela que j'étais quand même un peu fâchée par le facteur "il y a les séries dont on veut bien parler, et il y a les autres", et vous avez une idée de mon humeur en lançant le pilote, que je m'apprêtais à regarder sur la seule base du principe que merde, si je ne suis curieuse que pour les trucs alléchants, c'est trop facile, et que c'est pas parce que personne n'en a parlé que je ne vais pas me faire une opinion.

Eh bien, figurez-vous que j'ai souri une fois ou deux, et même ri, une fois. Une seule, d'accord, mais c'était un rire franc, pas un petit rire genre "ouais allez, accordons-leur ça", un peu condescendant, qu'on accorde à une comédie qui se donne du mal, peut-être un peu trop, mais qui n'a pas totalement atteint son but.

Et finalement, c'était au moins aussi "exotique" que de regarder un épisode d'Outsourced ou de The Circuit. On sent un grand attachement à une subculture américaine qu'au bout du compte, à bien y réfléchir, on connait mal, et où les rôles de l'homme et de la femme (puisqu'il s'agit d'une comédie basée sur la vie amoureuse de 5 personnages) sont codifiés de façon différente par rapport aux protagonistes auxquels nous sommes habitués dans d'autres séries moins ciblées.

C'est vrai, c'est le genre de série où les acteurs ont légèrement tendance à surjouer (mais le surjeu, parfois ça peut fonctionner, après tout). Il est bon de noter que : pas tous. Les persos masculins, en particulier, m'ont bien plu, ils avaient quelque chose de moderne pour une comédie de ce genre ; j'ai craint un côté un peu macho qui en fait ne s'est jamais présenté, pas de clownerie exagérée non plus, juste deux personnages masculins pris dans des contradictions - et parfaitement à l'aise avec le fait de les montrer, et donc d'afficher une certaine vulnérabilité sans s'excuser, mais sans les masquer pour paraitre plus viril. C'est quelque chose qui est appréciable même sans parler du public ciblé auquel la série est destinée, et qu'on ne voit pas tant que ça dans un sitcom aussi classiquement réalisé que celui-ci (quand Better With You, par exemple, et que pourtant j'adore pour d'autres raisons, fait régulièrement la gaffe de tourner en ridicule la moindre faille de virilité de ses personnages masculins, et notamment Ben ; c'est une des facilités qui m'agacent un peu chez cette série à l'occasion).
Quant aux personnages féminins, qui sont plus irritants de mon point de vue de nana pas très gonzessifiée, elles présentent au moins l'avantage d'être des modèles différents de ceux qu'on voit dans la plupart des autres séries (un aspect qui, quitte à passer par tous les clichés possibles sur les afro-américains, est récurrent dans ce type de séries, où les femmes ressemblent à des femmes et pas à des mannequins, tout en étant légèrement au-dessus du niveau de la femme de la rue histoire de quand même apporter une touche de glamour). Ce sont d'ailleurs elles qui offrent les plus grosses impressions de fossé culturel, avec l'attention exagérée qu'elles portent à certaines choses, comme dans l'histoire de la bague de fiançailles. Il y a un côté Bridezilla chez la réaction des filles vis-à-vis de cette bague... et en ne tournant pas non plus ces personnages-là en ridicule (une tentation à laquelle Damon Wayans n'aurait pas résisté, tel que je le connais, par exemple), la série valide à la fois ma théorie selon laquelle c'est culturel et donc parfaitement acceptable pour le public regardant la série, et mon impression d'une nuance dans cette série, en tous cas plus que dans la plupart des autres de son genre.

En regardant ce pilote, j'ai donc voyagé dans un endroit des Etats-Unis que je connais mal, où on n'applaudit pas mais où on claque des doigts, où les restaurants sont fréquentés uniquement par des noirs... mais qui est aussi curieusement confortable parce qu'ultra-codifié, tout en s'autorisant quelques petites touches d'innovation et de subtilité çà et là. Et avec, donc, une scène vraiment drôle, ce qui n'était pas garanti au départ, la plupart des autres scènes se contentant d'être sympas, sans plus.

Non, Let's stay together n'est pas une perle. Ce n'est pas la série dont il faudrait que tout le monde parle mais à laquelle pas assez de monde ne prête attention (c'est Portlandia, ça...). Mais quelque part, ça remet les idées en place, ce genre d'expérience. Ca rappelle que même pour se tenir au courant de ce qui se fait aux USA, rien n'est acquis, et il y a encore des angles morts.
Si ce n'était pas une série indispensable, pourquoi m'être donné la peine d'en parler, me direz-vous ? Surtout quand ça me demande de faire un effort dans mon rythme de publication, revenu à "un post chaque vendredi. Minimum". Eh bien... c'était un pilote (raison n°1), un pilote récent (raison n°2), et enfin, un pilote sympathique (raison n°3). Donc ne pas en parler, quelque part, ç'aurait été dommage. Et puis, parfois il n'y a pas besoin d'aller chercher au Brésil ou en Pologne des séries à (faire) découvrir, et c'est pas plus mal de se le rappeler une fois de temps en temps.

Let's stay together, ce n'était pas extraordinairement bon, mais ce n'était pas du tout mauvais. Il fallait simplement le regarder pour le savoir. J'espère vous avoir convaincus d'aller vérifier par vous-mêmes, vu que vous ne pouvez pas compter sur les autres pour vous tenir au courant de tout.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Let's Stay Together de SeriesLive.

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21 mars 2011

I just can't get enough

Dans The SeriesLive Show, encore vendredi dernier, nous nous plaignions de la diffusion prévue pour Empreintes criminelles (punaise, encore un tag de série française sur ce blog, on m'aurait dit ça ya quelques années...), à savoir deux soirées de trois épisodes chacune. Et ce n'est pas nouveau, ni prêt de s'arrêter, au regard de la diffusion de The Good Wife, de Glee, de... allez, je vous laisse compléter la liste en commentaires (ce sera marrant de voir combien de titres vous pourrez citer, tiens).

A cet égard, ma position a toujours été claire : une position à la Coffe. C'est de la merde, ces diffusions ! Les séries sont conçues pour être consommées à un rythme hebdomadaire, leur construction repose dessus, leur narration repose dessus, bref c'est fait pour, et si à l'origine une série est créée sous un format hebdomadaire, c'est normal d'en suivre le procédé une fois en France ! Qu'est-ce que c'est que ces manies de prendre un format qui fonctionne et le modifier ensuite comme s'il nous appartenait d'en décider ?
Voilà, vous pouvez ajouter vos propres arguments sur le "respect de l'oeuvre initiale" et le "cadre de diffusion destructuré en France", où le spectateur n'a "jamais été éduqué à avoir des exigences", vous connaissez les thèmes par coeur, hein, je vous laisse faire.
Alors bien-sûr, bien-sûr, il y a le mode "marathon" que les téléphages connaissent bien, qui est introduit avec, notamment, l'usage du coffret DVD. Mais c'est pas pareil, on est tous d'accord. D'ailleurs dans une majorité des cas, le marathon, c'est pour les séries qu'on connait déjà. Ou pas, je vous l'accorde, mais j'ai dit "majorité", pas "exclusivité".

Je vais être sincère avec vous : il y a des séries pour lesquelles un seul épisode inédit par semaine, ça fait quand même peu. Il y a de nombreuses, très nombreuses fois où, mon épisode fini, j'ai eu mon content, je suis satisfaite, je me retourne de l'autre côté et je m'endors.
ET PUIS... trois jours plus tard, quand j'ai eu fini de réciter les meilleures répliques, re-regarder les passages clé, parler de combien l'épisode était génial à mon entourage qui prend un air intéressé parce que sinon ça dure encore plus longtemps... eh bien, là, vient le manque. Et je m'en enverrais bien un ptit deuxième derrière la cravate, voyez. Le petit frère. Mais voilà, d'inédit point, pis au bout d'un moment les épisodes précédents on finit par les connaître par coeur. Donc attendre une semaine, c'est de la torture. Ils faisaient ça à Guantanamo, il parait. Bref, le rythme hebdo trouve ses vraies limites quand on apprécie vraiment, sincèrement et entièrement une série.

Alors d'accord, c'est conçu pour, on ne reviendra pas dessus. Mais, c'est juste une suggestion, hein... est-ce qu'on peut envisager de les concevoir autrement ? Sur un rythme différent ?

Prenons l'exemple des séries sud-coréennes. Ce qui est génial c'est que, quoi que vous attendiez de la télé, il y a toujours un pays du monde pour vous le donner (ça pourrait être mon slogan !).
Pour ceux qui ne suivent pas, dans le fond, je rappelle qu'en Corée du Sud, le prime time sur les grandes chaînes, c'est deux heures d'une même série chaque semaine. Mais attention ! Le truc, c'est pas que les Sud-Coréens s'enfournent deux heures d'affilée, noooon, ce sont deux heures réparties sur deux soirées d'une même semaine. Donc pour faire plus clair : pour une série qu'on nommera XYZ, le 1x01 est diffusé le lundi à 21h55, le 1x02 est diffusé le mardi à 21h55, et la semaine suivante on continue sur le même mode. Résultat des courses : on ne baisse pas la qualité de la série comme il faudrait le faire pour une série quotidienne (ne serait-ce que sur un plan budgétaire), mais on n'a pas à attendre TOUTE une semaine. Deux épisodes par semaine, ça c'est bien, là d'accord.

Deux épisodes, mais pas d'affilée, parce qu'il faut avoir le temps de savourer, pas juste se goinfrer bêtement d'inédits pendant toute une soirée, comme quand vous allez chez Flunch et que les légumes, y compris les frites, sont à volonté, et que pour une raison qui vous échappe, vous ne vous arrêterez pas de vous reservir des frites tant qu'il y en aura dans les plats. Non ? Que moi ?

Des séries pour lesquelles j'apprécierais un double rendez-vous hebdomadaire ? Là comme ça, en ce moment (mais dans 15 jours ça pourra avoir changé), Harry's Law, Fairly Legal (même si les deux derniers épisodes étaient un peu moins chouettes), Better With You, Outsourced... Oui en fait, essentiellement des comédies ou des dramédies. Donc des séries pour lesquelles ce serait ptet même plus facile à faire.
L'appel est lancé.

TwiceaWekk

18 mars 2011

Il n'y a qu'un pas

Ce qu'il y a de formidable avec les découvertes, c'est que par définition, ça ne s'arrête jamais.
Investie par l'un de vous d'une mission épineuse, me voilà à farfouiller le net en quête d'une série... irlandaise. Une première. Pour l'instant, je n'ai pas trouvé le pilote de Raw, ma cible désignée, mais chemin faisant, je suis tombée sur Love/Hate, une série de 4 épisodes écrite par le même scénariste, et diffusée à l'automne dernier sur RTÉ.

L'Irlande... pourquoi n'étais-je pas encore allée trop fouiner par là-bas, déjà ? Ah, j'y suis : les accents. Ouh, nom d'un chien...!
Bon, mais à part les accents ? Pas une seule raison ne me vient à l'esprit pour éviter les séries irlandaises, et donc, ça tombe bien, j'ai cliqué sur Love/Hate, d'abord parce que ça ne dure que 4 épisodes, donc si vraiment c'est mauvais, dans le pire des cas, je suis tirée d'affaire en 4 heures (bien que nous sachions tous qu'en réalité je n'attends pas si longtemps dans le cas où le pilote est miteux), et en plus, le résumé disait : avec Aidan Gillen. Et là comment vous dire ? J'ai oublié de lire la suite avant de cliquer.

Il faudra pourtant s'armer de patience avant de voir Aidan Gillen débarquer dans cet épisode, mais quelle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai reconnu un autre visage... puis un troisième ! Vous vous rendez compte que vous commencez à trouver vos repères lorsque vous en êtes à votre troisième "bah merde alors !!! salut, toi !"...
Patience récompensée, donc, car voici quels sont ces deux autres visages :

LoveHate_2 LoveHate_3

Deux acteurs de Misfits dans une même série, c'est pas mal quand même, non ? Pis pardon, mais Robert Sheehan est franchement impossible à ignorer ; il est lumineux, il vole toutes les scènes, il n'y en a que pour lui, c'est fou ! En tant que Nathan, il est drôle et plein d'énergie, en tant que Darren, il est écorché vif et terriblement attachant. Je préfère amplement Darren, mais je ne vous empêche pas d'aller en juger par vous-mêmes.

Bon mais alors, passé le générique, de quoi parle Love/Hate ? Eh bien, exactement de ça. D'un mélange brut d'amour et de haine, de tendresse et de violence. Nos protagonistes sont des gangsters, et lorsque l'un d'entre eux est abattu en pleine rue, la famille endeuillée du défunt se retrouve pour pleurer, mais on commence aussi à parler vengeance.
Il parait que l'idée de la série est venue à son créateur lorsque celui-ci a lu des messages sur divers réseaux sociaux, suite à la mort de gangsters. Le contraste entre la vie de violence et la vie familiale lui est apparu comme intéressant. Je souscris complètement, et j'ajoute que la douleur est extrêmement bien retranscrite. En fait, rarement un épisode aura aussi bien parlé de deuil que le pilote de Love/Hate ; loin de se focaliser sur les guerres de gangs irlandais, le pilote s'attarde sur les obsèques en y consacrant près d'un tiers de son temps.

L'idée, ce n'est pas de se lancer encore une fois dans une démonstration de violence, d'escalade et de baston, après tout on l'a déjà tant vu ! Non, le but du jeu, c'est de nous faire pleinement prendre la mesure du prix à payer. On nous l'a sorti suffisamment longtemps, le refrain des gangs qui vont s'entretuer tout en enterrant leurs morts, sur fond de lutte de pouvoir et de fierté mal placée. Love/Hate mise sur un côté plus humain, la vraie question dramatique, et pas juste sur le spectacle excitant des flingues quipétaradent et des règlements de comptes dans des ruelles sombres.

Car avec Love/Hate, pas de grand spectacle. Tout simplement parce que nos gangsters sont, du moins en majorité, des petits rigolos. Ce sont des petites frappes, pas du tout de gros caïds. Ils vivent en marge de la loi, mais ils n'ont pas la gloire de Don Vito Corleone, et même pas la barraque de Toni Soprano. Ils se rêvent en gros durs, mais l'épisode commence alors que l'un d'entre eux s'entraine à monter son flingue devant Youtube ! Ce sont juste des mecs qui ont mal tourné, mais pas au point d'être devenus importants dans leur milieu, même pas au point de faire peur. Love/Hate s'essaye à une forme de réalisme que j'ai rarement observée lorsqu'on parle de gangsters, où les gens malhonnêtes n'ont pas forcément le mal ancré en eux au point que ça les porte vers une vie excitante et glamour. En cela, le casting est bon, d'ailleurs, parce qu'avec leurs grands yeux, on comprend bien que nos gaillards sont relativement inoffensifs. Mais ils sont tout de même armés, et tout de même dans l'illégalité. J'ai énormément aimé cette ambiguité.

La réalisation joue aussi sur cette contradiction, mais je ne sais pas à quel point c'est à dessein. La musique est souvent outrancière, le premier des trois actes qui constituent le pilote est tourné comme un thriller, presque comme un film d'angoisse, limite d'horreur, les musiques sont à l'avenant, le sentiment d'oppression est constant et donc perd vite son effet, les premières scènes tentent de nous indiquer qu'un évènement terrible va se produire mais l'évènement ne se produit qu'à la 12e minute... On se demande un peu pourquoi ce pilote s'excite autant. Et puis arrive le second acte, justement, et là on est dans l'excès inverse : c'est extrêmement long, on a une impression de silence, de longueur... c'est d'ailleurs très bien comme ça, ça colle parfaitement aux obsèques, dont on ne nous épargnera rien. Le troisième acte, dédié à la réception donnée au pub suite aux funérailles, reprend un peu des deux univers présentés dans les précents actes, comme une synthèse un rien plus équilibrée de deux facettes de la série.

LoveHate_1J'ai déjà fait ce rêve étrange et pénétrant... tiens, je me referais bien volontiers le pilote de Queer As Folk.

Si on se doute qu'il va être question de vengeance ensuite, et que le "parrain" local (Aidan Gillen, ENFIN !) va certainement passablement contribuer à compliquer la vie de tout ce petit monde (parce qu'un personnage porté par le regard d'Aidan Gillen semble voué à une certaine forme de perversion), et qu'il va être difficile de faire taire le désir de "justice" qui anime les protagonistes, il est appréciable de voir ces personnages évoluer avec les femmes de leur vie, les enfants qu'ils ont eu (ou vont avoir) avec elles, et les liens du sang qui les lient. Il y a quelque chose de profondément humain chez Love/Hate qui en fait une histoire radicalement différente de celles que j'ai pu voir précédemment. Mais il faut dire que je ne suis pas fan des gangsters en général.

Vous savez quoi ? A la fin du mois, tout ce petit monde se lance dans le tournage de la saison 2 (eh non, ce n'était pas une mini-série, il y a vraiment des endroits où on commissionne des aisons de 4 épisodes !), ce qui signifie que rendez-vous est pris, le temps que je termine la première saison. Et pourtant, comme je le disais, je ne suis pas fan des gangsters en général.
J'ai juste encore un peu de mal à me faire au rythme des séries outre-Manche, avec ces saisons si courtes et tellement espacées (ce qui ne serait pas un problème si elle n'était que l'un ou que l'autre, mais l'accumulation a tendance à m'agacer). Cependant, une chose est sûre : je commence petit-à-petit à y prendre mes habitudes.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Love/Hate de SeriesLive.

11 mars 2011

Danse macabre

Laid
Alors même qu’il y a quelques semaines, je prenais de la distance avec… plein de choses, en fait… débutait la série australienne Laid, à laquelle j’ai fini par consacrer du temps il y a quelques jours à peine.
Il faut dire que le principe était assez peu alléchant, la série revenant sur le passé (et donc le présent) sexuel d’une célibataire trentenaire. Inutile de dire que, quand déjà la motivation manque pour d’autres choses, trouver en soi la force intérieure de se lancer dans une série au sujet si convenu relève de la gageure. Avec combien de célibataires à la vie plus ou moins catastrophique nous faudra-t-il compatir avec qu'on trouve un sujet plus original ?

Et pourtant, force est de reconnaître que Laid a le potentiel pour offrir quelque chose de différent… mais il faudra attendre la fin du pilote pour s’en rendre compte. Et c’est sans doute là le plus gros défaut de la série pour le moment.

Tout commence donc quand Roo, l’héroïne, apprend que l’un de ses ex vient de passer l’arme à gauche. Enfin… « ex », si on veut : elle admet bien volontiers n’avoir couché avec lui que deux fois, à l’université, et n’avait pas renouvelé l’expérience au vu des performances plus que médiocres du jeune homme. Mais enfin, voilà : il est décédé, et ça lui fait quand même un petit quelque chose. Roo commence donc à développer une espèce d’obsession, ressassant inlassablement ses quelques souvenirs (et puisqu’ils ont tous en commun de dresser un portrait très peu flatteur du garçon en question, leur évocation a donc tendance à paraitre déplacée vu les circonstances), et allant chercher sur internet des renseignements sur ce type qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans, et dont elle découvre soudainement l’intimité.
Avec son ton de dramédie à l’humour pince sans rire, Laid ne fait pas grand’chose pour se démarquer du lot de dramédies similaires qu’on a l’impression d’avoir vues dix fois (pas forcément à raison, mais l’impression n’en est pas moins persistante). On sent bien que Roo va continuer de se retrouver dans des situations impossibles qui vont faire ressortir ses traits de caractère les moins flatteurs, et pourtant, totalement naturels et compréhensibles, nous donnant l’occasion de la trouver profondément imparfaite, pas forcément attachante, mais en tous cas, humaine. Quelle serait votre réaction, après tout, si vous appreniez que le type qui est resté dans votre mémoire comme votre plus mauvais coup, n’avait cessé de penser à vous pendant tout ce temps ?

Complètement déboussolée, le parcours de Roo va aller de Charybde en Scylla, et si ça ne provoque pas l’hilarité (c’est bien trop proche du côté humiliant de séries comme The Comeback, où l’héroïne s’entête dans un comportement qui va nécessairement mal tourner), au moins c’est relativement divertissant.

C’est donc la chute de ce pilote de 30mn (oui, autant dire que c’est un peu longuet) qui va nous faire comprendre qu'en fait, on a largement dépassé l'habituelle série misérabiliste sur la nana qui n'arrive pas à trouver chaussure à son pied mais qui va se rendre ridicule à force d'essayer. Je vous donne le retournement de situation ? Disons simplement que cet ex qui est décédé n'est pas le dernier cadavre de son entourage... Je n'en dis pas plus mais sur les dernières minutes, l'humour noir se développe à pleine puissance et, aussi macabre et dérangeant que ça puisse être, c'est là que Laid devient jouissif.

Alors à la fin du pilote, la question qui se pose, c'est de savoir à quel point Laid va tirer partie de son univers morbide, et se tourner vers le feuilletonnant en exploitant cette étonnante direction, ou si la série va, dans l'épisode suivant, simplement aborder un autre sujet en rapport avec l'histoire amoureuse de Roo. Je vous avoue que j'ai une nette préférence pour la première option, mais vu que la fiction australienne est rugueuse, difficile d'en être sûre avant d'avoir regardé. Car oui, en dépit de la sensation de malaise et des scènes parfois un peu trop attendue qui jalonnent ce pilote, j'ai décidé de voir la suite. Comme quoi finalement, tout n'est pas complètement mort...
Tiens, pis faites-moi penser à vous parler du générique une prochaine fois.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Laid de SeriesLive.

4 mars 2011

Memory of a color

Il y a des rubriques de ce blog qui semblent fourmiller de posts à longueur d'année, et d'autres, on ne sait pourquoi, qui tombent parfois un peu dans l'oubli. Ah, l'oubli... C'est marrant que vous abordiez ce sujet, parce que justement on va parler de mémoire, avec le premier post Comme au cinéma de 2011, et le premier depuis pas loin d'un an. Ce qui est un comble vu que je n'ai jamais vu autant de films que depuis un an, justement. M'enfin, faire un post dans cette rubrique, il s'avère que j'y pense puis j'oublie...
Bon allez, inutile de faire durer le suspense, le film du jour est...

C'est quoi le nom du film ? Memento
C'est plutôt quel genre ? Déstabilisant
Qui on connaît là-dedans ? Bah c'est malheureux à dire, mais j'ai plus facilement reconnu Joe Pantoliano (FBI Opérations Secrètes) et Carrie-Ann Moss (Models, Inc. ou plus près de nous Pretty Handsome) que Guy Pearce, rapport à ma culture plus téléphile que cinéphile (absolument, ce paragraphe n'existe que pour que je puisse placer des tags de l'impossible !)
Ça date de quand ? 2000
En résumé, de quoi ça parle ? D'un type qui veut venger la mort de sa femme.

  Memento___1 Memento___2 Memento___3 Memento___4 Memento___5

En moins résumé, de quoi ça parle ? Un homme qui, depuis une tragédie qui a coûté la vie à son épouse, a perdu toute capacité à avoir une mémoire immédiate, et n'a des souvenirs qu'antérieurs à ce drame, décide de se mettre en quête du violeur et assassin de sa femme. Ce qui n'est pas une chose facile quand on ne sait jamais ce qu'on a fait 5mn auparavant.
Et ça finit comment ? Par le début.

Pourquoi c'est bien ? Parce qu'on ne va pas se mentir : c'est là un excellent film. D'abord parce qu'il propose une narration absolument renversante, qui raconte la même histoire prise par deux bouts : le début, et la fin. Deux types de scènes, l'un en couleurs, l'autre en noir et blanc, qui s'intercalent et parviennent à nous donner deux vues différentes sur l'histoire sans en donner la clé. C'est clairement le point fort du film. Mais Memento est aussi brillant dans sa façon de jouer avec notre perception. C'est la conséquence à la fois de la narration et de l'exploration de la maladie du personnage central, incipable de se souvenir de quoi que ce soit de récent. Le film joue en permanence avec les habitudes qu'il prend pour essayer de tout de même ne pas perdre le fil de sa propre vie, tout en étant victime, en permanence, du black out qui ne manque pas de se produire en permanence dans son cerveau. C'est certainement la partie la plus troublante du film, au final, celle qui laisse une impression des plus durables.
Pourquoi c'est pas bien ? Soyons honnête deux quarts de secondes : sans sa narration alambiquée, le film ne vaudrait pas tripette. Concrètement c'est cet accessoire, j'allais dire ce gadget, qui fait tout son intérêt. L'histoire est banale et le twist ne fonctionne qu'à cause de la narration anti-chronologique. Les personnages n'ont rien de spécialement original, et le héros ne vaut que pour sa maladie, qui ne prend son sens que... grâce à la narration. En gros, sans la narration, c'est bateau. Mais je vous rassure, la narration, on ne peut pas lui échapper pendant ce film, alors ça fonctionne. C'est la raison pour laquelle le film est, au final, particulièrement bon.

Ah, les joies du cinéma ! Wikipedia nous apprend que le tournage a duré 25 jours (pour tourner quelque chose qui semble ne pas s'étendre sur plus de 24 heures, d'ailleurs). Incroyable, j'aurais imaginé beaucoup plus ! Comme quoi ce film aura vraiment joué avec ma conception du temps jusqu'au bout.
La réplique qui tue : "But even if you get revenge you're not gonna remember it" ; ce qui est terrible c'est donc que Lennie se consacre tout entier (corps et âme, on peut le dire !) à une vengeance qui va forcément n'avoir un effet qu'à court terme. Lorsqu'on entend cette réplique, on frissonne devant l'absurdité triste de tout cela, et pourtant...
La scène qui tue :
Je vous ai parlé des différents types de scènes, en couleurs ou en noir et blanc, qui constituent le récit. Les scènes en noir et blanc, c'est-à-dire celles qui se déroulent dans l'ordre chronologique, sont aussi celles qui servent le mieux à expliquer la mythologie du film, à savoir la maladie du héros, la tragédie qu'il a vécue, ou encore le fonctionnement de ses techniques pour pallier à ses oublis. C'est très pédagogique, en un sens, et pourtant les scènes ne se précipitent pas. Voici l'une d'entre elles, qui a également le mérite de retranscrire l'ambiance claustro du film. Et tout ça pour moins d'une minute, que demande le peuple ? Des sous-titres ? Ouais nan mais quand je vous sous-titre un truc vous commentez même pas, alors...

Memento___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
Que Memento soit un très bon film (entre autres grâces à des trouvailles narratives), ça ne se discute pas, en tous cas pas par moi. Il lui manque trois fois rien pour mériter une 5e cagoule, pourtant.
Bilan : Avec sa narration soigneusement détricotée pour mieux nous perdre, Memento transforme une classique histoire de vengeance, thème usé s'il en est, en un véritable thriller étouffant. Et pourtant, ce n'est pas l'intrigue qui captive le plus, mais son incroyable capacité à jouer avec notre propre perception du temps. Ce qui est fou, c'est que plusieurs heures ont passé après le film pendant lesquelles je continuais d'avoir l'impression de vivre par séquences courtes, à consulter instinctivement des repères (horloge, calendrier...) pour me rappeler où j'en étais dans ma propre chronologie. Je faisais quelque chose et, quelques secondes plus tard, je craignais d'avoir eu un blanc... exactement comme Leonard. C'était assez angoissant comme sensation, mais aussi terriblement excitant parce que ça signifiait que le film avait réussi quelque chose que très peu parviennent à faire : s'insinuer dans le mental du spectateur pour altérer sa perception des choses. Ca n'a pas duré très longtemps, heureusement, mais c'était un phénomène intéressant à observer parce que, de la même façon que Lennie s'oblige à créer des réflexes (prendre des photos, écrire au dos ce dont il doit se souvenir, consulter ses tatouages...), j'avais moi-même été conditionnée pour penser, juste quelques temps, comme ce personnage. Il y a quelque chose de pavlovien là-dedans qui prolonge l'expérience du film.
Et puis, pour finir, Memento brille par son character development. Celui-ci repose à la fois sur la résolution de l'intrigue principale (qui est John G. ?) et sur la véritable nature des personnages qui entourent Leonard, dont il se méfie. Alternant le délire paranoïaque et les preuves qu'il ne peut vraiment faire confiance à personne dans cet étrange journée sans fin, les questions de Lennie ne semblent pas trouver de réponse, et pourtant la réponse, c'est tout simplement les portraits qui se détaillent au fur et à mesure du film. Plus qu'aux faits, c'est aux indices sur la personnalité des protagonistes qu'il faut porter notre attention. Et Memento joue, en plus, de la perception initiale que nous avons de ces personnages, en nous démontrant que nous avions un préjugé sur eux et que nous ne devrions pourtant pas le tenir pour acquis (chose absolument impossible pour Lennie, d'ailleurs, qui les rencontre pour la première fois à chaque rencontre). Sans vouloir dévoiler la fin (si, comme moi, vous manquiez cruellement de culture cinématographique), c'est un stratagème absolument bluffant, parce qu'il joue même avec notre perception des personnages les plus inoffensifs. Et quand Leonard se livre à des actes borderline, voire franchement vicieux, nous avons même tendance à être choqué et/ou tolérant, parce qu'en tant que malade, nous ne le concevons qu'en victime, aidés par les confessions intimistes, désarmantes, qu'il fait lors des scènes en noir et blanc. Et ça, c'est franchement brillant. Tout est à l'image de cette déconstruction progressive des personnages : Lennie est-il manipulé par Teddy ? Par Natalie ? Le film avance, l'histoire remonte dans le temps, et on découvre que rien n'est si simple. Et que personne n'est réellement innocent, non pas par rapport à la quête de vengeance de Leonard, mais simplement parce que chacun a un brin de perversion en lui...

Pour quelqu'un qui blâmait Inception, il y a quelques jours encore, pour son manque de courage dans l'abord du monde du rêve, Memento apparait comme une bien meilleure approche d'un thème assez proche. Ces deux films ont en commun de traiter à la fois de la perception et de l'insaisissable ; de ce qui passe, en substance, dans nos cerveaux, bon gré mal gré. Peut-on contrôler ce que nous percevons ? A quel point sommes-nous maîtres de nous-mêmes... Les réponses des deux films sont bien différentes, et j'ai préféré, et de loin, les pistes de réflexion posées par Memento, que les mystères cosmétiques d'Inception.

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