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ladytelephagy
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18 août 2012

Eternel commencement

On dit que "loin des yeux, loin du coeur". Ce n'est pas toujours vrai en matière de téléphagie.
Ainsi, il y a des séries auxquelles je pense très souvent ; mettons, au moins une fois par mois ce qui, vu le nombre de séries que je vois passer, visionnages, tests de pilotes et lecture de news inclus, est plus significatif qu'il n'y parait. Et en général j'y pense en ces termes : "rha, faudra que je prenne le temps de me faire un marathon, un de ces jours". The Starter Wife est de ces séries-là, et inutile de dire que le marathon Will & Grace, pendant l'été 2010, et le visionnage de Smash, cette année, n'ont rien arrangé à notre affaire. C'est le Messing effect.

Alors, pendant que je n'avais plus internet chez moi, et profitant que les DVD étaient à un prix ridicule, j'ai décidé de me faire une intégrale.

TheStarterWife-Promo

Le ton de la mini-série est léger mais pas à l'extrême, parfait pour l'été ; permettant très vite, de surcroît, de s'attacher à Molly Kagan (interprétée par Debra Messing, donc), personnage sympathique par excellence qui est grandement aidé par le fait que son mari Kenny est incarné par Peter Jacobson, l'empaffé parfait.
En fait, j'avais oublié à quel point j'adorais The Starter Wife en redécouvrant le pilote, que je n'avais pas revu depuis sa diffusion initiale, voilà donc 5 ans. Entre nous, je suis à peu près sûre de l'avoir aimé encore plus cette fois-ci. Est-ce parce que les personnages m'étaient, dans le fond, déjà un peu familiers ? Toujours est-il qu'il m'a semblé ressentir très tôt l'impression d'amitié sincère entre ces personnages.

Il y a dans l'entourage de Molly des personnalités qui s'imposent immédiatement comme extrêmement fortes.
Cricket, d'abord, la meilleure amie, la confidente, qui soudain doit mettre de la distance avec Molly parce que son mari a besoin de rester en bons termes avec Kenny. Leur relation, à la fois sincère et abimée par le divorce des Kagan, n'est pas tellement exploitée ; pour des raisons évidentes, peu de scènes mettront Molly et Cricket dans une situation commune au début de la mini-série, montrant ainsi plutôt ce qui les sépare que ce qui devrait les réunir. Mais dés que les deux femmes partagent quelques instants, leur amitié est palpable.
A côté, Joan l'alcoolique et surtout Rodney le gay flamboyant font figure de seconds rôles, bien qu'étant plus présents à l'écran. Joan, visiblement plus âgée que le reste de la bande, et occupée par la cure de désintox forcée où l'a inscrite son mari Pappy, est du genre un peu acariâtre, sarcastique et tête de mule, mais Judy Davis nous offre de grandes scènes lors des séances de thérapie où son personnage ment comme un arracheur de dent.
Rodney, qui doit sa plastique parfaite à Chris Diamantopoulos, est plutôt le soutien inconditionnel de tout un chacun, l'ami gay indeffectible, un peu idéalisé, qui est là pour faire des blagues, servir des cocktails et parler des extravagantes demeures de stars qu'il redécore quand on veut se changer les idées. Mais son lien avec Molly et Joan est tangible (un peu moins dans le cas de Cricket), et du coup ça fonctionne quand même.

En-dehors de ces personnages se dirigeant généralement vers le cap de la quarantaine (sauf dans le cas de Joan qui l'a visiblement franchi il y a un bout de temps), la mini-série aborde aussi le contexte dans lequel les personnages évoluent : la haute-société de l'industrie cinématographique.
Et il faut admettre que, dans sa façon de décrire l'univers hollywoodien, The Starter Wife met relativement souvent dans le mille (ou ce qui semble être le mille pour quelqu'un qui n'a jamais vécu dans ce milieu). L'idée est de mettre l'accent non pas sur le glamour, mais l'absurdité de ce glamour, une nuance qui permet à la fois à la mini-série d'être dans la débauche de soleil, de belles demeures, de grandes fêtes et de tenues de grand couturier, et de prendre tout ça avec détachement voire même, parfois, sarcasme.
Molly a navigué pendant des années dans cet univers dont désormais elle est exclue, simplement parce que son mari a décidé de demander le divorce ; si les épisodes mettent assez peu en avant, finalement, ce que représente le concept de "starter wife" (la femme avec laquelle on a démarré dans la vie, qui a essuyé les plâtres, mais avec qui on n'a pas l'intention de la finir), en revanche le thème de la mise au ban est parfaitement intégré aux histoires.

Désoeuvrée, Molly va se tourner vers Lou, le patron de Kenny, un producteur surpuissant à Hollywood qui fait partie des rares à ne pas lui tourner le dos, voire même à manifester un intérêt sincère envers elle.
Ce qui fonctionne immédiatement, c'est que Molly et Lou sont sur la même longueur d'ondes, probablement parce que Debra Messing et Joe Mantegna sont exactement sur le même registre. Leurs scènes à l'écran font des étincelles. Et puis, ce personnage de producteur au bout du bout, qui n'en peut plus d'être si puissant qu'il se sent aussi étranger à Hollywood que peut l'être, malgré elle, Molly, est diablement efficace, et sort des poncifs sur les producteurs tel que celui que nous sert Kenny (et qu'on peut retrouver avec Peter Dragon dans Action!). Lou est, avant d'être le mec le plus important de toute la Californie, un être humain, chose que tout son entourage a oublié. Quand il dit qu'il aimerait qu'on oublie son anniversaire au lieu de lui envoyer des cadeaux fastes mais impersonnels juste pour cirer ses pompes, il est magnifique. Il faudrait, à n'en pas douter, plus de personnages comme Lou dans les séries parlant du monde hollywoodien.

Les premiers épisodes vont montrer comme Molly, qui est démolie par la séparation d'avec son mari (essentiellement parce qu'elle ne l'a pas vue venir et qu'elle l'a apprise alors qu'il l'a appelée au beau milieu de la nuit pour la prévenir), tente de se retrouver, à la fois en tant qu'être humain et que femme. De ce côté-là, Messing donne d'ailleurs vraiment le meilleur d'elle-même. La séquence dans la salle de bains, par exemple, pendant laquelle elle se redécouvre, n'a rien à envier à celle du pilote de Cougar Town dans lequel Courteney Cox fait l'inventaire de ses preuves de vieillesse.
Comme toujours, Debra Messing apporte un regard tendre, mais jamais emprunt de sentimentalisme, à son personnage ; même pathétique elle reste toujours touchante, et même touchante, elle ne sombre jamais dans les violons. La voix-off de Molly est d'ailleurs plus conçue comme l'expression de ses monologues intérieurs, que pour décrypter la narration des épisodes ; le personnage est dans une quête, il cherche une identité qu'il a perdue lorsqu'il s'est marié, et c'est ce que tente de décrire la mini-série The Starter Wife. Au-delà du monde hollywoodien, c'est une vraie série sur le divorce.

Plus tard, et notamment une fois les surprises de Lou passées, la mini-série The Starter Wife mettra plutôt l'accent sur les amours de Molly, avec Sam, un séduisant clochard brisé par la mort qu'il a provoquée voilà quelques années, et qui n'a rien de commun avec l'univers tape-à-l'oeil dans lequel Molly évolue. Les questionnements amoureux, s'ils ont (en particulier à mes yeux) assez peu d'intérêt, ont tout de même le mérite de ne pas être totalement abrutissants.

Mais la bonne idée de The Starter Wife, c'est aussi de ménager quelques séquences impromptues totalement déjantées, comme le début du pilote qui nous montre toute la petite bande plongée dans l'univers du Magicien d'Oz, un vrai bonheur fait de métaphores parfaites sur la mariage, le divorce, ou plus rarement la vie hollywoodienne.

TheStarterWife-Fantasy

Lorsque le second DVD de la mini-série est parvenu à son terme, j'étais à la fois ravie et fâchée. Je venais de me rendre compte qu'en fait, je m'étais arrêtée là et n'avais jamais vu la suite. Ca tombait donc super bien : j'avais également commandé la première saison ! Alors j'ai rempilé.

C'est donc à ce moment-là que j'ai déchanté. La première saison de The Starter Wife n'a rien à voir avec la mini-série du même nom.

Déjà parce que les changements de casting sont énormes. Evidemment, on devine qu'entre la mini-série et la première saison, les acteurs concernés avaient de nouveaux engagements et qu'il n'ont pu revenir à The Starter Wife, mais ça n'empêche pas que ça fait barrage lorsqu'on commence les nouveaux épisodes.
Il y a d'abord Miranda Otto, ici kelleyrisée alors que son amitié, sa présence, avaient formé un axe assez important de la mini-série. Qui plus est, vu l'esprit de franche camaraderie "adulte" (par opposition aux amitiés d'adolescents attardés à la Friends ou New Girl) qui régnait précédemment, c'est une véritable perte qui affaiblit énormément la structure de la série ; mais on va y revenir plus tard. Le problème touche aussi des personnages moins importants, du genre de Lavender ; la jeune femme, incarnée par la toujours parfaite Anika Noni Rose (partie entretemps sous le ciel du Botswana pour tourner The No. 1 Ladies' Detective Agency), apportait une vraie force à la mini-série, et ne sera remplacée que sur le point de vue des quotas (avec l'apparition de Liz) mais pas du tout pour ce qui est de l'aspect plus pragmatique du personnage, vu que Lavender était la seule à avoir les pieds sur terre.
Le SDF Sam a également été écarté ; c'est expliqué en 10 secondes au début du premier épisode de la saison, et point barre. Tout juste s'il y est fait mention ensuite : plus tard, quand Molly pense à son bagage amoureux et qu'un homme en caleçon rouge apparait, le visage un peu masqué, dans une séquence fantasmée, ce sera la dernière fois que sera mentionné celui dont elle était pourtant follement amoureuse pendant la mini-série. C'est tout, merci Sam, et à la revoyure. Un peu brutal, non ?!

On peut aussi observer des remaniements de distribution qui, s'ils s'expliquent, n'en sont pas moins difficiles à avaler. Le plus gros d'entre eux : adieu Peter Jacobson. L'épouvantable époux de Molly prend désormais les traits de David Alan Basche, dont on jurerait qu'il a 10 ans de moins, et qui change totalement le rôle : de pauvre connard, Kenny devient juste un type un peu paumé, limite attendrissant.
Cela à dessein, d'ailleurs. Car dans cette saison, qui fait des affaires amoureuses de Molly l'une de ses priorités, l'héroïne rencontre Zach, un nouvel homme dont elle s'éprend, mais ne parvient pas vraiment à mettre son mari Kenny de côté (elle y avait pourtant fort bien réussi dans la mini-série). Devenu plus séduisant dans cette saison, le personnage de l'ex ne choque plus vraiment comme enjeu amoureux potentiel : il est séduisant, après tout, avec sa mine déconfite et ses manières un peu automatiques de s'imposer à Molly parce qu'ils sont habitués l'un à l'autre. C'est un tort : en réalité, c'est très difficile à avaler quand on vient de voir la mini-série, mais le nouvel acteur permet d'avoir l'impression d'avoir un nouveau personnage. Kenny se transfigure, et n'a de commun avec le personnage de la mini-série qu'une chose : il a un passé avec Molly, qui ne demande qu'à redevenir futur.

Dans sa quête d'elle-même, Molly se montre également moins touchante. Certes, elle essaye comme elle peut de s'affirmer par l'écriture. Mais tout a changé, comme pour devenir plus "bankable". Ainsi, dans la mini-série, Molly écrivait-elle des livres pour enfants ; mais ici, son projet est bien différent. Sans vouloir trop en dire, on ne peut qu'admirer l'ironie que prend la carrière de Molly dans l'écriture. Il faut voir sa réunion avec des producteurs (dont David Shatraw, ex-Tommy de Titus, bien atteint par le poids des ans et des kebabs) pour comprendre à quel point la série a changé. Au lieu de permettre à Molly de prendre le contrôle de sa vie, sa carrière d'auteur symbolise son retour en grâce dans la société hollywoodienne.
Ce phénomène se ressent aussi de par l'utilisation très lourde des soliloques, Molly devenant une narratrice plus classique, et ses monologues  n'apportant pas beaucoup de valeur ajoutée aux épisodes.

L'esprit des séquences fantasmées a, pour finir, totalement changé. Désormais ces scènes sont systématisées, et reprennent de façon assez peu imaginative des standards de la culture cinématographique, à l'instar de la scène du décroisage de jambes de Basic Instinct (qui compte probablement parmi les scènes les plus référencées de l'histoire, non ? Allons donc, songez qu'il y en avait déjà une parodie dans Une Nounou d'Enfer !) ou la scène de fin de Casablanca. L'exercice de style n'a pas de tort sur le principe, mais en répétant, épisode après épisode (et presque systématiquement dans la scène d'ouverture), la même figure imposée, The Starter Wife perd énormément de son charme fantasiste.

TheStarterWife-BasicInstinctLa saison de The Starter Wife était condamnée AVANT que Cibrian ne se pointe, c'est dire.

Et puis les intrigues de cette saison sont un peu aléatoires. Il n'y a pas de plan : les réorientations en cours de route sont fréquentes et touchent à peu près tout le monde.

Ainsi, Joan commence à travailler dans le centre de désintoxication où elle avait fait sa cure avortée ; une mission intéressante, qui l'amène à faire des changements dans sa vie. Mais ces changements, non-assumés scénaristiquement, connaissent des rebondissements parfaitement inutiles. Les deux derniers épisodes tourneront même la chose à la caricature, ce qui fait que la crise de la, hm, disons cinquantaine, de Joan, est totalement tournée en ridicule alors qu'elle avait commencé sous des auspices plutôt favorables.
Le nouveau personnage de Liz s'avère quant à lui totalement stérile. Les intrigues sont encore plus changeantes le concernant et ça vire franchement au soap de bas étage. Et comme dans tous les soaps de bas étages, l'amitié avec les personnages principaux finit par sembler être un prétexte, quand le reste du temps, les personnages blacks restent entre eux.
Le seul à tirer convenablement son épingle du jeu est Rodney. Il s'est trouvé une belle intrigue, quoi que pas forcément très approfondie quand les tribulations de Molly prennent trop de place, dans son histoire pourtant assez cliché avec l'acteur de films d'action Felix qui refuse de sortir du placard, afin de ne pas endommager sa carrière (une histoire qui avait été vue dans Action!, mais cette comédie n'avait pas pour vocation de prendre le sujet au sérieux). Même si dans sa valse hésitation, Rodney va longtemps nous faire mariner, le personnage n'en est pas moins touchant et les développements qui le concernent lui donnent plus d'épaisseur que dans la mini-série. Avec ce character development réussi, Rodney devient le personnage qui aura le plus évolué entre la mini-série et la saison, et probablement l'un des plus attachants.

Mais en choisissant de donner plus de gravité à des personnages comme Joan et Rodney, et en accordant également du temps à ce nouveau personnage de Liz, The Starter Wife met ici l'accent sur l'éclatement entre les personnages. Leurs scènes ensemble démontrent une parfaite alchimie ; Rodney et Molly, en particulier, sont extrêmement attachants. Mais le problème c'est que l'atmosphère qui régnait dans la mini-série a totalement disparu. A ce problème narratif, il faut encore ajouter un autre plus circonstanciel : au lieu de se retrouver toujours au même endroit (dans la mini-série, il s'agissait de la maison sur la plage de Joan, habitée le temps de l'été par Molly et sa fille, mais aussi Lavender et sa mère, Joan à son retour de cure, Rodney, et même occasionnellement Sam), les personnages mènent ici chacun leur vie. La nouvelle maison de Molly est très présente, mais les autres n'y viennent quasiment jamais. L'absence d'un décor commun pour les tourments séparés de chacun n'aide pas cette impression d'éclatement, donc.

Alors au final, cette intégrale de The Starter Wife, une déception ? Bah pas vraiment... mais je suis bien forcée de reconnaître que finalement la mini-série se suffit à elle-même, à plus forte raison si on veut rester sur une bonne impression.
Et puis, 16 épisodes en compagnie de Debra Messing, franchement, il y a pire, et elle reste lumineuse, charmante et adorable de bout en bout, se donnant à fond pour les scènes fantasmées (la voir grimée en Lara Croft sera probablement l'un de mes meilleurs souvenirs de l'été, surtout quand on connait la taille de soustale de Messing, qui n'a jamais fait de mystère de ce côté-là) et parvenant toujours, malgré tout, à rester la Debra Messing que l'on aime.
Enfin je sais pas pour vous, mais moi oui. Alors non, pas de regret.

Mais il y a des chances pour que mon DVD de la saison prenne quand même un peu la poussière sur le long terme...

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24 février 2012

lady's world tour - Escale n°4

Si vous vous demandiez pourquoi yavait pas eu de wold tour ce mardi, c'est parce que les world tours n'ont pas nécessairement lieu le mardi. Pis j'ai eu fort à faire. Pis j'ai euh... bah... vous avez même pas commenté partout alors vous pouvez difficilement la ramener de toute façon !
Bon, plus sérieusement, revoilà le world tour, qui va faire des heureux, je l'espère, et des déçus, je le pressens, parce que cette fois j'ai rien trouvé en Irlande alors que je sais que ça fait partie de vos chouchous. Mais on va aller juste à côté, promis, puisqu'on parlera entre autres de l'Ecosse.

Allez, prêts ? Décollage immédiat !

LaCertosadiParma

- ITALIE :
Avis aux amateurs de classiques... les 3 et 4 mars, Rai Uno diffusera la mini-série La Certosa di Parma, autrement dit La Chartreuse de Parme. Au menu, un casting international : le Français Hippolyte Girardot, la Québécoise Marie-Josée Croze, l'Argentin Rodrigo Guirao, et l'Italienne Alessandra Mastronardi. Si vous me lisiez à l'époque sur SeriesLive, il ne vous aura pas échappé que la mini-série a été tournée de mai à juillet dernier, il était donc grand temps de la diffuser ! Pour mémoire, la Rai Uno avait déjà proposé une fiction du même nom en 1982. Sur les sites italiens (dont celui de la réalisatrice Cinzia Th. Torrini), on précise que la fiction est co-financée par France 2, mais aucune source en Français sur le sujet. Cela signifie-t-il qu'on ne verra pas la série en France ? Du coup, si vous connaissez un peu le roman de Stendhal et/ou que vous parlez l'Italien, la diffusion peut vous intéresser...

- AUSTRALIE : famille orpheline
On le disait ce matin, la mesure d'audiences a repris en Australie. Et pour ce premier mois de la saison télévisuelle, Seven avait décidé de frapper très fort en ramenant Packed to the Rafters, sa série phare, dans les grilles, avec deux épisodes consécutifs afin de consacrer cette diffusion attendue (la saison 4 était en effet en pause depuis octobre). Pas de chance pour le network, la série dramatique familiale a raté son retour : les épisodes ont été regardés respectivement par 1,45 et 1,25 million de spectateurs ; ce mardi, le troisième épisode, diffusé seul, en a attiré 1,48 million, ce qui permet de faire une moyenne. Pour une autre série australienne, il n'y aurait là pas de quoi se plaindre, ce sont même des chiffres dont on pourrait rêver. Mais pour Packed to the Rafters, cela signifie une perte d'environ 25% de ses spectateurs par rapport à son début de saison en février 2011. Et c'est très préoccupant, évidemment, même si la réponse est dans l'énoncé : en diffusant la saison en plusieurs morceaux, Seven n'a évidemment pas rendu service à sa série, peut-être un peu trop réputée insubmersible. Preuve est faite que ce n'est plus le cas : la télé réalité en a eu raison, et My Kitchen Rules a dominé la soirée ces deux dernières semaines.

- AUSTRALIE : ABC se penche sur le scandale de l'amiante
Pendant ce temps, ABC continue d'avancer dans ses commandes. Cette fois, c'est une mini-série en deux parties, Devil's Dust, qui commence à prendre forme et notamment à recruter ses premiers acteurs. Cette adaptation du livre "Killer Company" revient sur le scandale de l'amiante de la société James Hardie ; Anthony Hayes (qui interprétait Gary dans The Slap) incarnera un ouvrir qui après des années à travailler l'amiante, trainera la compagnie en justice ; Don Hany (que vous pourrez découvrir dans East West 101 cette année sur arte, si ce n'est déjà fait) sera un avocat qui réalisera la gravité de la situation et mettra en balance la respectabilité de la société avec ses questionnements moraux, et Ewen Leslie interprètera un journaliste qui enquêtera sur l'affaire. Le tournage débutera le 19 mars prochain à Sydney.

Penoza

- PAYS-BAS : une femme dans la mafia
C'est amusant que la nouvelle tombe aujourd'hui parce qu'on va précisément parler du succès de cette série dans le SeriesLive Show de ce soir : la série Penoza, qui met en scène l'épouse d'un mafieux qui, suite à l'assassinat de celui-ci, est déchirée entre la perspective de faire entrer ses enfants dans un programme de protection, ou entrer elle-même dans ce milieu dangereux et ne pas se laisser faire. Alors que la saison 2 de la série est en attente d'une date de diffusion, la chaîne KRO a annoncé la commande d'une troisième saison. La société de production néerlandaise, NL Film, ne manque pourtant déjà pas de travail puisqu'elle planche actuellement sur Moeder, ik wil bij de Revue, une série dramatique en 8 épisodes prévue pour une diffusion cet automne et qui sera un biopic sur Wim Sonneveld, une chanteuse de cabaret, et continue de produire deux teen soaps quotidiens : SpangaS sur NCRV, et Vrijland sur KRO, qui d'ailleurs achèvera la diffusion de sa saison 2 le mois prochain.
Ah et, amis Ozophiles, j'en profite pour signaler qu'on apprenait hier que Lee Tergesen rejoignait le pilote de l'adaptation américaine de Penoza. Juste comme ça, en passant. 

- JAPON : we're not in Wonderland anymore
Vous vous souvenez de la gamine qui jouait dans le dorama Mother ? Si vous avez vu la série, vous ne pouvez pas l'avoir oubliée. Mana Ashida, c'est son nom, 7 ans et certainement pas toutes ses dents, vient de décrocher le rôle principal dans un spin-off de LIAR GAME. Enfin, pas LIAR GAME la série, mais LIAR GAME le film, plus précisément le deuxième où la petite tenait déjà un rôle. La série, prévue pour Fuji TV ce printemps, s'appellera Alice in LIAR GAME, puisque le personnage joué par Mana Ashida portait ce nom ; le personnage en question étant responsable de superviser le fameux jeu malsain qui a fait le succès de la franchise, d'en concevoir les pièges et d'en choisir les joueurs, on changera donc un peu de point de vue, d'autant que le dorama fonctionnera comme un prequel montrant comment Alice a "grandi" pour devenir ce personnage inquiétant. Le second film de LIAR GAME sort dans les cinémas le 3 mars et la série sera diffusée du 5 au 8 ; ça devrait inciter les spectateurs à se ruer dans les salles obscures dés la sortie du film afin de tout comprendre de la série.

- JAPON encore : go, go pseudo-Power Rangers !
Si le nom du studio Gainax vous dit quelque chose, c'est probablement parce que vous touchez un peu votre bille en matière d'animation et que des titres comme Nadia le secret de l'eau bleue ou Evangelion, par exemple, ont pu faire partie de votre prime jeunesse. A compter de 2012, ce nom va désormais également être associé aux dorama, puisque le studio Gainax proposera en avril la série EA's rock, mettant en scène des sortes de Power Rangers sur le retour qui, n'ayant plus matière à sauver la planète, se retrouvent dans un bar où ils pleurent leur gloire passée, à l'exception de la force rouge qui continue de poursuivre sa carrière de superhéros. Moui, ça a l'air euh... particulier, aussi vous ne serez pas surpris d'apprendre que la série n'est pas prévue sur un grand network mais sur une ribambelle de petites chaînes, ainsi qu'au format websérie. Ce qui tombe bien parce que les épisodes ne devraient pas excéder 15 minutes. A tenter à partir d'avril sur TV Saitama, Chiba TV, TV Kanagawa, Mie TV, KBS ou SUN-TV, au choix...

JINisback
- COREE DU SUD : docteur qui ?!
Jin, bien-sûr ! Le dorama nippon japonais que vous devriez tous avoir vu si vous prétendez vous intéresser à la fiction nippone, c'est JIN. Non, je ne me suis pas trompée de pays. Peut-être vous demandiez-vous quand une adaptation allait fleurir, après un si grand succès, dans un pays voisin, eh bien ça y est, Time Slip Doctor Jin est sur les rails, et alors qu'on pensait que la série allait finir sur une chaîne du câble, il semblerait que ce soit MBC qui en ait acquis les droits, avec Jae Jong Hero dans le rôle-titre (souvenez-vous, on a pu le voir dans Sunao ni Narenakute). L'histoire étant, si vous vous souvenez, un élément prédominant dans cette série fantastico-historico-dramatico-médicale, la série sera profondément revue et corrigée afin de coller au contexte coréen. On parle donc d'une vraie adaptation et pas d'un vulgaire remake. Pis j'en profite pour remettre la magnifique promo de la saison 2 de JIN, pour le plaisir.

- ECOSSE : où est le docteur quand on a besoin de lui ?
Cette année, BBC Scotland fêtera ses 50 ans ! La chaîne devrait fêter ça dignement, mais les plus grosses spéculations sur les célébrations se focalisent étrangement sur une série en particulier. Les spectateurs semblent en effet attendre avec impatience que la chaîne rediffuse le tout premier épisode de la série Doctor Finlay’s Casebook, une dramédie médicale lancée en 1962 et qui se déroule dans une ville fictive d'Ecosse à la fin des années 20. Au cours de son existence qui a duré 9 ans et pas moins de 191 épisodes, la série est passée d'1 million de fidèles... à 12 millions ! Elle s'était même exportée dans divers pays de langue anglaise et quelques autres. Après son arrêt, Doctor Finlay's Casebook avait poursuivi sa carrière à la radio jusqu'en 1978. Le problème, c'est qu'aucun DVD n'a jamais été édité pour la série ; une intégrale serait très difficile à sortir puisque seuls 66 épisodes ont survécu au poids des années. On imagine quand même assez facilement que ça ferait bien plaisir à tout le monde que dans le cadre de son anniversaire, BBC Scotland face le cadeau d'une petite rediff en faisant avec ce qu'elle a...
Ah pis, tant que je tiens les Whovians, sachez que, oui, notre Ecossais préféré David Tennant y est apparu à plusieurs reprises. Ca y est, je vous ai donné envie, là ?

- CANADA : Hulu perce le mystère des Guidestones
A l'heure où de plus en plus de services de VOD se lancent dans les séries, et où se préparent les premiers Digital Upfronts (pour Hulu, Youtube et quelques autres), il n'est pas anodin de garder un oeil sur les acquisitions des sites internet, qui ambitionnent visiblement de se poser comme de réelles alternatives aux networks (même si évidemment on n'y est pas [encore]). Outre les commandes originales, à l'instar de Lilyhammer pour Netflix dont on va évidemment reparler (ne serait-ce que ce soir dans le SeriesLive Show), il faut aussi noter que les achats de programmes deviennent plus fréquents. C'est le cas pour la websérie Guidestones, qui a démarré ce mois-ci et dont Hulu vient d'acquérir les droits à la fois pour les USA et le Canada ; la série apparaitra sur le service au printemps sous une forme légèrement différente de celle, "interactive", qui est actuellement en place : elle est actuellement prévue pour 50 épisodes de 3mn et passeraà 34 épisodes d'une durée équivalente. On tente d'y percer le mystère des Georgia Guidestones, l'équivalent américaine de Stonehenge dont vous ignoriez même l'existence ; la série est tournée à Toronto, aux States et en Inde, et son intrigue est prévue pour 3 saisons. Jusque là, c'étaient des marques qui sponsorisaient la production de la série (dont Coca Cola ou la franchise Pizza Pizza), dont le tournage devrait reprendre avant la fin de l'année.


J'espère n'avoir rien loupé de vital mais, au pire, vous me connaissez, je ferai un deuxième tour du monde rien que pour vous !

16 mars 2012

Ascèse

BlackMarch

Le Black March, arrivé à mi-parcours, n'est pas vraiment difficile. Cela me surprend, mais seulement à moitié, à dire vrai ; j'avais déjà la conviction que ce ne serait pas si difficile de me "retenir" d'acquérir de nouveaux produits culturels, vu que je m'étais déjà lancé le défi de ne rien cagouler pendant une semaine.
Ici, certes il s'agit de "tenir" un mois entier, mais c'est par conviction et pas juste par jeu. Et puis, finalement, savoir que cette diète ne durera qu'un mois et qu'il ne s'agit pas vraiment de privation, juste d'attendre un peu, permet de mettre les choses en perspective. Le principe n'est pas tant (comme au moment de mon défi d'une semaine) de me dire que je ne dois pas céder au caprice de l'immédiateté, mais d'envoyer un message pendant ce mois.

Il ya eu des instants de tentation, bien-sûr, pendant cette première quinzaine. J'ai lu deux livres qui étaient plus ou moins en attente (Bossypants de Tina Fey, et le roman éponyme qui va donner lieu à la série australienne Puberty Blues) et quand j'ai réalisé que j'avais déjà brûlé toutes mes cartouches, je confesse avoir cliqué instinctivement sur Amazon pour commander Génériques!, avant de me raviser au dernier moment. Inutile de préciser que j'ai envisagé déjà à trois reprises de faire une entorse à mes principes au nom du coffre de Game of Thrones, c'est l'évidence-même. Il y aussi eu ce moment de faiblesse lorsque toutes les reviews sur GCB ont commencé à affluer, mais là encore ça ne s'est pas concrétisé.
Globalement, l'intégrale Wonderfalls puis le Piemarathon permettent de passer un mois plus qu'agréable téléphagiquement, sans être limité à ces deux seuls titres (ainsi que le démontre ce blog depuis 15 jours).
Je n'ai failli qu'une seule fois à mon voeu de ne rien cagouler : quand j'ai fait main basse, un peu plus tôt cette semaine, sur l'émission du Saturday Night Live avec Lindsay Lohan, n'y tenant plus (et étant proprement incapable de trouver en streaming le sketch "The Real Housewives of Disney"). Je suis faible et je ne le conteste pas. Sur le reste, je me suis parfaitement comportée. Et je n'ai pas pris ce petit manquement à ma ligne de conduite comme une autorisation pour laisser tomber le Black March, soit dit en passant, et j'en tire une fierté qui me permet de résister à l'envie de cagouler tout et n'importe quoi.

Finalement, ce mois de retenue a aussi ses avantages. Prendre le temps de regarder les marathons que j'avais mis en attente (au moins quelques uns, disons, puisque j'ai toujours dans un coin de tête de me refaire Jack & Bobby, par exemple) n'en est qu'un parmis tant d'autres.
Lorsque je m'étais lancé le défi d'une semaine, j'avais réalisé au "retour" que plusieurs séries avaient naturellement été éliminées de ma liste. Ainsi The Defenders avait fait les frais de ce recentrage, et je ne l'ai même pas arrêtée volontairement, mais simplement parce qu'à l'issue de mon régime forcé, elle ne comptait pas suffisamment pour que je songe seulement à m'y remettre.

J'ai ouvert récemment un compte sur Pinterest, dans l'idée de tester ce nouveau "réseau social" ; à l'instar de Google+ que j'ai vite déserté, je me réserve le droit, si je ne suis pas convaincue, de finir par plier bagage, mais pour l'instant, le peu d'exigence de la plateforme fait que je m'en sers à peu près régulièrement. Outre une "board" dédiée à toutes les articles sur les séries que je scanne jour après jour (ce que je nomme sur Twitter ma revue de presse), et qui est très honnêtement ma board préférée pour le moment, j'en ai créé deux autres consacrées à l'affichage de mon planning téléphagique du moment :
- les séries que je regarde en ce moment
- les séries que j'ai arrêtées
Comme je suis d'une légendaire fainéantise, je n'y mets évidemment pas TOUTES les séries que j'ai arrêtées au cours de ma vie de  téléphage, mais celles que j'arrête depuis l'ouverture de mon compte Pinterest (c'est en plus très pratique de faire passer une image d'une board à l'autre). Wonderfalls, une fois achevée, s'y est tout naturellement retrouvée, par exemple.
Aujourd'hui, j'ai décidé d'y faire passer 2 Broke Girls.

2LostGirls
Tout simplement parce que, en 15 jours de Black March, pas une seule fois elle ne m'a manqué.
En temps normal, je la regarde souvent avec une à deux semaines de retard sur sa diffusion, genre un soir où j'ai mal à la tête mais où je ne veux quand même pas me coucher à peine rentrée du boulot, là il faut dire ce qui est, je n'ai vraiment pas la moindre envie de m'y remettre. Comme si un fil s'était détaché, et que c'était le dernier qui me liait à la série.

Alors, ce Black March a aussi des bons côtés insoupçonnés. Il me permet de mettre certaines choses à plat et de faire le tri. Ai-je vraiment besoin de regarder 2 Broke Girls ? Pas vraiment. Ce sont 20mn que je peux employer à autre chose. De la même façon qu'à une époque je regardais The Big Bang Theory puis Mike & Molly histoire de regarder des comédies un peu populaires mais sans grande conviction, j'ai réalisé qu'il ne servait à rien d'insister et de regarder une série "juste comme ça". Pas en me plaignant d'autre part de toujours manquer de temps pour d'autres choses. Comme le marathon Jack & Bobby, tiens.

Eh, vous allez voir qu'avec un peu de chance et en éliminant d'autres séries de mon planning, depuis près de 2 ans que je le reporte, je vais finir par me le faire, ce marathon-là !
D'ailleurs, essayez de remonter le tag Jack & Bobby et de voir ce que je dis de cette série à chaque fois que je la mentionne, c'est absolument hilarant.

23 juillet 2011

Initiation

Quand une collègue saisonnière, ayant eu vent de votre passion pour les séries, se tourne vers vous et vous demande : "Et sinon, c'est bien Mad Men ?", alors qu'une seconde avant elle ne jurait que par Grey's Anatomy et One Tree Hill, vous vous sentez l'âme d'un vieux sage dans un quelconque film de kung fu.
Et quand un stagiaire, ayant éprouvé vos connaissances en la matière, vous demande ce qu'il pourrait regarder en l'absence d'épisodes de Chuck cet été, vous ressentez soudain une immense responsabilité, mais une grande fierté.
Ils ne sont pas là pour longtemps, mais pendant les jours ou semaines qu'il leur reste à passer auprès de vous, vous avez l'opportunité d'ouvrir des portes, et ils sont venus à vous exactement pour ça, et qu'ils s'en remettent à vous, qu'ils sont prêts à écouter, qu'ils sont intellectuellement ouverts et disponibles et que tout peut arriver. On peut alors les emmener plus loin.

En fait ça fait longtemps que je n'ai plus eu l'occasion de mener des opérations de contagion dans mon entourage proche. Comme si j'avais décrété, je ne sais pas trop à quel moment, que j'avais suffisamment d'horizons à ouvrir à ceux qui me lisent, sans que ceux qui me voient ne deviennent eux aussi la cible de mes assauts répétés sur l'air de "The Yard c'est trop bien il faut regarder" et "youpichouette j'ai reçu le DVD de Koselig Med Peis". Je ne sais pas du tout d'où ça me vient, non plus.

Et c'est finalement avec tendresse que je réponds à leurs questions et que je pose les miennes. J'écoute les réponses qui me permettront de conseiller au mieux quelques titres, mais pas seulement. Je lis sur leurs visages les choses qu'ils découvrent. Leurs yeux s'écarquillent parce que je mentionne des choses dont ils ignoraient l'existence, la lèvre en suspens, ils réfléchissent rapidement pour mesurer si tel concept leur plairait ou pas, et insèrent des questions plus générales, grâce auxquelles je peux glisser des séries que je ne leur conseille pas forcément mais qu'il peut être intéressant de connaître. Dans ce contexte, mentionner une série australienne ou danoise n'a rien d'incongru, on n'est pas dans le genre de discussion où soudain votre interlocuteur doute de votre santé mentale puisque chacun sait qu'il n'y a des séries qu'aux Etats-Unis. Je ne recommande pas ces séries à des gens qui n'en sont pas au stade où ça peut les attirer, mais je les mentionne parce qu'elles existent et qu'elles font partie du panorama, et parlent d'un sujet similaire, ou présentent au contraire un univers totalement inédit. Je ne cherche pas à leur faire regarder ces séries-là absolument, mais je me dis que si j'en parle, ça leur ouvre quelque chose tout de même. Que je ne vais pas faire comme si je voulais me mettre "à leur niveau" et livrer une information parcellaire, diluée, simplifiée.

Et puis il y a ce moment. La poignée de secondes pendant laquelle mes propos sont jugés, à la fois sur la base de leur sérieux, de leur variété, et de leur adéquation avec la demande initiale. Et soudain je lis que la personne a vraiment été convaincue de regarder A la Maison Blanche, après avoir entendu les comparaisons avec Party Animals et Borgen et Yes Minister et CHANGE. Et je me dis que je viens d'ouvrir un petit verrou téléphagique. Je n'ai pas changé la face du monde.
Mais je viens de semer une graine que je ne verrai jamais germer, mais qui donnera peut-être, oh bien-sûr seulement peut-être, un solide téléphage. Je trouve que c'est une jolie promesse d'avenir.

Heritage
One day, all this will be yours...

28 mai 2011

Si j'avais un lingot, j'achèterais le jour, j'achèterais la nuit...

Eh bah je sais pas si c'est de regarder les millionnaires de Mesudarim (aw, pauvre Erez dans le 2e épisode !) ou juste le fait que j'aie trainé une ou deux heures dans les méandres d'Amazon la nuit dernière (je ne le fais jamais parce qu'Amazon n'accepte pas les chèques, mais là, j'avais une carte bancaire dans les mains), mais je me sens d'humeur matérialiste aujourd'hui...

COLLECTION
Opération COLLECTION (détail) (en bordel)

Chaque fois que je traine mes guêtres dans une FNUC, j'en ressors à la fois avec les bras chargés (je rappelle quand même que ça fait 10 ans que le personnel de ce genre d'établissements s'excuse en me voyant de n'avoir pas de caddie...), et pourtant avec un grand sentiment d'insatisfaction. Parce que pour chaque coffret Misfits embarqué avec enthousiasme, pour chaque Nurse Jackie acheté le jour de sa sortie, pour chaque The Tudors payé rubis sur l'ongle pour n'en pas louper une miette... il y a tous les coffrets qui ne rentrent pas avec moi. Parce qu'ils ne le peuvent pas. Et finalement je crois que c'est aussi ça qui me retient un peu d'achats fous genre "oh une intégrale de Will & Grace à 52€ la saison, c'est une affaire !", vous voyez ? L'impression d'un manque d'alternatives.

Posséder entre mes petites mimines une carte bancaire, cette nuit, avec un verre de whisky-fraise à la main (bah quoi, c'est de la fraise, c'est donc girly !), m'a servi d'électrochoc. Soudain il ne s'agit pas d'éviter le site d'Amazon parce que de toute façon on ne pourra rien y acheter. Ecumant page après page la rubrique import zone 1 des séries télé, je crois avoir réalisé pour la première fois que je passais quand même à côté de plein de trucs. Notamment qu'il n'est pas nécessaire de payer 52€ une saison de Will & Grace. Mais aussi, et c'est sans doute le pire, que tous les DVD qu'inconsciemment je semble chercher du regard dans les rayons de la FNUC (ou, quand je me sens d'humeur dépensière, dans le catalogue de CDiscount, que je ne consulte que quand une rentrée d'argent me brûle les doigts, et pour acheter des séries qui ne me plaisent que de loin et me semblent tout de même nécessaires dans ma telephage-o-thèque, genre les deux premières saisons de Lost), et qui n'y sont pas, parce qu'ils ne sortent pas sur notre territoire et ne font pas partie des "hits" qu'on place sur le rayon import, et qu'on trouve en fait tellement facilement sur Amazon, enfin disons, facilement si on arrive à trouver le moyen de naviguer dans leur arborescence un peu obtuse, bref, toutes les séries que vous et moi n'avons pas le réflexe d'acheter parce qu'on ne nous en parle pas, mais qui sont là ! Alors oui, je pourrais acheter la saison 1 de Parenthood quand elle sortira, et de vous à moi ça se produira probablement d'ici quelques semaines, mais maintenant, je ne peux plus ignorer qu'il y a des coffrets autrement moins évidents qui sont tout aussi faciles d'accès, et ça change tout dans mon rapport à la dépense téléphagique.

Cette nuit, je m'en suis sortie avec une intégrale de Yes Minister et un coffret dont j'ignorais même l'existence, EZ Streets, ce qui a coincidé avec le moment où j'ai constaté avec la plus grande émotion que c'était une des premières fiches que j'avais faites sur SeriesLive, et que je n'en avais jamais vu l'ombre d'un épisode (triste réalité, mes amis : ça arrive souvent). Pour moins de 30€, j'ai échappé au pire, finalement.
Mais je découvre, oh, dix ans après tout le monde quoi, les vertus de l'achat en ligne AVEC UNE CARTE BANCAIRE.

Et soudain, s'acheter une intégrale des Craquantes ne relève plus de la fantaisie téléphagique, mais d'une potentielle réalité, comme un horizon immense. Ajoutons à cela la perspective de pouvoir acheter plus facilement des séries en import étranger genre Capitu (que j'ai toujours dans un coin de tête), et franchement, ça devient flippant. Je préférais quand mon monde était un peu plus petit, finalement !
On ne devrait jamais changer de boulot.

PS : que ceux qui trouvent qu'il est honteux que la rubrique Diagnostic COLLECTION n'ait pas connu de mise à jour depuis au moins un an et demi se manifestent, si je vous sens intéressés, je m'en chargerai la semaine prochaine. Mais si c'est juste pour moi, ça sert à rien : les DVD que j'ai, je les connais hein !

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11 février 2011

Tu peux courir

Démotivée, mais pas inactive. Depuis l’annonce de l’espacement de mes activités, je n’ai pas chômé : entre la première saison de The Practice (initiée, comme vous le savez, plus tôt la semaine dernière), et une intégrale de Modern Family en quatre jours (oui, je sais, ça m’a étonnée au moins autant que vous, si vous me le demandez en commentaire, je vous dirai comment c'est possible), on ne peut pas dire que j’aie manqué d’occupations téléphagiques.
Mais aujourd’hui je ne vais pas vous parler de ces séries récentes, parce qu’aujourd’hui, j’ai eu un coup de cœur pour une série que je n’ai jamais vue. Ce sont des choses qui arrivent.

Tout a commencé alors que j’écumais la base de données de Wikipedia afin de trouver des titres de séries ayant débuté en 1965. Une lubie. L’envie, certainement, d’essayer de me lancer dans le visionnage d’une vieille série, ce qui, avec mes aventures internationales, ne m’est pas arrivé depuis quelques mois. Bref, une idée comme ça, imprévisible, et qui n’a eu comme seule conséquence que de m’interroger sur les pitches qu’on pouvait trouver cette année-là.
J’étais donc en train de trouver qu’il y avait quand même une majorité de séries "bon enfant", "tous publics" ou encore "classiques", en un mot, pas forcément affriolantes sur le seul plan du pitch, quand soudain me voilà à cliquer sur la page de Run for your life. Et moi de tomber en pâmoison devant ce résumé comme conçu pour me faire rêver. Jugez plutôt : quand son médecin lui annonce qu’il ne lui reste plus qu’un an ou deux à vivre, l’avocat Paul Bryan décide de partir à l’aventure et de profiter de ses derniers jours en faisant tout un tas de choses qu’il souhaite accomplir avant de mourir. De toute évidence, il ne s’agit pas d’une comédie (quoique, bon, je ne serais pas fermée à ce genre de sujet en comédie, je suis bien capable de suivre une comédie sur une alcoolique à la dérive… ou une autre sur une cancéreuse), mais bien d’une véritable série dramatique, dans le sens le plus strict du terme. Et pourtant, outre un concept riche permettant énormément de choses, c’est aussi une belle idée, non ?
Ce qui a fini de m’achever, c’est qu’en poussant mes recherches juste un peu, je suis tombée sur des répliques, comme celle ouvrant le générique : "Guess I'll try to squeeze 30 years in a year... or two". Et alors là, comment vous dire ? J'ai fondu.

Runforyourlife

J'ai fondu, mais à l'émotion téléphagique a très vide succédé une autre émotion : une vive colère. Ça doit être mon truc en ce moment, je suppose.
Parce qu'il s'avère que Run for your life, qui apparemment a été diffusée par l'ORTF (...oui, l'ORTF) sous le titre de Match contre la vie en 1969, et même pas en intégralité, n'a depuis jamais été rediffusée en France. Donc non seulement vous et moi n'étions pas nés lorsque la séries a été lancée, mais vous et moi n'avons jamais eu l'occasion, de notre vivant, de voir la série non plus depuis.

Sur ce blog, j'ai déjà maudit, pèle-mêle, les problèmes suivants :
- l'impossibilité de voir une série être diffusée correctement de façon à la suivre de bout en bout (et d'ailleurs The Practice est tristement parlant à ce sujet)
- l'impossibilité de voir une série être diffusée en France dans des délais raisonnables, ce qui fait de The Good Wife un cumulard vu le point soulevé ci-dessus
- l'impossibilité de revoir une série peu connue n'ayant pourtant pas plus de 10 ou 15 ans
- l'impossibilité d'accéder à des séries étrangères parce que les fansubs ne suivent pas
- l'impossibilité d'entendre parler des fictions des nombreux pays étrangers, comme ça c'est réglé, inutile d'être curieux, vous vous faites du mal
- et, pour finir cette liste non-exhaustive, l'impossibilité d'entendre parler correctement des fictions de certains pays étrangers, parce qu'il s'agirait pas non plus de vous donner les outils pour vous ouvrir sur le monde téléphagique
Bon, j'ai donc beaucoup râlé, c'est un fait. Et quelque part dans les posts dont je ne me souviens pas aussi bien, il doit y avoir un plaidoyer pour l'édition DVD décente de séries moins populaires... ah ça y est, je l'ai retrouvé.

Ajoutons-y donc aussi, désormais, un laïus sur le fait qu'il y a certaines séries, jugées trop anciennes, qu'on ne nous permet pas de découvrir parce qu'on n'a pas à être curieux, manquerait plus que ça. Je sais bien qu'on parle d'un marché de niche et pas franchement d'un phénomène qui ne demande qu'à remplir les poches des diffuseurs et/ou distributeurs, mais nom d'un chien, lequel parmi vous va se piquer en premier de proposer un Hulu à la française pour des séries qui ne sont plus rediffusées ou ne l'ont jamais été, ou, sans aller si loin, une simple rediff en nocturne pour des séries des années 60 et 70 ? Chais pas, ça fait bien 10 ans que les rediffs de Série Club semblent sempiternellement être les mêmes ! Bon, je suis de mauvaise foi, je n'ai plus Série Club, mais si j'apprenais que la chaîne se lançait dans un projet de ce genre pour participer à la culture série, j'y penserais quand même à deux fois, plutôt que voir que ce sont encore et toujours les mêmes vieux sitcoms français qui constituent l'essentiel de ses grilles en heure creuse...
Et même, vous savez quoi ? Si les chaînes ont peur de pas rentrer dans leurs frais en se lançant dans une diffusion ou une autre... bah juste lâcher gentillement les droits dans le monde magique de l'internet et laisser les fichiers se faire cagouler par les 10 pèlerins que ça intéresserait, je pense que ça serait un beau geste, quoi.

Tout ce que je voulais, cette semaine, en dépit des 38 épisodes de Modern Family en quatre jours, de la saison (et un peu plus, en fait : j'ai entamé la deuxième) de The Practice, de l'attachement grandissant pour Harry's Law et Fairly Legal, et des pilotes comme Mr Sunshine ou Traffic Light, c'était avoir une chance de voir un épisode de Run for your life.

Voilà, c'était mon coup de gueule du jour. La prochaine fois, on parlera des chaînes françaises qui ne savent pas profiter de la popularité d'un acteur pour ressortir des cartons leurs vieilles séries, comme pour Coeurs Rebelles lors de la sortie de Star Wars ou La Famille Green alors que Anne Hathaway ET Jesse Eisenberg ont tous les deux le vent en poupe.

16 novembre 2011

Rev-eries

Du plus loin que je me souvienne, je crois que j'ai toujours aimé les comédies en single camera.
Je n'ai strictement rien contre le sitcom, comme le prouveront les nombreux tags de ce blog rappelant les intégrales de Will & Grace, Roseanne, Reba, Les Craquantes, ou encore Three's company, ainsi que, naturellement, le culte que je voue au sol que foule Fran Drescher depuis bientôt 20 ans (mais en années-Fran ça n'en fait que 5).

Le problème qu'on rencontre de façon croissante depuis quelques années, c'est qu'entre une comédie en single camera et une dramédie, on ne fait plus trop la différence. C'est le reproche qui est adressé chaque fois qu'une série comme Nurse Jackie se pique d'être nommée/récompensée dans la catégorie comédies ; en réalité l'explication est historique (la dramédie est un genre qui n'a que 15 ou 20 ans maximum, et qui tire sa forme de la comédie en single camera). Et pour le coup, moi, ça ne me dérange pas, principalement parce que les histoires de genres sont quand même faites pour couper les cheveux en quatre. Qu'une série soit une dramédie, ou une comédie en single camera un peu trop sérieuse par moments, l'essentiel est le plaisir du visionnage qu'on en tire.
Je crois que c'est vraiment le genre télévisuel qui peut me réconcilier avec absolument tout.

...Même avec la Grande-Bretagne, dont vous n'êtes pas sans savoir que les accents me rebutent depuis de nombreuses années (mais depuis Threesome, je commence à trouver un certain charme aux particularités écossaises ou irlandaises, et j'ai un faible pour le parler de Christopher Eccleston, version Accused par exemple, alors qui sait, un jour peut-être je guérirai). Cet après-midi, j'ai tenté Rev., tout simplement parce que j'avais remarqué que la fiche manquait sur SeriesLive et que dans la foulée, j'ai regardé le pilote, ça ne mange pas de pain.
Vu la longueur des saisons, je me tâte un peu pour la suite, maintenant, pour tout vous dire.

Rev-eries
Rev., alors qu'elle est vendue comme une comédie, est pourtant assez sérieuse, et relève plus de la dramédie. Entre les déboires financiers et les doutes, le personnage principal ne se marre pas et nous, pas tellement non plus, mais il en émane une certaine légèreté tout de même. Plus incroyable, les personnages les plus outranciers, comme Mrs. Onyeka, sont les moins appréciables alors qu'ils sont résolument les plus orientés vers la comédie.

Mais en réalité, l'idée n'est pas de rire.

Le plus surprenant c'est que, quand on regarde une dramédie comme celle-ci, ou comme Nurse Jackie, The Big C, Wilfred ou Enlightened, on ressent un côté extrêmement "positif". On ne rit peut-être pas en réalité, mais à l'intérieur... comment vous dire ? Moi par exemple, j'ai l'impression d'avoir le cerveau qui sourit. Je ne le manifeste pas extérieurement mais je sens bien que ce n'est pas un drame que je regarde. Peut-être parce que c'est une façon farfelue de parler d'un thème qui ne ferait pas rire à la base, peut-être parce que le ton des personnages est détaché ou sarcastique, peut-être parce que les intrigues ne sont pas réalistes, peut-être parce que l'attachement émotionnel est provoqué plus ouvertement... je ne saurais pas l'expliciter précisément, mais en tous cas, il n'y a aucune chance pour que je confonde une dramédie avec un drama, même si elle ne me fait pas rire.

Du coup, peut-être que les reproches adressées aux dramédies-qui-ressemblent-trop-à-des-dramas viennent de ce que les spectateurs qui les formulent sont dans une logique de tout ou rien : si je n'ai pas ri, c'est que ce n'était pas une comédie. Donc que c'était un drama.
Rev. n'était pas une comédie, clairement pas. Mais ce n'était pas non plus un drama. Dans cette zone vraiment très très grise de la dramédie, elle avait simplement tout ce qu'il fallait pour être une bonne dramédie.
On va être honnêtes, je disais un peu plus haut que j'hésitais à regarder la suite. Bon, le choix me semble déjà fait, en réalité...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Rev. de SeriesLive.

12 octobre 2012

Countrypolitan

Pour certains pilotes de notre challenge de la saison, il faut bien l'admettre, whisperintherain et moi trainons un peu la patte. "De quoi ? The Neighbors ? Oui, euh, plus tard, la review, hein, ya plus urgent". Et puis pour d'autres, il n'y a pas besoin de nous le dire deux fois. C'est en tous cas vrai pour moi ce soir, avec le pilote de Nashville.
Comme toujours, sitôt que whisper aura posté sa review, vous trouverez au bas de ce post un lien pour comparer nos deux points de vue... je serais surprise que sur cette série, il soit le même, d'ailleurs.

Nashville

Il manquait résolument une série sur l'industrie musicale à la télévision. Si cette série existe et que je l'ai loupée, n'hésitez pas à me le dire, mais là où il y avait des Action! et des Entourage pour le monde du cinéma, des Episodes ou des The Comeback pour la télévision, il nous manquait une fiction se déroulant dans le monde des labels et des concerts, de la même façon qu'un peu plus tôt cette année, Smash nous avait permis de pénétrer dans les coulisses de Broadway.
Oh, je ne dis pas que le sujet n'a jamais été abordé à la télévision, mais seulement au milieu d'une foule d'autres choses, je pense par exemple aux cas vus dans The L.A. Complex (plutôt dans le monde du rap) ou Single Ladies (dans l'univers du hip hop). Mais c'était en passant, au milieu de plein d'autres choses, et jamais avec l'idée de radiographier le milieu, mais surtout de suivre l'évolution d'un personnage, si possible au bas de l'échelle, et tentant de percer dans le milieu... mais entre autres choses, sa vie sentimentale prenant généralement le dessus, et l'aspect chorale des séries sus-mentionnées se faisant un devoir de noyer cette intrigue sous mille autres.

Alors imaginez ma surprise quand il s'est avéré qu'une telle série était en préparation, et qu'elle avait l'intention de se dérouler dans le milieu du seul genre musical que j'écoute en provenance des USA : la country ! On voudrait me séduire qu'on ne s'y prendrait pas mieux.

Et effectivement, Nashville est une véritable plongée, d'entrée de jeu, non seulement dans la vie des artistes qu'elle dépeint, mais aussi dans les bureaux du label inventé pour la série. Et c'est tout-à-fait le genre de choses que je voulais qu'une série fasse ! Dépasser la création de stars fictives pour réellement passer le milieu au crible, ne pas juste balancer des chansons mais vraiment nous dire comment on fait un album, ou comment on organise un concert. Le fait que ce soit dans le milieu de la country était un plus-produit évident pour moi, mais ça ne faisait pas tout. Je ne voulais pas simplement faire le plein de chansons à la fin d'un épisode, je voulais que le contexte soit exploité autant que possible. Nashville réussit très bien ce passage au microscope, à plus forte raison dés le pilote où il aurait été facile de ne pas tout de suite entrer dans les coulisses pas franchement sexy de la vie de son héroïne principale Rayna James, et de rester en surface.
Paradoxalement, là où Nashville me ravit le plus, c'est dans son utilisation de la musique. On l'entend, en définitive, assez peu : Nashville se fait un devoir d'être une série sur la musique et non une série musicale, c'est clair dans ses intentions d'entrée de jeu, et j'apprécie cette profession de foi qui consiste à ne pas tomber dans la facilité. Sur une échelle de Glee à Smash, je vais vous dire : Nashville, dans l'utilisation de la musique qui pourtant est son sujet, se situe à Smash+2, si vous me suivez. L'épisode se fait une règle de ne montrer aucune chanson entière, car on n'est pas là pour ça ; les chansons utilisées comme soundtrack pour les scènes relèvent plus du jingle que du product placement ; et quand on entend pour la première fois une chanson dans son intégralité, cela sert le scénario avant tout.
Nashville est comme les gens du Sud : elle ne triche pas, elle ne nous embobine pas. Elle ne veut pas que nous passions la journée à fredonner des chansons originales ou des reprises. Elle ne veut pas que, dans nos coeurs et/ou dans les bacs, Rayna remplace Reba, ou que Juliette remplace Taylor. Elle ne veut pas nous vendre des CD. Fair and square.

Evidemment, la tentation est grande, justement, pendant ce pilote, de chercher des ressemblances ; le jeu est un peu d'essayer de deviner si untel (ou plutôt unetelle) a été passé au vitriol à travers le portrait d'un personnage. C'est tout-à-fait volontaire et la séquence d'ouverture du pilote n'en fait absolument aucun mystère, dans le look de ses personnages (notamment celui de Juliette) comme dans la façon de présenter leur personnalité. Parfois, je soupçonne que connaître un peu la scène country me pousse même à lire un peu trop certaines correspondances (Deacon Claybourne, cette ressemblance avec Brad Paisley, c'est voulu ou...?), ce qui nuit finalement au plaisir de regarder de la fiction : il ne s'agirait pas de la réduire à une simple parodie. C'est un peu le danger... mais je crois que peu de spectateurs français courent ce risque !

La seule chose qui m'agace, c'est cette façon, déjà vue dans Smash, de miser sur l'opposition de deux femmes. En pratique, ça fonctionne parce que la rivalité n'est pas au sens le plus strict, et se double d'un conflit de générations. Sur le principe, ce côté catfight (magistralement illustré par leur première rencontre ; disons-le sans rougir : l'échange était très bon) me chiffonne un peu. Evidemment, comme dans la plupart des milieux musicaux, ce sont les femmes qui dominent la scène, et sont depuis des décennies sont des ambassadrices de leur courant musical, de leur maison de disques, d'une industrie ; il était donc quelque part assez évident de mettre deux femmes dos à dos. Mais les opposer systématiquement, même si cela a du sens dans le contexte, me semble un peu facile quand même. J'espère que Rayna et Juliette sauront évoluer à partir de cette position initiale par la suite, et nous offrir un peu plus que des jalousies féminines légèrement cliché.
Mais ces deux personnages sont si hauts en couleurs que c'en est tout de même un spectacle divertissant, à plus forte raison parce que les positions de chacune sont moins stéréotypées au départ que dans Smash : aucune n'est une ingénue naïve, aucune n'est une amère revancharde. D'ailleurs personne n'a de rêve de gloire, dans Nashville : seulement une carrière.
Et ainsi, chacune arrive avec sa personnalité explosive, et une idée bien arrêtée sur ce qu'elle vaut et ce qu'elle veut, et même si elle ne prend pas un départ, dans ce pilote, absolument mirobolant, Rayna ne se positionne ni comme une victime, ni même vraiment comme un underdog. Gloire en revient d'ailleurs à Connie Britton qui, même quand elle en fait un chouilla trop, parvient à insuffler énormément de dignité et de force à son personnage, et ne pas basculer dans la caricature. A l'inverse, Hayden Panettiere attendra la toute fin de l'épisode pour se décrisper un peu et offrir un peu de nuance, parce que le scénario l'y pousse (mais à l'impossible nul n'est tenu) ; la palette de réactions du personnage dépendra vraisemblablement de l'écriture et non de l'actrice, mais j'ai bon espoir d'arriver à un personnage un peu moins plaqué qu'à première vue.
De fait, mon agacement quant aux jalousies féminines a de grandes chances de s'estomper si les choses tournent bien.

En revanche, ce qui ne suscite chez moi aucune réaction d'hostilité, mais juste une vaste et tiède indifférence, c'est l'aspect politique. La mairie de Nashville, euh, bon, on s'excuse hein, mais à une époque où on a la mairie de Chicago sur une autre chaîne, on a un peu du mal à se passionner pour tout cela. Nashville ne tient pas du tout la comparaison avec les tractations de Boss et du coup je ne vois même pas pourquoi elle se frotte à pareils thèmes.
Ce qui en revanche pique mon intérêt, c'est le parallèle que cette situation politique crée entre Rayna et Juliette, qui finalement, toutes les deux, aimeraient couper les ponts avec un parent mais sont privées de cette possibilité, entre autres de par leur célébrité. C'est une idée intéressante, à plus forte raison parce qu'il est très rare qu'une femme de l'âge de Rayna soit, dans une série, placée dans une situation de ce genre avec ses parents (en général, les séries estiment qu'autour de 30 ans, ces choses sont réglées), et comme c'est un sujet qui me touche en partie (oui, enfin, vous savez, sans l'histoire de la célébrité !), je suis prête à m'accomoder des questions politiques flasques, si elles nous permettent d'étayer le côté familial de la question, qui recèle de mon point de vue un potentiel dramatique prometteur.

Au final, Nashville est à l'image de ce que j'aime dans la country : il ne s'agit pas que des mélodies (au fond, en-dehors de quelques hits mémorables, beaucoup de ballades se ressemblent un peu, notamment chez les artistes mineurs), ce sont les paroles qui font tout. Et c'est finalement ce que ce pilote accomplit, qui démontre que la forme n'est là que pour enjoliver le fond, mais pas le reléguer au second plan. Je place énormément d'espoirs dans les paroles de Nashville, et me délecterai donc des aléas de sa mélodie parfois peu originale, car j'ai l'impression qu'elle a plein de choses à dire. Il manquait simplement à ce pilote, très complet et chargé d'éléments d'exposition, de prendre le temps pour l'émotion, qui n'a pointé son nez mutin qu'en deux passages furtifs de l'épisode.
Mais si Nashville parvient à faire battre mon coeur au rythme des tourments de ses personnages, la série s'attachera mon indéfectible soutien.

Et d'ici la semaine prochaine, je sais déjà quoi écouter...

Challenge20122013

7 octobre 2012

lady's world tour - Escale n°17

-- World Tour --

Pas facile tous les jours de trouver de quoi alimenter ce blog, je vous le dis. Des fois, il ne se passe tout simplement rien dont on puisse parler ! Pas une news, pas un pilote, et ne parlons même pas des projets, R.A.S. ! Comment voulez-vous écrire des world tours dans ces conditions ? C'est une torture.
Mais comme je vous aime bien, je me suis forcée un peu.

Skwizas

- AFRIQUE DU SUD :

* Après deux années d'absence, les petites grand'mères de Skwizas reviennent pour une seconde saison. Dans cette comédie, les héroïnes un peu âgées n'ont plus à s'occuper de leur famille, et peuvent se concentrer sur la façon la plus plaisante de passer leurs journées car pour elles, l'âge est dans la tête. SABC2 a décidé de ramener cette comédie diffusée à l'origine pendant l'été 2010, même si, le temps de développer cette nouvelle salve d'épisodes, il a fallu procéder à quelques changements dans la distribution ; les spectateurs pourront donc constater qu'une mamie qui est partie, et une autre qui accueille sa nièce. La nouvelle saison de Skwizas débarque samedi 14 octobre à 19h.

Rake

- AUSTRALIE :

* C'était la semaine des bonnes nouvelles pour Rake ; outre le projet d'adaptation aux USA, la série était également officiellement renouvelée pour une troisième saison par la chaîne publique ABC1. Une annonce qui ne relève cependant pas de la surprise, puisque l'équipe de la série fondait de solides espoirs en un renouvellement.
* Parfois, même quand une chaîne n'annonce pas clairement ses renouvellements, on peut les deviner : c'est ce qui se passe quand des fonds sont alloués à certaines productions. Chez Film Victoria, on vient d'accepter de subventionner plusieurs séries d'ABC, la plus importante étant probablement la dramédie morbide Laid, qui obtient ainsi une troisième saison. Deux séries obtiennent aussi une seconde saison : la série pour la jeunesse Dead Gorgeous, lancée en 2010, et la comédie twentysomething, qui avait pourtant disparu des radars après sa diffusion à l'automne 2011. D'autres projets de nouveautés d'ABC ont également reçu leur argent de poche : la comédie It's a Date, et les séries The Athletes et Small Boy (dont on suspecte qu'il s'agirait du projet A Better Man de SBS sous un nouveau titre). Comme ces projets n'ont pas encore été annoncés par le groupe public, il faudra attendre un peu avant d'en savoir plus sur les pitches de ces séries.
* Et puis, le développement de la série carcérale Wentworth, pour l'opérateur câble et satellite FOXTEL, s'est poursuivi tout l'hiver, et on sait enfin quels sont les acteurs principaux retenus pour cette version réimaginée de la série culte Prisoner. Seront donc au générique : Danielle Cormack (...actuellement dans Rake), Nicole Da Silva (Rush, East West 101), Celia Ireland (Laid), Catherine McClements (Rush, Brigade des mers), Kate Atkinson (Offspring), Leeanna Walsman (Underbelly: Badness) et une nouvelle dans la profession, Shareena Clanton. Les 10 épisodes de Wentworth doivent apparaitre sur SoHo (le nouveau nom de la chaîne W depuis cet été) en 2013 ; le tournage commence la semaine prochaine à Melbourne et devrait durer 4 mois.
* Et puis, le 16 octobre démarrera The Strange Calls, un projet transmédia de SBS annoncé depuis plusieurs mois, dans lequel une petite ville côtière va être le théâtre d'évènements surnaturels. Les 6 épisodes de la série sont complétés par des webisodes, ainsi que des intrigues complémentaires à suivre sur Facebook et Twitter. Mais dés le 9 octobre, une preview sera accessible sur le site de VOD public iView. On y retrouvera Toby Truslove, héros d'Outland un peu plus tôt cette année.

Flashpoint-DVDAllemand

- CANADA anglophone :

* On n'en parle pas souvent dans ces colonnes, mais Flashpoint est LA série canadienne du moment. Ah ouais, vous ne me croyez pas ? Alors vous croirez peut-être ceci : cette semaine, elle est devenue la première série canadienne depuis 16 ans à remporter la case horaire (ô combien convoirée) du jeudi à 22h. La première. En 16 ans. Dans l'intervalle, seules des séries américaines ont réussi à être leader. Pas mal, non ? La série est en effet regardée par 1,45 million de spectateurs, volant ainsi la vedette à la diffusion d'Elementary sur Global (1,38 million de spectateurs). Ah non mais oui, ok, je vois d'où vient la méprise : quand je disais "LA série du moment", je ne parlais pas forcément de qualité...
* De son côté, Citytv a mis en route la production de Seed, une série qui, si vous suivez les world tours régulièrement, vous rappellera El Donante : il y est question d'un homme qui découvre que sa contribution à une banque du sperme a donné naissance à de nombreux enfants... très nombreux ! Alors qu'il découvre l'existence de ces enfants, il apparait également dans la vie de leurs parents, ce qui n'est pas toujours très bien accueilli. En tout ce sont 13 épisodes qui ont été commandés, et qui mettront en vedette Adam Korson et Carrie-Lynn Neales, des acteurs jusque là abonnés aux rôles aussi captivants que "Hipster #1" dans 2 Broke Girls ou "Test Technician" dans The LA Complex. La diffusion devrait commencer début 2013.

Unite9-Cellules

- CANADA francophone :

* Promis, on ne parlera pas d'Unité 9 à absolument chaque world tour. Enfin on verra. Mais je me devais de vous informer (n'est-ce après tout pas ma mission ?) des audiences épatantes de la série... qui a battu cette semaine son propre record ! Eh oui, ce sont pas moins de 1,38 million de spectateurs qui étaient présents ce mardi pour suivre la série (rappel : ils étaient 1,2 million la semaine précédente). Ca en dit long sur le bouche à oreille positif que rencontre la série. A raison. Et si vous avez besoin d'encore une raison pour vous lancer dans le visionnage d'Unité 9, eh bien ma review du pilote est justement ici. A noter qu'Ève Landry, qui interprète Jeanne dans la série, est actuellement à Cannes dans le cadre du MIPCOM (j'accepte les chèques et les bons au porteur, je suis sûre qu'il est encore temps de trouver une place de train).
* Le scénariste de la série Les Invincibles travaille actuellement sur un nouveau projet original : Saison Deux, c'est son nom, raconte les tribulations de deux auteurs travaillant sur la série imaginaire Les dessous de la justice, et qui, en dépit du succès public rencontré, doivent faire face à des critiques lapidaires dans la presse. Ils décident donc de se mettre en quatre pour que la deuxième saison de leur série mette tout le monde d'accord... Une idée de série originale, dont nous pourrons juger par nous-mêmes à partir du deuxième semestre 2013. En espérant que la série soit bonne, parce que sinon ce serait une fichue ironie.
* On connaissait la petite chaîne qui monte, voilà maintenant le service de VOD qui monte. Netflix n'en finit plus d'étendre ses centres d'intérêt : après l'installation en Scandinavie, maintenant c'est un partenariat avec Radio-Canada qui est mis en place. Les séries La Galère, Les Parent et Les Invincibles, justement, s'ajouteront donc au catalogue de séries de Netflix, et d'autres fictions devraient suivre d'ici la fin de l'année.. La VOD n'est pas un problème pour nombre des fictions québécoises (le catalogue du site tout.tv, par exemple, est en effet très bien fourni), mais Radio-Canada estime qu'il est de son devoir de mettre ses séries à disposition sur le plus grand nombre de supports possibles. J'aime bien leur façon de penser. Au Canada, l'abonnement illimité à Netflix coûte moins de 8 dollars par mois.

Cobre

- CHILI :

* Lundi, une nouvelle nocturna démarrait sur MEGA : Cobre, une série historique située en 1927 et parlant, comme son titre l'indique, de cuivre. Il s'agit en effet des luttes de pouvoir autour d'une mine de cuivre, entre deux frères qui tentent de maintenir l'exploitation et un riche entrepreneur qui cherche à les en déposséder. Malheureusement, le lancement de cette saga n'a pas captivé les foules (bien qu'elle ait obtenu un meilleure score que Solita Camino, dont on parlait la dernière fois). La série est diffusée chaque lundi à 22h30 et il s'avère qu'il y a une bande-annonce ; qu'est-ce que je fais, je vous la montre ?

Graduados-Promo

- COLOMBIE :

* L'une des séries les plus regardées en Argentine en 2012 s'appelle Graduados. Depuis son lancement en mars dernier, la série totalise en moyenne 25% de parts de marché sur Telefe chaque soir de semaine à 22h00. Il s'agit d'une comédie, dans laquelle, 20 ans après avoir quitté le lycée, d'anciens élèves se retrouvent et réalisent qu'ils ont encore des affaires à régler les uns avec les autres ; un concept facile à décliner à l'envi. Pas étonnant dés lors que d'autres pays s'intéressent au format. RCN Colombia et Fox Telecolombia sont les premiers sur le coup, et ont décidé de co-produire une version pour la Colombie. En fait les deux sociétés de production semblent vouloir aller très vite, puisqu'ils en sont déjà à la phase casting...

Forbrydelsen-III

- DANEMARK :

* Sur DR1, la troisième saison de Forbrydelsen se porte... oui, on peut le dire, plutôt bien. Pour le season premiere, pas moins de 1,6 million de Danois étaient réunis devant leur écran, ce qui représente 60% des spectateurs ! Alors ouais, franchement, on se plaint pas. Profitez-en tant que ça dure : cette saison est la dernière. Fort heureusement, l'attente ne devrait pas être trop longue puisque BBC4 diffusera cette saison dés le mois de novembre (je ne suis pas sûre qu'une diffusion d'une saison scandinave à la télévision britannique ait déjà été aussi rapide, d'ailleurs...).

GranHotel-DowntonHotel

- ESPAGNE :

* Gran Hotel faisait son retour mercredi sur Antena 3... avec un petit coup de mou par rapport à la saison précédente. Seulement 2,82 millions de spectateurs ont suivi le season premiere, alors qu'ils étaient 3,44 millions en décembre dernier, lorsque la première saison s'était achevée. Mais n'allez pas mettre cette baisse de régime sur le compte d'un désamour, du moins pas nécessairement : c'est aussi un peu la faute d'Antena 3 qui, pensant tenir une série très populaire, avait placé la série face à... la version espagnole de The Voice. Ah oui, brillante idée, vraiment.
* Et puis notre feuilleton "la grosse panique de TVE" continue, alors que la chaîne publique est obligée d'envisager des licenciements afin de se maintenir à flots. Ce sont 70 exécutifs de la chaîne qui vont donc devoir quitter la chaîne, laquelle a pour objectif de se séparer de 28% de sa direction afin de pouvoir faire des économies.

LOnoreeIlRispetto

- ITALIE :

* La troisième saison de la série L'Onore et il Rispetto s'est achevée sur Canal 5 ce mardi soir sur un record : 6,6 millions de spectateurs ont regardé le 6e et dernier épisode de la saison ! Mais même si les saisons de L'Onore et il Rispetto (une saga qui se déroule dans les années 50) sont courtes, pas d'inquiétude : la saison 4 est déjà en production.

rté

- IRLANDE :

* ...mais pas que. rté, BBC Northern Ireland et BBC Scotland lancent en effet un appel à projets pour des sociétés de production indépendantes, afin de mettre en développement des séries pouvant intéresser à la fois l'Irlande, l'Irlande du Nord et l'Ecosse. Une somme substencielle sera également allouée au projet retenu à l'issue de cette initiative. Les programmes soumis à cette appel à projets devront "refléter les liens" entre les différentes zones géographiques concernées. C'est le tout nouvel outil d'e-commissioning de rté qui accueillera tous les projets, pour lesquels la date butoir du 9 novembre est fixée.

TennoHakobune

- JAPON :

* Et un nouveau dorama pour WOWOW, un ! Après un passage par le thriller avec Double Face cet automne, la chaîne câblée revient aux drames sociaux avec Ten no Hakobune, une série qui se déroule dans le monde de l'aide humanitaire internationale et dont le tournage est actuellement en cours dans les Philippines. Nanami (incarnée par Miki Mizuno, déjà vue dans Soratobu Tire), une jeune femme qui s'est engagée pour intervenir après un tremblement de terre, va ainsi découvrir un monde où les dessous de table, le détournement d'argent et les manoeuvres politiques empêchent les aides de parvenir correctement aux populations dans le besoin. C'est Taeko Asano (Last Friends) qui est responsable du scénario de cette série dans laquelle l'argent, mais aussi le sexe, deviendront des enjeux... On pourra la découvrir à partir du 9 décembre sur WOWOW.

Hellfjord

- NORVEGE :

* Ah bah alors ça, ça fait plaisir ! Alors que la nouveauté de NRK, Hellfjord, était initialement annoncée plutôt pour novembre, devinez quoi ? Elle débarque finalement dés ce mardi 9 octobre sur la chaîne publique ! Il est possible que l'un des facteurs ayant participé à cette hâte soit la projection de la série à l'occasion du Fantastic Fest fin septembre, à Austin (Texas), où la série a apparemment rencontré un vif enthousiasme et d'excellentes critiques. Hellfjord, vous le savez, se réclame de l'héritage de Twin Peaks et met en scène un policier venu de la ville, d'origine pakistanaise qui plus est, se retrouve brutalement muté dans une petite ville de province un peu bizarre qui cache un secret... Au total, 7 épisodes sont prévus, et j'espère qu'on pourra mettre la main dessus !

Ned2

- PAYS-BAS :

* Ned2 se prépare à diffuser en janvier une nouvelle série, Het Imperium, dans laquelle, pour une fois, au lieu des meurtres et d'autres crimes de sang, on suivra des affaires relatives aux criminels en cols blancs et leurs fraudes. La série s'intéressera à deux hommes, Ger van Woerkom et Theo Frijn, qui ont lancé une affaire dans l'immobilier en 1995, et qui ont depuis engrangé des millions... mais en 2007, ils sont arrêté pour fraude à hauteur de plusieurs millions d'euros... Het Imperium suivra donc leur procès en se basant sur le roman De Vastgoedfraude, de Marc et Roeland Linssen ; d'ailleurs, si Het Imperium rencontre le succès, d'autres de leurs ouvrages pourraient être adaptés à l'avenir. La mini-série en 4 épisodes est prévue pour janvier prochain.

MiAmorElWachiman

- PEROU :

* La chaîne péruvienne ATV a lancé cette semaine une nouvelle série, intitulée Mi amor, el wachimán. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'une telenovela mais d'une mini-série, bien qu'il y soit question d'une romance entre une jeune femme d'un quartier huppé et le gardien qui fait des rondes dans ledit quartier huppé afin de gagner sa vie. Lancée à 21h ce lundi 1er octobre, la série a immédiatement pris la tête de sa tranche horaire. Ce qui fait un peu de peine quand on voit à quoi elle ressemble...

Magdalena

- PHILIPPINES :

* Dans les Philippines, il y a une communauté non-négligeable de musulmans. Alors, au vu des évènements qui ont secoué cette communauté à travers le monde, ces dernières semaines, GMA-7 a décidé de ne pas lancer sa nouvelle série Haram (qui signifie "interdit"), qui devait parler d'une romance entre une jeune musulmane et un soldat catholique. La chaîne se réserve la possibilité de tout de même diffuser la série plus tard, mais préfère éviter la polémique actuellement.
* La chaîne GMA 7 tient pourtant l'une de ses line-up les plus puissantes depuis longtemps. Le 8 octobre prochain, elle lancera Magdalena, une nouvelle série qui rejoint un block appelé "Afternoon Prime", qui capitalise généralement d'excellentes audiences. Magdalena raconte l'histoire d'une jeune femme, Lena, qui doit travailler pour soutenir financièrement sa famille, mais dont la beauté est aussi sa pire ennemie, et sa naïveté se retournera contre elle lorsqu'elle sera contrainte de devenir escort girl. La série rejoint donc ce block de fin d'après-midi, où se trouvent déjà Sana Ay Ikaw Na Nga depuis le mois dernier (l'histoire d'une jeune fille qui reçoit de l'acide au visage et qui, défigurée, perd l'homme qu'elle aimait), et  sera rejointe à la fin du mois par Yesterday's Bride (ou quand une jeune future mariée perd la mémoire dans un accident de voiture et ne reconnait pas son promis). Cette programmation surpuissante devrait une fois de plus permettre à GMA 7 de trouver le succès, aussi pas étonnant qu'elle fasse une promo soutenue de ce trio de choc :

* Et puis, demain également, mais dans une autre tranche horaire, GMA 7 décidément très en forme lancera une version philippine de la série sud-coréenne Coffee Prince 1 Ho Jeom, tout simplement sous le titre de Coffee Prince. De nombreuses séries coréennes sont diffusées chaque année aux Philippines, mais assez peu obtiennent une adaptation ; cela faisait depuis 2008 que GMA 7 planchait sur le sujet !

Hatufim

- RUSSIE :

* Tout le monde regarde les Emmy Awards, et la meilleure preuve, c'est que la société de production russe Weit Media a acheté les droits de Hatufim afin d'en produire une version locale pour une chaîne qui reste pour le moment à annoncer. Plusieurs chaînes de par le monde ont acheté les droits de Hatufim (dont arte en France), mais il n'y avait pour le moment qu'une adaptation aux USA. 
* Et puis sur Perviy Kanal, c'est un autre remake qui se prépare :celui de la série espagnole Los mysterios de Laura. Le tournage a commencé pour cette nouvelle série d'enquêtes, qui devrait apparaitre sur la chaîne publique début 2013.

Portkod

- SUEDE :

* En cette rentrée, SVT proposera Portkod 1321, en photo ci-dessus, une websérie de 10 épisodes qui s'intéresse à deux adolescentes qui sont forcées de cohabiter le temps d'un été alors que leurs parents, tombés follement amoureux, sont partis en voyage de noces. Si au début elles se regardent en chiens de faïence, elles vont finir par vivre côte à côte les tourments de leur été... La série commence le 16 octobre sur SVT Play, et le trailer est plutôt engageant...
* Et puis ce soir, la comédie Solsidan revient sur les écrans suédois. La saison 3 débarque à 21h alors que les saisons 4 et 5 sont déjà dans les tuyaux. Bah oui : TV4 avait commandé 3 saisons d'un coup l'an dernier. Nan mais comme ça c'est fait et on en parle plus, quoi.

MujeresAsesinas

- USA qui a bon goût :

* Au chapitre des remakes de séries étrangères actuellement en développement, on compte donc les australiennes Rake (si vous avez suivi) et The Slap, mais aussi l'argentine Mujeres Asesinas (déjà adaptée dans plusieurs pays d'Amérique latine ainsi qu'en Italie).

DoctorWho
- DIVERS :

* Les coproductions internationales sont de plus en plus fréquentes, mais jusqu'ici, il y a généralement eu des "familles" de pays qui collaborent régulièrement ensemble : des pays d'Amérique du Sud, par exemple, ou d'Europe (ou encore l'Allemagne et l'Australie, sur des séries pour la jeunesse) ; qui plus est, c'était plus souvent le fait d'un accord entre sociétés de production qu'autre chpse. Eh bien apparemment, les choses vont encore un peu évoluer puisque les Gouvernements du Brésil et du Royaume-Uni ont signé un traité de co-production, permettant au fruit de futures collaborations de trouver un écho dans les deux pays. Les productions bénéficiant de ce pacte auront ainsi droit à des réductions d'impôt au Brésil, ou des subventions au Royaume-Uni, pour vu de répondre aux critères de cet accord. Au total, 18 millions de livres sont ainsi allouées sur une année à l'aide financière qui sera offerte aux productions tombant sous cet accord. Je n'ai pas trouvé les détails des conditions à remplir pour pouvoir empocher ce royal butin, mais c'est suffisamment alléchant pour qu'on entende rapidement parler d'une production sautant sur cette belle occasion, et on en saura alors certainement plus !
* Et puis les Australiens, un peu jaloux des épisodes de la série qui se sont déroulés aux USA ces derniers temps, ont décidé de lancer une campagne afin de faire venir la production de Doctor Who dans leur pays. Rappelons que l'Australie est particulièrement férue de la série, et que les spectateurs peuvent suivre la série dans les heures qui suivent sa diffusion au Royaume-Uni (voir le lien au bas de ce post). Pour ceux qui ont envie de jeter un oeil ou même mettre la main à la pâte, la pétition est ici.

Pour finir, ah, génial, parfait, formidable, je vais être obligée de reprendre Moone Boy : la délicieuse Amy Huberman rejoint en effet la deuxième saison de la série de Chris O'Dowd. 'Zavez qu'à voir, je savais même pas que la série avait été renouvelée.


C'est tout pour aujourd'hui mais je compte sur vous, comme pour chaque world tour, afin que vous me disiez ce qui vous a le plus intéressés. Et veuillez m'excuser, ça fait deux/trois semaines que j'ai pas mis le Pilot Watch à jour, mais je m'y attèle très prochainement... vous me pardonnez ?

26 septembre 2012

Love at second sight

Avec la rentrée, certaines séries ont repris. New Girl, par exemple ; j'avais rattrapé la saison vite fait cet été, je me demandais si j'allais suivre la saison 2 de façon régulière, eh bien pour le moment je n'ai trouvé aucune raison de le faire. Up All Night, aussi, puisque j'ai fini la saison 1 et embrayé sur la seconde ; la série est égale à elle-même (en dépit des changements) mais il n'y a pas de quoi en faire son coup de coeur de l'année ou même de la semaine.
Et du côté des pilotes, c'est pire : je redoute le moment où, parce que je n'aime pas laisser un défi inachevé, je vais devoir m'atteler à la review de Vegas. C'est atroce, j'ai à peine tenu une vingtaine de minutes. La dernière chose dont je me souviens avant d'avoir stoppé la lecture de l'épisode, c'est que j'en étais arrivée au point où j'essayais de trouver une formule à succès qui ne soit pas rempompée dans Vegas... un autre genre de challenge, en quelque sorte.

Unite9-ByNight

Alors, après cette soirée pas franchement concluante téléphagiquement, j'ai décidé de lancer le deuxième épisode d'Unité 9, et là, ouf, enfin, j'ai passé 45 vraies bonnes minutes de télévision. Il n'est pas dans mes habitudes d'écrire un post pour chaque épisode que je regarde pour une série donnée, mais il faut quand même que je vous dise : Unité 9, c'est vraiment de la qualité.

La première journée de Marie en prison (l'épisode reprend en effet quelques secondes après la fin du pilote) est de nature à faire pleurer le plus endurci des vikings comme une fillette. Sérieusement, l'atmosphère est incroyable, les silences sont terribles, et le regard de Guylaine Tremblay.. nom d'un chien, j'en tremble encore. A un moment, l'ambiance était tellement saturée de frustration, de colère et d'humiliation que j'avais envie de hurler. C'est très puissant et c'est sans aucune surenchère, c'est incroyable.
Que certaines scènes du pilote de Capadocia (qu'il faut vraiment que je reprenne un jour quand j'aurai le temps) me reviennent encore, et me vrillent les nerfs, bon, normal. Comment rester de marbre quand on voit ce qui se passe pendant l'émeute ? C'est violent, extrême, animal, c'est la démonstration de ce qu'il y a de pire en l'être humain, on ne peut pas rester insensible à ça, c'est même fait pour heurter le spectateur. Mais le deuxième épisode d'Unité 9 ne fait appel à rien d'extrême. Elle est là, la violence, dans le fait que c'est la procédure, tout ce qu'il y a de plus normal, tout ce qu'il y a de plus habituel... Shandy n'est pas révoltée, elle a vu ça on ne sait combien de fois. Mais on se met dans la peau de Marie, ce personnage pourtant si difficile à comprendre (on ne sait pas vraiment ce qu'elle a fait, encore moins pourquoi ; en plus elle parle très peu), et on vit cette arrivée en prison avec elle, et il est absolument impossible de ne pas ressentir la même claque au visage qu'elle.
Et ça fonctionne en fait d'autant mieux que rien n'est fait pour être choquant. Au contraire, la camera s'attarde sur le regard des surveillantes, et on n'y lit aucune haine, ou volonté d'humilier. Peut-être éventuellement du mépris, et encore, en interprétant déjà un peu. Ce que fait Unité 9, c'est attraper quelque chose de puissamment réaliste et de l'utiliser à des fins de dramatisation, et ça fonctionne incroyablement bien.
Sans compter qu'il y a des personnages qui commencent vraiment à devenir intéressants. Outre Marie, avec laquelle on apprend à se mettre au diapason, il y a Elise, vraiment touchante sur la fin de cet épisode ; Jeanne, qui a vraiment une énergie incroyable et qui en plus a une crisse d'alchimie avec Shandy ; Suzanne, qui est vraiment un personnage émouvant... On apprend aussi à connaître un peu mieux les surveillantes, dont Caroline, et ça fonctionne vraiment très bien d'introduire cet équilibre.

Quand je vois une série québécoise comme celle-là (et il y en a eu d'autres avant : Mirador, Malenfant, Apparences... pour ne citer que quelques unes parmi les meilleures), j'essaye de comprendre pourquoi je suis proprement incapable de trouver des séries françaises qui m'inspirent autant, qui me donnent à penser autant.
Je discutais la semaine dernière avec quelqu'un à qui j'expliquais que, oui, j'avais bien aimé les premiers épisodes d'Ainsi Soient-Ils, aussi choquant que ça puisse paraitre quand on me connait ne serait-ce qu'un peu. Mon plus gros problème en matière de fiction française, et cela inclut Ainsi Soient-Ils (j'en parlais au moment du pilote), c'est le phrasé des acteurs, rigide, incroyablement peu naturel. Ce n'est pas le seul problème que j'ai avec les séries françaises, mais c'est le plus difficile à surmonter parce que c'est, par essence, omniprésent pendant la quasi-totalité des dialogues (bien que ce soit plus prononcé, si vous me passez l'expression, chez certains acteurs que d'autres). Mon interlocuteur de dire alors : "ah, mais ça c'est à force d'écouter de l'anglais, moi je regarde tellement de séries françaises, j'ai l'habitude". Eh bien non, pourtant... J'en écoute aussi, des séries québécoises (mon Dieu, ne me dites pas que c'est au point où maintenant je pense "écouter une série"...), il y a du Français dans mes séries, j'en entends régulièrement. Et je me rappelle pourtant avec la plus nette des précisions combien les dialogues d'Apparences sonnaient juste, par exemple ; le mérite en revenait, c'est sûr, en partie, au scénariste Serge Boucher, mais aussi aux acteurs qui étaient capables de rendre les conversations naturelles. Ca, je suis désolée, mais j'ai énormément de mal à le retrouver dans des séries françaises.

Bon, non. Même en mettant de côté le travail que je fais sur moi-même en matière de séries françaises depuis quelques mois, Unité 9 est vraiment le genre de séries que j'aimerais suivre plus souvent, toutes nationalités confondues. Ce n'est même pas une question de drapeau : la série est bonne.
Tout simplement parce que c'est une série dramatique pure ! C'est pas du soap à la Revenge, c'est pas un procedural qui mange à tous les râteliers genre Vegas, c'est pas un gros concept qui camoufle de grosses lacunes comme Revolution. C'est 45mn de série dramatique, et rien que ça. Et j'adore la perspective d'avoir en tout 25 épisodes devant moi avec ce genre de promesses.

Vous l'aurez compris, je ne vais pas tarder avant de m'envoyer l'épisode suivant d'Unité 9 (le troisième ayant été diffusé hier soir).
A chaque rentrée, il y a des pilotes que j'aime bien, mais dont les épisodes suivants se dégonflent comme des baudruches. Je lis parfois que le pilote, c'est le plus difficile ; je ne conteste pas que l'exercice soit compliqué, mais de mon point de vue, la difficulté est plus grande encore pour le deuxième épisode. C'est tellement facile de bluffer le spectateur d'entrée de jeu... mais le tenir, lui faire sentir qu'il a envie de s'engager, qu'il est là pour le long terme ? Ce n'est pas à la portée de toutes les séries.
Il y a des tas de séries que je commence sans problème en début de saison pour lâcher quelque part au milieu de l'année. Je vous parie tout ce que vous voulez qu'à la fin de la saison d'Unité 9, je serai encore là. Une série comme ça, on ne la lâche pas.

22 mai 2012

Le Diable en costume

Depuis un bout de temps maintenant, je vous parle de plusieurs pays scandinaves. Reviennent en général la Suède, le Danemark et la Norvège ; en revanche, la Finlande et l'Islande sont un peu les grands oubliés. Il faut dire qu'en-dehors de la série finlandaise Alamaailma Trilogia, découverte à l'occasion de Scénaristes en Séries (qui hélas ne possède pas de sous-titres anglais dans sa version DVD, et qui n'a pas semblé impressionner arte pourtant en pleine fringale scandinave, ce qui fait que je vais devoir me contenter du souvenir du pilote), il y a assez peu de séries qui me passionnent dans ces deux pays.
A côté de ça, j'avoue avoir encore du mal à trouver mes marques pour trouver des infos de façon aussi abondante que dans le triangle Suède/Danemark/Norvège, ce qui n'aide pas. Mais c'est aussi une question d'intérêt personnel, je ne vais pas vous mentir.

En Islande, en particulier, la trilogie dramédique Næturvaktin-Dagvaktin-Fangavaktin a fait plus que ne pas m'attirer : c'est un vrai souvenir traumatique. Le pilote de Næturvaktin était très pénible, j'ai carrément laissé tombé la trilogie après ça. Pourquoi se forcer après tout ? Ensuite, le récent Heimsendir, sur lequel j'ai un oeil depuis que j'en ai parlé sur SeriesLive, respire tellement l'hystérie que franchement, j'ai préféré purement et simplement passer mon tour. On comprendra que c'était toujours un peu la faute des mêmes, vu que la même équipe créative a commis les 4 séries ; mais comme ce sont les séries islandaises les plus "connues", forcément, ça l'aide pas.
A cause de quelques petites expériences malheureuses comme celles-là, je n'avais pas, comme ça pu être le cas pour Livia (avec Pressa, puis plus récemment Tími Nornarinnar) ressenti une forte attraction envers ce petit pays, en dépit des choses qui peuvent titiller ma curiosité chez la fiction islandaise... Du coup c'était une histoire qui était vouée à trouver une issue favorable un jour ou l'autre, ma curiosité n'attendant qu'une occasion de se déclarer, à la faveur d'une série qui attirerait réellement mon attention.

C'est grâce au site Shopicelandic que les choses se sont finalement décantées. La plupart des DVD de séries vendus par le site sont en effet disponibles avec des sous-titres anglais, et je n'ai plus eu qu'à faire mon marché. La bande-annonce de Réttur m'a convaincue il y a plusieurs mois de cela, j'ai passé commande dés que ma banque m'a enfin fait parvenir ma toute première carte bancaire fin avril, et hop, l'aventure islandaise pouvait enfin commencer aujourd'hui !

Lancée en janvier 2009, Réttur, écrit par Sigurjón Kjartansson (Livia vous a déjà parlé d'une autre de ses séries, Pressa), a la particularité d'être le tout premier legal drama d'Islande, avec la promesse d'un univers sombre qui ne pouvait que me régaler. Et c'est donc au terme de bien des tourments que je vais vous parler de la première saison de Réttur, qui est aussi la toute première série islandaise à m'avoir convaincue.
Eh bah voilà, à force de patience, on a fini par s'entendre, chère Islande !

Réttur

Il est évident d'entrée de jeu que le héros de Réttur, c'est Logi Traustason (mais entre nous on pourrait aussi bien l'appeler Gregory House ou Tom Jackman, parce que c'est un peu la même famille de psychopathes, tout ça). Le pilote commence d'ailleurs sur les chapeaux de roue, nous le présentant immédiatement comme une personnalité centrale de la série ; cela s'atténuera ensuite pour éviter de virer au one man show. Il faut dire que la tentation est forte, tant le personnage de Logi est riche, et vous allez le voir, je ne taris pas d'éloges à son propos.

Homme à l'intelligence aiguisée, il n'a aucun problème avec la perspective de se mettre à dos tout le monde et n'importe qui, en vérité le plus fou, c'est qu'il donne l'impression d'être parfaitement ravi d'être considéré comme le Diable en personne. Cela lui donne l'opportunité de pouvoir fermer le clapet de quiconque lui barre ne serait-ce qu'un peu le passage, sans ressentir la moindre culpabilité, et il en joue, l'animal.
Il faut dire que Logi se traine une réputation sordide : condamné pour meurtre il y a 25 années, il a purgé sa peine avant de devenir... avocat. Dans le genre, pour donner mauvaise réputation à une profession qui n'avait pas besoin de ça, on a rarement vu pire. Avec une verve cinglante que n'aurait pas renié le héros Dr House, Logi s'impose donc, où qu'il aille, puisque de toute façon on n'aurait pas manqué de lui adresser des regards en biais voire même des attaques à peine voilées. Il a décidé de tirer partie de sa morbide notoriété, et n'est pas ébranlé, d'ailleurs, quand elle se retourne contre lui. C'est assez finement joué, cette façon que la série a d'établir à la fois de façon progressive (le noeud du problème, à savoir la condamnation pour meurtre, n'est pas évoqué avant un bon tiers du pilote) tout en rendant évidente l'arrogance sans méchanceté de son héros. C'est simplement un ambitieux, en fait... mais les ambitieux avec une mauvaise réputation ne sont jamais vraiment aimés. Ajoutez à cela que notre ami est un alcoolique repenti mais pas trop, et vous obtenez là un personnage divin. Ou diabolique, c'est selon.
Notre homme a en plus la particularité d'être bon dans ce qu'il fait, et c'est donc encore plus dérangeant. Il gagne tous ses procès, les accusés se l'arrachent (il est tout-à-fait conscient que les coupables ont tendance à le croire de leur côté), et en deux ans, il s'est taillé la part du lion dans l'univers de la Justice. Sauf que... il n'est pas partenaire dans son cabinet actuel. Et ça, ça l'emmerde puissamment, le Logi, surtout que quand il le fait remarquer à sa hiérarchie, on l'envoie bouler au prétexte que lorsqu'il était à son compte il y a encore deux ans de ça, Logi a mis son propre cabinet en banqueroute (ah oui, ya ça aussi). Mais pas gêné pour deux sous, notre avocat terrible décide d'aller frapper chez la concurrence pour proposer ses services (surtout qu'il est convaincu d'être sur le point de décrocher la plus grosse affaire de meurtre du moment), et sans même attendre la réponse, prend ses quartiers dans les bureaux. Il est comme ça, Logi. Et donc il est forcément épatant.

Et c'est comme ça qu'on se retrouve dans le cabinet Lög & Réttur ("loi et droit"), qui comporte deux partenaires : Brynhildur, une avocate à l'apparence froide, et Hörður (là j'avoue avoir été bien contente du copier/coller), un petit bonhomme pas forcément très confiant. Vous vous doutez bien que Logi s'imagine n'en faire qu'une bouchée, lui si assuré, et d'ailleurs il passe très vite avec eux un savoureux contrat qui ne manque pas d'exsuder l'arrogance qui est si caractéristique de notre héros.
A partir de cette succulente installation, inutile de préciser qu'à ce stade vous êtes prêts à suivre les aventures du cabinet jusqu'au bout de l'Enfer (après tout c'est probablement l'adresse de Logi).

Juste après Allan Kriegman de The War Next Door, voilà un personnage dont on se ferait volontiers tatouer le nom à même la peau. Pardon d'insister, mais de toute façon, avec pareilles caractéristiques, Logi Traustason ne pouvait qu'attirer les femmes... et mes amis, je ne suis qu'une faible femme.
Ou bien qu'une faible téléphage, car les richesses de ce personnage sont tout simplement inépuisables, et quand je vois un épisode aborder le problème de la relation de Logi à la famille de l'homme qui l'a tué, je ne peux qu'applaudir la façon dont le drame est si bien réintroduit dans un personnage qu'on aurait failli, dans un moment d'égarement, prendre pour un inconséquent.

Alors forcément, comparativement au génie du personnage central, il faut assurer en face avec les autres personnages. Fort heureusement, l'équilibre très vite trouvé du côté de Brynhildur, qui s'avère rapidement être un personnage capable aussi bien de soutenir les coups d'éclat de Logi, que de lui lâcher la bride quand c'est pas la peine de nous le brusquer. Du côté de ce pauvre Hörður (prononcer "heurdur"), c'est plus aléatoire, le personnage ayant quelques bons moments, mais le character development restant désespérément plat.

Et puis surtout, à côté de ça, forcément les intrigues paraissent moins complexes. Mais elles sont simples, pas simplistes, et ça fait toute la différence.
Dans Réttur, l'essentiel n'est pas tant de trouver des enquêtes très difficiles à résoudre, que de suivre lentement le procédé qui permet de mettre en évidence toutes les parties en présence dans le cas rencontré, puis de comprendre comment chaque protagoniste fonctionne. L'intrigue principale du pilote, en particulier, est vite résolue par le spectateur (voire un peu trop), probablement parce que l'exposition prend déjà pas mal de temps dans l'épisode. Ca s'intensifie dans les épisodes suivants, mais sans jamais verser dans une vision policière des procès en cours ; lesquels, d'ailleurs, n'occupent en définitive qu'une petite partie de l'épisode, sur la fin. En fait, les séquences de conciliation tiennent exactement la même place dans les épisodes que les procès eux-mêmes, ce qui est assez parlant.
On n'est donc pas du tout dans la même vision que des séries américaines équivalentes, même si la structure est tout de même assez proche, et le spectateur est plutôt supposé venir trouver du drama que du legal à proprement parler.

Réttur a aussi la particularité d'introduire dés le pilote une intrigue criminelle en fil rouge dont on ne suspecte pas tout de suite l'importance. C'est d'ailleurs très puissant ce qui se passe de ce côté-là, car d'affaire lointaine, et médiatique, on va progressivement basculer dans quelque chose de beaucoup plus sombre.

La récurrence, d'ailleurs, des médias, est traitée avec beaucoup d'intelligence. Ce n'est pas un thème majeur de la série mais il souligne quand il le faut les intrigues, en mettant les avocats et/ou la partie civile face aux cameras, en utilisant des couvertures de magazines, en relatant un fait divers à la façon d'un reportage, ou en filmant une interview. Du coup, de temps à autres, c'est l'opinion publique qui est ramenée implicitement dans les débats, d'une part pour nous rappeler que la vision que le citoyen lambda a de l'affaire est limitée, mais aussi pour nous impliquer, puisque tous les procès auxquels nous assistons sont tranchés par des juges et non des jurés.
Cela permet, l'espace d'un instant, de changer l'angle sous lequel nous considérons les affaires ainsi exposées, et c'est finement joué.

Cela ne veut pas dire que Réttur est une série totalement sombre, dramatique ou déprimante. Certains épisodes sont plus légers et permettent d'aérer cette saison, ce qui est franchement bienvenu, sans pour autant que la série s'offre des épisodes humoristiques (même si un procureur rencontré par Brynhildur au cours d'une affaire est franchement barré, mais bien, quoi, limite du niveau d'un personnage de Kelley !). Mais en tous cas, des pauses sont ménagées dans certains épisodes afin de nous laisser souffler avec des choses moins étouffantes. Il faut dire aussi que l'ambiance du cabinet L&R évolue en cours de saison, et les échanges entre les différents avocats trahissent aussi une évolution plus subtile, qui se traduit par des discussions plus enlevées.
Je soupçonne même que cela fasse partie de la stratégie de la série que de nous faire croire que l'ambiance s'éclaircit à un moment donné, pour mieux nous impacter à certains moments ; c'est notamment le cas avec les évolutions de ce satané Logi qui semble parfois se ramollir, et qui en fait n'a pas du tout surmonté ses démons, mais a simplement décidé de pactiser avec eux pour ne pas les laisser le déstabiliser. C'est d'ailleurs fascinant de voir un tel personnage être à la fois aussi terrifiant, et être en même temps sincèrement sympathique, non parce qu'on le prend en pitié ou qu'il a des failles qui le rendent attendrissant, mais parce qu'il n'est pas foncièrement mauvais, juste monstrueux. Ca n'a pas l'air clair dit comme ça, mais ça a du sens devant Réttur, promis. Et je me rends bien compte que je parle beaucoup de Logi, mais c'est vraiment un personnage saisissant...

Les bureaux de Lög & Réttur De temps à autres, de beaux tableaux pour nous surprendre Lentement, les avocats s'apprivoisent Tout le monde aime Logi Un oeil sur la lucarne

Du côté de la réalisation, pour changer un peu de sujet, il faut dire que si Réttur est une lointaine cousine de la franchise Law & Order (notamment dans sa façon d'annoncer visuellement et musicalement les séquences juridiques clé de l'épisode), elle se trouve très vite une identité propre. D'un point de vue esthétique, c'est relativement classique : les plans sont propres (un peu froids, mais à dessein), et la camera, si elle aime bien adopter un angle original pour une prise de vue ou une autre (ce qui aboutit parfois à de beaux tableaux, j'en conviens), ne s'aventure pas trop à exécuter des prouesses. Ce n'est tout simplement pas son objectif. On se retrouve avec une série qui n'a pas une apparence scolaire du tout, mais qui tient quand même énormément à sa simplicité sobre, et s'y attache autant que faire se peut.

Côté musical c'est un peu la même chose. Le "thème" de la série, très simple, se révèle vite très prenant. En quelques notes, il installe très bien l'ambiance froide, un peu étouffante, nécessaire, et sa récurrence au cours des épisodes, pour ponctuer une scène ou simplement servir de marqueur pour attirer notre attention sur le fait que la procédure suit son cours, se fait en douceur, sans virer à l'obsession. Mais c'est pour ainsi dire le seul moment où on remarque seulement qu'il y avait de la musique dans l'épisode, tant le reste est transparent.

Ce cocktail confère à Réttur une atmsophère feutrée, sobre, mais qui au besoin peut faire son petit effet, sans jamais paraitre pingre. C'est, il faut le dire, très réussi. Comme quoi, le mieux est vraiment l'ennemi du bien...

Comme il est désormais la coutume quand j'achète des séries en import (ailleurs que sur un quelconque Amazon de la planète), je voulais vous toucher deux mots sur Shopicelandic, vu que, s'il est souvent nécessaire de cagouler pour découvrir une série (et je n'hésite pas à vous expliquer comment opérer), on peut aussi acheter, et en l'occurrence c'est dommage de se priver d'un accès légal quand pour une fois il existe. C'est pas comme s'il y avait une chance que Réttur soit un jour achetée par une chaîne française, si ?
Alors voilà le deal : Shopicelandic, je suis plutôt satisfaite. Certes, l'emballage est un peu minimaliste comparé aux cartons épais d'Amazon (ici, une simple enveloppe à petites bulles), mais il n'y a aucune raison de se plaindre. Commandé le 11 mai dernier, mon colis a pris l'avion en prioritaire le lendemain, pour arriver en ce début de semaine (j'ai pas ouvert ma boîte, c'était peut-être hier, peu importe) sans une égratignure. Tout ça pour la modique somme de 33,34€ (le DVD en coûtait 27,73). D'après mes standards, voilà qui reste raisonnable, même si je reconnais qu'en terme de quantité d'épisodes/prix, ça reste un peu juste, puisque rappelez-vous, chaque saison comporte 6 épisodes. Après c'est vous qui voyez, évidemment... Moi, comme d'habitude, je vous contente de vous expliquer ce qui est possible ou pas.

J'ai peine à croire que tout ce que je vous raconte ici se déroule en seulement 6 épisodes ! Et pourtant, c'est bien vrai : tout ça, et bien plus encore, est à découvrir dans Réttur.

En tous cas de mon côté, c'est dit : le temps de laisser cicatriser mon compte bancaire, et je m'attaque à la seconde saison. Surtout après un cliffhanger comme celui-là...

11 mars 2012

Grand écart

BlackMarch

Le weekend dernier, on a pu causer un peu de l'un des parents pauvres de la télévision internationale, au moins du point de vue de son accessibilité en France : la Russie. Dans le même esprit, j'avais envie de vous parler aujourd'hui d'un des pays qui attise ma curiosité en dépit du fait d'être assez difficile d'accès à l'heure actuelle. Ce pays, c'est la Turquie.
Allez hop, un peu de pédagogie au préable.

Comparée à d'autres pays, la télévision turque est relativement jeune, et ce qui lui arrive aujourd'hui est donc d'autant plus impressionnant. Songez que la première chaîne du pays est née en 1968 (c'était TRT, une chaîne publique), et que la première chaîne privée date de 1989 ! Et malgré cette genèse tardive, la fiction turque est en plein boom depuis une dizaine d'années environ, et ça ne va certainement pas en se calmant vu le succès de ces fictions à l'étranger.
La première série turque à avoir été vendue hors de son pays natal s'appelait Deli Yürek, une série mêlant de l'action, du drame et même un peu de politique, et se déroulant dans un contexte mafieux ; elle a duré 4 saisons de 1998 à 2001 et a même donné naissance à un film "spin-off". C'est grâce à son succès que la fiction turque a attiré l'attention de toujours plus de pays étrangers.

Depuis 2001, environ 80 séries turques se sont vendues dans plus de 40 pays du monde, certaines collectant, certes, plus de miles que d'autres. En 2011, ce business a rapporté 60 millions de dollars, à raison d'un prix allant jusqu'à 15 000 dollars par épisode. C'est dire si ça va BIEN.

On savait depuis quelques années que les soaps turcs fonctionnaient très bien, notamment dans les pays de langue arabe, avec la success story de Gümüş (alias Noor dans sa version arabe). Ce soap a fait un tabac de la Croatie à l'Arabie saoudite, alors que pourtant, la série y montre des choses pas franchement acceptées dans les pays de culture musulmane, comme boire du vin ou avoir des relations sexuelles avant le mariage ; l'un des personnages a même eu recours à un avortement. Malgré cela, 85 millions de personnes dans le monde ont vu ce soap !

Aujourd'hui, les séries hebdomadaires sont également très en forme. Outre le fait que ce sont ces séries qui aujourd'hui capitalisent les meilleures audiences sur leur chaîne d'origine, ce sont aussi celles qui se vendent le mieux (il y a un rapport de cause à conséquence, vous l'aurez compris).
Ce qui est une bonne nouvelle, c'est qu'elles peuvent rivaliser avec les productions occidentales en termes de qualité de production ou de budget (au niveau format c'est plus compliqué, les séries turques ont souvent des épisodes de 90mn qui font régulièrement l'objet de redécoupages en 2x45mn une fois à l'étranger ; notons qu'en France ça ne poserait pas forcément problème, cela dit). Alors forcément ça attire l'oeil ! Evidemment, qui dit plus de ventes à l'étranger implique aussi un cercle vertueux sur le territoire national, puisque ça fait sans cesse plus d'argent qu'on peut investir dans la production suivante.
Et plus il y a de pays différents culturellement pour acheter des séries turques, plus celles-ci tentent de rendre leur contenu plus accessible à des publics étrangers divers ; à l'heure actuelle, les séries turques sont définitivement ancrées dans la culture de leur pays, elles sont également regardables dans des pays de culture musulmane, mais elles sont aussi faciles d'accès pour plein de pays comme la Grèce et les Balkans (on estime par exemple qu'un spectateur sur deux en Bulgarie regarde une série turque), et ça c'est un immense point fort pour nous, spectateurs occidentaux, lorsqu'on les aborde ! Ca veut dire qu'on ne va pas se retrouver devant un trop grand fossé culturel, parce que les productions turques prennent cela en compte.

On a déjà pu parler d'Ezel, par exemple ; à l'époque de Séries du Monde, j'ai ainsi eu l'occasion de vous dire qu'elle s'était vendue un peu partout dans les pays voisins de la Turquie (je me souviens notamment d'une news portant sur un petit soucis en Grèce), et que sa diffusion hors des frontières turques avait eu l'opportunité de s'intensifier encore lors du dernier Ramadan. Depuis, la série a même été diffusée sur K+, une chaîne du groupe Canal+ au Vietnam, et des remakes ont été mis en branle dans plusieurs pays dont, apparemment, la Belgique. Des négociations seraient en cours pour une diffusion aux Etats-Unis, et même dans des pays d'Afrique noire, ce qui est assez inédit.
Mais surtout, il me faut évidemment re-mentionner Muhtesem Yüzyil. La série historique qui est un véritable carton aussi bien dans son pays d'origine qu'à l'étranger (45 pays acquéreurs à elle seule à ce jour) ; j'avais d'ailleurs pu vous dire à quel point ce succès n'était pas injustifié l'an dernier, lorsque j'ai évoqué le pilote. Muhtesem Yüzyil est actuellement le fer de lance de la fiction turque : dans son pays, l'Ottomania est vrai un phénomène (même si la série a apporté sa dose de controverses), et à l'international elle fait systématiquement un carton. Et quand les pays ne l'achètent pas, ce sont les internautes qui en font un phénomène : ainsi en Bulgarie, je lisais le mois dernier que des fansubbers proposant des sous-titres le lendemain de sa diffusion en Turquie ont réussi à créer un buzz immense autour de la série, et maintenant les chaînes bulgares s'entretuent pour en acquérir les droits. Une jolie histoire à la Äkta Människor (moins les chaînes qui s'entretuent, quoi). Un succès que Bir Zamanlar Osmanli: Kiyam, qui débute lundi, va tenter de reproduire, d'ailleurs.
On parle de séries venues d'un pays où, jusqu'à il y a 15 ans environ, c'était majoritairement la telenovela sud-américaine qui dominait les grilles en matière de fiction, quand même... Joli parcours que celui de la télévision turque, je le disais.

Cycliquement j'essaye moi-même de me pencher sur quelques séries turques. C'est à la fois facile, puisqu'avec les bons outils, on découvre très facilement des endroits où s'en mettre plein le disque dur, et compliqué car les sous-titres ne sont pas légion. Fort heureusement, si on reste sur Muhtesem Yüzyil comme exemple, le streaming peut ponctuellement se révéler intéressant, à condition d'aimer le streaming (comme vous le savez, ce n'est pas mon cas) et d'accepter d'avoir très peu de choix.

L'une des séries sur lesquelles je gardais un oeil, en ce début d'année, était Uçurum, diffusée par la chaîne privée ATV. Si Uçurum avait attiré mon attention (elle figurait dans le Pilot Watch), c'était sur deux critères : d'une part, un pitch attirant (et accessible à une pauvre Occidentale telle que moi, comme SON, lancée le mois précédent), et d'autre part, une foison de photos de promo alléchantes, comme celle-ci.
Il faut d'ailleurs préciser que de ce côté-là, les Turcs sont très très bons. Ils soignent leurs photos de promo (chose que ne font pas, par exemple, les Russes, on l'a dit la semaine dernière, mais même les Japonais, qui pourtant devraient être rôdés vu le nombre de séries qu'ils produisent chaque année...), et maîtrisent parfaitement la grammaire de la promotion qu'on peut connaître chez les séries de network américaines par exemple, avec ce qu'il faut de trailers notamment.

Ucurum

Uçurum, qui d'après une sélection de traducteurs automatiques et dictionnaires peut signifier aussi bien "précipice", "abysse", que "écart", est une série au contexte très urbain qui repose sur le principe suivant : dans une grande ville, la vie peut basculer à tout moment. C'est le cas d'Eva, une Moldave qui vient à Istambul dans l'espoir de pouvoir travailler dans la mégalopole turque. Elle est suivie par sa petite soeur, Felicia. Toutes les deux tombent alors dans un réseau de prostitution mené par un certain Yaman ; Eva échappe à ce triste sort de justesse, et trouve refuge dans un taxi. Hélas, sa soeur Felicia ne s'en sort pas aussi bien... C'est ainsi qu'Eva rencontre Adem, un homme qui vient d'accomplir son service militaire et qui commence à travailler comme chauffeur de taxi, travaillant uniquement de nuit. En venant en aide à Eva, vite traquée par le gang de Yaman, la vie d'Adem va ainsi elle aussi basculer.

L'épisode commence dans la confusion la plus totale : une jeune femme à la main ensanglantée reprend péniblement son calme auprès d'un homme agonisant dont on comprend qu'elle vient de le poignarder, et s'enfuit aussi vite que possible, réussissant à trouver refuge dans un taxi dont le conducteur va devoir prendre une décision très vite.

Comment en est-on arrivé là ? Allez hop, flashback, cette fois au ralenti (ce qui offre un incroyable et efficace contraste avec le chaos de la scène d'introduction), alors que, trois mois plus tôt, ces trois protagonistes mènent leur vie sans se soucier de rien, comme en marche vers leur destin. C'est une idée qui n'a l'air de rien mais qui fonctionne très bien. Ainsi, la jeune femme s'apprête à fêter l'obtention de son diplôme de médecin, le chauffeur de taxi (pas encore pourvu de barbe) est un militaire en passe d'être décoré, et l'homme poignardé, encore en relatif état d'intégrité physique, est en réalité un mafieux dans ce qui ressemble déjà à un mauvais jour. On va donc lentement revenir sur la façon dont les évènements se sont mis en place, et c'est l'occasion de pénétrer le réseau de prostitution, que Yaman dirige avec l'aide d'une femme, et sous les ordres d'une sorte de parrain.
L'effet de compte à rebours avant ce moment crucial qui a ouvert l'épisode va être rappelé plusieurs fois au cours de l'épisode par le biais non pas d'un bête compteur, de cliffhangers ou d'autres outils auxquels on pourrait s'attendre pour nous rappeler qu'il y a un gros truc qui nous attend, mais avec l'aide d'un split screen montrant à intervalles réguliers la progression des personnages dans leurs univers respectifs, et pour le moment distincts.

Si Eva est une bien jolie créature et qu'on s'intéresse forcément un peu à son histoire (surtout quand, comme moi, on a déjà regardé Matrioshka ou Blue Natali), celle-ci n'a pas grand'chose d'original. Quant au salopard de Yaman, on n'a pas tellement envie de le plaindre dans ses tracas (car il en a).
C'est Adem qui s'avère être un personnage particulièrement touchant. Pendant son service militaire, son meilleur ami s'est pris une balle (ouais, le service militaire turc, c'est pas la JAPD, hein, on est pas là pour déconner) ; Adem s'est d'abord porté à son secours mais lorsqu'ils ont failli être repérés par l'ennemi, son ami a fait une crise de panique, et en voulant le faire taire, Adem l'a étouffé... Depuis, il est littéralement suivi par son fantôme, qui apparait même à l'arrière de son taxi. C'est de toute évidence une torture pour notre héros que de vivre avec son lourd secret, et il sera à deux doigts de se suicider pendant l'épisode. Cela nous offrira d'ailleurs une scène assez émouvante.

Certaines séquences de ce pilote, par ailleurs relativement conventionnel pendant sa première heure (souvenez-vous : épisodes de 90mn), sont extrêmement impressionnantes de par leur forme très aboutie. Ainsi, pour montrer que le temps a passé après une scène se déroulant dans le dortoir des prostituées prises au piège par le réseau de Yaman, on a une séquence particulièrement élégante. De même, quand Adem conduit des personnes très différentes dans la nuit d'Istambul, difficile de ne pas être touché par la succession de portaits et de situations qui se succèdent à l'arrière de son véhicule.

Mais surtout le pilote d'Uçurum accomplit quelque chose qu'il n'est pas exagéré d'appeler une PUTAIN DE PROUESSE en nous surprenant totalement à la fin de l'épisode ; par contre si vous voulez finir ce paragraphe vous allez être spoilé : on reprend la fameuse scène qui l'avait ouverte, mais en version longue, et on a cette fois des séquences supplémentaires qui ajoutent encore à la gravité de la situation. Au lieu d'avoir simplement Eva qui poignarde Yaman et se rue dans le taxi d'Adem en sortant de l'hôtel où elle était retenue, on a droit à une pénible séquence pendant laquelle Yaman tente de violer Eva, où celle-ci le poignarde dans l'oeil (chose qu'on ne savait pas), où elle cherche de l'aide dans les couloirs, tombe sur une chambre où sa soeur est sur le point d'être violée, est contrainte de l'abandonner là quand l'un des violeurs pointe une arme sur elle, sort dans la rue, et fait irruption dans le taxi d'Adem alors que celui-ci caresse de nouveau l'idée du suicide ; en parallèle, Yaman s'effondre dans le couloir de l'hôtel, le visage en sang et sous les cris d'horreur de la femme qui gère le réseau de prostitution avec lui. Et du coup, alors qu'on pensait ne revenir à cette scène que pour l'adrénaline, on se retrouve avec une dramatisation incroyablement plus forte qu'attendu. On croyait connaître la scène depuis le début de l'épisode, et pour tout vous dire y revenir semblait un peu cliché ; en fin de compte, on se retrouve avec quelque chose qui lance réellement le côté dramatique de la série. C'est un vrai bon moment de télévision qu'on n'avait pas vu venir du tout. Et d'ailleurs l'épisode va s'arrêter là, au lieu d'employer cette décharge d'adrénaline pour nous montrer comment l'équipe de Yaman va se lancer à la poursuite d'Eva, par exemple (ce à quoi on aurait pu s'attendre).

Alors, dans ce paragraphe, il n'y aura plus de spoilers. Mais il y aura de l'amertume : celle de ne pas pouvoir regarder autant de séries turques que je le voudrais, parce que je les regarde toujours en VOSTM. Je serais prête à poursuivre Uçurum, dans le cas contraire. Et c'est une preuve supplémentaire, après Muhtesem Yüzyil que je n'avais pas détestée (et pourtant, moi, les séries en costume...), que la fiction turque a de bonnes choses à nous apporter. Pour le moment, pas facile-facile d'y accéder mais, bon, on sait pas, si des fansubbers bulgares y arrivent, je vois pas pourquoi il seraient les seuls... Un jour peut-être, qui sait ?

2 mars 2012

Black March : ah oui tiens, et, au fait, pourquoi ?

BlackMarch

Nan parce qu'on déconne, on déconne, mais le Black March c'est pas juste un défi, comme ça, pour voir si on a de la volonté, pour se tester et ne pas télécharger alors que c'est possible (ô combien). J'ai déjà tenté le défi du "nan mais je vais pas télécharger pendant une période définie", au fait. Je sais que je le peux (au moins une semaine). Je n'ai rien à prouver.

Sauf qu'il ne s'agit pas simplement de ne pas télécharger : il s'agit de ne rien acquérir, ni légalement ni illégalement. De refuser de consommer des produits culturels pour montrer qu'à un moment, ça commence à bien faire d'être pris pour des... nan mais vous savez quoi, on va rester polis, en fait.
Outre l'évidente diète que cela implique, surtout pour quelqu'un qui tutoie tous les vigiles de la FNUC du coin et qui passe plusieurs heures par jour à écrire et réfléchir sur ce qu'elle passe plusieurs heures par jour à regarder, c'est donc avant tout un acte de revendication. Ou de désespoir.
Ou des deux.

Concrètement, on pourrait réduire la problématique à la suivante : le téléchargement VS l'achat légal.
Ce n'est pas tout-à-fait ce que couvre le Black March, il faut le noter : il s'agit plutôt de manifester le mécontentement de consommateurs qui se sentent pris pour des vaches à lait sans option légale satisfaisante pour accéder à des contenus, et qui voient le système répressif s'accentuer sans contrepartie aucune. La nuance a son importance.
Mais la pomme de discorde peut en gros se résumer à ce problème de l'illégalité contre la légalité.

Evidemment le sujet du téléchargement est vaste. Et, même si j'ai pu l'aborder plusieurs fois par le passé dans ces colonnes, je voulais le faire de façon aussi complète que possible, car les débats récents soulevés par le Black March (de façon plus ou moins explicite), avec différents interlocuteurs et sur divers supports, m'ont fait réfléchir à ma position sur pas mal d'aspects du téléchargement, parfois pour la réviser... et souvent non, il faut bien le dire.
Alors pour évoquer cette question sous un maximum d'aspects, je me suis assuré l'aide d'un producteur de télévision qui interviendra au cours de ce post, j'ai nommé : feu Stephen J. Cannell. A charge pour lui de se faire (selon les points de vue) l'avocat du diable ou au contraire la voix de la raison.
J'espère que je n'aurai pas à payer de droits sur l'utilisation de sa photo, mais en même temps, vu que les lois contre le téléchargement se foutent comme de leur première lettre de mise en demeure des copyrights dans le domaine photographique, je ne me fais pas trop de soucis.

Mais d'abord, commençons par le début : pourquoi je télécharge ? Parce que, oui, j'achète, c'est sûr. Mais je télécharge aussi. Alors pourquoi ?

Je télécharge parce que je ne peux pas me permettre financièrement d'acheter TOUT ce que je regarde.

Cannell_1

Merci Stephen, c'est très vrai. Je me rappelle d'ailleurs qu'à l'époque où je n'avais pas d'argent pour manger, je m'en passais aussi. Comme quoi il n'y a pas de vrai besoin fondamental dans la vie, ce n'est qu'une construction de l'esprit.
Dieu merci aujourd'hui, je n'ai plus à faire ce sacrifice et je peux me payer un deux pièces pas dégueulasse en proche région parisienne (ça n'a l'air de rien mais ça coûte quand même un méchant bras), de quoi remplir un frigo rhétorique (parce qu'en réalité j'ai pas encore de quoi me payer un frigo, mais en tous cas je mange à ma faim), et 2 ou 3 DVD ou livres à la fin du mois quand ya pas eu de tuile. Je n'ai hélas pas souvent le budget pour plus. J'ai déjà de la chance, dans mon entourage tout le monde ne peut pas consacrer autant.
En fait je ne devrais pas appeler ça un "budget culture", mais plutôt "somme rescapée à la fin du mois", parce que si je veux être totalement honnête, entre une visite chez le médecin (plus les médicaments) par-ci, ou une facture un peu plus corsée que d'habitude par-là, mon "budget culture" se calcule en regardant le nombre d'euros qui me séparent du découvert à la fin du mois, quand le reste est payé. "Mon budget culture" a, soyons honnêtes, remplacé le concept d'épargne. En gros, je ne suis pas SI privilégiée. Mais voilà, j'aime bien acheter quand même, alors déjà, j'ai fait un choix. Je ne cherche pas les médailles en disant cela, mais c'est aussi ça la réalité du consommateur, Stephen, et c'est ptet pas complètement idiot de le rappeler. Oui, une Porsche à 10 000 euros, on peut considérer que ce n'est pas cher pour ce que ça vaut, mais c'est encore trop cher pour la plupart des budgets, si tu veux, et faire mine de l'ignorer, et exiger que les gens déboursent de l'argent qu'ils n'ont pas, ce n'est pas une façon de réfléchir qui fait avancer le Schmilblik.

Et pourtant je télécharge. Je télécharge parce que soyons honnêtes, je suis une passionnée et j'ai de GROS besoins, comme ces gens au métabolisme capricieux (j'ai une cousine comme ça) qui ont besoin de faire 5 repas copieux par jour, juste pour ne pas tomber d'inanition.

La vérité c'est que je pourrais consommer moins, évidemment.
Après tout, la passion pour les séries télévisées, ce n'est pas la même chose que la faim, la vraie. On peut comprendre qu'on vole à manger, mais voler de la culture ? La culture n'est pas une nécessité pour vivre, si ?
Mais c'est aussi là qu'on touche à quelque chose qui me semble important : la culture ne devrait pas être optionnelle.
Regarder des séries, cela ne forme évidemment pas l'alpha et l'omega de la culture, mais cela en fait partie (et puis c'est difficile de se poser en artiste volé si on n'accepte pas que la télévision soit de la culture, ya une histoire de beurre et d'argent du beurre, littéralement). Mais cela peut s'appliquer à tout ce qui est téléchargé : cinéma, musique, livres... et si on commence à dire qu'on n'a pas à espérer avoir accès à la culture qu'on ne peut pas acheter, on commence à tenir des propos qui me dérangent énormément, Stephen. Parce que sans téléchargement, on laisse quoi comme option aux gens ? Le bombardement par des chaînes comme TFhein d' "oeuvres" qui sont rentables, et donc par définition, s'adressent au plus petit dénominateur commun. Si on n'admet pas que les gens aillent chercher plus loin que ce qu'on leur enfourne dans le bec à coups de rotation lourde sur les stations de radio musicales, et de diffusion charcutée les grandes chaînes de télévision, on détruit même le concept de culture pour tous. On admet que la culture n'est pas accessible à tous. Et c'est une idée qu'on pouvait faire semblant d'accepter sur le principe jusqu'au siècle dernier, et avant internet, mais qui aujourd'hui n'est plus acceptable une seule seconde, parce qu'on sait qu'en téléchargeant illégament, on pourrait avoir accès à la culture. Alors pourquoi accepter de rester dans l'ignorance ? Que se passe-t-il, Stephen, si les séries qui passent à la télévision, je ne les aime pas ? C'est TFhein sinon rien ? Que se passe-t-il, Stephen, si la musique que j'aime, aucune radio ne veut la diffuser ? C'est Lady Gaga ou le silence ? Je me prive de télévision et de musique ? Parce que je n'ai pas l'argent de faire autrement ?
La culture, c'est une façon de s'éduquer au monde. Et l'éducation, on est tous d'accord pour dire qu'on devrait ne pas dépendre de ses ressources financières pour y accéder, non ?
La variété de l'offre culturelle devrait être inscrite dans la Constitution, selon moi. Mais on m'écoute jamais quand il s'agit d'amender la Constitution.

Et puis, pour être tout-à-fait honnête, Stephen, toi et tes congénères (les vivants, en particulier, qui manifestent une plus grande cupidité) n'avez pas vraiment envie que je consomme moins. Vous n'avez pas vraiment envie que je réduise ma consommation, particulièrement dans le milieu de la télévision ou, comme dans celui du tabac, on espère bien que je vais avoir envie de toujours plus de paquets de cigarettes par jour, quitte à taper une clope à droite ou à gauche, et certainement pas que j'apprenne à être une fumeuse occasionnelle.
Soyons francs : la télévision fait ses thunes sur la quantité d'épisodes vus et sur l'appel d'air que cela induit lorsqu'une série s'arrête et qu'une autre commence. Du jour où un fan de séries se dit "ouais, bah tu sais quoi, après Buffy j'ai jamais vraiment pu accrocher à nouveau à une série", il est perdu pour l'industrie ; quand une personne est prête à regarder toujours plus, c'est là qu'elle est intéressante, comme en témoigne la multitude de spin-offs pour des séries procédurales qui ont pendant une bonne et large décennie bien profité ouvertement de ce phénomène jusque là exploité avec plus de discrétion. De la même façon que l'industrie agro-alimentaire rajoute du gras et du sucre pour donner envie aux gens de plus de gras et de sucre, et les gens qui fabriquent des séries espèrent bien que mon appétit ne va pas être satisfait de si tôt, et que je ne vais pas un seul instant envisager de consommer moins.
C'est le jeu, Stephen. Je ne me plains pas. Je sais que je suis encouragée dans une certaine forme d'addiction et que ça fait tourner ton industrie. Je pars du principe qu'à ce stade, c'est un crime sans victime : toi et les tiens faites votre beurre, et moi j'ai mon content de séries, et c'est un de mes péchés mignons comme d'autres ont l'alcool ou le shopping, finalement. Nous sommes, sur le plan de l'encouragement à l'addiction, deux entités adultes et consentantes, bien qu'un peu co-dépendantes.

Le problème c'est évidemment que, toi, Stephen, tu as une super série à me vendre... mais que ton copain JJ aussi, et son colocataire Joss tout pareil, sans parler de leur voisin d'à côté Bryan, ou de la sympathique Theresa qui occupe la maison d'en face. Et je ne peux hélas pas subventionner tout le quartier. Je l'ai dit, quand j'ai un budget culturel à la fin du mois, il ne dépasse pas 3 DVD ou livres, et ça inclut alors tous mes loisirs... or il s'avère que j'en ai plusieurs : séries, films, jeux videos, autobiographies, essais et ouvrages divers, DVD de Jmusic (j'ai la chance de ne pas être attiré par les CD), entre autres.
Du coup je suis obligée de faire un truc qui vous déplait beaucoup, à toi et ton voisinage : je fais des choix. En avril ce sera un coffret de la série de James et Glenn, par exemple, pas la tienne. Tu n'es pas le centre du monde, Stephen, j'ai des préférences et des priorités, et tu n'étais pas tout en haut de ma (longue) liste de séries à acquérir. Je vais probablement télécharger ta série, du coup. Et ça, c'est autant d'argent que, de ton point de vue, tu n'auras pas. Je ne l'avais pas, Stephen, mais ça te fait enrager que tu ne le gagnes pas.

En fait, Stephen, tu ne veux pas que je "m'en passe", de ta série, surtout pas ; ce n'est pas très honnête de me suggérer de me passer de quelque chose que toute ton industrie met tellement d'énergie à me vendre (et je ne me lance même pas dans la question des produits dérivés que ça ne te dérangerait pas que j'achète en plus). Tu veux juste que je la paie légalement, ce que je conçois. Simplement je ne le peux pas, en l'état actuel des choses.

Mais il y a un autre problème, Stephen. C'est que ta série, pour les besoins de la démonstration, vient de commencer aux USA. Et que même si je voulais vraiment débourser une part de mon budget culture, il n'y a tout simplement rien à acheter. Je la télécharge parce que c'est, à ce jour, la seule façon de voir ta série.

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Stephen, c'est absolument vrai. Et largement commenté, là aussi, dans divers post de ce blog : internet nous a donné les outils pour prétendre que nous pouvons tout regarder à tout moment. Et encore, moi je télécharge mes épisodes, il y a des gens qui vivent encore plus dans l'immédiateté et qui regardent en direct et en streaming au beau milieu de la nuit (et c'est pas plus légal).
On vit tous à présent, ou presque tous, dans le mythe que si une envie nous tombe dessus de regarder tel ou tel épisode, c'est possible à peu près dans l'heure. C'est ce qui fait que certains ont décidé de ne pas suivre le Black March, d'ailleurs : il y a telle série qui passe et ils ne veulent pas avoir à s'en priver jusqu'en avril. Un mois leur semble insurmontable. Toute ton industrie tournée vers l'encouragement de l'addiction a donc très bien fait son job, Stephen, et j'en profite pour tous vous saluer.

Y a-t-il un manque à gagner pour toi ? Non. Est-ce légal ? Non plus. D'ailleurs ça peut rester vrai pendant des mois, comme le rappelle l'excellent comic dédié à Game of Thrones de the Oatmeal.
Et encore, Game of Thrones a été choisie pour arriver en France par une chaîne française. C'est effectivement une question de patience, après tout.
Mais qui a acheté les droits de Reed between the Lines en France ? Personne. Ce n'est pas la culte de l'immédiateté qui est le seul à mettre en cause.

Au final, on est tous bien emmerdés.

Peut-être que si je pouvais acheter à un tarif décent (voir aussi : "budget culture") des épisodes rapidement après leur diffusion aux USA, les choses seraient différentes. Je crois par exemple énormément dans la licence globale.
Rappelons, et ce n'est à mes yeux pas du tout anodin, que ce que l'on reproche aux mecs de MegaUpload, c'est d'avoir proposé la licence globale à toute la planète sans mettre les artistes dans la boucle ; en gros, les dirigeants de MegaUpload s'en sont mis plein les fouilles en faisant ce que les majors se refusent à faire depuis des années, alors que la licence globale, ça fait des années qu'on essaye de leur suggérer !
Parce que MegaUpload a compris qu'on ne peut pas faire comme si ce monde d'immédiateté, pourtant, n'existait pas. Et tu ne peux pas exiger de moi, Stephen, que j'ignore la possibilité de regarder ta série le lendemain de sa diffusion, et en VO, pour la modique somme de quelques heures d'électricité. Ce n'est peut-être pas légal, mais c'est POSSIBLE, et tu ne peux pas le rendre impossible. Mais le modèle de MegaUpload (ainsi qu'en attestent les listes, dressées avec un enthousiasme juste un peu pervers par les médias, de voitures et de demeures, comme si les patrons de majors ne vivaient pas dans un luxe similaire) prouve que nous ne cherchons pas à avoir tout de façon gratuite. Les consommateurs sont prêts à payer.
Simplement, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas être prêts à payer les tarifs pratiqués par les majors, à l'unité, avec des catalogues restreints, et des DRM en pagaille comme si on pouvait acheter le droit de louer un épisode pour plus cher que si on achetait le DVD (qu'en plus on a de fortes chances d'acheter quand même ultérieurement). Peut-être que si le modèle de MegaUpload avait été adopté plutôt par Universal, mettons, on n'en serait pas là... et je ne parle pas de la situation de Kim Dotcom et de ses copains, mais bien de la nôtre, à nous tous.

Mais, Stephen, il y a encore pire.

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Si.
Parce que le téléchargement illégal a DU MERITE. Je sais, ça parait invraisemblable.

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Bon alors, là, non, je t'interromps, Stephen, c'est juste pas possible. Je peux pas te laisser dire ça. Le téléchargement n'est pas du vol.
Quand tu as une histoire dans la tête et que je t'écoute raconter cette histoire, et qu'ensuite je me répète cette histoire dans mon coin, je ne la vole pas. C'est le propre de quelque chose d'immatériel : cela t'appartient toujours, mais se transmet. Du moment que je n'en dépose pas le brevet ou que je ne la vends pas à un autre, je n'ai rien volé du tout et ton histoire est toujours ton histoire. Et tu peux la faire breveter, tu peux la raconter à quelqu'un qui te payera pour la raconter, tu peux l'écrire ou l'enregistrer puis faire payer pour le support écrit ou audio ou video, et d'avoir adopté cette histoire dans un coin de ma tête, de me la raconter pour me divertir, ce n'est pas du vol. Tu peux considérer que mon devoir est de ne me rappeler de cette histoire que tu as à raconter qu'en achetant le support sur lequel tu as trouvé le moyen de la commercialiser. Mais tu ne peux pas dire que je te vole cette histoire, c'est inexact.
On vole un DVD, un livre, quelque chose qu'on peut mettre dans une poche ou un sac. Pas une histoire, pas un fichier. C'est une contrefaçon, tout au plus.

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Une fois encore c'est entièrement vrai, Stephen. C'est tout justement là qu'on touche à un sujet compliqué. Le coeur du problème est évidemment là, dans les questions financières.

De l'argent, tu en as reçu, rappelons-le, avant même que la série ne soit diffusée dans ton pays d'origine, en réalité. Et si c'est compliqué, c'est parce que d'un côté, tu as déjà été payé pour ton travail, et que d'un certain point de vue, cela devrait suffire ; mais d'un autre côté, c'est vrai que si ta série remporte un énorme succès par la suite, c'est normal que tu touches de royalties après la diffusion, et sur les ventes de DVD notamment.
Tu as déjà été payé une fois, donc. Alors, pourquoi les royalties ? Pourquoi devrais-tu toucher de l'argent APRES avoir gagné la somme initiale stipulée par ton contrat initial ? On pourrait se le demander. De la même façon que mon boulot me paye à venir faire mon boulot, et rien de plus, on pourrait se dire que chacun a rempli sa part du contrat et que ça s'arrête là. Et que, si j'ai créé, mettons, un système d'organisation dont on se servira même une fois que j'aurai changé de bureau, eh bien c'est absolument le même tarif, et que c'est même dans l'ordre des choses. Je laisse à la postérité la joie de bénéficier de ce que j'ai créé pour une somme initiale non-renégociable.
Pourtant les royalties sont une bonne chose pour un artiste. Si le contrat d'origine stipule que tu gagnes, mettons, $5 000 pour créer ta série, et qu'ensuite, la série se vend incroyablement bien en DVD, Blu-ray et VOD, eh bien tu n'en vois pas la couleur, de tout cet argent. C'est le distributeur qui s'en met plein les fouilles, et ça, ce n'est pas juste. Je comprends donc le concept de royalties. Et comprends bien que, pour qu'il y ait des royalties et que le système fonctionne, il faut que les gens achètent le DVD, le Blu-ray, ou le fichier via la VOD.
Il y a un autre soucis d'ailleurs. Pour que tu sois payé lorsque tu signes ton contrat (les $5 000 de départ), il faut que ton industrie fournisse de l'argent pour ton projet. Et il faut que ton projet soit suffisamment rentable pour que quelqu'un investisse ensuite dans le projet suivant. Il faut bien qu'il y ait des rentrées d'argent. Et pour cela, il faut bien qu'il n'y ait pas que des gens qui téléchargent illégalement. Je le comprends tout-à-fait.
C'est bien pour ça que je dis que c'est compliqué.

Je ne prétends donc pas qu'il faille une gratuité totale. Je dis juste que l'offre n'est pas en adéquation avec la demande, ni avec les moyens financiers de la demande. Comment expliquer que, en une période de crise, il faille supplier les majors (qui pourtant peuvent plus se le permettre que les indépendants) de baisser leurs tarifs ? Pourquoi les prix ne baissent-ils pas, ou si peu, alors que le pouvoir d'achat est un problème dans la plupart des pays du monde ?

Le problème, c'est bien que les choses ne peuvent plus fonctionner comme avant internet et son maudit culte de l'immédiateté et de la variété de l'offre culturelle.

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Bah, mon Stephen, presque.
Parce que pour presque conclure (bientôt, promis) ce n'est pas du vol, quand je télécharge, c'est aussi souvent que possible, un emprunt. En fait, la valeur de test du téléchargement me pousse ensuite, j'ose le dire, à faire de véritables investissements. Je fais la démarche de télécharger non par pingrerie, mais, en grande partie, parce que la découverte me permet ensuite de faire la démarche d'acheter ce dont je n'aurais pas eu envie de faire l'acquisition autrement, n'en connaissant pas le contenu, la qualité, l'intérêt.

Parlons concrètement. Rien qu'en 2011, outre mes achats de DVD "normaux", j'ai dépensé un peu plus de 200 € dans des coffrets de séries qui ne sont pas, et ne seront probablement jamais, commercialisés en France. Nommément : Mesudarim, The Circuit, Capitu, Koselig Med Peis, et Yes, Minister.
Sans le téléchargement, je n'aurais jamais dépensé cet argent dans l'investissement de ces DVD. Tu n'imagines quand même pas, Stephen, que j'aurais acheté le coffret d'une série dont je n'ai jamais vu une image ? Si je n'avais pas téléchargé le pilote de ces séries (et bien souvent, c'est à peine croyable mais pourtant vrai, uniquement lui), je n'aurais pas fait ces achats. Ton équivalent brésilien ou norvégien ont ainsi gagné de l'argent en plus, sans avoir déboursé un sou en promotion dans mon pays. Alors évidemment ça te fait une belle jambe, Stephen. Ce n'est pas TA série que j'ai ainsi acquise. Mais les faits sont là, le téléchargement n'est pas QUE mauvais.
Et d'ailleurs, ta série, si elle me plait, je vais faire mon possible pour l'acheter en DVD en import, et ce avant même de me poser la question de savoir si elle sera un jour disponible en France. Parce que si ça me plait, je veux le coffret DVD (et lui aussi, de la façon aussi immédiate que mes moyens le permettent, et sous condition évidemment que le DVD existe). En tant que passionnée, ça me semble normal, et même, nécessaire. Simplement si ta série est une grosse bouse, eh bien non, je ne vais pas payer, et encore, il y a la question du prix psychologique, j'attendrai peut-être, comme je l'ai fait pour les premiers coffrets de Lost, une promo sur CDiscount. Tout n'est pas noir et blanc.

J'irai même plus loin. On a parlé du culte de l'immédiateté. On se garde bien de rappeler que le téléchargement, la culture, tout ça, ne concerne pas que des oeuvres pour lesquelles il suffirait d'attendre quelques mois pour qu'il y ait une diffusion en France (en version doublée, à des horaires pas possibles, mais je ne vais pas entrer dans ces débats corollaires). Le téléchargement illégal, c'est aussi quand je cherche par tous les moyens comment mettre la main sur le pilote de Run for your life, qui n'a jamais été rediffusé en France depuis l'ORTF. Et encore, c'est une chance, parce qu'il y a tant de séries, même américaines, qui n'ont jamais été diffusées en France, et ne le seront jamais...
La culture c'est aussi permettre aux gens d'accéder à des vieilles séries qui sont impossibles à voir autrement. Je serais prête à payer de l'argent pour ça. Mais Stephen, ton industrie ne veut pas de cet argent-là, et ne me propose pas d'option.

Bien-sûr que ces exemples sont radicaux, et bien-sûr que tout le monde ne regarde pas des séries étrangères ou anciennes (c'est dommage, et je m'emploie à ce que ça change, mais c'est pas la question). Mais Stephen, je n'ai jamais prétendu m'exprimer au nom de qui que ce soit, sinon moi. Je ne revendique rien d'universel. Je pose juste les raisons qui font que le Black March m'apparait comme la seule façon de protester contre un système dont je ne peux pas sortir gagnante si je joue selon les règles du jeu, et où il m'apparait que je suis perdante à bien des égards si je ne télécharge pas.

Toutes les raisons qui font que je télécharge, prouvent qu'il y a quelque chose qui cloche dans le modèle actuel. A l'heure du numérique, il devrait être possible de faire des abonnements à la carte plutôt que de payer au fichier, de proposer à des internautes de payer pour se faire éditer un DVD (sans package) de la série de leur choix, etc...
Tiens, pourquoi n'y a-t-il pas de DVD pour les 3 dernières saisons d'Une Nounou d'Enfer, nulle part ? Parce que ce ne serait pas rentable, probablement, comme pour des dizaines d'autres séries distribuées seulement de façon partielle. Pourtant s'il existait un service de type "Netflix permanent", alors sans débourser d'argent en termes de fabrication (il s'agirait uniquement de graver des DVD, un matériel qui pourrait très bien être mutualisé pour toutes les séries du catalogue), Sony Pictures Home Entertainment pourrait vendre légalement des DVD de la série à un prix raisonnable, et à la carte, au coup par coup, sans craindre de pertes, plutôt que de créer de la demande et pousser les gens à se tourner vers le téléchargement illégal des produits qui ne sont pas commercialisés. Mais non.

Alors, Stephen, on fait quoi, à partir de là ? Tu proposes quoi ? On change quoi ?

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Je vois. La réponse habituelle, donc.
Eh bien écoute, dans ce cas, je  m'en retourne à mon Black March.

PS : lecteur, je m'en remets à toi pour trouver ci-dessous uniquement des commentaires construits et civilisés. Comme partout ailleurs sur ce blog, mais enfin, ça va mieux en le disant.

14 juin 2013

Rosario, Consuela, et toutes les autres

Depuis 10 mois que mon camarade whisperintherain et moi-même épluchons les pilotes de la saison, on a vu défiler... ma fois, d'un peu tout. Ma règle d'or, en la matière, est que, quelle que soit la qualité de la série, je prête une attention soutenue à son pilote, que je lui donne une chance ; d'abord parce que juger un pilote est suffisamment brutal pour ne pas en rajouter, ensuite parce qu'il faut être capable d'écrire une review derrière ! Mais parfois, rien à faire : on a beau mettre toutes les chances de son côté, l'esprit vagabonde, le regard part sur le côté de l'écran, et la concentration est perdue. Je me suis toujours refusée à écrire sur un pilote auquel je n'ai pas su accorder mon attention, mais il faut vraisemblablement une première fois à tout, puisque Devious Maids est l'objet de la review du jour.

DeviousMaids

Intellectuellement, je comprends la démarche derrière Devious Maids : Lifetime, qui a toujours couvé d'un regard jaloux Desperate Housewives (Army Wives...), s'est dépêchée de trouver une nouvelle façon de recycler le concept, chose qui a été simplifiée lorsqu'ABC a lâché le projet Devious Maids développé par Marc Cherry et produit par Eva Longoria. Katching !
Mais le résultat est loin d'être à la hauteur des espoirs de la chaîne câblée.

Dans un fabuleux article que, si vous êtes sur Twitter, vous ne pouvez qu'avoir vu passer, Alisa Valdes, auteur et scénariste, revient de façon brillante sur tout ce qui cloche dans Devious Maids (indice : il y est question de représentations racistes). Enfin, non, pas tout : elle ne mentionne pas qu'on s'ennuie pendant le pilote, mais tout le reste, elle le pointe à la perfection. Je ne saurais que vous en recommander la lecture, nécessaire.
J'avais lu l'article avant de découvrir le pilote ; mais ce que Valdes ne mentionne pas, car elle n'a sans doute pas reçu de DVD en avant-première de la part de la production, c'est que ce racisme est parfaitement assumé par la série. A plusieurs reprises, les personnages riches et/ou blancs utiliseront des expressions ou auront des répliques montrant clairement leur racisme envers leurs employées, sans que celles-ci ne leur adressent autre chose qu'un regard noir, rendues incapables de se défendre par leur statut social. C'est-à-dire que Devious Maids ne fait même pas l'effort de donner la parole à ses héroïnes. Au mieux, l'une d'entre elles se vengera par le biais du bébé de son employeur, rendant ainsi sa vengeance mesquine aux yeux du spectateur.

Dans Devious Maids, l'exposition qui est faite ne tient compte à aucun moment... des héroïnes qui ont donné son nom à la série ! Elles n'ont pas tellement de personnalité, et pourraient en réalité facilement n'être qu'un personnage travaillant dans plusieurs maisonnées différentes, interchangeables ou presque. Comme toutes les employées de maison de séries avant elles, Rosario, Consuela, et toutes les autres, elles sont là pour mettre en vedette, souligner par un regard ou une petite remarque sarcastique ou cinglante, que les emploeurs sont étranges. Des patrons et patronnes qui sont hauts en couleurs (sauf lorsqu'il est question de peau), et font, en réalité, tout le sel des scènes : la série porte finalement sur eux, leur grain de folie, leur absence de sens des réalités. Les anonymes qui balayent leur salon ne sont là qu'en observatrices neutres, ou même négligeables. La série n'a que faire de la révélation atroce qu'elle fait à la fin de son cold open, rien à faire de nous encourager à partager les tourments d'une mère séparée de son fils ; les musiques badines sont là pour nous dire que, derrière l'incompréhension des maîtres, c'est eux qu'il faut observer, c'est là que ça se passe. Et aucun commentaire ne sera vraiment fait pour les condamner, car leurs dysfonctionnements sont la raison pour laquelle il y a des choses à raconter. De quoi faire mentir le titre de la série !
D'ailleurs, on sent bien le glissement de sens entre Devious Maids, le nom de la série de Lifetime, et Ellas Son... La Alegría del Hogar, le nom de la série mexicaine d'origine : la première donne le mauvais rôle aux employées (elles sont déviantes), le second se traduit par "elles sont... la joie en la demeure".

Alisa Valdes a raison sur le fait que des comportements similaires dans la série d'origine (que je n'ai pas vue, donc j'ignore à quel degré ils sont présents) étaient uniquement à attribuer à une question de lutte des classes, puisque TOUT le cast est hispanique ; quand ici, son discours ne prend pas le même sens du fait des différences d'origine entre les employées et la plupart des employeurs. Le seul employeur latino, d'ailleurs, est totalement relégué au second plan dans ce pilote, et c'est son assistante personnelle, une blonde au fort accent de Bavière, qui renforce le phénomène d'opposition blancs/latinos dans Devious Maids.
Accessoirement, et pour votre culture perso, Valdes mentionne que Devious Maids est adaptée d'une telenovela, c'est par contre inexact : Ellas Son... La Alegría del Hogar était une série hebdomadaire de 13 épisodes.

Alors, avec des idées commes celles-là, c'est entre autres grâce à Devious Maids que la telenovela a un si bel avenir sur le sol américain... mais pas dans le sens où Lifetime le souhaiterait.

Rappel des faits : d'après le bureau du recensement américain, c'est 16,7% de la population étasunienne qui se déclare hispanique ou latino ; les chiffres officiels de 2011 comptabilisent 52 millions de résidents. Autant de spectateurs potentiels qu'on imaginerait les chaînes prendre au sérieux, à plus forte raison quand on sait la popularité des networks hispaniques comme Univision et, dans une moindre mesure, Telemundo, MundoFox et Azteca America.
Depuis quelques temps, Univision, en particulier, nous fait une énorme poussée de croissance. Il y a trois ans, pour la première fois, le network a réussi à battre les networks concurrents diffusant des programmes en anglais sur la tant convoitée tranche des spectateurs ayant entre 18 et 49 ans ; on étant en octobre 2010, et depuis, ça n'a fait que progresser. Le succès d'Univision s'est encore confirmé pendant la saison écoulée, lorsque le network a battu, pendant les sweeps, le network NBC. Ne tirons pas sur l'ambulance : ce n'est pas simplement la crise que traverse NBC qui en est à l'origine ; Univision est le seul network ont les audiences progressent aux USA (même CBS est en baisse, quoique légère).
Chacun de ces networks hispaniques accomplit une grande partie de ses audiences les meilleures grâce à la diffusion de telenovelas. Ce ne sont même pas nécessairement des fictions originales, car une bonne partie sont des fictions d'import venue du continent sud-américaine. Cependant, le volume des commandes est en croissance, généralement en co-production avec des pays d'Amérique du Sud, histoire de diviser les frais tout en s'appuyant sur le savoir-faire d'une industrie qui a fait ses preuves, ô combien.

Or, c'est précisément le public cherché par Lifetime ! S'il y a encore du budget sur la chaîne câblée après avoir payé des accessoires en toc pour Project Runway pour des études de marché, ou juste pour un abonnement à Variety, on devrait y savoir que ce n'est pas un public à négliger. Mais s'adresser au public hispanique ne se fait pas n'importe comment.
Comment attirer durablement le spectateur hispanique quand c'est pour le montrer sous un jour si peu favorable ? Quand c'est pour prouver qu'on ne le comprend pas ?

En commandant une série aussi peu fine dans sa démarche, aussi bien sur le marché des femmes (le public de Desperate Housewives dans sa dernière saison représentait environ un tiers de celui de la première...) que sur celui des hispaniques, Lifetime fait finalement le jeu des networks comme Univision. C'est grâce à l'échec répété de l'ensemble des chaînes de langue anglophone aux Etats-Unis, en particulier ceux qui seraient les plus à même de les concurrencer sur un public spécifique, que les networks hispaniques peuvent y croître et y multiplier les bons résultats.

A l'occasion des upfronts, les networks hispaniques ont eux aussi annoncé les séries qui constitueraient leurs grilles l'an prochain. Univision a par exemple officialisé un remake de Breaking Bad (sous le nom, qu'au passage je trouve très sympa, de Metástasis), un pour Gossip Girl moins savamment intitulé Gossip Girl Acapulco, et évidemment, des non-remakes telles les telenovelas La Madame, mettant en scène la patronne d'une organisation d'escort girls (un projet qui vient donc manger sur les plates-bandes de The Client List, et produit par la compagnie à l'origine du succès La Reina del Sur), La Tempestad, Mentir para Vivir, ou encore la série dramatique La Selección, qui se penche sur une équipe de football.
Dans cette nouvelle grille, donc, des telenovelas, mais aussi des séries dramatiques et d'autres s'adressant aux jeunes adultes voire aux adolescents. Le groupe Univision va également lancer en décembre prochain El Rey, un nouveau network hispanique à destination du public masculin cette fois. Voilà des exécutifs qui, eux, comprennent leur cible... et savent l'étendre au lieu de le diminuer.

Challenge20122013

5 janvier 2013

Un peu tard

Lorsque j'ai préparé mon post sur l'année 2012, c'est avec énormément de nostalgie que j'ai repensé aux premiers mois de l'année écoulée, alors que je passais d'un coup de coeur à l'autre. Smash, Äkta Människor, 30° i Februari, House of Lies... les semaines se succédaient et il y avait toujours plus de séries qui me rendaient folle de joie. L'écriture de ce post m'a rappelé ces coups de coeur, mais aussi le fait que j'étais loin, en fin d'année, de me trouver dans le même état d'excitation.

Je vous avoue que depuis que j'ai fini Scrubs, l'ambiance est morose de ce côté-ci de l'écran.
J'ai lancé le marathon Jack & Bobby que j'attendais de démarrer depuis près de trois ans, et je ne le regrette pas, je m'envoie un épisode de Drop Dead Gorgeous à l'occasion en me disant que de toute façon ça ira vite, mais clairement on n'est pas dans le coup de coeur. Ce sont "juste" deux bonnes séries que je suis contente de regarder, et en théorie c'est déjà génial ; on est loin d'une période de creux pendant laquelle rien ne m'intéresserait. Mais rien non plus ne m'incite à la boulimie d'épisodes. Rien ne fait battre mon coeur. Quand je suis au boulot ou en train de faire des courses, je ne me dis pas que j'ai hâte de me faire un nouvel épisode ce soir de Jack & Bobby ou Drop Dead Gorgeous, ou quoi que ce soit d'autre...
Le pire c'est que j'ai mis en pause la plupart de mes autres visionnages, quelque part pendant le visionnage de l'intégrale de Scrubs, et que je n'en ai pas vraiment repris à ce jour alors que j'ai fini Scrubs à la mi-décembre environ. J'ai des épisodes de retard sur à peu près tout, et pas envie de m'y remettre. Généralement, ce n'est pas grave : ça m'arrive souvent de faire une ou deux semaines de pause le temps de finir un truc qui me captive plus, puis de reprendre. Dans mon fonctionnement, il y a toujours une part de séries à suivre hebdomadairement mais irrégulièrement, et d'autres à regarder d'une traite, en intégrale marathonienne, et ça finit par se rééquilibrer. Sauf que là, ça vient pas.

Ce n'est pas que je n'ai rien envie de regarder non plus. J'ai toujours envie de pilotes (je crois que c'est une constante qui n'est tout simplement jamais mise en compte dans ma façon de regarder les séries !), mais je ne regarde rien qui me donne envie de m'enflammer. Bon, on est entre nous, je peux bien vous le dire : je me soupçonne secrètement, quand je lance le pilote de Lieve Liza ou de Resident, de n'essayer qu'à moitié. Je me mets en colère contre ces séries, mais est-ce que j'essaye vraiment d'en regarder qui me chavirent ? Pourquoi précisément retenter une comédie médiocre comme How I met your mother maintenant ?
Est-ce que par le plus grand des hasards, je ne persisterais pas à regarder des choses qui ne peuvent se comparer à Scrubs ?

Il est fréquent qu'un marathon qui m'a vraiment électrisée me laisse un peu vidée, qu'il me faille un peu de temps pour me remettre en train. Ca n'a rien d'étonnant, surtout vu la rapidité à laquelle je m'enfile certaines intégrales. Dans le cas de Scrubs, faisons le calcul... 182 épisodes en un peu plus d'un mois ? Clairement, il y a un effet de manque qui est à attendre après un tel visionnage. Et ça m'est tellement arrivé que je considère que c'est la routine.
Je pensais d'ailleurs avoir dépassé cette phase de manque au bout de 2 visionnages du final de la saison 8, après avoir abondamment pleuré en chantant "Book of Love" plus que de raison (c'était un bien lamentable spectacle, d'ailleurs !). Au bout d'une semaine à dix jours, j'avais estimé que la page était tournée.

Vraisemblablement elle ne l'est pas. Et quand j'y regarde de plus près, je vois qu'il y a des détails qui ne mentent pas.
La page Scrubs n'est pas tournée, parce que les DVD de Scrubs sont encore sur ma table de chevet et je n'ai pas le coeur à les ranger dans la telephage-o-thèque, parce que le dernier DVD de la saison 8 est d'ailleurs encore dans le lecteur DVD portable de ma chambre, et parce que les extraits de Scrubs que je me suis mis sur mon smartphone n'en ont pas été effacés (alors que d'ordinaire, le roulement sur mon portable est rapide et régulier en matière d'extraits).

A la réflexion, l'état dans lequel je suis me rappelle celui qui est le mien après l'annulation d'une série que j'aime énormément. Je n'ai goût à rien d'autre, mais il me faut accepter qu'elle est annulée. Et ça me rend toute chafouine pendant un bout de temps, en général... je veux dire, je vous ai quand même bien parlé de Partners ces dernières semaines, par exemple.
Dans le fond, il est possible pourtant qu'il s'agisse du même symptôme. J'ai réalisé, un peu tard, que j'étais très éprise de Scrubs... et je vis en fait son annulation là, à retardement, mais douloureusement quand même.

ScrubsGoodOldDays

Il n'y a rien de pire que de découvrir qu'on a un coup de coeur pour une série dont on ne verra plus jamais un inédit.

17 avril 2011

Home Bittersweet Home

C'est une vieille fascination née par hasard. Ou peut-être révélée à ma conscience par hasard.
Un documentaire. Des décors merveilleux de rudesse et de beauté simple. De la lumière comme s'il en pleuvait, et une nuit opaque et confortable. Une langue envoûtante aux claquements et roulements intimes.
J'ai une certaine fascination pour la Suède, et par extension pour la Scandinavie. Ca fait bien 10 ans. Et ça fait aussi 10 ans que je me promets qu'un jour, j'apprendrai le Suédois. Que j'irai (alors que je n'ai pas envie d'aller au Japon). Que je m'installerai, même, peut-être (pour mes vieux jours, si je me débrouille bien). Mais je n'en fais rien, et je crois que j'aime l'idée que j'y viendrai plus tard, beaucoup plus tard. Que c'est quelque chose qui m'attend. Un horizon qui correspond au moi que je ne suis pas encore. Alors je ne tente rien de lire ou d'écouter. Je ne regarde pas le prix des billets d'avion et je ne me lance pas dans l'achat de méthodes diverses et variées. La Scandinavie peut attendre.

Ce qui a tout changé, c'est Scénaristes en Séries. J'avais vu quelques pilotes scandinaves à l'occasion des articles pour SeriesLive, mais très peu avec des sous-titres.  Et puis, je n'avais lancé les articles que pour Scénaristes en Séries, de toute façon.
Et me voilà dans le matin d'Aix-les-Bains, sous la bruine, à découvrir des séries sous-titrées dont je n'attendais pas tant. Ah, il faudra que je vous reparle de Borgen, d'ailleurs, faites-moi y penser dans quelques semaines lorsque les choses se seront calmées. Il y a eu, donc, les coups de coeur Borgen, Kommissarie Winter, et dans une moindre mesure, Alamaailma Trilogia. Depuis, il y a eu Forbrydelsen et Lykke, pour ne mentionner que ces séries. Et s'il est vrai que je n'ai pas forcément eu de coup de coeur devant Lulu og Leon, je dois admettre que j'avais bien aimé le pilote (a contrario de En God Nummer To, pas vraiment ma came). Bref depuis le mois d'octobre, je me sens pousser des ailes, comme si on me poussait à être impatience, à ne plus attendre de venir à ma vieille obsession que je pensais laisser couver encore un peu.

C'est qu'il y a de quoi s'enthousiasmer ! Chaque fois que je regarde une série scandinave (là, tout de suite, ne me vient aucune exception à l'esprit), j'y trouve une forme d'exotisme, ce qui est quand même ce que je cherche quand je regarde une série étrangère, même si cet exotisme peut prendre des formes très diverses, et en même temps il y a un côté particulièrement familier. Si je proteste chaque fois qu'on me dit que la fiction scandinave reflète bien le côté froid de ses pays de provenance, c'est tout simplement que pour moi, ce n'est pas froid du tout. Je m'y sens très facilement chez moi, et si ce n'était la barrière de la langue, je trouverais ça aussi confortable que quand je regarde des séries américaines ; qui, elles aussi, à bien y réfléchir, présentent de l'exotisme, et à vrai dire je m'en rends encore plus compte maintenant que je m'aventure toujours plus loin.
Mais si vous le permettez, j'aborderai éventuellement le ressenti que j'ai avec la fiction de chaque pays dans un post futur, car ce n'était pas l'objet de mon post. Je voulais simplement poser le cadre, pour bien vous faire comprendre dans quelles circonstances j'ai abordé Koselig Med Peis. Car maintenant, la fiction scandinave, je m'y sens vraiment bien, et je n'ai plus envie d'attendre pour m'y mettre (et du coup, reviennent au galop les plans linguistiques et les envies de voyage, mais passons).

KoseligMedPeis_Title
J'ai regardé le pilote de Koselig Med Peis (sans sous-titres, mais je songe sérieusement à y remédier) en ayant l'impression de me retrouver dans le même genre d'univers qu'un film indépendant. Genre Juno, mais plus indé. Il y avait un côté "on est un peu hippie sur les bords et on aime bien utiliser des meubles vintage partout" qui était un pur régal, et qui en même temps s'inscrivait totalement dans la démarche de la série. Et il est franchement rare que, d'ailleurs, la forme participe autant au fond.

Car l'histoire est la suivante : après une rupture difficile (et encore, ça ne s'est pas tout-à-fait calmé) avec une jeune chanteuse populaire, Georg retourne rendre visite à ses parents. Enfin, non, pas tout-à-fait, car ils ne vivent plus ensemble : sa mère, Bente, est partie vivre avec une autre femme, laissant son père Frank seul dans la maison familiale où Georg et son frère Terje ont grandi. Lorsque Georg passe une tête dans ladite maison familiale, il découvre une vieille bâtisse qui semble restée bloquée dans les années 80, à la différence près que la poussière, elle, a continué de s'accumuler. Et au milieu de ce lambeau de maison, il y a Frank, son père, qui très franchement ne marche plus bien droit : Georg va apprendre que son père est frappé de schizophrénie, et il faut bien que quelqu'un se charge de lui, tout désagréable et bougon soit-il. Et surtout, en dépit du fait que Georg n'a pas franchement de bons souvenirs avec son père. Le revoilà donc à s'installer dans la vieille maison avec son père qu'il imagine déjà impotent, une perspective qui ne fait pas grand'chose pour lui remonter le moral.

KoseligMedPeis_Maison
Cette maison figée presque 30 ans en arrière, c'est une trouvaille superbe. Un vrai personnage. On a l'impression de faire le plongeon dans l'enfance de Georg contre son gré, tant la maison est habitée, plus ou moins littéralement, par des fantômes de cette époque. Et je suppose que ça a d'autant plus fonctionné sur moi que je suis de la même génération que Georg, en plus.
Et Georg a une relation très intime avec son enfance : il se voit enfant, et Georg-adulte et Georg-enfant passent des moments côte à côte, soit paisiblement, comme à la fin de l'épisode, soit, et c'est peut-être moins subtil mais plus efficace, au début, lorsque Georg explique au petit la séparation, avec une espèce de douceur mêlée d'embarras, jouant à la fois sur le côté ambigu de la scène et sur l'émotion qui transparait à travers ce rapport qu'il a au passé. Symboliquement, il emmène le petit Georg partout, en fait, et c'est très touchant. Mais il ne sait pas trop non plus comment lui parler et ça, c'est touchant aussi, mais d'une autre façon.

KoseligMedPeis_Enfants
Et puis, il y a le reste de la famille, et notamment le rapport à Terje. Là encore, une relation fraternelle très réaliste, entre taquineries et confidences, deux adultes qui ont été enfants ensemble, qui ont pris des chemins différents mais qui sont encore liés, dans le fond. D'autant que Terje est vraiment un drôle d'animal, qui en essence vit devant son ordinateur, pour son grand projet multimédia... qui consiste en fait à se filmer en train de chier sur tous les drapeaux du monde, à commencer par le sien propre. Enfin, propre. Je me comprends.
Du coup inutile de vous dire au passage qu'entre le vieux grincheux schizophrène, le geek scatophile et le fiston qui s'est fait plaquer par une popstar, la mère devenue lesbienne, c'est presque la référence de normalité !

Ce qui m'a fascinée aussi, c'est d'avoir lu pendant que le pilote cagoulait (et ça a pris des semaines et des semaines, c'était interminable) que le créateur de la série avait été inspiré par Six Feet Under. Et vous, quand vous lisez un truc comme ça, instinctivement vous regardez l'épisode ensuite en cherchant les traces de cette paternité. Et là où je suis bluffée, c'est que j'arrive à comprendre d'où est venue l'inspiration (fils qui revient au bercail, famille fragmentée et étrange, mélange entre réalisme et éléments surréalistes), mais qu'à aucun moment je ne me suis dit "mais attends mais c'est trop Six Feet Under, ça !". Devant Borgen, c'est la même : l'équipe de la série n'a aucune honte à avouer de but en blanc que, oui, l'inspiration vient d'A la Maison Blanche, pour autant ce n'est ni une copie, ni une adaptation, et les sujets sont différents et abordés différemment.
En fait, c'est ça une fiction locale qui a réussi : savoir prendre l'inspiration, mais sans copier à l'identique. Je crois que c'est ça qu'on n'arrive pas à faire en France : quand on veut s'inspirer d'un truc, on a tendance à le copier bêtement en espérant qu'une polycopie fera le même effet que ce qui nous a donné l'idée. C'est faux. Et des séries comme Koselig Med Peis le prouvent bien : il y a une véritable personnalité, quelque chose de très intime dans l'histoire et la façon de la raconter, pour autant, le visionnage de Six Feet Under a peut-être déclenché un savoir-faire dans la narration, pour révéler une histoire qui aurait été sensiblement la même, je pense, mais avec peut-être moins d'outils pour la transmettre. Ce qui a été appris, c'est le moyen seulement, la technique.

KoseligMedPeis_Tandem
Je suis bluffée, en fait, d'avoir ressenti tant de choses, d'avoir vu tant de choses, alors qu'encore une fois, je n'avais pas de sous-titres. Il y a quelque chose d'universel dans cette histoire d'enfance à la fois perdue et retrouvée, dans le parcours de Georg qui n'est ni vraiment parti ni tout-à-fait revenu à la maison, et la réalisation intimiste, poussiéreuse, un peu jaunie mais incroyablement efficace, et rythmée comme il faut, permet de partager cette expérience avec lui.
Du coup inutile de vous dire que l'acquisition du DVD de Koselig Med Peis, je fais plus qu'y songer. J'en suis à envisager le moyen de paiement.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (mais ça va aller en s'améliorant) : la fiche Koselig Med Peis de SeriesLive.
Pareil, elle est toute neuve cette fiche... c'est bizarre quand même !

5 janvier 2009

Nomi Malone est... Déesse !

J'y vais ou j'y vais pas ?
Proclamant solennellement que le 5 janvier restera dans les annales comme le jour où j'ai abandonné toute estime de moi-même, je vous livre exceptionnellement un post Comme au cinéma précipité, parce que je viens de m'apercevoir que vous pouvez voir le film dés ce soir sur M6 (c'est normal, ils le diffusent environ tous les ans, parfois même plus souvent).
Et que c'est un de mes préférés.

C'est quoi le nom du film ? Showgirls
C'est plutôt quel genre ? Prétexte
Qui on connaît là-dedans ? Kyle MacLachlan (Twin Peaks, Sex & the City, Desperate Housewives...), et Elizabeth Berkley (Sauvé par le gong), mais aussi Gina Gershon (Snoops et plus récemment un peu de  UglyBetty), Robert Davi (Profiler), Alan Rachins (L.A. Law, Dharma & Greg), ouh tant de monde, j'ai la tête qui tourne.
Ça date de quand ? 1995, à l'époque j'avais 13 ans, je me suis rattrapée depuis...
En résumé, de quoi ça parle ? D'une nana qui débarque à Las Vegas et qui se dit que c'est plus marrant de danser topless là plutôt que, mettons, en Alaska. Allez comprendre.

Showgirls___1 Showgirls___2 Showgirls___3 Showgirls___4 Showgirls___5

En moins résumé, de quoi ça parle ? Nomi Malone débarque à Las Vegas sans un radis et y entreprend une carrière de danseuse dans un nightclub sordide (où d'ailleurs elle entreprend les clients). Mais comme Nomi est avant tout danseuse et pas tapineuse (si elle le dit, pourquoi ne pas la croire ?), elle tente sa chance pour faire partie de la revue topless du fabuleux Stardust, chez qui son amie Molly travaille comme couturière. Comble de chance, elle est embauchée. Comble de chance, elle devient la doublure de la star du show. Comble de malchance pour celle-ci, Nomi est ambitieuse...
Et ça finit comment ? Avec du rouge à lèvres partout sur le menton.

Pourquoi c'est bien ? Vous m'avez lue ? J'ai dit Kyle MacLachlan, putain ! Merde, quoi ! Je vous le dis en quelle langue ? Bon, sinon il y a du téton frétillant, beaucoup de maquillage, de fringues et de musique cheap (l'adjectif s'accordant à tous les noms l'ayant précédé), et puis, voilà. Franchement, ça se raconte pas un film pareil. Je veux dire : on part d'un scénario qui, on le pense disons, ya des théories sur ce point en tous cas, voulait parler d'une histoire d'amour entre deux femmes, mais aussi une histoire d'ambition et d'arrivisme, sorte de métaphore sur le monde du showbusiness, bref qui voulait emprunter des thèmes intéressants et qui en a fait... bah, un porno soft, quoi.
Pourquoi c'est pas bien ? Profondeur des dialogues ? Bof. Complexité de l'intrigue ? Rebof. Développement des personnages ? Je vais me répéter, mais bof. On l'aura compris, c'est pas pour ses qualités cinématographiques qu'on regarde Showgirls. Et alors ?

Ah, les joies du cinéma ! Quand le film est sorti, Kyle MacLachlan assumait tellement qu'il a prétendu tout un tas de choses (c'était pas le même script que celui qu'on lui avait envoyé, le montage avait dénaturé ses scènes, etc...) et s'est désolidarisé du film, qu'il a soudainement jugé trop vulgaire. On parle d'un mec dont la principale scène est de fucker Elizabeth Berkley dans une piscine (en-dehors de celle où elle lui fait un strip-tease intégral, évidemment). Que dire d'autre des joies du cinéma...?
La réplique qui tue : Une réplique, vous entendez ça ? Ils veulent des répliques ! Comme si les dialogues valaient quoi que ce soit non, soyons sérieux un instant.
La scène qui tue : Mais elles tuent toutes, les scènes ! Yen a pas une pour relever les autres et c'est en ça que c'est divin ! Allez, je vous mets une numéro du Stardust, même les non-anglophones comprendront tout ce qu'il y a à comprendre !

Showgirls___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoulesCagoules
S'il ne devait y avoir qu'un seul guilty pleasure au monde, ce serait celui-là. Tout est naze, mais c'est ça qui en fait un des meilleurs films au monde.
Bilan : On le regarde pour de mauvaises raisons (le générique), on reste devant pour des raisons bien plus inavouables encore (les nichons), on le reregarde sous des prétextes fallacieux (c'est des billes en verre ou des perles de culture qu'on jette sur la scène, je me souviens plus ? je ferais mieux de vérifier...), mais inutile de dire que, de toutes façons, on regarde Showgirls, et en ce qui me concerne, quand je perds un disque dur qui le contient, c'est le premier truc que je récupère. Ouais, bas les masques, et vive feu le Stardust (j'étais en deuil quand ils l'ont démoli, ce casino, le rêve de toute ma vie était d'y aller !), les ongles ultra-peints et les piscines. Loana et Jean-Edouard ont tout appris de Showgirls, on ne me l'ôtera pas de l'idée. Et pis franchement tout est grand dans ce film, les décors, les costumes, le jeu des acteurs, les péripéties, le faux couple censé représenter l'image parentale dans le show business, on ne nous épargne rien, même pas une scène de viol en réunion où c'est réaliste jusque dans les bruitages... non, ce film est une jouissance de tous les instants, vraiment. Foncez.
Ah, et rappelons aussi le plus grand mystère de ce film : Pamela Anderson est crédité au générique et de toutes les fois où j'ai regardé ce film, pas une fois je ne l'y ai vue. Je vous laisse la chercher ce soir.

Allez, vite, ça va commencer !
Quand je pense que j'ai failli planifier de regarder Esprits Criminels ce soir, nan mais le délire quoi... hiiii, je l'ai pas encore vu ce film en 2009, chouette chouette chouette !!!

12 janvier 2009

Entrez dans la danse

Voilà un mois et demi que vous me gratifiez de requêtes diverses et variées et que je me les mets de côté pour un post comme celui-ci. Ne vous inquiétez pas, vos crimes ne restent pas impunis, et même si je ne fais pas un post à chaque fois, je vous vois...

- Le bal des obsédés

- "taille et poids amanda tapping 2008"
Parce que, tout bien pesé, avant de se la taper, il faudra être sûr qu'elle ne s'est pas laissée aller. C'est vrai qu'avec tous ces effets numériques dans Sanctuary, on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise surpr-BANDE DE DEGUEULASSES ! Leave Amanda Tapping alone !

- "Fran Drescher en culotte"
On croit rêver. Ya une mode de la vieille peau en ce moment, quelque chose dont je suis pas au courant ? Je t'adore, Fran, tu le sais, mais merde, une cinquantenaire en culotte, quand même...

- "dernière nouvelle de Christophe Meloni"
Ah oui, vous aussi vous avez entendu parler de ce drame ? Depuis qu'il a perdu son R, il n'est plus le même. L'ombre de son ombre, tout ça tout ça.

- "petit ami d'anna paquin"
Et quand vous le saurez, vous ferez quoi, gros malin ? Vous lui lancerez un sort vaudou ? Tiens en parlant de ça, vous avez entendu la bonne blague qu'on nous a fait aux Golden Globes ? A mon avis, si vous voulez savoir qui elle suce, regardez donc par là...

- "depuis quand anna paquin à les dents du bonheur ?"
Depuis une pipe effectuée sur Rocco Sifredi. Vous ne saviez pas ? C'est là qu'elle a appris à jouer la comédie.

- "Vie Privée De kevin kilner"
Notons au passage une utilisation intéressante de la majuscule... eh bien, on dirait que Kevin est toujours marié à Jordan, pour autant que je sache, mais c'est comme avec Dylan McDermott, je suis sur le coup, donc je vous tiens au courant.

- "lee pace sa petite amie"
J'ai essayé de préserver notre vie privée mais il va falloir se rendre à l'évidence, Google nous affiche dés la première page, réduisant à néant mes tentatives de protéger l'anonymat de la petite amie de Lee. Car vous l'aurez deviné, je cache bien mon jeu : je fais croire que je préfère les quarantenaires, et en fait... Non, je plaisante, héhé. Evidemment, ce n'est pas moi !

- "taille de lee pace"
25 cm. Rha zut, je me suis trahie.

- Le bal des cireurs de pompes

- "je veux le classeur noir de ladytelephagy"
On dit pas je veux, on dit je voudrais. Bon, voilà ce qu'on fait : tu me dégotes un logiciel d'indexation de VHS, DVD et pelotes de laine, et moi, je t'envoie les 10kg de classeur en retour. Deal ?

- "Lady, je veux être dans Tell Me You Google Me, et que ça saute !!!"
J'ai hésité à le faire à cause de la majuscule. JAMAIS de majuscule.

- "ladytelephagy leverage"
J'ai vu le pilote en preair ya si longtemps que j'ai pas eu le coeur de vous faire un post quand ça a vraiment été diffusé. Pis j'ai dormi depuis. Pourquoi, mon opinion vous intéresse ?

- "naka danser sur ladytelephagy"
Naka apprendre Français bientôt ?

- "ladyteruki, elle est fan de "Sous le Soleil", mais elle ose pas le dire"
Ce crime ne restera pas impuni, je ferai donc une review épisode par épisode de Pushing Daisies dés l'acquisitions du DVD. Et rieeeeen que ça pendant des mois. Vous l'aurez cherché. Cela dit, si je peux confesser regarder le season premiere de One Tree Hill, je peux tout oser dire...

- Le bal des leechers

- "voir l'épisode pilote de tonnerre mécanique"
Ca fait du bien de se dire qu'on a fait un heureux, qu'on a pu lui montrer le droit chemin, et qu'en plus, pour une fois, c'est arrivé pile quand j'avais proposé un pilote en VF.

- "twin peaks faut-il regarder le pilote"
Noooooon, non voyons ! D'ailleurs, c'est pour ça qu'il est au début de la série : pour qu'on ne le regarde pas !

- "VOIR LES EPISODES DE LES FEUX DE L AMOUR DE LA SEMAINE PROCHAINES"
Quelle drôle d'idée. Ce sont les mêmes que la semaine passée !

- "il y aura t'il saison 2 generation kill"
C'est pour faire de la place sur votre pelote de laine, hein, avouez ?!

- "blog tv les craquantes"
Téléphage cultivé, ou gérontophile dérangé ? Je préfère décider que votre niveau d'illégalité se borne au cagoulage.

- "voir Catastrophes en chaîne power rangers"
Je veux mourrrrrrrrir !

- "lee pace soldier's girl"
Où est l'icône de déclaration amoureuse à mes visiteurs, sur canalblog ?

- "alexandria and roy film"
Aaaaah, il est là : bizou

- Le bal des allumés

- "la vérité sur petite maison dans la prairie"
Téléphage, on vous ment, on vous spolie. En fait, Laura n'a jamais eu de tresses. Je sais, c'est choquant, mais c'est la vérité vraie. Vous savez tout à présent, aha ! On ne vous la fait pas, à vous !

- "chignons petite maison dans la prairie"
/me se cogne la tête contre le bureau
Mais ils sont tous frappadingues !!!

- "Acheter Cannines de vampires"
Faut vraiment être déglingué pour faire ce genre de requête sans que ce ne soit ni Halloween ni carnaval.

- "j'ai du mal à finir les choses"
Crois-moi, jeune homme, vaut mieux ça que l'inverse.

- "couleur ipod cristina grey's anatomy"
Ouh putain, je crois qu'on a un gagnant de la palme de la requête la plus allumée, là !!!

- "Quoi regarder comme films quand on est en dépression"
Côté films, je ne saurais dire, mais côté séries, je recommande, disons, Oz, Profit, Six Feet Under, ce genre de choses. Cela dit je les recommanderais aussi à des non-dépressifs alors ça veut ptet pas dire grand chose. Non, ne sautez pas...

Et pour finir, spéciale dédicace aux fans dyslexiques de Nakayomi, alias "nayakomi".

2 septembre 2013

Vraie malhonnêteté

Officiellement, depuis samedi à 23h59, le défi que whisperintherain et moi-même nous sommes lancé voilà un an a pris fin... ce qui veut dire que désormais, les pilotes diffusés ne rentrent pas dans le champs de notre challenge, qui consistait à tous les regarder puis tous les reviewer. Pour autant, les règles de notre défi stipulent qu'il n'y a pas de date de péremption pour la publication des reviews pour les pilotes diffusés avant cette date ; attendez-vous donc à lire encore quelques unes de ces reviews... comme par exemple, ce soir, celle de Siberia.

Siberia

Ce weekend, je vous avoue que je me suis remise en question. En fait, j'en suis arrivée à un point où je me suis sermonée. Je me suis dit : écoute, lady, voyons les choses en face, si tu as un problème avec toutes les séries ayant un concept original, c'est sûrement que tu en attends trop. Que tu penses qu'un bon concept équivaut à de la créativité. Que tu crois qu'avoir une bonne idée et bien la développer correspondent au même talent ; et clairement, ce n'est pas vrai, tu te racontes des choses. La cruelle désillusion imposée par des séries du genre de Last Resort montre bien qu'au contraire, plus l'idée est originale et sort de l'ordinaire, plus les scénaristes sont perdus. Oui, je cite souvent Last Resort, mais c'est parce qu'elle m'est restée là.
Pourtant je n'apprends pas de mes erreurs. Je continue d'être alléchée par ce que je pense être de très bons concepts. Ca me perdra.

Au bout d'un moment, je finis par comprendre les gens qui choisissent de regarder des séries creuses et peu originales ; quand on voit ce qu'accomplissent les séries au pitch original, dans le fond ça se comprend. Autant aller à la facilité et ne pas courir le risque d'être déçu.

Me voilà donc devant Siberia ce weekend (rien à voir avec l'excellent jeu video) et rien à faire, je l'ai mauvaise. J'ai l'impression d'avoir perdu 42 minutes de ma vie, voire quelques unes de plus. En fait, j'en veux moins à Siberia pour ces 42 minutes de pilotes, que pour les quelques minutes, avant que je ne lance mon épisode, que j'ai passées à me rejouir à l'idée de regarder Siberia. Je sais pas si ça fait sens pour vous, mais l'amertume se trouve là.

Reprenons : Siberia est donc une série diffusée par NBC cet été, dans laquelle une émission de télé réalité se déroule en Sibérie, alors qu'une poignée de candidats se retrouvent dans un coin de terre isolé de tout, où ils vont devoir passer plusieurs semaines dans des conditions indécentes, afin de pouvoir prétendre à une somme d'argent indécente, mais d'une autre façon. Sauf que les choses ne tournent pas du tout comme prévu, et que le tournage de Siberia, l'émission de télé réalité, tourne assez vite au cauchemar.

Sur le coup, ce qui m'a énormément agacée, c'est que Siberia se présente, sur la forme, exactement comme les émissions de type Survivor qu'elle est supposée singer. C'est évidemment dans sa nature, et on ne peut pas dire que ça m'ait beaucoup surprise, mais c'était énervant, eh bien, simplement parce que je déteste la télé réalité (j'ai officiellement gagné le titre de vieille conne acariatre, je suppose, mais c'est comme ça). Mon problème c'est d'ailleurs que, en n'ayant vu que deux ou peut-être trois épisodes de Koh Lanta de toute ma vie (et encore, aux débuts), j'ai l'impression de revoir exactement les mêmes poncifs être étalés dans Siberia.
Quand on ne supporte pas un courant télévisuel qu'on juge pauvre, et qu'on s'aperçoit qu'en plus de 10 ans, rien parmi les standards du genre ne semblent avoir changé, il n'y a aucune raison d'être de bonne humeur, vous imaginez bien.

Pourtant, le coeur du problème, dans le fond, ce n'est pas que Siberia reprenne absolument tous les codes d'émissions équivalentes. Il fallait au contraire s'y attendre, mais ce n'est pas de là que vient la faute. J'ai passé le plus gros de l'épisode à attendre que quelqu'un brise le quatrième mur ou, au moins à espérer que quelque chose, un élément quelconque, vraiment n'importe lequel, m'invite à prendre du recul avec l'émission. Au lieu de ça, Siberia a joué à fond la carte de l'immersion.
Et finalement je n'ai pas vu de différence entre devoir regarder une émission de ce type, et regarder Siberia.

Tout est fait pour nous faire oublier qu'on regarde un programme fictif, et on se retrouve finalement à regarder une vraie émission de télé "réalité", genre télévisuel dont en plus on sait très bien qu'il n'est pas basé sur le réel mais sur des scripts et toutes sortes d'outils de production d'ailleurs empruntés à la fiction, mais détournés pour faire croire que c'est vrai. Or, je suis de l'école de pensée que si on voulait regarder de la télé réalité, on utiliserait ces 42 minutes pour regarder de la télé réalité ; inversement, je regarde une fiction, j'attends de me sentir comme dans une fiction.
Ce brouillage ne fonctionne pas pour moi, de la même façon que certains ne sont pas à l'aise avec les dramédies et préfèrent regarder soit un drama, soit une comédie, mais pas quelque chose entre les deux.

Et puis, dans le fond, pourquoi regarde-t-on une fiction à propos d'un produit télévisé ? Pour avoir l'impression d'en pénétrer les coulisses ! Pour décortiquer la façon dont elle est faite, prendre du recul sur son mode de fabrication, ou éventuellement inventer, pour les amateurs de théorie du complot, de folles explication sur leur fonctionnement ou leur message (en cela, Cult était plus dans la gamme de ce que j'attends). On attend une mise en abîme. On attend qu'on porte un regard cynique sur les médias. On attend qu'on nous dise quelque chose d'atroce sur nous.
De la même façon qu'on n'attend pas d'une série sur l'industrie de la musique country de nous montrer uniquement des chanteurs préparant leur concert (Nashville), ou d'une série sur la production de films qu'elle nous dévoile un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentila (Action!), ce qui est vraiment intéressant, c'est de déconstruire l'objet culturel visé, même si c'est de façon fantasmée. Pitié, ne me dites pas que je suis obligée de regarder Dead Set pour obtenir cela à propos d'une émission de télé réalité !
Or ce n'est pas du tout le but de Siberia. Siberia veut nous faire croire que c'est une vraie émission de télé réalité qui vire au cauchemar sous nos yeux, qui devient un film d'horreur (plutôt classique au passage) dans un coin isolé où les victimes vont se la jouer Dix petits nègres. Mais comme nous savons que Siberia est encore plus fictive qu'une émission de télé réalité habituelle, ça ne marche pas !

L'immersion rate parce que NBC aurait dû, dés le départ, vendre sa série comme de la vraie télé réalité, Siberia serait éventuellement un projet de série puissant... si ça n'avait pas été une série. Si NBC avait tourné cela à l'expérience télévisuelle provocatrice, nous laissant imaginer que ces évènements se produisent réellement, nous observant, nous télespectateurs voyeuristes, nous affoler à l'idée que mon Dieu, on ne peut rien faire pour ces gens ? Je suis sûre que ç'aurait fait un véritable évènement, avec tous les journalistes se gargarisant de mots sur la dérive de la télé réalité, les spectateurs qui ne veulent pas regarder mais les audiences qui curieusement ne s'effondrent pas, et ainsi de suite.
Et puis finir par dévoiler que non, Siberia, que nous aurions fait mine de trouver abjecte ou terrifiante tout l'été, n'était pas une émission de télé réalité, mais une série dramatique ; et nous laisser avec l'amertume de notre voyeurisme.
Imaginez le buzz que la chaîne aurait récolté ! Et imaginez comment NBC aurait pu repousser, une fois de plus, les limites entre la réalité et la fiction dans un programme ! Là ç'aurait été révolutionnaire.

Mais Siberia n'a pas vraiment d'ambition. Ce n'est qu'une série à la Harper's Island qui veut paresseusement se reposer sur les codes de la télé réalité, et qui finalement n'accomplit rien, si ce n'est évoquer, par moments, Lost, et encore. Elle veut surfer sur les méthodes de les programmes d'un genre pour s'éviter d'en explorer vraiment un autre. Dans le fond, la méthode de Siberia est profondément malhonnête.

Je ne sais pas pourquoi les concepts originaux m'attirent. C'est peut-être parce que, quand je les lis pour la première fois, mon imagination se met en marche. Dans ma tête, Siberia est une série vraiment chouette et ambitieuse, je vous jure !
Peut-être que dans le fond, je ne devrais pas espérer voir un jour la série suédoise 183 Dagar, qui se déroule après la sortie de ses candidats par un équivalent de Loft Story. Peut-être que les concepts originaux et alléchants, dans les séries, doivent rester cela : des concepts, pas des séries. Pour sûr, on serait moins souvent déçus.

Mais c'est précisément ce même espoir qui me poussera, dans un mois, six mois ou un an, à lancer un autre pilote d'une série reposant sur un concept exceptionnel. Tant qu'il y a de la téléphagie, il y a de l'espoir ?

Challenge20122013

19 février 2013

Moi j'aime pas le pessimisme

Le pessimisme, c'est nul.
Pourtant il faut bien reconnaître qu'on tombe tous dedans de temps à autres. Parfois je fais partie de ceux qui ont simplement parfois du mal à l'admettre (on l'a vu avec la mésaventure Suburgatory). Parfois je me dis au contraire que je suis pessimiste à l'extrême, et/ou sans raison. Les choses ne vont pas si mal, tant qu'on a de quoi regarder des pilotes tous les jours et succomber à un coup de coeur plusieurs fois par mois !

La perception qu'on a de "la saison" est souvent trompeuse ; la saison n'est pas nécessairement nulle juste parce que nous n'en profitons pas autant que nous l'aurions imaginé. Par vagues, depuis le début de la saison 2012-2013, j'ai eu de douloureux passages à vide et d'autres de véritable exaltation. C'est pourtant la même saison !
Il est vrai que la mid-season a été très clémente avec moi, entre The Americans, Monday Mornings, le retour de House of Lies et Smash... mais beaucoup des séries qui constituent mon planning hebdomadaire sont les mêmes qu'au début de la saison ; à l'automne déjà, je regardais Raising Hope, The Neighbors, et j'en passe. Il y a des fluctuations, c'est sûr (The Good Wife est une fois de plus mise en pause ; soyons honnêtes, c'est une série que je préfère regarder en m'enfilant les épisodes par poignées), mais dans le fond, peu de choses ont changé dans mon planning.
Et je ne parle que de la saison en cours de diffusion aux USA, parce que Black Mirror est toujours un délice (d'ailleurs, ma proposition tient toujours), et il y a de quoi faire au Japon. Sans compter que des nouveautés australiennes vont tomber à partir de demain, mais enfin, on n'y est pas, on reparle de tout ça à tête reposée, hein.

Simplement, pour une raison que j'ignore, il suffit d'une annulation (Partners), ou au contraire du visionnage d'un pilote insupportable (on a eu un rude mois de janvier, la preuve par l'exemple avec Banshee), et paf, tout d'un coup, on cède à la négativité.

"Elle est nulle, cette saison", s'exclame-t-on en donnant un coup de pied métaphorique dans notre planning téléphagique, le nez plissé et le regard mauvais. Bon, peut-être après tout... mais avons-nous vraiment une vue suffisamment large de la saison pour pouvoir le dire ? Non. whisper et moi avons un défi consistant à regarder tous les pilotes de la saison américaine (plus les britanniques, les canadiens, les australiens, les français... je lui ai épargné l'Asie, j'ai l'impression d'avoir bien fait !), et nous n'avons même pas une vue suffisamment large de la saison avec tout ça parce que, pour autant que je sache, il n'existe personne qui a regardé tous les pilotes de la saison, et moins encore tous les épisodes. Même pas un nolife comme Truc, là.

Alors du coup, on n'a pas le droit d'être négatifs tant qu'on n'a pas tout vu, voilà ce que je dis !!!

TheAmericans-Flag

...Mais pas ce que je fais.
Ce soir, me morfondant à l'idée qu'il n'y a aucun nouvel épisode de mes marottes du moment, j'ai regardé ce que j'avais à me mettre sous la dent, et j'ai murmuré : "pff, ya rien à regarder... elle est nulle cette saison". Tu parles.
Peut-être que nous avons besoin de penser parfois qu'il n'y a rien de bien à regarder. Ca doit être un réflexe psychologique pour éviter de devenir monomaniaques, je suppose (tout le monde n'est pas forcément pourvu de ce mécanisme cependant).

Pourquoi, en dépit de disques durs qui débordent, de DVD qui s'empilent et de plannings de ministre, trouvons-nous encore le moyen d'accabler cette maudite saison qui a pourtant fait de son mieux pour nous offrir des dizaines de pilotes ? En plus d'être téléphages, nous sommes ingrats. Voilà !

En attendant de retrouver l'inspiration, je vais donc ce soir répondre à une autre interrogation existentielle : peut-on qualifier de marathon le fait de se refaire l'intégrale des 3 épisodes de The Americans diffusés à ce jour ? En ce qui me concerne, j'ai décidé que oui. Comme quoi, elle est franchement chouette, cette saison...

8 octobre 2012

Emmy bis

Ah, la saison du MIPCOM... cet odeur de transactions dans l'air... le fumet délicat de la masterclass... le parfum du format qui se vend le soir au fond des stands... que du bonheur. Mais pardon, je m'emporte : c'est la poésie du moment. Ca me rend toute chose. Un jour j'irai sur place participer à l'orgie ambiante, mais en attendant, je me régale de loin des effluves qui nous parviennent.

L'un des effets secondaires du MIPCOM, ce sont les nominations aux International Emmy Awards. Comment vous dire ? C'est le parfait mélange de ce qui m'émoustille en matière de téléphagie : la télé internationale, et les Emmy Awards. Alors passons, si vous le voulez bien, aux nominations des International Emmy Awards, sachant que comme d'habitude je n'accorderai d'attention qu'aux fictions, et non-animées par-dessus le marché. Curieuse mais pas téméraire.

InternationalEmmyAwards

Les Emmy Awards les snobent, mais les International Emmy Awards leur consacrent toute un pan de leur palmarès : commençons avec les séries pour la jeunesse avant de passer aux catégories plus classiques.

Kids - Meilleure série

ChuugakuseiNikki-MEA

Chuugakusei Nikki
中学生日記
(Japon)

JulieeosFantasmas-MEA

Julie e os Fantasmas
(Brésil)

SLiDE-MEA

SLiDE
(Australie)

Stikk-MEA

Stikk
(Norvège)

Kids -  Meilleur mini-série ou téléfilm

DieSterntaler-MEA

Die Sterntaler
(Allemagne / Téléfilm)

LostChristmas-MEA

Lost Christmas
(Royaume-Uni / Téléfilm)

DeSterksteManVanNederland-MEA

De Sterkste Man van Nederland
(Pays-Bas / Téléfilm)

Dorama-NoPhoto

Fairy Tales on TV
(Corée du Sud)
Impossible de trouver une info dessus.
Ou au moins le titre original, quoi !

Meilleure performance pour un acteur

ArthurAcuna

Arthur Acuña dans The Kitchen Musical
(Singapour)

DarioGrandinetti

Darío Grandinetti dans Televisión por la Inclusión
(Argentine)

JasonIsaac

Jason Isaacs dans Case Histories
(Royaume-Uni)

SteinWinge

Stein Winge dans Koselig Med Peis
(Norvège)

ZhuYawen

Zhu Yawen dans Flying Eagle
(Chine)
Je n'ai pas trouvé le titre original...

Meilleure performance pour une actrice

SidseBabettKnudsen

Sidse Babett Knudsen dans Borgen
(Danemark)

CristinaBanegas

Cristina Banegas dans Televisión por la Inclusión
(Argentine)

Dorama-NoPhoto

Rina Sa dans Zhong Guo Di
(Hong Kong)

JoannaVanderham

Joanna Vanderham dans The Runaway
(Royaume-Uni)

Meilleure comédie

AbFab

Absolutely Fabulous
(Royaume-Uni)

AMulherInvisivel-MEA

A Mulher Invisível 
(Brésil)

Spy

Spy
(Royaume-Uni)

WatAls-MEA

Wat Als?
(Belgique)

Meilleure série dramatique

Braquo-MEA

Braquo
(France)

ICACInvestigators2011

ICAC Investigators 2011
(Hong Kong)

TheKitchenMusical-MEA

The Kitchen Musical
(Singapour)

TheSlap-MEA

The Slap
(Australie)

ElPuntero-MEA

El Puntero
(Argentine)

Meilleure telenovela

RosaFogo

Rosa Fogo
(Portugal)

RemedioSanto-MEA

Remedio Santo
(Portugal)

OAstro-MEA

O Astro
(Brésil)

BulguruiMyeoneuri-MEA

Bulgurui Myeoneuri
(Corée du Sud)

Meilleur mini-série ou téléfilm

BlackMirror-MEA

Black Mirror
(Royaume-Uni)

Shoshuu-MEA

Shoshuu
(Japon / Téléfilm)

HomensdeBem-MEA

Homens de Bem
(Brésil / Téléfilm)

LInfiltre-MEA

L'Infiltré
(France / Téléfilm)

Voilà ! Maintenant qu'on a passé tout ça en revue, et c'est une bonne chose de faite vous serez d'accord avec moi, je vous avoue que j'ai très envie de prendre mon petit panier téléphagique et de faire mon marché sur les merveilles vers lesquelles, une nouvelle fois, les cérémonies de récompenses internationales attirent notre attention. Alors ! Je prendrais une grosse ration de The Kitchen Musical (je me rappelais avoir vu le nom passer à l'occasion des Nymphes d'Or parmi un milliard d'autres noms, mais là, c'est clairement une standing ovation), mais je pense aussi que je me servirai une bonne louche de The Runaway (il faut dire que j'ai vu d'abord la belle ambiance du site web de la série, ensuite le nom d'Alan Cumming, donc c'était joué d'avance... comment ai-je pu ignorer aussi longtemps l'existence de cette série ?!), saupoudrée d'une pincée d'El Puntero (j'avais vu le nom passer il y a quelques mois, j'avais pas percuté, mais ça a l'air sympa).

Vous noterez au passage, mais loooin de moi l'idée d'insister dessus, la présence de Borgen et de Koselig Med Peis au palmarès, dignes représentantes de la Scandinavie. Pas mal aussi du côté de The Slap qui parvient à se distinguer (certes au détriment de Cloudstreet pourtant elligible la même année), décidément le buzz continue pour cette série pas comme les autres...

Et sinon, Case Histories, ça vaut quoi ? Et qu'est-ce qui vous intéresse dans ces nominations ? Et la deuxième saison de Black Mirror, ça ne la disqualifie pas un peu de sa catégorie ? Et quand est-ce qu'on a les résultats ?

Ah, ooops, au temps pour moi : à la dernière question, je peux répondre. Les vainqueurs des International Emmy Awards seront célébrés devant le gratin de la profession à New York le 19 novembre prochain, à l'exception des catégories pour enfants quidevront attendre le 8 février ! Pour le reste, c'est à vous de répondre.

14 juin 2009

Give credit where credit is due

Je vous propose souvent des génériques, certains de qualité, d'autres moins, certains recherchés, certains bêtes à manger du foin, bref. Aujourd'hui, je suis tombée complètement par hasard (ou plutôt par le genre de hasard qui fait qu'on clique sur un sujet et qu'on se met à lire tout ce qui traine) sur le site de DIGITAL KITCHEN. Un nom qui ne parle pas nécessairement au premier abord mais dés que je vais vous expliquer de quoi il retourne, la lumière va jaillir, vous allez voir.
DIGITAL KITCHEN est une agence qui s'occupe de développer des génériques.

J'ai toujours pensé instinctivement que ce n'était pas la production d'une série qui s'occupait du générique. Principalement dans le cas des bons génériques qui vont avec de mauvaises séries, et vice versa. Tenez, prenez Point Pleasant : très bon générique, mais rien à voir avec la qualité de la série. C'est donc bien que son concepteur ne travaillait pas sur le show. Cela semblait donc évident pour certaines séries, mais je ne m'étais jamais piquée de le vérifier. Et puis là, par hasard vous disais-je, je suis tombée sur le site de DIGITAL KITCHEN qui effectivement produit (entre autres) des génériques. Et leur palmarès a de quoi faire baver n'importe quel téléphage, jugez plutôt quelques uns de leurs accomplissements :

Dexter_generique_580   GhostWhisperer   TrueBlood_580   SixFeetUnder

Eh ouais, quand même. Sans compter aussi The Company (comment n'ai-je pas pensé à proposer ce générique plus tôt), Rescue Me, Nip/Tuck ou encore House. Que du bon, quoi.
Alors, devinez quoi ? Se donner du mal pour un générique, c'est payant : à l'exception de Rescue Me et True Blood (mais pour ce dernier, dans un mois on aura les nominations des Emmys et ce sera la 1e année d'elligibilité de la série, attendons de voir), tous ces génériques ont reçu au moins une nomination aux Emmy Awards, et plusieurs ont été récompensées d'un trophée.
Comme quoi, avec tous leurs génériques de 10 secondes, un grand nombre de séries du moment n'ont rien compris aux multiples bienfaits d'une mise en bouche digne de ce nom ; on ne fabrique pas simplement une jolie video, on ne se crée pas juste une identité : on marque les esprits.

C'est peut-être l'influence de Teruki Paradise sur mon esprit malade, avec ses videos en format court à la pelle, mais je trouve qu'il serait intéressant qu'on puisse trouver sur un site quelconque (au hasard... SeriesLive ?) une indication plus systématique quant à ceux qui sont derrière nos génériques préférés. C'est quand même drôlement intéressant de constater qu'il y a des gens qui ont autant d'excellence dans ce domaine que le studio DIGITAL KITCHEN, non ? Et puis, pourquoi pas, ça vaudrait aussi bien pour l'aspect video qu'audio, d'ailleurs. Tenez, vous saviez par exemple que le compositeur du générique de 30 Rock était le mari de Tina Fey ?

Merde alors, on dirait presqu'un post éducatif. Vite, vite, une video pour compenser... Ah, je sais : oh, le joli making-of ! Ouf, l'espace d'un instant, j'ai failli être sérieuse.

27 avril 2009

Il va yavoir du spoooort !

Il suffit parfois d'une impulsion minime pour enfin vous pousser à faire quelque chose que vous avez toujours su que vous feriez un jour. C'est en tombant par hasard sur la fiche, et parce que de toutes façons en ce moment je m'arrange pour combler mes lacunes et que la fenêtre à cagoulage était ouverte juste à côté, que je me suis dit "ça y est, cette fois j'y vais".

Cette fois, et j'ignore comment j'ai attendu mais je savais avant même de me lancer que j'aurais tort, et j'en suis sûre à présent, je regarde Sports Night. Allez, vous savez quoi ? Je vous emmène.

SportsNight___1
On en a déjà parlé avec notamment Friday Night Lights, mais je ne suis pas tellement attirée par les séries sportives. Cependant, Sports Night est avant tout une série qui parle d'une émission de télévision sur le sport, et ça fait toute la différence. Evidemment il me manquera de temps à autres des références (quoique, j'ai saisi l'allusion à OJ Simpson...) mais je crois que l'essentiel n'est pas tellement dans le choix du sujet de l'émission que dans le reste. D'ailleurs, comme le Larry Sanders Show quelques années plus tôt, et comme plus tard 30 Rock ou Studio 60 on the Sunset Strip (d'ailleurs le tandem formé par les deux personnages principaux de Sports Night m'y a pas mal fait penser), le feront ensuite avec des émissions de divertissement... ce n'est pas tant le sujet que la passion qu'on y insuffle, ainsi le regard glissé en coulisses, qui importe. Les premières minutes de l'épisode sont électrisantes, et donnent immédiatement le ton. J'ai presqu'envie de dire qu'on sait qu'on regarde du Sorkin dés les premiers instants, en fait. Ca parle, très vite, en mélangeant le travail et le personnel à une vitesse fulgurante, c'est tout de suite rythmé, bizarre, amusant, taquin et futé, on est scotché, en fait non seulement j'ai envie de le dire mais je vais le crier : c'est du Aaron Sorkin, aucun doute là-dessus !

SportsNight___2
Je savais que dans la série je retrouvrais Sabrina Lloyd (Sliders), Peter Krause (Six Feet Under) et Felicity Huffman (Desperate Housewives), mais j'ignorais que j'allais aussi y retrouver Robert Guillaume (Soap)... et plus étonnant encore Joshua Malina (A la Maison Blanche) ! Sa scène d'introduction (il a même droit à deux scènes d'introduction, si on veut chipoter) est absolument géniale ! Les personnages ont tous droit à d'excellents dialogues, et j'avais aimé la réunion un peu plus tôt par sa dynamique (qui ne laissait aucun répit, aucune envie de regarder l'heure ou même s'il reste du milk shake à la fraise), mais là on décroche vraiment la palme, on rit aux éclats, c'est juste excellent. D'une façon générale (et l'avenir l'a prouvé) le casting est tellement excellent qu'à aucun moment le spectateur ne se sent délaissé, tous les personnages même mineurs sont formidables et permettent de toujours mettre de l'ambiance même quand, en définitive, il ne se passe pas grand'chose.

SportsNight___3
Je disais plus haut que le choix du sport n'était pas forcément important. En fait, ce n'est pas tout-à-fait vrai, et cette scène où toute la rédaction de l'émission assiste émerveillée à un exploit en direct (hautement symbolique, en plus, et ce à plusieurs égards) montre bien que le sport reste l'un des rares domaines qui savent parfois inspirer les gens au-delà de toute rationalité. Je n'aime par exemple pas ces imbéciles qui se sentent obligés de klaxonner dans la rue pendant des heures le soir parce que leur équipe favorite a gagné je-ne-sais-quel championnat, mais il faut quand même bien avouer que seul le sport est capable d'enthousiasmer autant des personnes très différentes avec autant de puissance. Et moi qui n'aime pas spécialement le sport pour le sport, j'ai ressenti le même enthousiasme que toute l'équipe à ce moment-là, et je pense qu'en cela, le sujet du sport est bien choisi, il pose des questions sur la passion, le feu sacré, l'esprit de corps... et en face, tout ce que cite Casey à un moment, c'est-à-dire le business du sport, les pseudo-scandales qui l'entourent, etc.

Et c'est ainsi que même quelqu'un comme moi est tombé sous le charme de Sports Night, et a entrepris d'en découvrir la suite. Tout va bien, je n'ai que deux saisons à regarder, finalement. Parce que, en fait, vous savez quoi ? Qui a besoin de dormir quelques heures par semaine quand on peut recevoir une telle décharge d'adrénaline ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Sports Night de SeriesLive.
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20 février 2009

Fake Blood

Si l'achat de la plupart des coffrets DVD ne nécessite pas un long processus de sélection préalable (selon le schéma : "série que je veux > coffret en bon état > étiquette au montant le plus bas des fois qu'une vieille promo traine > série que je prends" et hop, étagère suivante), en revanche le coffret de Jekyll requiert un minimum d'attention avant le passage en caisse. Pourquoi ? Étudions ce cas étrange d'un peu plus près.


En théorie, le coffret
devrait ressembler à ça...
Ooooh, que c'est beau.
Bon, on est d'accord, c'est la théorie.
Parce qu'en pratique, en fait,
ce serait plutôt ça...
Jekyll Hyde

Bon sur ma photo on n'a pas le détail, mais on voit bien que dans le coin en bas à gauche, c'est pas catholique, quoi.
Avec un infographiste, ça a l'air plus propre, tout de suite. Dans la réalité, on a l'impression qu'il y a eu du sang, et que depuis... depuis il s'est cristallisé en un drôle de truc (j'ai pas l'habitude de garder du sang séché à la maison mais je dirais a priori que ça ne forme pas de petit cristaux blancs).

Le génie qui a pondu la royale idée de la poche de sang n'avait sans doute pensé qu'à la tête que ça aurait le premier jour sur la gondole de la FNUC, et pas nécessairement à la gueule que le DVD finirait par faire au bout de plusieurs mois coincé entre un DVD de Derrick (franchement, ya des gens qui ont besoin de se refaire cette série en DVD ? J'hallucine) et Jericho (euh, même question ?). Donc la poche de sang cristaux de sel, tout de suite, ça fout moins les chocottes.
Mais il y a pire. En rayon, sur certains DVD, le sang s'est cristallisé sur le côté du package. Oui, tout va bien, quand on tient le DVD le sang a juste l'air de se maintenir de façon verticale. C'est du sang magique ! Ce doit être le sang de Claire, ya un truc pas clair là-dedans. Tout ça parce que les coffrets ont été stockés n'importe comment dans les tiroirs de la FNUC... Avouez que ça le fait pas trop.
Du coup, ce qui était une excellente idée au départ devient assez laid (un peu comme LOST, si vous voulez...).

En général, je suis très peu attentive aux packages. Je cherche rarement l'édition limitée de la mort qui tue avec des bonus en veux-tu en voilà, oh tiens ya un poster limité à 50 000 exemplaires dedans, je m'en fiche. Franchement. Que le package soit inventif ou pas, ça ne fait pas faillir d'un iota ma décision première d'acheter ou pas un coffret. Nan mais sans blague, s'il est pas beau mais que vous adorez la série, vous allez quand même l'acheter, on est d'accord ? Avec le cagoulage, aujourd'hui, si on vient en magasin, on sait très bien comment ça va finir, donc la question ne se pose pas juste parce que le titre est en relief ou si ya un super sticker en 3D made in Chocapic sur le boîtier (Heroes, this one is for you).
Si, évidemment, quand je vois la gueule des DVD de V, je dis "ah ouais, bonne idée", mais ça ne change rien à la décision d'achat telle que prise lorsque j'ai vérifié que mon chéquier et ma carte FNUC étaient dans mon sac avant de partir. Quand je vois la forme des DVD de Stargate, en forme de porte des étoiles, effectivement, je me dis que bon, c'est assorti. Mais l'appareil de Betty Suarez sur le coffret d'Ugly Betty, ça ne change rien au fait que ce coffret est sur ma liste secondaire (sachant que la liste primaire est déjà bien longue).

Le seul truc qui me fait vraiment, vraiment plaisir, c'est les boitiers en dur. Le coffret métal d'un Jekyll ou d'un Band of Brothers (enfin, je l'ai pas eu en édition métal, celui-là, mais je constate), la bonne grosse boîboîte en plastique jaune, rouge ou bleu vif d'un Star Trek... Ca c'est de la boîte. Là d'accord. Ca pèse lourd dans le sac FNUC, ça cogne le mollet sur le chemin du retour, là on parle la même langue. On peut les empiler sans craindre d'abimer le carton au premier effondrement félin. C'est tactile, c'est pratique, c'est tout ce que j'aime.
Mais le reste du temps, franchement, on s'en fout.

Surtout si ça ne supporte pas le poids des ans comme les cristaux de sel de Jekyll.

Note : non c'est gentil de vous proposer mais je vais le garder quand même, j'ai déjà vu la série deux fois (yavait une rediff en nocturne le weekend dernier), je me sens prête.

26 août 2012

Quand la réalité dépasse les fictions

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Mais notre défi ne se cantonne pas à la saison américaine, loin de là, et aujourd'hui, nous nous dirigeons vers l'Australie, avec la nouvelle série de la franchise Underbelly.
Naturellement, à la fin de ce post, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote d'Underbelly: Badness de whisper, et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote.

UnderbellyBadness

Mais d'abord, laissez-moi commencer par un aveu : je n'ai jamais regardé un seul épisode de la franchise Underbelly en entier. Ca peut surprendre venant de quelqu'un qui peut affirmer regarder 95% des pilotes australiens diffusés ces deux dernières années et qui tente quand l'occasion se présente de rattraper au maximum son retard sur les années précédentes, mais les faits sont là. Je connais l'excellente réputation de la franchise, je sais bien qu'il sort des nouvelles saisons régulièrement, j'écris même à leur sujet (comme ça a pu être le cas pour Underbelly: Razor ou Underbelly: Land of the Long Green Cloud dans ces colonnes), mais rien à faire, une fois que je me retrouve devant l'un des pilotes de cette franchise, peu importe lequel : je freine des quatre fers. Je regarde les premières minutes à la grande rigueur (le temps de découper un générique, en gros), et encore. Je n'ai rien contre le principe, le cast des séries me semble à chaque fois plutôt prometteur, mais quand ça veut pas, ça veut pas.
Alors, c'était une grande première, ce pilote d'Underbelly: Badness, et je tiens à remercier whisperintherain parce que, sans ce défi et s'il ne m'avait pas confirmé qu'il était prêt à inclure les pilotes australiens dans celui-ci, j'aurais sans doute encore fait machine arrière au dernier moment. C'est une chose précieuse que la motivation mutuelle entre deux téléphages, et j'espère pouvoir, au long de notre expérience, pouvoir lui rendre la pareille.

Comme toutes les séries de la franchise, Underbelly: Badness est inspirée par des faits réels ; ici, les évènements de cette nouvelle série se déroulent entre 2001 et 2012. Inutile de dire que pour le dépaysement chronologique, on n'a pas frappé à la bonne porte, et que si vous vouliez de l'historique, il fallait regarder Underbelly: Razor. Personnellement ce n'est pas un problème pour moi, et je le vois plus comme un retour aux sources vis-à-vis de la première franchise qui se déroulait à peu près à la même période, mais je peux comprendre que ça déçoive légèrement après ce que nous ont offert les derniers opus en termes de voyage dans le temps.

Pour vous consoler, dites-vous qu'Underbelly: Badness, c'est un peu Underbelly: Dexter.
Notre criminel cette année est Anthony Perish, surnommé Rooster, condamné le 13 avril dernier à une peine de 18 ans pour avoir commandité le meurtre de Terry Falconer.
Voilà l'histoire telle qu'elle s'est produite : Falconer, qui à l'époque purgeait la fin d'une peine de prison pour trafic de drogue, assorti d'une autorisation de sortie afin de travailler, était selon Perish la personne qui avait torturé et exécuté ses grands-parents en 1993 ; le kidnapping puis le meurtre de Falconer relevaient donc plus du règlement de comptes et de la vengeance, que de la violence gratuite.
Mais ce sont les méthodes de Perish qui attirent l'attention : après avoir fait enlever Falconer, il l'avait laissé mourir d'asphyxie enfermé dans une malle en métal, avant de se débarrasser du corps par petits morceaux emballés individuellement dans des sacs poubelle lestés, et jetés dans un cours d'eau. Et, au passage, oui, vous assisterez à cette séquence de découpage pendant le pilote. Du Dexter, vous dis-je.

Comment Perish a-t-il pu réaliser cette vaste entreprise si bien organisée ? C'est que, voyez-vous, avec son frère Andrew, Rooster avait en réalité monté une petite entreprise qui ne connaissait pas la crise, et était également à l'origine d'une douzaine d'autres meurtres, sans compter le fait que les frères Perish étaient également fabricants et trafiquants de drogue. Donc c'est aussi un peu Underbelly: Breaking Bad.

Le plus fort dans tout ça, c'est qu'au moment du meurtre de Falconer, en novembre 2001, personne ne connaissait l'existence de Rooster Perish. Et par "personne", je ne veux pas dire "personne dans les services de police", non, absolument aucune trace de l'existence de ce type nulle part. Alors qu'il était l'un des criminels les plus dangereux du secteur, qu'il avait un labo (non-mobile !) de confection de drogue, et qu'il faisait même peur aux gangs de bikies locaux, depuis plusieurs années ; oui, c'est aussi un peu Underbelly: Bikie Wars. Alors forcément, la police était un peu sur le c*l. Et accessoirement, ça explique que l'enquête sur Perish ait duré si longtemps, l'une des plus longues d'Australie, en fait.

Dans l'ensemble, Underbelly: Badness, bien qu'elle ait des aspects excessifs, n'a pas l'air d'être une mauvaise série au vu de ce pilote. La prestation de Jonathan LaPaglia est par exemple plutôt solide (même si en-dessous de celle offerte dans The Slap), et la scène d'ouverture, dans un excellent face-à-face avec Matt Nable (dans le rôle de Gary Jubelin, le flic qui a enquêté sur Perish pendant des années avant de réussir à le coincer), atteint parfaitement son objectif de mettre face à face un être malfaisant et un autre d'une grande droiture.
En voulant insister sur la "mauvaiseté" du personnage d'Anthony Perish (ce qui par ricochets insiste sur le fait que pas âme qui vive à la police ne connaisse son existence), le pilote a tendance à en faire un peu trop. C'est un peu aussi la faute de la voix-off (celle de Caroline Craig, qui signe toutes les voix-off de la franchise) qui a un ton quasi-documentaire. Ca accentue le contraste.
C'est peut-être justement là que le bât blesse : si vous ne saviez pas qu'il s'agit de faits réels, vous trouveriez que c'est trop, que c'est caricatural, que c'est cliché. Que chacun est bien dans son rôle, que chaque chose est parfaitement à sa place. Qu'il ne reste aux 7 épisodes restants (c'est la série la plus courte de la franchise Underbelly) qu'à nous expliquer comment Jubelin a remonté la piste, mais qu'aucun personnage ne nous réserve de surprise, et donc d'émotion.
La réalité est parfois bien mauvaise scénariste.

A ce stade, je n'ai pas encore décidé si j'allais suivre Underbelly: Badness jusqu'au bout de sa saison.
D'un côté, 8 épisodes, c'est un engagement assez minime. Mais je serais bien malhonnête avec vous si je vous laissais croire que j'ai vu dans ce pilote quoi que ce soit qui me donne envie de lancer un autre épisode, si ce n'est le sentiment de culpabilité de ne pas adhérer à une franchise qui, depuis 5 ans, représente pour beaucoup la fine fleur de la fiction australienne. Si j'avais envie de ménager du temps dans mon planning téléphagique pour une série australienne constituant un court engagement, je préfèrerais me faire une nouvelle fois une intégrale de Cloudstreet, plutôt que de me taper une enquête en milieu criminel jalonnée de prostituées et de bikers.
Maintenant que j'ai vu mon premier pilote de la franchise, je ressens une grosse impression de "tout ça pour ça". Ce qui est idiot : rien ne dit qu'Underbelly: Badness soit représentative. Ca se trouve, elle est moins bonne que les précédentes. Il n'y a qu'une façon de le savoir. Mais après des années à entendre parler de cette franchise, vraiment, je me dis que la fiction australienne mérite d'être connue internationalement pour autre chose que ça (heureusement, l'une des prochaines étapes de notre défi nous emmènera vers Puberty Blues !).

D'ailleurs ça fait un bout de temps qu'on n'a plus entendu parler des projets de Starz pour installer la franchise aux USA, et avec le recul, je me dis que ce n'est pas plus mal.
Underbelly: CSI, non merci.

Challenge20122013

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