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ladytelephagy
9 août 2011

Le freak, c'est chick

En 11 épisodes de champagne, de soirées dans l'espace VIP, de robes chatoyantes et de papotages au boulot, les gonzesses de Single Ladies auront offert un constat bien triste de ce que veulent les femmes. Elles veulent : se marier à tout prix (Val), se trouver un mec riche qui subviendra à tous leurs besoins et surtout au reste (Keisha), et se libérer sexuellement et professionnellement sans que le petit mari n'en prenne trop longtemps ombrage (April). Bref, elles veulent tout, sans rien en échange, sans rien avoir à donner, juste parce qu'elles estiment qu'elles le méritent bien. Si les nanas ne vous exaspèrent pas déjà, un visionnage de Single Ladies devrait donc rapidement pouvoir arranger ça.
Mais, pire encore, Single Ladies offre un constat tragique de la façon dont les hommes ont tendance à réagir à tout cela. Et ils ont tendance à ne pas le vivre avec la classe espérée : ils s'enfuient (Quinn), ils mentent (Malcolm), ils font du mal à dessein (Darryl).
Charmante galerie de personnages en vérité.

Mais après tout, Single Ladies n'a jamais eu pour vocation de rendre ses personnages sympas. En fait, elle n'essaye même pas, et c'est certainement l'un de ses traits les plus saisissants. Elle préfère compter sur l'identification pour faire pardonner les défauts. Ainsi, Val est la fille qui veut absolument se marier et ne cherche un homme que dans ce but, dans lequel les désespérées du mariage se retrouveront si facilement. Keisha est une calculatrice vénale, une voleuse et même une pétasse de première, mais elle a le sens de la petite phrase, elle a du tempérament, et surtout elle est toujours là pour aider quand on a besoin d'elle. April est au quotidien douce, raisonnable et conciliante, ça permet d'oublier qu'elle pensait pouvoir se taper le maire sans qu'il n'y ait de conséquence sur son mariage ou sa vie publique, et que pendant tout ce temps elle a menti à son mari (certes étouffant) et même ses amies comme une arracheuse de dents ; une fois libérée de son mari, elle devient une emmerdeuse patentée au boulot où elle a décrété qu'elle allait avoir une promotion quoi qu'il arrive.

Du coup, obsédées par le mariage, l'argent et la réussite, elle sembleraient finalement bien exécrables vues de l'extérieur. On n'aura pas beaucoup l'occasion de les découvrir sous ce jour puisqu'un maximum de scènes les font interagir les unes avec les autres, leur permettant de se renvoyer mutuellement l'image de filles sympas, drôles, spirituelles, intelligentes et même fragiles. Comme une vraie bande de gonzesses, elles ont l'impressionnante faculté de se poser comme victimes même quand ce sont elles qui foutent la merde dans leur propre vie.

Single Ladies décomplexe ses spectatrices. Les travers, les exigences et les excès des filles deviennent acceptables grâce à l'ambiance de camaraderie détendue des personnages. Là où Sex & the City (incontournable référence du genre, et en fait mère de toutes les séries chick) offrait une chronique oscillant avec à peu près élégance entre loufoquerie, tendresse et romance sexy, Single Ladies se prend au sérieux en permanence et légitime les actions de ses héroïnes (et donc de ses spectatrices) en les faisant passer pour de pauvres Cendrillons qui ont chacune un plan pour assurer leur avenir grâce aux hommes : l'une en se trouvant un mari enchaîné à vie, l'autre en se trouvant un mécène au portefeuille en corne d'abondance, la dernière en progressant dans son métier en jouant les harpies sur quiconque ne lui offre pas sa promotion dans la seconde. Qu'au passage elles semblent se comporter comme des enfants et/ou des garces n'a aucune espèce d'importance. La fin justifie les moyens.
Comme si elles devaient trouver un plan pour se défendre, comme si leur existence terriblement compliquée impliquait l'élaboration de mécanismes sociaux de défense (en fait, d'attaque), les héroïnes de Single Ladies envisagent leurs relations aux hommes comme des garanties à verrouiller pour sécuriser leur avenir émotionnel, financier ou professionnel.

Et si le message terriblement sexiste de Single Ladies passe si bien, c'est donc grâce à son univers bling bling. Car comble de l'ironie dans un univers où les héroïnes agissent comme si leur sécurité était en jeu, l'argent n'est jamais un problème, seulement une question. Les appartements sont chics et chichement décorés, les dîners sont hors de prix et toujours en bonne compagnie, les robes sont pléthoriques et parfaitement accessoirisées. C'est que ces dames ont leur standing, voyez-vous, et qu'un homme incapable de les traiter comme des reines ne mérite, au mieux, que d'être considéré comme un jouet sexuel. Il faut voir la mine ravie de Val quand l'une de ses conquêtes (avec qui elle n'a encore jamais concrétisé) la baigne et la met au lit comme une petite princesse, des générations de féministes se retournent dans leur tombe. L'homme, une fois qu'on lui a mis le grappin dessus, a intérêt à obéir au plus futile et infantile des caprices.

Conçue pour un public féminin, urbain, et élevé dans une certaine culture des rapports hommes/femmes (admirez l'euphémisme), Single Ladies véhicule des images sexistes, limite avilissantes (pour tout le monde), mais avec un alibi glamour inattaquable, et à l'aide de répliques over the top hilarantes (plus ou moins exprès). Regardée avec de la distance, la série est amusante, et sans conséquence.
Mais je me méfierais comme de la gale d'une nana dont ce serait l'une des séries préférées (comme on peut en lire d'édifiantes preuves sur Twitter les soirs de diffusion). Fort heureusement, ce genre de bestioles a peu de chances d'être croisée parmi les téléphages francophones, puisque je doute que nous ayons été bien nombreuses à suivre la première saison.

Le plus triste, c'est que je regarderai probablement quand même la seconde, car nulle part ailleurs on ne trouve de sorties aussi tragi-comiques que celles de Keisha...

SingleLadies-Keisha-1SingleLadies-Keisha-2SingleLadies-Keisha-3

Et pour celles qui manquent cruellement de culture : la fiche Single Ladies de SeriesLive.
Bonus : on n'aura ptet pas à se payer Val l'an prochain !

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8 août 2011

Tombée de haut

J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La première saison de Falling Skies est finie. Vous étiez prévenus, c'était la bonne ET la mauvaise nouvelle.
Parce que le problème c'est qu'en 10 épisodes, Falling Skies a prouvé qu'elle était capable du meilleur mais qu'elle n'avait l'intention que de fournir le pire.

FallingSkies-Back
La mythologie de Falling Skies met un temps infini à se mettre en place, point par point, et pourtant elle est captivante. Les harnais des gamins, la véritable nature des Skitters... et bien d'autres choses encore, sont des twists qui, à défaut d'être nécessairement surprenants, proposent d'aller plus loin qu'une bête invasion à laquelle il faut résister.

La série a de vrais thèmes à explorer, de réelles questions à poser. Mais voilà, elle évite l'exploration de ses thèmes au maximum. On a l'impression qu'en voulant faire quelque chose de grand public, avec de l'action, de l'angoisse, des attaques et des conflits internes (il est possible que ce soit légèrement redondant, oh, rien qu'un peu), on oublie d'emprunter les chemins qui sont dessinés, très lentement, en filigrane. Ah mais ma bonne dame, explorer les thèmes dés la saison 1, mais vous n'y pensez pas, on veut se faire renouveler, nous !
Et au final Falling Skies dégage des axes intéressants sans jamais s'y engager vraiment.

Ainsi on dramatise autour de conneries qui devraient avoir été réglées dans le pilote ou, au pire, le deuxième épisode : les douleurs des uns et des autres face aux êtres chers disparus, les remords et les rancoeurs éventuels, les luttes intestines au sein de la Résistance, et tout le bordel, ça devrait être envisagé vite fait, mais pas appuyé au point qu'au 10e épisode ce ne soit pas encore derrière. Le 2nd Mass est ensemble depuis un moment déjà, on n'a plus de raison d'assister à tout ça avec tant de détails, surtout quand ces sujets sont systématiquement entrecoupés de séquences longues comme le bras où on se demande ce qu'on va faire, ce qu'on va pas faire, comment on va le faire, comment on va pas le faire, est-ce qu'on va pouvoir le faire, qui va le faire, qui ne veut pas qu'on aille le faire, et qui va regarder faire. Une série avec des éléments de stratégie, je veux bien, mais ça s'appelle SPACE 2063 et on est loin des références aux grandes batailles de l'Histoire (un comble vu la formation du personnage principal). Mais Falling Skies continue de se perdre dans les méandres de ses questionnements sur l'action, et à cela, encore faut-il rajouter l'action elle-même.

Ca laisse peu de place à la dramatisation, donc. Et c'est terrible parce qu'il y a un potentiel fou.
La cruauté des humains en temps de crise ? Effleurée, merci Maggie, va faire accoucher des bonnes femmes maintenant. Les tractations avec les Skitters que certains poursuivent lâchement mais pour sauver leurs enfants ? Normal, on s'inquiète pas, on dézingue tout le monde et on n'en parle plus, Tom se pose même pas la question alors que depuis le début il nous a cassé les couilles avec Ben. La découverte que certains humains ont été parqués dans des camps ? Hm, oui, et alors, des camps, c'est pas du tout un truc qu'on peut utiliser à des fins dramatiques, allez, faisons comme si on n'avait rien entendu. Le fait qu'on ait découvert à quoi servaient les harnais des enfants ? Ouais c'est bien triste tout ça, mais on change rien, continuons de vouloir niquer du Skitter quand même (euh, allô, c'était votre meilleur axe de réflexion sur cette guerre !!!). La question de savoir ce qui définit ou non un humain ? Euh, non ça va, ya plus urgent, on a enlevé les harnais, tout est normal. Découvrir implicitement qui a créé les Mechs ? Bon bah ça va on va pas se mettre la rate au court-bouillon pour si peu.
C'est dingue ça quand même ! Mais si vous n'aviez pas envie d'en parler, mais fallait pas amener le sujet et pis c'est marre ! Quand j'ai pas envie d'élaborer sur un sujet à propos duquel je me sens pas à l'aise, je le mets pas sur le tapis, pour commencer !

Ah mais par contre, pour que bidule ait un faible pour machin, que trucmuche veuille se conduire comme un grand alors qu'il est haut comme trois pommes, ou que chose soit un méchant-devenu-gentil, là, ya du monde. Dramatisation à deux balles qu'on aurait aussi bien pu trouver dans n'importe quelle série sans qu'on ait besoin de droides qui font des bruits caverneux...
Moi, j'aurais investi dans une série comme celle-là, je regarderais mes souches de chèques et je me demanderais si ce pognon a si bien été dépensé que ça. On pouvait faire du soap sans payer le cachet de Steven Spielberg, aussi.

Alors je suis en colère parce que, à la limite, avec une mythologie inexistante, naze, ou mal définie (V nous a bien fait le coup après tout), ce serait pas grave, je me dirais ok, la série est pas géniale, c'est un divertissement de science-fiction et puis c'est tout. Mais là, il y a de la matière, simplement on ne veut pas l'employer, probablement parce qu'on a eu trop de sous pour ne pas s'en servir, et qu'on ne veut pas effrayer le télambda qui sera venu à la série précisément parce que Spielberg a son nom en gros au générique.
Donc je dis non. C'est pas possible. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre, et le sourire du Skitter, c'est pas jouable. A un moment faut se mouiller, si c'est dans le divertissement grand public on assume ; si c'est avec des intrigues en acier blindé, on accepte qu'on fera moins d'audiences, et puis c'est tout. Mais on ne peut pas bouffer à tous les râteliers, ça ne se peut pas.
J'aurais accepté de baisser mes exigences si le scénario n'avait pas, une fois de temps en temps, été porteur d'espoir. Mais Falling Skies n'assume même pas ça.

Donc Falling Skies aura été mon rendez-vous SF, placé sous le signe du "on sait jamais, ptet qu'à un moment ça va devenir bon", et ça n'a jamais été le cas en 10 épisodes. Fort heureusement, la déception n'a été vivace que pendant 8 semaines, me direz-vous.
Quant à savoir si je laisserai cette déception durer ne serait-ce qu'une semaine de plus l'année prochaine... tout dépend à quel point Terra Nova m'aura enthousiasmée ou déçue dans l'intervalle, en fait. C'est vous dire à quoi ça tient.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Falling Skies de SeriesLive.

2 août 2011

Vraiment !?!

Really
Vraiment, Lifetime ? Vraiment ?
Vous êtes en train de me dire que, pour une fois que je peux regarder un pilote de Lifetime (parce qu'entre nous soit dit, je cherche encore ne serait-ce qu'un extrait de la mini-série Maneater), c'est une série policière ? Vraiment ? VRAIMENT ? Alors c'est vrai, j'aurais pu m'énerver pour The Protector. Mais vu que je ne suis pas les projets de très près, et que le titre était assez transparent, on va être clairs, je ne m'attendais pas à autre chose.
Mais voilà. Against the Wall, c'est un titre ouvert, plein de promesses, capable de tout. C'est un titre derrière lequel il peut se passer n'importe quoi. Et vu que je cagoule TOUS les pilotes sans chercher à discuter sur le pitch que je ne lis même pas, vous comprenez bien que je me régalais par avance d'une nouvelle série. Dramatique. Dramédique. Comique. M'en fous, tout sauf policier. Vraiment.

Alors on pourra arguer que l'enquête n'est pas vraiment le noeud de notre problème. Elle n'est pas si omniprésente dans le pilote que j'aie envie d'aller m'immoler par le feu devant les bureaux de Bruckheimer pour avoir susciter cette fichue mode de la série policière. Vraiment. Against the Wall est avant tout une histoire d'immaturité, d'une femme qui ne se prend pas en charge, qui n'a aucune indépendance, et qui, par un choix qui n'en est même pas un, va bien être obligée de couper le cordon avec popa-moman. Je veux bien.

Mais merde, yavait pas moyen de raconter cette histoire avec autre chose que de la flicaille ? Vraiment ? Et alors que les familles de flics, Blue Bloods a réussi avec succès à les mener à l'écran toute la saison passée ? Vraiment ?

Vraiment, Lifetime !?! Incroyable.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Against the Wall de SeriesLive.

21 juillet 2011

Sans faute

Attendez-vous d'une dramédie :
1/ qu'elle possède un concept absolument dément et totalement inédit
2/ qu'elle mette en valeur des acteurs super-connus
3/ qu'elle montre des personnages sympathiques sous des angles variés et fasse passer un bon moment
Si vous avez répondu 3 à cette question, alors vous gagnez le droit d'essayer Nothing Trivial, la série néo-zélandaise qui a commencé hier soir et qui, si elle ne réussit pas à correspondre au 1, et aurait du mal pour nous autres spectateurs français à valider le 2, a tout de même beaucoup de charme.

Mais évidemment, mon regard était forcément biaisé : quand j'ai su qu'il serait question de pop quiz, j'étais conquise. Je raffole de ce genre de jeux et manque cruellement d'occasions de m'y adonner. Par contre j'ignorais complètement qu'il existait des "pub quiz" (à part dans Better With You mais j'avoue que l'intrigue sur le base ball m'avait un peu endormie ce jour-là), et ma curiosité est d'autant plus piquée.

NothingTrivial
Alors c'est vrai, Nothing Trivial n'est pas vraiment bluffante. Partir du principe que les 5 personnages principaux vont se retrouver toutes les semaines dans un bar pour tester leur culture générale et, au passage, parler de leur vie privée, ne se traduit pas de façon hautement conceptuelle. Par exemple je m'attendais à ce que la série se passe intégralement dans le bar, ce qui aurait été franchement original, et au lieu de ça l'épisode est bourré de flashbacks. Certes ces flashbacks n'ont rien d'irritant comme ils peuvent l'être dans d'autres séries, mais c'est pas l'idée du siècle, du coup. Par contre c'est vrai que ça met une bonne ambiance et qu'au moins les personnages ne se retrouvent pas juste pour picoler, il y a quelque chose derrière leurs retrouvailes hebdomadaires qui, à défaut de provoquer une série renversante, permet de lui donner sa propre personnalité.

De la même façon, les personnages ne sont rien qu'on n'ait déjà vu avant. Il y a le type que sa femme quitte, celle qui divorce, celle qui a 40 ans et n'a toujours personne, la petite chose fragile qui sort d'une rupture avec un type étouffant, et un célibataire endurci. Là encore, rien d'absolument palpitant à première vue. Sauf que les acteurs incarnent vraiment leur personnage avec beaucoup d'intelligence. Là où Catherine aurait pu passer pour une insupportable frigide snob et distante, on obtient une femme toute en nuances et pleine de charme, avare de ses mots et pas nécessairement habituée à avoir une vie sociale, mais en tous cas vraiment attachante. Le seul personnage encore en retrait est celui d'Emma, qui pour l'instant est trop timide (et un peu benet) pour se faire remarquer, mais à coup sûr ça pourra se faire par la suite.

En un peu moins de trois quarts d'heure, Nothing Trivial propose avant tout de nous donner l'impression de partager un moment avec cette bande, rien de plus, rien de moins. C'est quelque chose que Go Girls proposait déjà, d'ailleurs, à sa façon, et j'ai un peu le sentiment que c'est assez récurrent chez les dramédies néo-zélandaises, mais on en reparlera quand j'en aurai testé un peu plus. En tous cas il n'y a pas d'autre ambition que d'être une série chaleureuse qu'on a envie de suivre pour ses personnages, et, en ce qui me concerne, pour me tester aussi en matière de littérature, cinéma ou histoire, au passage. Mais d'un autre côté, le pilote n'a strictement rien à se reprocher.
Rien de tout cela ne fera entrer Nothing Trivial dans les annales de la télévision. Mais l'épisode propose un moment plein de charme, d'énergie et de divertissement. Eh, c'est pas un gros mot, après tout.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Nothing Trivial de SeriesLive.

16 juillet 2011

Winter is so far away

GameofThrones-Bilan

Des séries, j'en vois défiler quelques unes sur mon écran. Deux ou trois par an (je parle en centaines, ça va de soi). Donc quand je suis prête à dire que l'une d'entre elles s'apprête à entrer dans mon Panthéon personnel, genre là où on trouve déjà Pushing Daisies et SPACE 2063, ça a du sens, quand même. Il y a les séries qu'on aime mais qui font partie du roulement, et qui disparaitront du podium avec le temps... et celles qui demeurent des classiques à jamais. Pas sûre que dans 10 ans je vous reparle de Nurse Jackie par exemple. C'est une bonne série mais elle n'a rien de ces titres qui vous provoquent une révolution téléphagique, qui vous remuent les tripes, qui font basculer votre univers.
Game of Thrones, si.

C'était à la fois un délice et une torture que d'attendre une semaine entre chaque épisode. Et c'est rare pour moi, ce genre de choses. Quand, lorsqu'on regarde une poignée de pilotes par semaine, qu'on a quelques intégrales en route à des rythmes variables, et pas mal de série en cours de suivi hebdomadaire, une série provoque une telle sensation d'excitation et de manque à la fois, c'est là encore un signe qui ne trompe pas.

Pourtant qui aurait pu le prédire, quelques semaines plus tôt encore, alors que je présente une forte allergie au genre, et que dés le départ il était net pour moi que regarder la série n'impliquerait jamais au grand jamais de me farcir la lecture des bouquins. Je partais avec des handicaps marqués, qui d'ailleurs ont eu des effets négatifs prévisibles pendant le visionnage du pilote, et pourtant, me voici conquise à l'issue des 10 épisodes. Au point de trouver que 10 épisodes seulement, c'est du sadisme.

D'abord, parce Game of Thrones brille par une galerie de personnages absolument impeccable. Il n'y a pas un personnage qui ne soit parfaitement dépeint, du plus présent au plus secondaire. Parfois on a l'impression que le cast est trop large pour l'histoire qu'il y a à raconter (certains personnages ne semblant être là que pour peupler un univers qu'il faut montrer comme dense et divers, à l'image de gens comme Septa, Hodor, Ros, Doreah, etc...), mais il n'empêche que chaque personnage est conçu, et interprété, avec tant de soin, de détails et d'application, qu'on se voit mal ne pas tous les apprécier pour ce qu'ils apportent, ce qu'ils présentent, ce qu'ils dévoilent. Par exemple sur la fin on apprend le secret du vieux Pycelle, alors qu'on ne savait même pas qu'il en avait un, et au juste difficile de dire si cette révélation aura un impact sur la suite ou si ça fait juste partie de l'excellente écriture des personnages pour leur donner tout le relief possible. Ce relief fait qu'aucun n'est parfait (la famille Stark ayant, en grande majorité, un don incroyable pour être d'une connerie sans précédent, drapée qu'elle est dans la fierté qu'elle tire de sa supériorité morale), et pourtant tous ou presque ont des raisons de capter notre attention et notre affection.
On peut trouver qu'il faille une mémoire encyclopédique pour retenir tous les noms, mais on ne peut pas retirer à Game of Thrones qu'elle en fait un emploi impeccable même quand ça n'a pas d'utilité pour les intrigues, ou pas directement.

L'intrigue en elle-même, justement, est un poème à elle seule. A l'issue des 10 épisodes, on ressort avec l'impression d'avoir assisté à une saison d'exposition (ce qui explique le sentiment de flou que j'avais ressenti au moment du pilote). Game of Thrones est une immense fresque dont la genèse prend naissance des années avant son premier épisode, et pourtant son but est de nous préparer aux évènements à venir, pas de nous expliquer ce qui s'est passé, et pas de nous offrir une histoire pour lequel le passé soit éclairant, non plus. La fuite des Targaryen n'est ni la conséquence directe, ni même la cause directe, des évènements qui attendent les protagonistes qui en sont les héros, par exemple.
En fait toute la première saison est destinée à nous donner un immense sentiment de rouage de l'histoire : ce n'est ni là que ça commence, ni là que ça finit, c'est une époque de troubles dans une histoire qui n'a connu que des troubles, quelle que soit l'époque. Game of Thrones accomplit ce qu'aucune série réellement historique n'a jamais réussi à créer à mes yeux : l'impression d'un cycle parmi tant d'autres dans l'histoire d'un continent, d'un peuple, d'un royaume, où chaque élément s'explique historiquement et expliquera quelque chose d'autre historiquement, mais peut se prendre comme une histoire à part entière. L'ironie du sort, c'est que c'est de la fantasy qui me donne l'impression pour la première fois de suivre dans une série l'Histoire avec un grand H. On a l'impression d'un cours magistral d'Histoire qui tente de nous donner à la fois les faits et leur conséquence indirecte, pour nous préparer aux explications sur la période qu'on va vraiment étudier. Je ne sais pas vraiment comment l'exprimer, c'est comme si la première saison avait cette incroyable capacité à tout placer dans un contexte, en ayant la conscience aigue que tout aura une conséquence.

Et pourtant, pendant les épisodes, il n'y a aucun temps mort, aucune impression de lenteur, d'exposition longue et bavarde, d'explication pour nous permettre de comprendre les enjeux au détriment de ceux-ci, comme on pourrait le craindre vu ce que je viens de dire. Au contraire la série se déroule au pas de charge ! J'ai rarement vu une série dans laquelle il se passe tant de choses en 10 heures, il y a de quoi faire rougir 90% des séries dramatiques dont les intrigues trainent laborieusement en longueur !
Par je ne sais quel miracle, Game of Thrones parvient à avoir toujours la bonne dose d'action, d'humour, de revirement de situation, d'explications, de questions sans réponses, de réponses sans questions, et de character development, en un temps absolument record ! C'est plus de l'écriture, c'est de l'orfèvrerie.

Alors on pourrait se dire que dans tout ça, n'importe quel téléphage serait déjà comblé. Et pourtant, non. Les spectacteurs masculins ont eu avec cette saison un aperçu de ce à quoi peut ressembler un orgasme multiple : quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Et on n'a aucune envie de s'en plaindre.
Parce que non contente de présenter des personnages impeccablement dépeints, non contente d'avoir des intrigues savamment dosées, non contente d'avoir un rythme haletant et pourtant toujours attentif à ne perdre personne en route, Game of Thrones, c'est aussi des costumes et des décors éblouissants (et pourtant Dieu sait que je suis pas du genre à craquer là-dessus), une réalisation léchée, une BO à tomber par terre...

A partir de là, le seul reproche qu'on peut formuler envers Game of Thrones, c'est celui qui déjà pointait son nez quand je vous parlais du pilote : il n'est pas concevable, voire même criminel, qu'on puisse regarder cette série et être laissé en plan entre deux épisodes, à plus forte raison entre deux saisons !
Si vous n'avez pas encore tenté Game of Thrones, mon conseil sera donc de ne pas vous y mettre. D'attendre son annulation, dans 10 ans si Dieu le veut, et à ce moment-là, de vous bloquer 15 jours de vacances et vous faire une intégrale. Ne vous mettez pas au supplice : attendez avant de vous lancer.
Parce qu'une fois que vous aurez commencé Game of Thrones... you watch or you die.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Game of Thrones de SeriesLive.

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16 juillet 2011

En petite vertu de la loi

Crownies

"When I first came here, you advised me to have a glass of champagne every night, so I could have a glass after a case without it looking like a celebration. Because prosecuting isn't about winning or losing, you said, we're not representing the victim, we're not obliged to feel for the victim or feel we have to give our best for them, but we do, David. We do."
(Janet King, Crownies - 1x01)

Si comme moi, vous êtes coutumier des legal dramas, Crownies ne vous surprendra pas vraiment. Je comprends pourquoi ABC1 en a commandé directement 22 épisodes : ça se mange sans faim ! Le produit est parfaitement calibré, la formule a été testée et approuvée par le passé, il n'y a, à vrai dire, pas tellement d'enjeu (et du coup je m'explique mal les audiences très tièdes de son lancement).
Mais on ne regarde pas toujours une série pour son originalité. En fait, il y a des tonnes de séries qu'on regarde tout en sachant qu'elle empruntent des sentiers balisés, et pour autant on ne les trouve pas moins agréables. C'est le cas de Crownies, qui rappellera de nombreuses séries du même genre, parmi lesquelles The Deep End, à la différence notable qu'on a ici affaire à des procureurs et non des avocats travaillant en cabinet.

La structure est donc la même : un groupe de jeunes (et bien-sûr beaux) procureurs se lance dans le métier, et en apprend les avantages et les inconvénients au fil de leurs expériences. Fort heureusement, le poncif du "j'arrive dans mon nouveau boulot" nous a été épargné, et nos jeunes sont déjà bien intégrés dans les bureaux du procureur lorsque commence le pilote, qui suit la journée précédant le pot de Noël du bureau (je vous avoue que même en travaillant dans le public, jamais je n'ai vu un pot de Noël à thème comme celui-là ; je commence à me dire que j'aurais dû passer les concours de la magistrature, plutôt). Se mêlent donc des préoccupations décontractées, des répliques amusantes et des taquineries entre collègues du même âge, et les véritables cas légaux auxquels nos jeunes (et nos moins jeunes) sont confrontés.

De ce côté-là, on est un peu dans la demi-teinte. La répartition est très irrégulière dans le premier épisode, bien que s'arrange avec le deuxième (c'étaient en effet deux épisodes qui étaient proposés pour la soirée de lancement ; en l'absence d'une séparation nette entre le deux, je vais donc traiter dans ce post des deux épisodes).

Ainsi, c'est surtout la belle rousse Erin qui est au centre des attentions scénaristiques avec deux affaires similaires que son mentor l'encourage à ne pas mener au procès. Mais la rouquine a encore un petit coeur qui bat sous sa peau de porcelaine (ai-je mentionné que la créature en question est un ravissement pour l'oeil ?) et elle persiste malgré tout. Le côté idéaliste de la jeune femme est assez classique mais donne une touche humaine aux intrigues, ce qui fait plaisir vu le ton badin de beaucoup d'autres axes du pilote.
Les autres affaires sont assez rapidement survolées, entre Ben qui se voit confié un dossier très important et top secret, mais dont le contenu sera vite balayé par le scandale entourant le trajet du dossier lui-même (en fait, c'est l'axe que va emprunter, à ce qu'il semble, une bonne partie de la saison, l'occasion de donner aussi de bonnes scènes au personnage de Janet, cf. citation ci-dessus), Lina qui bosse sur une affaire touchante mais qui touche à sa fin (la plaidoirie a eu lieu avant le début du pilote, on est en attente d'un verdict), et Tatum dont je ne suis pas certaine d'avoir compris à quoi elle sert sinon être blonde et ravissante.
Par contre, si l'on en sait peu sur le déroulement des dossiers de Richard dans un premier temps, on a droit à une suite de petites scènes très touchantes mettant en exergue la difficulté que c'est pour lui de devoir faire de la paperasse sur des affaires glauquissimes. On ne le verra pas les traiter, les plaider, les régler ni quoi que ce soit, on n'est même pas sûrs qu'il fasse autre chose que remplir des cases (le passage devant un juge se fera, par contre, pour le 2e épisode, avec un dossier n'ayant rien à voir, et ce sera un epic fail de toute beauté), par contre l'accumulation de dossiers ignobles est très bien rendue. Richard, épuisé, supplie qu'on lui donne autre chose que des crimes sexuels, n'importe quoi. "De la drogue, pourquoi pas ? J'adore la drogue !" s'exclame-t-il en espérant en finir avec les plaintes pour viol et inceste. Le pilote lui donne assez peu de scènes, ce qui souligne son tempérament doux, effacé et raisonnable, mais ces petites touches sont un plus considérable pour présenter à la fois le personnage et les réalités de la profession.

Alors après, je ne vous le cache pas, il y a un peu de fesses. Et encore, moins que ce que le trailer laissait présager. C'est vraiment le côté le moins agréable de la série, qui donne l'impression que les histoires de coucheries devaient être explicitées un peu plus souvent qu'à leur tour pour plaire au public (je ne serais pas étonnée si c'était en fait le truc qui avait refroidi le public, pas forcément habitué à ça dans une série légale). Non que ces scènes soient épouvantablement explicites (même s'il y a un peu de racolage dans la façon de profiter de la plastique impeccable de Tatum, et dans une moindre mesure Erin et Lena), mais enfin, voilà, ça fait un peu remplissage grossier pour faire jeune et hype et attirant.
Je n'en ai pas vu l'intérêt, même dans le cadre du fameux axe tournant autour du dossier qui ne doit pas sortir du bureau du procureur (et qui bien-sûr va se retrouver dans la presse). Je me fiche un peu de qui couche avec qui, surtout dans le cas de Lena où vraiment j'ai pas compris du tout l'intérêt de la scène. Et si untel couche avec unetelle, la drague est tellement évidente en amont (cf. Ben, Julie et le bonobo ; regardez, vous comprendrez) que c'était pas la peine de montrer après que ces deux-là avaient concrétisé tant c'était évident. C'est en ça que la gratuité a tendance à titiller les nerfs ; j'espère qu'on se passera de ces scènes à l'avenir maintenant qu'on a compris les dynamiques (notamment du côté de Tatum où on n'a vraiment pas besoin qu'on nous mette le nez dessus pour percevoir ce qui se passe), mais j'ai comme un doute.
Je vous rassure, ça ne baise pas non plus dans tous les coins, mais ça manque de subtilité, voilà tout.

Dans la légèreté ambiante de la série (l'omniprésence de Tatum, alors que concrètement je n'ai aucun souvenir de l'avoir vue bosser dans aucun des deux épisodes, et l'arrogance permanente de Ben, y contribuent fortement), le drame est donc exploré avec prudence. Et après tout ce n'est pas plus mal : il ne s'agit pas de jouer les montagnes russes. Bien que j'aime beaucoup quand une série légale nous offre des moments bouleversants dans une affaire, je dois reconnaître qu'il est plus équilibré de ne pas partir dans du drame trop sombre vu la tonalité générale des autres scènes. D'un autre côté il n'y a pas de gag à proprement parler non plus, pas de gros délire, pas de bizarrerie incroyable ; c'est vraiment de la dramédie pure, parfaitement à mi-chemin. On apprécie ou pas, mais il n'empêche, c'est plaisant d'avoir su trouver le ton juste.

Certains personnages sont donc plus appréciables que d'autres, plus approfondis que d'autres, plus agréables visuellement que d'autres (plusieurs des acteurs sont des anciens, même de façon fugace, du soap Home and Away ; alors après c'est vrai aussi que l'interprète de Ben était dans Cloudstreet, ça n'augure en rien de leur talent, mais enfin les moches courent pas les couloirs du bureau du procureur, quoi)...
Rien de révolutionnaire dans la série Crownies, c'est certain. Mais un légal drama agréable, porté par un cast sympathique et une écriture qui n'a pas à rougir, ça fait toujours plaisir.

Je ne sais pas encore si je tiendrai la longueur (j'ai tendance à avoir de plus en plus du mal avec l'âge), et donc j'ignore si je regarderai Crownies au rythme de sa diffusion ; récemment j'ai eu un peu de mal à continuer Winners & Losers pour cette raison. Je préfère mes séries australiennes avec une douzaine d'épisodes, que voulez-vous ? Mais ça ne retire rien à son plaisant mérite.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Crownies de SeriesLive.

15 juillet 2011

T'ar ta gueule à la récré

TheYard

Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu quelque chose d'autant original, impertinent et futé que The Yard, la série canadienne qui a démarré il y a peu sur le réseau de HBO Canada.

Rares sont les séries à parler des pré-ados avec intelligence, de nos jours, sans leur infliger de se plonger dans un bain de couleurs flashys ou les gaver de rêves de gloire à la chaîne. The Yard est l'exception qui confirme la règle, pour la bonne raison qu'elle ne leur est pas adressée. Mais rien ne les empêche de se ruer dessus, naturellement.

Le pilote de The Yard se présente comme une série sur les gangs, à la notable différence que son contexte n'a rien à voir avec Emerald City, mais plutôt avec la cour de récré que nous avons tous plus ou moins connue. Les personnages s'y comportent à la fois comme des racailles et comme des enfants, mais sans jamais tomber dans la caricature ni de l'un ni de l'autre. Je vous rassure, on n'a pas ici de gamin qui vendent de la coke et se comportent comme les terreurs qu'on nous dépeint occasionnellement quand on veut qu'on ait peur de la nouvelle génération de gosses, mais des gosses qui, à leur niveau, tentent de garder le contrôle de leur univers à leur façon.

Ainsi, dans ce mockumentary (qui, pour une fois, ne m'a pas semblé indigeste), le héros est Nick, une jeune garçon qui gère la cour de recré comme un chef avisé, avec sa petite bande constituée de son meilleur ami Johnny, convaincu d'être magicien, ses frères JJ l'intello et Adam le gamin, et enfin Suzi, une fille qui estime qu'il n'existe aucun problème qu'on ne puisse résoudre par la violence. Il use de son influence pour veiller à ce que tout se passe bien, sachant que les besoins fondamentaux des élèves pendant la récré sont de pouvoir jouer et manger leur goûter.
Il y a bien-sûr une bande rivale, celle de Frankie et ses balourds de frères Porkchop et Micky. Par un accord plus ou moins tacite, Frankie et les siens dirigent la cafétaria, à l'intérieur de laquelle ils peuvent faire la loi ; mais la cour de recré appartient à Nick et sa bande. Sauf que bien-sûr, cela ne va pas sans quelques luttes de territoire et d'influence.

De prime abord, The Yard dresse donc des portraits attachants de gamins qui sont à la croisée de deux mondes, quand on n'a pas encore une vision totalement réaliste des choses mais qu'on n'est quand même pas tombé de la dernière plue. Quand les choses en apparence si anodines pour les adultes commencent à prendre de l'importance. Les dialogues sont à l'avenant : ils sont truffés de grossièretés mais en même temps témoignent d'un regard encore très enfantin sur les choses qui constituent l'univers des personnages.

Mais surtout, The Yard fonctionne comme une impeccable caricature du monde adulte (au corps défendant de ses héros). Ce premier épisode nous familiarise avec l'économie de la cour de recré, basée exclusivement sur l'échange de cartes à jouer. Mais cela prend des proportions épiques lorsque les explications de Nick et sa bande sur le fonctionnement de ce système commencent étrangement à rappeler le fonctionnement du capitalisme à part entière. Tout y est : comment le système s'est installé dans la cour de recré, comment il régule la micro-société (la fille populaire sort avec l'ex-nerd devenu richissime), et on a même droit à une savoureuse liste de tarifs pour divers objets de première nécessité. Mieux encore, nos protagonistes vont, sans le comprendre ni le nommer, recréer des effets de spéculation sur le marché de la carte à jouer, qui vont prendre un tour tragi-comique avant la fin de l'épisode, taclant au passage Hannah Montana.

C'est pas que je cherche absolument à vous vendre cette série. Mais je me sens obligée d'ajouter que la B.O. est impeccablement calibrée pour apporter un peu des deux univers (enfantin et adulte) à l'ambiance de la série, et visuellement, on est dans le même genre d'équilibre.
Mais surtout, le cast est très bon. La comédie, c'est vraiment un genre difficile pour des enfants qui ont soit du mal à conserver leur sérieux (d'un autre côté, même les adultes de That 70s Show n'y sont pas souvent parvenus...), et la dramédie plus encore. Mais ici, les acteurs sont hilarants sans rien en laisser paraitre, ce qui est parfait ; même les rôles les plus secondaires deviennent un régal dans les mains de ces petits bonhommes, comme celui d'Ashok.

Qui plus est, là où le mockumentary pourrait être lourd, il donne un éclairage équilibré et hilarant sur l'intrigue. Bien-sûr, il faudra voir comment ça fonctionnera avec le temps, car c'est forcément plus appréciable dans un épisode d'exposition, mais pour le moment le résultat est sans reproche.

Alors, bon. Je ne voudrais pas insister, je m'en voudrais de me montrer trop pressante. Mais c'est excellent. Vraiment, vraiment brillant. Et je dis pas ça souvent. Bon d'accord, je l'ai dit récemment pour Roseanne mais dans un tout autre registre. Non, attendez, je ne l'ai même pas dit comme ça pour Roseanne. Donc je persiste : The Yard est absolument brillant. Si vous voulez vous targuer d'être un peu téléphagiquement cultivé, il faut au moins avoir vu le pilote.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Yard de SeriesLive.

12 juillet 2011

Qui peut le plus...

Alphas

Ce qu'il y a de bien, quand on n'attend pas de série en particulier et qu'on prendre l'habitude de ne jamais prêter attention aux projets, c'est que les déceptions n'existent pas. Hélas j'ai tendance à faire deux poids, deux mesures, et un jour je saurai appliquer ce beau précepte aux dorama, mais en attendant, pour les séries US, ça fonctionne bien (c'est peut-être aussi un mécanisme que j'ai développé face au buzz intense que peuvent générer certaines séries, problème que je ne rencontre pas spécialement quand il s'agit de séries asiatiques...).

Donc Alphas, bon, j'en pensais pas de mal à la base, mais j'en espérait rien de spécial non plus, j'étais prête à prendre le pilote comme il venait et aviser ensuite, sans préjugé sur le côté "encore des superhéros/mutants/whatever", rien.
Et au final, j'ai passé un relativement bon moment.

En fait, jusqu'à ce que les scènes d'action commencent dans l'hôtel, c'était même parfait : les personnages ont des capacités intéressantes et montrent bien qu'il y a eu une véritable envie de changer des "superpouvoirs" communément utilisés, certains membres du groupe se révèlent très vite attachants (en fait je ne vous cache pas qu'il s'agit des mêmes, à savoir Gary et Rachel), la dynamique de groupe est sympathique (la façon dont presque tout le monde est attentionné envers Gary, le côté "je suis trop bien pour eux" de Bill...), les pouvoirs sont utilisés avec intelligence (là encore, c'est celui de Rachel qui est le mieux développé et exploité dans ce pilote). Bref, concrètement, l'exposition est bonne et donne envie.

Côté effets spéciaux, même s'il y en a juste un peu trop en ce qui concerne Gary, globalement le résultat est bon. En particulier, l'idée de "désactiver" les autres sens de Rachel et de montrer la façon dont elle se concentre n'est pas mal rendue. Concernant Bill et Nina, l'effet est relativement léger. Pour l'instant, pour Cameron, il est même inexistant.
Pour le spectateur à la recherche d'un bon équilibre, entre l'envie d'en avoir quand même pour son argent (on est sur SyFy après tout), et l'impression blasée d'en avoir trop vu pour se laisser impressionner par une débauche de moyens, la série offre une solution médiane correcte, surtout si on considère que c'est un épisode d'exposition et que certaines démonstrations ne deviendront plus nécessaires quand le spectateur aura ses repères, comme le voyage dans les artères de Bill (la transpiration suffisant à la démonstration).

Là où ça se gâte, c'est en fait dans le domaine de l'action et des perspectives d'avenir de l'intrigue.
Comme par hasard, il y a une vilaine organisation mystérieuse, comme par hasard, ils travaillent pour la police mais ça ne doit pas se savoir... ces côtés-là sont vus et revus, et ne témoignent pas du soin qui a été apporté aux pouvoirs ; c'est un peu plaqué que d'entendre parler du Red Flag, c'est un peu trop facile de remplir le derniers tiers de l'épisode avec une chasse au vilain méchant (qui se déroule de surcroit selon le schéma ultra rabâché du "on a fini par l'avoir, mais en fait on l'a pas eu, mais finalement on l'a vaincu").
De ce côté-là, on dirait vraiment une série bas de gamme pour le moment.

AlphasRachel
Alors ? Alors il reste l'espoir. L'espoir qu'autour de ces personnages et de leurs compétences, l'histoire se développe avec plus d'originalité à partir de là.
Que le côté pile de chaque pouvoir se dévoile et entre réellement en jeu dans la narration, et ne soit pas juste un accessoire pour corser un peu les "enquêtes" et les faire tenir en 45mn.
Que les capacités des personnages dont les capacités ont été sous-exploitées soient mieux mises en avant (pour l'instant, Bill n'est pas vraiment un atout dans leur manche...).
Que l'on découvre des choses intéressantes sur Red Flag, et qu'on évite le méchant de la semaine qui nous donnera un minuscule indice qui conduira au season finale.
Que les personnages qui semblent un peu trop confiants, à l'instar du Dr Rozen, dévoilent aussi un côté faillible.

A partir de là, Alphas a donc le choix : devenir une bonne série fantastique, ou se contenter du minimum.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Alphas de SeriesLive.

4 juillet 2011

En fait, c'était pas vraiment nécessaire

N'allez pas croire que je suis de mauvaise humeur. Ni que je vous en veux personnellement. Mais je m'apprête à vous parler de Necessary Roughness, et ça va pas être joli.

UnNecessary

On pourrait pourtant arguer que je suis en piètre position pour disserter sur Necessary Roughness, vu que je n'ai vu que les deux tiers de son pilote. J'ai envie de dire : JUSTEMENT ! C'est bien pour ça que je sais que j'ai du mal à en dire, parce que je n'ai pas tenu jusqu'à la fin. Même pour The Nine Lives of Chloe King, j'ai tenu (d'accord, le pilote était moins long, je vous accorde ça).

Mais Necessary Roughness est particulièrement lassant, parce qu'en somme, on y revoit ce qu'on a déjà vu 50 fois, et encore je suis gentille, avec la nana qui soudain a besoin d'argent, et qui va faire un truc un peu hors du commun (et même pas vendre de drogue pour ça, pffeuh !) pour subvenir à ses besoins, ici un divorce coûteux, ce qui est toujours plus louable que simplement vouloir maintenir un niveau de vie irréaliste comme dans Lights Out. Mais en fait, il n'y a pas d'enjeu : comme par hasard l'héroïne rencontre un mec super, comme par hasard il peut lui permettre de trouver un boulot, comme par hasard une fois qu'elle fait ce boulot elle ne pourra plus se le taper, etc...

Alors au lieu d'être contente que ça nous change des trucs abracadabrants à la Weeds ou Breaking Bad, je me suis copieusement emmerdée. Je crois que dans le fond, le problème, c'est qu'on a un peu fait le tour de ces changements à 180° et qui font que ça alors, maintenant elle va faire des trucs qu'elle faisait pas avant !
Pourquoi, on pouvait pas juste faire une série où c'est ce qu'elle fait, point barre ? On est obligés d'ajouter ces éléments artificiels ?

Et en parlant d'artificiel... la gueule de Callie Thorne, ça fait peur. Les coutures lâchent dans tous les sens. Je sais, on avait dit pas le physique (euh, quand on a dit ça déjà ?), mais là franchement... Alors après, tout le monde ne peut pas être Sarah Shahi et donner de l'intérêt à une série moyenne par sa seule lumineuse présence, et c'est pas une obligation. Mais sincèrement, on s'attache pas à ce tas d'os, on peut pas. On s'en fout, même, de sa vie, à la limite.

...Ce qui explique comment j'en suis arrivée à ne pas regarder le pilote de Necessary Roughness en entier, je suppose. Je me demande si Livia, qui d'ordinaire accroche mieux sur les séries USA Network que moi, a réussi à s'attacher à cette série ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Necessary Roughness de SeriesLive.

3 juillet 2011

Toutes griffes dehors

Parfois, les arguments qu'on m'oppose contre les dorama nippons, c'est l'excentricité de leur pitch : le fils du roi des démons qui débarque dans notre monde avec ses copains, une petite famille qui vit avec un chien qui parle, ou un jeune homme dont le sexe libère des billes de couleur... je reconnais qu'il y a des bizarreries qui de premier abord (voire plus) semblent trop allumées pour le spectateur occidental.
Toutefois, je vais vous dire pourquoi ces arguments n'ont aucune valeur à mes yeux pour dénigrer la production japonaise : parce qu'à côté de ça, aux States, il y a des pitches tout aussi ridicules.

La preuve par l'exemple avec The Nine Lives of Chloe King.

ClawyChloe
Je vous résume le concept : une adolescente apprend qu'elle est en réalité un chat. Vous m'avez bien lue : UN CHAT. Absolument. Un putain de chat. Avec les griffes, le sens de l'équilibre, l'ouïe fine, un chat quoi. Bon alors, pas entièrement parce que sinon ça coûterait cher en effet spéciaux, donc un chat humanoïde, une race un peu à part de... nan mais, un chat quand même.
Et donc, une adolescente. Pour ne rien arranger. Alors déjà un chat c'est retors à la base, mais en plus un chat adolescent...

L'an dernier, Huge nous avait redonné confiance en ABC Family. Mais là ? Là, non. Tout espoir est dissipé.
Comme si
les questionnements merdiques de l'adolescence ne suffisaient pas ("hiiiii j'ai rencontré un mec trop choupi et je l'ai embrassé !"), on a une héroïne qui est... un chat. Je m'en remets pas vraiment, je vous l'avoue. Pourtant des chats j'en ai deux, j'ai rien contre les félidés à la base. Mais une héroïne qui est un chat, et puis quoi encore ?

Donc quand il ne s'agit pas pour son personnage central de tomber en pâmoison devant tout ce qui porte un pantalon ou presque, The Nine Lives of Chloe King nous dévoile une structure qui ressemble à s'y méprendre à celle de Lost Girl, en cela qu'il s'agit avant tout d'avoir l'air badass tout en déclamant plein de petites piques à peu près marrantes. Et si l'interprète a effectivement l'air plus avenante que l'autre renfrognée de succube, ne vous y trompez pas : l'idée est la même.
D'ailleurs, on va vite apprendre, par exemple dans ce paragraphe plein de spoilers, que si Chloe King embrasse un humain, elle peut lui abimer méchamment la santé, un peu comme quand Bo ne peut toucher personne sinon elle aspire de l'énergie. Et on est à mille lieues de tout ce qui pourrait de près ou de loin ressembler à Pushing Daisies, non, le concept, c'est juste d'isoler le personnage par un artifice quelconque qui va le handicaper, parce que comme c'est une adolescente, les garçons c'est forcément sa kryptonite, et que si on la prive de ça à 16 ans, malheur de malheur, elle sera triste et malheureuse comme les pierres (mais par contre la série sera diffusable sur ABC Family, eh, on n'a rien sans rien). C'est parce que comme ça, Chloe sera seule face aux embrouillaminis qui l'attendent entre les gentils chats (oui, ya pas qu'elle) et les méchants qui veulent les exterminer (sont-ce des chiens ou simplement la fourrière, on ne sait pas encore trop).
C'est le sens de la dramatisation dans The Nine Lives of Chloe King, vous voyez le niveau.

Mais contrairement à Lost Girl qui nous présente une héroïne qui sait déjà se servir de ses pouvoirs, Chloe, elle, les découvre dans le pilote. C'est fascinant cette propension qu'ont les superpouvoirs à toujours se déclarer à une date anniversaire, puisqu'on en parle, m'enfin.

Donc en prime on a des scènes lourdingues sur "oh mon Dieu mais comment elle a fait ça ?!", qui émaillent tout le pilote comme si on était demeurés et qu'on n'avait pas compris dés le pseudo-générique (au bout d'1mn30, donc, quand le titre "the NINE LIVES of Chloe King" et la pupille féline sont apparus à l'écran) quelle pouvait bien être la nature de Chloe.
PS : eh les gars, ya des trucs qui s'appellent des synopsis, et, hormis les cas désespérés comme moi qui regardent TOUS les pilotes, il y a des chances que, si quelqu'un s'aventure devant celui-là, il en connaisse déjà le pitch, arrêtez de nous prendre pour des teubés.
Donc ça donne une pléiade de scènes du genre : Chloe peut entendre de la musique qu'on n'entend pas (c'est un truc à niquer le business d'Apple ça), Chloe peut marcher en équilibre sur le dossier d'un banc (in yo face, le Cirque du Soleil !), Chloe peut même... COURIR ! Elle découvre ça à 16 ans avant de réaliser qu'elle peut passer par-dessus... tenez-vous bien... une caisse en bois ! SI ! Ca vous en bouche un coin, hein ? Pis faut voir avec quelle tête d'illuminée. Qu'est-ce qu'il y a, elle a séché les cours d'EPS jusque là ou quoi ?

The Nine Lives of Chloe King, on l'a dit, se préoccupe d'une adolescente, et pour cette raison on a droit à la panoplie complète de toute comédie adolescente qui se respecte (mais tient le QI de son public en faible estime), genre, disons, allez, n'importe quelle série Disney. Donc on a la gentille maman (mais qui est un peu cachottière parce qu'on va pas se priver de quelques scènes de conflit ultérieures), la copine faire-valoir exubérante qu'il faut mettre au déca, le copain faire-valoir qui sert de caution comique/ridicule pour que l'héroïne ait l'air cool, et même l'enjeu-masculin-qu'on-sait-qu'elle-peut-pas-avoir-mais-qu'elle-passera-quand-même-toute-la-saison-a-essayer-d'avoir-des-fois-que-l'amour-soit-plus-fort-que-tout, la totale, je vous dis. Remplacez Chloe King par Tori Vega et c'est la même.

Alors à votre avis, The Nine Lives of Chloe King, j'ai aimé, ou pas ? Suspense, angoisse, mystère...
Je sais oh, je sais bien, je ne suis pas dans la cible, c'est normal que ça me plaise pas. Mais quand même, c'est trop demander que de vouloir un peu plus que ça ? Enfin bon, au moins, maintenant, vous savez : vous n'avez plus d'excuse pour faire de généralisations stupides. C'est déjà ça de gagné.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Nine Lives of Chloe King de SeriesLive.

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