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ladytelephagy
31 juillet 2011

La fille prodigue

Peut-être que dans 7 ans, quelqu'un postera dans un endroit à l'abris des regards le pilote de The Miraculous Year. Peut-être que je comprendrai enfin pourquoi la série n'a pas vu le jour. Parce qu'il y a des pilotes dont on ne saisit pas bien, au juste, ce qu'on peut leur reprocher ; Pretty Handsome ou Faceless étaient de ceux-là. Mon admiration pour ces deux pilotes est abondamment documentée dans ces colonnes, d'ailleurs.
Et puis il y a les pilotes qui n'ont jamais accouché d'une commande, et quand on les voit, on comprend pourquoi. Non, je ne vais pas vous parler du remake de Wonder Woman, il est vrai que je n'en ai pas entendu beaucoup de bien jusqu'à présent parmi les bribes qui me sont parvenues, mais je ne me suis pas (encore) fendue d'un cagoulage pour le vérifier. Non, dans les tréfonds d'internet, c'est le pilote de Prodigy que j'ai déniché.

Vu que ma pratique du net était encore assez sporadique en 2004, je n'ai pas été étonnée de ne jamais en avoir entendu parler avant de mettre la souris dessus. Alors comme je suppute que vous devez être dans un cas similaire, permettez que je comble rapidement vos lacunes, qui étaient les miennes voilà encore quelques heures.
Prodigy était un projet pour la WB (ça ne nous rajeunit pas) mettant en scène une famille d'intellectuels de San Francisco dont le deuxième enfant était un prodige surprenant de 10 ans. L'histoire est racontée par l'aînée, une ado de 16 ans qui entre au lycée la même année que son frère, ce qui, on l'imagine, n'est pas exactement un modèle de normalité. Au générique, Kate Mara dans le rôle de l'ado, Cody Arens dans la peau de son frère Nathan, Stacy Edwards et David Newsorm pour les rôles des parents. Pas vraiment de pointure incontournable, vous le voyez. Dans un rôle très secondaire, on a aussi Justin Chatwin, pré-Shameless (US), mais ça ne va guère plus loin.
Vu l'état d'avancement du projet et les chances pour que vous regardiez le pilote, rapport au fait qu'il n'y a personne au générique pour vous en donner envie, que le sujet n'est pas spécialement sexy et que vous avez certainement bien d'autres choses à regarder en ce moment et qu'après vous aurez oublié, je me permettrai donc d'y aller plein pot avec les spoilers, une fois n'est pas coutume, parce que j'ai trouvé certaines idées intéressantes dans ce pilote et qu'il me faut dire certaines choses pour pouvoir les aborder.

Prodigy

La majeure partie du pilote consiste à nous vanter les prouesses de Nate, racontées du point de vue de sa soeur Callie. Avec une profusion d'yeux levés au ciel, elle assiste au comportement admiratif de ses parents qui encouragent Nate au maximum et n'ont de cesse de le placer sur un piédestal dés qu'il accomplit quelque chose, ce qui ne manque pas d'arriver. Tout cela est ponctué d'anecdotes sur la petite enfance de Nathan, dont le très bien senti monologue d'intro : "When I was six years old, my brother said his first word. He said it to me. Beatrice says that maybe if I hadn't told my parents, maybe he'd just shut up and gone back to being a normal kid. Maybe. He was 10 months old. The word... was chaos". Cependant, ces anecdotes ne sont pas là juste pour nous épater mais simplement pour nous aider à prendre la mesure du don de Nate, et comprendre l'impact que la découverte de son génie a eu sur les parents et la grande soeur.
On sent tout de suite que Callie prend un immense recul vis-à-vis de tout cela, probablement aidée par le fait qu'elle ne participe pas à l'euphorie ambiante autour des dons de son frère, mais aussi parce que c'est un phénomène en soi. Lorsque Nate fait sa rentrée au lycée, le monologue de Callie en voix-off consiste à dresser une comparaison avec Shakespeare (un auteur que Nathan aime passionnément depuis qu'il est petit), en expliquant que nul ne sait comment Shakespeare est devenue Shakespeare, puisque son enfance, et donc son éducation, n'a jamais été documentée (au passage, l'auteur britannique a été évoqué dans un bon millier de séries, mais jamais sous cet angle si humain se rapportant à son enfance et sa scolarité, je dis donc bon point). Mais que s'il avait été à l'école comme tout le monde, on l'aurait certainement pris pour un être bizarre... ce que Nate est justement aux yeux des lycéens normaux. Au lieu de simplement se plaindre du fait que son petit frère entre au lycée en même temps qu'elle, Callie dépasse immédiatement ce stade pour nous donner une vraie réflexion sur le choc des cultures entre la normalité, et l'anormalité, lorsqu'elles cohabitent dans un milieu comme le lycée.

Et c'est bien de normalité qu'il est pleinement question. Callie ne pourrait pas être une adolescente plus passe-partout. Elle veut s'habiller à la mode pour faire comme tout le monde, elle veut pouvoir larguer son petit copain Spence (pas de bol, il la devance) pour faire comme les copines (et notamment Beatrice, qui subit un changement radical pendant les vacances d'été et passe de copine asiatique geek à pure bombe au désespoir de Callie), etc, etc, etc... C'est de toute évidence une obsession pour la jeune fille, et chaque fois qu'elle est en présence de ses parents avec son frère, on sent qu'elle est l'étalon de la normalité qui rend, en quelque sorte, ses parents encore plus attentifs aux prodiges de Nathan. Et que ça la fait drôlement enrager de voir comment ils traitent le petit.

Est-ce de la jalousie ? Callie a une très intéressante anecdote à ce sujet : "My dad loves to tell people that when Nate was 6 months old, I almost drowned him in a flower bed by watering him with a water hose. It's a good story, and it definitely sets up the whole Callie-hates-her-brother-for-being-a-genius thing. But then my dad tells them that when pressed for motive, little Callie answered "I was just trying to make him grow up", which they think is cute and sort of stupid, but not so evil. I guess that what they forget is : there's nothing worse than growing up". En renvoyant à la normalité et aux généralités, et en balayant toute notion selon laquelle elle serait jalouse de son frère, Callie devrait piquer notre curiosité, au lieu de ça on se dit qu'elle est juste décidément fadasse et nettement moins intéressante que Nathan.

Le petit garçon en question est effectivement brillant. Pendant une bonne moitié du pilote, il semble être simplement un petit être apathique uniquement capable de sauter dans un cerceau. Son intelligence n'a pas l'air de beaucoup le servir. Il ne sourit jamais. Il ne montre pas de signe ni de peur, ni d'agacement, ni de quelque émotion que ce soit. Un gamin derrière une immense carapace intellectuelle. Les choses s'éclaircissent au fur et à mesure, heureusement, alors que le gamin se prend visiblement d'affection pour tout ce qui ressemble à un modèle masculin, ou encore avec, vers la fin de l'épisode, la visite du directeur d'une école spécialisée, lequel lève le voile sur une partie de la personnalité de Nate qu'on avait éventuellement sentie, mais certainement pas définie avec autant de clarté : le gamin est peut-être brillant, mais il ne trouve son confort que dans le passé. Langues anciennes, inventions de jadis, il est allergique aux ordinateurs et même aux stylos-bille... il refuse d'aller de l'avant, parce qu'il est angoissé par l'avenir. C'est une jolie révélation parce que ça craque bien mieux la carapace que l'anecdote sur les difficultés de sommeil que Callie mentionne à un moment (et qui est plutôt un éclairage parmi quelques autres sur la fascination de Nate pour Shakespeare).

Dans tout ça, les parents font figure de chouettes bobos sans intérêt. Le père, prof d'anglais, n'est pas exactement un génie, mais il a l'amour des livres et a le plaisir de partager ça avec son fils, au sujet duquel il a tendance à être un peu aveugle, enfermant Nathan dans le rôle du gamin doué sans jamais rien remettre en question. A l'inverse, la mère, violoniste, n'a jamais fait d'études, mais a été repérée très jeune dans le monde de la musique et, comme le veut la caricature artiste=âme sensible, elle est beaucoup plus attentive à l'état d'esprit de chacun, bien qu'elle ait un mal fou à comprendre Callie et communiquer avec elle (c'est l'âge, me direz-vous).

A un certain moment du pilote, on pourrait se dire que les portraits étant dressés, tout est dit. Ce n'est pas le cas, grâce aux analyses très fines de Callie, qui se montre peut-être très normale, mais pose un regard très méticuleux sur ce qui se passe autour de son frère. Elle dit et/ou montre plusieurs fois qu'il s'agit de veiller sur lui, mais on a l'impression d'une certaine fascination pour la popularité de son frère.
On n'en trouve l'éclairage réel qu'à la toute fin du pilote. Une fois les parents sortis, Nate s'installe au piano dont personne ne se sert, rejoint par sa soeur qui entame un magistral solo, et confesse en voix-off que cette histoire de prodige, c'est une affaire de famille.

La normalité de Callie est feinte, et son obsession pour elle n'est que la preuve de son attachement à dissimuler son don. Ce qu'elle a observé chez son frère, elle a le talent de trouver un moyen de ne pas le vivre. C'est ça, le véritable sujet de Prodigy. Pas le don de Nathan et la prétendue jalousie de Callie, mais bien la conséquence des dons de chacun des enfants, aucun des deux ne le vivant de la même façon.

Alors pourquoi ai-je dit, avec cette intrigue si originale et ce propos si intéressant, que je comprenait pourquoi Prodigy n'avait jamais vu le jour en tant que série ?

Parce que déjà, c'est incroyablement bravard, limite branlette intellectuelle... imaginez-vous : dans un projet pour la WB ! Bon alors je sais, 2004 c'était aussi l'année de Jack & Bobby, mais quand même, ça le faisait pas trop.
Et puis, on passe le pilote à se demander "ouais, et alors ?", jusqu'à ce que le twist de fin, au piano, nous mette le nez dedans, et encore on sait pas vraiment quelle genre d'intrigues on pourrait tirer de là. Toute une saison là-dessus, je veux bien qu'on me montre les papiers qui vont bien pour comprendre où l'équipe voulait en venir et quel genre de péripéties pouvait bien intervenir dans les épisodes suivants.

Mais le vrai problème, c'est surtout qu'il ne se passe rien, pas d'action, même pas une petite engueulade digne de ce nom, on dirait que quelqu'un a voulu écrire Angela, 15 ans, mais sous tranquillisants (et c'était déjà pas la série la plus péchue au monde). Je félicite Prodigy pour son pitch, son twist, ses personnages (enfin surtout les enfants), et son thème franchement intéressant et pas vraiment exploité jusque là, puisqu'en général quand il y a un génie quelconque à la télé, il finit par résoudre des enquêtes. Mais on s'emmerde ferme. On se fait même chier GRAVE. Ca manque douloureusement de rythme, d'émotion, bref, l'électrocardiogramme est plat, et je n'ai aucune peine à imaginer les retours de test sur le pilote, ça ne pouvait pas marcher en l'état.
En gros, l'idée était bonne, mais dés le scénario lui-même il y avait un problème, avant même de s'en prendre à la réalisation. Par contre en prose, ça doit être excellent à lire. Mais là, vraiment, tout un pilote comme ça, c'était juste pas possible.
Quand on sait qu'avant d'être tourné, un scripte de pilote a tendance à faire des aller-retours entre le scénariste et la chaîne, et qu'il peut y avoir plusieurs réécritures pour tout ou partie du scénar, on comprend que plus rien ne pouvait être fait en l'état pour sauver Prodigy. Probablement même que la première version du script était épatante, j'en sais rien, mais là, avec la touche adolescente omniprésente (était-il nécessaire d'insister autant sur cette connerie de rupture dont franchement on n'a rien à battre ?), ça rajoute des longueurs plus qu'autre chose juste pour détailler le personnage. Nan mais, bon, ça va quoi, on est peut-être pas des petits prodiges, mais on a pigé. C'est un épisode d'exposition mais il n'est pas interdit d'approfondir les personnages ensuite, non plus.

Donc en dépit du pilote appréciable, et de l'excellentissime idée qui en est à l'origine, il faut dire ce qui est, Prodigy est un ratage. Pas une grosse bouse merdique dont on rira encore dans des années pourvu d'avoir accepté de perdre quelques minutes pour le regarder (ce serait plutôt Ice, un autre pilote unaired que j'ai cagoulé récemment), mais il n'y a pas de quoi regretter amèrement le rendez-vous manqué de la série avec les grilles de la WB.

Reste que des séries originales comme ça, quelques fois, on voudrait en voir une (plus aboutie et moins molle, si possible) arriver dans les grilles une fois de temps en temps. Parce que je jure que si je dois écrire ne serait-ce qu'une fois de plus dans un résumé que le personnage est un "détective de génie" ou qu'il a un "don d'observation hors du commun", je ne réponds plus de moi.

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31 juillet 2011

Une fois l'an

Depuis quelques minutes, si je n'ai rien oublié, vous pouvez lire sur SeriesLive un nouvel article dans la rubrique Séries du Monde, dédié aux séries du Ramadan. Car vous êtes devenus doctes en termes de séries de la planète, et il ne vous aura pas échappé, l'an dernier lorsque nous avons exploré l'Egypte au cours de notre périple estival, que le Ramadan, c'est aussi une institution télévisuelle. Mais depuis l'été dernier, il s'est aussi passé deux ou trois petites choses dans plusieurs pays arabes, et les séries du Ramadan s'en sont vues bouleversées.

Ramadan2011-MEARamadan 2011 : quelles séries cette année ?

Dans ce contexte c'est presque dommage que ce soit la première année pour un article de ce genre sur SeriesLive, parce qu'on n'a pas vraiment de point de comparaison (cela dit je lance l'hypothèse que les vrais changements, on les verra l'an prochain, vu que plein de séries n'ont pas pu être prêtes à temps pour le Ramadan 2011, de nombreux tournages ayant été mis en pause voire indéfiniment suspendus depuis le fameux "printemps arabe", qui n'a de printemps que le nom d'ailleurs).

Je dis presque, parce que de vous à moi, cet article, c'est un sacerdoce. Ca fait l'air de rien depuis au moins début juin que je suis dessus. C'est une calamité. Rapport au fait que les séries arabes, 90% du temps, les infos dessus sont en arabe. Bon après ça dépend des pays, pour le Maroc par exemple ça n'a pas été aussi difficile que pour la Syrie. Mais nom d'un chien, c'est un sacré cauchemar pour moi qui n'y connais rien. Alors autant je veux bien gonfler le torse et faire ma mariole avec les articles nippons (oui d'ailleurs pardon mais le bilan de la saison du printemps, là, il a pris un peu de retard), ou coréens, ou quoi ou qu'est-ce, et sur pas mal de pays j'assimile plutôt vite les données, le fonctionnement, tout ça... Autant les pays arabes, désolée de me répéter mais c'est devenu ma grosse angoisse. Pas de possibilité de croiser les sources, pour commencer. Et puis le parcours du combattant que c'est, une fois qu'on a le titre d'une série, de trouver des infos dessus, je vous raconte même pas. Il faut quand même garder à l'esprit que comme toutes les langues n'utilisant pas de caractères latins, la romanisation peut grandement varier, et du coup il peut y avoir trois, quatre, j'ai même vu cinq orthographes pour un même titre. Quand on n'est déjà pas expert sur le sujet, il faut bien admettre que ça n'aide pas.

Alors pourquoi m'être fait chier ? Pour pouvoir venir me plaindre après ? Aussi. Mais surtout parce que ce qui se passe dans ces pays-là est fascinant. On peut difficilement voir ce genre de choses, il faut le reconnaitre, de par l'interconnexion des pays entre eux, télévisuellement parlant, voir comment moins de séries d'un côté conduit à plus de séries de l'autre, c'est fascinant. Et puis parce que derrière l'histoire télévisuelle il y a l'Histoire qui se dessine et c'est toujours captivant. C'est quand même aussi à ça que sert la curiosité téléphagique, ce serait dommage de passer à côté.

Pour ce que j'en ai vu (extraits divers, bandes-annonce...), les productions arabes rivalisent rarement avec celles d'autres contrées du point de vue de la production, probablement parce qu'il y a une question de budget derrière, entre autres (le fait que ces productions énormes se tournent en un temps record, au point que je peux lire que certains acteurs ne jouent "que" dans deux ou trois saisons cette année, doit aussi jouer). Pour commencer il n'y a pas la même qualité d'image ; j'ai cependant pu la voir dans Muhtesem Yüzyil ou Lahazat Harega, donc ça doit exister quand même. Mais sur la forme, donc, peu de séries vont suffoquer le spectateur occidental sous une vague d'innovation bluffante.
Par contre, du point de vue des pitches et des thèmes, c'est quand même drôlement solide. Il y a des sujets drôlement courageux que je ne suis pas certaine d'avoir déjà vus dans d'autres régions du globe. Bien que la censure soit très active, ou l'ait été jusque récemment, pour certains pays, il y a une volonté affichée de montrer la société comme elle est et de ne pas se raconter d'histoires. Alors après, tout n'est pas que drame social, il y a de nombreuses comédies, des biopics épiques et souvent admiratifs, sur une chanteuse des un petit-fils de prophète, je ne dis pas. Mais il faut quand même reconnaître qu'il y a des concepts qui m'ont arraché un sifflement admiratif, comme Saâ Fi Aljhim.
Et puis franchement, ça nous change des comédies romantiques (et pour cause, la période s'y prête mal).

Je l'ai déjà dit, et je le dirai encore, mais un truc qui serait vraiment chouette, ce serait que les spectateurs arabes soient plus enclins à partager leur univers télévisuel. Chais pas les mecs, des sites, des blogs, quelque chose, mais gardez pas tout ça pour vous ! Même si vous ne regardez la plupart de ces séries qu'un mois par an, je suis sûre qu'on trouverait à s'entendre sur certaines de ces séries. Partager un épisode, c'est toujours du partage.
Et je dis pas ça parce que je cherche les sous-titres pour le pilote d'Ezel (hors-streaming), juré. Presque pas.

Enfin bref, pour revenir à notre article avant que vous n'alliez le lire, ce dont je ne doute pas, je voulais simplement dire que les séries arabes, vraiment, je suis pas à l'aise, je touche mes limites quand je les aborde, surtout dans le cadre d'un article (pour les news j'ai surtout un problème de sources).
L'an prochain, je recrute pour m'aider quelqu'un qui pratique l'arabe et/ou qui regarde des séries pendant le Ramadan, pour faire du meilleur boulot. L'appel est lancé, n'hésitez pas à faire passer à vos connaissances... parce que même avant, je suis ouverte aux suggestions.

30 juillet 2011

Piège en haute mer

PieceVote
Imaginez un bateau en pleine mer, des caméras partout, et des inconnus qui se réveillent pour apprendre que leur vie est en jeu tant qu'ils n'auront pas reconnu le crime dont un narrateur invisible les accuse d'être coupables. Non, ce n'est pas la saison 2 de Persons Unknown, mais le pitch de Piece Vote, une petite série que NTV nous a sortie d'un chapeau en cette saison pour l'instant plutôt décevante. Les amis, les choses commencent doucement à s'arranger. Un peu.

Pour être tout-à-fait sincère, je ne serais pas surprise d'apprendre qu'on trouve à la réalisation de Piece Vote les coupables de Clone Baby. Coupables est un peu dur, car comme vous le savez, Clone Baby n'était pas si mauvaise du point de vue de la réalisation, c'était même son seul point fort ; quoique... disons qu'il y avait des idées, pas forcément le budget pour les faire aboutir. Mais en tous cas le principe était de ne pas se reposer sur ses lauriers, d'essayer de chambouler un peu les habitudes de la plupart des dorama, et au final, Clone Baby y avait à peu près réussi du point de vue de la réalisation (...hélas, seulement de celui-là). Ici on retrouve un certain nombre de points de détail qui prouvent qu'on veut dépasser les codes (souvent plan-plan) du dorama classique, et essayer d'innover ne serait-ce que par petites touches. La séquence de fin, qui montre les réactions des internautes, est à ce titre démonstrative et fait son petit effet, notamment de par le choix subtil mais qui pourtant change tout du chuchotement. Dans une moindre mesure, l'étrange scène de club du début, que ne renierait probablement pas Lynch, montre à la fois qu'il n'y a pas de budget, mais aussi et surtout qu'on a envie de se donner du mal avec ce qu'on a. Et d'ailleurs avec son format d'une demi-heure, son envie de raconter quelque chose de profondément différent, et ses dialogues alambiqués, Piece Vote a plus d'un lien avec Clone Baby. Vraiment, faudra que je creuse cette parenté.

Le gros inconvénient de Clone Baby résidait dans son écriture. Dans le pilote de Piece Vote, on échappe à peu près à ça, et c'est une bonne nouvelle. Comme on est en plein dans l'épisode d'exposition, tout est très décomposé, très lent, du genre compréhensible par un enfant de trois ans, ce qui n'est pas vraiment un tort pour un pilote à condition que ça ne se prolonge pas. Sur un épisode d'une demi-heure, quand la capture du "héros" prend la moitié de l'épisode, on est en droit de se demander ce qu'il se passe. Ok, ok, épisode d'exposition, admettons, mais attention quand même.

Mais on n'est pas totalement pris pour des imbéciles et ça fait plaisir.
Par exemple, le personnage mystérieux qui va de toute évidence capturer le héros n'est pas si mystérieux que ça, par exemple, et ça n'aide pas que l'acteur soit über-connu pour sa looooongue liste d'apparitions à la télévision. Du coup, on le repère assez rapidement quand il se déguise grossièrement plus tard dans l'épisode, et si les personnages semblent totalement abrutis (ils ont l'excuse d'avoir été drogués avant d'arriver, mais quand même), on ne part pas du principe que le spectateur l'est aussi, et le traitement du personnage étrange, s'il n'est guère approfondi, est au moins logique. C'est à ce genre de détails qu'on voit que Piece Vote se donne du mal pour essayer de ménager la chèvre et le chou, tentant de compenser ses faiblesses sans les camoufler vu qu'elle n'en a pas les moyens. Reste à savoir si sur le long terme ça fonctionnera parce que ça reste un travail d'équilibriste un peu risqué.

PieceVote-Sinners
En tous cas le concept est bon. Et ça compte quand même beaucoup. Et ce qui compte encore plus c'est que le scénariste a l'air d'avoir une idée assez claire de ce qu'il veut en faire, ce qui est toujours plus facile dans un dorama à durée limitée, je vous l'accorde, mais des fois on sait jamais. On a déjà vu des dorama maltraiter leur concept de départ même en ayant le temps d'en faire quelque chose de bien, hein.
Donc à la base, l'idée est donc de faire en sorte que les inconnus "criminels" se retrouvent tous dans un jeu malsain, et le jeu malsain commence en fait plus rapidement que je ne l'aurais imaginé, avec un twist délectable : le contenu de la fameuse "boîte de Pandore" qu'ils doivent ouvrir dans le pilote. Là comme ça j'ai l'air de parler par énigmes mais j'ai pas trop envie de vous spoiler, sachez simplement que c'est une idée très sympa qui apporte du piquant à l'idée de départ et laisse augurer du meilleur pour nos "prisonniers". La façon de bien traiter le concept est aussi de ne pas juste dire "ok, il va falloir deviner quel est le crime" mais de nous donner une sorte de clé pour ça, le fameux numéro, et j'avoue que ça pique encore plus ma curiosité.

Le pilote est loin d'être parfait, pourtant. Outre l'extrême indigence du budget, on a un VRAI problème de casting. Des acteurs mauvais yen a partout, mais malgré toute l'affection que je porte aux séries nippones, les mauvais acteurs asiatiques, ce sont les pires. Alors avec un bon pitch, c'est encore plus douloureux d'assister au gâchis. Je veux dire, bon, qu'on ne soit pas sorti de Julliard, admettons, tout le monde n'est pas armé pour l'excellence ; et pour prendre un exemple qu'on a déjà évoqué, Yukie Nakama ou Aya Ueto ne sont peut-être pas des pointures, mais entre de bonnes mains, elles ont leurs moments, on peut pousser un peu le moteur et voir qu'il y a un petit quelque chose sous le capot. Eh bien là, vous voyez, ces acteurs-là, même pas ils méritent la prime à la casse, et Jinnai Takanori a beau se démener comme un diable, c'est quand même pas génial, tout ça. Gros, gros défaut de la série, à plus forte raison parce que quand on organise un huis clos comme celui-là, et qu'en plus on n'a pas de pognon, il faut un cast en béton armé pour compenser, et là, force est de constater qu'on ne l'a pas. Du tout. Mais alors... du tout. Et ça c'est quand même un putain de problème.

Dernier bémol mais alors c'est très mineur, pour lequel je remets ma casquette (évidemment violette) de rédactrice sur Jmusic : qui est le demeuré qui a embauché Kumi Kouda pour le générique de fin ? Et sur cette chanson précisément, en plus ? Parce qu'elle en a faites quelques unes par le passé qui auraient pu concorder, mais celle-là, pas du tout. Alors je sais, la Kuu, c'est un gros coup pour NTV qui n'en espérait sûrement pas tant pour une petite série méconnue en nocturne, mais bon, c'est pas DU TOUT la bonne ambiance, cette chanson.

Mais bon, globalement, en faisant abstraction de ci et de ça, le budget, le cast pas finaud (le second ayant de fortes chances d'être la conséquence du premier, à la décharge de la prod), les dialogues pas fulgurants... on a quand même une très bonne idée qui semble partie pour être très bien exploitée du point de vue de la progression de l'histoire et de la narration. Donc je dis oui. Si vous êtes du genre patients, c'est plus que jouables. Et comme je me goinfre méchamment de Friday Night Lights en parallèle, j'ai ce qu'il faut du côté de l'excellence, je peux tout-à-fait m'octroyer une demi-heure plus vacillante par semaine au nom d'un bon concept. Complètement jouable.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Piece Vote de SeriesLive.

29 juillet 2011

Si c'est comme ça eh ben...

Ce soir, ils reviennent ! Les trublions du SeriesLive Show comme vous ne les avez jamais entendus...

Ces mots étaient supposés introduire un post extatique sur le retour du SeriesLive Show en ce mois de juillet. Mais un bug m'en a vicieusement empêchée. J'avais une ou deux heures pour trouver une nouvelle idée de post et agir en conséquence, rédiger un post l'air de rien, et pas faire ma chieuse.

Parler de mon tout nouveau DVD de Downton Abbey. Parce que je trouve que je me vante pas assez souvent.
Faire un post sur mon visionnage des 10 premiers épisodes de Friday Night Lights (oui j'ai commencé dimanche soir, pourquoi ?)
Finir d'ajouter des arguments à mon post sur le sexe dans les séries, dû à l'abus de Noah's Arc et Exes & Ohs.
Evoquer mes projets pour le blog parce qu'il s'avère qu'il y en a. Et qu'ils prennent presque forme, dites donc.

Les idées ne manquaient pas.

Mais non. Je suis infiniment trop fâchée. Ouais, je suis un bébé qui boude, on peut le dire.
Nan mais des fois, on voudrait juste que les gens soient un peu rigoureux, quoi. Alors juste une fois, c'est moi qui ne vais pas l'être. Je sais pas encore si vous serez plus indulgents que moi mais pour ma défense, on ne peut pas dire que vous manquiez de lecture ce mois-ci avec mes posts quasi-quotidiens...

28 juillet 2011

[DL] Crownies

Eh bah finalement on dirait bien que j'arrive à suivre Crownies de façon hebdomadaire. Et puis pourquoi pas, d'abord ? Alors c'est net, Crownies ne sera jamais The Practice, par exemple, mais on s'en fiche parce que le but ce n'est pas seulement de se prendre la tête sur des affaires. Même si franchement l'intrigue du 3e épisode vaut son pesant d'or en dramatisation, ça fait aussi plaisir de trouver une série légale qui ne se prend pas la tête. D'ailleurs Franklin & Bash le fait aussi très bien et elle s'est faite renouveler, alors...

Crownies
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Ce qui est intéressant c'est à quel point le générique de Crownies peut rappeler l'écran-titre de Paper Giants (mais kessvouzensavé, je suis sûre que vous n'avez toujours pas regardé malgré mes exhortations !), avec cet aspect très écrit, très graphique, et l'absence totale de personnage. Simplement, ici, plutôt que de journaux, on a des textes de droit et/ou de latin, dont quelques uns surlignés. Intéressante variation sur un même thème, quelque part. Et puis la chanson du générique, c'est une merveille quand même... Il est court, mais il est bon, ce générique, voilà.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Crownies de SeriesLive.

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27 juillet 2011

The very moment

Lights

Quand on relit ses premières impressions sur le pilote en souriant.
Quand on part au boulot en se disant qu'on aurait bien regardé un épisode avant de sortir.
Quand on rentre du boulot en se disant qu'on va se regarder un épisode en rentrant.
Quand on n'arrive pas à ne regarder qu'un épisode en rentrant.
Quand on écrase discrètement une larme émue devant le générique parce que bon Dieu, il est bon ce générique.
Quand on se surprend à parler anglais au téléphone au boulot à un jeune homme, et à l'appeler "son".
Quand on se rappelle à quel point on aime l'accent du sud des États-Unis.
Quand on se rappelle qu'on avait un crush pour Kyle Chandler quand on était jeune. Jadis. Il y a longtemps, bien longtemps.
Quand on n'a jamais autant regardé de sport à la télévision auparavant. Volontairement.
Quand on slalome parmi les posts de La Sorcière parce qu'on ne veut pas se faire spoiler mais qu'on est content d'avoir quelqu'un qui regarde à peu près en même temps.

C'est à des petits détails sans importance qu'on comprend qu'on a fini par accrocher à une série, même si pour cela il a fallu 5 épisodes. Mais ce n'est rien, ça. N'importe qui peut se retrouver aspiré par une série pourvu de la regarder avec suffisamment d'insistance, comme moi qui ai tenté pas moins de 3 fois le pilote de la série, depuis sa diffusion, avant de finir par accepter de voir la suite.
Mais il n'y a qu'un signe qui annonce qu'on a eu un coup de coeur. C'est un instant, très bref, et on pourrait presque passer à côté si on n'y prenait pas garde. C'est l'instant exact où l'ont sait que, ça y est, on est conquis.

...Quand on sent l'estomac se nouer devant un fondu au noir et que la scène suivante nous fait réaliser qu'on a eu peur que l'épisode s'arrête.

26 juillet 2011

Le fruit n'est pas tombé loin de l'arbre

Vous avez remarqué à quel point les séries du passé sont forcément taxées d'être GENTILLES ? (ô insulte suprême dans un monde de téléphages cyniques attendant toujours plus de noirceur et de sérieux de leurs fictions)
C'est à la suite d'une discussion avec plusieurs d'entre vous sur Twitter que j'y ai repensé. Non que ce soit forcément dit avec mépris par mes interlocuteurs. Mais force est de constater que cela permet de se défausser systématiquement de ces séries, au prétexte qu'elles sont les reliques de temps immémoriaux (en années-internet) pendant lesquels il était courant qu'une série ait un regard positif sur le monde, les relations ou encore, simplement, la narration. Le happy end nous écoeure tous aujourd'hui, me dis-je parfois dans un excès de pessimisme (prouvant par là que je n'ai pas tort).

Pourtant, quand je ne m'escrime pas à vous faire regarder The Yard (clin d'oeil, clin d'oeil) ou, pire, des séries même pas anglophones, il me plaît d'essayer de défendre l'indéfendable : des séries datant d'il y a plusieurs décennies. Une tâche dont je ne suis, certes, pas la plus éminente ambassadrice, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a et, ma foi, j'ai l'amour de Three's company et Maude chevillé au corps, c'est déjà pas si mal. Pis plus près de nous, je me repasse encore des dialogues des Craquantes ou Roseanne, et je suis toute aussi ravie.
D'accord, ce sont plus souvent des comédies. C'est aussi parce que, entre vous et moi, c'est quand même plus agréable à regardé que la plupart des comédies d'aujourd'hui.

Mais les décennies passées n'ont pas été que rires et bouffonnades. Et c'est ça qui est intéressant, bien qu'un peu triste. C'est qu'on ne se rappelle que des séries drôles, et souvent familiales, et que ça permet de prendre un petit air condescendant en disant "ah, mais ça, c'étaient des séries comme on en faisait avant, c'était GENTIL, quoi". Vlan dans les dents.

Il ne vous aura pas échappé (ou si c'est le cas, prenez un air assuré et allez lire ce post discrètement quand j'aurai le dos tourné) que je ne mange pas de ce pain-là. Je revendique haut et fort mon attachement aux séries de jadis, peut-être moins fort qu'aux séries nippones ou australiennes, certes, mais quand même, et j'ai toujours une liste de séries à tester à l'occasion (tenez, la prochaine, c'est Voyage to the Bottom of the Sea, quand j'aurai du temps, et si je m'en tiens à mon planning... ah ah ah, je me fais rire toute seule dites donc).

La conversation du jour tournait autour de la classification de La Croisière s'amuse : selon SeriesLive, il s'agissait d'un soap. Mais comment la classer ? Comme un drame ? Certainement pas. Une comédie ? C'état un peu dérangeant quand même. Bon résultat, non seulement j'ai rien changé à la fiche, mais j'ai joué ma timorée sur la fiche de Das Traumschiff qui était la raison pour laquelle je consultais celle de La Croisière s'amuse.
Au cours de la conversation sur ce thème, donc, l'exemple de L'Île Fantastique est venu sur le tapis. Le soucis c'est que, si effectivement les séries sont comparables dans leur formule (notamment le fait que plusieurs histoires se croisent, permettant à plusieurs scénariste de travailler dans un même épisode), sur le ton elles n'avaient pas grand'chose en commun. Lorsque j'ai regardé le premier épisode de L'Île Fantastique voilà quelques semaines, l'histoire n'avait pas grand'chose en commun avec un épisode de La Croisière s'amuse, ou disons, en partie seulement. Car si d'un côté, on y trouvait deux jeunes femmes souhaitant vivre l'existence de la jet set (et qui du coup, c'est fatal, rencontraient chacune un homme qui permettait de se poser des questions sur la classe sociale de façon assez explicite, donc avec quand même dans l'idée de réfléchir et pas juste raconter une romance), l'autre partie était consacrée à un fantasme bien particulier : un magicien qui voulait accomplir "l'évasion ultime" se retrouvait envoyé dans une prison dont on ne réchappe pas. Envoyé ainsi dans le passé (et pas juste dans une illusion du passé, comme on pourrait s'y attendre, donc avec une forte composante fantastique qu'on a aussi tendance à oublier), il se trouvait réellement prisonnier, et il pouvait réellement mourir. A lui de voir si le défi en valait la peine... La leçon, loin d'être bienveillante, est alors réellement cruelle, et pas juste une gentille petite fable moralisatrice. Le personnage est réellement mis en danger, et même si on ne se fait pas de soucis pour lui, on a une vraie teneur dramatique, et pas juste une petite cabriole scénaristique. A côté, même les gars de Mission: Impossible étaient plus prudents sur les conséquences de leurs petites mises en scène. Et eux, ils travaillent pour le gouvernement.

RosyMemories_FantasyIsland
Outre cet exemple frais dans ma mémoire, on va exceptionnellement faire l'effort de se rappeler de mon plaidoyer pour réhabiliter (un peu) les Ahem! du Bonheur, qui, même si ses méthodes étaient, je vous l'accorde, celles d'une production peu raffinée en général, et pas téléphagiquement exigeante en particulier, avait tout de même quelques qualités dramatiques qu'on a eu vite fait d'oublier, quand on ne les a pas tout simplement ignorées.

Parce que c'est si facile de faire des généralités. C'est si facile d'avoir une mémoire partielle. C'est si facile de mettre des séries dans des cases.

Et je n'adresse pas ce reproche à qui que ce soit en particulier. Je suis consciente d'être moi-même, encore, parfois, d'un certain snobisme, alors que pourtant, en toute humilité, on ne peut pas dire que je ne fasse pas d'efforts pour regarder des séries contre lesquelles j'avais un fort préjugé il y a quelques années à peine encore. Genre Awkward., par exemple. Ou tout simplement, comme une série non-américaine. Parce que les habitués de ce blog le savent, il y a encore quatre ans, à l'ouverture de ce blog, j'étais du genre à considérer que hors la fiction US, point de salut, bien que regardant déjà des séries nippones. On a tous le droit de grandir, hein, je ne fais pas exception.

Mais enfin voilà, je trouve que ça en dit long sur nous en tant que communauté de téléphages, de voir que systématiquement, on a tendance à amoindrir l'impact dramatique des séries d'antan. J'ai regardé Roseanne il y a encore pas si longtemps avec la conviction qu'on avait changé d'époque et que celle-ci s'inscrivait dans la sienne ; alors évidemment, loin de moi l'idée de prétendre qu'on fait aujourd'hui les séries de la même façon qu'hier, et inversement.

Pourtant, de la même façon que, quand on parle de séries estivales en se disant que c'est le genre de série sans importance qu'on regarde et qu'on oublie aussi vite, on met soigneusement de côté le fait que Mad Men a, au départ, débuté comme une série estivale, eh bien de la même façon, on pense aux séries des décennies passées comme si elles avaient toutes uniquement proposé des Madame est Servie, et qu'il n'y avait pas eu de Prisonnier, pour ne citer que le meilleur des contre-exemples.
L'équipe du SeriesLive Show a d'ailleurs fait l'expérience d'une excellente bonne surprise quand, au début de notre première saison, nous avons découvert le pilote de Hawaii, Police d'Etat, et que la réalisation comme l'histoire allaient plus loin que le stéréotype qu'il nous en était resté.

Peut-être qu'on devrait regarder de "vieilles" séries plus souvent.
Ca nous rappellerait que les séries d'aujourd'hui que nous tenons en si haute estime... ont de qui tenir.

25 juillet 2011

[DL] The Yard

Pour une petite série canadienne méconnue, c'est quand même pas mal ! The Yard se positionne à la 8e place cette semaine dans le classement hebdo de SeriesLive. En entrant directement se placer devant Castle, notre petit chouchou (hein les gars que j'ai raison ?) fait quand même une joli prouesse, là où tant de séries ont bien des fans actifs.
L'occasion de vous encourager, si ce n'était fait, à donner une chance à la série, qui a visiblement plu à tous ceux qui l'ont vue.

TheYard
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

En plus, c'est vraiment un bon générique. Musicalement, il est très percutant, pour ainsi dire inoubliable. Et visuellement il reprend la charte graphique de la série en jouant un petit peu sur les balances de couleurs, et un petit peu sur la saturation, sans pour autant en faire des tonnes, parvenant à un univers à la fois gris et coloré qui fait merveille et souligne parfaitement l'ambivalence de la série.

Pour moi ce générique va directement se placer avec celui de Oz, ils ont le même attrait envoûtant et rude à la fois, le sens du rythme, le tempo qui se tatoue dans votre cortex. Et pourtant tout en ayant ce rythme, j'ai l'impression qu'il y a un côté, comment vous dire ? "Nanananère". J'entends vraiment ça, je ne sais pas comment vous expliquer. Ca me manque d'ailleurs, parce qu'à l'heure où ce post sera mis en ligne, je serai convalescente d'une intervention à l'oreille et que je ne pourrai rien écouter. Faites-moi plaisir, faites tourner ce générique au moins une fois en mon nom ce soir.

Maintenant, ce que je vous propose, cette semaine, c'est de voter à nouveau massivement pour la série cette semaine, en espérant que d'autres viendront découvrir cette petite merveille de HBO Canada. Soyez pas timides. C'est pour la bonne cause.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Yard de SeriesLive.

24 juillet 2011

La guigne

A un moment je vais commencer à avoir peur de regarder des pilotes, cette saison.

Parce qu'entre Soredemo, Ikite Yuku (décevant), Bull Doctor (même pas je vais me fendre d'un post !) et maintenant Hanawake no Yon Shimai, c'est pas franchement brillant. Là ça fait depuis hier que j'ose même pas lancer le pilote de IS, parce que je suis sûre que ça va être décevant, alors que j'ai été étonnée de la bande-annonce qui était moins ridicule que je ne l'anticipais (en dépit de la présence de Saki Fukuda). Et IS n'est même pas sur la liste des séries que j'avais envie de découvrir cette saison. Et Piece Vote ? A ce stade j'ai même plus envie de surveiller s'il y a des sous-titres.
C'est vraiment la dèche. Si l'un de vous a déniché une série où les personnages ne sont pas a) hystériques b) caricaturaux, ou bien c) dénués de tout intérêt (les uns n'excluant malheureusement pas les autres), faut vraiment me le faire savoir fissa parce que je désespère comme rarement.

Bon. Parlons donc un peu de Hanawake no Yon Shimai, la série qui était supposée être ma dramédie nippone de l'été. Et qui a échoué lamentablement, vous l'aurez compris.

HanawakenoYonShimai-Sisters

Il y avait plusieurs options, pourtant, et c'était pas si compliqué de faire un petit dorama sympa.
Première option, une série où chaque soeur avait ses problèmes de boulot et/ou de coeur, avec un peu de comédie pour pas rendre le tout trop sérieux, et hop, vogue la galère. De vous à moi c'est un peu pour ça que je signais. Deuxième option, qu'on découvre avec le début du pilote comme potentiellement réalisable, un dorama de la trempe de Seigi no Mikata, avec une grande soeur qui plait aux hommes mais réduit sa famille en esclavage (avec le petit twist que cette fois il s'agissait de 3 soeurs, et qu'elles étaient plus âgées). A un moment, j'ai cru à cette option parce qu'effectivement, les filles se plaignent beaucoup de leur aînée (plus précisément alors que celle-ci se marie pour la troisième fois, si vous me suivez), et parce que quand celle-ci revient vivre dans la maison familiale, elles sont paniquées. Je me suis dit : ok, c'est un peu du déjà vu, mais à la limite pourquoi pas, c'est pas comme si ça m'avait dérangée de regarder Seigi no Mikata jusqu'au bout !

Mais c'est pas ça non plus ! En fait je suis même pas certaine de pouvoir vous dire ce que c'est, parce que finalement, oui, chaque soeur a ses histoires de boulot et/ou de coeur, mais c'est tellement survolé que je ne peux pas dire qu'on a choisi la première option (en particulier, Michiko Kichise est laaaargement sous-exploitée, mais on va vite réaliser que de toute façon, elle n'est pas à sa place en comédie, ou bien tout simplement y est-elle allée de façon half-assed et dans ce cas je ne saurais la blâmer), et oui, les frangines ont peur de leur aînée, mais sans aucune raison parce que celle-ci n'est ni effrayante, ni un tyran, bon elle est un peu remuante et elle a trois enfants, mais c'est pas une mauvaise bête, quoi.

De vous à moi, la seule chose que je retiendrai du pilote de Hanawake no Yon Shimai, c'est... la maison de la famille Hanawa. J'ai une sérieuse envie de la transposer dans les Sims (comme je l'avais fait pour celle de Utsukushii Rinjin ; il avait fallu ruser d'ailleurs : je me suis rendue compte qu'une partie du rez-de-chaussée n'était pas du tout montrée dans la série), parce que primo j'adore le jeu sur les différents niveaux, et deuzio, ça fait une habitation super pratique pour jouer ensuite, rapport au côté "décor de théâtre" (ou de sitcom) de cet espace très ouvert, avec cependant ce détail amusant : la porte d'entrée est dans le couloir, sous les chambres des filles, et pas du tout à un bout ou un autre de la pièce comme on pourrait s'y attendre.

Hanawake-Uchi-1 Hanawake-Uchi-2 Hanawake-Uchi-3

Pardonnez, hein. Mais bon, vous n'êtes pas sans savoir que je ne suis pas insensible à un logis bien agencé dans une série (fût-il invarablement décoré en bois-blanc-beige).

Donc voilà, pendant les trois quarts du pilote, je me suis raccrochée à ça (d'autant plus intriguée qu'il y a une porte à l'étage qui mène à quelque chose au-dessus de la cuisine, et que je n'ai pas encore déterminé si c'était la salle de bains, mais je ne saisis pas trop le concept d'une salle de bains avec une porte vitrée, ou bien oh mon Dieu, ça se trouve, c'est une petite terrasse !). C'est vous dire si mon esprit a eu le temps de vagabonder.
Pour faire plus clair : si vous comptiez regarder le pilote de Hanawake no Yon Shimai, et passer un bon moment : FUYEZ ! Je peux pas faire plus claire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hanawake no Yon Shimai de SeriesLive.

23 juillet 2011

Initiation

Quand une collègue saisonnière, ayant eu vent de votre passion pour les séries, se tourne vers vous et vous demande : "Et sinon, c'est bien Mad Men ?", alors qu'une seconde avant elle ne jurait que par Grey's Anatomy et One Tree Hill, vous vous sentez l'âme d'un vieux sage dans un quelconque film de kung fu.
Et quand un stagiaire, ayant éprouvé vos connaissances en la matière, vous demande ce qu'il pourrait regarder en l'absence d'épisodes de Chuck cet été, vous ressentez soudain une immense responsabilité, mais une grande fierté.
Ils ne sont pas là pour longtemps, mais pendant les jours ou semaines qu'il leur reste à passer auprès de vous, vous avez l'opportunité d'ouvrir des portes, et ils sont venus à vous exactement pour ça, et qu'ils s'en remettent à vous, qu'ils sont prêts à écouter, qu'ils sont intellectuellement ouverts et disponibles et que tout peut arriver. On peut alors les emmener plus loin.

En fait ça fait longtemps que je n'ai plus eu l'occasion de mener des opérations de contagion dans mon entourage proche. Comme si j'avais décrété, je ne sais pas trop à quel moment, que j'avais suffisamment d'horizons à ouvrir à ceux qui me lisent, sans que ceux qui me voient ne deviennent eux aussi la cible de mes assauts répétés sur l'air de "The Yard c'est trop bien il faut regarder" et "youpichouette j'ai reçu le DVD de Koselig Med Peis". Je ne sais pas du tout d'où ça me vient, non plus.

Et c'est finalement avec tendresse que je réponds à leurs questions et que je pose les miennes. J'écoute les réponses qui me permettront de conseiller au mieux quelques titres, mais pas seulement. Je lis sur leurs visages les choses qu'ils découvrent. Leurs yeux s'écarquillent parce que je mentionne des choses dont ils ignoraient l'existence, la lèvre en suspens, ils réfléchissent rapidement pour mesurer si tel concept leur plairait ou pas, et insèrent des questions plus générales, grâce auxquelles je peux glisser des séries que je ne leur conseille pas forcément mais qu'il peut être intéressant de connaître. Dans ce contexte, mentionner une série australienne ou danoise n'a rien d'incongru, on n'est pas dans le genre de discussion où soudain votre interlocuteur doute de votre santé mentale puisque chacun sait qu'il n'y a des séries qu'aux Etats-Unis. Je ne recommande pas ces séries à des gens qui n'en sont pas au stade où ça peut les attirer, mais je les mentionne parce qu'elles existent et qu'elles font partie du panorama, et parlent d'un sujet similaire, ou présentent au contraire un univers totalement inédit. Je ne cherche pas à leur faire regarder ces séries-là absolument, mais je me dis que si j'en parle, ça leur ouvre quelque chose tout de même. Que je ne vais pas faire comme si je voulais me mettre "à leur niveau" et livrer une information parcellaire, diluée, simplifiée.

Et puis il y a ce moment. La poignée de secondes pendant laquelle mes propos sont jugés, à la fois sur la base de leur sérieux, de leur variété, et de leur adéquation avec la demande initiale. Et soudain je lis que la personne a vraiment été convaincue de regarder A la Maison Blanche, après avoir entendu les comparaisons avec Party Animals et Borgen et Yes Minister et CHANGE. Et je me dis que je viens d'ouvrir un petit verrou téléphagique. Je n'ai pas changé la face du monde.
Mais je viens de semer une graine que je ne verrai jamais germer, mais qui donnera peut-être, oh bien-sûr seulement peut-être, un solide téléphage. Je trouve que c'est une jolie promesse d'avenir.

Heritage
One day, all this will be yours...

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