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ladytelephagy
22 octobre 2011

Reed it after me

Reeditafterme

Après deux épisodes supplémentaires de Reed between the Lines depuis mon dernier post, je confirme mon verdict : c'est un sitcom au charme vraiment naturel (pourvu que l'on ne parte pas du principe que les deux termes sont incompatibles) qui lui donne une longueur d'avance sur beaucoup de séries en multi-camera de ces dernières années, y compris cette saison.

La série parvient à éviter dans 99% des cas le surjeu, la surenchère de comédie physique, et les blagues téléphonées qui sont l'apanage des pires séries du genre. J'ai presqu'envie d'envoyer un DVD à Chuck Lorre pour qu'il apprenne comment on fait rire les gens sans les prendre pour des crétins.

Si Tracee Ellis Ross lutte visiblement contre son réflexe de faire le singe (et surmonte ce handicap presqu'à chaque fois), les prestations de Malcolm Jamal Warner et Zoë Soul sont sans défaut. Impeccables. Toujours élégantes et sobres, mais drôles.
En particulier, Soul est une véritable révélation (et les scénaristes l'ont bien compris parce que son personnage est bien plus mis en valeur que celui de son jumeau), elle est d'une grande justesse, toujours extrêment fluide, et délivre la moindre ligne comme si elle venait d'elle... et elle n'a qu'une quinzaine d'années ! Quand je pense que ce n'est même pas une qualité qu'on trouve chez les comédiens rôdés aux comédies depuis plusieurs décennies... Ce sera un privilège, Mademoiselle, de suivre ce que vous allez devenir dans les prochaines années (surtout que vous n'étiez personne il y a encore quelques mois).

Les histoires sont également à louer ; la façon dont les quelques séances psy sont conduites (presque dénuées de blagues, en fait, mais vibrantes de rythme), la façon dont les intrigues parviennent à gentillement surprendre par leur déroulement et leur dénouement, la façon dont, tout simplement, cette famille est décrite. Il en ressort une grande envie de normalité tout en étant capable de rendre les choses drôles et c'est une qualité qu'on ne voit pas souvent.
C'est vraiment le mot "naturel" qui décrit le mieux mon ressenti vis-à-vis de cette comédie, et pourtant le terme parait si étranger au genre du multi-camera !

Il n'y a pas de cliché, pas de gentille maman ou de maman gaffeuse, de papa sévère ou de papa parfait, d'enfants terribles ou d'enfants transparents ; personne ne tombe dans la caricature. L'épisode où les parents s'aperçoivent que leur cadette est en réalité un petit monstre parvenait à être drôle, tendre, et terriblement honnête dans sa démarche et son traitement, et si vous n'avez rien contre l'idée de ne pas commencer par un pilote, je vous suggère (à ce jour, puisque seulement quatre épisodes ont été diffusés) de commencer par celui-là. S'il ne vous charme pas c'est que Reed between the Lines n'est pas pour vous. Mais j'en doute. Car c'est vraiment une série à la croisée des genres, plus subtile que la moyenne dans sa catégorie. Si j'étais vraiment quelqu'un de persiffleur, je dirais que si vous tolérez une seule série de Lorre, votre niveau d'exigence est trop bas pour que vous n'appréciez pas Reed between the Lines. Eh, c'est pas une attaque, j'ai regardé la première saison de Mike & Molly vous savez...

Je ne suis pas certaine que quelqu'un d'autre pense à vous le dire, mais rarement un sitcom m'aura fait cet effet-là (une comédie en single camera, plus facilement, à titre de comparaison), et je ne saurais que trop vous encourager à donner sa chance à cette comédie méconnue. Passez 20mn (ou 45, comme le font les spectateurs de BET) avec les Reed, et venez me dire ensuite que ce n'est pas meilleur que Whitney (duh !), ou 2 Broke Girls.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Reed between the Lines de SeriesLive.

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20 octobre 2011

Burnes noticed

ManUp

Bon, les garçons, c'est la troisième fois qu'on va avoir cette conversation cette saison, donc je pense qu'il est légitime que je m'inquiète sérieusement. Au début, j'ai traité vos préoccupations par le mépris et la moquerie, mais là je sens bien qu'on a quand même touché un point vital, sinon on n'y reviendrait pas une fois de plus.
Alors je vous écoute : qu'est-ce qui vous émascule donc tant ? Vraiment je suis curieuse. Vous avez froid aux pieds à force de marcher sur le plafond de verre ? C'est de ne plus sentir l'odeur des soutien-gorges brûlés qui vous donne l'impression d'avoir été vaincus ? Ou bien c'est parce qu'on vous appelle tous Monsieur sans se demander si vous avez été validés par une femme ? Non, ok, je le reconnais, je suis à nouveau moqueuse et je m'en excuse, mais sérieusement, quel est le problème ?
D'où vient ce réel besoin de régresser à une époque où le mâle se définissait par une série de codes immuables ?

Je m'interroge parce qu'outre le fait que Man Up! est la troisième série en moins de deux mois à mettre le sujet sur le tapis, j'ai cru comprendre que le phénomène ne s'arrêtait pas là.
Plus tôt cette saison, dans un post qui je l'avoue était partial (je confesse être une femme), je me suis surprise à apprécier les histoires relatives au féminisme dans The Playboy Club et surtout PanAm (enfin, essentiellement dans le pilote de cette dernière, il faut l'avouer). Mais ces séries ont été regardées, respectivement, par un maximum de 5 millions et quelques, et 11 millions de spectateurs. J'ai bien dit maximum. Et en comparaison, le pilote de Last Man Standing a été regardé par plus de 13 millions d'Américains. Alors on va être honnêtes, ce n'est pas qu'une question de sujet. Mais ça l'est aussi. Et je ne ferai pas mine d'ignorer de façon fort commode que How to be a Gentleman s'est vautrée. Mais il y a là quelque chose quand même.

Alors revenons à Man Up!. Parce que j'ai besoin de comprendre.
De quoi avez-vous peur ? A part grandir, je veux dire. Qu'est-ce qui vous menace tant dans l'existence-même des femmes qui vous entourent, que vous ayez un besoin de vous recroqueviller sur des valeurs qui non seulement sont obsolètes mais qui en plus, reconnaissons-le, ne vous rendent pas souvent service. Ce n'est pas un hasard si les hommes de Man Up!, How to be a Gentleman et Last Man Standing trouvent le moyen d'être à la fois les héros aux valeurs viriles portées en étendard, et des héros de comédies : vos valeurs ne fonctionnent pas, la plupart du temps.
Mais il n'empêche : il y a repli. Et je m'interroge sérieusement sur ses raisons parce qu'on peut dire énormément de choses de ces comédies (notamment qu'elles ne me font pas rire, enfin passons), mais certainement pas qu'elles sont innocentes. Parce qu'une série, on peut décider de la voir comme quelque chose d'innocent. Trois d'un coup en aussi peu de temps, ça dépasse le cadre de l'espionnage industriel. C'est un signe des temps.

Et le comble de l'ironie de cette situation, c'est que je commence moi-même à me sentir menacée ! Parce que je voudrais pas être paranoïaque, mais dans un monde télévisuel essentiellement porté par des personnages masculins encensés par la critique et la profession, dans un monde télévisuel essentiellement mené par des hommes, dans un monde téléphagique où les spectateurs qui s'expriment le plus ont tendance également à être des hommes, je me sens un peu en infériorité numérique et stratégique. J'aurais bien besoin d'une série où les femmes se regrouperaient pour dire qu'il faut se méfier des hommes et vivre d'après certains codes qui garantissent que nous restions bien des femmes.
Mais vous savez quoi ? Une telle série n'existe pas. Et je crois que je serais la première outrée, en réalité, si elle existait, parce que ce serait une version biaisée du monde : personne ne prétendrait que les femmes sont en passe de disparaitre.
Pourtant ça ne pose aucun problème à trois séries de prétendre que la réciproque est vraie, alors qu'à ma connaissance, aucun fait dans le monde n'a été rapporté sur les dangereuses armées de femmes castatrices hantant les rues munies de cisailles, aucun semblant de rumeur sur une loi qui vous ôterait votre droit absolu d'aimer la chasse, la pêche, les jeux videos et le club de gym (pour ces derniers c'est même devenu tendance et plus réservé à certaines catégories bien définies comme le geek ou l'homo), et aucun projet de loi n'est passé pour vous ôter le droit de vote dans quelque pays que ce soit. Nous ne subissons pas ces attaques (nous en subissons quelques autres plus subtiles, ce n'est pas la question), et vous non plus. Alors contre quelles attaques vous repliez-vous de la sorte ?

Vous vous sentez étouffés par votre condition d'homme et vous avez besoin d'en rire ? En quoi ce sentiment est-il lié à vos organes génitaux au juste ? TOUS LES PARENTS sont dépassés par les enfants, surtout les ados, TOUS LES DIVORCES sont dépassés (au moins un temps) par leur retour au célibat, TOUS LES CELIBATAIRES sont dépassés par la confrontation entre leur vision du monde et l'absurde réalisation que cette dernière n'est pas unanimement partagée. Qu'est-ce qui fait que vos terreurs sont différentes des nôtres sur ces points et quelques autres, vraiment ?

Et pourquoi établir cette cartographie de la virilité ? Vous êtes sûrs que ça vous rend service de vous fixer pareils objectifs ? Je veux dire : regardez où ça a mené les gonzesses de se donner des modèles quasiment immuables sur le plan social, familial et même physique, on ne peut pas dire que ça réussisse à la plupart d'entre nous de s'autoévaluer sur une grille aussi peu flexible. Si ça vous fait tant envie, le carcan social dont dépend votre reconnaissance, on vous l'offre, mais en réalité croyez-moi, vous n'en voulez pas.

On ne peut pas revenir au temps où on se retrouvait entre gens du même sexe pour simplement partager nos angoisses quotidiennes avec des répliques drôles ou à peu près ? Il faut déterrer la hache de guerre maintenant ?
Vraiment, je le pense : d'où ça sort ? Quelle mouche vous pique ?

Je m'inquièterais presque pour vous, si je ne commençais pas à m'inquiéter pour nous de voir tout cet étalage de virilité revendiquée sous couvert d'un humour simpliste.
Parce que... si encore c'était drôle.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Man Up! de SeriesLive.

19 octobre 2011

Une claque pour... Anouk

Suite de nos aventures australiennes avec ma seconde review de The Slap. Je vous accueille pas en vous claquant la bise, hein, je crois que vu les circonstances ce serait malvenu.

Cette semaine, nous avons rendez-vous avec une femme, Anouk, dont très franchement l'existence se trouve à mille lieues de celle de Hector que nous avions découverte la semaine précédente.
Femme célibataire, sans enfant, travaillant comme scénariste sur un soap dont elle se tape l'un des acteurs principaux, c'est une femme indépendante, affranchie, et de vous à moi, un peu le genre de vie qui ne semble pas déplaisant de prime abord. Et c'est là l'objet du délit, en fait.

TheSlap-Anouk

L'épisode se perd dans pas mal de choses que, de deux choses l'une, soit j'ai mal comprises, soit j'ai déjà oubliées alors que je les ai lues ya genre un mois, un mois et demi.
Le coup du cancer de sa mère, et de tout ce qu'il y a autour surtout... wow, d'où venait cette scène pendant laquelle sa mère se pisse dessus avant de supplier qu'on l'euthanasie si ça devient plus dur ? J'ai dormi sur cette page-là ou quoi ?

Moi qui avait tellement apprécié Anouk dans la version papier, je me suis retrouvée avec un personnage qui semblait beaucoup moins blasé et léger que dans le livre. C'est un personnage qui ne se prend, à la base, pas la tête, qui se contente de prendre de la distance avec tout, y compris avec l'homme qui partage sa vie et qui est de toute évidence fou d'elle, or ici Anouk, bien que fière, indépendante et tout, est quand même pas mal plombée par tout ce qui concerne sa vie familiale.
Son côté (étrangement) maternel vis-à-vis de Connie et Ritchie était assez nouveau également pour moi, mais cela renforçait l'impression d'interconnexion des personnages, ce qui était déjà ça. J'ai d'ailleurs bien aimé la scène de la fête, qui me laisse bon espoir pour le chapitre final de la série ; dans le livre, ce chapitre m'avait énormément émue, notamment une scène (par sa qualité d'écriture qui retranscrivait une très belle ambiance), et je crois que ce ne devrait pas être impossible d'espérer la trouver joliment (même si infidèlement) traduite en images.

L'intrigue qui pour moi était capitale dans son chapitre n'était pas là, mais elle ne s'explicitera que très tard dans l'épisode. Et là encore, j'ai dû trop peindre mes murs et inhaler des trucs pas nets, parce que j'ai carrément rêvé le fait qu'Anouk partage ça avec Rosie et Aish.
Sans compter que cette intrigue, bien plus que le cancer de sa mère, avait du sens au sein de l'affaire de la claque. Bien-sûr l'éclairage de l'état de dépendance de sa mère n'est pas totalement anodin, mais on ne ressent pas franchement les causes de l'énervement d'Anouk dans l'affaire.
Si dans les faits, Anouk ne change pas de décision dans la version filmée (il n'aurait plus manqué que ça), reste que la conclusion est vraiment différente et tourne au mélodrame. Ce qui ne cadre tellement pas avec l'idée que je me faisais d'Anouk...
De ce côté-là on pourra vraiment dire qu'elle comme moi nous sommes pris une méchante baffe.

Ah tiens, justement. Ce qui reste identique au roman, en revanche, c'est la position d'Anouk vis-à-vis de la fameuse claque (même si cette position s'explique très différemment). C'est certainement le personnage qui exprime le mieux ma façon de concevoir l'incident à la base, d'ailleurs. Elle est très dure vis-à-vis de Rosie et de sa façon d'élever Hugo avec laxisme, alors qu'elle et Aisha sont des amies d'enfance (comme l'explicitera la jolie scène finale) et qu'on pourrait s'attendre à ce qu'elle aussi prenne instinctivement le parti de son amie. Mais non, elle condamne sans retenue Rosie, Gary, et les poursuites entamés par eux contre Harry.

C'est d'ailleurs comme ça qu'on prend la mesure du dérapage.
Les choses ne se sont pas arrêtées avec cette maudite journée barbecue. De vous à moi, dans la vraie vie, je me dirais qu'une fois que tout le monde a pris le temps de réfléchir posément, il serait naturel que les choses se tassent (de ce côté-là, je suis limite de l'école Manolis, mais on aura l'occasion d'en reparler). Or pas du tout.
L'incident continue d'agiter encore les parents du petit Hugo, surtout Rosie dont le vocabulaire est assez parlant sur la violence qu'elle a ressentie à travers la claque et qui est en permanence aux bords des larmes ; on apprend donc qu'ils ont décidé de porter plainte contre Harry (et Sandi son épouse, du coup). Anouk s'oppose tellement à cette réaction disproportionnée qu'elle annonce à Rosie son intention de témoigner en faveur de Harry... bien qu'en réalité elle n'ait rien vu, comme en atteste le visionnage du pilote et comme le souligne Aisha, qui elle est visiblement du côté de Rosie.

On sent donc les premiers vrais clivages se faire, ce qui n'est pas innocent au sein de ce trio si soudé avant l'incident. Ce ne seront pas les derniers, mais ici ils ont le mérite de bien poser les deux camps.
Car à partir de là, ça va être quand même beaucoup ça : deux camps qui ne se comprennent pas. D'où le slogan : et vous, de quel côté êtes-vous ? A vous de me le dire. Votre opinion a d'autant plus d'intérêt que vous n'avez pas, justement, lu le livre.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.

14 octobre 2011

Réflexe de survie

LastManStanding

Qu'est-ce qu'il y a, les garçons, vous vous sentez en danger ? C'est à cause de quoi ? Des héroïnes fortes qui dominaient le petit écran il y a 10 ans ? C'est ça qui conditionne cet espèce de réflexe d'auto-défense ? Nan parce qu'on peut pas dire qu'on vous agresse, non plus. C'est vous qui avez les séries les plus chouettes, hein. Alors faudrait voir à arrêter avec le sentiment de persécution.
Après How to be-... ah, non, on avait dit qu'on ne le mentionnait plus, ce pilote-là... voilà que c'est au tour d'ABC de sortir une comédie grosse tatanes sur ce que c'est que d'être un mec, et pire encore, ce que c'est que d'être un mec dans un monde de filles.

Et je plains jusqu'au dernier gars qui croit que Last Man Standing a quoi que ce soit d'actuel, dans quoi on puisse se reconnaître. Parce que, les mecs, laissez-moi vous dire : de tous temps, être un mec parmi des gonzesses, ça n'a JAMAIS été facile, surtout si on ne voulait pas s'en donner la peine. Le père de n'importe quelle famille constituée à majorité ou intégralité de filles pourra en attester ; le mien, par exemple, si je lui parlais encore, le confirmerait, et j'étais adolescente dans les années 90... Donc arrêtez de nous faire croire que c'est devenu horriblement difficile d'être en phase avec ses filles. Ça l'a toujours été... pourvu d'être intellectuellement limité. Et le personnage de Tim Allen répond prodigieusement bien à ce critère.
Contrairement à ce que cette série veut nous faire croire, les filles ne sont pas des créatures étranges à la psychologie impénétrable. Ce sont des êtres humains et, comme le souligne sa femme, pourvu d'écouter, on les comprend. Mais voilà, faut les écouter, or ce sont des filles (beuh, dégoûtant !). Ce serait la même chose avec des garçons, mais au nom de la différence de sexe, le père ne tente même pas d'être proche, il est bien trop occupé à les juger selon une grille biaisée, trop accroché qu'il est à son espèce de "culture Cromagnon".
Comme si aimer la pêche, la chasse et le plein air était incompatible avec un cerveau fonctionnel.

Last Man Standing me fait penser à la tentative d'un mec mal dans son slip de remettre chacun à sa place... parce qu'il n'en a jamais eu dans sa propre famille. Instaurons un ordre imaginaire entre ce que sont les hommes et ce que sont les femmes ! Ça rendra les choses plus faciles à appréhender pour les types complètement largués par leur propre existence.

Allez, spectateurs d'ABC, ne vous laissez pas avoir. Je sais que vous valez mieux que ça. Enfin, un peu, quoi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de... oh, et puis à quoi bon, vous savez même pas vous servir d'internet, les gars... Si ? Bon, c'est bien parce que c'est la tradition : la fiche Last Man Standing de SeriesLive.

13 octobre 2011

Bon boulot sur toute la ligne

Il y a des trucs que vous ne vous attendez pas à écrire dans une review, jamais ; "la nouvelle série de MTV est super", "j'adore l'humour de Damon Wayans", ou encore "il n'y a pas de comédie plus drôle que Whitney". Jusqu'au jour où l'une de ces choses devient vraies et remet en question tout l'ordre de l'univers.
C'est ainsi que je vous concocte un post sur la première saison d'Awkward. ! Si on m'avait dit.
En attendant, voilà une autre chose que je ne m'attendais pas à écrire dans une review : "j'ai envie de suivre un sitcom black".

Non que les sitcoms blacks ne soient pas drôles. Non, sincèrement, ce n'est pas ça ; c'est juste que la plupart d'entre nous (je suis et reste convaincue que les téléphages s'exprimant sont en majorité blancs) n'est pas dans la cible, et culturellement (à plus forte raison parce que les Afro-Américains sont une culture à part entière), et je soupçonne que si ces séries marchent bien, c'est parce qu'elles trouvent leur public. Ce public, ce n'est pas moi.
Et pourtant, je me suis sincèrement posé la question hier devant Reed between the Lines.

ReedBetweentheLines
Le titre était pourri. Les acteurs pas très intéressants. Le pitch tenait sur du papier à cigarettes. Regardez-moi ça, même la photo est bateau ! Tout indiquait que ce serait nul. Eh bien devinez quoi, pas du tout.

Le mérite en revient aux acteurs principaux et notamment Tracee Ellis Ross. Imbuvable dans le pilote de Girlfriends (que j'avais regardé l'été dernier, dans ma période "testons des séries blacks" consécutive au visionnage de Single Ladies), elle apparait comme sympathique dans Reed between the Lines. Son personnage n'est pas une bonne femme insupportable, ni bitchasse ni matrone, qui sont un peu les modèles qu'on trouve dans les comédies de ce genre. De son côté le personnage de Malcolm Jamal Warner n'est pas spécialement original mais, au moins, il a le mérite de n'être pas désagréable, le genre de mec distant qu'on n'apprécie pas souvent dans ces séries.

Et surtout, c'est fou, mais il se dégage une grande impression de naturel. La connivence entre le couple principal (les deux docteurs Reed) est palpable, et rend les diverses situations d'intimité totalement crédibles ; l'humour des situations et, plus souvent, des dialogues, ne s'en porte que mieux, on dirait que le couple rit ensemble, et non qu'ils veulent nous faire rire.
Plus épatant encore, les enfants s'en tirent bien, là où les rôles sont souvent attribués à des petites frimousses sans grand talent et ayant en général tendance à surjouer. La fille ainée, en particulier, parvient à être drôle sans jamais en rajouter, et c'est un immense soulagement. Le personnage le plus caricatural est celui de l'assistante de Carla, mais on le voit peu dans le pilote et ça ne gâche même pas la scène, dans laquelle Ross s'en sort si bien que ce n'est pas grave du tout. Les autres personnages secondaires sont très décents, par ailleurs, et notamment l'acupuncteur avec qui elle partage le cabinet, qui converse sur le même mode.
Et c'est certainement le plus important, en fait : les dialogues restent agréables même quand ils ne sont pas hilarants, parce que personne ne force, personne ne tente à tout prix d'avoir l'air drôle. Pour un peu, si elle était tournée dans d'autres conditions, Reed between the Lines pourrait tout-à-fait se passer des rires du public, mais ils sont relativement peu présents (volume sonore modéré, pas d'omniprésence fatigante) ce qui rend le problème quasiment anecdotique.
Au milieu de tout ça, l'intrigue, sans être très innovante, ne vire pas à la grosse farce insupportable, à l'exception d'une scène, vers la fin, un peu limite, mais fort heureusement vite écourtée.
L'épisode se clot sur une scène sympathique sans être touchante ni exagérément fleur bleue (Carla sort le grand jeu à Alex, un peu façon Whitney... et parvient à rendre la scène sympa, tendre et décontractée, sans en faire un truc aussi odieux et même limite sexiste que Whitney). La conclusion de l'épisode est bonne, disons les choses comme elles sont.

Le capital sympathie des personnages est tel que je me suis vraiment dit que ça me plairait bien de continuer l'aventure. Je vous avoue que c'est une première, en particulier après les expérience frustrantes, pour ne pas dire désastreuses, qu'ont pu être Are we there yet? et autres Meet the Browns.

Peut-être que Reed between the Lines n'est pas tant un sitcom black qu'un sitcom avec des blacks, et que les spécificités culturelles sont gommées. Mais en tous cas, c'est un sitcom sympathique, ça ne fait aucun doute. Personne ne vous braque un flingue sur la tempe pour rire, personne ne vous inflige une galerie de personnages insupportables et exagérés, personne n'a envie de gagner son salaire avec un scénario usé jusqu'à la corde (la façon dont on entre dans la vie professionnelle de Carla est sympathique, j'attends le tour d'Alex la semaine prochaine car sa pratique a l'air originale aussi), bref, c'est un sitcom, tout court. Loin des qualificatifs chromatiques et des sous-entendus qualitatifs qui s'y rattachent, Reed between the Lines est juste l'occasion de passer un bon moment avec des personnages qui ont tout compris à ce que le mot "naturel" veut dire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Reed between the Lines de SeriesLive.

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11 octobre 2011

A new start

On peut très bien regarder un épisode et l'aimer à la folie, tout en étant parfaitement conscient de ce que d'autres pourraient en dire. Je me rappelle m'être fait cette réflexion devant The Big C, par exemple ; série à laquelle il m'est impossible de ne pas faire référence aujourd'hui. C'est un cas typique de "si on n'est pas dedans, ça semble too much". Et quelque part ça me rend triste pour ceux qui n'ont pas pu se laisser faire par l'émotion et qui jugent de façon purement cérébrale.
Parce que dit comme ça, oui, une femme qui apprend qu'elle a un cancer et qui décide de changer les choses, et notamment elle-même, pour vivre mieux, ça peut paraitre ridiculement niais comme idée, genre téléfilm de l'après-midi. Mais en réalité, et ceux qui regardent The Big C le savent, ça va bien plus loin.

Alors de la même façon, Enlightened, je peux concevoir qu'on se dise que c'est un peu niais. Que cette bonne femme qui veut du changement dans sa vie, qui tout d'un coup veut être zen, et heureuse, et intérieurement bio, c'est trop gros, ou trop Bisounours, ou trop ridicule, ou que sais-je.
Et ça me rend triste pour ceux qui jugent Enlightened de façon purement cérébrale.

C'est peut-être parce que dans la vie, je crois qu'il y a deux sortes de personnes, et qu'à l'échelle téléphagique, oui, il y a deux sortes de spectateurs : ceux qui reconnaissent un élan dans Enlightened, fut-il porté à l'écran de façon outrancière pour des raisons dramatiques et comiques, et ceux qui n'y voient qu'une histoire parmi tant d'autres. Il y a ceux qui croient au changement, et il y a les autres.
J'avais un ex qui ne croyait pas qu'on ait une âme (j'ignore s'il le pense toujours), tout était chimique et mécanique. C'est en parlant de ça avec lui que j'ai compris qu'il y a des êtres que certaines choses ne toucheront jamais. C'était contraire à tout ce à quoi je croyais, et ça l'est en fait encore, et pourtant quelqu'un était convaincu que l'âme n'existe pas. Enlightened suscite le même genre de réaction chez moi : il y a ceux qui comprennent parce que ça touche à leur façon de voir la vie, et ceux qui sont extérieurs à ça. Ceux-là me trouvent sans doute stupide quand je pleure en souriant devant le pilote d'Enlightened. Moi j'ai l'impression qu'une de mes larmes est pour eux parce que je trouve triste que ça ne les touche pas. On ne se comprendra jamais, sur ce sujet, je présume. ils ne veulent pas vraiment me comprendre parce que ça leur semble trop ridicule. Je n'ai pas envie de les comprendre parce que j'aurais peur de me vider d'une certaine forme de sève. Le fossé est infranchissable parce que chacun de notre côté, nous regardons l'autre bord en hochant la tête...

Je crois au changement, parce que je n'ai appelé que ça de toute mon âme pendant 3 décennies. Et c'est un sacré hasard que le changement et Enlightened se produisent au même moment, mais cette étrange alignement d'étoiles ne fait que renforcer mon émotion devant la série, bien-sûr.

Dans une certaine mesure, depuis environ deux mois, je suis dans une phase où je suis comme Amy, avec un regard différent sur les choses ; une envie de me comporter différemment pour que mon regard neuf ne se ternisse pas ; la conscience aigüe que ce n'est qu'une question de point de vue, que les choses ne sont pas parfaites juste parce que j'ai décidé que je le voulais ; l'abrupte réalisation que ce n'est pas parce que je veux pousser le changement aussi loin que possible, que le monde autour est réellement différent.
C'est juste moi, juste mon regard, juste la façon dont j'ai soudain des lunettes qui me font voir le monde avec un filtre différent, mais c'est le même. Ce ne sont jamais que des lunettes qui changent mon regard, et jamais mon regard qui change le monde...
Ainsi, je regardais Amy se débattre avec sa nouvelle paire de lunettes, et je ressentais tout ce qui devait se passer en elle, comment les gens ne changent pas juste parce qu'elle a changé elle, comment on ne peut pas reprendre certaines choses à zéro et espérer que les autres étaient capables d'oublier aussi facilement qu'elle veut se convaincre d'avoir oublié. Comment les lunettes ne changent pas, pas vraiment, ce qui est à l'intérieur.

La lutte d'Amy contre elle-même, contre son entourage et contre le monde me touche, tout simplement parce que je crois au changement mais que j'ai aussi appris qu'il y a des limites à ce qu'on peut changer.
Depuis quelques semaines, j'ai chaussé mes propres lunettes, et je m'efforce moi aussi, de toute mon âme, de continuer à voir les choses avec ce regard-là, parce que comme Amy, j'ai aussi besoin d'y croire.

C'est un joli combat que va mener ce personnage, même si on peut penser qu'il est perdu d'avance. Et quand en plus on a l'impression de marcher au même pas que le héros, c'est une expérience inouïe.

Jamais auparavant je ne m'étais "identifiée" à un personnage. Ici, je ne m'identifie pas tant à Amy (j'ai réglé la majeure partie de mes probkèmes de gestion de la colère il y a plusieurs années maintenant) qu'à son parcours, et rien que ça, c'est déjà nouveau pour moi.

J'ai de la peine pour ceux qui ne croient pas à l'existence de l'âme, qui ne croient pas au changement, qui ne croient pas aux beautés d'un voyage comme celui que dépeint Enlightened. Mais plus encore, j'ai de la peine pour mon petit coeur quand je réaliserai avec Amy que ce ne sont que des lunettes. Pourtant je suis contente qu'une série m'offre de prendre ce chemin, et me propose de grandir avec moi pendant une période charnière de ma vie.

Parfois une série est bonne, et je vous recommande tout simplement de la regarder pour ce qu'elle est. Parfois j'ai conscience que tout le monde n'est pas moi, et que tout le monde n'aimera pas Enlightened, parce qu'une série n'est pas toujours qu'une série et que ce qui se passe à l'écran est au moins aussi important que ce qui se passe dans le téléphage. Aujourd'hui est l'un de ces posts. Enlightened n'est pas pour tout le monde.
Mais jamais aucune série n'a été autant pour moi.

OperationNewStart
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Enlightened de SeriesLive.

9 octobre 2011

Une claque pour... Hector

Hm, bon, alors, j'en ai parlé longuement avec moi-même et nous sommes tombés d'accord sur un fait : la construction de The Slap est si particulière, et mon engagement depuis de longs mois envers cette série si fort, que... j'arrive pas à croire que je vais le dire... j'ai décidé de tenter une review épisode par épisode de cette mini-série dans les 8 semaines à venir.

Ce n'est pas un exercice dans lequel je suis spécialement à l'aise, mais après avoir bien pesé le pour et le contre, j'ai vraiment envie d'en faire l'effort pour cette série : je vous le disais l'autre fois en postant le générique, il m'est assez difficile de dissocier l'oeuvre originale du résultat filmé, en particulier parce que j'ai fini le livre quelques heures avant le lancement de la série sur ABC1, et que j'étais donc très investie dans cette histoire ces dernières semaines. Qui plus est, c'est une histoire vraiment originale, par sa construction, donc, mais aussi par la galerie incroyable de portraits qui se dessine avec une terrible précision au fil des 8 chapitres, et enfin, aussi et surtout, par les réflexions qu'on se fait nécessairement vis-à-vis de l'histoire elle-même. Un roman captivant (et pourtant je ne lis plus de roman depuis plusieurs années) qui devait donner une série au moins aussi prenante.
Pendant les 8 prochaines semaines, c'est ce que je vous propose de vérifier avec moi.

Qui eut cru qu'une simple torgnole pourrait changer le destin d'autant de monde ? Personnellement, c'est avec la plus grandes des incrédulités que j'ai découvert, la première fois, le pitch de The Slap. Un type gifle un gamin qui n'est pas le sien. Hm, bon, ok, et puis ? Sérieusement, tout un livre là-dessus ? Mais... comment ?
C'est ça qui a motivé mon intérêt dans un premier temps. Je me suis demandé comment il pouvait y avoir de quoi faire plusieurs centaines de pages (430 dans mon édition, par exemple) à partir de cet évènement. Il est vrai que j'ai grandi dans une maison où on ne les comptait pas (les gifles, pas les pages ; quoique, l'un ne va pas souvent sans l'autre d'après mon expérience), et que ma vision des choses était forcément un peu faussée. Mais wow, c'était un pitch assez fascinant, quand même, à la fois par sa brièveté et par ce qu'il semblait provoquer.
Et quand je me suis intéressée plus en avant à cette fameuse gifle, j'ai découvert que The Slap avait suscité un débat. UN DEBAT. Personnellement même en lisant le livre je n'ai pas vu de débat. Au contraire, je trouve que ce que fait si admirablement The Slap, c'est en fait montrer que chacun a des raisons de penser comme il pense, parce que chaque personnage considère les évènements à travers le prisme de son éducation, sa culture, ses convictions politiques et son positionnement dans la société. Et en l'occurrence, personne n'a raison.
Ce que dit The Slap, ce n'est pas qu'il y a un débat entre ces gens-là ; c'est surtout que tout d'un coup ils réalisent qu'ils étaient connectés et qu'ils remettent en question pourquoi, vu qu'ils n'ont pas tant que ça en commun et qu'il y a un même évènement qu'ils ont tous vécu, mais qu'aucun n'a vécu de la même façon.

Et du coup ça rend le phénomène de The Slap vraiment impressionnant à mes yeux, parce que le livre lui-même est visiblement vécu de façons différentes par les gens, et pas juste ce dont il parle. Ca dépasse de loin l'objet du débat et ça en devient un. Que The Slap pousse les gens à prendre position pour ou contre cette gifle, ça me sidère, je ne saurais même pas être pour ou contre.
Au final, en voyant tout ce qui se passe autour de ce roman (et probablement autour de la série aussi), je réalise que moi aussi je me suis pris une claque monumentale, parce que non seulement l'écriture de Tsiolkas est incroyablement efficace et précise (ainsi qu'extrêmement dynamique, versatile, et alimentée par la popculture) ; non seulement il a bâti son livre comme je rêverais que tous les romans soient construits, avec un jeu de miroirs déformants entre les points de vue subjectifs qui, mis bout à bout, racontent quand même une histoire ; non seulement la série est alléchante parce que dotée d'un cast super sympa ; mais en plus, ça me fait même réfléchir sur d'autres choses que juste ces éléments-là. Le simple fait de découvrir que The Slap puisse faire débat, ça me pose plein de questions.

Donc voilà, en somme, pourquoi c'est difficile pour moi d'échapper à la tentation de parler de The Slap chaque semaine.

Je ne saurais trop vous encourager à participer dans les commentaires à ce(s) débat(s) que soulève la série, parce que c'est aussi à ça que sert un blog.
L'expérience de regarder une série est une chose mais, à plus forte raison dans le cas de celle-ci, la regarder "avec" vous (pas dans le sens où on partage un verre de jus d'orange pulpé, hélas, mais bien parce que nous venons ensuite nous réunir pour en parler ensemble), donne du sens aux débats. Globalement, moi, je sais à peu près ce que j'en pense, mais l'idée c'est de ne pas fonctionner en circuit fermé avec juste la version de mon chapitre. En gros, que nous ayons chacun notre chapitre, nous aussi, et pas juste que je vous dise combien cette série est ci ou ça, c'est ce qui donne de la valeur à ces posts sur The Slap. J'espère vous avoir convaincus de commenter un peu cette tentative de review épisode par épisode...

Donc on y va.

TheSlap-Hector
Respectant au plus près la structure si particulière du roman d'origine, The Slap débute par un épisode/chapitre consacré à Hector. C'est à l'occasion de son barbecue d'anniversaire que va avoir lieu la fameuse claque, et c'est aussi à travers ses névroses qu'on va pouvoir étudier une partie de son entourage, la principale étant son obsession pour la jeune Connie.

La difficulté de l'adaptation de The Slap, on le comprend très vite, tient dans la façon que Tsiolkas a de raconter son histoire : chaque chapitre correspond à une personne, mais n'est pas raconté à la première personne. La voix off semblait un incontournable mais hélas (oui, j'ai écrit hélas), ce ne sera pas le cas ou si peu. Et on va perdre une bonne partie des subtilités des portraits dans ce procédé qui ne va pas aussi expressément que dans le livre nous dire ce qui se trame dans la tête des personnages quand il font ci ou ça. La journée qui précède le barbecue semble ainsi moins oppressante dans The Slap que dans le livre. Le manque de tabac, par exemple, la frustration vis-à-vis des enfants, sont atténuées, et on perd une bonne partie de ces sensations à n'avoir qu'une vue extérieure de ce qui se passe chez Hector.

Et d'ailleurs, je n'imaginais pas du tout Hector comme ça. Déjà parce que je ne sais pas pourquoi, mais Hector et Harry étaient pour moi intervertis pendant la lecture : je pensais que Dimitriades jouerait Hector, et non Harry. Et du coup ça collait beaucoup plus à l'idée que je m'en faisais, un bel homme, sûr de lui, un peu dur et pas à l'aise avec les gosses, mais définitivement un mec à l'aise dans sa vie, de quoi faire tomber les filles, genre Connie. LaPaglia, je sais pas si c'est parce qu'il culmine à 1m50 les bras levés sur une chaise haute et qu'il marche voûté, mais il est au contraire un animal nerveux, qui me semblait plus correspondre au portrait de Harry. De la même façon, caster Sophie Okonedo a conduit à des changements dans l'esthétique du couple Aisha/Hector, d'ailleurs ; cela devrait impacter le ton du chapitre d'Aisha, je pense. On verra bien quand on y sera.

Tout au long de l'épisode, on sent bien que la tension monte autour du petit Hugo, qui (j'espère pour les parents que c'est un rôle de composition) est absolument insupportable. La gifle est un peu inexorable, tant les regards convergent vers le petit garçon intenable et bruyant de façon croissante dans l'épisode. La vraie question, c'est quasiment QUI va gifler Hugo, quand la frustration culmine, parce qu'il ne fait aucun pli qu'à un moment ce petit est voué à s'en ramasser une, et il y a assez peu de chances que ça vienne de ses parents. On ne sent d'ailleurs pas beaucoup la désapprobation monter dans l'entourage de Hector autour de la façon dont le couple Rosie/Gary fonctionne et élève le petit, même si Melissa George rend un portrait incroyablement fidèle à la représentation qui est faite de Rosie dans le roman. C'est encore une fois le problème de l'absence de narrateur, qui aurait été très utile dans une série dont la brièveté des épisodes doit être compensée d'une façon ou d'une autre, arrativement.
L'altercation qui suit la gifle est pourtant extrêmement bien rendue. En fait chacun va très vite se positionner vis-à-vis de tout ça, il y a assez peu de réactions immédiates dans cette scène qui soient contredites par la suite dans le livre. J'avais oublié, par contre (ou peut-être ne s'y trouvait-il pas), l'acte incroyablement tendre et conciliant d'Adam envers Hector une fois la scène passée. Après l'hystérie collective suscitée par la gifle, c'était une très touchante conclusion à la journée barbecue.

Côté perso, Hector est obsédé par Connie, sauf que, oups, il est marié. On va très vite s'apercevoir que cette obsession est en fait avant tout celle de Connie pour Hector, transmise par un baiser (ah, tiens... bon), et depuis, le quarantenaire a du mal à oublier qu'il y a de plus verts pâturages pas si loin. Tout l'épisode va suivre la façon dont Hector tente à la fois de pouvoir y penser tranquillement, et comment il essaye d'en divertir son esprit par culpabilité. Le décor de la maison de Hector et Aish est d'ailleurs incroyablement bien conçu pour que le chassé-croisé soit bien rendu.
Hector a été obligé, en fin de compte, de choisir entre Connie, la petite adolescente au charme naissant, et Aisha, l'épouse qui règne en maîtresse-femme sur sa maison. De ce côté-là, la tension est parfaitement bien transcrite, jusqu'au point culminant de son petit dilemme de quarantenaire en pleine crise

Mais si les histoires de Hector forment une histoire plutôt bien suivie au long de The Slap, le plus important est que la gifle a été donnée et les rouages enclenchés. Hector désapprouve-t-il ou pas ? Dans cet épisode on le saura assez peu.
Fort heureusement, le débat va avoir lieu dans le prochain épisode, celui d'Anouk, l'une des meilleures amies d'Aisha (l'autre étant Rosie...). On se donne donc rendez-vous la semaine prochaine pour faire le point.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.

6 octobre 2011

Evidemment

AmericanHorrorStory

Ryan, je  crois que ça y est. Tu as trouvé. Toute ta carrière te destinait à créer un jour American Horror Story. C'est l'accomplissement de tout ce qui a toujours semblé plus ou moins s'exprimer dans ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui. Ryan Murphy, je crois que tu t'es trouvé.
Le monde adolescent, le goût du trash, le sang, le sexe, l'impression quasi-constante de nausée parce que tu tiens à aborder des sujets sales, mais à le faire en collant au plus près de tous les poncifs du genre... finalement, comment n'as-tu pas créé une série d'horreur plus tôt ? C'est à se demander pourquoi ça t'a pris tant de temps. La narration efficace, terriblement grand public parce que totalement balisée par le genre, se mêle parfaitement (pour la première fois) aux sujets choisis, forcément dérangeants, et ça, c'est tout toi.

En regardant American Horror Story, j'ai l'impression pour la première fois de saisir comment fonctionne Ryan Murphy quand il pense pour une série, de la même façon que j'ai senti si facilement, il y a bien des années, comment fonctionnait, par exemple, David E. Kelley. C'est comme une sorte de clé dont je viendrais d'apprendre à me servir pour entrer dans sa tête. On ne peut pas dire que ce que je vois une fois la porte poussée soit particulièrement séduisant, mais en tous cas, c'est là, ça y est, j'ai l'impression de mieux comprendre.

L'obsession de Murphy pour le sexe se retrouve bien dans le pilote, avec pour le moment (on sait tous que ça ne saurait durer) un certain équilibre entre le mauvais goût et le moins mauvais. Son regard sur la violence de l'adolescence et plus particulièrement la violence des relations entre adolescents se retrouve. Sa façon angoissée de considérer le couple à la fois comme une fin en soi et comme la fin de soi, aussi. Tout a l'air subitement clair, c'est incroyable.

Et à côté de ça, American Horror Story fait absolument tout ce qu'on attend d'une fiction de ce genre. Personnellement je n'ai jamais raffolé de l'horreur, de l'épouvante ni même du thriller, donc ça ne me divertit probablement pas autant que d'autres plus experts (ou peut-être que de plus experts que moi trouveront au contraire à redire, d'ailleurs, parce qu'ils ont matière à comparer), mais j'ai l'impression que le pilote de la série coche toutes les cases, comme une évidence glauque qui ferait que mon cerveau considèrerait comme normal de trouver ces éléments dans cette série. Les scènes qui font peur sont résolument pensées pour faire peur, il n'y a pas d'évoque. Celles qui ne sont pas conçues pour jouer sur le frisson sont également sans équivoque, d'ailleurs, à l'instar de la scène de "viol consenti" qui sait clairement ce qu'elle montre et à quelles fins.
Manquant parfois de subtilité, parce que c'est une série qui répond aux codes du genre, et parce que c'est une série de Murphy, le pilote d'American Horror Story propose des personnages assez simplistes, unidimensionnels, mais tous cassés à l'intérieur. Des jouets que Murphy casse avant de nous les offrir, parce que dans sa tête ça ne sert à rien de nous proposer des personnages attachants pour les détruire ensuite en jouant, autant tout de suite nous montrer leurs corps scarifiés, leurs âmes dégueulasses, leurs névroses obsédantes... J'aime bien son honnêteté, parce que je sais qu'ensuite il ne reculera de toute façon devant aucune forme d'écoeurante surenchère, alors autant ne pas me demander d'aimer les personnages.

Ce qui me plait, c'est aussi que, même de façon encore embrouillée, un grand nombre des éléments des promos successives semblent avoir du sens rapidement. Ces promos avaient un but, et pas seulement celui de nous donner envie de voir la série ou de retranscrire son ambiance ; ce n'était pas juste un bon coup marketing, ou une promo bien pensée, mais un réel aperçu de ce qui nous attend.
D'ailleurs, le mystère n'est pas si présent que ça pendant le pilote et, lorsqu'arrive la fin de l'épisode, les zones d'ombre sont finalement assez rares. Tout ce qu'on veut, c'est savoir comment les choses se passent à partir de là, pas comprendre des informations cryptiques et distillées au compte-goutte, puisqu'il n'y en a pas vraiment. Certes la mythologie d'American Horror Story s'annonce comme pleine de surprises et de révélations, mais on ne devrait pas passer notre temps à courir derrière les explications (ce qu'on appelle également le syndrome X-Files), parce que finalement, le mystère sur le passé est assez peu présent comparé aux enjeux futurs.

En-dehors des personnages tous repoussants pour une raison ou une autre, il reste aussi le thème de la peur. Et plusieurs fois au cours du pilote, le mot sera lâché, souvent sous forme de question (et en général je murmurais "mais arrête de dire à la maison de quoi tu as peur !"), et vous savez quoi ? Personne n'a peur de gros monstres moches et carnassiers, en fait. Ce dont les personnages ont peur, c'est de choses bien réelles, le rejet, la solitude, toutes ces choses qui nous arrivent plus souvent que d'atroces meurtres sanglants dans une cave.
C'est, si vous vous souvenez, le genre de peur que je préfère m'infliger quand je suis devant l'écran.

Dans cet espèce d'exhibitionnisme qui lui est cher et qui semble soudainement si évident, Ryan Murphy sous a fourni une série qui ne surprend pas vraiment, ni sur la forme ni sur le fond, mais qui parvient à être très différente de ce que l'on a déjà vu, pourtant. Il y a les monstres avec de grosses dents (ok, j'avoue, j'ai intérieurement pissé dans mon froc quand j'ai vu les dents, normal), il y a les monstres avec de beaux yeux bleus et un visage léonin, et on verra les horreurs qu'ils s'apprêtent à perpétrer l'un comme l'autre sans le moindre faux-semblant, mais avec l'envie de nous écoeurer le plus possible de tout au passage.
Tout ce que j'ai dénigré pendant des années à travers Nip/Tuck semble subitement prendre du sens avec American Horror Story. Tout semble évident, maintenant. Et je crois que j'aborderai justement American Horror Story avec plus de sérénité, maintenant que je comprends comment Murphy pratique et pourquoi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche American Horror Story de SeriesLive.

5 octobre 2011

Un monde où une série de Disney est presque regardable est possible

Vous savez quoi ? Les séries Disney et moi, on va ptet finir par se rabibocher. D'ici 10 à 15 ans, et pourvu de continuer comme ça, disons que c'est envisageable.
Ces dernières années, chaque fois que je me tapais un de leurs pilotes, j'avais envie de m'immoler par le feu. C'était devenu insupportable mais pourtant toutes les séries pour ados se dépêchaient de copier l'odieux modèle Hannah Montana, parce que si ça chante, ça va forcément vendre et quelques paquets de millions de dollars, ça ne se refuse pas, c'est pas poli. Et c'était chaque fois pire. Si j'avais des enfants et que je les détestais, c'est exactement ce que je leur ferais regarder.
Sans compter qu'à la longue, le message envoyé devenait même carrément inquiétant.

Je ne suis pas en train de vous dire que Jessie (attention, à ne pas confondre avec Jesse, la comédie avec Christina Applegate) vaut le coup d'être vue. Même pas que la série est décente : c'est caricatural, exagéré, mal joué, effrontément coloré, et plein d'autres choses pénibles encore. Mais je vous apporte une bonne nouvelle : dans le pilote, PERSONNE ne chante.

Aaaaaaaaah quel bonheur ! Aaaaaaaaah quelle joie ! Aaaaaaaaah quel soulagement !

JessieDisney

Jessie s'efforce (à grand'peine, vu la machine à produire des séries à la chaîne qui l'a enfantée) d'être originale.
Les références plus ou moins subtiles à Brangelina (plutôt moins que plus, mais l'effort est là) sont par exemple amusantes, avec cette panoplie d'enfants adoptés dans différents pays, ce couple de parents stars, et cet appart new-yorkais certes très surchargé, mais franchement différent de la plupart des décors de sitcoms pour préados, dans un style art-déco rococo (si-si, c'est possible) franchement impressionnant la première fois qu'on le voit ; les yeux saignent, mais ils apprécient le côté nouveau de ce décor répondant à la fois aux impératifs du genre, et visiblement pensé pour être réellement différent. Il en ressortirait presque une impression de nouveauté, pour un peu. Les personnages sont certes caricaturaux, l'héroïne est le portrait craché de Demi Lovato (pré-internement) et joue au moins aussi bien, si vous avez vu Sonny with a Chance, ce que je ne souhaite pas même à Whitney Cummings. C'est plutôt hystérique, c'est du grand n'importe quoi (je pense notamment à l'histoire avec le lézard géant apprivoisé...), et ça finit avec plein de bons sentiments, mais j'ai l'impression que les mecs tiennent le bon bout, quand même, en un sens.

Parce qu'il n'y a pas de chanson. J'arrive pas à exprimer l'ampleur de mon soulagement devant cette découverte.
J'attendais, j'attendais, je serrais les dents quand j'avais l'impression que ça allait venir, et non, rien. Pas de chanson. Et l'espoir renaît. Si j'avais des enfants et que je ne les détestais pas, je ne les déshériterais pas pour vouloir regarder Jessie. C'est vous dire.

En cette rentrée, on a tendance à vite oublier qu'il n'y a pas que les networks qui lancent des séries, et Disney Channel ne fait pas exception, avec cette nouvelle comédie qui a, d'ailleurs, plutôt bien marché sur son public-cible dés son lancement, ce qui veut dire que Jessie est là pour rester. Ce qui signifie, et je ne saurai trop insister sur ce point, qu'au moins, cette fois, on ne devrait pas être envahis par des chansons pop atrocement polycopiées. Le reste est comme d'habitude, mais punaise, rendez-vous compte : personne qui veuille devenir superstar de la chanson ! J'en crois toujours pas mes yeux et, surtout, mes oreilles.
Note pour Scarlatiine : nous avons un deal, rappelles-toi. Un pilote est un pilote...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Jessie de SeriesLive.

3 octobre 2011

Il ne peut y en avoir qu'un

A chaque saison, il y en a une.
Vous vous souvenez certainement de vos années de lycée (... si vous n'y êtes plus), quand venait ce jour de l'année où un prof, un surveillant ou un membre de l'administration, excédé, tentait de rétablir l'ordre dans le chaos en vous culpabilisant un peu, et en lâchant cette phrase : "de toutes les classes que j'ai eues, vous êtes la pire". Et bizarrement, l'année suivante, un prof, un surveillant ou un membre de l'administration lançait cette même phrase dans un effort désespéré d'en appeler à votre raison. Vous aviez fini par croire (mais avec un certain je-m'en-foutisme) que chaque année, les classes étaient plus dures. Et que la classe qui repoussait les limites de l'horreur, c'était immanquablement la vôtre.
Eh bien en télévision c'est pareil. A chaque saison, il y a la série indisciplinée qui refuse obstinément d'être regardable, la mauvaise élève, celle qu'on va pointer du doigt chaque fois qu'on voudra expliquer qu'avant, les séries étaient plus sympathiques et que maintenant, à chaque rentrée, c'est pire. Mais la vérité c'est que ce n'est pas pire. C'est juste que le pire des élèves semble toujours nous mener au bord de nos limites nerveuses.

Jusqu'à présent je pensais en toute bonne foi que cette série était Whitney. C'était avant de découvrir le pilote de How to be a Gentleman. Enfin, pilote... les 15 premières minutes.
Car à chaque saison, il y en a une : une série dont on n'arrive même pas à finir le pilote tellement c'est mauvais.

Pourtant j'aimais bien la séquence qui ouvrait l'épisode, totalement dénuée de rires, plutôt rigolote et assez bon enfant. J'aimais que le héros soit ce petit mecton classe et poli, même si on se doutait bien que ça ne pouvait pas durer, pour son bien. Pour rester sur une bonne impression, j'aurais tout simplement dû m'en tenir à cette séquence.
Finalement, pour Whitney, au moins, j'ai réussi à regarder tout le pilote ; Chris D'Elia et ses vannes envers l'héroïne m'ont aidée à tenir, d'une part, et puis, au moins, en regardant le pilote en entier, j'étais sûre d'être d'avoir ma conscience pour moi lorsque je commencerais à méchamment lyncher l'épisode sur Twitter et ce blog.

HowtobeaFailure

Chris D'Elia n'apparait pas dans How to be a Gentleman mais même lui ne saurait sauver cet épouvantable sitcom sans humour. Très vite, le mecton poli et charmant devient un loser, quasiment un gros geek, comme si cet homme courtois et éduqué était incapable d'avoir la moindre vie sociale. Ridiculement extrême.
J'ai très exactement coupé l'épisode quand le coach de gym a commencé à boire le lait au goulot : premièrement j'ai eu une subite envie de milkshake, et surtout, c'était un autre cliché : on peut être viril sans être un porc sans éducation.
Tout cela en tentant de définir ce qu'est (ou devrait être) "l'homme", comme s'il y avait UNE façon d'être un homme, ce qui est aussi ridicule et sexiste que de prétendre qu'il y a "la femme". Rarement une série sexiste aura fait du tort aux hommes, mais voilà, on y est. On a l'égalité ; vous êtes contents, messieurs ?

Donc voilà, profitez bien de ce post, c'est le seul qui traitera de cette série, je n'approfondirai pas la question alors que j'en ai eu le courage avec Whitney.
Puisqu'il faut choisir, à mots doux je peux le dire, sans contrefaçon... How to be a Gentleman était le plus con.
Quand je pense que j'ai fait l'impasse sur le 2e épisode de Harry's Law pour ça.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche How to be a Gentleman de SeriesLive.

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