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ladytelephagy
21 septembre 2012

Incitation au célibat

Pendant que whisperintherain fourbit ses armes sur le pilote de Ben & Kate, je poursuis mon exploration de la rentrée québécoise, un peu aidée par le fait que le deuxième épisode de Tu m'aimes-tu ? est un véritable ravissement, au même titre que le premier. Outre Les Bobos, une autre comédie dont on avait déjà eu l'occasion de parler, cet automne, est Adam et Eve, une série au pitch original...

AdametEve

Je crois que le but de Claude Meunier, scénariste d'Adam et Eve, c'est de réduire le nombre de divorces chaque année.
En diminuant le nombre de mariages.

Si vous venez de vous mettre en couple, il n'y a pas plus affreux que regarder qu'Adam et Eve ; c'est un coup à se séparer tout de suite. A quoi bon ? La façon dont est écrite le couple mis en scène dans cette comédie a de quoi vous écoeurer à vie des relations amoureuses : au début, c'est la passion, ensuite, l'envie de se séparer, et puis finalement on reste ensemble sans trop savoir pourquoi, probablement pour ne pas vivre ses vieux jours tout seul. Voilà, les 50 prochaines années de votre vie sont écrites, vous pouvez rentrer chez vous, il n'y a plus rien à voir.
Bon moi je m'en fiche, ce premier épisode n'a rien dit que je ne soupçonnais déjà, mais franchement, pour ceux qui croient encore que la vie à deux peut être une belle aventure, ça doit être déprimant.

Pour rappel, Adam et Eve, c'est l'histoire d'un même couple à différents âges de la vie : lors de leur recontre, alors qu'ils ont 25 ans ; alors qu'ils sont mariés depuis un bon moment, à 45 ans ; et puis, quand ils sont âgés, à 80 ans. On suit donc, à travers de petites seynettes, différentes anecdotes sur leur vie, à la nuance près que, par commodité scénaristique (entre autres), elle se déroule toujours en 2012. Ca évite d'avoir à remettre les choses dans un contexte historique ou social, et de vraiment se focaliser sur ce couple, et juste lui. Qui plus est, le couple est incarné, à ces trois âges, par les mêmes acteurs, Pierre-François Legendre et Sophie Cadieux, qui vont donc se grimer pour paraitre un peu plus jeunes ou beaucoup plus vieux.
En fait, c'est en apprenant ce dernier point que j'aurais dû commencer à me méfier. Quand des acteurs se font passer pour vieux, à plus forte raison dans une comédie, le résultat est rarement probant. Et ça ne loupe pas ici, où le 3e âge est caricaturé à l'extrême et, du coup, ressemble à un mauvais sketch des Vamps. Les Vamps ! C'est vous dire si on a un problème. Mais même quand ils sont plus jeunes, les personnages sonnent terriblement faux, tout simplement parce que les acteurs (et en particulier Sophie Cadieux) surjouent énormément. Impossible, du coup, d'essayer d'apprécier le contenu des dialogues, quand ils sont récités avec pareils tics.

Mais même quand on se penche dessus, le résultat n'est pas brillant. Non que les textes d'Adam et Eve soient mauvais, mais ils semblent n'avoir qu'un objectif, faire de la relation amoureuse entre Adam et Eve une sorte de bombe à retardement, dont le tic tac nous rappelle que l'échec n'est pas loin. Non seulement des scènes de la vie de tous les jours le soulignent, mais l'épisode en remet encore une couche avec le recours à une thérapie de couple, consultée par les héros à au moins deux époques de leur vie, et qui nous rappelle combien tout est voué à se faner.
Le fait que les personnages aient décidé (on ne sait pas encore comment, ce sera probablement l'affaire des épisodes suivants) de ne finalement pas se séparer alors qu'ils sont en pleine crise à 45 ans, reste incrompréhensible pour le spectateur, tant on peut voir les personnages peu attachés l'un à l'autre une fois vieux. On ne ressent pas vraiment de tendresse, ce qui aurait été le minimum. L'impression d'assister à une déconfiture inéluctable est vraiment constante. A ce tarif-là, c'est même moins déprimant de regarder Fred de Tu m'aimes-tu ? pleurer pendant tout un épisode, que de voir le couple d'Adam et Eve rester ensemble.
Si vous préférez conserver un minimum de foi en ce qui concerne votre futur amoureux, épargnez-vous tout simplement le visionnage d'Adam et Eve. Surtout que, par le choix-même de leurs noms, les personnages s'imposent comme des absolus de la vie de couple ; ils sont là pour montrer que c'est la règle, pas pour se poser en exceptions ou, au moins, en héros dont le destin va légèrement varier de cette courbe prévisible.

Du coup, l'humour de ce premier épisode est bien mis à mal par une intention qui ne se réalise pas : suivre ce couple à trois âges différents est, évidemment, une façon d'opérer des comparaisons (c'est la raison pour laquelle la série rappelle tant Scènes de ménage), mais ce que ces comparaisons disent de la vie de couple empêche de vraiment sourire. Ca, et le fait que l'interprétation n'est pas top.

Mais au juste, je ne sais pas trop ce que le pitch d'Adam et Eve aurait pu accomplir, en fait. Comme c'est une comédie, c'était finalement assez inévitable de se trouver face à un couple dont la relation amoureuse s'érode avec le temps, car c'est là-dessus que repose le ressort comique. Evidemment ça aurait été moins cliché que cette érosion ne se produise pas, mais dans ce cas, que dire ? Pour un drama, ça aurait pu fonctionner, il y aurait eu un côté chronique, attachant, pour comparer la vie de ces deux personnes à plusieurs années d'intervalle. Mais pour une comédie, il n'y avait pas 712 possibilités.
Le problème vient aussi du fait que ce premier épisode choisit justement "la passion" comme sujet. Peut-être qu'en ayant choisi un autre angle, la série semblerait moins défaitiste. L'éducation des enfants, par exemple, aurait été un axe moins défaitiste. Mais il semble que la série ait réellement pour objet de regarder ce couple se détricoter, et tenter d'en rire. Je ne vois pas comment ça peut marcher, mais admettons.

Peut-être aussi que je suis trop cynique pour apprécier la tentative d'humour d'Adam & Eve. La série a 13 épisodes au total pour prouver qu'elle a quelque chose à dire. Mais ce quelque chose sera-t-il drôle, original ou attendrissant ? De mon point de vue, il y a peu de chances, mais rien n'est impossible. Pour ma part, au rayon comédies québécoises, cette saison, je me contenterai probablement des Bobos.

La bonne nouvelle en revanche, c'est qu'à l'instar d'Un Gars, Une Fille, le format est facilement franchisable. Tout n'est donc pas perdu pour Claude Meunier...

Challenge20122013

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21 septembre 2012

Choices, choices

On continue le défi que whisperintherain et moi-même nous nous sommes fixés, et cette fois, retour aux USA, avec The Mob Doctor, diffusée en début de semaine sur FOX, pendant ce que j'oserai appeler une période "creuse" de la rentrée.
Comme toujours, si vous ou l'un de vos agents... pardon, je voulais dire : comme toujours, la critique de whisper sera mise en lien au bas de ce post sitôt qu'elle sera rédigée. Sera-t-il plus clément, ou au contraire plus intransigeant que moi à son sujet ? Mystère, suspense...

TheMobDoctor

Il est temps d'établir une fois pour toute la différence entre une mauvaise série et une série qui n'est pas bonne. La mauvaise série, c'est celle qui, quand vous en découvrez le pilote, vous donne des remontées acides, l'envie de brûler votre disque dur et de changer de hobby pour vous mettre à la fabrication artisanale de faisselle à base de lait de brebis. On a tous en tête des exemples de mauvaise série, à un point même que chacun développe son expression fétiche sur le sujet, incluant les termes de "sombre navet", "grosse merde" ou "odieuse bouse", et toutes les variantes colorées auxquelles vous pouvez penser. Quand une série est vraiment mauvaise, elle révolte le téléphage ; elle l'écoeure, lui donne envie de vomir le plus de venin possible à son propos dés que l'occasion s'en présente. Quand vous dites qu'une série est mauvaise, c'est avec autant de passion que vous clamez qu'une série est excellente, il n'y a pas de place pour la tiédeur.
La série qui n'est pas bonne ne vous met pas dans tous vos états. La série qui n'est pas bonne vous donne un petit hoquet embarrassé, parce que vous n'avez pas la possibilité de l'écorcher vive dans une review, mais que d'un autre côté, lui trouver des excuses ne vous satisfait pas vraiment non plus. Son seul vrai problème, c'est de n'avoir pas même su effleurer l'excellence, d'avoir fait son job sans grand entrain et avec encore moins d'imagination, et de ne pas avoir su vous emporter dans un tourbillon d'enthousiasme... mais elle ne vous a pas soulevé le coeur, non plus.

Le problème c'est que l'exercice imposé par la rentrée (c'est-à-dire un arrivage quasi-constant de pilotes) nous conduit parfois à adopter un comportement un peu binaire. Si le premier épisode d'une série n'est pas excellent et enthousiasmant et fascinant et tout ce que vous voulez, alors ce premier épisode est mauvais. Il faut bien trouver un moyen de déterminer ce qu'on va regarder pendant l'année ! Et les journées ne sont pas extensibles. Alors c'est plus pratique de disposer les pilotes dans deux cases : "bon", ou "mauvais". Alors "pas bon" se traduit systématiquement en mauvais.
Nous avons chacun nos critères, chacun nos besoins vitaux qui ont besoin d'être satisfaits. Certains auront une boîte "bon" plus grande, où fourrer plus de pilotes en attendant de se faire un avis plus informé, au bout de quelques épisodes ou même toute une saison, se réservant le droit de transférer une série dans la boîte "mauvais" à tout moment. D'autres sont plus sélectifs et, s'ils n'ont pas été convaincus d'entrée de jeu par le pilote d'une série "pas bonne", vont directement le jeter dans la boîte "mauvais". A chacun son système pour déterminer à quoi ressemblera le planning du reste de la saison.

Au vu des retours que je lisais sur Twitter, je m'étais mentalement un peu préparée, je dois l'admettre, à flanquer The Mob Doctor directement dans la boîte "pas bon". Il faut dire qu'à la base, son pitch n'était pas d'une originalité foudroyante, et je ne ressentais qu'un enthousiasme très modéré vis-à-vis de ce que j'avais cru comprendre de son cast. Comme d'habitude je n'avais pas poussé la curiosité très loin, par principe, et puis très franchement, on n'a pas été beaucoup châtouillés par la promotion faite autour de la série en prévision de son lancement. Quand j'ai lancé le pilote, je me suis dit que j'allais découvrir une nouvelle série et probablement la ranger directement dans la boîte "pas bon", et ne plus en reparler.

Les choses ne sont pas si simples, parce que, si The Mob Doctor n'est, conformément à l'idée que je m'en faisais sans l'avoir vue, pas franchement une bonne série, elle n'est pas non plus mauvaise. Elle ne tient pas du ratage honteux dont on se demande comme un network a pu la commander, comme ça arrive pour certaines séries (le titre d'Animal Practice me vient instinctivement à l'esprit en cette rentrée).
Le premier épisode de The Mob Doctor a ses défauts, de toute évidence. Un univers hospitalier mal défini par exemple (où on consulte les dossiers des patients tantôt sur iPad, tantôt dans un classeur de plusieurs centaines de feuillets), assez froid et impersonnel, pas vraiment un Cook County où la médecine est plus importante que le reste, mais pas non plus un Seattle Grace où les histoires privées sont au premier rang, juste un hôpital parmi tant d'autres, sans substance. Le monde mafieux n'est pas non plus sorti de la caricature dans ce premier épisode (l'interprétation toujours épouvantable de Michael Rappaport n'aidant pas ; les gens qui recrutent Michael Rappaport, qui sont-ils, quels sont leurs réseaux ?), et il faudra attendre la toute fin de l'épisode pour ressentir une lueur d'espoir à ce sujet.

Mais le dilemme dans lequel le personnage central est plongé est intéressant, et puisqu'il a été soulevé dés le pilote, je me demande quelels autres questions elle pourra bien se poser dans le cadre de ses fonctions un peu particulières. Peut-être que j'aurais préféré que sa vie à l'hôpital, ses rapports avec la hiérarchie, ou encore son idylle avec un autre médecin, prennent moins de place, mais c'est un épisode d'exposition et c'est, quelque part, nécessaire d'en passer par là.

On aimerait avoir, tous les jours, un coup de coeur de l'envergure de Tu m'aimes-tu ?, mais ce n'est pas possible. Et après tout, peut-être que nous ne sommes pas en mesure de supporter des coups de coeur quasi-quotidiens en période de rentrée.
Pour autant, tout n'est pas à jeter dans les séries qui, sans atteindre l'excellence, s'en tirent avec un résultat honorable pour leur première heure. Discerner un peu de potentiel, en ce début de saison, n'est pas toujours facile ; pour certaines séries, c'est tout bonnement impossible. Pour The Mob Doctor, je dois admettre que sans être surprise, ou émue, ou captivée, j'ai plusieurs fois trouvé que l'épisode menait bien sa barque. Et pourtant j'attends d'une série qu'elle me surprenne, m'émeuve ou me captive. Allez comprendre.
En tous cas, cette fois, ce que j'ai vu a suffit pour que j'aie envie de lui donner sa chance. Ca ne passera peut-être pas pour le prochain pilote qui, sans être mauvais, ne sera pas bon, mais c'est passé cette fois. Il y a certains facteurs sur lesquels il est difficile de mettre le doigt... peut-être tout simplement le nombre de retours négatifs que j'avais lus, et qui me faisaient envisager le pire ? The Mob Doctor est plus, ici, dans la situation de la série A Gifted Man l'an dernier : un drama pour lequel il vaut peut-être mieux ne pas se faire une opinion définitive avant quelques épisodes tant les lignes peuvent encore bouger.

Mais en tous cas, je vais suivre les aventures de Jordana Spiro pour quelques épisodes encore, et j'aviserai dans quelques semaines. Parce que l'épisode n'était pas aussi mauvais qu'on me l'avait dit. Et parce que parfois, le besoin de faire le tri à la rentrée ne doit pas nous faire oublier que tout n'a pas à se décider maintenant. On a un choix qui s'offre à nous, et un choix à faire, mais il n'est pas nécessaire de le faire maintenant. Un précepte que, je le sais bien, je n'applique pas toujours...
Et si je retiens ça du pilote de The Mob Doctor, c'est déjà pas si mal, comme leçon.

Challenge20122013

19 septembre 2012

L'âme en peine

Puisque le Québec a fait sa grande rentrée ces derniers jours, attendez-vous à ce que whisperintherain et moi-même vous parlions de plusieurs pilotes proposés à nos cousins francophones d'outre-Atlantique. Après la comédie à sketches Les Bobos, voici venue l'heure d'un pilote à l'opposé : Tu m'aimes-tu?

TuMaimesTu-promo

Et je suis en mesure de vous annoncer que Tu m'aimes-tu ? est mon premier véritable coup de coeur de la saison. Voilà, comme ça vous savez à quoi vous en tenir. J'ai été émue par Go On, mais là, on est dans la gamme au-dessus, et de loin. C'est sans commune mesure.

Un soir, alors qu'ils se baladent dans une rue, Fred et son ami Dave découvrent avec horreur que la belle Valérie est tranquillement assise dans un restaurant en train de déguster une soupe de langues avec un type. Sauf que Valérie, c'est la copine de Fred... ou disons l'ex-copine, parce qu'en réalité, voilà deux mois qu'elle l'a plaqué et qu'elle a quitté leur appartement, simplement Fred n'en avait pas soufflé un mot à son entourage. Pendant que Fred tente de se remettre de sa rupture, Dave partage sa surprise avec sa propre compagne, Judith, laquelle commence à se demander si l'essoufflement de son propre couple n'augure pas également d'une rupture. Et puis, il y a la nouvelle voisine de Fred, Mélanie, celle qui passe ses nuits avec des inconnus auxquels elle refuse de se lier, mais qui a pris Fred en affection...

Ce qui fait la force de Tu m'aimes-tu ?, ce n'est pas du tout son pitch, vous l'aurez compris. D'ailleurs, la première fois qu'on l'a évoquée, il y a quelques mois, cette histoire n'avait pas spécialement agité les foules. Ce n'était pas le but, car c'est dans son traitement que résidait la beauté de Tu m'aimes-tu ?, dans sa sensibilité, dans sa façon d'aborder le sujet en berçant ses personnages, en les cueillant comme des fruits fragiles. Il y a une délicatesse extrême dans ce pilote, une volonté d'user de la plus grande douceur pour ne rien brusquer.

Et pourtant ce premier épisode est efficace en diable, parce que la réalisation de Tu m'aimes-tu ?, très exigeante, n'accepte aucun temps mort, aucun relâchement. Maintenant une émotion constante et à fleur de peau, l'épisode va essentiellement accompagner Fred dans sa rupture, ne nous épargnant rien de ses crises de larmes, par exemple. Mais au-delà de la simple victimisation de son héros, l'épisode s'attache à nous renvoyer à nos propres larmes passées.
Impossible de ne pas revivre une vieille rupture devant ce magistral épisode inaugural, tant il saisit avec grâce et exactitude la notion de perte qui correspond à ce genre de situations. Si vous avez déjà eu le coeur brisé, alors vous avez été Fred, et c'est en partie la raison pour laquelle ces scènes fonctionnent si bien.

Mais plus encore, Tu m'aimes-tu ? est d'une infinie justesse dans sa mise en images de l'inconscient et du souvenir. Des éléments forcément essentiels dans une période aussi sensible et émouvante que la rupture de Fred, mais qui s'intègrent incroyablement bien à son histoire personnelle. Le problème, c'est que c'est probablement la partie la plus difficile à décrire dans cette review...
Ainsi, abandonné dans un vaste appartement que son ex a déserté, Fred, qui est photographe quand il arrive à fonctionner normalement (c'est-à-dire certainement pas en ce moment), est entouré de photos. Quand il pense à un souvenir commun avec Valérie, c'est l'une de ces photos qui lui apparait. Mais quand il l'imagine, elle, avec lui, le nouveau copain, il se représente également leurs corps enlacés sous la forme d'instantanés. Ou encore, l'écran de son appareil photo numérique offre au spectateur la vision du héros en train de pleurer douloureusement, tandis que Fred tente comme il peut de se reprendre "dans la vraie vie", offrant ainsi un superbe rappel de l'émotion qui domine le personnage même quand il tente de faire bonne figure. Le jeu avec les images est parfait, et fonctionne comme une magnifique palette supplémentaire pour enrichir l'émotion des scènes.

Si Fred est, résolument, le personnage central de ce premier épisode, de par la crise qu'il traverse, son ami Dave n'est pas en reste. Visiblement atteint par la nouvelle, et choqué parce que Fred vit sa rupture depuis deux mois sans oser se confier à lui, il s'inquiète énormément pour lui... mais en oublierai presque qu'il a lui-même une femme à laquelle donner de l'attention. C'est elle qui va justement se poser la question : comment faire pour qu'il leur arrive la même chose qu'à Fred et Valérie ?

Et puis, je dois dire que j'apprécie énormément le personnage féminin, Mélanie. Il est dans un premier temps assez difficile de l'appréhender, parce qu'elle apparait assez tard dans l'épisode et ne semble pas, en apparence, liée au "drame" qui se joue dans le coeur brisé de Fred. Lorsqu'on fait sa connaissance, Mélanie est la voisine du dessus de Fred, qui s'envoie bruyamment en l'air, ce qui a pour effet, évidemment, de ne pas vraiment arranger les choses pour notre pauvre photographe. Insensible au premier abord (elle est assez sèche avec son compagnon d'une nuit), elle finit par se montrer très émouvante lorsqu'elle entend des pleurs venir de chez Fred, et qu'elle se déplace au beau milieu de la nuit pour aller voir si elle peut le consoler. Mais dans sa vision de l'amour très pragmatique, Mélanie s'avère, en fin d'épisode, elle-même touchante... Je vous laisse découvrir pourquoi.

Outre l'incroyable réalisation toute en finesse, et les personnages tendres et attachants, Tu m'aimes-tu ? nous offre aussi de très jolies performances. Ainsi, Steve Laplante (découvert pour ma part dans Mirador), qui est également co-auteur, nous propose un Dave en proie au doute, mais au doute pour autrui ; il est par contre, dans ce premier épisode, assez aveugle en ce qui concerne ses propres questionnements sur l'amour. Mélanie, incarnée par une Magalie Lépine-Blondeau pleine de fraîcheur, n'est pas une simple voisine décomplexée, comme le pitch l'aurait laissé penser ; elle apparait rapidement être capable d'une grande empathie. Mais la véritable révélation, pour moi, de cet épisode, est Sébastien Huberdeau, que je ne pense pas avoir déjà vu quelque part (hélas !), et qui est simplement superbe ; son air perdu, qui m'a un peu rappelé celui de Michael C. Hall dans ses habits de David Fisher, est absolument magnifique. Il incarne à la perfection, sans le moindre excès mais sans retenue pudique, cet homme brisé par une rupture qui passe ses journées les yeux rougis.

Les prochains épisodes, nous promet-on, parleront de l'amour sous diverses formes, de ce que cela représente pour ces trois protagonistes qui en sont à un stade différent de leur vie. A ce stade, je suis obligée d'admettre que Tu m'aimes-tu ? m'a tellement conquise que je suis prête à suivre les yeux fermés ses 13 épisodes.

Il est difficile d'expliquer, je m'en rends bien compte, combien Tu m'aimes-tu ? est une réussite. Si je vous parle de la musique quasi-permanente à la guitare, ou des jeux de lumière, vous n'allez pas vraiment saisir pourquoi ce premier épisode est une merveille touchante et émouvante. Je crains même un peu, de vous à moi, que vous dire que l'épisode est si bon ne vous donne des espoirs surdimensionnés.
Mais voilà, il faut quand même que je vous le dise : je suis sous le charme de cette dramédie (car il y a des moments plus légers, l'air de rien) parce que je la trouve très humaine, très touchante, très juste. Il y a quelque chose que cet épisode a su saisir qui est magnifique, et impossible à vraiment retranscrire, mais qui est parfaitement efficace, même pour quelqu'un qui n'a plus eu le coeur brisé depuis des années.

Du coup, je ne sais pas quoi vous dire. Il va sans doute vous falloir regarder ce pilote vous-mêmes, désolée. Mais si vous optez pour cette solution, soyez prévenus, ça risque de vous filer un petit coup au moral. Mais c'est pour la bonne cause : vous allez regarder de la vraie bonne télévision. Pardon pour le jeu de mots, mais... ça en vaut bien la peine.

Challenge20122013

18 septembre 2012

Still haven't found what I'm looking for

Pas facile, ce défi, hein ? Ouais, je trouve aussi. Des pilotes, plus on en reviewe, plus il en vient. Notez bien que je ne me plains pas mais, bon, faut tenir le rythme ! Ca se calmera sans doute quelque part en novembre... enfin, je l'espère ! Et encore, dites-vous que vous ne faites que les lire, whisperintherain et moi devons les écrire ! C'est de l'organisation, et quand les intégrales et les coups de coeur s'en mêlent, c'est un peu compliqué, forcément.
Aujourd'hui, direction l'Irlande et le Royaume-Uni avec Moone Boy, une étrange série dont, je préfère autant vous prévenir, je ne sais pas trop quoi penser... En espérant que la review de whisper soit plus claire que la mienne !

MooneBoy

Alors, de quoi parle Moone Boy ?
Bonne question. Je ne suis pas très convaincue de savoir y répondre. Difficile d'en déterminer le héros, par exemple, tant ce premier épisode semble partir dans plusieurs directions.

A première vue, j'aurais dit que le personnage principal de cette étrange dramédie est Martin, un garçon sur le point de fêter ses 12 ans, et pour qui l'école n'est pas un lieu de tout repos. Mais en réalité, vu que Chris O'Dowd est au générique de la série et qu'il incarne l'ami imaginaire de Martin, on pourrait penser que c'est lui, le personnage central de la série. Sauf que non, parce que l'épisode s'attarde tellement sur le père de Martin, que le petit garçon en deviendrait presque anecdotique. Et finalement le petit monde de Moone Boy semble dépourvu d'un héros clair et défini ; pour beaucoup de séries, on pourrait penser que ce n'est pas une mauvaise chose, qu'il s'agit d'un ensemble show, mais ça ne s'applique pas vraiment au cas présent ; j'ai ressenti cette absence de focus comme un échec pour m'attraper.

L'idée de l'ami imaginaire me plaisait pourtant beaucoup. Quand j'ai entendu parler de la série pour la première fois, j'ai trouvé le concept poétique et émouvant. Dans les faits, la présence de Sean, le meilleur ami invisible de Martin, est si sporadique et si peu significative qu'on pourrait presque, si ce n'était pas ironique, la qualifier d'inexistante. Moone Boy n'est donc ni Wilfred dans les années 80/90, ni Calvin & Hobbes. Et c'est tout le problème ! Comment apprécier une série qui ne se donne aucun mal pour, dans le pilote, nous faire ressentir le genre de lien qui unit un enfant à son ami imaginaire ? C'est injuste, mais c'est comme ça : d'autres sont passés avant, sur un thème similaire, et Moone Boy ne parvient pas à rivaliser.
Je pensais que dans ce cas, d'une façon plus générale, ce serait l'imaginaire de Martin qui prévaudrait ; l'utilisation de ses dessins en début d'épisode me l'avait en tous cas laissé espérer. Mais là encore, ce point de vue est largement délaissé, et les séquences pendant lesquelles le jeune garçon imagine des choses vont être reléguées au rang des gadgets transitoires d'un acte à l'autre de l'épisode.
Pour un peu, les déboires de Martin, martyrisé par deux affreux à l'école, pourraient en réalité servir de pont afin de nous mener doucement vers l'intrigue du père. Mais ce n'est pas le cas, puisque les séquences dédiées à celui-ci seront entrecoupées de scènes totalement anodines concernant Martin et l'une de ses soeurs. Ce qui est dommage car j'aimais énormément l'idée d'un club entre pères désespérés, mais l'idée n'est pas allée très loin non plus pendant l'épisode, du fait du temps d'antenne réduit.

Le problème de Moone Boy, évidemment, c'est que j'en attendais quelque chose de précis, trop précis peut-être. Pas sur le plan du ton, où je me retrouve bien dans le côté dramédie pas trop outrancière mais ponctuellement drôle, mais plutôt du point de vue de l'histoire et des personnages. C'est comme si la série avait dû choisir une direction mais qu'elle s'y était refusée : à trop vouloir en dire, on finit par ne plus rien dire du tout. Pour ce pilote, j'attendais de toute évidence des choix plus marqués, plus radicaux, dans le point de vue de l'enfant ou de son ami imaginaire. Mais en-dehors de quelques petites remarques sarcastiques ou affectueuses, Sean n'apporte rien au cours des évènements.
...Mais peut-on réellement reprocher à une série de n'être pas celle que l'on voulait ?

A mon goût en tous cas, Moone Boy manque de fantaisie, ou de nostalgie, ou de tendresse. Le pilote avait le choix des armes mais n'en a dégainé aucune. Le plus effrayant, c'est que rien n'indique au vu de cet épisode que Moone Boy ne sera pas constitué de 6 épisodes totalement indépendants, ce qui, grosso-modo, en fait une sorte de Malcolm tiède et vaguement rétro. Un deuxième épisode a été diffusé à la suite du pilote vendredi, mais toute envie de m'y atteler m'a abandonnée à l'issue du visionnage du pilote.

Est-ce que j'aurais mieux donné sa chance à Moone Boy si je n'avais pas lu son pitch ? Probablement que j'aurais été plus ouverte en lançant l'épisode, et que j'aurais placé mes espoirs un peu moins haut pour le personnage de l'ami imaginaire, par exemple. D'autres points, par contre, m'auraient probablement déçue, comme la place très restreinte des dessins de Martin, mettons. On ne saura évidemment jamais ce que j'en aurais pensé si j'étais venue à Moone Boy vierge de toute idée préconçue...
L'expérience de ce pilote n'aura donc pas été concluante, mais me conforte dans ma volonté de vouloir éviter au maximum de me renseigner sur une série avant de la découvrir. J'aurais donc retenu au moins une chose de ce pilote...

Challenge20122013

17 septembre 2012

Curés à la bonne

Que mon frère whisperintherain me pardonne : j'ai énormément de mal à contenir mon enthousiasme sur la série de ce soir. Au point que je publie mon post bien que sachant pertinemment qu'il n'en fera pas de même avant quelques semaines, dans le cadre de notre petit défi de la saison.
C'est pas très classe, je vous l'accorde, mais vous me connaissez : quand un pilote me plaît, j'ai du mal à me mettre en pause, il faut que je vous en parle. Mais dés qu'il le fera, promis, le lien au bas de ce post vous conduira directement à sa critique de l'épisode. En attendant, je vais vous choquer, mais le pilote dont je brûle de vous parler est... français. Je sais, à moi aussi ça fait un choc.

AinsiSoientsIls-Promoarte

Il est assez rare que j'éprouve de l'anticipation pour une série française. J'ai beau essayer de me réconcilier avec notre bonne vieille fiction nationale, c'est encore assez difficile pour moi de m'enflammer pour une nouveauté, la notion de réconciliation primant en général sur le reste. Et puis en toute franchise, assez peu d'idées me semblent originales (ajoutez à cela mon allergie au poulet et vous avez tout compris).
Il y a donc encore beaucoup à faire avant que je ne cesse d'avoir un a priori négatif sur les séries françaises...

Avec Ainsi Soient-Ils, pour la première fois, il en est autrement. Déjà parce que je trouve l'histoire foncièrement différente de celles qu'on nous propose en général, et que le souci qui semble avoir occupé ses scénaristes n'a pas semblé déterminé par la facilité ; au contraire, il semble qu'ils aient été inspirés par l'envie de créer une vraie série dramatique originale, en trouvant un contexte riche et plein de potentiel. Et puis, à cette première sensation, s'est ajouté évidemment le buzz autour de la série (critiques élogieuses, récompense, renouvellement...), qui m'a plutôt conforté dans l'idée qu'on tenait peut-être là une vraie bonne série pour laquelle on ne regretterait pas de s'être enthousiasmés.
Pour finir, il faut évidemment admettre que j'ai passé une bonne partie du mois de septembre à réfléchir aux questions de religion, grâce à Srugim, par un hasard du calendrier, et que je suis donc dans la période idéale pour regarder des séries touchant de près ou de loin à la spiritualité, mais ne doutez pas qu'on va bientôt en reparler.
Du coup, je peux le dire : j'étais impatiente de voir le pilote d'Ainsi Soient-Ils. Voeu exaucé grâce à la machine promotionnelle d'arte qui n'a jamais semblé si bien huilée.

Bon, après tout ça, encore fallait-il qu'Ainsi Soient-Ils ne soit pas une magistrale déception. Avouez que ça l'aurait foutu mal !
Eh bien pas du tout. Bien qu'un peu longuet et doté d'un cast maladroit (surtout niveau diction, mais j'ai toujours un soucis avec 90% des acteurs français à ce niveau-là, alors c'est sans doute moi), ce premier épisode nous offre très exactement l'exposition qu'on était en droit d'attendre d'une série dramatique solide.

Ainsi, quatre jeunes gens sont reçus au séminaire des Capucins, apparemment la crème de la crème catholique, afin de faire leurs classes pour accéder à la prêtrise. Un cinquième, au parcours plus chaotique, tente également de rejoindre le séminaire. Comme c'est son boulot, le pilote s'attache à nous montrer les différentes personnalités de ces jeunes hommes qui s'engagent dans une voie qui, les avertit-on, n'est pas encore certaine d'être la leur : on prendra la mesure de leur engagement pendant cet apprentissage, justement.
Le discours prononcé à l'occasion de leur arrivée, en ouverture du pilote, est, je l'espère, représentatif de ce que nous pourrons attendre de la série : il s'agira pour chacun d'éprouver sa foi, d'en tester les ressources, et de s'interroger sur sa vocation. Le séminaire équivaut à une longue signature du contrat avec Dieu, et les jeunes protagonistes sont ici pour prendre le temps de lire les clauses en petits caractères, et de bien vérifier s'ils sont prêts à faire certains sacrifices.

Tous nos jeunes héros, justement, ne sont pas égaux devant le scénario.
Yann, le Breton pieu de la tête aux pieds, a droit à un meilleur développement, de par les moqueries dont il lui arrive de faire l'objet, ou tout simplement parce que la camera prend le temps de s'isoler avec lui. Ce sera moins le cas de ses trois compagnons Emmanuel, Guillaume et Raphaël, lesquels, bien qu'ayant droit à un rapide passage en revue de leur background, n'ont pas encore la chance de nous sembler très émouvants. C'est différent pour José qui, de par son cas un peu particulier (il sort de prison et rejoindre le séminaire est pour lui l'opération de la dernière chance), a droit également à une exposition plus détaillée. Ca s'arrangera sûrement par la suite pour les autres laissés pour compte, ce serait étonnant que certaines pistes aient été lancées sans qu'on ait l'opportunité de les exploiter ensuite.

C'est d'ailleurs assez caractéristique de cet épisode inaugural ; le premier épisode pose des bases de façon assez classique, je dirais même de façon superficielle si je voulais être sévère. Lorsqu'on aborde ce premier épisode, Ainsi Soient-Ils apparaît comme un peu manichéenne pour son autre intrigue : le gentil directeur du séminaire pauvre comme Job face à l'arriviste et revanchard président des évêques dépensant des fortunes pour sa communication, c'est un peu gros, il faut l'admettre. Pour relativiser, je me dis que cette vision un peu binaire des choses va probablement se complexifier à mesure que la série progressera ; de par son poste de supervision des séminaristes, le père Fromenger, en particulier, aura peut-être l'occasion de nous montrer un visage plus sombre. Peut-être.
Pour être honnête, ce n'est certainement pas l'intrigue qui me captive le plus dans Ainsi Soient-Ils, je crains qu'elle ne polarise un peu les positions des personnages (et/ou des critiques...), au détriment de ce qui fait la richesse de l'idée d'origine.

En revanche, dés ce pilote, on sent bien le poids des traditions, ce qui me semble essentiel quand on parle d'une série sur la religion, on l'a vu avec Srugim. Pour le moment la religion dans Ainsi Soient-Ils semble être plutôt quelque chose qui se vit en commun, de par des cérémonies au sein du séminaire, ou d'une hiérarchie à une plus grande échelle. En tant qu'athée, j'ai hâte que les personnages nous invitent aussi, à titre plus individuel, à partager leur foi autant que leurs doutes (en fait c'est à celle seule condition que je comprendrai la valeur de leurs doutes, justement). Il ne faudrait pas que les personnages vivent leur foi comme une évidence ou une habitude, ce serait contradictoire avec la problématique de leur engagement. C'est vraiment ce qui m'importe le plus dans la série, pour être honnête.

En espérant que les bonnes résolutions du pilote allaient tenir, j'ai lancé le suivant... Bon, il y a quelques défauts, c'est net, et on en reparlera à l'occasion du bilan de saison. Mais jamais je n'avais eu l'impression de ressentir ce genre de potentiel pour une série française. Quoi que je pense à l'avenir de la série, on ne pourra jamais m'enlever ça, cette satisfaction de regarder un pilote français plaisant...

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17 septembre 2012

First world problems

Pour le défi de la saison que whisperintherain et moi avons décidé de relever, direction cette fois le Québec ! Parmi tous les pilotes que nous allons regarder et reviewer cette année, on compte en effet Les Bobos, lancée vendredi soir...
Comme d'habitude, sitôt que whisper aura rédigé sa critique, vous trouverez au bas de ce post un lien qui vous y conduira. Mais depuis qu'on a commencé ce challenge, j'ose espérer que vous connaissez le chemin, quand même !

LesBobos

Peut-on regarder une série écrite par Marc Brunet, avec Marc Labrèche et Anne Dorval dans les rôles principaux, sans que le spectre de Le Coeur a ses raisons ne plane au-dessus de nos écrans ? Hélas non. Et quand cette fine équipe a annoncé son nouveau projet, au printemps dernier, ça nous semblait alors être une bonne nouvelle, à plus forte raison parce qu'on sentait un potentiel parodique proche du Coeur a ses raisons, et qu'on espérait secrètement avoir affaire à une spin-off qui ne dirait pas son nom.
Aujourd'hui il est temps de regarder la vérité en face : quiconque espère trouver ici une copie-carbone de la fameuse comédie québécoise court au-devant d'une grave déception. Les Bobos, c'est le savoir-faire d'un trio qui nous a déjà comblés, mais c'est un projet bien à part qu'il faut savoir prendre comme une série nouvelle, sans nostalgie. Or, une série qu'on attend avec impatience est, par définition, difficile à appréhender de façon objective. Tâchons de faire de notre mieux avec Les Bobos, malgré tout.

Car Les Bobos, bien que n'ayant pas la flamboyance du Coeur a ses raisons, est tout de même solide.
D'abord parce que si on aime les deux comédiens, c'est qu'il y a une bonne raison. Déjà, Labrèche est toujours aussi génial. Il faut le dire, ce mec est un Dieu : sens du timing parfait, expressions toujours justes, c'est un génie. Impossible de ne pas trouver excellent son personnage, son interprétation, ou en fait, les deux. Dorval, comme c'est son habitude, est quant à elle un peu plus en retrait, plus sobre, mais c'est aussi la raison pour laquelle leur tandem a toujours bien marché, après tout. Ils se connaissent sur le bout des doigts, ont une excellente alchimie, se complètent parfaitement : bref, une équipe Labrèche/Dorval, ça fonctionne quoi qu'il arrive. Ici, au lieu de compter sur de l'humour visuel ou même les dialogues comme c'était le cas dans Le Coeur a ses raisons, la série fonctionne essentiellement sur leur diction de mitraillette. Ca fonctionne en diable ! Beaucoup mieux que les passages les plus hystériques, à vrai dire ("ciao, Mario !").

Sur le plan des scénarios c'est un peu différent. Déjà parce qu'ici on est dans une sorte de mockumentary, et que vous savez combien j'ai du mal avec ce genre. Ensuite parce que, pour un premier épisode, le concept des Bobos n'est pas très clair : Etienne et Sandrine Maxou semblent présenter une émission, ou parfois être pris sur le vif, on n'est jamais trop sûrs. Les Maxou ont une sorte de chronique, ils introduisent également certains passages de l'épisode, et à certains moments, ils sont supposés être filmés presque à leur insu... et vraiment c'est assez perturbant qu'il n'y ait pas eu un choix plus net du style à donner à l'épisode. En fait cela fausse même le propos : s'ils animent une émission "culturelle", comme certains passages le laissent penser, il est moins étonnant qu'ils se mettent un peu en scène. Et du coup la critique tombe à l'eau.
Car vous l'aurez deviné au ton péjoratif de son titre, Les Bobos est une comédie qui a décidé d'égratigner les fameux "bourgeois bohème" pompeux qui pensent être proches du peuple et qui font en fait partie d'une pseudo-élite intellectuelle ridicule, aux goûts de luxe et aux préoccupations superficielles.
L'autre souci des Bobos, c'est que ce premier épisode n'est pas franchement révolutionnaire dans son choix de situations. Il y a une sorte de "gag suivi" sur le fait que nos deux bobos ont un don hors du commun pour donner des indications totalement inutiles pour se reprérer dans les rues du Plateau-Mont-Royal ; c'est très cliché et on s'attendrait presque à entendre les rires enregistrés de Juste pour rire. Certains passages ont aussi de bonnes idées, mais leur réalisation est lourde, à l'instar de la visite de l'épicerie italienne.

La série parvient à éviter l'écueil de la redite avec Portlandia, qu'on aurait pu craindre. Le fait que les personnages soient toujours les mêmes aide, déjà. Et ensuite, contrairement à Portlandia qui décrit une ville entière de hipsters, les Maxou ont un peu l'air d'être les seuls bobos de la série, passant d'autant plus pour des extraterrestres ridicules.
L'une de mes séquences préférée est celle qui accueille un guest de choix : Xavier Dolan. Etienne et Sandrine se réjouissent en effet de pouvoir se vanter à voix haute de recevoir Xavier Dolan à dîner ; ils s'appellent les uns les autres pendant de longues minutes, se laissant des messages contradictoires en permanence tout en abusant du name-dropping, et ça marche très bien. De la même façon, le passage sur le café est très efficace, et absolument hilarant. Dans ces séquences-là, aucune rupture de rythme, mais surtout, le propos n'est jamais perdu de vu, écorchant en permanence les personnages et leur ego hypertrophié, et soulignant leur forme si particulière de bêtise. C'est quand même ça qu'on cherche !

Ce premier épisode n'est clairement pas parfait ; cependant, il comporte des ingrédients délicieux qui font que je place de grands espoirs dans la série. J'ai ri à plusieurs reprises, après tout, je suis toujours aussi admirative de l'évidente symbiose entre Marc Labrèche et Anne Dorval, et j'avoue que j'ai très envie de voir la suite, malgré les petits loupés de ce premier épisode. Clairement, l'intention est là, les idées aussi, il faut peut-être un peu de temps pour que tout se mette en place correctement pour Les Bobos. Je serai au rendez-vous pour le vérifier. Après tout, on a 26 épisodes devant nous...
Oh et avant que j'oublie, faites-moi penser à vous parler du générique !

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11 septembre 2012

Dans un mauvais jour

Le défi que whisperintherain et moi relevons cette saison n'est pas des moindres : regarder puis reviewer tous les pilotes qui sortiront. Cela englobe entre autres les séries britanniques, et même si j'ai toutes les peines du monde à faire la review de Bad Education, j'ai bien l'intention de réussir ma part du challenge.
Voici donc un post sur le pilote de Good Cop, sachant qu'évidemment, au bas de ce post, vous trouverez un lien vers le blog de whisper afin d'aller y lire sa review également.

GoodCop

L'écran était passé au noir et elle ne cillait pas. Le regard braqué sur l'écran, les sourcils légèrement froncés, et le visage impassible, elle était restée dans la même position depuis de longues minutes déjà, mais elle ne semblait pas l'avoir remarqué. Pourtant, c'était justement son silence et son immobilité qui la trahissaient, qui disaient combien elle venait de se prendre un méchant coup, sans quoi elle aurait au contraire sauté sur son clavier pour immédiatement rédiger une review. Mais pas cette fois. Cette fois, chacun de ses muscles était tendu, crispé, noué ; sa mâchoire était impossible à desserrer et même ses orteils s'étaient recroquevillés.
Elle était dans cette position depuis que, près d'une demi-heure plus tôt, elle avait hurlé d'horreur. Les cris avaient résonné dans la cuisine et le couloir, et peut-être même jusque sur le pallier. Il n'était pas dans ses habitudes de crier devant un épisode mais certaines fois, certaines très rares fois, elle ne pouvait s'en empêcher. Même après avoir regardé des centaines d'heures de télévision, il arrivait encore qu'il y ait des instants capables de la surprendre au point qu'elle n'ait pas le temps de réprimer son cri.

C'était l'angoisse du moment, d'abord. La montée d'adrénaline quand elle avait senti qu'il allait se passer quelque chose. Lorsque l'étau s'est refermé, elle n'avait pas été surprise, mais elle avait eu une sorte de demi-hoquet, moitié par soulagement que la tension retombe, moitié parce qu'il était évident que le pire était à venir. Elle avait presque cessé de respirer, les yeux écarquillés, sentant que ce qui allait se passer n'était pas anodin, bien au contraire.
Et puis, il y avait la violence. La violence était venue juste après, et elle était au limites du tolérable, allant crescendo, comme pour faire supplier tant les personnages que le spectateur. Quand elle avait lu dans le regard de la victime hébétée que c'était foutu, elle avait senti ses épaules tomber, comme sous le poids de la réalisation qu'elle allait assister à un massacre et pas juste un passage à tabac. Elle n'entendait ni ne voyait vraiment les réactions de l'autre, entendait à peine les rires des bourreaux, elle ne voyait, comme par persistance rétinienne, que les yeux de la victime. Et puis, elle avait vu le poste de télé, et c'était là que c'était sorti. Elle n'avait pas cherché à se calmer.

Jusqu'à cette séquence, elle avait été moyennement convaincue par l'épisode, principalement parce que le personnage central semblait tellement impossible à saisir. La dureté de son regard, ses rares expressions, son rôle de justicier efficace mais compatissant, lui semblait même difficile à appréhender. Comment ressentir de l'empathie pour une personnage qui ne semble pas en vouloir, qui évite même de partager son ressenti ? Elle ne comprenait pas les critiques positives qu'elle avait lues, hantée par la lourde impression d'avoir vu cela cent fois.
Mais c'était le cas, après tout. Ce regard un peu perdu, rivé sur le point d'horizon, ou fixant les gens comme pour regarder au travers d'eux, elle le connaissait ; son père était rentré, bien des soirs, avec ce regard-là, lui qui avait fait pendant plus d'un quart de siècle ce même métier. Le regard de celui qui en a tant vu qu'il ne peut plus accepter de se laisser démonter, sans quoi il va perdre tout contrôle de lui-même. Elle connaissait ce regard mais il ne l'émouvait plus.
Elle aurait voulu être émue par la première affaire sur laquelle le personnage et son collègue étaient intervenus, elle aurait aimé y sentir quelque chose, y trouver des éléments trahissant la personnalité du personnage, ou ayant une signification sociale, éventuellement. Elle trouvait que les séquences se succédaient sans avoir de sens. Elles en avaient un, bien-sûr. Ce qui leur manquait était un objectif, plutôt.

Après la scène de violence, quand le silence était retombé dans l'appartement, elle n'avait jamais réussi à se décrisper, ou au moins à relâcher sa mâchoire. Elle n'avait pas non plus réussi à retrouver cette émotion, ce rush, cette intensité, dans les scènes suivantes. Elle s'était brièvement demandé si elle ne se raccrochait pas un peu au sentiment d'horreur qu'elle avait ressenti au milieu de l'épisode, quand le reste des scènes était tant dénué d'émotion ou du plus petit impact sur elle. Elle ne comprenait pas comment le personnage trouvait le moyen de s'intéresser encore à son affaire précédente, ou à garder un ton neutre en allant proposer son aide à son père malade.
Tout au plus avait-elle été prise de surprise par une phrase de celui-ci. "You know the trouble with you being a copper is you see too much shite. Life's good. People are good." Elle s'était demandé si quelqu'un avait jamais pensé à faire la remarque à son père tant cette phrase sonnait vrai. Et puis c'était passé.

Elle avait traversé le reste de l'épisode avec l'impression de flotter au travers des scènes, de ne pouvoir s'y accrocher, se laisser atteindre par elles. Peut-être parce que c'était l'impression que renvoyait le héros. Peut-être que si elle avait pu s'approcher de lui, avoir l'impression de sentir ce qui le tourmentait, et pas simplement de le deviner, elle aurait été bluffée par cet épisode. Elle s'y sentait tellement extérieure.
Mais tout ce qui restait était le souvenir d'un cri de terreur, et le regard fixe sur un écran noir.

Elle avait passé plus d'un quart d'heure, le regard braqué sur l'écran, les sourcils légèrement froncés, et le visage impassible. Elle se demandait comment elle allait réussir à mettre des mots ce qu'elle venait d'expérimenter avec le pilote de Bad Cop.
Et puis elle desserra les doigts plantés dans son accoudoir, saisit la souris, et ouvrit un nouvel onglet de son navigateur...

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7 septembre 2012

You say you want a revolution

Vous n'êtes évidemment pas sans savoir que whisperintherain et moi-même avons un défi en cette rentrée, regarder les pilotes de toutes les séries de la saison. Je dois dire que j'apprécie la façon dont graduellement on est en train d'augmenter le niveau du côté américain : tout a commencé avec un pilote de dramédie (Go On), puis plusieurs comédies-ou-à-peu-près, et là, on tient le pilote d'un des dramas les plus attendus de l'année. Ou en tous cas, avec un buzz monstre.
Difficile de résister bien longtemps à l'attrait du pilote diffusé en avant-première, et me voici donc ce soir à vous parler de Revolution ; sitôt que whisper aura écrit sa propre review de cet épisode, vous trouverez donc un lien au bas de ce post pour aller la consulter, et ainsi comparer nos deux points de vue.

Revolution

Des quelques séries devant lesquelles j'avais envie de me caler les fesses cette saison aux USA, Revolution arrivait numéro 2 sur la liste, et je pense que pas mal d'autres téléphages doivent l'avoir dans leur ligne de mire.

Je n'en savais pourtant pas grand'chose : le pitch, et encore. Et j'avais aperçu une photo de promo, aussi, mais sans retenir aucun nom ni visage. Et évidemment je savais pour Abrams. Voilà, c'est tout.
Comme c'est désormais mon habitude, j'avais soigneusement évité les bande-annonces, les résumés, ne parlons même pas des reviews... écoutez je suis même pas certaine d'avoir lu une seule news sur Revolution depuis le SeriesLive Show où on avait causé projets. C'est vous dire.
Mais en fait, plus je prends garde à éviter le buzz autour d'une nouveauté américaine, plus en général ça veut dire que j'essaye d'intimer à l'univers entier l'ordre de ne surtout pas me gâcher la surprise. J'avoue que c'est encore pire pour la science-fiction, parce que c'est un genre tellement mal servi ces dernières années, que quand une série au concept original débarque, j'ai envie d'en déguster chaque minute du pilote pour m'imprègner de son ambiance.
A la limite, tomber sur une news ou une video portant sur, mettons, The Mob Doctor, c'est pas grave ; j'ai rien contre la série a priori, mais je m'en remettrai facilement. Par contre gâchez-moi le plaisir de la découverte du pilote de Revolution, et on va avoir un problème. Me ruiner l'effet de surprise d'un pilote de SF peut être très dangereux pour la santé.

Alors au final, me voilà, trépignant d'impatience devant le pilote de Revolution, m'installant sur mon fauteuil comme un gourmet se met à table, espérant faire un festin mais bien consciente qu'à partir du moment où je presse le bouton "play", il peut se passer n'importe quoi.

C'est donc très exactement ce que j'ai eu. N'importe quoi.

Laissez-moi résumer les principaux points de discorde avec le pilote de Revolution : une séquence d'introduction ayant la légèreté d'un pachyderme, des situations présentées brièvement comme pour se débarrasser, des personnages qui n'existent que par leur situation et pas par leur personnalité, des scènes de baston à vocation de pur remplissage, et pour finir, une fin bien agaçante juste pour essayer de t'attraper de justesse et t'obliger à revenir.
Je crois que je n'avais pas vu un tel défilé de bonnes idées très mal exécutées depuis... Falling Skies. Falling Skies ! On vit dans un monde où Falling Skies a l'air d'être le modèle à suivre de quelqu'un ! On marche sur la tête.

En fait, mon contentieux avec le pilote de Revolution est en deux parties.
D'une part, il y a le fait que, comme c'était d'ailleurs le cas pour Terra Nova (qui appartient également à la grande famille des déceptions de SF récentes), j'ai ressenti presque comme une insulte que l'introduction serve plus de prétexte que d'autre chose. Punaise, rendez-vous compte : tout est coupé, le monde tel qu'on le connaît s'est totalement affaissé en quelques minutes, des avions tombent du ciel au nom de Dieu ! et pendant ce temps les personnages se regardent dans le blanc des yeux, ou mangent des glaces. Des glaces, quand même, m'enfin mais c'est pas possible de voir ça ! Pourquoi pas offrir un skateboard à un enfant aussi ? Ah, oops, déjà fait. Où est le sentiment de désolation ? Où est la terreur de la perte du monde connu ? Où est la désorientation qui a forcément suivi parce que tout ce qui semblait pouvoir se présenter à partir de là ne serait que chaos pendant un bon moment ? Non-non, les mecs ils regardent leur congel dégivrer. Laissez-moi vous dire que c'est pourri, voilà. Parce que même si vous n'avez pas l'intention d'utiliser cette époque (et/ou la plupart de ces personnages) par la suite, c'est quand même important d'être capable de saisir l'émotion d'une séquence pareille. Si la civilisation s'arrête brutalement, que des avions tombent du ciel sur la gueule des Américains, et que vous n'arrivez qu'à écrire "mange ta glace avant qu'elle ne fonde, ce sera la dernière", je sais pas, je suggère de devenir chauffeur de taxi ou courtier en assurances, faut arrêter l'écriture.
Donc ça c'est une chose. Mais la seconde, je crois que c'est l'absence totale de foi que Kripke semble avoir en son histoire. On a droit à tout : le retour à la terre (oh bah oui, tiens, un ptit arrière-goût écologique dans une histoire pareille, on n'allait pas le laisser s'échapper comme ça), l'héroïne orpheline qui doit se battre seule contre tous, le vilain méchant qui bosse pour un encore plus vilain méchant... On croirait que le scénario a été écrit en suivant des pointillés, un peu comme un enfant colorie un dessin sans dépasser les traits. Alors oui, hein, c'est bien propre. Mais qu'est-ce qu'on s'emmerde. Rien n'existe par soi-même dans ce monde-là, tout n'est que clichés sans âme mis bout à bout. Et le pire c'est que le scénariste n'est même pas pris de remords, on a l'impression de le sentir ; moi en tous cas je l'ai vraiment perçu comme ça : l'acte rassurant d'un scénariste qui se complait dans les facilités.
Je dis ça aussi un peu par jalousie, parce qu'être payé à écrire ça, c'est quand même un peu le job de rêve, et puis ça laisse du temps pour les loisirs.

Alors oui, peut-être que finalement, le plus beau cadeau qu'aurait pu me faire Revolution (outre avoir un autre scénariste, voire même aussi un autre producteur parce qu'Abrams et moi on n'a jamais été franchement potes), ç'aurait finalement été de ne pas faire ce bond en avant de 15 ans, pas tout de suite, peut-être en saison 2 qui sait, mais en tous cas de profiter un peu de cette superbe opportunité de faire une vraie série post-apocalyptique et pas une espèce de série de fantasy sans ambition, où comme par hasard on est revenus à l'âge de pierre, sauf ceux qui ont des super-pouvoirs.
Le seul truc qui ne m'a pas donné des envies de meurtre, c'est que le cast, bien que souvent transparent, n'est pas totalement miteux. Et par cast je veux dire l'héroïne centrale, incarnée par Tracy Spiridakos, qui a même réussi à m'émouvoir un peu à un moment. Ce qui n'était pas gagné, osons le dire.

Des quelques séries devant lesquelles j'avais envie de me caler les fesses cette saison aux USA, Revolution est donc, c'est le moins qu'on puisse dire, une déception. Je n'ose même pas vous dire ce qui est en première position, je commence déjà à angoisser.

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6 septembre 2012

Chère Mindy

Puisque vous savez que whisperintherain et votre serviteur ont décidé de regarder tous les pilotes de la saison, je ne vais pas vous mentir : on est un peu débordés, là. Avec NBC qui sort tous ses pilotes avant même leur diffusion, les pilotes australiens qui nous tombent toutes les semaines, et la Grande-Bretagne qui ne chôme pas, on est en train de prendre la mesure du défi, je vous l'avoue. Cela dit c'est hyper stimulant, et c'est aussi pourquoi la rentrée est toujours un moment fascinant !
Au programme aujourd'hui, le pilote de The Mindy Project, et naturellement vous trouverez au bas de ce post un lien pour aller jeter un oeil sur ce que whisper en dira le moment venu.

TheMindyProject

Chère Mindy,

Tu sais... au fait, je peux te tutoyer ? Je ne te connais pas, je n'ai regardé qu'un seul épisode de The Office de toute ma vie, mais j'ai l'impression qu'on est déjà de vieilles copines. Ça ne t'ennuie pas ? Bon.
Tu sais, disais-je, tu m'es sympathique, et le plus drôle c'est que j'ignore pourquoi. Peut-être parce que la progression de ta carrière me donne instanément confiance en toi, et qu'une comédienne qui a passé du temps à écrire me rend moins méfiante (quoique ; ne pas oublier que Whitney Cummings écrit aussi). Peut-être parce que depuis Neela Rasgotra, j'ai un léger faible pour les femmes typées indiennes. Ou tout simplement, je trouve que t'as une bonne tête. Une tête de fille à la fois rigolote et futée. Tina Fey en moins imbue d'elle-même. Voilà, ça doit être ça. Pour résumer, je t'ai à la bonne.

Evidemment, on n'a pas trop de centres d'intérêt communs. Bon, ça arrive. Personnellement, les comédies romantiques m'épuisent. Dés la première image. Leur côté narcissique, d'abord ("moi je veux ci, moi je mérite ça, qu'est-ce que je fais bien, qu'est-ce que je fais de travers, je suis jolie même quand je pleure, et ma robe, tu aimes ma robe ?"), et puis l'impression d'assister encore et toujours à la même chose. Mais je suis une grande cynique, c'est peut-être un peu ça aussi.
Je vais te le dire franchement, ça m'effraie même un peu. Parce que ton ex se marie (et que, bon, ok, tu as été arrêtée pour ivresse sur la voie publique et quelques autres menues infractions), tu décides brusquement de changer. De trouver "le bon", parce qu'à 31 ans, tu ne peux plus te comporter comme une ado attardée. De mettre de l'ordre dans ta vie un peu brouillonne pour la partager avec quelqu'un. Ça m'effraie parce que faire tout ça pour quelqu'un qui n'est pour le moment réduit qu'à un concept, ça me semble démesuré. Mais hey, après tout, ta raison n'est pas moins bonne qu'une autre ; un personnage qui tente de se changer sera toujours intéressant à suivre.

Mais justement, je crois que la raison pour laquelle je t'aime bien, dans le fond, c'est que tu es capable d'avoir ces préoccupations qui me sont totalement étrangères (se marier, avoir 6 enfants...) et de quand même me les rendre accessibles. Tu n'es pas une romantique ridicule qui rêve de jolis garçons en restant campée devant ses films des années 80 et en attendant le prince charmant. Tu es une femme à qui il manque juste un peu d'autonomie et d'assurance à mon goût, mais qui a une vie professionnelle, sociale, et surtout sexuelle bien remplies ; tu n'es pas dans la passivité, on ne te marche pas impunément sur les pieds, et tu n'as rien d'une ingénue naïve. Tu es juste une de ces personnes avec qui je n'ai pas grand'chose en commun, mais avec qui ça me plairait quand même de passer un peu de temps.

Et puis je sais pas... Je te dis : je ne te connais pas. Et pourtant j'ai l'impression que The Mindy Project, c'est tellement toi. Il y a quelque chose de sincère et d'honnête dans ton personnage, dans son rapport notamment aux personnages masculins, dans le vocabulaire qu'elle emploie, et même dans les vêtements qu'elle porte (ou ses coussins).
D'ordinaire, c'est toujours un peu casse-gueule, les comédiens qui se trouvent, ou pire, s'écrivent, un rôle sur mesure juste pour avoir une série à leur nom (Whitney Cummings ?), sans se fouler à inventer un personnage nouveau ; mais je sais pas, pour toi ça passe. Tu as quelque chose de frais quand même.

Peut-être parce que ton personnage est capable de prendre du recul. Peut-être parce qu'elle est capable de sous-entendre que les films romantiques qu'elle récite comme des psaumes ne sont pas toujours de bon conseil, ou qu'ils l'induisent en erreur. Mais surtout parce qu'elle vit quand même sa vie, qu'elle se tape un mec super mignon avec lequel elle n'a pas d'attaches, et qu'elle a du répondant. Oui, surtout ça.

Du coup, même en étant épouvantablement girly, même en ayant des préoccupations qui me dépassent, même en étant situé dans un univers qui pourrait confiner au stéréotype sexiste (la femme qui veut se marier et avoir des enfants... et qui est comme par hasard gynéco), ton Mindy Project, il n'est pas tout-à-fait universel, même si je ne doute pas un seul instant que bien des femmes célibataires s'y retrouveront, mais il ne me donne pas l'impression d'un club fermé au sein duquel je n'aurais pas ma place. Je peux y entrer, j'y suis bien accueillie, et j'ai envie de rester.

Alors chère Mindy, merci. Même en employant des clichés de romances qui en général m'insupportent, même avec un but dans l'existence qui m'est totalement étranger, tu m'as fait regarder un pilote de dramédie romantique le coeur léger. J'étais disposée à rire. Je l'ai fait de bon coeur une ou deux fois. J'ai aimé les scènes moins déjantées, aussi. Je l'aime bien, ton Mindy Project.
J'ai hâte qu'on devienne de bonnes copines. On ira boire un verre ensemble le vendredi soir ; je sais déjà que je te verrais les vendredis soirs, ça semble parfait. Surtout que je t'aime bien aussi quand tu es pompette.

Sérieux, Mindy, je sens que c'est le début d'une grande histoire. Peut-être pas celle que tu espérais mais, bon, c'est déjà ça, hein.

Bien à toi,

lady

Challenge20122013

3 septembre 2012

Fol espoir

"La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent".
Une définition qui ressemble un peu à un season premiere de Doctor Who depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat).

Ce n'est pourtant que la deuxième saison de Doctor Who que je suis en direct du Royaume-Uni, puisque j'ai découvert la série en novembre 2010 (et que je me suis fait les 5 premières saisons en un mois). Mais déjà, la saison 5 était une grosse déception. A un tel point que j'avais hésité à reprendre la série au moment de la saison 6. Pourquoi ne pas préférer de m'en tenir là ? Ce n'était plus la série qui m'avait rivée à mon écran pendant un mois, alors pourquoi revenir ?
Je vais vous dire ce qui m'a fait revenir : l'expérience collective de Doctor Who. Ou, en des termes moins choisis : la pression sociale. D'abord parce que lorsque j'avais découvert la série (avec du retard, donc), j'avais aussi eu l'occasion de découvrir que les Whovians sont des téléphages très impliqués, comme souvent quand il s'agit de série de science-fiction, mais que voulez-vous, on n'a plus beaucoup de séries de science-fiction. Beaucoup d'entre eux avaient accompagné mes visionnages, soutenue alors que dans les premiers épisodes, je traînais la patte, et encouragée à continuer, ou apporté des éléments pour me donner des points d'horizon. Et forcément, ça galvanise. Mais il y avait aussi le fait que pour la première fois, j'avais l'opportunité de suivre les nouveaux épisodes de Doctor Who au même rythme qu'eux, lisant leurs reviews, échangeant sur Twitter des impressions, et c'était une sorte de cercle vertueux. Je voulais vivre ça parce que, eh bien, je ne le vis pas pour tant de séries que ça.
Entre les deux morceaux de saison 6, même réaction. Et par un étrange phénomène, j'étais d'autant plus découragée par la qualité de la série (qui me semblait manquer dramatiquement de coeur et faire pas mal d'esbroufe) que j'étais enthousiasmée à l'idée de partager ce rythme de visionnages avec les fans de la série. Même négative envers Eleven (et Moffat), j'avais envie de faire partie de ce phénomène parce que quand je m'enthousiasme pour House of Lies ou Cloudstreet, bah, je me sens parfois un peu seule. A l'époque de la social TV, c'est tout de même un peu triste...
Mais là, depuis des mois, je voyais ma timeline inondée quotidiennement de promotions plus ou moins voilées : une déclaration de Moffat ici, une confidence de départ de Karen Gillan ici, le lendemain une photo de tournage, le surlendemain des posters ou je sais pas quoi... je n'en pouvais plus. Or, quand on a fourni un season finale aussi pourri que celui de la saison 6 de Doctor Who, on ne se fait pas trop remarquer et on arrête de faire le malin. Au contraire, on se fait tout petit, on révise ses classiques, et on réapprend ce que c'est que l'émotion. Mais au contraire, tous les jours, du Doctor Who. Là, je m'étais juré que j'en avais fini avec cette série. Nan mais quand même, faut pas pousser, quoi. On a sa dignité.
Et les videos "Pond Life" ? Même pas en rêve que j'allais y toucher. De toute façon, c'est même pas canon. Pis ya rien qui m'énerve plus que ce genre de techniques qui consiste à diffuser des videos sur un autre media, non pour élargir l'histoire, mais simplement pour faire office de teaser. Je vous préviens, je regarderai pas "Pond Life" ! Même pas en rêve ! Et faudra me demander très gentillement pour le mettre devant le season premiere de la saison 7 ! Nan mais !

Voilà donc j'ai regardé Asylum of the Daleks, hein, bon, ça arrive, je pensais lancer le huitième Sullivan & Son, mon doigt a rippé, l'accident bête, ça peut arriver à tout le monde.
Donc, verdict. Avec quelques spoilers probablement, si vous n'avez pas vu l'épisode considérez-vous prévenu.
Eh bah verdict, il y a de l'espoir. Pour la première fois depuis... possiblement depuis le départ de Ten, peut-être même celui de Nine... j'ai trouvé que Doctor Who était capable de mettre le doigt sur quelque chose de sincère.

Oswin

Ce qui me manque terriblement dans Doctor Who depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat), c'est l'impression de souffrance. Je trouvais que Nine (et, dans une moindre mesure, Ten) avait cette immense force d'être très fragile.
Ce Docteur avait un côté un peu cyclothymique, avec des pics d'exaltation quasi-hystérique, et des affres de désolation, et je trouvais que ça donnait une profondeur et une complexité bienvenues à un personnage qui sans cela, aurait plus ou moins viré au demi-Dieu. Puisqu'il peut voyager dans l'espace et le temps, puisqu'il ne ressent bien souvent même pas la peur devant le danger, il faut bien qu'il y ait des choses sur lesquelles le Docteur n'ait pas de contrôle, et il me semblait qu'être victime de ses émotions était une façon très touchante de montrer que le Docteur a sans doute des tas de bons côtés, fait un très divertissant compagnon de voyages, mais ce n'est pas non plus une partie de rigolade tous les jours pour lui. Que le sens du danger et de l'aventure est une chose, mais que buter contre ses propres remords est autrement plus enrichissant. Que c'est ce qui fait la différence entre une série avec des rebondissements et des effets spéciaux, et une solide série de science-fiction. En interrogeant la nature du Docteur, par exemple au travers de sa capacité à haïr les Daleks (c'était le cas de l'épisode Dalek, justement) alors que le reste du temps, c'est un personnage tellement ouvert, curieux et désireux d'aller de l'avant, c'était infiniment plus enrichissant que de se faire retourner la tête avec des intrigues tordues. A l'inverse, on était aussi capable de lui découvrir des sentiments d'une pureté rare (on a pu le voir avec Rose) et c'était là encore bien plus exaltant de voir toutes les nuances de ce Docteur-là, que de le placer face à des périls invraisemblables. La régularité avec laquelle nous avons eu l'opportunité d'explorer les abîmes sombres de l'âme du Docteur comme leur versant a varié au cours des saisons de Nine et Ten, mais elle faisait la véritable richesse de Doctor Who de mon point de vue (le point de vue de quelqu'un qui préfère le drama et qui a toujours considéré que la science-fiction ne devait jamais être autre chose qu'une métaphore de l'humain).

Mais depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat), la proportion s'est inversée. Déjà parce que les sentiments sont devenus l'exclusivité des Companions Amy et Rory. En investissant le terrain de l'émotionnel, ils ont par effet de contraste réduit le Docteur à un clown ; obligé de servir d'ambigu faire-valoir à leur relation amoureuse ou d'arbitrer leurs disputes, il ne revêtait plus aucun intérêt dramatique par lui-même. Et quand c'était le cas, c'était toujours à travers des faux-semblants. Ainsi, là où l'intrigue de Demon's Run aurait dû marquer un tournant et une prise de conscience, nous avons eu droit à un bête artefact scénaristique qui n'a connu aucune sorte d'impact sur la personnalité du Docteur. Sa rencontre avec River, qui aurait dû le marquer (elle avait après tout un aspect incroyablement tragique, à plus forte raison parce qu'il savait comment cette histoire allait se finir dés qu'il l'a rencontrée) profondément au moins sur le plan amoureux, n'a pas eu beaucoup de conséquences non plus. Pire encore, cette intrigue s'est conclue grâce à quelque galipette du scénario. C'est formidable d'être capable d'écrire des retournements de situation surprenants et relativement imprévisibles ; mais que servent-ils vraiment sur un plan dramatique ?
Tout le paradoxe de Doctor Who depuis Eleven (et Moffat), c'est qu'on a des scènes parfois plus dures, des "méchants" parfois plus effrayants, des intrigues parfois plus complexes ou en tous cas plus tordues, qui tendent à laisser penser que la série est destinée à un public plus âgé, mais qu'en même temps celui-ci est découragé par la façon dont les intrigues ne portent jamais aucune conséquence pour le Docteur, comme dans la majorité des séries pour la jeunesse. Le Docteur est parvenu à ce stade de demi-Dieu que je redoutais tant, et même quand le scénario tente d'adresser ce problème, il est balayé de la main comme le prouve l'après Demon's Run. Inutile de dire que là où le final de la saison 6 aurait dû me laisser de l'espoir, il m'a inquiétée.

Mais pour toutes ces raisons, je ne détestais pas Amy et Rory. En fait c'est impossible puisqu'ils sont les seuls personnages récurrents de la série à bénéficier d'approfondissements, d'intrigues suivies et d'une dramatisation réelle. Le Docteur n'est à côté d'eux plus qu'un gimmick, un déclencheur. C'est lui leur Companion ! Je dois dire que j'étais un peu anxieuse à l'idée qu'un nouveau Companion fasse son apparition, selon le bon adage "on sait ce qu'on quitte, on ne sait pas vers quoi on va".
Mais Asylum of the Daleks m'a rassurée. Si Oswin est amenée à revenir (au moment du Christmas Special, apparemment), alors je peux encore espérer en une réconciliation. Tout simplement parce qu'Oswin a immédiatement été introduite de façon à prendre la pleine mesure de sa dramatisation, mais que celle-ci met en lumière quelque chose de dramatique chez le Docteur également, à travers sa haine pour les Daleks mais aussi quelque chose que nous lui connaissons bien : sa grande loyauté. Oswin est un personnage qui nous arrive brisé, et qui le réalise grâce au Docteur qui n'a plus qu'à ravaler sa haine féroce envers les Daleks pour prendre en considération ce cas pas comme les autres. Oswin aurait pu être un Cyberman : nous savons que c'est une race de l'univers de Doctor Who bien plus encline à transformer les êtres humains pour les assimiler ; mais un Cyberman n'est pas aussi farouchement haï par le Docteur qu'un Dalek, jamais. Et devant cet épisode d'une émotion rare (surtout récemment) pour la série, j'ai aussi réalisé que non seulement nous allions avoir affaire à un nouveau Companion très sombre, bien qu'une d'une pétillance à toute épreuve, mais nous allions aussi, enfin, réapprivoiser les ténèbres du Time Lord, et je dois bien l'admettre, ça, ça me fait très envie.
Oh, on n'y est pas encore. Car il y a, avant le Christmas Special, bien des épisodes en quasi stand-alone, des dinosaures et des Weeping Angels en chemin. Mais pour la première fois depuis novembre 2010, je ne regarde pas Doctor Who parce que j'ai envie de m'y plaire, mais parce que je suis sincèrement intriguée et curieuse. Ca fait un choc quand ça se produit. Mais je suis ravie d'avoir trouvé là une chance de me rabibocher avec la série...

PS : n'hésitez pas à lire cet article particulièrement intéressant sur les bienfaits de la VOD bien ordonnée en Australie ce weekend. C'est Doctor Who-related mais pas seulement.

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