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ladytelephagy

30 janvier 2013

They don't have a name for what it is

Je commence un peu à désespérer de ce mois de janvier américain, je vous l'avoue. whisperintherain et moi-même avons résolu de regarder puis reviewer un maximum de pilotes cette saison, mais parfois cela ressemble à un sacerdoce. Les déceptions se multiplient et du coup, à chaque pilote, les espoirs sont plus grands encore. Le pilote de The Following sera-t-il celui qui remontera la moyenne de cette morne mid-season ? Sans plus de suspense, la réponse...

TheFollowing

Soyons réalistes : l'écriture de séries, ce n'est pas de la médecine de pointe.
On ne saurait exiger des scénaristes, comme on le fait des praticiens, qu'ils aient une obligation de formation continue afin de se tenir au courant des dernières innovations. Oh, évidemment, on peut se perdre en conjectures, et imaginer que des séminaires gigantesques seraient organisés afin de disséquer la structure narrative expérimentale d'un collègue ; que des visiteurs scénaristiques viendraient régulièrement faire le tour des writers' room avec des échantillons de scripts ultra-performants ; et que, pour finir, les spectateurs maltraités par des épisodes piteux pourraient se retourner contre les scénaristes peu scrupuleux pour négligence caractérisée.
Mais nous ne vivons pas dans ce genre de société, et jusqu'à nouvel ordre, rien n'oblige un scénariste, ou une équipe de scénaristes, à se tenir au courant des "avancées" narratives des séries de la concurrence.

Mais tout de même. Il y a des questions à se poser sur une série qui aurait pu être écrite exactement de la même façon dix années plus tôt. C'est le cas de The Following, qui fait peu de cas de tout ce que le spectateur a pu voir, sur le sujet du crime ou pas, depuis. Et Dieu sait que des criminels, on en a vu défiler quelques uns !

Il est très triste, pour ne pas dire pénible, de voir une série s'intituler "following" et, par exemple, traiter aussi mal la façon dont son personnage de psychopathe a pu se créer un réseau de "suiveurs". Et ce n'est pas un point de détail : quand un enquêteur soit-disant très qualifié prétend que Joe Carroll a trouvé des admirateurs via "dedicated web sites, over a thousand blogs, chat rooms, online forums", il y a de quoi rester sceptique... Vraiment ? Et pas les réseaux sociaux ? Comment peut-on lancer un thriller moderne, une partie d'échecs avec un esprit extrêmement intelligent et machiavélique, et l'écrire encore comme si les moyens d'accomplir un plan ou de créer un réseau terrifiant sur internet étaient les mêmes qu'il y a une décennie ?
Ce n'est pas anodin parce que ce genre de choses montre combien The Following est peu engagée dans son sujet, celui dont elle porte le nom, celui de la quasi-secte qui se crée autour de son criminel ; la série tente juste de reprendre à son compte des recettes vue des dizaines de fois, le face à face entre Carroll, le criminel à l'intelligence dangereusement fascinante, et Hardy, le justicier brisé qui ne vit que pour son enquête ; il s'agit tout juste de les rafraîchir, et encore. Je n'ai à l'heure actuelle vu que le pilote de The Following, évidemment, mais je ne suis pas totalement convaincue de l'absence de redondance entre The Following et Hannibal, par exemple, tant le face à face me semble similaire pour le moment.
Ce qui devrait faire toute l'originalité de The Following semble n'avoir pas été vue comme un véritable outil, mais plus comme un gadget scénaristique permettant de cyloniser les "bad guys" de la série : attention, ce pourrait être absolument n'importe qui, et nous nous réservons le droit à tout instant de lever le voile sur une partie du réseau tentaculaire de l'ennemi de notre héros.
Dans cette perspective, The Following ne fait pas grand'chose d'autre que de jalonner son épisode inaugural de visages dont on finit par se douter, au bout de trois quarts d'heure, qu'on ne peut leur faire confiance (ce sera notamment le cas à la toute fin du pilote, d'une fénéantise à faire peur, et prévisible au possible ; c'est emmerdant, on parle là de la scène de fin du pilote, supposée donnée des frissons partout pour revenir la semaine suivante).

Sur un aspect similaire, les références assez peu fines et à peine plus subtilement infusées à l'oeuvre de Poe, martelées à n'en plus finir jusqu'à ce que le spectateur, exaspéré, brûle sa bibliothèque dans un ultime accès de rage, montrent le plus souvent que la littérature cauchemardesque de l'auteur a fait l'objet de lectures soutenues de la part des scénaristes, mais qu'il n'en a été fait aucune interprétation pour la série, plaquant l'oeuvre du romancier américain comme on plaque un diagnostic psychiatrique. La fiche de lecture est assez scolaire, à plus forte raison lorsqu'elle s'applique à du profilage : Poe écrivait ci, donc Carroll veut faire cela. Le ton professoral des enquêteurs donne de surcroît plus l'impression d'assister à un cours magistral que d'entrer dans la tête du tueur.
Il aurait peut-être fallu pénétrer réellement dans l'univers de l'écrivain, provoquer une immersion quitte à créer le malaise ; mais cela aurait impliqué trop de recherche esthétique, sans doute, pour que The Following ne s'y risque. On se contentera donc de quelques tirades littéraires un peu plaquées du genre : "He cut out his victims' eyes as a nod to his favorite works of Poe, The Tell-Tale Heart and The Black Cat. See, Poe believed the eyes are our identity, windows to our soul. To classify him as a piquerist would be... too simplistic".
Que The Following ne parte pas du principe que son spectateur connait Poe sur le bout des doigts est une chose (dont je la remercie, car moi-même ne me pose pas en experte), mais qu'elle se contente de quelques poncifs strictement pédagogiques n'aide pas vraiment à se mettre dans l'ambiance. Or, l'ambiance, dans un thriller, n'est-ce pas supposé être important ?

Ce n'est pas que The Following n'ait que des défauts, cependant.
Même si ses personnages sont posés très exactement là où on les attend, avec un héros abimé et à peine fonctionnel qui va quand même reprendre du service, et un monstre poli et cultivé qui charme son prochain aussi sûrement qu'il espère le dépecer, avec une rimbambelle de seconds rôles transparents, ces personnages parviennent à se trouver quelques scènes réussies.
En particulier, Ryan Hardy, incarné par Kevin Bacon, a quelques bonnes scènes assez émouvantes que je ne m'attendais pas de trouver avec un tel degré. Ce personnage conçu pour être cassé d'emblée s'étoffe grâce à la pratique fréquente des flashbacks, parfois un peu brutaux dans la façon dont ils sont amenés sur le tapis, mais plutôt bien construits pour glisser un doigt prudent sur les craquelures du héros et sentir les aspérités de sa carcasse blessée. Ces séquences fonctionnent parce que The Following réussit en fait plutôt bien en matière de drama, rendant son personnage accessible au spectateur, ce qui compense pour l'aspect thriller sans surprise que j'évoquais plus haut. Le rapport que Hardy entretient avec plusieurs figures de la première enquête autour de Carroll, essentiellement féminines, est montré sous un angle qui parfois parvient même à être touchant. Vu le rythme enlevé de l'épisode, les flashbacks réguliers à différents moments de la timeline du héros, et le nombre de personnages introduits en général, on pourrait presque parler de prouesse tant cela n'était pas franchement garanti d'emblée. Et c'est tant mieux, car c'est la seule et unique raison pour laquelle le final de l'épisode parvient à arracher quelque émotion au spectateur.

Cependant, là encore et même là, il y a quelques bémols. En-dehors du duo central formé par les némésis Hardy/Carroll, les personnages qui gravitent autour d'eux sont creux et transparents ; chacun se conforme à son stéréotype, la fliquette dure, le jeune chien fou passionné, etc... Le problème c'est que ces personnages n'ont pas l'honneur d'un approfondissement tel que celui dont Hardy profite, et à travers lui, Carroll.
Les personnages féminins, en particuliers, sont d'une énorme lourdeur : la pseudo-partenaire mal lunée qui ne se laisse pas faire et garde le regard froid, la victime perpétuelle qu'il faut à tout prix protéger, et l'ancien amour pour lequel la passion brûle toujours. Si l'un ou l'autre de ces personnages (pourtant pas trop mal castés à vue de nez) peut offrir la moindre profondeur à l'avenir, ce sera un véritable élément de surprise (mais j'ai cru comprendre qu'au moins l'un de ces personnages n'était déjà plus présent dans l'épisode 1x02 ; on verra). Non qu'une série se juge à l'aune de ses personnages féminins, évidemment, mais l'abus de cliché nuit gravement à la santé.

Bien plus consensuelle qu'elle ne veut bien l'admettre, The Following n'a pas beaucoup à offrir au spectateur exigeant.
Elle remplit son office, bien-sûr : c'est la moindre des choses. Le pire qui puisse lui arriver est de perdre son efficacité, toute balisée soit-elle par les codes du genre.
Mais pour le reste, on peut se brosser : aucun passage de ce pilote ne fait la moindre démonstration d'une envie de nous couper le souffle ou de nous retourner, si ce n'est à travers quelques visions cauchemardesques et souvent sanglantes qui, je suis au regret de vous le dire, ne m'ont pas émue (par contre je me suis tordue d'horreur devant Utopia, donc je pense pouvoir avancer que ça ne vient pas du fait que je sois blasée). Il n'y a pas de concept foudroyant derrière The Following, il n'y a pas non plus, pour autant qu'on puisse en juger ici, de bouleversement dans la façon de conduire l'investigation, il y a simplement l'envie de faire du neuf avec du vieux.
D'aucuns s'en satisferont, je n'en doute pas. Mais je n'en ferai pas partie.

Challenge20122013

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29 janvier 2013

Review pour tous

Ecoutez, je vais être franche avec vous. Ce soir, j'avais prévu un post sur The Following, je l'avais commencé, bon, ça suivait son cours. Mais je me suis interrompue pour regarder les débats sur l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe (c'est son nom officiel, au passage), et du coup, bon, bah je vais y passer ma soirée.

Du coup, The Following, promis, ce sera pour très vite, mais pour ce soir, je regarde les débats (et je tweete en direct mes impressions) ! And so can you :

MariagePourTous
Le lien, si vous voulez, il est là.

28 janvier 2013

Do no good

Êtres-vous prêt pour un nouveau pilote ? whisperintherain et moi-même continuons notre exploration de la saison, en espérant que les choses s'améliorent un peu par rapport aux semaines précédentes : la mid-season a été morne jusqu'à présent.
Enfin, ce n'est que mon point de vue : celui de mon camarade (dont vous pourrez juger en cliquant sur la bannière au bas de ce post) peut très bien être radicalement différent...

DoNoHarm

La série britannique Jekyll a-t-elle jamais été diffusée aux Etats-Unis ? Je n'en ai pas trouvé de trace, en tous cas. Cela expliquerait pourquoi un remake officieux prendrait forme sur les écrans américains en ce mois de janvier, profitant de l'ignorance du grand public d'outre-Atlantique (qui, il est vrai, n'a commencé à se passionner pour les séries britanniques que très récemment via Doctor Who et Downton Abbey, et encore, sur des chaînes du câble) même si très franchement, si c'était pour faire ça, ce n'était pas la peine d'attendre 5 ans.

Oui, Do No Harm a quelques points forts, le principal étant visiblement le budget (on se prend à rêver à ce que des créatifs européens feraient avec le budget de certaines séries de networks américains) et peut-être, non, bon, essentiellement le budget. Enfin... je dis ça, mais il doit y avoir quelques bons côtés à cet épisode, parce que je ne me suis pas non plus trop ennuyée pendant le pilote, que j'ai regardé jusqu'au bout et sans me faire les ongles, ce qui tend à indiquer que je n'ai pas passé les pires 40 minutes de mon existence, ni même de ce mois de janvier.
Le problème, c'est que Do No Harm est très consensuelle ; à plus forte raison si on a vu Jekyll, donc.

Il aurait pu être intéressant de savoir comment le docteur Jason Cole avait découvert l'existence d'un "double" appelé Ian, avec qui il partage son enveloppe corporelle ; au lieu de cela, le pilote va totalement faire l'impasse dessus, et tient le fait pour acquis à un tel point que plusieurs personnages qui passeront dans l'épisode sont déjà au parfum, tandis que le spectateur ne l'est pas trop (il aurait pu être un brin pédagogique, malgré le cliché narratif que cela représente, de faire en sorte que quelqu'un découvre cette étrange colocation dans le premier épisode, histoire de nous donner une chance d'accéder à la backstory... eh oui, les clichés narratifs ont parfois une raison d'être !). Mais pas du tout.
Le spectateur est, à la place, immergé dans un monde où le fragile équilibre trouvé par Jason pour tenir Ian à distance va se trouver rompu ; là encore, le soucis c'est qu'on connait mal cet équilibre. L'épisode nous montre d'entrée de jeu un médecin stressé, surveillant sa montre en permanence, qui en est encore à venir chaque jour récupérer une dose d'un puissant anesthésiant (ou quelque chose du genre) auprès d'un collègue qui le fournit illégalement. Mais le système est déjà fragile et bien précaire, si bien qu'au lieu d'introduire une rupture ("Ian devient incontrôlable"), l'épisode renvoie une impression brouillonne.
Quand Ian rompt effectivement la trêve, comme c'était prévisible, c'est là encore grâce à quelque chose qui apparait plutôt comme un coup de tête scénaristique, plutôt que parce que quelque chose couvait : il a développé une résistance au fameux anesthésiant. Mais comme en réalité on n'a jamais vu fonctionner le médicament en question, il n'y a aucun effet avant/après. Voilà donc Ian qui s'invite dans la vie de Jason pour, évidemment, la lui pourrir, sans créer la moindre émotion de notre côté de l'écran. Et certainement pas de la surprise.

Ce sera tout l'enjeu de Do No Harm : montrer comment les deux hommes vont jouer une partie d'échecs avec le corps qu'ils se partagent, et donc la vie qui est la leur, aux yeux des observateurs extérieurs.

La partie en question aurait de l'intérêt si Do No Harm ne tentait pas, avec l'énergie du désespoir, de faire passer l'un des deux hommes pour le "gentil" et l'autre pour le "méchant" de façon très manichéenne ; il y a d'un côté la victime, celui qui en plus est médecin et gentil et prévenant et inquiet, et de l'autre côté, le sadique, le bourreau, la bête, le jouisseur qui ne pense qu'à sa pomme. On aurait pu espérer qu'à défaut d'être d'une folle originalité sur la forme, Do No Harm aurait trouvé un moyen moins moralisant d'employer le fameux thème de Jekyll et Hyde (un peu comme Awake, finalement, a pu le faire de façon détournée), mais ce ne sera pas pour cette fois. Jason a le jour, le bien, le coeur brisé ; Ian a la nuit, le mal, l'égoïsme. Pourquoi Jason n'a-t-il pas de travail (même s'il aurait pu être malhonnête ou dégradant, à la rigueur), d'amis (je ne m'attendrais pas à ce qu'il entretienne des relations amoureuses, mais au moins un pote, quelque chose), etc ? D'accord, ça fait 5 ans qu'Ian est systématiquement dans le coaltar, mais avant ça ? Cette façon si caricaturale d'envisager l'identité de chacun empêche de vraiment donner un enjeu à la série : moi aussi, si on me droguait depuis plusieurs années, j'aurais des pulsions de vengeance en me réveillant.

Qui plus est, les scénaristes emploient la "mauvaiseté" d'Ian de façon totalement opportune vers la fin de l'épisode, afin qu'Ian se trouve tout de même au service de Jason et donc du bien. Quel est l'intérêt d'une confrontation qui tourne de cette façon dés le pilote, sans que le bras de fer n'ait été très long ou difficile ?
Car oui, en plus de sa vie compliquée (et ce n'est pas rien que d'avoir seulement 12h d'existence chaque jour), Jason est un tellement bon gars qu'il joue les assistantes sociales auprès des cas qu'il rencontre à l'hôpital, souffrant du syndrome si télévisuel du workaholisme. Genre le mec, il s'emmerde en fait ! Do No Harm insiste absolument pour passer énormément de temps dans la partie médicale de son contexte, alors que rien d'original n'en sort, et que ça n'ajoute rien à notre affaire.

Alors Do No Harm n'est pas mauvaise, non. Le rythme est bon, le cast se défend à peu près, et globalement, il s'agit d'une production décente. Mais le manque de courage de la série sur son thème, ses personnages, et même la façon dont elle veut nous présenter le déroulement de son histoire, ne donne vraiment pas envie de lui donner une chance et de développer un quelconque aspect, qu'il soit dramatique ou mythologique.
C'est un pilote "propre". Ca n'enflamme pas les téléphages, les pilotes propres, ni dans un sens ni dans un autre. Je ne me vois pas lapider la série plus que je ne m'imagine en dire du bien. Reste à voir si le grand public accrochera ; parfois ça se joue sur un coup de bol. On verra bien mais, quel que soit le sort de Do No Harm, ce sera sans moi.

Challenge20122013

27 janvier 2013

5 films que vous ne trouverez pas dans le Secret Diary... (Part. 2)

Dans le Secret Diary of a Secret Cinephile, il manque des "classiques". Des films dont tout le monde parle, et que tout le monde a vus (ou que tout le monde fait mine d'avoir vu... parce que, hein, z'allez pas me faire croire). Sauf moi ? Ah, mais peut-être vont-ils s'ajouter ?
Certains, oui. D'autres, même pas en rêve. Voyons donc quelques uns des films que, non, je vais pas m'amuser à regarder, c'est pas la peine d'insister. J'y ai mûrement réfléchi, vraiment, et tout bien considéré... non. Et tant pis si ma culture cinématographique doit se révéler incomplète.

Ce soir :
5 films que vous ne trouverez pas dans le Secret Diary...
parce que n'y pensez même pas

NoSecretDiary-NoWay-TheExorcist

The Exorcist - Levez la main, ceux qui sont surpris ? Mouais, je m'y attendais un peu. C'est sûr que je n'ai pas commencé par le moins évident, je vous le concède bien volontiers. Le truc c'est que, pendant 30 années, les films d'horreur, j'ai bien tenu mes distances avec, et il me semble, je peux me tromper hein, mais il me semble que c'était pas forcément la plus mauvaise de mes idées, voire, peut-être, que c'était mon instinct de survie qui se manifestait. Le peu que je sais de ce film ne m'encourage pas vraiment à me mettre devant. Il faut dire que je n'ai qu'un goût trrrès modéré pour tout ce qui peut me filer les chocottes (on l'a vu avec les vampires et les zombies), surtout dés qu'on effleure le domaine fantastique (parce que par contre, avoir le sang glacé devant un drame où l'horreur prend un visage on-ne-peut-plus humain, là par contre, là oui, avec "plaisir"). C'est pas vraiment que je craigne le vomi de soupe, soyons clairs, mais enfin, niveau ambiance, torticolis et tout le tremblement, je le sens pas du tout, ce film-là. Après je pourrais me forcer, hein... mais je crains ensuite de ne plus dormir pendant un mois et de faire quotidiennement dans mon froc en attendant qu'on m'interne. Alors bon, on va dire que The Exorcist, on va passer.

NoSecretDiary-NoWay-TheGodfather

The Godfather - Je me rappelle avoir écrit quelques posts sur des séries en rapport avec la mafia, dans le cadre de la préparation d'un SeriesLive Show (c'était il y a des lustres), et vous avoir dit, en substance, que les histoires de mafia, j'en avais rien à carrer. Ca n'a jamais vraiment évolué ; oui, je suis allée au bout de The Black Donnellys, mais vraiment à reculons à certains moments (et par certains moments, je veux dire beaucoup de moments)... et ce n'était même pas une série où il est question de mafia non-stop ! Vous me mettez devant le pilote des Soprano, je ne tiens pas, par exemple ; je l'ai vu une fois, je n'y reviendrai pour rien au monde, rien. Alors, au risque de vous désespérer de mon cas, une triologie de films sur un parrain, non, ça ne va pas être possible. Ou alors ça va faire comme avec certains films que je me force à voir, ou qu'on me force à voir, et je vais piquer du nez au bout de 10 minutes et alors là on aura tout gagné. Alors bon, on va dire que The Godfather, on va passer.

NoSecretDiary-NoWay-PulpFiction

Pulp Fiction - Je ne me sens aucun atome crochu avec la filmo de Quentin Tarantino. Je me souviens qu'avec l'un de mes ex, je m'étais tapé les deux volumes de Kill Bill, c'est un vrai souvenir de bonheur intense... surtout si on remplace le terme "bonheur intense" par "grosse purge". Donc comment vous dire ? La perspective de retrouver à la fois Tarantino ET Thurman dans Pulp Fiction, ça ne m'électrise pas des masses, je ne vais pas vous pipeauter. Quelque part, dans le fond, je suis consciente qu'il est tout-à-fait possible que ces deux films n'aient pas grand'chose ou rien à voir, mais je ne le sens pas du tout. Et d'ailleurs, le bloquage se fait à un tel niveau que, quand je joue à des trucs comme le Trivial Pursuit, ou WhatTheMovie (un petit jeu que j'aime bien parce qu'il me donne plein d'idées de film à tenter), même quand je sais reconnaître qu'on parle de Pulp Fiction, je ne me souviens jamais du titre. A chaque fois, il faut que j'aille voir la filmo de Thurman ou de Travolta sur Wikipedia, et là, là oui, j'ai le titre, ok. Et ça dure comme ça depuis des années, je passe mon temps à oublier, sitôt réapprise, l'existence de ce film aussi sec ; à la rigueur, ptet qu'un jour je tenterai quelque chose comme Inglorious Basterds, parce que, enfin non chais pas, on verra, je veux pas m'avancer... mais Pulp Fiction, je ne le sens vraiment pas. Alors bon, on va dire que Pulp Fiction, on va passer.

NoSecretDiary-NoWay-DieHard

Die Hard - Quand j'étais petite et que je ne voulais pas prendre une bouchée de nourriture avec un couvert qui avait déjà été utilisé par un autre membre de ma famille, ma grand'mère avait coutume de dire que j'étais "narreuse". J'avais toujours pensé que ça voulait dire "faire la difficile", en fait ça voulait dire "facilement dégoûtée" ; et maintenant que je le sais, je suis prête à endosser pleinement cette étiquette : oui, en matière de films, je suis vachement narreuse, comme fille. Les films d'action, moi ça me dégoûte. C'est pas le même dégoût que devant un film un peu gore, évidemment, mais c'est, disons, un dégoût intellectuel ; similaire à celui que je ressentais quand je tombais sur TFHein à l'époque où j'avais encore la télé, pour vous donner un repère. Il y a quelque chose qui me répugne dans les films d'action : l'impression qu'on nous prend pour de parfaits benêts uniquement capable de comprendre des one-liners à la con et des grosses explosions. Dans ce contexte, je ne pense pas m'avancer beaucoup en disant que la franchise n'est pas du tout faite pour moi. Trop narreuse (pis quand même, manger dans des couverts utilisés par quelqu'un d'autre, bah c'est dégueu, merde, famille ou pas famille). Alors bon, on va dire que Die Hard, on va passer.

NoSecretDiary-NoWay-Rashomon

Rashoumon - Dans le fond, je ne sais même pas pourquoi on dit que les gens ont un "talon d'Achille", parce qu'en réalité, tout le monde en a deux, des talons ; et moi c'est le cas, j'en ai bel et bien deux en matière de cinéma : les vieux films, et les films étrangers (nan mais en vrai, je connais l'histoire d'Achille, hein, c'est juste pour la blague). Ce qui est original, parce que je suis la première à bondir vers des séries étrangères, et pour tout vous dire je ne suis pas non plus à la traine lorsqu'il s'agit de mater une vieille série (tenez, hier aprem, je me suis fait le pilote de K2000 ; on déconne, on déconne, mais il a déjà 31 ans, ce pilote), mais il n'est plus à prouver que mes standards en termes de séries sont très différents de ceux qui sont les miens, ou qui, disons, commencent progressivement à être les miens, en matière de longs métrages. Et c'est d'ailleurs quelque chose que j'ai aussi envie d'interroger pendant le défi de cette année, et on y reviendra... Mais soyons clairs : un film de 1950 en noir et blanc tourné au Japon, c'est un énorme répulsif pour moi. Mais encore, bon, à la limite, je pourrais envisager de regarder un film nippon qui a plus d'un demi-siècle dans la poire, s'il ne s'agissait pas en plus d'un film en costumes. Je veux dire : y a-t-il UNE seule chose attrayante dans ce film pour la pauvre cinéphile en formation que je suis ? Alors bon, on va dire que Rashoumon, on va passer.

Répétons pour la forme que ce ne sont que des exemples, et qu'il y a d'autres films dans le même cas (ne serait-ce que ceux appartenant à la filmo de Jake Gyllenhaal, comme on a eu l'occasion de le dire dans la première partie ; c'est bon, j'ai vu ce que ça donnait, on n'y reviendra plus). Mais avec ces cinq-là, on a quand même une bonne vue d'ensemble des films que, bon, vous pouvez me suggérer, hein, on est en démocratie et tout, mais je les regarderai pas. Je vous le dis comme je le pense : ça n'arrivera pas. Au moins on joue franc-jeu !

Bon, et puis, j'avais dit "deux volets", mais en y réfléchissant, je me suis rendue compte qu'il y a une autre catégorie de films que vous ne trouverez jamais dans le Secret Diary. Il y en a plus, qu'est-ce que je fais, je vous le mets ?

26 janvier 2013

[DL] Divorce

En ce moment, le public néerlandais se prend de passion pour Divorce, une dramédie d'une quarantaine de minutes diffusée par RTL4 depuis la mi-décembre. La série suit, vous l'aurez deviné, des histoires de divorce ; plus précisément, il s'agit de trois hommes qui sont tous au milieu d'une séparation avec leur épouse, et qui décident de partager une maison le temps que leurs séparations respectives parviennent à leur terme. La série a été créée par Linda de Mol, également à l'origine de Gooische Vrouwen (diffusée en France sous le nom de Jardins Secrets).
Les audiences sont plutôt bonnes (les épisodes ont, jusqu'à aujourd'hui, attiré entre 1,3 million et 1,9 million de spectateurs), à plus forte raison parce que la série fait, le dimanche soir à 21h30, de meilleures audiences que son lead-in Ontvoerd, une émission de télé réalité. Ce qui fait que pour l'instant, seuls 6 épisodes ont été diffusés, mais la série est déjà renouvelée pour une saison 2 !

Bon, mais vous n'êtes pas là pour les chiffres, et d'ailleurs c'est samedi alors, hein, on va pas se prendre la tête ! Passons donc au générique lui-même.

Divorce
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Alors, je vous l'accorde, pour le spectateur français, le thème musical est un peu destabilisant, parce que nous l'associons à une autre émission... mais ça, les Néerlandais ne le savent pas.
Quand on dépasse ce petit inconvénient, on découvre que le générique de Divorce est quand même très réussi. Il pose d'emblée une ambiance sympathique et amicale, et rien qu'avec ce générique on devine que ces trois gars se sont trouvés de solides soutiens pendant leur divorce. Le générique accomplit aussi la prouesse de situer comme quasi-personnage la maison qu'ils partagent. Et par-dessus le marché, on a aussi droit à un résumé de leurs situations respectives (celui qui s'est fait plaquer, celui qui a quitté sa femme qui tente de le reconquérir, et celui dont les disputent tendent à indiquer que les torts sont partagés).
Bref, bonne ambiance et bonne remise en contexte : les ingrédients sont réunis pour un générique réussi. Tout ça en une minute, ce qui ne gâche rien à une époque où les génériques américains sont toujours plus courts: ça fait du bien.

Ce post a été programmé à l'avance... mais faites semblant de rien, et on se retrouve demain pour un post de première fraîcheur.

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25 janvier 2013

Ma préférence à moi

Ce soir, en discutant avec Thierry Attard, je me suis aperçue que je n'avais encore vu aucun épisode d'Une Nounou d'Enfer en 2013. Et que ça me manquait terriblement. Ni une, ni deux, je me suis emparée de mon coffret DVD (quand ils existent, autant en profiter...) et me suis rematé le premier épisode de la série.

Rassurez-vous, il ne s'agit pas ce soir de vous faire une review de l'épisode. Quoique, à la réflexion, je parle souvent d'Une Nounou d'Enfer, et rarement de ses épisodes. Bon, alors disons que je promets solennellement que, quand l'intégralité de la série sera sortie en DVD, je vous ferai des reviews d'épisodes. Voilà. C'est dit.

TheNanny

Mais revoir ce pilote que j'adore tant m'a aussi rappelé que je suis capable de qualifier Une Nounou d'Enfer de "série préférée" parmi quelques autres. Et que ce statut, finalement, ne se distribue pas à la légère. Dire qu'une série fait partie de mes préférées est un privilège qui, en fin de compte, est dur à obtenir.

Paradoxalement, j'aime énormément de séries, et j'ai des coups de coeur régulièrement. TRES régulièrement, soyons clairs. Je ne tiens pas de statistiques, mais je ne m'avance pas trop en disant que, à vue de nez, j'ai au moins trois ou quatre coups de coeur par mois, plus des séries que j'aime énormément à un instant donné, auxquelles il faut ajouter les séries que je suis depuis quelques années et que donc on peut qualifier de séries que j'aime, et ce sans compter mes "classiques" personnels que j'adore au-delà de leur annulation. Mais il y a en vérité une telle rotation dans tout cela, que je ne trouve raisonnable de qualifier de série préférée que très peu de ces séries (dont Une Nounou d'Enfer fait partie, donc).

Cette semaine je parlais de House of Lies sur Twitter, et j'avais envie de dire à quel point cette série me rend extatique, à quel point elle est la seule, en ce moment, que j'aie vraiment envie de suivre d'une semaine sur l'autre, si ce n'est ma seule raison de cagouler un épisode de façon hebdomadaire, et j'ai presque envie de dire, la seule série que j'ai vraiment envie de regarder en ce moment (les autres étant soit par habitude, soit par grignotage, soit par goût des pilotes), bref, qu'elle fait bondir mon coeur. Et c'est quand même la deuxième année consécutive que j'adore cette série avec tant de passion (comme en témoigne le tag de la série, et donc les posts précédents la mentionnant). J'avais envie de le dire, et je pense que le terme approprié dans ces conditions, objectivement, est que c'est ma série préférée. Même pas ma série préférée du moment mais, osons le dire, l'une de mes séries préférées tout court, parce que pour la téléphage volage que je suis, ressentir un tel enthousiasme sur le long terme pour une série est quand même assez rare. D'autant que j'ai remarqué qu'en général, quand j'ai aimé une série pendant sa première saison, les premiers épisodes de la deuxième sont cruciaux (j'ai abandonné plein de séries à ce moment-là : je reviens pour le 2x01, je traine la patte pour le 2x02, le 2x03 pourrit sur un coin de disque dur, et finalement j'abandonne). On verra dans quelques jours si ça me le fait pour House of Lies mais au train où vont les choses et vu mon excitation chaque semaine à l'idée de déguster un épisode le lundi soir, j'ai comme un gros doute. Oui, House of Lies a gagné ses galons.

Simplement, je ne suis pas capable de dire une phrase comme celle-là. Je m'en suis un peu étonnée : il n'y a normalement pas de problème à dire que ... est une de mes séries préférées. Pourtant ça m'est difficile à dire.

Ce n'est qu'à moitié étonnant : j'ai très peu de séries récentes dont je suis capable de dire qu'elles font partie de mes préférées, parce que généralement, dés que je le proclame, elles sont annulées (...au bout de la deuxième saison ! C'est une vraie malédiction).

Et puis dans le fond, sans même parler de mon cas particulier, il faut admettre qu'un téléphage a plus de facilité à dire d'une série qu'elle est sa préférée, ou qu'elle fait partie de ses préférées, si elle est achevée et appartient à son passé. On a tous une série par laquelle on est venus à la téléphagie, par exemple, qui bénéficie de ce statut intouchable et quasi-divin, envoyez la musique céleste, faites planer les angelots, c'est LA SERIE PREFEREE. Mais une partie de ce statut est dû à la nostalgie, au parfum de découverte, aux premières fois, et au fait qu'aucun nouvel épisode, aucun inédit, ne pourra entâcher le souvenir qu'on a de la série.
C'est la raison pour laquelle il est tellement plus facile pour moi de dire qu'Une Nounou d'Enfer, ou SPACE 2063, ou Pushing Daisies (...quoique pour moi, il y a encore un inédit de Pushing Daisies) sont quelques unes de mes séries préférées.

Le statut de "série préférée" (qui en réalité est loin d'être toujours un singulier) est différent du "top 10" d'un téléphage. Il y a d'excellentes séries qui sont dans mon top 10 (ou plus raisonnablement, mon top 200, parce que ne choisir que 10 séries avec tout ce que j'ai vu, c'est impossible), et qui ne compteront jamais comme une "série préférée".
La série préférée ? C'est une sorte de summum émotionnel, un lien presque intime, que rien ne peut jamais défaire. Pas étonnant qu'on ne le donne pas à la légère.

Mais d'un autre côté, la perspective de me dire que je ne serai vraiment capable d'admettre que telle série est l'une de mes préférées qu'une fois qu'elle sera annulée est aussi particulièrement triste à imaginer...

24 janvier 2013

5 films que vous ne trouverez pas dans le Secret Diary... (Part. 1)

Vous le savez, j'ai décidé de me remettre sérieusement aux films (tout est expliqué ici pour ceux qui ont loupé le début). Vous avez été nombreux à me soumettre des suggestions, parmi lesquelles je passe régulièrement pour faire mon marché, selon l'humeur du moment.
Très important, l'humeur, pour tenir la distance pendant un challenge annuel...

Et ainsi, je continue d'ajouter des films vus dans le Secret Diary of a Secret Cinephile, et progresse dans mon défi.

Cependant, il y a des films que je n'ajouterai pas à mon tableau de chasse. Jamais. Parfois, certains sont mentionnés dans les recommandations, d'ailleurs ; en fait je me sens assez mal quand je vois que vous me les recommandez chaleureusement alors que je n'en pense pas forcément du bien.
Et puis, dans le Secret Diary, voyez-vous, je me suis rendue compte que par définition, je ne parle que des fois où j'ai réussi le défi de découvrir un film nouveau. Mais tous les visionnages ne finissent pas en happy end, avec votre serviteur cherchant frénétiquement une affiche à peu près décente sur internet et la rédaction d'une bafouille pour immortaliser l'effort accompli. Il y a aussi tous les films qui, eux, n'en auront jamais l'insigne honneur ! Oui enfin, bon.
J'ai donc décidé de vous parler de quelques uns de ces films recalés (évidemment pas tous) ; et ce, en deux volets.

Ce soir :
5 films que vous ne trouverez pas dans le Secret Diary...
parce que je les ai déjà testés

Il est de notoriété publique en effet que je ne me force jamais à aller au bout d'un pilote s'il ne me convainc pas, ou si, pire, il me révulse totalement. Eh bien il en va de même avec les films ; comme l'une des règles du challenge est de voir le film en intégralité, et que j'ai interrompu leur visionnage avant la fin, ces films n'ont donc pas été ajoutés à la liste des films vus. Et au point où on en est, je peux bien vous le dire : vu ma réaction en les voyant, je ne les finirai jamais.

Voyons donc le profil de 5 des films dans cette situation. Veuillez prendre note que quelques spoilers peuvent, néanmoins, s'être glissés dans ce post.

NoSecretDiary-PasFinis-LordoftheRings

The Lord of the Rings - Bon, on commence fort avec non pas un film, mais carrément une trilogie, comme ça c'est fait. Peu attirée par la fantasy, j'avoue n'avoir jamais trouvé une seule bonne raison de me mettre devant les films. Mais quand il a été clair que j'allais vouloir regarder The Hobbit à cause de Lee Pace (on se souviendra qu'à cause du même animal, je me suis envoyé des films comme Marmaduke ou 30 Beats, hein, merci pour rien), je me suis dit que pour Noël 2011, ce serait peut-être une bonne idée de s'atteler à la tâche. J'ai tenu en tout et pour tout 22 minutes devant le premier volet. Et quand je dis "tenu", je n'emploie pas le terme à la légère : j'étais incapable de me concentrer sur l'histoire, les personnages, rien. Pour résumer mon état d'esprit, je n'en avait rien à faire. Mais alors, rien de rien. Rien à péter. Alors j'ai finalement arrêté les frais, et je me suis dit philosophiquement que, hm, bon, de toute façon, The Hobbit était le prequel, alors je n'avais pas besoin d'avoir vu The Lord of the Rings. Ouais, je suis moyen honnête avec moi-même certains jours, mais on s'arrange. Ok, The Lord of the Rings, on oublie.

NoSecretDiary-PasFinis-Prometheus

Prometheus - Celui-là est tout récent, ça s'est déroulé il y a pas quinze jours (je l'ai raconté sur Twitter, mais tout le monde n'est pas sur Twitter) ; j'étais tranquillement en train de remonter la filmographie de Charlize Theron (en partie parce que je cherchais désespérément un rôle où elle ne soit pas antipathique ; entre parenthèses : pour l'instant c'est l'échec), quand tout d'un coup je tombe sur le titre de ce film et je me dis : "ah ouais, c'est un gros truc ça, même moi j'en ai entendu parler". Parce que parfois, il y a des titres de films que je mémorise, quand bien même je n'ai pas vu l'ombre d'une image et moins encore d'un trailer. Bon, bah écoutez, vu le nom, ça ne peut pas être inintéressant, pas vrai ? Ah mais je confirme, le début du film est intéressant. J'aurais dû commencer à me poser des questions au bout de 38 minutes quand j'ai vu ce plan, mais non, même pas. En réalité, il m'a fallu très exactement une heure pour comprendre que le film que je regardais avait un rapport avec la franchise Alien. J'ai pris mes jambes à mon cou et n'y suis jamais revenue. Je ne suis pas fan de scènes gore et pour moi, l'arrachage de bras a été le déclencheur ; ce n'est pas que c'était trop violent pour moi, c'est surtout que je me suis dit que là, la bestiole n'en était qu'à sa première victime et que ça n'allait certainement pas aller en s'arrangeant. Ok, Prometheus, on oublie.

NoSecretDiary-PasFinis-Brothers

Brothers - Au juste je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai lancé ce film. Je crois que pendant mon premier défi, j'avais vu V for Vendetta, et je pensais m'enfiler un film avec Nathalie Portman, quelque chose de ce genre. J'avais oublié deux choses. Deux choses qui pourtant devraient être impérativement rappelés à mon souvenir quand je prospecte pour des tentatives de visionnages, qu'il s'agisse de film ou de série. Règle numéro 1 : pas de romance. Jamais de romance. Ca m'excède, ça m'agace, je soupire nerveusement, je commence à me faire les ongles ou à discrètement récupérer un magazine qui traine, bref, je n'ai aucune patience pour ce genre d'histoires, ou alors faut vraiment que la fiction ait d'autres qualités rédemptrices par ailleurs (comme le notable exemple de Pushing Daisies le montre bien). Mais, plus important encore, il y a la règle numéro 2. Pas de film avec Jake Gyllenhaal. Jamais. Ca sert à rien d'insister. Ce mec me met de mauvaise humeur rien qu'à voir sa tronche d'ahuri bossu, je ne le supporte pas et je le trouve plus arrogant qu'autre chose, alors que franchement, il ne me frappe pas comme un immense artiste. Au bout d'environ un quart d'heure, je trépignais comme une furie par la combinaison "romance tragique" et Gyllenhaal. Ajoutez à cela le côté opportuniste/patriotique de l'affaire et j'aurais pu égorger quelqu'un. Ok, Brothers, on oublie.

NoSecretDiary-PasFinis-EternalSunshineoftheSpotlessMind

Eternal Sunshine of the Spotless Mind - Ca commençait pourtant bien. Un film sur lequel je n'avais pas l'ombre d'un a priori négatif ! Pas de soucis avec le cast. Bonne réputation, si ce n'est excellente... Que pouvait-il arriver ?! Bon, oui, si. Il y avait ce léger détail. Mais si. Vous savez bien. Oui, voilà : la règle numéro 1. Une romance tragique ? Même si on était loin de tomber dans la plupart des clichés accumulés par les films du genre, Eternal Sunshine of the Spotless Mind n'avait pas non plus la thématique la plus fascinante au monde à mes yeux. Je crois que j'aurais énormément apprécié que l'effacement ait concerné autre chose qu'une relation amoureuse, ç'aurait été vraiment fascinant pour moi. Mais plus le film progressait, plus je trouvais peu original de se rabattre, encore et toujours, sur la question de l'amour. Fait rare dans cette liste, ce n'est pas au début du visionnage que j'ai jeté l'éponge, mais à seulement 20 minutes de la fin. JE SAIS ! Je sais, mais je n'en pouvais plus. Ca fait quelques années maintenant... à la rigueur je pourrais peut-être redonner au film une seconde chance, mais le problème, c'est que je me vois mal le faire, justement, pour à peine 20 minutes d'inédit. Ok, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, on oublie.

NoSecretDiary-PasFinis-ImaCyborg

I'm a Cyborg, but that's OK / Ssaibogeujiman Gwaenchanha - C'était en 2010, pendant le premier volet du défi cinématographique. Déjà à ce moment-là, j'avais résolu d'essayer de ne pas regarder que des films américains. Et d'ailleurs, je regardais déjà plein de fictions japonaises et, dans une moindre mesure, sud-coréennes : how hard could that be ?! J'ai donc pris un film au hasard dont j'avais entendu quelques petites choses plutôt positives et, sans même lire le pitch, m'étais jetée dans le grand bain, sûre de pouvoir nager. J'ai donc coulé à pic. L'ambiance étrange du film a eu raison de moi au bout de quelques minutes. J'avais l'impression de débarquer dans un film où tout le monde était dans la confidence, sauf moi, quant aux enjeux et au contexte. Il est vrai que je n'ai pas fait preuve d'une grande patience : moins de 10 minutes après avoir lancé le film, j'ai abdiqué. C'est entre autres à cause de cette expérience que je vais regarder au moins un film asiatique ce mois-ci (je termine d'en sélectionner un et je suis parée), histoire de me mettre un coup de pied aux fesses. Non que je sois restée sur un échec : l'année suivante, j'avais vu Battle Royale avec succès. Enfin, succès... si on appelle une boule au ventre de trois jours un succès. Mais à choisir, je préférais encore le massacre à l'étrangeté vaguement mièvre (oui parce que j'ai de grandes suspicions de règle numéro 1, en plus). Ok, I'm a Cyborg, but that's OK, on oublie.

Bon alors, allez-y, jetez-moi des cailloux, je sais. Choisissez votre réponse, au choix : "tu aurais dû insister, tu aurais vu que la dernière scène est géniale !" (cette phrase est la lointaine cousine de "ça s'améliore ensuite... pendant la saison 4" pour les séries) ou "pourtant c'est un classique !", je me suis faite à l'idée, en commençant ce post, que vous alliez me blâmer pour mon manque d'efforts.
Eh, après tout, j'ai jamais prétendu qu'il était facile d'acquérir un minimum de culture cinématographique, hein.

Si je survis au lynchage, on se retrouve très vite pour un deuxième volet de cette série de posts.

23 janvier 2013

Du bleu pour les filles

Avec un petit effort de mémoire (ou d'imagination, selon votre âge), vous pouvez peut-être vous souvenir ce que c'était que de ne pas être complètement innondé de séries policières. Je vous l'accorde, ça exige une petite gymnastique intellectuelle de nos jours, mais je suis sûre que vous pouvez le faire. C'était une époque pendant laquelle on n'avait pas encore atteint le stade où on a l'impression d'avoir tout vu ; mais avec l'année 2000, ça allait changer.
La première semaine d'octobre 2000 a vu apparaitre sur les écrans américains la série Les Experts ; une équipe dédiée à une seule tâche, trouver LA preuve qui permettra de confondre les criminels chaque semaine, tout cela sous une profusion de filtres colorés. Eh bien figurez-vous que, la première semaine d'octobre 2000 a également vu apparaitre, cette fois sur les écrans danois, une série répondant étrangement à la même description : Rejseholdet. C'est de cette dernière dont nous allons parler ce soir, puisque je viens d'en regarder le pilote.

Rejseholdet

Les ressemblances entre les deux séries ne s'arrêtent pas à la description succincte que je viens d'en faire. Comme Les Experts, Rejseholdet emploie un procédé un peu tordu pour à la fois présenter son contexte et y apporter presqu'immédiatement un élément perturbateur, à savoir la mort d'un membre de l'équipe ; sauf qu'ici, c'est le chef de l'unité, Torben Rønne, qui va être retrouvé mort.

Promue par le concours de circonstances à sa place, Ingrid Dahl, une inspectrice jusque là en charge des affaires internes, va prendre la tête des opérations afin de comprendre ce qui s'est passé et trouver le responsable. Elle doit naturellement faire face aux réactions de l'équipe de Torben, lesquels n'accueillent pas tous son arrivée de la même façon, et ce avec d'autant plus de difficultés qu'ils doivent aussi faire le deuil de leur patron ; mais Dahl va aussi découvrir qu'elle va devoir composer avec son supérieur Ulf Thomsen, qui très sincèrement ne la voyait pas pour ce poste et auquel la directrice de la police a légèrement forcé la main.
L'enquête va suivre son cours de façon assez "classique" (ce n'était peut-être pas forcément aussi classique il y a douze ans, mais le téléphage d'aujourd'hui aura du mal à en être tout-à-fait convaincu...), avec la structure habituelle : il y a une piste/c'est une fausse piste/une nouvelle piste/confession. Emballez, c'est pesé.

Pourtant, derrière les apparences peu originales de Rejseholdet, se cache un pilote qui a beaucoup à dire... mais pas sur son intrigue policière. Une grande partie de l'épisode sera en effet consacrée à suivre les relations d'Ingrid Dahl avec ses collègues et sa hiérarchie. Mais on n'est pas dans la figure classique du flic-contre-tous, par exemple. Rejseholdet s'est choisi un thème bien spécifique pour son épisode inaugural.

Au début de l'épisode, Torben et son équipe reviennent d'un déplacement, et s'apprêtent à célébrer une énième enquête couronnée de succès. On découvre d'entrée de jeu combien l'atmosphère y est à la fois joviale (ils sont contents d'avoir résolu leur affaire, normal) et extrêmement violente et sexiste. Torben et Ulf échangent des blagues pas franchement fines en sa tapant l'épaule, on ironise sur la vie conjugale des uns, et ainsi de suite. L'atmosphère est visiblement très joviale, mais aussi plutôt virile, en dépit de la présence au sein de l'unité d'une jeune femme blonde qui, dés qu'elle ouvre la bouche, est renvoyée dans ses cordes comme par habitude ("tu devrais pas être en train de te faire les ongles ?"). Tout cela sous le regard d'Ingrid, qui a croisé tout le monde dans le parking, et qui jette sur cette dynamique un regard navré.
La façon qu'a cette scène d'exprimer un sexisme très ordinaire, sous les yeux d'une femme qui n'est ni blasée ni vraiment révoltée par ce qu'elle entend (ce qui m'a d'ailleurs un peu rappelé, même si c'est en fait anti-chronologique, Koushounin), est en réalité à la racine des meilleures scènes de l'épisode.

Le pilote de Rejseholdet va en effet se faire fort de répéter régulièrement ces ingrédients tout au long de son intrigue ; par exemple, Ingrid décrochera le poste parce que la directrice de la police a suggéré son nom à Ulf. Discrimination positive ? C'est ce que suspecte Ulf, lequel proteste qu'il ne voit pas son équipe travailler sous les ordres d'une femme ; la directrice ne confirmera ni n'infirmera son intention, mais notera qu'il est grand temps qu'une femme ait cette responsabilité ; clairement, le fait qu'Ingrid soit une femme n'est anodin pour personne, dans un sens comme dans l'autre. Le fait qu'elle ait eu la promotion au lieu du second de Torben devrait être un facteur aggravant, au moment de son arrivée dans l'équipe, mais l'épisode va au contraire se défausser rapidement de cette piste pour explorer plutôt la question des genres.
Au cours de l'épisode, Ingrid explicitera toute la problématique qui se cache derrière son accession au poste : "je veux être promue pour mes qualifications, non mon genre". Le soucis c'est que son genre est aussi précisément ce qui empêchait Ulf de la considérer sérieusement pour ce poste, en dépit de ses qualifications... Rejseholdet semble bien décidée à explorer cette question, et s'en tirera plutôt bien dans un pilote qui a aussi pour vocation de mener une enquête de bout en bout, plus, bien évidemment, l'exposition de ses personnages (même si certains seront mieux servis que d'autres à ce stade).

Toute la question est de savoir si cet axe sera également exploité par les épisodes suivants ; j'avoue qu'à ce stade, j'ai l'impression qu'une telle énergie a été consacrée à ce thème dans le pilote, qu'il semble difficile de nier que Rejseholdet a l'intention de questionner divers problématiques féministes (on aura aussi, plus brièvement, droit à un questionnement sur la façon dont Ingrid peut concilier sa vie professionnelle et sa vie de mère), mais je vois mal, d'un autre côté, comment il peut être possible d'aborder le sujet sans tomber dans la redite de ce qui a été dit dans le pilote. Ca m'intrigue vraiment.

Mais heureusement que cet aspect des choses m'intéresse, parce que pour le reste, Rejseholdet n'est pour l'instant pas d'une folle originalité sur un plan strictement policier.
Il faut aussi ajouter que, si j'ai dressé une comparaison avec Les Experts, elle n'a absolument pas lieu d'être étendue à la question budgétaire : clairement, la série danoise est sur un budget serré. On peut d'ailleurs la comparer à des séries danoises (ou scandinaves en général) plus récentes, et voir le chemin parcouru en une dizaine d'années en termes de production value ! C'est édifiant... Malgré quelques efforts de camera, on sent quand même que Rejseholdet n'est pas exactement un bijou de réalisation, et certaines performances d'acteurs sont d'ailleurs à l'avenant.

Mais qu'importe. J'apprécie que la série ait eu envie de dire quelque chose, de ne pas simplement se consacrer à ses enquêtes policières, d'avoir un sujet. Le fait que ce sujet soit le féminisme (ou semble l'être) ne gâche évidemment rien à mes yeux, mais Rejseholdet pose plus de questions qu'elle ne semble y répondre sur ce sujet de toute façon.
Vu mon aversion envers les séries policières en général, et à plus forte raison si elles sont procédurales, je ne vais sans doute pas finir en quelques jours mon coffret de Rejseholdet nouvellement reçu. Mais je suis contente d'y découvrir un angle dramatique qui la rendra plus facile à regarder. N'hésitez pas à y jeter un oeil... à ce stade de mon visionnage, je trouve que Rejseholdet a l'air bien partie pour mériter ses deux International Emmy Awards !

22 janvier 2013

Comme chiens et chats

Pendant que le pilote de Saki pourrit sur un coin de disque dur (j'ai un mal fou à aller au bout de ce truc, c'est particulièrement insupportable), j'ai trouvé le moyen de regarder le pilote d'une série asiatique un peu différente de l'ordinaire.
Japon ? Non. Corée du Sud ? Non. Hong Kong, les amis. C'est une première. Je vous invite à partager cette première fois avec moi.

Je dois cependant préciser que, exceptionnellement, je ne vais pas employer son titre original, parce que je ne trouve la série que sous son titre 老表,你好嘢! (que j'ai, hm, comment dire, un peu de mal à prononcer là tout de suite), ou alors dans une version anglophone intitulée Inbound Troubles, qui en réalité n'a pas l'air d'une traduction fidèle parce que je vois le terme "ni hao" (bonjour) dans le titre original, on ne me la fait pas. Vous connaissez sûrement mon aversion profonde envers les titres anglophones sortis d'on ne sait où, une véritable épidémie qui touche plusieurs pays asiatiques (curieusement, le Japon est généralement dispensé de ces atrocités, ce qui prouve bien que ces traductions intempestives de titres sous couvert de la barrière de la langue n'ont aucun sens), et qui me pousse à systématiquement employer le titre original quoi qu'il arrive, quel que soit le pays dont il est question.
Dans ce cas précis pourtant, faute de mieux, je parlerai donc d'Inbound Troubles, mais si quelqu'un peut m'aiguiller sur la prononciation du titre original, je lui en serai infiniment reconnaissante et uploaderai comme tribut de ma reconnaissance  le pilote d'Intersexions (ah zut, c'est déjà fait). Bref.

InboundTrouble

Alors, Inbound Troubles, de quoi s'agit-il ? Eh bien c'est une comédie en 45mn dans laquelle deux cousins qui ne se sont jamais rencontrés vont devenir copains comme cochons.
Mouais. Je vois bien à vos têtes circonspectes que vous commencez à vous demander comment j'en suis arrivée à regarder Inbound Troubles pour mon dépucelage en matière de séries hongkongaises. C'est là que ça commence à devenir intéressant... mais je vous préviens, pour en arriver à cette explication, il va vous falloir vous armer de patience pendant quelques paragraphes.

Lancée lundi dernier, Inbound Troubles a la particularité de mettre en avant l'opposition entre les habitants de Hong Kong et ceux du "mainland", c'est-à-dire la Chine métropolitaine. Or, les deux populations, pourtant supposées appartenir à la même patrie depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni, se regardent en chiens de faïence depuis un bon bout de temps. La série, tirant partie de cette opposition historique et attisant de nombreuses rancunes réciproques, n'a pas exactement choisi un thème propre à oeuvrer pour la paix des ménages. En fait, osons le dire, Inbound Troubles met les pieds dans le plat quand il s'agit du fossé culturel qui sépare les uns des autres.

L'épisode s'ouvre ainsi sur un bus touristique remplis de mainlanders venus passer quelques jours de vacances à Hong Kong. Ce sont des clients fortunés, et ils sont là pour dépenser de l'argent, à plus forte raison parce que le capitalisme, pour eux, c'est follement exotique. Le guide touristique, Ka Yee, entend bien n'en pas louper une miette, et se fait une joie de leur présenter les hauts lieux de la consommation hongkaise, leur détaillant par le menu tout ce qu'ils vont pouvoir acheter, du plus vital au plus inutile, en fait, surtout l'inutile. Ka Yee est un homme particulièrement habile dans son domaine, le roi de la brosse à reluire, le maître incontesté de la langue râpeuse dans le bas du dos, et par-dessus le marché, il connait son sujet sur le bout des doigts et fait même mieux que les vendeurs des magasins visités. Son objectif : récupérer un maximum de pourboires et s'en mettre plein les fouilles, et plus généralement, soutirer le plus possible d'argent à ces idiots de mainlanders.
Ouvrir le pilote là-dessus, il fallait oser, d'une certaine façon. Tout le monde en prend pour son grade : Ka Yee est obséquieux au possible, mais n'hésite pas à pipeauter ses riches voyageurs (bien aidé par l'agent du bureau de change qui, expliquant que 100 yuans équivalent à 120 dollars HK, et que donc, oui, tout est 20% moins cher à Hong Kong ! Bon alors je suis pas fortiche en maths mais ça me semble un peu bancal... N'empêche que ça marche : "oh mais alors, votre salaire est seulement à 80% à Hong Kong ?", lui demande une cliente. "Oui", répond Ka Yee d'un air piteux, "et c'est pour ça qu'on a besoin que vous stimuliez notre économie !". Tous les mainlanders d'opiner d'un air à la fois supérieur et apitoyé, l'une d'elle ponctuant même "faisant une faveur à nos compatriotes, achetons plus !". Bien joué, Ka Yee. Et même, bien joué, Hong Kong. Ca sent l'effort collectif.
On a donc d'un côté les abrutis, et de l'autre les menteurs effrontés. Beau tableau en vérité.
Ca ne va pas s'arranger.

Outre les tribulations de Ka Yee (qui est fiancé à une épouvantable jeune femme qui lui fait la misère uniquement parce qu'elle veut qu'il lui achète un sac de grand couturier parce que, je cite, "je suis une femme, après tout !", retenez-moi je vais devenir violente...), Inbound Troubles suit les aventures d'un jeune mainlander, Sun, qui, au nez et à la barbe de son richissime père, fait l'école buissonnière afin de venir passer une journée à Hong Kong. Il est d'une naïveté confondante, qui n'a d'égale que son ignorance quant à la vie à Hong Kong ; il fait une belle prise de 3 ou 4 PV en moins de 5 minutes d'épisode, dont un pour avoir fait tomber une boulette de viande dans la rue... et au comportement des flics successifs qui lui collent un PV, on sent bien qu'il est un peu un pigeon facile et que la plupart de ces PV lui ont été adressés parce qu'il est justement un touriste. Mais pour lui, tout est magnifique est intéressant : c'est sa première fois en ville tout seul. Que vient faire Sun dans ce piège à touristes ? Il veut se présenter à une audition de chant... Il serait perdu sans son smartphone, il ouvre de grands yeux devant tout, et chaque fois qu'on lui fait une remarque sur la vie à Hong Kong (ou qu'on lui adresse un PV), il s'excuserait presque, propose toujours de faire marche arrière, et répond avec une catchphrase : "harmonie, harmonie... vivre et apprendre" qui traduit à la fois son attitude très zen... et la raison pour laquelle il est si facile à berner.

Comme Inbound Troubles est une comédie, je vous passe les tribulations qui font passer à l'un et à l'autre une bien mauvaise journée. Ce n'est pas toujours drôle, d'ailleurs, au sens où je découvre n'avoir pas un humour très hongkongais visiblement...
A ces deux protagonistes, encore faut-il ajouter un personnage féminin, oui quand même, celui d'une jeune femme au caractère bien trempé, qui travaille dans un service d'aide aux immigrés (comprendre : immigrés du mainland qui s'installent à Hong Kong), et qui aide les pauvres mainlanders souvent abusés par des Hongkongais sans scrupules, qu'elle guide également dans leur installation et/ou leur recherche d'emploi. Bref, elle est Hongkongaise, mais plus proche des mainlanders, ce qui lui offre une vue imprenable sur la situation qui oppose régulièrement les deux communautés.

Car vous l'aurez compris, l'opposition entre mainlanders et natifs de Hong Kong est en filigrane de tout l'épisode. C'est comme ça que j'ai, en fin de compte, entendu parler d'Inbound Troubles plus que des autres séries diffusées à Hong Kong en ce moment : parce que la chaîne TVB, qui la diffuse, a reçu au sujet de la série de nombreuses plaintes. Et en Asie, les plaintes des spectateurs, on prend ça très sérieusement, même quand il n'y en a qu'une poignée.
C'est d'ailleurs le cas ici. Le premier épisode a, d'après ce que je lis, récolté une dizaine de plaintes... alors que la série a d'emblée totalisé d'excellents scores (là bas on parle uniquement en points d'audience, je découvre avec vous), à savoir 31 points en moyenne sur le premier épisode (avec un pic à 33). Là comme ça, ça ne nous parle pas, mais la série précédente dans la même case horaire, pourtant un honnête succès, avait plafonné à 27 points. Alors vous comprenez bien que 10 plaintes, statistiquement, ce n'est rien. Mais ça signifie beaucoup quand même.
Le plus intéressant est en réalité dans l'objet de ces plaintes. Car on y trouve des spectateurs qui se sont plaints que la série brossait un portrait péjoratif des mainlanders... et autant de spectateurs qui se sont plaints que c'étaient les Hongkongais qui en prenaient pour leur grade. En fait, pour la première fois, les mainlanders et les natifs de Hong Kong semblent d'accord sur une chose : Inbound Troubles fâche.

Cela va encore empirer vers la fin du pilote, quand Ka Yee et Sun, à leurs corps défendants, vont se retrouver pris dans une manifestation devant un magasin de luxe. Ka Yee fait la queue pour le sac à main de sa fiancée, Sun a bêtement suivi un groupe de jeunes gens qui veulent chanter et qui l'ont entraîné avec eux, et en fait le groupe en question chante des slogans protestataires devant la boutique ! C'est alors que les mainlanders qui faisaient la queue s'énervent (eh oui, quel Hongkongais aurait l'idée d'acheter un sac à main hors de prix ?) contre les Hongkongais qui manifestent, et que chaque groupe s'invective en s'envoyant à la figure les pires préjugés sur l'autre groupe ; tout cela finit avec Ka Yee et Sun qui sont mis face à face pour s'invectiver à leur tour, Ka Yee faisant semblant d'être un mainlander, et Sun un Hongkongais dans le feu de l'action. Vous suivez ? Bah vous ptet pas, mais les spectateurs d'Inbound Troubles n'en ont pas perdu une miette. La polémique fait depuis rage au sujet de la série... mais ses audiences continuent d'être au beau fixe, à toute chose malheur est bon !

Alors si, qualitativement, Inbound Troubles n'est pas franchement une grande série (j'irai même jusqu'à dire que jamais je n'ai eu autant de mal avec le jeu de TOUS les acteurs d'une série comme ici !), sur le fond, la série met vraiment dans le mille. On y parle d'immigration, un peu ; d'économie, beaucoup ; de différences en apparences inconciliables, en filigrane. Qu'une comédie aussi ratée sur le plan de... la comédie, soit capable de mettre parfaitement en relief ce genre de problématique sociétale, ça laisse songeur, en fait. Si comme moi vous aviez la conviction qu'un propos intelligent s'accessoirise généralement avec une forme intelligente, vous allez voir vos certitudes bousculées par ce premier épisode.

Bon, cependant, pas de regret. Je suis bien plus attirée par une série qui parle d'un sujet intéressant, que par une comédie réussie (et ça tombe bien, Inbound Troubles a tous les symptômes de la première catégorie, et aucun de la seconde). Et, soit dit en passant, c'est quand même toute la richesse des voyages téléphagiques. Cela dit, en France, on peut tenter la même chose avec des métropolitains et des Corses, à la limite...

Et pour ceux qui sont intéressés par le pilote avec sous-titres anglais : tirez la bobinette, et le lien cherra.

21 janvier 2013

Les années 90 ont appelé, elles veulent qu'on leur rende Banshee

En ce mois de janvier, pour le moment, l'Amérique ne nous a donné qu'assez peu de pilotes enthousiasmants. Attendez, je m'avance peut-être un peu, laissez-moi consulter les derniers posts mis en ligne... Legit, Second Generation Wayans ? Non, c'est bien ce que je disais.
Mais whisperintherain et moi-même n'allons pas nous laisser abattre (...pas vrai, whisper ?), et voici aujourd'hui une nouvelle review de pilote, vaillamment écrite en bravant le froid, la neige, et l'ennui.

Banshee

Comme dans les parages, on essaye de ne pas être sexiste, je ne vous dirai pas que Banshee est une série sévèrement burnée. Mais il ne fait nul doute qu'elle a été pensée comme ça, en tous cas. Le public de Cinemax n'étant apparemment pas d'une grande finesse, il fallait apparemment que quelqu'un, Alan Ball pour ne pas le citer, se dévoue pour leur traduire Justified ou même Longmire pour mal-comprenants.

Pas de méprise : Banshee n'est pas une odieuse merde. Au contraire, il y a deux-trois relatives bonnes idées, tout bien considéré. Mais clairement, l'innovation n'était pas dans son cahier des charges. Par contre, les charges de C4, si.

Tout commence avec la sortie de prison d'un mec qui ressemble à s'y méprendre à l'enfant illégitime de Chris Pine et Scott Speedman. Visiblement avare de ses mots, il fonce ni une ni deux dans le salon d'un... est-il supposé être un ami ? Est-il supposé être travesti ? Est-il supposé avoir du goût ? Ce n'est pas clair. Notre homme n'a en tous cas qu'une idée en tête : trouver une adresse, qu'apparemment l'autre essaye de lui cacher. Et bien que notre ami travesti de bon goût (ou pas, d'ailleurs, vu qu'il s'appelle Joe) tente de l'en décourager, c'est sans effet sur notre héros qui décide donc de prendre la route et rejoindre ladite adresse, qui, apprend-on, est celle d'une femme. Mais à peine se met-il en chemin qu'il est suivi par deux hommes étranges qui tentent de l'en décourager à leur tour, sauf que eux, c'est en lui tirant dessus. S'en suit une course-poursuite au centre-ville avec explosion de bus et tout le tralala. Heureusement, notre héros en réchappe et taille donc la route.
L'air de rien ça doit bien faire 10 minutes qu'on regarde Banshee, et on ne sait rien du personnage principal, surtout qu'il n'a ouvert la bouche que deux fois (le reste du temps, son visage est plus qu'impassible, et il s'exprime en martyrisant du matériel informatique ou en volant une moto). Si quelqu'un a dit son nom à voix haute, je ne l'ai pas entendu. Et surtout, on n'a pas la moindre idée sur la personne qu'il veut trouver, ni pourquoi, ni du coup pourquoi on veut l'en empêcher, ni même pour quoi il vient de faire de la prison.

Inutile de préciser qu'à ce stade, on comprend qu'on est là pour les explosions et les yeux fixes de Chris Speedman, et ça s'arrête là. Autant se faire une raison.

FAUX ! C'est quand Scott Pine arrive dans le bled paumé de Banshee en Pennsylvanie, en plein pays Amish, que les choses commencent à devenir intéressantes. Et pas que parce qu'on est en pays Amish (mais ça joue).
Après avoir tenté de retrouver la femme qu'il cherchait avec tant d'énergie au début du pilote, dont on comprend qu'il l'a aimée et qu'accessoirement il lui a laissé une petite fortune en diamants qu'ils ont volés ensemble (ah, c'est bien, ça répond à une question du pilote, déjà), sauf qu'elle ne les a pas et que, oh oui, il y a un détail aussi, elle s'est mariée pendant qu'il était en prison et a eu deux enfants.
Retour à la case départ, donc, pour notre ténébreux héros apathique, qui va donc noyer sa déception dans un bon whisky, comme un vrai homme. Mince, c'est vrai, on avait dit pas de sexisme. C'est dans le bar pouilleux du coin qu'il va rencontrer un vieux Afro-Américain, dont l'interprète ne doit son emploi qu'au fait que Morgan Freeman n'était pas tellement dans la bonne fourchette de prix de Cinemax.
C'est donc là que les choses se précisent car deux vilains méchants font irruption dans le troquet pour en racketter le patron, au nez et à la barbe de Scott Pineman et d'un autre client présent sur les lieux, le futur shérif de Banshee (mais il commence seulement lundi). S'en suit une nouvelle scène de baston où Chris Speedine se comporte en héros (même s'il le fait sans cligner une seule fois des yeux, parce qu'on lui a dit qu'il les avait beaux comme des pectoraux), et du coup, voilà notre brave type en train d'enterrer secrètement le cadavre du futur shérif... quand le téléphone du défunt sonne : c'est juste pour vérifier si tout va bien et s'il est prêt à prendre son poste ! Toujours sans ciller (c'était visiblement dans son contrat), notre ancien détenu va donc accepter d'endosser le rôle du shérif, prenant l'identité de Lucas Hood. OH MON DIEU CA Y EST IL A UN NOM ! Bon c'est pas le sien, mais ça aide quand même pour les reviews.

Grâce à ce léger mouvement de scénario qui prend un peu par surprise ceux qui piquaient du nez en pensant qu'il n'y aurait que des scènes d'action, Banshee sauve légèrement la face. Lucas Hood va donc devoir se faire passer pour un homme de loi, évidemment il prend ses fonctions dans la ville où vit son ex et les enfants que soi-disant elle a eu bien après qu'il ait été en prison (mais bien-sûr !) et où elle vit avec son mari, tout en mettant à profit ses compétences et connexions avec un monde pas très recommandable (dont Joe le tranvesti, qui a un collier qui envoie du bois, je vous laisse découvrir ça, mais qui surtout est capable de lui faire toutes sortes de faux-papiers pour qu'il devienne officiellement le vrai Lucas Hood). Tout cela en gardant à l'oeil le Tony Soprano local, un homme détestable qui s'appelle Proctor et qui tient en respect toute la ville de Banshee avec quelques hommes de main peu recommandables, tout en étant le plus affable possible avec chacun. La seule personne qui à ce stade connait le secret de Lucas Hood est ce bon vieux succédané de Morgan Freeman, qui ne va pas le trahir parce qu'il a aussi fait de la prison avant et qu'il comprend. Et par-dessus le marché, il est cherché par la mafia bulgare.
Si avec tout ça, Banshee vire au bête procedural, franchement, je plaque tout et je pars faire du fromage de chèvre dans le Larzac...! Forcément le Larzac.

Bon, clairement, Banshee n'a pas inventé l'eau chaude. J'aurais presque envie de dire qu'elle ressemble bigrement à une série des années 90, genre Le Rebelle, ce que tendent à confirmer les scènes de baston, l'épaisseur du personnage principal, et les choix esthétiques de Joe. Mais grâce à l'emprunt d'une fausse identité par son héros, les questions autour de son ex (qui, ah oui je vous ai pas dit, est mariée au procureur du coin ; joie) et potentiellement de sa marmaille, et les rapports avec Proctor, Banshee promet un peu plus qu'un format répétitif qui pue du script.

Pour être sincère, dans ce cocktail, finalement c'est Lucas Hood qui se retrouve être le plus ennuyeux de tout l'épisode ; il est creux, ne semble pas avoir de background si ce n'est qu'il sort de prison, n'exprime aucune forme d'émotion (c'est son ex, pourtant mariée et heureuse en ménage, qui pense encore à leurs étreintes passées ; ah oui parce qu'évidemment il y a quand même une scène vaguement sexy, il faut justifier d'être sur le câble), et si encore il avait de l'humour, ça passerait, mais comme "Lucas Hood" doit avoir prononcé un grand maximum de 200 mots dans tout le pilote, ça semble difficile à apprécier pour le moment. Je comprends bien que pour le viril public de Cinemax, il est supposé représenter le point d'entrée, le héros universel auquel on peut s'identifier (on est humble comme ça quand on regarde Cinemax !), et donc moins il a de caractéristiques trop particulières, mieux c'est. Mais même un personnage universel et passe-partout peut avoir, vous savez, ce petit truc qui s'appelle de la personnalité. Bon déjà il a des yeux clairs et de beaux pectoraux poilus, on peut pas tout avoir dans la vie.

Mais pour ceux de ma génération qui ont grandi devant les séries d'action pas trop compliquées qui envahissaient les écrans à une époque (et le public de Cinemax est pile dans la bonne tranche d'âge), nul doute que Banshee remplit parfaitement sa mission d'être pas trop prise de tête, pas trop intelligente, pas trop raffinée. Qu'importe le grain, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Il s'agit avant tout de passer une heure à gratter les co-... pardon, se gratter les attributs génitaux de votre choix, en regardant un truc qui bouge, qui fait du bruit, et avec un petit téton qui frétille ici et là éventuellement.

Cependant, de vous à moi, et cette dernière phrase est à prendre sur le ton de la confession, avec toute l'indulgence que ça implique... je commence un peu à me demander si Alan Ball n'a pas sous-traité l'écriture de Six Feet Under.

Challenge20122013

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