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ladytelephagy

10 février 2013

Lévrier absent

Pour autant que j'aimerais vous parler de séries sur la bouffe indéfiniment (et Dieu sait que l'envie ne manque pas), à un moment je commence à manquer de matériel, rapport au fait que j'ai fini de rattraper les épisodes de dinner déjà sous-titrés, et que les saisons de Raw sont terriblement courtes. Retour, donc, à un menu gastronomique plus frugal, mais téléphagiquement tout aussi engageant je l'espère, avec cette fois une série néo-zélandaise, puisque TV3 a fait démarrer quelques nouveautés en ce mois de février, et notamment, depuis vendredi soir, Sunny Skies.

SunnySkies

Ami téléphage, tu connais sûrement cette sensation : une série te plaît, tu la dévores avec délice, et quand vient la fin de sa saison et/ou de sa diffusion, tu es en deuil. Tu voudrais continuer à avoir des épisodes inédits à regarder, mais voilà : la source s'est tarie, c'est fini. Alors tu passes à la seconde phase de ton engouement pour la série, ce moment où tu cherches désespérément quelque chose de similaire, qui puisse servir de dérivatif. Le problème c'est que, et ça tout téléphage le sait, une série similaire, ce n'est quand même pas la même chose. Alors, une fois que tu l'as réalisé, tu peux tourner la page, regarder quelque chose de différent, et aller de l'avant.
L'an dernier, j'avais pu vous parler d'une comédie absolument charmante, Hounds, et j'avais pu vous dire combien son sens de l'équilibre était rafraîchissant, car, en dépit du fait qu'elle ait choisi, osons les mots, un sujet plouc, elle avait réussi à maintenir une certaine élégance dans son humour, et plus généralement dans ses situations. Après quoi je m'étais commandé le DVD, fait une intégrale pour la route, puis j'avais bien été obligée de passer à autre chose.

Mais chez TV3, par-delà les mers, on m'avait entendue. Et à défaut de renouveler Hounds (insérer ici quelques onomatopées peu amènes soulignant à quel point il serait quand même chic de renouveler Hounds), la chaîne a commandé un Hounds bis.

Voici donc Sunny Skies, une série dont le pilote fonctionne à peu de choses près sur exactement la même structure.
C'est-à-dire que dans le pilote de Sunny Skies aussi, un homme meurt, et son enterrement péquenaud est l'occasion pour sa famille de découvrir l'existence d'autres membres de la famille. Dans le cas qui nous occupe, le défunt, propriétaire d'un camping (on va y revenir), laisse derrière lui deux fils adultes qu'il ne connaissait pas, et qui ne se connaissaient pas. L'un est un père célibataire qui tente d'être bon copain avec son adolescente de fille mais qui n'a pas vraiment de plan dans la vie, l'autre est un snob aigri qui ne pense qu'à l'argent. Ca vous rappelle quelque chose ? Eh oui, là encore, on retrouve pas mal d'éléments présents dans le pilote de Hounds, avec deux personnages masculins centraux et diamétralement opposés, et une adolescente pour arbitrer. Là où Sunny Skies innove fondamentalement, c'est avec le personnage ombrageux de l'employée du camping, Nicki, dont l'équivalent est inexistant dans Hounds. Voyez, on n'est pas non plus dans la copie conforme...
Evidemment, le vieil homme a laissé à ses deux fils la responsabilité du camping, et évidemment, l'un ne peut vendre sans l'accord de l'autre. Evidemment.

Alors, ça fait plusieurs fois que j'ai prononcé le mot "camping", je vous vois commencer à vous affoler, et je veux vous rassurer : finalement, l'épisode parle beaucoup plus du camping qu'il ne le montre. Tout le pilote va consister à déterminer si oui ou non les frères vont tomber d'accord pour s'en débarrasser, ce qui ne semble pas une idée si exotique partant du principe qu'aucun d'entre eux n'y a posé les pieds avant cela et qu'on ne peut pas dire que l'endroit soit très glamour. C'est Nicki, qui tient à conserver son job et qui est aussi très attachée à l'endroit, qui va faire tout son possible pour défendre l'idée que le camping conserve ses deux propriétaires ; mais sans son insistance, soyons clairs, il n'y aurait pas de série !
On va également côtoyer quelques personnages vivant au camping, comme l'employé chargé de la réparation, Gunna, qui éprouve d'immense difficultés à porter un pantalon (ce sera le running gag le moins fin mais le plus récurrent de l'épisode) et qui ne fume vraisemblablement pas que du tabac, ou deux vieux habitués grisonnant qui s'avèrent être un couple gay (l'un de ces deux personnages est incarné par Mick Innes, déjà vu dans l'un des rôles principaux de... Hounds. I kid you not). On ne peut pas dire que l'originalité soit de la partie, et les personnages sont là où on les attend. Mais en choisissant immédiatement de personnifier le camping à travers ces personnages, Sunny Skies part du principe que cela va se jouer plutôt sur l'affectif que sur des gags impersonnels sur le public des campings ; on est dans une attitude finalement assez tendre où tout le monde est gentillement doux-dingue... là encore, ça rappellera comment Hounds traitait son sujet très populaire.

Vous le voyez, beaucoup de points communs entre Hounds et Sunny Skies, donc. Mais qu'avons-nous appris, ami téléphage, depuis des années que nous pratiquons ? Que : "une série similaire, ce n'est quand même pas la même chose".

Et Sunny Skies va le prouver en manquant dramatiquement de finesse, aussi bien dans sa façon d'amener son sujet (comment ces deux types ignorent-ils qu'ils ont un frère ?!) que dans sa façon de le traiter. On est loin du numéro périlleux d'équilibrisme de Hounds au niveau des gags comme de l'émotion ! Ce pilote très précipité ne va à aucun moment prendre le temps de rendre un seul de ses personnages sympathiques, ou même simplement cohérent avec lui-même ; les dialogues agissent comme des gadgets pour faire avancer une intrigue cousue de fil blanc : à la fin de la demi-heure, il faut impérativement que les deux frères aient accepté de gérer le camping ensemble, et peu importe ce qu'il faut faire pour en arriver là. C'est sinistrement téléphoné, et en dépit d'une ou deux ponctuelles bonnes idées, ou en tous cas pas trop mauvaises idées, Sunny Skies va désespérément manquer de personnalité et de substance.

Dans ces conditions, j'ai un message personnel à l'attention de TV3 : RENOUVELEZ HOUNDS. Bordel, c'est pourtant pas compliqué, il suffit de préférer l'original.
Et d'ailleurs, puisque je vous tiens, vous avez déjà tenté Hounds ? C'est une petite série néo-zélandaise, je sais pas trop si je vous en ai parlé...

Challenge20122013

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9 février 2013

You had me at "ristorante"

Il y a peu de souvenirs de mon enfance que j'aimerais pouvoir revivre ou recréer ; mais quelques uns de mes moments préférés ont été passés dans la cuisine de mes parents. J'ai passé de nombreuses heures, assise sur une des chaises en bois, évitant d'être dans le passage, à simplement regarder ma mère préparer le déjeuner, le dîner, ou à faire de la pâtisserie. Existe-t'il quelque chose de plus agréable que d'être dans la chaleur de la cuisine, avec toutes les bonnes odeurs de nourriture, et à regarder quelqu'un s'affairer ? Sentir le feu des casseroles, entendre le clapotis d'une sauce portée à ébullition, déceler l'ingrédient qu'on n'a pas encore goûté mais qui embaume toute la pièce, voir les vitres se couvrir d'une buée qu'on devine gorgée de sel et d'épices... autant de sensations, avec quelques autres, qui sont pour moi restées incomparables.
Ce n'est pas que ma mère était une cuisinière exceptionnelle ; en fait, même avec toute mon ignorance enfantine et mon palais peu éduqué, je n'aurais jamais prétendu une telle chose, même à l'époque. Nos dîners familiaux n'étaient pas de la grande cuisine, et aucun de nous n'était un gourmet, ni n'en avait seulement l'ambition. Plus tard, bien plus tard, j'allais découvrir dans la famille de l'un de mes petits amis un vrai gastronome, du genre à faire ses courses à quatre endroits différents chaque weekend juste pour avoir de vrais, de bons produits ; chez nous, c'était chipolatas Carrefour mais ça m'était égal. Ce n'était pas ça l'important. C'était simplement qu'il est terriblement agréable de regarder quelqu'un cuisiner. A la limite, peu importe le résultat, pourvu que les casseroles fassent du bruit et que la cuisine soit plusieurs degrés plus chaude que le reste de la maison !

C'est un sentiment qui ne m'a jamais quittée. Encore aujourd'hui, j'ai cette fascination pour les gestes à la fois mécaniques et absorbés que requièrent la cuisine et la pâtisserie. Evidemment, la perspective d'ensuite goûter les plats ainsi préparés ne gâche pas le plaisir, ne nous mentons pas ; mais celui-ci tient quand même essentiellement dans le ballet de mouvements, de sons et d'odeurs qui rendent une cuisine vivante. Et parfois, dans le secret de ma propre cuisine, je voudrais m'asseoir et regarder quelqu'un d'autre salir des casseroles ; c'est le seul moment de mon enfance auquel je pense avec une nostalgie émue.

Je n'ai jamais vraiment quitté ma chaise en bois, quand j'y pense. J'aime toujours trouver le point de vue imprenable qui me permet de regarder quelqu'un cuisiner pendant des heures.

dinner

C'est en passant quelques heures devant Raw (car hélas j'ai bientôt fini la courte saison 1, et je ne suis pas sûre de trouver la saison 2 très vite) que je me suis souvenue que, cette saison, le Japon avait également une série sur la cuisine à me proposer. dinner, c'est son nom, a commencé depuis un mois, et il était plus que temps que je m'attèle à son pilote.

Et comme j'ai bien fait, oh oui ! dinner est définitivement dans la moyenne supérieure des séries sur la cuisine, et Dieu sait qu'il y en a quelques unes en Asie. L'histoire est pourtant relativement classique ; laissez-moi vous la raconter.
dinner se déroule dans le prestigieux ristorante Roccabianca, tenue par le chef Hideo Tatsumi avec l'aide de sa fille Saori. Tatsumi est un nom particulièrement respecté dans le milieu ; il se murmure que l'homme serait le seul Japonais à avoir pu travailler au Teresa, un restaurant italien qu'on dit être d'une telle exigence que seuls les plus grands chefs peuvent y travailler. Bon, il se murmure aussi qu'en réalité, un second Japonais y aurait fait ses classes, mais ça n'a jamais été prouvé. Et c'est ce qui permet à Tatsumi de jouir d'une si parfaite réputation, au point que l'un de ses plus gros clients n'est autre que la femme de l'ambassadeur d'Italie, excusez du peu. Au Roccabianca, la salle ne désemplit pas, on ne prend des réservations que pour dans trois mois, les compliments pleuvent, et parmi l'équipe, on aime bien penser que cela vient du fait qu'on cuisine avec le coeur.
Seulement c'est aussi le coeur qui va poser problème, quand, victime d'un infarctus, Tatsumi va s'effondrer un beau soir, alors qu'il venait d'accepter une invitation dans la plus prestigieuse émission de cuisine du pays (une consécration) ; en à peine un mois, le Roccabianca va connaître la débâcle. La salle se vide, les réservations ne se bousculent pas, voire même, s'annulent, et les assiettes reviennent de moins en moins souvent vides. Que se passe-t-il ? Le restaurant va-t'il devoir fermer ses portes ? C'est ce que craint Saori, qui, faisant les comptes, commence à réaliser qu'elle ne pourra bientôt plus payer tout le monde si les choses continuent ainsi. Elle a beau pouvoir compter sur le soutien de toute l'équipe, à commencer par le sous-chef Imai, dans les faits, le restaurant commence vraiment à être en danger...
Fort heureusement, elle sait que son père n'est pas le seul Japonais à avoir fait ses classes au prestigieux Teresa, et qu'un autre chef de talent pourrait reprendre le Roccabianca pour lui redonner le lustre perdu en quelques semaines. Cet autre chef, c'est Motomu Ezaki, mais sa philosophie est très différente de celle de l'équipe du Roccabianca. Pour lui, la seule chose qui importe, c'est la technique et les ingrédients, et mettre du coeur dans la cuisine, ça n'a jamais eu aucun goût... il faut donc s'attendre à quelques frictions au sein de la cuisine quand il accepte le poste de chef du Roccabianca !

Vous le voyez, rien que de très classique dans ce pitch, qui en évoquera quelques autres similaires. Alors qu'est-ce qui fait que dinner fonctionne, au point de me soutirer de nombreuses salves d'applaudissements ?
Eh bien d'abord, il faut saluer la façon dont le pilote prend vraiment le temps de l'exposition ; c'est d'autant plus rare que beaucoup de séries nippones, sachant leurs jours comptés, ont tendance à préférer une certaine efficacité, voire même, dans les pires des cas, l'accumulation de clichés, afin de poser très vite les bases de l'histoire pour avancer vers le coeur de l'intrigue sans attendre. Ce n'est pas le cas de dinner, qui va vraiment prendre tout le temps nécessaire pour que la cuisson de l'exposition se fasse à point. On prend vraiment la température du Roccabianca, on apprend à en apprécier à la fois l'activité et l'âme, à se familiariser avec les membres de son équipe, à en sentir l'énergie unique. Ce n'est pas simplement un restaurant de grande qualité où oeuvrent des professionnels ; c'est aussi une équipe soudée, unie, où pourtant chaque personnalité s'exprime. Rarement autant que dans dinner on aura pu sentir l'atmosphère d'une cuisine professionnelle (chose que même Pasta, qui pourtant ambitionnait parfois de le faire, n'aura pas réussi à dépeindre de façon réaliste). On prend vraiment le pouls de ce restaurant, et l'immersion dans cet univers n'a rien de précipité ni de surfait, ce qui permet au spectateur, lui aussi, de se prendre d'affection pour le Roccabianca et ses protagonistes.
En définitive, l'intervention du chef Ezaki ne se produira qu'à la toute fin de l'épisode, posant assez clairement les enjeux qui le concernent, mais démontrant aussi que le propos de dinner n'est pas juste dans son opposition au reste de l'équipe du restaurant. Avant toute autre chose, dinner communique l'activité fébrile du restaurant et la passion pour la cuisine. Le reste n'est que littérature.

Pour nous plonger dans l'ambiance du Roccabianca, dinner fait aussi un effort assez rare en ce qui concerne son esthétisme.
Il faut, d'abord et surtout, saluer le décor. Contrairement à la plupart des restaurants de télévision, il donne une incroyable impression de réalisme grâce à son utilisation des volumes, de la perspective et des niveaux. Le travail effectué lors de la conception des décors relève d'un sens du détail qui aide énormément l'immersion. J'ai pris le soin de vous faire quelques captures de l'endroit sous divers angles et éclairages, je crois que vous pouvez voir à quel point le Roccabianca est un lieu qui a une vraie personnalité ; même ses cuisines, étroites et toutes en longueurs, témoignent de l'ambiance qui a été imprimée à l'endroit. Le restaurant devient un personnage à part entière de la série grâce à tous ces éléments.

Il faut également souligner à quel point dinner fait un effort sur un plan musical. Exit, les musiques interchangeables dans lesquelles beaucoup de dorama nippons ont vite tendance à se réfugier. En jouant à 200% la carte italienne, et avec de nombreux titres orchestraux, la série s'offre non seulement un cadre musical parfaitement cohérent avec l'identité de son restaurant, mais surtout, elle se permet quelques moments intenses, soulignés par une musique qui sublime certaines scènes, à l'instar de l'effort collectif lors d'une grosse commande, en fin de pilote, qui ne peut qu'attirer des jurons émerveillés, et dont la montée en puissance est parfaitement servie par le soundtrack. J'ai rarement vu une série nippone se donner autant de mal pour son atmosphère, mais dinner remporte complètement son pari sur ce plan-là également.

Au final, je serais presque tentée de dire qu'il y a un coup de coeur à se prendre avec dinner. Presque ? Non, en fait, à bien y réfléchir, tous les ingrédients sont là ! Sans révolutionner le genre, ce que ce pilote fait, il le fait fichtrement bien, avec un sens aiguisé du détail, des personnages plutôt solides, et une ambiance qui instinctivement donne envie de se passionner pour le sort du Roccabianca. L'introduction de la série se fait avec énormément d'attention et de bon sens, il y a de nombreuses scènes particulièrement réussies, et l'écriture est fine en dépit du sujet peu original ; il suffit d'entendre l'excellente métaphore de l'un des clients fidèles tentant d'expliquer pourquoi le restaurant se vautre en l'absence de son chef, pour sentir que dinner est doté de suffisamment de sens de la mesure et de subtilité pour se rendre agréable au spectateur.

Du coup, ne vous étonnez pas du bruit : je suis simplement en train de tirer une chaise en bois pour m'asseoir devant mon écran.

8 février 2013

[DL] Les Bobos

Être malade et assignée à résidence pour cause de haute contagion (j'ai quand même réussi à choper pas moins de 3 virus en simultané... pardon si je me vante, hein, c'est la fierté qui parle) a diverses conséquences, l'une d'entre elles étant que ma capacité de concentration est fortement réduite ; il en découle que je me suis remise devant les épisodes des Bobos, alors que j'avais mis la série entre parenthèses (avec tant d'autres) en décembre à l'occasion du marathon Scrubs, rattrapant ainsi le petit retard accumulé depuis quelques semaines.
Bon, on aura l'occasion d'en reparler au moment du bilan, mais il est certain que ce n'est pas la série du siècle, hein. Il y a des épisodes très inégaux, et d'autres plus inégaux encore. Mais peu importe : le format à sketches correspond mieux à mon besoin téléphagique du moment.

Simplement, ça m'a rappelé combien cette saloperie de générique est difficile à oublier. Je dis "saloperie" parce que, eh bien, bien des spectateurs ont déjà eu l'occasion d'entendre cette chanson par le passé, dans un tout autre contexte ; alors si vous ne connaissez pas encore le générique des Bobos, glissez-y une oreille, vous allez tout de suite comprendre...

LesBobos
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Pour autant, j'adore ce générique... tout irritant qu'il soit à force de répétition. Déjà parce que c'est un peu la vocation d'une série sur les bobos que d'être irritante, non ?

Mais surtout, parce que si certains sketches tombent parfois un peu à côté de la cible, le générique met en plein dans le mille, et pointe parfaitement du doigt tout ce qu'on attend qu'une série appelée Les Bobos pourrait critiquer. Esthétiquement, conceptuellement, musicalement, le générique des Bobos est une absolue réussite. Et au bout du compte, c'est l'utilisation de cette musique qui est déjà une référence bobo en soi !

Je l'ai déjà dit, je le répète : Les Bobos n'est pas forcément la meilleure série de la terre, et il y a des choses sur lesquelles son concept est un peu flou. Mais sur le générique, elle a tout bon, alors régalez-vous, c'est cadeau !

7 février 2013

Some like it raw

Il y a maintenant 2 ans, j'ai été investie sur Twitter d'une noble mission : trouver le pilote de la série irlandaise Raw. Très vite, cette mission est devenue une affaire personnelle, car non seulement trop peu de séries irlandaises nous parviennent, mais en plus, une série sur le monde de la cuisine et la restauration, pardon, mais je me sens directement concernée, là.
Bref, il aura fallu 23 mois pour que je vienne à bout de mon objectif, rté ne commercialisant plus les DVD de Raw (sinon ç'aurait été trop facile, vous comprenez) et le pilote étant largement introuvable sur la toile. Mais ça y est, c'est fait, et je vais donc pouvoir vous parler de cette série irlandaise.
Et si vous trouvez que c'est quand même un putain de hasard qu'on parle de séries irlandaises deux jours de suite, bah vous avez tout simplement compris par quel cheminement, en cherchant les épisodes de Prosperity, j'ai enfin mis le grappin sur Raw.

Raw

Raw, c'est le nom d'un restaurant de Dublin qui a ouvert ses portes il y a tout juste un an, et qui appartient à un couple marié : Tanya, qui est la manager, et Mal, le chef. Le problème, c'est que le restaurant est supposé célébrer un an d'existence alors que Mal a totalement disparu de la circulation la veille, et que même Tanya ignore où il est passé. C'est donc au sous-chef, l'explosif Geoff, qu'incombe la tâche de faire tourner la boutique ce soir-là, chose qui ne sera pas facilitée par le fait que le barman Bobby a des soucis d'ordre personnel qui vont s'inviter entre les murs du restaurant, ou que la cuistot Jojo a proposé à son frère (un avocat qui a décidé de planter son job ET de quitter sa femme le même jour) d'officier comme commis de cuisine afin de donner un coup de main. Bref, c'est le bazar.

Dans une ambiance qui rappellera légèrement celle de Kitchen Confidential (ah, Kitchen Confidential... peu importe si je suis la dernière personne au monde à penser à cette série !), celle d'un restaurant plutôt haut de gamme où intrigues personnelles et problèmes typiques de l'univers de la restauration se mêlent, Raw va donc nous offrir la possibilité de suivre quelques heures de la vie de ces protagonistes, et notamment de Jojo qui est résolument notre héroïne, et qui s'avère très vite être un personnage très attachant.

Jojo, incarnée par Charlene McKenna (qui prête actuellement ses traits à Rose dans Ripper Street), est en effet un petit bout de femme plein d'énergie, de répondant et de tempérament, qui vit en colocation avec Bobby et qui, si on en croit l'introduction de ce pilote, se soucie plus de passer du bon temps et de faire la fête, que de faire bonne impression. Très vite, ce personnage qui est "one of the boys" dans un milieu éminemment masculin se pose comme très décontracté, mais on va aussi découvrir qu'elle n'est pas non plus un simple "garçon manqué" blagueur, et qu'il y a des choses qui revêtent de l'importance à ses yeux, comme la cuisine elle-même, par exemple ; même si Jojo est quelqu'un d'assez peu prise de tête, elle n'est pas totalement irresponsable, et il y a des choses qu'elle prend très au sérieux, à commencer par la vie du restaurant lui-même (j'ai cependant adoré l'échange avec son frère : "You are not allowed to fuck up ! That is MY area and I'm VERY good at it").
Ainsi, sans être excessivement sentimental, le personnage de Jojo a tout de même une certaine profondeur, mais aussi un solide humour (et des moues géniales), et c'est d'autant plus facile de cette façon de s'y attacher. Nous allons donc traverser le pilote à ses côtés, tandis que la police débarque dans la petite maison qu'elle occupe avec Bobby à la recherche de drogues dures (oui, quand même), quand son frère vient la voir parce qu'il vient de faire des changements drastiques dans sa vie, ou au moment du coup de feu au Raw.

Mais Raw est un ensemble show avant tout. D'ailleurs, le nombre de personnages et donc d'intrigues introduits dans cet épisode est assez vertigineux.
Cela confère à l'épisode un rythme très soutenu, qui permet de se plonger dans l'ambiance survoltée du monde de la restauration, et cela, quand bien même on passe finalement assez peu de temps aux fourneaux (à mon grand regret puisque, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire pour Pasta, je pourrais regarder ce genre de scènes pendant des heures). Lorsque l'épisode atteint son point d'orgue pendant l'heure de pointe au restaurant, pourtant, le pilote répond parfaitement aux attentes qu'on peut avoir sur une série parlant de la vie d'un restaurant ; efficace en diable, cette séquence, portée par Geoff qui doit se démener comme un beau diable pour faire tourner la machine en l'absence de son propre patron, est vraiment le meilleur passage de cet épisode inaugural à mes yeux.

Raw étant un drama pur jus, plusieurs des intrigues lancées dans ce premier épisode ne trouveront pas leur résolution dans l'immédiat. Mais, comme les saisons de Raw sont assez courtes (6 épisodes par saison), on peut cependant espérer que les choses ne trainent pas inutilement en longueur, et ça c'est le bien, quand même ! Nul doute que ça permet à la série de conserver son sens du rythme et son efficacité, et que cela lui évite de tomber dans le soapesque.
Cependant, certains personnages (à commencer par Tanya, interprétée par Shelley Conn) manquent pour le moment un peu de substance comparés à d'autres, et j'espère que les épisodes suivants permettront tout de même d'approfondir un peu ce qui a été survolé dans ce pilote.

C'est une chose formidable, quand même, quand une série sur laquelle vous vouliez absolument mettre la main depuis si longtemps ne vous déçoit pas. Je regrette donc d'autant plus d'être incapable de trouver les DVD... en attendant, je vais profiter que je suis malade pour finir la première saison, comme ça ce sera [enfin] fait !
L'idéal serait de finir de rattraper la série à temps pour voir le final de la saison 5 qui sera diffusé dans quelques jours sur rté...

6 février 2013

Jour sans fin et voie sans issue

En tant que téléphages, nous sommes habitués à considérer qu'il est impératif qu'il arrive quelque chose aux personnages des séries que nous regardons ; assez peu de place est faite, à bien y réfléchir, à de simples chroniques, et moins encore à des oeuvres purement contemplatives. Les séries où il "ne se passe rien", ou si peu, sont pourtant, sur un plan dramatique et/ou esthétiques, très réussies, encore faut-il avoir la patience de les suivre. C'est presque, d'ailleurs, un défi, que de trouver cette patience, tant nous sommes conditionnés à attendre du rythme, des retournements de situation, du grand spectacle narratif ; et pourtant, la récompense est immense si on prend le temps de simplement observer des personnages dans leur milieu naturel.
Une fois de temps en temps, ces séries-là font un bien fou ; c'est la raison pour laquelle j'avais, d'ailleurs, adoré The Café, son goût pour l'observation des gens et des choses simples, son rythme très lent et sa photographie apaisante. Je ne m'en remets pas que la sortie du DVD passe son temps à être reculée, d'ailleurs, elle était quand même supposée sortir initialement en même temps que celui de Threesome, et je n'en peux plus d'attendre la saison 2 ; ça sent mauvais ou c'est une impression ?

Demain, la chaîne Eurochannel diffusera le premier épisode de la mini-série anthologique Prosperity, un ovni en quatre parties diffusé en 2007, largement salué dans son pays natal, l'Irlande, et nommé dans la catégorie mini-série à l'occasion du Festival de Monte-Carlo en 2008 (elle a perdu au profit de la mini-série américaine John Adams, forcément qui peut lutter contre une série de HBO qui a déjà reçu des Emmy Awards et des Golden Globes...?).
Mais fort heureusement, il est d'ores et déjà possible de découvrir le premier épisode sur Dailymotion, et puisque la série est proprement introuvable sans cela, inutile de dire que je ne me suis pas fait prier pour faire une entorse à ma règle d'éviter le streaming comme la peste, et je me suis donc mise devant le pilote de Prosperity.

Prosperity

Et comme je vous le disais en préambule, Prosperity est dans une démarche purement descriptive. Son principe ? Suivre quatre personnages, chacun n'ayant a priori rien en commun, pendant une seule journée, à raison d'un personnage par épisode (sachant qu'évidemment, ils vont plus ou moins se croiser pendant cette journée).

Le premier épisode est consacré à Stacey, une adolescente de 17 ans qui a un bébé de quelques mois, Lorna, et qui va passer l'épisode à... tuer le temps. Elle vit dans un bed and breakfast un peu miteux où logent de nombreuses mères célibataires, dont elle est obligée de sortir en journée, et n'a rien d'autre à faire que de trainer au centre commercial du coin en attendant de pouvoir réintégrer sa chambre. En-dehors de ça, c'est tout. Ah, si, de temps en temps, elle va collecter ses allocations, ou bien elle retrouve une copine... La vie de Stacey n'a rien d'enviable, donc.
A expliquer, ce n'est évidemment pas glamour ; à regarder non plus à vrai dire. Le concept de Prosperity laisse assez peu de place à une intrigue fascinante, et son intention n'était de toute façon pas là. Nous allons suivre la laborieuse journée de Stacey, au contraire, et non pas attendre qu'il lui arrive quelque chose mais plutôt attendre qu'elle ressente quelque chose, qu'elle exprime quelque chose. N'importe quoi.

Il faut dire qu'on a affaire ici à une adolescente à la fois blasée et meurtrie, qui a eu un enfant très jeune avec son petit ami (Dean ; nous aurons la chance de faire sa charmante connaissance pendant l'épisode), qui a quitté le domicile de sa mère, n'entretient pas non plus de relations avec sa soeur aînée, bref, qui a toutes les raisons de s'être endurcie, d'avoir pris de la distance avec tout et tous, et qui trimbale sa poussette pendant toute la journée absolument sans but, sans attache... sans avenir.
Le ton froid, hâché de ce premier épisode est percutant ; il nous emmène dans un monde où il n'y a pas d'espoir, pas de lendemain. Pour Stacey, chaque journée ressemblera, à peu de choses près, à celle-ci. Il n'y a rien à espérer de l'avenir, il n'y a qu'à attendre l'heure de rentrer dans la chambre, le jour où on pourra toucher les allocs, le moment où on pourra aller boire une bière, peut-être. Stacey s'exprime par monosyllabes, désabusée, cassée, et pourtant pas vraiment triste ; il faudra attendre la fin de l'épisode pour lui extirper une confession. Mais ça n'empêche pas ce premier épisode de Prosperity d'être poignant, bien au contraire ; cette journée sans fin est terriblement émouvante, parce qu'on prend conscience de quelque chose dont Stacey est parfaitement au courant : rien ne peut vraiment lui arriver. Elle vit, fantômatique, dans une zone où elle existe sans exister, où elle fait des rencontres et où en même temps tout glisse sur elle. C'est un peu moins d'une heure à expérimenter en sa compagnie et, dans le fond, c'est important de prendre le temps de mesurer cela.

Car dans le fond, c'est de cela que veut parler Prosperity. De tous ces anonymes sans avenir qui se croisent dans un quartier populaire, qui ont perdu une guerre qu'ils n'ont même jamais menée. Eurochannel explique que Prosperity, filmée avant la crise, est une sorte de signe avant-coureur de la fin du miracle économique irlandais, mais les protagonistes de Prosperity, on les croise dans plein de villes d'Europe, dans plein de banlieues ou de quartiers populaires, ils n'ont rien et n'auront jamais rien, crise ou pas crise. Et ils le savent.

Les prochains épisodes de Prosperity ne raconteront pas nécessairement la même apathie, mais, on peut le sentir à travers les pistes données par cet épisode, ils raconteront d'autres formes de désillusion. Ce n'est pas forcément très drôle, mais c'est aussi ça, la fonction d'une série dramatique.
Si ça m'est techniquement possible, e serai sans faute devant les trois autres épisodes, je ne manquerai l'immersion pour rien au monde.

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5 février 2013

Mobile, moyen... mais opportunité manquée

Pour changer un peu des pilotes américains, ce soir je vous propose de nous pencher sur une série canadienne ! Après tout, et même si The Americans s'est avéré sauver le mois de janvier, je me suis assez plainte comme ça, le mois dernier, du manque de séries enthousiasmantes aux USA, pour que, dans le cadre du défi que whisperintherain et moi-même avons relevé, on s'essaye à d'autres destinations !
Comme d'habitude, sitôt la review de mon camarade mise en ligne, je vous proposerai un lien au bas de ce post, mais en attendant, voici ma version des faits...

Motive

Il y a des acteurs et actrices pour lesquels on a une petite tendresse, venant du fait qu'on les croise de façon constante depuis des années. Dans le cas de Kristin Lehman, ça fait bientôt 20 ans que c'est le cas ; dans les années 90, il me semblait qu'elle faisait partie de ces acteurs qui tournaient dans le circuit en apparence fermé du fantastique et de la SF (il faut dire que le Canada, son pays d'origine, s'est amplement placé sur ce terrain). Impossible de ne pas connaître Lehman, quand bien même on ne formait pas nécessairement une haute opinion de son talent.
Mais pour ces mêmes raisons, pendant longtemps, elle n'a joué que les guests, les seconds couteaux et les faire-valoir féminins. Il lui a fallu près de 20 ans avant de pouvoir être l'héroïne principale d'une série !

C'est désormais chose faite avec Motive, le nouveau procedural de CTV qui a commencé dimanche soir au Canada, dans lequel elle endosse le rôle d'Angie Flynn. Avant que vous ne leviez les yeux au ciel, voici le concept de Motive : il ne s'agit pas de trouver l'identité de criminels comme tant d'autres séries similaires, mais plutôt de comprendre (comme le titre de la série l'indique) leur motif. La série se qualifie donc de "whydunit" (en référence au "whodunit"). Qu'est-ce qu'ils ont tous à se créer des genres ?!

Et en effet, dés le début de ce premier épisode, Motive nous dévoile l'identité de son criminel et celle de sa victime ; il ne s'agit cependant pas ici, comme dans un grande nombre de procedurals, de montrer soit le crime lui-même soit la découverte du corps, mais de montrer ces deux personnages dans leur vie de tous les jours. Naturellement, ces deux présentations ne suffisent pas à expliquer pourquoi le tueur deviendra tueur et pourquoi la victime devient victime, mais l'intention est en tous cas clairement posée de se tourner vers le contexte avant tout.
Même pendant l'inévitable séquence consistant à saisir les premiers éléments de l'enquête sur les lieux du meurtre, Motive va assez peu s'intéresser aux indices à proprement parler (la présence du coroner est plutôt prétexte à présenter une équipe haute en couleurs qu'à se baser sur les traces laissées), et va plutôt placer une partie de son suspense sur ce qu'il advient du tueur pendant qu'Angie et son équipe sont sur place, ou sur les réactions de la veuve de la victime. L'épisode est, très régulièrement, ponctué de divers flashbacks qui continuent d'apporter du contexte au meurtre, aussi bien côté tueur que côté victime.
Sans parler nécessairement de révolution, Motive se donne aussi du mal, à intervalles réguliers, pour nous surprendre par petites touches et ne pas tomber dans le cliché, qu'il s'agisse de la façon dont Angie se présente à nous, dans ses rapports avec ses collègues, ou dans la façon dont les faits antérieurs au crime vont se présenter ; apportant sans cesse des petites nuances, le pilote n'ambitionne pas de nous préparer à de grands retournements de situation (et ne le peut pas de toute façon, puisque nous avons été assurés dés le départ de l'identité des deux parties impliquées) mais plutôt de nous donner une vue d'ensemble des personnages impliqués, avec tout ce qu'ils peuvent avoir de complexe, et qui va peut-être parfois conduire la police sur une fausse piste ou au moins une mauvaise intuition.
Comme on est à la recherche d'un "pourquoi", il n'est pas gênant que le spectateur soit au courant avant la police de l'identité du meurtrier, ou de son sort une fois le corps découvert pendant que la police progresse lentement dans son enquête, puisqu'on est aussi, voire avant tout, là pour comprendre les personnages impliqués.

Motive, c'est aussi un exercice de style. Je vous le disais, l'épisode est truffé de flashbacks plutôt bien vus narrativement, mais surtout, c'est sur sa forme que la série s'essaye au maximum à paraitre moderne et esthétiquement poussée ; on retrouve notamment dans les scènes de nuit l'utilisation de filtres, de lumières dans tous les sens, de musique un peu électrisante, d'effets sonores divers, et ainsi de suite. La préoccupation de Motive est clairement de proposer un produit esthétiquement léché, même si à plusieurs reprises, la production semblera en faire un peu trop, et manquera, paradoxalement, d'une identité propre.
Reste que l'effort est bel et bien là et que ce premier épisode pose une ambition claire : essayer de rafraîchir un peu la narration, et le faire avec du style. On apprenait voilà quelques jours qu'ABC diffuserait la série aux USA cet été ; je ne suis pas surprise, j'aurais même tendance à dire que c'est dans cet objectif d'exportation que tant d'efforts ont été faits.

Alors, et Kristin Lehman dans tout ça ? Eh bien, avec son personnage à la fois professionnel et cool, sa façon d'entretenir des rapports détendus et d'échanger des plaisanteries avec tout le monde (et notamment son coéquipier Oscar Vega, un peu sarcastique mais également débonnaire), dans son rapport à son fils presque adulte, également, elle m'a rappelé l'héroïne de la série danoise Rita (dont, vous le savez, une version américaine est en projet pour Bravo avec Anna Gunn dans le rôle principal). Sans prendre les choses à la légère, sa décontraction permet de ne pas prendre les développements de l'épisode trop au sérieux, et cette attitude est d'autant plus nécessaire que l'épisode, avec son rythme rapide, ses flashbacks, et ses ruptures de ton régulières, on ne peut s'apesantir trop sur un personnage trop sombre. L'équilibre est trouvé, je dirais, surtout étant donné la structure de l'épisode.

Au final, Motive n'évite pourtant pas un certain nombre de passages obligés de la série procédurale, mais elle se donne du mal pour essayer d'apporter quelque chose d'un tout petit peu nouveau à un genre qui a été surexploité ces dernières années, et c'est quelque chose que j'ai envie de reconnaître et de souligner, tant c'est si rare. La résolution de l'enquête, et donc l'explication au meurtre, restent, paradoxalement, le gros défaut de ce premier épisode ; à défaut d'une révélation fracassante, un peu d'émotion n'aurait pas été de trop. C'est encore quelque chose que la plupart des procedurals sont incapables d'apporter, quand bien même ils placent l'humain au centre de leur intrigue, et c'est d'autant plus à regretter dans le cas de Motive, dont la méthodologie semblait être d'explorer les personnages plutôt que les preuves physiques.

Du coup, Motive reste assez consensuelle dans l'effet qu'elle provoque sur le spectateur, alors qu'elle avait tous les éléments en main pour l'atteindre et lui proposer une expérience réellement différente. Dommage, ça s'est joué à pas grand chose.

Challenge20122013

4 février 2013

Chacune à sa façon ?

Un mois s'est écoulé, légèrement plus, depuis le début de mon challenge cinématographique de l'année. Je m'étais juré de regarder au moins quelques films non-américains pendant ce défi (règle n°5), et notamment de regarder au moins un film asiatique avant la fin janvier. Bon, je suis un peu en retard sur le planning de quelques jours, mais ça y est ! Et sur de bonnes recommandations (ici celle d'Eclair), j'ai tenté Aruitemo Aruitemo (Still Walking de son titre international) dont vous pouvez trouver la mini-review, comme d'habitude, dans le Secret Diary.

AruitemoAruitemo

Je crois que paradoxalement, je n'avais aucune idée de ce à quoi je devais m'attendre avec ce film, et qu'en même temps je n'en attendais pas moins. Au sens où Aruitemo Aruitemo est exactement la raison pour laquelle j'adore la fiction nippone ; il y a maintenant 15 ans, j'avais commencé mon incursion "sérieuse" dans la fiction japonaise avec des nouvelles et de romans (Kitchen de Banana Yoshimoto restant mon absolu préféré), je suis depuis passée aux séries, mais c'est toujours la même chose que je vais y chercher, et c'est toujours la même chose que j'aime y trouver. C'est aussi, accessoirement, la raison pour laquelle je n'arrive pas à accrocher aux séries sud-coréennes : l'humain y est décrit dans toute son authenticité, un mot qui prend un sens auquel Lena Dunham ne pourra jamais même prétendre.
Mais d'un autre côté, la littérature et la télévision nippones ne sont pas les seules à avoir ce credo comme fondement de leur art ; il y a un manga dont je me souviendrai toujours précisément pour cela.

Le plus bouleversant, le plus dérangeant, le plus magnifique dans Aruitemo Aruitemo, comme dans toutes les oeuvres nippones qui me touchent profondément, c'est que même si tout cela se passe à l'autre bout de la planète, avec des coutumes totalement différentes, et une nourriture supposément exotique sur la table, l'universalité est totale.

Les bouffées de nostalgie amère que j'ai ressenties devant le film m'ont rendue folle. Je voyais à la fois cette famille qui n'a rien de commun avec la mienne, et pourtant tout me rappelait les fois où, avec mes parents et ma soeur, on allait rendre visite à mes grands-parents paternels dans leur Bourgogne, et que ma grand'mère faisait mille fois trop à manger, qu'on tenait des conversations totalement badines qui ne faisaient que couvrir les souffrances et rancoeurs du passé, et où, au nom de la "réunion de famille", on se forçait à plaquer un sourire sur nos visages en attendant que ce soit fini et qu'on reparte. Avec quelques kilos de plus et, dans une bouffée nauséeuse, la promesse qu'on ne le fera jamais plus. Mais trois mois plus tard on reprenait la route tout pareil. Parce que c'est la famille.
Chaque carreau de carrelage, chaque tintement d'assiette, chaque cri d'enfant, chaque gorgée qu'on boit en espérant que l'instant désagréable passe, tout y était. J'ai même eu envie de vomir lorsque les personnages ont repris la voiture pour rentrer !

Et pourtant, je le répète, cette famille et la mienne n'avons rien de commun. Si ce n'est que...
Toutes les familles ont des petites histoires qui ne sont pas résolues, des petites politesses qu'on échange pour ne pas dire qu'on n'aime pas certaines pièces rapportées, et certaines choses dont on ne parle qu'à voix basse. Mais certaines ont des tragédies, aussi, autour desquelles la danse de la "réunion de famille" est forcément plus douloureuse et risquée. Cela encore, j'ai eu le sentiment de le retrouver trait pour trait les heures passées à attendre que la salle de bains se libère, les souvenirs anodins ressassés quand on garde ceux qui comptent pour soi, les assiettes qui débordent alors que les estomacs aussi, les coups de coude qu'on file aux enfants pour qu'ils entrent dans la danse, car un jour il le faut bien.
A la différence que j'ai refusé de danser lorsque j'ai arrêté de voir ma famille.

Aruitemo Aruitemo encapsule la raison pour laquelle je serai toujours une amatrice de fictions dramatiques avant tout, parce que ce sont elles qui touchent le mieux ce que nous sommes, ce que nous avons éprouvé à un moment, ce que nous supposons éprouver un jour. Ce sont celles qui nous touchent personnellement, qui nous obligent, pour en parler, à nous mettre à nu, à nous forcer à nous étudier nous-mêmes, à regarder droit dans les yeux les fantômes du passé. Je suppose que d'autres n'ayant eu aucune expérience commune de la famille avec les personnages d'Aruitemo Aruitemo en parleront avec plus de détachement que moi ; et je suppose qu'il y a des fictions pour lesquelles c'est l'inverse, j'y suis insensible parce que je ne suis pas concernée au premier chef. Peu importe.
L'essentiel est de regarder, au moins une fois de temps en temps, des histoires qui nous déshabillent de nos vêtements de critiques à peu près érudits, et qui nous mettent face à nous-mêmes ; de sorte que si on en parle, on est obligé d'avancer sans déguisement.
Eh bien voilà, amis lecteurs, je suis une téléphage vaguement cinéphile toute nue. J'ai un peu froid, mais ça va. Ça valait le coup. Tout à l'heure j'irai m'emitouffler dans le final de Miranda, histoire de, mais je ne pourrai pas échapper, ce soir, avant de fermer les yeux, au papillon jaune.

Si vous en avez d'autres, des films comme ça, allez-y, balancez des titres. Le temps de me remettre, et je les regarde dans la foulée.

3 février 2013

[DL] The Doctor Blake Mysteries

Le weekend ayant été un peu chargé, j'avoue n'avoir regardé aucun épisode de série en 48h. Oui, ça me fait un choc aussi. Alors, tandis que ce soir, je livetweete sur le #mariagepourtous sur Twitter, je vous propose le générique de la série australienne The Doctor Blake Mysteries. Que je n'ai pas encore eu l'occasion de regarder puisqu'elle a démarré juste avant le weekend, mais comme le générique est méchamment chouette... on ne va pas s'arrêter à ça !

TheDoctorBlakeMysteries
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Esthétiquement, le générique de The Doctor Blake Mysteries est relativement réussi, essentiellement de par son choix de présenter son contexte historique à travers un travail d'ambiance (énormément de natures mortes, pardon pour le jeu de mots) mélangé à un esthétisme sombre, limite glaque (la dominante de vert ne met pas trop à l'aise). Evidemment, s'agissant pour ce que j'ai compris d'une série d'enquêtes, on trouve aussi des références au crime, en sus.

Mais c'est surtout musicalement que ça se passe, et là, c'est totalement ma tasse de thé. Si vous aimez les génériques comme celui de Millennium, par exemple, eh bien on est un peu dans la même famille ici, avec un thème qui installe instantanément une ambiance grave, et offre une immersion totale. C'est le genre de générique qu'on ne peut pas vraiment reprendre hors contexte, dont le public ne peut s'emparer, et qui ne peut pas devenir un phénomène par lui-même ; mais qui au contraire, prend le spectateur en otage pour lui plonger la tête dans la série et le noyer dans son esprit. Sa fonction n'est pas tellement de servir de carte d'identité à The Doctor Blake Mysteries, mais plutôt à aider le spectateur à faire le bond dans le passé nécessaire, à se placer dans le contexte, et c'est d'autant plus nécessaire que la série se déroule à la fin des années 50.
Cette mission-là est totalement remplie, ce qui fait du générique de The Doctor Blake Mysteries, dans sa catégorie, une réussite.

1 février 2013

The trouble with Girls

Il n'y a pas si longtemps, j'évoquais brièvement la "malédiction de la saison 2", qui fait que j'abandonne souvent une série au début de sa saison 2. Le processus est loin d'être conscient, d'ailleurs, et j'ai mis pas mal de temps à m'en apercevoir (alors que ça s'est produit pour Nurse Jackie, par exemple, donc il y a bientôt trois ans). Je n'ai pas encore réussi à analyser ce qui fait que c'est à ce moment-là que je bloque et que j'élimine certaines séries de mon planning ; à la limite ça semblerait plutôt logique, si je tombe en désamour à l'issue de la saison 1, que je ne reprenne jamais la série, plutôt que je la reprenne et qu'au plus fort de son début de saison, je baisse les bras. Bon, en tous cas les faits sont là, ça m'arrive très souvent, et pas de façon consciente.
L'abandon, quand j'en prends vaguement connaissance, se fait d'ailleurs en général avec une mauvaise foi caractérisée : je m'auto-convaincs que je reprendrai la série plus tard. Ainsi, je n'ai vu que trois épisodes de la saison 2 de Game of Thrones, mais je me soutiens mordicus que je finirai par voir la suite.

Cependant, pour la première fois, je suis sur le point d'abandonner une série au début de saison 2, très consciemment, et bien décidée à ne plus jamais y toucher. Cette série, c'est Girls, et si vous êtes sûrs que les spoilers ne vous font pas peur, et que vous êtes à jour sur le visionnage de la série, je vous explique pourquoi juste après l'image.

GirlsDontComeEasy

Plus les épisodes passent, plus j'ai du mal avec la réputation d'authenticité de Girls.
C'était, et c'est encore, l'argument majeur de nombreuses éloges à l'égard de la série (dont l'immensément touchante review de la saison 1 sur DNES), et c'est également, à peu près chaque semaine, ce que je lis dans des critiques d'épisodes (pour vous donner un exemple, cette review hebomdaire de Girls dit de l'épisode de dimanche que "it was reminiscent of every creative New Yorker’s early 20s", "it’s incredibly believable", "as realistic as it is", "which is totally something that happens"... pour un seul "unrealistic !"). Ayant fraîchement passé la barre des 30 ans, je m'attendrais naïvement à être capable de reconnaître deux ou trois choses de véridiques dans Girls, si ce n'est à travers mon vécu, au moins dans celui de quelques uns de mes proches, mais rien à faire. La racine du mal tient sûrement dans le fait que je ne suis pas une New-Yorkaise, mais d'un autre côté, Lullaby non plus, alors, bon, je reste perplexe.

En quoi Girls reflète-t-il quelque chose de réaliste ? J'ai beau lire et relire les personnes qui le pensent, je ne parviens pas à comprendre leur point de vue (sans même aller jusqu'à le partager). Je suis sûrement une vieille conne, mais à quel point est-il universel de s'organiser un mariage surprise, de prendre de la drogue pour le boulot, etc., franchement, on ne vit pas dans le même monde Lena et moi, et le plus dérangeant pour moi est d'avoir l'impression que tout le monde voit cette authenticité sauf moi. C'est une expérience téléphagique propre à remettre les fondements de votre vie en question, pour un peu ; je sais que je suis pas exactement une hispter qui fréquente les book parties et les clubs au quotidien, mais à ce point ! Girls a plein de qualités, mais l'authenticité n'en fait résolument pas partie à mes yeux, et la persistance du reste de l'univers à le prétendre me met dans une situation très inconfortable quand je regarde les épisodes.

Et puis, il faut quand même dire que plus les épisodes passent, plus cette réputation relève du paradoxe. On pouvait encore croire à la sincérité du propos en saison 1, quand Lena Dunham écrivait sur ce qu'elle connaissait ; mais un an plus tard, alors que le succès s'est invité dans sa vie, on peut se demander comment Girls est supposé conserver cet ancrage soi-disant réaliste. Cette saison 2 en fait d'ailleurs encore moins démonstration que la première, comme pour confirmer que désormais, Lena Dunham écrit sur ce qui est pour elle-même de la science-fiction.

Le soucis qui s'ajoute à celui-ci est que j'ai de plus en plus l'impression que Lena Dunham fait de l'écriture automatique ; et je reste à convaincre que l'écriture automatique fonctionne pour une série (peut-être un film, je n'en sais rien). Ca semble un peu antithétique.
C'était souvent en saison 1 qu'il semblait n'y avoir pas de but, pas d'arc, pas de fil conducteur. Mais là c'est patent que Dunham s'assied, son ordinateur sur les genoux, et se dit "tiens et si dans cet épisode, un personnage se faisait arrêter ? Et si là un personnage se mariait ? Et si là Hannah essayait d'obtenir un dédommagement pour harcèlement sexuel ?". Et on n'en entend plus jamais parler ensuite ; rien n'a jamais de conséquence dans Girls, ni sur les personnages eux-mêmes (mais cela pourrait s'expliquer par le fait qu'ils vivent dans un monde très largement immature où il n'y a pas besoin de gérer la moindre conséquence) ni même sur ce qui leur arrive. Tout n'est qu'accumulation d'anecdotes bizarres sans aucun lien les unes entre les autres ; si bien que Girls pourrait aussi bien être une anthologie et chaque épisode pourrait sans grand mal être regardé de façon totalement indépendante.
Clairement, le mariage de Jessa n'a conduit à rien (l'actrice a quelque chose comment douze secondes d'antenne dans chaque épisode de cette saison, même si c'est pour sortir la seule phrase qui m'a fait applaudir Girls), pas plus que le dépucelage de Shoshanna, par exemple, comme si Dunham s'était lassée des personnages impliqués sitôt qu'ils ont franchi ce "cap" ; elles ne sont désormais là que pour servir de vague panneau indicateur dans la trajectoire de Hannah et Marnie.

Alors d'un côté, oui, Girls est loin des recettes rigides suivies narrativement par la plupart des séries, et sous cet angle, la série est créative et peut-être même révolutionnaire. C'est tant mieux. Il faut savoir apprécier une série qui se libère des carcans narratifs des autres, c'est si rare. Mais pardonnez mon esprit formaté, j'aime quand même regarder une série pour qu'elle me raconte quelque chose.
Or, on en est à une saison et trois épisodes, et je ne sais toujours pas, en définitive, de quoi parle Girls. Je n'ai aucune idée ni de l'histoire qu'elle raconte (il n'y a pas d'histoire en réalité, juste une accumulation d'expériences sans queue ni tête), et je n'ai aucune idée de vers quoi elle tend, pour ses personnages ou, allez soyons fous, son message général.

Beaucoup semblent dire qu'elle prétend à une certaine authenticité, mais rien ne me semble authentique dans, par exemple, l'expérience de Marnie chez l'artiste Booth Jonathan cette semaine, à la fois dans la situation elle-même, et dans les réactions de la jeune femme.

Je ne comprends tout simplement pas ces personnages. Je ne comprends pas comment Hannah et Marnie peuvent d'un côté passer leur temps à s'auto-analyser en permanence, et en même temps, à être si peu en phase avec ce qui leur arrive, à juste laisser les choses leur arriver pour ensuite s'en plaindre pendant des lustres. Cette auto-victimisation constante, déjà présente en saison 1, de personnages qui assistent à leur propre vie depuis le fauteuil du passager, pour pouvoir mieux critiquer la conduite, commence à franchement me plaire ; surtout que les personnages, et Girls ne s'en cache pas, sont d'une certaine hypocrisie avec eux-mêmes sur ce même point (on l'avait vu dans la fameuse tirade du "no one could ever hate me as much as I hate myself, okay. So any mean thing someone's gonna think of to say about me, I've already said to me, about me, probably in the last half hour", déchirante de mauvaise foi, et dans à vrai dire toute la dispute entre Hannah et Marnie).
Girls montre en somme, semaine après semaine, des personnages qui restent passifs et qui vivent au jour le jour... pour pouvoir ensuite se plaindre de tout ce qui ne se passe pas comme ils le souhaiteraient. Il n'est pas indispensable qu'une série mette en scène uniquement des héros qui obtiennent l'approbation du public, il devient par contre nécessaire, à plus forte raison alors que plus d'une saison s'est écoulée, que cette dynamique ait des conséquences pour eux. Quelles que soient ces conséquences. Pitié, des conséquences, n'importe lesquelles.

Peut-être que, parce que je ne sais pas m'identifier à une série (si, récemment, j'ai eu l'impression de m'identifier à Scrubs, comprenne qui pourra... d'ailleurs était-ce vraiment de l'identification dans le fond, comment le saurais-je puisque le sentiment m'est étranger), que je persiste à regarder Girls alors que je ne suis pas en mesure de recevoir la série.
Peut-être que, mon vécu étant ce qu'il est, je ne suis pas équipée pour trouver dans Girls quelque chose qui semble apparaitre comme évident au commun des mortels. Des séries comme Girls impliquent quelque chose chez les spectateurs qui n'est pas nécessaire dans un grand nombre d'autres séries ; son ambition (présumée ? est-ce vraiment l'intention de Dunham dans le fond ?) d'être sincère et authentique sous-entend une expérience commune avec les spectateurs, et ceux qui n'ont pas cette expérience commune, comme moi, devraient peut-être se résoudre à ne pas regarder Girls.
Peut-être que le sentiment d'inconfort que je ressens devant Girls, depuis plus d'une saison à présent, est en fait le signe que cette série n'est pas faite pour moi, quel que soit le buzz qui a lieu autour.

Pourtant, je trouve de bons côtés chez Girls. J'aime particulièrement les interactions entre les personnages, la façon dont leur nombrilisme s'exprime souvent à travers la façon dont ils se confrontent les uns aux autres, je trouve, pour le coup, qu'il y a quelque chose de très juste dans la façon dont les oppositions entre Hannah d'une part, et, à vrai dire, le reste de la planète de l'autre, marquent une incompréhension mutuelle totale. Hannah et Marnie, et dans une moindre mesure Elijah, Adam et les autres, sont profondément incapables d'empathie (même s'ils sont sûrement convaincus du contraire). Ils ont désespérément besoin de l'approbation des autres et sont proprement dépourvus de toute capacité à approuver qui que ce soit, et c'est quelque chose de très rare à observer à la télévision.
La plupart des héros de Girls sont dans l'auto-fiction permanente, se racontent des histoires sur eux-mêmes... dont les autres ne sont pas dupes, et cela conduit à des choses fantastiques, ponctuellement.

Tout conflit est foncièrement fascinant à observer dans Girls ; mais là encore, ce que j'aime dans un conflit entre deux personnages de fiction, c'est quand il influe ensuite sur eux. Or dans Girls, uand un personnage dit ses quatre vérités à l'autre, ce dernier ne les absorbe jamais. Par exemple, j'ai absolument adoré la conversation entre Elijah et Marnie, avant et après qu'ils "couchent ensemble" (même si entre nous soit dit, il a tout juste trempé un orteil... ça ne compte même pas), la conversation avait quelque chose de brut qui faisait plaisir. Mais en-dehors des conséquences pour Hannah, cette rencontre pourtant si atypique pour l'un et l'autre n'a semblé porter aucune conséquence profonde, aucune remise en question, même. Marnie tente-t-elle de se faire passer pour la personne qu'elle n'est pas ? Et dans ce cas, qui est-elle ? Le sait-elle seulement ? Aveugles à eux-mêmes, ils continuent de tracer leur route... et de coucher avec des artistes contemporains imbus d'eux-mêmes, dans le cas de Marnie.
Comment s'étonner qu'il soit si facile de marcher sur les pieds de Hannah ou Marnie quand elles-mêmes refusent de prendre le contrôle de leur propre existence ?

Il est possible que je ne sois pas supposée regarder Girls, que rien ne m'y destine, mais il y a toujours, comme en saison 1, des instants, éphémères mais bel et bien là, pendant lesquels je trouve Girls vraiment bonne, vraiment incisive. Mais ces instants sont noyés dans des épisodes qui me mettent mal à l'aise non pas de par le recours à la nudité, au sexe, à la crudité, aux substances variées, et ainsi de suite, mais parce que les personnages eux-mêmes vivent dans un état perpétuel de flottement éthéré et de détachement de soi qui m'empêche de vraiment réussir à leur trouver quoi que ce soit de terrestre, et moins encore d'authentique.

Je ne demande pas que les personnages de Girls deviennent "likeable", j'espère juste qu'un jour, je comprendrai en quoi ils sont "relatable". C'est en prenant conscience de cette recherche, de cette course qui est la mienne depuis la saison 1, que j'ai compris qu'il faudrait peut-être, à un moment, jeter l'éponge.
Et ainsi admettre que non seulement je ne suis pas dans la cible de la série, mais que Girls, ce n'est pas pour moi.

31 janvier 2013

Drowning together

Ca se sera joué in extremis : oui, le mois de janvier aura réussi à nous apporter une solide nouveauté, donnant enfin un renouveau d'intérêt au défi que whisperintherain et moi-même nous sommes lancé ! Mesdames et messieurs, standing ovation pour The Americans !

TheAmericans

Les fictions sur l'espionnage ne sont pas exactement mon sujet préféré : et pour cause, j'ai découvert il y a quelques semaines que j'en regardais en définitive très peu (il y a bien eu Rubicon mais plus j'y pense plus je suis à peu près sûre de m'en être détournée au bout de quelques épisodes et de n'avoir pas vu le dernier épisode). Mais quand, en décembre, je me suis risquée à en tenter plusieurs (aussi différentes que peut l'être la palette de nuances de Hunted à Spy, en passant par Spooks et Covert Affairs), je n'en avais trouvé aucune pour tout-à-fait m'électriser ; c'est désormais chose faite.

Pourquoi ? D'abord, parce que The Americans trouve le moyen de parler de la Guerre Froide sans se dérouler dans les années 60, auxquelles beaucoup de fictions ont recours en général, préfèrant revenir sempiternellement à l'époque de la crise des missiles de Cuba et autres faits très notables de l'opposition entre les USA et la Russie. Ecarter cette facilité, c'est d'une part une bonne chose en soi, mais cela permet aussi d'apporter un peu de lumière sur une partie de la Guerre Froide beaucoup moins évoquée dans les séries. Bien que The Americans s'autorise quelques ponctuels fashbacks antérieurs, une grande partie de son action s'intéresse aux années 80 (promis, on est loin de The Carrie Diaries) et s'intéresse au rebond des hostilités entre les deux grandes puissances, un axe qu'on est loin de connaître sur le bout des doigts. C'est donc une première chose.

Mais l'autre raison, la principale raison, de l'excellence de The Americans, qui m'a fait me lever et applaudir à la fin de l'épisode, c'est que les opérations secrètes des héros de cette série ne sont pas au coeur de ce pilote, et a priori pas de la série. The Americans, d'abord et avant tout, est une série dramatique.
Rien n'est passé à la légère dans cet épisode inaugural, et surtout pas la couverture de nos deux agents. Elizabeth et Phillip forment en effet un couple qui se fait passer pour des Américains on-ne-peut-plus moyens, vivant en banlieue, avec deux beaux enfants, et toute la collection de clichés qui va avec ; sauf qu'ils sont donc des espions russes placés là depuis des années, infiltrés dans la société, totalement insoupçonnables tant ils font partie du décor depuis toujours. Derrière l'aspect gadget de ce résumé de leur situation, se cache pourtant une richesse dramatique dans laquelle The Americans va abondamment piocher, revenant à la fois sur la façon dont ce couple s'est formé, la vie des agents avant qu'ils ne se rencontrent, le lien qui les unit dorénavant, etc... Ils forment une équipe et une famille, et l'épisode va bien garder cela en tête dés qu'il va se passer quelque chose, ces deux caractéristiques n'étant jamais traitées en prétexte mais plutôt en opportunité de faire ressortir des conflits entre les personnages, qui eux-mêmes ne sont que l'expression de leur conflit interne. Dans le premier épisode, le personnage d'Elizabeth semble légèrement avantagé, mais légèrement seulement, car en réalité ce pilote se fait fort de décrire une relation complexe, vaste et pleine de sinuosités entre deux personnes qui sont ensemble, qu'elles le veuillent ou non, et qui ont appris à le vouloir par la force des choses, et qui, peut-être, sont en train de découvrir que la force des choses ne fait pas tout.

Je ne veux pas trop vous en dire, mais ce que ce pilote accomplit avec ses deux personnages n'est rien d'autre que brillant et vibrant, l'émotion est impeccablement amenée et montrée ; et cela, tout en menant son intrigue de façon relativement complète du point de vue de l'espionnage. En effet, la mission au début du pilote est réglée à la fin de celui-ci, laissant toute la place aux épisodes précédents pour d'autres missions peu feuilletonnantes, tout en ouvrant la voie à plusieurs fils rouges issus de l'exposition elle-même. Pour moi qui ai une nette préférence pour les débuts de pilotes (c'est après tout là que tout se joue, et donc que l'on met souvent le paquet), le dernier tiers de The Americans est une absolue merveille. La montée en puissance de son intrigue, mais aussi, et surtout, de l'exploration de ses personnages, offres quelques grandes scènes à un cast qui, par ailleurs, est absolument irréprochable. J'aurais envie de vous décrire plus en avant ces scènes, ces développements, mais je ne peux le faire sans vous spoiler, et ça me ferait mal au coeur de vous casser la moitié du plaisir de découvrir progressivement les beautés de ce pilote.

Oh oui, vous pouvez croire le buzz. Tout ce qu'on vous en a dit est vrai. Avec une écriture fine et solide à la fois, une structure souple, d'excellents personnages incarnés par d'excellents acteurs, ce qu'il faut d'émotion, et beaucoup d'intelligence, The Americans s'annonce, c'est certain, comme une série avec laquelle il faudra sérieusement compter.

Ca me fait un plaisir immense que d'avoir ressenti tous ces frissons devant ce premier épisode, non seulement parce que ça n'arrive pas souvent en ce début d'année (ce qui est un peu douloureux quand je compare à l'excellent mois de janvier 2012), mais aussi parce qu'assez peu de séries ces derniers temps sont capables de me laisser pantoise sur mon fauteuil, la mâchoire pendante et les yeux humides, avec pour seule envie de me plonger dans du Phil Collins jusqu'à la semaine prochaine. Une semaine ?! Je ne tiendrai jamais.
...Mon Dieu. Un coup de coeur. J'avais presque oublié comment c'était !

Challenge20122013

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