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ladytelephagy

11 novembre 2012

Juste une goutte

Il y a encore quelques années, les séries à concept, au Japon, relevaient encore de l'exception. Mais désormais, les formats d'une demi-heure diffusés en nocturne se sont multipliés, de plus en plus de chaînes s'y essayent, et surtout, ils se révèlent être une véritable mine d'idées originales, empruntant à divers genres afin de mieux dépeindre l'âme humaine. Ces petites séries font rarement des audiences de feu, pour ne pas dire jamais, mais elles ont un autre point en commun : leur budget est généralement très humble. Leur ambition se situe tout simplement ailleurs, pourrait-on dire.
Alors, quand à désormais chaque saison, débarque un nouveau concept, généralement, je me frotte les mains et je saute dessus. C'est le cas pour Doku , qui figure dans la grille de NTV cet automne.

DokuPoison-580

Le concept de Doku (le second mot étant la traduction du premier, pour ceux qui se demandent) reprenait la plupart des thématiques des dorama à concept : un étrange personnage qui donne à des protagonistes de passage l'opportunité de changer de vie grâce à un item aux propriétés uniques (pour Mirai Nikki c'était un téléphone portable qui annonce par SMS ce qui va se passer dans quelques secondes, par exemple). Ici, nous avons u drôle de type affublé d'un chapeau qui promet un poison totalement indétectable, et, qui plus est, dont les effets ne se mettent en route que 24 après administratrion, ce qui est parfait pour ficher le camps vite fait et/ou se fabriquer un alibi. Un outil parfait pour ce genre de séries, donc.

Doku présente d'elle-même son concept en faisant tomber le quatrième mur : après avoir expliqué que nous avons tous dit au moins une fois que nous aimerions voir quelqu'un mort (ce sur quoi je suis assez d'accord), Mr. Chapeau présente son poison aux spectateurs, expliquant qu'il permet de distinguer facilement le Mal du Bien, comprenez que quiconque choisit d'en faire usage est forcément mauvais.
La présentation est peut-être pas mal pour l'ambiance, mais pour servir le concept, on a vu mieux : empoisonner quelqu'un, c'est mal ? You don't say...

Lorsque nous rencontrons notre premier cobaye, il a précisément une conversation à propos d'un poison potentiellement indécelable avec sa petite amie (d'ailleurs, quelle curieuse conversation à aborder juste après le sexe !), et clame que de toute façon, lui, il n'a personne qu'il voudrait tuer. Et puis, ça ne vaudrait pas le coup, pour tous les ennuis qu'il y a après. Sur l'insistance de sa douce, qui insiste sur l'indécelabilité d'un poison pour le moment imaginaire, il ajoute simplement que cela ferait un super scoop. Et c'est comme ça qu'on apprend que le héros de notre épisode est un journaliste.
Il y a dans cette première scène trop de maladresses pour les compter toutes. La façon dont la petite amie insiste sur l'histoire du poison indécelable, par exemple, est la plus ennuyeuse : elle prête à confusion, parce qu'en réalité la petite amie n'a aucun rôle à jouer dans notre affaire, ou si peu. Mais cette conversation laisse imaginer au spectateur des tas de revirements par la suite, et aucun ne se produit. De fait, cette séquence bien inutile consistant à présenter le personnage central de l'épisode et sa moralité soi-disant inattaquable est en réalité plus lourde qu'efficace.

Dans le même ordre d'idée, d'autres bévues se produiront par la suite, toutes mettant en place des éléménts totalement mis de côté par la suite de l'épisode. Ainsi, notre journaliste arrive au boulot le lendemain matin et que fait-il immédiatement ? Il lit des articles sur un poison indécelable dont on parle sur internet. Ok, là ça devient un peu gros, quand même.
Pendant ce temps, dans un poste de police du coin, une équipe s'intéresse elle aussi aux rumeurs sur un poison indécelable (le fait que toute la ville soit au courant de son existence gâche un petit peu l'effet, je l'avoue), quand une jeune recrue débarque au commissariat : elle était auparavant la mascotte de la police, désormais elle intègre un service de police en tant qu'enquêtrice. Tout cela est du plus haut normal évidemment.

De son côté, notre journaliste de héros nous révèle qu'il mène une double-vie : il fréquente la fameuse petite-amie, fille du propriétaire de son journal, mais il a aussi retrouvé une vieille amie récemment avec laquelle il a une aventure. Comme les choses se précisent avec la petite-amie riche, il veut laisser tomber l'autre (une dénommée Mayumi, qui n'a pas un sou en poche, en plus), mais il apprend qu'elle est enceinte. Pas de bol.
Mesdames et Messieurs, entre en scène notre fameux poison, dont on nous rebat les oreilles depuis le début de l'épisode. A un tel point qu'on est surpris qu'il faille attendre une ruelle mal éclairée pour que le Mr. Chapeau fasse une apparition : j'aurais juré qu'il avait une échoppe avec pignon sur rue quelque part dans Akihabara.
Le dilemme du journaliste n'est pas très long : oui, il va s'en servir ! Pour tuer la femme enceinte, Mayumi. Comme ça, sa vie sera nickel pour quand il épousera la fille de son patron, et vogue la calère ! Ce qui fut dit, fut fait, et croyez-moi si vous le voulez : tout se passe comme prévu. A un tel point qu'on a atteint quelque chose comme le milieu de l'épisode, et que le suspense est aussi indécelable que peut l'être le poison.

Pas une seule fois le spectateur ne s'est demandé si le journaliste allait se servir du poison, et à peine plus s'est-il demandé contre qui il allait l'utiliser. Le scénario a plusieurs fois posé quelques petites pierres qui aurait permis de maintenir un doute, ou de créer une hésitation même temporaire dans l'esprit du spectateur, mais rien de tout cela ne sera utilisé.
Parmi ces questions : et si finalement le journaliste tuait l'autre fille ? Et si le poison ne marchait pas ? Et s'il n'était pas intraçable ? Et s'il avait une autre conséquence cachée ? Et si sa petite-amie avait fait exprès de lui parler du poison ? Et si Mayumi n'était pas celle qu'il pensait ?

Au lieu de quoi, l'enquêtrice nouvellement nommée travaille sur l'affaire du meurtre de Mayumi, sur laquelle comme par hasard le journaliste est envoyé, et au final... nan je vous raconte pas le final, mais sachez que c'est littéralement à pleurer. Au lieu de mettre en place des éléments de thrillers, Doku finit sur une morale larmoyante qui cherche bêtement à nous émouvoir. "Pourquoi ?!" s'écrie notre journaliste, honteux d'avoir tué Mayumi sur laquelle il a découvert tout un tas de choses sans importance prouvant, en substance, ce qu'il savait déjà. Eh bien, on le sait, le pourquoi. Une demi-heure plus tard, on n'a pas avancé d'un pouce.
Tout ce qu'on retiendra de cette première affaire, c'est que l'ex-mascotte aujourd'hui fliquette a elle aussi perdu son père, un enquêteur, dans des circonstances troubles (laissez-moi deviner... elle est sûre que c'est avec un poison indétectable qu'on l'a tué ?).

Loin des temps forts qu'ont pu offrir, par exemple, LOVE GAME ou FACE MAKER, avec de puissants revirements de situation et une interrogation sur la nature humaine, Doku s'acharne à essayer d'en suivre l'exemple sans décoller du petit psychodrame totalement anecdotique. C'est très décevant.

Désormais à chaque saison, débarque un nouveau concept dans les grilles nippones. Mais tous ne se valent pas. Doku manque d'ambition dans l'écriture, dommage. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'à la prochaine saison, on aura un nouvelle chance d'être séduits par un concept nippon...

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10 novembre 2012

[DL] Isabel

Comme je n'ai pas eu trop le temps de préparer un world tour ces derniers jours, je voulais revenir sur une info qui m'a fait particulièrement réagir cette semaine ; les autres attendront.
Mais avant, un petit récapitulatif de ce qui s'est passé en Espagne ces derniers temps, plus précisément dans l'audiovisuel public. Fermez les yeux et imaginez... non, non attendez, zut, j'avais pas réfléchi, ouvrez-les, ohé ! Voilà, merci. Bon, euh, plan B : contentez-vous d'imaginer.

L'audiovisuel public est en déroute ; pas d'argent, des séries qui ne fonctionnent pas, d'autres qui fonctionnent mais qui sont chères à produire, des créanciers (et notamment des sociétés de production) qui réclament qu'on les paye... Au milieu de tout ça, un projet majeur de l'année 2012, une série historique, un truc bien populaire en ce moment dans le pays, ça a des chances de marcher. Sauf que, problème de liquidités oblige, la commande de la série ne peut être réglée par la chaîne RTVE ; en conséquence de quoi les 13 premiers épisodes pourrissent dans un tiroir. Quand la production constate que la diffusion n'avance pas, et que ça commence à être sacrément coûteux d'entretenir les décors pour une hypothétique commande supplémentaire, lesdits décors sont détruits ; tout plan de se lancer dans une éventuelle saison 2 est abandonné.

Mais voilà que RTVE se débrouille pour diffuser tout de même sa série, et qu'elle fait des audiences du tonnerre, par-dessus le marché. En fait, elle parvient à faire l'une des meilleures audiences de ce début de saison ! Incroyable ! ...Mais surtout, quel gâchis, maintenant que les résultats sont tombés.
Cette semaine, au terme d'environ une semaine de rumeurs très soutenues (et encouragées par le réalisateur de la série), RTVE a annoncé être sur le point de finaliser un accord avec la société de production... pour une nouvelle saison ! Revenue d'entre les séries annulées, la série aura 13 nouveaux épisodes ; seules les modalités financières posent encore question et expliquent que ce ne soit pas encore totalement officiel. Mais quelle aventure !

Cette belle histoire, cette invraisemblable histoire, c'est celle d'Isabel. Félicitations à cette série qui en aura vraiment bavé, mais qui a fini par s'imposer, et qui devrait donc revenir sur les écrans espagnols dés l'automne prochain.
Alors pour marquer le coup : générique !

Isabel
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Et d'ailleurs, puisqu'on en parle : quel générique, mes amis ! Complètement à contre-courant de ce qui se fait généralement pour des séries historiques, à plus forte raison des biopics, et en tous cas, très certainement quand on compare les autres génériques des séries du moment en Espagne. Tout est épuré, lent, et emprunt de classicisme... c'est sublime, ce générique.
Pris à part, c'est presque une petite oeuvre d'animation, quelque part, avec cet aigle superbe... mais dans le contexte (évidemment) de la série Isabel, c'est aussi une très très jolie façon de reprendre les symboles d'un règne, de les sublimer, sans jamais les rendre trop évidents. Dans le magnifique générique d'Isabel, on veut à la fois trouver le moyen de représenter le sujet de la série, et d'éviter l'évidence ; cela donne un ensemble de métaphores élégantes du plus bel effet.

Le parcours d'Isabel reprend donc, avec certes, quelques embûches sur le chemin puisque, de l'aveu-même de la société de production, DiagonalTV, il faut repartir à zéro concernant les décors ; plusieurs acteurs étant occupés sur des projets cinématographiques, il faudra en fait attendre février 2013 environ pour que le tournage reprenne.
Mais à la limite, ce sont des détails. Tout ce qui compte, c'est qu'une série a été sauvée de l'annulation. Ce sera le joli conte téléphagique du jour.

9 novembre 2012

La musique dans la peau

Un jour, il faudra que je rencontre Luiz Fernando Carvalho, et que je lui demande : "au juste, ça fait quoi de se lever le matin, d'enfiler ses chaussons pour trainer jusqu'à la salle de bains, et de regarder dans le miroir en se frottant les yeux, et de se rappeler tout d'un coup qu'on est un génie ?". Parce que je suis curieuse, vraiment ; et parce que je soupçonne aussi qu'être Luiz, ce soit une révélation quotidienne.
On parle quand même d'un homme capable à la fois d'avoir une patte, reconnaissable entre mille, identifiable au premier coup d'oeil, et pourtant, en constante réinvention.

Quand on a vu quelques séries de Luiz Fernando Carvalho, ou qu'au moins on y a jeté un oeil (je n'ai pas vu en intégralité des séries comme A Pedra do Reino ou Os Maias, par exemple), on finit par attendre de lui l'excellence, rien de moins. Mais peut-être aussi rien de plus. Au sens que l'excellence, au bout d'un moment, bon bah, on pense qu'on s'habitue, quoi. Qu'au final, le talent de l'ami Luiz peut être résumé à des gadgets qui reviennent d'une oeuvre à l'autre : dans Capitu, s'inspirer de tels arts, et adopter telle charte graphique ; dans Afinal, o Que Querem as Mulheres?, choisir d'autres inspirations, et une autre palette de couleur. On en oublierait presque que le travail Luiz ne se réduit pas à cela.
Suburbia est l'occasion de se souvenir qu'aussi incroyable que Luiz puisse être lorsqu'il pousse la recherche esthétique à l'extrême, ce n'est pas sa seule vertu, et que son talent est aussi de capturer des émotions, voire même des sensations. On peut être chaviré par le style incroyable de Capitu ou les couleurs sublimes d'Afinal, o Que Querem as Mulheres?, en fait il est difficile de faire autrement, mais le travail va bien au-delà.

Peut-être que la clé, c'est l'origine de cette mini-série, justement ; inspirée par une proche du réalisateur récemment décédée, Suburbia a une forme de sincérité, d'authenticité. Il ne s'agit nullement de bâtir un monument graphique en hommage à une femme chère à son coeur, mais plutôt d'essayer de passer du temps avec elle, à respirer à son rythme, à comprendre ce qui la fait vibrer... et, comme pour coller au plus près, la plupart des artifices ont été mis de côté. Ne restent que l'élégance et un sens de l'image inimitable.

Suburbia-Logo

Ce qui n'aide pas forcément Luiz, c'est que, dans Suburbia, il est difficile de construire une unité stylistique comme dans d'autres oeuvres précédentes du réalisateur brésilien. La série commence dans un univers, passe dans un deuxième, en aborde un troisième et s'oriente, en fin d'épisode, vers un quatrième.

Caméléon sans le savoir, l'héroïne de cette mini-série, Conceição, commence en effet sa vie au creux des montagnes de l'Etat de Minas Gerais, dans une famille plus pauvre que pauvre qui gagne péniblement sa vie en fabriquant du charbon de bois, un métier dangereux et pas franchement lucratif. L'épisode commence alors que l'unique cheval détenu par la famille va être abattu pour être manger ; l'animal n'est pas spécialement charnu, mais c'est toujours ça de pris. Cependant, ce superbe équidé élancé s'avère aussi être le meilleur ami de la petite Conceição, une beauté aux grands yeux qui supplie de toute son âme qu'on épargne l'animal... son père n'aura pas le coeur de tirer, et le cheval sera sauvé. Cette première séquence, entre violence triviale et émotion douce (le regard du paternel baissant sa carabine vaut tout l'or du monde), est un peu la profession de foi de Suburbia, mais nous ne le savons pas encore, alors que nous accompagnons Conceição dans ses retrouvailles avec son partenaire de toujours.
Malheureusement, la vie dans une carrière de charbon de bois n'est pas que victoires, et le sentiment d'invincibilité que ressent la petite fille avec son cheval va être de courte durée, interrompu qu'il est par un accident qui coûte la vie à son frère, et qui manque de la priver de la sienne (si ce n'était pour sa mère qui la ramène des morts aussi sûrement que le fait Oriel pour Fish dans Cloudstreet). Effrayée, la matriarche l'encourage à partir chercher une vie meilleure à Rio de Janeiro, armée d'à peine un petit balluchon, d'une Vierge noire tendrement emaillottée dans un petit mouchoir rouge, et d'une coupure de journal pour toute boussole. Je vous laisse imaginer la séparation avec le cheval, de quoi transformer vos joues en marais salant.

Quittant le charbon pour le béton, Conceição, je vous la fais courte, va passer par la rue mais surtout le foyer pour enfants, dont elle s'échappera vite fait (s'éloignant ainsi d'une jeune fille bien décidée à faire pleinement usage des douches collectives), avant d'être malencontreusement percutée par une voiture en évitant les policiers à sa recherche.
Le spectateur, totalement sous le charme de l'innocente créature, n'en finit pas de se demander si les problèmes vont un jour s'arrêter pour l'héroïne... quand la jeune femme qui l'a percutée avec sa voiture décide de la prendre sous son aile. En échange du gîte et du couvert, Conceição vivra avec elle et son compagnon comme jeune fille au pair, en quelque sorte ; les années passant, elle s'occupera également des deux enfants de sa bonne samaritaine. C'est en effet dans ce foyer qu'elle grandit, au son de la radio et en regardant les émissions musicales à la télévision, dansant dans la cuisine, heureuse.

Ah, que tout cela est merveilleux ! A ce stade, Conceição est notre petite chérie, notre adorée, et la voir resplendissante est savoureux. On est prêts à regarder toute une série dans laquelle elle trouverait le bonheur à chaque épisode un peu plus.
Mais il n'existe pas de série dans laquelle les personnages sont un peu plus heureux à chaque épisode. Ca ne fait pas une série, le bonheur.

Après avoir découvert le quartier populaire coloré de Madureira avec son amie, collègue, et un peu mentor, Vera (une femme pieuse qui aujourd'hui s'occupe d'une vieille dame, mais qui n'a peut-être pas toujours eu une vie aussi rangée), Conceição s'apprête à vivre une adolescence radieuse et épanouie avec les ados du coin, ondulant au son des meilleures chansons du moment. Cette innocence n'aura qu'un temps...

      

Le pilote de Suburbia oscille en permanence entre cette violence et des passages d'une grande candeur. C'est ce qui en fait une oeuvre si rafraîchissante. En accompagnant pas à pas notre Conceição aux yeux curieux et au grand sourire, la camera nous aide à voir le monde comme elle : il n'y a pas de danger, il n'y a que des découvertes à faire. Conceição ne sait même pas qu'elle est belle, qu'elle l'a toujours été, qu'elle le devient chaque jour un peu plus. Elle ne voit pas le regard des autres sur elles ; nous le percevons, comme elle, de façon confuse, ou, surtout, lorsqu'il est trop tard. Une adolescente de la rue qui jette un oeil plein de convoitise dans sa direction, une femme qui fait un peu la tête lorsque son mari s'approche de la jeune fille, des garçons qui lui font la cour en dansant : Conceição ne saisit pas ce que les autres voient en elle. Pourtant, elle en fait parfois les frais. Il lui arrive d'avoir l'instinct nécessaire pour se protéger, mais...

Beaucoup de choses, encore, attendent Conceição. Beaucoup de musique, aussi : c'est la promesse de Surburbia, après tout (et vous le savez d'autant mieux si vous avez regardé la bande-annonce). En suivant le Destin de cette personne à l'âme si bien faite et à l'enveloppe corporelle toute assortie, Suburbia ne veut pas nous raconter quelque chose de tragique.
Son utilisation des couleurs, des lumières, de la musique (rarement une série signée Luiz Fernando Carvalho aura fait autant de place à la musique, non en termes de quantités, mais bien dans la façon de la mettre en valeur, mieux, de la vivre) est trop exaltée pour cela. Mais sans jamais trop en faire. S'il fallait choisir un ingrédient esthétique qui soit au centre des choix pour Suburbia, ce serait probablement... la peau. Caressée par la camera, léchée par la lumière, aspergée de cendres, constellée de gouttes de laits, ruisselante d'eau, moite de sueur : dans Suburbia, l'héroïne a la peau noire, et le réalisateur cherche mille façon d'en souligner la beauté, la nuance, la souplesse, l'élasticité, et mille autre propriétés fascinantes. Luiz semble totalement subjugué par le jeu des muscles sous cette peau, la façon dont les yeux l'illuminent, l'éclat qu'elle prend sous des habits colorés, et mille autre détails qui témoignent de la subjugation du réalisateur pour son sujet (un envoûtement d'autant plus louable que les séries mettant en scène des héroïnes de couleur ne sont pas légion, même au Brésil où pourtant les Afro-Brésiliens, les Aguda, représentent 11% du pays). La seule chose que Conceição possède vraiment, c'est sa beauté ; on peut tenter de lui ravir bien des choses, mais pas cela...

Conceição est promise, on peut en être sûrs au visionnage de ce pilote, à une vie passionnante... mais pas déprimante ! Bien-sûr, il y a eu, il y a, et il y aura de véritables passages tragiques, mais Suburbia n'est pas le constat d'une existence ruinée, d'un potentiel gâché, peut-être même voué au néant par sa naissance modeste. Comme une petite pousse verte entre deux dalles de béton, l'héroïne de cette mini-série est une force vive que rien ne peut vraiment piétiner, j'en suis sûre après cet épisode.

Ce n'est pas par le parcours de Conceição, ni par les péripéties racontées, que Surburbia se distingue de tant d'autres histoires similaires, c'est par son envie de dépeindre avant tout un être qui, au travers de ses différentes vies, va toujours persister à exister. C'est une bien belle ode à la solidité de chacun que chante Suburbia, et l'air est en plus très doux aux oreilles du téléphage exigeant.

Alors, pardonnez mon langage, mais Suburbia... PUTAIN, C'EST BEAU.
Et comme aucune série avant elle.

8 novembre 2012

C'est tout dans la tête

Mes tentatives pour me réconcilier avec la télévision sud-coréennes sont assez aléatoires. Pour un White Christmas, combien de Kkotminam Ramyeongage ?
Mais alors que je faisais des fouilles en matière de séries venues de Singapour et de Hong Kong (des fictions asiatiques susceptibles de parler anglais, donc... j'ai notamment mes vues sur The Kitchen Musical qui finira bien par sortir en DVD un jour vu son succès), je suis tombée sur le DVD de Brain, une série sud-coréenne dont j'avais entendu du bien, et dont le pitch tendait à indiquer que de romance il n'y aurait point ! Or la romance systématique, c'est ma pomme de discorde avec la Corée du Sud ! Pire : ma kryptonite ! Ni une ni deux, j'ai commandé le DVD, à plus forte raison parce qu'il comportait des sous-titres anglais.

Brain

Brain se déroule dans l'hôpital universitaire de Chunha, qui forme [évidemment] la crème de la crème des médecins de demain ; en particulier, son service de neurochirurgie est très prisé par les étudiants en médecine souhaitant se spécialiser. L'épisode commence un peu comme les plus grands procedurals de la planète, avec une très classique entrée en matière qui nous permet d'assister à une exceptionnelle performance d'un nageur dans une piscine de la ville ; tandis que l'athlète fait l'admiration des simples péons venus faire trois brasses dans le grand bain, sur le côté, un homme un peu rondouillet s'effondre : il sera notre patient, naturellement, et nous l'accompagnons alors qu'il est emmené de toute urgence à Chunha, où sa rupture d'anévrisme doit être traitée dans les meilleurs délais.
Jusque là rien que de très classique, mais quand c'est le jeune résident Dr Ganghun Lee qui décide de l'opérer au lieu d'appeler un senior, une partie du personnel médical tique un peu.

Sûr de lui, Ganghun Lee va donc se dépêcher de faire libérer une salle d'opération, se préparer consciencieusement, et opérer accompagné de ses internes, lesquels sont ébahis par son assurance, son audace et son sang-froid même quand les choses commencent à mal tourner.
Car elles tournent mal. Subitement, une hémorragie l'empêche de finir d'oblitérer l'anévrisme ; alors que le patient se vide de son sang, le Dr Lee semble incapable de trouver la source de ce saignement, inquiétant tout les jeunes internes et les résidents massivement agglutinés dans la salle d'observation. Bien qu'il poursuive son opération sans ciller, un autre résident, le Dr Seo, décide de discrètement avertir le professeur Kim, un expert mondialement renommé qui consacre une grande partie de son temps à la recherche sur les tumeurs. Pendant que les internes, les résidents, et désormais le professeur, assistent avec angoisse à la tournure de l'opération, le Dr Lee a fait appeler le chef du service, le Dr Go ; quand ce dernier arrive, Lee a quasiment tout réglé : il ne reste plus qu'à installer la petite pièce métallique finale qui achèvera de fermer l'anévrisme.

Pendant toute cette scène, il est clair que le spectateur, qui s'est aussitôt rangé du côté du Dr Seo (l'attitude hautaine et arrogante de Lee empêchant toute affectivité), est convaincu que cette enflure de Dr Lee va avoir la monnaie de la pièce. Pour avoir été trop sûr de lui, trop empressé à conduire sans supervision une opération minutieuse et sensible, il va tout perdre, c'est certain. C'est dans l'ordre des choses : il faut être humble, travailler dur, et attendre d'être prêt ; Ganghun Lee a voulu aller trop vite, il va récolter ce qu'il a semé.
Mais le Dr Lee a une longueur d'avance sur nous. Sur tout le monde. Et non seulement il est sûr de lui, et d'un sang-froid hallucinant, mais en plus, il a raison ! Quand le Dr Go débarque, le patient se porte comme un charme, il ne reste plus qu'à faire une petite manipulation minable, indigne d'un chef de service. La réaction ne se fait pas attendre : le Dr Go décrète à voix haute que pareille tâche n'est pas digne de lui, que Lee est suffisamment compétent pour s'en charger vu qu'il a parfaitement mené l'opération jusque là (il ignore que quelques minutes avant son entrée dans la salle d'opération, le patient pissait le sang...), et que désormais, Lee pourra faire ses opérations sans supervision : il a sa bénédiction.
Et devant le service tout entier, excusez du peu.

Soudain il apparait que l'intention de Brain n'est pas de parler de médecine, mais de l'ambition des médecins.

Ganghun Lee a parfaitement joué son coup (certes avec un max de culot et peut-être une petite part de chance) pour être désormais reconnu comme un médecin accompli par la hiérarchie.
Avec cette entrée en matière un peu longue, en apparence un peu scolaire dans le déroulement des séquences (on pensait assister à une opération comme une autre, ensuite on se dit que ça se trouve on est là pour assister à un rappel à l'humilité d'un chirurgien...), et dont on ne nous passe pas le moindre détail médical explicite puisque la camera observe plus l'opération que les médecins (en cela, cela m'a un peu rappelé le début de Before and After Seonghyeongoekwa, ne s'embarrassant pas de montrer les manipulations dans toute leur crudité), Brain établit en fait les bases d'un système politique interne à l'hôpital, où l'arrivisme compte autant que les compétences.

La suite du pilote sera consacrée à insister en ce sens, en montrant non seulement comment désormais Ganghun Lee va se considérer arrivé, et va user de son pouvoir avec les jeunes médecins placés sous son autorité, mais aussi comment le Dr Seo va progressivement se placer sur sa route, comment le Dr Ko va au contraire encourager son poulain, et comment, dans tout ça, le très compétent et très humain Pr Kim va se montrer être un exemple de praticien dévoué.

Cela ne veut pas dire, à aucun moment, que le Dr Lee ne compte que sur ses dents longues pour progresser professionnellement. Derrière son ambition se cache également beaucoup de travail et de renoncement.
Même s'il n'est pas le "gentil" de notre histoire, Ganghun Lee est notre héros, ou plutôt évidemment un anti-héros. Ce n'est pas un monstre comme le Dr Kelso (oui je me suis jeté quelques épisodes de Scrubs derrière la cravate, récemment), ce n'est pas un homme profondément blessé comme la figure emblématique de Dr House (même si évidemment, le point de départ de sa volonté de faire de la médecine s'explique par son background, on ne peut pas y échapper). Et j'ai apprécié que Brain prenne vraiment un parti original et personnel dans sa façon d'aborder un personnage qui, clairement, n'attire pas la sympathie ni de son entourage (mais il s'en fiche), ni des spectateurs (et ça c'est plus compliqué, déjà).
Sa mère et sa soeur, par exemple, sont devenues des étrangères pour lui ; ce n'est pas vraiment qu'il les méprise, simplement il ne veut pas avoir de connexion ni de temps pour elles. Il n'a tissé de lien avec personne à l'hôpital, si ce n'est le Dr Ko, mais c'est évidemment à dessein ; cela ne se traduit même pas par une quelconque forme d'obséquiosité, car Ganghun Lee veut essentiellement se faire remarquer pour ses compétences, il est simplement très habile lorsqu'il s'agit de les mettre en avant, on l'a vu. Et puis, alors qu'il semble n'avoir pas cligné de l'oeil une seule fois depuis des heures et des heures, il est clairement impliqué dans une amélioration constante de ses capacités, un entretien régulier de sa résistance physique, et une mise à niveau permanente de ses connaissances médicales. Ganghun Lee n'est pas un surhomme, mais c'est un homme tout entier dédié à son but. Il est peut-être insupportable pour ses internes ou les autres résidents, mais il se veut irréprochable et travaille de façon acharnée à atteindre une certaine sorte de perfection.
En décidant de tout sacrifier, de tout occulter au nom de son ambition, Ganghun s'ampute d'une part d'humanité pourtant inhérente à son rôle de soignant. C'est aussi ce que cherche à dire Brain, qui nous rappelle, via la présence du Dr Seo et du Pr Kim, que le contact avec les patients est important aussi ; à défaut de faire toute la différence dans la guérison d'un patient, cela fait en tous cas toute la différence dans la relation qu'a le malade avec celui qui le soigne.

Naturellement, ce n'est pas un simple boulevard qui s'ouvre au Dr Lee dans ce premier épisode. Des rappels à la réalité lui seront, à coup sûr, assénés, à bien des égards.
D'abord parce que la situation financière du service de neurochirurgie va inciter la hiérarchie à braquer les projecteurs sur le Pr Kim, afin de s'assurer que ses recherches font de lui le centre d'attention de l'hôpital, attirant ainsi une certaine réputation et donc une certaine clientèle. En volant ainsi, sans le vouloir, la vedette à Lee, Kim va forcément réveiller la bête qui sommeille, mais d'un oeil seulement, derrière l'apparence maîtrisée de Ganghun Lee.
Et puis, le vernis est voué à se craqueler, nécessairement. La faute n'a pas été commise au début du pilote par Lee : ça n'est que partie remise. Il suffira d'une fois, d'une seule, d'une seule petite faute, même mineure : être un peu trop arrogant, trop sûr de sa supériorité, ne lui sera jamais pardonné maintenant qu'il a tout fait pour s'élever si haut et si vite.

Brain-Promo

Comme la plupart des séries sud-coréennes, Brain ne peut pas s'empêcher, outre la problématique posée par le comportement de Ganghun Lee, d'être un ensemble show : c'est dans son ADN. On trouve donc, dés ce pilote, et avec la certitude qu'ils vont se développer, d'autres axes narratifs et d'autres pistes de réflexion.

Il y a d'abord l'incontournable personnage féminin. Ah oui, au singulier ! Mais l'avantage c'est qu'elle est multifonctions, puisque la jolie Dr Jihye Yun va à la fois servir d'enjeu romantique (je vous laisse deviner l'expression sur mon visage), de personnage un peu plus humain et naturel (limite chouineuse de mon point de vue, mais je me sais assez réfractaire au surjeu de certaines actrices asiatiques) et d'argument sur, justement, la place des femmes dans un monde très masculin.
Jihye (que tout le monde appelle par son prénom, au passage) est à la fois en formation dans le service de neurochirurgie, et assistante du Pr Kim, qu'elle respecte et qui, apparemment, la respecte également ; ils partagent une relation de connivence, bâtie autour des recherches qu'elle l'aide à effectuer et qui sont en net progrès. Malheureusement, Jihye est aussi une femme au tempérament assez peu rangé, qui n'hésite pas à toujours dire ce qu'elle pense et laisser s'exprimer ses émotions, qu'il s'agisse d'instinct, d'inquiétude... ou de colère. Clairement, on est dans un classique des personnages féminins de Corée du Sud ces dernières années, dans lesquelles bien-sûr la jeune femme n'a pas la langue dans sa poche et ne comprend pas toujours le sens du mot diplomatie. Une personnalité qui ne pouvait que faire des prodiges face au self-control entretenu par le Dr Lee, qui tente de la remettre à sa place !

On assistera donc à une scène assez glaciale pendant laquelle, une fois de plus, elle a protesté ouvertement contre sa façon de traiter ses subalternes, et Lee lui assène une cinglante vérité : "Vous venez à une réunion de spécialistes sur deux ou trois, et vous n'êtes jamais là quand je viens pour observer. Alors vous êtes occupée, bien. Mais si vous faites l'impasse sur les réunions, vous devriez travailler encore plus dur. Est-ce que vous le faites ? Non. Vous êtes une résidente de troisième année, et pourtant vous faites des erreurs sur les dossiers des patients. Vous donnez les mauvais ordres, et vous ne répondez jamais à mes questions. Les femmes comme vous, je les connais. Vous vous arrangez pour vous glisser dans un domaine principalement masculin simplement grâce à l'agressivité et la chance. Et vous demandez des droits, et l'égalité, prenant tout ce que vous pouvez, mais fuyant les responsabilités, en faisant faire aux autres ce que VOUS êtes supposée faire". Allez, mange. Cette critique aux relents un peu sexistes semble d'abord déplacée ; mais venant du Dr Lee sans coeur, faut-il être surpris ? D'autant que très vite, le Dr Yun s'est positionnée comme un personnage sympathique, avec lequel l'identification est, comparativement, beaucoup plus facile.
Mais à mesure que l'épisode progresse, les propos du Dr Lee prennent un sens nouveau. Même si ce n'est pas conscient, le Dr Yun profite des bonnes prédispositions de certains médecins à son égard, qui lui accordent plus d'attention : le Pr Kim, qui visiblement la considère comme un atout dans ses recherches, et qu'elle accompagne également pendant ses rondes ; et le Dr Seo, qui visiblement a un faible pour elle et qui est prêt à croire tout ce qu'elle dit sans la remettre en question. Et finalement, c'est vrai : en tant que femme, Jihye tire partie d'une certaine part de privilèges, quand bien même elle ne fait rien tout spécialement pour se les attirer.
Derrière la question amoureuse ainsi effleurée se cache donc une problématique intéressante... OUF !

Il faut aussi ajouter à ces deux personnages toute une galerie d'internes (généralement d'une docilité à toute épreuve face au panache de Ganghun Lee), de résidents, et d'infirmières, esquissant les relations professionnelles de tout un hôpital.
Dans cette série médicale, l'enjeu n'est justement pas le volet médical : il est acquis, parce que l'hôpital de Chunha est l'alpha et l'omega de la formation médicale, que tout le monde ici a un niveau minimum. Nous ne nous intéressons pas, ou si peu, aux patients : leur sort nous importe uniquement lorsqu'en dépendent les influences fluctuantes des médecins. L'enjeu n'est pas de souffrir avec eux, ni même d'espérer qu'ils guérissent ; d'ailleurs, lorsqu'on suppose (qu'on espère ?) secrètement que Ganghun Lee va tout foirer pendant l'hémorragie, on en viendrait presque à vouloir que le patient claque sur la table d'opération.

La question que pose Brain, c'est : qu'est-ce qui fait un bon médecin ? Tout est, vraisemblablement, dans l'équilibre.
Le Dr Ganghun Lee a, c'est évident, bien des qualités pour être l'un des meilleurs, et l'une d'entre elles, non des moindres, est qu'il ne souhaite rien plus au monde. Mais même l'excellence de sa technique, son sang-froid incomparable et son sens aiguisé de la hiérarchie hospitalière ne suffisent pas vraiment. A contrario, constamment dans l'émotionnel, le Dr Jihye Yun ne peut prétendre aux honneurs tant qu'elle n'apprend pas le contrôle, justement. Les recherches pointues et prometteuses du Pr Kim avancent, certes, mais en se détournant en partie des opérations, il n'est pas assez ostensiblement brillant, alors que le Dr Go cherche clairement des "stars" à mettre en avant auprès des VIP...
A travers son regard sur la politique interne des hôpitaux, Brain veut poser la question d'un idéal qui semble impossible à atteindre précisément si on s'y dédie. Que faire de tout cela quand il faut aussi s'auto-former, se perfectionner, entretenir un semblant de vie sociale et/ou familiale, et, chose non-négligeable, dormir ? Cette dernière question sera soulevée en filigrane par de mini-scènes insistant sur un interne qui passe son temps à s'endormir sur son travail... pour l'instant il n'a mis personne en danger, mais qui sait ?

Une parenthèse, comme c'est la coutume, sur mon fournisseur du jour. Il s'agit de HMV Hong Kong, choisi sans grande raison particulière si ce n'est tester le service en vue d'achats futurs (il y a aussi des séries nippones qui trainent sur le site, et toujours avec des sous-titres anglais, je ne vous dis que ça). En dépit de son impraticabilité, puisqu'il faut apparemment parcourir la rubrique séries sans possibilité de trier les résultats ni même un système de classement alphabétique (seule solution si vous savez ce pour quoi vous venez : la fonction recherche), et qu'en plus les séries de plusieurs pays sont mélangées dans cette même catégorie, on y trouve un grand choix qui a de quoi mettre l'eau à la bouche.
Sur le volet financier, le coffret de Brain a coûté 42,27€, frais de port compris. La commande a été livrée en très exactement 8 jours, ce qui est pas mal vu le kilométrage effectué. L'objet majeur de mon admiration ira cependant à l'emballage : le coffret était dans du papier à bulle, fermement arrimé dans un carton à la Amazon, avec en plus une enveloppe renforcée pour faire le transport par-dessus le marché. Mieux, on peut pas.
Si le coffret en lui-même est un bel objet (boîte cartonnée et dépliable avec une fermeture aimantée, très belles illustrations reprenant la plupart des posters promotionnels de la série, il me faut quand même préciser l'encodage un peu pourri, mais aussi l'image au 4/3, qui d'après ce que j'ai lu est la façon dont ça a été diffusé à Hong Kong donc passe pour cette fois (quand on achète à l'étranger, c'est le jeu ma pov'lady !). M'enfin au moins, vous êtes prévenus.
Mais en mettant de côté ce léger soucis (et puis ça se verrait ptet moins sur ma télé que sur mon ordi, j'ai pas encore essayé), ça valait quand même le coup de faire cet achat, ne serait-ce que pour les sous-titres anglais d'excellentes facture. Je confesse avoir eu peur de tomber sur des fastsubs, j'avais du mal à croire qu'il s'agisse d'un DVD "officiel" (fut-il édité dans un autre pays que celui qui a vu naître la série), mais force est de reconnaître que c'est un investissement relativement fiable ; il faut dire que je suis relativement peu regardante sur la qualité d'image. Donc banco, je recommande.

L'univers de Brain s'avère foisonnant, passionnant, et complexe. Les quelques facilités sont facilement excusées par la volonté claire de poursuivre une discussion sur l'exercice de la médecine. On dit souvent de cette discipline, et en particulier la chirurgie, est soumise à une rude compétition... c'est ce que veut aussi nous raconter Brain, et grâce à cette course à la réussite, l'excellence et la reconnaissance, le pilote promet d'aborder des questions sensibles.
C'est une belle promesse, et je n'ai, au stade de ce premier épisode, aucune raison de douter qu'elle ne sera pas tenue. On en reparle dés que j'ai fait un sort aux 19 épisodes suivants.

7 novembre 2012

Née sous X

Depuis quelques jours, j'ai du monde à la maison, et du coup, je regarde des films. Ouais je sais, à moi aussi ça fait bizarre. Je n'avais plus regardé autant de films en si peu de temps depuis mon fameux défi cinématographique ! Qui plus est, ce n'est pas exactement le genre de films que je regarderais si j'étais seule.
On a en effet commencé avec la trilogie X-Men, avant d'embrayer sur les prequels/sequels variés sortis à ce jour.

Les deux premiers X-Men, je les avais vus, en réalité, dés leurs sortie, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils ne figurent pas dans mon Secret Diary of a Cinephile ; à l'époque du premier, je fréquentais un geek, et à l'époque du second, je re-fréquentais le même geek (j'étais en réalité surprise qu'on ne se remette pas ensemble au moment de la sortie du troisième !). Le dernier opus de la trilogie, en revanche, n'étant trainée sur place par aucun tiers, m'avait complètement échappé, et les spin-offs encore plus. Il faut dire que je suis assez peu portée sur les films de superhéros : je n'ai jamais vu aucun Spiderman, peut-être un vieux Batman dans un coin (genre avec Michael Keaton...), et ma tentative de me frotter à l'univers d'Iron Man avait été un échec plus tôt cette année (et pourtant j'étais malade, donc vulnérable), pour n'en citer que quelques uns.

Pourtant, je ne suis pas complètement fermée au monde des superhéros.
Séquence souvenirs.

Quand j'étais adolescente, je ne me rappelle plus comment j'avais fait mon compte, mais j'avais réussi à avoir un peu d'argent et je m'étais acheté, en cachette, deux comics dans une librairie près de mon lycée. En cachette parce que chez mes parents, si la lecture était considérée une perte de temps, la lecture de bande-dessinées était considérée comme un aveu de crétinerie. De toutes les choses qui étaient non grata dans ma famille, la BD était l'une des pires (avec l'usage du téléphone et le concept de l'achat d'un lecteur CD ; pour ceux qui se demandent, grandir au 14e siècle c'est moyennement fun). L'un des comics était un numéro de X-Men, l'autre de Witchblade. C'étaient des numéros achetés au hasard, sans rien connaître de la mythologie de l'un ou de l'autre (je crois que le Witchblade était un des tous premiers, mais pour l'exemplaire de X-Men, il était clair que je n'avais pas la moindre idée de l'univers dans lequel les personnages évoluaient)... mais j'ai quand même pu apprécier certaines choses, notamment de la part des personnages dont je pouvais saisir l'essence, à défaut de connaître leur background complet.
Je ne connaissais rien au monde des comics, je ne savais par exemple pas pourquoi à l'intérieur d'un même numéro, plusieurs styles de dessin apparaissaient, j'ignorais même que plusieurs histoires étaient menées de front, chacune à raison de quelques pages ; à mon époque, on n'avait pas Wikipedia (de toute façon, si vous croyez que mes parents auraient pris un abonnement à internet...), donc on faisait nos expériences sur le tas, sans avoir la possibilité d'accéder à une illusoire science infuse permise par un accès immédiat à des réponses à 99% de nos questions. Donc j'ai acheté le deux numéros, je les ai lus, et j'ai tiré mes propres conclusions. Et c'est comme ça que j'ai compris que je ne pourrais jamais me lancer dans les comics, parce que cela exigeait des achats réguliers et que ce n'était pas possible pour moi.
J'ai eu une pensée pour cet achat quand Witchblade, la série, est apparue sur les écrans ; comme en plus l'héroïne était une actrice de Brooklyn South, ça m'intéressait d'autant plus. Au final, je n'ai jamais pu voir Witchblade mais dans le fond ce n'était pas si grave, vu les retours que j'en avais ; d'ailleurs j'aurais sûrement eu plein d'occasions de le faire depuis que je peux me lancer dans des recherches pour trouver des épisodes, depuis que j'ai un accès libre à internet, et je n'ai même jamais esquissé l'ombre d'une requête google.
Mais pendant les mois qui ont suivi, je me suis penchée sur le style de dessin des comics, je l'ai décalqué, copié, intégré dans mes propres dessins (je dessinais énormément pendant le collège et le lycée), et finalement, c'est quand même devenu une part de ma popculture, même si c'était de loin et sans avoir eu le temps de m'attacher émotionnellement aux histoires. A l'impossible nul n'est tenu.

Pourtant, les versions ciné des X-Men ne m'avaient jamais attirée, essentiellement parce que j'avais l'impression que c'était juste une excuse pour faire des films d'action à gros budget, mais aussi évidemment parce que j'avais loupé le coche de l'affectif.
Quand j'avais été les voir, les deux premiers films m'avaient très peu captivée, je crois que grosso-modo je pionçais à moitié (l'autre moitié était venue avec son copain et était occupée différemment...). J'avais aussi de très forts a priori, et ça n'aidait pas.

Alors finalement, ce revisionnage cinématographique un peu forcé (mais c'est souvent le cas avec les films, il faut que je me pousse un peu, c'était d'ailleurs toute la raison de mon défi de 2010) m'a permis d'accorder un peu plus d'attention, avec un esprit un peu plus ouvert, aux films, et à l'univers X-Men en général.
C'est de cet univers dont j'avais envie de parler aujourd'hui, parce que c'est la première fois que je lui ai prêté de l'attention, et que j'ai désormais une vue d'ensemble sur tous les films sortis à ce jour.

XMen

Comment le thème de l'acceptation de la différence m'avait-il à ce point échappé lorsque j'avais vu les deux premiers films ? De toute la franchise, ils sont pourtant les plus explicites sur ce thème, et les plus intéressants à ce sujet.
Car ce que ce revisionnage des deux premiers opus m'a fait comprendre, c'est que la franchise X-Men n'est pas qu'une façon de se faire facilement des dollars en montrant des superpouvoirs, comme je le soupçonnais initialement. De véritables thèmes sont abordés, et non au titre de simple prétexte (j'insiste : je parle des 2 premiers films de la trilogie), mais bien comme axe central de l'intrigue et de la réflexion de chaque film. Revoir ces deux premiers films m'a permis de prendre la mesure des enjeux : il ne s'agit pas de bons et de méchants mutants, il s'agit de mutants qui veulent exister au grand jour mais qui n'ont pas la même méthode pour y parvenir, les uns étant dans le court terme et la mise devant le fait accompli, les autres dans le long terme et la diplomatie prudente. Dans le contexte de ces deux films, les histoires personnelles des mutants sont assez peu travaillées (à l'exception de l'enfant chéri Wolverine), car ce qui compte, c'est la doctrine, in the grand scheme of things. La thèse n'est pas sacrifiée au nom de l'efficacité, c'est l'efficacité qui vient servir et renforcer la thèse. Sans aucun doute, avec mes outils de spectatrice d'aujourd'hui, je trouve que ces deux premiers films sont bons ; pardon si j'ai l'air de débarquer mais, comme on dit, il vaut mieux tard que jamais. Aucune scène d'action n'est gratuite, il y a un vrai scénario, et les personnages sont forts. Difficile de ne pas s'attacher à au moins l'un d'entre eux (même si certaines choses ne changent pas : mon seul souvenir positif de X2, c'était Alan Cumming...), de ne pas sentir qu'il y a chez presque tous quelque chose de profond à découvrir sur leur passé ou leurs conflits intérieurs. Tout ça dans des films à gros budget et donc gros spectacle, la prouesse mérite d'être soulignée, même avec une douzaine d'années de retard !
Le troisième opus de la trilogie me laisse plus mitigée. Peut-être que pour lui aussi je changerai d'avis dans une prochaine décennie, mais pour le moment je l'ai trouvé assez creux, sa thématique étant moins engagée et les scènes d'actions épouvantablement longues, en particulier le fameux combat final. Sa conclusion me laisse également sceptique, mais je reviens là-dessus à la fin de ce post.

N'ayant aucune sorte d'affinité avec celui qui semble être le chouchou de la franchise (et donc, je le présume, des spectateurs), le prequel sur Wolverine m'a laissée de marbre. L'histoire de X-Men Origins: Wolverine ne trouve de l'intérêt que vers la fin, au moment de la découverte du programme Weapon X, sur l'île ; mais le reste est bavard et dénué d'intérêt, le face à face entre les deux frères étant rapidement épuisé par le premier quart du film, et lorgnant sur la redite lassante ensuite. Le projet Weapon X méritait d'ailleurs d'être approfondi, au moins dans ses intentions, mais comme on aura un spin-off sur Deadpool, on devrait avoir une chance de se remettre de la déception.

Mais la plus grande des frustrations découle de X-Men: First Class. Voilà un prequel qui était d'une grande nécessité pour placer plus précisément sur la carte le professeur Xavier comme ce bon vieux Magneto. Quelques problèmes, cependant : un cast très inégal (Patrick Stewart est d'accord avec moi), des personnages totalement inutiles (hello Betty Draper), d'autres tristement sous-employés (à quand le spin-off sur Mystique, au nom du ciel ?!), des séquences particulièrement fastidieuses (quand chacun apprend laborieusement à améliorer ses compétences), et d'autre éminemment ridicules ("je te vois dans le sous-marin, je te vois plus, je te vois dans le sous-marin..."), de nombreuses incohérences destabilisantes avec les autres films de la franchise (et je ne parle pas juste de petits bugs mineurs comme la couleur des yeux de Charles Xavier), et globalement, une mauvaise exploitation du potentiel de réécriture historique (pourquoi s'attaquer à la crise des missiles de Cuba si c'était pour en faire ça ?). Ah, et Kevin Bacon, qui devrait peut-être y aller mollo sur les prescriptions de marijuana.
Il y a de bons moments, une tentative relativement honnête d'explorer un versant plus littéral de l'acceptation de l'identité mutante, mais globalement, ça reste boîteux. Clairement il s'agit ici de faire un coup double, à savoir rajeunir le cast ET la cible, mais on peut être jeune et avoir un minimum d'exigence de qualité (du moins je l'espère). Un travail totalement salopé m'aurait à la rigueur plus contentée, au sens où au moins, je ne ressentirais pas la frustration d'avoir failli, mais failli seulement, assisté à un film intéressant. Là c'est un peu ni fait, ni à faire, mais ça a quand même était fait, et dans le doute, il valait peut-être mieux s'abstenir, mais bon, c'est fait, c'est fait hein...
Par comparaison, X-Men: The Last Stand apparait comme plus honnête dans ses intentions que X-Men: First Class : on ne cherche pas à y faire passer des vessies pour des green lantern (ah zut, c'est la franchise concurrente), on est dans le divertissement au sens le plus classique du terme.

XMen_FirstClass

Après avoir passé environ une semaine et la bagatelle de 5 films devant la franchise X-Men, ma curiosité envers celle-ci est donc renouvelée.
En fait pour la première fois, j'ai l'impression d'être en mesure d'apprécier le potentiel de cette immense saga, qui s'écrit aux USA depuis les années 60 sur divers medias, à commencer évidemment par la bande-dessinée. S'il ne m'a jamais échappé que X-Men était un objet culturel d'importance outre-Atlantique, je commence à peine à comprendre pourquoi.

Le problème, c'est que picorer de la lecture sur Wikipedia pendant deux ou troix heures ne fait que souligner un grave problème de l'univers X-Men : sa densité. Ce qui fait même sa richesse pour le curieux d'aujourd'hui est aussi le plus gros frein à sa découverte. Il aurait fallu baigner dedans depuis toujours, ou au moins y entrer tôt, mais désormais, pour moi qui ai passé trois décennies à ne voir ces histoires se dérouler que de loin, et leur succès me rester étanger, il semble un peu tard pour vraiment comprendre la complexité de cet univers, de ses personnages, de ses mythologies.
Je ressens envers X-Men la même chose qu'envers Star Trek : il est clair pour moi à présent qu'il y a énormément de choses à voir (et d'autres probablement à survoler, voire même zapper totalement) et à appréhender dans les histoires que veut raconter cette franchise, mais la tache est d'une telle ampleur que le rattrapage ne sera jamais possible. C'est comme appréhender toute une gamme de mythes et légendes d'une autre culture : même si la curiosité me ronge, impossible de vraiment m'en imprégner, parce que je n'ai pas été éduquée dedans ; néanmoins c'est justement cette consistance qui m'attire (tout comme j'étais, enfant, attirée par les mythologies du monde, par les centaines d'espèces de dinosaures, ou comme je le suis aujourd'hui par la perspective de pouvoir cartographier les séries de la planète).
Et du coup, j'hésite à m'engager dans une véritable documentation sur le sujet, alors que je suis convaincue désormais d'avoir énormément de concepts et d'histoires qui pourraient m'intéresser, me divertir, me nourrir, et que j'enrage un peu de passer à côté en ne regardant que les films (dont certains passent à côté de leur objectif).

Alors, comme j'avais fait pour Star Trek, je me suis dit que le plus court chemin vers la compréhension d'un univers foisonnant et intimidant, c'était la littérature. Une bonne grosse encyclopédie spécialisée, ou un ouvrage de fond sur la symbolique de... la symbo... la... quoi ?
Si mes recherches sont exactes (et à ce stade je n'ai pas de raisons d'en douter, j'y ai passé un temps non-négligeable), il existe un seul livre consacré à l'univers X-Men, et encore, il fait partie d'une collection (et évidemment c'est uniquement en anglais, mais je n'attendais pas de la France qu'on y écrive une abondante littérature sur un comics, le genre étant très largement déconsidéré sous nos latitudes ; un peu comme chez mes parents !).
Bien que potentiellement intéressant (la franchise telle que je l'ai vue semble aborder suffisamment de sujets pour justifier de l'existence de pareil ouvrage), cet essai ne m'aidera pas à "rattraper le temps perdu" comme le ferait un encyclopédie ou une quelconque oeuvre récapitulative (ou au moins quelques chronologies des storylines majeures et/ou des personnages).

C'est ce qui m'amène à vous reparler de la fin de X-Men: The Last Stand. La façon dont s'achève le film, laissant en suspens plusieurs problèmes dont l'un, non des moindres, est la mort d'un personnage important (pour ne pas citer de nom et des fois qu'il y ait encore plus retardataire que moi !). Sur le coup, à la fin du film, je suis restée interdite par le culot de la franchise cinématographique de tuer un personnage aussi important pour la franchise dessinée. Je me suis justement demandé si c'était conforme à l'original, ou s'il s'agissait d'une nouvelle liberté prise par l'adaptation ; j'ai donc été me cogner la (longue) biographie du personnage, et je n'ai pas trouvé de trace de pareil évènement.
J'aurais aimé un ouvrage aussi complet (néanmoins synthétique) et pratique que ma très chère bible de Star Trek (au sujet de laquelle j'ai une amusante anecdote, d'ailleurs) pour m'aider à trouver plus simplement cette information. Et bien d'autres. Juste pour me mettre un peu à niveau.

Au terme de cette aventure d'une semaine (ou d'une vie, selon le point de vue), j'ai l'impression d'avoir eu un second rendez-vous avec quelqu'un que je ne pourrai jamais vraiment fréquenter. Ca s'est bien mieux passé que notre première sortie, mais même si je tombais amoureuse, il me serait impossible de vivre cette passion dans une configuration qui me semble satisfaisante.
Par ricochets, je me demande pour combien d'univers on se retrouve, sans forcément en prendre conscience, dans la situation où on a le choix entre une appréciation superficielle d'un monde (cela peut convenir à certains, mais moi, vous le voyez, ça me frustre) et une connaissance pointue d'un domaine qui a demandé des heures de suivi pendant des années juste pour appréhender correctement le sujet, ses richesses et ses nuances (sans même parler de se proclamer expert). L'investissement que demandent des passions comme celles que peuvent avoir les fans de comics pour l'univers de Marvel est énorme... et ne concerne qu'une franchise ! Ce n'est même pas comparable avec la téléphagie au sens large, qui est une imbrication de visionnages à court et à long terme d'un patchwork de séries différentes ; on parle d'une oeuvre, et une seule, qui exige une attention soutenue (et via un seul media, les autres étant incomplets ou pauvres) rien que pour en posséder les tenants et aboutissants.

La prochaine fois que quelqu'un me demandera comment je connais tant de séries et mémorise un grand nombre de choses à leur sujet, je lui parlerai de cette porte entr'ouverte sur la constellation X-Men, et combien je ne suis qu'un petit scarabée à côté de ces gens qui connaissent de bout en bout la vie de Jean Grey et de Charles Xavier...
On est tous l'amateur d'un autre fandom.

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6 novembre 2012

[DL] Partners

Il y a des séries, eh bien, quand elles ne passent pas à la télévision pendant une semaine ou deux (par exemple), eh bien, ça fiche un coup au moral, quand même. Et puis, quand elles réapparaissent, eh bien, ouf, soulagement, et bonheur, et chants d'oiseaux. Dans l'intervalle, parfois, je crains qu'elles disparaissent pour de bon, mais non, ça va, elles reviennent.
Un peu comme Ben et Ross.

Alors quand j'ai eu mon épisode de Partners cette semaine, j'étais extatique. Comme ils m'avaient manqué, les quatre zouaves ! On s'attache à ces petites bêtes, l'air de rien. Je ne sais pas trop comment, mais en l'espace de cinq épisodes, j'ai réussi à me sentir chez moi dans le petit univers de Louis, Joe, Ali et Wyatt, c'est comme retrouver une bande de potes, on leur demande pas de changer le cours de l'histoire, tout ce qu'on veut c'est s'asseoir avec eux et passer un moment à déconner tendrement, en se cherchant des poux dans la tête alors qu'on sait très bien qu'on s'adore.
Je sais pas comment vous expliquer ça, mais ça m'a un peu rappelé la saison que j'ai passée avec l'équipe de Better With You. Juste un moment de la semaine où on est là où on devrait être, vous savez ? A rire et applaudir et se régaler de ces personnages qui ont réussi à être à la fois familier et à nous faire rire, alors que le rire contient une part inhérente de surprise ; et en dépit de ce paradoxe, chaque rendez-vous est une demi-heure de rejouissances continues. Oui j'applaudis des comédies ou des émissions humoristiques, et je vais vous dire, je trouve ça très triste les gens qui n'applaudissent pas juste parce qu'ils regardent quelque chose qui est filmé, voilà ce que je pense. Enfin bref tout ça me met de bonne humeur.

Partners
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Vous savez ce qui me met aussi de bonne humeur ? Le générique de Partners. Du jour où je l'ai découpé, il a atterri direct dans ma playlist de génériques de base, celle qui est en permanence dans mon smartphone "pour les urgences". Et chaque fois, absolument chaque fois que le générique déboule dans mes écouteurs (mes playlists sont toujours en mode aléatoire), j'ai un immense sourire. Je ne peux tout simplement pas lutter. Je le trouve efficace en diable ce générique, le rythme est bon, l'ambiance est parfaite, c'est un étendard parfait.
D'accord visuellement, le générique est paresseux, on ne va pas faire mine de n'avoir pas remarqué, mais vu que je passe plus de temps à l'entendre qu'à le voir, ce générique, je m'en fiche un peu.

Partners est l'une des rares séries cette saison ayant daigné mettre en place un véritable générique (et pas un vulgaire panneau), et a trouvé le moyen, en 20 secondes, de se trouver un thème fort qui lui permette d'être parfaitement identifiée. Le générique de Partners a les propriétés des grands génériques de sitcoms, avec des paroles positives à mort, un petit air qui s'imprime facilement dans votre cortex, et un sens du rythme parfait pour se plonger dans l'ambiance de la série. Les grands sitcoms du passés suivaient tous cette règle, c'est imparable. Même avec le fond blanc, le générique fonctionne, que demander de plus ?

Bien consciente que Partners n'a pas forcément bonne presse auprès d'une majorité de téléphages dont j'ai pu lire l'avis (on est une poignée à peine à organiser la résistance), je maintiens que c'est une série qui fait vraiment plaisir. Je pourrais faire semblant de n'avoir que des goûts super sélectifs, histoire de me donner un genre et de ne regarder que des séries supposées dignes d'intérêt, mais rien à faire, je craque complètement devant la fine équipe de Partners. Alors allez-y, balancez la caillasse, je m'en fiche.

PS : je ne peux pas être la seule à voir combien Lee Pace doit absolument interpréter le rôle du frère de Louis. Que ce soit sur un plan physique, vocal, ou même certains tics de jeu, punaise ces deux-là sont obligés d'interpréter des frères ! En plus ils sont tous les deux New-Yorkais d'adoption, venus du Sud, et issus de Julliard, mince quand même, il faut le faire ! Il le faut !

5 novembre 2012

The clouds come and go, the mountains still high

Quand il est devenu évident que j'étais incapable de trouver des sous-titres pour le pilote de Hellfjord (ce qui se comprend vu qu'ils n'existent pas), deux choix se sont ouverts à moi : soit je laissais tomber le pilote d'une série dont je suis le développement depuis de nombreux mois... soit je regardais en VOSTM.
Hm. Suspense, suspense.

Hellfjord

Hellfjord raconte l'histoire de l'officier Salmander, un pauvre type qui menait tant bien que mal sa carrière dans la police montée jusqu'à présent, et qui, à la défaveur d'un évènement pour le moins particulier, se retrouve muté sur l'île étrange de Hellfjord, un patelin perdu au milieu de la mer et de la brume.
Et quel évènement. Les premières minutes du pilote sont entièrement dédiées à revenir sur la raison de cette brutale mutation, qui est un peu une mise au placard qui ne dit pas son nom. Contrairement à The Strange Calls, qui en apparence traite d'un sujet similaire, Hellfjord va passer de longues minutes, de douloureuses minutes, d'hilarantes minutes, à expliquer qui est son héros, et à donner le ton. Tout ça pendant une séance d'interrogatoire par son supérieur qui n'en finit pas.
Et personnellement j'étais pliée de rire, je vous le dis tout de suite. Je vous raconte ? Allez, je vous raconte.

Salmander officie donc sur un magnifique cheval, superbe créature qui l'accompagne alors qu'il est déployé pour assister un cortège public (j'ai pas bien compris, mais ça ressemble à la fête nationale, en gros). Donc autour de lui, il y a énormément de monde, des femmes, des enfants, des tout ce que vous voulez. Or, d'une part, il ne maîtrise pas sa monture, mais surtout, la malheureuse bestiole finit par se briser la patte contre un trottoir. Alors que l'équidé s'affaisse sur la chaussée, les passants commencent à se retourner. N'écoutant que son courage et le fascicule de procédure, Salmander décide donc de mettre fin aux souffrances de l'animal. Mais le premier coup ne fonctionne pas. Le second non plus. Et pendant ce temps les badauds, et notamment les enfants, qui regardent, forcément intrigués par les bruits des coups de feu. Quand Salmander n'a plus de munitions, il emprunte un trombone à un musicien faisant partie de la parade. C'est la boucherie (chevalline, donc). Et pourtant l'animal n'est pas mort. Donc Salmander réquisitionne une voiture et... Quand yen a plus, oh Seigneur, yen a encore. Rien que de l'écrire je me remets à rire. Nan c'est énorme, franchement. Et ça fonctionne magnifiquement bien parce que cette explication est remise dans le contexte de l'interrogatoire par son supérieur, où tout le monde reste impassible. Ca marche formidablement bien.

En tous cas la nouvelle finit par tomber au bout de 5 hilarantes minutes, et voilà Salmander muté sans grande possibilité de faire marche arrière.
Le problème c'est que Hellfjord est non seulement un petit bled paumé au milieu des montagnes et d'une mer hostile, mais c'est un endroit franchement bizarre.
J'en veux pour preuve le fait que pour accéder à l'île/la ville, il faut passer en bateau, et pour que le bateau passe sans encombre, il faut, hm, lâcher une tête de mouton dans l'eau. Bien bien bien. Tout de suite ça met à l'aise. Donc notre Salmander (qui n'a d'ailleurs pas le pied très marin...) se retrouve à traverser une mer habitée par une quelconque créature aimant le gigot, pour arriver dans un petit coin perdu où désormais il est supposés être en poste. Sauf que là encore, les surprises sont nombreuses. En particulier, il est accueilli par le milicien du coin, Kobba, un vieillard bien péquenaud, laid, et pas forcément très vif, qui habite un bâtiment officiel de Hellfjord avec son épouse, une jeune femme magnifique qui semble le désirer en permanence, et qui au contraire semble du plus haut dégoûtant aux yeux du vieillard crachottant.
Salmander doit vivre avec eux dans la maison du bourg, qui sert également de commissariat... et pour cause, la seule chambre de libre, c'est une cellule aménagée avec un lit de camps, des rideaux, une méchante peinture à la chaux, et comme toute baignoire, une minuscule bassine où il tient à peine assis (et qui sert également pour la vaisselle). Là encore, ambiance. Bref c'est vraiment un endroit chaleureux et sympathique, et on sent que la punition de l'officier est à la mesure de la faute !

De Hellfjord, on en saura cependant assez peu dans ce premier épisode. Quelques explications nous seront données par Kobba dans un aperçu rapide des habitants (apparemment on aime fumer à tous âges, et fréquenter en famille Kjells Kitchen, le club de strip tease local ; accessoirement le garagiste est aussi gynécologue), et on apprendra très rapidement que l'économie locale dépend uniquement des pêches de Hellfish, l'entreprise locale dirigée par Bosse Nova, un type en costard cravate n'inspirant pas la confiance.
Lorsque le maire présente officiellement Salmander aux habitants de la commune, l'ambiance est assez fraîche, son arrivée étant accueillie avec une joie particulièrement dissimulée ; une seule personne semble curieuse, la journaliste Johanne, qui l'invite rapidement à prendre un café à Kjells Kitchen pour une rapide interview.
Les premiers jours de Salmander à Hellfjord sont beaucoup plus calmes ; sa première mission est de faire le guet toute une journée sur un bord de route totalement désert dans l'espoir de prendre au moins un flagrant délit de vitesse avec son radar portable, mais en-dehors d'un laborieux tracteur, la journée se passera totalement en isolement au milieu des montagnes.

Pour une série qui se réclame de l'héritage de Twin Peaks, et qui se vend comme une comédie d'horreur, Hellfjord se montre donc assez réservée dans ce premier épisode, qui a avant tout comme fonction d'établir une ambiance, un style, et des personnages. On est dans l'exposition la plus totale pendant les 27 premières minutes de cet épisode qui en dure à peine 29. Mais entre les choses bizarres, dérangeantes (très dérangeantes, la scène de la bassine je m'en remets pas) et tout simplement ridicules (Salmander n'a pas l'air de bien maîtriser ses bras et ses jambes, l'abruti), on passe quand même un fichu bon moment.
Je ne vous cache pas que le cliffhanger est un peu atroce/absurde/intrigant, mais globalement, on sent bien que l'intention de Hellfjord n'est pas tellement de faire un truc qui fait peur, et que c'est la comédie qui l'a emporté dans cet étrange mélange. Une comédie formidablement bien servie par un esthétisme superbe (ces paysages rocheux, ça me chavire ; d'ailleurs ça m'a redonné envie de revoir Buzz Aldrin), une musique qui effectivement, a puisé son inspiration de toute évidence du côté de Twin Peaks, et un cast assez varié (par exemple, Kobba est interprété par un acteur grossièrement grimé et jouant dans l'outrance, Salmander est tout en retenue et en regards), mais une comédie quand même.
Le problème c'est que le mystère lancé en fin d'épisode n'a finalement pas grand intérêt. Alors, c'est à se demander si... et je dis pas ça souvent, Hellfjord n'aurait pas plutôt gagné à être un peu plus procedural, surtout vu sa courte durée (7 épisodes au total), on va à peine commencer à se captiver pour le mystère découvert en fin de pilote que la saison va toucher à sa fin.

Bon, je suis sceptique sur la durée de vie du concept, en gros, même si j'ai passé un bon moment (bien que m'écriant "ah nan, naaan, mais quelle horrrrreur, ah ah ah, ah nan !" à intervalles réguliers). Je suis convaincue qu'il aurait été meilleur si j'avais compris les dialogues, mais franchement ça valait quand même le coup quand même, en dépit de mes doutes sur la longévité du truc.
Du coup, j'ai fait mes petites recherches, évidemment, le DVD doit sortir tout début janvier en Norvège. Pour l'instant pas de trace de sous-titres anglais (rha la poisse !) mais d'ici janvier, des détails peuvent encore s'ajouter à la description du produit. Si les sous-titres apparaissent magiquement quelque part (par voie légale... ou pas), je regarderai les suivants, histoire de voir comment Hellfjord parvient à concilier ses ambitions horrifiques avec le ton qu'elle a donné à son pilote. Qui a tué Løra Palmer ? C'est ce que nous apprendrons peut-être dans un post futur...

A part ça, côté Norvège, ma prochaine mission sera de mettre la main sur Hjem, qui a commencé la semaine dernière et sur le pilote de laquelle je ne suis même pas fichue de mettre la main, ne parlons même pas des sous-titres. Qu'est-ce qu'il y a, j'ai offensé le Dieu de la Téléphagie récemment, ou quoi ?!

4 novembre 2012

Hit them where it hurts

De Henry VIII à Süleyman Ier, les amours des princes fascinent, et font de formidables sujets de séries ; quel que soit le pays, ce qui se passe dans la couche d'un roi ou d'un empereur a forcément des conséquences politiques, sur son royaume et sur la façon dont il est tenu. C'est précisément la raison pour laquelle une série telle que Ooku a tenu 5 saisons sur Fuji TV (ces 5 saisons s'étendant sur 37 années !), montrant à différentes époques comment les femmes peuplant le ooku, c'est-à-dire le gynécée du shogun, jouissaient d'un immense pouvoir politique, bien qu'officieux.
Mais cette fois, TBS a décidé de faire quelque chose de différent, avec une uchronie appelée Ooku ~Tanjou, résolue à renverser les rôles. Suivez-moi, si vous le voulez bien, dans les couloirs du palais, afin de découvrir ce que cette série historique pas comme les autres tente de réaliser...

OokuTanjou-580

Nous sommes au XVe siècle, plus précisément en 1634, et c'est la cour du shogun Iemitsu Tokugawa qui occupe le palais d'Edo, la capitale. Le pays est en proie à une terrible épidémie de variole, qui décime en particulier les hommes jeunes, si bien que très vite le shogunat commence à manquer de bras.
Alors que l'épidémie frappe depuis deux ans déjà, Arikoto Madenokouji, troisième fils d'une famille noble, se sent appelé par la prêtrise, et décide de consacrer sa vie à Bouddha, et donc à soigner les malades et administrer les derniers sacrements. C'est un coup dur pour cette maison qui a déjà perdu ses deux premiers fils, d'autant qu'Arikoto est un homme d'une grande éducation et un excellent guerrier, mais enfin, la vocation c'est la vocation, on ne peut rien faire contre. Avec la bénédiction de son père, Arikoto prend donc l'habit, bien décidé à consacrer sa vie à la privation et la prière. Arikoto est en effet voué à accomplir de grandes choses puisque trois années plus tard, il devient le chef du Temple Keikoin. C'est en allant présenter ses respects au shogun que l'existence d'Arikoto va entrer en collision avec le cours de l'Histoire.

La première partie de l'épisode, qui résume ces évènements, est en toute honnêteté un peu longuette. Elle le paraîtrait d'ailleurs sans doute tout autant pour un spectateur plus lettré que moi en histoire nippone, car il apparait très tôt que ce pan du pilote n'a pas pour objectif de resituer la série dans son contexte historique du tout, mais plus d'établir une chronologie globale de la maladie qui frappe le Japon ; il s'agit aussi d'établir le personnage d'Arikoto, qui s'annonce comme le focus central de la série, et avec lequel nous faisons connaissance : son immense patience, sa sagesse, et son lien avec deux autres moines qui l'accompagnent. C'est à travers ce prisme que nous allons dorénavant observer les éléments. Et observer, il n'y a en vérité que cela à faire tant cette phase d'exposition ne recèle aucun intérêt ni sur le plan intellectuel, ni sur le plan émotionnel, le visage particulier de Masato Sakai (souvenez-vous) n'aidant pas vraiment.
Au bout d'un peu plus d'un quart d'heure de ce régime, les choses s'agitent enfin. Arikoto et ses deux moines, qui pensaient faire une petite visite de courtoisie vite fait au shogun et puis après on n'en parle plus, se retrouvent privés de sortie, incapables de circuler comme bon leur semble dans les rues d'Edo. Pire encore, une énigmatique femme de la cour, Kasuga no Tsubone, semble faire preuve d'un empressement suspect à l'égard d'Arikoto. Pourquoi Kasuga no Tsubone est-elle si déterminée à les maintenir entre les murs du palais ? Protéger le chef d'un temple des ravages de l'épidémie est-il son seul soucis ? Certainement pas. Et Arikoto va progressivement comprendre que le but de Kasuga no Tsubone est de l'enjoindre à quitter l'habit, notamment cette fâcheuse histoire de chasteté, et redevenir un civil... Dans un monde qui manque dramatiquement de jeunes hommes vaillants, je vous laisse relier les points entre eux.

Le bras de fer qui s'engage entre Arikoto et Kasuga no Tsubone est le passage le plus fascinant de cet épisode. Après que le pilote se soit montré si bavard (car il l'est, croyez-moi, il l'est !), cette passe d'armes à mots couverts est intéressante. Derrière les apparences polies, se trame en fait quelque chose très violent : Kasuga no Tsubone est quand même en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu'Arikoto soit dépucelé au plus vite, et content ou pas content, c'est le même tarif. Pas une fois le terme de viol ne sera évoqué, même pas vraiment sous-entendu, mais c'est quand même bien de cela qu'il s'agit. La vieille femme va jusqu'à employer des prostituées afin de divertir Arikoto et ses deux acolytes, et malgré cela, elle peine encore à toucher au but. La violence de l'enjeu est d'ailleurs parfaitement rendue lors du dénouement de ce duel.
La confrontation entre le jeune moine et la vieille courtisane étant un temps fort de cet épisode, je ne vous dis donc pas qui a fini par avoir le, hm, dessus dans cette affaire ; c'est réellement le point culminant de ce pilote, même s'il faut un peu le mériter, au regard des longues scènes qui le précèdent.

Toute cette agitation peut sembler bien vaine, au bout du compte, au spectateur qui aurait raté le début d'Ooku ~Tanjou ; c'est là que l'exposition s'avère précieuse. En gardant bien à l'esprit que le pays est à court de jeunes hommes, et à cette condition seulement, les 43 premières minutes de l'épisode ont du sens. Sinon, il faut attendre péniblement qu'Arikoto soit introduit dans les salons du shogun, et qu'il découvre l'explication de toute cette mascarade.
Et donc là attention, il va y avoir du spoiler à partir de là et jusqu'à la fin du post.

Devant les yeux ébahis d'Arikoto, qui n'est pas aussi malin qu'on voudrait nous le faire croire parce qu'on avait quand même un peu flairé le truc, le shogun qui apparait, au lieu d'être un homme de 37 ans, est une jeune adolescente mal dégrossie, particulièrement tyrannique, et... eh bien, pas exactement officiellement sur le trône.
Enfin, Ooku ~Tanjou nous expose son sujet dans cet acte final : le shogun a succombé à l'épidémie il y a plusieurs années, mais seule une poignée de personnes au sein du palais est au courant ; un homme a pris sa place, prétendant, aidé par une cagoule empêchant son identification, que la maladie l'a affaibli, mais qu'il règne toujours. Pendant ce temps, la seule progéniture du shogun, une fille illégitime qu'il a eue avec une femme qu'il a violée un soir (décidément charmantes, les moeurs de la Cour), est une adolescente qui ne peut prétendre accéder au trône, vu que c'est une femme, mais qui doit urgemment enfanter d'un descendant masculin qui puisse accéder au pouvoir. Dans l'intervalle, Kasuga no Tsubone officie comme régente, peuplant le ooku uniquement d'hommes susceptibles de féconder la royale adolescente. Et devinez quel rôle la vieille carne a l'intention de faire tenir au bel Arikoto ?

OokuTanjou-Titles

Au bout d'une heure, on le tient enfin, le sujet d'Ooku ~Tanjou ! On aura un peu souffert, mais on y est !
Car c'est bien d'une inversion des rôles qu'il s'agit, dans laquelle les hommes du ooku sont désormais à la merci d'une souveraine pas spécialement inquiétée de leur sort. Le portrait qui est fait de la jeune héritière est en effet loin de la jeune noble grâcieuse et effacée ; élevée comme un homme, elle n'a que mépris pour ceux qui peuplent son harem, et fait usage de violence sitôt que ses moindres caprices ne sont pas exaucés. C'est un pur produit du shogunat qu'Arikoto s'apprête à côtoyer, et il y a assez peu de chances pour qu'une idylle se noue entre eux ; à la place, Arikoto est réduit au rang de simple "graine", et doit s'apprêter à vivre de cette façon pendant bien des années, car dans l'éventualité où la jeune fille tombe enceinte, encore faut-il que ce soit d'un garçon, et même là, il faut attendre qu'il ait l'âge d'accéder au pouvoir.
Dans un monde dominé par des femmes, et en première ligne la terrifiante Kasuga no Tsubone, qu'adviendra-t-il du Japon ?

Eh bien curieusement, Ooku ~Tanjou n'a pas l'intention de réécrire l'Histoire. Et dans les dernières séquences de l'épisode, on assistera, pour la première fois depuis que le pilote a commencé, à une véritable remise dans le contexte historique. Les grandes décisions pour lesquelles l'empereur Iemitsu Tokugawa est entré dans l'Histoire sont en effet conservées... sauf que dans la version d'Ooku ~Tanjou, ces décisions n'ont pas été prises par lui, mais par Kasuga no Tsubone, afin de couvrir au maximum la mascarade qu'elle a mis en place au sein du palais du shogun. La vie au-delà des murs du palais est donc sensiblement la même que dans l'Histoire japonaise telle que nous la connaissons, ce n'est que le microcosme de la Cour, et en particulier du ooku, qui se trouve bouleversée.
Ooku ~Tanjou n'a aucune intention d'imaginer ce qui se passerait pour le pays si le shogun était une femme ; c'est au départ ce que je pensais et je trouvais l'idée intéressante. Non, la série a pour but de renverser les rôles traditionnellement dévolus aux hommes et aux femmes au sein du palais royal, et de voir comment l'inversion des rapports de force et de violence fonctionne. L'idée est à vrai dire intéressante aussi, mais encore faut-il qu'elle soit correctement exploitée, car elle est moins évidente à appréhender.

Dans le fond, que cherche à dire Ooku ~Tanjou sur les passions de la cour du shogun ? Il faudra l'exprimer plus clairement que dans ce pilote un rien longuet, et dont les forces en présence auront du mal à répéter leurs joutes à chaque épisode. J'espère que la scénariste (Yumiko Kamiyama, déjà auteur de Utsukushii Rinjin) a une vue à long terme de tout cela, mais côté spectateur, c'est pour le moment très flou.
Les intrigues de cour seront-elles différentes si ce sont des hommes qui tirent les fils en coulisse ?
En tous cas pour le moment, c'est une femme qui continue de prendre officieusement les décisions, preuve que les changements n'ont pas vraiment eu lieu dans la dynamique du ooku... et du coup je me demande un peu quelle est l'utilité de cette inversion de rôles.
Après tout, Kasuga no Tsubone l'a bien sélectionné, son mâle reproducteur : il est bel homme (enfin, c'est ce qu'on nous dit, mais euh, bon je présume que les goûts et les couleurs...), il est intelligent, mais surtout il est quand même assez docile. Ce n'est pas pour rien qu'elle n'a pas été chercher un samurai, mais un moine bouddhiste inoffensif (bien qu'on nous dise qu'il sait manier l'arme, bon, admettons), qu'elle pourra relativement contrôler. C'est évidemment dans son intérêt de prendre ce genre de cobaye, mais côté spectateur, ça manque un peu de piquant ; à choisir j'aurais aimé voir comment un homme habitué à traiter les femmes dans l'esprit de son époque peut gérer le renversement des rôles (même si celui-ci se limite aux murs du palais).

Il n'empêche que pour quelqu'un qui a du mal avec les séries historiques, et je ne vous ai jamais caché que c'était mon cas, cet angle permet d'apporter un peu d'originalité dans un contexte autrement très codifié.
Une chose est sûre, en dépit de ses longueurs et de son exposition inteeerminable, Ooku ~Tanjou a le potentiel pour être une série originale, à défaut d'être forcément passionnante de bout en bout du point de vue de sa forme. Et au pire, sur un modèle similaire, on pourra toujours tenter en décembre ce qu'Onna Nobunaga accomplira avec un concept similaire, puisqu'une deuxième uchronie sur les questions de genre débarquera alors, sous la forme d'une mini-série.
...Il se passe un truc dont je suis pas au courant, en ce moment, au Japon ?

3 novembre 2012

You can take the girl out of the country...

On est très officiellement en novembre, ce qui veut dire que le plus gros des pilotes américains est derrière nous... jusqu'à la mid-season, en tous cas. Ca va nous laisser le temps, à whisperintherain et moi, de revenir sur les pilotes qu'on n'a pas eu le temps d'aborder dans le cadre de notre défi. Mais curieusement, il y en a un pour lequel je n'ai pas eu besoin de tableau Excel pour me souvenir de le regarder...

MalibuCountry

Bon alors, on est tous conscients que ce post ne comportera pas la plus petite once d'objectivité, n'est-ce pas ? On sait tous que j'adore Reba McEntire, que j'ai vu Reba deux ou trois fois en intégralité (et le pilote au moins le double), et que je suis capable de mettre tout esprit critique de côté quand l'affectif s'en mêle ? Qu'en plus j'adore la country music ? On le sait tous, hein, j'ai pas besoin de vous le rappeler ? Bien.
Non parce que ce pourraient être des informations que vous souhaiteriez garder en tête en lisant la review qui va suivre. Pour vous éviter la crise d'apoplexie. Pour vous retenir de me lyncher.
Mais je m'en fous. C'est un tel plaisir de retrouver Reba ! De retrouver son accent délicieux et son caractère de cochon ! Et sa crinière rousse ! Ce qui ne gâche rien.

Il y a quelques bonnes idées, en plus, pour accompagner ce retour : le personnage du jeune voisin qui aurait pu être la caution gay mais qui se retrouve à lécher la glotte de la fille de Reba avant la fin du pilote, la grand'mère (Lily Tomlin, dont la présence est précieuse) qui se découvre fort opportunément un état anxieux nécessitant la prescription de marijuana, ou encore la belle voisine (Sara Rue, méconnaissable pour ceux qui ont vu Popular ou même Eastwick) qui est peut-être un peu allumée, mais pas totalement stupide... et dont Reba pourrait bien apprendre quelque chose, en dépit de ce qu'elle pense. J'ai hâte de voir ce que cette amitié contre nature va donner, même si j'ai ma petite idée sur ce que je peux en attendre.

Avec Malibu Country, on est en effet très clairement en terrain connu, et ce pas uniquement parce que le talent d'actrice de Reba consiste à interpréter toujours le même personnage avec la même carapace et la même façon de juger son entourage.
Certaines thématiques ont la vie dure, qu'on connaissait déjà de Reba : le divorce, les enfants, la volonté d'aller de l'avant... Certains personnages rappellent aussi un peu leurs équivalents de Reba : Cash est aussi peu futé que Van (je souhaite au premier de devenir aussi hilarant que le second), et Kim est un parfait faire-valoir comme l'était Barbra Jean (là encore, on ne peut qu'espérer que les deux personnages se vaillent). D'autres choses promettent un peu plus que la simple redite, à l'instar de l'assistant du producteur, qui offre d'ailleurs l'une des meilleures scènes du pilote. Seul le personnage de la fille, pour l'instant, est un peu difficile à situer... mais il a clairement des atouts prometteurs.

Le pilote de Malibu Country n'est pas, soyons quand même honnête, l'épisode inaugural annonçant la meilleure série de la saison.
Mais dans une saison qui compte si peu de franches réussites, ça fait plaisir, un peu comme avec Partners, de retrouver une formule qui fonctionne, à défaut de surprendre. Une fiction "confortable" à regarder une fois par semaine, ça fait aussi du bien... surtout si c'est sur fond de country.
Tiens d'ailleurs, j'ai pas encore regardé le Nashville de cette semaine, c'est parfait, je sens bien arriver le combo Nashville + Malibu Country chaque weekend.

Challenge20122013

2 novembre 2012

Dix sur 20

Vous pensiez que notre défi, à whisperintherain et moi, avait permis de faire le tour de toutes les séries québécoises de la rentrée ? Nenni. Et je m'apprête aujourd'hui à en aborder une nouvelle, histoire d'enfoncer le clou. J'ai lu que cela faisait plusieurs années qu'autant de séries n'avaient pas débuté simultanément au Québec, je le crois bien volontiers, et j'ajoute qu'en plus, la plupart n'ont vraiment pas à rougir (même si dans le cas des Bobos, il faut parfois accepter de se contenter d'épisodes faibles régulièrement).
Naturellement, whisper vous offrira sa propre critique sous peu, donc n'hésitez pas à harceler le lien en bas de review pour guetter l'apparition de son post.

Unsur2

Connaître le pitch d'Un sur 2 est un véritable plus quand on aborde la série, alors, pour ceux qui ne lisent pas les world tours (bien que l'idée semble saugrenue), voilà le tableau : après trois mois d'absence, Michel revient voir sa femme Luce et leur fille Léa. Il n'est pas franchement bien accueilli et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il squatte chez son meilleur ami plutôt que réintégrer directement ses pénates. La raison ? Michel a pris la poudre d'escampette avec une jeunette quelconque, et forcément il n'est pas accueilli comme le messie à son retour, alors qu'il semble avoir repris ses esprits.
Mais cela, le pilote d'Un sur 2 aura du mal à vous le dire. On pourrait prétendre que c'est parce que le premier épisode de la série s'ingénie à dépeindre la situation en filigrane avec subtilité, mais puisqu'on est entre nous, on peut bien nommer les choses pour ce qu'elles sont : c'est vraiment très flou. On ne comprend pas vraiment pourquoi Michel a tellement de mal à aller parler à son épouse, pourquoi il pionce chez son pote, pourquoi d'ailleurs l'épouse parait un peu mal lunée... On a quelques indices çà et là mais au lieu de piquer notre curiosité, ça entretient plutôt une sensation de frustration et même d'énervement par moments. Cet épisode inaugural donne en réalité l'impression d'avoir manqué un backdoor pilot qui aurait explicité les informations dont on a besoin pour s'investir... et éventuellement choisir son camps.

Car dans un premier temps, Michel passe pour le pauvre héros contrit et incompris, et Luce pour la mégère détestable, et dans cette version des faits, forcément, le spectateur a envie à plusieurs reprises de faire un gros câlin à Michel (le fait que Michel soit interprété par Claude Legault étant un facteur aggravant de ces soudaines envies de hug). En fait les femmes ont particulièrement le mauvais rôle dans l'épisode, alors que même la copine/épouse du pote râle parce que Michel a transformé leur chambre d'amie en porcherie, ou que la patronne du café se montre particulièrement désagréable vis-à-vis du pauvre homme. Cette position de victime, on mettra du temps à le comprendre, ne se justifie pas vraiment : c'est quand même Michel qui a trompé son épouse, mis les voiles vers une destination exotique, et qui revient le bec enfariné maintenant que le démon de midi affiche quatorze heures. Pas franchement le mec innocent envers qui les femmes du coin sont injustement féroces... In extremis, Luce aura même droit à quelques lignes de dialogues permettant d'établir qu'elle n'est pas totalement obtuse, et qu'elle voit encore un peu de bon dans cet homme.

Malgré tout, il n'est pas tout-à-fait mauvais, ce Michel. Il met une énergie louable à essayer de revenir dans la vie de sa fille, Léa (une adolescente qui aura une scène, et une seule, mais quelle scène, pour nous prouver le génie de son personnage), et à également retrouver le chemin de sa maison et de la quincaillerie que le couple possède. Et d'ailleurs, la quincaillerie a besoin de lui, et l'étage de la maison était sur le point d'être loué de toute façon, alors...

Evitant de justesse de tomber dans la caricature, Un sur 2 nous promet donc de voir comment la réconciliation va se dérouler entre Michel et Luce, impliquant leur fille malicieuse, et les amis pas toujours super objectifs. Malheureusement ce premier épisode un peu brouillon manque de vraiment nous entraîner dans une histoire qui nous touche.
A trop vouloir nous inciter à soutenir Michel, Un sur 2 évite énormément les vraies questions soulevées par le départ de celui-ci, et ne respecte pas la pluralité des points de vue, nous incitant à vouloir à tout crin une réconciliation qui ne va pas de soi. Il faut espérer que ce sera accompli dans les épisodes suivants, mais j'avoue que j'ai été assez refroidie par la trame de cet épisode qui, outre son évidente partialité, s'enfonce dans des contingences (logement, travail, etc...) qui font un peu perdre de vue l'essentiel, à plus forte raison parce que les solutions sont très rapidement évidentes de ce point de vue là. Il manque aussi à Un sur 2 un peu de tendresse dans sa façon de montrer les personnages et ce qui les tourmente ; sans aller jusqu'au travail magnifique réalisé sur Tu m'aimes-tu?, un peu plus de subtilité n'aurait pas été de trop pour montrer ce que traversent intimement ces personnages.

Cependant, on peut dire que c'est une bonne saison pour Céline Bonnier, qui trouve ici une deuxième série cet automne dans laquelle faire la démonstration de son talent (la première étant Unité 9 ; j'ai pensé à vous dire qu'il FALLAIT regarder Unité 9, je ne me souviens plus ?), et dans un rôle diamétralement opposé qui plus est. Et puis, Claude Legault...
Bon allez, d'accord, je tente un deuxième épisode. C'est bien parce que c'est vous deux.

Challenge20122013

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