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ladytelephagy

20 février 2013

Liquidation de la communauté

Il y a quelques jours, 20minutes sortait un piteux "article" sur le thème "Regarder des séries en couple, un enfer ?". A lire à vos risques et périls, parce que, vraiment, c'est honteux d'appeler ça un article (et ça a dû l'être plus encore à écrire, mais je ne juge pas, on a tous des factures à payer).
Constitué d'anecdotes énoncées par des personnes qui, même de mon point de vue, relèvent de la psychiatrie lourde, ce... texte répertorie les raisons pour lesquelles regarder des séries en commun avec sa moitié n'est pas une sinécure, parce que la natation en verre d'eau est un sport de haut niveau qui n'est pas à la portée de tous.

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, il n'y a rien de plus facile que de rester fidèle à ma nature et mes envies téléphagiques quand je suis en couple. A partir du moment où il est clair que je suis une téléphage et j'ai des besoins, on s'arrange, vraiment. Ça ne mérite même pas que je vous donne des exemples. Alors naturellement, il y a toujours des petits hics de temps à autres (genre l'un de mes copains aimait regarder des trucs pourris ; je reste imperméable au concept de guilty pleasure, alors forcément ça pouvait coincer...), mais globalement, c'est quand même un truc génial que de savoir qu'on a une série à regarder ensemble, et/ou une série à regarder chacun de son côté. Et surtout, pas mal de découvertes mutuelles à faire.
Je le vis un peu comme un test de compatibilité, en fait : ce qui est valable pour les séries le sera pour le reste.

Vous croyez que regarder une série avec son conjoint/sa conjointe est une aventure ? ESSAYEZ DE VOUS EN SEPARER.

Divorce

Premier problème : déterminer qui aura la garde des DVD achetés en commun.
Alors effectivement, pour les séries qu'on regarde chacun de son côté, ce n'est pas un soucis. Mais quand soudain il s'agit de faire des cartons, et qu'on commence à découvrir que, il y a 7 mois et 9 jours, pendant qu'on se baladait main dans la main dans une FNUC, on a eu envie de s'acheter la première saison d'un truc qu'on avait absolument adoré quand on l'avait téléchargé et regardé ensemble, , les choses commencent à dégénérer. Au début, quand on fait encore mine de se la jouer séparation à l'amiable, quelques politesses peuvent être échangées autour de séries qu'on va, d'un geste noble, laisser à son ancienne moitié. Pourtant, à un moment, il faut bien aborder les sujets qui fâchent.
C'est alors que les négociations peuvent commencer, avec plus ou moins de bonne foi de part et d'autre :
"Je l'avais bien aimée cette série...
- Oui enfin, je l'avais aimée plus que toi, quand même.
- Je te demande pardon ? C'était mon idée de télécharger le pilote !
- Ah, alors, c'était mon idée d'aller à la FNUC, si on va par là...!
- Bah bien-sûr, allez !!! Récupère tous les DVD au point où t'en es ! C'est quand, la dernière fois que tu n'as PAS eu l'idée d'aller à la FNUC ?!" D'un autre côté, il marque un point.
S'en suit une discussion où bizarrement vous aimez TOUS LES DVD. Ouais, même celui-là tout pourri, là, acheté sur un coup de tête dans une brocante. Parce que, mais si, en fait elle était drôle cette série, ça vous revient maintenant. Et surtout vous avez de plus en plus de mal avec l'idée que l'autre pourrait garder quelque chose. Quoi que ce soit. C'est intolérable. En cet instant, tout ce que vous avez vu pendant les années 90 dans Cas de divorce a énormément de sens. C'est la seule fois. Plus l'autre veut garder un coffret, plus vous réalisez que vous adorez la série concernée : "MAIS ARRETE TON DELIRE, J'ADORE CETTE MERDE, SANS MOI JAMAIS TU L'AURAIS REGARDEE !".
Résultat des courses, il s'agit bien plus de compter le nombre de coffrets que chacun a dans les bras, que de quoi que ce soit d'autre, et chacun fulmine de son côté de ce que l'autre a obtenu dans les négociations. Alors ouais, j'ai obtenu l'intégrale des 712 saisons de chais plus trop quoi, big deal : lui, il a eu la saison 1 de Star Trek DS9 !

Haha, mais ça c'est rien ! Le pire, c'est quand, quelques semaines plus tard, vous vous apercevez que vous aviez la saison 1 de telle série avant de vous mettre ensemble, mais que vous avez acheté la saison 2 en commun, et que, pendant les âpres discussions de séparation des biens, l'autre a obtenu la saison 2. Et paf, il ne vous reste plus qu'à racheter la saison 2. Et ça, ça énnnerve. Et pendant des semaines, c'est, comme par hasard, le seul truc que vous ayez envie de regarder.
A côté de ça, vous avez toujours dans vos étagères l'intégrale de la série que l'autre aimait, et que vous avez, pour une raison qui échappe à votre compréhension à présent, bataillé pour garder (il faut dire que vous étiez beaucoup moins calme quand s'est déroulée la discussion en question). Vous ne la regarderez jamais, mais au moins, vous l'avez.

Deuxième problème : trois semaines après la séparation, même pas, vous étiez invités tous les deux à aller passer une soirée chez des copains pour un marathon de la série que vous adorez, vous aviez complètement zappé, mais là, on y est, et le jour dit, il faut donc y aller. Le soucis, c'est pas que ça se passe chez des copains (non, en fait il a été plus facile de se diviser les copains que les DVD), aucun risque de vous croiser tous les deux là-bas. Le soucis, en fait, c'est que vous êtes puissamment conscient que vous étiez supposés y aller ensemble. Et surtout que, désormais, dés que vous allez regarder un épisode de la série en question, vous allez penser à votre ex. Donc vous allez à la soirée d'une humeur de chien, et toute la nuit, enfoncé dans les coussins du canapé jusqu'au menton, vous gardez la mâchoire serrée ; vous n'appréciez même pas l'intégrale qui défile sous vos yeux, vous contentez de haïr la terre entière.
Qui vous le rend bien : vous n'êtes plus jamais invité à une nuit-marathon chez ces amis-là.

Plus généralement, la simple mention d'une série dont vous n'avez même que vu le générique ensemble vous arrache le coeur, les tripes, et très franchement, tous les organes internes. Moi par exemple, suite à l'une de mes ruptures, c'était A la Maison Blanche. Putain, j'ai mis des mois à m'y remettre. Chaque fois que je me calais devant un épisode, immédiatement je me rappelais dans quel position on avait regardé ce même épisode quelques mois plus tôt : "est-ce que cette fois-là on était en train de spooner ? Ou bien j'avais ma tête sur sa cuisse ? Ah, le soir de la fusillade, il portait son putain de peignoir que je détestais !"... Et vous avez beau tenter de vous concentrer sur les histoires de Bartlet, tout ce qui importe, en cet instant, c'est que cette saloperie de peignoir que vous aviez en horreur n'est pas calé sous votre tête ; osons le dire, vous avez les facultés de concentration d'un spectateur de Ma famille d'abord. C'est insupportable. A bien des égards.
Alors, c'est fatal, le DVD finit par échouer dans le fond de votre telephage-o-thèque, où il va pourrir jusqu'à ce que vous vous soyez remis de la séparation. Ca peut prendre un peu de temps. Par contre, c'est marrant plus tard de mesurer l'épaisseur de la couche de poussière, et d'essayer de dater au carbone 14 la dernière ouverture du boîtier.

Après, si comme moi vous êtes méchamment atteints de téléphagie, il y a l'autre cas de figure : vous réalisez que vous vous êtes quand même tapé une intégrale d'une série dégueulasse par amour, parce que lui, il l'aimait bien, et que les 5 saisons passées devant les épisodes sont autant d'heures de votre vie qui ne vous seront jamais rendues. Et soudain, la simple existence de la série en question cristallise tous les reproches que vous adressez à votre relation désormais morte et enterrée : ces N années passées avec votre ex sont autant d'heures de votre vie qui ne vous seront jamais rendues ! En fait, les goûts pourris de votre ex sont une raison de plus de l'avoir plaqué (mais si, c'est vous qui l'avez plaqué, mais si). Et vous devenez aigris à la simple mention d'une série que comme par hasard 71,2% de votre timeline sur Twitter considère comme un absolu classique à mentionner à longueur de journée avec nostalgie. Vous n'exagérez presque pas.

Et encore, si vous avez du bol, ça vous fait ce genre de coup pour une série déjà finie, une intégrale que vous vous êtes faite ensemble.
Mais il n'y a rien de pire que de découvrir que, quelque chose comme deux mois après la rupture, la nouvelle saison de la série que vous dévoriez ensemble reprend. En fait, tout d'un coup, vous ne l'aimez plus du tout cette série. Et vous ne la regardez plus du tout non plus. C'est fini, ça vous a tout coupé. Et peu importe que ce soit l'une des séries qui fasse le plus parler d'elle à ce moment-là, c'est foutu.
Ce sans parler des pincements de coeur quand, dans le cadre de vos attributions dans tel ou tel autre projet, vous êtes supposé aborder l'actualité de cette série. Il y a de quoi vous en écoeurer à vie.

...Parce que le coeur du problème, si je puis m'exprimer ainsi, c'est que non seulement on s'investit dans un visionnage de série en tant que téléphage, mais en plus, on y accroche des souvenirs. Pas systématiquement, mais souvent. Pour reprendre mon exemple, je suis capable de me souvenir avec précision des conditions dans lesquelles j'ai découvert Pushing Daisies, comment j'étais assise, la température qu'il faisait... la densité de l'air, pour un peu ! Or, on a tendance à mémoriser encore plus les expériences si on les partage avec quelqu'un qui compte à ce moment-là. Et de ce fait, mon histoire avec de nombreuses séries s'entrelace avec celle que j'ai avec... pas autant d'hommes (faut pas exagérer) mais quand même quelques uns. Et même quand les blessures de la séparation sont loin, encore aujourd'hui, il m'est difficile de ne pas penser à CE type-là en lançant un épisode d'A la Maison Blanche.

Alors, difficile de regarder une série ensemble ? Ha ha ! Je me gausse.

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19 février 2013

Moi j'aime pas le pessimisme

Le pessimisme, c'est nul.
Pourtant il faut bien reconnaître qu'on tombe tous dedans de temps à autres. Parfois je fais partie de ceux qui ont simplement parfois du mal à l'admettre (on l'a vu avec la mésaventure Suburgatory). Parfois je me dis au contraire que je suis pessimiste à l'extrême, et/ou sans raison. Les choses ne vont pas si mal, tant qu'on a de quoi regarder des pilotes tous les jours et succomber à un coup de coeur plusieurs fois par mois !

La perception qu'on a de "la saison" est souvent trompeuse ; la saison n'est pas nécessairement nulle juste parce que nous n'en profitons pas autant que nous l'aurions imaginé. Par vagues, depuis le début de la saison 2012-2013, j'ai eu de douloureux passages à vide et d'autres de véritable exaltation. C'est pourtant la même saison !
Il est vrai que la mid-season a été très clémente avec moi, entre The Americans, Monday Mornings, le retour de House of Lies et Smash... mais beaucoup des séries qui constituent mon planning hebdomadaire sont les mêmes qu'au début de la saison ; à l'automne déjà, je regardais Raising Hope, The Neighbors, et j'en passe. Il y a des fluctuations, c'est sûr (The Good Wife est une fois de plus mise en pause ; soyons honnêtes, c'est une série que je préfère regarder en m'enfilant les épisodes par poignées), mais dans le fond, peu de choses ont changé dans mon planning.
Et je ne parle que de la saison en cours de diffusion aux USA, parce que Black Mirror est toujours un délice (d'ailleurs, ma proposition tient toujours), et il y a de quoi faire au Japon. Sans compter que des nouveautés australiennes vont tomber à partir de demain, mais enfin, on n'y est pas, on reparle de tout ça à tête reposée, hein.

Simplement, pour une raison que j'ignore, il suffit d'une annulation (Partners), ou au contraire du visionnage d'un pilote insupportable (on a eu un rude mois de janvier, la preuve par l'exemple avec Banshee), et paf, tout d'un coup, on cède à la négativité.

"Elle est nulle, cette saison", s'exclame-t-on en donnant un coup de pied métaphorique dans notre planning téléphagique, le nez plissé et le regard mauvais. Bon, peut-être après tout... mais avons-nous vraiment une vue suffisamment large de la saison pour pouvoir le dire ? Non. whisper et moi avons un défi consistant à regarder tous les pilotes de la saison américaine (plus les britanniques, les canadiens, les australiens, les français... je lui ai épargné l'Asie, j'ai l'impression d'avoir bien fait !), et nous n'avons même pas une vue suffisamment large de la saison avec tout ça parce que, pour autant que je sache, il n'existe personne qui a regardé tous les pilotes de la saison, et moins encore tous les épisodes. Même pas un nolife comme Truc, là.

Alors du coup, on n'a pas le droit d'être négatifs tant qu'on n'a pas tout vu, voilà ce que je dis !!!

TheAmericans-Flag

...Mais pas ce que je fais.
Ce soir, me morfondant à l'idée qu'il n'y a aucun nouvel épisode de mes marottes du moment, j'ai regardé ce que j'avais à me mettre sous la dent, et j'ai murmuré : "pff, ya rien à regarder... elle est nulle cette saison". Tu parles.
Peut-être que nous avons besoin de penser parfois qu'il n'y a rien de bien à regarder. Ca doit être un réflexe psychologique pour éviter de devenir monomaniaques, je suppose (tout le monde n'est pas forcément pourvu de ce mécanisme cependant).

Pourquoi, en dépit de disques durs qui débordent, de DVD qui s'empilent et de plannings de ministre, trouvons-nous encore le moyen d'accabler cette maudite saison qui a pourtant fait de son mieux pour nous offrir des dizaines de pilotes ? En plus d'être téléphages, nous sommes ingrats. Voilà !

En attendant de retrouver l'inspiration, je vais donc ce soir répondre à une autre interrogation existentielle : peut-on qualifier de marathon le fait de se refaire l'intégrale des 3 épisodes de The Americans diffusés à ce jour ? En ce qui me concerne, j'ai décidé que oui. Comme quoi, elle est franchement chouette, cette saison...

18 février 2013

You lost me at "ristorante"

Un pilote, c'est trompeur. On pense qu'une série va prendre une direction, mais un épisode inaugural n'est en rien un engagement contractuel vis-à-vis du spectateur. D'ailleurs, vous êtes bien placés pour savoir qu'il n'y a jamais aucun engagement contractuel entre une série et un spectateur, et que toute série se réserve le droit de n'en avoir rien à foutre des effets de ses décisions sur son audience, si jamais ça lui chante. Souvent, c'est le droit le plus strict du showrunner et/ou de la production de prendre les orientations qui lui chante, mais parfois, cela ressemble à une trahison ; l'avantage c'est que, le spectateur lui-même n'étant engagé par aucune sorte de contrat, il peut très bien cesser de regarder la série quand ça lui chante. Et c'est ainsi qu'est préservé, dans la majorité des cas, un certain équilibre dans le "rapport de forces".
Cependant, un pilote, c'est trompeur, et il arrive que les épisodes qui le suivent explorent d'autres possibilités du pitch d'origine.
Et je suis la première à l'admettre, toute pilotovore que je sois : il faut savoir se méfier des pilotes.

Mais je dois reconnaître qu'en matière de séries, je suis plus rarement sur mes gardes, disons, en Asie, qu'aux USA. Cela vient de la pratique totalement différente : aux Etats-Unis, d'abord on crée une série, ensuite on essaye de la faire durer aussi longtemps que possible. Ca aboutit à des fleuves vidés de toute substance, parfois, quand la plaisanterie aurait gagné à être plus courte mais que, pour une raison X ou Y (audiences, rentabilité, etc.), la série vit plus vieille qu'elle ne devrait.
Dans les pays asiatiques, la question ne se pose pas. Le renouvellement ne tombant pas sous le sens, toute nouvelle série débarque avec la conviction qu'il n'y aura qu'une seule saison. Cette saison peut durer un nombre variable d'épisodes, selon un certain nombre de critères (habitudes nationales, pratiques de la chaîne, rythme de diffusion, etc...), par exemple la Corée du Sud a plus facilement des séries avec deux à trois dizaines d'épisodes, là où le Japon a, hormi quelques exceptions (notamment sur la NHK où il y a une série annuelle et deux séries semestrielles par an), tendance à favoriser la douzaine, voire la demi-douzaine. Accessoiremment, je suis pas au top sur les séries de Hong Kong, mais j'ai vu que Inbound Troubles s'était achevée au terme de 20 épisodes, voyez, là aussi on est dans le même esprit.
Bon. C'était un petit rappel juste pour qu'on soit sûrs de parler de la même chose.

Mais en conséquence, j'ai tendance à faire extrêmement confiance à un pilote de série japonaise. S'il n'y a qu'une douzaine, grand maximum, d'épisodes derrière pour conclure la saison, je m'autorise à imaginer que le pilote est représentatif de la série.

C'est une erreur que j'ai fait par le passé avec Cleopatra na Onnatachi, et c'est une erreur que je suis en train de refaire avec dinner, à la différence que ça me coûte beaucoup plus avec dinner dont j'avais absolument adoré le pilote.

dinner-Roccabianca

dinner prétendait parler d'un ristorante à la dérive, et il était permis de penser, au terme de son pilote, que ce serait là son sujet. Et comme la série avait trouvé un ton qui lui était personnel, qui faisait preuve de chaleur et de personnalité, elle devenait plaisante à suite. Ainsi qu'à cause de son sujet-même, puisque, vous le savez maintenant, j'ai un méchant biais envers les séries qui se passent en cuisine.
Enorme erreur. En deux épisodes... disons, bon allez, deux épisodes et demi, l'affaire était classée. Et désormais, dinner n'est qu'une série se déroulant dans un restaurant. On s'intéresse à ses personnages et à leurs histoires personnelles, mais à quelques détails près, ces mêmes histoires pourraient se dérouler dans n'importe quel milieu professionnel. Certains personnages qui étaient bien écrits au départ, équilibrés, comme par exemple la manager Saori, sont devenus stéréotypés au possible, et d'autres ne doivent leur salut qu'à l'interprétation et sûrement pas au scénario, à l'instar du chef Ezaki. De gros trous sont apparus dans le contexte-même de la série (l'un, et non des moindres, étant qu'on n'a aucune idée de ce qui est arrivé au chef Tatsumi, qui apparemment est plongé dans le coma sans que sa fille n'aille le voir, ou qui a été peut-être enterré dans la plus grande indifférence, allez savoir ; je ne peux imaginer qu'il soit simplement en convalescence, car sinon quelqu'un aurait forcément eu l'idée de lui poser des questions sur la meilleure façon de gérer le restaurant, n'est-ce pas ?).

L'affront ultime m'a été fait dans le 5e épisode, dans lequel on a droit à absolument tous les clichés de la comédie romantique de pacotille. Et vous savez combien je suis irritable en matière de romances...

Je ne dirai pas que le divorce d'avec dinner est, hm... consommé, parce qu'au point où j'en suis, il reste une poignée d'épisodes à diffuser, grosso-modo j'ai fait la moitié du chemin, ce serait trop bête d'arrêter maintenant. Mais je suis très, très déçue, et je ne vais plus dévorer les épisodes comme je l'ai fait jusque là, mais plutôt les regarder quand je n'ai plus rien à voir (c'est très mauvais signe que je dise ça, vous vous doutez bien qu'en tant que pilotovore, j'ai toujours des trucs à voir). Accessoirement, Fuji TV a annoncé ne plus vouloir diffuser de série dans la case horaire qui actuellement celle de dinner, le dimanche soir à 21h, eh bien, je le vis beaucoup mieux maintenant, pour tout vous dire.

A l'issue de ce 5e épisode, et alors que le 4e avait déjà bien calmé mes ardeurs, mon premier réflexe a été de me demander si je ne m'étais pas emballée trop vite... mais, oho, ça se saurait si c'était mon genre ! J'ai donc jeté un nouveau coup d'oeil au pilote et, non, vraiment, le pilote de dinner me plait toujours. Peut-être un peu moins maintenant que je sais comment les choses ont tourné, mais en-dehors de ça, non vraiment, c'est un chouette pilote.
Simplement, un pilote, c'est trompeur. Une leçon, un cautionary tale qu'il faudrait que je garde à l'esprit pour le prochain pilote asiatique que je tenterai... eh bien, ce soir, et à vrai dire, peut-être demain aussi.
...Héhé, bah oui : j'apprends vite, mais il faut m'expliquer souvent.

17 février 2013

Le droit d'être jugé par ses pairs

Récemment, mais je me suis aperçue que de plus en plus souvent, j'hésite à lancer un pilote parce que j'en attends beaucoup. En fait, plus j'ai envie qu'une série soit bonne, plus il m'est difficile de me confronter à son pilote et de prendre le risque, peut-être, d'être déçue par lui. Alors je reporte. Pendant des jours, des semaines, parfois même des mois, le moment où je vais finalement me mettre devant le pilote et le regarder pour ce qu'il est. C'est l'une des raisons, sans doute, qui me poussent à essayer d'arriver à chaque pilote avec le moins d'informations possible. Mais il est des cas où c'est tout simplement impossible...
Pour certains, Joss Whedon est un Dieu. Pour moi, depuis la fin des années 90, c'est David E. Kelley qui est mon héros. Il a ses défauts ils en ont tous mais je suis à ma place dans son univers. Parfois, j'ai l'impression de le comprendre, même (heureusement ça ne dure pas trop longtemps, il ne manquerait plus que ça). Alors comment ne pas avoir d'immenses attentes envers un pilote dans ces conditions ? Après avoir reporté ce visionnage une saine période de temps (c'est la diffusion cette semaine du 2e épisode qui a tiré la sonnette d'alarme), j'ai fini par me mettre devant le pilote de Monday Mornings. Oh, David, pitié, ne me déçois pas...

MondayMornings

Et dire. Que j'ai. Douté.
Dire que j'ai craint que Monday Mornings soit décevante ; je ne sais même plus pourquoi pareille idée m'a traversée, alors que la série est en totale cohérence avec tout ce que fait, tout ce qu'est (téléphagiquement) David E. Kelley ! Oh, David, je ne suis pas digne, pardon. Mea culpa, mea maxima culpa.

A première vue, sur le papier, il est vrai que Monday Mornings aurait pu sembler un peu trop commune, trop passe-partout pour que Kelley y fasse démonstration de son talent. Des chirurgiens, un hôpital étincelant, des filtres en bataille, des personnages pleins de bons sentiments, voulant faire le maximum pour leurs patients au détriment de leur vie privée ou même leur propre santé... N'est-ce pas un peu cliché ?
Mais Monday Mornings n'est évidemment pas une série médicale comme les autres. L'enjeu n'y est pas à proprement parler l'acte médical, mais le mécanisme de pensée qui conduit un chirurgien à prendre une décision donnée. Les réunions M&M (mortality & morbidity, déjà évoquées dans de nombreuses séries médicales d'ailleurs) consistent donc, régulièrement, à donner aux médecins concernés l'opportunité de revenir posément sur une décision prise dans le feu de l'action, et ce, dans le cas où elle a abouti à la mort du patient. Toute la question est justement de déterminer si la décision a provoqué la mort, ou si le décès était inévitable ; et donc, de questionner, au-delà de la compétence technique du praticien, sa lucidité.

On comprend vite pourquoi Monday Mornings est un sujet qui ne pouvait que parler à David E. Kelley : rapidement, le pilote va nous prouver que le scénariste se sent directement concerné en tant qu'ancien juriste, et passionné de débats, dans ces réunions M&M. En fait, la fatidique réunion du lundi matin n'est rien d'autre qu'un procès systématiquement à charge, où chaque médecin se représente lui-même, face à un Chief of Staff inquisiteur et implacable, et devant un jury composé de ses pairs. Eh oui, Monday Mornings est une nouvelle série légale qui a simplement passé une blouse blanche, poussant ainsi plus loin encore les idées que Kelley avait pu exploiter par le passé sur le milieu médical, notamment dans Chicago Hope, évidemment. Parce qu'on peut sortir l'homme des tribunaux... mais on ne peut pas sortir les tribunaux de l'homme.
Ce sont toujours, dans le fond, les mêmes sujets qui reviennent que souvent : la mise en balance du talent des professionnels avec leur faillibilité d'humains, les questions de responsabilité de personnes qui pensent pourtant les assumer déjà au maximum, et, finalement, la question fondamentale que pose Kelley dans toutes ses séries, à savoir qu'être éminemment capable et professionnel n'empêche pas les erreurs, et qu'y faire face fait partie du métier. Dans ce contexte, la moindre erreur peut, et doit, être questionnée, car en dépit de toute la dédication des professionnels, quand il est question de la vie d'un tiers, une seule erreur est toujours une erreur de trop. Ployant sous le poids d'une responsabilité sans fin sur la vie des autres, quand eux-mêmes ne sont jamais que des mortels, les héros de Monday Mornings vont donc devoir, semaine après semaine, se confronter à leur charge, dans tous les sens du terme. Je suis prête à mettre ma main au feu qu'à un moment, va se poser la question de la perte des facultés d'un personnage vieillissant et/ou faillissant, qui ne va pas s'en apercevoir tout de suite et qu'il faudra mettre de force face à ses limites, parce qu'aucune série de Kelley n'a jamais résisté à cette question et que là, c'est vraiment une occas' en or.

Monday Mornings commence donc son parcours avec un premier cas "évident", celui du Dr. Martin, un chirurgien dont tout le monde sait qu'il n'a pas été assez rigoureux, dont tout le monde sent qu'il a franchi la ligne une fois de trop.
Car si chacun, en étant convoqué pour assister à la réunion M&M, a le réflexe anxieux de se demander s'il y a une "chance" pour qu'il soit appelé à la barre, si chacun se repasse rapidement les dernières heures, les derniers jours, pour vérifier s'il a eu affaire à la mort d'un patient, si chacun, enfin, reprend confiance en ses propres qualités afin de marcher sans trembler dans l'amphi où se déroulent les réunions du lundi matin ; en fin de compte, tous sont parfaitement conscients de qui est susceptible d'avoir affaire au jury silencieux du service de chirurgie de l'hôpital. Monday Mornings veut nous plonger, d'abord, dans cette ambiance où chacun remet sa pratique en question une première fois, à l'annonce de la réunion du lundi matin, où le rythme cardiaque atteint un pic puis redescend aussi sec devant la certitude de n'avoir rien à se reprocher. Après avoir fait le point avec leur conscience, les médecins rassurés vont donc assister à l'interrogatoire du Dr. Martin, lequel est, de toute évidence, le maillon faible du service. Et l'exercice a autant pour fonction de nous montrer comment se passent ces réunions, que de nous montrer que l'assurance de bien faire reprend instinctivement le dessus.
Ce premier cas nous permet de nous familiariser avec les réunions M&M, donc, avec la théâtralité choisie par Kelley (ou peut-être qu'à ce stade ce n'est plus un choix, mais un instinct que d'en revenir à une forme à peine déguisée de prétoire), avec les regards atterrés des collègues dans la partie de la salle plongée dans l'ombre pendant que le "mis en cause" doit défendre ses décisions, et non ses gestes, devant un Chief of Staff omniscient et tout-puissant, qui est à la fois juge et bourreau.

Mais ce n'est qu'à titre introductif que nous commençons par là, car Monday Mornings ne veut pas simplement lyncher les incompétents, ce serait trop facile, ce serait trop simpliste.
Après avoir fait en sorte que le Dr. Martin n'exerce plus (...avec un twist, car pour Kelley et bien qu'il ne taise pas ses regrets à ce sujet, la Justice est souvent à courte vue), Monday Mornings s'attaque donc à l'anti-thèse du Dr. Martin : le Dr. Wilson, un professionnel impliqué, attentif, plein de compassion c'est le Chief of Staff lui-même qui le dit qui va, c'est sûr, faire tout son possible pour son nouveau patient. Mais qui va échouer.

Et Monday Mornings met alors le spectateur dans une douloureuse position. Celle de l'enjoindre à prier pour que tout se passe bien, parce que le médecin, vraiment, fait tout ce qu'il peut, et on le croit de bonne foi... mais en même temps, si toutes les opérations réussissent, il n'y a plus de réunion M&M, et c'est quand même le coeur de la série. Et si c'est le coeur de la série, c'est bien qu'il y a des questions à poser et des dysfonctionnements à soulever. Alors, secrètement, et on se déteste pour ça... on espère que le chirurgien va échouer. Mais que c'est par manque de chance, juré !

Quand vient l'heure pour le Dr. Wilson de faire face à l'accusation et au parterre affligé de ses pairs, pourtant, il va bel et bien ressortir qu'il a laissé passer une occasion de mieux faire son travail. Oui, ses collègues le confirmeront : l'état de son patient, juste avant de mourir, sur la table, était sans appel. Mais peut-être aurait-il fallu prendre une autre décision que le faire passer sur le billard, en amont. Eh oui, ce n'est jamais assez. Monday Mornings ne pardonne rien. Monday Mornings rappelle aux chirurgiens que la moindre décision, aussi certaine semble-t-elle, et même quand elle semble dictée par l'urgence, ne doit jamais être traitée comme une évidence. Et rappelle à ses héros que non seulement l'humilité, mais surtout, la remise en question constante de leur pratique, est plus importante qu'aucun geste technique.

Il ne doit, jamais, exister de certitude, et chaque semaine, nous reviendrons donc, avec le service de chirurgie, sur l'inévitable vérité qu'aucun médecin, jamais, ne peut se soustraire au reproche, même quand il croit bien faire, surtout quand il pense bien faire. Il n'y a pas de place pour l'évidence quand on a la responsabilité d'une vie. Et pourtant, il faut bien poursuivre la sienne, et reprendre le risque jour après jour... parce que, quelle est l'alternative ?

...Finalement, c'est bon signe que j'aie douté.

Challenge20122013

16 février 2013

Passons ensemble de l'autre côté du miroir !

Peut-être vous souvenez-vous que, quelques semaines en arrière, je vous ai confié dans mon post "remix" de l'année 2012 avoir pour ambition d'essayer de mettre en place un visionnage commun d'un épisode donné, mais au lieu de le faire sur Twitter, le faire sur Skype.

Le but du jeu serait alors de partager une vraie expérience ensemble, entre téléphages, un visionnage collectif faisant fi des distances, afin de vraiment ressentir en commun l'émotion d'un épisode donné.
L'idée serait de le faire en conversation audio, avec plusieurs volontaires lançant le même épisode au même moment, dans les limites de la résistance du système (j'ignore sincèrement jusqu'à combien de personnes peuvent converser simultanément sur Skype... mais il n'y a qu'une façon de le savoir !), et que chacun laisse s'exprimer toutes ses impressions en cours de visionnage, ceux qui rient, ceux qui pleurent, ceux qui murmurent des commentaires, ceux qui s'impatientent, etc... sans aucune auto-censure, pour vraiment sentir les réactions de chacun de la façon la plus sincère possible.

C'est que, quand nous lisons les réactions des uns et des autres par écrit, nous avons droit à une forme digérée de leur réaction devant l'épisode concerné. Le simple fait de vouloir formuler un tweet ou une review pousse déjà à une forme raffinement de l'émotion, de transformation. Les cinéphiles connaissent bien cette impression, pour vivre l'expérience d'un film avec toute une salle ; mais en revanche, cette salle n'est pas toujours remplie de cinéphiles attentifs et cinéphagiquement éduqués, et compte souvent une bonne proportion de gens venus voir des images qui bougent, passer une soirée entre amis, ou bouffer du popcorn à s'en faire péter l'émail des molaires. Il s'agit donc ici de vivre l'expérience uniquement entre gens de bonne compagnie, et sincèrement intéressés et investis dans le visionnage.

Jusque là, je n'étais pas bien sûre de savoir quel épisode s'accorderait avec ce projet, mais je crois que, ça y est, j'ai trouvé, avec son retour cette semaine, le cobaye idéal : Black Mirror !

BlackMirror-logo

Eh oui : en dépit de sa seconde saison, Black Mirror est une anthologie qui permet à chacun de prendre la série à n'importe quel moment ! Qui plus est, dans le genre imprévisible, on a difficilement fait mieux, et il me semble qu'une série capable aussi bien d'émouvoir, de choquer et/ou d'interroger le spectateur, soit plus que toute indiquée pour une expérience commune comme celle que je voudrais mettre en place !
En plus, songez à l'ironie d'utiliser les nouvelles technologies pour regarder une série qui s'appuie autant... sur les nouvelles technologies.

Je cherche donc à présent au moins 5 volontaires pour cette expérience, sachant qu'elle portera sur le 2x03 de Black Mirror (un épisode qui sera diffusé le 25 février prochain), qu'elle se fera sur Skype, qu'elle nécessite d'avoir un casque avec micro, et que je demanderai aux personnes présentes de ne pas réprimer leurs réactions, et de ne pas utiliser la conversation écrite ou les réseaux sociaux pendant l'exercice, pour plus de spontanéité. Toujours afin de préserver l'esprit de l'expérience, je demanderai aussi aux participants de ne pas regarder l'épisode en question avant le visionnage commun.
Enfin, il sera plus que recommandé de ne pas manger ou boire pendant l'expérience, par respect pour les autres participants et pour le but-même de l'exercice (mais de toute façon, je ne suis pas sûre qu'il soit sage de prendre le pari de manger ou boire devant Black Mirror, comme le pilote de la série nous l'a appris !).

Une fois que j'aurai mes 5 volontaires minimum (mais s'il s'en présente plus, on en ajoutera jusqu'à implosion de Skype, alors ne vous retenez surtout pas de postuler !), je conviendrai avec eux d'une date de visionnage quelque part pendant le weekend des 2 et 3 mars.
Dans la mesure du possible, nous enregistrerons la conversation audio, dont le résultat sera ensuite posté dans ces colonnes (là encore, tout dépendra de la robustesse de Skype).

Si l'expérience #SkypedMirror vous intéresse, à la fois à des fins "scientifiques" pour savoir comment d'autres téléphages vivent leur visionnage dans le feu de l'action, et à la fois pour le plaisir de regarder ensemble un épisode dont personne ne sait à l'avance ce qu'il nous réserve, de par la nature-même de Black Mirror, je vous invite à postuler ci-dessous, en commentaire (la traçabilité des tweets étant ce qu'elle est, je ne prendrai pas en compte les volontaires qui ne se déclareront que sur Twitter).
...Et si vous voulez juste entendre le résultat final sans participer, parce que vous êtes un timide maladif par exemple, eh bien évidemment, vous pouvez toujours faire tourner le lien en attendant que d'autres volontaires se présentent.

Alors, qui veut tenter le coup ?

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15 février 2013

A la mode de chez eux

Ah, la mode ! Univers glamour par excellence ! ...Et pourtant, assez peu de séries ont décidé de prendre cet univers pour contexte, ce qui m'a toujours étonnée, car il semble prédestiné que des soaps y trouvent aisément matière à des intrigues à n'en plus finir (mais je suis peut-être tombée sur trop d'épisodes d'Amour, Gloire et Beauté...?). Heureusement, l'oubli est en passe d'être réparé, alors que cette année, plusieurs séries dans le monde ambitionnent de se pencher sur l'univers des maisons de couture. Ouf !
Evidemment, on pourrait mentionner les quelques projets américains sur le sujet, comme Dress to Kill, un thriller/soap pour ABC, qui se propose d'associer un whodunit à l'univers de la haute-couture new-yorkaise, ou Scarlatti, pour FOX cette fois, dans laquelle une famille tente de conserver le prestige de son empire de la mode. Mais de projet il ne sera pas vraiment question aujourd'hui, puisque je vous propose de parler de séries concrètes, à l'existence bel et bien confirmée, et non de plans sur la comète.

Et pour lancer les hostilités, ce soir, la chaîne sud-africaine SABC1 diffuse le pilote d'une nouvelle série dramatique, Tempy Pushas, qui fait le choix de se dérouler dans ce contexte. Sauf que, loin de l'expérience que nous avons pu avoir récemment avec Jane by Design, la série dramatique (pour laquelle 26 épisodes sont prévus) a décidé à la fois de tirer partie des intrigues inhérentes au milieu, et d'y ajouter une dimension plus sociale.

TempyPushas

Tempy Pushas met donc en scène trois orphelins, des amis d'enfance venus des townships, qui, devenus adultes, se retrouvent plongés dans l'univers de la haute-couture sans vraiment l'avoir voulu ni provoqué ; ils vont se confronter à la réalité pas toujours très reluisante d'un univers pourtant célèbre pour son luxe et son style de vie glamour. Mais derrière les paillettes et les drapés, il y a aussi beaucoup de vice et de haine... Kuti, X et Ngulube, liés entre eux par leur enfance défavorisée, pourront-ils rester loyaux les uns envers les autres, alors qu'ils sont confrontés à la cupidité et l'orgueil des puissants ainsi qu'à leurs propres démons ?

Toute la problématique de Tempy Pushas, derrière l'incontournable exploitation d'un univers agréable à l'oeil avec ce qu'il impliquée d'inévitable population richissime (sans compter les quelques intrigues amoureuses), est donc de voir comment l'esprit et la culture des townships peut survivre aux tentations d'une industrie déconnectée du réel. Derrière les aspects soapisants évidents (qui évoquent un peu l'expérience vécue devant Known Gods), il s'agit donc bel et bien de parler de fracture sociale.
On est sur la première chaîne publique après tout, dont c'est aussi la vocation. Bien qu'étant plus particulièrement orientée vers les adolescents et les jeunes adultes, Tempy Pushas n'a pas beaucoup de points communs avec des séries faites pour rêver ; d'ailleurs, c'est un signe qui ne trompe pas : ses héros sont trois jeunes hommes... le risque de se faire envoûter par trois bouts de tissus chics et quelques breloques est donc minime, pour reprendre la comparaison avec Jane by Design.
A l'instar d'Intersexions (qui a débuté sa saison 2 cette semaine, je vous dis pas, j'ai hâte !), Skeem Saam (dont la saison 2 débarque quant à elle dans un mois), ou plus anciennement de Yizo Yizo (souvenez-vous), il s'agit de sonner vrai, pas de monter des contes invraisemblables, ou au moins idéalistes, sur les valeurs des petits qui doivent rester fidèles à eux-mêmes en dépit des vices des puissants ; une manie qu'ont bien des séries américaines, et plus encore de séries asiatiques. Bien que cet aspect des choses ne soit pas totalement mis de côté dans Tempy Pushas, évidemment, l'accent est plutôt mis sur le réalisme de la situation des personnages, sur les difficultés qu'ils rencontrent dans les townships et qui ne les quittent pas simplement parce qu'ils ont accès à un monde en apparence moins compliqué.

Comme les séries qui l'ont précédée, Tempy Pushas doit avant tout parler de ce qui touche les spectateurs issus des quartiers défavorisés, pas simplement les faire rêver, voire pas du tout. Et moi, c'est précisément le genre de fiction qui me fait rêver, tout simplement parce que c'est quand même l'essence des voyages téléphagiques que d'essayer d'entrer, par la fiction, dans la réalité d'un pays.

Bon alors, pour répondre à votre question, oui, il y a un trailer, mais j'aime autant vous prévenir... ça n'est pas ce que j'ai vu de plus engageant à la télévision sud-africaine !
Il faut cependant rappeler, pour l'anecdote, que le matériel promotionnel des séries sud-africaines est généralement assez pauvre : une photo de promotion ne va déjà pas toujours de soi, donc on est déjà bien contents quand il y en a une, et les trailers sont accessibles de façon plus aléatoire encore. A la rigueur, ça ne me choque pas : les quelques séries dramatiques sud-africaines dont j'ai pu tâter me laissent penser que, en dépit de l'absence de moyens pharamineux, SABC1 notamment met plutôt son budget dans les séries elles-mêmes que dans leur promotion, ce qui est un choix que je trouve honorable. Alors bon, au final, malgré la maladresse de la mise en images (et de la voix-off maladroitement plaquée sur les extraits...!), on sent que la mission de Tempy Pushas n'est pas de se perdre dans les strass, et préserver le message véhiculé reste quand même le plus important. Donc voici :

A l'automne prochain, ce sera au tour de l'Espagne de lancer Galerías Vélvet. Commandée par Antena3 à la société Bambú Producciones (déjà responsable de succès comme Hispania ou Gran Hotel), cette série dramatique s'intéressera à la fin de l'âge d'or du prêt-à-porter espagnol, juste avant le début des années 70, alors que Cristobal Balenciaga, l'un des grands couturiers espagnols, décide de prendre sa retraite, ainsi que quelques autres grandes figures de la profession. Tout le défi de Galerías Vélvet, contrairement à Tempy Pushas, sera de faire oublier l'Espagne franquiste et ses diverses problématiques dramatiques, pour se concentrer sur une intrigue glamour où, dit-on, la romance tiendra une grande place. On retombe ici dans un certain nombre de poncifs sur cette industrie, vous le voyez.

Eh, à chacun son angle, après tout. Mais j'avoue, par goût personnel, être cent fois plus curieuse de réussir à mettre la main sur Tempy Pushas un jour que de voir Galerías Vélvet !
Hélas, nous savons tous lequel des deux sera le plus aisé à accomplir ; et les choses ne vont pas s'arranger tout de suite : l'Afrique du Sud a annoncé récemment qu'on n'y tiendra pas les délais pour le passage au tout-numérique initialement prévu pour juin 2015...

14 février 2013

Indigestion

On peut se demander si une série qui en plagie une autre ostensiblement est coupable d'emblée de haute trahison téléphagique. Parce que, de la même façon qu'un remake peut parfois être de grande qualité, condamner d'avance une série simplement parce que son pitch est très largement inspiré d'un autre semble un peu extrême. Dans le fond, il est tout-à-fait possible qu'un même pitch soit traité de façon différente par deux séries, et il est possible qu'un scénariste, inspiré par une série à succès donnée, se dise qu'il pourrait dire quelque chose de totalement différent à partir des mêmes éléments. C'est, à bien y réfléchir, une question qui nous pousse à nous interroger sur ce qu'est vraiment l'originalité en télévision !
On peut se le demander... mais ça reste purement théorique. Parce que dans la pratique, prétendre qu'une série qui part d'un pitch sans imagination peut faire preuve de trésors d'originalité reste quand même une jolie façon de se mentir : ça ne donne jamais rien de bon.

Le recyclage, c'est honteux, quand bien même on voudrait parfois avoir l'esprit ouvert et donner leur chance aux séries qui semblent le mériter le moins. Et je m'apprête aujourd'hui à vous en donner la preuve par l'exemple avec Nobunaga no Chef.

NobunaganoChef

Si vous avez déjà un peu trainé dans le coin, ou tout simplement qu'il vous arrive de vous intéresser aux séries nippones, vous ne pouvez pas ignorer l'existence de JIN, une série qui, l'espace de ses deux saisons de diffusion, a connu un immense engouement dans son pays natal, et s'est attiré énormément de récompenses et de critiques élogieuses. Méritées, d'ailleurs.
JIN, c'est l'histoire d'un neurochirurgien qui se retrouve soudain envoyé dans le Japon féodal, et qui va rencontrer des personnages historiques, notamment le fameux Ryouma Sakamoto. A charge pour Jin à la fois de survivre dans le passé, et de tenter de trouver un moyen de revenir dans son présent, tout cela en continuant, dans l'intervalle, de pratiquer la médecine telle qu'il la connaît, à la grande surprise de ses nouveaux contemporains. Heureusement, il peut compter sur l'aide de de Saki, une jeune femme qui, bravant les conventions, va l'assister.

Avec ces éléments en tête, voici maintenant le pitch de Nobunaga no Chef, et je vous propose de jouer aux jeu des 7 erreurs.
Nobunaga no Chef, c'est l'histoire d'un chef cuisinier qui se retrouve soudain envoyé dans le Japon féodal, et qui va rencontrer des personnages historiques, notamment le fameux Nobunaga Oda. A charge pour Ken à la fois de survivre dans le passé, et de tenter de trouver un moyen de revenir dans son présent, tout cela en continuant, dans l'intervalle, de pratiquer la cuisine telle qu'il la connaît, à la grande surprise de ses nouveaux contemporains. Heureusement, il peut compter sur l'aide de de Natsu, une jeune femme qui, bravant les conventions, va l'assister.
...Ne cherchez pas sept erreurs, il n'y en a qu'une : l'existence-même de Nobunaga no Chef.

Car non contente de pomper allègrement le pitch d'une des séries japonaises les plus aimées et les plus regardées de son temps, Nobunaga no Chef a aussi résolu de le faire avec aussi peu de finesse et d'intelligence que possible. C'est bien simple : en moins de quatre minutes, Ken va se retrouver dans le passé (en fait ça se produit même en moins de trente secondes), va assister à un combat du grand Nobunaga, devoir sauver sa peau, découvrir qu'il n'est pas le seul à être dans cette situation, réaliser qu'il a perdu la mémoire, apprendre qu'il vient du futur, rencontrer une jeune femme qui va lui sauver la vie, et... et non, quand même, on s'arrête là, ça fait cinq minutes.
La finesse de la succession de ces évènements a de quoi laisser pantois. C'est clair qu'on a affaire à un scénariste qui ignore le mot "exposition", et ce n'est rien de le dire. Et le pire, c'est qu'en fait ils sont deux à avoir écrit ce torchon.

Mais non content de balancer leur histoire avec le plus grand des naturels (après tout, ça va, hein, pourquoi se faire chier à mettre les choses en place, puisque tout le monde connait JIN !), on a aussi affaire à des scénaristes qui écrivent avec un bandeau sur les yeux. Ainsi, les personnages sont totalement inconsistants (et le pire c'est que même les autres personnages s'en rendent compte), disant une chose puis son contraire juste parce que comme ça, ça fait vaguement avancer l'intrigue, ça façonne un suspense artificiel, ou ça crée des retournements de situation quand le public commence à s'endormir. Leur réaction n'ont aucune logique, aucun fil rouge, ce qui s'assortit plutôt bien avec leur manque total de personnalité, notamment pour le personnage principal, Ken, qui ne pourrait être plus transparent. A cela encore faut-il ajouter un cast absolument pénible, soit dans le surjeu, soit dans l'apathie la plus totale.

Le pire n'est pourtant pas là. Car outre la question du retour dans le passé, désormais un gros cliché, et le cours magistral d'histoire que cela implique (oui, Nobunaga no Chef se veut pédagogique par-dessus le marché), le pire dans toute cette sombre affaire, c'est que la cuisine s'en mêle.
On assistera donc à un concours entre Ken et le chef de Nobunaga (sans grande raison si ce n'est qu'il fallait meubler dix minutes d'épisode) qui consiste à cuisiner le meilleur plat ; le perdant y perd quand même la vie, hein. C'est absolument ridicule, bien-sûr, mais bon. Alors pendant cette séquence, les personnages secondaires vont commenter l'action un peu comme dans un match de foot : "oh non, il a cuisiné un plat étrange, il va perdre !"/"non, attendez, le seigneur Nobunaga a l'air d'aimer") et l'interprète de Nobunaga va faire toutes sortes de grimaces tout en mastiquant. C'est absolument captivant.
Et c'est supposé être la plus-value de Nobunaga no Chef, visiblement, puisqu'une fois que Ken va faire ses preuves sur un plan culinaire, il devient évidemment le nouveau chef des cuisines du grand Nobunaga (qui n'a visiblement pas grand'chose à penser à part choisir le chef de ses cuisines), et doit réitérer ses exploits culinaires avec un invité de marque, parce que, je cite, cela peut être déterminant pour les affaires de Nobunaga. Punaise, c'est du lourd ! D'après le trailer de fin d'épisode, les conneries continuent sur le même mode dans l'épisode suivant, sauf que cette fois Nobunaga et son armée partent en campagne (...avec le chef sous le bras, donc ; normal).

Vraiment, les mots peinent à décrire le marasme scénaristique que tout cela représente. Et je vous dis ça, sachant que j'ai quand même un énorme biais envers les séries culinaires, quand même ; on a eu le temps de l'évoquer avec dinner il y a quelques jours.
Donc quand je vous dis que Nobunaga no Chef est une poussive merde télévisuelle, je ne le dis pas à la légère. Il n'y aucune excuse pour son existence, et dorénavant j'utiliserai les références à Nobunaga no Chef uniquement pour l'utiliser comme exemple absolu du pitch paresseux, copié sur un succès qui n'avait pas mérité pareil déshonneur, et servi par un scénario honteux. Pour que nous n'oublions jamais qu'une série qui en plagie une autre ostensiblement est coupable de haute trahison téléphagique...

13 février 2013

Meta critique

Ce n'est pas tous les jours que vous me voyez sur ce blog m'intéresser sincèrement à une série de la CW. Je crois que le mot exact est : "jamais". Cependant il semblait très difficile de ne pas avoir des attentes envers Cult, l'une des rares séries du network à avoir de l'ambition... et je crois que le mot exact est : "seule".
Mais comme on dit, plus dure sera la chute, et l'heure de vérité est maintenant venue : y a-t-il enfin une série de la CW qui puisse m'intéresser ? C'est la question à laquelle je m'apprête à répondre dans le post de ce soir, et dans le cadre du défi des review de pilotes avec whisperintherain. Le suspense est insoutenable... mais alors, bon, je vous préviens : il faut suivre.

Cult-Poster

...Si je n'avais pas lu que Cult avait été créée à l'origine pour la WB, je dirais qu'il n'existe pas de série ayant un meilleur timing ! Mais attendez ! Commençons par le commencement, et récapitulons de quoi il s'agit : ce sera salvateur pour suivre.

Cult est une série dans laquelle un journaliste se retrouve plongé, suite à la disparition étrange de son frère, dans l'univers complexe d'une série télévisée appelée Cult, et qui est donc une fiction dans la fiction. Pour comprendre ce qui est arrivé à son frère, il va devoir prêter attention à la série Cult, dans laquelle l'héroïne est, elle-même, à la recherche de sa soeur qui a disparu dans d'étranges circonstances ; l'héroïne de Cult est, qui plus est, une ancienne adepte d'une mystérieuse secte dirigée par un (bien-sûr) charismatique gourou, auquel elle a réussi à échapper mais qu'elle est obligée de croiser alors qu'elle cherche sa soeur. Elle soupçonne en effet que le gourou ne soit pas pour rien dans tout cela... et il semblerait que notre journaliste soit sur le point de découvrir que la secte de Cult, la série imaginaire, existe réellement dans Cult, la vraie série !
Meta ! ...Bon, retenez bien ce qui est gras et ce qui est en italique, parce qu'à partir de là, je ne précise plus rien.

Si j'ai réussi à résumer le pilote (et rien n'est moins sûr !), vous commencez à saisir toute l'ambition de Cult. L'idée est de raconter l'histoire d'une enquête, parce que c'est quand même ça (faut pas déconner), qui prend sa source dans une autre enquête, fictive celle-là.

On n'est pas très loin du sujet d'Utopia, au passage, sauf qu'Utopia joue quand même beaucoup moins sur l'intertextualité avec le comic book (cela dit j'ai pris un peu de retard en voulant finir la saison 1 de Raw, et comme vous le savez la série a été ma priorité ces derniers temps) ; et, par ailleurs, on est quand même méchamment en train de marcher sur les plates-bandes de The Following (sauf qu'ici la thématique à la fois de l'armée invisible recrutée sur internet et de la secte meurtrière est infiniment mieux exploitée que dans le pilote de The Following, ce qui, si vous vous en souvenez, était l'une de mes grosses objections !). Qui plus est, pour l'observatrice extérieure que je suis, j'ai l'impression que Cult arrive à point nommé alors que le public s'intéresse toujours à la télé réalité, mais est en manque de gros concept innovant en ce moment ; il y a donc, dans la cible des spectateurs qui ont envie qu'on fasse mine de brouiller la frontière entre le réel et la fiction, un vivier de spectateur n'attendant que d'être convaincus par une nouvelle narration. Je ne prétends sûrement pas être experte en reality tv, mais c'est l'image que renvoie le genre en ce moment, une petite crise donc Cult pourrait s'emparer à son avantage.

Et c'est en ça que Cult est très futée, parce que clairement elle a senti des ingrédients qui sont dans l'air du temps, tout en ayant son propre projet, sa propre ambition, son propre sujet. Cult n'est d'ailleurs pas une série qui a fait des sectes son thème central. Même si je persiste à dire qu'un jour, il nous faudra une série sur Waco ou Jonestown ; si le sujet vous intéresse un peu, d'ailleurs, je vous suggère de regarder la série néo-zélandaise The Cult, voire, si vous avez le coeur très bien accroché, d'écouter la fameuse Jonestown death tape. Au contraire, là où c'est futé, c'est que le sujet assez risqué, et globalement plutôt difficile à traiter, des sectes, reste essentiellement cantonné à Cult, et que dans Cult, la question de la secte prend pour le moment plutôt l'apparence d'une conspiration d'où les éléments spirituels sont soigneusement écartés... c'est plutôt bien vu d'avoir bien marqué la séparation de sujet entre les deux, d'ailleurs je vais y revenir plus bas.

Mon Dieu, ça fait un paragraphe que je jette des fleurs à Cult, il se passe quelque chose de très très grave là... Laissez-moi donc préciser que Cult est loin d'être un pilote parfait, ouf ! On a eu peur.

D'abord, il faut quand même admettre que le coup de la série dans la série (avec une petite mise en abyme supplémentaire pour tout mot de la fin), c'est quand même une opportunité en or pour se faire une méchante publicité mensongère. Dans Cult, la série Cult est diffusée sur la CW (on l'entend nettement dans la promo diffusée à la station-service), ce qui veut dire que la véritable CW voudrait bien qu'on pense qu'elle est capable de diffuser une série aussi sombre ("gritty", en fait) que peut l'être Cult ; or il n'en est rien, bien-sûr, et la conversation téléphonique de fin de pilote le prouvera : Cult, la vraie série, se refuse à être aussi angoissante que Cult, la série dans la série. Mais grâce à son habile mise en abyme, elle parvient à faire illusion, et à entretenir un climat plus terrifiant qu'il ne l'est vraiment.
Et puis, quand même, aussi bien dans Cult que dans Cult (à moins que ce ne soit l'inverse, on sait plus), on a des personnages aussi épais que du papier à cigarettes, particulièrement peu intéressants. Un peu comme Bastien et Atreyu, les deux "mondes" dépeints dans la série se répondent en miroir, calquent leur pas l'un sur l'autre, et les personnages n'existent bien souvent qu'à travers ce prisme : ils n'ont aucune existence propre (on aura une magnifique séquence de background plaqué sur la fin du pilote, d'ailleurs, alors que l'un des personnages raconte sa sob story dans la voiture), et les acteurs sont d'une transparence à faire peur. Qui plus est, la réalisation manque grandement de finesse lorsqu'il s'agit de montrer que la machination est à l'oeuvre, comme avec les plans soutenus sur un personnage totalement muet qui passe dans plusieurs scènes avec un regard louche et appuyé pour bien montrer que oh-là-là, on est surveillés.
Pour finir, il est légèrement inquiétant que tout ce petit monde se prenne au sérieux ; il aurait été bienvenu que soit un personnage de Cult, soit quelqu'un dans la "réalité" de Cult, serve parfois de comic relief ; apparemment au moins un personnage doit être introduit dans le futur proche de Cult (en la personne d'une geekette, si j'ai bien compris), et j'espère que ce personnage saura apporter un peu d'humour ou de sarcasme, permettant de temps en temps à la série de respirer, et de prendre du recul sur elle-même, parce que pour le moment, cet ingrédient manque beaucoup à l'épisode. Ce qui est quand même dommage dans un univers où les fandoms sur internet sont supposées être au coeur des évènements (les gens qui écrivent ces séries ont-ils déjà posé le pied sur Twitter, par exemple ?).
Mais ces défauts en sont-ils tous vraiment ? On peut se le demander. Il est clair qu'avec la duplicité de son objectif, Cult n'a pas en plus la marge de manoeuvre lui permettant d'emblée de créer des personnages complexes, et sa bascule permanente entre deux niveaux de "réalité" ne l'autorise que très peu à rajouter des degrés de lecture dans la personnalité de ses protagonistes. A un moment, on a quand même besoin que le public soit capable de suivre, hein !

Alors au-delà de ça, on peut se demander quel accueil sera réservé à Cult, à mesure que la série trouvera de l'exposition médiatique (rappelons, comme le fait le poster ci-dessus, que le pilote n'a pas encore été diffusé par la chaîne, mais juste mis à diffusion sur Hulu pour le moment). Aussi littéralement que possible, Cult pose la question du rapport entre la fiction et la réalité, et le moment où, en tant que spectateur, il devient dangereux de gommer la frontière, voire de ne plus la saisir. Et, ce faisant, plonge directement le spectateur dans un trouble qui est quand même largement recherché.
Evidemment, assister à un suicide en direct dans Cult, ça n'a pas le même impact que d'y assister dans Cult, par exemple. Mais ces nuances ont-elles vraiment de l'importance, sur le long terme, alors que la série joue précisément sur le concept de basculement entre la réalité et la fiction ?
C'est la raison pour laquelle il est à la fois fascinant et inquiétant de voir Cult lancer des piques à ses spectateurs pour remettre en question leur rapport à la réalité de la série : c'est d'un côté très bien joué, et futé, et bien des choses encore... mais d'un autre côté, le jeu de miroirs n'a-t'il pas de quoi déstabiliser un peu ? Parce que Cult a très bien compris les codes de l'appropriation d'une série à forte mythologie par ses fans (un grand nombre de ces enseignements a été tiré de Lost, dont le fantôme est palpable), la production sait aussi très bien quels codes seront repris par le public, tel que le très ingénieux logo de Cult par exemple (qui sert de tatouage de reconnaissance à certains personnages de Cult). Le problème c'est que ces codes vont être repris par les fans de Cult, et provoquer une mise en abyme supplémentaire...

Le gros coup de malchance de la CW serait que l'expérience narrative tourne mal, et qu'on se retrouve avec un cas de fan de la série qui pète les plombs (il suffit d'un spectateur moins équilibré que les autres, pas plus). On est d'accord que je m'inquiète peut-être pour rien, d'autant que comme je le disais, Cult aborde la question des sectes, que pour le moment Cult évite pour le moment avec soin, de sorte que les débordements entre la réalité et l'imaginaire ne s'aventurent pas dans le domaine de la spiritualité et de l'endoctrinement. Mais aucune chaîne "pour adultes" ne s'est risquée à un tel brouillage entre le réel et l'imaginaire, alors, sur des ados, je ne sais sincèrement pas l'effet que ça aura sur le long terme.
...Enfin, s'ils regardent Cult sur le long terme ! Parce que sur la CW, rien n'a préparé le public à une série ayant ce type d'exigences. Ce sera un bon test pour les autres projets que prépare le network, genre Oxygen, ou surtout The Selection et The Hundred. Si Cult remplit sa part du contrat, ce sera très incitatif et on pourra s'attendre à une poursuite intéressante de la mutation du network... sinon j'en reviendrai à mes bonnes vieilles critiques lapidaires. Et c'est vrai qu'elles vont nous manquer, si je commence à dire du bien de certaines séries de la CW !

En attendant d'avoir la réponse à ces interrogations et quelques autres, je regarderai Cult aussi longtemps que possible... tout en soignant l'inévitable mal de tête que provoque la rédaction d'un post sur le sujet. Parce que, je ne vous le cache pas, je suis contente d'avoir fini !

Challenge20122013

12 février 2013

[DL] Smash

Quelle série n'est pas cent fois meilleure avec un générique ?
En toute sincérité, je m'étais déjà découpé le générique de la saison 1 de Smash. Parce que quand j'aime une série, j'aime avoir un générique à écouter, et les dix secondes de vague jingle étaient toujours bonnes à prendre dans ce contexte. Mais là... Là on parle d'autre chose !

Smash
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Quel excellent exemple de tout ce que Smash doit accomplir en saison 2 ! Ou comment bâtir sur l'existant, et le pousser aussi long que possible sans le travestir. Il n'existe pas de meilleure métaphore du défi de Smash que ce qui a été fait avec ce générique plein d'énergie...

Ce soir, le #SmashEnsemble s'est à nouveau réuni pour une session de love-watch (oui, ça existe encore), et, les yeux plein d'espoir et d'attentes, a regardé si cette nouvelle saison a su tenir ses promesses. Non seulement il s'agit pour Smash de conquérir le public qui la dénigrait l'an dernier, mais pour nous, rares (du moins le semble-t-il) fans de la série, il s'agit de ne pas être semés en route. Ce générique est un plutôt bon signe...

11 février 2013

Zygomatiques au repos

Depuis quelques jours que je suis malade ("quelques jours ? Une éternité !", vous dira mon entourage essentiellement constitué de mauvaises langues infoutues de préparer une soupe de poulet potable), je redécouvre l'avantage de regarder des comédies. Alors que j'en avais mis un très grand nombre entre parenthèses, notamment en décembre pour faire de la place à mon marathon Scrubs, j'ai repris le visionnage de plusieurs séries, parmi lesquelles Les Bobos, The Neighbors ou encore New Girl que pourtant je ne pensais pas reprendre avant cet été. Les faits sont là : quand on est malade, c'est vachement plus sympa de regarder une comédie. Ou dix. Mais sitôt mon retard rattrapé sur ces séries, je me suis aperçue qu'un nouveau problème se posait : je commençais à être à court de formats d'une demi-heure ! C'est là que le défi avec whisperintherain intervient...

TheSpa

The Spa se déroule dans un complexe de beauté et de bien-être... oui, ou un spa, si vous appelez ça comme ça... et a priori le concept est bon. Il est tellement bon que, soyons sincères, il a déjà été en grande partie utilisé dans Vénus et Apollon, dont je me rappelle avoir vu des bribes d'épisodes (chaque bribe aperçue étant en général suivie d'un réflexe pavlovien de zapping : à l'époque, les séries françaises et moi, on n'avait pas encore signé la trève de 2012...). Et de par la variété de clients qui peuvent passer la porte, de par la raison d'être de ces entreprises, de par les interactions entre les différents membres du personnel, je peux comprendre le potentiel d'une série, et a fortiori d'une comédie, se déroulant dans ce contexte. Le problème, c'est que le résultat ne ressemble absolument pas à ce que je m'imagine. Et à vrai dire, le problème, c'est que ça ne ressemble à rien du tout.
Le premier épisode de The Spa, diffusé la semaine dernière, suit donc la directrice du... spa, oui si vous voulez, alors qu'elle passe une mauvaise journée et qu'elle doit gérer le personnel extravagant de l'établissement, de la pauvre assistante complètement stupide au professeur d'aérobic en fauteuil roulant. Evidemment rien ne se passe jamais comme il faudrait, la pauvre femme est entourée d'incompétents, et ainsi de suite.

Le soucis, c'est qu'en définitive, il ne se passe rien. Evidemment je n'attendais pas de The Spa qu'elle nous propose des intrigues de la profondeur insondable d'un drama, mais au minimum, je m'attendais à une histoire. Je sais, je suis d'une confondante naïveté. Mais au terme de son épisode inaugural, il apparait plutôt que The Spa fonctionne comme une série à sketches, où les séquences n'ont aucune sorte de continuité, se contentant de sortir une blague puis de passer à la suivante en oubliant la plupart de ce qui vient de se dire.
Mais ce qui est le plus déconcertant dans tout ça, c'est que plusieurs des gags n'ont strictement aucun rapport avec le contexte ! La scène qui m'a semblé être la plus longue portait par exemple sur le vieil homme chargé de la réparation, un type qui se balade en short ultra-moulant toute la journée et à qui la patronne fait remarquer que c'est vraiment indécent, vu le gabarit de son engin, de porter un short taillé aussi serré, et qu'il y a encore eu des plaintes. En quoi cette scène a-t-elle quoi que ce soit à voir avec le contexte du spa ? Ca pourrait se passer absolument n'importe où ! Et ça dure vraiment, vraiment longtemps, c'est insupportable. Alors non seulement ça ne fait pas rire, non seulement c'est pas très fin comme genre d'humour, mais en plus c'est interchangeable avec n'importe quelle autre série pas drôle et pas fine !

En toute honnêteté, je crois qu'il y a des formes d'humour qui me resteront étrangères ; l'humour britannique fait partie de ces choses-là (et, par ricochets, l'humour scandinave, qui lui est assez proche pour ce que j'ai pu voir). Il y a des comédies venues de Grande-Bretagne qui fonctionnent sur moi, c'est sûr, mais c'est une minorité, clairement ; et quand je me retrouve devant une comédie comme The Spa, je le ressens de façon encore plus évidente. Ca me rappelle mon embarras devant Benidorm par exemple (bon, ici d'autant plus à raison que c'est le même créateur), et comment cet humour n'est définitivement pas le mien.

Le seul intérêt de The Spa, ce sont les couleurs de ses décors : ça m'a rappelé qu'Äkta Människor sortait en DVD ce mois-ci en Australie. Eh, dans le genre associations d'idées, ya pire, quand même.

Challenge20122013

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