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ladytelephagy

11 décembre 2012

A fleur de peau

Contrairement à ce que semblent penser les Américains, les séries israéliennes ne valent pas que pour leur ambiance de thriller. On compte aussi de solides dramas et dramédies, avec un talent rare pour capturer des émotions vraies.
Par le passé, sur ce blog, quelques unes de ces séries ont été évoquées, parmi lesquelles Srugim, par exemple (un petit bijou que je vous recommande une nouvelle fois, en passant), ou d'autre beaux morceaux de bravoure comme Kathmandu, ou Nevelot. J'ai aussi eu l'occasion de jeter un oeil à un bout de pilote de Shvita (les plaisirs du streaming m'empêchant d'en voir le bout), et vraiment, on passe à côté d'une somme de séries incroyables de par le manque actuel de sous-titres (heureusement, vous pouvez consulter les posts évoquant ces séries en allant faire un tour parmi les tags). Un jour, peut-être...
...Peut-être pas si lointain pour certaines de ces séries, d'ailleurs.

Mais pour aujourd'hui, il faudra se contenter de VOSTM, mes amis. Pour autant, je crois la série du jour capable de parler de choses suffisamment universelles pour que la barrière de la langue ne pose problème que dans une infime minorité de scènes de son pilote, et je compte bien sur vous pour ne pas vous laisser rebuter pour si peu.
Oforia, puisque c'est son nom, a démarré le 30 novembre dernier sur la chaîne câblée HOT3, et il s'agit d'une série sur l'adolescence, mais dont on n'est pas bien sûr en la voyant qu'elle s'adresse tout-à-fait aux adolescents...

Oforia-Logo

Oh, il ne fait nul doute, lorsqu'on aborde Oforia, que son créateur Ron Leshem (journaliste et écrivain de son état) a vu Skins. C'est une évidence tant Skins a transformé la façon dont on aborde les séries sur les adolescents à la télévision, tentant de dépeindre de leur intimité comme leurs excès, si ce n'est même d'employer les seconds pour approcher la première. Et c'est aussi une évidence sur la forme, même si on doit plutôt celle-ci à la réalistrice Dafna Levin.
Mais comme beaucoup de grandes séries inspirées, Oforia nait des vagabondages de l'esprit de son créateur, à partir de ce que Skins a éveillé en lui ; il n'est pas question de simplement adapter officieusement ses méthodes ou son esprit : les problématiques abordées par Oforia dépassent la simple chronique. Oforia veut aller plus loin. Comme ses personnages, d'ailleurs.
Il faudra juste me pardonner si je n'ai pas retenu leurs noms, parce que, euh, en VOSTM et avec uniquement des sources en hébreu, j'atteins mes limites, je le confesse.

Ils ont une moyenne d'âge de 17 ans. Ils ne sont pas tous amis, loin de là. Certains ne se connaissent pas.
Ce qui les caractérise tous ? Le détachement. Les personnages d'Oforia vivent dans l'un de ces curieux mondes dans lesquels les adultes n'existent pas, au point qu'on serait en droit de se demander s'il n'y a pas un scénario à la Jeremiah là-dessous. Ce n'est pas un défaut, cependant ; l'absence absolument totale d'adultes ne se vit pas comme un travers de la série, mais simplement comme une partie de son propos. Livrés à eux-mêmes, les protagonistes n'ont donc rien qui les retient de plonger dans les excès.
Et c'est justement cet extrême détachement et la facilité des excès qui fait de ces personnages ce qu'ils sont.

Deux d'entre eux vivent ensemble ; l'un est un ancien enfant obèse devenu beau gosse avec l'âge, qui a décroché un rôle dans une telenovela adolescente et en tire un immense orgueil. Malheureusement pour lui, son orgueil est aussi profondément atteint par son manque de maturité sexuelle (il se soupçonne à vrai dire d'être impuissant, alors que ce n'est pas le désir qui manque) ; il vit avec son frère aîné de quelques années, un véritable jouisseur qui accumule les coups d'un soir et se préoccupe de l'éducation de son frangin comme des chemises qu'il ne prend pas le temps d'enfiler entre deux conquêtes.
Avec eux vit également l'un de leurs amis ; lui aussi a 17 ans, il est maigrichon et a un physique légèrement ingrat, mais il est aussi le petit chimiste de la bande, et prépare de nombreuses drogues dans un laboratoire qu'il a entièrement constitué dans la cuisine de la maison, en s'inspirant de videos trouvées sur internet ; une scène épique le mettra face à un gamin qui ne doit pas avoir plus de 12 ans, qui lui sert de revendeur, et auquel il dévoile sa panoplie : poppers, amphétamines, héroïne... les tiroirs débordent de substances non seulement prohibées, mais surtout, rarement propres à garder les pieds sur terre. Sauf que lui, la drogue, il la fabrique à la maison, mais il n'en consomme pas ; au contraire, il est plutôt raisonnable comme garçon, il ne boit même pas de bière et baisse les yeux lorsqu'il voit une fille impudique.
Il y a aussi cette fille. Elle est grosse, n'ayons pas peur des mots. Elle le sait. Tout le monde le sait. Elle va sur Chatroulette et personne ne prend même le temps de lui dire bonjour. Alors avoir une vie sexuelle, vous pensez. Sauf qu'elle a craqué sur un type, un inconnu (on va comprendre que c'est le fameux jouisseur), et qu'elle s'est mis en tête de coucher avec ce beau gosse ; sauf que voilà, elle n'a aucune expérience, et il le sait. Fort heureusement, elle a un meilleur ami gay qui vient d'emménager avec un couple de mecs trentenaires, et se tourne vers lui en dernier recours...
L'autre fille de la série est jolie, il n'y a aucun doute. Mais elle plane totalement. Son regard ne se fixe plus sur grand'chose, ou quand il le fait, c'est de façon blasée. Elle passe ses journées dans la petite piscine hors-sol sur le toit de son immeuble, aborbée dans la contemplation du ciel. Les garçons la rencontrent alors qu'ils viennent lui vendre de la drogue toute chaude sortie du four. Et pendant qu'ils trempent de longues heures dans la piscine, ils découvrent progressivement les marques à son poignet. Et elle s'en fiche, vraiment. Elle les aime, ces lignes sur son bras gauche, dans le fond ; ils racontent son histoire.
Et puis il y a ces deux garçons. Deux frères, sûrement. Ils sont partis pour l'Amérique du Sud. Ils cherchent quelqu'un. Une femme. Ils connaissent quelques mots d'Espagnol, mais clairement ils sont perdus. On n'est pas sûrs qu'ils puissent trouver.

A vrai dire, qu'ils n'aient pas de nom à ce stade pour moi est presque mieux que si j'étais capable de les nommer parfaitement. Ils sont ces personnages, et ils ne sont personne en particulier. Ils sont tout le monde.
En effet, pour la première fois depuis longtemps, et alors que je n'ai mais alors, aucun point commun avec ses personnages, j'ai regardé Oforia en ayant des bouffées de souvenirs remontant brutalement. Des bruissements, de vagues impressions, sont revenues par vagues, et pour moi dont les souvenirs sont essentiellement photographiques, retrouver l'espace d'une seconde une sensation, un sentiment, un état d'esprit, était à mon sens la preuve d'une vraie réussite de la part de l'épisode.

Oforia-Cast

Mais je vous l'ai dit, Oforia n'est pas qu'une simple chronique à la manière de Skins (d'ailleurs, les souvenirs que j'ai gardés du pilote de Skins sont ceux d'un épisode qui s'offrait aussi des moments de beauté et de poésie, et bien malin ou pervers celui qui en dénichera dans le premier épisode d'Oforia).
Oforia est l'histoire d'une pendule arrêtée. Pour ces quelques adolescents, on le comprend par une rapide scène à la fin du pilote, quelque chose s'est passé. Et ce quelque chose les a poussés dans une fuite. Dans Oforia, tout le monde cherche à s'échapper : de sa virginité, de son mal-être, mais surtout de soi-même. La série ne veut pas juste raconter les troubles d'adolescents parmi tant d'autres, elle veut expliquer pourquoi cela sont cassés, par quelque chose qu'ils tentent par tous les moyens d'occulter. Et si ce n'était pour cette scène... ils y parviendraient presque.

Le sentiment diffus et perturbant que tout cela distille n'est pas de l'ordre du thriller, pas du tout. Mais offre quelque chose d'infiniment plus feuilletonnant que le simple déroulé de la vie de ces personnages que quelque chose a figé et pourtant projetés ailleurs. Il s'agit d'explorer les manifestations de cette échappée, de comprendre les divers symptômes, sans vraiment saisir la cause. Quel est le mal qui ronge ces héros ? Pourquoi cette séquence de quelques secondes suffit-elle à rendre l'ensemble si étouffant ?

Pour le savoir (et, je l'admets, mise sur le trailer des épisodes suivants, diffusé à la fin du pilote), une fois n'est pas coutume quand je rédige un post sur le pilote, j'ai regardé le deuxième épisode, diffusée vendredi dernier. Il y a encore l'une de ces scènes, fugace, elle aussi. Mais juste un peu moins. Et suffisamment pour nous faire comprendre qu'Oforia ne prétend pas faire le portrait de jeunes, mais de ces jeunes.
Oforia, en dépit de sa capacité à parler de quelque chose dans lequel, je pense, on parviendra tous à reconnaître au moins un petit quelque chose, n'est pas une voix d'une génération ; c'est un drama intense qui a décidé de prendre les choses à rebours. De ne pas nous dire : "attention, là il y a eu un évènement terrible, et on va essayer de comprendre son incidence sur les personnages" mais qui au contraire nous donne à observer le fil de la vie de ces protagonistes, et de nous laisser l'occasion de deviner qu'il y a eu cassure. On en saura plus, les trailers de fin d'épisodes sont formels, sur ce qui s'est passé.
Quelques recherches sous Google permettent même d'en savoir un peu plus grâce à une bande-annonce sous-titrée en anglais, mais l'oeuvre d'Oforia n'est pas d'en faire le centre de son intrigue. C'est à un point tel qu'on dirait qu'elle refuse de se transformer en thriller, quand bien même elle en aurait tous les ingrédients.

Le plus fort, c'est qu'Oforia parvient à montrer toutes sortes de comportements ayant largement dépassé le stade de "borderline", sans jamais les juger. Du chimiste introverti à la petite grosse qui se rêve en fille facile, de l'accidentée de la vie au bogoss du quartier, la série nous apprend à les embrasser. On sait qu'ils sont cassés, irréparables sans doute, comme de jolis jouets neufs qu'on a maltraités dés le matin de Noël ; on les aime quand même. On souhaiterait juste comprendre (et pas simplement découvrir) pourquoi.

L'émotion permanente, mais pas exagérée, d'Oforia, son ton à la fois quasi-documentaire et profondément élégant, son choix trivial de montrer ses personnages dans toute leur nudité et leurs besoins naturels, et pourtant de les sublimer, sa façon de panacher les thèmes difficiles en parvenant à ne pas verser dans un pathos inutile, ses personnages pléthoriques et l'ombre qui planne, angoissante et pourtant diffuse, sur le background commun de ces héros, font d'elle un véritable coup de poing.

En fait, ça fait deux-trois heures que je tourne autour du pot, et que je me dis que, puisque j'ai réussi à trouver une bonne source pour dégoter les épisodes (pour cela, je vais vous donner l'astuce, il suffit d'un combo SuperDown + Download Helper, et je suis une téléphage comblée), je suis à ça de suivre une série israélienne sans sous-titres pendant l'intégralité de sa diffusion. Ce qui dans mon cas serait une première. Je ne suis pas obligée de prendre une décision ce soir, évidemment, je suis sans doute encore trop sonnée par la claque, mais... wow ! Oforia. Voilà une série qui n'a pas volé son nom.

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10 décembre 2012

Agent zéro zéro

Ah, une petite vieillerie, ça faisait longtemps !
Puisqu'en ce moment je suis à fond dans les séries d'espionnage, j'en ai profité pour tenter le pilote de Get Smart, qui se situe plutôt du côté des comédies. Etant donné que les dramas sérieux sont généralement la norme sitôt qu'on parle d'espions et d'agents secrets (seule la notable exception de la pétillante The War Next Door me vient à l'esprit, et je n'avais pas encore testé Karei Naru Spy), un peu de changement m'a fait le plus grand bien après Covert Affairs ou Hunted.

La première chose qui m'a surprise... c'est le format. Allez savoir pourquoi, je m'étais convaincue que les épisodes de Get Smart duraient plutôt dans les 45 minutes. De toute évidence, j'avais oublié que les années 60 étaient beaucoup moins flexibles sur les questions de format, par rapport à aujourd'hui, où les dramédies sont venues brouiller les lignes. A cette époque, une comédie faisait presque toujours 25 minutes, à prendre ou à laisser. C'est dommage, j'en étais presque déçue en fait ; j'aurais apprécié volontiers un épisode plus long.

Mais revenons aux fondamentaux. Get Smart narre les aventures de Maxwell Smart, un espion répodant au nom de code 86. Il est considéré, pour des raisons qui échappent au commun des mortels, et au spectateurs aussitôt 2 minutes d'épisode révolues, comme l'une des valeurs sûres de son agence appelée CONTROL, ce qui aurait tendance à jeter un lourd discrédit sur celle-ci, si vous voulez mon avis.
L'ennemi juré de Smart, c'est la terrible organisation KAOS, une sorte de ligue de superméchants si j'ai bien compris. Mais en réalité, cela importe peu : les aspects mythologiques sont assez inutiles dans le contexte d'une comédie.

GetSmart

Dans le pilote, voici donc Smart envoyé sur une nouvelle mission : un savant a été kidnappé, et la formidable machine destructrice qu'il avait inventée a été dérobée. A charge pour Smart de rétablir l'ordre dans le chaos (ah ah) qui pourrait résulter de ce mauvais coup de KAOS, et de sauver le scientifique par tous les moyens. Pendant tout l'épisode, en réalité, le mystère sera absent. Qui a permis à KAOS de pénétrer le laboratoire du savant ? On le saura en quelques secondes alors que le complice de KAOS lancera des oeillades appuyées et machiavéliques à la camera sitôt Smart le dos tourné. Mais dans le contexte de Get Smart, on s'en fiche ! Cela ne fait que souligner l'incompétence pathologique de Smart.

Soyons honnêtes, Maxwell Smart n'est pas simplement un gros nul (c'est comme ça qu'il parvient à être attachant). Comme beaucoup de héros de son temps, il est aussi profondément naïf et fondamentalement malchanceux. Par exemple, quelles étaient les chances que la phrase secrète qu'on lui a donnée afin de reconnaître l'agent 99 dans un lieu public, soit précisément celle qui fait les gros titres des journaux ce jour-là ? Bon, alors disons que la poisse n'arrange rien. Car peu de personnages de séries méritent moins leur patronyme que Smart, vous allez le voir.
Heureusement, il peut compter pendant cette mission sur deux autres agents, un qu'il connaît et avec lequel il a justement demandé à retravailler, l'agent K-13, qui accessoirement est un chien, et la fameuse agent 99. Dont Smart va réaliser à peu près à mi-épisode qu'elle est une femme. Je vous le disais, ce n'est pas une flèche. C'est l'agent 99 qui a l'esprit suffisamment vif pour conduire la mission (et l'agent K-13 pour lui sauver la vie), et qui va orienter Smart dans la bonne direction.
Du côté de la dynamique entre les personnages, ma déception vient en réalité de 99, de la part de laquelle j'attendais un peu plus. Elle est visiblement supposée être plus maligne et plus débrouillarde que Max Smart, mais, peut-être parce que ce ne sont que les années 60 (quoique, c'est l'époque de Chapeau Melon et Bottes de Cuir), ou peut-être parce qu'il ne s'agit que du pilote, elle n'en est pas au point où elle est assez mise en avant. Je m'attendais à ce qu'à plusieurs reprises, ce soit elle qui se porte au secours de son coéquipier, mais elle est quand même là dans le rôle du faire-valoir.

Le plus ennuyeux vient probablement des rires enregistrés ; plus que l'image en noir et blanc, ou que le type d'humour de la série, c'est ce qui rend la série moins appréciable pour le spectateur moderne (en l'occurrence une spectatrice qui pourtant, n'a pas de problème pour regarder une série un peu ancienne). Get Smart vieillit assez mal de ce point de vue, et c'est dommage car sur le reste, l'épisode reste plaisant, et j'ai même rie deux ou trois fois à voix haute, ce qui n'arrive pas si souvent. Même les gags un rien prévisibles pourraient fonctionner un peu mieux sans ces rires qui donnent l'impression de regarder le gentillet Ma Sorcière Bien-Aimée.
Le fait que Get Smart donne, au stade de son pilote, tous les signes de la série absolument pas feuilletonnante (l'époque veut aussi ça, je vous l'accorde), n'est pas très rassurant sur les capacités de la série à s'améliorer sur certains aspects. Quel besoin d'améliorer le personnage de 99, par exemple, si d'épisode en épisode on peut reprendre la même formule encore et encore ?

Pour culture téléphagique, il me semblait important, dans ma période "séries d'espionnage", de regarder Get Smart. Mais ce n'est pas une série que son pilote m'encourage à regarder ensuite. Il y a des séries parmi ses contemporaines qui méritent bien plus qu'on leur consacre du temps. Cependant, j'ai passé un bon moment, et si vous avez une petite demi-heure à tuer, je recommande de tout de même tenter le coup.

Et au fait, quelqu'un a vu le film avec Carell et Hathaway ? Ca vaut quoi ? Je crains le pire...

9 décembre 2012

Serious business

En matière d'espionnage, j'ai réalisé un peu plus tôt cette semaine que je ne connaissais pas mes classiques. En revanche, une série les connait : Karei Naru Spy, une comédie d'espionnage qui va s'amuser à en référencer un maximum. Cela ne m'a pas empêchée de regarder également le pilote de Get Smart ce weekend (ce qui d'ailleurs fut fort utile pour repérer certaines références), mais ce soir, je vous propose surtout de parler de cette comédie d'espionnage nippone.

Il faut dire qu'il y a de quoi faire : le plantureux pilote de Karei Naru Spy dure la bagatelle de 1h32 ! C'est assez rare au Japon, et très franchement, ça n'en méritait pas tant vu la teneur dudit pilote. J'ai cru plusieurs fois que j'allais lâcher l'affaire, en toute franchise, car le format habituel de 55mn suffirait amplement pour raconter cette histoire, même à titre introductif (j'irais même jusqu'à préconiser 25mn pour les épisodes suivants si c'est pour faire ça...). Par-dessus le marché, l'épisode que j'avais trouvé avec hardsubs était très mal sous-titrés (décalage sur la fin empiré par des phrases simplement non-traduites) ; bon, peut-être que j'aurais pu vérifier qu'une version plus récente ne traînait pas sur un coin d'internet (j'avais cagoulé cet épisode depuis que j'avais fait sa fiche sur SeriesLive !), mais à ce stade ma patience s'était largement émoussée.

KareiNaruSpy

De quoi parle Karei Naru Spy, donc ? Eh bien d'un escroc de haut vol qui est supposé purger une peine de 30 ans, mais qui est temporairement libéré par le Premier ministre lui-même, qui pense avoir besoin de lui au sein de la SIA, l'organisation de contre-espionnage qu'il a mise en place afin de lutter contre le terrorisme. Cet escroc, qui répond au nom de Kyousuku Yoroi, alias le Caméléon (rien à voir avec Jarod, vous allez le voir), accepte le deal en pensant pouvoir en profiter pour s'échapper, mais évidemment, cela ne va pas être si simple.
Yoroi intègre donc l'unité secrète de la SIA, dirigée par un certain Kiriyama (un type assez mystérieux, et qui se tape son assistante Josephine à laquelle d'ailleurs il fait valider ses décisions), aux côtés d'une certaine Dorothy, une espionne expérimentée qui ne voit pas d'un oeil ravi l'arrivée de cet escroc qui ne connaît pas le métier et, pire encore, qui n'a aucune éthique. L'équipe comporte également Kenichi Kurusu, un collègue un peu balourd mais pas méchant, et Dr Elise, une savante qui invente toutes sortes de gadgets à utilité variable (et qui les facture aux espions, accessoirement). L'ennemi principal de la SIA s'appelle Mr. Takumi, c'est une sorte de génie du mal richissime et mégalo (et présentant une frappante ressemblance avec un dictateur tristement célèbre) qui embauche des criminels divers et variés afin d'affaiblir le Gouvernement nippon par tous les moyens possibles.
La première affaire de Yoroi va l'emmener à Tokyo, alors qu'un dangereux terroriste répondant au nom de Bomber K, embauché par Mr. Takumi, semble bien décidé à faire sauter le Parlement à l'aide d'un bus scolaire piégé, à bord duquel se trouve rien moins que la petite-fille du Premier ministre. A charge pour Yoroi et Dorothy de monter à bord et de tenter d'empêcher la bombe d'exploser.

Vous voyez ce que j'ai fait ? J'ai résumé le pilote de Karei Naru Spy en trois paragraphes. J'aurais aimé que le scénariste, Ryouichi Kimizuka pour ne pas le citer, puisse en faire autant.

Expliquer tout cela (et certes, quelques détails de plus) en 1h32 relève de la folie douce. On se retrouve avec des séquences épouvantablement longues, et donc dépourvues de toute efficacité, alors que ce n'est pas comme si l'histoire était complexe... Enfin je sais pas, moi, on compare à ALIAS où l'héroïne joue les agents doubles voire triples, là d'accord, on peut admettre que l'exposition dure une heure et demie, mais dans le cas présent, quelle en est la justification ?
Certes, il y a quelques petits détails que j'ai laissés de côté, notamment sur une journaliste travaillant dans un tabloid quelconque (ils ont quoi les scénaristes nippons avec les tabloids à la con ?) qui va progressivement vouloir enquêter sur l'existence de la SIA et qui, comble du hasard, est également la fille du couple qui loue une chambre à Yoroi, mais même Kimizuka s'en fiche royalement et l'introduit maladroitement au bout d'une bonne demi-heure d'épisode. Mais même en rajoutant cette phrase, on n'atteint pas une heure et demie de programme.
Alors qu'est-ce qui reste ? Il reste pas mal de scènes de rien. Des séquences pendant lesquelles Yoroi et Dorothy vont s'affoler à la recherche de la petite-fille du Premier ministre, par exemple, ou bien une très, très longue séquence à bord du bus, dont on finit par espérer qu'il va sauter parce que sinon ça risque d'être moi qui pète un câble !!!

C'est très dommage parce qu'à côté de ça, Karei Naru Spy a de bonnes idées, principalement dans le registre comique.
Les références à de nombreuses séries et de nombreux films prouvent par exemple que Kimizuka connaît bien ses classiques (bien mieux que moi, je le disais), et se fait un plaisir d'en mentionner plein. La séquence dans le bus, par exemple, est très largement inspirée par Speed, évidemment (avec quelques petits twists ridicules supplémentaires, genre "si les élèves à bord du bus atteignent le même nombre de décibels que des colibris pendant la saison des amours, le bus explose", en plus de la limite de vitesse). On retrouve aussi, comme je vous le disais, plusieurs références très directes à Get Smart ; mentionnons par exemple la fameuse chaussure-téléphone (tellement fameuse que même avant d'avoir vu le pilote, je l'aurais repérée celle-là), ou encore les multiples étapes avant d'arriver dans le QG de la SIA, détournées de façon absolument hilarantes.
Le look de la série, également, joue à plusieurs reprises sur des références plus implicites et généralistes, comme par exemple le côté très sixties des bureaux et du personnel de la SIA, ou l'amour de Dorothy pour les tenues colorées un peu ridicules et rétro. Les années 60 ayant été l'apogée des films et séries d'espionnage, notamment aux USA, ces références colorées jouent comme autant de rappels assez efficaces des grands classiques du genre.
Plus original, parmi les autres références, on trouve aussi tout un tas de titres de films et de séries littéralement logés dans le décor du quartier général de la SIA, comme le montre la capture ci-dessous. Sur un pallier de porte ou un coin du bureau, se logent donc toutes sortes de références explicites au monde des espions de fiction, et je trouve ça plutôt sympa d'évoquer discrètement (aucun personnage n'y jette ne serait-ce qu'un oeil, et les mentionne moins encore), et pourtant sans détour, ces sortes de parrains célèbres de la série.

KareiNaruSpy-Reference

L'humour de Karei Naru Spy s'exprime donc à travers ces références, mais aussi avec plein de petits détails sympathiques utilisant les clichés des fictions d'espionnage pour mieux les détourner. Quand Yoroi est libéré de prison pour intégrer la SIA, Kiriyama le dépose devant son logement de fonction, et on assiste à un dialogue assez habituel : "Je suppose que c'est une suite dans un hôtel. Assurez-vous qu'ils préparent le champagne", lance Yoroi, blasé. "Ca vous plaira", aquiesce Kiriyama, imperturbable, ajoutant : "c'est une suite avec vue sur l'océan" avant que la voiture ne s'arrête. Yoroi descend... et découvre que l'endroit est un restaurant décrépi d'un quartier un peu pourri avec quelques chambres d'hôte disponibles, avec vue sur... le canal du fleuve du coin. Evidemment, la voiture de Kiriyama est déjà loin (et sur le siège arrière, il fait probablement cette tête-là).

Pour servir au mieux son ton absurde et décalé, Karei Naru Spy a fait appel à Tomoya Nagase, un acteur un peu en sous-régime si on compare à Unobore Deka (où, il faut le dire, il avait un bien meilleur script sur lequel s'appuyer), mais passé maître dans l'art d'incarner des personnages capables de vivre dans un monde totalement absurde et de s'en tirer avec une dignité quasiment intacte.
Yoroi, le héros de Karei Naru Spy, a en effet une sorte de super pouvoir : s'il est si bon escroc, c'est parce qu'il a un pendentif qui l'inspire pour prendre l'identité qu'il souhaite et manipuler les gens autour de lui. Ce pouvoir se manifeste chaque fois qu'il attrape son pendentif, aussi sûrement que s'il s'agissait d'un prisme lunaire.
On apprendra pendant le pilote que ce pendentif est la dernière chose que lui a donnée sa mère avant qu'elle ne l'abandonne, et que c'est la dernière fois que quelqu'un l'a émotionnellement atteint (un background pas franchement original, mais qui fonctionne dans le délire ambiant). Cela va d'ailleurs obliger Dorothy à s'interroger sur la capacité de Yoroi à ressentir quoi que ce soit, ce qui veut dire, on le devine sans peine pendant ce pilote, qu'une idylle va probablement se nouer entre eux ; cela implique, et c'est plus dramatique, que chaque épisode va contractuellement obliger Yoroi à avancer sur le terrain de ses émotions, et à prouver qu'il a quand même un coeur, dans le fond. Mais bon, c'est pas comme si Karei Naru Spy aspirait à avoir beaucoup de crédibilité de toute façon.

Au vu de ces éléments, évidemment, Karei Naru Spy n'est pas la série du siècle, mais on pourrait imaginer qu'elle est regardable. Comme je le disais, elle le serait si le premier épisode n'était pas si épouvantablement long.

Beaucoup d'incohérences rallongent passablement l'action sans aucune raison, et là où la série pourrait décider de les souligner a posteriori sur le ton de l'humour, elle ne le fait pas, ce qui laisse penser qu'on se fait trimbaler plutôt qu'autre chose. Par exemple, pourquoi se donner autant de mal pour localiser la petite fille du Premier ministre, alors que le Premier ministre est l'employeur direct de la SIA ? Il a probablement la possibilité de mettre en place une surveillance rapprochée pour la jeune fille sans que Yoroi et Dorothy n'aient à l'identifier à l'aide d'une simple photo parmi un car rempli de lycéens ! Peut-être aussi que si la SIA décide d'assurer la sécurité de cette adolescente à l'occasion d'un voyage de scolaire de plusieurs jours, elle pourrait faire l'effort de scanner le bus à la recherche d'une bombe avant que la classe ne soit montée à bord, pas pendant ? D'autant que dés le départ, la SIA sait pertinemment que leur ennemi s'appelle Bomber K...
Ces gros trous dans le scénario agacent et jouent inutilement les prolongations, car on en tire des rebondissements sans intérêt. Il aurait vraiment fallu faire preuve de second degré et admettre que la SIA peut aussi se planter (après tout, il est admis dés le début de l'épisode que la SIA n'est pas parfaitement au point, c'est même la raison de l'embauche de Yoroi !). C'est ce qui rend Karei Naru Spy si indigeste sur la fin, et lui fait énormément de tort.

Car au final, si c'est par ses pointes d'humour et surtout ses références à d'autres séries qu'une fiction vaut la peine d'être vue... autant regarder les autres séries, non ?
Si. Alors dans le prochain post, on parlera de Get Smart...

8 décembre 2012

But is it local ?

En ce moment, vous avez pu le voir, je n'ai pas trop eu le temps pour des world tours (mais ils vont revenir, n'en doutez pas), qui demandent énormément de recherches. Cependant, quand au cours de mes lectures régulières, je tombe sur une info qui m'intéresse, j'essaye de prendre le temps de revenir quand même dessus sur ce blog (c'est comme ça qu'on a parlé de la Turquie la semaine dernière, par exemple).
Aujourd'hui est un jour comme celui-là, et je vous emmène pour une petite réflexion qui nous fait passer par le Danemark.

Au Danemark, le final de Desperate Housewives était diffusé mercredi sur TV2.
Mais ce n'est pas l'info du jour.

DesperateHousewives-FinalTV2

L'info du jour, c'est que la directrice du groupe public TV2, Merete Eldrup, a annoncé ce jeudi qu'après Desperate Housewives, c'était fini : la chaîne TV2 ne diffuserait plus du tout de séries américaines en primetime.
Vous avez bien lu.

Et attendez un peu d'entendre ses raisons : "C'est un projet auquel nous réfléchissons depuis plusieurs années, parce qu'il y a de plus en plus de compétition en primetime, et que tout le monde diffuse de plus en plus de programmes danois. En parallèle, les séries américaines s'adressent de plus en plus à une niche. Un show aussi rassembleur que par exemple Friends est difficile à trouver aujourd'hui. Les séries sont de plus en plus segmentées".

Evidemment, pour nous Français, de telles déclarations sont hallucinantes, tant nos chaînes conçoivent difficilement de mener le combat des grilles sans une série américaine en primetime. Encore ce lundi, c'était The Mentalist, une série américaine donc, qui rafflait tout sur son passage au niveau des audiences (8,8 millions de spectateurs sur TF1, contre pas plus de 3 millions chacune pour France2 et M6, qui occupaient respectivement la 2e et 3e place dans les audiences de la soirée), preuve que la dominance des séries américaines en primetime dans l'Hexagone ne sera certainement pas remise en cause avant un bon bout de temps encore.

Cela fait des années que l'on sait que la plupart des pays européens font leurs meilleures audiences avec des séries locales qu'avec des séries importées (principalement américaines), et que la France fait figure d'exception dans ce panorama. On peut d'ailleurs se demander si considérer qu'une série est intrisèquement moins fédératrice parce qu'elle est américaine, se justifie, d'ailleurs (c'est sans doute à rapporter à la politique d'acquisitions, aussi).
Mais qu'une chaîne, publique de surcroît, décide de totalement abandonner les fictions importées en primetime (DR1 le fait, la BBC le fait, et c'est à peu près tout en Europe, sauf erreur), est quand même assez rare. Qui plus est, l'objectif affiché est d'être plus compétitive ! Imaginez ça ! La motivation de la chaîne n'est pas de se plier à une plus grande mission de service public qui consisterait à favoriser la création locale (tâche dont à l'heure actuelle DR1 s'accomplit mieux que TV2, d'ailleurs), ou, c'est intéressant à souligner, de relever le niveau qualitatif des programmes en supposant, comme on serait parfois tenté de le dire, qu'une production américaine est forcément un peu plus bête qu'un noble programme bien de chez nous, non. Il s'agit de faire des audiences en primetime. Avec des productions locales.

TV2 n'en a pas fini pour autant avec les séries américaines, et en conserve dans ses grilles. Mais ces séries, que la chaîne juge donc segmentantes, seront confinées à des cases horaires elles-mêmes segmentantes, comme l'après-midi, la seconde ou troisième partie de soirée, et ainsi de suite.
A l'heure actuelle, dans le catalogue de TV2, en-dehors de Desperate Housewives désormais achevée, on trouve par exemple Blue Bloods, Sons of Anarchy, Cold Case, et des bonnes rediffs de Friends ou Un gars du Queens.
Il n'est évidemment pas question d'arrêter la diffusion de ces séries, mais de leur trouver un créneau qui fédère uniquement leur cible ; l'ironie suprême pour l'observateur français est de voir que Cold Case était considérée, en France, comme au contraire très fédératrice et pas du tout "de niche". On prend bien la mesure du fossé culturel... Par contre il semble évident que le choix de TV2 d'acheter les droits de Sons of Anarchy est assez cohérent avec l'idée qu'une série américaine est destinée à une niche !
A titre comparatif, TV2 Zulu, plus orientée vers la comédie et/ou le public plus jeune, a des acquisitions du genre de Modern Family, 2 Broke Girls, Flight of the Conchords, Hung, Beauty and the Beast, Skins, South Park, American Dad, et j'en oublie ; TV2 Zulu sert aussi à rediffuser les séries US de TV2 "classique" (c'est ainsi le cas pour Sons of Anarchy, par exemple, dont les épisodes ont droit à deux diffusions par semaine en ce moment grâce à ce système).
D'ailleurs, si Eldrup évoque Friends, c'est que le groupe TV2 fait subir à la comédie un sort similaire à celui qu'on lui connait en France : Friends est en effet diffusée (sous son titre local de Venner) par TV2, TV2 Zulu, et leur petite soeur TV2 Charlie, à peu près toute l'année, par deux chaînes sur trois du groupe au moins, à n'importe quelle semaine donnée ; preuve qu'il y a des mécanismes qui sont universels. Mais la décision de TV2 consiste à ne pas jouer de ce genre de techniques à l'avenir, justement, pour le primetime, et de se pousser à aller plus loin que de "jouer la sécurité".

Cette décision annoncée cette semaine par la présidente du groupe ne veut pas nécessairement dire que des séries danoises inédites seront diffusées chaque jour en primetime par TV2, évidemment : il ne faut rien exagérer.
DR1, considérée comme le parent riche de la télévision publique danoise, ne peut pas se le permettre, alors on imagine mal comme TV2 le pourrait. Au Danemark comme ailleurs, la télé réalité, par exemple, parvient à quelques belles audiences (à l'instar de Strictly come dancing, dont TV2 a les droits danois sous le titre de Vild med Dans) ; sinon il reste toujours les reportages, les compétitions sportives (TV2 diffuse par exemple des matches de handball en ce moment) et les films. On ne parle pas d'une absolue révolution des grilles, soyons clairs, mais simplement de la place de la fiction américaine, au profit de la fiction nationale, dans les grilles d'une chaîne danoise... et c'est déjà pas mal !

Difficile de nier que les indubitables succès publics (et critiques, et financiers...) de DR1 comptent parmi les raisons qui ont incité le groupe TV2 à se lancer dans l'aventure du tout-danois en primetime.
Une autre raison, c'est que, plus tôt cette année, Rita (rappelez-vous) s'est avérée être un incroyablement bon investissement pour TV2. Entre les bonnes audiences, les bonnes critiques, les nominations et récompenses, la vente de droits de diffusion, et même des droits d'adaptation (la chaîne Bravo va en effet avoir sa propre version aux USA), c'est forcément incitatif. Quand une chaîne est payée de retour après avoir fait l'effort d'une série originale en primetime, forcément, ça aide. A titre de comparaison, en 2011, sa série Den Som Draeber n'avait pas remporté un aussi franc succès.
Et puis, rappelons que le "Media Agreement" de 2012-2014, voté il y a quelques semaines, comprenait un volet d'aide au financement (qui a justement déjà présidé à la création des hits de TV2 Rita et Lærkevej) s'élevant à 30 millions de couronnes danoises, ce qui veut dire que TV2 ne se lance pas non plus à l'aveugle dans son objectif de mise en valeur de la fiction originale.
Tout indique que la décision s'appuie sur énormément de facteurs positifs, et que ces facteurs ne sortent évidemment pas de nulle part.

En annonçant très officiellement sa décision (au lieu de simplement faire sa programmation sans séries US en primetime, mais sans le faire remarquer), TV2 montre bien qu'un pas est franchi, et que, en fait, du point de vue de la communication, c'est un plus auprès du public que de faire valoir sa décision, et que cela peut être un plus auprès du public. Là encore, on est à mille lieues de voir une chose de ce genre se passer sous nos latitudes dans un avenir immédiat !

Alors voilà, sur TV2, on se prépare à une nouvelle ère... et ça va être intéressant à observer !
Ah, et je vous prépare un post pour parler encore de fiction Scandinave d'ici quelques jours, alors restez dans le coin...

7 décembre 2012

Une série sachant chasser...

Des pilotes, quand il n'y en a plus, il y en a encore. L'avantage d'avoir traîné les pieds pour quelques uns des pilotes de la rentrée (qu'il s'agisse de les reviewer ou carrément de les regarder), c'est qu'au moins, je suis certaine de ne jamais être à court de pilotes même en plein mois de décembre. Who am I kidding ? Je trouve des pilotes toute l'année ! Mais dans le cadre de notre défi, avec whisperintherain, je sais pas, ça donne une dimension à part que de savoir que j'ai encore des pilotes récents sous le coude.
Mon camarade, n'en doutons pas un instant, devrait prochainement parler lui aussi de ces pilotes mis entre parenthèses, et au bas de ce post, vous trouverez l'habituel lien vers son blog afin de comparer nos points de vue. Mais pour le moment, il est l'heure pour moi de vous parler de Hunted.

Hunted

Mais d'abord, un petit aparté sur les réseaux sociaux. Il n'est de secret pour personne que j'ai une nette préférence pour Twitter, dont l'activité permanente et excitante me semble correspondre à mes attentes ; pour picorer un maximum d'infos et d'avis au rythme de 100 tweets à la minute, j'aime bien y passer du temps. J'aime aussi y passer juste une tête, quand de temps, je n'ai point. Pendant un petit moment cet automne, ça a été le cas, je fais des apparitions très sporadiques (emploi du temps complexifié oblige), et du coup, j'ai eu le sentiment de tomber sur des fragments très parcellaires de retours sur certaines séries. L'une d'entre elles était Hunted. En gros, j'ai eu l'impression que chaque fois que je venais faire un tour de clic sur Twitter, il y avait quelqu'un pour dire quelque chose du genre de "Pas très convaincant #Hunted". C'était laconique, expéditif, et pas vraiment encourageant.
Et le plus fou, c'est que de petites phrases comme celles-là, vagues, ont un énorme pouvoir sur l'esprit. Pour moi qui n'ai pas toujours (on a pu le voir cette semaine) de passion pour les séries d'espionnage, ça a été radical : j'ai reporté autant que possible le moment où je pourrais me mettre devant le pilote de Hunted.
Bien plus destructeur que la critique assassine : la petite phrase désabusée. Carnassier. C'est bien plus difficile de s'en distancier que du post lapidaire, en fait. J'avais jamais remarqué à quel point.

Alors, puisque cette semaine, tout d'un coup, je me découvre une curiosité pour les séries d'espionnage (ne nous mentons pas, ça m'aide bien aussi pour le boulot ; vous savez, le nouveau), j'ai décidé de me prendre par la main et de tenter Hunted. Et au terme de ce post, je vous le promets : il n'y aura pas de petite phrase vague, que des jugements nets, dont vous pourrez ensuite faire ce que vous voudrez. C'est mon engagement solennel du jour.

Hunted commence sur une affaire assez floue, au coeur de Tanger. Notre héroïne, Sam Hunter (har har har), est en mission d'infiltration auprès de ce qui semble être un malfrat francophone (mais au vu de l'accent, pas convaincue qu'il soit français), et dont l'objectif est de se rapprocher de lui, ce qui naturellement implique une relation charnelle, afin de pouvoir libérer un scientifique qu'il retient en otage pour on ignore quelle raison. La mission se déroule plutôt bien, le scientifique est libéré, mais au moment de prendre le large, la vie privée de Sam la rattrape : elle a en effet une aventure avec un membre de son équipe, Aidan, et tous les deux commencent à caresser l'idée de tout plaquer (et peut-être élever des chèvres dans le Larzac, ils précisent pas), d'autant que Sam a une nouvelle importante à annoncer à Aidan : elle porte leur enfant. Mais juste avant l'heureuse annonce dans un lieu connu seulement d'eux deux, où ils s'étaient donné rendez-vous, des hommes débarquent pour tuer Sam. Elle s'en sortira, mais pas leur enfant...
Un an plus tard, Sam, qui avait totalement disparu de la circulation, refait surface, reprend son ancien job dans l'espionnage, et semble bien décidée à savoir qui a commandité son exécution, et probablement à se venger...

Autant le dire tout de suite : Hunted est extrêmement brouillonne. Et/ou pas adaptée à mon cerveau lent. Mais franchement, le début d'épisode est si peu bavard qu'il m'a fallu un bon quart d'heure avant de connaître le nom de l'héroïne, et pire encore, avant de savoir quel était son boulot. Parce que posons les choses clairement : s'il faut 15mn au spectateur (fusse-t-il une spectatrice qui se traine une bronchite insupportable depuis deux semaines) pour comprendre que Sam Hunter n'est pas espionne pour un pays, mais pour une compagnie privée, on a quand même un soucis. Et j'ajouterai que si je n'avais pas dégainé Wikipedia avant de rédiger mon post, je ne serais même pas capable de donner le nom de cette compagnie privée. Alors à partir de là, il faut bien admettre que l'exposition de Hunted a, comment, dire, quelques légères lacunes.
Ces lacunes sont soulignées, pendant les premières scènes qui ouvrent le pilote, par une totale confusion des objectifs. L'idée est sans doute de nous surprendre à peu près autant que la proie de Sam est surprise lorsqu'elle découvre avoir été piégée, mais très sincèrement, c'est frustrant côté spectateur. La suite du pilote suggère qu'en réalité, cette première mission pourrait trouver des explications et des approfondissements par la suite, mais ce n'est même pas garanti, ça peut tout-à-fait être moi qui extrapole à partir d'une coupure de journaux.
Certes, il est très facile d'expliquer pourquoi l'exposition de Hunted est floue : la série a voulu ne pas tomber dans le piège de la voix-off. Et il faut admettre que d'une façon générale, ça fonctionne bien d'un point de vue esthétique, au sens où, plutôt que de privilégier une explication verbale des évènements ou des objectifs, on tombe dans quelque chose d'assez léché, ponctué à plusieurs reprises de séquences type clip video qui sont du plus bel effet. Mais on voit bien les limites de ces effets quand ils sont mal maîtrisés, et ces limites s'expriment dans l'impression de totale ignorance du spectateur d'une bonne partie des enjeux.

Ca ne rend pas service au pilote de Hunted, donc, et ce de façon double. D'abord, à cause du sentiment de confusion, je l'ai dit. Et ensuite, voire surtout, parce que ce procédé (ou cette non-maîtrise du procédé) a une répercussion perverse sur le mental du spectateur : celui-ci va scruter chaque scène, chaque plan, pour en tirer une substantifique moëlle de contexte. Or, aiguiser l'esprit d'observation et de critique du spectateur le désengage totalement sur un plan émotionnel, pour l'amener à se focaliser sur un aspect plus cérébral du visionnage ; en soi ce n'est pas un tort... sauf quand l'ouverture du pilote, c'est-à-dire le moment absolument critique pendant lequel le spectateur se forge sa première impression, est constituée de plusieurs scènes d'action. Au lieu de laisser l'adrénaline monter, le spectateur, qui était en quête de sens, découvre des mecs qui préfèrent hurler sur l'héroïne libérant l'otage, plutôt que de lui tirer dessus à bout portant, par exemple. Et du coup ça semble horriblement téléphoné.
On ne le dit pas assez, mais écrire un pilote (plus que n'importe quel autre épisode d'une série), c'est de la manipulation mentale. On est supposé anticiper ce qui se passe chez le spectateur pour le faire accrocher à un univers dont il ignorait tout quelques minutes plus tôt. Comment peut-on mener un spectateur par le bout du nez quand on l'oriente dans la mauvaise direction, qu'on l'oblige à réfléchir et analyser, alors qu'on lui fourgue des séquences d'action ? Il y a clairement un gros problème dans la façon dont Hunted envisage de faire passer son message initial sur la série. Je soupçonne que les messages que j'ai attrapé au vol sur Twitter ne soient pas sans rapport avec cette énorme maladresse.

Curieusement, une fois que cette partie à Tanger est révolue, pourtant, le spectateur comme la série semblent trouver leurs marques et fonctionner de façon plus synchronisée. Il y a encore, c'est net, des zones d'ombres (et pas juste parce que l'héroïne elle-même est en quête d'une certaine vérité), mais c'est moins grave, et surtout, la fin de la séquence Tanger s'est conclue sur un ressort si dramatique que le spectateur noue enfin des liens émotionnels avec Sam, et s'embarque avec elle en prenant moins de précautions et de distance. Sincèrement, il aurait fallu commencer par emmener le spectateur sur ce terrain-là dés le début, mais le mal est fait, que voulez-vous.
En perdant son enfant dans la fusillade... hop-hop-hop ! Quoi ? Perdre son enfant, vous dites ? En fait, je n'en suis pas convaincue au terme de ce pilote. Déjà parce que, étant moi-même détentrice d'un utérus, je ne vois pas trop en quoi une perforation de la hanche entraînerait forcément la perte d'un enfant. Et Sam aura beau nous montrer, d'abord son abdomen ensanglanté, puis son épouvantable cicatrice un peu plus tard dans l'épisode, eh bien ça ne veut absolument rien dire. Et surtout, nous avons eu droit à un saut dans le temps d'un an ; il peut s'être passé absolument n'importe quoi. Le fait que Sam se soit vraisemblablement entraînée pendant un an afin d'accomplir sa vengeance ne signifie pas qu'elle n'a pas eu d'enfant. J'aurais même tendance à dire que les troubles psychologiques dont elle fait montre pendant le pilote (cauchemars/flashbacks répétés et mêlés) tendent plutôt à indiquer que le seul deuil de son enfant n'est pas la cause de son état un an après la fusillade. Mais même en ayant ce doute à l'esprit, cette partie du pilote a su plus remporter mon adhésion, tout simplement parce qu'on prend le temps de s'arrêter sur la psychologie du personnage, son tempérament, et en filigrane, son plan, et c'est quand même diablement plus intéressant.

La troisième partie du pilote, une fois que Sam a réintégré son poste dans la fameuse organisation privée Byzantium (je vous le dis comme une évidence, mais rappelons que sans Wikipedia, au bout de 45mn de pilote, je serais toujours incapable de donner le nom de la compagnie qui emploie l'héroïne de la série !), est plus classique. Tout en utilisant les éléments avancés dans les deux parties précédentes, c'est-à-dire l'expérience traumatisante de Sam à Tanger et sa volonté de trouver qui a causé la fusillade qui a failli lui coûter la vie, Hunted revient à une mission d'espionnage plus classique, dans laquelle Sam doit s'infiltrer dans la famille d'un riche criminel. Pour cela, son équipe va feindre l'enlèvement du petit-fils de la cible, faisant de Sam la bonne samaritaine qui le sauve d'un kidnapping imminent ; conformément au plan, Sam est ensuite prise en pitié par le fils de la cible qui l'embauche pour devenir la tutrice de l'enfant (dit comme ça, ça parait effectivement un peu gros, mais quand on regarde l'épisode, ça passe). Sam doit en effet se faire passer pour une jeune veuve qui cherche un travail et une nouvelle vie, ce qui est parfait pour le fils et le petit-fils de la cible qui ont perdu, respectivement, une épouse et une mère. La séquence pendant laquelle les deuils se répondent est relativement bien construite, d'ailleurs, pour que la mission reste imbriquée dans les traumatismes de l'héroïne de Hunted ; mais il manquait peut-être un petit supplément d'âme pour faire verser une larme au spectateur.

Dans le fond, Hunted n'est pas mauvaise. D'un point de vue visuel, elle s'en tire très bien, par exemple ; son intrigue n'est pas trop capillotractée à ce stade non plus (même si on peut aisément imaginer que les choses vont se corser ensuite), si bien qu'on n'a pas l'impression d'être plongé dans un monde surréaliste. Les troubles qui agitent Sam dépassent le simple traumatisme de la fusillade dont elle n'aurait jamais dû réchapper, et ses cauchemars sont assez éloquents sur le nombre de raisons qui peuvent faire d'elle un personnage torturé, et donc dramatiquement intéressant.
Cependant, outre l'exposition floue dont j'ai déjà parlé, Hunted souffre d'un autre soucis : son mutisme obstiné. En cherchant l'effet de style, les passages dénués de dialogues, et les séquences de flashback, la série voudrait paraitre dramatique, mais elle se montre en fait assez imperméable à plusieurs reprises. On aimerait vraiment ressentir la rage, la douleur, ou simplement l'obstination de Sam. Quelle que soit l'émotion qu'on souhaite montrer, il faudrait... la montrer. La rendre tangible (sans jeu de mots). Au lieu de ça, on ne ressent jamais vraiment l'émotion jusqu'au bout, quand bien même l'ensemble fait sens. Il s'en est fallu de peu parce que la réalisation est bonne, l'écriture pas si piteuse que ça (des maladresses ne signifient pas une incapacité totale), et...

Et, eh bien, il y a la question du casting. J'ai toujours eu des sentiments mêlés envers Melissa George. C'est difficile de déterminer, parfois, si notre idée d'un acteur ne découle pas directement de notre idée d'un de ses personnages qui nous a marqués. Dans mon cas, j'ai découvert Melissa George avec Voleurs de Charme et ALIAS (deux rôles d'espionne, au passage), des rôles pas franchement sympathiques, osons le dire, mais pas non plus profondément antipathiques; mais en jouant une "peste" ou une "ennemie", clairement Melissa George n'était pas là pour se faire des copains parmi les spectateurs. Sa prestation dans In Treatment, loin d'être mauvaise ou dépourvue de nuance, m'avait profondément mise mal à l'aise ; c'est assez récurrent dans mon rapport à la série, cependant, donc une fois de plus je n'en avais pas rendu George responsable. Pour finir, son personnage dans The Slap était loin d'être voué à l'adoration du public, mais son interprétation m'en avait semblé solide. Mais si, en fin de compte, je m'étais trompée ? Si Melissa George était en fait bien moins capable de subtilité que je le pensais ?
La question mérite d'être posée car, déshabillée de ses dialogues, Sam Hunter est réduite aux expressions de Melissa George, et... ça ne fonctionne pas. Le courant ne passe pas. On sent bien que ce qui lui arrive est atroce, mais de là à en avoir le coeur serré, il y a un énorme pas à franchir. Et vu que le reste n'est pas systématiquement à blâmer, il faut peut-être envisager la possibilité que ce soit, pour tout ou partie, la faute de l'actrice.

L'avantage de Hunted reste cependant, si j'en crois ce pilote, que la série est bien plus feuilletonnante que la plupart des autres séries du genre, comme justement Covert Affairs dont on parlait plus tôt cette semaine (d'ailleurs j'ai regardé deux épisodes de plus de Covert Affairs, je confirme que ce n'est pas aussi répétitif que je le craignais, mais l'aspect formulaic fait que Covert Affairs ne comptera jamais parmi les séries prioritaires sur ma liste). Si la question de la vengeance n'est pas d'une originalité inouïe, il faut quand même admettre que suffisamment d'éléments sont en place autour de ça pour donner une série assez intéressante à suivre, voire peut-être même passionnante si elle se décoince sur l'aspect adrénaline et/ou émotion. Ce qu'elle ne semble pas en mesure d'accomplir pour le moment n'est pas néncessairement hors de portée pour le futur... Car aux traumatismes d'enfance, à la vengeance, aux peines de coeur (en retournant bosser pour Byzantium, Sam retrouve Aidan), à la mission d'infiltration, il faut encore ajouter des intrigues d'espionnage typiques, comme le fait qu'il y a probablement une fuite au sein de l'équipe (juste une théorie : se pourrait-il que cette fuite boive du lait non-pasteurisé ? Je me comprends) ou simplement les cas de conscience que posent une mission d'infiltration touchant à un enfant au psychisme fragile.
Quand on y réfléchit, Hunted a quand même un diable de potentiel ! Il y a vraiment de quoi faire une série foisonnante, à condition évidemment de ne pas se perdre dans tous ces axes.

Sans aller jusqu'à mollement dire que Hunted n'est "pas très convaincante", il est clair que son pilote a quelques défauts, et non des moindres, mais elle n'a pas non plus les signes avant-coureurs du désastre télévisuel. Je ne sais pas, moi : on me donne le choix entre Hunted et Undercovers, bon, c'est tout vu, quand même ! Et comparé à ALIAS, pour reprendre la thématique de l'héroïne qui fait cavalier seul dans un monde truffé d'espions, Hunted a vraisemblablement bien plus de choses consistantes à raconter d'entrée de jeu.
En mon âme et conscience, je ne peux pas dire que le pilote de Hunted est bon, pourtant. Il manque des ingrédients pour vraiment pouvoir dire que Hunted est une bonne série. Il ne manque vraisemblablement pas une vue à long terme (ce qui peut être le piège pour une série d'espionnage), mais il manque un peu de poudre de perlimpimpin pour faire en sorte que le spectateur ferme ses jolis yeux et se laisse emporter.

Je ne sais pas, au juste, comment appeler cette petite chose qui fait qu'on va avoir envie de se lancer à corps perdu dans une série qui a plein d'idées, qui est bien foutue et à laquelle on a envie de pardonner les moments d'égarement, mais cette petite chose, Hunted n'en fait pas la démonstration pendant son pilote, et c'est ce qui fait qu'il est si difficile de lui pardonner ses fameux moments d'égarement, quand bien même il semble plutôt injuste de lui en tenir rigueur quand on voit le niveau général de la série.
C'est peut-être de cela que Sam Hunter devrait avant tout se mettre en chasse. Ca résoudrait pas mal de problèmes...

Challenge20122013

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6 décembre 2012

I spy, I spy

Tiens, bah puisque j'en suis à tenter des séries d'espionnage, après Covert Affairs, j'ai voulu regarder le pilote de Spy, une comédie britannique dont j'avais vaguement entendu parler. Et par "vaguement" je veux dire que j'ai découvert son existence en lisant une news à propos de sa saison 2 (j'ai encore deux-trois progrès à faire côté séries britanniques, on le sait tous). A la bourre, donc mais plus j'y réfléchis plus ça a l'air d'être un problème récurrent dans mon rapport aux séries d'espionnage je vais vous parler du pilote...

Spy-LOGO

Il faut dire que ce premier épisode est très long au démarrage. La séquence d'ouverture est supposée être drôle mais ne l'est pas du tout. On parle d'un personnage dont la situation est très proche de celle de Woodley, mais au lieu de nous le rendre attachant, on nous le présente comme un pauvre type qui peut se faire lyncher par son ex, le nouvel amant de son ex, et même (voire surtout) par son jeune fils, ce qui tourne plutôt au lynchage qu'autre chose. Et vous le savez, je réagis assez mal à l'humiliation d'un personnage érigée comme alpha et omega d'une série (ça me le fait au moins depuis The Comeback, alors c'est pas d'hier !), du coup, les débuts de cet épisode de Spy ne m'ont pas arraché le plus petit rictus.

Ca a donc pris du temps avant que je ne me détende, mais on y est finalement arrivés. Pour cela, il a fallu que l'épisode insiste énormément sur l'inversion de rôles entre le père et le fils. C'est cet effet délicieux qui, à force de répétition du procédé, permet de vraiment accrocher à l'humour de la série, et de lui donner un ton bien particulier, loin du simple personnage piteux et ridicule. En décidant d'avoir un petit garçon haut comme trois pommes qui donne des leçons de maturité à son père avec un grand naturel, Spy met le doigt sur quelque chose de précieux qui, au bout de quelques scènes à ce régime, est devenu un absolu bijou en milieu d'épisodes, lorsque le fils fait passer au héros un faux entretien d'embauche pour se tester. Le fait que ça ne semble choquer absolument personne dans la série que ce gamin soit si mature et si adulte dans son comportement (et ça avait besoin d'être établi au cours des scènes précédentes, justement) fait que cette séquence m'a littéralement fait m'esclaffer à voix haute, ce qui ne m'arrive pas souvent devant une comédie.

Ok, à partir de là, Spy trouve ses marques, son rythme, et son ton, c'est visible, même si ce n'est pas parfait.
Tout l'enchaînement qui conduit à l'entretien pendant lequel Tim, le héros, apprend qu'il a été sélectionné pour devenir agent secret au service de Sa Majesté (il postulait pour un job au service informatique...) est réussi et plutôt efficace, en dépit de quelques lourdeurs. Le seul vrai problème tient dans le fait qu'on a vu arriver très tôt ce retournement de situation ; j'aurais préféré que les responsables qui lui font passer les tests ne soient pas eux aussi mis dans une situation embarrassante. C'aurait quand même été vachement plus drôle s'ils prétendaient effectivement passer des annonces à l'ANPE pour recruter leurs agents secrets ! Au lieu de ça, Tim devient un agent secret malgré lui ET malgré ses patrons, bien obligés de l'engager vu qu'il a l'air de répondre à leurs critères, même si de toute évidence il n'est pas du tout préparé pour la réalité de cet emploi. Ca en dit long sur le nombre de bras cassés dans cette série...
En tous cas, l'épisode se décongestionne donc avec le temps, ce qui ne peut vraiment pas lui faire de mal. Mais j'avoue que j'ai plusieurs fois été tentée de décrocher, et il s'en est fallu de peux pour que je n'en vienne pas à bout.

Spy n'est de toute façon pas très révolutionnaire dans son objet. On se souviendra que déjà à l'apoque de Get Smart, un agent secret improbable passait son temps à faire des bourdes mais qui ne garde son job que grâce à une chance insolente (faudrait un jour que je me le fasse, ce pilote de vieillerie, d'ailleurs, à force d'en entendre parler...), et c'était dans les années 60 ; depuis, des agents-malgré-eux, il y en a eu trois douzaines, à l'instar de Chuck (dont la parenté est d'autant plus évidente qu'il y a le boulot dans un magasin d'électroménager). La seule chose qui fait une différence, c'est que pendant que Tim sauvera le monde, son entourage proche, ou au moins son ex-femme et son fils, continueront de le prendre pour le dernier des minables, puisqu'il a interdiction formelle de parler de son boulot à qui que ce soit, bien qu'évidemment, la première chose qu'il fasse est de se confier à l'un de ses amis ("do you see how bad I'm going to be at this ?", lâchera-t-il en réalisant sa gaffe). Toujours ce côté un peu humiliant qui risque de ponctuellement me rebuter...
Mais bon, la première saison n'est pas longue, donc à la rigueur, pourquoi pas.

Et sinon qu'est-ce que je fais, je tente d'autres séries d'espionnage dans la foulée ? Surtout que j'ai toujours pas touché au pilote de Hunted... Faut voir. Tiens, j'ai souvenir d'une série japonaise, Karei Naru Spy, aussi, dans le genre, je vais aller la cagouler tant que je suis motivée...

5 décembre 2012

Morons to the left

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Et si on interdisait les séries aux imbéciles ?

Je pose simplement la question. Voilà : le débat est sur la table, après... Mais admettez qu'elle est alléchante, cette idée, certains jours.

Avant de vous enflammer, laissez-moi développer. Je suis entièrement POUR essayer d'élargir les horizons des gens. L'élitisme, c'est pas mon genre ; au contraire, mon idée de la téléphagie, c'est la contagion. Ca ne m'intéresse pas de rester dans l'entre-soi et de partager entre une petite minorité les perles parmi les perles, en savourant l'idée que la vaste populace passe totalement à côté, et que de toute façon, présenter ces séries au grand public serait comme donner du caviar aux cochons. Absolument pas. Et je crois que ce blog en est quand même la preuve. Essayer de partager le plus possible de découvertes, d'ouvrir nos horizons à tous (et le Dieu de la Téléphagie sait que j'ai moi-même des progrès à faire en ce domaine), et faire en sorte d'aiguiser le goût télévisuel de chacun, sont un peu, comment dire ? Mes raisons d'être sur cette planète. Too much ? Bon.

Cependant, les jours où je suis un peu en pétard, parce que les gens, il faut le dire, si, oui, quand même, admettez-le, sont cons, eh bien ces jours-là, j'ai quand même envie de disqualifier tous les imbéciles de la planète d'une quelconque forme d'accès à des séries. Oui, même à NCIS ou Whitney, pas d'exception.
Des jours comme celui-là, par exemple :

MoronsToTheLeft
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. On ne leur interdirait pas la télévision. Ca va, on est civilisés, quand même ; et puis on vit dans une société de consommation et on a besoin que ces gens regardent la télé. Qu'ils nous la subventionnent, en somme : eux regardent les programmes débiles pleins de pubs ridicules, et comme ça, nous, on se paie une saison de plus de Go On, ou des épisodes de Mockingbird Lane, entre gens raffinés.
Mais à partir de maintenant, on leur interdit les séries. Point barre. Bon, il leur reste quand même toute la télé réalité et la scripted reality, c'est pas mal déjà, non ?! Ca en fait, des heures en perspective à se vider la cervelle comme des auto-Hannibal Lecter ! Et tout le monde est heureux dans le meilleur des mondes...
Bon, les médisants pourraient dire que c'est déjà un peu ce qui se passe, avec le public des networks d'une part et le public des séries câblées de l'autre. Mais non, parce qu'il y a encore trop de séries accessibles aux vrais crétins sur les networks !

Donc, je voudrais qu'on aille plus loin, et qu'on interdise les fictions à ceux qui n'en saisissent pas le concept. En gros, quand un crétin défonce sa copine avec un 22 long rifle pour avoir dit "mais d'abord, je te ferais dire, c'est pas possible qu'un projet secret de l'armée puisse transformer la population en zombies", boom, privé de séries ; quand un catho intégriste s'exclame que "mais Ainsi Soient-Ils, c'est pas vraiment comme ça que ça se passe au Vatican !", paf, on lui supprime son autorisation de séries ; quand un mec sort un flingue et mitraille plusieurs dizaines de personnes dans un endroit public parce que soi-disant il voulait imiter une série... non, on fait un peu plus que lui interdire les séries. Mais on le fait quand même, hein !?

Je disais un peu plus tôt qu'on les interdirait même de NCIS ou de Whitney. Mais j'ai envie vous dire : en priorité, il faut leur interdire ces séries-là ! D'une part, c'est pas comme si spontanément, les plus imbéciles parmi la population se tournaient vers Boss ou Shinya Shokudou, non plus. Déjà.
Et puis, c'est vital d'interdire aux imbéciles de regarder des imbécilités, parce que dans les cas les plus extrêmes, la santé de chacun d'entre nous en dépend ; alors qu'une créature douée d'un minimum d'intelligence qui regarde NCIS ou Whitney, il n'y a qu'elle, son mauvais goût et le temps qu'elle perd que ça regarde. C'est dommage, mais personne n'en dépend, en somme. J'aimerais vous proposer une utopie où les gens intelligents ne regardent que des séries intelligentes mais d'une part je regarde Malibu Country, et d'autre part, les critères pour estimer l'intelligence d'une série varient trop d'une personne à l'autre pour que ce soit un idéal qu'on puisse seulement s'autoriser à imaginer, ne parlons même pas de le mettre en place. Et puis bon, on a tous droit à une petite pause de temps en temps, zut hein.

Mais je crois qu'on commencerait tous d'un bon pied si on décidait, là, ce soir, je sais pas, si vous avez dix minutes on peut peut-être voter une motion ou quelque chose, que désormais, les gens vraiment pas équipés intellectuellement, on les décharge de la pression d'avoir affaire à une série. C'est aussi pour leur simplifier la vie après tout, je veux dire, c'est la chose humaine à faire.

Alors après vous allez me dire : "mais alors, comment on détermine que quelqu'un est trop stupide pour avoir le droit de regarder des séries ?"... Oui bon alors, bon, oui, évidemment, si on entre dans les détails techniques, forcément ça se complique, aussi, hein, ah ça, je dis pas le contraire !
Mais on pourrait déterminer une grille de lecture simple, avec des petites cases à cocher. Je sais pas, du genre : "a tendance à ne pas comprendre la différence entre la réalité et la fiction", ça me semble une base sur laquelle on sera tous d'accord, non ? Je vous le concède, c'est un peu épineux dans le cas de toutes ces adolescentes qui ont un crush monstrueux sur un personnage fictif, mais on peut rajouter une question de sécurité, du style : "ce mélange entre la réalité et la fiction est-il juste en rapport avec quelques expériences masturbatoires au stade de la puberté ?", et si la case est cochée, on peut laisser une dérogation pendant une année supplémentaire, et après on refait un bilan, pour aviser.
Je suis sûre qu'on peut s'arranger.

Ce que je veux dire, c'est que pour que les téléphages ne soient pas associés à des crétins, il faut qu'on se prenne en main en tant que communauté d'être dotés d'un minimum de capacités de réflexion. Oh bon, oui, oui c'est un peu totalitaire sur les bords, bon, d'accord, mais admettez que si les gamers faisaient le tri parmi ceux qui ont le droit d'acheter des jeux video, et la minorité d'absolus abrutis qui n'est pas en mesure de composer sur le plan intellectuel avec un simple jeu de shoot'em up, les amateurs de jeux video auraient bien meilleure presse !

Il faut qu'on s'y prenne maintenant, tant qu'on peut à peu près contenir le truc ! Parce qu'une fois qu'absolument tout le monde consommera ses séries sans passer par la télévision, ce sera trop tard et totalement hors de contrôle !
Qui est avec moi ? Allez, chiche, on le fait ! Non je ne suis pas folle, lâchez-moi, où vous m'emmenez ?

4 décembre 2012

Gros blanc

Dans la vie on a les petites fiertés inutiles qu'on peut : ça fait du bien à l'ego et ça ne coûte pas grand'chose.
Parmi les miennes, il y a par exemple la petite fierté de savoir que je suis capable de dire, pour n'importe quelle série qu'on me cite, ce que j'en pense, et de participer à la discussion. Parfois, ce que j'en pense inclut les termes "je n'ai jamais vu mais..." (comme dans : "The Vampire Diaries, je n'ai jamais vu mais ça a l'air de ressembler beaucoup à Twilight", à partir de là, l'interlocuteur contredit ou pas, hein), mais je suis toujours capable d'en dire deux mots.
Dans le cas de Covert Affairs, comme un interlocuteur me l'a fait réaliser aujourd'hui, je suis uniquement capable de dire : "ah oui, c'est la série...". Grosse pause embarrassée. "Oui, la série, bien-sûr... euh... avec une affiche blanche". Ok donc la porte c'est par là, c'est ça ?

C'est comme ça que j'ai réalisé que je n'avais jamais vu Covert Affairs de toute ma vie. Jamais. Pas une fois. Même pas les premières minutes et après je ferme la fenêtre en me disant que ça m'ennuie trop et que j'y reviendrai plus tard (et qu'évidemment, je n'y reviens jamais plus tard ; ça me l'a fait récemment avec Elementary). Et c'est même pas que je ne le voulais pas, ou que ma religion me l'interdit (ce qui est le cas de The Vampire Diaries, par exemple), non, ça ne m'avait simplement jamais traversé l'esprit. A un point tel que j'ai réussi à oublier son existence ! Ah oui parce qu'une autre de mes petites fiertés inutiles, c'est de savoir précisément quels pilotes j'ai déjà vus, et d'avoir une petite liste mentale des pilotes dont je sais très bien que je ne les ai pas regardés, mais qui ne perdent rien pour attendre quand j'aurai un moment et/ou l'envie. A titre d'exemple, le pilote de The Newsroom est sur cette liste ; je ne l'ai pas vu, je sais pertinemment pourquoi, mais un jour j'y viendrai. Sauf que là, je ne me souvenais même pas que je n'avais pas vu Covert Affairs.
Le problème des petites fiertés inutiles, c'est qu'elles froissent l'ego pour pas grand'chose.
Donc le premier truc que j'ai fait ce soir en rentrant, c'est m'assurer que je récupérais le pilote de Covert Affairs (la meilleure preuve qu'effectivement je l'avais zappé, c'est que je ne l'avais jamais cagoulé, ce qui est un signe chez moi !), puis je l'ai lancé et, quand au bout d'une minute environ, il a été absolument clair que je n'avais jamais, jamais, jamais... jamais vu ce pilote, je vous avoue que je me suis sentie verdir de honte. Une série américaine qui va bientôt entamer sa 4e saison, quand même, hein. Voilà voilà. Et pendant ce temps, je me cherche des séries à tester en mandarin, nan mais sans déconner...

Donc ce soir on va parler d'une série qu'à vue de nez une bonne moitié de l'univers a regardée avant moi, et je le vis très bien.

CovertAffairs
N'empêche. Elle est blanche.

Covert Affairs, c'est l'histoire de... oui enfin vous le savez, c'est moi qui ai un train de retard, donc on passe sur le résumé de cette série d'espionnage.
Ma plus grosse peur pendant les premières minutes du pilote, c'était de me retrouver avec un ersatz d'ALIAS.

Techniquement je n'ai rien contre ALIAS. J'ai regardé la première saison en intégralité sur M6, à l'époque, c'était un signe qui ne trompait pas (c'était de ma part un effort parce que, il y a 10 ans de ça, j'étais très rarement capable de suivre une série régulièrement en soirée à la télévision ; c'est d'ailleurs comme ça que j'ai décroché de beaucoup de séries, genre 24. Ensuite j'ai découvert internet et j'ai appris que plus rien ne m'y forçait, et ça a tout changé). Le problème d'ALIAS c'est qu'avec le temps, j'ai fini par trouver que les missions de Sydney Bristow avaient un côté répétitif, mais que je ne me passionnais pas du tout pour ses problèmes avec Michael ou avec son père. Et puis sa mère qui est morte, puis qui est pas morte, puis qui est remorte... bon. Donc j'en ai logiquement été conduite à me demander pourquoi je regardais, la réponse s'appelait Ron Rifkin, ça ne suffisait pas, et j'ai progressivement lâché, pour finir par totalement abandonner l'affaire quelque part après le bond de deux ans en avant.
Ensuite, je l'avais un peu prise en grippe, je le reconnais.
En somme, les romances insupportables sur fond d'espionnage, ça m'ennuyait, mais l'espionnage pour l'espionnage ne me tenait pas vraiment sur le rebord de mon fauteuil non plus (enfin, à l'époque j'habitais un appart si petit qu'il n'y avait pas la place pour un fauteuil, mais vous saisissez l'idée), notamment parce que ça impliquait toujours, à un moment de chaque épisode, des scènes d'action sans aucun enjeu (comme si on croyait vraiment que Sydney va se faire prendre et être tuée...!), et qu'au final ça n'avait plus aucun effet sur moi au bout de quelques épisodes.
Parfois je me dis que je retenterai le coup un jour, et découvrir qu'il y a sans doute des épisodes de qualité que j'ai loupés ; mais, dans le fond, je suis assez consciente d'avoir brûlé toutes mes cartouches de patience avec ALIAS. C'est le genre de séries que je ne voudrais pas vraiment regarder, juste être capable de lire des résumés, avoir l'impression de combler les trous, et décider que je ne suis ni totalement passée à côté ni que j'ai perdu mon temps à regarder l'horloge au-dessus de la télé pendant que je me forçais à me faire une intégrale. Ne serait-ce pas formidable si, pour certaines séries qui ne nous affolent pas mais dont on pense qu'il y a deux-trois épisodes qui doivent sûrement valoir le coup, on pouvait télécharger les épisodes dans notre tête, et pouvoir dire "ouais, je sais de quoi chaque épisode parle, mais j'ai pas non plus gaspillé 4000 heures de ma vie à regarder ce truc" ? Moi parfois ça me fait rêver. Ca laisserait du temps pour une intégrale d'une série qui compte vraiment. Battlestar Galactica, par exemple ; tiens c'est vrai, je me ferais bien une intégrale de Battlestar Galactica... Pardon, j'ai dévié.

Donc l'idée qui m'a motivée dans mon visionnage, c'était qu'on éviterait peut-être le truc à la ALIAS, où le personnel se mêle immanquablement au professionnel. Mais où le professionnel est capable de me surprendre. Et surtout, oh surtout, où tout le monde ne finit pas par travailler dans l'espionnage, comme par hasard, selon le bon adage "l'agent appelle l'agent".
Une bonne partie du pilote de Covert Affairs semblait relativement bien s'en sortir de ce côté-là, mais j'ai rageusement hurlé à la fin de l'épisode. J'aurais dû le sentir dés le début du pilote, mais je refusais d'y croire.

Alors, en-dehors de ça ? Bah Covert Affairs n'est pas mauvaise, pas fondamentalement. C'est sympathique d'assister aux premiers pas d'Annie Walker, de la voir faire des bourdes (même si j'aurais préféré qu'elle ne se tire pas tout de suite elle-même de son bourbier au point d'obtenir une récompense dés le premier épisode), de vivre les expériences un peu désorientantes à ses côtés. Sur ce plan-là, Covert Affairs installe très bien son personnage central, le rend tout de suite sympathique, il n'y a pas à dire. Fait rare pour un pilote presqu'uniquement focalisé sur un seul personnage, Annie est attachante, et pas du tout irritante, son omniprésence permettant au spectateur de vraiment s'identifier facilement à ses réactions, qu'il s'agisse de peur et de panique pendant une fusillade, de sang-froid et d'énervement pendant une course-poursuite, ou tout simplement de solitude lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle ne peut pas parler de sa vie professionnelle à sa propre soeur (qui en plus cherche désespérément à la maquer avec des mecs qui ont une tête à tourner dans un porno hongrois des années 80).

Mais sur le reste, je dois dire que je suis moins positive. Le tandem formé avec Christopher "Jinx" Gorham fonctionne relativement, mais n'offre pas vraiment de surprises. La boss froide incarnée par la merveilleuse Kari Matchett (à laquelle j'ai juré une fidélité éternelle depuis qu'elle m'a ravie dans Invasion Planète Terre et qui ne m'a jamais déçue depuis lors, même pas dans Invasion) est peut-être un personnage sympa, mais il ne fait aucune promesse au spectateur. Quant à la frangine transparente qui n'est là que parce qu'on ne peut rien lui dire et qui va peut-être découvrir la vérité à n'importe quel moment, franchement, c'est du déjà vu.

Je sais, je sais bien : les séries d'USA Network n'ont pas la réputation d'être des perles en matière d'innovation télévisuelle (quoique franchement, Suits est vraiment excellente, et largement au-dessus du panier par rapport au reste de la grille de la chaîne), mais j'espérais quand même qu'une recette avait été trouvée pour résoudre cette difficile équation de la prévisibilité des séries d'espionnage.
Peut-être que l'une des solutions serait tout simplement de ne pas prendre une héroïne pour personnage central, ce qui semble être une autorisation implicite donnée aux scénaristes pour forcément la fourrer dans des tenues sexys et de lier son histoire amoureuse à ses enquêtes (et le "it's been ages since you've had a real relationship... it's weird !" a fait hurler la féministe en moi, je ne vous le cache pas ; on ne dirait jamais ça à un personnage masculin !).
Peut-être qu'une des solutions serait de ne pas chercher à nous vendre les espions comme des superhéros modernes, les temps ont changé. J'aimais bien ce que PanAm disait de l'espionnage, par exemple, en filigrane : que c'étaient les petites choses qui pouvaient en changer de grandes, et que parfois, faire voyager un objet en apparence quelconque, pouvait être tout aussi décisif (et compliqué) qu'une action où il faut se faire passer pour une call girl dans un hôtel de luxe. Là, les personnages ont beau répéter à Annie que, ça alors c'est fou ce qui t'arrive quand même, statistiquement il y a des agents qui passent toute leur carrière sans voir de coup de feu, on ne se fait pas d'illusion et on sent bien qu'Annie fera partie de ces agents dont la vie implique des tas de choses totalement irréalistes. Et qu'elle rentrera quand même chez elle le soir pour raconter des bobards à sa frangine.

Naturellement, la toute fin du pilote nous donne une explication pour cela : Annie a été engagée pour une raison bien précise, et son sort ne sera définitivement pas celui du commun des agents de la CIA. Pas seulement parce qu'elle est super douée en langues étrangères et qu'elle a l'esprit d'initiative, mais parce qu'elle est (comme c'est la tradition dans les séries d'espionnage), un pion sur un échiquier qui la dépasse.
Sans doute que Covert Affairs se laisse suivre à ce titre, parce que derrière chaque série d'espionnage se cache désormais une thèse conspirationniste de plus ou moins grande envergure. Et peut-être que je vais profiter que maintenant je lui ai donné sa chance pour voir ce qui arrive à Annie Walker, qui sait ? Mais ce ne sera jamais un coup de coeur, hélas.
Par contre j'ai pas arrêté de me demander si Piper Perabo et Emilia Clarke ont été séparées à la naissance, vous aussi, ça vous le fait ?

Au moins, maintenant, si on me demande, je suis capable de dire deux mots sur Covert Affairs. Allez-y, allez-y : demandez-moi !

3 décembre 2012

Tout plaquer

Qui n'a pas connu des moments de doute ? Des moments où l'avenir semblait incertain, où aucune décision ne semblait être la bonne, et où chaque route, (jusqu'au plus infime chemin de traverse) semblait bouchée. Il y a eu des moments où, comme chacun, j'ai eu envie de tout plaquer. De fermer boutique et de partir recommencer ailleurs. Je ne sais pas, moi, aller élever des chèvres dans le Larzac ? Même si j'ai horreur de la nature et que j'ai du mal à survivre dans une connexion internet décente, sans compter que je suis incapable de situer le Larzac sur une carte, mais quand bien même : qui n'a pas au moins une fois songé à aller refaire sa vie dans le Larzac ? D'ailleurs si on m'avait donné l'option, ou si on m'avait dit que c'était la dernière option parce que le reste était sans espoir, je suis sûre que je serais partie avec la conviction de pouvoir y vivre un nouveau commencement ; parce que quand on est au bout du bout, on trouve de l'espoir n'importe où, même auprès de chèvres dans le Larzac.
Certains jours, pendant les périodes les plus sombres, je rentrais chez moi tête nue sous la pluie, et j'espérais qu'elle ruisselle sur moi et me lave de tous les doutes et de toutes les peurs ; mais il n'existe pas de telle pluie. Tout ce que j'en ai retiré, c'est des bronchites.

Même quand on pense avoir mis sa vie en ordre, et que les choses vont plutôt bien, on reste sensible à ce moment, je pense. Il reste ancré en soi ; on se rappelle toujours de l'endroit où on n'a pas pied. Et il n'y a pas d'âge pour les incertitudes.

C'est de tout cela dont parle Osozaki no Himawari. La série, avec le don qui est celui des séries japonaises, nous ramène là où on n'a pas pied ; mais nous rappelle aussi qu'on ne croit jamais si fort en l'espoir d'un avenir meilleur que dans ces moments-là, et que le coeur est prêt à s'ouvrir tout grand au moindre petit bonheur et à l'avaler tout cru  on ne sait jamais, ce sera peut-être la dernière bouchée avant longtemps.

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Osozaki no Himawari n'a rien inventé ; ni dans ses personnages, ni dans ses thèmes. Mais ce qu'elle fait, elle le fait remarquablement bien, et avec le supplément d'âme qu'on est en droit d'attendre d'une série qui a choisi de nous emmener loin, loin du bord, loin de là où on a pied. On a besoin qu'elle ne soit pas surprenante parce qu'on sent rapidement qu'elle va être émouvante, ô combien, et qu'on a besoin de lui faire un peu confiance quand même ; c'est dans son degré minimal d'originalité qu'on tire la confiance nécessaire à suivre son pilote sur les routes cahoteuses de Shimanto.

Shimanto, c'est cette petite ville de province où Joutarou et Kahori débarquent un beau jour.
Joutarou vient de perdre son boulot d'intérimaire dans une entreprise tokyoite ; on lui avait dit qu'il aurait peut-être un poste en CDI, mais avec la crise, les postes en CDI, on ne les donne pas, on les supprime... Joutarou avait bien espéré revenir chez ses parents, mais son frère l'a pris de vitesse, alors comme le compte en banque commence à donner des signes alarmants de faiblesse, il faut bien passer du plan B au plan C... Va pour le plan C, comme campagne, et plus précisément Shimanto, donc, là où la vie est moins chère. Là où, d'ailleurs, on cherche désespérément à recruter pour des petits boulots peu qualifiés, parce que les zones rurales se désertifient, les commerces ferment, les jeunes fuient, et ne restent que des petits vieux qui ont besoin de tout et surtout de compagnie. Mais le coin a l'air chouette, sur les photos ; il aura un véhicule, une petite maison planquée sous les arbres, et le samedi, il pourra peut-être aller faire du kayak dans la rivière, alors comment Joutarou pourrait-il ne pas tenter le coup ? Shimanto, c'est son Larzac. C'est le pays de Cocagne.
Kahori est dans le même avion que lui. Puis dans le même train. Puis le même train régional. Mais Shimanto, ce n'est pas son Larzac. C'est là où elle n'a pas pied. Kahori se destinait à travailler sur la recherche sur le cancer, peut-être à intégrer le programme de jummelage d'une grande université américaine, mais Kahori, son directeur de recherches lui a gentillement dit que des diplomés de son niveau, il y en avait des tas. Elle n'irait pas très loin. Alors voilà, tout ça pour ça. Mais c'est quand il lui a suggéré d'aller jouer les médecins de campagne dans son village natal qu'il lui a donné le coup de grâce. La voilà à présent, faisant contre mauvaise fortune mauvais coeur, de retour à Shimanto, le trou paumé qu'elle a voulu plaquer pour l'avenir, et qui l'a tirée par le pied pour la ramener en arrière. Shimanto, là où elle a laissé sa famille et notamment sa charmante grande soeur qui a un gentil mari et deux jolies petites filles, mais qui n'a même jamais posé le pied en ville... C'était pas la vie qu'elle voulait, Kahori, mais voilà, il y a des choix qu'on ne vous autorise simplement pas à faire.
Et voilà, après une saine période d'exposition, Osozaki no Himawari à cheval sur deux thèmes, le retour à la terre et le retour au bercail, l'un porteur d'espoir, l'autre qui signe de la fin du chemin, avec le spectateur qui hésite entre l'optimisme un peu forcé de Joutarou et le pessimisme un brin de mauvaise foi de Kahori.

Est-ce que la vie à Shimanto est si terrible ? Certes pas. Certains y ont vécu toute leur vie et ne s'en portent pas plus mal ; plein de petits vieux y vivent leurs dernières années dans la verdure et ils n'ont pas l'air malheureux.
La petite maison planquée sous les arbres et la petite fourgonnette ont pourtant du mal à dissimuler la déception que représente la nouvelle vie de Joutarou. La vie est peut-être moins chère que dans la capitale, mais elle n'est pour autant pas une partie de plaisir ; il faut sans cesse qu'il sourie, qu'il soit aimable en toute circonstance, serviable à tout instant, qu'il contente tout le monde : n'est-ce pas la meilleure façon de ne pas se contenter soi-même ? Alors dans un moment d'abandon, Joutarou arrête de sourire, d'être aimable, d'être serviable, de contenter qui que ce soit, il va s'enfermer dans sa petite maison planquée sous les arbres... et il ne se le pardonnera probablement jamais. Kahori, elle, qui ne voulait pas être médecin pour soigner les gens, découvre aussi, progressivement, qu'elle ne sait pas comment être médecin pour soigner les gens. Elle va, à son tour, être mise face à ses limites.

Nos deux héros, et plusieurs jeunes locaux de Shimanto, vont découvrir qu'il n'y a pas d'ailleurs, il n'y a pas de pays de Cocagne, pas plus qu'il n'y a de Larzac, pas vraiment. Il y a soi, partout où on va ; on ne peut y échapper. La pluie ne nettoie pas de ça. Il va falloir faire face, accepter le changement, accepter de prendre une voie qui semble sans issue, surtout si c'est un minuscule chemin de traverse au milieu des herbes hautes, et prendre les choses comme elles viennent, au jour le jour. Réapprendre à avoir pied.
Avec son ensemble show porté par deux personnages au parcours à la fois si différent et tellement similaire, Osozaki no Himawari ne promet pas que tout va aller bien, son pilote le prouve. Mais elle promet en revanche, comme en son temps des séries comme Last Friends ou Orange Days, que quelque soit le doute qui vous éreinte, quelque soit l'angoisse des lendemains qui déchantent, et que la décision soit la vôtre ou non, vous pouvez trouver quelques raisons de sourire de temps à autre. Trouver le bonheur dans la résignation, le temps de réapprendre à faire des choix ; exister humblement le temps de guérir des plaies infligées par le monde.
Osozaki no Himawari vous emmène non pas à Shimanto, mais là où, derrière les déceptions modernes, se cache la personne en vous qui saura grignoter quelques gourmandises de vie, en attendant que l'appétit revienne.
...Seigneur ! Ca faisait longtemps que je n'avais plus ressenti ça devant une série. Depuis Buzz Aldrin !

2 décembre 2012

Soapesque (adj.)

Nashvillesoap

Bon alors c'est peut-être du fait de mon état de santé qui n'est pas génial, je ne sais pas ; mais je me suis rendue compte d'une chose : je ne sais plus quelle est la différence entre une série dramatique et un soap.

Ah, ne riez pas dans le fond : il n'y a pas que moi. ABC a de gros problèmes avec le concept également.
A vrai dire, ce sont justement ses séries qui ont suscité une interrogation chez moi, lorsque j'ai essayé de décrire Nashville à un tiers. Puis 666 Park Avenue. Puis Revenge. Puis... Et à chaque fois, l'adjectif "soapesque" revenait dans mon explication, suivi d'un "mais c'est pas un soap comme Les Feux de l'Amour, hein, non : c'est plutôt... comme un primetime soap". Ouhlà, attendez ! Mais en fait, toutes les séries d'une heure d'ABC sont soapesques, non ?
Non, et Dieu soit loué pour Last Resort. Mais quand même.

Il faut dire que la définition de soap opera est assez élastique par les temps qui courent, de toute façon.
Il y a encore quelques années, pour moi, un soap se définissait très clairement : c'était une série diffusée en quotidienne, aux intrigues extrêmement lentes et aux techniques narratives paresseuses, dotées de retournements de situation exagérés à intervalles réguliers (un jumeau maléfique, des personnages qu'on croyait morts qui réapparaissent, des bébés volés/échangés, etc.). Et ce, sur des années et des années et des années, jusqu'à ce que mort s'en suive.
Mais voilà : entretemps, la telenovela est entrée dans mon univers. en tous cas au moins sur le papier ; rapport au fait que je n'ai pas encore eu la possibilité de suivre une telenovela dont le sujet pique ma curiosité. Et une telenovela, eh bien, c'est une série en CDD, et ça, ça heurte un peu la vision que nous avons du soap, que ce soit aux USA ou en Europe.
Le problème de la telenovela, c'est son succès. En soi c'est bien, hein, tant mieux que des formats de fictions trouvent un souffle qui incitent les télévisions de la planète à adopter de nouveaux standards de durée ou de périodicité, je suis la première convaincue que la télévision, c'est quand même mieux quand on regarde ce qui se fait ailleurs ! Mais des séries comme Desperate Housewives, par exemple, sont typiquement des séries dramatiques qui lorgnent méchamment sur la copie des voisins, et relèvent en fait plus du soap sur pas mal d'aspect. En-dehors de la diffusion hebdomadaire, et sans doute aussi du budget, tout y est : c'est du primetime soap, clairement. Une fois par semaine, avec le savoir-faire des séries dramatiques américaines, un soap quand même.

Evidemment, la télévision américaine n'a pas attendu Desperate Housewives pour connaître le primetime soap. Des séries comme Dallas, Beverly Hills ou encore Melrose Place, pour n'en citer qu'une poignée, ont été qualifiées de primetime soap en leur temps sans que cela ne choque qui que ce soit. Pas même moi. Et s'en sont tirées avec un succès public incontestable, et, dans une certaine mesure, un certain succès critique, au sens où ces séries ont marqué leur époque, chacune à sa façon.

Cependant le terme de primetime soap semble toujours très négativement connoté. L'utiliser, c'est comme caractériser une série de qualificatifs pas franchement recommandables, sauf qu'en disant primetime soap, on peut le dire à mots couverts.
Par exemple j'attendais pas mal de choses de Desperate Housewives quand elle a commencé ; j'avais regardé la première saison de façon très régulière, en espérant que sa corrosivité irait croissant ; c'est l'inverse qui s'est passé et c'est la raison pour laquelle la série est devenue un primetime soap plus qu'une série dramatique. Un qualificatif assumé de façon très variée par les spectateurs qui ont poursuivi la série bien longtemps après que je me sois arrêtée. L'an dernier, j'ai décidé de regarder l'épisode final de la série, et il était clair pour moi qu'elle n'en méritait pourtant nul autre. Desperate Housewives n'était pas une série dramatique : c'était un soap hebdomadaire, diffusé en primetime (jusque là j'ai bon) dont le caractère over the top des situations n'avait plus rien d'impertinent.

Mais désormais, la définition semble encore élargie. Ce n'est pas simplement l'absence de second degré qui semble permette d'appeler une série un primetime soap. Certes, Revenge est extrêmement dépourvue d'humour, mais ce n'est clairement pas à ce défaut qu'elle doit sa parenté avec les soaps, mais plutôt à sa thématique de la vengeance, à son héroïne féminine, et à sa claire inspiration de formules venues des telenovelas. Peut-être aussi au jeu des acteurs, ou au moins à leur direction.

Voyons ailleurs ce qui se passe. Par exemple, Grey's Anatomy, en se concentrant tant sur les amours de ses personnages que son caractère médical semble passer totalement inaperçu, est clairement un primetime soap, non ? Et pourtant, objectivement, Urgences aussi était truffé d'intrigues personnelles : quelle est la nuance qui empêche de qualifier Urgences de primetime soap ? Et si, dans certains articles ou ouvrages, un auteur/analyste/vendeur de barbapapa quelconque décide d'utiliser ce terme, pourquoi cela me choque-t-il un peu, au point de quasiment le voir comme une insulte ?
Plus flou que celui de Grey's Anatomy est le statut de Nashville. De par la qualité du jeu de nombreux acteurs (je me repasse de temps à autres la scène pendant laquelle Rayna est interrogée en vue de la campagne de son mari, c'était d'une force incroyable), de par l'écriture qui n'a pas grand'chose à voir avec des intrigues à rallonge de mon point de vue, et de par l'impression de consistance et de sérieux qui émane, il me semble, de la façon dont son monde est construit, Nashville n'est pas vraiment un primetime soap selon ce qui me semble être la définition du "genre". Pourtant, difficile de ne pas parler de tournure soapesque dans les amours de l'une des stars ou les liens familiaux et financiers de l'autre ; mais n'est-ce pas un glissement de sens ?
A ce tarif-là, des séries comme Brothers & Sisters puis Parenthood sont-elles des primetime soaps ? Il m'est arrivé de le lire. Je trouve pourtant la chose plus difficile à admettre encore que pour Nashville. Le fait que les personnages forment une famille en proie à un certain nombre de retournements de situation (notamment la thématique de la demi-soeur cachée qui a lancé la première saison de Brothers & Sisters, et effectué plusieurs rebonds ensuite ; d'ailleurs j'ai jamais vu la fin de cette série, mais bon, pas le moment de se mettre des idées d'intégrale en tête).
Mais plus intrigant encore : pourquoi m'acharner à utiliser l'adjectif "soapesque" et/ou d'appeler primetime soap une série comme 666 Park Avenue ? C'est clairement une série fantastique ! Le simple fait que son héroïne (outre le fait d'être une jolie femme) vive dans un univers un peu plus luxueux que la moyenne et que des "méchants riches" occupent des rôles importants suffit-il à décrocher ce qualificatif ? Est-ce parce qu'on effleure la vie de plusieurs autres résidents de l'immeuble ? Ca semble un peu réducteur ! Et pourtant, j'aurais tellement de mal à dire que c'est simplement une série fantastique (et pas juste parce que je pourrais faire un jeu de mots sur "fantastique").

Au final, il me semble de plus en plus difficile d'établir clairement où est la ligne de démarcation entre une série dramatique et un primetime soap, à plus forte raison sur les networks où les intrigues dramatiques ont tendance à n'être pas aussi incroyablement sombres que sur le câble (qui irait dire que Breaking Bad est un primetime soap ? quoique, je me demande s'il est déjà arrivé à quelqu'un de parler de soap pour Mad Men ou Game of Thrones, à ce tarif-là).
Et surtout, accepter ce qualificatif est-il une façon de d'admettre que la série est inférieure à une série dramatique normale ? Sinon, comment surmonter ce réflexe ?
L'existence du primetime soap me semble difficile à nier, et pourtant, elle est aussi difficile à expliquer. La lecture de la définition de Wikipedia, en préambule de ma réflexion pour ce post, ne m'a par exemple pas du tout aidée, alors qu'on imagine qu'a priori, elle fait consensus...

Sans la fascination actuelle d'ABC pour tout ce qui ressemble à 1) un format facile à exporter en telenovela 2) une telenovela facile à adapter pour le primetime américain, peut-être que mes repères ne seraient pas autant brouillés. Peut-être que je serais capable de reconnaître un primetime soap aussi sûrement que je suis capable de faire la différence entre une comédie et un drama, ou entre un western et une série policière... Mais ce n'est qu'une supposition.

D'ailleurs, le primetime soap est-il un genre, au sens du contenu, ou une structure ? Son nom semble essentiellement indiquer une case de diffusion, et pas vraiment expliciter le reste de sa condition. La fusion des genres, oui... Mais un genre bâtard issu du néant, non. Plus j'essaye de définir ce qu'est un primetime soap, plus j'ai l'impression qu'il s'agit d'une étiquette qu'on peut coller et décoller selon l'image que renvoie une série, mais qui n'a en réalité que peu à voir avec ses sujets ou sa formule. C'est une grande valise fourre-tout qui sert peut-être surtout à décrédibiliser une série qu'on ne peut/veut pas décrire comme suffisamment "sérieuse"...
Quand j'ai utilisé l'adjectif soapesque pour Nashville, je l'ai tout de suite regretté, parce que ça ne donnait pas une image attrayante de la série à mon interlocuteur qui ne la connaissait pas. La question que j'aurais dû me poser, c'est : pour quelle autre raison l'utiliser ? Qu'est-ce que le terme "primetime soap" décrit d'autre, finalement ?

Il y a probablement une part de fierté personnelle à dire qu'on ne regarde pas de primetime soap quand on est un téléphage un rien exigeant, ni à en recommander spontanément. Mais d'un autre côté j'avoue sans un soupçon de honte regarder des séries comme Happily Divorced, alors...
Le cas du primetime soap me laisse décidément perplexe... Je prends tous les points de vue que vous voudrez bien me livrer sur le sujet.

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