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ladytelephagy

4 juin 2012

[DL] Nevelot

Les Américains l'ont bien compris, ce qui se passe à la télévision israélienne est particulièrement intéressant. J'aimerais pouvoir vous dire que l'accès à ces fictions est aisé, cependant, mais c'est encore un bien difficile combat. Au mieux, quelques DVD sortent avec des sous-titres anglais, mais généralement à des prix prohibitifs (heureusement il y a quelques exceptions), ce sera d'ailleurs le cas cet été de Hatufim, mais globalement c'est encore un peu compliqué si on ne parle pas l'hébreu (et/ou qu'on ne s'appelle pas Ben Silverman, qui vu le nombre de concepts israéliens qu'il achète, tant scripted qu'unscripted, doit probablement recevoir des DVD toutes les semaines).

Ne reste donc, pour prendre le pouls de la fiction israélienne, que la VOSTM, encore elle, et je dois dire que même si c'est plus difficile avec l'hébreu que des langue latines ou scandinaves, le pilote de Nevelot s'est laissé regarder.
Il était même très réussi, soyons clairs.

Nevelot est une mini-série diffusée en 2010 sur la chaîne câblée HOT, qui a remporté en août 2011 le prix du meilleur téléfilm ou meilleure mini-série lors des Israeli TV Academy Awards.

Les 5 épisodes durent environ une quarantaine de minutes chacun, et ont pour héros Ephraïm, un vieil homme qui fut autre fois soldat, et qui aujourd'hui porte sur la jeunesse de son pays un regard désabusé, voire écoeuré, alors qu'il constate comment les personnes âgées sont traitées par ces jeunes gens qui ne réalisent pas tout ce que sa génération a fait pour Israël.
Dans un premier temps, Ephraïm n'est qu'un petit vieux parmi tant d'autres ; il râle quand les jeunes voisins font la fête, il passe le plus clair de sa journée au café ou sur un banc, et il ne voit plus sa femme que comme faisant partie des meubles. Pourtant, progressivement pendant l'épisode, ce portrait assez banal d'un homme usé par le temps va glisser et marquer un dégoût encore plus marqué que la moyenne, sans doute, alors qu'il considère que cette jeunesse ingrate est en plus bien vulgaire à son goût. La mort accidentelle d'une vieille dame qui fut autrefois son grand amour, et qu'il avait perdue de vue, sert en quelque sorte de choc ultime, soulignant le contraste avec un passé qu'il voit comme nostalgique (aussi difficile ait-il été) et la cruauté du monde telle qu'il a ressent à présent. D'autant que la petite-fille de cette vieille dame, croisée à l'hôpital, est son portrait craché, à la différence qu'elle a l'air sacrément à la dérive, ce qui heurte d'autant plus les souvenirs d'Ephraïm.

Le basculement n'est donc plus loin et, un soir qu'Ephraïm et son meilleur ami profitent de l'air frais du large sur une plage, un jeune plus agressif que les autres leur manque de respect, le ton monte, et nos deux petits vieux finissent par l'agresser, ainsi que le copain qui l'accompagne. De cette action d'une très, très grande violence (les deux jeunes gens mourront sur le sable), va en quelque sorte remonter le goût du sang. Désormais incontrôlables, les deux anciens soldats vont laisser libre cours à leur pulsion de vengeance intergénérationnelle...

Dotée d'une excellente réalisation (le passage des flashbacks au présent est notémment très réussi), d'une voix off omniprésente mais qui fonctionne particulièrement bien dans ce contexte, et surtout d'un thème peu commun, Nevelot a effectivement de quoi accrocher le public. Alors, comme il ne sert pas à grand'chose de vous proposer l'épisode vu qu'il n'existe à ma connaissance aucun sous-titre, j'ai choisi de vous montrer aujourd'hui son générique, qui n'est pas totalement dénué d'intérêt, comme vous allez le voir.

Nevelot
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Le générique de Nevelot est d'une désarmante simplicité (mais pas autant que son logo, je vous rassure), et pourtant il m'a rappelé, sans doute en partie par association d'idées, celui de Hatufim (souvenez-vous) ; mais loin de porter autant d'espoir, Nevelot est au contraire la promesse de quelque chose de terrible se préparant. C'est très efficace, mais ce n'est pas le genre de générique que vous allez regarder ou écouter tous les quatre matins pour le plaisir. Trop étouffant.

A côté de ça, le logo ci-dessus, qui conclut ce générique, peut paraitre un peu trop simpliste au premier regard, mais ce qui fait toute la différence, c'est cette oiseau, dans le coin. Qui n'est pas n'importe quel oiseau mais un charognard, ce qui est très justement la traduction, semble-t-il, du terme "nevelot".

Tout est donc dans la symbolique, ce qui finalement colle plutôt bien à l'identité de Nevelot. Le genre de série qui mériterait de bénéficier d'une meilleure exposition (voire même d'une adaptation, ça a plutôt bien tourné pour Hatufim dans le fond), car ses thèmes pourraient trouver échos notamment en Europe, où les parallèles avec la Seconde Guerre Mondiale pourraient rendre cette histoire finalement assez universelle...

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4 juin 2012

Oublie-moi

Les romances, à la télévision asiatique, ça va, on les connait. C'est toujours un peu la même chose : la jeune femme (généralement avec un tempérament explosif) rencontre le jeune homme (légèrement introverti et si possible inexpérimenté), et en dépit de bisbilles constantes, finissent par tomber amoureux. A partir de là, toutes les variations sont possibles, notamment quant au statut social des protagonistes, mais en gros voilà 90% des comédies romantiques, en tous cas telles que j'ai tendance à les voir ; mais il est vrai que je suis peu versée dans la guimauve.
Alors, toutes proportions gardées parce qu'on n'est pas non plus dans une histoire foudroyante d'originalité, ça fait un peu plaisir de voir une série telle que Mou Ichido Kimi ni, Propose débarquer et varier un peu les plaisirs.

MouIchidoKiminiPropose

Mou Ichido Kimi ni, Propose est en effet l'histoire d'un homme dont l'épouse va perdre la mémoire des 5 dernières années, et donc de la totalité de leur vie commune. Il va devoir la reconquérir, et la demander en mariage à nouveau s'il ne veut pas faire une croix sur leur avenir commun.

La première partie du pilote est évidemment dédiée à montrer la vie commune de Haru et Kanako avant que tout ne change ; un poncif qui parait difficile à éviter. C'est l'occasion de mieux faire connaissance avec les personnages, et de ce côté-là, le résultat est TRES mitigé.
D'un côté on a Yutaka Takenouchi, impeccable dans la peau du mec pas chiant qui a toujours le mot pour rire mais ne se préoccupe pas trop de la romance dans son couple, et qui va réaliser, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendra plus. Et puis de l'autre côté, dans le rôle de sa chère et tendre, il y a Emi Wakui, dont on peut dire que si son jeu était un animal, il serait une limande. Le contraste est du coup saisissant : là où Haru se montre immédiatement comme un personnage sympathique, dont on a aucun mal à partager les émotions, Kanako s'affirme vite comme un rôle désincarné qui ne nous laisse de marbre. Ah si, à un moment, j'ai éternué, mais c'était peut-être sans rapport.
Le résultat, c'est que tout ce premier épisode pâtit de cette transparence molle : lorsque Kanako fait des efforts pour préserver un peu de piment dans leur relation (oui alors, bon, on parle de se faire un cinéma, pas de fréquenter les clubs échangistes, hein), on n'en a rien à péter, et on ne s'étonne pas tellement que Haru préfère faire des heures sup' au garage où il répare avec passion toutes les voitures qu'on lui présente, fussent-elles téléguidées, plutôt que de se retrouver entre quat'zyeux avec l'autre, là.

Le pire est à venir. Si vous pensiez que Kanako était ennuyeuse au possible quand elle avait tout sa tête, ça s'aggrave quand elle fait ce qui ressemble à une rupture d'anévrisme (l'équipe de sous-titreurs n'ayant pas réussi à décrypter les documents papier montrés à l'écran pendant l'épisode, il faudra se contenter de deviner, mais de toute façon on n'était pas là pour l'intrigue médicale) et qu'elle perd donc la mémoire. A partir de là, Emi Wakui accomplit le tour de force de nous faire souhaiter que son personnage ait clamsé, ce qui, vu qu'on était venus là pour la romance, est une sacrée performance, mais pas vraiment celle que l'on attendait.

Nos espoirs se tournent donc vers Yutaka Takenouchi, et ce qui tombe plutôt bien, c'est que c'est lui qui va occuper l'écran la majeure partie du temps. Le problème c'est que, aussi likeable que soit son personnage, on en vient vite à se demander pourquoi il fait tant d'efforts pour son épouse, qui soyons sincères, n'avait déjà pas beaucoup de personnalité, et qui maintenant le traite en étranger. A part qu'il ne sait pas faire la cuisine, aucune piste ne nous sera donnée pour répondre à cette énigme.

MouIchidoKiminiPropose

Mais le plus frappant, notamment dans la dernière partie de l'épisode, c'est l'incrédulité qui monte chez le spectateur, virant même à la parano. Cette connasse de Kanako serait-elle en train de feindre son amnésie ? Parce que franchement, c'est suspect, la veille de sa perte de mémoire, d'avoir consigné par écrit dans son journal intime quelques unes de ses résolutions sur l'importance de la surprise au sein d'un couple. Et Emi Wakui joue tellement à la conne qu'il est difficile de ne pas nourir quelques soupçons.
A vrai dire, non, probablement pas ; ce serait trop beau si c'était le cas.

Il faudra à la place souffrir tandis que Haru porte, seul mais avec le sourire, le poids de sa négligence passée, et tente de conquérir une nouvelle fois sa femme (qui en échange passe son temps à le regarder avec un air affolé), butant contre son beau-frère dont il découvre soudain qu'il ne l'a jamais beaucoup apprécié et qui montre juste un peu trop d'enthousiasme à les séparer maintenant que l'occasion est trop belle.
Rien de très excitant dans ces perspectives, d'autant que, le personnage de Haru n'étant pas un gros original mais plutôt un mec très next door, il ne faut pas s'attendre à une cour épatante. En témoigne la sortie qu'il organise à la fin de l'épisode...

En gros, Mou Ichido Kimi ni, Propose est vraiment la série que vous allez regarder cette saison si vous n'avez rien d'autre à faire, mais qui ne vous procurera pas le moindre frisson. Sauf à accepter de se coletiner une série peu excitante en échange de la perspective de passer une petite heure chaque semaine avec Yutaka Takenouchi. Ca se défend aussi, hein, simplement pour moi ça ne suffira pas.

4 juin 2012

[#Ozmarathon] 5x04, pause tendresse

On ne mollit pas, second épisode de la soirée pour le Ozmarathon : battons le fer tant qu'il est chaud !

Ozmarathon-5x04

L'épise s'ouvre sur ce qui est probablement l'un des plus précieux moments de ce début de saison, alors qu'Alvarez rend visite au ptit père Mukada. Séquence nostalgie ! Cela faisait longtemps que ces deux-là n'avaient plus interagi, et ça. fonctionne. toujours. aussi. bien ! Eux-mêmes sont d'ailleurs conscients de ce passé commun qui les rapproche et leur permet d'être sincères l'un avec l'autre. Il est vrai que c'est un sincère regret pour moi que leur relation n'ait jamais eu l'occasion d'être exploitée pleinement ; Mukada aurait pu, à plusieurs reprises, être vital dans les orientations de la vie de Miguel, et en échange il me semblait que Miguel apportait aussi de l'humilité à ce religieux un peu trop sûr de sa fabuleuse supériorité morale. Qui plus est, c'est l'occasion de se rappeler (chose que personne n'avait pensé à mentionner jusque là) que Mukada est le seul survivant de l'accident de bus et qu'à ce titre, il porte une nouvelle blessure.
Cette petite scène sincère et touchante, qui une fois de plus nous permet d'accéder à l'âme torturée d'Alvarez (et c'est bien pour ça qu'on l'aime), est surtout une façon d'introduire un nouveau programme au sein d'Oswald, cette fois portant sur le dressage de chiens, et auquel Miguel s'est porté volontaire.

Soyons clairs : les programmes de cette prison ont une longue histoire d'échecs cuisants. On attend encore les brillants résultats de la boxe, du basket, et cela sans parler du programme scolaire. Oh, et ne me lancez pas sur l'obligation de regarder des videos éducatives, et surtout sur la question de la cage à EmCity ! Cette fois, il s'agit donc de dresser des chiens pour aveugles (un très beau rappel du sentiment de culpabilité d'Alvarez suite au crevage d'yeux de Rivera), chiens qui vivront à Em City avec leur maître d'ailleurs. Là encore, ça sent l'idée brillante. Première crainte de Tim McManus (partagée par son ex-femme dont je n'ai toujours pas réussi à mémoriser le nom ; ptet que si elle restait à l'antenne plus de 5mn ça aiderait cela dit, d'autant que j'adore leurs confrontations stériles) : on n'a pas peur qu'ils fassent du mal à leur chien ? Oh non, ils s'y attachent au contraire, et finissent par les protéger.
Attends, non, pause là. Réfléchissons : que savons-nous du fonctionnement des choses à Oz ? Que chaque fois que quelque chose est important pour un prisonnier, les autres vont chercher à le lui voler, casser, ou les deux. Ma plus grande crainte ne vient pas des prisonniers soigneusement sélectionnés pour ce programme : elle vient de tous les autres ! Et d'ailleurs c'est Alvarez qui va faire remarquer, avec une acuité à la fois aiguë et blasée, que c'est des autres que vient le danger. Ça ne tarde pas à se manifester d'ailleurs. Et on ne doute pas plus de 3 secondes que ça finisse mal, surtout vu les récentes altercations entre Alvarez et Guerra. Mais Tim McManus, est-ce que tu réfléchis parfois ? On court au désastre. Et encore, c'est seulement si on a la chance qu'aucun prisonnier ne se serve de son chien comme d'une arme. Parce que c'est pas des caniches en plus, qu'ils ont à leurs côtés. Des crocs comme ça, à EmCity, ça vaut toutes les brosses à dents bien taillées du monde. Seigneur, ya des fois hein...

Bon, pendant que la débâcle suit lentement son cours, n'en doutons pas, l'épisode va en tous cas passer rapidement à autre chose. Ce que je regrette, soyons clairs, car ce programme ne mérite pas de rester indéfiniment dans la saison, et qu'en plus ça nous donne une triple dose d'Alvarez, comme sans doute jamais jusqu'à présent. Mais admettons.
D'ailleurs il y a plein d'intrigues comme ça qui sont lancées, depuis quelques épisodes, et qui retombent aussi sec. En témoigne l'histoire de Rebadow et de son ticket de loterie ; on s'était émus du sort de son petit-fils, maintenant la storyline traîne sa misère et ne veut plus se développer, et du coup l'émotion s'échappe. C'est d'un triste.

L'épisode nous offre, c'est nouveau, un peu de sang neuf, comme en témoignent les deux flashbacks criminels : l'un avec deux étudiants, Adam Guenzel et Franklin Winthrop, et l'autre, Francis Urbano, un criminel italien sans scrupules.
Pas de grosse exploration psychologique du côté d'Urbano : il est surtout là pour jouer les gros bras pour les Ritals, surtout maintenant que Pancamo est reclus à l'infirmerie, sans en avoir l'autorité. Ce qui est intéressant est plutôt ce qui se joue du côté des étudiants : Guenzel échoue à Em City, où Beecher est son parrain (il connaît son père), et l'autre débarque en unité B où c'est Schillinger qui le prend sous son aile (et cet homo refoulé de Robson qui fait main basse sur son cul). La mise en parallèle marche très bien : Guenzel, un peu protégé mais pas du tout conscient que c'est le cas, commence par avoir quelques frayeurs avant de vite prendre goût à l'ambiance violente du coin, sous le regard désapprobateur de Beecher ; de son côté, Winthrop devient la nouvelle prag des nazis, et revit tout le parcours qui avait été celui de Beecher, dans une souffrance muette à vous tordre le coeur. Guenzel ne se rend donc pas compte à quel point il est protégé par Beecher du sort que lui-même a connu, et qui afflige son ex-camarade. Par effet de contraste, cela souligne aussi le chemin parcouru par Beecher.

Ce dernier est d'ailleurs pris entre deux feux pour d'autres raisons : il est amoureux de son avocate ET de Chris Keller. Or Keller a besoin d'un avocat pour lui éviter la peine de mort, et devinez qui prend l'affaire ? Eh oui, ça pue. D'ailleurs, Keller n'est pas dupe du peu d'intérêt qu'a l'avocate pour sa survie, ce qui devrait nous donner d'autres échanges aussi intéressants que celui qui noue la rencontre entre les deux amours de Beecher. De quel côté des barreaux est le vice ? On est en droit de se le demander.
En attendant, toujours pas de retrouvailles pour nos tourtereaux. La frustration monte.

Deux amoureux renouent, par contre, et on ne l'avait pas vu venir : Gloria et Ryan partagent quelques instants tendres et surtout complices, alors que Ryan se livre quant à ses interrogations vis-à-vis de sa mère. Une fois de plus, Ryan se montre très touchant, et c'est l'occasion pour Gloria de faire une quasi-déclaration, à mots à peine couverts. Mais notre médecin a déjà fort à faire dans son travail d'acceptation de son viol, et l'instant de grâce sera bref.
D'autant plus bref que le tempérament volcanique de Ryan ne s'arrange pas. Quand il s'agit de sa famille, c'est viscéral, il ne réfléchit plus, et quand il comprend (ou croit comprendre) que les Chinois en veulent à sa mère, il fonce bêtement dans le tas, au lieu de bien préparer son coup avec l'intelligence qu'on lui connait. Le résultat est pire encore qu'on ne le pensait : Cyril se porte à sa rescousse (cette impulsivité là, on la connaît bien, elle a déjà coûté par le passé), et désormais il risque la chaise électrique. Depuis sa cage au milieu de la cour d'Em City, et alors que Kingmin lui veut pire que pendre, Ryan réalise, trop tard, qu'il est sur le point de tout perdre...

Pour respirer un peu, notre ami Omar est à nouveau sur le devant de la scène. Son intrigue prend un tour plus léger : alors qu'il s'est pris de passion pour les cours de chant dispensés par la mère de Ryan, il commence à casser les oreilles d'absolument tout le monde en voulant répéter ; LA bonne action du jour viendra de McManus qui lui trouve une pièce dans laquelle répéter ; il ignore que ce faisant, il lui donne aussi un avantage certain dont les passeurs de drogue vont vouloir profiter. Omar est donc à nouveau pris dans de sombres affaires de trafic, et le répit en ce qui le concerne sera probablement de courte durée. Mais pour l'instant, écoutons-le chanter avec l'entrain d'un gamin de 6 ans...

L'épisode, pour offrir du contraste avec la plupart de ces jolies petites scènes "mignonnes", se conclura néanmoins sur une scène atroce, dans la plus grande tradition de la série, histoire d'entretenir la haine entre les nazis et les musulmans.
Niveau histoire, ça n'apporte rien, mais quel claque !

Et pendant ce temps, personne ne semble beaucoup se formaliser de la totale disparition de Cloutier, désormais introuvable dans une prison dont on aimerait imaginer qu'elle est surveillée un minimum, et qui plus est, alors que ce grand brûlé n'est pas même pas supposé être capable de parler, et de galoper comme un petit fou moins encore.
C'est dommage puisque, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire pour l'épisode précédent, c'est sur cette intrigue que reposait le plus gros de mes espoirs...


Pour conclure, je voudrais souligner que pour des raisons d'agenda, notre Ozmarathon perd l'un de ses membres en la personne d'Elvire, qui, avec l'été, ne pourra plus se caler sur notre "planning" commun. Un petit mot donc pour souligner combien ce fut un plaisir de faire ce marathon avec elle, et de lire ses commentaires pleins d'humour sur Twitter pendant nos visionnages. J'espère qu'on pourra partager nos impressions, même à retardement, sur les épisodes ou les saisons dans leur globalité, même si tu n'es plus des nôtres pendant ces visionnages en commun...

4 juin 2012

[#Ozmarathon] 5x03, I want to believe

Ce soir, c'étaient deux épisodes de notre Ozmarathon qui étaient au programme. Il faut dire qu'avec l'été, notre planning va s'en trouver assez bouleversé, alors qu'il l'avait déjà pas mal été au printemps.
Alors, comme pour profiter de ces derniers instants communautaires, la saison 5 prend son envol, et nous offre quelques bons moments. Ca fait du bien.

Ozmarathon-5x03

Vous l'attendiez, Oz l'a fait : Chris Keller est de retour ! Malheureusement, l'épisode va assez peu s'apesantir sur la question, et surtout, les retrouvailles avec Beecher, que tout le monde attend (y compris les deux amants), n'ont pas lieu : comme pour punir Keller (de nouveaux éléments ont été apportés aux dossiers de ses meurtres homophobes), Beecher n'a pas de droit de visite, et, apprendra-t-on plus tard, pas le droit non plus d'échanger des lettres. Comme le souligne Keller, c'était finalement bien la peine de revenir à Oswald si c'était pour se sentir encore plus séparé de son cher et tendre...

Un autre retour, moins enthousiasmant cette fois (mais il faut dire que la série a du mal à nous introduire à de nouveaux personnages attachants depuis quelques temps), est celui du Chinois Jia Kingmin, dont très franchement on ne se souvient plus trop comment la haine pour Ryan O'Riley est apparue. Mais en tous cas elle est tenace, et le voilà qui commence à caresser l'idée d'utiliser sa mère pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
C'est d'ailleurs très touchant ce qui se passe avec la mère biologique de Ryan. Cela nous ramène le personnage là où il s'est finalement toujours trouvé le plus touchant, c'est-à-dire sous l'angle de la famille ; d'ailleurs les intrigues amoureuses avec Gloria, sans être balayées et oubliées, ont mis la sourdine, comme pour mieux me donner raison. Clairement, Ryan est un "family guy", aussi dysfonctionnel soit-il, et sa façon de vouloir protéger sa mère lui ressemble bien. Même quand elle se manifeste de façon maladroite et irréfléchie. Encore plus touchante était la petite interaction avec Cyril, ce gros ours en peluche au coeur toujours triste qui voudrait bien lui aussi avoir une maman, et qui propose à Ryan d'échanger sa possession la plus chère (sa paire de gants de boxe ; pour une fois, très, très belle façon d'utiliser le passé de la série) contre l'affection d'une mère. Réponse de Ryan sans une hésitation : "oh non, pas la peine de procéder à un échange, on n'a qu'à partager ma maman". Sérieusement, comment ne pas avoir une énorme envie d'adorer Ryan O'Riley dans ce genre de situations ? C'est tellement lui, et tellement une belle facette de lui... On sait bien que c'est un enfoiré et un manipulateur, mais comment lui en vouloir quand on sait qu'il ne cherche jamais qu'à protéger ce genre de choses ?

Le retour sans conteste le plus inutile de l'épisode (mais pas de la saison, car il y a vraiment du level) est résolument celui de Brass, le CO sans tendon d'Achile. Déjà dans l'épisode précédent on ne voyait pas trop ce que ça pouvait donner, mais là... en fait, là, on voit ce que ça donne, et ça n'est pas convaincant du tout. Évidemment, tout ce qu'il souhaite, c'est de se venger, mais sa façon d'opérer est grossière et ne lui apporte rien de bon. Au final on n'est pas avancés du tout, on ne s'est pas émus une seule fois (en grande partie parce qu'on connaissait mal Brass avant l'incident, et qu'en plus il n'est pas très aimable), et cette intrigue prend de la place dans des épisodes déjà bourrés à craquer de mini-storylines un peu faibles.
C'est d'ailleurs le cas de ce pauvre Peter Schibetta qui lui non plus ne va pas gagner grand'chose à revenir dans la course. Ces histoires de viols deviennent d'ailleurs un running gag de bien mauvais goût.

Initiée précédemment par McManus (qui dans cet épisode est trop occupé à se fritter avec son ex-femme sur des questions à propos desquelles ils sont d'accord), la relation tuteur/poulain entre Kareem et Omar commence à s'épanouir. Elle prend même quelques formes surprenantes alors que Saïd, comprenant qu'il s'y prend peut-être un peu mal avec son protégé, tente d'engager une discussion "neutre" avec le ton le plus menaçant du monde. Sur le coup j'ai ri ; mais il faut avouer que le développement, assez rapide, nous rappelle que la série sait aussi ne pas entretenir 712 ans certaines situations, pour les dénouer avec brio. Malheureusement, je n'arrive toujours pas à ressentir quoi que ce soit pour Omar et seul le point de vue de Saïd m'intéresse vraiment dans cette histoire.

Je m'arrête un instant sur Leo Glynn. Je crois qu'on sera tous d'accord pour dire que ça n'a jamais été le personnage préféré des scénaristes : ses intrigues ne nous ont jamais menés nulle part, et son character development a toujours été au-dessous de zéro. Mais là on atteint des sommets. Désormais, chaque fois que le directeur s'exprime, c'est pour se rendre aussi haïssable que possible. Il tente de faire avouer à Alvarez qui l'a poignardé dans l'épisode précédent, et finit par le menacer plus ou moins explicitement de le mettre en isolement (dude, Alvarez est la VICTIME... bon, consentante, certes, mais ça tu l'ignores). Ou quand un prisonnier qui lui a sauvé la vie pendant la triste affaire Clayton Hugues lui demande une petite faveur pour pouvoir se comporter aussi bien que possible maintenant qu'il a quitté l'isolement, Glynn balaie sa demande de la main au prétexte que ça va trop lui rappeler ce triste épisode avec Clayton. OK, alors soyons clairs : si ça te fait chier de diriger la prison, personne ne te retient (d'ailleurs cette histoire de démission, on en est où ?). Ça devient insupportable. J'avais des envies de meurtre.
Quand je pense qu'à une époque, Glynn était le patriarche ferme mais juste qui servait de rempart à l'ignominie de Devlin... et maintenant c'est Devlin qui tente de communiquer et Glynn qui joue au salaud ! C'est vraiment le monde à l'envers.

Plus globalement, ce qui manque vraisemblablement à cette saison, et qui manquait d'ailleurs à la précédente, c'est un enjeu interne servant de fil rouge. Des esquisses sont apportées, mais on sent qu'elles sont lancées sans grande conviction, par des scénaristes déjà bien conscients d'avoir plein d'autres lignes qui mordent en ce moment. Ainsi, quelques alliances entre clans voient le jour ; en parallèle, on peut voir qu'Alvarez est en train de devenir une force d'opposition à son propre clan, ce qui est en plus du jamais vu. Ces angles, plus proches des grands tours de force de la série dans ses plus belles heures, pourraient donner quelque chose d'intéressant, mais on sent bien que ces histoires sont plus là pour meubler que pour bâtir un véritable arc général, tendant vers un but pour la fin de saison, par exemple.

Peut-être qu'en réalité, l'intrigue majeure de la saison est ailleurs. Du côté de Cloutier, par exemple. Elle est assez difficile à cerner : voilà un personnage étrange, dont on n'est pas sûrs de savoir pourquoi il ressuscite, et dont les manifestations sont perturbantes. Mais clairement cela donne à la série l'occasion d'aborder des thèmes ésotériques (ici, les monologues de Hill portent sur les rêves et leur sens, ce qui est forcément savoureux vu le mode d'apparition de Cloutier) et surtout, religieux. La religion avait à un moment une grande place à Oz, et comme en témoigne la timidité du père Mukada cette saison à l'image, elle a un peu perdu en importance ; c'est ici une bonne occasion de la réintroduire. La scène finale de l'épisode propose d'ailleurs une séquence de meurtre (ou tentative de) très symbolique, à la fois forte visuellement (cf. capture) et spirituellement. Certes il est étonnant de voir les pouvoirs paranormaux de Cloutier prendre une telle ampleur (mais après tout, à l'époque, la télévision était en pleine vague fantastique, alors...), mais le sens religieux donne une dimension intéressante à la série. En regardant ces scènes, je ne peux m'empêcher de tiquer, mais j'aimerais être capable de dépasser ces réactions réfractaires afin d'y voir là un espoir pour la saison... tout simplement parce que j'ai envie d'y croire.

3 juin 2012

At least it's not Russia

Avec mes tentatives pour me réconcilier avec les séries bien de chez nous (je vous prépare d'ailleurs un bilan de saison pour dans quelques jours), j'ai eu l'occasion de vous dire combien le misérabilisme au sujet de la "fiction française" me semblait tout aussi dommageable pour l'enthousiasme du public que l'état de ladite fiction : à force de comparer avec ce qui se fait chez les voisins, on finit par perdre de vue l'essentiel.
Mais puisqu'on en est encore à se comparer, alors dites-vous qu'au moins, on n'est pas en Russie.

Ah, la télévision russe. VOILA une fiction en crise. Là d'accord. Imaginez ce que c'est que d'avoir une cérémonie de récompenses dans laquelle la plupart des séries récompensées soient des remakes de séries étrangères ou, dans le moins pire des cas, des adaptations de films russes sortis précédemment au cinéma ? Ca fait pas un peu mal, ça ?
Bienvenue dans le monde des TEFI, parce que c'est exactement ce qui se passe pour cette 17e édition.

TEFI-2011

Remis par l'Académie de Télévision Russe, les TEFI 2011 (qui concernaient les émissions et séries diffusées entre le 1er juin 2010 et le 31 août 2011) ont donné suite à deux belles cérémonies. D'abord, le 25 mai dernier, une première soirée consacrée à un volet "professionnel" qu'on peut considérer comme l'équivalent des récompenses techniques des Emmy Awards (bien que moins spécialisé) ; puis une autre soirée de gala ce mardi 29 mai, logées dans un opéra moscovite, centrée sur les personnalités, et qui a été retransmise par la première chaîne, Perviy Kanal.
Ah c'est sûr, ça en jette. Mais regardons ce que ça a donné dans les faits...

D'abord, passons rapidement sur les acteurs, que je vous soupçonne de ne pas connaître plus que moi, récompensés pendant la seconde cérémonie : Boris Klyuiev pour le sitcom Voroniny, et Ekaterina Poroubel pour la mini-série dramatique et historique Serafina Prekrasnaia.

Concernant les séries elles-mêmes, c'est la comédie Svetofor qui a été récompensée en qualité de meilleure série comique.
Là comme ça, ça ne vous choque pas, sauf qu'un "svetofor", c'est en réalité un feu tricolore... eh oui, vous l'aurez deviné, il s'agit d'une adaptation de la comédie israélienne Ramzor ; elle-même adaptée rapidement par les Américains sous le nom de Traffic Light. Contrairement à la version étasunienne qui n'a duré que le temps d'une demi-saison, Svetofor est actuellement dans sa 4e saison en Russie sur STS... sachant qu'elle a été lancée en mars 2011. Il est intéressant de noter que cette récompense intervient alors que STS, qui avait jusque là commandé des saisons de 20 épisodes, a mis en pause la diffusion de la 4e saison au bout d'à peine 8 épisodes diffusés. Cependant, ce qui a certainement valu à Svetofor cette victoire, c'est qu'elle est la première comédie de la chaîne à n'être couverte par aucun rire. Pour avoir vu plus de pilotes de sitcoms russes qu'à mon tour, je ne peux que comprendre que cette mini-innovation se pose comme un soulagement.

Comme il n'existe pas de prix spécifique pour les séries dramatiques, les mini-séries concourent dans la même catégorie que les films ; or cette année, c'est un film qui a remporté le prix de meilleur film ou mini-série, Podsadnoi, réalisé par Alexandr Kott.
Pire encore, le prix de la meilleure réalisation a été attribuée à Alexandr Kott, encore lui, pour Krepost. La mini-série en 4 épisodes, diffusée l'été dernier par Perviy Kanal, reprend les images du film de guerre Brestkaia Krepost sorti l'année précédente, dans une version pour la télévision, à l'occasion de laquelle de nombreuses scènes ont été ajoutées ; grâce à cette astuce, le succès du film a ainsi pu rassembler les spectateurs devant les petits écrans à moindre frais. Rappelons que Krepost est également en lice dans la catégorie des mini-séries pour le festival de Monte-Carlo.

Ce n'est pas fini du côté des remakes à proprement parler, puisque l'équipe récompensée pour le titre de meilleurs producteurs est celle de Zakrytaia Shkola. Là encore, ce n'est pas aux Etats-Unis qu'il faut aller chercher l'inspiration, puisque cette série fantastique adolescente se passant dans un pensionnat est l'adaptation de la série espagnole El Internado. Diffusée par STS depuis le 11 avril 2011, la série opère un changement de format vis-à-vis de l'original puisque les épisodes sont passés à moins de 50mn, au lieu de 70mn pour la version originale espagnole, et sont diffusés du lundi au jeudi à 21h ; cela n'empêche pas l'adaptation de suivre grosso-modo le fil de l'intrigue originale, bien que plusieurs épisodes de la série reposent sur des scénarios totalement inédits. Du coup, à ce jour, ce sont 4 saisons, soit plus de 130 épisodes, qui ont été diffusées.

Enfin, UNE fiction totalement originale a réussi à obtenir un prix : il s'agit du soap Obroutchalnoie Kolcho, diffusée sur Rossiya 2... sauf que l'épisode final de cet série a été diffusé le 16 mai dernier en Russie ; du coup, en fait de créations originales russes, en voilà une qui a déjà disparu des écrans. Enfin bon, je dis "déjà", mais cette telenovela a quand même connu une belle longévité : si l'histoire de la série ne bénéficie pas d'un pitch ébouriffant (son titre se traduit par "bague de fiançailles"), il est intéressant de noter cependant que la série a survécu, et de loin, à sa commande initiale de 200 épisodes (ce qui était déjà pas mal pour une telenovela), pour atteindre un total de 809 épisodes !

Krepost Svetofor Zakrytaia Shkola Obroutchalnoie Kolcho

Pas étonnant, vu ces résultats, que la statuette remise à l'occasion des TEFI représente un Orphée tordu de douleur... On le serait à moins.

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3 juin 2012

[#Ozmarathon] 5x02, réapparitions

Wow. Un post Ozmarathon. Je suis même pas sûre de savoir encore comment on fait ! Eh oui, après des semaines d'absence, la petite bande du marathon a trouvé le moyen de se réunir, et nous voilà donc en train de replonger dans les ténèbres d'Em City.
Ce retour est donc une raison de se réjouir, et en même temps, a un côté doux-amer, car les défauts des épisodes vus "récemment" n'ont hélas pas disparu pour autant.

Ozmarathon-5x02

Tout commence avec une intrigue tirée par les cheveux (ce ne sera hélas pas la première) au cours de laquelle Alvarez, après avoir énervé Guerra qui réitère ses menaces de mort, décide de pactiser avec lui : il lui offre la possibilité de le poignarder à l'épaule pour se faire les nerfs. Sa seule condition : le faire devant témoins, ce qui devrait servir d'assurance-vie à Alvarez.
Soyons sincères : ce deal est pourri. Vous iriez proposer à votre ennemi de toujours, un type à l'honnêteté contrariée, dirons-nous, de vous faire un petit bobo sans contrepartie ? Moi non plus. Et d'ailleurs Guerra compte bien en profiter pour en finir avec notre Latino préféré. Il faudra l'intervention surréaliste de Morales pour qu'Alvarez survive. Il n'y a pas de grande logique dans tout ça, si ce n'est qu'on illustre une fois de plus combien Alvarez est perdu ; une énième exploration de sa personnalité dont se chargeait très bien son entretien avec Rebadow, bien plus effectif. Mais enfin.
Allez, avec un peu de chance, cette fois Guerra est satisfait et Alvarez n'a plus à se soucier de rien. Ouais, moi aussi j'ai du mal à le croire.

Une intrigue autrement plus touchante est justement celle de Rebadow qui, découvrant que le pronostic vital de son petit-fils est engagé, fait son possible pour trouver un remède contre le cancer. Personne ne lui fait remarquer que si c'était si facile (il se contente de lire des publications scientifiques et d'aller sur internet), le cancer serait déjà de l'histoire ancienne, mais difficile de ne pas voir arriver de loin la grosse déception qui l'attend. On en est tous tristes par avance... mais ce ne sera en tous cas pas pour cet épisode qui se contente de poser la question de l'argent nécessaire.

Outre ces intrigues qui hélas n'apportent pas grand'chose de neuf (après tout, si Rebadow a besoin d'argent, pourquoi ne pas organiser une quête comme la dernière fois ?), deux autres vont être remises sur le tapis : d'une part, celle de Brass, le CO dont la carrière dans le basket avait été écourtée par un "accident", et d'autre part, le petit Peter Schibetta, fils de l'ex-parrain d'Em City, et victime du défunt Adebisi.
Dans le cas de Brass, il s'agit plutôt d'un prétexte. Certes cela nous donne l'occasion de voir McManus pris par les regrets et la culpabilité (mais n'est-ce pas son état normal ?), mais surtout cela nous permet de faire plus ample connaissance avec un personnage qui, lui, est totalement nouveau : son ex-femme, qui vient d'être nommée comme agent de liaison entre la prison et le cabinet du gouverneur. Preuve que la série a non seulement de la mémoire, mais aussi du recul, c'est l'occasion d'une boutade bien sentie de la part de Murphy qui est convaincu que McManus va se la faire (il ignore qu'ils ont déjà été mariés). Mais surtout c'est une excellente façon de les pousser à interagir, car en dépit de leur divorce, il s'avère qu'ils sont toujours sur la même longueur d'ondes professionnellement. La façon dont McManus manipule Brass pour qu'il aille la voir et que finalement il obtienne (un peu malgré lui) une solution parfaite est assez amusante et donne les bases d'une dynamique intéressante... à condition que McManus ne se pique pas de la sauter quand même. Hélas, qui croit vraiment que juste une fois il ne va pas penser avec son pénis ? C'est ce qu'il me semblait aussi.
Dans le cas de Schibetta, on est par contre dans l'inutilité la plus totale. Ce que ce pauvre hère peut bien avoir à apporter me dépasse, étant donné qu'Adebisi est mort de longue date et qu'après son internement, il n'impressionne plus personne. D'ailleurs le pauvre diable n'essaye même plus, ce qui confirme l'étrangeté de ce retour.

Le fantôme d'Adebisi, en revanche, continue de hanter Saïd qui heureusement trouve en McManus une aide précieuse. Voilà un bout de temps maintenant que McManus a le prisonnier Omar sur le dos, un stalker perdu mais dangereux dont on n'a jamais trop su quoi faire. Eh bien Timmy a enfin trouvé la solution parfaite : demander à Adebisi de devenir son sponsor. Je dois avouer que même si l'idée parait séduisante, et même assez poétique en un sens, il est évident qu'elle va tourner à l'échec. Omar est foutu, d'ailleurs lui-même le sait. Mais avec un peu de bol, cela permettra à Kareem Saïd de trouver la rédemption. On n'en demande pas plus, même si le Saïd ombrageux que nous avons découvert depuis la mort d'Adebisi st un des plus intéressants character developments de la série.

Avant de finir, un mot sur les monologues d'Augustus Hill : ils sont dans cet épisode très bons. L'énumération des lois débiles de certains Etats fonctionne, déjà parce que ces lois absurdes nous font rire depuis des années (surtout depuis qu'internet propose des listes pour notre divertissement), et surtout parce que leur conclusion était très intelligente et fine, opérant un excellent parallèle avec l'intrigue du Révérend Cloutier.
Ce dernier, un grand brûlé, semble avoir développé la capacité d'apparaître à ses victimes. Un angle paranormal qu'on n'imagine pas du tout dans une série telle qu'Oz, et qui à mon sens ne fonctionnerait que si un seul prisonnier était touché (de la même façon que Rebadow prétendant que Dieu lui parlait avait de l'effet dans les premières saisons), mais qui là semble totalement déconnecté de l'identité de la série. Cependant, avec l'éclairage du monologue de Hill, il faut admettre que cela fonctionne. Espérons seulement que ces projections astrales ne soient pas qu'un artifice et aboutissent à une intrigue solide, sans quoi ça pourrait aussi bien être un saut de requin céleste...

Je passe sur la question du meurtre de Hank Schillinger, qui conduit une fois de plus à réveiller le démon qui se loge dans l'âme noircie du nazillon de service, poignardant Pancamo pour obtenir vengeance, parce que très franchement ça n'a été qu'un prétexte pour pouvoir ramener le seul personnage qui nécessite d'être ramené dans la série.
Heureusement, dans les petits moments de flottement de la série, l'aspect communautaire de ce visionnage permet de conserver sa bonne humeur, et de garder de l'entrain pour le prochain épisode... qui, il faut le dire, devrait cependant comporter une excellente nouvelle, puisque plus rien n'empêche Keller de rentrer au bercail !

2 juin 2012

Pansement

BuzzAldrin-Pansement

Il est des séries qui ont un effet sur nous, et sur nos émotions. On peut en général espérer que cet effet soit positif, mais c'est évidemment très variable. Certaines nous rappellent des souvenirs, par exemple, d'autres nous incitent à réfléchir sur nous mêmes. Simplement regarder une série qui a une bonne histoire ou de bons dialogues, ou même qui peut nous imprimer temporairement un sentiment, sont des façons d'apprécier une fiction parfaitement dignes. Mais atteindre le moment où la série fait encore plus pour vous est un rare cadeau, à apprécier à sa juste valeur.
Il est simplement des séries capables d'atteindre notre âme et de lui imprimer un mouvement, même subtil.

Alors que 3 semaines s'étaient écoulées depuis mon visionnage du 3e épisode de Buzz Aldrin, hvor ble du av i alt mylderet ?, j'ai enfin pu voir le dernier épisode, que j'avais été proprement incapable de trouver avec des sous-titres ; mais de vous à moi, de toute façon, après avoir vu le pilote je n'ai plus beaucoup cherché tant il était certain que j'allais me commander le DVD. Quelques euros et plusieurs jours de patience plus tard, le coffret de Buzz Aldrin est effectivement arrivé dans ma boîte aux lettres et, je ne regrette rien de rien, l'investissement valait mille fois le coup (mais ne le dites pas au vendeur de NordicDVD).

Après le résumé des épisodes précédents, il a suffit de moins d'une minute pour que je pousse un soupir et que je détende mes épaules.
C'était comme se sentir soudainement délestée de tout. Tout comme Mattias venait trouver la sérénité dans les îles Færoe, je crois que j'y ai trouvé de façon similaire énormément de calme : le tempérament taciturne mais à la fois plein de tendresse du héros, son entourage extrêmement chaleureux et accueillant, même si forcément un peu barré et abîmé, et évidemment, la beauté des décors, sont une véritable thérapie.

Quel que soit votre tourment et quel que soit sa gravité, je gage qu'il puisse être soigné, même si ce n'est que temporairement, par Buzz Aldrin. Précisément parce que cette série parle si bien de reconstruction, toute lente qu'elle soit. D'ailleurs, lorsqu'on apprend dans le final combien de temps s'est passé depuis le pilote, difficile de ne pas être surpris tant on avait vécu les évènements hors du temps, sans se soucier d'une quelconque chronologie en-dehors de quelques flashbacks. Je crois bien que c'est l'effet voulu : se concentrer sur la guérison et non sur le temps qu'elle prend. Il faut ce qu'il faut.
Difficile de ne pas penser à toutes les fois où ça m'aurait sans doute fait le plus grand bien de pouvoir regarder Buzz Aldrin et m'installer pendant une petite heure à l'Usine, moi aussi, pour vider mes émotions dans la mer, et arpenter les décors rudes, et pourtant si réconfortants.

Comme Buzz Aldrin fait du bien ! Un vrai pansement pour l'âme. Malgré ses scènes parfois délicates voire carrément tristes, en dépit des quelques fois où on a envie de secouer Mattias par les épaules jusqu'à ce qu'il prenne conscience de sa passivité, malgré toutes les émotions par lesquelles on passe, le coeur continue de se régénérer, comme en tâche de fond. On se sort du visionnage de Buzz Aldrin avec le sourire aux lèvres et l'impression de respirer un air plus pur.

BuzzAldrin-Final

L'aventure Buzz Aldrin s'achève donc pour moi. Non sans bien des regrets. Ce n'est pas tant que la série soit trop courte : son évolution et sa fin sont des évolutions naturelles et qui bouclent bien le parcours de Mattias ; de toute façon Buzz Aldrin, hvor ble du av i alt mylderet ? est l'adaptation d'un roman, et sa durée était décidée d'avance.
Mais j'aurais apprécié pouvoir passer plus de temps dans ces îles à la beauté brute et sereine. Je crois que ça me plairait d'avoir une série qui, semaine après semaine, ait cet effet soignant, et d'avoir ce rendez-vous pendant, je ne sais pas, pourquoi pas la durée de toute une saison télévisuelle ? Ça ferait un bien fou.

Et puis, je crois aussi que Buzz Aldrin a réussi à m'atteindre et rappeler très exactement tout ce qui m'attire dans les pays nordiques, tout ce qui fait que depuis des années je monte lentement mon petit projet. Bien plus que me raconter une magnifique histoire pleine d'humanité, la mini-série s'est infiltrée et m'a rappelé ce petit recoin de mon coeur où je caresse l'idée qu'un jour...

1 juin 2012

Chien perdu

Hounds

Il y a quelques heures débutait en Nouvelle-Zélande la dramédie Hounds, qui comme son nom le suggère se déroule dans l'univers des courses de lévriers. Voilà bien un contexte à la fois étrange et fascinant, qu'on n'a pour le moment pas eu l'occasion d'explorer à la télévision.

Tout commence... et c'est fort à propos, quand on connait le sujet du SeriesLive Show de ce soir... alors que David, propriétaire de l'un de ces lévriers, meurt à la fin d'une course, visiblement d'une crise cardiaque. Il laisse derrière lui une immense maison, Lily, une jeune adolescente déjà orpheline de sa mère (une asiatique), et Lundy Dixon Watson, son chien ; l'entraîneur de celui-ci, Marty, vit avec eux. David avait également un fils plus âgé, Will, qui a quitté la maison il y a bientôt deux décennies maintenant, poursuivant sa vie d'avocat sans trop regarder en arrière. Or, dans son testament, David confie Lily à la garde de Will ; sauf que ces deux-là n'ont pas la même mère, et ne se sont jamais rencontrés, ce qui rend la situation inconfortable.

En dépit de ce pitch un peu déprimant, Hounds commence pourtant de façon très drôle, voire hilarante. C'est plutôt l'ambiance générale de la série, un peu décalée et absurde mais pleine de finesse, ainsi que ses dialogues pince-sans-rire, qui fonctionnent parfaitement. La scène des funérailles de David est l'occasion d'apprécier, en particulier, la forme d'humour choisie par la série. Si un lien de parenté devait être établi à des fins de repères, on serait plus dans un humour proche de certaines comédies/dramédies du câble américain, que dans des single camera déjantées ou des sitcoms de networks. Mais personnellement j'ai rapidement accroché.

Tandis qu'il veut régler les détails de la succession, Will s'installe donc temporairement avec Lily, Marty et Lundy Dixon Watson, embarquant avec lui sa petite amie du moment, une écervelée de 19 ans. Je dis "temporairement" parce que l'une des premières choses que Will vérifie, c'est la valeur de la maison de son père, dont certes Lily a hérité de la moitié, mais dont il espère pouvoir la revendre (il ne reste en effet pas d'argent, tout ayant été dépensé dans les funérailles, et avec quel bon goût !). Lily lui en garde d'ailleurs un chien de sa chienne.

En vérité c'est certainement Lily qui est le personnage le plus délicieux de ce pilote. Sa façon de rembarrer subtilement son demi-frère, ses observations sur diverses choses (notamment la petite amie de Will, qui en tient une sacrée couche), et ses réactions en général, font d'elle, sans hésitation, la véritable héroïne de ce pilote, sans que l'épisode ne tente d'en faire sa star (comme ça peut être le cas pour Suburgatory, mettons). Bien que frappée du syndrome de l'adolescente mûre pour son âge, elle ne se montre jamais insupportable, et réagit tout de même en adolescente "normale" à plusieurs reprises. On ressent aussi de façon très vive à la fois son attachement envers son père, même si elle n'a en définitive aucune scène avec lui, et l'affection profonde qui la lie à Marty, qui d'ailleurs espérait être son tuteur avant d'apprendre que le testament de David en avait décidé autrement. Leur petite mécanique semble bien huilée ; comme cette séquence où c'est elle qui conduit la fourgonnette, parce que ça a toujours été elle qui conduisait son petit monde aux courses, et qui montre une grande connivence, s'imposant avec une sorte d'évidence tranquille, entre l'adolescente et l'entraîneur.

Quant à l'univers canin, la façon de l'aborder n'est pas de nous y plonger tête la première en insistant sur le déroulement des courses ou ce genre de choses. Au début de l'épisode, c'est plutôt son aspect communautaire qui est évoqué, avec ces maîtres et ces chiens présents à la cérémonie, ces gens qui s'épaulent parce qu'ils partagent un intérêt commun, et qui vivent les soirées de courses plus comme une sortie et un plaisir que comme un enjeu vital. C'est vraiment une façon de dépeindre ce milieu qui lui confère immédiatement beaucoup de chaleur et d'humanité ; la dernière partie de l'épisode se déroulera pendant l'une de ces soirées de courses, où la moitié du plaisir vient de ce qu'on passe du temps au bar à suivre la course un verre à la main. Le peu de compétition qui s'y déroule entre les propriétaires de chiens est même montré sous un angle ridicule, même pour ce monde légèrement ringard, soulignant qu'on n'est pas tellement là pour remporter des prix. Je suppose cependant qu'on aura le temps d'aborder d'autres thèmes sur les courses ultérieurement, et que cela peut changer plus tard.

Dans tout ça, je suis un peu plus partagée quant à Will ; s'il est un peu perdu dans ce monde qu'il n'a jamais cherché à connaître, il n'a pas trop l'effet "fish out of the water" qu'on aurait pu attendre, et c'est définitivement un bon point. Mais son personnage n'apporte pas grand'chose, ni humoristiquement, ni dramatiquement. Quant à sa vie professionnelle, la scène au cabinet d'avocats où il travaille, sans manquer d'être drôle avec ce boss étrange qui a tendance à se désaper devant ses employés et y prend un plaisir malsain, n'apportait pas grand'chose. A moins que cela n'offre des possibilités insoupçonnées par la suite, je ne vois pas trop ce que ça peut donner de savoir comment Will vit sa vie au loin, puisqu'elle n'est ni fondamentalement désagréable (ce qui aurait servi à le convaincre de faire sa vie dans le milieu des courses), ni totalement géniale (c'est d'ailleurs bien vu, moins caricatural, que son cabinet ait l'air assez modeste).

Mais l'avantage principal de Hounds réside, c'est net, dans son ambiance, son ton, ses dialogues sans lourdeur, et sa capacité à trouver le moyen d'être drôle sans se construire autour de "gags" à proprement parler. Il se dégage en plus une telle impression de sincérité et de tendresse de ses personnages, et l'univers absurde des courses est si bien rendu.
Reste à voir comment la saison, prévue pour un total de 6 épisodes, évoluera à partir de là, car bien malin qui peut prédire à ce stade comment les choses vont tourner... Et c'est finalement un bon point en faveur de cette dramédie.

A moins que Hounds ne soit annulée si 3 lévriers meurent sur le tournage ? Mouais, à surveiller...

1 juin 2012

[DL] Gran Hotel

Bon, je sais bien que pour ce soir, vous n'avez qu'une idée en tête : écouter le nouveau SeriesLive Show. Après tout, il faut en profiter tant que ça dure.
Pourtant ce soir, il y a un autre mini-évènement : le lancement par Téva de la série espagnole Gran Hotel (astucieusement rebaptisée Grand Hôtel, mais où vont-ils chercher tout ça ?). Comme ce n'est quand même pas tous les jours qu'une série espagnole est diffusée en prime time dans notre beau pays, je voulais marquer le coup et vous proposer un léger aperçu avec le générique de la série, qui mélange habilement un univers proche de celui de Downton Abbey avec un côté légèrement plus classique d'enquête au sein d'un hôtel luxueux.

GranHotel
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Le générique, de toute évidence, s'inspire énormément de celui de Downton Abbey (à toutes fins utiles, je l'ai d'ailleurs reuploadé, comme ça vous pourrez juger sur pièce), à la différence que la série britannique prenait grand soin de ne montrer aucun visage, quand celui de la série espagnole en fait au contraire son objet, parce qu'il se repose sur des photographies d'époque.
Mais on retrouve le même côté Upstairs, Downstairs dans les deux séries, à vouloir retranscrire la vie dans un même espace où deux classes sociales se croisent et évoluent sans vraiment cohabiter, et de ce côté-là, le rendu de Gran Hotel est très bon aussi.

Pour ce qui est des intrigues elles-mêmes, bon déjà ce n'est pas l'objet de ce post, et ensuite ne pratiquant pas l'Espagnol, j'aime autant ne pas m'avancer. Comme ça, vous savez quoi ? Vous irez vérifier par vous-mêmes ! Gran Hotel, deux épisodes ce soir à partir de 20h40 sur Téva, organisez-vous en conséquence.

31 mai 2012

La vie est un long fleuve

Ah, approchez ! Vous tombez à point nommé. J'étais sur le point de vous parler de la plus incroyable série australienne de l'année passée. C'est un rendez-vous déjà trop souvent reporté, les tags en témoignent douloureusement, et cette promesse, je la tiens aujourd'hui, c'est décidé.
Alors installez-vous confortablement et laissez-moi essayer de vous donner ne serait-ce qu'un vague aperçu de ce qu'est Cloudstreet.

Cloudstreet-Monologue

L'an dernier, le SeriesLive Show avait consacré toute une rubrique à la mini-série dans un podcast malheureusement entré dans les annales pour une toute autre raison. A l'époque, la mini-série venait d'être diffusée, et je m'étais promis que j'en ferais un post de "bilan" de saison (notamment parce qu'Eclair m'avait fait comprendre que je n'en écrivais pas assez ; j'espère qu'en un an et des poussières j'ai fait quelques progrès !), et finalement ça n'est jamais arrivé. J'ai voulu me refaire une intégrale voici quelques mois, histoire de rédiger mon post avec les images et les idées bien en tête, mais ça n'a pas eu lieu non plus.
Finalement, à la faveur de mon dépensier mois de mai, je me suis retrouvée avec ce précieux coffret dans les mains, et à raison d'un épisode par soirée, je me suis refait l'intégrale cette semaine. Enfin, nous allons pouvoir parler de ce qui est probablement le plus grand bijou que la télévision australienne ait porté.
J'espère lui faire honneur tout au long de ce post si souvent reporté devant l'ampleur de la tâche, mais je dois à la vérité d'avouer que je crains que ce ne soit de toute façon impossible.

C'est que Cloudstreet est difficile à définir. La mini-série (adaptée du roman éponyme) s'attache à suivre pendant deux décennies la vie de deux familles, les Pickles et les Lamb, deux familles que rien ne pourrait plus opposer, alors qu'elles cohabitent dans une même maison. Si la série va cependant bien plus loin qu'une simple chronique, pourtant, sur le papier, son pitch s'arrête là, et cette simplicité apparente a de quoi décourager quiconque tente d'expliquer pourquoi il faut regarder Cloudstreet, comme votre serviteur en cet instant précis.
Ce que je peux dire avec certitude, c'est qu'une grande partie de son attrait réside dans ses personnages, complexes, captivants.

La tragédie de Sam Pickles La tragédie de Fish Lamb

Les Pickles sont une famille à la dérive, qui a perdu pied depuis bien longtemps dans l'alcool et le jeu. Lorsque la série commence, Sam Pickles, déployé sur les mers à l'occasion de la Seconde Guerre Mondiale, perd tous les doigts de sa main droite (sa "bonne" main) dans un accident. Cette blessure écourte son effort de guerre mais le conforte dans sa vision du monde basée sur sa passion malsaine pour le jeu : il y a la chance d'un côté, et surtout, la malchance de l'autre, qu'il nomme "shifty shadow". Lorsqu'il revient au pays, sa femme Dolly, qui allie avec élégance l'ivrognerie à l'adultère, n'est pas exactement d'un grand réconfort. Seule leur fille Rose se montre d'un grand soutien et s'occupe de ses deux frères.
C'est le moment que choisit le frère de Sam pour décéder et leur laisser une maison dont ils ignoraient l'existance, au 1 Cloud Street, à Perth (sous réserve qu'elle ne soit pas vendue pendant 10 ans). La maison est immense et a visiblement connu des jours plus glorieux ; elle est restée inoccupée depuis que de tragiques évènements ont eu lieu entre ses murs. Et tandis que Sam mise tout l'argent de la famille aux courses, Dolly se trouve une occupation de pilier de bar, laissant Rose avec la responsabilité de la maison, des deux garçons... et même de ses parents, puisqu'elle doit plus souvent qu'à son tour soutenir moralement son père, ou physiquement sa mère lorsqu'il s'agit d'aller la récupérer au troquet du coin. Charmante famille que les Pickles, donc.

Comment l'argent leur coule entre les doigts, un pari aux courses et une bouteille de whisky à la fois, les Pickles décident de louer une moitié de leur maison à... quiconque voudra bien payer pour vivre dans cette laborieuse bicoque.
C'est là que les Lamb entrent en scène. Famille catholique fervente, et donc nombreuse, les Lamb sont avant tout des fermiers, une condition qui ne laisse qu'une place extrêmement limitée aux futilités ; en particulier, Oriel est une matriarche au sens pragmatique sans défaut, qui dirige sa petite tribu d'une main de maître, son époux Lester la suivant de bonne grâce dans toutes les décisions qu'il sait avisées.
Alors qu'ils pèchent près de la rivière, un soir, les Lamb vont être confrontés eux aussi à une tragédie qui va les changer : l'un de leurs fils, le jeune Fish, va se retrouver prisonnier d'un filet et se noyer. Littéralement et métaphoriquement ramené au rivage parmi les siens par une Oriel qui a décidé de ne pas laisser la mort entraîner son fils, et invoque le nom du Seigneur pour le sauver, Fish va pourtant revenir... différent. Fish est pendant un moment le miracle des Lamb, jusqu'à ce qu'ils découvrent combien il est diminué mentalement. La famille Lamb perd alors toute foi en Dieu, et quand la sécheresse vient à bout de leurs cultures, ils décident de quitter leur ferme et laisser le hasard décider de la direction à prendre. C'est ainsi qu'ils arrivent à Perth et découvrent cette maison sur Cloud Street où ils peuvent s'installer, et tout reprendre à zéro.

Cloudstreet-Home

Et quelle maison, en effet. La maison du numéro 1 était peut-être vide à l'arrivée des Pickles puis des Lamb, mais elle était habitée : par elle-même. Cette étrange demeure de bois et de métal, qui sembler craquer, grincer et jouer en permanence, respire. Parfois même, elle pleure. Elle abrite aussi un cruel passé qui la hante toujours, au propre comme au figuré.

Mais une maison, c'est aussi ce qu'on en fait.
Et les Lamb, sous la houlette d'Oriel qui ne laisse jamais perdre une seconde, s'organisent rapidement avec leur moitié de maison. Tandis que les Pickles boivent et parient l'argent du loyer que les Lamb leur versent, ces derniers montent leur propre affaire : une petite épicerie prospère ; au long de la série, Sam Pickles aura ainsi l'occasion de dire que les Lamb ont deux mois d'avance sur le loyer, puis... cinq ans d'avance.
Ainsi remise à flots, la maison progressivement devient un petit univers où les familles se croisent, se supportent, vivent leurs problème à la fois ensemble (comment faire autrement sous un même toit ?) et séparément (chaque famille conserve sa propre cuisine, par exemple ; seul le couloir et l'escalier sont partagés). Il faut parfois subir les bruyants Lamb qui se lèvent aux aurores et commencent à travailler, les accès de folie de Fish Lamb qui est le seul à sentir vivre la maison et à déceler les traces des tragédies passées, ou supporter les frasques alcoolisées de Dolly Pickles, ramassée tard chaque soir par sa fille dans un quelconque bar...

Rien d'extraordinaire n'arrive ni n'arrivera jamais aux Lamb et au Pickles, vous l'aurez compris. Ils ne vont pas devenir incroyablement riches, mettons, et leur maison ne va pas se retourner contre eux comme dans un mauvais thriller fantastique. Cette chronique n'est pas vouée à les porter vers un immense Destin, mais simplement à les accompagner, à tenter de mieux les comprendre, à essayer de mieux les aimer.
Les petites souffrances et les grandes déchirures, les enfants qui quittent la maison pour ne parfois jamais revenir, voilà de quoi sera faite la vie des habitants du 1 Cloud Street.

Cloudstreet-Oriel

A ce titre, je mets quiconque au défi de ne pas vouer un véritable culte à Oriel Lamb. Cette femme est une force de la nature. Son esprit pragmatique, qui l'a vraisemblablement gardée en vie si longtemps, s'étend désormais à toute sa famille, et même aux Pickles qu'avec le temps elle considère un peu comme les siens.
La plus incroyable et respectable qualité d'Oriel, qui là comme ça, de prime abord, peut paraître un peu dure, sèche et autoritaire, c'est que son premier réflexe, en toute situation, est de garder la tête froide, de remonter ses manches et de se dire "bon, qu'est-ce que je peux faire pour me rendre utile ?". Ou plutôt elle ne se le demande pas, elle répond d'elle-même à la question. Elle peut compter sur un mari qui reconnaît en elle ce don, et qui la suit aveuglément dans tout ce qu'elle entreprend ; elle dirige sa maison avec énergie, rabrouant ceux qui ne sont pas aussi durs à la tâche qu'elle, et s'assurant que tout le monde travaille au maximum de ses possibilités. Oriel est une force vive ! Elle est impressionnante en permanence, prenant toujours plus de choses en charge, sans jamais être déconnectée de ses émotions ou ses intuitions.
Plus d'une fois, des jurons d'admiration m'ont échappé devant ses réactions. C'est un personnage un peu rustre, que la vie a façonné comme ça, mais qui déborde d'énergie, d'amour et d'allant. On a tous besoin d'une Oriel sous son toit...

D'autres personnages, évidemment, sont touchants ; pour ne pas dire tous.
Fish Lamb, évidemment, avec son incroyable sensibilité, sa façon de porter un regard neuf sur le monde, et son obsession pour l'eau (depuis qu'Oriel l'en a tiré, il ne souhaite qu'y retourner), est attendrissant au possible. Rose Pickles, qui après avoir trop longtemps supporté le poids de sa famille en perdition, finit par prendre une certaine indépendance, est un personnage extrêmement captivant aussi. Et comment ne pas aimer l'âme d'artiste de Lester Lamb, avec son banjo, son harmonica et même sa marionnette de ventriloque, qui tire sa plus grande fierté de la certitude qu'il aura rendu sa famille heureuse ?
Chacun est touchant, vibrant. Terriblement vivant. Faire ou refaire des expériences de la vie à leur côté est une véritable aventure parce que la série est écrite de telle façon qu'il est impossible de ne pas avoir l'impression de vivre soi-même au 1 Cloud Street.

Mais Cloudstreet, outre sa maison vivante, est aussi une oeuvre gorgée de détails surnaturels, étranges, bizarres, inexplicables. Et qui restent inexpliqués.
Le monde fantastique, mystique, ésotérique de la série est fascinant de par le foisonnement de phénomènes qui s'y déroulent et qui, bien qu'étant repérés par les protagonistes, ne sont jamais décortiqués ou interrogés. Qu'ils viennent du hasard, de la chance, du Destin ou de Dieu, ne fait en réalité pas grande différence. Quelle que soit la façon dont on la nomme, cette main invisible qui vient placer des petits miracles dans la vie des Pickles et des Lamb est aussi une façon de questionner à la fois notre émerveillement et notre foi.
Un cochon qui parle, un perroquet qui chie des pièces de monnaie, un étrange homme doté du don d'ubiquité, ou encore les curieux voyages spacio-temporels de Fish Lamb, tout cela n'a pas d'explication. Ce sont "des miracles dont on n'a pas besoin", comme dirait Oriel Lamb (en haussant les épaules et en se remettant au boulot, probablement).
Mais on les prend quand même. Parce que ce n'est pas à nous de décider.

Cloudstreet est en effet une oeuvre pleine de spiritualité, au sens large. On n'y trouve aucune forme de prosélytisme, mais les personnages interrogent notre capacité à croire : aux signes qui sont supposés prédire la chance ou la malchance, aux oscillations d'un couteau qui choisit la direction à prendre, aux miracles et aux malédictions qui viennent nous prendre ou nous rendre les êtres chers.
Sans même parler des évènements parfois incongrus, ou de la foi perdue des Lamb, j'avais l'impression que cette spiritualité habitait la série de la façon la plus noble qui soit. Je ne crois pas en Dieu mais je me suis dit, sans exagérer, que ressentir l'amour de Dieu ça devait peut-être un peu ressembler au monde de Cloudstreet. C'est peut-être l'emballement et les incroyables émotions que suscite la mini-série qui me font dire une chose pareille, mais il m'a semblé que quelque chose de céleste présidait à de nombreux choix dans l'univers de ces quelques épisodes.

Cloudstreet-River

Cette spiritualité se ressent notamment grâce à l'exceptionnelle réalisation de la série, qui mérite un poème, que dis-je, une ode, à elle seule. C'est un véritable trésor, intuitif, émouvant, et surtout, furieusement beau.
Pour en apprécier pleinement chaque minute, il faut accepter de laisser derrière soit tout esprit cartésien, et se débarrasser des mauvaises habitudes qui sont souvent les nôtres, et à cause desquelles nous cherchons une "utilité" à chaque plan. Il faut prendre de la distance et accepter l'élégance artistique de certaines images, de certaines scènes, pour ce qu'elles sont : la construction d'un ensemble de repère sensoriels pour vous immerger dans le monde de Cloudstreet, et nous permettre de nous ouvrir à certaines émotions, pour mieux vivre aux côtés des personnages.
Si vous avez aimé des films tels que The Fall ou Big Fish, dont la poésie n'égalait que la brutalité (ou inversement), alors Cloudstreet va vous transporter. Je ne connais rien de pareil. En l'espace de 6 heures, vous allez avoir l'opportunité de redéfinir l'espace, le temps, vos sensations, vos sentiments, ainsi que tout ce que vous pensiez savoir sur la télévision australienne, poussée ici au sublime comme jamais avant.

On pourrait être tenté de dire que Cloudstreet est une oeuvre d'une telle perfection qu'il faudrait des séries comme ça tout le temps mais, tout-à-fait entre nous, notre coeur n'y survivrait pas. En tous cas, j'ai rarement rencontré une série qui me transmette autant de choses avec autant d'élégance et de puissance.
J'ai aussi rarement rencontré une série dont j'aie tant envie de dire de belles choses mais à laquelle il semble impossible de rendre correctement hommage.

Simplifiez-moi la vie : regardez Cloudstreet par vous-mêmes. C'est encore le meilleur moyen de vous faire comprendre mon adoration et ma timidité envers cette oeuvre incroyable.

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