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ladytelephagy

6 septembre 2012

Chère Mindy

Puisque vous savez que whisperintherain et votre serviteur ont décidé de regarder tous les pilotes de la saison, je ne vais pas vous mentir : on est un peu débordés, là. Avec NBC qui sort tous ses pilotes avant même leur diffusion, les pilotes australiens qui nous tombent toutes les semaines, et la Grande-Bretagne qui ne chôme pas, on est en train de prendre la mesure du défi, je vous l'avoue. Cela dit c'est hyper stimulant, et c'est aussi pourquoi la rentrée est toujours un moment fascinant !
Au programme aujourd'hui, le pilote de The Mindy Project, et naturellement vous trouverez au bas de ce post un lien pour aller jeter un oeil sur ce que whisper en dira le moment venu.

TheMindyProject

Chère Mindy,

Tu sais... au fait, je peux te tutoyer ? Je ne te connais pas, je n'ai regardé qu'un seul épisode de The Office de toute ma vie, mais j'ai l'impression qu'on est déjà de vieilles copines. Ça ne t'ennuie pas ? Bon.
Tu sais, disais-je, tu m'es sympathique, et le plus drôle c'est que j'ignore pourquoi. Peut-être parce que la progression de ta carrière me donne instanément confiance en toi, et qu'une comédienne qui a passé du temps à écrire me rend moins méfiante (quoique ; ne pas oublier que Whitney Cummings écrit aussi). Peut-être parce que depuis Neela Rasgotra, j'ai un léger faible pour les femmes typées indiennes. Ou tout simplement, je trouve que t'as une bonne tête. Une tête de fille à la fois rigolote et futée. Tina Fey en moins imbue d'elle-même. Voilà, ça doit être ça. Pour résumer, je t'ai à la bonne.

Evidemment, on n'a pas trop de centres d'intérêt communs. Bon, ça arrive. Personnellement, les comédies romantiques m'épuisent. Dés la première image. Leur côté narcissique, d'abord ("moi je veux ci, moi je mérite ça, qu'est-ce que je fais bien, qu'est-ce que je fais de travers, je suis jolie même quand je pleure, et ma robe, tu aimes ma robe ?"), et puis l'impression d'assister encore et toujours à la même chose. Mais je suis une grande cynique, c'est peut-être un peu ça aussi.
Je vais te le dire franchement, ça m'effraie même un peu. Parce que ton ex se marie (et que, bon, ok, tu as été arrêtée pour ivresse sur la voie publique et quelques autres menues infractions), tu décides brusquement de changer. De trouver "le bon", parce qu'à 31 ans, tu ne peux plus te comporter comme une ado attardée. De mettre de l'ordre dans ta vie un peu brouillonne pour la partager avec quelqu'un. Ça m'effraie parce que faire tout ça pour quelqu'un qui n'est pour le moment réduit qu'à un concept, ça me semble démesuré. Mais hey, après tout, ta raison n'est pas moins bonne qu'une autre ; un personnage qui tente de se changer sera toujours intéressant à suivre.

Mais justement, je crois que la raison pour laquelle je t'aime bien, dans le fond, c'est que tu es capable d'avoir ces préoccupations qui me sont totalement étrangères (se marier, avoir 6 enfants...) et de quand même me les rendre accessibles. Tu n'es pas une romantique ridicule qui rêve de jolis garçons en restant campée devant ses films des années 80 et en attendant le prince charmant. Tu es une femme à qui il manque juste un peu d'autonomie et d'assurance à mon goût, mais qui a une vie professionnelle, sociale, et surtout sexuelle bien remplies ; tu n'es pas dans la passivité, on ne te marche pas impunément sur les pieds, et tu n'as rien d'une ingénue naïve. Tu es juste une de ces personnes avec qui je n'ai pas grand'chose en commun, mais avec qui ça me plairait quand même de passer un peu de temps.

Et puis je sais pas... Je te dis : je ne te connais pas. Et pourtant j'ai l'impression que The Mindy Project, c'est tellement toi. Il y a quelque chose de sincère et d'honnête dans ton personnage, dans son rapport notamment aux personnages masculins, dans le vocabulaire qu'elle emploie, et même dans les vêtements qu'elle porte (ou ses coussins).
D'ordinaire, c'est toujours un peu casse-gueule, les comédiens qui se trouvent, ou pire, s'écrivent, un rôle sur mesure juste pour avoir une série à leur nom (Whitney Cummings ?), sans se fouler à inventer un personnage nouveau ; mais je sais pas, pour toi ça passe. Tu as quelque chose de frais quand même.

Peut-être parce que ton personnage est capable de prendre du recul. Peut-être parce qu'elle est capable de sous-entendre que les films romantiques qu'elle récite comme des psaumes ne sont pas toujours de bon conseil, ou qu'ils l'induisent en erreur. Mais surtout parce qu'elle vit quand même sa vie, qu'elle se tape un mec super mignon avec lequel elle n'a pas d'attaches, et qu'elle a du répondant. Oui, surtout ça.

Du coup, même en étant épouvantablement girly, même en ayant des préoccupations qui me dépassent, même en étant situé dans un univers qui pourrait confiner au stéréotype sexiste (la femme qui veut se marier et avoir des enfants... et qui est comme par hasard gynéco), ton Mindy Project, il n'est pas tout-à-fait universel, même si je ne doute pas un seul instant que bien des femmes célibataires s'y retrouveront, mais il ne me donne pas l'impression d'un club fermé au sein duquel je n'aurais pas ma place. Je peux y entrer, j'y suis bien accueillie, et j'ai envie de rester.

Alors chère Mindy, merci. Même en employant des clichés de romances qui en général m'insupportent, même avec un but dans l'existence qui m'est totalement étranger, tu m'as fait regarder un pilote de dramédie romantique le coeur léger. J'étais disposée à rire. Je l'ai fait de bon coeur une ou deux fois. J'ai aimé les scènes moins déjantées, aussi. Je l'aime bien, ton Mindy Project.
J'ai hâte qu'on devienne de bonnes copines. On ira boire un verre ensemble le vendredi soir ; je sais déjà que je te verrais les vendredis soirs, ça semble parfait. Surtout que je t'aime bien aussi quand tu es pompette.

Sérieux, Mindy, je sens que c'est le début d'une grande histoire. Peut-être pas celle que tu espérais mais, bon, c'est déjà ça, hein.

Bien à toi,

lady

Challenge20122013

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5 septembre 2012

L'âge de cristal

Kristallen

Hier soir se tenaient les Kristallen, les récompenses de la télévision suédoise. Ouais, un mardi, apparemment. 'Me demandez pas.

Comme chaque cérémonie de ce type, et à plus forte raison en pleine vague scandinave, c'est évidemment l'occasion pour nous de relever les noms des séries qui feront bientôt parler d'elles à l'étranger également (si ce n'est pas déjà le cas !). Mais ce peut aussi être l'occasion pour les téléphages les plus curieux de jeter un oeil aux autres séries suédoises, vous savez, celles qui, si elles ne bénéficient pas de la même exposition, n'en sont pas moins remarquables.
A noter qu'apparemment, les Kristallen ne récompensent que des objets télévisuels (séries, émissions, documentaires...) et pas les personnes, à l'exception de deux pris pour les nouveaux présentateurs (hommes et femmes séparément, donc).

Du coup, pour connaître le scénariste le plus aimé de Suède ou l'actrice la plus bluffante, il faudra le vérifier par vous-mêmes, mais vous n'aurez pas de réponse venant de Svenska tevepriset, la fondation qui réunit les différentes chaînes à l'origine de ce prix.

* Programme humoristique de l'année
Cette catégorie regroupe aussi bien les séries comiques que les programmes de divertissement.

Étaient nommés :
- Högklackat (sur SVT), une série à sketches de 8 épisodes d'une heure destinée à renverser les clichés sur les femmes.      
- Karatefylla (sur TV6), une comédie à sketches totalement absurde et loufoque dans le monde du travail.
- Kontoret (sur TV4), qui, comme les lecteurs de ce blog le savent bien, un spin-off de la série Solsidan ET une adaptation de The Office deux en un.
- Partaj (sur Kanal5) une émission humoristique à la Saturday Night Live.    
- Starke man (sur SVT), une comédie dans laquelle le maire de la ville élue "plus ennuyeuse de Suède" décide de reprendre sa bourgade en main.

C'est Partaj qui l'a emporté, alors que Kontoret partait bon favori.

Partaj

* Programme pour la jeunesse de l'année
Là encore, il n'était pas nécessaire d'être une fiction pour figurer au palmarès.

Étaient nommés :
- APTV med Zillah och Totte (sur TV4) un talk show présenté par un ventriloque et sa marionnette chimpanzé.     
- Blomma blad en miljard (sur UR), une comédie éducative où un superhéros utilise les maths. Juré.
- Gabba Gabba (sur SVT), une émission de sketches pour enfants  
- Labyrint (sur SVT), un jeu situé dans un univers fantastique
- Tjuvarnas jul (sur SVT), un Julkalender de Noël dernier

C'est l'immensément populaire série Tjuvarnas jul qui a reçu le prix hier.

TjuvarnasJul

On en vient enfin à la catégorie que vous attendez tous... Et je dois dire que je ne suis pas déçue, vous allez tout de suite comprendre !

* Série dramatique de l'année :
Outre les séries et mini-séries, les docudramas étaient également éligibles.

Étaient nommés :
30° i Februari (sur SVT), une série dramatique sur des Suédois qui s'expatrient en Thaïlande.
Bron/Broen (sur SVT), la fameuse série policière à mi-chemin avec le Danemark.
Extreme places with Björnulf (sur UR), un docudrama sur les voyages de Björnulf, un présentateur/aventurier qui s'interroge sur la géographie et la nature dans des endroits aussi civilisés que les déserts ou les volcans.
Hinsehäxan (sur SVT), un biopic diffusé sur la forme d'une mini-série sur une      
Wallander (sur TV4), les nouvelles aventures de l'un des enquêteurs les plus célèbres de la fiction scandinave.

Gloire, cent hourras, et lâcher de ballons pour la série 30° i Februari, à laquelle le prix a été décerné !

30grader

Je ne vous cache pas que j'ai une énorme envie de me refaire une intégrale de la série 30° i Februari (en plus, vu que je regarde en VOSTM, le second passage devrait me permettre de mieux comprendre certaines scènes), que je n'attendais qu'un prétexte pour me relancer là-dedans, donc attendez-vous d'ici quelques semaines à un bilan en bonne et due forme (j'ai quand même pas mal de pilotes à reviewer avant). Admettez que quand une série est considérée meilleure qu'un succès international comme Bron/Broen, ça rend curieux, non ? Même pas un peu ?
Mais mieux encore, si vous le voulez, je peux reviewer le pilote de Hinsehäxan que j'avais vu rapidement lors de sa diffusion, et on pourra en reparler, même si on l'a déjà brièvement évoqué dans ces colonnes. Un biopic dans les années 60, ça nous changera des thrillers et autres enquêtes ; une bonne façon de mettre à mal une fois de plus les clichés sur les fictions scandinaves ! Il suffit que vous me le demandiez !

Vous remarquerez aussi que parmi les oubliés de ce palmarès, Äkta Människor brille par son absence. C'est décidément difficile pour les séries de science-fiction de se faire remarquer lors de récompenses généralistes, quel que soit le pays...

4 septembre 2012

Moins douce que le miel

En découvrant Revenge, je m'étais promis de retenter le coup avec l'arrivée de l'été, une saison qui semblait bien plus propice, à bien des égards, pour apprécier ce thriller soapesque. Et j'avais raison, en fin de compte. Après avoir regardé, voilà 10 jours, le pilote pour la seconde fois, je me suis dit que plus vite c'était fait, plus vite c'était fini, et j'avais embrayé sur les épisodes suivants.
Revenge se situe dans cette étrange zone dans laquelle on classe les séries dont on ne peut décemment pas dire qu'on les aime, mais qu'on prend plaisir à suivre et qu'on ne déteste même pas vraiment. On est simplement conscient, en les suivant, qu'on pourrait passer notre temps à regarder quelque chose d'une qualité supérieure, soit sur le plan de l'écriture, soit de l'émotion, que les options pour le faire ne manquent pas, mais que, bon, voilà, maintenant qu'on a commencé, c'est quand même dommage d'arrêter.
Une zone un peu bâtarde qu'on ne peut même pas assimiler à du guilty pleasure (mais, ressentant très rarement de honte quel que soit le programme que je regarde, je ne suis toujours pas certaine de comprendre le concept de guilty pleasure, alors...) mais qu'on est physiquement incapable de qualifier de plaisir tout court...

En tous cas, toujours est-il que 10 jours plus tard, cette première saison est finie pour moi, et très franchement, je ne saurais toujours pas dire, arrivée à ce point, pourquoi je me suis tapé les 22 épisodes. Peut-être parce qu'une fois de temps en temps, je regarde des séries qui marchent plutôt que celles qui se font annuler comme des malpropres ? Qui peut dire. Mais en tous cas, l'heure est au bilan, et voici donc mon post sur cette première saison de Revenge, avec ses qualités, ses défauts, et ses défauts. Pardon si je me répète...

Revenge

Revenge est donc cette histoire classique de la personne seule contre tous qui cherche absolument à se venger des riches qui ont fichu sa vie en l'air (toujours des riches, forcément). Amanda Clarke n'avait en effet que 9 ans quand un soir, une unité anti-terroriste est intervenue dans la maison qu'elle partageait avec son père, arrêtant celui-ci avant de la confier aux services sociaux. Passée d'institution en institution, la petite fille grandit avec la conviction que son père est un terroriste ; elle ne le reverra plus. Devenue adulte, elle retourne sur les lieux du drame, les si huppés Hamptons. Son but ? Obtenir réparation de la famille qui a causé la perte de son père : les Grayson. Toute ressemblance avec la famille Gracen de Profit est évidemment fortuite. Ou bien ?
A partir des éléments que son père lui a laissés au moment de son émancipation, Amanda, devenue Emily Thorne, va donc lentement remonter la piste des Grayson, qui sont les véritables coupables ; leurs complices, un à un, vont tomber dans ses pièges successifs... mais ce n'est jamais assez.
Tant qu'elle n'aura pas été jusqu'au bout de son plan avec les Grayson, elle ne trouvera pas satisfaction. Et encore.

La saison va se dérouler en plusieurs étapes. La première sera de rayer un à un les pions "intermédiaires", ceux qui ont été utilisés, manipulés ou parfois même menacés par les Grayson, afin de faire porter la responsabilité de leurs actes à David Clarke, le père d'Amanda, puis de le faire disparaître. Cette séquence éliminatoire prend une poignée d'épisodes ; c'est un peu répétitif mais fort utile pour commencer à rassembler les pièces du puzzle. Car en effet, si Emily semble au courant de toute l'affaire, ce n'est pas du tout le cas des spectateurs, qui sont condamnés à apprendre de façon épisodique ce qui s'est réellement passé en 1991, quand les Grayson ont blanchi l'argent d'un groupe terroriste avant de faire porter le chapeau à Clarke ; pour couvrir cette couverture, il leur a ensuite fallu continuer à intriguer, aggravant leur cas.
Une fois les premiers éléments posés, et les personnages mineurs mis sur la touche afin à la fois de prouver le brio d'Emily et nous servir d'introduction à la mythologie de la série, Revenge se calme progressivement dans son trip auto-assumé Dix petits nègres, pour se recentrer sur la famille Grayson. On passe alors dans une autre phase, plus longue, pendant laquelle Emily semble s'infiltrer avec aisance dans la riche famille Grayson. Cela passe apparemment par une riche idée : faire en sorte que le fils aîné des Grayson tombe sous son charme, se fiancer à lui et...
Le problème majeur de Revenge, c'est justement ça : cette vengeance en cheval de Troie. Emily va passer le plus clair de son temps à avoir le regard haineux et à clamer à qui veut l'entendre (ou plutôt au seul habilité à l'entendre, son "ami" Nolan) que telle un Cylon, elle a un plan, et qu'elle finira par les avoir. Par se venger. Par obtenir un semblant de justice pour son père.
Mais quel est ce plan ? Aucune idée. C'est d'ailleurs ce qui fait la différence entre un vrai thriller et un simple soap : ce dernier se réserve la possibilité d'inventer un retournement de situation à la dernière minute, même extravagant, pourvu de prolonger un peu les choses au besoin. Il est clair que les scénaristes n'ont qu'une vague idée de l'objectif qui est celui d'Emily... Pourquoi veut-elle épouser le fils de la famille Grayson, par exemple ? C'est un axe central de la saison et pourtant on comprend mal en quoi cela lui permettra de se venger des Grayson mieux qu'elle ne l'a fait avec les autres gêneurs sur son passage. En fait le plan semble passablement ridicule : Emily/Amanda a le choix entre, disons, tuer l'un, l'autre ou les deux enfants de la famille Grayson d'une part, ou d'autre part coucher avec leur fils, risquer d'en tomber amoureuse, se coletiner la vie de famille de cette dynastie suspicieuse, pour... euh...? Pour arriver à quoi, en fin de compte ? Je suis bien incapable de le dire et j'ai vu toute la saison ! Les ressources qu'elle déploie, autant sur le plan de la manipulation, de la recherche que de la surveillance technique, lui sont à première vue bien plus utiles que se marier avec l'héritier de la famille ; ce n'est pas la meilleure façon d'obtenir des informations, comme son équipe avec Nolan le prouvera en de nombreuses reprises.
Sans ce manque de vue à long terme, Revenge pourrait aisément faire pardonner les axes les plus soapesques de son intrigue, comme les relations amoureuses de certains personnages secondaires, par exemple. Mais l'équilibre n'est pas préservé pendant ce tronçon longuet pendant lequel Emily semble piétiner sans raison.

L'avant-dernière partie de la série est pire encore. En introduisant un acte totalement parasite (la mort d'un des personnages secondaires qui n'avait pas vocation à faire partie de la mythologie centrale), la série décide de s'empêtrer dans une intrigue qui, pour le coup, ne pourrait pas hériter plus de la tradition des soaps. Qui est le meurtrier ? Est-ce le vrai meurtrier qui va être puni par la Justice ? Pourquoi donc en passer par là ? Eh bien probablement parce qu'à l'issue de la commande initiale, l'équipe de Revenge a reçu confirmation que des épisodes supplémentaires avaient été commandés, et que ce n'était absolument pas prévu. Alors forcément, on colle un patchwork d'intrigues histoire de gagner du temps jusqu'au final.

C'est dans cette dernière ligne droite que Revenge réussit réellement sa mission. D'abord avec ce qui reste probablement l'un des meillers épisodes de la saison, avec l'orchestration brillante de plusieurs flashbacks. Ensuite parce qu'enfin, plusieurs pièces placées depuis le tout début de la saison, et que c'est précisément ce qu'on attendait. Mais tous les éléments ne sont pas clairs, et certainement pas tous résolus parce que, eh bien, on va encore gagner du temps jusqu'à la saison 2. Fort heureusement, les pistes lancées pour cette seconde saison ne sont pas forcément décevantes, et permettront probablement d'éviter tout risque de répétition. Vu ce qu'on sait des scénaristes, c'est rassurant de savoir qu'au moins, on n'aura pas à tourner en rond, quand bien même cette fichue vengeance ne devrait pas s'accomplir avant une décennie.

Puisque son scénario n'est pas exactement d'une originalité à toute épreuve, que ses détours tordus sont plus souvent des prétextes que la preuve d'une intention claire sur le long terme, et que la mythologie, bien que complexe, ait tendance à pouvoir être artificiellement complexifiée au besoin, l'un des atouts dont Revenge avait besoin, c'est d'un cast solide.
De ce côté-là, il y en a vraiment pour tous les goûts. Emily VanCamp, pour commencer, démarre la saison en bien mauvais état ; peu convaincante lorsqu'il s'agit d'être venimeuse, elle a également tendance à répéter toujours les mêmes expressions lorsqu'elle complote dans le dos des Grayson. Cela s'arrangera fort heureusement en cours de saison, mais il manque tout de même quelques grammes de charisme dans son cocktail d'élégance, de finesse et de duplicité, qui feraient d'elle une héroïne comparable à d'autres grandes figures de la télévision. Jamais vraiment capable de décoller, et d'une scolarité insupportable lorsqu'il s'agit de lire un monologue sur un prompteur pour fournir l'abondante voix-off des épisodes, Emily VanCamp manque d'envergure. Ce n'est absolument pas le cas, en revanche, de sa némésis Victoria Grayson, qui a une aura de folie. On peut ricaner devant son visage refait, mais Madeleine Stowe sait donner le change, même avec une bouche passée au hâchoir. Au point même qu'elle est capable de donner le change quand ça ne sert à rien du tout. Battements de cils courroucés, pincement méprisant des lèvres, et petit sursaut des pommettes plein de fauceté, sont au programme au permanence même quand il n'y a rien à dire. Fort heureusement, Victoria Grayson est l'un des deux personnages les mieux écrits de la série ; elle a notamment droit aux seules séquences d'émotion réellement touchantes ; son drame personnel, c'est d'être tombée amoureuse de David Clarke alors qu'elle était mariée à Conrad Grayson, un homme prêt à tout pour sauver sa famille, son nom et son patrimoine. Peut-être que si elle avait quitté son mari plus tôt, on n'en serait jamais arrivés là, mais on ne le saura jamais parce que Victoria Grayson, que voulez-vous, tient aussi quand même à son standing. Et c'est un personnage rongé par le remords, mais aussi une femme qui pleure encore l'amour véritable dans sa vie, que nous offre Stowe. Ca me ferait un peu mal d'estimer qu'elle mérite une nomination aux Emmys, cela dit, et je crois que j'ai encore du mal à avaler que dans quelques jours, elle puisse prétendre au titre, mais enfin, elle a du mérite.
Quel est donc l'autre personnage génial de Revenge ? Mesdames et Messieurs, sous vos yeux ébahis : Nolan Ross. Plus âgé qu'Emily, il devient à la fois une sorte de voix de la raison, son geek de service (il en faut toujours un maintenant, c'est la loi, vous savez bien), et son animal de compagnie. Incarné par un Gabriel Mann qui sait apporter énormément de nuance à un personnage qui aurait pu jouer sempiternellement les faire-valoir, Nolan va dévoiler une grande vulnérabilité, un sens génial de la formule et de l'humour en général (je ris encore en pensant au "Revengenda" !), et va également démontrer un attachement et une loyauté sans limite envers Emily qui va mettre environ 20 épisodes avant de lui rendre la pareille. Hélas pour Gabriel Mann, il n'a pas la bouche pulpeuse de Madeleine Stowe, et il n'est nommé nulle part cette année.
Mention également honorable à la petite Emily Alyn Lind qui incarne une jeune Amanda très réussie et pour qui on signerait volontiers pour un épisode entier à ses côtés, si seulement les lois sur le travail des enfants le permettaient.
Et puis, il y a les mentions déplorables pour contrebalancer ce tableau d'honneur. Et il faut bien avouer que le cast de Revenge regorge de personnages qui n'ont pas hérité des meilleurs acteurs, à moins que ce ne soient l'inverse. Ca n'aide pas à se débarrasser du désagréable goût de trop peu de la série, et amplifie au contraire l'effet soap au rabais (ajoutez à cela les décors bling bling ; les effets spéciaux, heureusement progressivement abandonnés, pas très fins ; et l'abondance de soirées de l'ambassadeur, et vous touchez le jackpot). Ashley Madekwe, Josh Bowman et Nick Wechsler comptent parmi les très, très mauvais élèves de la classe. Certes leur rôle est ingrat, m'enfin faut ptet pas tout mettre sur le dos des scénarios, hein.

Alors du coup, à l'arrivée comme au départ, Revenge n'est pas une grande série. Il n'y a pas eu de véritable effort pour dépasser les apparences convenues, faciles, et un peu cheap, de son pilote. Elle se prend sans doute un peu trop au sérieux pour y parvenir, aussi. J'avais l'impression de pouvoir suivre le cheminement de pensée des scénaristes, et de ne pas avoir l'impression qu'ils s'éclataient. Pourtant, y a-t-il plus jouissif qu'une série sur la vengeance ? Plus libérateur ? Plus décomplexé ?
Revenge a une énorme marge de progression si elle veut entrer dans le panthéon des séries qui méritent vraiment leur succès. Il y a pire dans la vie que de devoir le vérifier en regardant la deuxième saison de Revenge, mais je ne pense pas le faire sur des semaines et des semaines, j'aurais vraiment l'impression de polluer mon emploi du temps téléphagique avec une série peu signifiante. On se donne donc rendez-vous l'été prochain pour le retour de la vengeance.

3 septembre 2012

Fol espoir

"La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent".
Une définition qui ressemble un peu à un season premiere de Doctor Who depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat).

Ce n'est pourtant que la deuxième saison de Doctor Who que je suis en direct du Royaume-Uni, puisque j'ai découvert la série en novembre 2010 (et que je me suis fait les 5 premières saisons en un mois). Mais déjà, la saison 5 était une grosse déception. A un tel point que j'avais hésité à reprendre la série au moment de la saison 6. Pourquoi ne pas préférer de m'en tenir là ? Ce n'était plus la série qui m'avait rivée à mon écran pendant un mois, alors pourquoi revenir ?
Je vais vous dire ce qui m'a fait revenir : l'expérience collective de Doctor Who. Ou, en des termes moins choisis : la pression sociale. D'abord parce que lorsque j'avais découvert la série (avec du retard, donc), j'avais aussi eu l'occasion de découvrir que les Whovians sont des téléphages très impliqués, comme souvent quand il s'agit de série de science-fiction, mais que voulez-vous, on n'a plus beaucoup de séries de science-fiction. Beaucoup d'entre eux avaient accompagné mes visionnages, soutenue alors que dans les premiers épisodes, je traînais la patte, et encouragée à continuer, ou apporté des éléments pour me donner des points d'horizon. Et forcément, ça galvanise. Mais il y avait aussi le fait que pour la première fois, j'avais l'opportunité de suivre les nouveaux épisodes de Doctor Who au même rythme qu'eux, lisant leurs reviews, échangeant sur Twitter des impressions, et c'était une sorte de cercle vertueux. Je voulais vivre ça parce que, eh bien, je ne le vis pas pour tant de séries que ça.
Entre les deux morceaux de saison 6, même réaction. Et par un étrange phénomène, j'étais d'autant plus découragée par la qualité de la série (qui me semblait manquer dramatiquement de coeur et faire pas mal d'esbroufe) que j'étais enthousiasmée à l'idée de partager ce rythme de visionnages avec les fans de la série. Même négative envers Eleven (et Moffat), j'avais envie de faire partie de ce phénomène parce que quand je m'enthousiasme pour House of Lies ou Cloudstreet, bah, je me sens parfois un peu seule. A l'époque de la social TV, c'est tout de même un peu triste...
Mais là, depuis des mois, je voyais ma timeline inondée quotidiennement de promotions plus ou moins voilées : une déclaration de Moffat ici, une confidence de départ de Karen Gillan ici, le lendemain une photo de tournage, le surlendemain des posters ou je sais pas quoi... je n'en pouvais plus. Or, quand on a fourni un season finale aussi pourri que celui de la saison 6 de Doctor Who, on ne se fait pas trop remarquer et on arrête de faire le malin. Au contraire, on se fait tout petit, on révise ses classiques, et on réapprend ce que c'est que l'émotion. Mais au contraire, tous les jours, du Doctor Who. Là, je m'étais juré que j'en avais fini avec cette série. Nan mais quand même, faut pas pousser, quoi. On a sa dignité.
Et les videos "Pond Life" ? Même pas en rêve que j'allais y toucher. De toute façon, c'est même pas canon. Pis ya rien qui m'énerve plus que ce genre de techniques qui consiste à diffuser des videos sur un autre media, non pour élargir l'histoire, mais simplement pour faire office de teaser. Je vous préviens, je regarderai pas "Pond Life" ! Même pas en rêve ! Et faudra me demander très gentillement pour le mettre devant le season premiere de la saison 7 ! Nan mais !

Voilà donc j'ai regardé Asylum of the Daleks, hein, bon, ça arrive, je pensais lancer le huitième Sullivan & Son, mon doigt a rippé, l'accident bête, ça peut arriver à tout le monde.
Donc, verdict. Avec quelques spoilers probablement, si vous n'avez pas vu l'épisode considérez-vous prévenu.
Eh bah verdict, il y a de l'espoir. Pour la première fois depuis... possiblement depuis le départ de Ten, peut-être même celui de Nine... j'ai trouvé que Doctor Who était capable de mettre le doigt sur quelque chose de sincère.

Oswin

Ce qui me manque terriblement dans Doctor Who depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat), c'est l'impression de souffrance. Je trouvais que Nine (et, dans une moindre mesure, Ten) avait cette immense force d'être très fragile.
Ce Docteur avait un côté un peu cyclothymique, avec des pics d'exaltation quasi-hystérique, et des affres de désolation, et je trouvais que ça donnait une profondeur et une complexité bienvenues à un personnage qui sans cela, aurait plus ou moins viré au demi-Dieu. Puisqu'il peut voyager dans l'espace et le temps, puisqu'il ne ressent bien souvent même pas la peur devant le danger, il faut bien qu'il y ait des choses sur lesquelles le Docteur n'ait pas de contrôle, et il me semblait qu'être victime de ses émotions était une façon très touchante de montrer que le Docteur a sans doute des tas de bons côtés, fait un très divertissant compagnon de voyages, mais ce n'est pas non plus une partie de rigolade tous les jours pour lui. Que le sens du danger et de l'aventure est une chose, mais que buter contre ses propres remords est autrement plus enrichissant. Que c'est ce qui fait la différence entre une série avec des rebondissements et des effets spéciaux, et une solide série de science-fiction. En interrogeant la nature du Docteur, par exemple au travers de sa capacité à haïr les Daleks (c'était le cas de l'épisode Dalek, justement) alors que le reste du temps, c'est un personnage tellement ouvert, curieux et désireux d'aller de l'avant, c'était infiniment plus enrichissant que de se faire retourner la tête avec des intrigues tordues. A l'inverse, on était aussi capable de lui découvrir des sentiments d'une pureté rare (on a pu le voir avec Rose) et c'était là encore bien plus exaltant de voir toutes les nuances de ce Docteur-là, que de le placer face à des périls invraisemblables. La régularité avec laquelle nous avons eu l'opportunité d'explorer les abîmes sombres de l'âme du Docteur comme leur versant a varié au cours des saisons de Nine et Ten, mais elle faisait la véritable richesse de Doctor Who de mon point de vue (le point de vue de quelqu'un qui préfère le drama et qui a toujours considéré que la science-fiction ne devait jamais être autre chose qu'une métaphore de l'humain).

Mais depuis l'arrivée d'Eleven (et Moffat), la proportion s'est inversée. Déjà parce que les sentiments sont devenus l'exclusivité des Companions Amy et Rory. En investissant le terrain de l'émotionnel, ils ont par effet de contraste réduit le Docteur à un clown ; obligé de servir d'ambigu faire-valoir à leur relation amoureuse ou d'arbitrer leurs disputes, il ne revêtait plus aucun intérêt dramatique par lui-même. Et quand c'était le cas, c'était toujours à travers des faux-semblants. Ainsi, là où l'intrigue de Demon's Run aurait dû marquer un tournant et une prise de conscience, nous avons eu droit à un bête artefact scénaristique qui n'a connu aucune sorte d'impact sur la personnalité du Docteur. Sa rencontre avec River, qui aurait dû le marquer (elle avait après tout un aspect incroyablement tragique, à plus forte raison parce qu'il savait comment cette histoire allait se finir dés qu'il l'a rencontrée) profondément au moins sur le plan amoureux, n'a pas eu beaucoup de conséquences non plus. Pire encore, cette intrigue s'est conclue grâce à quelque galipette du scénario. C'est formidable d'être capable d'écrire des retournements de situation surprenants et relativement imprévisibles ; mais que servent-ils vraiment sur un plan dramatique ?
Tout le paradoxe de Doctor Who depuis Eleven (et Moffat), c'est qu'on a des scènes parfois plus dures, des "méchants" parfois plus effrayants, des intrigues parfois plus complexes ou en tous cas plus tordues, qui tendent à laisser penser que la série est destinée à un public plus âgé, mais qu'en même temps celui-ci est découragé par la façon dont les intrigues ne portent jamais aucune conséquence pour le Docteur, comme dans la majorité des séries pour la jeunesse. Le Docteur est parvenu à ce stade de demi-Dieu que je redoutais tant, et même quand le scénario tente d'adresser ce problème, il est balayé de la main comme le prouve l'après Demon's Run. Inutile de dire que là où le final de la saison 6 aurait dû me laisser de l'espoir, il m'a inquiétée.

Mais pour toutes ces raisons, je ne détestais pas Amy et Rory. En fait c'est impossible puisqu'ils sont les seuls personnages récurrents de la série à bénéficier d'approfondissements, d'intrigues suivies et d'une dramatisation réelle. Le Docteur n'est à côté d'eux plus qu'un gimmick, un déclencheur. C'est lui leur Companion ! Je dois dire que j'étais un peu anxieuse à l'idée qu'un nouveau Companion fasse son apparition, selon le bon adage "on sait ce qu'on quitte, on ne sait pas vers quoi on va".
Mais Asylum of the Daleks m'a rassurée. Si Oswin est amenée à revenir (au moment du Christmas Special, apparemment), alors je peux encore espérer en une réconciliation. Tout simplement parce qu'Oswin a immédiatement été introduite de façon à prendre la pleine mesure de sa dramatisation, mais que celle-ci met en lumière quelque chose de dramatique chez le Docteur également, à travers sa haine pour les Daleks mais aussi quelque chose que nous lui connaissons bien : sa grande loyauté. Oswin est un personnage qui nous arrive brisé, et qui le réalise grâce au Docteur qui n'a plus qu'à ravaler sa haine féroce envers les Daleks pour prendre en considération ce cas pas comme les autres. Oswin aurait pu être un Cyberman : nous savons que c'est une race de l'univers de Doctor Who bien plus encline à transformer les êtres humains pour les assimiler ; mais un Cyberman n'est pas aussi farouchement haï par le Docteur qu'un Dalek, jamais. Et devant cet épisode d'une émotion rare (surtout récemment) pour la série, j'ai aussi réalisé que non seulement nous allions avoir affaire à un nouveau Companion très sombre, bien qu'une d'une pétillance à toute épreuve, mais nous allions aussi, enfin, réapprivoiser les ténèbres du Time Lord, et je dois bien l'admettre, ça, ça me fait très envie.
Oh, on n'y est pas encore. Car il y a, avant le Christmas Special, bien des épisodes en quasi stand-alone, des dinosaures et des Weeping Angels en chemin. Mais pour la première fois depuis novembre 2010, je ne regarde pas Doctor Who parce que j'ai envie de m'y plaire, mais parce que je suis sincèrement intriguée et curieuse. Ca fait un choc quand ça se produit. Mais je suis ravie d'avoir trouvé là une chance de me rabibocher avec la série...

PS : n'hésitez pas à lire cet article particulièrement intéressant sur les bienfaits de la VOD bien ordonnée en Australie ce weekend. C'est Doctor Who-related mais pas seulement.

2 septembre 2012

[DL] Golden Girls

Eh bien vous voyez, j'étais totalement passée à côté de la date de lancement de Golden Girls, l'adaptation néerlandaise des Craquantes.
La dernière fois que j'avais regardé, courant août, je jure qu'il n'y avait aucune date de fixée, et voilà que je découvre aujourd'hui en allant chercher le pilote de House Husbands (oui, j'ai quelques jours de retard dans l'update du Pilot Watch, mais pour ma défense, si vous me suiviez sur Twitter vous auriez su que ça commençait aujourd'hui en remplacement de Howzat!) qu'il y a déjà deux épisodes au moins qui ont été diffusés par RTL4. Bon, clairement, j'ai une marge de progression sur le suivi des grilles néerlandaises.

Alors du coup, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller jeter un oeil à ce remake, histoire de voir si les Pays-Bas avaient trouvé une solution aux problèmes qui s'étaient posés à l'Espagne au moment de Las Chicas de Oro.
Je veux pas vous spoiler, mais la réponse est non. Bon, d'un autre côté, j'aurais pu m'en douter dés que j'ai vu paraître les premières photos de promo ; jugez plutôt.

GoldenGirlsNLPardon pour vos yeux.

L'insistance de la plupart des remakes de cette série à vouloir absolument avoir l'air de dater des années 80 m'est, pour tout dire, impossible à comprendre. Le charme des Craquantes, ne semble-t-il, n'avait aucun rapport avec l'époque, mais plus avec l'excellent cast d'une part, et surtout, le ton parfaitement trouvé. Les Craquantes n'était pas un sitcom idiot et bêtifiant, mais au contraire une comédie acidulée sur le troisième âge qui parvenait à saisir ce qu'on imagine être la réalité de cette période de la vie, mais sans pesanteur, avec des intrigues généralement légères mais jamais clownesques, et des dialogues toujours très fins et capables de mettre en relief des personnages qui dépassaient la caricature dans laquelle il était possible de les enfermer. De tous les sitcoms américains à succès qu'on peut envisager d'adapter, c'est certainement l'un des plus casse-gueule, d'ailleurs, je pense. Parce que la série originale reposait une équilibre subtil, et que la subtilité est rarement la caractéristique principale d'un remake.
Alors, vouloir absolument se réfugier derrière les couleurs flashys, les perruques improbables, les robes à fleurs et les montures de lunettes énormes, je ne comprends simplement pas le concept. Pour moi, c'est comme si les adaptations transformaient en gimmick un élément qui n'a rien à voir avec ce qui permet d'identifier la série, mais qui identifie surtout son époque de naissance. Or l'intérêt de produire, en 2012, un remake des Craquantes, a plus à voir à mon sens avec les personnages eux-mêmes, que faire revivre artificiellement les années 80 aux spectateurs. A plus forte raison parce que si on vient pour la séquence nostalgie, les rediffs des Craquantes font très bien l'affaire, et un remake n'égalera jamais ce résultat.

Du coup, vous pouvez en juger par vous-mêmes, le générique de Golden Girls est sidérant, parce qu'il met à côté sur tous les tableaux.

GoldenGirls
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Mais je crois que le plus pénible n'est pas de voir la série originale singée et réduite à l'état de caricature d'elle-même. Pire même que l'impression que Mrs Doubtfire s'est invitée dans la série : le mensonge éhonté.
Le générique de Golden Girls nous propose en effet de suivre nos quatre vieilles dames dans différentes aventures, sur une jetée ou faisant du shopping, au casino ou en balade en vélo... bref, dans tout un tas de décors "naturels". Or, Golden Girls, comme son aînée Les Craquantes, est intégralement tournée en studio. Le pilote néerlandais reprend d'ailleurs le scénario du pilote original scène par scène, c'est-à-dire avec une cérémonie de mariage qui a lieu dans le salon de la maison qu'elles se partagent. C'est vous dire à quel point les vélos sont loin, si même pour un mariage, on utilise le décor de la colocation, quand même !
Le générique fait donc espérer quelque chose de nouveau (et après tout, on pourrait imaginer que tout en reprenant les personnages et les intrigues, on décide de faire cette adaptation en single camera, ce ne serait pas une si mauvaise idée) quand il n'y a pas plus littéral que Golden Girls. Je sais pas si c'est parce que je me suis fait une intégrale des Craquantes il y a deux ans et que je suis restée attachée à la série, mais je trouve ça encore pire que tout.

J'ai peine à croire que Golden Girls rencontre le succès, de la même façon que Las Chicas de Oro s'était progressivement rétamée. Mais l'avenir nous le dira.

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1 septembre 2012

Liens du sans

Ca y est, c'est le mois de septembre, et c'est officiellement le moment pour des centaines de séries de démarrer. Peut-être pas des centaines, admettons. Mais c'est donc le mois pendant lequel notre défi va s'intensifier. whisperintherain et moi-même avons en effet décidé de regarder et reviewer absolument chaque pilote de série de la saison, et c'est aujourd'hui le tour de Ben & Kate.
Evidemment, en lien à la fin du post, je mettrai la review de whisper dans un joli petit lien sur lequel vous pourrez cliquer sitôt qu'il l'aura postée, et ainsi comparer nos deux avis.

BenandKate

Beaucoup de comédies nous emmènent sur le terrain de la famille, cette année, semble-t-il. Il fallait s'y attendre : c'est l'effet Modern Family. Les bandes de copains et les situations professionnelles existent toujours, évidemment, mais on sent bien que par un prompt renfort, cette année, des familles plus ou moins marrantes nous envahissent. Après The New Normal qui voulait absolument nous imposer un cadre familial pas-courant-mais-en-fait-c'est-la-norme, et avant Guys with Kids qui tentera de nous montrer une inversion des rôles traditionnels dans la famille, voilà donc Ben & Kate.
Je n'avais d'ailleurs aucun a priori sur la série pour la bonne raison qu'en-dehors de son titre, je n'avais absolument pas prêté attention à son existence. C'est ça qui arrive quand aucune chaîne de l'Utah ne fait de manières pour vous diffuser...

Ben & Kate, c'est l'histoire d'un frère et d'une soeur qui ont grandi ensemble mais ont des personnalités opposées : Ben est un grand gamin irresponsable et imprévisible, tandis que Kate a mûri très vite, est la mère d'une petite fille de 5 ans et conserve toujours la tête sur les épaules. A ce duo s'ajoute donc la fille de Kate, une adorable petite rouquine du nom de Maddie ; la collègue de Kate dans le bar où elle travaille, BJ ; et le meilleur pote de Ben, qui est amoureux de Kate (et pas secrètement du tout), Tommy.
Dans cette étrange petite tribu, il y a donc un noyau familial et des pièces rapportées. Le pilote ne fait pas mine d'essayer de nous expliquer que c'est un autre genre de famille (vous savez, la famille qu'on choisit), mais c'est quand même un peu l'idée générale, d'autant que le couple formé par Ben et Kate, s'il est naturellement totalement platonique, rappelle énormément la structure de nombreux couples de télévision, où le mari n'est pas très sérieux et la femme l'est pour deux.
On est donc dans une dynamique qui n'invente pas le fil à couper le beurre, et il faudra donc compter sur autre chose pour susciter l'attention dans ce premier épisode.

Malheureusement, le pilote de Ben & Kate ne commence pas de façon fulgurante. Il est même, osons les mots, franchement lent. L'exposition est assez convenue et manque de rythme, on passe énormément de temps à s'inquiéter de l'état de la vie sentimentale de Kate, qui n'a que très peu d'intérêt, et de ses petites névroses de célibataire, ce qui fait qu'on profite assez peu de ce que le pitch de départ peut offrir sur le plan de l'humour. Ce registre est d'ailleurs entièrement dévolu à Ben et son meilleur copain, avec une ou deux sorties du côté de BJ, ce qui limite franchement les promesses d'avenir. Chaque membre du couple est parfaitement dans son rôle, et Kate aura toutes les peines du monde, pendant cet épisode, à ne pas sembler totalement coincée, et donc à passer pour l'éteignoir de la série.
Des recettes classiques et sans prise de risque, qui font qu'on navigue dans les eaux tranquilles de la série pas bien méchante, mais qui a substitué la légèreté à la véritable comédie, faute de se trouver une énergie personnelle.

Il faudra attendre la toute fin de l'épisode pour que Ben & Kate s'éveille enfin, avec une séquence très touchante nous permettant, enfin, de ressentir le lien entre les deux protagonistes éponymes. C'était évidemment primordial de ne pas tenir pour acquis que ces deux-là étaient très proches, et vu leurs différences, il fallait absolument montrer ce qui les unit. Bon, ça aura pris du temps, mais vers la fin du pilote, c'est tellement palpable que je confesse en avoir eu l'oeil humide tant la scène était jolie comme tout. Classique, certes, mais vraiment capable d'atteindre son but.
Cette séquence émotion est suivie par une autre pleine de bonne humeur, qui officialise la petite tribu comme étant une petite famille composée, et rappelle à quel point chacun, s'il peut sembler seul ou pathétique pris à part, trouve vraiment avec les 4 autres un nid chaleureux. Cette partie fait chaud au coeur comme un épisode de Raising Hope.
Pour finir, le pilote s'achèvera sur un gag hyper facile, mais efficace en diable, afin de conclure sur une bonne note qui met de bonne humeur.

Alors au final, eh bien il s'avère que le bilan pour Ben & Kate est positif pour moi, tout simplement parce que j'ai pleuré et ri à quelques secondes d'intervalle sur la fin, et que, eh bien, devinez quoi : la dernière impression reste. Et puis, ils sont effectivement sympas ces personnages, même s'ils sont peu originaux, les acteurs principaux (Ben, Kate et Maddie) ont un vrai capital sympathie, ils fonctionnent bien ensemble, bref le trio est capable de s'installer dans votre salon l'air de rien, et pour une comédie familiale, c'est quand même vital.
Seulement, ce pilote manque aussi dramatiquement de folie. Je citais plus haut Raising Hope, mais Ben & Kate est bien loin de parvenir à susciter le rire avec autant d'énergie, et ne parlons même pas d'inventivité. Le personnage de Ben pourrait devenir plus barré, cela aiderait, mais il faut aussi décoincer le personnage de Kate qui a tendance à empêcher les scènes de vraiment être propices au lâchage. Même dans les dialogues où elle tente l'humour (comme dans l'église, par exemple), Kate ne parvient pas à être totalement drôle. Peut-être que finalement il faudra qu'elle soit juste un peu plus caricaturale pour réussir à nous faire rire.

Ce n'est pas assez barré. Mais le potentiel est là, et je serai ravie de passer encore un ou deux épisodes avec Ben, Kate, Maddie, BJ et Tommy, histoire de voir si les scénaristes se laissent aller à de véritables délires. D'ailleurs, s'ils ne le font pas, on se retrouvera vite avec des histoires un peu trop communes qui risquent de ramener toujours les mêmes clichés sur la table (le mec irresponsable et la fille qui répare les dégâts), et ça franchement, on a donné. Il n'y a donc pas 712 options.
Ben & Kate a une chance d'atteindre son objectif, donc ; avec un peu de travail, elle pourrait avoir beaucoup de charme, mais ce n'est pas encore gagné. Espérons qu'entre le pilote et le deuxième épisode, une prise de conscience se fasse, parce que j'ai aussi le sentiment que dans le cas contraire, on passerait à côté d'une sympathique aventure.

Challenge20122013

31 août 2012

C'est un bon chien, ça !

Avant ma coupure d'internet, vous vous rappelez sûrement que je vous avais entretenus d'une série néo-zélandaise, Hounds. C'est pas que la saison soit longue : 6 épisodes. Mais il s'avère que quand j'ai fini par rattraper mon retard, à l'issue duquel j'ai vraiment eu envie d'acquérir le DVD de la série, trois mois déjà s'étaient écoulés depuis mon premier post (et son lancement). Cependant, même en retard, ce qui fut dit, fut fait, et me voilà aujourd'hui devant vous pour chanter les louanges d'une dramédie vraiment pas comme les autres. Et avec, en guise de bonus, un nouveau test de site international pour vous procurer des séries étrangères, c'est cadeau.

A l'époque du pilote, j'avais pu vous dire combien le ton de Hounds n'était pas aux singeries, mais se situait plutôt dans un humour pince-sans-rire et à contretemps du plus bel effet. Cette impression est renforcée par mon visionnage de l'intégrale. Ce qui fait de Hounds une si grande réussite, c'est son goût à la fois de l'absurde, du grossier même, et pourtant, son sens de la subtilité. La série a choisi un contexte rustre, présente plusieurs personnages mal dégrossis, et pourtant, elle parvient à maintenir une certaine finesse. L'équilibre semble instable sur le papier mais les épisodes sont au final très réussis grâce à ce sens de la mesure.

Qui plus est, la série refuse d'aller là où on pourrait s'attendre. Quand, dans le pilote, Will est contraint de revenir dans la vie de sa demi-soeur, plus jeune que lui de près de 20 décennies, et qu'il n'a jamais rencontrée, on s'attend surtout à ce que les personnages se retrouvent confrontés à leurs différences. Avec, d'une part, Lily et l'entraîneur canin Marty, plongés dans l'univers des courses de chien, et de l'autre Will et sa petite amie Amber, un peu snobs. Mais pas du tout. Déjà parce que Will, même si au début il le fait à reculons, cherche vraiment à s'intégrer dans cet univers. On n'est pas dans une logique typique de tant de séries, où l'humour repose sur le fait qu'un personnage extérieur se retrouve plongé dans un monde qui lui semble absurde, fou, ou les deux, mais plutôt dans une série où Will accepte sans manières de devenir un peu absurde et fou.
La série va plusieurs fois, en l'espace d'à peine 6 épisodes, prendre des décisions étranges, sur lesquelles je ne m'avance pas, mais qui se traduisent aussi bien dans la vie sur le champs de course qu'au boulot de Will. Et comme Hounds n'est pas du tout prévisible sur le long terme (et assez peu sur le court terme), ça la rend délicieusement rafraîchissante, forcément.

Mais ce n'est pas tout, car très vite, on comprend que Hounds est aussi et avant tout une histoire de tendresse. Celle, naissante, entre Will et Lily, bien-sûr, à laquelle on pouvait évidemment s'attendre. Mais aussi l'affection que porte Lily à Lundy Dixon Watson, le chien de son défunt père, et à l'entraîneur Marty. Le clan se soude très vite autour de questions qui auraient pu faire débat, de façon à vite former un noeud de personnes qui ne se comprennent pas forcément, mais qui s'acclimatent très vite à la vie ensemble, et l'apprécient.
Lily, en particulier, va s'attacher à Will d'une façon qui a de quoi arraché des petits sourires émus au spectateur. Rappelons que le personnage est celui d'une adolescente plutôt futée (mais, on l'a dit, par irritante ni supérieure), sarcastique, et consciente de ne pas forcément baigner dans un monde où les adultes sont très sérieux. Mais sa rapidité à tenir pour acquise la présence de Will dans sa vie adoucit incroyablement le portrait, et permet de sortir des poncifs sur l'adolescente trop intelligente. Et puis, Lily n'est parfois qu'une jeune ado comme les autres, futée, oui, mais terriblement vulnérable, et capable de ressentir des déceptions, et ainsi, tout en restant la force motrice de bien des intrigues, elle présente une sensibilité qui la fait vraiment sortir du lot des personnages adolescents équivalents. Je n'ai aucune idée de l'âge de l'actrice (difficile de dire si Susana Tang a vraiment l'âge de Lily), mais je l'ai trouvée étonnante.

Mais cette tendresse dont je vous parlais ne s'arrête pas là. Hounds parle de courses de lévriers, et est décidée à en parler avec la plus grande douceur, et une complaisance touchante. Dans cette série, l'adjectif "populaire" n'est pas pris comme un terme péjoratif : les courses de lévriers sont, certes, le loisir d'une certaine catégorie de gens, pas forcément très raffinés, mais ils ont du coeur, non seulement parce qu'ils aiment ce qu'ils font, mais aussi parce qu'ils aiment leurs chiens, et enfin, qu'ils aiment les autres gens qui font comme eux et aiment leurs chiens comme eux.
Et la force de Hounds, au bout du compte, c'est d'apprendre à connaître cette communauté dans laquelle avoir son propre boc au bar du champs de course est un signe extérieur d'importance sociale, où se murger le soir pendant les courses est au moins aussi important qu'entraîner son clébard le reste de la semaine, et où on accueille à bras ouvert quiconque a l'esprit dans la même configuration. Ce n'est pas pour rien qu'on assiste moins souvent, dans la série, à des scènes au bar, qu'à des courses de chiens...
Voir Will ne pas s'opposer à tout cela, se laisser gentillement emporter, même s'il ne comprend pas tout, est vraiment l'oeuvre de cette première saison pleine de charme. Il apprend à aimer les us et coutumes du champs de course ; à parler avec ces gens au lieu de les regarder de haut parce que lui, môssieu, est avocat ; il s'ouvre à une nouvelle expérience qui n'avait rien de super prestigieux, et c'est une jolie aventure à observer.

Hounds-Promo

Mais n'allez pas croire que tout n'est que bons sentiments dans Hounds. En dépit de son caractère bon enfant, la série a aussi des passages plus sombres à proposer, et non des moindres ; c'est ce qui l'empêche de se qualifier comme comédie, quand bien même elle en utilise de nombreux ressorts. Qu'en l'espace de 6 épisodes, elle revienne à deux fois sur une question de décès, n'est par exemple pas innocent. Sans parler, à mesure que la série progresse, des questions financières qui commencent à être soulevées...
Hounds a aussi une part plus terre-à-terre, qui finalement colle bien à l'univers populaire qu'elle s'est choisi, et nous ramène à la réalité plusieurs fois. Une certaine réalité, bien-sûr, un peu farfelue, mais réalité quand même.

Et c'est avec cette sincérité étrange, que Hounds accomplit son charme. Ce n'est pas une série qui vous fait vous esclaffer de rire systématiquement (ça arrive, cela dit), il faut vous y préparer, mais c'est une série qui oscille énormément dans le ton qu'elle s'est choisi, et qui réussit quoi qu'il arrive à atteindre son but. Le second décès sera même extrêmement déchirant, ce qui est absolument ridicule quand on connaît la durée de la saison !
Hounds est comme ses chiens : improbables créatures filiformes qui semblent fragiles, mais qui ne demandent qu'à détaler et franchir la ligne d'arrivée avec brio. Ca a été pour moi une très jolie rencontre que cette série au ton particulier.

Comme toujours lorsque je commande à l'étranger sur des sites moins connus qu'Amazon, un petit détour par un magasin en ligne néo-zélandais, Mighty Ape. Bon, niveau navigation, déjà, il faut le dire, tout est limpide ; il y a un rayon séries bien pourvu en séries locales (on aperçoit au moment où je vous parle Outrageous Fortunes, Burying Brian et The Almighty Johnsons en accueil de la rubrique, ce qui nous change des sites qui mettent principalement en avant les séries US, une vraie plaie quand on fait son shopping international). Alors résultat, pour 28,99 dollars néo-zélandais (soit 18,52€), on peut acheter le DVD de Hounds sans complication. Bon, moi j'en ai profité pour acheter une intégrale d'une série canadienne que je ne connaissais pas dans la foulée (Show Me Yours, diffusée par Showcase voilà quelques années), eh bien le total m'est revenu à 58,98 dollars NZ, frais de port inclus, l'équivalent de 39,96€. Autant vous dire que pour trois saisons de séries pas super accessibles, ça valait le coup de mon point de vue.
Il me faut en plus ajouter que la livraison a été d'une rapidité à toute épreuve : la commande a été passée le 23 août au soir, le colis a été mis dans l'avion le 24, et le 31 le DVD était dans ma boîte aux lettres. Franchement, il est arrivé à Amazon France d'être incapable de faire aussi bien ! Donc Mighty Ape, je recommande pour vos envies de séries néo-zélandaises, vraiment. Dans une prochaine édition, je vous raconterai comment éviter un autre fournisseur néo-zélandais bien moins arrangeant. On en reparle quand viendra le moment du bilan de cette autre série.

Alors tout ça pour dire : vous pensez bien, l'expérience Hounds cet été a été couronnée de succès à tous les niveaux.

Et d'ailleurs, en parlant de succès, la production de la série espère actuellement qu'on lui commandera une saison 2 (et j'ai lu plusieurs articles encourageant la chaîne TV3 à aller dans ce sens, dans la presse en ligne néo-zélandaise), donc avec un peu de chance, on reparlera encore de Hounds !

30 août 2012

[#Ozmarathon] 5x06, redemption song

Alors, bon. Autant écrire sur l'épisode précédent était une balade dans un parc, autant l'épisode musical d'Oz, c'est une autre paire de manches. Mais ça faisait de nombreuses années que je voulais le voir, cet épisode (je l'avais systématiquement raté jusque là), alors entendu, défi relevé ; je vais faire mon possible pour lui trouver une review adaptée.
Que le spectacle commence !

Ozmarathon-5x06

Mais d'abord, je dois commencer par vous confesser que je m'attendais à un épisode bien différent. Je pensais que les numéros musicaux, sans forcément revêtir une autre forme (même si assister à un grand numéro de claquettes collectif dans la cour centrale d'EmCity aurait eu son charme !), allaient être plus nombreux. Au lieu de ça, l'épisode est relativement classique dans sa construction comme sa mise en scène, si l'on excepte quelques parenthèses narratives musicales.
Les protagonistes de l'épisode passent en effet, un à un, dans la cellule jusque là dévolue aux monologues d'Augustus Hill. Là, de la même façon qu'il pouvait errer philosophiquement ou politiquement, nos nouveaux narrateurs trouvent un espace clos, protégé, sans public, personnalisé, où ils peuvent exprimer leurs sentiments en musique, comme dans des apartés qui n'appartiendraient qu'à eux et nous.

Alors du coup, vous l'aurez peut-être deviné, mais Augustus Hill est justement absent de cet épisode. Suite à ses ennuis de santé, il a donc été envoyé à l'hôpital, et en son absence, non seulement la place de coryphée est occupée, mais au sein même de la prison, la question se pose de savoir comment il a réussi à prendre de la drogue et à se saborder physiquement, alors que pendant si longtemps, il avait été l'homme le plus rigoureux de tout Emerald City.
Non seulement McManus est sur le coup, mais Burr est également sur le coup.
Il y a plein de choses qu'on peut reprocher à Burr, mais certainement pas son attachement indéfectible à Augustus, dont on jurerait qu'il s'est convaincu être le père. Il s'est donc mis en tête de mener sa propre investigation dans la prison afin de savoir qui a vendu de la drogue à Hill, et dépêche Poet sur la question, sans savoir que ce dernier n'est pas clean (à bien des égards). Lancé sur la piste du responsable, Burr semble aveuglé par la vengeance, ce qui d'ailleurs inquiète McManus qui l'a autorisé à chercher le coupable (pratique de déléguer ce genre de tâche ingrate, McManus !) mais qui tient à régler les choses dans les règles, c'est-à-dire dans son bureau. Connaissant Burr, je ne suis pas certaine que ce soit une chose possible. La rage de Burr est visible, et, s'il finit par comprendre à qui on doit l'absence d'Augustus, ça pourrait bien tourner au carnage.

One way or another I'm gonna find ya
I'm gonna getcha getcha getcha getcha
One way or another I'm gonna win ya
I'm gonna getcha getcha getcha getcha
One way or another I'm gonna see ya
I'm gonna meetcha meetcha meetcha meetcha
One day, maybe next week
I'm gonna meetcha, I'm gonna meetcha, I'll meetcha

Libéré de ses doutes (et de l'isolement), Saïd a retrouvé le chemin de la raison. Il est même plus clairvoyant qu'il ne l'a jamais été.
Le voilà qui retourne à EmCity avec la ferme intention de se montrer plus ouvert, plus tolérant, et d'offrir à Omar une aide véritable et profonde, et pas de le traiter comme un homme qui lui doit tout pour se reconstruire. En rendant à Omar sa dignité et son indépendance, il permet ainsi à son protégé de trouver en lui-même la force insoupçonnée de refuser la drogue et de prendre du plaisir à être lui-même, au mieux de ses capacités.
En parallèle de la révélation qu'Omar a trouvé la clé de la geôle où la drogue l'enfermait, Kareem offrira (et c'est vraiment le terme tant la démarche déborde de générosité) à ses disciples un monologue ahurissant, comptant certainement parmi les plus puissantes réflexions sociales de la série, sur la servilité et la liberté. C'est le genre de raison pour laquelle Oz reste l'une des plus grandes séries de l'histoire de la télévision : le propos est intelligent, articulé, et parle de la communauté des afro-américains musulmans au sens bien plus large que la population de la prison. On touche au sublime. Désormais, on le voit aussi à travers cette envolée, Saïd est réellement un esprit libre, il a réellement brisé les chaînes idéologiques dont il n'avait cessé vouloir se délester depuis son arrivée ; et j'ai apprécié que pour une fois, les autres Musulmans accueillent son discours sans scepticisme, bien qu'étant, et ça se comprend, un peu pris de court.
A présent on peut réellement dire que Saïd est prêt à se dépasser lui-même, à transcender sa soif de pouvoir ou de supériorité morale, pour acquérir une véritable liberté intérieure, un parcours au long duquel nous l'avons laborieusement accompagné pendant des années...

All we have to do now
Is take these lies and make them true somehow
All we have to see
Is that I don't belong to you
And you don't belong to me
Freedom
You've gotta give for what you take
Freedom
You've gotta give for what you take

Ce qui couvait depuis plusieurs épisodes se produit enfin : la raison pour laquelle Alvarez s'était engagé auprès des chiens d'aveugle. Il veut en effet dresser Julie puis l'offrir à Rivera, afin d'essayer de se racheter, au moins un peu, du tort causé. On n'est à vrai dire pas surpris de cette démarche : les spectateurs ont pris l'habitude depuis longtemps maintenant de considérer Alvarez comme l'être le plus inoffensif de toute la série.
D'ailleurs, lorsque l'idée est soumise à Rivera et son épouse, leurs doutes nous paraissent presque déplacés : comment, Alvarez aurait d'autres intentions peu claires ? Il serait prêt à dresser le chien pour finir le travail commencé ? On peut évidemment comprendre que le traumatisme soit encore très présent, mais on a envie de leur dire qu'il n'y a pas plus doux qu'Alvarez ! La personne à qui ce prisonnier a causé le plus de tort, c'est quand même essentiellement lui-même, osons-le dire (sans vouloir minimiser le crevage d'yeux de Rivera, évidemment), donc ça reste assez obscur pour le spectateur. A plus forte raison parce que l'épisode n'ira pas tellement plus loin sur cette intrigue, préférant continuer à regarder Alvarez se donner à 200% pour dresser sa chienne et la protéger. D'ailleurs ça ne peut pas bien finir, on en est tous conscients.

Who let the dogs out (woof, woof, woof, woof)
Who let the dogs out (woof, woof, woof, woof)
Who let the dogs out (woof, woof, woof, woof)
Who let the dogs out (woof, woof, woof, woof)

Quand Beecher subit une fois de plus l'aggressivité du jeune étudiant qu'il avait pris sous son aile au nom d'une amitié passée avec sa famille, notre survivant de l'impossible décide que cette fois, trop c'est trop. La moralité c'est une chose, la fierté en est une autre. Il décide donc d'en finir avec les humiliations de celui qui devrait le remercier pour avoir (littéralement) sauvé ses miches.
Le pacte proposé par Schillinger dans l'épisode précédent ? Beecher va, de façon peut-être un peu précipitée par l'énervement, finalement l'accepter : il préfère effectivement avoir une chance d'approcher Keller que de continuer à protéger un petit con qui l'insulte et l'attaque (et en public, par-dessus le marché). L'énergie déployée par Beecher est terrifiante à observer. Il passe de scène en scène avec rapidité, s'assurant que tout va bien marcher. Tout ne peut que marcher. Il a accepté de faire confiance à Schillinger, accepté de lui livrer en pâture une victime qui va vivre le même Enfer que lui, accepté de s'asseoir sur ses principes, accepté l'inacceptable, pour pouvoir retrouver Keller, alors ça ne doit pas foirer. Le marché avec Schillinger est, avant d'être un accord passé avec son pire ennemi ou un pacte avec le Diable, un compromis vis-à-vis de sa propre moralité, et il en est sans doute un peu conscient : il fait les choses rapidement pour ne pas avoir le temps de changer d'avis, aussi.
Et pourtant, le plan ne va tout de même pas conduire au résultat prévu : Schillinger va bien avoir ce qu'il veut, mais pas Beecher. Et une fois n'est pas coutume, il ne s'agit pas d'une entourloupe mais d'un bête hasard.
La scène finale de l'épisode dans laquelle, retrouvant son ancien protégé qui vient de subir les pires outrages, Beecher est pris de pitié et s'approche de lui pour lui venir en aide, nous montre un Beecher qui a accepté la compromission. Qui ne ressent pas, ou pas pour le moment, de remords, et qui a sans doute accepté tout cela comme étant le compromis que chacun doit faire : troquer un peu de son idéal afin de grapiller quelques miettes de bonheur. Et à chacun de faire son expérience à Oswald pour apprendre sa leçon.

So meet me in the middle
Well come on let's make up a dance
And we'll agree to call it the compromise
It's no sense in complaining
If it doesn't change our minds
Well take me by the hand let's compromise

Mais dans cet épisode totalement improbable et bigarré, les plus tristes secrets sont ceux que l'on murmure en plein jour, au beau milieu d'une salle d'audience, au creux de l'oreille d'une chaussette.

It's oh so quiet
It'a oh so still
You're all alone
And so peaceful until...

29 août 2012

[#Ozmarathon] 5x05, boys don't cry

Après une longue pause (près de 3 mois), notre "EmCrew" est de retour afin de poursuivre son #Ozmarathon. Alors je ne sais pas si c'est le petit hiatus estival ou l'épisode lui-même, mais je me suis retrouvée plongée dans une série que j'ai trouvée plus sombre que je ne l'avais quittée...

Ozmarathon-5x05

Je vais passer sur les intrigues les plus secondaires, car ce n'est pas ce qui m'a marqué dans cet épisode. Le billet de loto de Rebadow, par exemple, en est une ; c'était touchant mais tellement prévisible que ça n'atteint son plein potentiel (même si le speech de l'officier Murphy sur la responsabilité personnelle était absolument parfait), ou bien le bref passage par la vie sans nuages d'Alvarez (c'est d'ailleurs pas très normal !). Quant à l'intrigue liée au bus, franchement, j'écoutais seulement à moitié, c'était très cliché.

Comme toujours, l'épisode commence par l'intrigue la moins intéressante. Il s'agit une fois de plus de suivre Omar, et autant l'avouer, on n'en a plus rien à faire de ce personnage, qui se traine depuis ce qui semble être plusieurs dizaines de saisons sans jamais réussir à justifier son existence scénaristique. On ignore toujours ce que les scénaristes peuvent lui trouver car il ne nous émeut jamais. Ca doit venir des supplications constantes. C'est insupportable. Et même quand on pense qu'Omar va se ressaisir et redevenir maître de sa Destinée, s'il l'a jamais été, on obtient finalement une intrigue où c'est Kareem Saïd qui nous intéresse, et pas du tout Omar. Dont franchement j'ai jamais retenu le nom de famille.
Saïd est, d'ailleurs, particulièrement touchant dans cet épisode. Ca confine même à la tragédie. On l'a vu dans le meilleur et dans le pire, Saïd, et très honnêtement, le pire se déroule souvent quand il croit être le meilleur, alors on ne s'attend plus vraiment à de grosses surprises venant de l'imam Saïd. Vous savez, quand on a tué le plus gros vicelard de tout Oz, les surprises, on en revient un peu. Encore une fois, Kareem s'était trouvé un protégé, et encore une fois, sa mission allait rater, c'était évident. On ne pensait simplement pas que cela le déchirerait autant. Il savait mieux retomber sur ses pattes, avant.
Mais là, Saïd, qui ne se remet pas vraiment de ses blessures, faut croire, il est à genoux. Il espérait avoir retrouvé un peu de sa dignité, de sa hauteur, et il s'aperçoit que ce en quoi il croit le plus, la conviction qu'il a de sa capacité à s'élever spirituellement au-dessus de la masse, lui a encore fait défaut. Et il est ramené, comme il le dit, à son humanité, celle qu'il passe à fuir en se cachant derrière de divin, et il a encore une fois perdu son combat.
La scène pendant laquelle Saïd se met à pleurer dans le giron de McManus, Seigneur ! Je n'étais pas loin d'aller chercher un ours en peluche et de sangloter en suçant mon pouce. Quelle scène traumatisante, venant d'un homme qui a absolument tout vu, et survécu à tout, et qui semblait avoir retrouvé un semblant de confiance en lui. Je crois que, plus encore que les tortures physiques imposées aux prisonniers, ce sont ces conséquences-là de la vie à la prison qui me semblent les plus dramatiques. Et de mon point de vue, c'est au moins aussi spectaculaire qu'un mec qui se fait saigner vivant.

Du côté de Beecher aussi, l'écrasement est terrible. On parle d'un mec à qui on a tout fait subir. Tout. Supplices physiques, et notamment sexuels, tortures mentales (dont amoureuses). Ce mec, le monde lui est tombé sur la gueule depuis 6 ans maintenant. Et au moment où il pense avoir repris le contrôle, il s'aperçoit qu'on lui nie ce passé. D'abord parce que son protégé le renie. Une amitié entre les deux familles (celle de Beecher et celle de l'étudiant) qu'il tenait en haute estime, et qui faisait partie des rares bagages de sa vie avant la prison qu'il avait conservés. Mais au nom de son homosexualité, le voilà renvoyé à une pauvre pute de la geôle, la lie de la société carcérale, la "bitch" des autres prisonniers. Tout ce qui fait qu'aujourd'hui Beecher est capable de tenir debout lui est soudain renvoyé comme de la merde au visage.
Pire encore, en faisant mine de mettre en pause leur espèce de concurrence par proxy, Schillinger parvient même à essayer de lui faire nier l'importance des abus sexuels subis. Cette enflure de Schillinger réussit en effet en un même mouvement à admettre un tort et à ouvertement annoncer qu'il veut le reproduire ! Et Beecher, parce qu'il espère être un homme digne et compréhensif, ne voit rien passer, jusqu'à être à deux doigts du point de non retour. Sa mine déconfite lorsque Schillinger lui apprend que s'il cède son protégé au nazillon, Beecher aura accès à ce qu'il veut et notamment Keller, c'est atroce. Soudain Beecher comprend qu'il a le choix entre renier un abus passé et ne pas céder un pouce de terrain sur ce qu'il a endurer, mais ne pas retrouver l'homme qu'il aime. De justesse, Beecher fera le choix de la droiture, mais on ne peut que souffrir pour lui à l'idée que pendant un instant, on a failli lui soustraire la reconnaissance des horreurs infligées.

Le cas O'Riley est à mes yeux le pire des trois, mais il relève de la même logique. Ryan tente désespérément de réunir l'argent pour engager un grand avocat qui pourrait sauver Cyril du couloir de la mort. Mais sa famille n'a pas l'air prête à mettre la main au portefeuille...
"There's more. There has to be more to a family than just blood, Ryan. More than Christmas dinners and the birthday cakes, and more than old hurts and unsettled scores. We're not a family. We never have been". Je dois dire que cette réplique m'a totalement flinguée. Peut-être que c'est parce que je m'y suis beaucoup retrouvée, mais j'ai trouvé ça encore plus dur que tout le reste. Ryan, il est comme il est, on va pas redire ce qui a été dit dans les reviews précédentes, pour lui la fin justifie les moyens, c'est le mec qui a un objectif, qui essaye de penser froidement pour l'atteindre, et qui parfois perd son contrôle quand on touche à son sang (et par extension, donc, celui de Cyril). Ce mec-là, il s'est battu seul pendant des années, ensuite il a englobé Cyril, et il a finit par se trouver une maman, un truc totalement inespéré. Ryan, il n'a même pas les liens éthniques pour le tenir, parce que quand il utilise l'argument irlandais, c'est soit pour se définir identitairement lui-même, soit pour utiliser des faveurs. En-dehors des liens du sang, il n'a rien ce mec-là, c'est tout sa vie. Alors, c'est certainement le seul type de la prison à qui on a pas le droit de dire qu'il n'a pas de famille et que les liens du sang ne priment pas sur le reste. C'est le seul gars à qui tu enlèves tout quand tu enlèves ça. Et il essaye désespérément de se battre contre cet argument que lui oppose sa tante Brenda, mais il peut pas, parce que les liens du sang, ça n'a pas de sens quand on est seul à leur prêter de l'importance. Ca ne marche pas.
On ne peut pas forcer les liens du sang sur quelqu'un. Je crois que, plus que la sentence de sa tante qui avance gentillement que, ça se trouve, laisser Cyril être exécuté, c'est ptet pas plus mal, plus que ça encore, entendre que les liens du sang ne valent rien, c'est ce qui brise sa volonté de remonter ses manches et résoudre un problème de plus.
Et franchement, voir O'Riley abandonner, c'est du plus haut déchirant. Il a baissé les bras. Il va voir Cyril et il a laissé tomber.

Et je crois que c'est la raison de plus pour laquelle cet épisode d'Oz compte parmi les plus douloureux à regarder.
Parce qu'au bout du compte, si on met de côté la violence, le sexe, la saleté et les bassesses ; le plus dur, à Emerald City, c'est de devoir accepter de lâcher ce bout de soi-même où on pensait résider, le petit bout d'humanité qu'on essayait de garder précieusement pour pas lâcher la rampe, et de faire cette ultime concession. C'est ce dont l'épisode m'a semblé parler, et vraiment, ça a de quoi me tirer les pires larmes. Heureusement, hors d'Oswald, il est permis de pleurer ; croyez-bien que je ne m'en suis pas privée.

29 août 2012

La fin justifie l'absence de moyen

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons un petit défi, blah blah blah, tester tous les pilotes et les reviewer, etc., bon. Vous commencez à connaître le refrain. En tous cas le coup d'envoi de la rentrée est bel et bien donné, car entre les pilotes qui commencent à être diffusés, et ceux qui commencent à leaker, on a tout juste pied. Alors tâchons de tenir le rythme, et passons si vous le voulez bien à une autre série de NBC, The New Normal.
Et évidemment, en lien à la fin du post, je mettrai dés qu'elle sera postée un lien vers la review de whisper, pour que vous puissiez continuer de lire et comparer nos deux avis.

TheNewNormal-Promo

Ah, c'est très, très malin ce qu'a fait Ryan Murphy avec The New Normal. Très, très malin. Non vraiment, chapeau.
Prendre un sujet de société ultra-polémique, et en faire une comédie extrêmement militante, ça permettait de ne pas du tout se poser la question de la qualité : si on critique les personnages clichés, les situations convenues ou les dialogues franchement légers, il est facile de se voir opposer une réaction navrée du type, "t'as pas d'humour", ou, en version plus outrée, "je pensais pas que tu étais homophobe". Après tout, c'est écrit par un gay, il doit connaître son sujet, non ?!
Et c'est là que c'est particulièrement bien joué. Il n'y a pas de débat possible. Non pas autour du thème de la série (bien que celle-ci, entre autres de par son titre, réduise toute possibilité de questionnement à zéro), mais autour de sa qualité, justement de par le sujet et la façon de le poser. Parce que, si vous n'avez pas été réceptif, c'est tout simplement que vous êtes un bigot en puissance et puis c'est tout.

Le problème, c'est qu'en abordant le pilote de The New Normal, on ne devrait même pas avoir à se demander quelle opinion on a sur le sujet (et en écrivant une review, on ne devrait pas non plus avoir à clarifier sa position).
On ne devrait pas se dire "enfin une série qui fait un peu avancer les mentalités !", car faire avancer la société ne repose pas sur une seule série (mais sur plusieurs, si possible pas toutes produites par la même personne), et surtout, émane rarement d'une volonté aussi évidente de vouloir imposer un discours.
On ne devrait pas se poser la question, qui plus est, tout simplement parce que ce n'est pas le thème de la série qui détermine sa réussite, mais la façon dont on peut se lier avec les personnages. La parentalité, c'est universel. Envisager de devenir parent, et ce faisant, se demander quel sera le poids de l'hérédité et des conditions dans lesquelles l'enfant va grandir, c'est universel. Bien-sûr, les mères porteuses, les parents gays super-riches, et toute cette sorte de chose, ça n'a rien d'universel. Mais si The New Normal fait bien son boulot, ça ne devrait pas entrer en ligne de compte. C'est justement comme ça qu'on fait avancer les mentalités.
Mais à la vue de The New Normal, comment ne pas concéder un peu de crédit à ceux qui parlent de gay agenda ? Et, par ricochets, comment contredire ceux qui prétendent que Hollywood veut à tout prix imposer une certaine vision de l'homosexualité ? Comment peut-on ensuite leur opposer qu'il ne s'agit pas de forcer les choses, mais simplement d'obtenir l'égalité... quand, à côté, on a The New Normal ? C'est comme un adolescent qui promet qu'il sera sage pendant le weekend où il reste seul à la maison... pendant qu'un de ses copains décapsule une bière sur le canapé ! Difficile de conserver un semblant de sérieux quand Ryan Murphy, qui a intégralement bâti sa carrière sur la provoc' et le je-m'en-foutisme, est à côté en train d'allumer un spiff d'une main pendant qu'il écrit un épisode de Glee de l'autre, alors que juste à côté, toi, tu promets aux neo-cons avec ta plus belle tête de premier de la classe que, juré, c'est une question d'égalité.

Dans le fond, ce n'est pas de cela qu'il devrait s'agir en commençant le pilote de The New Normal, mais simplement de télévision. Comme chaque fois qu'une série avec un sujet à polémique démarre, ce sont ses qualités et uniquement elles qui feront la différence.
Et à plus forte raison pour nous, téléphages, qui devrions être capable de regarder une série pour celle qu'elle est et pas seulement pour ce qu'elle essaye de signifier en période d'élections présidentielles. Du moins faut-il espérer que nous avons acquis, avec l'expérience et le nombre de séries que nous avons vues, le recul nécessaire pour ne pas tomber dans le panneau.

Alors, tentons d'éviter l'écueil du débat facile, qui ne manque(ra) pas d'entourer The New Normal, et concentrons-nous sur les qualités intrisèques de son épisode pilote.
Ce ne sera pas aisé, car il n'y en a pas beaucoup.

En fait, tout bien pesé, je n'ai relevé qu'une seule bonne scène : celle pendant laquelle Bryan et David sont ensemble, dans leur lit, et parlent de leur paternité à venir à coeur ouvert. Les grimaces sont loin, les personnages sont honnêtes, et il émane de cette scène une tendresse pétillante qui est, à mon sens, ce qu'on vient trouver dans une comédie dont le slogan a le culot d'être "a post-Modern Family" (pun obviously intended). Les personnages sortent, en cet instant, de la caricature dans laquelle ils ont été fourrés avant cette scène (et hélas, après), et nous offrent pour la première fois la possibilité de nous attacher à eux. Car nous avons besoin de ça pour les suivre dans leurs délires.
Mais je réalise en écrivant cette phrase que je n'ai aucune idée de quels délires il s'agit. En fait, tout bien réfléchi, je suis incapable de citer un seul passage qui me soit apparu comme voulant être drôle (sans même envisager de déterminer s'il y a réussi). Outre les personnages caricaturaux (l'un des deux gays, son assistante, la grand'mère de la mère porteuse), il n'y a aucune scène d'humour. Il y a une engueulade sur la fin, mais elle ne cherche pas tant à être drôle qu'à surprendre. A part ça, non, rien. Et ça me fait un choc parce que tout le long de l'épisode, je me suis dit "ils traitent vraiment ça à la légère", et je pensais que je parlais d'humour mais à présent je réalise que non, ce qu'ils ont traité à la légère dans le pilote de The New Normal, c'est à la fois les personnages, les rebondissements... et le genre-même. Ce n'est pas une comédie. Il n'y a aucune forme d'humour : ni slapstick, ni répliques piquantes, ni comique de situation, non, aucun mécanisme de tout le pilote qui puisse faire penser qu'on a affaire à une comédie. On pourrait imaginer qu'étant une comédie en single camera, The New Normal a décidé d'employer une forme d'humour plus discrète, comme l'ironie, mettons, mais rien n'apparait non plus sur le radar. Pourtant, de par son format et l'absence totale de profondeur de ses personnages, on ne peut certainement pas dire que le pilote de The New Normal puisse prétendre au titre de drama. Alors que diable viens-je de regarder ?!

Mais calmons-nous et essayons de trouver d'autres qualités. Pour avoir réussi à passer le cap du développement, The New Normal a forcément réussi quelque chose.
L'exposition des personnages, peut-être ? Et pourtant... En-dehors des longues minutes de souffrance autour du personnage d'Ellen Barkin, aucun personnage n'a vraiment bénéficié d'une introduction détaillée, et à vrai dire, surtout pas les deux papas, qui s'enferment immédiatement dans leur rôle hétéronormé pour n'en jamais sortir. A vrai dire, la mise en situation de Goldie (qui deviendra la future maman, et contrairement à ce que voudrait vous faire croire la chute de l'épisode, ce n'est pas un spoiler parce que c'est le pitch de la série et qu'on y trouve une référence sur toutes les promos) m'a même semblé horriblement confuse, en cela que la réalisation m'a fait croire à un flashback pendant une scène clé, et ce n'en était pas un. Je n'avais même pas percuté que ça se déroulait au présent lorsqu'elle a surpris son mari la main dans le pot de confiture (pardon pour l'image). Et pour finir, le cliché de la gamine plus mature que tout le monde est ici utilisé de façon insupportablement peu inventive.
Non, attendez, on a peut-être un espoir avec la façon d'amener le sujet. Au sens où quels que soient les personnages, l'essentiel est d'amener la question sur la table de façon intelligente... comme avec... euh, un faux micro-trottoir ? Car il faut l'admettre, le passage au cours duuel les parents gays essayent de comparer leur situation à celle d'autres parents dans un jardin d'enfants avait autant d'honnêteté intellectuelle que Philip Rosenthal. Donc ce n'est pas là non plus que le pilote de The New Normal a réussi.
C'est forcément autre chose. Quelque chose qui justifierait l'investissement par une chaîne (déjà à la traine) dans un projet... Le montage ? Ou, non, pas le montage : la musique ! Oui, c'est ça, la musique est... Euh, non, je sais pas, euh, il y a forcément un truc qui vaut la peine d'être vu dans ce pilote, non ? ...Les fringues ?

Dans son élan pamphlétique, l'épisode inaugural de The New Normal s'avère en fin de compte être d'une pauvreté affligeante, tout simplement parce qu'il a oublié l'essentiel. Et je crains que ça ne lui porte bien plus préjudice que le boycott par quelques conservateurs...

Malheureusement pour nous, il arrive assez souvent que produire une série sans grande qualité, simplement parce qu'elle est produite par quelqu'un qui a du succès et/ou dans l'espoir de faire le buzz, soit également devenu the new normal. Et ça, faut pas s'en faire, c'est bien entré dans les mentalités.

Challenge20122013

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