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ladytelephagy

5 février 2010

Promo-ted

Depuis quelques semaines, j'ai développé un nouveau fétiche télévisuel. Rien qui ne puisse choquer votre maman, ne vous inquiétez pas. Mais à force de chercher pour SeriesLive des photos pour compléter les fiches, j'ai commencé à comprendre pourquoi parfois, les "promo posters" pouvaient avoir de l'intérêt, question sur laquelle je ne m'étais jusqu'alors jamais penchée, sans doute parce que je m'efforce généralement de ne pas me laisser toucher par la promo précédant l'arrivée d'une série, et qu'ensuite, plus personne ne voit l'intérêt de faire tourner lesdits posters 6 mois après que la diffusion ait commencé.
Ainsi donc, je suis devenue, quasiment du jour au lendemain, un excellent public pour les posters promotionnels.

MAIS ATTAFION ! Il ne faut pas que ce soit du n'importe quoi, une photo prise à la va-vite, un truc tout con. Trouver une photo sympathique de Lost pour le post On Air d'hier n'a par exemple pas été une sinécure (et comme vous pouvez le constater, j'ai abandonné l'espoir de trouver une photo de promo qui soit originale, sachant que je voulais éviter de vous fourguer la cène pour la 712e fois). Il y a des séries qui font vraiment leur promo comme des cochons. Alors je me suis dit que j'allais vous proposer un florilège des promo posters que j'ai vus jusqu'à présent, sachant que d'une part, j'en oublie forcément, et que d'autre part, je ne prétends pas avoir vu tous les promo posters de la Création.

Généralement, mes promos préférées relèvent d'un travail à la fois sur la forme (jeu de couleurs, perspectives, etc...) et la façon de mettre en avant le concept de la série ou la personnalité des protagonistes présentés. Un truc tout joli pour la gloire, ça ne me fait ni chaud ni froid. Il faut que ça m'évoque quelque chose en lien direct avec l'histoire de la série.

Rien ne m'énerve plus que de rassembler les acteurs dans un décor (ou pire, dans un studio quasiment nu) et les faire prendre la pose sans rien en tirer d'autre qu'une espèce de photo de classe à 20 000$ le tirage (au bas mot). Jeu auquel j'ai remarqué que la plupart des séries criminelles étaient très douées... par exemple je n'ai pas pu trouver un seul poster promotionnel de NCIS qui vaille la peine que je pose les yeux dessus. Desperate Housewives a fait des tentatives mais en général ça reste quand même dramatiquement basique, voire carrément laid. Parmi les mauvais élèves, j'ai aussi envie de citer V New Gen (trop littéral), Flash Forward (franchement décevant) ou encore Heroes (ce qui me semble être un comble).

Mais plus encore, pour me séduire, il faut que l'infographie s'en mêle. Dans le domaine du poster promotionnel, il faut user et abuser des filtres, avoir la main lourde sur l'outil brush, et/ou rajouter des éléments improbables. C'est un peu maintenant ou jamais.

Exemple :

Bof...   Voui !
PromoPoster_DrHouse_Non   PromoPoster_DrHouse_Oui

Il est bon de noter que j'ai sciemment pris pour exemple Dr House, dont les posters promo sont de façon quasiment constante extrêmement bons. Mais je suis certaine de ne rien vous apprendre...
Passons donc à mes favoris... Et comme dirait Nakayomi : en cliquant, c'est plus grand.

The Riches
(je n'ai pas résisté à l'envie
de la mettre sur la fiche de SeriesLive,
même si le format imposé, 300*200px,
ne se prête pas forcément à un rendu optimal)
  PromoPoster_TheRiches
 
Scrubs
(là aussi très constant dans la qualité
de ses promo posters en général)
  PromoPoster_Scrubs
     
Nurse Jackie
(tellement bon que j'en ai fait
mon très à propos fond d'écran au boulot.
J'aimais déjà énormément celle qui sert
désormais de cover au DVD)
  PromoPoster_NurseJackie
 
Better Off Ted
(comme je l'aime beaucoup,
vous avez déjà pu le voir ici)
  PromoPoster_BetterOffTed
 
Nip/Tuck
(certaines sont plus réussies
que d'autres, trop vulgaires.
Celle-là, elle l'a.)
  PromoPoster_NipTuck
     
Dexter
(bien plus efficace que celle
avec le jus de fruit !)
  PromoPoster_Dexter
     
Weeds
(je préfère cette campagne
aux promos de type pin-up, qui,
bien que réussies, sont peu originales)
  PromoPoster_Weeds
     
Friends
(c'est un peu plus vieux,
mais c'est un classique !
Je me demande si Friends
n'a d'ailleurs pas été le précurseur
en la matière ?)
  PromoPoster_Friends
   
Chuck
(je ne suis pas fan de la série,
mais là ça donne envie !)
 

PromoPoster_Chuck

Ce ne sont que quelques unes parmi tant d'autres, évidemment, des affiches qui ont attiré mon regard, mais ce sont certainement les meilleures. Mais la présence majoritaire de séries du câble dans ce petit best of ne peut pas non plus être un hasard. Probablement que les séries les plus originales sur le fond ont plus de chances de l'être également sur la forme ?

En tous cas, si vous en connaissez d'aussi sympas, n'hésitez pas à faire tourner en mettant les liens en commentaire !

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4 février 2010

Et le monde devient une île

Lost_Final

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lost de SeriesLive.

3 février 2010

Born again téléphage

Ah, ça, il faut le dire, j'ai été gâtée ces dernières semaines ! Noël et mon anniversaire étant séparés d'un mois tout juste, c'est en général le cas, mais là, je crois que j'ai battu des records... en partie parce que j'ai pris le parti de m'offrir des cadeaux de Noël et d'anniversaire moi-même (je vais quand même pas compter sur mes parents pour le faire !), en partie parce que mes amis m'ont vraiment choyée.
Et par mes amis, je veux dire vous. Là, vous. Oui vous. Voilà. Eh bah : merci. Je m'en remets pas ; vraiment.

Parce que du coup, il s'est passé un truc. Du moment où j'ai posé les coffrets dans ma Telephage-o-thèque, quelque chose s'est libéré en moi. En faisant l'acquisition, en deux mois, de la fin de Life, de la dernière saison disponible en DVD de Rescue Me... et d'une autre dont on va reparler très bientôt (oh que oui !), j'ai cessé d'attendre la suite de séries qui sont chères à mon cœur depuis un bout de temps. Puisque je les avais !

Vous le savez, 2009 a pour moi essentiellement été une année de deuil. Il a fallu laisser partir des séries auxquelles je n'étais prête à faire mes adieux, et c'était douloureux de faire une croix dessus. Ce sont les aléas de la téléphagie. Je ne suis d'ailleurs pas encore totalement remise, mais le fait d'avoir ces DVD a comme fait céder le barrage psychologique dans lequel je m'étais un peu enfermée. Je peux désormais aller de l'avant. Ces séries annulées trop prématurément à mon goût restent chères à mon coeur, sans aucun doute possible, mais un cap a été franchi, et plus rien ne me retient pour m'adonner avec passion à des séries qui, elles, sont bien en vie (pour l'instant...).

Et par voie de conséquence, j'ai commencé à penser aux séries que je compte acheter en DVD dés qu'elles seront disponibles en zone 2. Un signe qui ne trompe pas : je n'ai jamais cherché à graver les épisodes cagoulés. Mais là, c'est un pas supplémentaire, j'anticipe avec excitation leur sortie dans nos contrées (ou celles environnantes qui auraient la bonne idée de sortir les coffrets au plus vite). Je suis prête à commencer de nouvelles séries en DVD.

Voici donc les séries dont j'attends la sortie en zone 2 :

DVDzone2_UnitedStatesofTara   United States of Tara

Depuis la diffusion de la 1e saison, j'ai déjà regardé chaque épisode deux fois. Et je ne vous cache pas qu'un troisième round est plus qu'envisageable à l'approche de la saison 2 ! Je ne parviens pas à considérer la série comme une comédie. C'est plutôt un drame avec des situations rocambolesques, et ça me plait, ça met vraiment les personnages au défi. Or justement, malgré les rebondissements improbables (Kate et Brie qui s'offrent une balade impromptue, Charmaine et ses nichons de l'impossible, l'incendie de la cabane dans le jardin...), les personnages sont incroyablement réalistes et proches de nous. J'aime ce mélange.
DVDzone2_NurseJackie   Nurse Jackie

Avec Nurse Jackie, ce n'était pas gagné d'avance. Et pourtant, dés le pilote, la série su me faire oublier tout ce que je détestais chez Eddie Falco, pour n'en garder que le meilleur. Nurse Jackie est une série atypique, en cela qu'elle ne cherche pas à se trouver une narration efficace. On est quasiment dans la chronique de la vie quotidienne, il ne se passe pas forcément grand'chose de spécial, on laisse les personnages s'étirer et se mettre à l'aise, c'est extraordinairement apaisant comme rythme. Sans que jamais ce ne soit ennuyeux. Et puis, les contradictions de Jackie renvoient à quelque chose de tellement plus humain que la plupart des séries du moment...
DVDzone2_BetterOffTed   Better Off Ted

Pour quelqu'un qui a du mal avec les sitcoms, Better Off Ted apparait comme le phare dans la nuit des comédies du moment. Son sujet, son casting, ses dialogues, sa réalisation... tout est simplement impeccable. C'était un coup de coeur le premier jour, c'en est toujours un aujourd'hui. Le problème, c'est que dés que la série n'est plus devant mes yeux (comme très souvent dans le cadre de ce que je considère comme des comédies), je l'oublie. Un DVD me servirait de noeud à mon mouchoir...
DVDzone2_Glee   Glee

Ce n'est pas pour son scénario qu'on regarde Glee, mais pour son cast très sympathique et pour son ambiance pleine de bonne humeur. Je réserve naturellement mon jugement pour la seconde partie de la saison, mais la première partie ici présente m'apparait comme un must-have ! La force de cette série, ce n'est pas de flirter avec les cimes, mais de nous offrir un divertissement où chacun peut trouver son compte, et se régaler de musiques en tous genres. Pas la série la plus intellectuelle du lot, mais certainement celle que je suis sûre de rentabiliser une fois en DVD tant il est impossible de se lasser des numéros musicaux.
DVDzone2_Southland   Southland

Du drame, du vrai, qui fait mal. Avec Southland, je peux céder à mes penchants masochistes les plus sombres, j'ai l'impression que je ne serai jamais déçue. D'autant que vous le savez, j'ai toujours un faible pour les policiers en uniforme, les vrais perdants d'une décennie télévisuelle dédiée aux enquêtes mais pas aux policiers de terrain. La réalisation fait beaucoup en ce sens, pour donner une impression de proximité à la fois rassurante et angoissante. Et puis, en plus, cette première saison est vite regardée. On peut se faire ça en un weekend, c'est parfait pour un investissement en DVD.

Vous remarquerez que toutes ces séries n'ont actuellement qu'une saison, mais sont assurées d'une deuxième (Better Off Ted étant l'exception, puisqu'elle a déjà une seconde saison et n'est pas du tout assurée d'une troisième). Je suis prête à m'engager dans de nouvelles séries. C'est vraiment positif !

Je peux donc, en attendant que ces DVD sortent, profiter paisiblement de mes coffrets nouvellement acquis (merci merci merci !), et me réjouir devant ces séries que j'aime... mais en même temps, je ne suis plus en train de bloquer dessus.
2010, l'année de la résilience téléphagique ?

2 février 2010

[DL] Charles s'en charge

Depuis une dizaine de jours, quand je rentre du boulot comme un zombie, en général après avoir piqué un somme dans le train (choisi exprès parce qu'il est terminus dans ma gare, histoire de minimiser les risques), bref, au terme d'heures de veille qui tiennent plus de la lutte contre mes propres paupières que d'autre chose, j'aime bien finir de me vider la tête devant Charles s'en charge, cagoulé spécialement pour l'occasion et absorbé avec un air abruti pendant que je dîne.

Charlessencharge
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Je ne me rappelais pas trop de la série (comme toujours, quelques visages, le générique, le décor...) mais je m'amuse vraiment, enfin disons que considérant mon état, ça fonctionne. C'est pas franchement intellectuel, mais ce n'est pas non plus totalement débile. Et je commence à comprendre pourquoi Scott Baio avait une telle réputation...
Et justement, le générique est assez sympa, même s'il marque bien son époque. Qui ne s'en souvient pas ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Charles s'en charge de SeriesLive.

1 février 2010

A mile in someone else's sofa

Lorsque je m'apprête à découvrir un pilote, ma technique est essentiellement la suivante : j'évite les trailers autant que possible (c'est de plus en plus souvent vrai), je ne lis aucune review avant d'avoir moi-même visionné l'épisode, je regarde le pilote, je me fais une opinion (c'est pendant cette phase que je rédige mon post s'il y a lieu), et ensuite, j'entame la phase de lecture.
Et plus la série me plaît, plus je lis. Dans le cas d'un Spartacus: Blood and Sand, mettons, au plus deux blogs suffisent (oh, maximum ; vraiment !). Dans le cas de United States of Tara, ce serait plutôt le contraire, il n'y a jamais assez d'opinions à confronter à la mienne.

Mathématiquement, il est donc logique que du coup, plus je lis d'opinions plus j'ai de chances de sortir de la sphère téléphagique dans mes lectures. Et c'est alors que j'épluche les avis des non-téléphages, ceux que j'appelle les télambdas, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas trop passionnés, ni caricaturalement benêts, le type de la rue en fait ; comme vous et moi mais avec une vie en-dehors de son écran, quoi.

Parfois je tombe des nues. Parfois je trouve ça rassurant. Parfois je découvre des points de vue auxquels je n'aurais jamais pensé. Mais c'est toujours intéressant, en définitive, de voir ce que peuvent penser les gens qui ne baignent pas dans nos références et nos exigences d'habitués. Il faut juste prendre l'habitude de ne pas penser qu'on a raison, et essayer de s'ouvrir à la possibilité que tout le monde ne pense pas comme nous, même si devant certaines réactions qui nous semblent incongrues, c'est parfois une certaine forme de sport cérébral !

Prenons un exemple... tiens, Nurse Jackie ; j'étais hébétée de lire les réactions sur des blogs d'infirmières. La plupart étaient absolument outrée par le portrait que Jackie faisait de la profession. Jamais je n'avais lu, dans les commentaires, une suite aussi ininterrompue de retours négatifs sur la série, voire carrément agressifs.
Comme vous le savez probablement, j'adore Nurse Jackie, mais ce n'était pas vraiment le problème. Le problème, c'est que ces exclamations vexées me semblaient totalement à côté de la plaque. Précisément parce que les télambdas ne comprennent pas forcément l'intérêt d'une série télé : il ne s'agit pas d'un publi-reportage, on n'y fait pas la promo ou la critique d'un métier. Nurse Jackie, c'est le portrait d'une femme qui est infirmière, pas d'une infirmière qui les représente toutes, et si ça me semblait si évident, ça ne l'était pourtant pas pour ces infirmières elles-mêmes, qui se sont senties attaquées.

Dans ce genre de cas, la téléphagie, c'est aussi ça. C'est essayer de se mettre à la place d'un personnage, et puis aussi, une fois de temps en temps, de se mettre dans le sofa d'un autre spectateur, et imaginer son ressenti.
Les infirmières avaient vu quelque chose qui m'avait échappé : Jackie est un mauvais exemple d'infirmière. Et ça m'avait échappé parce que Jackie est, à mes yeux, un excellent exemple d'être humain.

Dans le cas de United States of Tara, que j'évoquais plus haut, j'ai lu bien des critiques (et si vous vous souvenez, le pilote m'avait laissée dubitative), mais celle qui m'a le plus frappée, c'est celle d'un blogueur anglophone qui à l'issue du second épisode constatait : "It's becoming clear that this show is going to use its extreme (and impossible!) premise as a parable illustrating that all families are crazy in their own way, not just ours". En d'autres termes : il devient clair que cette série va utiliser ses prémisses extrêmes (et impossibles !) comme une parabole illustrant que toutes les familles sont folles à leur façon, et pas juste la nôtre.
L'auteur s'appuyait pour cela sur le générique, et notamment les paroles "I know we'll be fine, if we learn to love the ride" (paroles que j'avais interprétées comme faisant référence au travail de Tara pour se trouver elle-même au milieu de toutes ces identités).
Devant une telle lecture, je suis restée sur ma chaise, les bras ballants et la mâchoire sur le clavier. Il ne m'a en fait jamais semblé que la série tournait autour des liens familiaux. Elle tourne avant tout autour de Tara, de ses problèmes, et ensuite de la façon dont ça rejaillit sur sa famille. Il ne s'agit pas de démontrer quoi que ce soit, mais de... profiter du voyage aux côtés de Tara. C'est fou que quelqu'un ait vu ça dans les mêmes images que j'ai regardées.

Ce genre de lectures a souvent pour effet premier de nous faire nous exclamer : "mais... on a regarder la même série ?!", quand, en fait, il faudrait simplement dire : "on a regardé la même série, mais avec des yeux différents". Et ça rend le visionnage, finalement, encore plus enrichissant, si l'on en fait l'effort.

TelephagicDID

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31 janvier 2010

I don't care, I'm still free

En ce mois de janvier, je ne vous ai infligé que 5 posts sur les séries asiatiques. Certains trouveront que c'est déjà trop, je trouve quant à moi que le déséquilibre serait plutôt dans l'autre sens. Et comme je suis quand même chez moi ici, souffrez que je poste une 6e fois sur ce sujet, promis, demain je vous reparle de l'Occident.
On va dire que c'était un weekend thématique, tiens.

Tout le monde en parlait, il fallait donc bien que je m'y mette : Chuno.
Pourquoi cette impression de l'avoir fait à contre-cœur ? Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai un gros problème avec les séries se déroulant dans le passé, et à plus forte raison si elles se déroulent à une époque où la caméra n'existait pas. Je suis ainsi faite, on n'y peut rien. Il suffit de voir le temps que ça m'a pris pour me prendre par la main et regarder Spartacus: Blood and Sand (mais ce pourrait être un mauvais exemple). En Asie comme en Occident, j'aime que mes séries reflètent leur époque (ce qui explique que j'en regarde aussi qui soient vieilles de plusieurs décennies), et mon appréhension est souvent difficile à affronter.
Mais voilà, tout le monde en parlait...

Chuno_KoreanWestern_1

Annonçons la couleur tout de suite : dés les premières minutes (et plus précisément une fois le petit récapitulatif historique fini, car bien que fort utile, il n'était pas très sexy), j'ai laissé tomber tous mes préjugés à mes pieds, je suis tombée à genou, et j'ai mentalement applaudi des deux mains mon initiative de m'y mettre.
Car Chuno a conquis mon cœur très simplement : il lui a cogné dessus. Et comme chacun sait, c'est pour une série le meilleur moyen de me ravir.

Le pilote de Chuno commence donc comme un western fait de sable, de violence et de crasse. Les protagonistes vivent dans une époque de désespoir, où il faut voir la vie avec un certain détachement je-m'en-foutiste pour survivre. Les chasseurs de prime sont comme ça, et j'ai aimé la désinvolture de leur violence, ils ne sont pas vraiment à ce qu'ils font, ils le font parce que, des esclaves ou eux, tout le monde ne peut pas être gagnant, et qu'ils ont besoin de gagner leur croûte. Ils ne prennent pas vraiment plaisir à ce qu'ils font, mais ça ne les écœure pas non plus tout-à-fait, ils ont fini par le voir comme un jeu parce que sinon, quelle serait l'alternative ? Détester ce qu'on fait, et arrêter au risque de ne plus manger ?

Cette première partie est ébouriffante parce qu'elle retranscrit l'atmosphère d'une société livrée à elle-même, qui ne croit plus en rien, qui n'en est même pas à essayer de croire en quelque chose, qui n'a pas le temps pour le spirituel et tente simplement de garder la tête hors de l'eau. C'est une phase particulièrement captivante du pilote, parce que sa description du contexte est forte, mais qu'elle ne se dispense pas d'une efficacité incroyable dans la réalisation. Le combat au saloon bar est très divertissant et sort des sentiers battus, il y a des cascades plutôt originales et chacun des chasseurs de prime donne l'impression d'assister à une performance complète. Comme quoi on peut être intéressant même avec une longue scène de combat dés le début de l'épisode !

Chuno_KoreanWestern_2

L'atmosphère de western ne va pas durer tout l'épisode, mais elles s'estompe lentement pour faire découvrir d'autres qualités de Chuno, ce qui rend la perte moins douloureuse. Car une fois la prime touchée, la caméra n'abandonne personne : ni les chasseurs de prime, ni les esclaves. Nous allons à la fois explorer la vie quotidienne des premiers (faite d'un certain nombre de légèretés bienvenues, histoire de souffler un brin), et l'humiliation profonde des seconds. Vous voulez voir un exemple de déni d'humanité dans une fiction ? Si le pilote de Chuno ne vous donne pas des frissons à ce sujet, alors rien d'autre ne le fera. C'est douloureux mais là encore, nécessaire pour comprendre le contexte de la série.

Chuno_KoreanWestern_3

Ensuite on s'attaque non plus à l'installation du contexte historique, ou de l'ambiance du monde dans lequel les personnages vivent, mais bien aux protagonistes eux-mêmes. Et là c'est une phase également intéressante, bien que plus lente au niveau du rythme, et pas forcément épatante côté réalisation (mais cela ne se prête qu'assez peu, c'est vrai, aux effets de style). Les deux personnages principaux vont chacun avoir droit à leur petit flashback... Malheureusement il ne m'a pas toujours semblé clair de comprendre à qui appartenaient les flashbacks, entre Dae Gil le chasseur de primes et Tae Ha l'esclave, on ne comprend pas forcément qui était qui avant (surtout que Dae Gil sans barbe ni cicatrice est absolument méconnaissable). Du coup j'ai eu un peu de mal à nager dans les eaux troubles des souvenirs de l'un et de l'autre, si bien que j'ai dû aller lire quelques résumés (et la review de Myteleisrich, en espérant ne pas tomber sur un spoiler) une fois l'épisode fini pour être bien sûre de comprendre qui était passé par quoi.

J'ai été toutefois assez touchée par la candeur tendre du flashback de Dae Gil avec sa petite esclave, c'était très nunuche mais ça fonctionnait très bien sur le coup. En fait je crois que j'ai adoré tout ce que les flashbacks de Dae Gil avaient à offrir (je n'avais juste pas forcément compris qu'il s'agissait de Dae Gil).

Chuno_KoreanWestern_4

Hélas, j'étais beaucoup moins enthousiaste pendant la dernière partie du pilote. L'intrigue s'embourbe dans la sensiblerie, trace les contours de l'éternel triangle amoureux, et finit par laisser suggérer que l'amour impossible entre Dae Gil et Eonn Yeon prendre le pas sur la dureté de l'univers de Chuno. C'est du moins l'impression qu'il en ressort. Ce qui était au départ une excellente série semble tourner à l'amourette. C'est un sentiment terrible que d'assister, impuissant, à tout ça.

Chuno_KoreanWestern_5

Mais comme Chuno a démontre qu'il y avait du potentiel pour autre chose que les éternelles tortures shakespeariennes, je garde espoir. Trop a été dit pour que je puisse me laisser décevoir par un poignée de minutes trop convenues.
Fermement décidée à donner ma chance à cette série, j'ai donc cagoulé le second épisode... et j'espère pouvoir vous dire bientôt que je ne le regrette pas.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Chuno de SeriesLive.

30 janvier 2010

Chirurgie esthétique sans frontière

Quand je pense que, lorsque j'ai ouvert ce blog, je me vantais d'être une téléphage sectaire, sur le mode "hors des séries américaines, point de salut"... et aujourd'hui j'explore des contrées inexplorées à l'instar de la fiction coréenne...
...je me dis qu'il est bon de vieillir.

Car oui, voici une nouvelle série coréenne à découvrir, et nous allons en profiter pour dépoussiérer la rubrique La preuve par trois, un bonheur n'arrivant jamais seul. Vous savez bien que je ne suis pas du genre à garder mes découvertes pour moi...
Au programme du jour, ce que j'ai envie de qualifier de Nip/Tuck coréen. Attention, publicité mensongère inside. Allez, venez par là, que je vous explique pourquoi la série de FX et et Before & After Seonghyeongoekwa n'ont pas tant que ça en commun.

BeforeAfter___1
En fait, si, évidemment. Outre le fait qu'elles parlent toutes les deux de cabinets de chirurgie esthétique, Nip/Tuck et Before & After ont des choses en commun. J'imagine que, comme les Japonais et leur culture du panachage, Before & After est la preuve que les Coréens savent adapter sans polycopier ce qu'ils voient à l'étranger. Ainsi, le pilote s'ouvre sur une scène assez trash, mais en même temps pas gratuite, sur un nez qu'on remodèle. Mais le pilote installe aussi une dynamique au sein du cabinet, avec deux hommes radicalement différents pour le faire tourner, et une femme entre eux. Mais je vous assure, les comparaisons s'arrêtent là et, en fait, sont quasiment théoriques. Les personnages prennent de l'épaisseur à mesure que l'épisode avance, loin des caricatures de leurs collègues amerloques : celui qui souhaite soigner les pauvres aux frais de la clinique est-il tout blanc ? On est loin de ce prêchi-prêcha de Sean McNamara en tous cas.

BeforeAfter___2
Une autre différence réside dans l'enjeu féminin principal de la série. Comment ne pas trouver l'héroïne craquante ? Franchement je ne me lasse pas des minois qui en ce moment rayonnent dans les médias coréens. Si vous avez l'occasion d'aller jeter un œil aux groupes féminins du Pays des Matins calmes (y jeter une oreille peut également être une bonne idée dans la foulée), vous verrez que les yeux de biche y pétillent de malice, les corps tout en illusion d'optique semblent longilignes, l'énergie douce et élégante irradie. C'est un vrai plaisir, et la craquante So Yi Hyun ne fait pas exception à la règle. D'ailleurs, à la limite, je trouve qu'elle n'est pas assez présente ; il faut vraiment que les épisodes ultérieurs lui fassent plus de place. Je présume que ce sera le cas, et je m'en réjouis à l'avance, d'autant qu'elle apporte une légèreté bienvenue aux histoires qui se déroulent au cabinet.

BeforeAfter___3
Finalement, Before & After apparait comme bien plus douée que son homologue américaine pour dénoncer les dérives de la chirurgie esthétique. Déjà parce qu'elle utilise la chirurgie pour dénoncer d'autres choses, comme le star system ou plus simplement l'économie qui s'est développée autour des actes de chirurgie esthétique : le quartier où se situe le cabinet est truffé de concurrents, on y crée des "modes", c'est un véritable microcosme. Miami, à côté ? Une bande de clowns ! Mais Before & After a aussi le bon goût de pointer du doigt de façon subtile, par touches peu appuyées mais régulières. Le pilote balaie ces sujets, et les laisse à l'appréciation du spectateur. La scène de fin pendant laquelle la starlette confesse face caméra que les rumeurs de chirurgie lui font de la peine, pendant que ses chirurgiens la regardent à la télé, ne juge pas. Elle donne juste les pistes vers une réflexion allant plus loin que le seul divertissement.

Quand je prends la précaution de dire que les "canons de réussite médiatique" en Corée me plaisent plus que ceux du Japon, c'est parce que je me rends bien compte de certaines réalités que, à travers Before & After, je vois explicitées. En soi, il y a de grandes chances pour que par exemple So Yi Hyun ait elle-même subi quelques opérations pour aboutir à ce fameux canon de beauté en vogue en Corée, ce qui serait, à n'en pas douter, d'une ironie suprême. C'est la raison pour laquelle les Coréennes célèbres semblent toutes sortir du même moule. Et c'est en cela que Before & After atteint un objectif de mise en abime assez incroyable sans beaucoup sembler insister.

Before & After offre donc plusieurs degrés d'intérêt : chirurgie, intrigues internes au cabinet, comédie romantique, critique de la société... il y a vraiment de quoi se régaler à tous les étages. Avec en plus une B.O. très référencée qui participe grandement au plaisir du visionnage.
Laissez tomber Nip/Tuck (sauf si comme moi, vous l'avez fait il y a plusieurs années déjà) et ses 95% de scènes gratuites, et basculez du côté coréen de la force !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Before and After Seonghyeongoekwa de SeriesLive.
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29 janvier 2010

Du sang et des larmes

Pour rendre une fiction historique accessible, il vous faut :
- plein de beaux jeunes hommes
- 10kg de muscles à chaque bras
- des costumes bien tape-à-l'œil
- un budget décor d'une somme indécente
- surtout pas trop de tissus
- quelques visages connus au second plan

Après Rome et The Tudors, on n'arrête pas le progrès, voici que Starz lance Spartacus: Blood and Sand. Entre parenthèses voilà une chaîne qu'il faut vraiment surveiller du coin de l'œil, qui semble mettre les bouchées doubles depuis quelques temps, bien qu'avec des effets très variables.
Si vous pensiez que déjà The Tudors usait un peu de facilité pour appâter le chaland, vous n'avez sans doute rien vu. La promesse que fait Spartacus, c'est vraiment les jeux du cirque version télé : un réjouissement populaire le plus primal possible, avec des pectoraux où que le regard se pose, des jeunes gens qui transpirent très beaucoup, et des histoires de coucheries. Pour faire plus sérieux, on aura sans doute quelques références à l'histoire antique, enfin, tant que ça ne gêne pas trop aux entournures, bref, c'est très basique.

Je m'émouvais que certains genres soient moribonds à la télévision. Le péplum semble bomber le torse ces dernières années au contraire (sans doute pour suivre son vague revival au cinéma). Je ne sais pas encore si c'est une bonne nouvelle mais comme pour tout courant prenant de l'ampleur, on va assister aussi bien à la création de bonnes choses (Rome) que de plus triviales (Spartacus), et il faudra faire le tri. Mais si j'ajoute aussi la mini-série Empire, je trouve que le genre a quand même une présence régulière dans les grilles, même si c'est à court terme.

D'une façon plus générale, cela encourage les fictions historiques à sortir des stéréotypes guindés des décennies précédentes, pour s'essayer à plus de modernité dans le ton. Parfois ça donne un résultat un peu trop "tout public" au goût de certains, mais on sent que le genre fait des efforts. Ses auteurs se donnent du mal pour ne pas juste refaire un vieux truc avec des acteurs d'aujourd'hui. En fait, outre-Atlantique, on parvient à faire ce qu'Un Village Français n'a pas réussi à accomplir : revisiter une période dont on a l'impression que l'industrie audiovisuelle a fait le tour cent fois, avec un ton personnel.
Alors évidemment, il y a à prendre et à jeter, mais au moins on a quand même des opportunités, c'est plus que pour bien d'autres genres.

Personnellement, cette façon un peu fanservice d'envisager le péplum, ça ne me dit rien sur le papier. Évidemment, il faudra voir ce que ça donne. Mais une fois de plus, l'originalité vient du câble, alors que pourtant on ne peut pas dire que les moyens y soient pharaoniques. Enfin, romains, pour le coup. Et pourtant, tout ça a forcément un coût supérieur à la plupart des fictions lambda pouvant être tournées à peu près n'importe où et dans n'importe quelles fringues, pour commencer. Et puis, ne serait-ce qu'en huiles de massage pour faire saillir les muscles, ça doit coûter bonbon. Mais le câble ne s'en laisse pas compter, et nous propose du choix. Sur les networks, c'est steak frites ou salade. Sur le câble, le menu est complet (et le steak est  garanti pur muscle, donc).

Alors, j'ai vraiment essayé. Je voulais vraiment donner sa chance à Spartacus: Blood and Sand, je le jure. Hélas cent fois hélas, le post que vous êtes en train de lire ne concernera que les 12 premières minutes du pilote, conformément à l'adage téléphagique qui dit que la curiosité s'arrête là où commence le masochisme.
Spartacus: Blood and Sand m'a agacée. Pire, il m'a déçue, puisque j'avais essayé d'en attendre un petit quelque chose. Comme quoi, il faut toujours croire en son instinct.

Des 12 premières minutes de Spartacus, voilà donc la review...

Spartacucul

Tout commence par un combat dans une arène, auquel celui qui sera le héros de notre aventure assiste depuis les souterrains de l'arène. On sait que c'est le héros parce qu'il a l'air tout chafouin et tristoune. Il n'a donc de ce spectacle que la version audio, et sincèrement, il ne perd pas au change. Le combat qui fait rage est en effet un festival d'effets de ralenti, d'éclaboussures ajoutées numériquement, et de décors qui, de façon ostensible, n'existent pas.
Ah, quelqu'un a un nouvel ordinateur avec lequel jouer !

Dans ses catacombes, notre bonhomme nous fait une scène d'angoisse : il vient de réaliser qu'il joue dans un navet. On le comprend. On compatit.
Et ça va empirer très vite.

Flashback : notre pauvre ange de robuste douceur aux yeux bleus (syndrome The Listener, quasiment) se souvient des jours heureux, au pays, du temps béni où il déclarait la guerre aux barbares plus moches et plus sales que lui (c'est dire). A l'époque il pouvait se taper sa femme quand il le voulait, ah c'était le bon temps, surtout qu'elle était un peu la femme idéale : toujours partante pour le sexe, dotée d'un certain sens de l'initiative... mais pas trop de caractère non plus. Et une cuisse ferme comme tout - mais on y reviendra.

Notre barbare s'apprête donc à aller guerroyer, et je crois que le summum du cliché a été atteint lorsque, après qu'une nuit de folle passion ait été consommée en guise de torrides adieux (j'ai tiré cette phrase d'un Harlequin), il va trouver son épouse au petit matin sur une colline voisine, parce qu'elle est anxieuse à propos de la guerre.
Vu que d'une part, on a déjà vu le petit barbare aux yeux tendres dans l'arène (saloperie de flashback, serais-tu devenu l'ennemi juré de tous les pilotes qui se respectent ?!), et que d'autre part, on sait pertinemment que sinon il n'y a pas d'histoire, il semble assez évident que notre chevelu héros ne va pas rentrer au bercail de si tôt. Son destin est scellé lorsqu'il noue un ruban crasseux autour de la cuisse impeccablement photoshoppée de sa mie afin qu'elle garde toujours sur elle l'odeur de son rustre de mari (ô joie, rappelons qu'on est en 400 avant l'invention du savon).

Mais si cette scène est aussi atroce, ce n'est pas seulement en raison de sa mièvrerie over the top, mais aussi à cause du décor lui-même. Tourné sur fond vert (ou bleu, on s'en fout), il est la preuve insolent que, non, tout le monde ne peut pas accomplir des miracles avec un petit budget. Écoutez, c'est bien simple : le décor flotte. Je ne sais pas pour vous mais j'en avais le mal de mer. C'est extrêmement contrariant parce qu'au bout de quelques secondes de nausée, on ne voit plus que ça. Un problème qui, bien que récurrent dans les quelques minutes que j'ai regardées, est des plus criants dans cette scène.

Mes phalanges enfoncées dans la souris, j'ai réprimé l'envie de tout arrêter à ce moment.
Rétrospectivement, j'aurais sans doute mieux fait.

Arrive donc une scène de baston, diantre, c'est déjà la deuxième en moins de 10 minutes, avec plein de slow motion qui gicle de partout, un vrai carnage ! A la suite de quoi on se retrouve, tenez-vous bien, avec une troisième scène de baston, largement moins épique je vous l'accorde, où notre barbare aux yeux bleus défend l'honneur de sa femme (comme il a été mentionné plus tôt par ses soins que les femmes de son village se faisaient régulièrement violer, il ne doit pas en rester grand'chose, mais bon).

Et c'est là que la conclusion s'est imposée à moi. Spartacus: Blood and Sand a été écrite pendant la grève des scénaristes ; par des geeks, d'après ce que je me suis laissé dire.
J'ai donc arrêté les frais, stoppé le pilote, et fait quelque chose qui ne s'était pas produit depuis Tokyo DOGS : j'ai décidé de laisser tomber définitivement. Et puis j'ai lancé un épisode de Rescue Me, et tout de suite, ça allait mieux.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (bof, culture, culture...) : la fiche Spartacus: Blood and Sand de SeriesLive.

28 janvier 2010

Plaisant mensonge

C'était un bien plaisant mensonge, comme il en existe beaucoup. J'avais très envie d'y croire.

Il y a un an et demi maintenant, j'ai passé un concours pour entrer dans la fonction publique. Je n'avais d'yeux que pour la sécurité de l'emploi. Le reste m'importait peu. Je n'avais pas de plan de carrière, d'ailleurs. Je voulais juste réussir le concours afin de continuer à travailler après mon CDD de l'époque. C'est dire si je n'avais aucune intention d'entrer en politique.

Et pourtant, c'est ce qui s'est produit. J'ai passé le concours avec un succès suffisamment net pour que j'aie le choix de mon affectation. Alors j'ai pensé à entrer dans un cabinet ministériel, parce que je me disais que ce serait un sacré challenge. Ce serait l'endroit idéal pour travailler dur, constamment dans l'urgence, et être entourée de personnes intelligentes au-delà de toutes mes espérances. Travailler dans un contexte stimulant, même quand on n'exerce pas la profession dont on aurait rêvé, ça parait assez parfait, quand même !

Avec le recul (vous allez voir où je voulais en venir...), je réalise que le modèle de cabinet que j'avais dans la tête, c'était celui d'A la Maison Blanche. Et moi, l'assistante, j'allais pouvoir y incarner Donna. Non, attendez, pas Donna. Trop de promiscuité avec le patron. Trop étourdie. Disons plutôt Ginger. Oui, voilà : je serais Ginger ! Ce serait formidable d'être Ginger ! J'avais hâte d'être Ginger.

TheWhiteLie

Quelques mois plus tard, j'ai pris mes fonctions. Et ma vie n'avait rien de commun avec celle de Ginger. Ni avec celle de Donna, ou de Bonnie. J'avais intégré le service de presse du ministre, et je n'étais pas Carol non plus, d'ailleurs. Mes patrons n'avaient rien de Toby, Sam, Josh ou CJ. Et aucun ministre que j'ai rencontré n'avait quoi que ce soit en commun avec Bartlet.

Reality check : travailler dans un cabinet ministériel ne ressemble pas à A la Maison Blanche. Loin de là. Après avoir, en un peu plus d'un an (remaniement gouvernemental aidant), testé le travail au sein de deux cabinets ministériels (de taille, d'importance médiatique, et de fonctionnement différents), je pense pouvoir affirmer que ça n'a même rien à voir.

Et c'est ainsi que j'ai pratiqué ce qui restera probablement comme l'étude comparée téléphagique la plus pénible de mon existence.
Voici donc ce que j'ai appris :
Règle n°1 : les conseillers d'un ministre ne sont pas suprêmement intelligents. Évidemment ils ne sont pas franchement stupides, mais enfin, leur intelligence de flirte pas avec les cimes pour autant. Du plus politique au plus technique, aucun de ces postes ne requiert l'intelligence fine d'un Toby, par exemple (n'évoquons même pas Leo ou le Président). Si un conseiller a nécessairement un certain bagage éducatif (mais ils varient énormément de l'un à l'autre), au quotidien ça reste complètement invisible à l'œil nu.
Règle n°2 : dans un cabinet ministériel, conseillers ne travaillent pas très dur. La première des raisons en est qu'ils ne travaillent pour ainsi dire pas. 90% de leur temps est consacré aux contacts à l'intérieur et à l'extérieur du cabinet. De toutes façons un conseiller ne produit rien, ça c'est l'affaire des assistantes (à l'exception de la rédaction des discours, quand même). Les rapports, les notes, et même dans une certaine mesure, les textes de loi, ne sont pas rédigés par eux. Dans le meilleur des cas, ils synthétisent des documents venant de directions ou d'organismes techniques spécialisés. Mais très souvent aussi, le secrétariat a une bibliographie (composée d'ouvrages techniques, de notes administratives antérieures, de rapports téléchargés sur internet...) soigneusement truffée de post-it et de marques à recopier et compiler, dans un document que le conseiller appellera ultérieurement sa note, son rapport, ou sa thèse lorsqu'il apposera son nom dessus. On imagine le stress que cela engendre.
Règle n°3 : on ne travaille pas vraiment dans l'urgence, quand on est conseiller dans un cabinet ministériel. Il y a évidemment quelques coups de bourre de temps à autres, mais ça relève plus de l'exception que d'autre chose. Pas de stimulation due aux deadlines, pas d'adrénaline, rien. Les conseillers ont un rapport au temps très particulier qui explique cet état de fait : au moment où parait au Journal Officiel leur nomination à leur nouveau poste, ils sont déjà en train de se demander à quoi ressemblera le prochain. Et quand je dis "à quoi il ressemblera", je veux en fait dire "offrira-t-il plus de prestige ainsi que la paie qui va avec". Avec un remaniement tous les quatre printemps ou presque, le conseiller a la conviction qu'il ne passera pas plus de 6 mois à 1 ans à son poste s'il mène bien sa barque (et si son ministre de tutelle ne déplait pas au prince). Ce qui explique que son temps soit employé à entretenir ses contacts et non à travailler d'arrache-pied.

Telle est, mes amis, d'après mes observations, la dure réalité d'un cabinet.
Oh, vous allez me dire : oui, mais tu n'as pas vu le cabinet du Président ! Eh bien allez-y, allez donc voir, vous viendrez me raconter...

Je n'ai jamais imaginé qu'il pouvait exister un Président comme Bartlet. Il n'est pas réaliste en cela qu'il est trop idéal pour exister réellement. Je n'en ai jamais douté. De la même façon que je n'ai jamais pensé qu'un Josh insolent puisse vraiment exercer son talent pour le sarcasme sans mettre un peu d'eau dans son vin, ou qu'un Toby ne serait pas toléré dans les cercles politiques avides de courbettes.
Mais regarder A la Maison Blanche pendant des années m'avait tout de même laissé espérer qu'on pouvait travailler selon un certain idéal de travail acharné, de volonté de bien faire, et d'intérêt pour le sujet.

Les conseillers de Bartlet s'intéressaient au fond de leur dossier, au sens qu'il était possible de leur donner. Mauvaise nouvelle, je n'ai pas assisté à cela ne serait-ce qu'une seule fois. Et plus le temps passe, plus je pense à cette série, et ça me fait mal au coeur qu'on m'ait menti à ce point-là.

C'était un bien plaisant mensonge. J'avais oublié que c'est là la définition d'une fiction.

27 janvier 2010

Urban legend

On m'a raconté qu'il existe une série sur la vie de trentenaire. Sur les doutes, les regrets, les choix. Il s'avère que je sais de source sûre que l'ami d'un ami a pu voir cette série, et qu'il l'a adorée.
Et aujourd'hui, que m'annonce ma cagoule ? Que la première saison est là, et s'offre à moi.

Et je n'ose y croire. Je n'ose croire que cette série que je veux découvrir depuis maintenant 10 ans est là, offerte, disponible, à portée de téléphagie en somme, non, mon cerveau ne le conçoit pas tout-à-fait.

Il y a des séries que je rêve de voir depuis toujours, semble-t-il. Et au fond je me demande bien pourquoi puisque précisément je ne les ai jamais vues. Tout ce que j'en sais, je le tiens de lectures de livres, d'articles, parfois de blogs... de propos rapportés en somme. Mes espoirs sont fondés sur quasiment rien finalement. Pourquoi ai-je tellement l'impression que cette série, entre tant que je n'ai pas plus vues, m'est destinée ?
Pourquoi je retiens à grand'peine mes larmes rien qu'à voir les noms des fichiers sous mes yeux ?

Ce n'est pas le cast, je n'ai pas pour eux de tendresse particulière, et a contrario des spectateurs américains, je les ai connus par leurs rôles ultérieurs à cette série. Ce n'est certainement pas le look, mon Dieu, si nous ne devions savoir qu'une seule chose, c'est que le look d'une série des années 80 ne peut pas être à son avantage, et dans le doute vous pouvez consulter mon post tout récent sur St. Elsewhere pour le confirmer. Ce n'est pas non plus l'histoire, car tout ce que j'en sais, c'est ce que je vous ai dit dans le premier paragraphe.

Je suis là, tremblante devant mon chez moi informatique, parce que, tout simplement, quelques personnes qui font autorité ont dit que c'était bien. Elles ont dit un peu plus que ça, mais c'en est la synthèse, une synthèse parfaite, en somme, tout ce qu'il y a à savoir est contenu dans cet adjectif : "bien".
Ces personnes se rendent-elles compte de l'autorité qu'elles ont sur mon esprit de téléphage ? Les louages chantées au nom de cette série ont imprégné mon cerveau voilà une décennie maintenant, et font toujours de l'effet ? Ça parait impensable.

Après tout ce temps, aujourd'hui, après des années d'attente d'un DVD qui n'est jamais venu, après des mois de recherches sur divers sites, des semaines de cagoulage appliqué... aujourd'hui je peux vérifier par moi-même.

Et j'ai peur. J'ai peur parce que j'ai tellement attendu ce moment.

On m'avait dit que tu existais... et je vais le vérifier dans quelques instants, et ma main tremble sur la souris, et mon cœur palpite à cette idée, de cette palpitation typiquement téléphagique qu'on ressent quand on a trouvé le Saint Graal, disons jusqu'à la prochaine fois en tous cas, quand on a trouvé le moyen de regarder quelque chose qu'on pensait inaccessible à jamais, et que l'épisode est là, juste là !

Allez, cliquons sur PLAY. C'est l'instant de vérité.

thiryeverything

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche thirtysomething de SeriesLive.

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