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ladytelephagy
pushing daisies
16 mars 2012

Ascèse

BlackMarch

Le Black March, arrivé à mi-parcours, n'est pas vraiment difficile. Cela me surprend, mais seulement à moitié, à dire vrai ; j'avais déjà la conviction que ce ne serait pas si difficile de me "retenir" d'acquérir de nouveaux produits culturels, vu que je m'étais déjà lancé le défi de ne rien cagouler pendant une semaine.
Ici, certes il s'agit de "tenir" un mois entier, mais c'est par conviction et pas juste par jeu. Et puis, finalement, savoir que cette diète ne durera qu'un mois et qu'il ne s'agit pas vraiment de privation, juste d'attendre un peu, permet de mettre les choses en perspective. Le principe n'est pas tant (comme au moment de mon défi d'une semaine) de me dire que je ne dois pas céder au caprice de l'immédiateté, mais d'envoyer un message pendant ce mois.

Il ya eu des instants de tentation, bien-sûr, pendant cette première quinzaine. J'ai lu deux livres qui étaient plus ou moins en attente (Bossypants de Tina Fey, et le roman éponyme qui va donner lieu à la série australienne Puberty Blues) et quand j'ai réalisé que j'avais déjà brûlé toutes mes cartouches, je confesse avoir cliqué instinctivement sur Amazon pour commander Génériques!, avant de me raviser au dernier moment. Inutile de préciser que j'ai envisagé déjà à trois reprises de faire une entorse à mes principes au nom du coffre de Game of Thrones, c'est l'évidence-même. Il y aussi eu ce moment de faiblesse lorsque toutes les reviews sur GCB ont commencé à affluer, mais là encore ça ne s'est pas concrétisé.
Globalement, l'intégrale Wonderfalls puis le Piemarathon permettent de passer un mois plus qu'agréable téléphagiquement, sans être limité à ces deux seuls titres (ainsi que le démontre ce blog depuis 15 jours).
Je n'ai failli qu'une seule fois à mon voeu de ne rien cagouler : quand j'ai fait main basse, un peu plus tôt cette semaine, sur l'émission du Saturday Night Live avec Lindsay Lohan, n'y tenant plus (et étant proprement incapable de trouver en streaming le sketch "The Real Housewives of Disney"). Je suis faible et je ne le conteste pas. Sur le reste, je me suis parfaitement comportée. Et je n'ai pas pris ce petit manquement à ma ligne de conduite comme une autorisation pour laisser tomber le Black March, soit dit en passant, et j'en tire une fierté qui me permet de résister à l'envie de cagouler tout et n'importe quoi.

Finalement, ce mois de retenue a aussi ses avantages. Prendre le temps de regarder les marathons que j'avais mis en attente (au moins quelques uns, disons, puisque j'ai toujours dans un coin de tête de me refaire Jack & Bobby, par exemple) n'en est qu'un parmis tant d'autres.
Lorsque je m'étais lancé le défi d'une semaine, j'avais réalisé au "retour" que plusieurs séries avaient naturellement été éliminées de ma liste. Ainsi The Defenders avait fait les frais de ce recentrage, et je ne l'ai même pas arrêtée volontairement, mais simplement parce qu'à l'issue de mon régime forcé, elle ne comptait pas suffisamment pour que je songe seulement à m'y remettre.

J'ai ouvert récemment un compte sur Pinterest, dans l'idée de tester ce nouveau "réseau social" ; à l'instar de Google+ que j'ai vite déserté, je me réserve le droit, si je ne suis pas convaincue, de finir par plier bagage, mais pour l'instant, le peu d'exigence de la plateforme fait que je m'en sers à peu près régulièrement. Outre une "board" dédiée à toutes les articles sur les séries que je scanne jour après jour (ce que je nomme sur Twitter ma revue de presse), et qui est très honnêtement ma board préférée pour le moment, j'en ai créé deux autres consacrées à l'affichage de mon planning téléphagique du moment :
- les séries que je regarde en ce moment
- les séries que j'ai arrêtées
Comme je suis d'une légendaire fainéantise, je n'y mets évidemment pas TOUTES les séries que j'ai arrêtées au cours de ma vie de  téléphage, mais celles que j'arrête depuis l'ouverture de mon compte Pinterest (c'est en plus très pratique de faire passer une image d'une board à l'autre). Wonderfalls, une fois achevée, s'y est tout naturellement retrouvée, par exemple.
Aujourd'hui, j'ai décidé d'y faire passer 2 Broke Girls.

2LostGirls
Tout simplement parce que, en 15 jours de Black March, pas une seule fois elle ne m'a manqué.
En temps normal, je la regarde souvent avec une à deux semaines de retard sur sa diffusion, genre un soir où j'ai mal à la tête mais où je ne veux quand même pas me coucher à peine rentrée du boulot, là il faut dire ce qui est, je n'ai vraiment pas la moindre envie de m'y remettre. Comme si un fil s'était détaché, et que c'était le dernier qui me liait à la série.

Alors, ce Black March a aussi des bons côtés insoupçonnés. Il me permet de mettre certaines choses à plat et de faire le tri. Ai-je vraiment besoin de regarder 2 Broke Girls ? Pas vraiment. Ce sont 20mn que je peux employer à autre chose. De la même façon qu'à une époque je regardais The Big Bang Theory puis Mike & Molly histoire de regarder des comédies un peu populaires mais sans grande conviction, j'ai réalisé qu'il ne servait à rien d'insister et de regarder une série "juste comme ça". Pas en me plaignant d'autre part de toujours manquer de temps pour d'autres choses. Comme le marathon Jack & Bobby, tiens.

Eh, vous allez voir qu'avec un peu de chance et en éliminant d'autres séries de mon planning, depuis près de 2 ans que je le reporte, je vais finir par me le faire, ce marathon-là !
D'ailleurs, essayez de remonter le tag Jack & Bobby et de voir ce que je dis de cette série à chaque fois que je la mentionne, c'est absolument hilarant.

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14 mars 2012

[#Ozmarathon] 4x16, pour de la fausse

BlackMarch

Entre Pushing Daisies et Oz, il faut avouer qu'il y a un monde, voire plus ! Mais l'équipe du Ozmarathon tenait à finir la saison 4 en dépit du léger contretemps que peut représenter le Black March pour certains d'entre nous, et nous voilà donc devant un season finale... bon, si je dis explosif, ça fait un peu blague facile, non ?

Sauf qu'une bonne partie de l'épisode va reposer sur le principe de pétard mouillé...

Ozmarathon_4x16

Il faut dire que cette seconde moitié de saison 4 avait pu se montrer parfois décevante, ou simplement peu cohérente avec la première partie, et qu'il y avait des intrigues qui ne pouvaient pas offrir un final époustoufflant de toute façon.

A l'instar de la lutte sourde entre Burr et Supreme Allah : ils n'ont pas arrêté de se crêper le chignon, et ça ne nous a pas captivés un seul instant, même quand Hill s'est trouvé mêlé à la bagarre et qu'il a pris tout le monde de haut en prétendant ne pas se livrer à cette guéguerre. La bonne nouvelle, c'est qu'il est un peu redescendu de son piédestale dans cet épisode, et qu'il a fini par prendre partie et même, par mettre la main à la pâte et influer sur le résultat de ce duel. J'ai aimé qu'il ne le fasse pas par erreur, contre son gré ou sous lap ression, mais en toute connaissance de cause, même si c'est ensuite pour en vouloir à lui-même et à Burr. La mort de Supreme Allah n'est pas très digne ; au regard du palmarès de la série en la matière, elle est même limite honteuse. Mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Place est faite pour une intrigue neuve en saison 5, et c'est l'essentiel.

Comme c'est la fin de la saison et que plein de contrats ne seront pas renouvelés pour l'année suivante, Oz en profite pour faire un grand nettoyage de printemps parmi ses personnages.

La mort la mieux accueillie est celle de Clayton Hughes. Nom d'un chien, depuis le temps ! Comme Supreme Allah, on ne peut pas dire que la mort ait beaucoup d'intérêt par elle-même, le personnage étant pourri depuis un bon moment. Voilà donc Clayton qui parvient à organiser une mutinerie en isolement, à se proclamer roi et à décréter que le couloir est une micro-nation, et très franchement à ce stade, on a envie de faire un raid dans les bureaux des scénaristes et organiser un shakedown, parce qu'il y a probablement pas mal de produits à saisir... Mais c'est pas grave, la fin justifie les moyens. Aussi, quand Clayton finit par casser sa pipe, un soupir de soulagement s'est échappé de moi à mon insu, si bien que j'ai presque manqué de saisir l'ironie cruelle que cela signifiait pour Leo Glynn d'avoir assisté, dans des circonstances similaires, à la mort de deux générations de Hugues comme ça. Mais vous voulez que je vous dise ? J'aime pas assez Glynn pour que ça me fasse de la peine, de toute façon. Et même si on peut être à peu près sûrs qu'il ne va pas bouger de son bureau, sa démission ne me fait ni chaud ni froid.

Le Colonel va également y passer ; ce n'était qu'une question de temps, le personnage n'ayant été ajouté que parce que, euh... eh bien... il faut dire que... ouais, bref, on le savait. Son sort avait été scellé dés ses interactions avec Beecher, peu après son arrivée à Em City, et nous sommes TOUJOURS du côté de Beecher.

C'est d'ailleurs pour ça que la conclusion de l'intrigue relative à la libération sur parole est tellement embarrassante. On a une intrigue qui est là parce qu'il le fallait bien (on a mentionné que Beecher y aurait droit lorsqu'il est arrivé dans la série il y a 4 saisons de ça, avant qu'on ne sache qu'il deviendrait un personnage si riche), dont les scénaristes ne veulent pas vraiment, à laquelle même Beecher ne croit pas, et qui franchement hante les cauchemars de n'importe quel amateur de la série. Libérer Beecher sur parole ? Bien-sûr qu'il le mérite, le pauvre, il en bavé, mais on n'imagine pas la série sans lui. Aussi, à chaque étape de cette histoire dans l'épisode, on est obligés de se demander un peu comment ça va foirer. Parce que ça va foirer. Schillinger qui tout d'un coup est de nouveau belliqueux ? Ce bon vieux Robson qui n'a jamais, hm, avalé ce qui lui est arrivé ? Cette mauvaise idée d'avoir une avocate complètement éprise de lui ? Allez quoi, il est obligé de tout foirer !
Je ne crois pas beaucoup m'avancer en disant que tout le monde a les yeux ronds quand s'ouvrent les portes devant Beecher, après qu'il ait réchappé à une tentative de meurtre de la dernière chance (on sent que les scénaristes font vraiment ce qu'ils peuvent). Non mais merde, quoi ! Vous n'allez pas le laisser sort-... ah, bah non tiens.
Et oui, c'est l'un des gros twists de l'épisode : Beecher a droit à une émouvante séquence de libération avec joli ciel bleu, criquets dans les hauteurs d'Oswald, et pique-nique avec son avocate et sa fille... Et c'était un rêve ! Des séries ont sauté le requin pour moins que ça.
Enfin de compte Beecher rempile, non sans mentionner que dans 1 an il a le droit de se représenter devant la commission de libération. Ca m'a fait penser, vous savez, je crois que c'était dans Friends, où Chandler (je crois) ne peut pas s'empêcher de dire aux gens qu'il n'a pas envie de voir "ouais, on se rappelle et on se fait une bouffe ?", et même une fois que ses potes lui ont donné un super truc pour se débarrasser de quelqu'un à qui il avait dit ça, il parvient à finir la conversation sur "on se rappelle et on se fait une bouffe ?". Bah là, même chose. On l'a échappée belle, Beecher a trouvé le moyen de ne pas quitter la série... oh mais, attendez, l'an prochain, on remet ça. Les cons. Bon non c'était ptet pas Friends, je sais plus.

Le plus gros fake était pour la fin. Cette histoire d'Irlandais de l'IRA prêt à tout faire pêter, on savait bien que ça tournerait mal. C'était la seule intrigue valable, par moments, grâce à Ryan O'Riley qui portait quand même la série certains jours. Alors, au moment d'aborder le vrai final, c'était plutôt émouvant de le voir soudainement avoir une, euh, comment ça s'appelle ce truc ? Une ? Vous dites ? "Conscience" ? Ah peut-être, je saurais pas vous dire. En tous cas, il réalise qu'il a un frère et une dulcinée qui comptent sur lui (le frérot peut-être mais je suis moins convaincue pour Gloria), et se ravise au dernier moment. Cela n'empêche nullement l'ami Padraig de tenter de mener son plan à bien et de tenter de faire exploser une bombe au milieu d'Em City.
La séquence est suffisamment chargée en émotions pour fonctionner brièvement. Mais quand la bombe décide de ne pas exploser, on sent que ça va être n'importe quoi. Notamment parce que, en tant que spectateurs attentifs (Oz fait partie des séries qui, dans leurs meilleurs jours, ont encouragé cette qualité chez nous, après tout) on a aussi senti le gaz.
Pas d'explosion de bombe, donc, mais une explosion quand même, histoire de nous surprendre une dernière fois et de nous laisser sur un cliffhanger haletant. On n'a sans doute pas ressenti la même angoisse qu'à la fin de la saison 1 (ce season finale est indétrônable !) mais ça fonctionne quand même relativement bien, au sens où bien malin celui qui pourra prédire les conséquences de cet évènement à l'heure actuelle.

En tous cas, on sait que Beecher survivrait même à une bombe atomique, les scénaristes ont trop besoin de lui. Quant à Kareem Saïd, il est absolument impossible de nous quitter maintenant qu'il a éveillé son Adebisi profond, il est devenu trop captivant ! Mais pour les autres, on se retrouve en saison 5 pour le savoir...

12 mars 2012

[#Piemarathon] 1x06, laisse

BlackMarch
Je vais être honnête avec vous, cette histoire de Piemarathon est en train de déraper (mais dans le bon sens du terme).
Je veux dire, bon, je me suis lancée il y a seulement 4 jours et j'en suis déjà à aborder la fin de la première saison... Alors soit, elle n'est pas longue, il y a eu un weekend, je n'ai pas travaillé cet après-midi, certes. Mais quand même, euh, ça devient un peu compliqué. Pis je vous raconte pas le méchant effet de manque dés que je m'éloigne de mon DVD. Heureusement que j'ai le soundtrack sur mon smartphone sinon ça pourrait devenir dangereux pour mon entourage.

C'est d'ailleurs assez fou de retomber amoureuse d'une série qu'on connait (presque) par coeur. C'est une sacrée chance, aussi, parce que j'ai réussi à me laisser surprendre une ou deux fois, notamment dans l'épisode qui nous occupe ce soir, et je ne sais sincèrement pas si je serais capable de me laisser faire comme ça par d'autres séries. Devant Une Nounou d'Enfer, par exemple, je récite les dialogues comme des psaumes, ça n'a rien à voir. Là, je suis dans un état d'esprit particulier où j'arrive à prendre de la distance avec mes souvenirs pour profiter du spectacle, ce qui me permet de ressentir plein de choses, et pas juste l'impression de confort qu'on expérimente devant une série qu'on connait très bien et qu'on adore retrouver. C'est un vrai bon marathon, j'en savoure chaque seconde, même si je commence à baliser à l'idée qu'il me prendra probablement moins longtemps que prévu.
Nan mais voilà, c'est tout, je voulais juste partager ma joie, parce que je parle des épisodes, et truc, et bidule, et très franchement, les marathons bloggés en temps réel je commence à prendre lentement l'habitude (pour moi qui, il y a encore quelques mois, n'était pas coutumière des reviews épisode par épisode), mais du coup j'en oublierais presque de vous dire combien je me régale et combien ça me fait plaisir de me replonger dans la série. C'est donc chose faite.
Sachez que c'est une vraie kermesse. Et que je ne veux pas descendre du manège.

Piemarathon_1x06_Title

L'épisode commence alors qu'Olive accomplit son premier acte de bravoure de l'épisode : elle confesse d'elle-même à Chuck avoir embrassé Ned dans l'épisode précédent. Dans à peu près n'importe quelle autre série, ce serait soapesque. Mais ici, c'est une façon magnifique à la fois d'approfondir encore le personnage d'Olive, qui devient lentement mais sûrement le plus touchant de la petite bande du Piehole, mais aussi de faire avancer sa relation avec Chuck. La fille morte prend en effet les choses plutôt bien et toutes les deux parlent très ouvertement de la relation entre Chuck et Ned, comme de vraies amies, de vraies complices. Olive montre alors qu'elle a une très, très bonne nature, en s'inquiétant réellement des problèmes de contact (ou absence de) entre les amoureux, même si elle est encore un peu blessée par le rejet qu'elle vient de subir. Sans le savoir, Chuck vient ainsi de lui ouvrir la porte du petit groupe qu'ils forment, ne se sentant pas menacée par le contact entre Ned et Olive alors qu'elle-même sent bien que ça reste un vrai problème entre eux.

Et il est là, le coeur du problème : plus que de devoir éviter de se toucher, les amoureux continuent de devoir accepter ce fait, et ils ont du mal. Chuck n'est plus vraiment en danger d'être touchée par hasard et de mourir définitivement, que de ne justement pas pouvoir toucher son Piemaker et de perdre son affection (à moins que ce ne soit l'inverse).
Il faut dire que le rêve érotique, ou plutôt le cauchemar de celui-ci a de quoi en troubler plus d'un. Je me souviens encore de l'horreur que j'avais ressentie la première fois que j'avais vu cette scène, cet instant terrible, lorsque Chuck lui tombe dessus et qu'il y a cette petite seconde pendant laquelle le temps est suspendu, mon Dieu, c'est arrivé, il l'a touchée, elle est partie pour de bon cette fois... et puis finalement non et c'est en fait là que commence le véritable cauchemar. Evidemment, difficile de ressentir ce bref désespoir et de croire Chuck disparue avec les visionnages suivants, mais force est de constater que le passage reste déchirant et qu'on comprend bien que cela dérange autant le Piemaker ensuite. On le comprend bien, mais on rit avec Emerson tout de même, hein, l'un n'empêche pas l'autre...

Piemarathon_1x06

L'épisode va continuer d'explorer divers sujets relatifs aux relations amoureuses avec l'étrange cas d'un polygame éleveur de chiens qui a été tué de bien curieuse façon. Outre le crime lui-même, qui s'avère n'être pas celui qu'on croit, c'est la quête du tueur qui va les occuper, leur donnant tout loisir de se frotter aux différentes épouses de la victime (pour Emerson, un peu plus près que pour les autres). Aussi bien en ce qui concerne l'intrigue que dans le domaine de l'univers visuel et sonore, on n'est pas exactement dans le meilleur épisode de la saison. L'idée est vraiment de pousser au maximum Ned et Chuck à se poser des questions sur la durabilité de leur tendre amour, et pas vraiment de nous offrir un moment enchanteur. Heureusement qu'il y a toujours les excellents dialogues et l'air empoté pathologique du Piemaker pour nous distraire comme à l'accoutumée.
On notera aussi qu'il n'y a pas de tantes en vue dans cet épisode, pour la seconde fois consécutive, et qu'il n'y est même pas du tout fait référence. Ce n'est pas une mauvaise chose : on ne peut décemment pas les intégrer à chaque fois. Mais elles m'ont quand même un peu manqué.

Alors qu'on commençait un petit peu à trouver que cet épisode manquait de chien (ha ha ha), voilà que le Piemaker et la fille morte se regardent de nouveau dans le blanc de l'oeil pour discuter de leurs problèmes, et que, plus que jamais jusque là, la souffrance de Ned devient très palpable. Il a passé l'épisode à être embarrassé, maladroit, gêné, effondré, catastrophé, mais là, il cesse de faire le clown triste et on peut presque ressentir son pincement de coeur lorsque Chuck enlace Digby à sa place. Ned prend toute la mesure de l'absence de contact à cet instant, on dirait, et l'accepte en même temps. Ca fait une plutôt jolie scène...
...Vite éclipsée par la suivante. Pour la seconde fois dans cet épisode pourtant pas très joyeux, Olive va nous arracher un soupir de chagrin et d'amiration.
Car elle est impressionnante, Olive, quand elle laisse partir son Piemaker. Elle tient à lui mais elle accepte de n'être jamais qu'Olive la serveuse. Elle a ce regard incroyable quand il lui fait ses excuses, comme si elle ne voulait pas l'affliger LUI avec son trouble à elle.
Elle a raison, notre petite chose blonde : elle est vraiment grande.

12 mars 2012

[#Piemarathon] 1x05, ghost

BlackMarch
Alors qu'elle jouait un second couteau lunatique dans le pilote, Olive a désormais le vent en poupe. Elle est une nouvelle fois l'héroïne de l'épisode, et éclipse Chuck (au moins temporairement) alors qu'elle embauche elle-même Emerson pour enquêter sur une curieuse affaire de jockey fantôme...

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On a appris pas mal de choses sur la plupart des personnages jusqu'ici, mais le passé d'Olive Snook était resté brumeux. Voilà donc une opportunité en or d'apprendre à connaître la petite chose qui se présente lorsque son passé de jockey refait surface ; difficile d'ailleurs de ne pas mourir de rire lorsqu'Emerson apprend cette information capitale sur le CV de la serveuse ! Outre cette séquence savoureuse, l'épisode ne sera pas dénué de scènes proprement hilarantes, grâce à un Emerson qui, déjà très en forme en solo (jolie déclaration d'amour à une pelle, notamment), voit ses pouvoirs se décupler lorsqu'il travaille en tandem avec Olive. Ca fonctionne totalement entre ces deux-là. Encore ! Encore !

Mais, à la surprise générale, y compris et avant tout d'Olive elle-même, celle-ci fait aussi un épatant duo avec nulle autre que Charlotte.
D'accord, la défunte n'a jamais montré d'animosité vis-à-vis d'Olive (en fait elle remarque tout juste sa présence, si on veut être honnêtes, et ne lui adresse la parole que depuis qu'elle craint pour son secret), mais ça reste quand même fichtrement imprévu. Et pourtant, il suffit de les voir toutes les deux pendant la fin de l'épisode pour admettre qu'elles forment une combinaison gagnante, tant au niveau de leur dynamique que lorsqu'il s'agit d'être efficaces en temps de crise.

Piemarathon_1x05

Ce que j'aime dans Pushing Daisies, c'est que là où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir. La série assume totalement tous ses effets de style ; qu'il s'agisse d'entendre régulièrement le signal de départ des courses hippiques au cours des différents dialogues, de voir que tout d'un coup les scènes entre Olive la cliente et Emerson le privé ont droit à un éclairage de stores vénitiens ultra-cliché, ou bien-sûr, d'entrer dans l'inénarrable maison de la mère de John Joseph Jacobs, qui pique délicieusement les yeux, les excès sont bienvenus parce qu'ils participent à la création d'un univers bizarre autant qu'amusant, où l'oeil s'attarde et où on passe notre temps à dénicher cent détails formidables.
Qui plus est, le mérite de l'épisode ici présent est d'avoir plusieurs thèmes en un seul ; les épisodes à thème ne sont pas nouveaux dans la série (comme l'avait prouvé le deuxième épisode) mais le concept n'avait jusque là jamais été porté aussi loin ; cela marque définitivement un tournant dans l'univers de la série. Jusque là il s'agissait juste de proposer un contexte merveilleusement étrange, cette fois on est dans une sorte de champs lexical constant. Le meilleur épisode à ce petit jeu sera sans conteste celui des abeilles ; on n'y est pas encore mais c'est ici que tout commence, avec ces rappels permanents de l'univers du cheval (jusque dans les mugs d'Olive). Et pourtant, si l'épisode du jour est dédié à l'équitation, on a aussi un vrai épisode de Halloween, comprenant un hommage implicite à la légende de Sleepy Hollow, et c'est assez incroyable de voir comment ces deux univers se mélangent parfaitement bien. Sans compter, je l'ai dit, le côté légèrement parodique des films noirs que prennent les dialogues entre Olive et Emerson.
Tout cela fonctionne, s'emboîte, se complète parfaitement. J'ai regardé cet épisode avec une vraie admiration ; la série prend vraiment ses marques à partir de là.

Et pourtant, plus que la seule prouesse au niveau de l'ambiance et du style de la série, on a ici un épisode TRES mélancolique qui délivre de vraies scènes d'émotion.
Ned le Piemaker continue d'explorer ses traumatismes d'enfance, Halloween lui rappelant probablement le pire souvenir de tous, quand il a réalisé que son père l'avait abandonné. Les souvenirs de cet épisode de sa vie comme les scènes au présent sont terribles, parce sa souffrance ne s'exprime pas, encore une fois il garde les choses pour lui (mais il est vrai que c'est le genre de choses qu'on ne partage jamais vraiment), et noyé dans son sentiment d'abandon, il met sans le vouloir de la distance avec Chuck. A sa décharge, il faut quand même reconnaître que celle-ci est un peu chiante dans sa façon d'exiger de lui de tout dire de ce qui le préoccupe, alors qu'elle-même lui fait des cachotteries à propos des tartes qu'elle fait livrer à ses tantes.
Ned aura en tous cas l'occasion de refaire le chemin à l'envers, ce qui le mènera dans sa maison d'enfance, mais aussi chez les Darling Mermaid Darlings, et ce sera l'occasion d'une très, très jolie scène entre lui et tante Vivian. Pour elle qui ne supporte pas le contact, la voir cajoler ce petit garçon tout triste qui n'a pas résolu ses souffrances d'enfant, ça voulait vraiment dire quelque chose de fort. L'anecdote sur les coussins qu'elle glisse dans le lit de Chuck était déchirante aussi.
Qu'il s'agisse de souffrance, d'enfance ou d'êtres chers, Pushing Daisies parle magnifiquement bien du deuil.

Pour Olive, c'est aussi le moment de grandir un peu, si je peux m'exprimer ainsi. Après avoir pris la décision consciente, dans l'épisode précédent, d'aider Chuck à protéger son secret, la voilà qui est dans la confidence (du moins le pense-t-elle) et si elle en veut à sa rivale, elle va très vite s'apercevoir que sa colère est retombée. L'épisode nous montre une Olive qui, délaissant progressivement ses petites répliques mesquines, va comprendre l'évidence : quelle que soit la vérité à propos de la fille appelée Chuck, cela ne lui rendra pas Ned d'exposer ses secrets. Le baiser désespéré qu'elle lui délivre est suivi d'une douloureuse épiphanie...

Par le biais de ses dialogues pétillants et de ses excentricités, Pushing Daisies continue de maquiller son ton extrêmement dramatique, et c'est certainement ce contraste qui fonctionne si bien à mes yeux.

11 mars 2012

[#Piemarathon] 1x04, pigeon

BlackMarch

On revient dans ce nouvel épisode à un mystère plus "normal" dans son déroulement (victime, puis passage à la morgue, puis découverte du criminel...), mais original dans son dénouement, tout en poursuivant l'exploration des problèmes de couple de Ned et Chuck. Tout ça pendant qu'Olive compte sur un pigeon pour séparer les tourtereaux...

Piemarathon_1x04_Title
Pauvre, pauvre Olive, qui est passé à peu de choses d'arriver à ses fins dans cet épisode, et qui est trahie par son petit coeur. Au lieu que son plan, échafaudé afin de mettre Chuck face à son secret, ne réussisse, voilà qu'elle s'aperçoit qu'elle a passé un peu trop de temps avec les Darling Mermaid Darlings et qu'elle s'est prise d'affection pour elles... Qui peut la blâmer ? La petite chose n'a jamais personne à qui parler si ce n'est un chien, d'ordinaire, alors pour une fois que des gens se lient avec elle, Olive n'allait quand même pas tout gâcher. C'est ainsi qu'en une fraction de seconde, Olive prend la décision de laisser Chuck garder son secret, et entre dans la confidence.

Et tant mieux. La jalousie d'Olive, si elle se conçoit, ne pouvait pas la maintenir trop longtemps dans une situation de "méchante" dont les plans allaient constamment mettre en péril le bonheur de Ned et Chuck. C'est par une jolie pirouette que la blondinette entre en connivence avec eux, sans pour autant cesser de couler des regards enamourés à son Piemaker.

C'est réellement l'épisode le plus triste à ce jour (considering). Aussi bien pour Olive, qui doit mettre de côté sa poursuite impossible de l'éviction de Chuck (même si on peut débattre de l'efficacité de son plan : ce n'est pas parce que Chuck serait dans la panade vis-à-vis de ses tantes qu'elle disparaîtrait du Piehole, ou que Ned l'aimerait moins) que pour les tantes de l'ex-défunte.
D'ailleurs plus on passe du temps avec ces dernières, plus on trouve leur tandem aussi cafardeux que bizarre ; certes, elles ont leurs névroses qui les rendent excentriques, mais on prend vraiment la mesure de leur peine. Qu'il s'agisse de voir Lilian pleurer ou Lily faire la tête, on sent que les deux femmes sont réellement affectées. On pourrait dire en somme qu'elles sont atteintes aussi bien mentalement qu'émotionnellement.

Piemarathon_1x04
Du côté du Piemaker et de la fille appelée Chuck, il y a de l'eau dans le gaz. La dangerosité du contact entre ces deux-là étant bien établie dans les épisodes précédents, on s'attaque aux côtés les moins romantiques de cette interdiction de se toucher quand Chuck est attrapée au vol par un homme qui, lui, peut se servir de ses mains. La jalousie du Piemaker n'est pas bien jolie à voir, ses manifestations devenant même plutôt mesquines au cours de l'épisode (m'est avis que Ned est aussi rancunier que jaloux), mais elle se comprend, parce qu'il réalise que la situation va quand même poser problème sur le long terme ; implicitement, Pushing Daisies nous rappelle que ses héros ne sont pas faits de bois et que la romance a ses limites : tout ça c'est bien gentil mais euh, hein, on se comprend.
Comparativement, le début de l'épisode, dans lequel Digby, chien fidèle (et particulièrement intelligent), va retrouver son jeune maître, est moins triste ; et pourtant je mets au défi quiconque de rester de marbre devant le passage où tous les deux se retrouvent, joyeux, avant de réaliser qu'ils ne pourront jamais se toucher non plus. Ned trouve immédiatement une branche (plus tard il aura un outil plus perfectionné) pour pallier à ce petit inconvénient, mais Digby aime son maître sans trop regretter le manque de contact. Ce n'est pas le cas de Chuck qui ressent le besoin qu'on lui prenne la main. Elle s'imagine que c'est la main du Piemaker, mais la vérité c'est qu'elle ne peut pas se passer de contact... Quand on y pense, c'est pire vu que Ned fait son possible depuis des années pour éviter le contact avec tout le monde depuis des années. Ca ne fait que 4 épisodes qu'elle est morte et elle s'amuse déjà à tenir la main du premier venu !

Bien-sûr, la romance de conte de fée n'est jamais totalement absente de Pushing Daisies : une histoire d'amour se met en place entre deux des protagonistes secondaires de l'épisode, racontant une autre histoire d'amour en filigrane, et d'ailleurs en fin de compte, le Piemaker et la fille morte finissent par danser romantiquement enlacés sur le toit du Piehole. Mais en dépit des apparences, Ned et Chuck viennent quand même de se prendre un méchant revers dans leur relation ; ils vont y survivre, mais en même temps, plus que de craindre la mort de Chuck, ils craignent ici la séparation et c'est pire, bien pire.

Assez peu d'humour, donc, dans cet épisode (qui n'en est cependant pas totalement dépourvu), et un Emerson également un peu en retrait, mais c'est normal vu la place prise ici par Olive et les tantes.
On a pourtant droit à une scène absolument tordante (bien qu'un peu longue) lorsqu'un pigeon vient s'écraser contre une vitre du Piehole et qu'il est ressuscité par Ned (à son corps défendant). Le Piemaker et Emerson guettent avec anxiété qui sera alors la proie de remplacement du destin, et entre la terreur d'Emerson (sa couardise n'est pas son trait de caractère le plus attrayant !) et la tristesse de Ned qui est certain qu'un écureuil qui passait par là va vraiment y passer, il y a de quoi se plier de rire. Ce sera franchement la seule scène aussi légère de l'épisode : il y a des bonnes répliques, comme toujours (les dialogues sont émaillés de perles absolues), mais ça reste plus ponctuel.

C'est vraiment agréable, cette façon dont les épisodes changent de ton, je ne me souvenais plus de cette amplitude (curieusement, je n'avais retenu que la partie la plus légère de ces intrigues). J'apprécie les moments comiques, qui admettons-le ont la chance de reposer sur des dialogues d'orfèvrerie débités avec une rapidité n'ayant rien à envier à Gilmore Girls, mais le côté émotionnel n'est pas absent. Peut-être que les fois précédentes, j'avais été un peu éblouie par la forme de la série pour m'en apercevoir, ou peut-être que sitôt le marathon terminé je vais oublier ces avantages-là (me repasser en boucle la BO de la série cycliquement n'aide probablement pas à en fixer une image fidèle non plus), mais ça fait bien plaisir. Vite, la suite !

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10 mars 2012

[#Piemarathon] 1x03, poire

BlackMarch

C'est bien connu, dans funérailles, il y a fun. Et si Pushing Daisies a toujours eu un côté un peu morbide et farfelu à la fois, dans cet épisode qui se passe dans une entreprise de pompes funèbres et qui va être ponctué de remarques cinglantes de la part notamment d'Emerson, on va vraiment être à la fête...

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Je vous disais hier que le côté procédural de Pushing Daisies n'était qu'un prétexte ; eh bien la meilleure preuve, c'est que dés le troisième épisode, la série joue déjà avec cet angle et le pervertit. Dés le départ, on sait comment le cadavre de cet épisode est décédé, on sait qui en est la cause, bref, il n'y a pas de mystère. Le don du Piemaker ne lui servira en réalité pas à grand'chose, ce qui est parfait puisque cela lui donne l'opportunité, ainsi qu'à Chuck, d'explorer les circonstances qui les ont conduits à se retrouver. C'est super agréable de voir la structure ainsi renversée au profit des angles comiques et dramatiques de la série.
Ainsi, Chuck va découvrir que sa vie a un prix, qu'a payé le directeur de l'entreprise funéraire où Ned l'a trouvée. Ce dernier espérait qu'elle ne le sache jamais et est évidemment confus qu'elle apprenne l'horrible vérité, mais plus encore, il est rongé par le remords. Tout ça sous le regard courroucé d'Emerson qui n'a jamais très bien digéré cette histoire de "bitch, I was there".

Plutôt que de questionner leur relation amoureuse, comme dans l'épisode précédent, on s'attarde plutôt sur leur relation tout court étant donné le contexte très particulier dans lequel ils se sont retrouvés. Cela n'exclut absolument pas d'insister sur leur romance, qui prend un tour d'ailleurs plus tactile que précédemment (enfin, autant que faire se peut), mais ce n'est pas le seul focus de l'épisode en tous cas.
Pendant ce temps, Olive persiste à n'avoir (c'est ironique quand on y pense) aucun contact avec la petite bande à l'intérieur du Piehole, ce qui ne l'empêche pas de faire une découverte capitale au sujet de la chère et tendre de Ned, et de se rapprocher des deux tantes de celle-ci.

Piemarathon_1x03
Ici l'accent est moins mis sur la magie de la série (quoiqu'on trouve encore de très jolis plans un peu partout, et toujours autant de délicieuses couleurs) que sur son humour. La star de l'épisode est, contrairement aux apparences dans une histoire qui met Ned le Piemaker et Chuck la fille morte face à ce qui les a réunis mais pourrait les séparer, notre bon Emerson, qui fait preuve à la fois d'une lucidité à toute épreuve, notamment quand il explique pourquoi il a accepté cette affaire, et d'une causticité impayable. Encore une fois, ses échanges avec Ned sont précieux, parce qu'ils ont une super relation ; ça se sent bien quand Ned et lui discutent au retour de la morgue. Emerson n'est pas qu'un simple alibi comique pour contrebalancer la romance de Pushing Daisies, il est un personnage qui s'affirme énormément dans cet épisode.

Encore une fois, la série ne fait pas de quartiers (hormis avec les poires), et ne ménage pas ses personnages. L'épisode met Ned le Piemaker devant ses responsabilités, fermement. Il n'est pas un prince charmant pour les scénaristes (seulement pour Chuck), et son charme ne le protège pas ; il va bien devoir arrêter de fuir les questions qui auraient été posées de toute façon à un moment ou à un autre, de façon à s'assumer un peu, au lieu de chercher à s'en sortir en bégayant et en prenant un air de chiot battu. Il essuie donc l'irritation d'Emerson, mais aussi la colère de Chuck qui n'apprécie pas trop qu'il lui ait menti et n'aime pas qu'on la prenne pour une poire. C'est un peu la même logique que pour notre fille morte dans l'épisode précédent : il va se fritter avec absolument tout le monde... en tous cas, jusqu'au moment où il va se prendre en main.
En acceptant de porter la responsabilité de ses décisions et de ses actes, il grandit un peu. C'est touchant de voir la progression depuis son expérience avec les lucioles, quand il était petit et qu'il a découvert la fameuse règle des 60 secondes (judicieusement justifiée ainsi, d'ailleurs), nous ramenant au moment où il a grandi d'un coup et s'est découvert un pouvoir terrible, et de constater que depuis, il a tout arrêté, et même cessé de grandir, sa mesure de protection consistant à se tenir éloigné de tout le monde et à ne s'impliquer dans rien, si ce n'est la confection de tartes. Le voilà bien obligé de cesser d'être le petit garçon victime de son pouvoir, forcé qu'il est de s'impliquer maintenant qu'il a fait certains choix.

Deux moments très touchants dans cet épisode. D'une part, toute l'intrigue relative aux Darling Mermaid Darlings ; on aurait pu craindre qu'elles disparaissent rapidement de la série, mais on a ici une jolie façon de nous les ramener. Alors qu'elles pensaient gérer un peu mieux leurs névroses, les tantes ont reçu une carte postale en retard de leur nièce qui les replonge dans la dépression. En annulant leur spectacle, les deux tantes de Chuck vont ainsi ramener la jeune femme dans son rôle de jadis, lorsqu'elle prenait soin d'elles. Chuck va donc préparer une tarte aux poires couverte de gruyère et la leur faire livrer (non sans y distiller quelques gouttes d'un antidépressant aux plantes dont elle a reçu un échantillon). C'est joli cette façon que Chuck a de se soucier autant des circonstances de sa mort que des êtres aimés qu'elle laisse derrière elle, et que sa crise avec Ned le Piemaker ne l'occupe pas entièrement pendant cette épisode. Toute pétillante et un rien crampon qu'elle puisse être, Chuck montre ainsi un versant de sa personnalité qui la rend très sympathique.
Et puis il y a Olive et son admirateur secret. Toute occupée qu'elle est à imaginer Chuck disparaitre dans le néant (ignorant que ça se joue à aussi peu de choses qu'un trou dans le film plastique !), elle ne voit pas le client qui ne cherche qu'à attirer son attention. Cette fois, ses frustrations ne s'expriment pas en chanson, mais ça reste extrêmement vif et touchant. La voir se radiner aussi vite que possible sur ses petites jambes quand Ned arrive, se faire renvoyer dans son coin, et perdre immédiatement son sourire, est légèrement répétitif mais très touchant. Inutile de dire qu'évidemment, son intrigue rejoint, par le plus grand des hasards, celle des Darling Mermaid Darlings mentionnée plus haut, lorsqu'elle se retrouve à leur livrer une tarte couverte de gruyère...

L'épisode nous prouve que les mystères sur lesquels notre club des 3 (Ned, Chuck et Emerson) enquêtent sont donc potentiellement soumis à des imprévus, et que la structure des épisodes n'est pas gravée dans le marbre. Cela laisse la part belle au côté feuilletonnant de la série, et c'est un vrai plaisir.
J'ai encore un petit peu de place, je me ferais bien un épisode de plus, mais figurez-vous que je vous prépare d'abord un autre post qui n'a rien du tout à voir... alors la suite du Piemarathon va attendre un peu.

9 mars 2012

[#Piemarathon] 1x02, dent-de-lion

BlackMarch

Le Piemarathon continue pour le plus grand bonheur de, euh, moi déjà, pour commencer. Mais je me régale pour douze, n'en doutez pas. Cette fois, adieu pilote vu à peu près cent fois (par an), on se lance dans la suite de la première saison, qu'en revanche je n'ai pas dû voir plus d'une demi-douzaine de fois, je sais, ça fait petit joueur.
Cette épisode a une double importance à mes yeux, car si j'avais aimé le pre-air, puis le pilote de Pushing Daisies, c'est la fantaisie de ce nouvel épisode qui allait finir de me conquérir. Si bien que mon fond d'écran (tant d'ordinateur que de smartphone) depuis lors en est tiré, et n'a plus jamais changé depuis l'annulation de la série ; évidemment, ce fond d'écran se nomme Pissenlee.jpg.

Piemarathon_1x02_Title
La magie continue donc. Mais l'air de rien, derrière ses jolis pissenlits souriants, cet épisode est quand même ultra-traumatisant.
Déjà, la violence du crime est atroce : faire exploser les gens ! Déjà que le pilote sous-entendait qu'un chien avait arraché un bout de joue à une victime, là on est dans l'ignominie la plus totale. Mais pire encore, on y trouve également des cadavres suspendus dans une salle, balançant légèrement dans le vide dans des combinaisons oranges ajoutant au sordide, comme issus d'un atroce film de science-fiction et/ou d'horreur. Le charnier des crash dummies est à peine plus réjouissant... Pour finir ce bien triste tableau, un personnage secondaire dont la boulimie est dépeint avec un luxe de détails dont très sincèrement on se passerait bien par moments.

Malgré tout cela, la magie opère vaillamment, donc.
Elle opère parce que la série élargit encore son registre, avec cette scène musicale fabuleuse et pourtant si drôle au cours de laquelle Olive tente désespérément de se la jouer version comédie musicale, sauf que l'univers persiste à l'interrompre à chaque fin de couplet ou presque, et qu'elle est frustrée même quand elle essaye d'exprimer sa frustration toute seule au Piehole. Pauvre petite Olive. Merveilleuse petite Olive.
Elle opère encore parce que d'une façon générale, l'épisode prend le temps de se poser un peu et de nous laisser un peu plus apprécier les décors du Piehole, par exemple, et que ce lieu est absolument fantastique, avec ses lustres en forme de cerise et ses banquettes vert émeraude.
Elle opère, enfin, parce que la relation entre Chuck et Ned vire ostensiblement au flirt et que leurs échanges sont pétillants à souhait. Pour deux amoureux transis, ils ne sont pas trop niais, s'envoient des petites piques avec plaisir, se décrochent même parfois des regards parfois exaspérés... Une relation qui date d'il y a un peu moins d'un épisode et qui pourtant connait ses hauts, ses bas, et ne nous enquiquine pas avec une sorte de lune de miel exagérément candide : je dis bon point.

Piemarathon_1x02
Il faut dire que le couple Ned/Chuck connait déjà ses premiers remous, puisqu'ils ne s'entendent pas très bien sur le degré d'honnêteté que leur relation doit afficher. Ned évidemment est dans une position intenable, il s'entête à prétendre qu'il veut préserver ses secrets alors qu'en réalité, il n'y en a qu'un qu'il souhaite continuer à dissimuler (la mort du père de Chuck). Quand à la jolie fille morte, elle se montre extrêmement insistante dans son besoin de fusion, ce qu'on peut cependant comprendre vu que, comme elle le dit, aujourd'hui Chuck n'a plus que Ned dans la vie. La mort. Enfin vous me comprenez.
C'est d'ailleurs très tendre cette façon pour aucun des deux de se dire que, s'il faut éviter de se toucher, et qu'en plus la pauvre Chuck est maintenant prisonnière de l'affection de Ned (qui n'est pas vraiment le gars le plus expansif du coin), alors peut-être que le mieux serait de partir au contraire à l'autre bout du monde et ça résoudrait tous les problèmes. Objectivement c'est probablement vrai, mais tous les deux sont trop enamourés déjà pour y songer seulement. La romance est donc présente, mais elle avance au lieu de rester figée dans les échanges de battements de cils et de rougissements.

La vraie bonne idée de cet épisode, c'est de faire en sorte que Chuck ne trouve vraiment sa place avec personne, en fin de compte. Avec Ned, évidemment les choses sont un peu compliquées, notamment parce qu'il y a cette histoire d'honnêteté totale, mais parce que vraisemblablement, Chuck est aussi du genre entreprenante alors que Ned suit mollement dans son sillon, l'air un peu béat mais ne sachant trop comment s'adapter. La sensation d'inconfort est bien vue même si, comme on l'a dit, leurs sentiments sont également très clairs.
On se doutait bien, aussi, que la jalousie d'Olive n'allait pas aller en s'arrangeant (et d'ailleurs, cette Olive-là est très touchante, bien plus que dans le pilote), mais qu'Emerson ne digère toujours pas trop bien la pilule, c'est extrêmement savoureux et ça permet d'avoir des échanges très sympathiques, comme par exemple dans la voiture devant la morgue. Chuck et Emerson ne sont pourtant pas en compétition, mais voilà, la petite demoiselle prend beaucoup de place en peu de temps et le contrôle qu'Emerson avait sur le cours des enquêtes s'en trouve menacé. Fort heureusement, notre bonhomme a encore de la ressource (il ne s'agirait quand même pas que l'arrivée de Chuck le réduise à un poids mort, surtout pas), et il le prouvera au moment le plus opportun, en gardant la tête froide pour aider le trio à se tirer d'un mauvais pas.
Chuck ne se laisse pas démonter pour si peu, mais ça lui permet d'avoir des échanges un peu piquants avec tout le monde, plutôt que de se trouver en opposition uniquement avec sa rivale, ou le partenaire de son Roméo.

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques adorables petites loufoqueries qu'on apprend dans cet épisode sur les personnages. Ainsi, Chuck parle un Japonais parfait (mais avec un accent à couper au couteau) et a appris plusieurs autres langues dont le Français, l'Allemand... (il faudrait qu'elle sous-titre des séries, ce serait parfait). Elle a également développé une connaissance des fromages du monde qui a de quoi laisser pantois.
Quant à Emerson, on lui découvre un cri de fillette à se tordre de rire, mais aussi sa fameuse passion pour le tricot.

Entre couleurs folles, excentricités, taquineries et morbidité ambiante, Pushing Daisies confirme ses objectifs : on a une série qui a décidé de cultiver sa différence en dépit de son côté vaguement procédural, et qui ne transige pas sur son grain de folie ou sa tendresse pour cela. Combien de séries procédurales peuvent se vanter de la même chose, hein ? Ne m'obligez pas à donner des noms.

8 mars 2012

[#Piemarathon] 1x01, crème de la crème

BlackMarch

Saviez-vous que Pushing Daisies compte parmi mes séries préférées ? Non ? Je savais que j'allais vous surprendre. Il faut dire que je ne fais quasiment jamais référence à cette série sur ce blog depuis... mon Dieu, depuis bientôt 5 ans. Comme en attesteront, d'ailleurs, les très très rares posts que vous trouverez en suivant le tag au bas de ce post.
Et pourtant, en ce mois de mars un peu exceptionnel, comme en témoigne la bannière qui couronne chacun de mes écrits depuis environ une semaine, j'étais résolue à employer une bonne partie de mon temps à revoir la série, car en réalité ça fait longtemps que je ne me suis pas fait d'intégrale. Et par intégrale, je veux dire "tous les épisodes sauf le dernier", car je ne l'ai encore jamais vu à ce jour. A vrai dire, je ne suis pas encore décidée à ce sujet à l'heure actuelle.

Il m'aurait tout-à-fait été possible de passer ce marathon sous un relatif silence, comme je l'ai fait pour Wonderfalls qui n'a eu droit qu'à deux posts en 13 épisodes et 1 semaine de dégustation, mais voyez-vous, on parle de Pushing Daisies. L'une des séries qui fait battre mon coeur à la simple évocation de son nom. Donc non. Vous allez y avoir droit, les amis, une review par épisode, pour partager mon émerveillement, ma joie, mon délice, et mon émerveillement. Oui, je sais. Cette introduction étant également destinée à servir d'avertissement, passons donc au nerf de la guerre avec le premier des 21 ou 22 posts qui vous attendent pour ce Piemarathon.
...Ah, quel merveilleux mois de mars je vais passer en compagnie de ceux d'entre vous qui supporteront de me voir parler de cette série quasiment chaque jour !

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Lorsqu'on aime une série mais qu'on accepte (moitié à contre-coeur, moitié parce qu'on ne peut quand même pas faire que ça) de ne pas la regarder pendant plusieurs mois, on court rapidement le risque de l'idéaliser, et d'oublier ses torts. Pour une pilotovore telle que votre obligée, évidemment, le risque encouru était bien plus grand avec cet épisode inaugural.
Et pourtant, bien malin celui qui me fera dire que j'ai été déçue ne serait-ce que la plus petite fraction de seconde par cet épisode.

Pushing Daisies est évidemment, d'abord et avant tout, une merveille sur le plan formel. Ses effets spéciaux ne vieillissent pas trop mal, pour le moment. Les couleurs sont toujours le même régal. La musique est un enchantement. Et son immense point fort narratif réside dans cette voix-off incroyablement parfaite, à une époque où pourtant la voix-off est suremployée jusqu'à écoeurement, preuve que ce n'est pas le procédé qui est en cause mais juste son usage massif et souvent médiocre.
C'est également très sophistiqué cette façon qu'a ce premier épisode de jouer avec les flashbacks (encore une fois, un outil qui n'a pas manqué d'être utilisé dans au moins la moitié des séries de ces dernières années) pour nous raconter à la fois cette histoire d'enfance perdue et d'amour retrouvé, sans jamais nous perdre dans la chronologie. On se rend vite compte combien ces aperçus du passé sont aussi nécessaires à l'épisode que peut l'être la voix off. Aucune gratuité dans les choix qui sont faits ici.

Piemarathon_1x01
Entrée en matière colorée, mais aussi morbide (bienvenue dans le Fullerverse), le pielette de Pushing Daisies est donc une véritable friandise dés ses premières secondes, au cours desquelles un petit garçon joufflu perd son chien (et puis non), sa mère (et puis non), et sa mère (et pourtant si), avant de perdre son premier amour.
Et puis non.
Mais outre l'évidente romance, et le tout aussi évident registre funéraire de cette intrigue (et, forcément, de celles qui suivront), il y a aussi quelque chose de terriblement déprimant qui va bien au-delà, dans ce qui se dit en filigrane. Comme les personnages féminins précédents de Bryan Fuller, Chuck a une vie mortellement vide de sens ; à l'instar de George Lass, qui n'avait rien fait de sa vie avant d'avoir l'opportunité de mourir, et Jaye Tyler, qui s'enfonçait volontairement dans le néant jusqu'à ce que des objets inanimés apportent un peu de fantaisie dans sa vie, la pauvre Charlotte Charles n'a connu que les livres et l'enfermement dans la maison de ses tantes. Quant à Ned le Piemaker, il s'en sort à peine mieux puisqu'il traine le poids épouvantable de ses "crimes" d'enfant dans une solitude dont on n'est pas sûrs de savoir qui elle est supposée protéger...
On ne va pas soumettre Fuller à une thérapie à distance ici et maintenant mais il faut quand même bien reconnaître que ses personnages sont morts à l'intérieur. En tous cas, jusqu'à ce qu'il intervienne dans leur existence.

Ce qui est appréciable c'est qu'en dépit du côté conte de fées de la série, personne ici ne se montre irréprochable. Dés qu'Emerson commence à parler de la "dead girl" avec Ned (et avant qu'il lui apprenne qu'il ne s'agisse de Chuck), notre Piemaker se montre très pragmatique et presque aussi sarcastique que son partenaire en affaires ; leur échange est très bon au niveau des dialogues (tous les dialogues sont impeccables de toute façon) mais surtout il souligne combien il n'a aucun cas de conscience à faire ce qu'il fait. De la même façon, Chuck n'est pas une princesse à secourir, et il est par définition trop tard, elle se montre aussi très entreprenante, limite agaçante dans sa façon de s'imposer dans l'enquête sur sa mort. Olive est à la fois une petite chose pétillante et un personnage visiblement bipolaire, comme le montre sa faculté incroyable à mitrailler du regard quiconque ne cède pas à ses caprices. Je préfère ce genre de configuration à une autre dans laquelle les personnages se seraient montrés uniquement charmants, drôles et pleins d'esprit.
En dépit du nombre d'occasions incalculable au cours desquelles je me suis mise devant le pilote, j'avais pourtant réussi à oublier quelques détails qui se sont avérés être de bonnes surprises. Ainsi, je me rappelais un Lee Pace plus minaudant, et je l'ai trouvé bien plus sobre que dans mon souvenir, bien plus sympathique aussi, paradoxalement. Le personnage d'Emerson est au contraire un peu moins cinglant que dans ma mémoire, mais on savoure déjà la moindre de ses interventions.

Ce qui est certain c'est qu'après pareil pilote, je sais déjà que je vais me régaler, et que pourtant j'ai plein de choses à redécouvrir. J'ai hâte de poursuivre, vous n'avez pas idée !

PS : si, comme moi, vous êtes curieux de savoir à quel point mon opinion sur ce pilote a changé avec les années, je vous propose si vous le voulez de relire le post sur le preair.

7 mars 2012

No wonder

BlackMarch

Rappelez-vous, c'était jeudi dernier, j'entamais un marathon Wonderfalls, nous étions alors jeunes et innocents, c'était le bon temps. Ma dernière intégrale pour la série remontait, selon toute vraisemblance, au moment où les épisodes non-diffusés se sont montrés, hm, disponibles, et depuis je n'en avais vu que quelques uns en dilettante. Autant dire que mes souvenirs étaient flous.

Et je les aimais bien comme ça, mes souvenirs. Je sais pas, ça avait quelque chose de presque romantique de penser à cette série que j'avais bien aimée et qui reposait là, quelque part, dans les limbes où reposent les séries jadis aimées et disparues si vite, trop vite. Se lancer dans une intégrale était, sans aucun doute possible, une initiative charmante, sympathique et tout ce qu'on veut, mais c'est un peu comme rouvrir une plaie parfaitement cicatrisée : ça relève quand même un peu du masochisme. Cette intégrale Wonderfalls m'aura rappelé à quel point j'aime l'univers de Bryan Fuller. Et à quel point celui-ci est fragile face aux questions d'audiences et de renouvellements. C'est ma faute, je n'avais qu'à tomber sous le charme de l'esprit de Jerry Bruckheimer après tout.

NoWonderWhytheWonderfalls
Malgré mon enthousiasme et ma tendresse pendant ce visionnage, je suis obligée de reconnaître que j'ai vu en Wonderfalls des défauts que je n'avais pas remarqués plus tôt, ou pas mémorisés peut-être. Il faut préciser cependant qu'assez peu d'histoires m'étaient restées en tête, au profit d'une simple sélection de scènes un peu plus marquantes que les autres.

D'abord, ce qui était assez dérangeant avec ce marathon Wonderfalls était l'impression d'avoir affaire à une série à la chronologie épouvantablement floue. Je passe sur le fait que mes épisodes, sur ma cagoule personnelle, n'étaient pas numérotés dans l'ordre apparemment officiel (tel que trouvé sur IMDb par exemple), puisque je me suis bien vite aperçue de la bévue et ai suivi ce guide à la place de ma numérotation. Mais même comme ça, l'enchaînement ne faisait pas beaucoup sens. On ressent de façon assez nette la dispersion des intrigues : alors que le pilote mettait en avant la façon dont Jaye allait se rapprocher de sa soeur Sharon, cette proximité allait vite être tenue pour acquise, avant de se tourner vers une complicité un peu plaquée au premier abord, mais beaucoup plus détaillée, avec son frère Aaron. Lequel se prend de passion pour les extravagances de Jaye sans vraiment bénéficier d'une storyline très stable, puisqu'à intervalles réguliers, ses interrogations métaphysiques et/ou sur la santé mentale de sa frangine sont balayées par les intrigues amoureuses de celle-ci. N'allez pas croire pour autant que cette intrigue aura toutes les faveurs des scénaristes puisque par exemple l'avant-dernier épisode, dans la réserve indienne, en fait totalement abstraction.
Cette inconstance est certainement, en partie, due au flou qui semble ou a semblé entourer pendant longtemps l'ordre officiel des épisodes, mais quand même les résumés des épisodes précédents et les références internes dessinent une chronologie de fait, il faut bien avouer dans ce cas que le problème ne vient pas simplement de l'ordre de visionnage. Contrairement à d'autres séries, Wonderfalls ne semble pas parvenir à avancer sur tous les fronts à la fois de façon régulière, et du coup c'est un peu inconfortable de voir une intrigue supposément capitale être reléguée plus ou moins temporairement.
J'ai peine à croire ce que je vais dire, mais dans ce cas il fallait peut-être se limiter à un formula show.

Il y a ainsi beaucoup à dire de la vie sexuelle de Sharon qui, même si on imagine que c'est en grande partie grâce aux exécutifs de la FOX, rompt avec sa petite amie, avant d'être mystérieusement en couple avec elle à nouveau quelques épisodes plus tard, et dont la vie amoureuse sombrera dans le chaos avant et après cela. De la même façon, difficile de comprendre comment le vol de la statuette de singe peut passer à l'as pendant autant d'épisodes avant d'être mystérieusement ramenée sur le tapis afin de consacrer un épisode au psy. Que n'a-t-elle pas été restituée entre temps par la mère de Jaye qui prétendait que le psy refusait de la recevoir tant que l'objet ne lui avait pas été rendu ? Sans parler de la femme de ménage qui surgit de nulle part dans le 5e épisode, soi-disant alors qu'elle a quasiment élevé les enfants de la famille Tyler, et qui n'a même pas la bonne grâce de réapparaitre ensuite...
A n'en pas douter, voilà des errances qui ont coûté cher à la série autant qu'elles ont probablement dû participer à sa quête pour la survie. Dans le cadre d'un marathon de moins d'une semaine, on recolle facilement les morceaux, le cerveau fait vite la gymnastique nécessaire pour réorganiser les choses à peu près chronologiquement ; pour les épisodes initialement diffusés (une minorité, il est vrai) à une semaine d'écart, c'était forcément un problème d'une toute autre ampleur.

Au milieu de ce chaos, on se prend, ou reprend, d'affection pour la plupart des personnages, même si Jaye quitte bien vite ses habits de grande sarcastique pour devenir une héroïne plus classique, notamment au cours de son intrigue amoureuse avec Eric. Son entourage est en tous cas solide, à commercer par Mahandra, parfaite en meilleure amie qui ramène les pieds sur terre mais n'existe pas qu'au travers de l'héroïne, de Sharon, grande soeur hilarante grâce au don inné de Katie Finneran pour la comédie (on ne le croirait pas aujourd'hui en la voyant se compromettre dans I hate my teenage daughter...), Aaron, le petit frère qui fouine partout mais qui n'est pas agaçant grâce à son air un peu dans la lune, inoffensif, et les parents, qui bien qu'en retrait, forment toujours un très bon tandem, efficace à merveille lorsqu'il s'agit de souligner l'absurde d'une situation.

Et l'absurde, Fuller s'y connait. Certains savent extraire l'humour de l'absurde, Fuller en tire de la magie. C'est d'ailleurs incroyable de voir à quel point Wonderfalls est le chaînon manquant entre Dead Like Me, déprimante et consacrée à un travail d'introspection jamais tout-à-fait noir (justement grâce à l'absurde), et Pushing Daisies, avec son grain de folie entièrement assumé et son univers définitivement fantasque. Ca commence à être particulièrement visible, et ce n'est probablement pas une coincidence, dans l'épisode au cours duquel Jaye tente de se porter au secours d'une nonne. On y retrouve l'envie de déconner comme la quête intérieure, qui sont des constantes dans l'univers de Fuller à ce jour (m'étonnerait un peu que Hannibal nage dans ces eaux-là ; Mockingbird Lane, si elle voit le jour, a par contre plus de chances d'être un nouveau maillon de cette chaîne), avec une véritable oscillation entre un propos ouvertement interrogateur sur la spiritualité (tendance introspective de Dead Like Me, donc) et situations rocambolesques laissant s'échapper une part indiscutable de tendresse véritable (plutôt du domaine de Pushing Daisies). Même quand c'est le bordel dans sa storyline, une série Fuller a toujours beaucoup de coeur et d'affection pour ses personnages, et c'est ce qui la sauve ; le petit truc en plus, c'est probablement qu'elle arrive à partager cette inclination avec les personnages les plus passagers, sans jamais les pousser à se prendre totalement au sérieux. C'est pour ça que ces séries marchent même quand elles sont un peu moins solides narrativement que d'autres.

Autre évolution naturelle, la réalisation elle aussi se déride avec la progression de la saison, et ça fait un bien fou. Là où au départ, le pilote de Wonderfalls s'entêtait à préserver le status quo entre les questions sur la santé mentale de son héroïne et les aspects fantastiques, la série s'autorise progressivement à se laisser gentillement interner à mesure que les intrigues se succèdent. Avec une inventivité sans cesse renouvelée, elle joue sur son principe, ses gimmicks, ses animations et ses personnages d'un jour, pour pimenter toujours un peu plus son univers. Et ça nous donne d'ailleurs droit à une palette de guests pas piquée des hannetons. Rappelons ainsi (je l'avais moi-même oublié) que l'épatante Rue McClanahan viendra par exemple y incarner une star de Niagara Falls sur le retour. D'ailleurs il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont la série tire admirablement partie de son contexte, de la richesse de son origine géographique, mais sans (et c'est ironique) donner dans la carte postale.

Cette intégrale Wonderfalls m'aura rappelé à quel point j'aime l'univers de Bryan Fuller ; sa loufoquerie sans clowneries, ses intrigues improbables, et pourtant toujours autant touchantes que perspicaces sur les tracas humains, et ses personnages attachants même si pas toujours très complexes. Ce n'est pas forcément la série que je considèrerai comme une perle, et en cela, l'émerveillement s'est parfois avéré limité, mais c'était quand même une semaine drôlement chouette dans le Fullerverse.

Chic alors, ça tombe bien, maintenant c'est une intégrale Pushing Daisies qui est au programme !!!
Dites-donc, je me tâte, je vous fais de la review au quotidien ou...?

1 mars 2012

Surrendering to destiny

BlackMarch

Parmi mes plans pour Black March, il y avait la perspective d'un marathon Wonderfalls, ainsi qu'un autre pour Pushing Daisies. Pour le second, c'est quelque chose que j'avais déjà cent fois reporté l'an dernier, avant de me promettre que je m'en chargerais au premier trimestre 2012 ; on peut donc dire en quelque sorte que le Black March s'est porté à ma rescousse.
Mais pour Wonderfalls, cela venait à la fois du fait que quelqu'un m'a demandé mon avis, de la réalisation brutale que je n'avais jamais vraiment parlé de la série ici (seulement en passant), et que ça ira plus vite à regarder que Pushing Daisies et que donc c'était plus simple de commencer par là. Sans compter que, chronologiquement, ça fait sens.

Donc voilà, le Black March a commencé aujourd'hui, je ne télécharge plus rien pendant un mois (ça va être un peu compliqué je pense, et on aura l'occasion d'en reparler, notamment pour se soutenir entre nous), et, ce qui devait arriver un jour ou l'autre se produit dés aujourd'hui : je vais commencer par mon marathon Wonderfalls.
Ne vous en faites pas, on ne passera pas le mois à parler uniquement de cette série, on peut très bien parler de séries très variées tout au long de ce mois sans télécharger !
Je n'ai d'ailleurs pas vraiment l'intention de faire un post par épisode, comme ce peut être le cas pour le Ozmarathon ; je voulais simplement donner le coup d'envoi de cette intégrale, et parler du pilote, parce que (je ne sais pas si je l'ai déjà évoqué ou pas) j'aime bien les pilotes. Et celui-là, notamment, a pas mal de mérite...

Wonderfalls_Pilot

Alors, d'abord et avant tout, je suis obligée de vous dire que j'ai été sciée de retrouver, certes dans un très petit rôle, l'interprète d'Alicia dans The L.A. Complex. Je crois que c'est une actrice à laquelle je n'avais jamais fait attention avant (elle a un peu un physique passe-partout, il faut bien le dire), bien qu'elle n'ait pas chômé y compris dans des séries où j'ai pu la voir, mais là tout d'un coup ça y est, je l'ai repérée, et je me suis dit que le monde était résolument petit.

Bon, cette parenthèse étant faite, il faut quand même admettre que ce n'est pas un épisode dans lequel on a beaucoup l'opportunité de s'intéresser à beaucoup de monde en-dehors de Caroline Dhavernas. Il est d'ailleurs grand temps que quelqu'un lui redonne un rôle à sa mesure plutôt que d'aller provoquer des épidémines de facepalm dans des trucs du genre d'Off the Map.
Il y a un côté George Lass chez son personnage, qui s'explique facilement je suppose (bien qu'on ne puisse pas dire que ce soit un genre de personnage présent dans TOUTES les séries de Fuller, si vous me suivez), et qui rend Jaye extrêmement sympantipathique. La galerie de personnages autour d'elle ne manque pas de couleurs, entre ses parents, sa meilleure amie et son love interest potentiel, mais clairement c'est Jaye qui occupe le devant de la scène, et les éclipse régulièrement.

Cela dit le reste du cast est aussi génial qu'au premier jour. D'autant que quand j'avais lancé la série, à l'époque, c'était uniquement par intérêt envers la présence de Kari Matchett (elle et moi, ça remonte à Invasion Planète Terre... avis aux spectateurs de Ringer, son personnage s'y appelait Siobhan, d'ailleurs, comme quoi ça ne date pas de cette année, ce prénom dans les séries), et quand je vois que depuis, j'adore Katie Finneran (que j'avais été si contente de retrouver dans The Inside, mais certainement pas dans I hate my teenage daughter), évidemment il y a Lee Pace, bref, c'est fou de se régaler devant la liste des noms au générique à présent, avec le recul.

Wonderfalls pose d'abord et avant tout des questions autour de la folie (ce n'était pas vraiment un thème pour George Lass) dans ce premier épisode, et les pensées jetées au détour des excellents dialogues pleins de tonus sont souvent d'une intelligence aigue à ce sujet.
Derrière son cynisme se cache une vraie angoissée, et pourtant le spectateur ne considère pas un seul instant que Jaye puisse réellement être folle, on accepte immédiatement la possibilité que, oui, un lion en cire puisse donner des conseils, ou plus réalistiquement, des ordres, à Jaye ; elle est, avec sa charmante famille, la seule à remettre sa santé mentale en cause, pas les spectateurs. C'est ce double-jeu (parler de folie sans en faire de démonstration trop criante) qui fonctionne pour Wonderfalls et qui permet de rentrer dans son univers loufoque ; on prend à la fois la peur de la folie au sérieux, et en même temps, on est convaincus que tout ça a une bonne raison d'être. Jaye a-t-elle une mission, peut-être d'ordre karmique, à accomplir, afin d'enfin trouver une utilité auprès de ses pairs ? Ou est-il simplement question de se bouger et d'avoir des éléments fantastique pour la pousser à sortir de la vie si peu trépidante avec laquelle elle s'est enfermée avec juste un peu trop d'enthousiasme ? Le pilote se garde bien d'y répondre et laisse la place aux deux possibilités.

C'est un vrai bon pilote, peut-être pas aussi épatant au niveau de la réalisation qu'on pu l'être ceux de Dead Lile Me et évidemment Pushing Daisies, mais en gardant un ton relativement réaliste avec quelques pointes surréalistes, l'épisode accomplit sa mission, celle de nous balancer dans un univers étrange mais pas trop, où les choses peuvent aussi bien appartenir au fantastique qu'au contenu d'un dossier psychiatrique. En gros, c'est par-fait !

Ah, vraiment, d'avoir revu le pilote, là comme ça, je suis encore plus contente de me lancer dans ce revisionnage !

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