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ladytelephagy
pushing daisies
20 octobre 2008

Push it

Pendant ces très longues heures de déconnexion avec le monde (des heures pendant lesquelles j'ai dû me rendre avec mes jambes jusqu'à la librairie, appeler des vrais gens et même, allumer une vraie télé... pour avoir ma dose d'informations ; c'était horrible, j'ai cru mourir !), j'ai réalisé un truc : ces histoires de monomaniaquerie, mais si, vous savez, quand je me goinfre de toute une saison en quelques jours, ça a plein de bons côtés que je pense déjà avoir exposés, mais ça a aussi un gros inconvénient : je perds totalement de vue... eh bien, le reste.
Non, pas manger, pas dormir ! Tout téléphage sensé sait que c'est complètement optionnel voire superflu. Non, le reste comme : les autres séries.

Je me suis aperçue que je n'avais encore regardé aucun épisode de la seconde saison de Pushing Daisies. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle je n'y avais pas pensé, mais c'est probablement la faute de Brothers & Sisters (mais que met ABC dans ses séries ?!). Je dirais bien que c'était à cause de la grève mais ce serait un honteux mensonge puisque je me suis fait une rétrospective de la première saison cet été...
Ptet que la perspective de voir des abeilles dans le premier épisode de la saison m'avait freinée ? Ouais, possible. M'enfin, c'est Pushing Daisies ! L'une des séries les plus [insérez cent adjectifs flatteurs ici] de ces dernières années !

Mais bon, je suis contente des trois épisodes que j'ai regardés ce weekend, ils ont ranimé la magie et c'était finalement une bonne expérience que de sentir cet enthousiasme se regonfler, une sorte de bourrasque sentant la pâte à tarte, le miel et le tournesol, qui s'engouffrait dans mes poumons. Cette série est un enchantement à tous les niveaux : visuel (et je ne parle pas que de Lee Pace), sonore (chaque épisode a son propre univers), scénaristiques...
A vous, je peux bien le dire : j'ai passé mon temps à m'écrier à quel point c'était mignon, inventif et amusant, battant des mains, et remuant les jambes sous ma chaise alors que soudainement elles ne touchaient plus le sol.

Pushing Daisies vous fait vous sentir comme un enfant, comme si le monde dehors n'était fait que de merveilles légèrement perverses (relisez vos contes de fées, vous verrez que cette magie malsaine est déjà là), sans pour autant vous prendre pour le dernier des mioches de la voisine (parce qu'ils sont bêtes à manger du foin, les mioches de la voisine !), et sans brader pour autant ses histoires ni ses personnages.
Une féérie pour adultes qui veulent encore rêver le monde !

Et j'ai osé passer à côté de ça ? Mais comment ai-je pu ?! Le monde n'est-il donc pas assez sombre sans qu'en plus je m'inflige pareil traitement ?
Une fois qu'on y a goûté, peut-on de bonne foi faire exprès de se passer du petit haussement d'épaules de Ned, des battements de cil de Chuck, des grognements d'Emerson, du large sourire d'Olive et j'en passe ? De ce délice de couleurs, de musiques... et même de saveurs et d'odeurs qui tourbillonnent à chaque épisode ?
Voilà, c'est ça le vrai sadisme ! Savoir que Pushing Daisies existe, et s'en passer ! Pire : choisir de s'en passer !

Du coup, quand je lis sur SeriesLive qu'enfin la série débarque sur Canal +, je ne résiste pas à l'envie de braver les interdits et, en dépit de mes problèmes de connexion, venir depuis le boulot vous dire qu'il faut, oui il faut regarder Pushing Daisies. Sinon je ne veux plus de vous sur mon blog, vu ? Attendez, si vous n'êtes pas téléphage pour des séries comme celle-là, pour quoi pouvez-vous l'être, franchement ?
D'ailleurs dés que je retrouve ma connexion, on va en parler un peu plus...

Et dire qu'il y a des gens qui achètent à prix d'or des pilules du bonheur pour obtenir cet effet-là... tss tss tss !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (je vous préviens, je bannis votre IP) : la fiche Pushing Daisies de SeriesLive.

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3 octobre 2008

La rechute

Comme vous le savez, mercredi dernier, j'ai remis la main sur mes épisodes de Brothers & Sisters, et j'ai réalisé que je pouvais maintenant voir la fin de la saison que j'avais bêtement laissée en plan. J'ai donc repris le pilote, repris tous les épisodes que j'avais vus, cagoulé comme une sauvage les épisodes de la première saison que je n'avais pas pu encore voir...
Et j'ai tout englouti, tous les épisodes, quasiment sans mâcher : le matin avant d'aller au boulot, le soir en rentrant, le weekend entre deux préparations de podcast... TOUT. LE. TEMPS.

Mardi après-midi, je me suis trouvée bêtement à considérer mon chez moi informatique, assise devant l'ordinateur, les épaules basses et le visage circonspect, tiraillée entre l'épuisement et la faim.
J'ai alors été bien obligée de constater que :
- j'avais fini la 1e saison en moins d'une semaine
- j'avais entamé la seconde dans la foulée
- j'avais épuisé mes possibilités d'espace disponible
- j'en voulais encore
Rendons-nous à l'évidence : j'ai boulotté 25 épisodes de cette série en moins d'une semaine, je ne suis toujours pas rassasiée, et je suis de nouveau dans cette situation où je dois sacrifier mon appétit pour de bêtes raisons techniques. Plus rageant ? Il n'y a simplement pas. L'histoire se répète, dramatiquement.

Evidemment, le plus simple serait d'aller racheter des fournitures pour faire de la place, mais je commence à voir les choses sous un autre angle.
Non, là, il va falloir sévir, de toute évidence. Parce que, si je regarde au-delà de cette dernière semaine de frénésie, que vois-je ?

Je vois que j'ai cagoulé toute la première saison de The Big Bang Theory (je ris pourtant, en moyenne, un épisode sur deux), et que je continue même à regarder la saison suivante pour des raisons que je ne suis pas certaine de saisir.
Je vois que j'ai cagoulé 3 saisons de Reba en 2 mois environ ; alors d'accord, la 6e était plus courte, mais quand même.
Je vois que je donne sa chance à The Mentalist pour encore un épisode ou deux, et, misère, peut-être même plus selon la tournure que ça prendra.
Je vois que j'ai l'air bien partie pour suivre Privileged cette saison.
Je vois que la tournée des nouveautés n'est pas encore finie.
Je vois que Samantha Who? reprend la semaine prochaine.
Je vois qu'il y a aussi Pushing Daisies, Dirty Sexy Money...
Je vois que sur Brothers & Sisters, je suis loin d'être tirée d'affaire !
Je vois que je ne suis, surtout, pas à l'abri que ma fringale se porte ensuite sur une autre série dont je pourrais me piquer de voir des saisons antérieures. Pour être totalement honnête, j'ai déjà fait du répérage et j'ai deux-trois petites choses en ligne de mire, de toutes façons.

Bon, on va être clairs, ce ne sont pas quelques CD qui tiendront le choc, de toute évidence. On dirait bien qu'en cet automne, je suis plus gourmande que pour le précédent ; que ma téléphagie se redéclare de façon vivace.
Je vais donc devoir, bel et bien, m'acheter une nouvelle pelote de laine dure pour ma cagoule. Il faudra bien ça.

C'est que, voyez-vous, ce n'est pas pour rien que l'opération COLLECTION se nomme ainsi : je suis strictement incapable de laisser perdre quoi que ce soit. C'est une complication téléphagique qui arrive, parfois... je ne comprends pas ceux qui régurgitent ce qu'ils ont avalé avec tant d'enthousiasme.

Tout ça a commencé vers 2001, je pense, au plus fort de ma maladie. J'étais une jeune téléphage influençable, et je suis tombée sous le charme d'un certain nombre de séries. Je les aimais tellement que je voulais pouvoir regarder, encore et encore, les épisodes. Jusque là c'est cohérent.

Ce qui a commencé à l'être de moins en moins, c'est quand j'ai commencé à enregistrer le reste. Tooooout le reste. J'allumais la télé, et systématiquement, j'allumais le magnétoscope aussi (oui, c'était encore une ère où la VHS était fréquentable). J'enregistrais tout ce que je regardais (j'aimerais pouvoir prétendre que la réciproque était vraie). Je sortais de chez moi, je programmais 5 enregistrements. Je revenais, j'enregistrais encore.

Etonnez-vous après ça que je capitalise près de 800 VHS à la maison (et je ne m'aventure même pas à compter les DVD que j'ai achetés depuis que je suis passée dans le monde moderne).

Je suis extrêmement sentimentale avec mes enregistrements. Il m'est physiquement impossible d'effacer quoi que ce soit. Même, et c'est là qu'on touche à la psychiatrie, quand je n'ai pas aimé. Je n'ose même pas vous dire le nombre d'épisodes du JAG, ou des Ahem! du Bonheur, ou même... de 7 à la Maison, que j'ai. Et que je ne peux pas, non je ne peux pas, effacer.

De toutes façons, les enregistrements étant faits de façon quasi-industrielle (4 à 5h de programmes chaque jour), il peut très bien y avoir, sur une même cassette, un épisode de Charmed, puis un Buffy, puis deux A la Maison Blanche, puis un Ma Famille d'Abord, et ainsi de suite, ce qui rend l'effacement pour ainsi dire impossible, sous peine d'estropier l'épisode suivant.

Ah oui, il y a ça, aussi : quand il me manquait 5 ou 10 secondes d'un épisode (ne parlons même pas d'une minute), et qu'il repassait... je le réenregistrais. Idem quand la qualité de l'image ou du son ne me semblait pas optimales. Pareil lorsque la chaîne avait la bonne idée d'aposer un logo (genre Téléthon, Sidaction ou Dieu sait quoi d'autre). Donc il y a des épisodes que, oui-oui, j'ai en double. Et je n'efface pas celui de moins bonne qualité, pour les raisons énoncées plus haut. Je ne peux pas. Vraiment pas.

C'est comme ça qu'on en arrive à avoir certains épisodes d'Une Nounou d'Enfer en double, en triple exemplaire. De la folie douce. Et par là-dessus, j'ai acheté les DVD, jamais effacé une seule VHS.

Ah je l'ai faite tourner, l'industrie de la VHS, en mon temps, croyez-moi ! Pendant des années, j'ai acheté chacune de ces VHS (ouais, bon, d'accord, il m'est arrivé d'en récupérer chez des amis qui s'en débarrassaient, aussi), j'ai acheté en tout et pour tout cinq magnétoscopes différents (ça s'use vite ces machins-là, et le samedi, la Trilo était face à New York SVU, j'étais bien obligée d'en avoir au moins deux ; quelle tristesse, aujourd'hui ils sont tous tombés au combat). A la FNUC, c'est bien simple, j'achetais mes VHS vierges de 240mn par packs de 10 !

Je ne connaissais pas encore le cagoulage... Je passais beaucoup de temps, toujours à la FNUC, mais aussi dans d'autres grandes surfaces culturelles, chez les magasins de videos, à Gibert Jeune, à acheter des VHS, en neuf aussi bien qu'en occasion (comme ce coffret assez incroyable de T. and T. que j'avais dégoté, le pilote en plus !), ah je l'ai fait tourner le commerce !

Il m'arrivait qu'on m'appelle par mon prénom chez Gibert ; une fois à la FNUC, on m'a proposé un caddie pour faire mes courses... ah je les ai fait vivre, tous ces gredins !

Et je vous épargne aussi ma frénésie de DVD quand j'ai fait l'acquisition de la bête.

J'ai tout gardé, jamais rien revendu, ni effacé, ni jeté.

Alors c'est pas côté cagoulage que je vais changer ma démarche. Je les ai, je les garde, mes épisodes, et précieusement ! Et vu que mon pouvoir d'achat (a contrario de tout le monde) a augmenté depuis que je ne suis plus au chomdu, et que je vais jusqu'à acheter des DVD qui ne plaisent pas vraiment (comme récemment avec Damages) simplement parce que je suis passée dans une FNUC et que j'avais mon chéquier (avec le DVD de Roseanne, ça faisait un chiffre rond en plus !), j'aurais tendance à penser que je suis quitte avec l'industrie des anti-cagoulages.
Après tout, ma rechute leur profite autant qu'à moi.

Je me dis juste qu'à un moment, il faudra envisager d'acheter l'appartement de ma voisine, pour le stockage. 15m² de séries télé, c'est pas le rêve ?!

8 août 2008

Rediffusion

C'est l'été, et donc c'est aussi la période des rediffusions. Comme à chaque fois qu'il y a des vacances, et donc qu'il y a du temps qu'on pourrait passer devant la télé, la moitié des programmes font pitié. Ça doit répondre à une certaine logique, mais laquelle ?
Estime-t-on qu'on est trop occupés à bronzer pour regarder la télé ?
Estime-t-on qu'en été, on a moins besoin de décompresser devant la télé ?

Enfin bref, toujours est-il qu'étrangement, je suis d'instinct plongée moi aussi dans une période de rediffs. Mes rediffs.
C'est ce qui explique certainement qu'il y a pas si longtemps, je regardais Les Routes du Paradis ou Notre Belle Famille de mon plein gré. DE MON PLEIN GRE !!!
C'est ce qui explique mon attirance pour le coffret DVD d'Action!, que je vais finir par connaître sur le bout des doigts.
C'est ce qui explique aussi que, moitié pour tester mon aptitude à regarder une série sur la guerre, moitié par plaisir, j'ai revu le pilote de Band of Brothers.
C'est ce qui explique que je me suis enfilé toute la seconde saison de NERDZ... alors que je l'ai déjà regardée intégralement il y a deux ou trois semaines !
C'est ce qui explique que mes projets téléphagiques pour ce weekend incluent une rétrospective Samantha Who? (je veux être au top pour la rentrée ; la semaine prochaine ce devrait être Pushing Daisies).

Et vous, vous rediffusez quoi ?

C'est quand même fou, non ? On a des séries qui nous prennent déjà quelque chose comme 18h de notre temps (j'exagère pas, c'est ce que j'ai calculé pour une saison de 24 épisodes de 45 mn ; une seule série, vous vous rendez compte ? combien vous suivez de séries chaque saison, hm ?) et on trouve le moyen de quand même regarder des rediffs, ou d'acheter des DVD, ou de ressortir des perles de notre telephage-o-theque !!! Alors que, franchement, de vous à moi, vous êtes sûrs qu'on n'aurait pas mieux à faire ? Je sais pas moi, des trucs comme... regarder des séries qu'on ne connaît pas encore (qui a dit "éteindre la télé et sortir ?", mais quel genre de téléphage de basse fosse êtes-vous ?)...

C'est vrai que les rediffs, ça a parfois du bon. On redécouvre une série qu'on n'avait plus vue depuis un bail, on aperçoit des détails et subtilités qui nous avaient échappé les premières fois, on prend du recul sur ce qu'on voit, on réalisé que nos goûts ont évolué... et ainsi de suite.

Mais admettez tout de même qu'il faut qu'il y ait quelque chose de déviant chez nous pour qu'on regarde, encore et encore, des épisodes qu'on connaît déjà... Déviant, certes, mais qui peut lutter contre la joie de voir sa série préférée sortir en DVD ? En tous cas, pas moi...

D'ailleurs, message personnel : à quand la 3e saison d'Une Nounou d'Enfer ?! D'accord, j'ai tous les épisodes en VHS (certains même, deux fois... ahem), je connais tous les épisodes par coeur... mais merde ! N'y a-t-il plus d'éditeur DVD prêt à profiter de ma téléphagique faiblesse ? Il pue, mon argent ? Après faudra pas venir se plaindre que les gens cagoulent, hein...

6 juin 2008

La mort vous va-t-elle bien ?

Parfois, je me dis que moi aussi, je manque cruellement de culture... De culture téléphagique, s'entend. Je fouille et fouille ma mémoire, encore et encore, mais rien à faire, je ne parviens pas à me souvenir qu'il y ait eu, par le passé, une telle effervescence autour de la mort. Oh, je ne dis pas, il y a toujours eu des séries pour en parler... mais pas autant que depuis, disons, une dizaine d'années, quoi.
Mais ça me ferait plaisir que vous me contredisiez, cela dit.

Y a-t-il une mode ? La mort, c'est in ?
Ou avons-nous au contraire, en réaction à un certain nombre d'évènements réels ([insérez ici encore une référence au 11 septembre]), besoin de nous interroger plus encore à son sujet ?
Je ne saurais vous dire, mais je sens comme une sorte de morbidité ambiante ces dernières années...
Et un fort taux de mortalité télévisuel.

Dead Like Me, Six Feet Under, Ghost Whisperer, Dead Last... dans combien de séries flirtait-on autant avec la mort, il y a par exemple 20 ans ? Et encore, je ne cite que des séries où il faut gérer la mort. J'aurais pu ajouter Tru Calling où l'on tente de l'éviter. Tiens, voilà une bonne occas' de parler de Mop Girl ! (mais non)
Enfin, bon, ce que je voulais dire, c'est que ça fait autour d'une décennie qu'on nage dans les histoires mortelles. Ah désolée, mais j'étais obligée de la faire, celle-là !

Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais je n'ai pas spécialement l'impression que la société aborde la mort avec plus d'aisance qu'avant. Allez, essayez donc de parler d'euthanasie, pour voir ! Alors en quoi est-ce plus facile d'aborder le sujet à la télévision ? Comment se fait-il que le sujet ne... refroidisse plus autant les créateurs et/ou les directeurs de programmes ? D'où vient que les spectateurs ne boudent pas ces séries (à défaut de faire systématiquement des succès d'audience, la plupart ont souvent un joli succès d'estime) ? Quel peut bien avoir été le processus intellectuel des scénaristes de tous poils pour réussir à apprivoiser ce thème ? Je serais vraiment curieuse de le savoir.
Quand on voit à quel point une série comme Pushing Daisies a su apporter du merveilleux à la mort, on ne peut que constater, épaté, le chemin parcouru.

Cela étant, on ne va pas se mentir, hein, d'ailleurs si je mens je vais en... moui euh, restons prudent. Donc, ne nous voilons pas la face, disais-je : la mort, dans un nombre incalculable de séries n'en ayant pas fait l'un des éléments centraux de leur pitch, leur mythologie ou leur propos, c'est encore un gros trucs lourd et glauque, mal utilisé.
La faute à qui ? A tous ces experts qui y vont chacun de leur rationalisation, leur déshumanisation, leur désincarnation de la mort. Ces dernières années, la mort, ça n'a été pour tous ces types qu'un évènement à analyser, pas une expérience à éprouver. Tous ces spécialistes de la frigidité émotionnelle ont cherché le comment. Pas le pourquoi. Pas le quoi. Pas le où... En se bornant au factuel, au déductif et au logique, ces encéphales sur pattes nous ont éloignés de ce qu'est réellement la mort. Il n'y avait presque plus de place pour l'émotion.

Non, je dis "presque", parce que bon, de temps en temps, on versait une petite larmouchette, quand même ; on n'est pas des bêtes ! Tenez : si la victime était un enfant, par exemple. Ah, ça marche bien, ça, les enfants, au niveau pathos. On peut toujours compter sur un frêle enfant crevé dans des circonstances abjectes pour faire pleurer dans les chaumières !
Bon, mais en-dehors de ça...

Par là-dessus, il y a encore toutes les séries qui se servent scénaristiquement de la mort comme d'un vulgaire gadget narratif. Une telle n'a pas su renégocier son contrat ? Schlack ! On tue son personnage à la rentrée. Que faire de ce personnage devenu complètement inutile ? Rien, on va juste l'éliminer par voie naturelle (ou si on a un tout petit peu d'imagination, le faire s'élever dans un autre plan dimensionnel). Et sans compter tous ces guests qui signent pour trois ou quatre épisodes, histoire de jouer la maman retrouvée ou des conneries de ce genre, et qui, pour faire du drame facile, meurent foudroyés ou terrassés par une maladie incurable... comme tout cela est pratique.
Voilà des ficelles qu'on retrouve dans divers soaps, mais hélas ces procédés ne leur sont pas réservés.

Oh, eh, attendez, hein, je ne fais pas de généralités à la louche ! Je reconnais bien volontiers qu'il y a d'excellents exemples de morts habilement dépeintes et traitées !
Oui ? Qu'entends-je ? Là, dans le fond ? Qui a dit "Joyce Summers" ? Mais absolument, excellent exemple. Un traitement de la mort comme on voudrait en voir partout. Euh, non, je ne prèche pas pour une hécatombe de personnages télévisés ; je voulais dire : "un traitement de la mort de la qualité duquel on souhaiterait en voir plus souvent". C'est mieux.
Mais reste qu'une grande majorité de morts sont académiques, sans intérêt, et passablement mal abordées.

Par une belle écriture sur le difficile sujet de la mort, de quoi je parle, en fait ? Eh bien, autre exemple, de la saison 3 de 8 Simple Rules.
Le contexte en était certes particulier, mais il a permis que la série parle de la mort avec sensibilité, tout en ayant le recours de l'humour pour éviter la sensiblerie. Tout bon. Une saison d'anthologie. Quel dommage que nous ayions dû perdre John Ritter pour en arriver là ! [soupir] Je ne m'en remettrai jamais...

En tous cas, pour revenir à nos cadavres de moutons, j'ai le sentiment que la mort est un sujet fort de la dernière décennie télévisuelle. Mais... mais alors ? Les détracteurs de la fiction télévisée auraient-ils raison ? Les séries banalisent-elles la mort ?
Ah, si seulement. D'une certaine façon, je trouverais ça rassurant ; nous aurions ainsi la possibilité d'apprivoiser cette période que j'oserai qualifier de sombre (je ne recule devant aucune plaisanterie facile, aujourd'hui !).

Mais vous et moi, ami téléphage, savons que ce n'est pas le cas. Et qu'il reste encore beaucoup à faire pour donner ne serait-ce que l'impression d'avoir fait le tour du sujet (et notez bien que ce ne serait jamais qu'une impression, de par l'essence-même du sujet).
D'une certaine façon, nous en parlons plus, mais en parlons-nous forcément mieux ? Nous n'avons pas encore la possibilité d'explorer pleinement cet aspect des choses, émotionnellement parlant. En tant que téléphage, il m'est arrivé très souvent de ressentir de l'empathie pour une histoire triste, de me réjouir par procuration d'une jolie relation amoureuse, ou de ressentir de la colère. C'est même à mon sens tout l'intérêt de regarder des séries : la variété d'émotions qu'on peut se prendre en plein visage tient du plus haut impressionnant. Mais rares, très rares, sont les séries qui savent, finalement, faire écho à ce qu'on ressent face à la mort. Rares sont les séries où l'on ressent réellement la mort d'un personnage comme une tragédie, une perte, un manque cruel. Il y a certains acteurs que je pleure sans les avoir jamais rencontrés, mais aucun personnage n'a su vraiment aller jusque là (pourtant je vois plus souvent les personnages que les acteurs, allez comprendre).
C'est peut-être le prochain défi de la fiction télévisée ? Parvenir à nous toucher à ce point ?

Alors, que manque-t-il ? Au moins deux choses, je dirais. Et de l'une d'entre elles je n'ai jamais parlé. Donc je commencerai bien évidemment par l'autre afin de faire perdurer le suspense...

Première chose, il nous manque une série qui relèverait le défi de suivre une mort inexorable, une vraie. Celle où la maladie guette, tapie dans l'ombre, sans permettre de dealer des produits prohibés, ce serait trop facile d'avoir ce ressort scénaristique pour cacher le drame qui se déroule, non, je vous parle d'une bonne maladie qui rongerait le corps, l'âme et l'entourage, comme de l'acide. Quelle série saura nous parler vraiment d'une maladie mortelle ? Depuis que Corky nous a parlé du SIDA, et ça date (mais c'était fait avec une telle grâce...), je n'en ai plus vu aux Etats-Unis (pour le Japon, mentionnons vaguement 1 Rittoru no Namida même si son propos bien-pensant a tout gâché). Envoyez les références en commentaire, s'il le faut.
Pourtant l'intensité dramatique est là, pleinement potentielle, inutile de la noyer sous d'autres rebondissements. Ne me dites pas que c'est impossible ! Avant Six Feet Under, je suis sûre que tout le monde pensait qu'une série sur les croque-morts était impossible ! On n'y aurait même pas songé, tellement c'était impossible. Il a fallu attendre Alan Ball. Alors pas de ça avec moi, on peut, et peut-être même qu'on doit par les temps qui courent, oser une série qui nous parle réellement d'une maladie dont l'issue serait courrue d'avance.
Comme chacun sait, ce n'est pas la destination... Suivre quelqu'un qui sait qu'il va mourir, sa façon de gérer la fin de sa vie, ses sursauts d'envie de vivre et son épuisement, ses proches qui doivent admettre le fait qu'il va partir mais est encore là, etc. Franchement, vous imaginez ce qu'on peut transmettre comme foule de messages, comme ça ? Ce qu'on peut partager comme émotions, avec une telle série ?

La seconde... et tendez bien la souris parce que c'est de l'inédit total, là...
Il y a environ 7 ans, j'ai commencé à imaginer une série qui dépeindrait la vie de quatre octogénaires. Chacun y combattait l'approche de la mort à sa façon. Ils vivaient dans trois petites maisons aux jardins mitoyens, et comme dans tous les quartiers de vieux, ils se croisaient souvent pendant leurs longues journées polycopiées sur les précédentes, et savaient la mort proche. Mais chacun avait sa façon de la combattre ou de l'attendre (il y avait aussi, dans mon schéma, deux autres personnages plus jeunes pour permettre d'insuffler un peu de vie et de contraste à la structure de la série).
Ah, ça, je ne le nie pas, c'était un concept très particulier. Mais, tout justement... Je n'ai encore jamais rien vu qui offre les mêmes possibilités narratives !

Car ce dont je vous parle à travers ces deux exemples, c'est de séries qui attendraient la mort. Comment mieux en parler que lorsqu'on est bien obligé de l'apprivoiser ? D'ailleurs, ne vivons-nous pas dans un monde où nous existons comme si tout était toujours éternel, y compris nous-mêmes ? Et c'est trop facile de faire mourir un personnage et d'ensuite rendre ses proches tous tristes pendant deux ou trois épisodes ! C'est trop facile de ne jamais parler de la mort qu'une fois qu'elle est survenue, quand il faut "tourner la page", "aller de l'avant", et toutes ces conneries qu'on entend aussi bien dans la vie que dans les séries, sitôt qu'on a perdu quelqu'un.

Scénaristes, préparez-nous au pire (ou au moins, essayez) ! Avec de tels concepts, les possibilités dramatiques sont infinies ! Ou plutôt, devrais-je dire... éternelles.

25 juillet 2007

Il était une fois...

C'est à l'âge de 25 ans, 6 mois, 29 jours, 20 heures et 6 minutes que j'ai pu découvrir Pushing Daisies et, bon, d'accord, je partais avec un a priori plus que positif (j'étais déjà complètement acquise, oui ! vous aviez vu ces merveilleux trailers ???) mais je suis vraiment aux anges. En fait c'est à un tel point que je prépare déjà mon matériel pour la saison prochaine -ah ça, je vous prie de me croire, ça va cagouler !

C'est l'ambiance de la série qui tranche avec ce qu'on a l'habitude de voir : c'est bien simple, depuis le premier jour ça me faisait penser à Big Fish, eh bien c'est exactement ça ! Un univers coloré, légèrement désuet, enfantin, envoûtant, légèrement magique... Pas tant le don du héros mais surtout le point de vue que la série offre sur le monde, à un tel point qu'on se demande à quelle époque ça se passe par moments. La narration fait également son oeuvre. Les voix off, je commençais à en souper personnellement (j'ai atteint mes limites avec Burn Notice qui cumule tout ce que les voix off ont de ronflant et irritant ces dernières saisons), mais là, ça participe pleinement à l'ambiance, parce que cette narration donne l'impression d'entrer dans un conte, bon, d'acord, un conte un peu malsain par moments (ya quand même des gens qui crèvent... parfois plusieurs fois) mais un conte tout de même. D'ailleurs si vous vous souvenez bien, les contes sont souvent malsains (demandez un peu à la reine de Blanche-Neige qui bouffe des coeurs, hein ?)... mais toujours avec un aspect merveilleux pour faire travailler l'imaginaire et se retrouver dans un autre monde. Pushing Daisies, c'est exactement ce type d'univers, un pur délice.

Si vous cherchez de la "valeur ajoutée", alors elle est principalement là : dans cet univers un peu baroque et vieillot (mention spéciale aux tantes de Chuck), du jamais vu sauf au cinéma (il parait que ça sens le Barry Sonnenfeld, moi je trouve que ça fleure bon le Tim Burton, vous me direz où vous vous situez dans ce débat...), et c'est d'ailleurs assez étonnant de voir une série avec une si forte identité visuelle (surtout qu'il faut bien le dire, elles ne sont pas légion ces derniers temps à oser l'originalité). Visuellement on en prend plein les yeux, et dans le bon sens du terme, le meilleur sens du terme. Les couleurs vives, notamment, sont un véritable régal. Meilleur qu'une bonne tarte aux fraises...

Côté intrigue, bon, faut dire ce qui est, sur le coup on se réjouit de ce qu'on voit, mais après coup il faut bien admettre qu'on a du mal à savoir où ça nous mène. Notre amateur de tartes et héros sauve son amour d'enfance d'une mort certaine (vraiment certaine puisqu'elle était déjà morte), au mépris de tout ce qu'il a appris sur son don (à savoir qu'épargner une vie en ressucitant quelqu'un, c'est prendre celle de quelqu'un d'autre), parce que son coeur est pur et qu'ils s'aiment, ces deux-là, comme lorsqu'ils avaient 10 ans... C'est mignon mais on se demande bien jusqu'où les chassés-croisés peuvent bien nous mener. L'alternative à éviter l'ennui, ce serait que Ned découvre alors d'autres choses sur son don : il sait déjà qu'en ressucitant quelqu'un plus d'une minute, cela prend la vie d'un autre, mais peut-être qu'au-delà d'une semaine, un mois, un an... ça a aussi des effets. Est-ce qu'il a déjà tenté, après tout ? Bon, par là ce pourrait être intéressant. Ou bien qu'il finisse quand même par se demander d'où lui vient ce don (mais ce serait alors difficile de préserver l'ambiance magique de la série). Enfin il y a plein de possibilités mais pour le moment, j'attends sans trop réussir à m'en faire une idée... Après tout, ça a aussi son charme de ne pas être capable de prédire l'orientation d'une série !

Enfin, un petit mot sur le cast et les personnages : Ned est le gars qu'on aurait pensé être super réglo, mais qui en fait n'est pas aussi psycho-rigide qu'on le penserait (il s'accomode fort bien de ses petits arrangements avec la mort), et son interprète, sans être extrêment expansif, arrive à être expressif et touchant. Cette sobriété est tout à son honneur mais elle participe aussi à l'impact de la narration puisqu'alors il n'y a pas redite avec ce qu'explique la voix off (ou très peu). Chuck est pétillante, un peu barge mais très sympathique, on n'a aucun mal à s'approprier le personnage, même si le contexte peut paraître vraiment tordu de prime abord (cela vient aussi peut-être du fait que le jeu de l'actrice m'évoque Amy/Mary-Lousie Parker dans A la Maison Blanche). Et puis enfin, il y a Chi McBride (je fais des efforts mais je n'arrive jamais à détester une série où il se trouve !), un peu à contre-emploi de ses récents rôles plutôt sérieux où son personnage est pince sans rire, et même si pour le moment il a plutôt l'air d'un alibi (l'alibi "je-lance-l'intrigue-principale" et l'alibi "je-vais-donner-du-contenu-aux-intrigues-des-épidoes-à-venir", plus évidemment l'alibi de couleur, hélas...) son rôle me plaît vraiment, c'est un cynique dans un monde magique !!!

Bref, sitôt qu'on se laisse emporter dans l'ambiance décalée de la série, le reste devient complètement secondaire. Pour un pilote, c'est un délice, c'est merveilleux... je l'ai déjà dit mais ya pas de mal à répéter. Là où effectivement on peut avoir quelques doutes, c'est sur la façon dont tout ça va scénaristiquement se tenir par la suite... il ne faudrait pas que la forme l'emporte sur le fond. Mais si l'écueil parvient à être évité, j'ai trouvé ma série de l'année.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Pushing Daisies de SeriesLive.

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23 juillet 2007

Euphorie

Le PRE-AIR de Pushing Daisies est sorti-euh ! Le PRE-AIR de Pushing Daisies est sorti-euh ! Le PRE-AIR de Pushing Daisies est sorti-euh ! Le PRE-AIR de Pushing Daisies est sorti-euh !

Voilà, c'est tout, vous pouvez reprendre une activité normale.
Quant à moi, je n'y suis pour personne, ce soir... D'autres ont eu leur Harry Potter ce week end, c'est mon tour !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Pushing Daisies de SeriesLive.

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