Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ladytelephagy
les experts
16 août 2011

Dream job

Retour au boulot après un weekend de trois jours, et alors que mon patron rentre de vacances. Adieu au pendu, au baccalauréat et à tout ce qui a occupé la 1e quinzaine d'août, pendant laquelle il n'y avait rien à faire. Fin de la rigolade. Les affaires reprennent.
Et pourtant je n'y suis pas allée à reculons, ni les épaules basses. En-dehors du fait que je dois me lever un peu tôt à mon goût, ça ne me dérange pas du tout.

Je me demande comment ça se fait.
Parce qu'on ne peut pas dire que les séries donnent beaucoup envie de bosser.

DreamJob
Déjà parce qu'on ne voit pas souvent les personnages travailler, en vrai. Dans les séries américaines, quasiment pas du tout. Dans les séries nippones, juste de quoi montrer une certaine image d'Epinal (ressemblant furieusement à un clip dans de nombreux cas).

Il y a l'école Roseanne ou Working Class. Des séries qui montrent à peu près régulièrement des personnages en train de bosser, mais pas vraiment de façon motivante. Ces personnages-là n'aiment pas leur travail, ils sont bloqués dedans pour payer leurs factures, et c'est tout. Motivation : zéro. Evidemment ya pas d'excitation intellectuelle folle à servir des sandwiches ou assembler des bouts de plastique à la chaîne, mais bon, les personnages ne sont pas obligés de se plaindre de leur boulot à longueur de temps non plus. Je sais bien que Roseanne est un cas particulier, et que la série repose sur ça pour soutenir son propos autant que Mariés, Deux Enfants, mais dans ce cas précis, admettons-le, le personnage principal n'aime pas le travail TOUT COURT. Quel que soit le boulot, ça ne va que si Roseanne peut ne rien faire (et dans ce cas-là elle se plaint que le patron est un emmerdeur, ou les clients, ou les collègues...). Mais ça fait quand même pas mal de mécontents si on ajoute les George de Dead Like Me et tous les jeunes travaillant à un moment ou un autre de la série dans un fast food quelconque (Buffy, this one's for you).

Ce n'est pas mieux dans l'immense majorité des séries comiques ou dramatiques. Quand un personnage a une profession, il n'y pose pas les pieds. Si, au début d'un épisode jusqu'à ce qu'on l'appelle et que l'intrigue commence, à la Parenthood, ou quand il y a une petite intrigue à tirer de ses relations de travail, genre Monica dans Friends. On ne le verra jamais aller au boulot et y passer du temps juste parce que ça fait partie de sa vie (8 à 10h par jour seulement, en plus). On part probablement du principe que ça va ennuyer le spectateur. Je trouve au contraire que ce serait, une fois de temps en temps (je ne dis pas dans TOUTES les séries), une bonne façon d'explorer le personnage, son caractère, son background même. Mais c'est comme si on cherchait des personnages auxquels s'identifier le plus possible, sauf sur le boulot. On ne veut pas entendre parler de travail. Les personnages gagnent leur vie par l'opération du Saint Esprit. C'est comme si une cigogne venait leur apporter leur chèque à la fin du mois.

Pour finir, il y a les séries se basant sur un univers professionnel, et là, difficile d'échapper à l'univers du travail ! Mais quand on y regarde de plus près, ces séries-là ne parlent pas souvent du monde du travail lui-même.
Déjà il faut retirer toutes les séries policières, qui parlent en général seulement des enquêtes elles-mêmes, et pas de l'ambiance de travail, des rapports avec la hiérarchie ou tout simplement de l'accomplissement qu'on ressent ou non (à l'exception de la franchise Law & Order, et encore, à des degrés divers selon la série). Ces angles sont le plus souvent cantonnés à 2mn dans un épisode trois ou quatre fois par saison, et après on n'en parle plus. Dans Les Experts, c'est ce qu'on décide de considérer du character development, faut de mieux dans 99% des épisodes (et puis soudainement arrivent les sweeps ou la fin de l'année, et là on s'inquiète un peu et dans ce cas le character development s'intéresse à la vie pseudo-personnelle d'un personnage ou deux).
Les séries médicales ou judiciaires ont souvent ce même problème, en particulier sur le long terme ; la première et éventuellement la deuxième saison parlent du degré de fatigue des personnages, de leur engagement dans le travail, de l'impact des cas rencontrés sur leur moral, et puis au bout d'un moment, bon, on repart sur les histoires persos, ça va bien maintenant. Et puis admettons-le, combien d'entre nous vont devenir chirurgien ou avocat ? Tout ça, c'est par soucis de dramatisation, mais pas du tout parce que le milieu va soudainement nous sembler familier. C'est une espèce d'exotisme de proximité : les personnages vont travailler, mais ils ne font pas un travail dans lequel la majorité de la population va se reconnaître.
Restent donc les séries qui sont bien obligées de passer du temps au travail. Et on doit reconnaître que ce sont le plus souvent des comédies qui s'en chargent le mieux, genre évidemment The Office, Outsourced ou Better Off Ted, ce qui n'est pas fait pour donner vraiment envie de bosser.

Je sais que je suis épouvantablement réac, je le sais, mais au nom du ciel, mais quelle série faut-il regarder pour apprendre à aimer le travail ? Pour apprécier ses collègues ? Pour montre ce que c'est vraiment que de démarrer ? Je n'en vois aucune.
L'autre jour sur Twitter, l'une des personnes que je suis, apparemment assez jeune et venant de commencer dans un nouveau boulot, disait sa déception d'avoir fait une bourde pour son premier jour. Je trouverais ça cool que, de la même façon que des séries accompagnent les ados pendant leurs vie au collège ou au lycée, et même à la fac, dans des situations diverses (en cours, en famille, entre amis, au sport...), il y en ait une que cette personne puisse regarder pour se dire "nan mais, des bourdes, on en fait tous en début de carrière, ça ira mieux avec le temps". Et pas forcément en mettant en jeu la vie d'un patient ou en envoyant un innocent en prison.
Des séries pour apprendre à explorer des choses variées, il y en a plein. Il y a des séries qui parviennent à me donner envie de vivre différemment, de vivre une histoire d'amour, de vivre des aventures, de vivre ailleurs... pour donner une idée sensible du monde du travail, je suis désolée, yen a pas.

Quand tu es personnage de série, ton boulot, soit tu le détestes parce qu'il est minable, soit tu t'y adonnes corps et âme parce qu'il fait partie des "nobles" professions qui dirigent la société. C'est comme si tous les spectateurs étaient des mères juives qui veulent que leur personnage favori soit médecin, ou avocat (parce que POTUS, c'était déjà pris), sinon c'est la misère.

Quand j'étais ado, je regardais Friends en me disant qu'avoir 30 ans, c'était avoir des dates et se retrouver entre copains. Je ne me disais pas qu'avoir 30 ans, ça pouvait être analyste financier (ou peu importe la profession qu'exerçait Chandler, d'ailleurs le flou autour de sa profession en dit long). En fait, je fais mentalement le tour des séries que je regardais, que mes camarades regardaient, que ma soeur regardait... pas moyen de trouver une seule série qui essaye de donner envie d'aimer le boulot. Ce ne devrait pourtant pas être une fatalité.

Alors je sais bien. Une série n'a pas forcément pour rôle d'être pédagogique, et je suis la première à le dire. Mais sans aller jusque là, pouvoir se reconnaître dans le monde du travail, ça peut être l'objet d'une série dramatique sans aller jusqu'au prêchi-prêcha. Et d'ailleurs à l'origine, les séries policières avaient pour vocation de donner une bonne image des flics aux spectateurs, et ça a bien marché. Pourquoi on ne ferait pas la même chose avec des séries sur le monde du travail au lieu de toujours caricaturer ce que c'est que de bosser dans un milieu qu'on n'aime pas ?
D'ailleurs ça me donne l'impression que la plupart des séries s'adressent aux adolescents tant qu'ils vont en cours (collège, lycée, fac), puis ensuite, propose des personnages dans le monde du travail, comme s'ils y étaient entrés le plus naturellement du monde. Il n'y a rien entre les deux ?

Et puis, allez, je me doute... Les séries vont quand même pas prêcher contre leur paroisse ! Les gens qui aiment bosser, je suppose qu'ils ne sont pas censés aimer les séries, ils n'en regardent pas ; normal, ils sont au boulot ! Non ? C'est pas la logique ? On dirait que ça l'est, en tous cas. La symbolique derrière tout ça me laisse perplexe.
Je devine bien que les gens ne regardent pas forcément des séries pour qu'on leur rappelle leur quotidien pas marrant. Mais ça dépend des séries, parce qu'il y a aussi des gens capables de regarder Oz pendant plusieurs saisons, comme quoi les choses pas marrantes, quand c'est bien fait, ça peut être captivant. Je refuse de croire que tous les gens qui regardent des séries le font uniquement pour se vider la tête, ou alors il faut m'expliquer le succès de plein de séries. Parfois on veut du glamour, parfois on veut se sentir concernés. C'est le cas pour plein de thèmes : la famille, l'amour, l'amitié, l'argent...

Mais jamais je ne me sens concernée professionnellement dans une série. Jamais je ne me dis que ça me concerne et que ça reflète quelque chose de vrai (quitte à ensuite le détourner à des fins dramatiques). Parce que je fais partie de ces gens qui aiment bosser, qui apprécient (la majorité) de leurs collègues et même leur boss, et que les séries ne veulent pas parler de ça, des gens qui aiment bosser non pas parce qu'ils font un métier incroyablement utiles à la société (médecin, avocat, flic, reaper...), mais parce qu'ils ont l'impression de s'accomplir eux-mêmes. C'est gratifiant de gagner sa vie (quand on le peut), et c'est gratifiant de savoir qu'on fait quelque chose d'utile ou à peu près.
Où est la série qui me rappelle ce que c'est que de commencer dans un métier ? D'apprendre progressivement les codes implicites de la vie au travail ? De gagner son premier salaire ? De vivre en communauté dans un bureau, un service ou une entreprise où les gens s'entendent bien ? Je trouverais ça vraiment cool qu'une série me rappelle que bosser, ce n'est pas juste un boulet que je dois trainer pour payer mon loyer, mais aussi une façon d'être quelqu'un, d'exister. Je ne fais pas le métier le plus passionnant de la Terre. Je ne fais même pas le métier que j'aurais voulu. Je ne suis certainement pas considérée comme un pilier de la Nation quand je le fais. Mais ça fait quand même du bien de se sentir utile, et d'être payée à quelque chose que je sais bien faire. Pourquoi aucune série ne m'encourage jamais à ressentir ça ? Pourquoi le boulot, c'est soit le bagne si c'est un "vrai" métier, soit un sacerdoce si c'est un métier "utile" à la communauté ? Il devrait y avoir quelque chose au milieu.
Quel genre de message les séries envoient-elles sur le travail ?

Je regardais Julie Taylor commencer à penser à son avenir. Ca fait une saison, un peu plus, que je vois la plupart des personnages de Friday Night Lights envisager leur avenir. Mais aucun de ces personnages n'a envie de travailler dans quoi que ce soit, ils n'ont aucune envie, aucun objectif. Je ne suis pas très étonnée qu'ensuite ils pètent un câble pour avoir livré la pizza de trop et qu'ils prennent le large. Je ne suis pas très étonnée qu'ils plaquent l'université au bout de deux cours. Moi aussi j'aurais envie de tout plaquer si j'avais l'impression que ma vie ne rimait à rien. Est-ce que dans la série, personne ne va leur expliquer qu'il y a un travail qui pourrait leur plaire ? Une alternative aux dead-end jobs, et un but derrière les heures passées le cul vissé sur les bancs de la fac ? Ils ne résoudront pas forcément d'enquête complexe, ne feront pas nécessairement un triple pontage coronarien dans le couloir des urgences avec un stylo-bille, et ne remettront pas forcément la Constitution en question devant une haute Cour. Mais il y a quand même quelque chose d'autre entre ça et faire des petits boulots sans intérêt, non ?

C'est la réac en moi qui dit ça, et je le sais bien. Mais je me dis que s'il existait une, juste une série comme ça, qui donne envie de mener sa vie professionnelle au mieux, de comprendre ce qu'on peut tirer d'un boulot au niveau personnel et humain, et pas juste financier pour subventionner les cafés au Central Perk... je sais pas, on pourrait peut-être aussi en sauver quelques uns de l'autre côté de l'écran. Vous savez ? Côté canapé.

Publicité
13 août 2011

NTSF:SD:SUV::OK

NTSFSDSUV

Grâce à Maxx, j'ai découvert aujourd'hui une série dont j'ignorais tout, ce qui est probablement mon activité téléphagique préférée de tout l'univers. Merci à lui, donc.
Car quand une série se pique de tirer à boulets rouges sur des séries genre Les Experts, après qu'on ait bouffé des séries policières pendant plus d'une décennie et qu'on continue de nous en fourguer par pelletées à chaque season, mid-season, summer season et tout le toutim, ça fait du bien.

Donc, je me suis envoyé les 4 premiers épisodes de NTSF:SD:SUV::, ce qui n'est d'ailleurs pas lourd de conséquences parce que les épisodes font moins d'un quart d'heure. Une véritable affaire, cette découverte.

NTSF:SD:SUV:: se moque de tout ce qui fait le charme des séries policières (ou pas), comme les acronymes, les blagues à la con, les scènes de fin où tout le monde se réunit pour dire que c'est fini et que tout va bien, les scènes avec un portable, les gros SUV, les scientifiques, les scènes d'action à la con, les méchants à la con, les morts à la con, bref, les séries à la con, parce que franchement, les procedurals, c'est pas souvent intelligent (et chaque fois qu'on en sort un nouveau, il faut avouer qu'il est encore plus crétin que les précédents, et malgré ça on continue de nous flanquer à chaque saison des Past Life et des The Protector, preuve que tout le monde n'apprend pas forcément des erreurs).
Donc pour moi qui ai développé ces dernières années une allergie profonde aux séries de ce genre (à un tel point que je n'ai même plus la force de regarder New York Unité Spéciale que pourtant j'aimais à une époque), c'est parfait.

Les blagues sont pour le moins potache. Le budget est... modeste, dirons-nous. Les acteurs ? On ne leur demande pas de nous faire du Hamlet. Mais on s'en fout. On s'en fout parce que déjà, si on voulait une série qui se prend au sérieux, on regarderait tout justement Les Experts. Et puis, vu que ça dure un peu plus de 10mn, disons qu'on a un bon rapport qualité/temps.

La parodie n'occupe pas tout le temps d'antenne : en général, les histoires sont surtout matière à déconner, et seules certaines références ou répliques relèvent de la parodie. Ce n'est pas très grave. Mais il faut quand même admettre que je préfèrerais voir le côté parodique plus accentué, comme pour me venger des heures de souffrance devant les séries visées.
Et puis comme le soulignait Maxx en me vendant la série, il y a pas mal de guests donc ça fait quand même bien plaisir.
NTSF:SD:SUV:: est donc un bon petit divertissement sans prétention mais sympathique, qui gagne à être connu. Je recommande, et j'irais même jusqu'à dire que c'est nécessaire par les temps qui courent, et ce, jusqu'à ce qu'on soit débarrassés des procedurals qui envahissent nos petits écrans.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche NTSF:DS:SUV:: de SeriesLive.

22 novembre 2010

Tell me you hate me

Parfois je me dis que j'ai raté ma vocation : j'aurais dû travailler dans une FNUC. Rayon DVD de séries, ça va de soi. Je sais bien, je ne peux pas être partout, à la fois à essayer d'écrire des news et des articles (quand j'ai le temps), créer des fiches dans une base de données et conseiller les gens dans le rayon DVD. Il faut faire un choix. J'ai, accessoirement, choisi la solution qui me permet de rester les fesses assises et au chaud, un réflexe typique de téléphage, mais passons.

Chaque fois, je dis bien chaque fois que je fais dans une FNUC, il y a des gens qui trainent dans les rayons et sortent des absurdités. C'est vous dire le nombre de conneries que j'entends. Et dans ces cas-là, je sais pas si c'est que moi mais j'ai envie d'aller piquer un tabouret aux employés de la FNUC, me planter au beau milieu du rayon, et répondre aux gens. J'y peux rien, ça m'énerve. Vous pourriez rester impassible quand vous entendez ce genre de choses, vous ?

La configuration est généralement la suivante : A traine B dans le rayon des DVD de séries, au prétexte qu'il a besoin de "voir quelque chose", mais en réalité avec la ferme intention de faire le malin parce que, regarder des séries, ça fait cool. Le problème c'est que pour avoir cool, on peut sortir des conneries au kilomètre sans sourciller mais on ne peut pas, jamais, au grand jamais, hésiter un instant pour réfléchir à ce qu'on va dire. Ce qui fait qu'aux oreilles du non-néophyte, A cherche à briller devant B mais démontre devant le téléphage T qu'il n'est vraiment pas l'astre le plus brillant de la constellation. Florilège.

"Ah oui, le Mentaliste, c'est le mec qui fait comme les Experts là". Chaque fois qu'un spectateur confond deux séries policières, un directeur de marketing de TFHein gagne ses ailes.
"J'aimerais bien trouver le DVD de ma série préférée, tu sais, comment elle s'appelle, là ?" Eh bah si ça c'est votre préférée, qu'est-ce que ça doit être pour les autres.
"Je connais bien ça, c'est un genre de Desperate Housewives" Je vous épargne la prononciation pour insister sur le fait que le coupable désigne du doigt un coffret de Desperate Housewives. Si, il a osé.
"Ah j'ai vu la saison 5 de ça, ça devient trop nul après". Vous l'aurez deviné, la saison 4 est en cours de diffusion aux USA.
"Faut que tu voies cette série-là, tout le monde regarde ça aux States". Heroes ? A fond. T'as raison mon gars, plus c'est gros plus ça passe.
"T'as pas vu le DVD de Sunset Beach, je voulais vraiment l'acheter pour qu'on le regarde ensemble. C'est trop fort c'est avec des dessins animés". Pris la main dans le sac !!! Tu veux faire croire que tu regardes South Park et en fait tu te mets à parler de soap, franchement, arrête le massacre, en plus j'ai mal aux côtes à force de rire.
"Ya rien d'intéressant. Moi tu vois quand je trouve pas ce pour quoi je suis venu, j'achète pas n'importe qu-... ah tiens, ils ont sorti la dernière saison de Gossip Girl ?" Tu connais l'histoire de Paf la crédibilité ?
"Ah je me souviens de ça quand ça passait à la télé". Ne jamais prononcer cette phrase au rayon import, ya une chance sur deux de désigner une énormité.

Allez, s'il vous plait, soyez gentils. La prochaine fois que vous trainez un(e) ami(e) au rayon séries de la FNUC, et que vous voyez une créature violette rôder depuis une heure dans les rayons, faites une faveur à tout le monde et, au lieu de sortir une connerie plus grosse que vous, posez la question. Je ne mordrai pas, presque pas, d'façon j'aime pas les dents.

Nan mais à part ça je suis pas passée à la FNUC fêter mon nouveau job. Franchement, ce serait mal me connaitre.

18 octobre 2010

La cité a des yeux

Si je m'étais écoutée, j'aurais regardé le pilote de Kommissarie Winter deux fois ce weekend à l'occasion de Scénaristes en Séries. Le programme le permettait, en plus. Pendant ce weekend à tendance nordique (mais pas que, j'y reviendrai), il y avait des séries de toutes sortes, mais c'était réellement l'une des deux plus impressionnantes à avoir été projetées devant mes yeux. Je ne manquerai pas de vous parler de l'autre mais pour l'instant, souffrez un post où je ne parle que de cette série, mais quelle série !
Il faut dépasser son titre et son pitch assez peu originaux, pourtant, car derrière ses apparences de série policière banale se cache une perle dramatique et imprégnée de critique sociale.

En fait, le pilote n'en fait pas un mystère : sa scène d'ouverture annonce tout de suite la couleur, entre réalisation soignée, montage acéré et images percutantes (avec notamment un plan rapide mais glacial d'une victime se faisant littéralement exploser le visage au fusil à pompe sous nos yeux). Passé l'électrochoc, Kommissarie Winter est prêt pour sa lente exploration des ténèbres.
Plus qu'une enquête sur quatre meurtres, la série va s'attacher à dépeindre son contexte : une immense cité faite de barres de béton, qui n'est pas sans résonance avec ce que le spectateur français peut voir par-delà le périph'. Bloc d'appartements anonymes qui ne forment qu'une communauté d'yeux, la cité voit tout, mais la cité ne dit rien, et surtout pas aux flics qui ne sont pas les bienvenus, mais dont on tolère une partie des allers et venues tant qu'on maîtrise ce qu'ils peuvent voir et entendre. La cité devient un organisme vivant dont chacun fait partie, qu'il le veuille ou non, et qui présente une résistance sourde aux investigations de Winter et son équipe. Ou quand le béton se transforme en miroir sans tain...

Les questions que se posent les enquêteurs ne trouveront pas de réponse dans le pilote, car Kommissarie Winter n'est pas un formula show, contrairement à ce que son principe policier pourrait laisser penser. Attirés par le mystère insondable de la cité, les enquêteurs, et surtout Winter, reviennent inlassablement pour faire parler le silence.

KommissarieWinter

 

Kommissarie Winter est avant tout une série qui fonctionne sur l'empathie. Winter s'immerge dans son ressenti, tente d'absorber celui des familles des victimes, des témoins, des gêneurs, il écoute avec une ferveur obsessionnelle la dernière chanson qu'écoutaient les victimes cette nuit-là... Peut-être que son collègue a raison et qu'il perd de vue l'enquête (et les pistes d'un mobile racial), mais en tous cas, à mille lieues des froids enquêteurs qui aiment à garder leurs distances dans les innombrables séries policières du moment, il se plonge dans le vécu de ceux qu'il croise, il s'immerge dans les émotions des autres, et refuse d'en sortir indemne. Ce serait trop facile. Comprendre qui a tué qui n'aide pas à comprendre la situation dans sa globalité, or c'est ça qui l'intéresse.
Comble de l'ironie, à chaque fois qu'il s'autorise à prendre de la distance, c'est là que la main invisible de la cité frappe, donnant lieu à deux scènes d'intense contraste entre l'insouciance éphémère de Winter et le chaos de la forêt d'immeubles.

Je ne vous cache pas que Kommissarie Winter me plaît plus par son abord dramatique que pour son enquête (c'est une constante dans mon rapport aux séries policières, ce qui explique que j'aie tant de mal avec les Experts, Bones et tutti quantico...), mais cela rend d'autant plus déchirante cette incertitude de ne pas voir la suite (ou en tous cas, vous pensez bien que je peux la trouver, encore faut-il dénicher les sous-titres, aventure qui exigera sans doute un peu plus que les 24h que j'ai eues depuis mon retour). Evidemment, ça n'arrive que quand on a un coup de cœur, des coups comme ça !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Kommissarie Winter de SeriesLive.
A vot' bon cœur, M'sieurs-Dames.

11 octobre 2010

Une histoire de série policière sans intrigue policière...

Ah. Voilà ENFIN un avantage à ma cure d'amaigrissement hadopienne : forcée de fouiller dans mes cagoules, je me retrouve à regarder des épisodes depuis trop longtemps reportés. A l'instar de Hanchou, dont je vous parle depuis je ne sais combien de temps, et que j'avais pris le soin de cagouler et d'oublier quasi-simultanément pour cause d'allergie au poulet... Bon, bah ça y est, c'est fait, j'ai vu le pilote. De la première saison et tout. Ah ouais nan mais, l'air de rien, on en trouve des choses dans ces cagoules !

Hanchou_Pilot

Bon alors, vu l'intro de ce post, vous vous doutez que ce n'est pas non plus l'admiration qui domine. Déjà parce que Hanchou est super classique, dans son genre : plus basique pour une série policière japonaise, je ne vois pas. Il y a tous les éléments de base, tout ce qui en fait un produit grand public. C'est un peu Les Experts de la télévision policière (le côté scientifique en moins). L'équipe d'enquêteurs avec la psycho-rigide, le gentil petit gars (certainement un petit nouveau, en tous cas le plus jeune), le comic relief... et bien-sûr le chef qui est toujours à mi-chemin entre l'humour et le sérieux, ce mélange parfait de professionnalisme et de clownerie légère qui n'existe vraiment que dans les séries japonaises.
C'est un peu lassant parce que ça donne un peu l'impression d'avoir déjà vu cent fois ce cocktail, les personnages ne brillant pas par leur originalité (bien au contraire), l'enquête n'étant pas plus captivante non plus...

...En tous cas c'est vrai sur la forme. Mais dans ce pilote, il y a tout de même quelque chose qui ressort et qui impressionne le spectateur : l'un des portraits, celui d'une suspecte. Et je soupçonne que, si l'enquête est si banale, limite chiante, c'est parce que peut-être, juste peut-être, ce n'est pas le but du jeu que de jouer les bons policiers qui cherchent à démasquer leur coupable. En fait plus j'y pense et moins ça semble être l'objectif de Hanchou.

L'épisode est pourtant construit comme un wudunit, avec une séquence typique montrant le crime, c'est-à-dire la victime tombant à terre, laissant choir son sac à main, dans lequel quelqu'un se saisit quelques secondes plus tard, furtivement, du portefeuille, bien que la femme reste allongée au sol avec tous ses bijoux. Vol qui a mal tourné ? I think not.
Il ne faut pas longtemps à Hanchou pour nous présenter son coupable désigné : une vieille dame dangereusement armée d'un mégaphone qui hurle depuis sa fenêtre des rappels polis à sa voisine sur la nécessité de se réveiller ou sortir les poubelles pendant des heures... la voisine étant la victime. Son comportement d'emmerdeuse patentée (mais polie !) fait d'elle une cible évidente pour quiconque cherche un "méchant" dans le voisinage. Et justement, c'est le cas : la voisine au haut-parleur est immédiatement interrogée et suspectée par la police, car si elle faisait preuve d'autant d'agressivité passive, elle est forcément coupable.

Naturellement, notre hanchou (le chef de section, si vous voulez) a un doute. Et la suite va consister en une observation, un peu futile en apparence et carrément lourde dans son déroulement, de ce personnage et ses troubles. Notre vieille voisine grincheuse est en fait totalement brisée par la solitude ; chaque dialogue, chaque interrogatoire s'emploie à explorer sa souffrance, ses regrets, son amertume, sa lassitude. De ce côté-là, le pilote de Hanchou est incroyablement touchant, et s'attaque à un sujet d'autant plus sensible dans un Japon vieillissant mais à la jeunesse de plus en plus individualiste. Notre voisine antipathique se transforme sous nos yeux en victime ordinaire de la vie. J'ai aimé que, lorsqu'on évoque le cas de son fils qui ne vient plus la voir, on ne cherche pas à nous sortir une justification : ils sont fâchés, il ne vient plus, voilà tout. Pas d'angélisme, pas de scénario à dormir debout, les faits juste les faits : elle est seule. Ce n'est ni sa faute ni celle de son fils, ou un peu des deux : les lignes sont troubles et c'est tant mieux. Lorsqu'elle évoque l'homme avec lequel elle a vécu, un bon rien qui a vécu a ses crochets sans se cacher de n'être là que pour l'argent, et qui est mort d'un cancer en lui demandant simplement d'être là pour lui (cruauté suprême !), elle est parfaitement lucide sur l'accord tacite de cette relation, là encore, pas d'utopique aveuglement. C'est ce qui rend le portrait, tout en détails, d'autant plus déchirant. Le désespoir est à son comble lorsqu'elle supplie (et je ne dis pas demande, non, elle supplie quasiment à genoux) d'être envoyée dans le couloir de la mort pour que tout ça s'arrête.
Sur cet angle-là, Hanchou est incroyablement fort. Ce n'est donc pas tant une série policière au sens strict du terme, qu'une série dramatique utilisant des enquêtes comme prétexte à étudier la société japonaise, une personne à la fois. C'est ce que j'aime dans Law & Order SVU par exemple. A priori ce serait donc un bon point.

Mais la forme est épuisante. Et ça, c'est vraiment difficilement surmontable. Je me désintéresse totalement des personnes qui travaillent dans l'équipe, à vrai dire je n'ai même aucun intérêt pour le hanchou qui est du genre "personnage principal omniscient à l'humour discret", fréquent dans les séries japonaises et surtout les policières, et qui m'exaspère. Il y a aussi une galerie de personnages secondaires qui viennent juste rallonger la durée de l'épisode (le chef du hanchou, son ami dans un autre service, la jolie journaliste...), qui ont dix secondes de présence dans l'épisode, et surtout, zéro utilité. C'est contractuel, et c'est chiant de voir la série presque se forcer à ces petits instants légers pour ne pas perdre la majeure partie de son public. J'ignore si la concession est consciente, mais elle est atroce à regarder parce qu'elle gâche absolument tous les bons points de l'épisode.

Alors forcément, sur la question de la forme, je préfère BOSS. Et du coup je la recommanderais plus facilement à des personnes peu ou pas habituées aux séries japonaises, bien plus que Hanchou qui est vraiment un produit taillé pour un public nippon et relativement peu regardant. La série n'est pas mauvaise, mais elle n'est pas bonne non plus. C'est son drame à elle.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hanchou de SeriesLive.

Publicité
24 septembre 2010

To be continued... The Good Wife

Eh bien tiens, voilà encore une série que j'aurais pu mentionner comme faisant partie de mes préférées la saison passée. Je sais pas comment j'ai pu l'oublier... vous voyez un peu les dommages qu'un été peut causer à une excellente série ? C'est justement pour ça que la rubrique To be continued... existe, et j'ajoute que ce ne sera pas du luxe vu à la fois la longueur de la série, et sa complexité. Donc, replongeons dans les affaires d'Alicia Florrick, si vous le voulez bien ?
Je sais pas pourquoi je pose la question, évidemment que vous le voulez, comment peut-on ne pas aimer The Good Wife !

TheGoodWife___1x01
1x01 - Alicia Florrick, une femme seule face à la brutalité du monde moderne.

TheGoodWife___1x02
1x02 - Les conseils de de Peter : vrai coup de pouce ou couteau dans la plaie ?

TheGoodWife___1x03
1x03 - On ne peut pas avoir et avoir eu...

TheGoodWife___1x04
1x04 - Parce que ce qui est juste n'est pas toujours moral, et inversement.

TheGoodWife___1x05
1x05 - Le même visage que celui que voit Childs tous les matins dans son miroir...

TheGoodWife___1x06
1x06 - Les visites conjugales, c'est plus ce que c'était.

TheGoodWife___1x07
1x07 - Quand il sera grand, Zach Florrick sera Expert (yen a pas encore à Chicago, en plus).

TheGoodWife___1x08
1x08 - Quand l'épouse parfaite réalise que son mari va peut-être revenir à la maison : joie et bonheur dans son cœur.

TheGoodWife___1x09
1x09 - On ne parle jamais aussi souvent de la perte de ses moyens intellectuels que dans une série d'avocats, vous avez remarqué ?

TheGoodWife___1x10
1x10 - Ce serait dommage de camoufler cette classe et cette élégance sous une robe de juge, non ?

TheGoodWife___1x11
1x11 - La scène finale de cet épisode, c'est ma sonnerie de réveil. <3

TheGoodWife___1x12
1x12 - Kalinda, l'agent double triple quadruple le plus sexy de la planète.

TheGoodWife___1x13
1x13 - Perversion ordinaire... et un peu moins ordinaire.

TheGoodWife___1x14
1x14 - Comment les avocats faisaient avant l'invention du portable ?

TheGoodWife___1x15
1x15 - C'est la Saint Guest aujourd'hui, ou quoi ?

TheGoodWife___1x16
1x16 - La confiance, le plus grand dommage collatéral des affaires de Peter.

TheGoodWife___1x17
1x17 - Ah, la religion ; voilà une des dernières valeurs auxquelles la série n'avait pas encore infligé quelques égratignures.

TheGoodWife___1x18
1x18 - Un épisode brillant et dévastateur sur les coulisses des épisodes habituels.

TheGoodWife___1x19
1x19 - Cary aussi est capable d'être ambigu quand il veut... et quand il espère que la loyauté paye.

TheGoodWife___1x20
1x20 - Et Peter créa le chaos, et il vit que c'était bon ; alors il recommença.

TheGoodWife___1x21
1x21 - Je suis la seule à être jalouse... du flic ?

TheGoodWife___1x22
1x22 - Comme il serait rassurant de penser qu'il s'agit là de l'esprit le plus tordu de la série...

TheGoodWife___1x23
1x23 - Aller de l'avant pendant toute une saison, pour revenir au point de départ : Alicia, si c'était à refaire ?

Rhalala, rien que de prendre les captures je sens l'envie de revoir la série qui monte (c'est soit ça, soit les captures de Kalinda que je n'ai pas la place de publier). Après un départ tiède, la série a su prendre son envol, et n'aurait pas volé quelques Emmys de plus. Pas grave, ce sera pour la saison 2 qui commence... eh bah, ça y est, nous y voilà : c'est dans quelques jours. Qui a hâte ? Levez la main.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Good Wife de SeriesLive.

28 août 2010

Summer Session!

Si aux Etats-Unis, les sitcoms généralement vont dans la soirée à sitcoms, et les séries dramatiques dans la soirée à séries dramatiques, et ainsi de suite, au Japon, c'est loin d'être aussi systématique. Déjà que les chaînes font leurs grilles un peu n'importe comment (ex : du prime time, mais parfois que pour une seule chaîne, des séries complètement tous publics en 5e partie de soirée, etc...), mais en plus, il n'y a absolument aucune règle en matière de genre. C'est-à-dire que si la saison précédente, il y avait une série fantastique et humoristique (genre Kaibutsu-kun) qui avait bien marché, rien n'empêche de mettre un drame larmoyant la semaine suivante (Mioka dans notre exemple). Et c'est d'ailleurs pareil en Corée, mais bon, restons concentrés.
Une leçon que j'essaye de retenir depuis deux ou trois saisons, mais j'ai pas encore le réflexe.

Au printemps, le samedi soir sur TBS, il y avait Tumbling. Et moi (encore une fois ce maudit réflexe), je me suis dit "ouhlà ! HAMMER SESSION!, derrière, ça va pas être ma tasse de thé non plus". Il faut dire que la série n'avait pas grand'chose pour elle, car en-dehors de la présence de Mirai Shida (à qui j'ai décidé de ne pas tenir rigueur pour Shoukoujo Seira, mais que je ne l'y reprenne pas), le cast comme le pitch me laissaient de marbre. Dés qu'une série se passe dans un lycée, moi, je garde mes distances. Soyons sérieux un instant : les séries sur les années lycée, ça ne me captivait déjà pas quand j'y allais, alors c'est pas 10 ans après que ça va m'attirer.

SummerSession

Et puis quelle drôle d'idée, aussi, que de lancer une série sur les études en plein milieu de l'été ?
Ah, on dirait que c'est l'heure de la minute éducative. Au Japon, si la rentrée scolaire est en avril (en fait c'est la rentrée dans le domaine de la télé aussi, les nouvelles émissions débarquant souvent à cette période, et les habillages étant aussi souvent changés à ce moment-là), il y a effectivement des grandes vacances, qui occupent le mois d'août (donc oui, les grandes vacances tombent entre deux trimestres). Donc HAMMER SESSION!, qui a commencé début juillet, était condamnée à parler scolarité pendant le seul mois de l'année où, théoriquement, les ados japonais peuvent faire un break. D'accord, au Japon les cours d'été c'est autre chose que nos cahiers de vacances, mais c'est plus du soutien scolaire que des cours pur jus (enfin bon, on a dit une minute éducative, pas une heure).
Vraiment, drôle d'idée.

Et puis finalement, HAMMER SESSION!, qui hérite d'une case horaire peu alléchante et propose un pitch assez classique où un type qui n'a rien d'un prof conventionnel va s'avérer être un excellent pédagogue (dans la lignée des GTO et autres Gokusen, que j'avais jusque là soigneusement évités), se montre relativement divertissante sans être lobotomisante.
C'était quand même ma plus grande crainte.

Outre le charisme d'un Mokomichi Hayami complètement déchaîné (franchement, tous mes mauvais souvenirs de Zettai Kareshi sont dissipés), la révélation de ce pilote c'est Hideo Ishiguro, qui a vraiment l'étoffe d'un bon, et dont j'espère qu'on ne va pas le mettre de côté au profit des intrigues en stand-alone qui semblent se profiler. Son personnage d'ado tourmenté était impeccablement écrit mais surtout, impeccablement interprété. J'ai rarement vu un ado sonnant aussi juste dans une série nippone. A ce stade, seule Mirai Shida (qui paye encore l'échec de Shoukoujo Seira visiblement) est franchement peu à son avantage, voire sous-employée, ne servant qu'à souligner l'action de l'un ou de l'autre. Personnage mal écrit dont on voit mal comment il pourrait être bien interprété, du coup.

Le thème de la série est plus nuancé qu'il n'y parait, car il s'agit non pas de discipliner d'horribles petits cancres, mais de comprendre les problèmes actuels que peuvent rencontrer les adolescents, sans caricature ou très peu. Le happy slapping, personnellement, je n'avais encore entendu aucune série en parler (mais c'est très possible que je ne regarde pas celles qu'il faut, puisque je snobe les Experts et consorts depuis plusieurs années, alors que ça ferait probablement un bon sujet pour l'une de ces séries). C'est bien pensé. La relation de l'ado avec sa famille est plutôt réaliste, on est loin de la famille parfaite ou totalement dysfonctionnelle, le juste milieu est bien trouvé.
J'ai bien aimé aussi le fait que le principal soit au courant de l'identité du personnage dés le début. Ça évite les chassés-croisés, et ça pose une relation tout de suite très sympathique entre eux deux, même si à ce stade elle n'est pas tellement approfondie : entre eux, c'est une question de confiance. Ils se sont finalement bien cernés l'un l'autre. Certes, on sent que quelques axes répondent à un cahier des charges (les inévitables sidekicks, l'intrigue amoureuse avec la fille du proviseur...), mais si c'est le prix à payer pour une fiction pour ados solide sans être barbante, je suis ouverte au compromis.

Alors du coup, non, HAMMER SESSION! et Tumbling, pas du tout le même combat. C'est même dommage que la série ait des audiences si pourries, conduisant à l'annulation de la case horaire.
Voilà, comme ça au moins, je ne vais plus me laisser berner, j'ai bien appris ma leçon sur ces histoires de cases horaires.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche HAMMER SESSION! de SeriesLive.

10 août 2010

Double standard

Depuis que j'ai commencé à m'intéresser à la culture nippone, pleinement consciente que j'étais déjà largement imprégnée de culture américaine, j'ai toujours pensé que ces deux passions, l'une en Amérique et l'autre en Asie, reflétaient deux parties de ma personnalité qui avaient besoin à part égale de s'exprimer et se divertir. Il y a eu de nombreuses phases de ma vie en déséquilibre entre les deux, mais je pense que quoi qu'il arrive, même quand j'opère une bascule, je reviens toujours à ce besoin d'avoir un peu de chaque monde.

Mais non seulement ces deux parties de ma personnalité ont des envies différentes, notamment en termes de fiction puisque je vais me borner à ce sujet dans ces colonnes, mais elles ont aussi des échelles de valeur différentes.

Du coup, même si c'est bien involontaire, je me retrouve à ne pas traiter de la même façon une série japonaise d'une série américaine, pour reprendre les deux nationalités que je côtoie le plus souvent. Alors, pour illustrer cette schizophrénie téléphagique, voici donc un petit comparatif des réactions variables que je peux avoir devant des évènements pourtant similaires sur le papier. Un post dans lequel, à n'en pas douter, vous serez au moins, ohlà, trois, ou peut-être quatre à vous reconnaître... cette dichotomie n'existant certainement pas dans les mêmes proportions quand on se contente de séries américaines et britanniques, par exemple.

Duelles_Casting

Au Japon, c'est en ce moment la période des projets (période redoutable s'il en est, où je crains toujours de faire des news sur SL de peur qu'elles soient fusillées sur place), et en Corée, la période des projets, c'est pour ainsi dire toute l'année. Alors des annonces de castings, c'est tous les quatre matins, en gros. Je disais récemment que les actrices japonaises m'indiffèrent souvent, et ce n'est pas différent pour leurs homologues masculins, ou pour le même population de l'autre côté de la Mer du Japon. En gros, en-dehors de Yuuki Amami (GOLD), Miki Maya (actuellement dans Mioka), Michiko Kichise (Mousou Shimai, que peut-être certains d'entre vous ont vu... l'appel est lancé) et, oh, yen a peut-être une quatrième mais là j'ai pas de nom en tête, je me bats l'œil de façon mortelle de savoir qui a décroché un rôle ici ou là. On peut bien caster qui on veut, ça ne fait pas grande différence pour moi en amont. Attention, je ne dis pas que les acteurs japonais se valent, ni qu'ils sont interchangeables, ou quoi que ce soit. Simplement en général, je juge plutôt sur pièce. Je ne me réjouis pas à l'avance. Savoir qu'untel a décroché un rôle, bon, ça ne provoque pas chez moi un torrent de pensée, même pas un "nan, mais elle est nulle, pourquoi elle ?". En Corée, je suis bien obligée d'avouer que c'est pire, parce que non seulement je ne retiens pas leurs noms mais je dépense beaucoup d'énergie à oublier les visages aussi (le passage quasi-systématique au scalpel aidant). Je fais un bloquage total sur les noms coréens de toute façon, et j'ai décidé de ne pas livrer cette bataille, je triche : je vais voir les fiches à chaque fois pour savoir qui a joué dans quoi. Vraiment, les castings des séries asiatiques peuvent difficilement m'être plus indifférents. A contrario, j'ai presque toujours une opinion sur tel ou tel acteur qui est annoncé dans une série (bien que les news casting pour une simple apparition en guest aient tendance à m'agacer), parce que je me souviens de leur parcours probablement. Mais bon, ça s'explique peut-être aussi par une question d'ancienneté, 15 ans dans la fiction américaine contre un peu moins de 5 dans la fiction asiatique, on en reparle dans quelques années, ça aura peut-être évolué.

Duelles_Renouvellement

C'est pas la taille qui compte, c'est le temps pendant lequel on peut s'en servir. Mais il s'avère que le nombre d'une saison, pour une série américaine, me semble souvent devoir tendre vers le maximum. En fait, je considère qu'au-delà d'une dizaine de saisons, une chaîne doit à une série de continuer à la renouveler quoi qu'il arrive (sauf dans le cas des Experts Buenos Aires, mais on reparle de ça dans un post ultérieur). A partir d'une certaine durée, le renouvellement d'une institution sonne comme une évidence, ça ne devrait même pas se discuter. A l'inverse, une série asiatique qui joue les prolongations, c'est toujours un peu suspect, même si ce n'est que pour quelques épisodes. Concrètement, demain on m'annonce une saison 2 pour Aishiteru ~Kaiyou~, je pense que je fais salement la tronche. Fort heureusement, les séries asiatiques que je préfère se prêtent peu aux renouvellements. Exception faite du cas IRIS et Athena, je jugerai devant l'écran, on verra bien...

Duelles_Poulet

Si d'une façon générale, et comme je le disais hier, les séries policières m'insupportent au plus haut point, de sorte que je vomis tout ce qui porte un badge de près ou de loin (et avec le temps, cette overdose s'applique également aux marshalls et autres agents du FBI), en revanche, en Asie, je parviens quand même à regarder quelques séries sans trop sourciller. Comparativement, ça me demande 3 fois moins de volonté de me mettre devant le pilote d'Unubore Deka que devant celui de The Good Guys. Je passe peut-être à côté de quelque chose mais ça me semble tellement plus vite gavant en Occident. C'est peut-être parce que, si la proportion de flicaille est élevée dans les deux camps, elle reste cependant stable en Asie où on n'en fait pas des orgies, alors qu'en Occident, si CBS s'écoutait, je suis sûre qu'il y en aurait encore plus chaque saison alors qu'on ne parvient même pas à se débarrasser de celles qui sont à l'antenne ; il y a un vrai problème de contrôle de la population de volaille sur les écrans américains. Mais pour être honnête, je n'ai même pas encore vu de série policière coréenne. C'est pour tout ça que j'accueille les séries policières asiatiques avec plus de clémence. Même si ça ne veut pas dire que je me les tape toutes, évidemment (toujours pas vu Hanchou par exemple).

Duelles_Generique

Une série japonaise fait un générique ? Je suis contente. Je le découpe. Parfois j'en tombe amoureuse (récemment, celui de Joker, suivez l'tag, m'a beaucoup plu, par exemple). Mais s'il n'y en a pas, je ne vais pas me rendre malade pour si peu. En revanche, qu'une série américaine daigne proposer un truc de 10 secondes, et la foudre va s'abattre sur elle. Mes voisins m'entendent régulièrement m'écrier avec colère "et le générique ? non, il est en option le générique ?" et autres récriminations rageuses. Une série asiatique avec un générique, c'est bien, une série américaine avec un générique, c'est indispensable.
Deux poids, deux mesures.

Il y en a probablement d'autres, que j'oublie ou que je n'ai pas expérimentés. Et vous, amis amateurs de séries asiatiques, expérimentez-vous ce genre de réaction à double vitesse, et dans quels cas ?

7 août 2010

Sexy boy

En même temps, c'était assez prévisible : Unubore Deka n'était pas une série faite pour moi. Mais quand je peux regarder un pilote, ce genre de choses ne m'arrête pas, vous le savez, et me voilà devant les aventures du détective Unubore avec un léger a priori. Mais devant quand même.

UnuboreDeka

Dans la collection "on ne voit ça que dans un dorama", Unubore Deka est une comédie policière de plutôt bonne facture, pour autant qu'on aime les comédies ET les séries policières. On y découvre un personnage totalement excentrique qui a complètement pété un câble suite à une déception amoureuse, et qui depuis, est absolument obsédé par l'idée de se marier.
Et je dis : parfait. Pour une fois que ce n'est pas un personnage féminin qui est obsédé par le mariage, ça nous fait des vacances.

Mais le détective Unubore va plus loin : il est aussi absolument sûr de vivre une romance avec chaque femme qu'il croise. Et quand je dis "croise", c'est vraiment parce qu'il compte 3 secondes et considère qu'il y a coup de foudre mutuel. Il a tout un tas de règles en tête qui sont autant d'indicateurs de son soi-disant succès : si elle sourit, c'est qu'elle m'aime ; si elle me jette un coup d'œil avant de sortir du magasin, c'est qu'elle m'aime, etc...

Ce qui au départ était proprement inimaginable, c'est qu'Unubore va en rencontrer d'autres comme lui ! Il va s'apercevoir qu'il existe un groupe appelé Unubore4 ("unubore" signifiant quelque chose du genre imbu de sa personne), constitué de pseudo-tombeurs absolument certains d'avoir un pouvoir énorme sur la gent féminine, comme lui. Tous se retrouvent dans un bar, et notre Unubore va intégrer ce groupe bien étrange.
Et c'est certainement là qu'Unubore Deka est brillante, dans son association de losers qui s'ignorent, convaincus d'être des bourreaux des cœurs, avec à leur tête un pseudo-gourou qui passe son temps libre (il en a visiblement beaucoup) à les conforter dans leur délire. Les meilleures scènes sont là, quand les discussions entre mecs sont tournées en ridicule parce que nous, spectateurs, nous savons bien qu'Unubore rêve éveillé, et qu'il y a peu de chances pour que ses compagnons aient plus de succès que lui. En plus, c'est aussi pendant ces scènes que le rythme est le mieux maîtrisé, et, chose assez rare dans les séries japonaises, les dialogues sont vraiment bons.

Les enquêtes policières sont, du coup, carrément des prétextes. La série ne s'en cache pas et j'aime mieux ça que de faire semblant. Dés son entrée en scène, on a immédiatement deviné qui était le coupable du meurtre de ce premier épisode, il faut simplement trois plombes à tout le monde pour connecter les points, surtout à Unubore qui est totalement aveuglé par son obsession pour la romance.

Bourré de petits détails hilarants sur laquelle la série n'appuie même pas (à l'instar du cadavre qui m'a tout l'air d'un gag récurrent en devenir, à condition d'avoir repéré le truc), et très, très aidée par le jeu de Tomoya Nagase, en très grande forme et capable de débiter avec le plus grand stoïcisme des répliques à se tordre de rire, mais aussi de parvenir à être touchant à certains moments (notamment sur la fin de l'épisode), Unubore Deka est, dans son genre, réussie.

Le problème, c'est que ce n'est pas mon genre.
Eh oui, voilà le soucis : c'est que j'ai atteint un stade à partir duquel les séries policières, je sature. Je l'ai atteint un soir de 2005 en regardant un épisodes des Experts Perth, c'est vous dire à quel point Unubore Deka arrive tard. Qui plus est, je suis rarement attirée par les comédies nippones (bien que celle-ci fasse sans doute partie des plus sympathiques que j'ai vues, mais derrière Seigi no Mikata qui reste difficilement détrônable). Mais je reconnais qu'Unubore Deka a un grand potentiel...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Unubore Deka de SeriesLive.

2 août 2010

Yen aura pour tout le monde

Eh bah voilà. Je vais encore passer pour une snob. Boh, allez : un peu plus, un peu moins...
Mais voilà : j'ai beau trouver qu'internet soit une chose merveilleuse quand on est téléphage, j'ai en revanche tendance à considérer qu'internet est mauvais pour ceux qui ne le sont pas.

Et en fait, c'est ça la conclusion que je tire du post d'Eclair, que je n'avais pas forcément bien interprété la première fois que je l'ai lu. Il faudrait en fait dissocier ce qu'internet apporte de façon individuelle, et ce qu'internet apporte aux "masses" (terme à ne pas prendre de façon aussi péjorative que la moyenne).

Avec internet, tout le monde se sent autorisé à avoir un avis.
Et à la base j'aurais envie de dire que c'est merveilleux. Quand je croise des téléphages passionnés mais discrets, j'ai tendance à les encourager à prendre la parole, à discuter, débattre, et si possible ouvrir leur propre blog, car l'accès à la multiplicité des points de vue est un des gros avantages d'internet. C'est encore plus vrai pour les filles qui semblent toujours plus sur leur réserve, dans ce milieu, mais c'est déjà un autre débat.
Néanmoins, le problème, c'est qu'internet a ouvert la téléphagie aux quatre vents, et que dans le courant d'air s'est engouffrée une masse de gens qui à la base, n'ont rien de téléphages, ils se contentent de voir ce qui passe à la télé quand ça passe, et ne cherchent pas à aller plus loin. Sur internet, ils parlent de ce qu'ils ont vu, souvent avec l'enthousiasme de celui qui est passionné essentiellement par manque de points de comparaison, leur avis manque cruellement de nuance et la seule information qu'ils cherchent, c'est celle qui porte sur ce qu'ils connaissent : les dates de diffusion, la vie des acteurs qu'ils voient sur leur écran...

Ceux-là, c'est ceux que j'appelle sur ce blog des télambdas.
Ils sont légion. Le phénomène des séries télé leur a donné accès à une offre immense mais dans laquelle il ne font pas de tri, ils laissent d'autres le faire pour eux. Pour eux, ce n'est jamais qu'une question d'offre et pas vraiment de demande, ils prennent ce qui vient, quitte à regarder une rediff des Experts Brisbane pour la 50e fois ou un épisode de The Mentalist dans le désordre. Du moment qu'on peut voir. Du moment qu'on peut participer. Du moment qu'on peut avoir l'impression d'en être.
Leur nombre augmente à une vitesse vertigineuse, à mesure que l'offre se multiplie. Ils consomment, uniquement. Les plus courageux, mais on est déjà dans les strates les plus prometteuses, ouvrent un skyblog. Parfois, d'un ou deux, on parvient à faire un téléphage un peu plus réfléchi et posé, quelqu'un avec un sens critique et l'envie d'aller plus loin. A ceux-là on peut montrer une série qui n'est pas encore arrivée en France, un truc de Showtime ou AMC qui fait peu parler de lui ici, une série britannique éventuellement, si le germe Doctor Who a préparé le terrain, merci à France 4.

Mais dans leur immense majorité, les télambdas sont un peu comme une mule refusant d'avancer, mais pas décidée non plus à reculer : ils veulent regarder la télé mais surtout, qu'on ne les dérange pas dans le confort de leur vague appréciation distante du sujet.

MuleduPape

Ce sont hélas des télambdas qui s'expriment sur les forums et les commentaires d'un certain nombre de sites et blogs. On ne peut pas les en empêcher : c'est internet, et tout le monde a droit à la parole sur internet. C'est le principe, et la démocratie d'internet n'apprécie pas qu'on pose des limites.

Mais parfois, juste parfois, j'aimerais que sur lesdits sites et blogs, ces télambdas se posent une question vitale avant d'intervenir : "quelle est ma légitimité à intervenir ?".

Le télambda se croit souvent être autorisé à nous gratifier de ses commentaires et ses réflexions. Il n'a pourtant qu'une connaissance très limitée de ce milieu, mais eh, les séries sont un phénomène populaire et tout le monde a le droit de parler sur internet, alors pourquoi pas lui ?
Il y a ceux qui s'intéressent, se renseignent, se posent des questions et ont la bonne idée d'en poser à voix haute. Ceux qui tâtonnent, qui n'ont pas encore tout compris de certains points du système de diffusion ou de la réalité d'un tournage, mais qui participent avec ce qu'ils savent et s'améliorent progressivement.
Et puis, parmi les télambdas, il y a un énorme creuset de trolls potentiels, des mecs qui ne comprennent rien à rien mais c'est pas ça qui va les arrêter.

Je ne crois pas un seul instant qu'il faille museler ces intervenants là. Mais je pense que s'ils ne font pas l'effort de se renseigner un peu avant d'ouvrir une fenêtre de commentaire, et qu'ils finissent par prouver leur complète ignorance avec fierté, voire même une arrogance revendicative, on devrait aussi, en tant que personnes censées fréquentant une communauté informée, avoir le droit (le devoir ?) de leur faire fermer leur clapet et les réduire au silence jusqu'à ce qu'ils acquièrent, à défaut d'une maîtrise suffisante de leur sujet, au moins le talent de savoir quand ils sont à leur place, et quand ils n'y sont pas.

Oui, internet, c'est vrai, est particulièrement nuisible lorsqu'on fréquente ce genre de malotrus qui ne connaissent rien à rien mais qui en sont ravis. Internet a créé le télambda. Et le pire, c'est que certains sont complètement fermés à la moindre ouverture d'esprit. La liberté d'expression, j'en viens à penser qu'il ne faut s'en servir que si on jouit d'un certain nombre de capacités intellectuelles...

Mais pour tous les autres : bienvenue. Si vous y mettez du vôtre, vous allez vraiment vous éclater. Et si vous avez envie d'en savoir plus sur quelque chose, que vous voulez découvrir l'inconnu ou poser des questions, sérieusement, du fond du cœur, je suis à votre disposition.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité