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ladytelephagy
10 février 2012

La boussole pointe vers le bonheur

Il ne vous aura pas échappé que je regarde beaucoup, beaucoup de pilotes. Certains me plaisent. D'autres non.
Et d'autres encore, une fois de temps, viennent bouleverser mon univers.

J'avais eu un excellent mois de janvier, de ce côté-là : entre Smash, Touch, Äkta Människor... je considérais ce début d'année avec énormément d'enthousiasme. Mais il faut être réaliste : tous les pilotes ne sont pas forcément des enchantements. Le coup de coeur n'est pas la norme, mais l'exception. On peut trouver de bons pilotes sans avoir nécessairement de coup de coeur, d'ailleurs, et il faut se résoudre à ne pas toujours s'en prendre plein les yeux ou le coeur. On a tellement l'habitude de se plaindre de ci de ça ou d'autre chose, moi la première (n'ai-je pas une rubrique toute entière dédiée à mes coups de gueule ?), qu'on a tôt fait de se souvenir que le coup de coeur ne nous attend pas toutes les semaines ou presque.
Ce mois de janvier rempli de pilotes excitants et réussis n'était pas voué à se prolonger pendant les 11 mois suivants.

Et tant mieux. Qui peut dire ? Un coup de coeur de plus et peut-être que je vais m'effondrer, submergée par le ravissement de trop ! Combien de pilotes incroyables et renversants mon coeur peut-il encaisser ?
Eh bien je vous avoue que je commence à me dire que 2012 va me faire mourir d'extase téléphagique. Car les enfants, il faut que je vous parle de 30° i Februari. C'est une merveille.

30graderiFebruary

A plusieurs reprises, dans l'histoire de ce blog, j'ai souligné combien je me méfiais des résumés trouvés çà et là sur des séries non-anglophones, quand je ne les ai pas encore vues. L'un des exemples les plus évidents, c'est Naznaczony : une série étrange au pitch insondable, dont j'ai été, au terme du pilote, incapable de confirmer si les résumés lus ici et ailleurs étaient exacts.

Il en va de même pour 30° i Februari (prononcer "30 grader i Februari") qui avait toutes les apparences de la gentille série feelgood et familiale, et qui se révèle être un drama plein d'âme, de coeur, d'humanité, et à ce titre se montre parfois douloureux.

A l'instar d'Äkta Människor, la série fonctionne comme une chorale dont les voix ne se croisent pas ou peu, en tous cas dans le pilote. Chaque groupe de personnages fonctionne comme une entité indépendante qui se construit tout en élaborant un angle sur le sujet de la série : l'expatriation de Suédois en Thaïlande, qui apparait comme un pays de Cocagne à la plupart d'entre eux.

Ainsi l'épisode s'ouvre sur le couple Bengt et Majlis, deux personnes âgées qui partent en vacances en Thaïlande (ils font le voyage avant les autres personnages, d'ailleurs), le fauteuil de Bengt se prenant dans la neige devant leur maison, et Majlis tentant de faire preuve de patience malgré les protestations de son mari, tendue vers un seul but, partir au soleil. C'est l'histoire de leur couple, à vrai dire, cette image de départ : Majlis est à la fois attentionnée, docile et optimiste, là où Bengt est un négatif dans l'âme, un fardeau non pas de par son état de santé mais par son tempérament désagréable. C'est dire si leur voyage ne sera pas une partie de plaisir (et encore, ils n'ont rien vu). Il fera preuve d'une certaine brutalité verbale à son égard à plusieurs reprises dans cet épisode, et le regard brouillé de Majlis ne trouvera d'instants de répit et de lumière que dans la contemplation de la Thaïlande qui a visiblement ravi son coeur. Mais il y a fort à parier que son admiration pour le paysage soit liée à une méchante envie d'échapper à son époux, qu'elle a trainé au soleil pour qu'il n'ait pas à subir l'hiver suédois dans son état, et qui trouve le moyen de la traiter comme une voleuse.
Majlis s'impose comme un personnage à la fois brisé et sur le point de renaître. La camera comme le scénario s'intéressent peu à Bengt, que l'on n'aperçoit finalement qu'avec le regard de sa femme. Elle, par contre, est certainement en train de vivre sans le savoir une aventure qui va la changer. C'est une transition qu'on a instantanément envie de vivre avec elle.

Plus subtile au départ est l'histoire de Chan. On le voit très peu lors des scènes en Suède. Il n'est que le vendeur de spécialité thaïlandaises ambulant qui se chauffe les mains en attendant les clients, pendant quelques secondes. La première fois qu'on le voit, on trouve triste la vue de ce petit bonhomme qui vend de l'exotisme par -15°C dans sa fourgonnette. C'est un contrepied ironique, presque.
Finalement notre homme se décide à partir. Lui, la Thaïlande, il connait. Il y a laissé un fils qui doit aujourd'hui être un adolescent, et il part à sa recherche ; il le trouvera dans un squat rempli de junkies. Non, 30° i Februari ne parle pas que de soleil, mais de la même façon que Majlis est à l'aube d'un nouveau commencement, Chan et son fils Pong sont sur le point de tout changer aussi. Le pilote ne nous en dira pas plus sur eux, mais il se passe immédiatement quelque chose de très fort dans cette quête, qui évite un certain nombre d'écueil pendant son maigre temps d'antenne.

Il y a des années, Chan vivait à Happiness. Happiness est un bungalow situé sur un petit coin de sable, aujourd'hui en bien piteux état. C'est là que Kajsa et ses filles avaient passé des vacances inoubliables... Mais quand Kajsa, surmenée, fait un AVC qui la diminue fortement, elle convient avec sa fille Joy de tout plaquer et de retourner à Happiness le bien nommé. Chan étant aux abonnés absents, elle décide d'acheter le bungalow pour une bouchée de pain. (pour le moment, je n'ai pas l'impression que quelqu'un d'autre ait acheté l'endroit ; soit les résumés étaient trompeurs, soient ils se révèleront vrais bien plus tard)
L'histoire de Kajsa et Joy (la petite Wildas est adorable mais n'a pas une grande valeur dramatique pour le moment) est magnifique. La mère et la fille correspondent quasiment par télépathie, et cela, hélas, leur sera fort utile dans cette scène déchirante pendant laquelle Joy tente de réapprendre à sa mère à parler... Kajsa est un beau personnage également, au départ une architecte surmenée et un peu, pardon pour le jeu de mots, froide, mais qui prend son AVC comme un rappel à l'ordre. Difficile de ne pas être ému par la façon dont l'accident est traité dans cet épisode, avec énormément de sensibilité mais sans en faire des tonnes non plus. La décision elle-même de partir pour la Thaïlande, de revenir aux fondamentaux, quelque part, se fait dans le silence, avec simplement des échanges de regard et une video de vacances. Ce qui se passe dans ces scènes décisives est non seulement puissant mais de très bon augure pour la suite, indiquant que 30° i Februari a une façon de faire les choses dénuée de toute lourdeur, mais pas d'émotion.

Enfin, le personnage de Glenn offre un parcours qui s'annonce aussi touchant que les autres. Glenn n'est pas gâté par la nature, il le sait, et a parfaitement conscience de la misère amoureuse dans laquelle cela le plonge. Inscrit sur un site de rencontres, il commence à correspondre avec une Thaïlandaise, et les choses s'emballent. Glenn embarque pour la Thaïlande, une bague dans la poche, bien décidé (en dépit du fait qu'il ait menti sur sa photo) à épouser cette jolie Karn qui semble si jolie et aimante.
Une fois arrivé ce n'est évidemment plus le même refrain. Karn travaille dans un bar dont on sous-entend fortement que c'est un bar à hôtesses, mais surtout, il prend peur parce qu'il a utilisé la photo d'un superbe sosie de Clooney, et s'enfuit. Quand une jeune femme rencontrée dans une échoppe le pousse à revenir faire sa demande au bar, et le traine dans les rues totalement imbibé de whisky, inutile de préciser que personne n'y croit...
La solitude mais aussi la lucidité de Glenn, son envie sincère d'être aimé et de rompre la solitude dés que quelqu'un fait preuve d'un peu de gentillesse à son égard, sont incroyablement touchantes. On imagine mal que l'aventure aille aussi loin, mais il a cette sorte de naïveté qui le pousse à tenter le coup, à acheter une bague, prendre l'avion, tenter le tout pour le tout. Il n'est pas amoureux mais il a tellement envie de l'être...

Les destins de ces personnages vont donc être changés par la Thaïlande. Mais plus qu'une aventure familiale à l'autre bout de la planète, ou même une invitation au voyage bourrée d'exotisme destinée à un public qui se les pèle sérieusement en cette période de l'année, 30° i Februari est surtout une invitation à chercher le bonheur là où on pense le trouver, et à aller y puiser la force de se changer soi-même.

Il y aurait long à dire de la puissance de la réalisation de ce pilote, toute en douceur et en patience, occupée à observer les visages de ses personnages et à attendre qu'ils expriment, par un geste, un regard, leur émotion du moment. J'apprécie toujours quand une série se montre capable de ne pas chercher à meubler ses silences, mais plutôt de les exploiter pour qu'ils trahissent quelque chose d'insaissable autrement, et 30° i Februari réussit prodigieusement bien à capter de menus mais importants détails de cette façon.
L'émotion contenue dans ce pilote est incroyable. Je vous parle d'un coup de coeur de la trempe de The Circuit ou Capitu, là. Le truc qui vous renverse et qui vous change. Dont vous ne ressortez pas indemne.


Ah, et ce thème, ce thème...
30° i Februari, la promesse de 10 épisodes superbes qui pourraient me faire m'effondrer, submergée par le ravissement de trop. Mais, mourir de bonheur ? C'est ce que j'appelle une belle mort.
Alors c'est une affaire entendue, je passe les prochaines semaines en Thaïlande.

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8 février 2012

Coming outer space

On pourrait soupçonner un tantinet d'opportunisme derrière le pitch d'Outland : parler de geeks, c'est à la mode, et lancer une série gay, ça a un petit côté "moi j'ose le faire", moins qu'avant, certes, mais à plus forte raison sur une chaîne publique.

Outland

Outland est pourtant un projet dont on a l'impression qu'il est quand même très authentique, essentiellement parce que son créateur John Richards parle de ce qu'il connait.
...Et puis parce qu'une série gay réalisée avec trois bouts de ficelle, ça fait toujours plus authentique que si elle avait un budget monstre.

Eh oui, il faut le dire, Outland n'impressionne pas des masses de prime abord. D'accord, l'appart de son héros est parfaitement décoré (je veux le même en violet !) mais globalement, ça ressemble à une série tournée avec quelques dollars en poche, un scénario simpliste et des copains acteurs. Lesquels ne brillent pas nécessairement par leur talent, mais on le mérite de se montrer rapidement sympathique.

Si je parle de scénario simpliste, c'est essentiellement parce que l'histoire de ce premier épisode n'est pas franchement épatante. Le pilote passe 20mn à nous montrer un personnage central et ses copains dévoiler lourdement leur personnalité quand d'autres séries auraient su le faire en moins de temps, afin d'offrir une intrigue drôle et rythmée. Rien de tout cela ici, alors que le protagoniste central passe le plus clair de l'épisode à faire une crise d'angoisse (qui dure environ 6h d'après mes calculs) et que ses potes meublent comme ils peuvent dans le salon avec le plan Q que notre héros ne pourra pas concrétiser. Là comme ça, ça ne fait pas envie.

La force de ces personnages, c'est qu'ils seraient tous, dans une autre série, une caution gay, le quota gay, appelez ça comme vous le voulez : le gay flamboyant et maniéré, la lesbienne qui en impose, le gay issu de la culture cuir et clous des années 90, et le petit gay de bonne famille, auraient sans hésité joué les seconds couteaux caricaturaux dans une comédie hétéro. Mais ici, rassemblés ensemble, ils forment une petite communauté improbable mais vite attachante. Personne n'est là à titre de prétexte, simplement, comme beaucoup de personnages de comédies, ils sont un peu caricaturaux. La nuance a son importance.
Je confesse une tendresse particulière pour les grands yeux de Toby (incarné par Ben Gerrard), un personnage qui trouve le moyen d'être à la fois snob et attachant.

Difficile d'évoquer Outland sans parler des références geek, également. On a ici une bandes de geeks de science-fiction, me faut-il préciser, qui vont donc mentionner Doctor Who (abondamment !), un pseudo-Star Trek (problème de droits ?), Blake's 7... sans compter une hilarante référence à Rencontres du Troisième Type dans le frigo (vous verrez). L'appartement du héros est peuplé de produits dérivés qui en allècheront plus d'un !
Mais au-delà de ça, on n'est pas dans le name dropping comme peut le faire The Big Bang Theory : la science-fiction est vécue comme une addiction plutôt qu'autre chose, et comme un fardeau par le personnage principal, plutôt que comme une fierté. D'ailleurs Outland, derrière son aspect humoristique ou disons, léger, est une véritable réflexion sur la condition d'outsider, quelle qu'en soit la raison. "Ce n'est pas le lycée !", lance l'un des protagonistes à un autre qui rétorque "mais si, c'est le lycée, c'est TOUJOURS le lycée !", preuve qu'il y a aussi une certaine souffrance derrière le sujet choisi ici ; elle s'exprime pour le moment de façon un peu maladroite, mais j'apprécie ce regard différent, loin de l'étendard pro-geek ou pro-gay, pour raconter quelque chose de plus dense, à la fois spécifique et universel.

Outland est, en définitive, une comédie qui a un fort capital, mais qui a un peu raté son entrée en voulant trop prendre le temps de s'installer. Il faudra probablement attendre un épisode de plus pour accompagner ces geeks gays avec entrain...

6 février 2012

Tu seras un parrain, mon fils

TheStraits

Les Soprano n'a jamais été ma tasse de thé. Il faut croire que le sang italien ne coule pas assez abondamment dans mes veines pour m'intéresser aux histoires de mafia en général, d'ailleurs.

C'est peut-être ce qui explique ma réaction assez froide face au pilote de The Straits, une série australienne qui se déroule dans les Torres Strait Islands, là où l'Australie fricote avec la Papouasie Nouvelle-Guinée. Le décor est donc exotique par définition, et les promos bleus et turquoises étaient là pour nous le rappeler, mais en-dehors de ce contexte baigné par le soleil, on est dans une histoire de famille mafieuse assez typique. Disons qu'en définitive, on a surtout changé d'accent.

Harry Montebello est un parrain comme tant d'autres de par le monde, qui gère un business qui est à cheval sur deux marchés : les armes et la drogue. La famille Montebello est respectée dans les environs, mais voilà, comme c'est souvent le cas avec l'âge, Harry commence à réfléchir à ce qu'il va laisser derrière lui, et surtout, à qui. Avec son épouse Kitty, il a eu quatre enfants : Marou est leur premier enfant, mais le couple a ensuite adopté Noel qui est en réalité plus âgé. Ensuite viennent Sissi, leur unique fille, et le petit dernier, Gary.

Le problème c'est qu'en réalité, il n'y a pas vraiment de lutte de pouvoir au sein de la famille. La tradition indiquerait que le business revient à Marou, qui est le fils aîné naturel ; mais d'une part, Marou n'est pas du tout attiré par ce plan de carrière, et puis surtout, il est bien trop gentil (a-t-on idée !). Sissi, elle, a fait des études, c'est la tête de la famille, mais elle n'est pas vraiment une meneuse, même si elle serait idéale comme comptable. Gary, lui, est le jeune chien fou, l'inconséquent qui vit de conneries, de drogue et de coups de tête. Qui est-ce qu'il reste ? Noel. Après tout, il est le plus vieux des fils, non ? Sauf que Noel n'est pas un "vrai" Montebello, et surtout c'est une tête de pioche, une brute épaisse qui n'en fait qu'à sa tête, et il est incapable de se maîtriser ou d'obéir à une quelconque règle. Pas vraiment le genre de gars à qui on a envie de laisser une lucrative affaire comme le business illégal des Montebello !
Du coup, le père Harry, il a un mal fou à passer les rênes. Oh, ne vous y trompez pas : Noel a TRES envie de devenir calife à la place du calife. Mais il n'est pas prêt du tout. Et tout en se gardant ses trois autres enfants sous le coude, on sait jamais, eh bien Harry va tenter de mater son fils Noel, de le dresser pour en faire un "bon" parrain.

Il y a donc à la fois des éléments très classiques, et d'autres plutôt originaux, dans la structure de The Straits. C'est une bonne nouvelle pour ceux qui aiment le genre, j'imagine, car ainsi, certaines caractéristiques étant conservées, et d'autres prenant une certaine liberté avec les habituels canons de la série sur la famille mafieuse. Ajoutez à cela un cadre un peu trop paradisiaque pour être honnête et vous obtenez un cocktail loin d'être désagréable.
Avec une recette oscillant aussi bien entre créativité et conservatisme, pas étonnant que, le soir de son lancement sur ABC1 jeudi dernier, la série The Straits ait fait parler d'elle au point de devenir un trending topic instantané (et unanimement extatique) en Australie !

Alors qu'est-ce qui cloche ? Pourquoi j'ai attendu la fin de la première partie du pilote pour accrocher, et pourquoi seulement 599 000 spectateurs ont été comptabilisés devant ce même pilote, dans une case où d'ordinaire on en compte plus de 900 000 ? Pourquoi se retrouve-t-on dans la situation où peu de monde a regardé la série, mais ceux qui l'ont regardée ont eu envie de la commenter positivement et abondamment pendant la soirée... sans que, pourtant, en 1h45 de diffusion, ce chiffre n'ait réussi à progresser ?

Certes, il y a l'aspect promotionnel : The Straits n'a pas vraiment fait l'objet d'une campagne comme celle de The Slap (il faut dire que le succès du roman d'origine aidait), produite par la même compagnie, pas d'affiches placardées partout, de posters sur les bus... Il y a aussi le fait que le jeudi, ABC1 a un mal fou à trouver de quoi rivaliser avec l'émission de télé réalité My Kitchen Rules (qui en plus, démarrait plus tôt) et que, la chaîne publique ne proposant pas de publicité, les deux premiers épisodes ont été diffusés sans la moindre pause, et on peut comprendre que ça ne soit pas encourageant pour prendre en cours de route. Il y a, enfin, quelque chose de plus particulier à la série : The Straits est très particulier, de par sa situation géographique et la culture de ses protagonistes ; c'est un peu comme espérer qu'une série se déroulant en Corse, avec un peu de patois corse et des références aux traditions corses, captive toute la France (ce qui est bien c'est que le thème de la mafia s'appliquerait tout-à-fait à mon exemple).

Mais surtout, il y a le fait que The Straits est quand même, malgré ses qualités, une série loin d'être irréprochable, n'effleurant même pas en rêve la perfection.

Son pilote commence avec une suite de scènes qui, si elles ne sont pas ratées, sont prévisibles, et réalisées sans grande imagination. La plupart de ses personnages mettent un temps fou à devenir ne serait-ce qu'un tantinet attachants et humains, restant longtemps très unidimensionnels. Et puis, la direction d'acteur semble aller à vau-l'eau (c'est particulièrement visible quand les scènes sont supposées être choquantes, d'ailleurs), or c'est quelque chose qui devient vite vital dans un ensemble show où les acteurs doivent essayer de tendre vers un même but, un même esprit, une même image. Il y a clairement des maillons faibles dans ce cast, d'ailleurs (bien que je n'aie rien au demeurant contre le regard vert d'Aaron Fa'aoso, fort regardable au demeurant, mais qui a tendance à se borner à cela).

The Straits a donc des défauts. Ils s'atténuent avec les minutes, mais clairement, la série autant que sa programmation révèlent des maladresses qui mises bout à bout, peuvent devenir de véritables handicaps.
Peut-être que quelqu'un ayant aimé Les Soprano trouvera certains de ces handicaps tolérables ; peut-être qu'au contraire, l'excellence (présumée) de la fameuse série de HBO ne portera que plus préjudice à la série australienne. En tous cas, ça m'étonnerait qu'au terme de ses 10 épisodes, The Straits obtienne une saison 2. Tentez donc le coup tant qu'il est encore temps...

29 janvier 2012

I just want my 20 minutes back

Dans un moment de bravoure, j'ai finalement décidé de regarder l'aperçu pilote de la dramédie I just want my pants back. Pourquoi maintenant ? Eh bien, à l'approche de la diffusion à proprement parler de la série sur MTV, cette semaine, je me suis dit qu'il était grand temps, d'une part ; et d'autre part, si j'attends d'en avoir envie, je n'y arriverai jamais. Autant profiter que j'étais dans un moment d'abandon et de faiblesse et foncer.

Il faut dire qu'en dehors du titre, déjà pas spécialement excitant à mes yeux, la description qui m'avait été faite de la série était grosso-modo d'une sorte de How to Make it in America qui rencontre Skins et, euh, disons qu'étrangement ces deux séries ne figurent pas dans mon top 10 des séries que j'aime le plus regarder.
Ou dans mon top 200.

Devant ce premier épisode (apparemment légèrement tronqué), j'en suis arrivée à la conclusion que, si je suis capable de regarder Awkward. sans avoir envie de hurler combien tout cela me semble étranger, ça m'est absolument impossible avec I just want my pants back. Je peux rarement m'intéresser à des teenageries, vous le savez, et du coup c'est assez paradoxal pour moi de trouver Awkward. plus sympathique qu'I just want my pants back qui est normalement plus près de mes préoccupations de jeune célibataire dans une grande ville.

Mais voilà : ces histoires de coucheries, cette façon de vivoter sans but précis, ces amitiés d'adolescents attardés, eh bien ça m'énerve, reconnaissons-le. C'est incroyablement immature à mes yeux, ça n'est porteur d'aucune émotion pour la spectatrice que je suis, ça ne soulève aucun attendrissement ni même intérêt dramatique, et au bout du compte ça me semble tellement vide de sens que j'en aurais presque envie d'être désagréable.
Et si penser qu'une série qui suit les aventures d'un soir de jeunes à la tête creuse est totalement dénuée d'intérêt me fait passer pour une vieille conne, eh bien qu'il en soit ainsi, j'assume.

Ijustwantmy20mnback

Cette preview du pilote d'I just want my pants back, ce sont 20 minutes de ma vie qui sont perdues à jamais.
Et c'est emmerdant parce qu'à mon âge avancé, chaque minute compte.

28 janvier 2012

Requiem pour Alcatraz

J'ai une vraie admiration pour JJ Abrams. Ce mec a un don. Ces séries sont creuses, mais elles fonctionnent. Il a tout compris au fonctionnement de l'univers, et de la télévision mainstream moderne en particulier. C'est un type qui n'invente rien, ne révolutionne rien, mais qui le fait extrêmement bien et avec un véritable flair lorsqu'il s'agit de harponner les spectateurs avec des artifices. C'est un magicien. Beaucoup de mecs dans son genre se contentent de faire de la petite série à la con jusqu'à la fin de leurs jours, mais s'ils sont dans son genre, il ne sont pas dans sa catégorie, il les bat tous. Il n'a pas de vision créative, il n'a pas un univers comme on peut le dire de types comme Kelley, Whedon ou Fuller, mais il a trouvé une formidable façon d'exercer sa transparence avec panache, et ça force l'admiration.
Je méprise la plupart des choses qu'il fait (quand il ne se contente pas simplement d'y associer son nom au début, et de filer ensuite vers de nouvelles aventures, genre Lost), mais j'ai l'honnêteté d'admettre que sur le principe, il a tout bon. C'est un vrai malin, à défaut d'être un extraordinaire créatif. Il a vraiment du nez. Il mérite son succès.

C'est ainsi que s'ouvre, enfin ! mon fameux post sur Alcatraz, mille fois esquissé, mille fois reporté, et mes compliments se bornent à l'oeuvre d'Abrams en général plutôt qu'à la série en particulier, c'est vous dire si je suis déjà au max.
En fait, les compliments, il n'y en a plus après l'image.

Alcatraz

Pouf voilà c'est fini.

Parce qu'il faut être honnête, Alcatraz, c'est une grosse merde. Et je n'emploie pas souvent le terme de "grosse merde", quand même, vous pouvez vérifier ça reste assez sporadique. Mais là, on est quand même en plein dedans.

N'étant pas une inconditionnelle de Lost, même pas vraiment parce que ça ne m'a pas plu, mais simplement parce que je marche essentiellement au coup de coeur et qu'au bout d'environ 7 épisodes, je ne ressentais plus rien pour Lost et ai fini par regarder la série une fois tous les 5 ans (faudrait que je m'y remettre, un jour où j'ai rien de mieux à faire...), les comparaisons évidentes n'ont pas sonné comme une forme de recyclage éhontée. Hormis le fait que tout recyclage pur et simple est éhonté par principe. Mais disons que ça ne me fait pas hurler au sacrilège. Limite, pourquoi pas ? Lost n'était pas une mauvaise série, pourquoi ne pas s'en inspirer en fin de compte ? Donc, c'est lourd, visible et omniprésent, mais pourquoi pas, il y a des tas de créateurs de séries qui réemploient des recettes qui ont fait leurs preuves, ça n'est pas nécessairement choquant.

Le soucis d'Alcatraz c'est qu'on peut partir du principe que soit ce qui est nouveau est totalement dépourvu d'âme et d'originalité, soit il n'y a rien de nouveau du tout, et entre nous, je ne sais pas ce qui est le plus condamnable.

Il faut savoir que mon jugement sur Alcatraz ne se fait pas à l'emporte-pièce. Comme je croyais que le pilote était double, j'ai regardé les 2 premiers épisodes d'une traite en début de semaine (quand je me suis rendue compte de la méprise, je me suis dit, allez, tentons toujours, tant qu'on y est, ça s'arrange peut-être), avant de même donner sa chance au troisième un ou deux jours plus tard, parce que je lisais des trucs positifs sur la série, notamment de la part de personnes dont je tiens d'ordinaire l'opinion en haute estime. Comme quoi.
C'est donc sur la base de non pas un malheureux pilote, mais bien de trois épisodes, que je vous dis sans détour : c'est une grosse merde.

On a droit à tout.
La totale des clichés des séries qui n'ont rien dans le ventre. La jolie blonde (alors c'est vrai, elle est jolie). Le gros nerd. Le vieux austère. La minorité bien visible (alors c'est vrai, elle aussi elle est jolie). Pour un peu ce serait le cast d'un procedural autopolycopié genre Les Experts. Il nous manque juste un jeune premier et on a la collection complète. Vraiment c'est saisissant.
Les mystères à la con, aussi. Sauf qu'à chaque fois on les voit venir à 10 kilomètres. Chaque fois qu'il y a un truc un peu étrange qui se passe, le spectateur a vingt fois le temps de comprendre ce qui se passe avant que les personnages n'agissent dans ce sens, ou que la "révélation" soit faite. Et c'est vrai dés la scène d'intro du pilote, jusqu'à la fin du 3e épisodes, c'est fabuleux de cohérence et de constance.
L'ambiance joue uniquement sur la technique du "on ne vous dit pas tout" et des musiques lourdingues. Là-dessus permettez-moi de vous dire que c'est quelqu'un de sourd d'une oreille qui vous parle, et que ce quelqu'un ne remarque pas les musiques de fond dans les séries, sauf si elles sont excellentes, ou si elles sont cruellement ignobles. C'est bien-sûr le second cas ici et pour que je m'en plaigne c'est vraiment que ce soit quelque chose, parce que je suis pas regardante. Déjà, comme on a déjà dû vous le dire, ce sont les musiques pseudo-mystérieuses de Lost, c'est l'intégrale du soundtrack je pense, il ne semble rien manquer, et ensuite, le volume des musiques est à 125%, quand le volume des dialogues est à 75% et ça, c'est une pratique qui me met en rage. Insupportable de bout en bout. Pas une scène pour sauver les autres. Dés qu'il se passe un truc le spectateur est supposé s'inquiéter et se poser des questions, je suppose, mais j'ai un message pour la prod d'Alcatraz : eh les mecs, si vous avez besoin de faire signe constamment à vos spectateurs de s'inquiéter avec une musique omniprésente, c'est qu'ils sont incapables de le faire sans ça. Et ça signifie tout simplement que votre scénario est en échec. Ya pas de quoi faire les malins.

Le pire de tout, cependant, c'est qu'Alcatraz est en fait, derrière son intrigue presque mystérieuse, à peu près fantastique et soi-disant conspirationniste, un vulgaire cop show. Et même en maquillant le crime autant que possible, c'est insupportable tellement c'est flagrant. Pendant 3 épisodes, on a eu un criminel de la semaine à coffrer (et les enquêteurs font tout pour que ça prenne bien 45mn). Comme vous le savez, ce côté procedural m'est insupportable. Peut-être qu'il y a quelques années, encore, bon, je dis pas... mais là non, je ne supporte plus les cop shows procéduraux. Je sais pas, peut-être qu'il y a quelque chose à inventer ou ressortir des cartons, genre un drama procédural, pour que je me réconcilie avec la formule, mais là, c'est vraiment la collision de deux systèmes que j'ai pris en profonde aversion.

Mais il faut reconnaître : Alcatraz est, comme tout ce que j'ai vu faire Abrams jusqu'à présent, un objet de popculture prêt à l'emploi, avec tout ce qu'il faut pour essayer de capter l'attention du grand public. Simplement c'est complètement creux.
Et je ne sais plus pardonner ce genre de choses.

Le pire de tout, c'est que je n'avais pas de préjugé négatif contre le principe d'Alcatraz. Presque le contraire. Je ressens une sympathie sincère envers l'histoirique de cette prison, et je me revois encore, petite fille, regarder un épisode des Rues de San Francisco utilisant ce contexte pour une enquête, et me dire que ça ferait un super sujet de... de je sais pas, j'étais encore petite et je ne pensais pas en termes de séries potentielles, mais ça m'attirait comme sujet. Ca animait mon imaginaire et je peux comprendre que ça puisse donner plein d'histoires. Et plus de deux décennies plus tard, voilà Alcatraz.
Pour vous dire la vérité, depuis le début de la semaine, j'essaye de retrouver le titre de cet épisodes des Rues de San Francisco pour tenter de le revoir... Tout n'aura donc pas été perdu, mais quand même, quel gâchis.

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27 janvier 2012

Sa plus grande fan

Il se passe un truc drôlement chouette avec Apparences, et comme il n'y a pas grand monde pour se dévouer et vous en parler, bah je me sacrifie ! Nan mais, vous me connaissez, le sens de l'abnégation, tout ça...

Pour vous résumer mon impression, désormais chaque semaine je me lamente à l'idée qu'il soit impossible de voir des séries québécoises en France. Il n'y a simplement AUCUNE excuse ! Sur un plan linguistique, c'est pas pour quelques expressions un peu exotiques et un accent tout en rondeurs qu'on a le droit de faire la fine bouche... et au pire ça n'a jamais tué personne d'entraîner son oreille. La prochaine fois que je vois le mot "francophonie" dans un communiqué du ministère de la culture, je mords. C'est simplement indigne d'avoir une télévision (par exemple de service public) qui soit incapable de nous permettre d'accéder à des fictions comme celle-ci. Je sais bien que France2 nous a autrefois permis de voir Minuit, le Soir (en version doublée, en plus, on peut pas dire que ça ait choqué l'oreille du spectateur français !), mais je ne comprends pas comment ni pourquoi on s'est arrêtés là. Vraiment c'est révoltant de devoir passer par le téléchargement (surtout quand ça devient un peu plus difficile chaque semaine de s'approvisionner) ; encore, quand je regarde des séries asiatiques (d'ailleurs faites-moi penser à vous parler de la saison 2 de Shinya Shokudou), je peux comprendre qu'une chaîne craigne l'absence d'identification et le fossé culturel, mais là ?
Voilà, c'était une petite parenthèse coup de gueule, je passe au vif du sujet.

Apparences3

Je crois qu'une partie de mon admiration grandissante pour cette série tient au fait qu'il s'avère que j'ai tendance à m'ennuyer assez vite devant les thrillers, en général. C'est comme ça. Je les trouve facilement prévisibles, ils me semblent toujours suivre le fil le plus évident, parce que sous prétexte de nous filer des frissons et nous amener à nous asseoir sur le bord de notre fauteuil, il ne faudrait quand même pas qu'on nous donne de quoi réfléchir, je suppose. Du coup, quand le pilote d'Apparences m'a fait si bonne impression, plus tôt ce mois-ci (je vous le disais, on a un très bon mois de janvier téléphagique de par le monde), ma curiosité s'en est trouvée éveillée... et ma méfiance un peu aussi.

Mais au terme de son troisième épisode, Apparences confirme qu'on est dans le très haut du panier en matière de thrillers, mais aussi de séries dramatiques.
La série repose sur la disparition d'un de ses personnages, et dans ce type de configurations, en général, la victime est le personnage le plus creux de la fiction, tout simplement parce que la trame est toute entière tendue dans le seul but de pouvoir retrouver ladite personne (ou, si elle connaît un destin fatal, coffrer son ravisseur).

Ici c'est tout le contraire. Apparences a passé le pilote à rassembler la famille de Manon, inquiète de l'absence de cette dernière, pour mieux pointer du doigt les rapports difficiles que ses membres entretiennent les uns avec les autres... la disparue étant la seule à qui personne n'a rien à reprocher. Cela correspondait parfaitement à son statut de victime-de-thriller. Sa soeur jumelle, une actrice n'ayant pas mauvais fond mais quand même un peu distante de par sa vie trépidante, occupait alors la place centrale de l'épisode afin de dresser le portrait, en creux, de la disparue, une personne en tous points irréprochable donc. Cela justifiait l'inquiétude de chacun vis-à-vis de la disparition, et permettait de s'intéresser au déroulement à la fois de l'enquête (mais Apparences n'a pas vraiment un but policier et ça se sent dés son épisode inaugural, je vous invite à relire mon premier post à son sujet).

Le second épisode prend une orientation toute autre ; en accord avec l'orientation très modérément policière de la série, et avec les dynamiques familiales décrites dans le premier épisode, Apparences décide d'explorer la psyché de la disparue. Elle n'est pas là mais elle est partout. Et ce qui est véritablement intéressant, c'est qu'elle se révèle très surprenante, comme le suggérait le cliffhanger du pilote.
Tout l'épisode sera consacré à apporter énormément de nuance à ce personnage. Si la thèse de la disparition ne bouge pas (l'enquêteur suspecte l'un des membres de la famille ; il n'est d'ailleurs pas tenu au courant des découvertes sur la personnalité de la victime), en revanche, le profil de la Manon devient moins monochrome. Et c'est ainsi que tout en poursuivant ses efforts de reconstitution des faits, tout en détaillant sa peinture de cette famille cachant habilement ses zones d'ombres, et bien-sûr tout en poursuivant le fil de l'enquête, Apparences continue à piquer notre intérêt sur le plan dramatique.

Apparences4

Mais le troisième épisode va faire mieux que ça encore.
Car Apparences ne veut pas simplement explorer le personnage "manquant" de son ballet un peu maussade de membres de la famille Bérubé. La série veut nous effrayer, de cette peur intime et pourtant si vague qu'on ressent quand on découvre qu'on ne savait rien d'un proche, et que tout d'un coup, tout est possible.

Toujours avec cette réalisation pleine de tact, reposant sur le non-dit des personnages présents et sur les aperçus très parlants, mais elliptiques, de la vie "véritable" de Manon, le troisième opus va donc s'adonner avec un talent un peu vicieux à un étrange sport : rendre la victime non seulement complexe, mais aussi totalement inquiétante.
Et c'est là que se justifie, naturellement, le titre de la série. Car Manon est bien plus une actrice que ne le sera jamais sa célèbre soeur. Elle a réussi à cacher sa véritable nature, la moindre de ses motivations, la totalité de ce qui la trouble, à tout son entourage. Elle a parfaitement fait illusion. Et maintenant qu'on fouille dans sa vie, le masque ne tombe même pas totalement, mais sa jumelle tombe des nues. Derrière la gentille fée parfaite qui est une éternelle célibataire consacrant sa vie à l'enseignement, il y a en réalité une inconnue et c'est là que le thriller surprend, et pourtant fonctionne totalement, parce qu'il s'appuie sur une vision très sensée des personnages et de leurs relations ; pour ça, on peut remercier le pilote.

J'ai essayé de préserver ce post de tout spoiler néfaste en ne vous parlant vraiment que de la structure des épisodes, et j'espère que j'ai à peu près accompli ma mission.

A présent j'ai quelques théories, et même quelques espoirs pour les épisodes futurs. C'est assez rare pour les thrillers télévisés, comme je l'ai dit, et je me réjouis du mélange des genres qu'Apparences parvient à accomplir ici ; c'est comme du sur-mesure.
Ce qui m'impressionne le plus, c'est cette capacité à tenir la distance en apportant des "retournements" tout en ne négligeant jamais l'angle dramatique, avec des personnages terriblement réalistes dans une histoire à la fois banale et incroyablement sordide. Si vous avez l'opportunité de vous lancer, n'hésitez vraiment pas, cette série vaut son pesant d'or.

Bonus : si vous regardez la série, vous aimerez le tumblr.

27 janvier 2012

Akai ito

Touch

En dépit de mes bonnes résolutions, il m'est parfois difficile d'aborder une série sans la moindre idée préconçue. Pour moi, l'inconvénient essentiel de Touch, c'était Kiefer Sutherland que je trouve monolithique au possible ; or l'argument majeur de Touch, c'était quand même de ramener Sutherland sur les petits écrans, là où personnellement je ne regrettais pas spécialement son absence.
Si bien que, c'est idiot, mais c'est tout juste si j'avais percuté que le pilote serait diffusé aux USA le soir de mon anniversaire.
C'était en réalité un bien joli cadeau et je m'apprête à vous parler de son déballage aujourd'hui. Tant pis, je dirai du mal d'Alcatraz une autre fois.

Fait aggravant, sur le papier, Touch aurait pu faire partie de cette famille de séries désagréables. Vous savez ? Celles dotées d'un mystère insupportablement étirable à volonté, et de plein de petites trappes en cours de route pour nous donner l'impression qu'on n'a encore rien compris, ce que je déteste et qui aurait tendance à me donner envie de haïr les séries feuilletonnantes, ce qui est un comble quand je déteste déjà pas mal de procedurals.
Loin de moi l'idée de nier qu'il y a un côté assez cosmétique dans certains choix de l'intrigue de ce pilote ; l'utilisation, une fois de plus, et surtout une fois de plus cette saison, du 11 septembre, par exemple, est un brin irritante ; pour moi qui suis intéressée par la popculture japonaise sous diverses formes depuis un quinzaine d'années, et qui me suis donc attachée au pays dans une certaine mesure, je regrette par exemple un certain nombre de clichés sur le Japon, tout comme je regretterais probablement ceux sur l'Irak si je connaissais mieux ce pays (il y en a d'ailleurs un qui m'a un peu fait tiquer) ; et surtout je n'ai pas pu m'empêcher de noter que le pilote de Touch partage avec celui de Heroes la volonté de connecter des gens sur des territoires divers et variés, afin de nous faire adhérer au principe d'interconnexion. On pourrait presque parler de "patte" Kring si son CV avant Heroes comportait la moindre trace de ce type d'éléments.

Mais, pour rester sur l'analogie, le pilote de Touch réussit là où celui de Heroes avait échoué, en essayant de ne pas forcément construire une intrigue un peu artificielle sur le long terme reposant sur du suspense et des questions laissées en suspens. En fait, Touch est moins une série de ce genre qu'une série dramatique reposant sur des éléments fantastiques, en tous cas à mes yeux. Si je devais faire une comparaison, ce serait moins avec les mythologies plus ou moins abouties, à la Heroes, qu'avec le sens des connexions de Six Degrees.

Le pilote de Touch propose, c'est certain, plusieurs retournements de situation destinés à impressionner le spectateur qui n'avait probablement vu arriver qu'une partie des éléments, ou qui ne les tenait pas forcément dans le bon ordre.
Mais le principe de suspense est en réalité vite vicié quand on a vu l'introdudction, reconnu certains visages (parmi lesquels celui de ce bon Titus Welliver que c'est toujours un plaisir de retrouver, série après série, 15 ans après Brooklyn South), et compris le sens général du fameux red thread of fate, une symbolique utilisée dans de nombreuses séries asiatiques, notamment au Japon où un dorama lui doit même son nom, et qui est le plus souvent associée aux sentiments amoureux, trouvant ici une relecture différente mais cohérente. L'épisode ne se fonde pas tant sur ce suspense que sur ce qu'il peut apporter sur ses personnages, à court et à moyen terme.

Du coup, c'est vraiment la tonalité dramatique qui est le mieux mise à son avantage... Kiefer Sutherland arrive même à exprimer une émotion, ce qui est une quasi-révolution !
Les intrigues s'interconnectant ont plus à voir avec l'émotion qu'avec un énorme mystère, un potentiel cataclysme ou une quelconque prophétie auto-réalisatrice amenée à couvrir toute une saison (ou plus). Il n'est pas question ici de dire que Jake a un pouvoir incroyable qui, s'il est détecté et compris, peut sauver la Terre, la Nation, ou qui que ce soit d'autre ; il n'est même pas garanti que ce don le sauve de sa propre condition. Il s'agit plutôt de mettre en lumière quelque chose qui me semble plus subtil : les conséquences que peuvent avoir des personnes sur la vie d'inconnus complets, et Jake en est à la fois le récepteur universel et le déclencheur, un témoin et un embrayage. Je trouve le concept magnifique et porteur de quelque chose de nouveau, et de riche.

Pour moi, à ce stade, le potentiel de la formule de Touch est de nous montrer, moins que les connexions entre les personnages vus dans le pilote, des instantanés de la vie de diverses personnes qui vont être liées pendant 45mn entre elles, d'une façon en apparence minime, et légèrement à Martin et Jake qui vont intervenir de façon quasi-impercerptible afin de participer au grand rouage de la vie (avec l'aide du professeur et de l'assistante sociale). Et puis sans doute, une fois de temps en temps, réimpliquer un personnage qui a compté dans leur vie, comme le pompier, pour faire avancer leur histoire familiale et explorer leurs souffrances respectives.
C'est comme ça que je le sens pour le moment, et le second épisode peut très bien me détromper. Mais comme je suis friande de ce type d'instantanés, du concept du red thread of fate, surtout tel qu'envisagé ici, que la charge émotionnelle me ravit, et que j'ai passé un moment très intense devant ce pilote, pour le moment, comptez-moi parmi les afficionados de la série.

Après Smash, The L.A. Complex, Bomb Girls, Äkta Människor, Apparences, et quelques autres évoqués dans les posts récents, le mois de janvier 2012 est un bonheur sans cesse renouvelé, bourré à craquer d'excellentes surprises et de pilotes renversants. Je pensais sincèrement que Smash serait mon plus gros coup de coeur de la mid-season mais force est de constater qu'on a encore plein de bonnes choses qui continuent d'arriver. Mon petit coeur de téléphage n'est pas configuré pour tenir le choc, donc promis, on parle très vite d'Alcatraz pour équilibrer tout ça !

26 janvier 2012

Now it's personal

AktaManniskor

Quand j'ai appris l'existence future d'Äkta Människor, je ne vous cache pas que ma réaction a été plutôt extatique. Pour moi qui suis très modérément intéressée par les séries policières en général, et qui espère toujours pouvoir parler de projets sortant du cliché "Scandinavie = policier", c'était vraiment une aubaine. Sans compter qu'un peu de science-fiction, ça fait toujours du bien, et qu'après des séries comme Falling Skies l'an dernier, ou de séries à l'atmosphère de pseudo-mystère fantastique genre Alcatraz en ce début d'année, j'avais besoin de trouver une série qui ait de l'ambition dans le domaine.

A vrai dire, peu intéressée par la mini-série Hinsehäxan (un biopic se déroulant dans les années 60 dont j'ai parcouru les premières minutes en avance rapide au début du mois, et que même sans la barrière de la langue, il faudrait me payer pour regarder), j'avais fait d'Äkta Människor mon premier projet perso de série suédoise à suivre en "sortie d'usine", comme le dirait ce bon Nakayomi.
Jusque là, pour les séries scandinaves, je procédais de la façon suivante : d'abord, je lisais consciencieusement tout ce que je pouvais à leur sujet, ensuite, je cagoulais le pilote, je jetais un oeil et, si j'étais intéressée, j'attendais le DVD en import (c'est par exemple le sort de Koselig Med Peis, et, avec une pratique légèrement différente vu que j'avais vu le pilote dans un cinéma dans le cadre de Scénaristes en Séries, pour Borgen). L'idée directrice, c'est que je ne cherchais même pas vraiment de sous-titres en anglais, comme je le fais quand une série asiatique m'intéresse par exemple. L'idée était exclusivement de me tourner vers le DVD avec sous-titres (ils n'en ont pas toujours) si je percevais du potentiel dans l'épisode, et pas du tout de partir du principe que chaque semaine, j'allais essayer de suivre la diffusion. Äkta Människor, c'était donc une affaire entendue, serait mon premier essai dans le genre ; après des semaines à fouiller absolument partout pour voir s'il existe déjà des teams s'occupant de traduction Suédois>Anglais (arrivant à la conclusion que non, ça ne se produit que dans l'autre sens... mais c'est déjà quelque chose), après des semaines à demander un peu partout si quelqu'un avait l'intention de faire ces sous-titres à titre exceptionnel, notamment sur Twitter, j'ai compris que la bataille était perdue et que l'accessibilité des séries scandinaves au tout-venant anglophone, comme cela peut être le cas pour l'Asie notamment, n'est pas pour ce mois-ci.

Il en fallait naturellement plus pour me décourager de quand même visionner le pilote. Mon niveau en Suédois est loin d'être idéal, mais il est supérieur à mon niveau en Turc et ça m'a pas arrêtée !

Et le problème, c'est que, là, vu comme ça, et surtout entendu comme ça, eh bien le pilote d'Äkta Människor, il a l'air d'être bon.

Mais reprenons par le début : Äkta Människor ("de vrais personnes") se déroule dans un monde où la technologie est si avancée qu'elle nous a donné accès à de véritable robots humanoïdes, les Hubots. Ils sont fabriqués en série, et sont configurés pour avoir une gamme d'utilisations s'adaptant à toutes les demandes humaines : travail manuel, tâches domestiques (dont garde d'enfants), tâches dangereuses évidemment... mais aussi prostitution. Le problème c'est que, comme toujours lorsqu'on parle de robots humanoïdes, tout le monde ne les accueille pas nécessairement les bras grands ouverts, certaines personnes se méfiant de leur intervention dans la vie quotidienne ou craignant qu'ils ne puissent, à la longue, être dangereux. D'un autre côté, les Hubots eux-mêmes commencent à avoir des vélléités d'indépendance...

Dans ce contexte où, finalement, l'histoire est assez classique et où le pitch ne couvre rien qui n'ait déjà été évoqué par Asimov, pourquoi ce pilote semble-t-il bon ? Eh bien d'abord parce que dés ce premier épisode, des axes si différents sont exploités qu'on sent tout de suite que l'idée est de couvrir un maximum de thèmes abordés par la question de la robotique. On a d'une part des Hubots "rebelles", vivant en marge de la société et formant une petite communauté tentant de trouver l'indépendance ; leur périple est finalement assez mineur et donne plutôt l'occasion de voir ce que les Hubots "ressentent" réellement, plutôt que la promesse d'une révolution à proprement parler, même si on peut se demander à quel point ils sont capables de se montrer violents pour assurer leur indépendance. A l'inverse, un petit vieux vivant seul découvre qu'il est très attaché à son Hubot lorsque celui-ci tombe en panne et doit être détruit. Le fils de ce même vieillard, un père de famille, décide d'acheter (contre l'avis de son avocate d'épouse) sa première Hubot domestique, vis-à-vis de laquelle ses sentiments sont vite troubles. Cette Hubot est elle-même une créature qui, après avoir rejoint le groupe des rebelles, a été abimée et récupérée par le marché noir ; elle a donc été réintroduite dans le circuit domestique par le plus grand des hasards. Cette même Hubot est aujourd'hui activement cherchée par un autre membre de la résistance qui semble épris d'elle. Enfin, un autre personnage est un ouvrier qui a l'impression d'être progressivement remplacé par les Hubots, notamment dans son usine où la présence humaine est réduite au minimum, mais aussi chez lui où sa femme préfère la compagnie du Hubot domestique, et qui progressivement voit son hostilité envers ces créatures devenir plus violente.

On pourrait penser qu'avec tout ça, il y a tant à dire que le pilote ne fait que survoler son propos. Mais à travers un grand talent pour les silences et une réalisation très efficace, les scènes successives parviennent à montrer avec beaucoup de subtilité les motivations des personnages, leurs sentiments réels, souvent différents de ceux affichés ; on dépasse rapidement la seule exposition pour entrer réellement dans des zones troubles.

Mais le plus impressionnant reste le travail accompli autour de l'esthétisme de la série. Bien que se déroulant à notre époque, ou un futur très immédiat, le monde incroyablement impeccablement propre et parfaitement idyllique d'Äkta Människor nous présente aussi une société aux couleurs pastels, aux espaces vastes lumineux, rappelant des univers utopiques du genre The Stepford Wives, décoré par Ikea (le cliché s'applique, je vous jure). Le travail qui est fait pour que tout ce qui a trait de près ou de loin aux Hubots ait l'air lisse et inoffensif est splendide ; mais dés qu'on est "dehors", qu'on s'éloigne des centres urbains où les Hubots domestiques sont configurés pour préserver l'illusion d'harmonie, l'image redevient réaliste et abandonne ses couleurs acidulées. Le monde d'Äkta Människor est, en vérité, trop aseptisé pour être honnête, et l'esthétisme de la série est parfaitement imaginé pour nous rappeler cette réalité.

L'ami Ricoré, Hubot-version L'atroce SAV des Hubots Configurer ou ne pas configurer le sexbot, telle est la question Visite chez le concessionnaire Le meilleur ami de l'homme ? Les rebelles

Donc maintenant je veux vraiment des sous-titres. En fait vous savez quoi, je suis à ça de lancer ma propre fansub où je recruterais des gens qui parlent Suédois et à qui j'offrirais de faire le timing et tout en échange d'une petite traduction. Nan en fait j'en sais rien, je ne pense pas que je sois à même de fonder une team de fansub spécialisée dans les séries scandinaves, mais bordel, c'est rageant.
Alors du coup, oui, bon, d'accord, je vais attendre les DVD en priant pour qu'ils aient des sous-titres anglais, ou bien j'attendrai que la série soit diffusée aux States, admettons, je vais devoir me résigner... pour le moment.
Mais tu ne perds rien pour attendre, internet : maintenant c'est personnel. Cette histoire de sous-titres, c'est pas fini. On en reparlera.

22 janvier 2012

Ennui ferme

Il n'y a pas beaucoup de séries dont, cette saison, je puisse dire que je n'ai pas vu l'intégralité du pilote. En dépit de la nausée qu'ils ont provoquée, les pilotes de Rob! ou Work It, par exemple, ont été vus de bout en bout. D'accord, je l'ai regretté, mais au moins j'ai tenu.
Pour The Firm, c'est une toute autre histoire.

Peut-être que j'aurais dû regarder le film avant. Ou peut-être que ça n'aurait rien changé. Mais je n'arrivais à m'intéresser à rien, ni à l'histoire, ni aux personnages.

Au bout d'environ 20 minutes, constant que mon esprit avait commencé à vagabonder ailleurs depuis un bon moment, j'ai essayé de me replonger dans l'épisode. C'est à ce moment que j'ai réalisé que je n'avais réellement enregistré que les yeux bleus de l'interprète principal et l'impression que Molly Parker avait eu recours à de la chirurgie (allez, ma grande, tu ne me feras pas croire le contraire, j'ai vu du Twitch City et Swingtown). Tout le reste m'avait totalement échappé. Je l'avais vu, aucun doute possible, mais pas regardé.
Et là, il ne me restait plus qu'à admettre que la partie était perdue.

En soi, The Firm n'a pas l'air d'être une mauvaise série. La réalisation n'a pas l'air mauvaise, le casting, eh bien, on a vu pire je suppose, et l'histoire ne me rebutait pas, mais quand, après 20 minutes, on n'est capable de se rappeler que de deux images, ça ne sert à rien d'insister.
Pour moi, le pilote de The Firm, c'est donc ça :

EnnuiFerme-1

EnnuiFerme-2

Et rien d'autre. C'est dire si c'est pas un tag que je risque de réemployer souvent.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (dont moi) : la fiche The Firm de SeriesLive.

21 janvier 2012

Gypsy queens

Smash-promo

Comme, peut-être, vous avez pu le déceler de façon incroyablement subtile via quelques uns de mes posts cette semaine ou sur Twitter, il est une série qui fait battre mon coeur en ce moment, un pilote qui m'a charmée, un coup de coeur qui m'est tombé dessus. Smash est LE pilote de la mid-season (qui pourtant, on l'a vu, n'est pas mauvaise) à mes yeux. Et pourtant, je l'ai tenté un soir où j'étais de particulièrement mauvais poil et où, considérant mes attentes, rien n'était gagné d'avance.

Cinq minutes s'étaient écoulées quand j'ai su que j'adorerais Smash. Le déclic s'est produit à cet exact instant :

Thatswhathesaid

Eh oui c'est tout simple mais l'atout premier de Smash à mes yeux a été d'assister au processus créatif à l'origine de ce qui allait devenir un projet pour Broadway tout en laissant de la place à quelque chose d'humain et sympathique, d'attachant, en somme.
C'est d'ailleurs assez incroyable de voir comment Debra Messing, qui n'est pas toujours ultra-convaincante dans les rôles purement comiques (on a pu le voir avec Ned & Stacey ou bien-sûr Will & Grace) peut se montrer incroyablement parfaite dans des rôles dramédiques comme celui-ci ou bien The Starter Wife, dont j'ai maintenant très envie de me faire une intégrale comme si je n'avais que ça à faire. Son alchimie avec Christian Borle est impeccable et donne immédiatement de l'âme au lancement de l'épisode. Borle, de son côté, n'est pas en reste, et nous montre immédiatement un personnage de Tom très humain. Et surtout, on prend très vite la mesure de son attachement à Ivy. Les liens entre ces trois-là sont tout de suite très tangibles, et rendent le lancement de l'épisode facile à apprécier. La dynamique avec Ellis, l'assistant, se montre très vite tangible également.
Il me faut encore ajouter que le cast est intégralement excellent. Pas un maillon faible dans cette équipe talentueuse. C'est un vrai plaisir d'y trouver, notamment, Anjelica Huston, qui aurait pu interpréter un personnage bien plus froid et rigide et qui se montre elle aussi parfaitement humaine.

C'étaient donc là les points-clés lorsque j'ai commencé l'épisode. Très vite, évidemment, le personnage de Karen prend de l'ampleur. Il est évident qu'en approfondissant son histoire Cendrillonnesque, l'épisode fait tout de suite le choix de la mettre plus en avant qu'Ivy, de sorte que le conflit ultérieur de la série est rapidement explicité, voire peut-être même tranché. J'aimerais qu'on entre autant dans la vie d'Ivy que dans celle de Karen, au moins pour le moment... Les sujets abordés via son personnage ne sont pas nécessairement de la plus grande originalité (coucher pour réussir ou pas, le regard des parents, etc...), et elle peut sembler "trop" innocente, mais elle n'en devient pas antipathique, au contraire, et surtout, elle apparait comme indubitablement talentueuse.

Smash fonctionne aussi très bien comme hommage à Marilyn Monroe. Il ne s'agit pas que d'un prétexte ou d'une facilité, comme cela aurait pu être le cas ; on ressent un vrai enthousiasme envers le sujet (encore une fois, notamment grâce au personnage de Julia, définitivement une force motrice de la série).

Le plus gros défi de Smash, à une époque où Glee nous fourgue des chansons toutes les 3 minutes faute d'avoir autre chose à montrer, était sans doute du côté des numéros musicaux. Leur présence est ici entièrement intégrée dans le cadre professionnel ; il ne s'agit pas d'avoir un personnage qui va subitement entonner une chanson pour exprimer ses sentiments ou simplement prouver qu'il a du coffre. La démarche, notamment en fin d'épisode, est certes de dresser un parallèle entre la carrière de Marilyn et les espoirs des deux interprètes potentielles, mais il n'est pas question de faire pousser la chansonnette gratuitement.
Même si on peut être légèrement surpris de la rapidité avec laquelle les numéros sont composés et parfaitement aboutis (le processus est évidemment accéléré à des fins dramatiques), à aucun moment on a l'impression que Smash est une série musicale, c'est une série qui, étant donné son objet, est vouée à contenir des numéros de chant et de danse, mais qui ne les surexploite pas et ne se repose pas dessus. Ce n'est pas sa nature, en fait, pas vraiment.
Au vu du trailer, d'excellentes chansons nous attendent d'ailleurs à l'avenir, de la même façon que le final de l'épisode est magnifique.

Au stade du seul pilote, Smash s'annonce comme une réussite à la fois sur le plan qualitatif et sur le plan de l'attrait pour le grand public. Le juste milieu est parfaitement trouvé entre une fiction attachée à délivrer d'une part quelque chose de sérieux et cohérent, de bien écrit et bien interprété, et d'autre part, capable de devenir, sinon culte, au moins particulièrement enthousiasmant pour une audience large. A ce titre, Smash n'est pas une série telle que, au hasard, HBO aurait pu en commander pour parler de Broadway ; elle n'a sans doute pas les qualités requises pour que la critique, unanime, la traite comme un bijou, en tous cas pas dés le premier épisode. Mais elle a de grandes forces derrière son appeal général, et avec un peu de persistance, elle peut contenter aussi bien un public exigeant que des gens qui viennent juste se remplir les oreilles de chansons le lundi soir.
Puisque je suis correspond à la cible dans les deux cas, vous imaginez bien que j'ai pris un pied phénoménal devant ce pilote (que j'ai déjà regardé 4 fois, comme ça a tendance à arriver de plus en plus quand un pilote me ravit), et que mon enthousiasme sans borne n'est pas prêt de se tarir. On en reparlera donc, à n'en pas douter.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Smash de SeriesLive.

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