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ladytelephagy

2 mars 2012

Larmes de craie

BlackMarch

Cela faisait... pfioulala ! Tout ça ? Eh oui, un an, quasiment jour pour jour d'ailleurs, que je n'avais pas proposé de post Comme au cinéma. Mais Detachment étant le seul film que j'avais cagoulé récemment et pas encore vu, le mois de Black March semblait particulièrement propice à une découverte cinématographique, histoire de changer un peu. Alors allons-y.

C'est quoi le nom du film ? Detachment
C'est plutôt quel genre ? Agonisant
Qui on connaît là-dedans ? Derrière Adrian Brody, qu'on attend de voir un jour dans une série, et par "on" je veux dire moi (si possible sur le câble s'il vous plait merci), il y a un cast bien connu des téléphages, avec Christina Hendricks (Mad Men), Lucy Liu (Ally McBeal, Southland), James Caan (Las Vegas), Blythe Danner (Huff, Presidio Med), et même une ptit bout de William Petersen (Les Experts) et Bryan Cranston (Breaking Bad), essentiellement présents pour la beauté du geste.
Ça date de quand ? 2011
En résumé, de quoi ça parle ? D'un prof remplaçant qui arrive dans un nouveau lycée.

Henry Barthes, narrateur désabusé ou témoin blasé ? Le dernier coup de fil Directrice-caméléon Carnets de correspondance anonymes I go ahead and smile

En moins résumé, de quoi ça parle ? Henry Barthes est un enseignant en littérature qui doit faire un remplacement de quelques semaines à peine dans un lycée. Il est à un moment difficile de sa vie, ce que les joies du métier d'enseignant comme le hasard ne vont rien faire pour arranger.
Et ça finit comment ? Avec un happy end (et pour tout dire on n'y croyait plus).

Pourquoi c'est bien ? Parce que si même dans un film pourri (voir aussi : Splice), Adrian Brody est relativement bon, alors dans un bon film, vous pensez si on se régale ! Et puis surtout parce que le film évite de se percher du haut d'une boîte à savon pour prêcher la bonne parole, et essaye plutôt de nous plonger dans la réalité du métier d'enseignant en nous incitant à l'expérimenter de façon intime, en goûtant au dégoût montant de ses personnages, sans jamais totalement faire passer les étudiants pour des monstres, des étrangers ou des numéros. C'est donc un film profondément honnête ; il a un message, c'est évident, et il y a de la dramatisation, c'est sûr, mais il parvient, notamment parce qu'il joue également sur plein d'anecdotes et de petites chroniques (hélas) ordinaires, à ne pas tomber dans la caricature, ou très peu. Cela tient aussi beaucoup au fait que son personnage ne se prend pas pour Michelle Pfeiffer et ne se met pas en tête qu'il va sauver ses élèves. J'ai également beaucoup apprécié la réalisation, qui a un côté très observateur et neutre un instant, et plonge soudain dans des plans, voire même des effets de style, pour renforcer le côté subjectif de certaines scènes ; et en-dehors de ses tâches rouges comme autant de signaux d'alerte, la photographie reste aussi très sobre et froide. En somme, c'est un film qui parvient admirablement bien à mêler ses deux objectifs, à savoir raconter quelque chose de fictif, et le décrire de façon documentaire.
Pourquoi c'est pas bien ? Personnellement, l'intrigue de Barthes relative à sa famille, je m'en serais passée. Elle était bonne, en un sens, parce que bien écrite et bien menée, émouvante même, mais j'avais l'impression en voyant ces scènes que le script original avait forniqué avec n'importe quel autre scénario de film sur les douleurs de son personnage central, et que dans ces scènes-là, Detachment était leur bâtard. On s'en passerait bien. Ca ajoute de l'épaisseur au personnage bien-sûr, mais, limite, trop. L'histoire avec la jeune prostituée, oui. L'enfance, le suicide de la mère, le grand-père en fin de vie, pas trop, non.

Ah, les joies du cinéma ! Avoir 16 ans, auditionner pour un film se déroulant dans un lycée... et finir pute. C'est ça aussi, les joies du cinéma.
La réplique qui tue : "Some of us believe that we can make a difference. And then sometimes we wake up, and only realize we failed". Et ils reviennent échouer chaque matin. Mais au fait, c'est pas ça, la définition de la folie ?
La scène qui tue :
Il y avait pas mal de scènes de qualité dans ce film, dont j'aurais pu vous fournir l'extrait, avec des passages très pertinents, des analyses intéressantes du sentiment des professeurs, ou simplement des passages gorgés d'émotion (en particulier, une scène avec Lucy Liu m'a énormément touchée), mais finalement j'ai choisi celle-ci. Attention, elle correspond à un SPOILER, vous pourrez pas dire que j'ai pas prévenu. Mais un spoiler minime, je trouve.
La proviseur, Carol Dearden quitte son poste et quelqu'un d'autre va prendre sa place. Elle n'est pas spécialement aimée, ni par les élèves, ni par le corps enseignant qui en a vu défiler d'autres et qui ne croit pas plus en elle qu'en autre chose. Mais à l'heure du déjeuner, elle les a rassemblés dans l'auditorium pour un dernier speech, pendant que dehors, les élèves ont droit à une pause plus longue qu'à l'ordinaire. Alors ils sont là, ramassés dans cette salle mal éclairée, assis en silence, et ils attendent. Et j'ai trouvé ça incroyablement fort de les voir, comme réfugiés dans leur dernier bastion, ensemble, alors qu'on imagine le reste du bâtiment continuer de vrombir de l'activité de ses élèves, et ils sont là, bienveillants quand même, prêts à écouter sans trop y croire un discours supposément fort de cette femme à ses troupes, tel le général qui devrait leur parler d'avenir, ou leur rappeler les batailles menées côte à côte, et qui finit... bah, comme ça. C'est l'intégralité de la scène. Et c'est terrible.

Detachment___Extrait
Bon alors, Black March, machin, tout ça... donc exceptionnellement : Youtube.

Une note ? CagoulesCagoulesCagoules
Comme je n'ai toujours pas créé de demi-cagoule en complément (et, rendons-nous à l'évidence, ça ne se produira jamais depuis le temps que j'en parle), seulement trois cagoules sur cinq pour ce film (parce que sur l'échelle The Fall, il n'en méritait quand même pas quatre). Les quelques choses que j'ai à lui reprocher lui auront cruellement coûté, en dépit de ses grandes qualités.
Bilan : Je me rappelle avoir lu dans Tant qu'il y aura des élèves une réflexion qui en gros disait ceci : tout le monde s'autorise à disserter sur l'école, on se sent tous qualifiés pour en parler parce qu'on y a tous été. Et c'est vrai que les parents d'élèves, les élèves, les voisins, la boulangère, et évidemment les politiques, tout le monde parle de l'école, de l'éducation, du métier de profs, comme si on savait ce que tout cela signifiait. Tout le monde a une opinion.
Mais dans ce concert de doigts pointés et de yakafokons, de grandes réformes magistrales et de petites phrases, la voix qu'on entend de moins en moins, c'est peut-être celle des profs. Pas la voix dans le mégaphone les jours de manifestation (les médisants trouveront qu'entendre cette voix si souvent dans l'année, c'est déjà pas mal), mais la voix un peu éteinte de celui qui retourne faire son boulot tous les matins avec une boule au ventre. Detachment est cette voix-là.
Et ça se sent clairement, d'ailleurs, parce que le film, s'il a évidemment des aspects dramatiques évidents, flirte quand même énormément avec le documentaire, comme je l'ai dit.
Mais à la fin, le titre me pose problème. Détachement ? Pourtant, non, pas vraiment. Désenchantement, découragement, désoeuvrement : c'est certain. L'envie d'essayer de se détacher, peut-être, à la grande rigueur. Mais pas de détachement total. Ils n'y croient plus mais ils viennent encore, ils essayent encore ; certains jours plus que d'autres, certains jours en trainant plus la patte que d'autres, et probablement que ça ne va pas s'arranger avec le temps et les couloirs vides le soir des réunions parents/profs. Mais ce sont tous de braves petits soldats qui continuent de donner tout ce qu'ils ont, même s'ils ont de moins en moins à donner. Ils grognaient, mais ils enseignaient toujours.
Même le personnage de Brody, Barthes, qui semble tellement noyé dans ses propres douleurs et dans les questions qu'il essaye d'éviter de se poser sur ses origines, ne peut s'empêcher de prendre sous son aile une petite ado perdue, ou de consoler une autre qui a vraisemblablement besoin d'être écoutée. De se lancer dans un cours passionné, d'encourager le talent d'une jeune artiste. D'admirer le travail d'une collègue, de se lier à elle. De prendre sa sacoche et de tout recommencer dans un autre établissement dés la mission d'après.
Et non seulement les protagonistes ne sont pas dans le détachement, aucun, mais en plus il est impossible pour le spectateur non plus de ressentir un quelconque détachement. Tant mieux, c'est l'effet recherché. Si bien que le happy end (tout relatif, c'est vrai) du film parait déplacé vu le reste de son contenu. On a trop eu mal, on a trop été découragés, pour vraiment sourire totalement de bon coeur à la fin.

On ne vient pas pour qu'on nous dise que c'est bon, c'est réglé, quelqu'un a trouvé la solution. On vient pour réfléchir pendant une heure trente à ce qu'on sait de l'école, et vous savez quoi ? Bah on n'en savait pas grand'chose. Si, mais en fait, non. Une fois qu'on a ressenti ce désoeuvrement, difficile de revenir à la normale sans y réfléchir encore un peu. C'est en cela que Detachment n'est pas juste un film et que ses emprunts au genre documentaire (la réalisation, les apartés de Barthes...) lui donnent un côté si réaliste et nécessaire.
Mot-clé : nécessaire.

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2 mars 2012

Black March : ah oui tiens, et, au fait, pourquoi ?

BlackMarch

Nan parce qu'on déconne, on déconne, mais le Black March c'est pas juste un défi, comme ça, pour voir si on a de la volonté, pour se tester et ne pas télécharger alors que c'est possible (ô combien). J'ai déjà tenté le défi du "nan mais je vais pas télécharger pendant une période définie", au fait. Je sais que je le peux (au moins une semaine). Je n'ai rien à prouver.

Sauf qu'il ne s'agit pas simplement de ne pas télécharger : il s'agit de ne rien acquérir, ni légalement ni illégalement. De refuser de consommer des produits culturels pour montrer qu'à un moment, ça commence à bien faire d'être pris pour des... nan mais vous savez quoi, on va rester polis, en fait.
Outre l'évidente diète que cela implique, surtout pour quelqu'un qui tutoie tous les vigiles de la FNUC du coin et qui passe plusieurs heures par jour à écrire et réfléchir sur ce qu'elle passe plusieurs heures par jour à regarder, c'est donc avant tout un acte de revendication. Ou de désespoir.
Ou des deux.

Concrètement, on pourrait réduire la problématique à la suivante : le téléchargement VS l'achat légal.
Ce n'est pas tout-à-fait ce que couvre le Black March, il faut le noter : il s'agit plutôt de manifester le mécontentement de consommateurs qui se sentent pris pour des vaches à lait sans option légale satisfaisante pour accéder à des contenus, et qui voient le système répressif s'accentuer sans contrepartie aucune. La nuance a son importance.
Mais la pomme de discorde peut en gros se résumer à ce problème de l'illégalité contre la légalité.

Evidemment le sujet du téléchargement est vaste. Et, même si j'ai pu l'aborder plusieurs fois par le passé dans ces colonnes, je voulais le faire de façon aussi complète que possible, car les débats récents soulevés par le Black March (de façon plus ou moins explicite), avec différents interlocuteurs et sur divers supports, m'ont fait réfléchir à ma position sur pas mal d'aspects du téléchargement, parfois pour la réviser... et souvent non, il faut bien le dire.
Alors pour évoquer cette question sous un maximum d'aspects, je me suis assuré l'aide d'un producteur de télévision qui interviendra au cours de ce post, j'ai nommé : feu Stephen J. Cannell. A charge pour lui de se faire (selon les points de vue) l'avocat du diable ou au contraire la voix de la raison.
J'espère que je n'aurai pas à payer de droits sur l'utilisation de sa photo, mais en même temps, vu que les lois contre le téléchargement se foutent comme de leur première lettre de mise en demeure des copyrights dans le domaine photographique, je ne me fais pas trop de soucis.

Mais d'abord, commençons par le début : pourquoi je télécharge ? Parce que, oui, j'achète, c'est sûr. Mais je télécharge aussi. Alors pourquoi ?

Je télécharge parce que je ne peux pas me permettre financièrement d'acheter TOUT ce que je regarde.

Cannell_1

Merci Stephen, c'est très vrai. Je me rappelle d'ailleurs qu'à l'époque où je n'avais pas d'argent pour manger, je m'en passais aussi. Comme quoi il n'y a pas de vrai besoin fondamental dans la vie, ce n'est qu'une construction de l'esprit.
Dieu merci aujourd'hui, je n'ai plus à faire ce sacrifice et je peux me payer un deux pièces pas dégueulasse en proche région parisienne (ça n'a l'air de rien mais ça coûte quand même un méchant bras), de quoi remplir un frigo rhétorique (parce qu'en réalité j'ai pas encore de quoi me payer un frigo, mais en tous cas je mange à ma faim), et 2 ou 3 DVD ou livres à la fin du mois quand ya pas eu de tuile. Je n'ai hélas pas souvent le budget pour plus. J'ai déjà de la chance, dans mon entourage tout le monde ne peut pas consacrer autant.
En fait je ne devrais pas appeler ça un "budget culture", mais plutôt "somme rescapée à la fin du mois", parce que si je veux être totalement honnête, entre une visite chez le médecin (plus les médicaments) par-ci, ou une facture un peu plus corsée que d'habitude par-là, mon "budget culture" se calcule en regardant le nombre d'euros qui me séparent du découvert à la fin du mois, quand le reste est payé. "Mon budget culture" a, soyons honnêtes, remplacé le concept d'épargne. En gros, je ne suis pas SI privilégiée. Mais voilà, j'aime bien acheter quand même, alors déjà, j'ai fait un choix. Je ne cherche pas les médailles en disant cela, mais c'est aussi ça la réalité du consommateur, Stephen, et c'est ptet pas complètement idiot de le rappeler. Oui, une Porsche à 10 000 euros, on peut considérer que ce n'est pas cher pour ce que ça vaut, mais c'est encore trop cher pour la plupart des budgets, si tu veux, et faire mine de l'ignorer, et exiger que les gens déboursent de l'argent qu'ils n'ont pas, ce n'est pas une façon de réfléchir qui fait avancer le Schmilblik.

Et pourtant je télécharge. Je télécharge parce que soyons honnêtes, je suis une passionnée et j'ai de GROS besoins, comme ces gens au métabolisme capricieux (j'ai une cousine comme ça) qui ont besoin de faire 5 repas copieux par jour, juste pour ne pas tomber d'inanition.

La vérité c'est que je pourrais consommer moins, évidemment.
Après tout, la passion pour les séries télévisées, ce n'est pas la même chose que la faim, la vraie. On peut comprendre qu'on vole à manger, mais voler de la culture ? La culture n'est pas une nécessité pour vivre, si ?
Mais c'est aussi là qu'on touche à quelque chose qui me semble important : la culture ne devrait pas être optionnelle.
Regarder des séries, cela ne forme évidemment pas l'alpha et l'omega de la culture, mais cela en fait partie (et puis c'est difficile de se poser en artiste volé si on n'accepte pas que la télévision soit de la culture, ya une histoire de beurre et d'argent du beurre, littéralement). Mais cela peut s'appliquer à tout ce qui est téléchargé : cinéma, musique, livres... et si on commence à dire qu'on n'a pas à espérer avoir accès à la culture qu'on ne peut pas acheter, on commence à tenir des propos qui me dérangent énormément, Stephen. Parce que sans téléchargement, on laisse quoi comme option aux gens ? Le bombardement par des chaînes comme TFhein d' "oeuvres" qui sont rentables, et donc par définition, s'adressent au plus petit dénominateur commun. Si on n'admet pas que les gens aillent chercher plus loin que ce qu'on leur enfourne dans le bec à coups de rotation lourde sur les stations de radio musicales, et de diffusion charcutée les grandes chaînes de télévision, on détruit même le concept de culture pour tous. On admet que la culture n'est pas accessible à tous. Et c'est une idée qu'on pouvait faire semblant d'accepter sur le principe jusqu'au siècle dernier, et avant internet, mais qui aujourd'hui n'est plus acceptable une seule seconde, parce qu'on sait qu'en téléchargeant illégament, on pourrait avoir accès à la culture. Alors pourquoi accepter de rester dans l'ignorance ? Que se passe-t-il, Stephen, si les séries qui passent à la télévision, je ne les aime pas ? C'est TFhein sinon rien ? Que se passe-t-il, Stephen, si la musique que j'aime, aucune radio ne veut la diffuser ? C'est Lady Gaga ou le silence ? Je me prive de télévision et de musique ? Parce que je n'ai pas l'argent de faire autrement ?
La culture, c'est une façon de s'éduquer au monde. Et l'éducation, on est tous d'accord pour dire qu'on devrait ne pas dépendre de ses ressources financières pour y accéder, non ?
La variété de l'offre culturelle devrait être inscrite dans la Constitution, selon moi. Mais on m'écoute jamais quand il s'agit d'amender la Constitution.

Et puis, pour être tout-à-fait honnête, Stephen, toi et tes congénères (les vivants, en particulier, qui manifestent une plus grande cupidité) n'avez pas vraiment envie que je consomme moins. Vous n'avez pas vraiment envie que je réduise ma consommation, particulièrement dans le milieu de la télévision ou, comme dans celui du tabac, on espère bien que je vais avoir envie de toujours plus de paquets de cigarettes par jour, quitte à taper une clope à droite ou à gauche, et certainement pas que j'apprenne à être une fumeuse occasionnelle.
Soyons francs : la télévision fait ses thunes sur la quantité d'épisodes vus et sur l'appel d'air que cela induit lorsqu'une série s'arrête et qu'une autre commence. Du jour où un fan de séries se dit "ouais, bah tu sais quoi, après Buffy j'ai jamais vraiment pu accrocher à nouveau à une série", il est perdu pour l'industrie ; quand une personne est prête à regarder toujours plus, c'est là qu'elle est intéressante, comme en témoigne la multitude de spin-offs pour des séries procédurales qui ont pendant une bonne et large décennie bien profité ouvertement de ce phénomène jusque là exploité avec plus de discrétion. De la même façon que l'industrie agro-alimentaire rajoute du gras et du sucre pour donner envie aux gens de plus de gras et de sucre, et les gens qui fabriquent des séries espèrent bien que mon appétit ne va pas être satisfait de si tôt, et que je ne vais pas un seul instant envisager de consommer moins.
C'est le jeu, Stephen. Je ne me plains pas. Je sais que je suis encouragée dans une certaine forme d'addiction et que ça fait tourner ton industrie. Je pars du principe qu'à ce stade, c'est un crime sans victime : toi et les tiens faites votre beurre, et moi j'ai mon content de séries, et c'est un de mes péchés mignons comme d'autres ont l'alcool ou le shopping, finalement. Nous sommes, sur le plan de l'encouragement à l'addiction, deux entités adultes et consentantes, bien qu'un peu co-dépendantes.

Le problème c'est évidemment que, toi, Stephen, tu as une super série à me vendre... mais que ton copain JJ aussi, et son colocataire Joss tout pareil, sans parler de leur voisin d'à côté Bryan, ou de la sympathique Theresa qui occupe la maison d'en face. Et je ne peux hélas pas subventionner tout le quartier. Je l'ai dit, quand j'ai un budget culturel à la fin du mois, il ne dépasse pas 3 DVD ou livres, et ça inclut alors tous mes loisirs... or il s'avère que j'en ai plusieurs : séries, films, jeux videos, autobiographies, essais et ouvrages divers, DVD de Jmusic (j'ai la chance de ne pas être attiré par les CD), entre autres.
Du coup je suis obligée de faire un truc qui vous déplait beaucoup, à toi et ton voisinage : je fais des choix. En avril ce sera un coffret de la série de James et Glenn, par exemple, pas la tienne. Tu n'es pas le centre du monde, Stephen, j'ai des préférences et des priorités, et tu n'étais pas tout en haut de ma (longue) liste de séries à acquérir. Je vais probablement télécharger ta série, du coup. Et ça, c'est autant d'argent que, de ton point de vue, tu n'auras pas. Je ne l'avais pas, Stephen, mais ça te fait enrager que tu ne le gagnes pas.

En fait, Stephen, tu ne veux pas que je "m'en passe", de ta série, surtout pas ; ce n'est pas très honnête de me suggérer de me passer de quelque chose que toute ton industrie met tellement d'énergie à me vendre (et je ne me lance même pas dans la question des produits dérivés que ça ne te dérangerait pas que j'achète en plus). Tu veux juste que je la paie légalement, ce que je conçois. Simplement je ne le peux pas, en l'état actuel des choses.

Mais il y a un autre problème, Stephen. C'est que ta série, pour les besoins de la démonstration, vient de commencer aux USA. Et que même si je voulais vraiment débourser une part de mon budget culture, il n'y a tout simplement rien à acheter. Je la télécharge parce que c'est, à ce jour, la seule façon de voir ta série.

Cannell_2

Stephen, c'est absolument vrai. Et largement commenté, là aussi, dans divers post de ce blog : internet nous a donné les outils pour prétendre que nous pouvons tout regarder à tout moment. Et encore, moi je télécharge mes épisodes, il y a des gens qui vivent encore plus dans l'immédiateté et qui regardent en direct et en streaming au beau milieu de la nuit (et c'est pas plus légal).
On vit tous à présent, ou presque tous, dans le mythe que si une envie nous tombe dessus de regarder tel ou tel épisode, c'est possible à peu près dans l'heure. C'est ce qui fait que certains ont décidé de ne pas suivre le Black March, d'ailleurs : il y a telle série qui passe et ils ne veulent pas avoir à s'en priver jusqu'en avril. Un mois leur semble insurmontable. Toute ton industrie tournée vers l'encouragement de l'addiction a donc très bien fait son job, Stephen, et j'en profite pour tous vous saluer.

Y a-t-il un manque à gagner pour toi ? Non. Est-ce légal ? Non plus. D'ailleurs ça peut rester vrai pendant des mois, comme le rappelle l'excellent comic dédié à Game of Thrones de the Oatmeal.
Et encore, Game of Thrones a été choisie pour arriver en France par une chaîne française. C'est effectivement une question de patience, après tout.
Mais qui a acheté les droits de Reed between the Lines en France ? Personne. Ce n'est pas la culte de l'immédiateté qui est le seul à mettre en cause.

Au final, on est tous bien emmerdés.

Peut-être que si je pouvais acheter à un tarif décent (voir aussi : "budget culture") des épisodes rapidement après leur diffusion aux USA, les choses seraient différentes. Je crois par exemple énormément dans la licence globale.
Rappelons, et ce n'est à mes yeux pas du tout anodin, que ce que l'on reproche aux mecs de MegaUpload, c'est d'avoir proposé la licence globale à toute la planète sans mettre les artistes dans la boucle ; en gros, les dirigeants de MegaUpload s'en sont mis plein les fouilles en faisant ce que les majors se refusent à faire depuis des années, alors que la licence globale, ça fait des années qu'on essaye de leur suggérer !
Parce que MegaUpload a compris qu'on ne peut pas faire comme si ce monde d'immédiateté, pourtant, n'existait pas. Et tu ne peux pas exiger de moi, Stephen, que j'ignore la possibilité de regarder ta série le lendemain de sa diffusion, et en VO, pour la modique somme de quelques heures d'électricité. Ce n'est peut-être pas légal, mais c'est POSSIBLE, et tu ne peux pas le rendre impossible. Mais le modèle de MegaUpload (ainsi qu'en attestent les listes, dressées avec un enthousiasme juste un peu pervers par les médias, de voitures et de demeures, comme si les patrons de majors ne vivaient pas dans un luxe similaire) prouve que nous ne cherchons pas à avoir tout de façon gratuite. Les consommateurs sont prêts à payer.
Simplement, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas être prêts à payer les tarifs pratiqués par les majors, à l'unité, avec des catalogues restreints, et des DRM en pagaille comme si on pouvait acheter le droit de louer un épisode pour plus cher que si on achetait le DVD (qu'en plus on a de fortes chances d'acheter quand même ultérieurement). Peut-être que si le modèle de MegaUpload avait été adopté plutôt par Universal, mettons, on n'en serait pas là... et je ne parle pas de la situation de Kim Dotcom et de ses copains, mais bien de la nôtre, à nous tous.

Mais, Stephen, il y a encore pire.

Cannell_3

Si.
Parce que le téléchargement illégal a DU MERITE. Je sais, ça parait invraisemblable.

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Bon alors, là, non, je t'interromps, Stephen, c'est juste pas possible. Je peux pas te laisser dire ça. Le téléchargement n'est pas du vol.
Quand tu as une histoire dans la tête et que je t'écoute raconter cette histoire, et qu'ensuite je me répète cette histoire dans mon coin, je ne la vole pas. C'est le propre de quelque chose d'immatériel : cela t'appartient toujours, mais se transmet. Du moment que je n'en dépose pas le brevet ou que je ne la vends pas à un autre, je n'ai rien volé du tout et ton histoire est toujours ton histoire. Et tu peux la faire breveter, tu peux la raconter à quelqu'un qui te payera pour la raconter, tu peux l'écrire ou l'enregistrer puis faire payer pour le support écrit ou audio ou video, et d'avoir adopté cette histoire dans un coin de ma tête, de me la raconter pour me divertir, ce n'est pas du vol. Tu peux considérer que mon devoir est de ne me rappeler de cette histoire que tu as à raconter qu'en achetant le support sur lequel tu as trouvé le moyen de la commercialiser. Mais tu ne peux pas dire que je te vole cette histoire, c'est inexact.
On vole un DVD, un livre, quelque chose qu'on peut mettre dans une poche ou un sac. Pas une histoire, pas un fichier. C'est une contrefaçon, tout au plus.

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Une fois encore c'est entièrement vrai, Stephen. C'est tout justement là qu'on touche à un sujet compliqué. Le coeur du problème est évidemment là, dans les questions financières.

De l'argent, tu en as reçu, rappelons-le, avant même que la série ne soit diffusée dans ton pays d'origine, en réalité. Et si c'est compliqué, c'est parce que d'un côté, tu as déjà été payé pour ton travail, et que d'un certain point de vue, cela devrait suffire ; mais d'un autre côté, c'est vrai que si ta série remporte un énorme succès par la suite, c'est normal que tu touches de royalties après la diffusion, et sur les ventes de DVD notamment.
Tu as déjà été payé une fois, donc. Alors, pourquoi les royalties ? Pourquoi devrais-tu toucher de l'argent APRES avoir gagné la somme initiale stipulée par ton contrat initial ? On pourrait se le demander. De la même façon que mon boulot me paye à venir faire mon boulot, et rien de plus, on pourrait se dire que chacun a rempli sa part du contrat et que ça s'arrête là. Et que, si j'ai créé, mettons, un système d'organisation dont on se servira même une fois que j'aurai changé de bureau, eh bien c'est absolument le même tarif, et que c'est même dans l'ordre des choses. Je laisse à la postérité la joie de bénéficier de ce que j'ai créé pour une somme initiale non-renégociable.
Pourtant les royalties sont une bonne chose pour un artiste. Si le contrat d'origine stipule que tu gagnes, mettons, $5 000 pour créer ta série, et qu'ensuite, la série se vend incroyablement bien en DVD, Blu-ray et VOD, eh bien tu n'en vois pas la couleur, de tout cet argent. C'est le distributeur qui s'en met plein les fouilles, et ça, ce n'est pas juste. Je comprends donc le concept de royalties. Et comprends bien que, pour qu'il y ait des royalties et que le système fonctionne, il faut que les gens achètent le DVD, le Blu-ray, ou le fichier via la VOD.
Il y a un autre soucis d'ailleurs. Pour que tu sois payé lorsque tu signes ton contrat (les $5 000 de départ), il faut que ton industrie fournisse de l'argent pour ton projet. Et il faut que ton projet soit suffisamment rentable pour que quelqu'un investisse ensuite dans le projet suivant. Il faut bien qu'il y ait des rentrées d'argent. Et pour cela, il faut bien qu'il n'y ait pas que des gens qui téléchargent illégalement. Je le comprends tout-à-fait.
C'est bien pour ça que je dis que c'est compliqué.

Je ne prétends donc pas qu'il faille une gratuité totale. Je dis juste que l'offre n'est pas en adéquation avec la demande, ni avec les moyens financiers de la demande. Comment expliquer que, en une période de crise, il faille supplier les majors (qui pourtant peuvent plus se le permettre que les indépendants) de baisser leurs tarifs ? Pourquoi les prix ne baissent-ils pas, ou si peu, alors que le pouvoir d'achat est un problème dans la plupart des pays du monde ?

Le problème, c'est bien que les choses ne peuvent plus fonctionner comme avant internet et son maudit culte de l'immédiateté et de la variété de l'offre culturelle.

Cannell_6
Bah, mon Stephen, presque.
Parce que pour presque conclure (bientôt, promis) ce n'est pas du vol, quand je télécharge, c'est aussi souvent que possible, un emprunt. En fait, la valeur de test du téléchargement me pousse ensuite, j'ose le dire, à faire de véritables investissements. Je fais la démarche de télécharger non par pingrerie, mais, en grande partie, parce que la découverte me permet ensuite de faire la démarche d'acheter ce dont je n'aurais pas eu envie de faire l'acquisition autrement, n'en connaissant pas le contenu, la qualité, l'intérêt.

Parlons concrètement. Rien qu'en 2011, outre mes achats de DVD "normaux", j'ai dépensé un peu plus de 200 € dans des coffrets de séries qui ne sont pas, et ne seront probablement jamais, commercialisés en France. Nommément : Mesudarim, The Circuit, Capitu, Koselig Med Peis, et Yes, Minister.
Sans le téléchargement, je n'aurais jamais dépensé cet argent dans l'investissement de ces DVD. Tu n'imagines quand même pas, Stephen, que j'aurais acheté le coffret d'une série dont je n'ai jamais vu une image ? Si je n'avais pas téléchargé le pilote de ces séries (et bien souvent, c'est à peine croyable mais pourtant vrai, uniquement lui), je n'aurais pas fait ces achats. Ton équivalent brésilien ou norvégien ont ainsi gagné de l'argent en plus, sans avoir déboursé un sou en promotion dans mon pays. Alors évidemment ça te fait une belle jambe, Stephen. Ce n'est pas TA série que j'ai ainsi acquise. Mais les faits sont là, le téléchargement n'est pas QUE mauvais.
Et d'ailleurs, ta série, si elle me plait, je vais faire mon possible pour l'acheter en DVD en import, et ce avant même de me poser la question de savoir si elle sera un jour disponible en France. Parce que si ça me plait, je veux le coffret DVD (et lui aussi, de la façon aussi immédiate que mes moyens le permettent, et sous condition évidemment que le DVD existe). En tant que passionnée, ça me semble normal, et même, nécessaire. Simplement si ta série est une grosse bouse, eh bien non, je ne vais pas payer, et encore, il y a la question du prix psychologique, j'attendrai peut-être, comme je l'ai fait pour les premiers coffrets de Lost, une promo sur CDiscount. Tout n'est pas noir et blanc.

J'irai même plus loin. On a parlé du culte de l'immédiateté. On se garde bien de rappeler que le téléchargement, la culture, tout ça, ne concerne pas que des oeuvres pour lesquelles il suffirait d'attendre quelques mois pour qu'il y ait une diffusion en France (en version doublée, à des horaires pas possibles, mais je ne vais pas entrer dans ces débats corollaires). Le téléchargement illégal, c'est aussi quand je cherche par tous les moyens comment mettre la main sur le pilote de Run for your life, qui n'a jamais été rediffusé en France depuis l'ORTF. Et encore, c'est une chance, parce qu'il y a tant de séries, même américaines, qui n'ont jamais été diffusées en France, et ne le seront jamais...
La culture c'est aussi permettre aux gens d'accéder à des vieilles séries qui sont impossibles à voir autrement. Je serais prête à payer de l'argent pour ça. Mais Stephen, ton industrie ne veut pas de cet argent-là, et ne me propose pas d'option.

Bien-sûr que ces exemples sont radicaux, et bien-sûr que tout le monde ne regarde pas des séries étrangères ou anciennes (c'est dommage, et je m'emploie à ce que ça change, mais c'est pas la question). Mais Stephen, je n'ai jamais prétendu m'exprimer au nom de qui que ce soit, sinon moi. Je ne revendique rien d'universel. Je pose juste les raisons qui font que le Black March m'apparait comme la seule façon de protester contre un système dont je ne peux pas sortir gagnante si je joue selon les règles du jeu, et où il m'apparait que je suis perdante à bien des égards si je ne télécharge pas.

Toutes les raisons qui font que je télécharge, prouvent qu'il y a quelque chose qui cloche dans le modèle actuel. A l'heure du numérique, il devrait être possible de faire des abonnements à la carte plutôt que de payer au fichier, de proposer à des internautes de payer pour se faire éditer un DVD (sans package) de la série de leur choix, etc...
Tiens, pourquoi n'y a-t-il pas de DVD pour les 3 dernières saisons d'Une Nounou d'Enfer, nulle part ? Parce que ce ne serait pas rentable, probablement, comme pour des dizaines d'autres séries distribuées seulement de façon partielle. Pourtant s'il existait un service de type "Netflix permanent", alors sans débourser d'argent en termes de fabrication (il s'agirait uniquement de graver des DVD, un matériel qui pourrait très bien être mutualisé pour toutes les séries du catalogue), Sony Pictures Home Entertainment pourrait vendre légalement des DVD de la série à un prix raisonnable, et à la carte, au coup par coup, sans craindre de pertes, plutôt que de créer de la demande et pousser les gens à se tourner vers le téléchargement illégal des produits qui ne sont pas commercialisés. Mais non.

Alors, Stephen, on fait quoi, à partir de là ? Tu proposes quoi ? On change quoi ?

Cannell_0

Je vois. La réponse habituelle, donc.
Eh bien écoute, dans ce cas, je  m'en retourne à mon Black March.

PS : lecteur, je m'en remets à toi pour trouver ci-dessous uniquement des commentaires construits et civilisés. Comme partout ailleurs sur ce blog, mais enfin, ça va mieux en le disant.

1 mars 2012

Surrendering to destiny

BlackMarch

Parmi mes plans pour Black March, il y avait la perspective d'un marathon Wonderfalls, ainsi qu'un autre pour Pushing Daisies. Pour le second, c'est quelque chose que j'avais déjà cent fois reporté l'an dernier, avant de me promettre que je m'en chargerais au premier trimestre 2012 ; on peut donc dire en quelque sorte que le Black March s'est porté à ma rescousse.
Mais pour Wonderfalls, cela venait à la fois du fait que quelqu'un m'a demandé mon avis, de la réalisation brutale que je n'avais jamais vraiment parlé de la série ici (seulement en passant), et que ça ira plus vite à regarder que Pushing Daisies et que donc c'était plus simple de commencer par là. Sans compter que, chronologiquement, ça fait sens.

Donc voilà, le Black March a commencé aujourd'hui, je ne télécharge plus rien pendant un mois (ça va être un peu compliqué je pense, et on aura l'occasion d'en reparler, notamment pour se soutenir entre nous), et, ce qui devait arriver un jour ou l'autre se produit dés aujourd'hui : je vais commencer par mon marathon Wonderfalls.
Ne vous en faites pas, on ne passera pas le mois à parler uniquement de cette série, on peut très bien parler de séries très variées tout au long de ce mois sans télécharger !
Je n'ai d'ailleurs pas vraiment l'intention de faire un post par épisode, comme ce peut être le cas pour le Ozmarathon ; je voulais simplement donner le coup d'envoi de cette intégrale, et parler du pilote, parce que (je ne sais pas si je l'ai déjà évoqué ou pas) j'aime bien les pilotes. Et celui-là, notamment, a pas mal de mérite...

Wonderfalls_Pilot

Alors, d'abord et avant tout, je suis obligée de vous dire que j'ai été sciée de retrouver, certes dans un très petit rôle, l'interprète d'Alicia dans The L.A. Complex. Je crois que c'est une actrice à laquelle je n'avais jamais fait attention avant (elle a un peu un physique passe-partout, il faut bien le dire), bien qu'elle n'ait pas chômé y compris dans des séries où j'ai pu la voir, mais là tout d'un coup ça y est, je l'ai repérée, et je me suis dit que le monde était résolument petit.

Bon, cette parenthèse étant faite, il faut quand même admettre que ce n'est pas un épisode dans lequel on a beaucoup l'opportunité de s'intéresser à beaucoup de monde en-dehors de Caroline Dhavernas. Il est d'ailleurs grand temps que quelqu'un lui redonne un rôle à sa mesure plutôt que d'aller provoquer des épidémines de facepalm dans des trucs du genre d'Off the Map.
Il y a un côté George Lass chez son personnage, qui s'explique facilement je suppose (bien qu'on ne puisse pas dire que ce soit un genre de personnage présent dans TOUTES les séries de Fuller, si vous me suivez), et qui rend Jaye extrêmement sympantipathique. La galerie de personnages autour d'elle ne manque pas de couleurs, entre ses parents, sa meilleure amie et son love interest potentiel, mais clairement c'est Jaye qui occupe le devant de la scène, et les éclipse régulièrement.

Cela dit le reste du cast est aussi génial qu'au premier jour. D'autant que quand j'avais lancé la série, à l'époque, c'était uniquement par intérêt envers la présence de Kari Matchett (elle et moi, ça remonte à Invasion Planète Terre... avis aux spectateurs de Ringer, son personnage s'y appelait Siobhan, d'ailleurs, comme quoi ça ne date pas de cette année, ce prénom dans les séries), et quand je vois que depuis, j'adore Katie Finneran (que j'avais été si contente de retrouver dans The Inside, mais certainement pas dans I hate my teenage daughter), évidemment il y a Lee Pace, bref, c'est fou de se régaler devant la liste des noms au générique à présent, avec le recul.

Wonderfalls pose d'abord et avant tout des questions autour de la folie (ce n'était pas vraiment un thème pour George Lass) dans ce premier épisode, et les pensées jetées au détour des excellents dialogues pleins de tonus sont souvent d'une intelligence aigue à ce sujet.
Derrière son cynisme se cache une vraie angoissée, et pourtant le spectateur ne considère pas un seul instant que Jaye puisse réellement être folle, on accepte immédiatement la possibilité que, oui, un lion en cire puisse donner des conseils, ou plus réalistiquement, des ordres, à Jaye ; elle est, avec sa charmante famille, la seule à remettre sa santé mentale en cause, pas les spectateurs. C'est ce double-jeu (parler de folie sans en faire de démonstration trop criante) qui fonctionne pour Wonderfalls et qui permet de rentrer dans son univers loufoque ; on prend à la fois la peur de la folie au sérieux, et en même temps, on est convaincus que tout ça a une bonne raison d'être. Jaye a-t-elle une mission, peut-être d'ordre karmique, à accomplir, afin d'enfin trouver une utilité auprès de ses pairs ? Ou est-il simplement question de se bouger et d'avoir des éléments fantastique pour la pousser à sortir de la vie si peu trépidante avec laquelle elle s'est enfermée avec juste un peu trop d'enthousiasme ? Le pilote se garde bien d'y répondre et laisse la place aux deux possibilités.

C'est un vrai bon pilote, peut-être pas aussi épatant au niveau de la réalisation qu'on pu l'être ceux de Dead Lile Me et évidemment Pushing Daisies, mais en gardant un ton relativement réaliste avec quelques pointes surréalistes, l'épisode accomplit sa mission, celle de nous balancer dans un univers étrange mais pas trop, où les choses peuvent aussi bien appartenir au fantastique qu'au contenu d'un dossier psychiatrique. En gros, c'est par-fait !

Ah, vraiment, d'avoir revu le pilote, là comme ça, je suis encore plus contente de me lancer dans ce revisionnage !

29 février 2012

[#Ozmarathon] 4x14, green bloods

On a tous quelque chose en nous d'Irlandais... ou, parfois, comme Gloria, on le voudrait bien. Pour une fois les scénaristes cèdent à l'appel du trèfle, et nous offrent un épisode laissant une large part aux Irlandais de la série, nouveaux ou bien connus des spectateurs.

Ozmarathon_4x14

On peut faire mine de s'en défendre mais après avoir plaqué une pseudo-paix des ménages à Em City entre Burr et les Latinos, après avoir réglé le sort de ce crétin de Clayton Hugues (et, à cause de lui, celui de Mobay), après avoir mis un point final à la relation entre Beecher et Keller, après avoir réglé le problème du petit nazillon qui avait tenté de poignarder Saïd, après avoir définitivement enterré la relation entre Schillinger et Cloutier, après avoir réglé le cas de Dayell, que reste-t-il à cet épisode ?

Un match de basket. Fort sympathique au demeurant, mais surtout totalement inoffensif : aucun intérêt dramatique, aucun enjeu pour les personnages impliqués, un pur moment de grâce pendant lequel aucun prisonnier ou membre de l'administration n'a une idée derrière la tête (genre se débarrasser de quelqu'un d'autre), bref, une bonne grosse excuse pour meubler l'épisode.

Alors, au fond, le seul véritable intérêt de cet épisode, ce sont les deux intrigues liées aux Irlandais. Il faudra simplement s'armer de patience et attendre le dernier quart de l'épisode pour en profiter.
D'abord, c'est le caricatural Padraic Connelly qui débarque (sous des prétextes fallacieux, comme de plus en plus souvent ; dois-je vous rappeler comment les Chinois avaient débarqué ?), et qui décide de faire le fier, convaincu qu'il ne va pas rester longtemps et qu'il n'a donc aucune raison de frayer avec qui que ce soit, et moins encore sympathiser. Encore un qui n'a rien compris au film. Ryan O'Riley viendra lui tendre la main UNE fois. Juste une, parce qu'on est à Oswald, quand même. Sauf qu'évidemment, le séjour à Oswald se prolonge et que cet imbécile d'Irlandais a décliné l'aide du seul autre Irlandais capable de l'aider. Ici on n'a pas vraiment une intrigue passagère vouée à mourir avant la fin de l'épisode, comme cela arrive, mais un arc qui devrait probablement nous emmener jusqu'à la fin de la saison. Aussi, bien que s'étant tiré une balle dans le pied, Connelly ne va pas mourir tout de suite mais, oh, ne vous faites pas d'illusion, c'est le sort qui l'attend à n'en pas douter. J'ai bien aimé ce que cette intrigue, même amenée maladroitement, tente de nous rappeler sur la réalité à Em City, à travers les clans, la survie et toute cette sorte de choses. Avec l'éclatement de tant de "tribus" ces derniers temps, l'individualisation de nombreuses intrigues, et un sentiment communautaire volontairement atténué depuis la fin de la "guerre des races", le rappel n'est pas sans mérite.

Ryan O'Riley n'a pas dit son dernier mot, comme on s'en doute.

On continue donc à suivre notre Irlandais préféré avec une très touchante exploration de sa relation à Cyril. Cela fait plusieurs épisodes maintenant que leur lien est fort et, en apparence, indestructible, là où il avait pu parfois être mis en danger par le passé (comme par exemple pendant les matches de boxe), et c'est devenu un tel acquis que naturellement il fallait remettre tout ça en question. Pour cela, l'arme fatale a en réalité été déployée précédemment par l'arrivée d'un personnage affirmant être la mère de Ryan ; cela n'effleure que maintenant celui-ci, mais ça ne signifie pas qu'elle est la mère de Cyril pour autant. La violence de cette révélation se ressent d'autant plus que tous les deux passent par une période difficile : entre les humeurs changeantes et Cyril (devenue une vraie bombe à retardement) et les menaces qui pèsent sur Ryan, ils n'ont pas besoin de ça, les O'Riley.

Car, déterrant une nouvelle fois une vieille intrigue, l'épisode nous rappelle que notre serpent à sonnettes préféré, souvent si suave et persuasif, a quand même sauvagement éclaté le violeur de Gloria Nathan, et qu'il n'en a jamais payé les conséquences. Alors qu'Arif (témoin du carnage) se décide enfin à parler, Ryan et Cyril sont plus en danger que jamais d'être séparés, Ryan gagnant en bonus un aller simple pour le couloir de la mort. Où notre anguille favorite va-t-elle aller chercher sa solution ? Auprès de nulle autre que sa dulcinée, Gloria Nathan, avec qui les choses sont relativement officielles même s'ils ne se touchent pas ni ne se parlent pas frontalement de leurs sentiments (et je trouve au final cette façon de communiquer assez touchante arrivés à ce stade). Ryan va donc lui demander, tenez-vous bien... de l'aider à s'échapper avec son frère, et, sous-entendu, de partir aussi avec elle. Partir loin de tout. On devine, surtout en plongeant les yeux dans ceux, si persuasifs, de Ryan, qu'elle pourrait dire oui à cette folle proposition. Quel incroyable perspective, plus que n'importe quelle tentative d'évasion par le passé... On connait la réponse de Gloria, elle si raisonnable, si sérieuse, mais en même temps, on tremble de délice à l'idée de la voir dire oui !

Quand un épisode ne vaut que pour les intrigues touchant UN personnage, d'ordinaire, on fait un peu la moue. Mais dans le cas de Ryan, difficile de se plaindre tant les différentes facettes de ce prisonnier trouble sont prometteuses quelles que soient les situations.
Les axes des autres personnages reprendront probablement très vite (ce n'est pas The Ryan O'Riley Show, après tout), mais la parenthèse est moins discutable que d'autres épisodes peu convaincants de la série. Passe pour cette fois.

28 février 2012

Absence makes the heart grow fonder

Quand j'ai réalisé hier que Showtime s'était contentée de rediffuser les épisodes de House of Lies à ce jour sans terminer son marathon par un inédit, je vous avoue que j'ai sérieusement perdu le sourire.

HouseofTruth
C'est comme ça que j'ai réalisé que House of Lies était devenue en quelques semaines l'une de mes séries préférées de ce début d'année (déjà fort riche en découvertes et en émotions) : en découvrant que je me faisais unbe véritable joie de finir mon lundi avec un épisode de la série. C'était devenu, un peu sans que je m'en rende compte, l'un de mes rituels, histoire de commencer la semaine du meilleur pied possible tout en prenant le mien.

Oh j'avais bien remarqué que je me marrais comme une petite folle pendant les épisodes, notamment grâce aux échanges rythmés et un peu corsés de l'équipe de Kaan, entre deux vols à l'aéroport, ou en salle de réunion au lieu de bosser, et oui, d'accord, j'avais compris depuis plusieurs semaines que plusieurs des personnages me plaisaient énormément, notamment Clyde, Monica, April dont j'étais ravie de constater la persistance dans la série après un rôle dans le pilote que tout condamnait à l'éphémère, Marty lui-même, Doug, et peut-être même un peu Greg et Jeannie. Nan mais en fait, tout le monde quoi. Mais il y a une différence entre s'amuser énormément devant une série et l'adorer. Et c'est sans doute la raison pour laquelle House of Lies ne me venait pas spontanément à l'esprit quand il s'agissait de chanter les louanges de ce début d'année, et de dresser une liste des merveilles qui font actuellement battre mon coeur.

Et là, paf ! Grosse sensation de manque.
Alors je me suis moi aussi envoyé une intégrale. Ya pas de raison. Et il n'y a pas à dire, j'adore cette série, surtout quand je mets les épisodes bout à bout pendant 24h. Le seul épisode que j'aime moins que les autres est le troisième, trop vulgaire à mon goût (oui, même quand on aime House of Lies il peut y avoir des limites au bon goût), mais pour le reste je me suis méchamment marrée.

C'est tragique qu'il m'ait fallu attendre ce marathon inopiné pour m'en rendre compte, franchement, mais oui, House of Lies est à ajouter à la longue, très longue liste des excellentes séries que je découvre en cette mid-season, avec Smash, Äkta Människor, 30° i Februari, Touch, Apparences ou encore Woodley.
Liste non-exhaustive, du coup ; les coups de coeur ont été nombreux en janvier et février.

Ca va me faire tout drôle quand la diffusion va s'interrompre, même si une deuxième saison est d'ores et déjà prévue ! Mais en même temps, vu la gueule de ce début d'année, j'ai plutôt confiance en ce cru 2012 et je me dis que même en avril, je ne devrais pas avoir trop de mal à me régaler.
Je vous ai déjà dit que je trouvais qu'on avait une p*tain d'année ?! C'est vraiment l'éclate en ce moment !

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27 février 2012

Tonight will be a memory too

Memories

Ce weekend, alors que je préparais le prochain SeriesLive Show (ouais ça a pas l'air comme ça, mais c'est du boulot, faut regarder des trucs et des machins, et parfois même les reregarder pour être sûr), j'ai revu un pilote que je n'avais pas vu depuis, disons, trois ans, quelque chose comme, la routine quoi.
Mais surtout c'est une série j'ai découverte il y a 10 ans, alors que ma téléphagie n'en était qu'à ses débuts.

C'était, je suppose, l'une de ces séries auxquelles on ne s'attache pas plus que ça, au sens où, quand à l'époque j'avais vu le pilote, je l'avais énormément apprécié mais la personne qui me l'avait enregistré sur VHS ne pouvait pas m'enregistrer la suite (je ne lui à vrai dire pas demandé mais comme elle m'alimentait essentiellement en pilotes sans regarder au kilomètre de film, ç'aurait été incorrect d'en réclamer encore plus), j'avais assez vite fait mon deuil de la chose. Je crois que, bien qu'ayant beaucoup adhéré au pilote, je le trouvais autosuffisant. J'en gardais un excellent souvenir, le regardais de temps à autres, comme ça, pour voir, et puis ça m'allait très bien. C'est d'ailleurs assez rare qu'un pilote me fasse bonne impression et ne me donne pas envie (même ensuite quand internet est entré dans ma vie) d'aller plus loin ; ça ne se produirait sans doute plus de nos jours ; ça s'est d'ailleurs, je pense, assez rarement produit pour d'autres séries même à l'époque.
Mais enfin on en était là.

Et pourtant, quelle sensation incroyable de retrouver chaque personnage, chaque image, chaque musique, chaque séquence ! Sans connaître nécessairement le pilote par coeur (les espacements entre les visionnages aidant), il était incroyablement familier tout en conservant cette sorte unique d'excitation qu'on ressent devant un épisode qui parvient à surprendre et émouvoir par lui-même, et pas uniquement de par sa valeur nostalgique.
Est-ce qu'à mes yeux cet épisode est... culte ? C'est presque devenu un gros mot que l'on n'ose plus employer.

Je me suis liée avec des dizaines de séries, avec les années. Des histoires de quelques semaines aux romances couvrant pas loin de deux décennies, j'ai tout fait, je pense. Ce blog le reflète bien, mes "relations" avec les séries sont variées : il y a celles dont le tag enfle à mesure que passe le temps alors que leur diffusion est arrêtée depuis longtemps, et il y a celles dont je parle tous les jours pendant quelques semaines, pour sembler les oublier dés la fin de leur diffusion ou même avant. Mais que, il n'empêche, généralement je retrouverai avec plaisir plusieurs mois plus tard, à la faveur d'un coup de tête, du hasard, d'une rediff, d'un DVD.
Paradoxalement, plus il y a de séries dans ma vie, plus il y en a qui y tiennent une place, voire même, plus chacune semble avoir une place bien définie. Je ne peux pas les employer de façon interchangeable dans un post à des fins d'illustration de mon propos, par exemple.

Ca amène plein de questions, surtout pour moi qui suis convaincue d'avoir une piètre mémoire.
Après tout, l'une des raisons pour lesquelles je préfère écrire, dans la mesure du possible, au quotidien dans ces colonnes, c'est tout simplement parce que je ne fais pas confiance à ma mémoire et que je préfère coucher mes émotions suite à un épisode par écrit immédiatement, ou jamais, ou alors en repassant par la case visionnage comme je vais le faire pour vous parler des épisodes de Black Mirror que je n'ai pas évoqués ici (et encore, ce sera alors une émotion de seconde main). Ironiquement, la mémoire est au coeur du troisième épisode de Black Mirror et on aura donc l'occasion d'en reparler (je me suis fixé le mois de mars pour faire un max de revisionnages, rapport au Black March).

Alors comment parviens-je à me souvenir non seulement de l'épisode lui-même, mais en plus de ma "relation" à la série ? Comment suis-je capable de retracer la façon dont j'ai découvert telle ou telle série ? Comment suis-je capable de me souvenir avec précision dans quelles circonstances exactes j'ai regardé tel ou tel pilote ? Il y a 10 ans déjà, du fait de la personne qui m'enregistrait tant de pilotes mentionnée plus haut, je les découvrais avec une certaine voracité. Que dire de maintenant ?
Et pourtant je peux vous dire très exactement comment j'ai regardé le premier épisode de Pushing Daisies, par exemple, presque vous décrire la densité de l'air ce jour-là, vous dire comment j'ai réagi ensuite, émue et divertie au plus haut point. Je peux vous le dire pour une majorité de pilotes que j'ai vus, en fait, l'exemple est en fait trop évident.

Comment mémorisons-nous toutes ces choses ? Et comment y parvenons-nous avec chaque série que nous regardons ou presque?

Comment se fait-il que lorsque l'un de mes collègues, qui a décidé d'employer à son avantage ma téléphagie, me pose à intervalles réguliers une question pleine de curiosité : "tu connais [insérer le nom d'une série qui a piqué son intérêt] ?", je sois immédiatement capable de dire si je l'ai vue, et ce que j'en ai pensé ? Jusque là c'est toujours tombé sur des séries que j'avais vues.
Il y a quelques exceptions, des trucs tellement nuls que je les ai rayés de ma mémoire, pour lesquels je triche et je fouille dans mes tags histoire de relire ce que j'ai pu en dire si à l'époque j'avais déjà le blog... mais globalement, je suis sidérée par notre capacité à nous souvenir.

Nous nous souvenons de ce qui se passe dans chaque épisode vu précédemment, quand un nouveau commence. Nous nous souvenons des articles lus, des promos vues, des spoilers sur lesquels on est tombés, aussi. Nous nous souvenons de l'achat du coffret DVD, de celui qu'on nous a offert, du magazine dans lequel on en a entendu parler pour la première fois, qu'importe. Nous n'enregistrons pas chaque seconde, chaque détail. C'est impossible. Personne ne le peut. Pour autant nous continuons d'accumuler les souvenirs.
Nous nous souvenons de ce qui est dans la série, mais aussi de ce qui est autour, et de la façon dont nous avons tissé toutes ces informations ensemble, dont nous les avons cousues avec notre propre ressenti, entrelacées avec notre envie de continuer la série... ou au contraire de la virer d'un coup de talon désabusé.

Et d'empiler les souvenirs avec les saisons, et quand les saisons ont passé et que la diffusion est terminée, d'empiler encore.
Pour une série. Pour dix. Pour cent.

Comment notre cerveau arrive-t-il à faire cela ? Y a-t-il une part d'entraînement, de gymnastique ? Il y a la nature-même de la série, sa capacité à répéter tout en avançant, à présenter des personnages réguliers ou récurrents tout en ajoutant de nouveaux, à faire avancer les intrigues sans perdre le fil de ce qui a déjà été dit. La mémoire est nécessaire au téléphage par essence.
Probablement que nous entretenons cette capacité à mémoriser les choses, aussi, parce que nous sommes passionnés ; il suffit de faire le test auprès de ces spectateurs occasionnels qui écoutent NCIS en fond sonore le soir, gardant un oeil distrait sur l'écran toutes les 5 minutes pour se tenir au courant, mais incapables de restituer l'histoire de l'épisode et moins encore de le contextualiser (c'est bien pour ça que les séries procédurales sont si faciles à consommer).

Pourtant on pourrait imaginer qu'au bout d'un moment, le cerveau procède à un nettoyage. Qu'au bout de 10 séries scandinaves, disons, le cerveau bazarde quelques souvenirs se rapportant à une vieille série britannique dont on n'a jamais vu que le pilote. Au moins le superflu ! Pas du tout.

Et c'est pire encore : désormais, quand je vais parler de cette série, en plus de tout le reste, je vais aussi me rappeler que c'est elle qui m'a inspiré quelques questions autour de la mémoire en matière de téléphagie. Ca ne s'arrête jamais !
Que nous le voulions ou pas, ce que nous avons regardé fait partie de nous. Et pour être honnête, c'est aussi réconfortant que flippant.

26 février 2012

[#Ozmarathon] 4x13, croisades

Tout change et rien ne change. Les épisodes de cette seconde partie de saison 4 sont pour Oz assez difficiles à cerner, confinant parfois au sublime, d'autres fois au ridicule. A cela il fallait encore ajouter le départ de Chris Keller, devenu rapidement un préféré de... tout le monde, soyons clairs. Le Ozmarathon était-il en mauvaise posture ? Oui et non ; au milieu de pareil défi, ce 13e épisode parvient à faire un excellent boulot, et on ne l'avait pas vu venir, du coup.

Ozmarathon_4x13

Il faut dire que, là où la première partie de la saison 4 avait lentement mais sûrement fait monter la pression autour d'une sorte de "guerre des races" (même si en réalité l'hostilité était assez unilatérale), cette fois c'est une guerre des religions qui se dessine.
Mais la guerre n'aura en réalité pas lieu comme on le pensait. Les leaders d'opinion à Oswald et notamment Em City vont se rendre compte de l'emballement.
Ainsi, très vite, Mukada et Cloutier, qui étaient à couteaux tirés, vont tenter de retrouver la raison avant que leurs ouailles respectives ne basculent dans le chaos, Saïd venant renforcer leur alliance neuve.

On pourrait penser que l'intrigue est morte aussi vite qu'elle était née, mais j'ai au contraire trouvé que c'était bien joué : contrairement aux questions raciales, qui avaient pour moteurs des éléments belliqueux, on a surtout ici des personnages qui sont à la tête de leur communauté religieuse, souvent avec un certain culte de la personnalité en tâche de fond, et qui ont un entourage exhalté, mais qui ne sont pas nécessairement eux-mêmes animés de mauvaises intentions. En conséquence, voir Mukada s'empoigner avec Cloutier, puis aller demander conseil à Saïd, avant de proposer à ce même Cloutier une messe oecuménique, c'était vraiment l'enchaînement le plus sensé possible de réactions, sans que pour autant ça n'empêche les suiveurs des uns ou des autres d'y réagir, comme le fait le jeune Kirk qui accomplit un acte odieux de sa propre initiative mais au nom de sa foi. Une bonne façon de traiter de sujets comme l'extremisme, finalement, mais sans absolument céder à l'appel de la caricature.
Si l'intrigue s'arrête là, elle aura été bien conduite, même si elle ne forme pas un axe long ; si elle se poursuit, elle peut donner d'excellentes choses aussi, tout est en place pour que ce soit du bon.

Et surtout il était vraiment nécessaire de ramener de la spiritualité dans Oz. Après les errances de Sister P, après les questionnements de Chris Keller, la question de la foi méritait plus de place dans la série, surtout quand les monologues d'Augustus Hill manquent parfois de profondeur alors que c'étaient eux qui autrefois étaient porteurs du plus de signification. Qu'il s'agisse de voir Kareem Saïd se battre avec ses démons, d'assister impuissant au geste magnifique et hautement symbolique de son nouveau protégé Salah Udeen, de vivre le doute du père Mukada, ou encore d'assister au mouvement de panique qui anime soudain Cloutier qui réalise que les choses ont échappé à son contrôle (ou les gens, à l'instar de Schillinger), il n'y a là que des angles de qualité. Quand les croisades personnelles et les croisades religieuses se mêlent, Oz fait fort, il n'y a pas à dire.

Il n'y a pas qu'en matière de religion que les croisades de certains personnages donnent de l'intérêt à l'épisode. Ainsi, les parcours de Burr et de Hill sont à un carrefour : l'un n'a cessé de comploter pour prendre le contrôle d'Em City, l'autre, confiné dans son respect pour son aîné, réalise soudain qu'il ne veut pas plus participer à cela qu'au reste. C'est quasiment une tragédie grecque qui se joue ici, et qui se résoud, à la surprise générale des deux côtés de l'écran, sans la moindre goutte de sang (tant pis pour Supreme Allah, mais ce n'est que partie remise avant qu'on se débarrasse enfin de cette enflure). Chacun y va de sa croisade personnelle au nom de ce qu'il pense être "juste" : Burr est convaincu qu'il doit manger avant d'être mangé et que la survie est à ce prix, Hill, toujours aussi sage et irréprochable (c'en est limite insupportable), va chercher conseil auprès de Kareem Saïd, encore lui, et en arrive à la conclusion que la fin ne justifie pas nécessairement les moyens, et détricote le plan pourtant pas mauvais de Burr. La conversation entre les deux hommes enterrine leurs différences et rappelle qu'aucun n'a, fondamentalement, tort. Mais leurs routes ne pourront plus se croiser et on en ressent le déchirement.

Parmi les intrigues totalement secondaires de cet épisode, on découvre avec la plus grande tristesse que Claire Howell ne s'amuse plus avec Ryan O'Riley, lequel se rapproche à vitesse grand V de Gloria Nathan qui va désormais lui rendre des services à la place de Howell. L'intrigue médicamenteuse appartient quasiment au passé (il n'en reste maintenant plus que l'aspect juridique) puisque de toute façon elle avait pour rôle essentiel de rapprocher les deux amoureux, c'est chose faite, c'est même incroyable que ça leur soit si aisé, et il ne fait aucun doute que cela ne va pas aller en s'améliorant même si le happy end n'est même pas un point sur l'horizon.
Pour une raison qu'on ignore, les scénaristes refusent de se débarrasser du timbré Giles ; ça nous donne quelques bonnes répliques, mais le cauchemar que représente ce personnage doit cesser. Le malaise de Peter, Peter Marie lorsqu'elle lui dresse la liste des différentes options qui sont les siennes pour mourir était cependant palpable et donnait une séquence solide.
Impossible de comprendre à quoi est supposée servir l'intrigue de l'audition de Beecher pour bonne conduite. Comme lui-même le fait remarquer, il était quand même bien disqualifié par son passé ; on lui donne de l'espoir pour le lui reprendre aussi sec, et je conçois mal la motivation derrière ça d'autant qu'il est évident que le nouveau protagoniste, le Colonel, ne va pas faire long feu.
La trame tragi-comique de l'épisode est une fois de plus celle de Busmalis, même si on n'en connaîtra pas le fin mot, quand sa fiancée le plante devant l'autel : la faute de la neige, une sortie de route, ou la belle a-t-elle connu un funeste destin d'une autre nature ? Impossible à dire mais la scène de l'attente était plutôt pas mal.

Grâce à une signification forte de ses axes principaux, l'épisode s'en tire donc très bien pour nous donner un résultat qui a du corps. L'épisode se finit sur une scène poignante faisant la part belle à un Saïd qui semblait un peu trop inébranlable ces derniers temps, puis sur une superbe réflexion de Hill qui ne nous avait plus habitués à pareil acuité.
On ne peut alors que se prosterner lorsque tombe le générique. Béni soit Oz !

25 février 2012

Dans les choux

Pramface

Quand de jeunes Britanniques pas vraiment responsables se mettent à faire des bébés, je pense immédiatement à Threesome. Ce qui n'est pas forcément une bonne chose : difficile de se mesurer à l'un de mes coups de coeur de 2011.
Pramface n'emprunte pas vraiment le ton amusé, amusant et tendre de ladite comédie. Il faut dire que ses personnages sont plus jeunes, ses protagonistes viennent de milieu dont la différence est plus exacerbée (et en cela, la série rappelle plutôt 18 to Life), mais ce qu'elle décrit me fait plutôt penser à un épisode de Skins qui aurait "mal" tourné qu'à une série que j'aurais déjà pu apprécier.

On a donc deux adolescents qui, les examens de fin d'année étant enfin passés, qui se rencontrent à une soirée bien arrosée, et qui finissent au lit ensemble. La demoiselle ne manque pas de tomber enceinte, évidemment.

Je dis évidemment parce qu'entre le titre de la série et l'enchaînement prévisible des évènements, sans même parler des promos ou des résumés, on sait bien ce qui va se passer. Sauf que ça prend 25 minutes avant de se concrétiser. Le terme "épisode d'exposition" n'est donc pas vain, surtout qu'on a ici une série au format 30 minutes...

On enchaîne donc les clichés en attendant que ça se passe : relations avec les parents, copains un peu lourds ou un peu snobs, selon les cas, et toute cette sorte de chose. Non seulement l'intrigue est prévisible, mais la plupart des personnages et des situations le sont aussi (je pense notamment à la meilleure amie du héros, qui évidemment en pince pour lui mais n'en dira rien, qui va être aux première loges pendant la séquence-clé de cet épisode), ce qui n'aide pas. Et pour finir, le ton n'est pas très original non plus, la réalisation reste scolaire, les acteurs marchent sagement dans les clous.

Du coup c'est difficile de se captiver pour ce qu'il adviendra de ce couple-malgré-lui quand le reste est déjà vu, à mes yeux en tous cas, cent fois dans des séries adolescentes.
J'ai regardé Pramface avec la tenace impression que je n'étais pas dans la cible. C'est un problème récurrent quand je regarde des séries adolescentes, d'ailleurs parfois je le regrette, mais les faits sont là : ça m'empêche d'apprécier bien des séries. C'était le cas pour Pramface. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit le seul facteur qui ait joué en sa défaveur.

Peut-être qu'avec un peu de temps, notamment une fois que la grossesse est en route, les choses peuvent se décanter, mais j'ai assez peu d'espoir...

24 février 2012

lady's world tour - Escale n°4

Si vous vous demandiez pourquoi yavait pas eu de wold tour ce mardi, c'est parce que les world tours n'ont pas nécessairement lieu le mardi. Pis j'ai eu fort à faire. Pis j'ai euh... bah... vous avez même pas commenté partout alors vous pouvez difficilement la ramener de toute façon !
Bon, plus sérieusement, revoilà le world tour, qui va faire des heureux, je l'espère, et des déçus, je le pressens, parce que cette fois j'ai rien trouvé en Irlande alors que je sais que ça fait partie de vos chouchous. Mais on va aller juste à côté, promis, puisqu'on parlera entre autres de l'Ecosse.

Allez, prêts ? Décollage immédiat !

LaCertosadiParma

- ITALIE :
Avis aux amateurs de classiques... les 3 et 4 mars, Rai Uno diffusera la mini-série La Certosa di Parma, autrement dit La Chartreuse de Parme. Au menu, un casting international : le Français Hippolyte Girardot, la Québécoise Marie-Josée Croze, l'Argentin Rodrigo Guirao, et l'Italienne Alessandra Mastronardi. Si vous me lisiez à l'époque sur SeriesLive, il ne vous aura pas échappé que la mini-série a été tournée de mai à juillet dernier, il était donc grand temps de la diffuser ! Pour mémoire, la Rai Uno avait déjà proposé une fiction du même nom en 1982. Sur les sites italiens (dont celui de la réalisatrice Cinzia Th. Torrini), on précise que la fiction est co-financée par France 2, mais aucune source en Français sur le sujet. Cela signifie-t-il qu'on ne verra pas la série en France ? Du coup, si vous connaissez un peu le roman de Stendhal et/ou que vous parlez l'Italien, la diffusion peut vous intéresser...

- AUSTRALIE : famille orpheline
On le disait ce matin, la mesure d'audiences a repris en Australie. Et pour ce premier mois de la saison télévisuelle, Seven avait décidé de frapper très fort en ramenant Packed to the Rafters, sa série phare, dans les grilles, avec deux épisodes consécutifs afin de consacrer cette diffusion attendue (la saison 4 était en effet en pause depuis octobre). Pas de chance pour le network, la série dramatique familiale a raté son retour : les épisodes ont été regardés respectivement par 1,45 et 1,25 million de spectateurs ; ce mardi, le troisième épisode, diffusé seul, en a attiré 1,48 million, ce qui permet de faire une moyenne. Pour une autre série australienne, il n'y aurait là pas de quoi se plaindre, ce sont même des chiffres dont on pourrait rêver. Mais pour Packed to the Rafters, cela signifie une perte d'environ 25% de ses spectateurs par rapport à son début de saison en février 2011. Et c'est très préoccupant, évidemment, même si la réponse est dans l'énoncé : en diffusant la saison en plusieurs morceaux, Seven n'a évidemment pas rendu service à sa série, peut-être un peu trop réputée insubmersible. Preuve est faite que ce n'est plus le cas : la télé réalité en a eu raison, et My Kitchen Rules a dominé la soirée ces deux dernières semaines.

- AUSTRALIE : ABC se penche sur le scandale de l'amiante
Pendant ce temps, ABC continue d'avancer dans ses commandes. Cette fois, c'est une mini-série en deux parties, Devil's Dust, qui commence à prendre forme et notamment à recruter ses premiers acteurs. Cette adaptation du livre "Killer Company" revient sur le scandale de l'amiante de la société James Hardie ; Anthony Hayes (qui interprétait Gary dans The Slap) incarnera un ouvrir qui après des années à travailler l'amiante, trainera la compagnie en justice ; Don Hany (que vous pourrez découvrir dans East West 101 cette année sur arte, si ce n'est déjà fait) sera un avocat qui réalisera la gravité de la situation et mettra en balance la respectabilité de la société avec ses questionnements moraux, et Ewen Leslie interprètera un journaliste qui enquêtera sur l'affaire. Le tournage débutera le 19 mars prochain à Sydney.

Penoza

- PAYS-BAS : une femme dans la mafia
C'est amusant que la nouvelle tombe aujourd'hui parce qu'on va précisément parler du succès de cette série dans le SeriesLive Show de ce soir : la série Penoza, qui met en scène l'épouse d'un mafieux qui, suite à l'assassinat de celui-ci, est déchirée entre la perspective de faire entrer ses enfants dans un programme de protection, ou entrer elle-même dans ce milieu dangereux et ne pas se laisser faire. Alors que la saison 2 de la série est en attente d'une date de diffusion, la chaîne KRO a annoncé la commande d'une troisième saison. La société de production néerlandaise, NL Film, ne manque pourtant déjà pas de travail puisqu'elle planche actuellement sur Moeder, ik wil bij de Revue, une série dramatique en 8 épisodes prévue pour une diffusion cet automne et qui sera un biopic sur Wim Sonneveld, une chanteuse de cabaret, et continue de produire deux teen soaps quotidiens : SpangaS sur NCRV, et Vrijland sur KRO, qui d'ailleurs achèvera la diffusion de sa saison 2 le mois prochain.
Ah et, amis Ozophiles, j'en profite pour signaler qu'on apprenait hier que Lee Tergesen rejoignait le pilote de l'adaptation américaine de Penoza. Juste comme ça, en passant. 

- JAPON : we're not in Wonderland anymore
Vous vous souvenez de la gamine qui jouait dans le dorama Mother ? Si vous avez vu la série, vous ne pouvez pas l'avoir oubliée. Mana Ashida, c'est son nom, 7 ans et certainement pas toutes ses dents, vient de décrocher le rôle principal dans un spin-off de LIAR GAME. Enfin, pas LIAR GAME la série, mais LIAR GAME le film, plus précisément le deuxième où la petite tenait déjà un rôle. La série, prévue pour Fuji TV ce printemps, s'appellera Alice in LIAR GAME, puisque le personnage joué par Mana Ashida portait ce nom ; le personnage en question étant responsable de superviser le fameux jeu malsain qui a fait le succès de la franchise, d'en concevoir les pièges et d'en choisir les joueurs, on changera donc un peu de point de vue, d'autant que le dorama fonctionnera comme un prequel montrant comment Alice a "grandi" pour devenir ce personnage inquiétant. Le second film de LIAR GAME sort dans les cinémas le 3 mars et la série sera diffusée du 5 au 8 ; ça devrait inciter les spectateurs à se ruer dans les salles obscures dés la sortie du film afin de tout comprendre de la série.

- JAPON encore : go, go pseudo-Power Rangers !
Si le nom du studio Gainax vous dit quelque chose, c'est probablement parce que vous touchez un peu votre bille en matière d'animation et que des titres comme Nadia le secret de l'eau bleue ou Evangelion, par exemple, ont pu faire partie de votre prime jeunesse. A compter de 2012, ce nom va désormais également être associé aux dorama, puisque le studio Gainax proposera en avril la série EA's rock, mettant en scène des sortes de Power Rangers sur le retour qui, n'ayant plus matière à sauver la planète, se retrouvent dans un bar où ils pleurent leur gloire passée, à l'exception de la force rouge qui continue de poursuivre sa carrière de superhéros. Moui, ça a l'air euh... particulier, aussi vous ne serez pas surpris d'apprendre que la série n'est pas prévue sur un grand network mais sur une ribambelle de petites chaînes, ainsi qu'au format websérie. Ce qui tombe bien parce que les épisodes ne devraient pas excéder 15 minutes. A tenter à partir d'avril sur TV Saitama, Chiba TV, TV Kanagawa, Mie TV, KBS ou SUN-TV, au choix...

JINisback
- COREE DU SUD : docteur qui ?!
Jin, bien-sûr ! Le dorama nippon japonais que vous devriez tous avoir vu si vous prétendez vous intéresser à la fiction nippone, c'est JIN. Non, je ne me suis pas trompée de pays. Peut-être vous demandiez-vous quand une adaptation allait fleurir, après un si grand succès, dans un pays voisin, eh bien ça y est, Time Slip Doctor Jin est sur les rails, et alors qu'on pensait que la série allait finir sur une chaîne du câble, il semblerait que ce soit MBC qui en ait acquis les droits, avec Jae Jong Hero dans le rôle-titre (souvenez-vous, on a pu le voir dans Sunao ni Narenakute). L'histoire étant, si vous vous souvenez, un élément prédominant dans cette série fantastico-historico-dramatico-médicale, la série sera profondément revue et corrigée afin de coller au contexte coréen. On parle donc d'une vraie adaptation et pas d'un vulgaire remake. Pis j'en profite pour remettre la magnifique promo de la saison 2 de JIN, pour le plaisir.

- ECOSSE : où est le docteur quand on a besoin de lui ?
Cette année, BBC Scotland fêtera ses 50 ans ! La chaîne devrait fêter ça dignement, mais les plus grosses spéculations sur les célébrations se focalisent étrangement sur une série en particulier. Les spectateurs semblent en effet attendre avec impatience que la chaîne rediffuse le tout premier épisode de la série Doctor Finlay’s Casebook, une dramédie médicale lancée en 1962 et qui se déroule dans une ville fictive d'Ecosse à la fin des années 20. Au cours de son existence qui a duré 9 ans et pas moins de 191 épisodes, la série est passée d'1 million de fidèles... à 12 millions ! Elle s'était même exportée dans divers pays de langue anglaise et quelques autres. Après son arrêt, Doctor Finlay's Casebook avait poursuivi sa carrière à la radio jusqu'en 1978. Le problème, c'est qu'aucun DVD n'a jamais été édité pour la série ; une intégrale serait très difficile à sortir puisque seuls 66 épisodes ont survécu au poids des années. On imagine quand même assez facilement que ça ferait bien plaisir à tout le monde que dans le cadre de son anniversaire, BBC Scotland face le cadeau d'une petite rediff en faisant avec ce qu'elle a...
Ah pis, tant que je tiens les Whovians, sachez que, oui, notre Ecossais préféré David Tennant y est apparu à plusieurs reprises. Ca y est, je vous ai donné envie, là ?

- CANADA : Hulu perce le mystère des Guidestones
A l'heure où de plus en plus de services de VOD se lancent dans les séries, et où se préparent les premiers Digital Upfronts (pour Hulu, Youtube et quelques autres), il n'est pas anodin de garder un oeil sur les acquisitions des sites internet, qui ambitionnent visiblement de se poser comme de réelles alternatives aux networks (même si évidemment on n'y est pas [encore]). Outre les commandes originales, à l'instar de Lilyhammer pour Netflix dont on va évidemment reparler (ne serait-ce que ce soir dans le SeriesLive Show), il faut aussi noter que les achats de programmes deviennent plus fréquents. C'est le cas pour la websérie Guidestones, qui a démarré ce mois-ci et dont Hulu vient d'acquérir les droits à la fois pour les USA et le Canada ; la série apparaitra sur le service au printemps sous une forme légèrement différente de celle, "interactive", qui est actuellement en place : elle est actuellement prévue pour 50 épisodes de 3mn et passeraà 34 épisodes d'une durée équivalente. On tente d'y percer le mystère des Georgia Guidestones, l'équivalent américaine de Stonehenge dont vous ignoriez même l'existence ; la série est tournée à Toronto, aux States et en Inde, et son intrigue est prévue pour 3 saisons. Jusque là, c'étaient des marques qui sponsorisaient la production de la série (dont Coca Cola ou la franchise Pizza Pizza), dont le tournage devrait reprendre avant la fin de l'année.


J'espère n'avoir rien loupé de vital mais, au pire, vous me connaissez, je ferai un deuxième tour du monde rien que pour vous !

24 février 2012

Clown triste

Alors que le mois de janvier était placé sous le signe de la mid-season canadienne, forte en nouveautés, février aura été un mois dédié à l'Australie qui, à l'issue de ses vacances estivales (alors, jaloux ?) faisait sa rentrée, les mesures d'audience reprenant à ce moment-là.
Certes, The Straits n'est pas forcément du genre à déclencher des émeutes parmi les téléphages exigeants, Outland ne plaira pas à tout le monde même s'il y a un net mieux à mesure que la série progresse, et on va reparler dans un post très prochain du très attendu Miss Fisher’s Murder Mysteries qui a débuté ce soir, sans compter que l'atypique Danger 5 débarque bientôt, mais en attendant, souffrez que je vous parle d'une série qui a démarré mercredi soir et qui compte déjà parmi les perles de 2012.
Je vous le dis, en ce début d'année, mon petit coeur ne survivra pas à toutes ces merveilles téléphagiques, on est gâtés pourris.

Si vous êtes un peu comme moi, vous avez développé une certaine méfiance vis-à-vis des comédies australiennes : l'humour de Bogan Pride, Housos et autres Angry Boys a en effet de quoi laisser, au mieux, circonspect, quand ce n'est pas l'étrange Wilfred ou Lowdown qui conduisent à s'interroger sur ce que "comédie" signifie aux antipodes (est-ce que par hasard ce serait un synonyme de "fumette" ?). Il y a du bon, c'est certain, mais il y a aussi quand même pas mal de choses qui rappellent qu'il y a un petit décalage horaire. Et encore, j'ose même pas tenter Swift and Shift Couriers, sans quoi je ne croirais plus en rien.

Woodley
Mais c'est sans a priori que je me suis lancée dans Woodley et j'en suis fort aise. C'est une véritable friandise, inspirée par les vieux films muets (et un peu Mr. Bean, si, la référence est obligée). Woodley n'est pas une série d'humour muet. Mais ça se joue à peu de choses. Ses personnages parlent peu, surtout le rôle-titre, mais ils parlent tous quand même. C'est sans doute ce qui lui permet à la fois de se parer d'un charme délicieusement désuet, et de ne pas paraître ridicule et datée.

Ce premier épisode, qui joue timidement son rôle introductif afin de ne pas nous laisser penser qu'on a affaire à une simple série à sketches, nous présente donc le personnage de Woodley, un petit bonhomme qui a la trentaine, mais qui a gardé sa maladresse et son innocence d'enfant. Le problème c'est que Woodley a une petite fille, Ollie, dont il est supposé être responsable... du moins, quand il en a la garde, puisque sa femme a fini par ne plus supporter d'être la seule adulte à la maison, et l'a quitté.
Woodley est regardable par toute la famille, à condition que grands comme petits soient avertis qu'il n'y sera pas question que de plaisanteries. Par moments, Woodley est profondément triste, et son personnage ne s'en cache pas, ou presque : seulement en secouant le lait (regardez, vous comprendrez) ; on le verra même prêt à se jeter du haut d'un pont dans une scène à la fois jolie et mélancolique, mais à vrai dire, beaucoup de choses dans Woodley sont jolies et mélancoliques à la fois.

Reposant essentiellement sur Frank Woodley, son acteur principal, son créateur, son scénariste et son producteur, la série s'appuie aussi sur un sens de la mise en scène évoquant avec plus ou moins d'insistance le début du XXe siècle : musique à l'accordéon et à l'orgue de barbarie, looks rétros, couleurs à la fois vieillottes et pétillantes, plaisir des décors et des détails fleurant bon une certaine nostalgie.
Si Woodley était une série française, on se plaindrait d'améliepoulinisme stéréotypé, mais comme Woodley est une série australienne, on ne moufte pas et on se régale, c'est injuste mais c'est comme ça.

Le studio rétro de Papa Woodley C'est drôle... ...mais c'est triste Une jolie rencontre Woodley au secours d'un canard

Petit bijou plein de rire et de larmes, d'une tendresse à toute épreuve y compris dans ses moments les plus douloureux, parfaitement délicieux même quand certaines blagues se voient un peu venir, parce que le personnage est adorable et attachant au possible, Woodley est une curiosité pleine de charme.
Le genre de série qu'on aurait un peu envie de regarder tous les soirs, plutôt qu'une fois par semaine, à vrai dire.

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