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ladytelephagy

11 mars 2012

Grand écart

BlackMarch

Le weekend dernier, on a pu causer un peu de l'un des parents pauvres de la télévision internationale, au moins du point de vue de son accessibilité en France : la Russie. Dans le même esprit, j'avais envie de vous parler aujourd'hui d'un des pays qui attise ma curiosité en dépit du fait d'être assez difficile d'accès à l'heure actuelle. Ce pays, c'est la Turquie.
Allez hop, un peu de pédagogie au préable.

Comparée à d'autres pays, la télévision turque est relativement jeune, et ce qui lui arrive aujourd'hui est donc d'autant plus impressionnant. Songez que la première chaîne du pays est née en 1968 (c'était TRT, une chaîne publique), et que la première chaîne privée date de 1989 ! Et malgré cette genèse tardive, la fiction turque est en plein boom depuis une dizaine d'années environ, et ça ne va certainement pas en se calmant vu le succès de ces fictions à l'étranger.
La première série turque à avoir été vendue hors de son pays natal s'appelait Deli Yürek, une série mêlant de l'action, du drame et même un peu de politique, et se déroulant dans un contexte mafieux ; elle a duré 4 saisons de 1998 à 2001 et a même donné naissance à un film "spin-off". C'est grâce à son succès que la fiction turque a attiré l'attention de toujours plus de pays étrangers.

Depuis 2001, environ 80 séries turques se sont vendues dans plus de 40 pays du monde, certaines collectant, certes, plus de miles que d'autres. En 2011, ce business a rapporté 60 millions de dollars, à raison d'un prix allant jusqu'à 15 000 dollars par épisode. C'est dire si ça va BIEN.

On savait depuis quelques années que les soaps turcs fonctionnaient très bien, notamment dans les pays de langue arabe, avec la success story de Gümüş (alias Noor dans sa version arabe). Ce soap a fait un tabac de la Croatie à l'Arabie saoudite, alors que pourtant, la série y montre des choses pas franchement acceptées dans les pays de culture musulmane, comme boire du vin ou avoir des relations sexuelles avant le mariage ; l'un des personnages a même eu recours à un avortement. Malgré cela, 85 millions de personnes dans le monde ont vu ce soap !

Aujourd'hui, les séries hebdomadaires sont également très en forme. Outre le fait que ce sont ces séries qui aujourd'hui capitalisent les meilleures audiences sur leur chaîne d'origine, ce sont aussi celles qui se vendent le mieux (il y a un rapport de cause à conséquence, vous l'aurez compris).
Ce qui est une bonne nouvelle, c'est qu'elles peuvent rivaliser avec les productions occidentales en termes de qualité de production ou de budget (au niveau format c'est plus compliqué, les séries turques ont souvent des épisodes de 90mn qui font régulièrement l'objet de redécoupages en 2x45mn une fois à l'étranger ; notons qu'en France ça ne poserait pas forcément problème, cela dit). Alors forcément ça attire l'oeil ! Evidemment, qui dit plus de ventes à l'étranger implique aussi un cercle vertueux sur le territoire national, puisque ça fait sans cesse plus d'argent qu'on peut investir dans la production suivante.
Et plus il y a de pays différents culturellement pour acheter des séries turques, plus celles-ci tentent de rendre leur contenu plus accessible à des publics étrangers divers ; à l'heure actuelle, les séries turques sont définitivement ancrées dans la culture de leur pays, elles sont également regardables dans des pays de culture musulmane, mais elles sont aussi faciles d'accès pour plein de pays comme la Grèce et les Balkans (on estime par exemple qu'un spectateur sur deux en Bulgarie regarde une série turque), et ça c'est un immense point fort pour nous, spectateurs occidentaux, lorsqu'on les aborde ! Ca veut dire qu'on ne va pas se retrouver devant un trop grand fossé culturel, parce que les productions turques prennent cela en compte.

On a déjà pu parler d'Ezel, par exemple ; à l'époque de Séries du Monde, j'ai ainsi eu l'occasion de vous dire qu'elle s'était vendue un peu partout dans les pays voisins de la Turquie (je me souviens notamment d'une news portant sur un petit soucis en Grèce), et que sa diffusion hors des frontières turques avait eu l'opportunité de s'intensifier encore lors du dernier Ramadan. Depuis, la série a même été diffusée sur K+, une chaîne du groupe Canal+ au Vietnam, et des remakes ont été mis en branle dans plusieurs pays dont, apparemment, la Belgique. Des négociations seraient en cours pour une diffusion aux Etats-Unis, et même dans des pays d'Afrique noire, ce qui est assez inédit.
Mais surtout, il me faut évidemment re-mentionner Muhtesem Yüzyil. La série historique qui est un véritable carton aussi bien dans son pays d'origine qu'à l'étranger (45 pays acquéreurs à elle seule à ce jour) ; j'avais d'ailleurs pu vous dire à quel point ce succès n'était pas injustifié l'an dernier, lorsque j'ai évoqué le pilote. Muhtesem Yüzyil est actuellement le fer de lance de la fiction turque : dans son pays, l'Ottomania est vrai un phénomène (même si la série a apporté sa dose de controverses), et à l'international elle fait systématiquement un carton. Et quand les pays ne l'achètent pas, ce sont les internautes qui en font un phénomène : ainsi en Bulgarie, je lisais le mois dernier que des fansubbers proposant des sous-titres le lendemain de sa diffusion en Turquie ont réussi à créer un buzz immense autour de la série, et maintenant les chaînes bulgares s'entretuent pour en acquérir les droits. Une jolie histoire à la Äkta Människor (moins les chaînes qui s'entretuent, quoi). Un succès que Bir Zamanlar Osmanli: Kiyam, qui débute lundi, va tenter de reproduire, d'ailleurs.
On parle de séries venues d'un pays où, jusqu'à il y a 15 ans environ, c'était majoritairement la telenovela sud-américaine qui dominait les grilles en matière de fiction, quand même... Joli parcours que celui de la télévision turque, je le disais.

Cycliquement j'essaye moi-même de me pencher sur quelques séries turques. C'est à la fois facile, puisqu'avec les bons outils, on découvre très facilement des endroits où s'en mettre plein le disque dur, et compliqué car les sous-titres ne sont pas légion. Fort heureusement, si on reste sur Muhtesem Yüzyil comme exemple, le streaming peut ponctuellement se révéler intéressant, à condition d'aimer le streaming (comme vous le savez, ce n'est pas mon cas) et d'accepter d'avoir très peu de choix.

L'une des séries sur lesquelles je gardais un oeil, en ce début d'année, était Uçurum, diffusée par la chaîne privée ATV. Si Uçurum avait attiré mon attention (elle figurait dans le Pilot Watch), c'était sur deux critères : d'une part, un pitch attirant (et accessible à une pauvre Occidentale telle que moi, comme SON, lancée le mois précédent), et d'autre part, une foison de photos de promo alléchantes, comme celle-ci.
Il faut d'ailleurs préciser que de ce côté-là, les Turcs sont très très bons. Ils soignent leurs photos de promo (chose que ne font pas, par exemple, les Russes, on l'a dit la semaine dernière, mais même les Japonais, qui pourtant devraient être rôdés vu le nombre de séries qu'ils produisent chaque année...), et maîtrisent parfaitement la grammaire de la promotion qu'on peut connaître chez les séries de network américaines par exemple, avec ce qu'il faut de trailers notamment.

Ucurum

Uçurum, qui d'après une sélection de traducteurs automatiques et dictionnaires peut signifier aussi bien "précipice", "abysse", que "écart", est une série au contexte très urbain qui repose sur le principe suivant : dans une grande ville, la vie peut basculer à tout moment. C'est le cas d'Eva, une Moldave qui vient à Istambul dans l'espoir de pouvoir travailler dans la mégalopole turque. Elle est suivie par sa petite soeur, Felicia. Toutes les deux tombent alors dans un réseau de prostitution mené par un certain Yaman ; Eva échappe à ce triste sort de justesse, et trouve refuge dans un taxi. Hélas, sa soeur Felicia ne s'en sort pas aussi bien... C'est ainsi qu'Eva rencontre Adem, un homme qui vient d'accomplir son service militaire et qui commence à travailler comme chauffeur de taxi, travaillant uniquement de nuit. En venant en aide à Eva, vite traquée par le gang de Yaman, la vie d'Adem va ainsi elle aussi basculer.

L'épisode commence dans la confusion la plus totale : une jeune femme à la main ensanglantée reprend péniblement son calme auprès d'un homme agonisant dont on comprend qu'elle vient de le poignarder, et s'enfuit aussi vite que possible, réussissant à trouver refuge dans un taxi dont le conducteur va devoir prendre une décision très vite.

Comment en est-on arrivé là ? Allez hop, flashback, cette fois au ralenti (ce qui offre un incroyable et efficace contraste avec le chaos de la scène d'introduction), alors que, trois mois plus tôt, ces trois protagonistes mènent leur vie sans se soucier de rien, comme en marche vers leur destin. C'est une idée qui n'a l'air de rien mais qui fonctionne très bien. Ainsi, la jeune femme s'apprête à fêter l'obtention de son diplôme de médecin, le chauffeur de taxi (pas encore pourvu de barbe) est un militaire en passe d'être décoré, et l'homme poignardé, encore en relatif état d'intégrité physique, est en réalité un mafieux dans ce qui ressemble déjà à un mauvais jour. On va donc lentement revenir sur la façon dont les évènements se sont mis en place, et c'est l'occasion de pénétrer le réseau de prostitution, que Yaman dirige avec l'aide d'une femme, et sous les ordres d'une sorte de parrain.
L'effet de compte à rebours avant ce moment crucial qui a ouvert l'épisode va être rappelé plusieurs fois au cours de l'épisode par le biais non pas d'un bête compteur, de cliffhangers ou d'autres outils auxquels on pourrait s'attendre pour nous rappeler qu'il y a un gros truc qui nous attend, mais avec l'aide d'un split screen montrant à intervalles réguliers la progression des personnages dans leurs univers respectifs, et pour le moment distincts.

Si Eva est une bien jolie créature et qu'on s'intéresse forcément un peu à son histoire (surtout quand, comme moi, on a déjà regardé Matrioshka ou Blue Natali), celle-ci n'a pas grand'chose d'original. Quant au salopard de Yaman, on n'a pas tellement envie de le plaindre dans ses tracas (car il en a).
C'est Adem qui s'avère être un personnage particulièrement touchant. Pendant son service militaire, son meilleur ami s'est pris une balle (ouais, le service militaire turc, c'est pas la JAPD, hein, on est pas là pour déconner) ; Adem s'est d'abord porté à son secours mais lorsqu'ils ont failli être repérés par l'ennemi, son ami a fait une crise de panique, et en voulant le faire taire, Adem l'a étouffé... Depuis, il est littéralement suivi par son fantôme, qui apparait même à l'arrière de son taxi. C'est de toute évidence une torture pour notre héros que de vivre avec son lourd secret, et il sera à deux doigts de se suicider pendant l'épisode. Cela nous offrira d'ailleurs une scène assez émouvante.

Certaines séquences de ce pilote, par ailleurs relativement conventionnel pendant sa première heure (souvenez-vous : épisodes de 90mn), sont extrêmement impressionnantes de par leur forme très aboutie. Ainsi, pour montrer que le temps a passé après une scène se déroulant dans le dortoir des prostituées prises au piège par le réseau de Yaman, on a une séquence particulièrement élégante. De même, quand Adem conduit des personnes très différentes dans la nuit d'Istambul, difficile de ne pas être touché par la succession de portaits et de situations qui se succèdent à l'arrière de son véhicule.

Mais surtout le pilote d'Uçurum accomplit quelque chose qu'il n'est pas exagéré d'appeler une PUTAIN DE PROUESSE en nous surprenant totalement à la fin de l'épisode ; par contre si vous voulez finir ce paragraphe vous allez être spoilé : on reprend la fameuse scène qui l'avait ouverte, mais en version longue, et on a cette fois des séquences supplémentaires qui ajoutent encore à la gravité de la situation. Au lieu d'avoir simplement Eva qui poignarde Yaman et se rue dans le taxi d'Adem en sortant de l'hôtel où elle était retenue, on a droit à une pénible séquence pendant laquelle Yaman tente de violer Eva, où celle-ci le poignarde dans l'oeil (chose qu'on ne savait pas), où elle cherche de l'aide dans les couloirs, tombe sur une chambre où sa soeur est sur le point d'être violée, est contrainte de l'abandonner là quand l'un des violeurs pointe une arme sur elle, sort dans la rue, et fait irruption dans le taxi d'Adem alors que celui-ci caresse de nouveau l'idée du suicide ; en parallèle, Yaman s'effondre dans le couloir de l'hôtel, le visage en sang et sous les cris d'horreur de la femme qui gère le réseau de prostitution avec lui. Et du coup, alors qu'on pensait ne revenir à cette scène que pour l'adrénaline, on se retrouve avec une dramatisation incroyablement plus forte qu'attendu. On croyait connaître la scène depuis le début de l'épisode, et pour tout vous dire y revenir semblait un peu cliché ; en fin de compte, on se retrouve avec quelque chose qui lance réellement le côté dramatique de la série. C'est un vrai bon moment de télévision qu'on n'avait pas vu venir du tout. Et d'ailleurs l'épisode va s'arrêter là, au lieu d'employer cette décharge d'adrénaline pour nous montrer comment l'équipe de Yaman va se lancer à la poursuite d'Eva, par exemple (ce à quoi on aurait pu s'attendre).

Alors, dans ce paragraphe, il n'y aura plus de spoilers. Mais il y aura de l'amertume : celle de ne pas pouvoir regarder autant de séries turques que je le voudrais, parce que je les regarde toujours en VOSTM. Je serais prête à poursuivre Uçurum, dans le cas contraire. Et c'est une preuve supplémentaire, après Muhtesem Yüzyil que je n'avais pas détestée (et pourtant, moi, les séries en costume...), que la fiction turque a de bonnes choses à nous apporter. Pour le moment, pas facile-facile d'y accéder mais, bon, on sait pas, si des fansubbers bulgares y arrivent, je vois pas pourquoi il seraient les seuls... Un jour peut-être, qui sait ?

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10 mars 2012

[#Piemarathon] 1x03, poire

BlackMarch

C'est bien connu, dans funérailles, il y a fun. Et si Pushing Daisies a toujours eu un côté un peu morbide et farfelu à la fois, dans cet épisode qui se passe dans une entreprise de pompes funèbres et qui va être ponctué de remarques cinglantes de la part notamment d'Emerson, on va vraiment être à la fête...

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Je vous disais hier que le côté procédural de Pushing Daisies n'était qu'un prétexte ; eh bien la meilleure preuve, c'est que dés le troisième épisode, la série joue déjà avec cet angle et le pervertit. Dés le départ, on sait comment le cadavre de cet épisode est décédé, on sait qui en est la cause, bref, il n'y a pas de mystère. Le don du Piemaker ne lui servira en réalité pas à grand'chose, ce qui est parfait puisque cela lui donne l'opportunité, ainsi qu'à Chuck, d'explorer les circonstances qui les ont conduits à se retrouver. C'est super agréable de voir la structure ainsi renversée au profit des angles comiques et dramatiques de la série.
Ainsi, Chuck va découvrir que sa vie a un prix, qu'a payé le directeur de l'entreprise funéraire où Ned l'a trouvée. Ce dernier espérait qu'elle ne le sache jamais et est évidemment confus qu'elle apprenne l'horrible vérité, mais plus encore, il est rongé par le remords. Tout ça sous le regard courroucé d'Emerson qui n'a jamais très bien digéré cette histoire de "bitch, I was there".

Plutôt que de questionner leur relation amoureuse, comme dans l'épisode précédent, on s'attarde plutôt sur leur relation tout court étant donné le contexte très particulier dans lequel ils se sont retrouvés. Cela n'exclut absolument pas d'insister sur leur romance, qui prend un tour d'ailleurs plus tactile que précédemment (enfin, autant que faire se peut), mais ce n'est pas le seul focus de l'épisode en tous cas.
Pendant ce temps, Olive persiste à n'avoir (c'est ironique quand on y pense) aucun contact avec la petite bande à l'intérieur du Piehole, ce qui ne l'empêche pas de faire une découverte capitale au sujet de la chère et tendre de Ned, et de se rapprocher des deux tantes de celle-ci.

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Ici l'accent est moins mis sur la magie de la série (quoiqu'on trouve encore de très jolis plans un peu partout, et toujours autant de délicieuses couleurs) que sur son humour. La star de l'épisode est, contrairement aux apparences dans une histoire qui met Ned le Piemaker et Chuck la fille morte face à ce qui les a réunis mais pourrait les séparer, notre bon Emerson, qui fait preuve à la fois d'une lucidité à toute épreuve, notamment quand il explique pourquoi il a accepté cette affaire, et d'une causticité impayable. Encore une fois, ses échanges avec Ned sont précieux, parce qu'ils ont une super relation ; ça se sent bien quand Ned et lui discutent au retour de la morgue. Emerson n'est pas qu'un simple alibi comique pour contrebalancer la romance de Pushing Daisies, il est un personnage qui s'affirme énormément dans cet épisode.

Encore une fois, la série ne fait pas de quartiers (hormis avec les poires), et ne ménage pas ses personnages. L'épisode met Ned le Piemaker devant ses responsabilités, fermement. Il n'est pas un prince charmant pour les scénaristes (seulement pour Chuck), et son charme ne le protège pas ; il va bien devoir arrêter de fuir les questions qui auraient été posées de toute façon à un moment ou à un autre, de façon à s'assumer un peu, au lieu de chercher à s'en sortir en bégayant et en prenant un air de chiot battu. Il essuie donc l'irritation d'Emerson, mais aussi la colère de Chuck qui n'apprécie pas trop qu'il lui ait menti et n'aime pas qu'on la prenne pour une poire. C'est un peu la même logique que pour notre fille morte dans l'épisode précédent : il va se fritter avec absolument tout le monde... en tous cas, jusqu'au moment où il va se prendre en main.
En acceptant de porter la responsabilité de ses décisions et de ses actes, il grandit un peu. C'est touchant de voir la progression depuis son expérience avec les lucioles, quand il était petit et qu'il a découvert la fameuse règle des 60 secondes (judicieusement justifiée ainsi, d'ailleurs), nous ramenant au moment où il a grandi d'un coup et s'est découvert un pouvoir terrible, et de constater que depuis, il a tout arrêté, et même cessé de grandir, sa mesure de protection consistant à se tenir éloigné de tout le monde et à ne s'impliquer dans rien, si ce n'est la confection de tartes. Le voilà bien obligé de cesser d'être le petit garçon victime de son pouvoir, forcé qu'il est de s'impliquer maintenant qu'il a fait certains choix.

Deux moments très touchants dans cet épisode. D'une part, toute l'intrigue relative aux Darling Mermaid Darlings ; on aurait pu craindre qu'elles disparaissent rapidement de la série, mais on a ici une jolie façon de nous les ramener. Alors qu'elles pensaient gérer un peu mieux leurs névroses, les tantes ont reçu une carte postale en retard de leur nièce qui les replonge dans la dépression. En annulant leur spectacle, les deux tantes de Chuck vont ainsi ramener la jeune femme dans son rôle de jadis, lorsqu'elle prenait soin d'elles. Chuck va donc préparer une tarte aux poires couverte de gruyère et la leur faire livrer (non sans y distiller quelques gouttes d'un antidépressant aux plantes dont elle a reçu un échantillon). C'est joli cette façon que Chuck a de se soucier autant des circonstances de sa mort que des êtres aimés qu'elle laisse derrière elle, et que sa crise avec Ned le Piemaker ne l'occupe pas entièrement pendant cette épisode. Toute pétillante et un rien crampon qu'elle puisse être, Chuck montre ainsi un versant de sa personnalité qui la rend très sympathique.
Et puis il y a Olive et son admirateur secret. Toute occupée qu'elle est à imaginer Chuck disparaitre dans le néant (ignorant que ça se joue à aussi peu de choses qu'un trou dans le film plastique !), elle ne voit pas le client qui ne cherche qu'à attirer son attention. Cette fois, ses frustrations ne s'expriment pas en chanson, mais ça reste extrêmement vif et touchant. La voir se radiner aussi vite que possible sur ses petites jambes quand Ned arrive, se faire renvoyer dans son coin, et perdre immédiatement son sourire, est légèrement répétitif mais très touchant. Inutile de dire qu'évidemment, son intrigue rejoint, par le plus grand des hasards, celle des Darling Mermaid Darlings mentionnée plus haut, lorsqu'elle se retrouve à leur livrer une tarte couverte de gruyère...

L'épisode nous prouve que les mystères sur lesquels notre club des 3 (Ned, Chuck et Emerson) enquêtent sont donc potentiellement soumis à des imprévus, et que la structure des épisodes n'est pas gravée dans le marbre. Cela laisse la part belle au côté feuilletonnant de la série, et c'est un vrai plaisir.
J'ai encore un petit peu de place, je me ferais bien un épisode de plus, mais figurez-vous que je vous prépare d'abord un autre post qui n'a rien du tout à voir... alors la suite du Piemarathon va attendre un peu.

9 mars 2012

[#Piemarathon] 1x02, dent-de-lion

BlackMarch

Le Piemarathon continue pour le plus grand bonheur de, euh, moi déjà, pour commencer. Mais je me régale pour douze, n'en doutez pas. Cette fois, adieu pilote vu à peu près cent fois (par an), on se lance dans la suite de la première saison, qu'en revanche je n'ai pas dû voir plus d'une demi-douzaine de fois, je sais, ça fait petit joueur.
Cette épisode a une double importance à mes yeux, car si j'avais aimé le pre-air, puis le pilote de Pushing Daisies, c'est la fantaisie de ce nouvel épisode qui allait finir de me conquérir. Si bien que mon fond d'écran (tant d'ordinateur que de smartphone) depuis lors en est tiré, et n'a plus jamais changé depuis l'annulation de la série ; évidemment, ce fond d'écran se nomme Pissenlee.jpg.

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La magie continue donc. Mais l'air de rien, derrière ses jolis pissenlits souriants, cet épisode est quand même ultra-traumatisant.
Déjà, la violence du crime est atroce : faire exploser les gens ! Déjà que le pilote sous-entendait qu'un chien avait arraché un bout de joue à une victime, là on est dans l'ignominie la plus totale. Mais pire encore, on y trouve également des cadavres suspendus dans une salle, balançant légèrement dans le vide dans des combinaisons oranges ajoutant au sordide, comme issus d'un atroce film de science-fiction et/ou d'horreur. Le charnier des crash dummies est à peine plus réjouissant... Pour finir ce bien triste tableau, un personnage secondaire dont la boulimie est dépeint avec un luxe de détails dont très sincèrement on se passerait bien par moments.

Malgré tout cela, la magie opère vaillamment, donc.
Elle opère parce que la série élargit encore son registre, avec cette scène musicale fabuleuse et pourtant si drôle au cours de laquelle Olive tente désespérément de se la jouer version comédie musicale, sauf que l'univers persiste à l'interrompre à chaque fin de couplet ou presque, et qu'elle est frustrée même quand elle essaye d'exprimer sa frustration toute seule au Piehole. Pauvre petite Olive. Merveilleuse petite Olive.
Elle opère encore parce que d'une façon générale, l'épisode prend le temps de se poser un peu et de nous laisser un peu plus apprécier les décors du Piehole, par exemple, et que ce lieu est absolument fantastique, avec ses lustres en forme de cerise et ses banquettes vert émeraude.
Elle opère, enfin, parce que la relation entre Chuck et Ned vire ostensiblement au flirt et que leurs échanges sont pétillants à souhait. Pour deux amoureux transis, ils ne sont pas trop niais, s'envoient des petites piques avec plaisir, se décrochent même parfois des regards parfois exaspérés... Une relation qui date d'il y a un peu moins d'un épisode et qui pourtant connait ses hauts, ses bas, et ne nous enquiquine pas avec une sorte de lune de miel exagérément candide : je dis bon point.

Piemarathon_1x02
Il faut dire que le couple Ned/Chuck connait déjà ses premiers remous, puisqu'ils ne s'entendent pas très bien sur le degré d'honnêteté que leur relation doit afficher. Ned évidemment est dans une position intenable, il s'entête à prétendre qu'il veut préserver ses secrets alors qu'en réalité, il n'y en a qu'un qu'il souhaite continuer à dissimuler (la mort du père de Chuck). Quand à la jolie fille morte, elle se montre extrêmement insistante dans son besoin de fusion, ce qu'on peut cependant comprendre vu que, comme elle le dit, aujourd'hui Chuck n'a plus que Ned dans la vie. La mort. Enfin vous me comprenez.
C'est d'ailleurs très tendre cette façon pour aucun des deux de se dire que, s'il faut éviter de se toucher, et qu'en plus la pauvre Chuck est maintenant prisonnière de l'affection de Ned (qui n'est pas vraiment le gars le plus expansif du coin), alors peut-être que le mieux serait de partir au contraire à l'autre bout du monde et ça résoudrait tous les problèmes. Objectivement c'est probablement vrai, mais tous les deux sont trop enamourés déjà pour y songer seulement. La romance est donc présente, mais elle avance au lieu de rester figée dans les échanges de battements de cils et de rougissements.

La vraie bonne idée de cet épisode, c'est de faire en sorte que Chuck ne trouve vraiment sa place avec personne, en fin de compte. Avec Ned, évidemment les choses sont un peu compliquées, notamment parce qu'il y a cette histoire d'honnêteté totale, mais parce que vraisemblablement, Chuck est aussi du genre entreprenante alors que Ned suit mollement dans son sillon, l'air un peu béat mais ne sachant trop comment s'adapter. La sensation d'inconfort est bien vue même si, comme on l'a dit, leurs sentiments sont également très clairs.
On se doutait bien, aussi, que la jalousie d'Olive n'allait pas aller en s'arrangeant (et d'ailleurs, cette Olive-là est très touchante, bien plus que dans le pilote), mais qu'Emerson ne digère toujours pas trop bien la pilule, c'est extrêmement savoureux et ça permet d'avoir des échanges très sympathiques, comme par exemple dans la voiture devant la morgue. Chuck et Emerson ne sont pourtant pas en compétition, mais voilà, la petite demoiselle prend beaucoup de place en peu de temps et le contrôle qu'Emerson avait sur le cours des enquêtes s'en trouve menacé. Fort heureusement, notre bonhomme a encore de la ressource (il ne s'agirait quand même pas que l'arrivée de Chuck le réduise à un poids mort, surtout pas), et il le prouvera au moment le plus opportun, en gardant la tête froide pour aider le trio à se tirer d'un mauvais pas.
Chuck ne se laisse pas démonter pour si peu, mais ça lui permet d'avoir des échanges un peu piquants avec tout le monde, plutôt que de se trouver en opposition uniquement avec sa rivale, ou le partenaire de son Roméo.

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques adorables petites loufoqueries qu'on apprend dans cet épisode sur les personnages. Ainsi, Chuck parle un Japonais parfait (mais avec un accent à couper au couteau) et a appris plusieurs autres langues dont le Français, l'Allemand... (il faudrait qu'elle sous-titre des séries, ce serait parfait). Elle a également développé une connaissance des fromages du monde qui a de quoi laisser pantois.
Quant à Emerson, on lui découvre un cri de fillette à se tordre de rire, mais aussi sa fameuse passion pour le tricot.

Entre couleurs folles, excentricités, taquineries et morbidité ambiante, Pushing Daisies confirme ses objectifs : on a une série qui a décidé de cultiver sa différence en dépit de son côté vaguement procédural, et qui ne transige pas sur son grain de folie ou sa tendresse pour cela. Combien de séries procédurales peuvent se vanter de la même chose, hein ? Ne m'obligez pas à donner des noms.

8 mars 2012

[#Piemarathon] 1x01, crème de la crème

BlackMarch

Saviez-vous que Pushing Daisies compte parmi mes séries préférées ? Non ? Je savais que j'allais vous surprendre. Il faut dire que je ne fais quasiment jamais référence à cette série sur ce blog depuis... mon Dieu, depuis bientôt 5 ans. Comme en attesteront, d'ailleurs, les très très rares posts que vous trouverez en suivant le tag au bas de ce post.
Et pourtant, en ce mois de mars un peu exceptionnel, comme en témoigne la bannière qui couronne chacun de mes écrits depuis environ une semaine, j'étais résolue à employer une bonne partie de mon temps à revoir la série, car en réalité ça fait longtemps que je ne me suis pas fait d'intégrale. Et par intégrale, je veux dire "tous les épisodes sauf le dernier", car je ne l'ai encore jamais vu à ce jour. A vrai dire, je ne suis pas encore décidée à ce sujet à l'heure actuelle.

Il m'aurait tout-à-fait été possible de passer ce marathon sous un relatif silence, comme je l'ai fait pour Wonderfalls qui n'a eu droit qu'à deux posts en 13 épisodes et 1 semaine de dégustation, mais voyez-vous, on parle de Pushing Daisies. L'une des séries qui fait battre mon coeur à la simple évocation de son nom. Donc non. Vous allez y avoir droit, les amis, une review par épisode, pour partager mon émerveillement, ma joie, mon délice, et mon émerveillement. Oui, je sais. Cette introduction étant également destinée à servir d'avertissement, passons donc au nerf de la guerre avec le premier des 21 ou 22 posts qui vous attendent pour ce Piemarathon.
...Ah, quel merveilleux mois de mars je vais passer en compagnie de ceux d'entre vous qui supporteront de me voir parler de cette série quasiment chaque jour !

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Lorsqu'on aime une série mais qu'on accepte (moitié à contre-coeur, moitié parce qu'on ne peut quand même pas faire que ça) de ne pas la regarder pendant plusieurs mois, on court rapidement le risque de l'idéaliser, et d'oublier ses torts. Pour une pilotovore telle que votre obligée, évidemment, le risque encouru était bien plus grand avec cet épisode inaugural.
Et pourtant, bien malin celui qui me fera dire que j'ai été déçue ne serait-ce que la plus petite fraction de seconde par cet épisode.

Pushing Daisies est évidemment, d'abord et avant tout, une merveille sur le plan formel. Ses effets spéciaux ne vieillissent pas trop mal, pour le moment. Les couleurs sont toujours le même régal. La musique est un enchantement. Et son immense point fort narratif réside dans cette voix-off incroyablement parfaite, à une époque où pourtant la voix-off est suremployée jusqu'à écoeurement, preuve que ce n'est pas le procédé qui est en cause mais juste son usage massif et souvent médiocre.
C'est également très sophistiqué cette façon qu'a ce premier épisode de jouer avec les flashbacks (encore une fois, un outil qui n'a pas manqué d'être utilisé dans au moins la moitié des séries de ces dernières années) pour nous raconter à la fois cette histoire d'enfance perdue et d'amour retrouvé, sans jamais nous perdre dans la chronologie. On se rend vite compte combien ces aperçus du passé sont aussi nécessaires à l'épisode que peut l'être la voix off. Aucune gratuité dans les choix qui sont faits ici.

Piemarathon_1x01
Entrée en matière colorée, mais aussi morbide (bienvenue dans le Fullerverse), le pielette de Pushing Daisies est donc une véritable friandise dés ses premières secondes, au cours desquelles un petit garçon joufflu perd son chien (et puis non), sa mère (et puis non), et sa mère (et pourtant si), avant de perdre son premier amour.
Et puis non.
Mais outre l'évidente romance, et le tout aussi évident registre funéraire de cette intrigue (et, forcément, de celles qui suivront), il y a aussi quelque chose de terriblement déprimant qui va bien au-delà, dans ce qui se dit en filigrane. Comme les personnages féminins précédents de Bryan Fuller, Chuck a une vie mortellement vide de sens ; à l'instar de George Lass, qui n'avait rien fait de sa vie avant d'avoir l'opportunité de mourir, et Jaye Tyler, qui s'enfonçait volontairement dans le néant jusqu'à ce que des objets inanimés apportent un peu de fantaisie dans sa vie, la pauvre Charlotte Charles n'a connu que les livres et l'enfermement dans la maison de ses tantes. Quant à Ned le Piemaker, il s'en sort à peine mieux puisqu'il traine le poids épouvantable de ses "crimes" d'enfant dans une solitude dont on n'est pas sûrs de savoir qui elle est supposée protéger...
On ne va pas soumettre Fuller à une thérapie à distance ici et maintenant mais il faut quand même bien reconnaître que ses personnages sont morts à l'intérieur. En tous cas, jusqu'à ce qu'il intervienne dans leur existence.

Ce qui est appréciable c'est qu'en dépit du côté conte de fées de la série, personne ici ne se montre irréprochable. Dés qu'Emerson commence à parler de la "dead girl" avec Ned (et avant qu'il lui apprenne qu'il ne s'agisse de Chuck), notre Piemaker se montre très pragmatique et presque aussi sarcastique que son partenaire en affaires ; leur échange est très bon au niveau des dialogues (tous les dialogues sont impeccables de toute façon) mais surtout il souligne combien il n'a aucun cas de conscience à faire ce qu'il fait. De la même façon, Chuck n'est pas une princesse à secourir, et il est par définition trop tard, elle se montre aussi très entreprenante, limite agaçante dans sa façon de s'imposer dans l'enquête sur sa mort. Olive est à la fois une petite chose pétillante et un personnage visiblement bipolaire, comme le montre sa faculté incroyable à mitrailler du regard quiconque ne cède pas à ses caprices. Je préfère ce genre de configuration à une autre dans laquelle les personnages se seraient montrés uniquement charmants, drôles et pleins d'esprit.
En dépit du nombre d'occasions incalculable au cours desquelles je me suis mise devant le pilote, j'avais pourtant réussi à oublier quelques détails qui se sont avérés être de bonnes surprises. Ainsi, je me rappelais un Lee Pace plus minaudant, et je l'ai trouvé bien plus sobre que dans mon souvenir, bien plus sympathique aussi, paradoxalement. Le personnage d'Emerson est au contraire un peu moins cinglant que dans ma mémoire, mais on savoure déjà la moindre de ses interventions.

Ce qui est certain c'est qu'après pareil pilote, je sais déjà que je vais me régaler, et que pourtant j'ai plein de choses à redécouvrir. J'ai hâte de poursuivre, vous n'avez pas idée !

PS : si, comme moi, vous êtes curieux de savoir à quel point mon opinion sur ce pilote a changé avec les années, je vous propose si vous le voulez de relire le post sur le preair.

7 mars 2012

[#Ozmarathon] 4x15, the Irish connection

BlackMarch

Retour à Oz histoire de finir la 4e saison, même si le Black March va sérieusement nous ralentir ensuite. Savourez ce season finale, il n'y aura pas beaucoup de posts consacrés au Ozmarathon ce mois-ci.
Soyons honnêtes, à un épisode du final de la saison, ce n'est pas un grand épisode, et il n'est pas bon, non plus. Tout juste s'il est correct. Disons qu'il n'est pas mauvais, quelques scènes (souvent brèves) le sauvant des abysses de l'oubli auxquels d'autres épisodes sont promis en cette seconde moitié de saison. Si bien qu'on serait presque surpris de réaliser que l'épisode passe vite, tant on est habitués à avoir l'impression que le temps s'écoule plus lentement quand il ne se passe rien de captivant.

Ozmarathon_4x15

Parmi les intrigues qui ne font ni chaud ni froid, on découvre que Chico, dans l'ombre de tant de Latinos depuis des lustres, a une personnalité indépendante (et qu'il a tué Tyrion Lannister) ; voilà qui ne lui donne aucune espèce d'intérêt, si ce n'est que sa petite vendetta contre Omar White donne un peu d'action à ce dernier, qui est en chute libre. Son intrigue est pourtant mortellement banale, une sorte de Mobay sans la question de l'infiltration.
On se captive à peine plus pour le cas Clayton Hugues dont il est impossible de savoir s'il a un but dans l'existence ou si cela fait partie des intrigues de cette seconde moitié de saison qui sont ramenées à l'écran par manque patent d'idées de fil rouge.
La grand-paternité (?) de Schillinger ne nous mène pas non plus très loin. Un pas vers Cloutier, un pas en arrière, un pas vers Cloutier... C'était intéressant quand Vern s'orientait vers quelque chose de nouveau, mais entre son sens déplacé de l'honneur et les pulsions violentes qui animent la communauté des nazis, on a l'impression que c'est un peu un retour à la case départ...

Beecher et les scénaristes semblent quant à eux encore très partagés quant à cette histoire de libération sur parole. On dirait que le but du jeu est à chaque fois d'ouvrir un peu plus la porte de sortie, puis de les voir tous prendre un air renfrogné "bon Dieu de bon Dieu, il va finir par avoir une raison de sortir, ce con". Pourtant, la scène de rencontre avec les parents de sa victime était émouvante, quoique longuette, et la confession finale de la mère, qui avait pourtant sauvagement aggressé verbablement Beecher il y a quelques années, fait un bien fou. C'est rare, les gens sains dans leur tête, dans cette série, après tout, alors autant apprécier. Sauf que, nom de nom, Beecher va vraiment finir par se faire la malle si ça continue. Les scénaristes semblent pris dans leur propre intrigue, et Beecher fait de son mieux pour se faire rembarrer, mais rien à faire. Plus que pour la libération de Beecher, on s'inquiète de cette schizophrénie.

Outre persister à guider Beecher vers la sortie, alors que tout le monde (de part et d'autre de l'écran) la supplie plus ou moins explicitement de faire marche arrière pour le bien de la série, Sister Peter Marie semble également se dévouer toute entière à la cause de William Giles, dont, par contre, on ne demande qu'à se débarrasser. C'est l'occasion là aussi d'une courte bonne scène pendant laquelle la nonne rive son clou plus d'une fois au gouverneur Devlin, décidemment aussi increvable que la mauvaise herbe.
On se demande presque quelle est la relation de la chère soeur avec ce prisonnier, auprès duquelle elle se montre si attentionnée et même particulièrement... tactile. J'ai cru lire dans le regard de Williams qu'il avait envie de déraper, je ne me souviens pas trop de ce que ça donne, si ça donne quelque chose ; à la limite ça peut être plus intéressant que l'intrigue qu'on a eue jusque là entre ces deux-là.

Le match de basket a déjà perdu le maigre intérêt qu'il revêtait. Précédemment, il avait donné aux prisonniers de la prison (certes sous de bien maigres prétextes) l'occasion de se réunir dans un véritable esprit de plaisir en commun. A ce moment-là, McManus semblait être le mouton noir de l'intrigue, avec son besoin viscéral de mesurer ses attributs ; cette fois il est de nouveau l'aveugle qui mène le troupeau à sa perte, provoquant indirectement un échange violent entre prisonniers et gardiens, et conduisant même, par son esprit de compétition exacerbé, à une atroce mutilation de l'un de ses camarades CO, littéralement fauché à un moment où sa vie pouvait s'améliorer. On peut vraiment rien avoir, dans ce bordel.

La bonne nouvelle, c'est qu'il y a de l'action du côté de Kareem Saïd. L'homme succombe aux démons et cette fois, tout le monde peut y assister, là où précédemment son délire mystique comme ses manifestations d'ego étaient passées relativement inaperçues auprès de la majorité de ses pairs. Ce qui est bien c'est que, même si Saïd devient progressivement une bête sauvage, on ne cherche pas à le connecter au goût du sang qu'il pourrait avoir goûté en tuant Adebisi ; c'était une cause indirecte, mais on ne cherche pas à le ressortir sans arrêt et ça me fait plaisir. Je trouve ça plus prometteur que tourner toujours autour de cette question.

Oh, pendant que j'y pense, quelqu'un s'intéresse à la lutte de pouvoir entre Supreme Allah et Burr ? C'est ce que je pensais, on continue.

On compte en général sur Ryan O'Riley pour épicer un peu les épisodes les plus soporifiques, et notre Irlandais préféré ne manque pas à ses devoirs.
Il y a d'abord les entretiens avec sa mère. On ne se captive pas pour cette intrigue dramatique mais elle a le mérite d'être originale, à défaut d'être follement excitante, puisque maman a elle aussi un passé criminel et qu'elle pourrait finir à son tour en prison. Cela peut influer sur les plans d'évasion de Ryan, mais moins que la réaction que lui réserve Gloria (on va y revenir). Ce qui est certainement le plus intéressant, c'est combien tout ou presque chez Ryan est irlandais. Pas étonnant que ça fasse 4 saisons qu'il nous parle de Black Irish et toute cette sorte de choses, même les pans de son histoire qu'il ignore sont fondamentalement liés à la culture irlandaise.
Comme Claire Howell continue de rôder autour de Cyril, Ryan s'arrange pour qu'elle ait un, hm, accident. Certainement l'une des scènes les plus jouissives de cet épisode, Claire finit par se prendre un gros coup de karma dans la tronche, et se brise... le pelvis, punie par là où elle péchait. Ce qui ajoute au sublime de cette scène, c'est la façon dont le prisonnier qui donne un coup de main à O'Riley nous la joue soudain Debbie Jelinsky : "à l'aide", lance-t-il d'une petite voix qui ne trompe personne mais déclenche instantanément l'hilarité. Hey, c'est toujours bon à prendre.
Il ne chôme pas, Ryan, il doit éponger les dégâts de cet épisode rarement excitant. Il commence donc à envisager de faire un sort à l'Irlandais Connolly, avec ses méthodes habituelles. On se rappelle combien Ryan préfère garder les mains clean, et combien ses techniques pour intimider les gens peuvent être variées et originales ; il avait d'ailleurs trouvé à qui parler avec Stanislofsky, ça nous avait fait un très joli duel de cerveaux machiavéliques. Sauf que là, Connolly est un autre numéro, un rustre sans éducation qui ne prend aucun plaisir dans les entourloupes raffinées que lui prépare savoureusement O'Riley ("I get things done, that's my talent"). En répondant par des menaces physiques, Connolly prend (temporairement) le dessus sur Ryan : on est dans un autre registre, celui de la violence pure, et on sait que Ryan ne peut pas concourir dans cette catégorie (la seule fois où il l'a fait, il avait déjà un ascendant psychologique sur sa victime, ici il ne l'a pas). La ruse de Ryan ne lui suffira pas forcément à s'en sortir et c'est pas si mal de le pousser à renouveler ses techniques.
Enfin, après bien des tâtonnements, c'est surtout la relation avec Gloria Nathan qui s'affirme. Comme toujours pour Ryan, les choses relevant de l'émotionnel ne peuvent être indépendantes des choses utiles ; comme on l'avait vu avec la boxe et Cyril, il aime, mais il ne perd jamais de vue la colonne des bénéfices au long terme sur sa survie. Or, quand Nathan lui affirme qu'il existe un truc appelé éthique, qui l'empêche d'accepter sa proposition de s'enfuir avec les O'Riley, et que donc l'évasion tombe à l'eau, il ne reste plus à Ryan qu'à trouver un moyen de signer une trève avec Connolly...
Toutes les intrigues de Ryan se mêlent donc pour le conduire à un cliffhanger qui laisse craindre le pire. Pour lui. Pour tout le monde. Et là, on commence à discuter. En fin de compte, vivement le final de la saison 4 !

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7 mars 2012

No wonder

BlackMarch

Rappelez-vous, c'était jeudi dernier, j'entamais un marathon Wonderfalls, nous étions alors jeunes et innocents, c'était le bon temps. Ma dernière intégrale pour la série remontait, selon toute vraisemblance, au moment où les épisodes non-diffusés se sont montrés, hm, disponibles, et depuis je n'en avais vu que quelques uns en dilettante. Autant dire que mes souvenirs étaient flous.

Et je les aimais bien comme ça, mes souvenirs. Je sais pas, ça avait quelque chose de presque romantique de penser à cette série que j'avais bien aimée et qui reposait là, quelque part, dans les limbes où reposent les séries jadis aimées et disparues si vite, trop vite. Se lancer dans une intégrale était, sans aucun doute possible, une initiative charmante, sympathique et tout ce qu'on veut, mais c'est un peu comme rouvrir une plaie parfaitement cicatrisée : ça relève quand même un peu du masochisme. Cette intégrale Wonderfalls m'aura rappelé à quel point j'aime l'univers de Bryan Fuller. Et à quel point celui-ci est fragile face aux questions d'audiences et de renouvellements. C'est ma faute, je n'avais qu'à tomber sous le charme de l'esprit de Jerry Bruckheimer après tout.

NoWonderWhytheWonderfalls
Malgré mon enthousiasme et ma tendresse pendant ce visionnage, je suis obligée de reconnaître que j'ai vu en Wonderfalls des défauts que je n'avais pas remarqués plus tôt, ou pas mémorisés peut-être. Il faut préciser cependant qu'assez peu d'histoires m'étaient restées en tête, au profit d'une simple sélection de scènes un peu plus marquantes que les autres.

D'abord, ce qui était assez dérangeant avec ce marathon Wonderfalls était l'impression d'avoir affaire à une série à la chronologie épouvantablement floue. Je passe sur le fait que mes épisodes, sur ma cagoule personnelle, n'étaient pas numérotés dans l'ordre apparemment officiel (tel que trouvé sur IMDb par exemple), puisque je me suis bien vite aperçue de la bévue et ai suivi ce guide à la place de ma numérotation. Mais même comme ça, l'enchaînement ne faisait pas beaucoup sens. On ressent de façon assez nette la dispersion des intrigues : alors que le pilote mettait en avant la façon dont Jaye allait se rapprocher de sa soeur Sharon, cette proximité allait vite être tenue pour acquise, avant de se tourner vers une complicité un peu plaquée au premier abord, mais beaucoup plus détaillée, avec son frère Aaron. Lequel se prend de passion pour les extravagances de Jaye sans vraiment bénéficier d'une storyline très stable, puisqu'à intervalles réguliers, ses interrogations métaphysiques et/ou sur la santé mentale de sa frangine sont balayées par les intrigues amoureuses de celle-ci. N'allez pas croire pour autant que cette intrigue aura toutes les faveurs des scénaristes puisque par exemple l'avant-dernier épisode, dans la réserve indienne, en fait totalement abstraction.
Cette inconstance est certainement, en partie, due au flou qui semble ou a semblé entourer pendant longtemps l'ordre officiel des épisodes, mais quand même les résumés des épisodes précédents et les références internes dessinent une chronologie de fait, il faut bien avouer dans ce cas que le problème ne vient pas simplement de l'ordre de visionnage. Contrairement à d'autres séries, Wonderfalls ne semble pas parvenir à avancer sur tous les fronts à la fois de façon régulière, et du coup c'est un peu inconfortable de voir une intrigue supposément capitale être reléguée plus ou moins temporairement.
J'ai peine à croire ce que je vais dire, mais dans ce cas il fallait peut-être se limiter à un formula show.

Il y a ainsi beaucoup à dire de la vie sexuelle de Sharon qui, même si on imagine que c'est en grande partie grâce aux exécutifs de la FOX, rompt avec sa petite amie, avant d'être mystérieusement en couple avec elle à nouveau quelques épisodes plus tard, et dont la vie amoureuse sombrera dans le chaos avant et après cela. De la même façon, difficile de comprendre comment le vol de la statuette de singe peut passer à l'as pendant autant d'épisodes avant d'être mystérieusement ramenée sur le tapis afin de consacrer un épisode au psy. Que n'a-t-elle pas été restituée entre temps par la mère de Jaye qui prétendait que le psy refusait de la recevoir tant que l'objet ne lui avait pas été rendu ? Sans parler de la femme de ménage qui surgit de nulle part dans le 5e épisode, soi-disant alors qu'elle a quasiment élevé les enfants de la famille Tyler, et qui n'a même pas la bonne grâce de réapparaitre ensuite...
A n'en pas douter, voilà des errances qui ont coûté cher à la série autant qu'elles ont probablement dû participer à sa quête pour la survie. Dans le cadre d'un marathon de moins d'une semaine, on recolle facilement les morceaux, le cerveau fait vite la gymnastique nécessaire pour réorganiser les choses à peu près chronologiquement ; pour les épisodes initialement diffusés (une minorité, il est vrai) à une semaine d'écart, c'était forcément un problème d'une toute autre ampleur.

Au milieu de ce chaos, on se prend, ou reprend, d'affection pour la plupart des personnages, même si Jaye quitte bien vite ses habits de grande sarcastique pour devenir une héroïne plus classique, notamment au cours de son intrigue amoureuse avec Eric. Son entourage est en tous cas solide, à commercer par Mahandra, parfaite en meilleure amie qui ramène les pieds sur terre mais n'existe pas qu'au travers de l'héroïne, de Sharon, grande soeur hilarante grâce au don inné de Katie Finneran pour la comédie (on ne le croirait pas aujourd'hui en la voyant se compromettre dans I hate my teenage daughter...), Aaron, le petit frère qui fouine partout mais qui n'est pas agaçant grâce à son air un peu dans la lune, inoffensif, et les parents, qui bien qu'en retrait, forment toujours un très bon tandem, efficace à merveille lorsqu'il s'agit de souligner l'absurde d'une situation.

Et l'absurde, Fuller s'y connait. Certains savent extraire l'humour de l'absurde, Fuller en tire de la magie. C'est d'ailleurs incroyable de voir à quel point Wonderfalls est le chaînon manquant entre Dead Like Me, déprimante et consacrée à un travail d'introspection jamais tout-à-fait noir (justement grâce à l'absurde), et Pushing Daisies, avec son grain de folie entièrement assumé et son univers définitivement fantasque. Ca commence à être particulièrement visible, et ce n'est probablement pas une coincidence, dans l'épisode au cours duquel Jaye tente de se porter au secours d'une nonne. On y retrouve l'envie de déconner comme la quête intérieure, qui sont des constantes dans l'univers de Fuller à ce jour (m'étonnerait un peu que Hannibal nage dans ces eaux-là ; Mockingbird Lane, si elle voit le jour, a par contre plus de chances d'être un nouveau maillon de cette chaîne), avec une véritable oscillation entre un propos ouvertement interrogateur sur la spiritualité (tendance introspective de Dead Like Me, donc) et situations rocambolesques laissant s'échapper une part indiscutable de tendresse véritable (plutôt du domaine de Pushing Daisies). Même quand c'est le bordel dans sa storyline, une série Fuller a toujours beaucoup de coeur et d'affection pour ses personnages, et c'est ce qui la sauve ; le petit truc en plus, c'est probablement qu'elle arrive à partager cette inclination avec les personnages les plus passagers, sans jamais les pousser à se prendre totalement au sérieux. C'est pour ça que ces séries marchent même quand elles sont un peu moins solides narrativement que d'autres.

Autre évolution naturelle, la réalisation elle aussi se déride avec la progression de la saison, et ça fait un bien fou. Là où au départ, le pilote de Wonderfalls s'entêtait à préserver le status quo entre les questions sur la santé mentale de son héroïne et les aspects fantastiques, la série s'autorise progressivement à se laisser gentillement interner à mesure que les intrigues se succèdent. Avec une inventivité sans cesse renouvelée, elle joue sur son principe, ses gimmicks, ses animations et ses personnages d'un jour, pour pimenter toujours un peu plus son univers. Et ça nous donne d'ailleurs droit à une palette de guests pas piquée des hannetons. Rappelons ainsi (je l'avais moi-même oublié) que l'épatante Rue McClanahan viendra par exemple y incarner une star de Niagara Falls sur le retour. D'ailleurs il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont la série tire admirablement partie de son contexte, de la richesse de son origine géographique, mais sans (et c'est ironique) donner dans la carte postale.

Cette intégrale Wonderfalls m'aura rappelé à quel point j'aime l'univers de Bryan Fuller ; sa loufoquerie sans clowneries, ses intrigues improbables, et pourtant toujours autant touchantes que perspicaces sur les tracas humains, et ses personnages attachants même si pas toujours très complexes. Ce n'est pas forcément la série que je considèrerai comme une perle, et en cela, l'émerveillement s'est parfois avéré limité, mais c'était quand même une semaine drôlement chouette dans le Fullerverse.

Chic alors, ça tombe bien, maintenant c'est une intégrale Pushing Daisies qui est au programme !!!
Dites-donc, je me tâte, je vous fais de la review au quotidien ou...?

6 mars 2012

Las tijeras del amor

BlackMarch

Avec toute la bonne volonté du monde, je suis incapable de trouver une telenovela qui ait des sous-titres.
Non, pardon, il me faut préciser : une telenovela qui m'attire et qui ait des sous-titres anglais. C'est plus honnête comme ça, reconnaissons-le.

Parce que des telenovelas avec des sous-titres, on en trouve par exemple sur Amazon (où une personne bien intentionnée a fait une liste probablement non-exaustive, par exemple) (n'oubliez pas, c'est Black March), mais le soucis c'est que ce ne sont pas là des séries qui m'attirent, et pour s'en assurer il suffit de lire les titres, ça marche dans 90% des cas pour connaitre le sujet de la série : s'ils contiennent les mots "amor", "pasion", "corazon" ou encore "destino", c'est que ça parle d'amour, de passion, de coeur, de destin, autrement dit c'est le cliché-même de la telenovela. Et dans ces cas-là, je n'y peux rien, j'ai un frisson désagréable qui me prend depuis les reins jusque dans la nuque, je me sens pas bien, j'ai le teint qui vire au vert, et je finis malade. On pourrait penser que j'exagère, sauf que j'ai déjà de gros problèmes avec les romances anglophones (ou sud-coréenne, c'est même ma grosse pomme de discorde avec ce pays), alors vous pensez bien que dans une telenovela...
Donc les amours impossibles, les triangles amoureux, les machins, tout ça en Espagnol que je ne parle pas, ça ne donne pas envie.

UnaMaidenManhattan
Actuellement, Una Maid en Manhattan, par exemple, diffusée par Telemundo, est l'exemple typique de série pour laquelle il faudrait me supplier pour que je regarde. On peut être curieux sans fouler aux pieds ses préférences personnelles, non ?!

Corazón Valiente, qui débute ce soir sur Telemundo également, ne trompe personne, en tous cas. J'avoue que j'ai jeté un oeil au pilote, disponible sur le site de la chaîne, et que j'ai eu l'impression que même la telenovela en espagnol était doublée en espagnol. Ca n'encourage pas à faire des découvertes ! L'histoire n'est pas très attrayante non plus, puisque les deux héroïnes, amies depuis l'enfance, deviennent gardes du corps, l'une tombant amoureuse de l'homme qui est sous sa protection (évidemment, il est marié à une pétasse insupportable, mais il a une fille avec elle et le sens du devoir donc ça va durer plusieurs dizaines d'épisodes), et l'autre qui se débrouille même pour tomber sous le charme du fils du trafiquant qui l'avait fait kidnapper quand elle était enfant. Il y a, certes, un peu d'action en perspective, mais qui semble plutôt vouée à servir ici de prétexte.

Je parle beaucoup de Telemundo parce que ça fait plus de 10 ans maintenant que la chaîne nord-américaine propose des telenovelas maison (au lieu de simplement rediffuser des séries achetées en Amérique latine), qu'elle les diffuse avec des sous-titres anglais, et pourtant c'est toujours la galère pour y avoir accès : pas de DVD, du streaming sans sous-titres, bref c'est infernal. Même par des moyens illégaux ! A désespérer des pirates.
Après on est d'accord que la qualité n'est pas absolument au rendez-vous ; entre le jeu des acteurs et la réalisation, on ne peut pas dire qu'on soit dans le haut du panier téléphagique, mais encore faudrait-il avoir accès à une variété décente de séries pour s'en assurer, et dans de bonnes conditions de découverte évidemment.

LaReinadelSur
C'est pour ça que j'étais quand même plutôt contente d'apprendre que France Ô avait fait l'acquisition de La Reina del Sur (ci-dessus), même si j'avais trouvé le pilote assez peu emballant quand je l'avais vu, à l'époque sans sous-titres ; à ce propos, je me suis aperçue en rédigeant ce post que les deux premiers épisodes étaient encore visibles en streaming, en VF et sans débourser un rond pendant 7 jours, à mon avis ça ne fonctionne donc plus que pour quelques heures, donc urgez-vous (moi-même je vais voir comment se passe le deuxième épisode par rapport au premier dés que j'aurai posté cet article). Hélas cent fois hélas, depuis que je n'ai plus de télévision, j'ai toutes les peines du monde à me discipliner pour allumer adsltv à une heure précise et à être au rendez-vous pour une diffusion. C'est un vrai problème et je me demande combien de téléphages pratiquant une consommation essentiellement basée sur le cagoulage partagent cette préoccupation, d'ailleurs : plus je cagoule, moins j'arrive à regarder mes séries à une heure imposée.
Sans compter qu'il y a le douloureux problème du doublage, déjà assez difficile à supporter en temps normal, mais qui confine à l'insulte dans le cas des telenovelas (et c'est pourtant quelque chose qu'on sait depuis la diffusion de Rubi par M6 ; las, le public des telenovelas n'est pas vraiment celui qui affectionne les sous-titres).
Dans ces conditions, j'ai fait une croix sur la diffusion de La Reina del Sur dés le matin du 1er mars, quand j'ai réalisé que, damned, j'avais ENCORE oublié de me mettre devant mon écran à l'heure dite, et que de toute façon, la version française n'est pas un moyen idéal pour découvrir une fiction sur laquelle on a quelques préjugés.

A tout prendre, le genre de série qui m'attire serait plutôt les "narconovelas" et assimilées : ce courant récent de telenovelas (une dizaine d'années environ) qui, même si inévitablement parlent de romance, laissent aussi la part belle à l'action, et même, à la violence.
Les histoires sont souvent dérangeantes, voire même trash (rappelez-vous de Sin Tetas No Hay Paraíso, qu'on a déjà évoquée) et là on commence à discuter. Instinctivement je serais tentée par ces séries, comme beaucoup de téléphages classiques, il me semble, pourraient l'être plus facilement que par une romance niaise. Si seulement on en avait la possibilité de façon décente.

Rosario Tijeras est l'incarnation de tout ce qu'un pitch de telenovela peut me donner envie de regarder, et c'est une série sur laquelle j'ai l'oeil qui traine depuis de nombreux mois, convoitant en secret ses épisodes, puis me ravisant chaque fois que je mets la main dessus. Car, sans sous-titres ? La VOSTM, ça va pour un pilote, mais sur 70 épisodes, euh...
Mais malgré ce, oh, tout petit inconvénient, rien ne m'attirera, je pense, autant que Rosario Tijeras, et il y a de fortes chances qu'un jour je succombe à la tentation. Aussi je vous en délivre le résumé.
Il s'agit de l'histoire d'une jeune fille qui a grandi dans un bidonville, qui est violée à 14 ans, et qui se sort de cette horrible expérience en, hm, Messieurs ne lisez pas la fin de cette phrase : en castrant l'un de ses agresseurs avec une paire de ciseaux. Je vous avais prévenus. Elle grandit avec, on s'en doute, un tout petit peu de haine, et se met à vouloir se venger des hommes... sauf que bien-sûr elle va en rencontrer deux, diamétralement opposés, et son coeur va balancer tout en les entrainant dans son sillon de destruction. Voyez comme tout de suite, avec une histoire pareille, l'intrigue amoureuse, on s'en tape un peu. Même si on n'y échappera pas, et ça fait partie des bases du genre après tout, on sent bien qu'il se trame quelque chose dans Rosario Tijeras qui n'est pas exactement le cliché de la telenovela romantique.
Et puis, María Fernanda Yépez sait se montrer convaincante, aussi :

RosarioTijeras Rosario Tijeras, qui fait très envie. Téléphagiquement, je veux dire.

Bien bien bien. Donc en fait, je voulais juste dire que, les telenovelas, cycliquement j'essaye de m'y intéresser, mais je trouve que pour le moment, on n'est pas aidés. Que les chaînes mexicaines, colombiennes, argentines et autres ne tentent pas de rendre leurs produits attirants pour le public téléphage, bon. Après tout ces séries se vendent très très bien à destination des ménagères, qui est son public-cible et qui permet à ces séries de s'exporter sans grande peine depuis des années (même si dans de plus en plus de pays, on constate un recul de la telenovela au profit... des romances sud-coréennes). Pourquoi les chaînes sud-américaines changeraient-elles une politique qui marche ? Pour intéresser les téléphages, au pire, elles ont de toute façon les nocturnas (genre Lynch qui commence bientôt et qu'on a pu évoquer ; gageons que celles-ci seront plus facilement prises en main par des fansubbers hispanophiles), et les vaches sont bien gardées.
Mais si les chaînes au moins nord-américaines ou françaises s'en donnaient la peine, et proposaient des telenovelas plus faciles d'accès pour un public plus exigeant, on pourrait peut-être enfin leur donner une chance ! Sans vouloir vous commander.

Je sais bien que mes protestations de téléphage resteront lettre morte. Dans certains domaines, je suppose que si on veut vraiment être curieux, on n'a qu'à pas être regardant, et pis c'est tout. Mais j'avais envie de râler, voilà.
Et, oui, je me sens mieux de vous avoir dit ce que j'avais sur le coeur, merci d'avoir demandé.

5 mars 2012

Prison Breaking News

BlackMarch

La nouvelle de ce weekend, en Australie, est un projet de remake. Ca n'a l'air de rien, là, comme ça, parce qu'il s'agit d'un remake pour une série australienne que personne ici ne connaît, et pourtant, c'est d'un véritable morceau d'histoire télévisuelle dont je m'apprête à vous parler, ce qui ne gâche rien de ce nouveau post Love Actuality qui, outre vous parler d'actu, va également se montrer éducatif. 'Fin j'espère.

Cette série d'origine, c'est Prisoner, diffusée à partir de 1979 par Ten.
Alors, bon, non. Pas The Prisoner (plus connu chez nous sous le titre Le Prisonnier), série britannique internationalement reconnue, évidemment, ni sa version AMC de 2009, sans quoi ce serait trop facile, et pas non plus Prisoner, le dorama nippon de WOWOW, ce qui commence à faire beaucoup de séries de par le monde portant un nom insupportablement similaire.

PrisonerAU
Bien avant Bad Girls ou Capadocia, la série australienne Prisoner se déroulait dans une prison pour femmes. Le concept n'était pourtant pas nouveau déjà à l'époque : c'était déjà l'adaptation d'une série britannique nommée Within These Walls ; laquelle avait connu un succès modéré sur les ondes australiennes au moment de sa diffusion. Mais apparemment, ça suffisait à inspirer une version australienne. Inspirer seulement, car le modèle de Prisoner allait finir par être bien différent de celui de Within These Walls.

Prisoner commence comme une série hebdomadaire pourtant, comme Within These Walls, et à l'origine, le network Ten en commande 16 épisodes d'une heure. Ces épisodes sont des stand-alones, mais ça n'arrête pas le public, qui est très vite au rendez-vous : apparemment, le spectateur australien est extatique à l'idée de voir une prisonnière se pendre dans sa cellule ou de découvrir comment une autre a sauvagement poignardé son mari dans la douche (façon Psychose). Et je vous passe l'incontournable intrigue lesbienne. Prisoner est extrêmement violente et graphique, c'est clair, mais ça marche.
Le succès de la série est tel que cette commande initiale est rapidement portée à 20 épisodes, diffusés à raison de 2 par semaine. Et là forcément ça pose problème en matière de production, car aucune production australienne ne peut soutenir un tel effort.

On est à la fin des années 70 et, à ce moment-là, la télévision australienne est alors encore pas mal étouffée par l'importation de fictions britanniques et américaines. Même si dans les années 60, les autorités ont instauré des quotas de fiction nationale, cela ne change rien au fait qu'il est moins cher d'acheter les droits de diffusion d'une série étrangère que d'en produire localement. Alors, même s'il existe des séries au format hebdomadaire plus classique depuis un bout de temps, ces fictions ne sont pas la norme : le soap est en plein boom dans ces années-là, tout simplement parce que c'est moins cher à produire pour atteindre les quotas de production locale, il n'y a pas à chercher très loin.
A partir des années 70, la plupart des séries importantes et innovantes de la télévision australienne se calqueront donc sur le modèle de production et de diffusion des soaps, qu'il s'agisse de séries osées comme Number 96 et The Box (respectivement 1972 et 1794), de séries médicales comme The Young Doctors (1976), ou de soaps plus classiques mais définitivement marquants, comme le sera quelques années plus tard Neighbours (1985), qui est d'ailleurs encore à l'antenne aujourd'hui.

Alors, aussi étonnant que ça puisse paraître vu son sujet, Prisoner va devenir une série carcérale quotidienne. Et devinez qui a créé Prisoner ? La même personne qui a créé The Young Doctors et qui créera Neighbours : Reg Watson. La réponse était donc dans l'énoncé.
A l'issue de sa première saison, en 1980, Prisoner commence donc à passer au format soap, et survit incroyablement bien au changement de format ainsi qu'à l'hémoragie d'actrices qui en résulte. Il faut dire que plusieurs des personnages avaient commencé à quitter la série lorsque la commande avait été prolongée, à commencer par Franky Doyle (qui est restée l'une des figures les plus mémorables de la série), mais à partir de la saison 2, cela devient patent. Du coup toute une nouvelle génération d'héroïnes va arriver au coeur des intrigues, certaines ayant été jusque là des personnages secondaires. Parmi elles, Bea Smith allait devenir l'une des figures fortes de la série.
Je vous passe tous les détails de son évolution, mais en tous cas, Prisoner va s'achever finalement au bout de 8 saisons et pas moins de 692 épisodes ; et avec une vraie fin, en plus, la production ayant été avertie à l'avance.

L'histoire pourrait s'arrêter là mais Prisoner était devenu un véritable objet de culte.
Déjà, la série s'était très bien exportée, même si, en raison de son titre, elle sera rebaptisée Prisoner: Cell Block H pour les USA et la Grande Bretagne, Caged Women au Canada, et Kvinnofängelset en Suède (où apparemment une convention sur la série est encore organisée chaque année). Il y a eu un téléfilm faisant office de spin-off sur l'un de ses personnages les plus emblématiques (Franky Doyle, souvenez-vous), bon, classique, ainsi qu'un remake américain qui, hélas, n'aura duré qu'une saison en syndication, et intitulé Dangerous Women...
Mais, plus original, Prisoner a aussi été adaptée en pièce de théâtre et en comédie musicale ! Et je ne vous parle pas des bouquins, du 45 tours avec le générique de la série (devenu 1e des charts), et plus tard, des DVD.

Alors du coup, comment vous dire ? L'an dernier, quand le network Ten a lancé un projet intitulé Inside Out, supposé se passer intégralement dans une prison pour femmes, et qu'en parallèle, quand le groupe Foxtel a commencé à massivement rediffuser Prisoner (dont elle avait acquis les droits de diffusion)... les gens ont un peu fait la relation. Il allait clairement se passer quelque chose, sur un network ou sur le câble, mais quelque chose. Depuis le temps qu'on attendait un revival, un remake, un spin-off, un sequel ou quelque chose, ça devait arriver !
Pourtant, Ten a très vite mis son projet Inside Out entre parenthèses ; il devait être diffusé en 2011, et finalement on n'en a jamais vu la couleur. Les désaccords avec l'équipe créative étaient apparemments trop forts, car avec une commande de 6 épisodes, la production envisageait de faire une série bien à part, quand Ten voulait absolument en faire un dérivé de Prisoner. Du coup, Inside Out a fini au placard l'été dernier.

Par contre, hier, et ça c'est donc la grande nouvelle, Foxtel a annoncé avoir mis en chantier Wentworth (l'ironie de l'appellation de cette série n'aura pas échappé aux fans de séries carcérales), produite par la même société de production que Prisoner (aujourd'hui rachetée par Fremantle), et supposée être une version révisée et moderne de Prisoner. On devrait y assister à l'arrivée de Bea Smith en prison, et assister à sa montée au pouvoir au cein du fameux bloc H.
Le cast devrait être annoncé avant la fin du mois et le tournage, à Melbourne, commencer sans trop de délais, afin d'être diffusé sur W (la chaîne qui proposait déjà Spirited) avant la fin de l'année. Et sur le câble/satellite s'il vous plait, donc avec une certaine liberté.

Il faut cependant noter que, si les rediffusions de Prisoner, 30 ans après, continuent de faire des audiences très décentes, le public est forcément un peu réticent à l'idée d'avoir droit à un remake. La série marche donc sur la corde raide et est attendue au tournant.
Mais à l'heure où notre Ozmarathon est en pause (conséquence indirecte du Black March), je vous avoue que la perspective d'une nouvelle série carcérale me réjouit. Hélas, la conséquence directe du Black March, c'est que je n'ai jamais cagoulé d'épisode de Prisoner et que maintenant ça va devoir attendre le mois d'avril...

4 mars 2012

[DL] Miss Fisher’s Murder Mysteries

BlackMarch

Je confesse que, sachant que Black March imminent, je m'étais gardé quelques séries en réserve, et notamment des pilotes. L'idée était de ne rien cagouler de plus ou de moins, simplement de faire preuve de patience avant de déballer certains épisodes, histoire que la protestation ne se transforme pas en privation (le plus sûr moyen de ne pas tenir mes engagements).
C'est ainsi que Miss Fisher’s Murder Mysteries fait partie des pilotes dont j'ai bien l'intention de me régaler plus tard ce mois-ci, bien que la scène d'ouverture soit très sympathique, et le générique très alléchant.

MissFishersMurderMysteries
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Et puis franchement, comment résister au charme d'Essie Davis ? Le générique montre clairement qu'une grande emphase sera mise sur la présence de cette superbe actrice ; outre l'ambiance musicale délicieusement cliché et le côté exagérément rétro, on sent bien que les images mettant en avant son regard bleu et ses pommettes saillantes virent quasiment au culte de la personnalité. Pas moi qui vais m'en plaindre.

En attendant de regarder l'épisode, donc, voici un plutôt bon générique à se mettre sous la dent.

3 mars 2012

We are the 80s

BlackMarch

C'est bien souvent pour des raisons assez fallacieuses (genre : pas de vraie source d'information sur le long terme) qu'on ne vous parle pas beaucoup de télévision russe. C'est un tort que je m'en vais aujourd'hui réparer, et profitez-en bien, on ne sait pas quand sera la prochaine fois.

Pour que des news nous parviennent au sujet de la fiction russe, il faut qu'il se soit VRAIMENT passé quelque chose. Des séries russes, il y en a, pourtant, comme vous le prouvera rapidement un clic dans les tags de ce post, se référant à Kak ia Vstretil Vashu Mamu, Interny, Maia Prekrasnaia Niania, Shkola... ou plus anciennement Vyzyvaem Ogon na Sebya. Je vous l'accorde au vu du nombre de tags que je peux vous suggérer, je ne parle pas de télévision russe souvent non plus. C'est un tort. Faudra que je tente un post sur le pilote de Tcherkizona un jour, tiens.
Le problème c'est donc que pour le moment, c'est pas facile-facile de mettre le grappin sur des infos les concernant, ces séries, même si elles existent, preuve en est faite. La Russie est un peu comme les pays arabes avec ses fictions : pas très motivée quand il s'agit de sortir de son cercle linguistique. Et entre nous soit dit, puisqu'on est en petit comité, le matériel promotionnel des séries russes est souvent très moche et pas très attractif (il parait que dans la plupart des pays occidentaux, le jaune est considéré comme une couleur cheap, eh bien en Russie apparemment non, à commencer par la chaîne STS). Et je le prouve.

Vosmidesiatye
Aujourd'hui on donc va parler de Vosmidesiatye (soit, donc, Восьмидесятые si vous savez déchiffrer le Russe ou que vous voulez vous y mettre, un titre de série à la fois ; eh, faut bien commencer quelque part), une dramédie qui, comme son nom l'indique, se déroule dans les années 80. Si je vous le dis.

Et si j'ai entendu parler de Vosmidesiatye, lancée le 30 janvier dernier sur STS (qui a diffusé ses 12 épisodes d'une demi-heure en quotidienne, à 19h30), c'est parce qu'elle a fait des audiences assez spectaculaires en prime time où elle a atteint des scores record le soir du pilote, du genre 23% de parts de marché en général, et 20% sur la cible ô combien privilégiée des 14-44 ans. La série a permis à STS de prendre la pôle position dans cette case horaire aussi bien sur la région de Moscou qu'au niveau national, et c'est apparemment un exploit parce que mes sources soulignent toutes ce fait (pour ce que j'y connais en audiences russes, hein, je vais pas m'amuser à contester...). Avec Dnievnik Doctora Zaitsevoi, une comédie romantique en milieu médical, la série a ainsi permis à STS d'améliorer sensiblement ses audiences de ce début d'année, notamment sur la tranche des 16-54 où la chaîne est passée 2e (il semblerait que la chaîne occupait la 4e place sur la même période en 2011).

Bon tout ça c'est bien gentil mais ça ne nous dit pas grand'chose de l'intérêt de Vosmidesiatye, à plus forte raison parce que Dnievnik Doctora Zaitsevoi se ramasse des remarques lapidaires sur l'une des rares sources anglophones que j'ai trouvée à son sujet, et que, de toute façon, c'est bien connu, les audiences ça ne nous dit rien sur la qualité intrinsèque d'une série. J'ai donc pris sur moi de cagouler le pilote de Vosmidesiatye, que je me suis ensuite mis sous le coude en attendant le Black March, et, eh bien, on est en mars.

Sur fond de bande-son très typique des années 80, limite stéréotypée, Vosmidesiatye suit Vania Smirnoff, un jeune étudiant qui, en 1986, quitte le foyer de ses très modestes parents, et commence à prendre son indépendance en s'installant dans le dortoir de son université. Outre le temps qu'il passe avec son copain Sergei et son nouveau camarade de chambre Boris, il y découvre aussi l'amour, ou du moins essaye, avec la très jolie (ce sur quoi je suis assez d'accord) Inga, une jeune femme un rien prétentieuse, mais pas méchante, venue d'un milieu aisé et qui a connu la vie à l'Ouest.
Evidemment ses sentiments ne sont pas partagés, sinon ce serait trop facile. Cela devrait se compliquer, à en croire le site officiel de la série, quand une dénommée Katia va débarquer dans la série, mais dans le pilote, pas de Katia en vue.
A la différence socio-culturelle, il faut ajouter que Vania est l'un de ces personnages qui cumulent maladresse et poisse. Dans le pilote, cela s'illustre par exemple alors que la fac entière se retrouve pour célébrer l'installation dans les dortoirs de l'université, et que notre Vania se retrouve coincé dans un ascenseur avec la gardienne de l'immeuble (aisément) quincagénaire, pendant que ce dragueur de Sergei approche Inga. On est pas dans la comédie grossière à laquelle on pourrait s'attendre dans pareille situation caricaturale, mais on ne peut pas dire que les troubles de Vania soient hilarants ou touchants non plus. Cela dit, la conclusion de la scène mettant en parallèle Vania tentant de sortir de l'ascenseur avec l'aide de la gardienne, et Sergei approchant Inga m'a fait sourire un instant.

Peut-être qu'en réalité, l'intérêt de Vosmidesiatye tient dans le fait que la famille Smirnoff ne se résume pas à Vania. On passe ainsi du temps avec ses parents, qui, tout en essayant de prendre leurs distances avec leur fils aîné qui le leur réclame de façon un peu violente (limite crise d'adolescence en retard), continuent leur petite vie avec leur plus jeune fils Misha, âgé d'environ 5 ou 6 ans. Ca n'a rien d'épatant en soi, entre le dîner avec Kolia (l'oncle de Vania) ou les aventures pour déménager les affaires de l'étudiant, mais ils sont assez touchants quand même, ces deux-là, et surtout, ils ont un côté ordinaire qui permet de se mettre plus facilement dans la peau d'un Russe des années 80.

Difficile de nier dans tout ça que Vosmidesiatye vaut principalement pour son côté nostalgique plutôt que par ses intrigues ; mais sa nostalgie, la série la tire de quelque chose de relativement réaliste, et c'est une plutôt bonne nouvelle. Le plus grand mérite de la dramédie est probablement d'essayer d'associer son propos un peu simpliste et idéalisé sur les années 80, auquel on s'attendait forcément un peu, avec une envie de ne pas non plus en rajouter dans les stéréotypes tels qu'une série américaine se plairait sans doute à les montrer, à grand renfort de couleurs flashys, ou de tenues et de coiffures impossibles. Il faut dire qu'évidemment, la situation des deux pays à ce moment-là n'est pas la même, mais enfin, idéalisme nostalgique pour idéalisme nostalgique, ça aurait quand même pu être pire.
Le choix de montrer des personnages en général pas très riches permet ainsi de rappeler des détails qui, à coup sûr, feront sourire les Russes qui, comme Sergei, ont eux aussi utilisé de l'eau sucrée pour remplacer le gel pour les cheveux, par exemple.

En cela Vosmidesiatye accomplit quand même bien sa mission de voyage dans le temps, et ça se sent au niveau de la photographie.

Pas facile d'avoir un peu d'intimité à la maison On est d'accord, donc : Inga est mignonne Sergei, charmant copain au demeurant, mais ptet un peu trop justement Vue de l'ascenseur Papa et Maman Smirnoff

Alors au final, Vosmidesiatye n'est pas une immense réussite qui va vous convaincre que la télévision russe regorge de merveilles (pourtant il y en a, forcément il y en a !), mais c'est quand même une petite série honnête, un divertissement familial pas abrutissant même s'il ne promet rien, au vu de son pilote, de révolutionnaire.
Suffisamment sympatique en tous cas pour faire des audiences extraordinaires, après tout, et finalement peut-être que, si ça ne nous dit rien sur les qualités d'une série en termes de narration, d'interprétation ou de production, ça signifie quand même un peu quelque chose.

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