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ladytelephagy
borgen
17 avril 2011

Home Bittersweet Home

C'est une vieille fascination née par hasard. Ou peut-être révélée à ma conscience par hasard.
Un documentaire. Des décors merveilleux de rudesse et de beauté simple. De la lumière comme s'il en pleuvait, et une nuit opaque et confortable. Une langue envoûtante aux claquements et roulements intimes.
J'ai une certaine fascination pour la Suède, et par extension pour la Scandinavie. Ca fait bien 10 ans. Et ça fait aussi 10 ans que je me promets qu'un jour, j'apprendrai le Suédois. Que j'irai (alors que je n'ai pas envie d'aller au Japon). Que je m'installerai, même, peut-être (pour mes vieux jours, si je me débrouille bien). Mais je n'en fais rien, et je crois que j'aime l'idée que j'y viendrai plus tard, beaucoup plus tard. Que c'est quelque chose qui m'attend. Un horizon qui correspond au moi que je ne suis pas encore. Alors je ne tente rien de lire ou d'écouter. Je ne regarde pas le prix des billets d'avion et je ne me lance pas dans l'achat de méthodes diverses et variées. La Scandinavie peut attendre.

Ce qui a tout changé, c'est Scénaristes en Séries. J'avais vu quelques pilotes scandinaves à l'occasion des articles pour SeriesLive, mais très peu avec des sous-titres.  Et puis, je n'avais lancé les articles que pour Scénaristes en Séries, de toute façon.
Et me voilà dans le matin d'Aix-les-Bains, sous la bruine, à découvrir des séries sous-titrées dont je n'attendais pas tant. Ah, il faudra que je vous reparle de Borgen, d'ailleurs, faites-moi y penser dans quelques semaines lorsque les choses se seront calmées. Il y a eu, donc, les coups de coeur Borgen, Kommissarie Winter, et dans une moindre mesure, Alamaailma Trilogia. Depuis, il y a eu Forbrydelsen et Lykke, pour ne mentionner que ces séries. Et s'il est vrai que je n'ai pas forcément eu de coup de coeur devant Lulu og Leon, je dois admettre que j'avais bien aimé le pilote (a contrario de En God Nummer To, pas vraiment ma came). Bref depuis le mois d'octobre, je me sens pousser des ailes, comme si on me poussait à être impatience, à ne plus attendre de venir à ma vieille obsession que je pensais laisser couver encore un peu.

C'est qu'il y a de quoi s'enthousiasmer ! Chaque fois que je regarde une série scandinave (là, tout de suite, ne me vient aucune exception à l'esprit), j'y trouve une forme d'exotisme, ce qui est quand même ce que je cherche quand je regarde une série étrangère, même si cet exotisme peut prendre des formes très diverses, et en même temps il y a un côté particulièrement familier. Si je proteste chaque fois qu'on me dit que la fiction scandinave reflète bien le côté froid de ses pays de provenance, c'est tout simplement que pour moi, ce n'est pas froid du tout. Je m'y sens très facilement chez moi, et si ce n'était la barrière de la langue, je trouverais ça aussi confortable que quand je regarde des séries américaines ; qui, elles aussi, à bien y réfléchir, présentent de l'exotisme, et à vrai dire je m'en rends encore plus compte maintenant que je m'aventure toujours plus loin.
Mais si vous le permettez, j'aborderai éventuellement le ressenti que j'ai avec la fiction de chaque pays dans un post futur, car ce n'était pas l'objet de mon post. Je voulais simplement poser le cadre, pour bien vous faire comprendre dans quelles circonstances j'ai abordé Koselig Med Peis. Car maintenant, la fiction scandinave, je m'y sens vraiment bien, et je n'ai plus envie d'attendre pour m'y mettre (et du coup, reviennent au galop les plans linguistiques et les envies de voyage, mais passons).

KoseligMedPeis_Title
J'ai regardé le pilote de Koselig Med Peis (sans sous-titres, mais je songe sérieusement à y remédier) en ayant l'impression de me retrouver dans le même genre d'univers qu'un film indépendant. Genre Juno, mais plus indé. Il y avait un côté "on est un peu hippie sur les bords et on aime bien utiliser des meubles vintage partout" qui était un pur régal, et qui en même temps s'inscrivait totalement dans la démarche de la série. Et il est franchement rare que, d'ailleurs, la forme participe autant au fond.

Car l'histoire est la suivante : après une rupture difficile (et encore, ça ne s'est pas tout-à-fait calmé) avec une jeune chanteuse populaire, Georg retourne rendre visite à ses parents. Enfin, non, pas tout-à-fait, car ils ne vivent plus ensemble : sa mère, Bente, est partie vivre avec une autre femme, laissant son père Frank seul dans la maison familiale où Georg et son frère Terje ont grandi. Lorsque Georg passe une tête dans ladite maison familiale, il découvre une vieille bâtisse qui semble restée bloquée dans les années 80, à la différence près que la poussière, elle, a continué de s'accumuler. Et au milieu de ce lambeau de maison, il y a Frank, son père, qui très franchement ne marche plus bien droit : Georg va apprendre que son père est frappé de schizophrénie, et il faut bien que quelqu'un se charge de lui, tout désagréable et bougon soit-il. Et surtout, en dépit du fait que Georg n'a pas franchement de bons souvenirs avec son père. Le revoilà donc à s'installer dans la vieille maison avec son père qu'il imagine déjà impotent, une perspective qui ne fait pas grand'chose pour lui remonter le moral.

KoseligMedPeis_Maison
Cette maison figée presque 30 ans en arrière, c'est une trouvaille superbe. Un vrai personnage. On a l'impression de faire le plongeon dans l'enfance de Georg contre son gré, tant la maison est habitée, plus ou moins littéralement, par des fantômes de cette époque. Et je suppose que ça a d'autant plus fonctionné sur moi que je suis de la même génération que Georg, en plus.
Et Georg a une relation très intime avec son enfance : il se voit enfant, et Georg-adulte et Georg-enfant passent des moments côte à côte, soit paisiblement, comme à la fin de l'épisode, soit, et c'est peut-être moins subtil mais plus efficace, au début, lorsque Georg explique au petit la séparation, avec une espèce de douceur mêlée d'embarras, jouant à la fois sur le côté ambigu de la scène et sur l'émotion qui transparait à travers ce rapport qu'il a au passé. Symboliquement, il emmène le petit Georg partout, en fait, et c'est très touchant. Mais il ne sait pas trop non plus comment lui parler et ça, c'est touchant aussi, mais d'une autre façon.

KoseligMedPeis_Enfants
Et puis, il y a le reste de la famille, et notamment le rapport à Terje. Là encore, une relation fraternelle très réaliste, entre taquineries et confidences, deux adultes qui ont été enfants ensemble, qui ont pris des chemins différents mais qui sont encore liés, dans le fond. D'autant que Terje est vraiment un drôle d'animal, qui en essence vit devant son ordinateur, pour son grand projet multimédia... qui consiste en fait à se filmer en train de chier sur tous les drapeaux du monde, à commencer par le sien propre. Enfin, propre. Je me comprends.
Du coup inutile de vous dire au passage qu'entre le vieux grincheux schizophrène, le geek scatophile et le fiston qui s'est fait plaquer par une popstar, la mère devenue lesbienne, c'est presque la référence de normalité !

Ce qui m'a fascinée aussi, c'est d'avoir lu pendant que le pilote cagoulait (et ça a pris des semaines et des semaines, c'était interminable) que le créateur de la série avait été inspiré par Six Feet Under. Et vous, quand vous lisez un truc comme ça, instinctivement vous regardez l'épisode ensuite en cherchant les traces de cette paternité. Et là où je suis bluffée, c'est que j'arrive à comprendre d'où est venue l'inspiration (fils qui revient au bercail, famille fragmentée et étrange, mélange entre réalisme et éléments surréalistes), mais qu'à aucun moment je ne me suis dit "mais attends mais c'est trop Six Feet Under, ça !". Devant Borgen, c'est la même : l'équipe de la série n'a aucune honte à avouer de but en blanc que, oui, l'inspiration vient d'A la Maison Blanche, pour autant ce n'est ni une copie, ni une adaptation, et les sujets sont différents et abordés différemment.
En fait, c'est ça une fiction locale qui a réussi : savoir prendre l'inspiration, mais sans copier à l'identique. Je crois que c'est ça qu'on n'arrive pas à faire en France : quand on veut s'inspirer d'un truc, on a tendance à le copier bêtement en espérant qu'une polycopie fera le même effet que ce qui nous a donné l'idée. C'est faux. Et des séries comme Koselig Med Peis le prouvent bien : il y a une véritable personnalité, quelque chose de très intime dans l'histoire et la façon de la raconter, pour autant, le visionnage de Six Feet Under a peut-être déclenché un savoir-faire dans la narration, pour révéler une histoire qui aurait été sensiblement la même, je pense, mais avec peut-être moins d'outils pour la transmettre. Ce qui a été appris, c'est le moyen seulement, la technique.

KoseligMedPeis_Tandem
Je suis bluffée, en fait, d'avoir ressenti tant de choses, d'avoir vu tant de choses, alors qu'encore une fois, je n'avais pas de sous-titres. Il y a quelque chose d'universel dans cette histoire d'enfance à la fois perdue et retrouvée, dans le parcours de Georg qui n'est ni vraiment parti ni tout-à-fait revenu à la maison, et la réalisation intimiste, poussiéreuse, un peu jaunie mais incroyablement efficace, et rythmée comme il faut, permet de partager cette expérience avec lui.
Du coup inutile de vous dire que l'acquisition du DVD de Koselig Med Peis, je fais plus qu'y songer. J'en suis à envisager le moyen de paiement.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (mais ça va aller en s'améliorant) : la fiche Koselig Med Peis de SeriesLive.
Pareil, elle est toute neuve cette fiche... c'est bizarre quand même !

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31 mars 2011

[DL] Lykke

Puisque je fais une véritable obsession sur ce générique (pourtant simple, en définitive), je me suis dit que j'allais simplement me mettre à fond dedans, en vous embarquer au passage, un peu comme Arthur qui chante "A la volette" pour se sortir la chanson de la tête. Oui c'est petit ce que je viens de faire.
Donc voici le générique de Lykke, une série danoise qui s'est achevée ce mois-ci (et dont je ne trouve pas plus les sous-titres anglais que pour Dem Som Draeber, soit dit en passant ; mais ptet que ça va changer pour cette dernière qui vient de se faire renouveler) et dont les premières scènes, puisque je me suis arrêtée après quelques minutes du pilote, semblent assez sympathiques. On y croise des personnages dont la vie est en rapport avec la dépression, soit parce qu'ils consomment des pillules du bonheur, soit parce qu'ils les vendent, soit, apparemment, les deux. Découvrir les images de la série quelques jours après avoir vu le pilote de Prozac est, je vous rassure, une pure coïncidence.

Lykke
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Les petits atomes qui dansent, la musique, les couleurs... je ne saurais pas vous expliquer ce qui m'hypnotise dans ce générique mais le fait est qu'il fonctionne à fond. De quoi entretenir mon envie de trouver les sous-titres pour cette autre série danoise (en fait, si j'ai fini par cagouler le pilote de Lykke, c'est précisément parce qu'à ce moment-là je me cherchais le pilote de Den Som Draeber... je ne suis donc pas particulièrement dans une phase danoise, en dépit de la réception de mon coffret Borgen), comme vous pouvez l'imaginer. Donc voilà, l'appel est (re)lancé, hein... A vot'bon coeur, amis danophiles.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lykke de SeriesLive.

25 mars 2011

[DL] Den Som Dræber

On dirait que la motivation revient, progressivement. Ca n'aura jamais pris que deux mois, et encore, ça pourrait être mieux. Mais il s'avère que du coup, la semaine a été plutôt fructueuse. Alors, de quoi vous parler aujourd'hui ? Du pilote de Prozac, que j'ai finalement décidé de regarder après des mois d'hésitation, de Mad Dogs, que j'ai goulument avalée en quelques jours, du très bon démarrage de Winners & Losers, d'ailleurs il faudra surveiller les audiences la semaine prochaine, de l'intégrale Outsourced du weekend dernier, du pilote d’Endgame auquel je me suis attaquée alors que le deuxième épisode était déjà diffusé (pas bien), ou encore, accrochez-vous à vos bretelles, du coffret Borgen que j'ai finalement reçu pour mon anniversaire ce mercredi... Non mon anniversaire n'était pas du tout ce mercredi, mais vous commencez à connaître mes parents : quand il s'agit de cadeaux d'anniversaire, rien n'est jamais simple ; pour mémoire, rappelons les péripéties autour de la 1e saison de Pushing Daisies... Tout ça sans évoquer le décevant 10e épisode de Harry's Law, définitivement la série la plus inégale du moment (mais un coup de cœur tout de même), parce que je vais pas vous en parler tout le temps, non plus, même si ce n’est pas l’envie qui manque.

Déjà que vous avez eu fort à faire en lecture cette semaine, et vous n'avez même pas eu le temps de lire les trois pavés qui ont été postés, la preuve : zavez pas commenté. Ahem.

Donc, du coup, j'ai choisi la solution de facilité : j'ai décidé de vous parler d'une série que je n'ai PAS vue cette semaine. Il faut dire que je guette désespérément les sous-titres de Den Som Dræber, nouvelle série danoise lancée sur TV2, et que comme ça je peux en profiter pour vous demander gentillement si vous les avez vus passer. Hop, ni vu ni connu j't'embrouille, ça fait d'une pierre deux coups.

DenSomDraeber
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

D'autant que je me suis rendue compte que, jusqu'à présent, chaque fois ou presque que je vous avais parlé de série scandinave, j'avais soigneusement évité les séries policières. Deux explications à cela : d'abord tout simplement par goût personnel, puisque je ne suis pas attirée par les séries policières quel que soit leur pays d'origine (on va pas revenir dessus, hein, suffit de chercher n'importe quel post ou presque de ce blog mentionnant NCIS...). Et ensuite parce que, voulant dépasser le cliché de la série scandinave qui ne fournirait que des trucs policiers déprimants et/ou glaçants, j'avais jusque là préféré vous parler d'autres types de séries... oubliant du coup un pan tout entier de la fiction scandinave !

Bon, l'erreur est donc réparée, d'autant que le générique de Den Som Dræber a quelque chose d'à la fois déprimant et/ou glaçant, mais aussi de rythmé et efficace, qui encore une fois dépasse le cliché du générique pendant lequel on se dit qu'on aurait encore le temps de se pendre avant que l'épisode ne reprenne, ça irait plus vite. Et je sais pas pour vous, mais je trouve qu'on sent bien le côté glauque de la chasse au tueur en série (puisque c'est de cela qu'il s'agit) grâce à la fugacité de certaines images dérangeantes.

En tous cas la série a su rencontrer son public avec tous ces éléments, puisque son pilote, diffusé le 13 mars dernier, a attiré un peu plus de 1,47 millions de spectateurs, ce qui est la plus grosse audience pour le lancement d'une série sur TV2 depuis (d'après mes sources) trois ans. Et apparemment les critiques sont à l'avenant, ça a l'air d'être du solide.
Comme ça en plus, vous voilà éduqués sur l'actu danoise, c'est vraiment tout bénéf ce post.

Voilà donc j'ai quand même fini par vous produire un pavé, mais bon, c'est vendredi, et le vendredi c'est permis. Comme le mardi, mais dans la plus pure tradition de ladytelephagy.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Den Som Dræber de SeriesLive.

19 janvier 2011

En grève

Aujourd'hui on est mercredi, et comme tous les mercredis, je suis supposée faire ma news "En bref : l'actu des télés du monde" du mercredi pour SeriesLive, celle où je parle de ci, de ça, de ce que vous n'avez pas entendu ailleurs, des pays pour lesquels je me ferais lyncher si j'en faisais une news à part, des infos qui ne tiendraient pas plus d'un paragraphe, etc...
C'est un travail qui me prend une ou deux heures chaque semaine, et je n'inclus pas le travail de sélection qui a lieu les six autres jours afin de choisir attentivement l'actu qui pourrait s'y trouver.

Mais seulement, voilà, aujourd'hui, il n'y aura pas de brève hebdomadaire sur SeriesLive, pour la première fois depuis septembre.

World

D'ordinaire je ne lave pas mon linge sale avec SeriesLive en public, mais voilà, j'ai l'impression que si je n'explique pas ce qui se passe, on se dira simplement que j'ai eu la flemme, ou que j'ai eu les yeux plus gros que le ventre avec ce projet, ou je ne sais pas quoi d'autre. Alors, pour ceux qui vont peut-être ce soir faire un tour sur SeriesLive et, peut-être, je n'en sais rien, remarquer que la news n'a pas été faite, voilà exactement ce qui se passe, la raison pour laquelle j'ai atteint la limite.
La raison pour laquelle je suis en grève.

Il y a maintenant presque un an et demi, j'ai réintégré l'équipe de SeriesLive. C'était pendant la coupe du monde des séries, je crois, qu'on m'avait encouragée à me manifester pour m'occuper des séries asiatiques, et à redéposer ma candidature. Je l'ai fait et on m'a accueillie les bras ouverts. J'ai fiché à fond, je me suis mise à écrire des articles, et quelques news aussi, et on m'a encouragée à en faire plus, et je l'ai fait de bonne grâce parce que, vous savez quoi ? C'est agréable de voir que ce qu'on fait plait. Pendant des mois, j'ai donc intensifié le rythme, progressivement.

Jusqu'à ce que fin juin, un membre de l'équipe dirigeante vienne me voir pour me proposer une rubrique dédiée à ce que je faisais. Le développeur, sans doute de crainte que la rubrique ne serve pas, m'avait alors demandé si j'étais capable de poster des news régulièrement voire quotidiennement, et j'ai encore intensifié parce que j'en étais capable, mais que je ne savais jamais clairement si c'était bienvenu. Malheur à moi, l'intensification des news avant que la rubrique ne voit le jour a heurté la sensibilité des lecteurs de SeriesLive qui se sentaient obligés de cliquer sur des titres de news mentionnant des séries au nom exotique et qui découvraient qu'ils ne les connaissaient pas et ne s'y intéressaient pas.
Prise de doute, nous étions au mois de juillet, j'ai alors demandé au membre de l'équipe dirigeante qui était venu me voir s'il fallait que je continue. La réponse a été franchement positive, avec la promesse que la rubrique dédiée permettrait une meilleure lisibilité et, donc, empêcherait ce genre de désagrément à l'avenir pour les lecteurs, qui ne pourraient alors plus dire qu'ils n'étaient pas prévenus. Ayant fait un article sur la télévision coréenne, ce même membre de l'équipe dirigeante m'a également encouragée à faire des articles sur d'autres pays, et je me suis dit, mais oui, je peux faire l'Inde, et tiens, si je continuais avec d'autres pays ! C'est comme ça que ça a commencé, ce défi d'un article par semaine. C'était franchement sympa, ne nous le cachons pas.

En parallèle de ces articles, de l'intensification des news (désormais accompagnée d'un suivi des audiences coréennes), l'été 2010 a donc été consacré à plancher sur cette rubrique avec le développeur, et à l'étoffer au niveau du contenu, notamment en élargissant à des pays jusque là (injustement) maltraités par SeriesLive, comme le Canada et surtout l'Australie, quasiment dépourvue d'info et pas à jour sur la plupart des nouveautés.
Mais pour la rubrique elle-même, les choses n'avançaient pas très vite. C'est le vacances, me disais-je... alors je prenais mon mal en patience. Mais très bientôt, la date évoquée d'une ouverture de la rubrique pour la rentrée a été reportée. Allez, 1er Octobre, promis. Mais voilà, le mois de septembre ne fut pas beaucoup plus productif. Et tandis que, toujours encouragée à en faire plus, je me lançais dans une news hebdomadaire pour récapituler l'actu de plusieurs pays, tout en ajoutant le suivi des audiences japonaises, j'ai réalisé qu'il y avait un vrai soucis avec le développement de la rubrique. J'étais encouragée à en faire plus par le membre de l'équipe dirigeante, mais le développeur n'était pas beaucoup poussé, par contre. D'ailleurs j'étais tellement encouragée qu'on m'a envoyée à la mi-octobre à Scénaristes en Séries : le planning des articles du monde a été étudié dans ce sens avec le membre de l'équipe dirigeante, et la rubrique devait ouvrir à cette occasion, afin de pouvoir parler des séries scandinaves.

C'est là, je pense, que j'ai commencé à donner les premiers signes de fatigue ; déjà pour des raisons financières, parce que j'ai dû intégralement avancer l'argent de mon voyage (et le réserver à H-48, le responsable n'ayant pas fait sa part à temps), et que j'ai trouvé ça franchement fort de café vu la somme engagée.
Et surtout, parce que si j'ai assuré au niveau des news hebdomadaires, et tenu mes engagements sur l'évènement en courant d'une interview à l'autre, au final, j'ai trouvé qu'il y avait abus quand on m'a indiqué que l'ouverture de la rubrique serait encore reporté... on dit 1er novembre ? Alors, finalement, je n'ai publié qu'une interview sur huit réalisées (celle d'Astier), laissé de côté les exclus (sur les acquisitions par arte de The No. 1 Ladies' Detective Agency et Borgen, évoquées uniquement via mon compte Twitter), et j'ai laissé tomber les reviews de pilotes qui étaient prévues pour le site. Et j'ai commencé à sérieusement m'agiter.

C'est comme ça que je suis devenue une emmerdeuse. Arrivée au 1er novembre, toujours pas de rubrique mise en ligne, je suis probablement devenue le pire cauchemar d'un développeur en me manifestant de façon insistante, répétée, et plus du tout subtile. Il faut dire que j'en avais marre de me faire poser des lapins sur Skype, qu'on ne réponde jamais à mes questions, de voir qu'on me posait plusieurs fois les mêmes questions sans que mes indications trouvent effet, et que concrètement, on me dise oui d'un côté mais que rien ne se passe. Mais le membre de l'équipe dirigeante continuait de me promettre monts et merveilles, de compatir devant l'absence de réaction du développeur, et de me jurer ses grands dieux qu'on ferait au plus vite. Et je pensais que ça allait bien finir par arriver. C'était un membre de l'équipe dirigeante, après tout, et l'un des rares encore actifs sur le site. Il avait forcément du poids, n'est-ce pas ?

Au bout du compte, et après avoir truffé le topic de travail de posts restés sans réponse, et/ou d'échanges véhéments, courant novembre, la rubrique s'est trouvée mise en ligne de façon bâtarde, comme pour se débarrasser : les news sont devenues accessibles en page d'accueil, ce qui permettait d'avoir accès à certaines pages, mais tout n'était pas fini d'être codé, et qui plus est, contrairement à toutes les autres rubriques du site, la rubrique n'avait pas d'onglet pour y accéder directement.
Et quelque part entre les news nombreuses en accueil et le débat de savoir si tel pays devrait ou ne devrait pas apparaitre sur la rubrique (alors que la rubrique était à l'étude depuis juin, quand même !), soudain, tout s'est emballé : accusée de prendre en otage la page d'accueil avec mes petits points turquoises, j'ai dû négocier le nombre de news à afficher en page d'accueil du site. Sans qu'il ne soit pour autant rendu possible d'accéder à la rubrique Séries du Monde...
Ce nombre, fixé à trois news en accueil (mais autant que je voulais dans la rubrique à laquelle on ne pouvait pas accéder !), s'est accompagné d'une proposition du développeur qui m'a invitée à l'aider à penser divers aspects du site avec lui. Et moi, naïve, je me suis dit : s'il me propose ça, c'est qu'on va bientôt sortir la rubrique, enfin ! Et on passera à autre chose, enfin ! Je vais prendre le rythme des news, et ne plus m'occuper de développer cette rubrique que je traine comme un boulet depuis le début de l'été, enfin !

Pensez donc. Après cet accord, a suivi un silence radio de plusieurs semaines de la part du développeur. Pas tellement plus bavard, le membre de l'équipe dirigeante, d'ailleurs. En gros, j'ai eu l'impression que le développeur avait eu ce qu'il voulait (limiter ma présence sur la page d'accueil), et que maintenant il n'en avait plus rien à foutre de finir la rubrique.
Et pourtant, j'ai continué. Parce que je m'étais engagée à le faire, et parce que ça me plaisait de parler de l'actu des télés du monde... n'était-ce pas d'ailleurs cette dernière qui était la meilleure des raisons ?

Mais en décembre, les messages sans réponse, les vents sur Skype et les choses qui n'avançaient plus ont eu raison de moi. J'ai arrêté les news portant sur le suivi des audiences asiatiques. Puis, j'ai décidé d'attendre avant de poster le bilan de la saison (qui actuellement avance à la vitesse d'un escargot de Bourgogne). Et pour finir, j'ai juste décidé de ne plus fournir que le minimum, soit quelques news et surtout la news du mercredi, devenue un vaste fourre-tout rédigé sans grand entrain.

C'était un projet qu'on m'avait proposé, pas l'inverse. Dans lequel on m'avait encouragée à m'engager toujours plus loin et, contrairement à ce que beaucoup de bénévoles feraient, je me suis engagée sans jamais demander d'autre contrepartie qu'une rubrique fonctionnelle et au même niveau que les autres.
Je ne l'ai jamais eue.

Ce soir, je suis donc en grève. J'ai tenté de me motiver à faire quelques news depuis le début du mois, mais je ne vois plus l'intérêt. De toute façon, la rubrique  n'est même plus accessible par la navigation puisque, avant, quand on cliquait sur une news "Séries du Monde", on pouvait voir la navigation de la rubrique (inachevée, mais tout de même), alors que maintenant on peut juste passer d'un type de news à un autre (pour chacune des rubriques qui, elles, ont bel et bien un onglet permettant un accès direct).

Les questions que je me pose, c'est pourquoi m'avoir proposé de faire cette rubrique si c'était pour ne jamais la faire sortir de terre ? Pourquoi m'avoir encouragée à en faire plus si c'était pour me limiter le nombre de news visibles ? Pourquoi avoir piétiné mon enthousiasme au lieu de simplement me laisser continuer les choses humblement ?

Ce soir je suis à deux doigts de la démission. J'aime beaucoup SeriesLive, j'y ai passé beaucoup de temps, m'y suis fait un certain nombre de contacts très appréciables (dont ledit membre de l'équipe dirigeante, d'ailleurs, qui outre mesure a toujours été charmant avec moi). J'ai toujours été fidèle à ce site. Même quand je n'y officiais pas (ayant privilégié le défunt Teruki Paradise), je n'ai jamais manqué d'y faire référence (ce blog m'en est témoin), d'en parler, je n'ai jamais fait partie de ceux si prompts à prédire son déclin, je n'ai jamais trouvé révoltant de ne pas être payée pour contribuer (même si je ne crache évidemment pas sur l'unique petit chèque cadeau annuel), et surtout, je n'en ai jamais, jamais, jamais, dit du mal que je n'aie dit bien en face aux dirigeants. La langue de pute en douce, ça n'a jamais été mon genre.
Mais voilà, j'ai été menée en bateau, et je ne comprends pas à quoi ça rime. Qu'y avait-il à gagner ? Pourquoi m'avoir fait miroiter tout ça si l'intention n'a jamais été de mettre en valeur le travail accompli ?

Séries du Monde, ou l'histoire d'un bénévolat qui a tout de même fini par être trop cher payé.

Je ne sais pas. Je ne sais sincèrement pas. Devrais-je juste partir et recommencer ailleurs (peut-être seule ?) ce que j'avais entamé sur Séries du Monde ? Devrais-je au contraire insister parce que ce serait du gâchis de tout laisser en plan, et entreprendre une action quelconque ? Vraiment, je ne sais pas.
Devrais-je vous encourager à aller manifester votre soutien ? Je ne sais pas si ça aiderait. Je ne sais pas si ça vaut le coup. Je ne sais pas si vous le feriez.

J'ai cru de tout mon cœur que je n'aurais pas besoin de baisser les bras. Six mois après qu'on soit venu me chercher pour lancer ce projet, je ne crois plus en rien.

26 décembre 2010

Fight de Noël

L'après-Noël. L'heure du bilan, qu'on l'admette ou non.
A quel point cette année mes parents se sont-ils moqués de moi ?

On se souviendra par exemple de la déception qui avait suivi Noël 2008 lorsque mes parents n'avaient pas voulu m'offrir la 1e saison de Pushing Daisies en dépit d'une campagne pourtant soutenue. L'obstination s'était poursuivie l'année suivante avec mon anniversaire, lorsque la mascarade a pris des proportions épiques. Mes parents sont donc, c'est un fait établi, particulièrement mauvais avec les cadeaux. Ils se font une règle d'essayer de rendre l'échange de cadeau aussi désagréable et frustrant que possible.
Cette année ils avaient battu tous leurs records en ayant le culot de m'annoncer qu'il refusaient que sur ma liste figurent DVD, CD ou livres. Retenez bien cette instruction, elle aura son importance pour la suite de ce post.

Pas de DVD, CD ou livre ? Est-ce qu'on s'est déjà rencontrés ? On se connaît ou...? Je ne veux pas dire que je ne veux que ce genre de choses, mais le simple fait d'interdire leur présence sur une liste de Noël donne un goût sacrément amer dans la bouche : si un cadeau de Noël ne sert pas à faire plaisir aux gens qu'on est censés aimer, alors à quoi bon ? Aussi avais-je indiqué de façon très sèche : RIEN. Je ne veux rien. Si vous voulez à ce point éviter de me faire plaisir, alors économisez-vous quelques euros, ne m'achetez rien.
"Les gens qui veulent me faire plaisir n'ont pas besoin de liste, et ceux qui ne veulent pas me faire plaisir n'ont pas besoin de m'offrir quelque chose", avais-je en substance indiqué dans un SMS cassant.

Mais pour mes parents, ne rien offrir était un aveu d'échec. Il ne serait pas dit qu'ils seraient ceux qui n'offriraient rien. Mais cette fois, ils étaient seuls sur ce coup, pas de liste sur laquelle s'appuyer... le bras de fer pouvait commencer.

Alors, voici comment les choses ont fini hier soir :
- de ma sœur et mon beau-frère, une énorme boîte de pain d'épices au chocolat et la saison 3 des Tudors
Verdict : sans faute. Et sans liste.
- de mes parents... suspense... un livre !
Mais attention, pas n'importe quel livre ! Un livre qui ferait plaisir à tout le monde par les temps qui courent... sauf moi.

WolfsbaneandMistletoe

Et non contents de m'offrir le truc le plus bateau au monde, ils m'ont offert un truc qui parle de dents.
J'attire tout particulièrement votre attention sur le petit sticker qui prouve combien ils me connaissent bien :

Sookie

Voyant bien qu'ils avaient largement perdu la partie à Noël, ma mère m'a demandé une liste pour mon anniversaire... et j'ai le droit d'y inclure des DVD, CD et livres, vraiment, ce que je veux...
Ça va saigner : j'ai commandé ceci. Et. C'est. Tout.

Bilan du retour de la vengeance dans très exactement un mois !

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15 décembre 2010

Tout un cinéma

C'est l'angoisse. Si j'en crois mon planning (voir le Pilot Watch ci-contre), aujourd'hui a été diffusé en Corée du Sud le tout dernier pilote de l'année, celui de President. Ça me met à l'envers. Le prochain pilote (qui sera d'ailleurs également coréen) est pour le 1er janvier 2011. Permettez que je me répète, pour m'assurer que tout le monde a bien compris la portée de ce que je viens de dire : les pilotes, pour 2010, c'est fini.

Alors bon, délais de sous-titrage aidant, je n'ai pas vu mon dernier pilote de l'année. Plutôt crever !!! Mais n'empêche que là, j'ai un méchant coup de blues. Pas de pilote. Vivre dans un monde sans pilote pendant 15 jours, sérieusement, ça me déprime.

Et si j'ai du mal à le vivre, c'est parce que je n'ai rien sur le feu. Je veux dire que je suis à jour de mes visionnages hebdos pour les séries que je suis, et que côté intégrales, bah, j'ai fini tout ce que j'étais en train de m'envoyer derrière la cravate, comme Party Animals par exemple. Bien-sûr j'ai un épisode de la seconde saison de The Circuit qui cagoule (honteux qu'elle n'ait pas gagné aux AFI Awards, cette série, d'ailleurs), mais j'en ai encore pour un jour ou deux, à vue de nez et si tout se passe bien. Donc là, bah... c'est le néant. Rien.
Je m'emmerde, en fait, pour tout vous dire.

On va pas revenir sur le fait que c'est votre faute, parce qu'on a épuisé le sujet avant-hier. Mais c'est quand même votre faute pour ne m'avoir pas recommandé jusqu'à présent de série suffisamment longue pour me faire, chais pas moi, une ou deux semaines, c'est pas trop demander, quand même ?!

Arrivée à ce stade, je vous avoue que j'ai les fils qui se touchent. A un tel point que, quand quelqu'un a mentionné devant moi, l'autre jour, une intégrale d'Urgences, j'ai presque été tentée. C'est vous dire l'ampleur du court-circuit.

Nan pis franchement, Noël est pourri. Mes parents m'ont spécifiquement indiqué qu'ils refusaient que je mette des DVD, CD ou livres sur ma liste de Noël. J'ai comme l'impression que je n'aurai pas le DVD de Borgen, du coup. C'est pas que je comptais dessus mais un peu quand même (je l'ai jouée cette année comme je l'avais jouée il y a deux ans avec la première saison de Pushing Daisies, la subtilité en moins pour que ça marche... eh bah ça marche toujours pas). Ça veut dire que même les inédits de Borgen sont hors de question cet hiver. C'est l'angoisse.

Le problème c'est que j'ai pas trop d'idée de truc à commencer. En fait je suis un peu démotivée.

CommeauCinema

Et du coup, j'ai repris mon Secret Diary of a Cinephile dont l'activité était au ralenti depuis quelques temps. J'avais vu des films, mais essentiellement tirés de ma videothèque (A Chorus Line, Soldier's Girl...), ou même pas de film du tout, notamment cet été où je crois que j'ai dû en voir deux à tout casser, vu que mon énergie a été un peu consacrée à autre chose.
Avec un peu de bol, ça va ptet me motiver pour un post Comme au cinéma, d'ailleurs. Ya eu quelques films sympas ces derniers temps, mais le temps libre vient à manquer pour ces posts qui demandent pas mal de boulot supplémentaire.
Naturellement je commence aussi à songer au bilan de cette expérience d'un an.

Ouais, c'est pas la grande forme aujourd'hui. Heureusement dans une heure, je vais aller voir ce que vous avez choisi comme cadeau de Noël, et je suis sûre que ça va me remonter le moral.
Ça va me remonter le moral, hein, dites ?

14 décembre 2010

Adieu Ryoumaden, pour de bon

N'ayant pas encore tout-à-fait réglé mon contentieux avec les séries historiques, aujourd'hui c'est à elles que je m'attaque, dans un post Point Unpleasant qui ne fait pas semblant d'être en colère, contrairement à hier.

Adieu

Je tiens à dire qu'à compter d'aujourd'hui, je ne vous recommanderai plus de séries historique asiatique, parce que ça m'énerve. Fini, les couplets dithyrambiques sur JIN, adieu les émois devant les performances de Dong Yi (comment ça, "de toute façon c'était fini" ?!), faites une croix sur un compte-rendu de mon lent visionnage de Damo. Jamais plus jamais. Déjà, faire une news sur Xi You Ji, c'était trop, à la limite.
Vous l'aurez compris, par série historique asiatique, je veux dire série très ancienne, genre moyenâgeuse. J'ai aucun problème avec le fait de vous en remettre une couche sur Karei Naru Ichizoku ou Fumou Chitai, par exemple.

Seulement voilà : à chaque fois que je parle de série asiatique à quelqu'un qui jusque là n'en a pas entendu parler (mais euh, on s'est déjà rencontrés ou pas ? Je veux dire, on se connait, alors comment ça se fait que tu ne découvres ça que maintenant ?!), c'est à des séries historiques qu'il pense. Et forcément, des mecs en kimono ou en chais-pas-comment-ça-s'appelle-en-Corée-mais-pour-moi-c'est-tout-pareil (j'exagère à peine), ça n'éveille pas la convoitise de la plupart de ces interlocuteurs néophytes. C'est magnifique : la seule évocation d'une nationalité a plus tendance à évoquer le voyage dans le temps que le voyage à quelques milliers de kilomètres de chez nous.
Vous dites "série japonaise" à quelqu'un et tout de suite il pense ère Edo. Et encore, s'il le pensait en ces termes, déjà on aurait de l'espoir. Mais tout ce qu'il voit, ce sont des samurai armés de sabres qui se battent pendant des épisodes et des épisodes. Et le peu d'attention que vous aviez réussi à attirer sur votre cas s'est déjà dissipé dans une rêverie cliché sur le Japon.

Maintenant soyons clairs : des clichés, on en a tous en tête, et on les assume plus ou moins selon les cas. Ça n'est pas propre à l'Asie. Par exemple quand je dis série danoise, je vous prie de me croire, le réflexe n'est pas de se dire que la série en question est certainement captivante, mais au contraire de se dire que ça va être déprimant, bavard et certainement chiant comme la pluie. Vivement Noël que je prouve à mon entourage, DVD de Borgen à l'appui, que série danoise ne rime pas avec ennui (la preuve). Mais ces clichés-là sont faciles à combattre parce qu'il n'y a, finalement, qu'une seule barrière mentale, celle qui associe la nationalité d'une série à un ton. Mais si en plus on s'ajoute des images mentales de différence culturelle, historique et tout, là forcément, on part du mauvais pied.

Donc moi, j'en ai marre. J'ai bataillé pendant des années dans les conversations pour dire des variantes de ce que je me suis entendue dire aujourd'hui. Quand je me suis mise à la littérature japonaise, il m'a fallu prendre l'habitude d'ajouter : "mais de la littérature contemporaine, hein, ya pas que les haiku dans la vie !". Quand je me suis mise à la musique japonaise, il m'a fallu prendre l'habitude d'ajouter : "mais de la musique contemporaine, hein, ya pas que le koto et le shamisen dans la vie !". Et maintenant que je parle de séries, il me faut prendre l'habitude d'ajouter : "mais des séries qui se passent aujourd'hui, hein, ya pas que les samurai dans la vie !".
Une habitude que je refuse de prendre désormais. Je refuse de devoir justifier la culture d'un pays de cette façon.

Écoutez, c'est simple. La tâche que je me suis fixée, c'est d'essayer de cultiver les gens téléphagiquement. De leur apprendre qu'hors de la fiction américaine, il y a du salut. Que les séries américaines, c'est bien, mais qu'il n'y a pas que ça. C'était ma démarche depuis quelques années, je me suis lancée là-dedans récemment à grande échelle, c'est, devant certaines réactions stupides, encore parfois un sacerdoce, mais c'est moi qui l'ai choisi. Même si parfois je voudrais bien que les gens arrêtent de critiquer dans le vide juste par principe.
Par contre, mon job, ce n'est pas de cultiver les gens tout court. De l'ignorance au racisme en passant par le refus de sortir de sa franchouillarde assurance qu'on est le seul pays à être exceptionnellement culturel, c'est pas à moi de faire tout le boulot et d'en plus devoir expliquer, encore et encore, comme le cerveau des Danaïdes dont la matière grise semble s'échapper à mesure que je tente d'y ajouter quelques menues connaissances sur le monde, que oui, au Japon, il y a l'électricité, on peut y brancher une guitare électrique, que non, au Japon, on n'est pas forcé d'écrire des haiku depuis plusieurs siècles, et que, bon, je ne dis pas, ça arrive, mais la série historique n'est pas du tout la norme et que les Japonais aiment comme vous et moi que leurs séries parlent de la vraie vie.

C'est pas mon boulot, c'est pas à moi de faire ça. Et ça me met dans une fichue rage de voir qu'en fait, avant de parler aux gens des séries du monde entier, parfois, il faudrait carrément leur rappeler ce qu'est ce monde entier. Au moins en gros.

Voilà, c'est fini. Avec l'arrêt de Ryoumaden, je promets d'arrêter de parler de séries asiatiques historiques.
Bon ou alors, juste pour surveiller les audiences de Gou...

21 octobre 2010

Manifeste politique

Quand je suis arrivée au cinéma Victoria, il bruinait un peu et j'étais à la bourre. Pourtant, les portes n'étaient pas encore ouvertes et quelques personnes attendaient sur le trottoir, notamment deux hommes qui ne se parlaient pas mais semblaient être venus ensemble. Salutations d'usage ; "vous attendez aussi ?" ; celui qui portait un chapeau m'a répondu en anglais. Mes yeux s'allument et je comprends à qui j'ai affaire... "je peux en profiter pour vous poser quelques questions ?". Quand j'ai actionné discrètement mon dictaphone, cela faisait déjà deux minutes que je discutais avec le directeur de la fiction de DR. Retenant derrière mes dents l'envie de l'interroger sur les finances de la chaîne (je ne suis pas là pour ça, après tout), je me suis lancée dans quelques petites questions anodines, espérant que le jeune homme qui l'accompagne bavarderait plus. Il avait une bonne tête de scénariste, lui, avec ses lunettes rondes...
Posant ma déjà habituelle question d'ouverture d'interview ("comment êtes-vous venu à ce projet ?"), j'entends soudain la phrase qui va totalement changer ma journée : "On avait beaucoup aimé A la Maison Blanche, alors on a voulu faire une série politique danoise". La belle démarche intellectuelle que voilà. Il n'en fallait guère plus pour que je tombe amoureuse. Ce n'est qu'assise face à l'écran de cinéma que j'ai compris à quel point...

L'équipe de Borgen n'a fait aucun mystère de l'inspiration qui a été la sienne, mais le plus incroyable c'est que cette parenté ne se sent pas beaucoup quand on regarde l'épisode. A la grande rigueur pourrait-on éventuellement faire des parallèles avec Commander in Chief, mais plus sur le plan du pitch que sur celui du traitement.

Borgen

D'ailleurs, si ce n'est l'idée de départ ("faire une série sur la politique"), et son personnage qui est une femme, Borgen n'a pas grand'chose de commun avec les deux séries que je viens de citer. Elle a choisi sa propre voie, celle de la politique vue par le prisme des médias, un regard qui a tendance à créer des cloisonnement plus que des rapprochements. Ainsi, c'est aussi la vie professionnelle et personnelle d'une journaliste, et l'activité de la rédaction d'une chaîne de télévision, qui servent à asseoir un certain nombre d'intrigues de ce pilote foisonnant qui explore, excusez du peu, rien moins que la trajectoire de 3 partis différents.

C'est vrai, son personnage central est un peu monochrome, mais la galerie de portraits qui l'entourent donne une variété incroyable de nuances, du Premier Ministre qui veut se faire réélire à tout prix à l'arrogant homme de droite aux idées puantes, en passant par les spin doctors et même la vie amoureuse ou familiale de plusieurs des personnages.

Je vous disais que le personnage principal, la chef du parti centriste Birgitte Nyborg Christensen, manquait un peu de nuances, mais elle incarne un certain idéal politique qui finalement s'inscrit bien dans le propos de Borgen. Montrant par contraste que tout le monde intrigue plus ou moins, Birgitte fait figure d'outsider parce qu'elle n'accepte pas/plus le compromis. D'abord un peu pâlichonne, la politicienne va progressivement prendre de l'assurance, allant jusqu'au lâchage complet, probablement convaincue qu'elle n'a plus rien à perdre de toute façon maintenant qu'elle est grillée. Et justement, c'est ce qui va attirer l'attention de l'électorat. On en arrive à une scène jubilatoire (et captivante) de débat télévisé, au cours duquel tous les chefs de partis politiques se réunissent pour lancer un dernier message aux citoyens, et où notre politicienne se lance dans un discours désarmant de sincérité (écorchant son image sans y réfléchir à deux fois). Les électeurs accueillent avec enthousiasme sa spontanéité gauche, parce que c'est, dans le fond, ce qu'on voudrait voir en politique.
En tant que spectatrice, j'étais ravie par cette scène, en tant qu'électrice, je l'étais aussi finalement...

Dans un monde politique plus individualiste que celui d'A la Maison Blanche, et bien plus pressé par les médias, Borgen dresse le tableau d'une politique idéale. Comme une revendication. Et pourtant, sans manichéisme.

Borgen, c'est un peu L'Etat de Grace qui aurait réussit : le projet d'une série européenne voulant prendre exemple sur une série américaine, mais trouvant son propre ton, sa propre personnalité, sa propre trajectoire. Borgen, c'était l'un de mes deux pilotes coups de cœur de Scénaristes en Séries.
Maintenant, vous savez ce que je fais depuis mon retour.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Borgen de SeriesLive.
PS : la série a commencé à être diffusée fin septembre et je ne le sais que maintenant. Il y a vraiment quelque chose de pourri au Royaume du Danemark...

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