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ladytelephagy
20 octobre 2009

Il n'y a pas de plan B

Ah, vous revoilà ! Ça tombe bien, je n'avais pas fini de vous raconter mon weekend. Ce soir je vais vous glisser un mot sur Cat Street, une série au nom un peu étrange, d'ailleurs je n'ai pas très bien compris d'où lui venait ce titre. En général, les titres de séries sont (volontairement) transparents, même pour les titres japonais qui, bien que témoignant d'une démarche un peu différente des séries occidentales, restent cohérents avec le contenu de la série elle-même.

Quelque chose qui m'a frappée à propos de Cat Street, c'est d'abord son actrice principale. Si vous avez vu 14 Sai no Haha (il n'est pas trop tard pour bien faire, les amis...), vous connaissez sans doute Mitsuki Tanimura qui y a interprété le rôle d'une jeune fille brisée par un évènement passé dont elle n'a pas encore cicatrisé, et qui reste en marge de la société.
Je vous le donne en mille : dans Cat Street, Mitsuki Tanimura interprète le rôle d'une jeune fille brisée par un évènement passé dont elle n'a pas encore cicatrisé, et qui reste en marge de la société. Typecasting quand tu nous tiens...!

Mais ici, l'héroïne Keito a vraiment, vraiment morflé. Son choc à elle s'est déroulé à l'âge de 10 ans, c'est sans doute une explication. Mortellement blessée par l'univers du show business, sa vie s'est arrêtée comme une montre défectueuse. Pourtant tout lui souriait, à Keito : elle avait du talent, une maman qui l'encourageait, et l'opportunité unique d'entrer dans la troupe d'une grande comédie musicale, dans le rôle principal. Le hic, c'est que personne ne l'avait préparée à la froideur, voire la brutalité, de ce monde. Et les blessures d'amour propre peuvent y être mortelles...

Le talent de Cat Street ce n'est pas de déposer un dossier à charge contre le monde du show business et ses travers. En définitive, il est probable que, d'ailleurs, Keito aurait été blessée par le même comportement dans d'autres circonstances. Non, Cat Street s'avère avoir l'œil quand il s'agit de dépeindre une personnalité brisée.
C'est comme si le cœur de Keito s'était arrêté de battre ce soir-là et n'avait jamais repris le mouvement en 7 ans ; la série retranscrit formidablement ce qu'on peut ressentir à la fois de colère et de vide après un traumatisme (fût-il jugé bénin par l'entourage), c'est même impressionnant de donner autant de corps à ce sujet. Franchement, chapeau.

Mais Cat Street, c'est avant tout une histoire de renaissance, puisque Keito va être "récupérée" par un proviseur qui, par hasard, tombant sur elle, essaye de la rescolariser, puisqu'elle a totalement arrêté d'aller en cours depuis l'incident qui l'a bouleversée. Ce serait d'ailleurs bien que dans les épisodes prochains (même si je sens bien que ce n'est pas le sujet) on approfondisse un peu cette histoire de lycée alternatif, parce qu'il y a un sujet par-là, quelque chose que j'aimerais pourvoir approfondir. Mais soit. Donc ce lycée permet à des élèves sortis du système scolaire de ne pas tout-à-fait sortir de la société, et d'avoir une chance de compléter leurs études, même si c'est à leur rythme et sans la moindre contrainte (franchement on se demande comment ça peut marcher, moi je demande à voir). Et en fait, les élèves ne sont pas vraiment de grands marginaux, si on regarde bien : il y a celle qui est partie parce qu'elle refusait l'uniforme (qu'elle ressentait comme une négation d'elle-même), il y a celui qui bégaye (ouais, et ça suffit pour se faire sortir du terrain de jeu scolaire, apparemment), il y a aussi celui n'est pas à l'aise en société et préfère la compagnie des ordinateurs (la geekette qui rédige sont post à 23h30 compatit). Vous le voyez, ce ne sont pas des délinquants juvéniles, on est loin de l'école de la dernière chance type Cœurs Rebelles, Cat Street détruit juste le mythe de l'école unique. Tous les élèves ne peuvent pas rentrer dans le moule, mais le système s'en fiche et les expulse. Je vous le dis, cette thématique mérite d'être approfondie.

Bon, hormis les bases du pitch, en fait, on sent que Cat Street a tout de même de grandes chances de se présenter comme une énième série sur l'amitié juvénile, Orange Days mais avec des autistes de la vie au lieu d'une sourde si vous voulez, un petit hymne à la liberté d'être soi (mais pas chanté trop fort), et je ne demande qu'à être surprise mais je pense qu'il n'y a pas lieu de placer mes espoirs trop hauts.
Mais bon, franchement, rien que ces quelques axes donnent une saveur certaine à Cat Street, un petit anticonformisme pas trop remuant qui permet de se sentir un peu hors du monde sans vraiment prendre la porte, et ça suffit aussi, dans le fond. A tous ceux qui avaient un rêve, et qui n'ont pas pu le réaliser, et qui n'avaient pas de plan B, Cat Street permettra de donner un peu d'espoir, et une série qui part du négatif pour aller vers le positif avec candeur, finalement, ça ne se refuse pas, par les temps qui courent.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Cat Street de SeriesLive.

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19 octobre 2009

L'estampe

Ah, mes amis, quels weekend téléphagique ! Il faut que je vous raconte !
Non, attendez, je vais faire mieux que ça : je vais vous proposer de découvrir les différentes séries que j'ai explorées ce weekend, un post à la fois.

Depuis mon dimanche aux 8 pilotes, je prends goût aux weekends de découverte, je l'avoue. Et plus encore lorsque je tombe sur une série comme Mousou Shimai, dont vous trouverez à toutes fins utiles un résumé ici.
Mais les faits, bon, ce n'est pas le principal. Mousou Shimai recèle bien des trésors, et c'est d'eux dont je vais parler.

D'abord, la présence de Michiko Kichise y est, mon Dieu, il n'y a simplement pas de mot : à chacune de ses apparitions, on se demande s'il y a jamais eu femme plus belle de par le monde. Cheveux courts, cheveux longs, look passe-partout ou style ancien, tout lui va et c'est un ravissement sans nom. Et comme un épisode sur trois lui est consacré, le délice est d'une volupté sans fin. Je pourrais devenir lesbienne pour une femme telle que Michiko. Dans BOSS, elle était jolie, mais dans Mousou Shimai, elle est sublime. C'est à cause d'elle qu'on tombe amoureux de la série au premier regard.

MousouShimai_2

Mais Mousou Shimai ne s'arrête pas à la beauté de cette actrice (et au charme plus relatif de ses deux compagnes), ou plutôt ne s'en contente pas, mettant en images une des séries les plus élégantes que j'aie jamais vu le Japon nous offrir. Couleurs, éclairages, angles... il y a une vraie recherche. Une vraie beauté irradie de la plupart des scènes, tout en restant apaisant. Il ne s'agit pas de nous en mettre plein les yeux, seulement de nous charmer avec simplicité et raffinement.

MousouShimai_1

Sans compter la trame-même de la série : écrite comme un thriller parfois oppressant, toujours intrigant, et tournée comme un film érotique, la série jongle avec les genres avec brio. Ce qui est magnifique, en fait, c'est qu'il n'y a pas la moindre gratuité. Certes, le secret du père est un peu le prétexte qui donne à découvrir une collection d'histoires sensuelles (pas nécessairement sexuelles d'ailleurs), mais aucune d'entre elle n'est artificiellement plaquée. Si l'histoire d'un épisode, ou son personnage, ne s'y prête pas, alors il n'y aura qu'un peu de désir frustré, un baiser qui ne va pas plus loin, une épaule nue plein de promesses que le corps ne tiendra jamais, et ça suffit amplement à explorer les passions féminines de nos sœurs, et de toutes les femmes qui s'incarnent en elles.

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Et puis, il ressort de Mousou Shimai un autre charme, plus discret, un bruissement, à peine, quelque chose de très rarement une série parvient à insuffler : l'amour de la littérature. Certaines séries de talent parviennent à avoir la beauté magnétique de tableaux peints délicatement, mais Mousou Shimai a choisi de faire plus fou encore, nous (re)donner le goût de la lecture, des vieux textes, des présents qui se sont écrits dans le passé. On regarde Mousou Shimai, et on a envie, nous aussi, d'ouvrir un ouvrage lourd, de le sentir peser sur ses genoux, de caresser le grain du papier en tournant les pages, de s'imprégner de l'odeur des mots qui attendent d'être lus depuis des années, et qui surgissent soudain de la page pour prendre vie. Oui, en plus d'être l'une des séries les plus lascives qu'il m'ait été donné de voir, Mousou Shimai donne envie de lire, de découvrir des histoires et de s'y reconnaître, de faire parler les lettres d'avant pour révéler ce que l'on a en soi.

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Une série qui à la fois trouble les sens et ravit le téléphage gourmand ? Avouez qu'il y a de quoi tomber amoureux...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Mousou Shimai de SeriesLive.

18 octobre 2009

Il y aura une interro à la fin !

Je voulais juste vous signaler un article qui vient d'apparaitre sur SeriesLive, et qui présente une solide introduction aux dorama japonais. L'auteur y saisit avec un talent inégalé, une bonne dose d'humour et beaucoup de pédagogie l'essentiel de ce que vous devez savoir pour comprendre comment cet univers télévisuel fonctionne.
Oui, comme vous ne commentez pas beaucoup en ce moment, je me lance des fleurs moi-même.

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Comme un sushi dans l'eau : la télévision japonaise pour les nuls

N'hésitez pas à y faire un tour, bien que nombre des informations que vous y trouverez avaient déjà été distillées dans divers posts de ce blog, il reste quelques sujets qui n'ont été abordés que parce que mes confrères de SeriesLive m'ont incitées à les évoquer, donc même si vous êtes un habitué de ladytelephagy, vous saurez y trouver de l'inédit !

Et n'oubliez pas qu'outre la catégorie Dorama Chick de ce blog, vous pouvez trouver l'intégralité des fiches dorama de SeriesLive sur cette page, ainsi qu'un forum où discuter de celles qui sont fichées, et celles qui vont bientôt l'être.

15 octobre 2009

When you're smiling... the whole world smiles with you

Une conclusion s'impose : les certitudes, c'est totalement exclu en matière de téléphagie. Que ce soit clair une fois pour toutes.

Car si j'ai une aversion immodérée pour Yui Aragaki en tant que chanteuse (je pense très sincèrement que des gens meurent d'ennui en l'écoutant, et vu les ventes de ses CD, l'hécatombe devient inquiétante), pour autant, je suis bien forcée de reconnaître, après avoir vu le pilote de Smile, qu'en tant que comédienne, elle a ses bons moments.
Que je n'avais pas vus dans Code Blue, mais ne soyons pas mesquins.

Pourtant Smile ne manque pas de défauts, le premier (et le pire de tous) étant son incompétence à exploiter un excellent démarrage, le pilote s'embourbant progressivement dans une narration erratique et désorganisée comme j'en ai rarement vu. Non que le pitch soit épatant, mais il avait un mérite (et non des moindres) qui était de nous offrir quelque chose d'un peu différent de la simple histoire d'amour qu'on a tous déjà vu quinze fois, et qu'on verra quinze fois à la saison suivante, et qui me font tant trépigner que je me retrouve à préférer des séries policières, c'est dire. Mais une fois encore, en matière de téléphagie, pas de certitude : ce que j'abhorre dans une langue, je peux l'adorer dans une autre, et vice versa, les dorama m'auront aussi appris ça.

Mais voilà : Yui Aragaki dans Smile, c'est... je ne sais pas... comment vous expliquer ? Il faudrait mettre dix tonnes de barbapapa sur plein de coussins moelleux et doux, du velours peut-être, avec un doux parfum de fleur vanillée, et d'endormir là-dedans, pour comprendre l'effet surprenant qu'a Yui Aragaki dans Smile.
Vous ferez l'expérience chez vous, promis ? Il en va de votre compréhension de ce post !

En-dehors de l'adorrrrrable Yui Aragaki, il y a... une histoire qui commençait bien, donc, mais qui part complètement en cacahuète. Là où on aurait pu parler d'immigration au Japon (grand sujet, pourtant), ou de racisme (corollaire, donc), ou de délinquance (pourquoi pas), de réinsertion professionnelle (ç'aurait été couillu), de procès (genre peu exploité au Japon pourtant)... voire même juste d'amuuuur, à la rigueur... Au lieu de ça Smile parle d'un joyeux bordel d'éléments scénaristiques qui se mélangent les uns aux autres comme dans une soirée échangiste. Bon, la comparaison vaut ce qu'elle vaut, mais c'est un peu ça, le résultat : un truc bâtard où on ne sait pas à qui appartient cette cuisse et à qui appartient cette main, un fouillis d'amourette adolescente, de bandes rivales, de trafic de drogue, de procédure judiciaire, de vie en prison, de dur labeur pour surmonter les problèmes (oui c'est un dorama japonais, vous vous attendiez à quoi ?), et de cochon. Vraiment.

Inutile de dire que toute la barbapapa du monde ne vous permettra jamais de comprendre à quoi sert le pilote de Smile.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Smile de SeriesLive.

14 octobre 2009

Erreur 404 - Ce post n'existe pas

Je voulais vraiment vous parler d'Otomen, et c'est avec toute la bonne volonté du monde que j'avais lancé le pilote. Mais je vais maintenant devoir faire marche arrière : il n'est pas possible pour moi d'en faire un post. Mais comme j'en ai commencé un, je vais plutôt faire un post sur pourquoi je ne peux pas faire de post sur Otomen. J'aime pas laisser perdre...

Le pitch d'Otomen, c'est un jeune garçon avec des loisirs de fille qui tombe amoureux d'une fille.
Et sur le pitch je dis oui ! Voilà une bonne idée ! Une vraie exploration du questionnement sexuel ! Renversons les idées reçus ! Comme ce dialogue entre Fran et son ami Kurt qu'elle croyait gay :
"Fran, je suis hétéro.
- Tu es hétéro ?! Mais... est-ce que ta mère le sait ? Ça a du lui faire un choc quand tu lui as dit !"
Je sais pas pourquoi je pense à ce dialogue d'Une Nounou d'Enfer. Peut-être parce qu'il existe toujours un dialogue d'Une Nounou d'Enfer pour rire de chaque situation désespérée...?
Enfin bref, la bonne idée, c'était de prendre un personnage qu'on nous montrait comme gay et montrer qu'il n'est pas gay du tout, la preuve, il est amoureux d'une fille.

Mais on ne peut pas dire que c'est ça, la thèse d'Otomen ! On ne peut pas ! Parce qu'en fait, bien qu'employant les clichés de l'homosexualité et l'hétérosexualité "typiques", Otomen ne cherche même pas à jouer sur les stéréotypes. En tant que comédie, la série pouvait pourtant se permettre des malentendus, des quiproquos, des situation à double sens, mais pas du tout.
Alors je ne peux pas écrire qu'Otomen est une série qui joue sur l'identité sexuelle. C'est faux. Et je me refuse à catégoriser la fiche dans le groupe "Gay et lesbien" de SeriesLive, aussi. Ce serait honteusement mensonger.

Otomen, bien que se déroulant dans le milieu du kendo, n'est pas non plus une série sur le sport, même si Asuka, le personnage principal, est champion de kendo, et qu'une partie non-négligeable du pilote est consacrée à des combats. Combats opérés, eh oui c'est du kendo, avec de longs sabre de bois ; c'est Freud qui aurait été content. Cette partie de la trame est tellement sous-employée (en fait c'est tout juste un prétexte) que prétendre qu'il y a des éléments sportifs, c'est à peu près comme dire que Buzzer Beat est une série sur le basketball (j'en ai pour des années de thérapie avant de parvenir à effacer Buzzer Beat de ma mémoire, hélas...).

A la grande rigueur, on peut faire mine de dire qu'Otomen est une comédie romantique, mais sincèrement, elle n'en présente pas les éléments habituels. Pour la simple et bonne raison qu'il n'y a rien qui s'oppose à ce que Asuka et sa tendre Ryo finissent ensemble, ce qui est tout de même sensé être la condition sine qua none pour qu'une comédie romantique existe. On est supposés faire semblant de croire (le plus souvent de très bonne grâce) que leur amour est impossible, parce qu'ils se querellent, parce qu'il y a un triangle amoureux, parce que tout les sépare, etc... Bref qu'il y a un truc. Mais là rien.

Alors vous comprenez, je ne peux pas vous parler d'Otomen. Je n'ai rien à en dire ! Il n'y a pas vraiment de thème, pas vraiment d'histoire, pas vraiment de parti pris. C'est juste... une occupation. Voilà, plein de techniciens, d'acteurs et d'auteurs qu'on a occupés le temps de quelques épisodes. Faut les comprendre, c'est la crise et on veut tous mettre du wasabi dans les épinards...
Il n'y a pas de sujet. Il n'y a dans Otomen ni gay, ni trans, ni questionnement sur la sexualité, ni même questionnement sur les sexes (ce qui semblait être un minimum) rien. Pourtant, ce sujet est passionnant. Il peut apporter aussi bien des réflexions captivantes que des blagues savoureuses.

Par contre, si jamais le sujet vous intéresse, je peux vous faire des propositions alternatives : le téléfilm Soldier's Girl, le pilote Pretty Handsome, peut-être même les articles nombreux qui ont fleuri sur la toile suite à l'affaire Caster Semenya, ou encore le dossier transexualité de Rue89. Mais Otomen, non ; passez votre tour.
Donc désolée, rien à faire, il n'y a et n'aura pas de post Otomen sur ce blog. J'avoue mon impuissance.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Otomen de SeriesLive.

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13 octobre 2009

Et dire que Samuel L. Jackson se croyait mal-aimé...

Je vous parlais hier de... ouhlà, plein de séries. Mais entre autres de Koushounin (rien à voir avec le saucisson), qui va démarrer plus tard ce mois-ci une seconde saison.

Comme je l'ai sans doute déjà dit, quelque part, je sais plus, vous chercherez, au Japon le renouvellement est loin d'être la règle, mais plutôt l'exception. Quand une série se retrouve prolongée pour une nouvelle saison, il y a toujours une bonne raison. En l'occurrence, Koushounin saison 1 ayant rencontré un succès apparemment satisfaisant (bien qu'en fait certains épisodes aient hérité d'audiences lamentables, et d'autres très convaincantes... bref un résultat très inégal), la saison 2 est en préparation après un passage par la case téléfilm l'hiver dernier, et en vue d'un film qui devrait sortir en 2010. On notera au passage que la méthodologie est à peu de choses près la même (moins le tanpatsu) pour LIAR GAME qui entame une seconde saison cet automne également.

Alors, bref, je disais : quand une série japonaise fait son retour, et à plus forte raison avec un tel tir groupé, mon réflexe est de me dire que, même si j'avais fait l'impasse une première fois, i lest quand même temps de s'y mettre. Koushounin, la bonne négociation comme on l'aime chez nous (nan mais en fait, ne faites pas attention, c'est moi qui ai fumé de la salade, ça se prononce "koochooninne", en prolongeant les "o").

Car l'histoire n'est pas très excitante sur le papier, à la base, puisqu'il s'agit d'une jeune femme (belle, évidemment, sinon ça n'aurait pas de sens) qui se trouve être la seule recrue féminine d'une équipe d'intervention spécialisée dans la négociation.
Une série pour mecs, assurément ? Genre vous imaginez déjà la belle pépé en train de charmer tout le monde ? Pas si sûr.

On ne tarde pas à s'apercevoir dés le pilote que la série est fermement résolue à aller jusqu'au bout de son concept. C'est même sa force. Reiko Usagi n'est pas la bienvenue, sexisme et harcèlement sexuel s'en mêlent rapidement pour bien lui montrer où est sa place. Et sa place, c'est de jouer les seconds rôles, comme le font toutes les autres femmes de la brigade qui ne servent en fait que de secrétaires en uniforme de police (option "je sers le café" plutôt qu'option "je participe sur les dossiers"). Entre le supérieur qui cherche à la tripoter, celui qui prend tranquillou une petite photo de ses cuisses, ceux qui pensent qu'elle est là uniquement pour faire le café, ou simplement qu'elle n'a rien à faire là... les réactions sont, en définitive, d'une grande violence. Jamais je n'ai vu une série, quelle que soit son origine, faire état d'une telle violence affichée envers les femmes. J'étais même surprise de l'ampleur de la chose ; il y a quelque chose de courageux dans ces portraits de l'univers professionnel masculin qui rejette ou diminue tout élément féminin, même sans le vouloir, à l'instar du petit rookie obséquieux qui tente de sympathiser (voire plus si affinités) et se vautre lamentablement.

Koushounin
Ouh putain ! Toi, tu vas avoir des problèmes ! Tu vas avoir de gros problèmes !

Évidemment, ce qui la sauve à nos yeux (mais résolument pas pour ses collègues masculins), c'est qu'elle est compétente. Mais pas infaillible (c'est important aussi). On sent qu'elle a déjà pas mal morflé par le passé, au long d'une formation qu'on imagine comme n'ayant pas été facilitée non plus, ce qui lui évite d'être grande gueule. Aussi, cet équilibre parvient à nous permettre de sympathiser avec elle, même si sa dureté maintient une certaine distance avec le spectateur. On n'a pas l'impression qu'elle est la belle héroïne seule contre tous qui va triompher de tout (même si en définitive, elle a raison, elle s'en prend plein la tronche, au propre comme au figuré d'ailleurs, ce qui rétablit l'équilibre cosmique).

Pourtant, Koushounin parvient à n'être pas féministe. Pas au sens habituel du terme, en tous cas. Le pilote n'est pas du tout un plaidoyer pour la parité, mais juste le parcours d'un personnage (qui s'avère être une femme) et qui veut réussir à faire ce qu'elle veut dans la vie. C'est, en fait, juste une question de respect.

Un autre élément du pilote est incarné par un étrange prisonnier, que Reiko Usagi visite régulièrement dans le couloir de la mort (au Japon, la peine de mort est administrée par pendaison, le saviez-vous ? voilà, vous venez de gagner collectivement 1 point de QI). Cet étrange personnage (interprété par Yuu Shirota avec plus de subtilité que je ne m'y attendais ; d'ailleurs ce dernier est au générique de la seconde saison qui commence le 22 octobre, ainsi que de Samurai High School, également sur la ligne de départ cet automne, mais quelle jeunesse, quelle santé !), visiblement malfaisant, donne non seulement une profondeur supplémentaire au personnage de Reiko, bien plus que l'éternelle petite-sœur-qui-est-normale-et-qui-s'habille-avec-des-couleurs-et-qui-ne-comprend-pas-pourquoi-l'héroïne-ne-sourit-jamais (je sens gros comme une maison que dans un épisode ultérieur elle va être prise en otage, celle-là), sur son passé, ses intentions, mais aussi marque de sa névrotique présence l'ambiance de tout l'épisode. Ces échanges malsains, qui n'ont pas grand'chose à envier à ceux du Silence des Agneaux (pas niveau gastronomie mais niveau ambiance), ajoutent au climat angoissant de Koushounin, sans pour autant verser dans le thriller. Faut voir ce que donne cette négociation-là, franchement.

Je ne veux pas vous quitter sans mentionner un autre plus de la série : l'esthétique. La plupart des scènes baignent dans le gris, avec un éclairage qui en même temps découpe superbement les visages comme à la serpe, c'est de la belle ouvrage, sans s'appesantir sur les effets de style non plus, et qui montre bien que la série a choisi son camps : ni noir (tourné à la va-vite), ni blanc (avec des effets chiadés partout), la série a choisi le gris (une subtilité pour le moment convaincante). Lancée comme je le suis, je sens que je vais m'envoyer vite fait la première saison pour embrayer avec la suivante !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Koshounin de SeriesLive.

12 octobre 2009

Staato !

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais très envie de vous présenter les nouveautés de la rentrée d'automne japonaise. Sans doute parce la rentrée américaine m'a interrompue dans ma fringale nippone de cet été, et que pouvoir mêler mes tendances pilotovores à mon envie de dorama, ça m'a fait trépigner d'impatience ces derniers temps...
Je vous avoue que je voulais réaliser cet article initialement pour un autre site, mais je n'ai jamais pris le temps de leur soumettre quelque chose de suffisamment développé. Mais bon, je leur soumettrai toujours, on verra bien, peut-être qu'il y apparaitra un jour !

- Welkame (NHK - depuis le 28 septembre)
L'histoire : une jeune femme, qui a été élevée dans une auberge à la campagne pour plus tard la délaisser pour partir dans une grande ville, doit retourner chez elle, faisant face aux réactions de ceux qu'elle s'était empressée de laisser derrière elle.
Autour de la série : sont prévus150 épisodes de 15mn chacun, en quotidienne le matin (c'est ce qu'on appelle les asadora).

- My Girl (TV Asahi - depuis le 9 octobre)
L'histoire : un jeune homme de 23 ans  a eu une aventure avec une femme d'âge mûr quand il était au lycée, et, plusieurs années plus tard, il apprend qu'elle est décédée et qu'elle a eu un enfant de lui.
Autour de la série : adaptation du roman du même nom. La bonne nouvelle c'est que deux teams de fansub ont déjà annoncé travailler sur cette série, donc on en reparlera probablement.

- Challenged (NHK - depuis le 10 octobre)
L'histoire : un professeur qui a perdu la vue décide de reprendre l'enseignement en dépit de son handicap.
Autour de la série : pas grand'chose à signaler, sinon qu'on va sans doute chialer comme des bébés.

- JIN (TBS - depuis le 11 octobre)
L'histoire : un neuro-chirurgien tombe dans une faille temporelle qui le ramène au milieu des années 1800, où il se résout à exercer la médecine sur les maladies d'alors avec ses connaissances du « futur ».
Autour de la série : adaptation du manga du même nom.

- Mama-san Volley de Tsukamaete  (NHK - depuis le 11 octobre)
L'histoire : les tribulations d'une équipe de volley uniquement constituée de mamans travaillant dans un supermarché local.
Autour de la série : exception qui confirme la règle, il s'agit d'un sitcom ! Il parait qu'il n'y en a eu qu'un seul avant celui-ci il y a quelques années. En tous cas, comme un bon sitcom qui se respecte, celui-ci sera tourné en public.

- Real Clothes  (Fuji TV - à partir du 13 octobre)
L'histoire : adaptation d'un tanpatsu (téléfilm) où une jeune fille pas spécialement féminine était mutée au rayon prêt à porter féminin d'un grand magasin, et devait devenir plus raffinée.
Autour de la série : le tanpatsu était déjà lui-même l'adaptation d'un manga.

- Gyne  (NTV - à partir du 14 octobre)
L'histoire : une gynécologue hantée par une tragédie passée, et qui fait toujours passer le bien-être de ses patients avant toute chose, se retrouve trainée en justice par la famille d'une patiente morte sur sa table d'opération lors d'une césarienne.
Autour de la série : drame à la fois médical et judiciaire, adaptation d'un article rédigé par un gynécologue réputé.

- Aibou (TV Asahi - à partir du 14 octobre)
L'histoire : deux policiers, un expérimenté et un plus jeune, mènent des enquêtes.
Autour de la série : huitième saison d'une série qui a commencé en 2000, donc n'a plus grand'chose à prouver...

- Fumou Chitai (Fuji TV - à partir du 15 octobre)
L'histoire : après avoir servi en tant qu'officier dans un camps de travail en Sibérie pendant la Seconde Guerre Mondiale, un homme retourne au Japon où il est engagé par une société commerciale.
Autour de la série : remake de la série du même nom qui a compté 31 épisodes en 1979, et d'après le roman du même nom.

- ROMES (NHK - à partir du 15 octobre)
L'histoire : une équipe de choc spécialisée dans la sécurité des aéroports traque aussi bien les terroristes que les hackers.
Autour de la série : seulement 9 épisodes prévus. Adaptation de deux romans. Prend la case dévolue à Primeval au Japon.

- Ohitorisama (NHK - à partir du 15 octobre)
L'histoire : une prof trentenaire tombe amoureuse d'un de ses collègues plus jeune de 10 ans. Ils décident d'emménager ensemble mais la cohabitation ne fait que souligner leurs différences.
Autour de la série : c'est Accidentally on Purpose en version japonaise, sans la grossesse. Et avec presqu'uniquement des chanteurs au générique !

- Untouchable (TV Asahi - à partir du 16 octobre)
L'histoire : une jeune reporter se trouve renvoyée de la publication haut-de-gamme où elle travaillait, mais son sens du détail lui permet d'accéder à la partie « intouchable » des affaires sur lesquelles elle écrit. Elle peut donc à la fois résoudre des affaires et continuer à écrire des articles, même si c'est à présent pour un torchon.
Autour de la série : R.A.S.

- Samurai High School (NTV - à partir du 17 octobre)
L'histoire : un jeune adolescent pas très viril tombe sur un vieux document qui lui insuffle l'esprit de ses ancêtres samurai.
Autour de la série : sur un scénario de Yumiko Inoue (14 Sai no Haha), a déjà eu le temps de changer de titre deux fois avant d'être diffusé.

- Shoukoujo Seira (TBS - à partir du 17 octobre)
L'histoire : Seira est une jeune fille issue d'un milieu aisé qui se retrouve à travailler dans le pensionnat où elle faisait auparavant ses études. Humiliée par ses anciennes camarades, elle affronte pourtant les épreuves avec le sourire.
Autour de la série : je vous en ai déjà parlé plusieurs fois, il s'agira de l'adaptation de la fameuse histoire de Princesse Sarah !

- Tokyo DOGS (Fuji TV - à partir du 19 octobre)
L'histoire : deux jeunes policiers, aux tempéraments contraires mais très zélés, font équipe autour d'une affaire impliquant une étrange jeune fille ayant perdu la mémoire.
Autour de la série : peut-être l'une des séries les plus attendues de la saison, principalement pour son casting.

- Meitantei : Asami Mitsuhiko (TBS - à partir du 21 octobre)
L'histoire : un jeune journaliste qui écrit pour un magazine sur les voyages se retrouve dans diverses contrées japonaises, enquêtant sur des mystères locaux.
Autour de la série : tiré d'une mini-série de 3 épisodes sur le même sujet, Asami Densetsu, diffusée en 2008 sur une chaîne concurrente, et qui était elle-même l'adaptation d'un roman.

- Koushounin (TV Asahi - à partir du 22 octobre)
L'histoire : une équipe d'intervention spéciale, majoritairement masculine et donc avec tous les travers qu'on imagine (hierarchie bornée, sexiste...) a un élément féminin qui sort du lot.
Autour de la série : deuxième saison d'une série démarrée en janvier 2008 (il y a aussi eu le temps pour un tanpatsu).

- Bouchou Mania 09 (NTV - à partir du 22 octobre)
L'histoire : un jeune homme se retrouve juré dans un procès et se prend de passion pour le monde judiciaire. Fasciné, il se met à fréquenter les tribunaux comme un hobby.
Autour de la série : adaptation d'un manga ; la bonne nouvelle pour nos amis non-anglophones, c'est qu'une team française a déjà annoncé qu'elle travaillerait sur les subs de cette série.

- LIAR GAME (NTV - à partir du 11 novembre)
L'histoire : une jeune femme est prise au piège d'un jeu étrange auquel elle n'a pas souhaité participer, où il faut mentir pour gagner ; or, elle est extrêmement honnête et demande donc à un arnaqueur professionnel de lui porter secours.
Autour de la série : c'est la seconde saison de la série LIAR GAME, dont j'ai déjà traité du pilote dans ces colonnes il y a quelques années (eh oui, bienvenue dans le système à la japonaise). Cette seconde saison est un prélude à un film où se déroulera la finale du jeu, et qui sortira en février 2010.

- Gaiji Keisatsu (NHK - à partir du 14 novembre)
L'histoire : les interventions d'une équipe d'élite spécialisée dans le contre-espionnage qui a été créée secrètement suite au 11 Septembre.
Autour de la série : seulement 6 épisodes de prévus.

- Saka no Ue no Kumo (NHK - à partir du 29 novembre)
L'histoire : deux frères officiers de l'armée, ainsi qu'un poète, qui tentent de mener bataille en n'usant pas que de la force, pendant la guerre contre la Russie au XIXe siècle.
Autour de la série : attention les yeux... il s'agit d'une super-production historique (les personnages ont existé) diffusée en trois partie, à l'automne 2009 (5 premiers épisodes), puis 2010 (3 épisodes), et enfin 2011 (5 derniers épisodes), et filmé en Russie et en Chine. Episodes de 90mn chacun.

Allez, en bonus je vous offre le top des séries les plus attendues de cette nouvelle saison nippone (d'après Oricon, spécialiste en classements et sondages de tous poils au Japon) :

1) LIAR GAME (FujiTV)
2) Tokyo DOGS (FujiTV)
3) Fumou Chitai (FujiTV)
4) Aibou (TV Asahi)
5) Otomen  (FujiTV) (la saison a commencé en août et reprend après un hiatus, doublé d'un changement de case horaire)
6) Koushonin THE NEGOTIATOR (TV Asahi)
7) My Girl (TV Asahi)
8) Samurai High School (NTV)
9) Real Clothes (FujiTV)
10) Ohitorisama (TBS)

Inutile de dire qu'il y en a dont vous n'entendez certainement pas parler ici pour la dernière fois ! Mais bon, LIAR GAME, je vais passer mon tour, Tokyo DOGS ne m'attire pas du tout... bref vous voyez le truc, ce n'est pas du haut du classement dont je vais beaucoup vous parler. Enfin bon, si je suivais ce qui disent les prévisions d'audience, ça se saurait. Par contre, Otomen, ça fait quelques semaines que je me dis que je vais essayer d'y jeter un oeil, alors on verra.
M'intéressent plus particulièrement : Gyne, Bouchou Mania 09, un peu My Girl, et quand même Fumou Chitai. Peut-être aussi la grande fresque historique en trois ans, si j'ai le courage et que des traducteurs l'ont aussi (ça risque hélas de faire peu d'émules). Sans compter évidemment Shoukoujo Seira !

16 septembre 2009

Désir d'avenir

Je me souviens qu'il y a un an de ça, je vous vantais les mérites de Brothers & Sisters, découverte avec un peu de retard au motif que je raffole des familles dont on suit les évolutions sur plusieurs années. D'où mon régal à enchaîner première, puis seconde, puis troisième saison en quelques semaines. Il est vrai que j'ai interrompu le visionnage de la saison 3 (rappel des faits : avec l'hiver 2008-2009, j'ai pris ABC en grippe à cause de l'affaire Pushing Daisies) et je n'ai pas regardé de nouvel épisode depuis quelques mois maintenant, mais une autre série a ravivé mon intérêt sur le sujet, depuis, et je me suis dit que j'allais accorder quelques lignes de plus à ce phénomène.

La raison de mon intérêt pour les histoires de familles est probablement à chercher bien au-delà de ma seule téléphagie.
Mais une chose est sûre, ses manifestations aujourd'hui dépassent elles aussi très largement les quatre coins de mon écran de télévision. Par exemple lorsque je joue au Sims, l'un de mes modes de jeu favori est de créer d'immense arbres généalogiques, si possible s'entrecoupant avec d'autres immenses arbres généalogiques. Plus anciennement, quand ma soeur et moi étions petites, et que nous jouions à la poupée (on a été élevées comme des filles, que voulez-vous que je vous dise... mais ceci n'est presque pas un post sur le déterminisme), nous créions souvent une famille nombreuse, et tout l'enjeu était de savoir qui des filles (jouées par Skipper 1, Skipper 2, etc...) se marierait et aurait à son tour des enfants la première (d'autant que le nombre de Ken était limité). Adolescente, je lisais L'Esprit de Famille goulûment, attendant qu'une des soeurs ait des enfants, créant ainsi des ramifications avec la famille de protagonistes masculins encore inconnus 1 tome plus tôt (Janine Boissard m'ayant offert ce que Louisa May Alcott m'avait refusé). Bref, voir une famille se développer sur plusieurs générations, ça me fascine. Plus il y a de pièces rapportées, plus j'exulte.

On comprendra mieux comment j'ai réussi à accomplir le tour de force de regarder plusieurs saisons de 7 à la Maison (la gamme d'âge des enfants Camden permettant une sensation de renouvellement des générations et pièces rapportées quasi infinie), et comme Brothers & Sisters a capturé mon cœur, donc (avec d'autant plus de force que les intrigues sont largement meilleures).

Sauf que le weekend dernier, en finissant l'ultime épisode d'un dorama japonais, j'ai réalisé que cette passion pour les arbres généalogiques à rallonge avait sans doute contaminer ma façon de regarder des séries où une famille est au centre des attentions scénaristiques (vous avez jusqu'à la fin du paragraphe pour trouver de laquelle je parle ; elle a déjà eu droit à un post sur ce blog ces dernières semaines). C'est d'ailleurs fou comme un bon dorama remet bien les choses en places après des années de formatage occidental.

Oishii Gohan sacrifie à un certain nombre de passages obligés, c'est sûr. Si vous vous souvenez bien, je n'ai jamais crié au génie, après tout. Mais la série développe des personnages si attachants que le spectateur occidental (c'est moi, ça) ne peut s'empêcher de commencer à former des projets d'avenir. D'ailleurs, le scénario nous y encourage une fois ou deux en lançant quelques hameçons habiles. Mais le fait est qu'à l'avant-dernier épisode, il devient clair qu'Oishii Gohan prépare ses adieux. Voir à pas oublier qu'il s'agit d'un dorama ici ! Huit épisodes et puis s'en vont, et pas de Piemaker en vue pour une petite résurrection des familles.

Si dans le cas d'autres intrigues, je peux sans problème accepter cette particularité locale, sous l'angle de cette famille adorable, c'est plus difficile d'admettre que la série n'aura jamais qu'une durée de vie limitée.
Oishii Gohan a en plus le charmant vice d'employer des flashbacks et des outils de datation (musicaux notamment) pour créer rapidement à la famille Kasugai un passé vieux de 10, 15, 20 ou même 25 ans. De sorte qu'on a l'impression (bien-sûr erronée) d'avoir déjà passé beaucoup de temps avec cette famille.

Pour autant, une série familiale n'est pas obligée d'être une saga à rallonge. Oishii Gohan, dans son format 8 x 45 mn, a eu le temps de beaucoup dire sur la famille Kasugai, et sur la famille tout court. Le twist de l'épisode final est à cet égard très parlant (et je me suis laissée avoir comme un bleu, je le reconnais). Je suis ressortie de l'expérience de ce final, outre la larme à l'œil (mais je l'ai dit, j'ai été élevée comme une fille), assez transformée. Comme si certaines œillères avaient disparu.
Bien des auteurs occidentaux, finalement, gagneraient à apprendre du nombre de singularités que le dorama peut avoir. Pour bien décrire la vie d'une famille sur le long terme, nul besoin de jouir soi-même de temps.

Certes, en raison de mes habitudes et préférences, j'ai ressenti un certaine frustration à abandonner Tae, Kaede et les autres. Mais j'ai aussi l'impression d'avoir appris quelque chose.

Passez un mois sous le signe de la fiction japonaise, et remplacez avantageusement n'importe quelle cure détox...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Oishii Gohan de SeriesLive.

5 septembre 2009

D'une tour à une autre

Prévisions : 1 pilote de 57mn = 57mn où je suis injoignable.
Réalité : le pilote de Tokyo Tower de 57mn = 72mn où je suis injoignable.
Mais ça s'explique très facilement, vous allez voir.

Tokyo Tower est l'adaptation de l'autobiographie de Lily Franky, et oui, je sais, ça ne vous dis rien, alors disons pour simplifier qu'il s'agit d'un comédien japonais, de son vrai nom Masaya Nakagawa. Ça ne vous parle pas tellement plus mais faut pas que ça m'empêche de continuer. Et en dépit de l'anonymat à vos yeux de Lily Franky, il s'avère que cette autobiographie a ému les foules au point que l'histoire soit adaptée en téléfilm, en série puis en film, on ne s'en lasse pas apparemment.
Du coup à un moment, quand on prétend regarder des fictions japonaises, il faut bien regarder celles qui ont soulevé un tel engouement, aussi, bien que l'histoire m'inspire peu, je m'y suis finalement mise.

Parce que l'histoire de Tokyo Tower, c'est un type qui a grandi à la campagne et qui part poursuivre ses études à Tokyo. Je veux pas faire mon Droopy, mais l'enthousiasme du spectateur à la lecture d'un tel pitch est forcément modéré.

Pourtant, la surprise vient du traitement. En alternant les (longs) flashbacks et les sursauts dans le présent (un présent qui se situe en 1989 quand Masaya, qui n'est pas encore Lily Franky, quitte le nid familial), Tokyo Tower remplit largement sa mission. Le portrait de ce jeune garçon, qui ressemble un peu à tous les jeunes garçons, et de sa mère, qui ressemble un peu à toutes les mères, est très fin et réussi.

Plusieurs années plus tôt, Masaya s'installait avec sa mère dans la ville natale de celle-ci, après qu'elle ait divorcé du père, un alcoolique notoire qui ne se préoccupe quasiment pas de lui. Alors petit garçon, il était timide, collé à elle en permanence, craintif et peu sociable. Aujourd'hui devenu lycéen, il ne supporte plus l'empressement de sa mère à lui donner des conseils, lui poser des questions, s'occuper de lui... Il rêve de prendre le large, de respirer.
On se reconnaît tous, quel qu'ait été le parcours, dans cet adolescent qui n'est pas certain de savoir ce qu'il veut, mais qui le veut, ça c'est sûr, sans sa mère. Mais qui en même temps, se rend bien compte de ce que sa mère fait pour lui : les deux emplois qu'elle occupe pour le nourrir, le mal qu'elle se donne pour l'aider à être à l'aise dans la vie, les multiples attentions dont elle l'entoure.
Quand plus tard dans le pilote, finalement, Masaya se résout à poser sa candidature pour une école d'art à Tokyo, avec patience et tendresse, et bien qu'on sente que ça lui brise le coeur, sa mère va l'encourager, le soutenir, puis le féliciter lorsqu'il réussit l'examen de passage.

Finalement mère et fils ont toujours une relation fusionnelle, même si Masaya voudrait s'en défaire, on sent bien que sa véhémence n'en est que l'indice le plus récent. Et la fin du pilote est à ce titre révélatrice.

Quand on regarde Tokyo Tower, on est submergé par une vague de simplicité et de tendresse dont on a peine à imaginer qu'elle soit si forte en moins d'une heure d'attachement avec une série. La réalisation est sans fioriture, m'ais d'une grande justesse. On aurait envie de se dire que la mère de Masaya réagit comme toutes les mères. L'espace d'un instant, on se rappelle des vagues similitudes entre elle et votre propre mère. On a envie de croire qu'on connait si bien ce genre de relation, qu'on est passé par là.
L'espace d'un instant, j'ai laissé de côté tous les mauvais souvenirs, et je me suis juste dit qu'il y avait quelque chose que je devais impérativement faire. J'ai essayé mes larmes et...

Prévisions : 1 pilote de 57mn = 57mn où je suis injoignable.
Réalité : le pilote de Tokyo Tower de 57mn = 72mn où je suis injoignable. Coup de téléphone à ma maman inclus.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Tokyo Tower de SeriesLive.

4 septembre 2009

HOME MADE Kazoku

Ah, la famille ! On y revient toujours. Dans le fond c'est forcément là que ça a commencé.
D'ailleurs, c'est vrai : la fiction japonaise, c'est quasiment par les comédies familiales que ça a commencé. Le genre home dorama a été lancé avant bien d'autres, dés les débuts de la télévision nippone, avec une particularité qu'on appelle le kitchen sink, c'est-à-dire que tout se passe dans la cuisine (à l'époque c'était techniquement plus pratique d'avoir un seul décor, et ça permettait des histoires entre belle-mère et bru qui tentent de cohabiter, les histoires de belle-doche c'est universel !). Les Japonais, qui décidément ont tant en commun avec nos amis iliens les Britanniques qui en avaient fait leur marotte télévisuelle aussi, ont lancé ce type de dorama avant même les histoires d'amour et autres triangles impossibles, dans les années 50, en même temps que les séries d'enquêtes (les deux étant au tout début filmés en direct).
C'était le paragraphe à peu près instructif du jour.

Donc, fort d'une longue tradition de home dorama, le Japon se doit d'en créer encore de temps à autres, histoire de ne pas perdre la main, et c'est toujours ça que ces saloperies d'adolescents n'auront pas. Aujourd'hui le genre est largement moins en vogue, ou alors on le transforme pour le mettre au goût du jour, genre Oniyome Nikki, et les home dorama typiques ont quasiment tous disparu.
Tous ? Non ! Car la chaîne TV Asahi résiste... en même temps c'est vrai que c'est la même chaîne qui a plus ou moins abandonné l'idée de s'adresser à une clientèle qui ne sait pas servir de Fixodent. M'enfin quand même.

Alors laissez-moi vous présenter Oishii Gohan (délicieux riz/délicieux repas), une série que pour tout vous dire, j'ai regardée parce que je le pouvais, sans lire une seule ligne à son sujet. J'ai vu le nombre de cagoules actives, j'ai foncé, des fois c'est aussi simple que ça, et on a vu récemment que ça me faisait de bonnes comme de mauvaises surprises. Aujourd'hui, c'est une bonne surprise, c'est indiscutable.

Il s'agit de l'histoire d'une famille qui, 15 ans après une brouille qui les a séparés (et dont on ne nous dit pas l'objet), se retrouve à cohabiter à nouveau dans la même maison. Le personnage-phare en est le patriarche, un homme dur et pas très avenant qui tient un magasin de riz dans une ville assez traditionnelle et conservatrice, et qui y travaille seul avec son employé dévoué, la maison étant par ailleurs entièrement vide. Mais lorsque pépé commence à avoir des ennuis de santé, l'employé Gorou va demander au fils de la famille, Shinpei, un écrivain tokyoite entre deux emplois dirons-nous, de bien vouloir tenir le magasin pendant que le vieux est à l'hôpital. Sauf que d'une part, pépé n'est pas au courant, et d'autre part, le fiston jure que dés que son père est sur pied, il retourne à Tokyo sans même le voir.
N'importe qui à ce stade aura deviné que ça ne va pas tout-à-fait se passer comme ça.
Mais tout cela est vu avec le regard de la femme de Shinpei, Tae, qui n'a jamais su pourquoi la famille s'était disloquée 15 ans en arrière et qui essaye de rabibocher père et fils, ce qui donne beaucoup de fraîcheur à cette comédie familiale.

Deux choses.
D'abord, il faut avouer que Tae est adorable. Elle donne l'impression de vrombir dans tous les sens avec bonne humeur. On sent déjà dés sa première scène que sa relation à son fils (le petit Shouta) est pleine de complicité et de tendresse, mais de toutes façons on verra ensuite qu'elle est toujours agréable à vivre (sauf quand elle cuisine où là, c'est un bourreau qui s'ignore), qu'elle est pleine de vie, et franchement, un personnage si positif, c'est un bonheur.
Ensuite, ce qui est vraiment génial, c'est que si chacun a fait sa vie de son côté, la génération de Shinpei est pétillante à voir interagir : il y a la fille aînée, Madoka, qui a la langue bien pendue, Shinpei donc, l'auteur au chômage ("j'avais trouvé une super idée mais c'est quelqu'un d'autre qui écrit le livre"), et enfin Kaede, la frangine gothique. On sent que même si leurs rapports sont distendus, en tous cas ils ne se sont pas perdus de vue. Lorsqu'ils réinvestissent la maison familiale pendant que leur père est à l'hôpital, on s'amuse de les voir tous ensemble, à la fois en train de ressortir quelques vieux souvenirs comme s'ils essayaient de se raccrocher à quelque chose qui n'est plus, et en même temps prendre du plaisir à passer du temps ensemble sans se soucier de rien. Il y avait pendant la scène du déjeuner dans la maison (un déjeuner improvisé) une atmosphère vivante qui donnait l'impression qu'on avait atterri au milieu d'une vraie famille.
Et enfin, la petite famille évolue dans une maison splendide (un jour je vais finir par ouvrir un album pour les captures des logements les plus chouette, ça vous tenterait ?), et ils passent leur temps à parler de vieilles chansons des années 70 et de nourriture (quand ce n'est pas l'avaler tout court). En même temps, quand on vend du riz, c'est normal quelque part, mais vraiment, ça m'a donné envie, tout ça.

Bon d'accord, ça fait trois. Mais de vous à moi, quand une série s'appelle Oishii Gohan (avec une ambiguïté sur le sens du mot gohan puisqu'il veut aussi bien dire riz que repas ; culturellement ça a du sens, je ne vous fais pas un dessin), il va nécessairement y être question de riz et de bouffe. Et là, comment vous dire ? J'étais assise face à l'écran et mon chat, assis à mes pieds, jouait avec ma langue.
Hm ? Quoi ? Non, vraiment ? Bon, d'accord, puisque vous insistez, je vous fais des captures.

OishiiGohan_1

OishiiGohan_2

OishiiGohan_3

OishiiGohan_4

OishiiGohan_5

OishiiGohan_6

Faaaaaaaim.

Bon, donc voilà, Oishii Gohan, c'est l'essence-même des repas de famille, des rires, des disputes, des vieux dossiers, et de la bouffe. J'ai regardé ce pilote en ayant l'impression d'assister à un Brothers & Sisters, mais en moins pété de thunes, quelque part, plus humble. Les comparaisons avec la série américaine ne s'arrêtent d'ailleurs pas là, mais je vais pas tout vous spoiler non plus.

Sans compter un truc qui me plaît énormément, c'est qu'à chaque épisode, on nous ressort une vieille chanson que la famille écoutait quand tout allait bien, et alors croyez-moi, ces chansons japonaises qui ont entre une et deux décennies, c'est du bonheur en barres. Je sais qu'on n'est pas nombreux en Occident à en raffoler, mais personnellement j'adore ça, et même moi qui n'en écoutait pas il y a 20 ans (même pas il y a 5 !), ça me rend toute joyeuse et nostalgique de voir ça, surtout que la famille déconne en écoutant les vieux vinyles, et que ça participe énormément à l'ambiance de la maisonnée.

D'ailleurs le titre de chaque épisode de la série fait référence à un plat familial et une chanson rétro, ça vous donne tout de suite le ton.

Donc maintenant que je vous ai fait pareille présentation, où je vous ai pour ainsi dire vendu un autre Lunch no Joou à découvrir, quand même, écoutez, c'est bien simple, si ce post-là, il ne vous met pas l'eau à la bouche, alors je rends mon tablier et je me mets à reviewer un par un tous les épisodes de The Beautiful Life cette saison.
Soyez chics, les gars, me laissez pas tomber sur ce coup.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Oishii Gohan de SeriesLive.

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