ladytelephagy

Purple is the new black. Un blog qui parle de séries, c'est devenu assez habituel. La question, c'est : de quelles séries ? Séries méconnues, séries anciennes, séries japonaises... mais aussi séries récentes ! Venez, la téléphagie, c'est contagieux !

13-09-13

Bay watch

Pour le deuxième été consécutif, TV2 en Nouvelle-Zélande a décider d'égayer sa grille avec une comédie adolescente locale... ou plutôt, un "romantic whodunit", selon le badge que s'est attribué Girl vs. Boy ! Après avoir craqué l'an dernier devant l'ambiance farfelue de cette série pour la jeunesse pas comme les autres, il allait de soi que j'allais regarder la deuxième saison également, et c'est un bilan de cette nouvelle fournée que je vous propose ce soir.

GirlVSBoy-season2

La saison 2 de Girl vs. Boy reprend quelques semaines à peine après la fin de la première saison. Désormais, tout est à nouveau calme à The Bay, élue troisième banlieue la plus agréable de Nouvelle-Zélande : Tim et Hailey se sont rabibochés, les habitants ont fait la paix, et même Maxine parvient à goûter au calme grâce à sa romance naissante avec Jake.
Vous vous doutez bien que ça ne va pas durer.

Car justement, l'élection de la ville la plus agréable de Nouvelle-Zélande approche, et cette fois, les habitants de The Bay sont bien décidés à être les premiers !
La compétition va rapidement prendre des proportion énormes, mettre le bazar dans l'équilibre fragile de la vie de chacun, et, très vite, faire de The Bay la ville la plus bordélique de Nouvelle-Zélande ! Le comité de la ville est animé d'un esprit de compétition qui va causer bien des dommages, que Maxine, fidèle à elle-même, va tenter de réparer... pour au final les agraver le plus souvent. Elle doit surmonter des obstacles personnels : les deux étranges étudiants norvégiens, Kjesten la peste et Olaf le muet, emménagent chez elle pour l'été. Tout ça avec la bénédiction de sa psy de mère qui ne comprend décidément jamais rien à rien.

Mais ce n'est que pécadille comparé au plus grand défi qui attend notre héroïne, car elle et Jake ont été choisis par le comité de The Bay pour être les deux héros de la campagne publicitaire pour la ville, mettant leur romance au coeur de la nouvelle identité de The Bay pour les touristes, désormais devenue ville de l'amour ; or, entre Maxine et Jake, les choses sont loin d'être idéales. Tous les deux sont d'une timidité et d'une maladresse maladives, et sont incapables de se parler normalement. Alors que Maxine essaye d'arranger les choses, sur les conseils de sa mère qui lui affirme que partager des secrets intimes renforcera leur couple, elle confesse un secret qu'elle a inventé de toute pièce dans la panique, pendant que Jake lui confie, lui, un vrai secret embarrassant ! Pire encore, ce secret, sur lequel Jake lui a fait jurer le secret, se retrouve bientôt posté sur Facebook sur le compte de Maxine, où tout The Bay peut le voir ! Trahison ! En plein milieu de la campagne promotionnelle, les deux jeunes tourtereaux se séparent !
Mais qui peut bien avoir posté ce statut Facebook en se faisant passer pour Maxine ?

Comme pendant la première saison, Maxine va donc devoir essayer de percer le mystère de l'embrouille privée qui menace de semer la zizanie dans toute la ville... et tenter de se tirer d'une situation très inconfortable pour elle. Ce qui n'arrange rien à ses affaires, c'est que cette fois, un nouveau garçon vient d'emménager juste en face de chez elle, Thomas Crooze, et qu'elle en pince aussi un peu pour lui. Comme si elle avait besoin de ça !

Ce qui frappe dans cette nouvelle saison, c'est que les créateurs de Girl vs. Boy ont légèrement changé de ton. Certes, on est toujours dans une comédie, et certainement pas dans une série policière ou une romance se prenant au sérieux. Mais désormais, il n'y a plus de séquence fantasmée totalement hallucinée ponctuant chaque épisode d'au moins un moment complètement délirant et improbable ; on part sur quelque chose d'un tantinet plus réaliste, et sur un humour plus classique. Le rythme s'en ressent un peu, car désormais l'humour repose exclusivement sur les dialogues, et plus rarement sur les situations ou les références cinématographiques explicites, rendant les épisodes légèrement plus bavards.
Mais qu'importe : Girl vs. Boy respire toujours autant la bonne humeur. Et surtout, la série repose toujours sur les mêmes recettes : un mystère impossible à dénouer sans avoir vu la fin, des personnages secondaires toujours aussi farfelus (qui d'ailleurs permettent d'accumuler les fausses pistes en cours de route), et une héroïne gaffeuse qui a un don sans pareil pour empirer les choses chaque fois qu'elle tente de les arranger.

Girl vs. Boy tient plutôt bien la route, pendant cette nouvelle saison, même si j'ai un peu moins ri que l'été dernier. J'apprécie toujours autant sa démarche d'essayer de faire un divertissement frais et familial sans jamais tenter de s'adresser au plus petit dénominateur commun. On sent que les acteurs prennent un plaisir visible à se lâcher (je suis sûr que l'interprète d'Olaf explose de rire à la fin de chacune de ses prises !) et c'est très communicatif. L'ambition de la série n'est pas ailleurs !

D'ailleurs les jeunes spectateurs de TV2 ne s'y sont pas trompés : là où la saison 2 de Girl vs. Boy avait démarré, les dimanches en fin d'après-midi, devant 90 000 spectateurs, le final en deux parties a été suivi par plus de 128 000 Néo-Zélandais désireux de connaître la clé de l'énigme (et d'assister à une chanson what-the-fuck à faire rougir Glee de honte). Ce succès confirme que Girl vs. Boy est un petit ovni apprécié à sa juste valeur, et j'attends maintenant de savoir si nous aurons droit à un troisième volet des mésaventures de Maxine, la Jessica Fletcher néo-zélandaise de 16 ans.
Oui, là je triche, mais c'est pour la bonne cause.
En tous cas, les 5 heures qui ont été diffusées en l'espace de 2 saisons valent vraiment le coup d'oeil si vous avez envie de passer un moment sans prise de tête devant une comédie pour la jeunesse qui n'a rien d'insupportable pour des adultes.

Enfin bref, quelle que soit votre raison, regardez Girl vs. Boy, voilà tout.

Posté par ladyteruki à 21:21 - Review vers le futur - Permalien [#]

06-09-13

Three strikes

C'est officiellement la rentrée ! Oui, je sais, à peu près quinze fois par jours en ce mois de septembre, quelqu'un, quelque part, avec des intentions douteuses, utilise le mot "rentrée", et ça commence à vous faire suer. Mais là c'est vraiment dans le bon sens ! Et c'est parce que c'est vraiment la rentrée, pas parce qu'on sent que l'été est fini ! Je vous explique.
Avec la découverte des premiers pilotes, on peut dire que les choses sérieuses ont vraiment commencé. C'est pas comme cet été, où téléphagiquement, on n'a rien fait de nos vies (à part, vous savez, découvrir Orange is the new black en moins de 24h), non là, on y est, on va commencer à se gorger de pilotes notamment américains, ça va être l'orgie.

Osez me dire qu'une orgie de pilote n'est pas LE rêve de tout téléphage, hein ? Ouais, pas à moi s'il vous plaît.

Donc nous y voilà. Bon alors certes, dans le temps, les premiers pilotes de la saison apparaissaient à la télévision, par sur le net. Autres temps, autres moeurs. Mais c'était aussi une époque à laquelle c'était The CW qui nous fournissait les premiers pilotes de la rentrée, c'est comme ça que vous voulez commencer la saison, hein, dites, c'est comme ça ?!

Joie en la demeure, donc, la première série de la saison américaine sera une comédie d'ABC. Mille hourras !

TrophyWife

Et donc ça c'était la bonne nouvelle. Parce que le pilote de Back in the Game n'était pas forcément une option palpitante pour s'atteler à la rentrée non plus. Je vous arrête tout de suite, j'ai regardé le pilote de Trophy Wife également, et ce n'était pas tellement mieux, donc ce n'est pas un problème de choix de ma part.
Le problème serait plutôt que les séries que j'ai le plus envie de découvrir quand arrive une nouvelle saison sont les dramas, pas les comédies. Je n'étais juste pas du tout d'humeur pour des comédies. Et à plus forte raison des comédies aussi peu affolantes que celles-ci. Oui, j'ai bien conscience que le problème vient de moi.

Ce soir, on va simplement parler de Back in the Game, mais beaucoup de mes reproches à ce pilotes s'adresseront également à Trophy Wife, comme nous le verrons dans un post antérieur (que, j'en suis sûre, vous avez à présent une ardente envie de découvrir).

Le pilote de Back in the Game se base sur une idée manquant totalement de... tout. En fait, c'est à se demander s'il y a une idée. Comment peut-on pitcher comme celle-là pour réussir à faire en sorte que votre interlocuteur se dise qu'elle a du potentiel pour être drôle, c'est un véritable mystère à mes yeux. L'histoire de départ est donc qu'une jeune femme, Terry, récemment divorcée et son fils sous le bras, est revenue vivre avec son père, surnommé The Gannon.
Ce père désastreux (enfin, surtout mal dégrossi, en-dehors de ça il est assez inoffensif) n'a qu'une obsession, le baseball ; il a déjà poussé sa fille à en faire, maintenant il va pousser son petit-fils. Soit.

Sauf que la façon dont Back in the Game entame son pilote ne laisse pas beaucoup entrevoir le comique de cette situation, s'il existe. Au contraire, après avoir fait croire que le père comme la fille ont une personnalité dysfonctionnelle ébouriffante, on passe à une longue séquence passablement bavarde, dénuée de toute drôlerie mais aussi d'émotion, des fois qu'on aurait cru pouvoir, je sais pas moi, s'émouvoir devant une série. J'ai eu des détartrages qui étaient plus excitants que ce pilote. C'est long, c'est pas drôle, et ça semble durer des plombes.
Le seul passage où j'ai un peu souri, c'est lorsque Terry rencontre Lulu, car Lulu, ELLE, est drôle. Un peu. Manque de chance, elle n'apparaîtra que pour remplir ses obligations d'exposition (ainsi que son fils, dans une moindre mesure), pour ensuite devenir totalement invisible, et seulement prononcer une phrase et demie au moment où le scénario aura besoin d'argent, vu que Lulu est riche.

C'est à dire quand les scénaristes de Back in the Game (je présume qu'ils sont plusieurs, mais là comme ça, ça n'est pas une évidence en regardant l'épisode) ont besoin de trouver une galipette par laquelle Terry va entraîner l'équipe de baseball de son fils, et qu'elle va devoir le faire avec le Cannon, et que ce sera fait avec de grosses tatanes. Personne n'aura l'idée d'intégrer Lulu à l'équipe, ce qui fait que tout espoir pour moi de sourire a totalement disparu. En théorie ce ne serait pas gravissime si on riait, ne serait-ce que d'un rire intérieur, mais on ne rit pas. Ni rien d'autre, comme je le disais.
La longue scène du premier entraînement de l'équipe de baseball ne relève pas tant du divertissement que de la corvée ; d'autant que les gamins constituant l'équipe ne sont pas spécialement porteurs de répliques foudroyantes ou de gags épatants.

Personnages sans intérêt, pas de drôlerie, et des séquences longues comme un jour sans pain ? Pas vraiment de quoi donner envie de suivre la série lorsqu'elle démarrera réellement, un peu plus tard ce mois-ci.
Ce n'est même pas nul : si c'était nul, je pourrais dire que je me suis moquée, que je me suis pris la tête entre les mains, que j'ai essayé de m'exorbiter avec mes pouces, quelque chose. Mais là c'est juste tiède et faiblard et vidé de toute forme d'intérêt.

We're back in the game, mais vraiment, il faudrait mieux choisir le lanceur.

Posté par ladyteruki à 23:43 - Review vers le futur - Permalien [#]

03-09-13

Derrière chaque porte

Parmi les séries qui n'ont pas instinctivement mes faveurs, il y a encore et toujours les séries britanniques. J'ignore pourquoi, mais je n'ai pas le réflexe de les regarder, quand bien même leur existence ne me rebute pas sur le papier. Une partie de ce comportement est due à l'accent. L'autre partie n'est couverte par aucune bonne raison. Remédions donc à cela avec le pilote de What Remains, lancée il y a quelques jours sur BBC, et qui donc, entre encore dans le cadre du défi de la saison 2012-2013.

WhatRemains

En théorie, What Remains a tout du crime drama le plus classique. L'épisode commence avec une formule qui ressemble comme une goutte au procédé de la franchise Law & Order : mise en contexte des derniers instants de la victime, puis découverte de son corps par des personnes hors de tout soupçon, et enfin, arrivée des enquêteurs prenant désormais le dossier en charge. La seule chose qui manque est donc le crime lui-même, et à travers lui le criminel : jusque là, comme je le disais, rien d'épatant.

C'est peut-être ce qui rend les premières minutes de ce pilote un peu longuettes, d'autant que contrairement, pour reprendre mon exemple, à Law & Order, il n'est pas question ici de s'appuyer sur un montage efficace et une exposition rapide des passages obligés, mais bien de lentement décortiquer toute cette introduction à l'intrigue, nous invitant plutôt dans une immersion ralentie dans les eaux sombres de What Remains, que dans un plongeon dans le grand bain.
Dans ses premières minutes, What Remains évoque énormément de séries scandinaves, c'est assez frappant non seulement de par la narration, mais aussi par la réalisation, s'appuyant sur des couleurs froides et/ou étouffantes, d'excellents jeux autour de l'obscurité, et un sens du détail qui fait honneur à bien des fictions ces dernières années. Même la musique est résolument empruntée à des Bron/Broen, des Forbrydelsen ou des Kommissarie Winter, un accompagnement feutré, discret, mais élégant, qui enveloppe l'atmosphère au lieu de tenter de la définir à lui seul.

On va très vite s'apercevoir que ce qui fait l'intérêt de What Remains, et accentue la parenté avec les séries scandinaves sus-citées (et plusieurs autres), c'est qu'en réalité, malgré son enquêteur qui se traîne de scène en scène en se creusant les méninges pour accéder à l'épiphanie finale, What Remains n'est pas seulement un crime drama. C'est tout simplement un excellent drama. Et ça, vous pensez, ça me fait plaisir.

Car ce sur quoi le détective Harper va porter son regard, ce ne sont ni les preuves, ni les indices, ni les détails du crime. Ces éléments, bien que présents comme l'exige la loi depuis un peu plus d'une décennie, seront rapidement balayés par le scénario (les restes de la victime sont trop décomposés pour apporter quelque renseignement que ce soit), mais aussi par notre vieux flic qui s'intéresse, avant tout, à l'humain, non au crime.
On le sent plus inquiet de savoir qui est la victime, comment elle vivait, pourquoi sa disparition n'a interpellé personne pendant plusieurs années, que par la perspective de coffrer un criminel. Là encore, le scénario très vite règle la question : il n'y aucune preuve matérielle d'un meurtre, ça pourrait très bien ne pas en être un. Mais en persistant dans son enquête sur la victime, et non vraiment sur le crime à proprement parler, Harper démontre que pour lui, il importe peu que la victime ait été tuée ou qu'elle ait succombé à un accident. Ce qu'il veut, c'est juste reconstituer ses dernières heures. Comprendre la défunte, pas fondamentalement comprendre le décès.

Mais c'est justement à travers le portrait de la victime, et par les connexions que Harper tente d'établir avec d'autres êtres humains, que What Remains se montre la plus brillante. Car la défunte, une trentenaire obèse et solitaire, n'avait pas de proche, pas d'ami : la série ne s'appelle pas Who Remains, personne n'a été laissé derrière. Et Harper de s'interroger : comme une femme de cet âge, dans cette situation, n'a-t-elle même pas des amis qui l'attendent quelque part, un téléphone pour être jointe par des tiers, un ordinateur pour rompre la solitude chez elle ?
En l'absence d'élément de réponse ouvrant l'enquête sur l'extérieur, Harper va donc se concentrer sur la demeure de la défunte, une propriété divisée en une poignée d'appartements où tout le monde se connaît, mais personne ne semble s'apprécier.
What Remains raconte donc la vie de ces habitants, chacun derrière leur porte, au mieux indifférent, au pire vaguement hostile au voisinage. Une animosité généralement mesquine, comme c'est souvent le cas entre voisins, reposant sur rien, ou si peu, si ce n'est le fait que des gens qui n'ont rien de commun et encore moins compatibles partagent un espace commun qu'il faut hélas partager.

La banalité que décrit What Remains n'est pas ennuyeuse, elle est révélatrice de ce que nous avons tous vu ou vécu à un moment : la façon dont chacun vit derrière sa porte, échangeant quelques mots sur le pallier ou dans les escaliers si vraiment c'est nécessaire, vivant sous un même toit, ne souhaitant rien tant que de ne pas être en contact avec d'autres, et surtout pas le vieil homme acariâtre ou les "lesbiennes" à l'étage. Surtout, imaginer qu'on est seul dans le bâtiment... sauf que la victime est la preuve (mais pas vivante) que cette solitude vient avec un prix.

L'individualisme que dépeint What Remains, et qui se traduit chez tous les habitants de la maison, en un sentiment terrible de solitude et/ou d'étouffement, n'est ni évidemment approuvé, ni totalement critiqué. C'est d'abord un fait donc Harper s'étonne : comment la victime pouvait-elle à ce point être seule au monde ? Il y a des théories pour l'expliquer mais ce n'est pas l'important. L'important, surtout, ce n'est pas que ce soit condamnable, ou qu'il s'agisse d'une dérive de notre société moderne.
L'important, c'est que c'est profondément triste.
S'il y a bien une émotion qui ressort de ce pilote, c'est clairement que chaque voisin, planqué derrière sa porte en espérant frayer le moins possible avec les autres, et garder sa petite vie pour lui, vit une expérience misérable, à son échelle.

Sans totalement opter pour le huis clos (plusieurs scènes suivent la vie privée de Harper, qui, c'est un peu cliché, prend sa retraite dans le pilote), What Remains se déroule essentiellement entre les murs de cette demeure. C'est là que se jouent de cafardeuses individualités. A ce titre, le bâtiment revêt rapidement une importance capitale : il ne s'agit pas simplement de donner un cadre à la tragédie banale qui se joue, mais bien d'offrir une enceinte, symbolisée par les espaces encaissés du bâtiment (et notamment la montée d'escalier, qui est incroyablement bien exploitée dans cet épisode), à la prison que chacun se construit dans son propre appartement. Oui, chaque habitant ou presque cache, derrière sa porte, un secret.
Mais ce n'est pas tant après ce secret que court What Remains, les secrets font simplement partie de la panoplie d'artifices de l'aspect crime drama, qui n'est lui-même qu'un outil narratif pour explorer cette résidence qui n'a rien d'extraordinaire ni d'étrange. La série ambitionne avant tout de raconter comment construire sa vie derrière sa porte nous fait choisir un seul côté de celle-ci, nous coupant de l'extérieur, nous privant d'air frais et, par extension, d'échanges sains avec le monde.

What Remains réussit son aspect criminel sans trop se fouler, pour le moment, sacrifiant aux passages jugés incontournables pour une fiction du genre, pour surtout prendre le temps de traîner le pas dans cette montée d'escalier si familière
Car elle l'est, familière, ô combien ! J'ai toujours vécu ma vie de célibataire dans des grandes villes ; dans les appartements que j'ai habités, il m'arrivait de ne pas savoir qui étaient mes voisins, ou, parce que je pensais le savoir, de les éviter avec soin. What Remains a épouvantablement fait mouche ! Non que j'ai particulièrement peur de disparaître un jour sans que personne ne s'en aperçoive (dites, vous vous en rendrez compte, vous, n'est-ce pas ? Promettez-moi...), mais parce que derrière ma porte, je suis, résolument, toute seule. Toute personne célibataire vivant en appartement, j'en suis sûre, connaît cette crainte, cette agonie, même ; certains trompent la peur en surdéveloppant leur vie sociale, d'autres tente de l'apprivoiser avec les moyens du bord. Il n'y a pas de réponse, et What Remains n'en propose pas. Elle nous met simplement face à l'une des plus grandes peurs de notre époque de communication et d'urbanisation : la solitude qui fait de vous un anonyme dont l'absence ne sera jamais remarquée.
On en viendrait presque à espérer pouvoir blâmer un horrible tueur psychopathe.

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 23:23 - Review vers le futur - Permalien [#]

02-09-13

Vraie malhonnêteté

Officiellement, depuis samedi à 23h59, le défi que whisperintherain et moi-même nous sommes lancé voilà un an a pris fin... ce qui veut dire que désormais, les pilotes diffusés ne rentrent pas dans le champs de notre challenge, qui consistait à tous les regarder puis tous les reviewer. Pour autant, les règles de notre défi stipulent qu'il n'y a pas de date de péremption pour la publication des reviews pour les pilotes diffusés avant cette date ; attendez-vous donc à lire encore quelques unes de ces reviews... comme par exemple, ce soir, celle de Siberia.

Siberia

Ce weekend, je vous avoue que je me suis remise en question. En fait, j'en suis arrivée à un point où je me suis sermonée. Je me suis dit : écoute, lady, voyons les choses en face, si tu as un problème avec toutes les séries ayant un concept original, c'est sûrement que tu en attends trop. Que tu penses qu'un bon concept équivaut à de la créativité. Que tu crois qu'avoir une bonne idée et bien la développer correspondent au même talent ; et clairement, ce n'est pas vrai, tu te racontes des choses. La cruelle désillusion imposée par des séries du genre de Last Resort montre bien qu'au contraire, plus l'idée est originale et sort de l'ordinaire, plus les scénaristes sont perdus. Oui, je cite souvent Last Resort, mais c'est parce qu'elle m'est restée là.
Pourtant je n'apprends pas de mes erreurs. Je continue d'être alléchée par ce que je pense être de très bons concepts. Ca me perdra.

Au bout d'un moment, je finis par comprendre les gens qui choisissent de regarder des séries creuses et peu originales ; quand on voit ce qu'accomplissent les séries au pitch original, dans le fond ça se comprend. Autant aller à la facilité et ne pas courir le risque d'être déçu.

Me voilà donc devant Siberia ce weekend (rien à voir avec l'excellent jeu video) et rien à faire, je l'ai mauvaise. J'ai l'impression d'avoir perdu 42 minutes de ma vie, voire quelques unes de plus. En fait, j'en veux moins à Siberia pour ces 42 minutes de pilotes, que pour les quelques minutes, avant que je ne lance mon épisode, que j'ai passées à me rejouir à l'idée de regarder Siberia. Je sais pas si ça fait sens pour vous, mais l'amertume se trouve là.

Reprenons : Siberia est donc une série diffusée par NBC cet été, dans laquelle une émission de télé réalité se déroule en Sibérie, alors qu'une poignée de candidats se retrouvent dans un coin de terre isolé de tout, où ils vont devoir passer plusieurs semaines dans des conditions indécentes, afin de pouvoir prétendre à une somme d'argent indécente, mais d'une autre façon. Sauf que les choses ne tournent pas du tout comme prévu, et que le tournage de Siberia, l'émission de télé réalité, tourne assez vite au cauchemar.

Sur le coup, ce qui m'a énormément agacée, c'est que Siberia se présente, sur la forme, exactement comme les émissions de type Survivor qu'elle est supposée singer. C'est évidemment dans sa nature, et on ne peut pas dire que ça m'ait beaucoup surprise, mais c'était énervant, eh bien, simplement parce que je déteste la télé réalité (j'ai officiellement gagné le titre de vieille conne acariatre, je suppose, mais c'est comme ça). Mon problème c'est d'ailleurs que, en n'ayant vu que deux ou peut-être trois épisodes de Koh Lanta de toute ma vie (et encore, aux débuts), j'ai l'impression de revoir exactement les mêmes poncifs être étalés dans Siberia.
Quand on ne supporte pas un courant télévisuel qu'on juge pauvre, et qu'on s'aperçoit qu'en plus de 10 ans, rien parmi les standards du genre ne semblent avoir changé, il n'y a aucune raison d'être de bonne humeur, vous imaginez bien.

Pourtant, le coeur du problème, dans le fond, ce n'est pas que Siberia reprenne absolument tous les codes d'émissions équivalentes. Il fallait au contraire s'y attendre, mais ce n'est pas de là que vient la faute. J'ai passé le plus gros de l'épisode à attendre que quelqu'un brise le quatrième mur ou, au moins à espérer que quelque chose, un élément quelconque, vraiment n'importe lequel, m'invite à prendre du recul avec l'émission. Au lieu de ça, Siberia a joué à fond la carte de l'immersion.
Et finalement je n'ai pas vu de différence entre devoir regarder une émission de ce type, et regarder Siberia.

Tout est fait pour nous faire oublier qu'on regarde un programme fictif, et on se retrouve finalement à regarder une vraie émission de télé "réalité", genre télévisuel dont en plus on sait très bien qu'il n'est pas basé sur le réel mais sur des scripts et toutes sortes d'outils de production d'ailleurs empruntés à la fiction, mais détournés pour faire croire que c'est vrai. Or, je suis de l'école de pensée que si on voulait regarder de la télé réalité, on utiliserait ces 42 minutes pour regarder de la télé réalité ; inversement, je regarde une fiction, j'attends de me sentir comme dans une fiction.
Ce brouillage ne fonctionne pas pour moi, de la même façon que certains ne sont pas à l'aise avec les dramédies et préfèrent regarder soit un drama, soit une comédie, mais pas quelque chose entre les deux.

Et puis, dans le fond, pourquoi regarde-t-on une fiction à propos d'un produit télévisé ? Pour avoir l'impression d'en pénétrer les coulisses ! Pour décortiquer la façon dont elle est faite, prendre du recul sur son mode de fabrication, ou éventuellement inventer, pour les amateurs de théorie du complot, de folles explication sur leur fonctionnement ou leur message (en cela, Cult était plus dans la gamme de ce que j'attends). On attend une mise en abîme. On attend qu'on porte un regard cynique sur les médias. On attend qu'on nous dise quelque chose d'atroce sur nous.
De la même façon qu'on n'attend pas d'une série sur l'industrie de la musique country de nous montrer uniquement des chanteurs préparant leur concert (Nashville), ou d'une série sur la production de films qu'elle nous dévoile un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentila (Action!), ce qui est vraiment intéressant, c'est de déconstruire l'objet culturel visé, même si c'est de façon fantasmée. Pitié, ne me dites pas que je suis obligée de regarder Dead Set pour obtenir cela à propos d'une émission de télé réalité !
Or ce n'est pas du tout le but de Siberia. Siberia veut nous faire croire que c'est une vraie émission de télé réalité qui vire au cauchemar sous nos yeux, qui devient un film d'horreur (plutôt classique au passage) dans un coin isolé où les victimes vont se la jouer Dix petits nègres. Mais comme nous savons que Siberia est encore plus fictive qu'une émission de télé réalité habituelle, ça ne marche pas !

L'immersion rate parce que NBC aurait dû, dés le départ, vendre sa série comme de la vraie télé réalité, Siberia serait éventuellement un projet de série puissant... si ça n'avait pas été une série. Si NBC avait tourné cela à l'expérience télévisuelle provocatrice, nous laissant imaginer que ces évènements se produisent réellement, nous observant, nous télespectateurs voyeuristes, nous affoler à l'idée que mon Dieu, on ne peut rien faire pour ces gens ? Je suis sûre que ç'aurait fait un véritable évènement, avec tous les journalistes se gargarisant de mots sur la dérive de la télé réalité, les spectateurs qui ne veulent pas regarder mais les audiences qui curieusement ne s'effondrent pas, et ainsi de suite.
Et puis finir par dévoiler que non, Siberia, que nous aurions fait mine de trouver abjecte ou terrifiante tout l'été, n'était pas une émission de télé réalité, mais une série dramatique ; et nous laisser avec l'amertume de notre voyeurisme.
Imaginez le buzz que la chaîne aurait récolté ! Et imaginez comment NBC aurait pu repousser, une fois de plus, les limites entre la réalité et la fiction dans un programme ! Là ç'aurait été révolutionnaire.

Mais Siberia n'a pas vraiment d'ambition. Ce n'est qu'une série à la Harper's Island qui veut paresseusement se reposer sur les codes de la télé réalité, et qui finalement n'accomplit rien, si ce n'est évoquer, par moments, Lost, et encore. Elle veut surfer sur les méthodes de les programmes d'un genre pour s'éviter d'en explorer vraiment un autre. Dans le fond, la méthode de Siberia est profondément malhonnête.

Je ne sais pas pourquoi les concepts originaux m'attirent. C'est peut-être parce que, quand je les lis pour la première fois, mon imagination se met en marche. Dans ma tête, Siberia est une série vraiment chouette et ambitieuse, je vous jure !
Peut-être que dans le fond, je ne devrais pas espérer voir un jour la série suédoise 183 Dagar, qui se déroule après la sortie de ses candidats par un équivalent de Loft Story. Peut-être que les concepts originaux et alléchants, dans les séries, doivent rester cela : des concepts, pas des séries. Pour sûr, on serait moins souvent déçus.

Mais c'est précisément ce même espoir qui me poussera, dans un mois, six mois ou un an, à lancer un autre pilote d'une série reposant sur un concept exceptionnel. Tant qu'il y a de la téléphagie, il y a de l'espoir ?

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 23:49 - Review vers le futur - Permalien [#]

26-08-13

Offset

Délaissant les murs de la prison fédérale de Litchfield, je vous embarque ce soir dans un voyage en Irlande, histoire de se dégourdir un peu les jambes téléphagiquement. J'ai en effet réalisé hier, à la faveur d'un concours de circonstances (on m'a demandé hier de recommander des séries entre autres irlandaises), que j'ai plein de pilotes de séries irish que je n'ai soit pas regardé, soit pas reviewés dans ces colonnes.

J'ai tiré au sort, et résultat, c'est Scúp qui est sorti. Parfois, c'est aussi simple que ça. Et puis on est lundi, hein : on ne va pas faire dans la complication aujourd'hui, surtout après le gros dossier de vendredi. En route !

Scup-logo

Scúp, qui comme vous l'aurez compris, signifie "scoop" (voilà, vous parlez irlandais, félicitations), est une petite dramédie en irlandais, diffusée plus tôt cette année à la fois par BBC Northern Ireland et la chaîne locale TG4. On la doit à Colin Bateman, également créateur de Murphy's Law avec James Nesbitt, et elle a été conçue pour durer 8 épisodes.

Les présentations étant faites, voilà de quoi nous parle Scúp : tout commence à la rédaction d'un journal de Belfast alors que son rédacteur en chef, que je serais bien incapable de vous dépeindre et vous allez vite voir pourquoi, meurt sur son fauteuil en s'étouffant avec une barre au chocolat, au moment-même où l'une de ses journalistes fait irruption dans son bureau pour exiger d'être payée.
Inutile de dire que l'ambiance n'est pas à la fête... pour de multiples raisons ! Les obsèques se tiennent à l'Irlandaise, c'est-à-dire dans un pub (ceux qui ont vu Love/Hate savent de quoi je parle), où la petite équipe de la rédaction se mêle aux quelques proches du leur ancien rédac'chef. Diarmuid, le propriétaire du journal, tombe alors par inadvertance sur Rob Cullan, un ancien collaborateur du défunt venu rendre ses derniers hommages une mousse à la main. Rob se présente comme travaillant au Guardian, et attention, pas n'importe quel Guardian : celui de Londres, excusez du peu ! Il n'en faut pas plus pour convaincre Diarmuid d'essayer d'embaucher Rob, ne serait-ce que pour une journée, afin d'évaluer ce qu'il peut faire du journal. Celui-ci est en effet un énorme trou dans ses finances, ce qui n'était pas tellement un problème quand les autres activités de Diarmuid se portaient bien, mais ce qui est devenu une véritable galère à présent. Ce qui explique qu'il ne paie même plus ses journalistes ! Rob finit par accepter un chèque gros et gras pour UNE journée au sein du journal, et essayer de voir ce qui peut être sauvé.

Ce journal, c'est le "An Nuacht", entièrement rédigé en irlandais, et où l'équipe est pour le moins resserrée : il y a Cormac, le plus vieux rédacteur du papier qui n'a plus rien à prouver ; Janine, qui gère les annonceurs ; Alix, la jeune passionnée qui fonce toujours tête baissée, et Michael, un jeune stagiaire qui fait ses premières armes à la rédaction avant d'entamer ses études de journalisme.
Craignant au départ de perdre leur job pourtant assez peu rémunérateur, l'équipe va pourtant vite se rendre à l'évidence : Rob n'a aucune intention de virer qui que ce soit.

Car Scúp raconte non seulement les histoires de ses personnages, mais aussi les évènements qui font la une du journal. Et en effet, au début de l'épisode (oui, bon, je vous ai menti sur la façon dont commence en fait le pilote, n'en faisons pas toute une affaire), un braquage a lieu chez un petit marchand de journaux. En soi, rien d'impressionnant : il s'agit d'un petit casse minable dont les deux coupables ne tirent qu'un peu de monnaie, que de surcroît ils font tomber sur le trottoir au moment de s'enfuir. Mais dans la panique, l'un des deux braqueurs a retiré son masque suffisamment longtemps pour être pris en photo par Sean, un jeune ado qui passait par là.
Voilà donc Sean qui vient frapper à la porte du An Nuacht pour vendre sa photo à un bon prix ; pas de chance, il ignore que les comptes sont dans le rouge et qu'il n'obtiendra pas un sou. A la place de ça, il tombe sur Rob, qui tente de le convaincre de lui laisser sa photo... pour rien ! Au nom de son devoir de citoyen envers les habitants de la ville. Et c'est alors qu'à la surprise tant du spectateur que d'Alix qui assiste à la scène, on découvre que Rob est en fait un grand idéaliste !

...Ce qu'on découvre ensuite sur Rob va également surprendre, et surtout, l'inciter à ne pas retourner à Londres trop vite. Je vous donne juste trois mots en guise d'indices : Guardian, écoutes, et téléphoniques. Notre Rob va donc décider de rester à Belfast et aider Diarmuid à remettre sur pied l'un des rares journaux en irlandais de la ville, même si on ne peut pas dire que ce soit particulièrement lucratif. Mais il a la passion, et une équipe certes pas forcément très épatante, mais fidèle à son journal. On ne doute pas vraiment que les choses vont à la fois mal et bien se passer.

Si je me suis permis de vous raconter 90% du pilote, c'est que, soyons honnêtes, il y a assez peu de chances pour que vous fassiez l'effort de regarder Scúp, et voici pourquoi : la dramédie est l'inverse d'une découverte palpitante. Oh, je ne dis pas : on s'attache un peu aux personnages, gentillement disons ; et puis l'épisode se laisse suivre. Certes.
Simplement il y a deux handicaps majeurs.
D'abord, ses personnages sont introduits très sommairement ; la révélation très tardive sur Rob Cullan tombe comme un cheveu sur la soupe parce que, sincèrement, aucun personnage n'est fouillé pendant 20 de minutes (sur un épisode qui en dure 25). Il ne nous est pas vraiment utile, arrivés vers la fin de l'épisode, de connaître le background du journaliste pour comprendre qu'il va rester (son discours passionné à Sean a largement suffit pour l'impliquer dans la vie de Belfast et de sa gazette).
Ensuite, parce que si je n'avais pas su que Scúp datait de 2013, j'aurais juré qu'elle datait d'il y a au moins 10 ans. Le rythme est assez mou, le montage et les dialogues n'ont pas plus d'énergie, et très franchement, c'est aussi gris qu'un épisode de Derrick un après-midi pluvieux.

Pour autant qu'on s'intéresse aux questionnements des journalistes du An Nuacht dans le pilote, qu'il s'agisse de leur angoisse quant au sort du journal, ou du dilemme posé par la photo que leur propose Sean (...le coupable pris en photo est en effet le fils de l'un des hommes les plus puissants et les moins aimables de Belfast), il est assez difficile de tenir les yeux ouverts et de vraiment s'investir dans ce visionnage.
Pourtant, vous l'avez sûrement remarqué, Scúp s'intéresse finalement à plein de sujets qui vaudraient le coup d'oeil en temps normal, en tous cas de la part du téléphage curieux : outre l'évocation du scandale du Guardian, qui est une plutôt bonne démonstration de l'habileté d'une série à s'inscrire dans l'actualité sans pour autant en tirer toute son intrigue, l'épisode pose des questions intéressantes sur la survie d'un journal dans une langue régionale (les personnages insistent de façon répétée sur le fait que le journal est l'un des rares en irlandais), la survie de n'importe quel journal dans un contexte de crise, ou encore, sur l'indépendance d'un journal vis-à-vis des puissants, même à un échelon local. Mais dans la façon de faire, ce premier épisode n'est pas très électrisant dans le ton qu'il emploie pour aborder tout cela.
D'ailleurs, l'une des fautes de goût de Scúp est de vouloir prendre pour héros Rob Cullan, alors que celui-ci est interprété de façon à être parfaitement anodin. Rob est un homme sans trait particulier, si ce n'est que de temps à autres, il s'anime par passion pour son métier ; si on le sentait passionné à longueur d'épisode, les choses seraient peut-être différentes, mais ce n'est pas le cas. Et ce héros tellement ordinaire, presque anonyme par sa façon de traverser la plupart des scènes quasiment sans qu'on l'y remarque, n'incite pas à se lancer dans une série, quand bien même elle devait ne durer que 8 épisodes.

Reste que ceux qui, parmi vous, tenteront Scúp, n'auront pas totalement perdu leur temps : il est assez rare de tomber sur une série irlandaise en irlandais, et assez rare, de surcroît, de tomber sur une dramédie sur le journalisme ne tombant pas dans des excès à la Dirt.
Mais il manque clairement une étincelle de vie à ce premier épisode, et c'est finalement le pire des torts.

Note : une dernière anecdote pour la route. Scúp a été écrite par Colin Bateman en anglais, puis traduite en irlandais pour TG4, chaîne publique dont les programmes sont toujours dans cette langue. Le texte original anglais de Bateman a été utilisé pour les sous-titres. Ce qui signifie, si on y pense, que les spectateurs ont entendu les textes adaptés, quand les lecteurs des sous-titres ont eu la version originale ! Quelle drôle d'idée, quand même, plutôt que de prendre un scénariste capable d'écrire directement en irlandais...

Posté par ladyteruki à 23:06 - Review vers le futur - Permalien [#]

24-08-13

Il n'est jamais mitard pour bien faire

Retour au challenge de la saison 2012-2013, alors que la suivante va bientôt prendre le relai ! Il est en effet hors de question de ne pas regarder tous les pilotes de l'année écoulée, conformément au challenge relevé par whisperintherain et moi-même. Et c'est un pilote qu'on m'a TRES chaudement recommandé que j'aborde ce soir ! Vous l'aurez compris, dans la continuité du post d'hier sur les séries carcérales féminines, voici ma review du premier épisode d'Orange is the new black.

Orangeisthenewblack-cast

Autant le dire tout de suite : le buzz, pour ce que j'en vois dans ce pilote, est justifié. Bien qu'employant de nombreux ressorts de la boîte à outil women in prison, faisant par moments regretter qu'on passe toujours par certains poncifs, Orange is the new black parvient à se montrer intéressant et même plutôt original, toutes proportions gardées.

Parlons d'abord des choses qui fâchent : le personnage central. Cela m'a agacé qu'il soit en quelque sorte "repentant". Ecoute, jeune fille, à partir du moment où tu as volontairement transporté une valise remplie à ras bord de l'argent de la drogue pour ta petite amie lesbienne, non, je suis désolée, tu n'as pas le droit de te poser en victime. Admettre devant l'officier chargé de son dossier "je l'ai fait... une seule fois... ya dix ans" n'est pas vraiment endosser la responsabilité de la chose. Je comprends qu'il y a différents problèmes derrière cette posture : il faut permettre au spectateur de rentrer en prison avec un personnage auquel il s'identifie le plus possible (et quelqu'un de naïf et innocent, au moins moralement si ce n'est légalement, est la meilleure option que puisse proposer une série carcérale), il faut lui donner des circonstances atténuantes. Les anti-héros, dans une série carcérale, n'ont jamais le rôle introductif dans un ensemble show : ça crée beaucoup trop d'inconfort. Mais puisque, pour une fois, l'héroïne a vraiment fait quelque chose de mal : ce n'est pas de la légitime défense, par exemple.  J'aurais aimé qu'on aille jusqu'au bout de la logique.
Au lieu de ça la voilà d'une part à se constituer prisonnière et admettre partiellement qu'elle a fait quelque chose de mal, et d'autre part à se mettre en posture de victime, dont le spectateur finira par se dire qu'elle n'est pas à sa place. On ne va pas en plus trouver dommage qu'elle ait échappé à la Justice pendant 10 ans, au lieu de 12 ce qui l'aurait mis à l'abri du fait de la prescription ! C'est finalement encore plus perturbant que dans le cas de la légitime défense parce qu'ici le crime a vraiment été commis sans autre motif que "je suis jeune et amoureuse". Pas franchement une légitimation à laquelle je peux adhérer spontanément.

Voilà donc Chapman qu'il nous faut en quelque sorte prendre en pitié malgré les circonstances, juste parce qu'elle est blonde et angoissée par ce qui lui arrive. Juste une fois j'aimerais bien qu'on montre qu'il n'y a pas que les filles bien qui ont du mal avec la perspective d'aller en prison. La prison, ce n'est un plaisir pour personne.

Mais admettons. Car grâce à elle, nous allons avoir la possibilité de rencontrer des personnages épatants ! J'avais lu cette interview de Jenji Kohan (oui parfois je fais les choses à l'envers, je lis les interviews avant de regarder les pilotes !) expliquant que sans héroïne blanche, impossible d'aborder tous ces personnages plus "marginaux" dans une série d'ordinaire. Je le crois volontiers, et je crois également que ces personnages sont bien mieux écrits que le "cheval de Troie" de Kohan. Ils apportent une réelle bouffée d'air frais à la série, ils en sont la richesse essentielle. D'abord parce qu'aucun de ces personnages de détenues n'est là où on pense qu'il va être, apportant de la surprise tout au long de l'épisode en plus d'une légère touche d'humour pince sans rire. Et surtout, parce que très vite se dessine une galerie de portraits qu'on devine immédiatement comme pleine de surprises.
Par exemple, ce qui est accompli en à peine une minute sur le personnage de Diaz, gifflée par sa mère est absolument génial ; ce qui se suggère en quelques secondes par cette claque, puis par les deux répliques de la jeune femme dans la chambre, est absolument énorme. On devine énormément de choses, et on veut en même temps en savoir plus. Autant l'interprétation que l'écriture laissent entrevoir un immense potentiel de ce côté-là. Au point de préférer que Chapman passe au second plan rapidement, si possible.
Je m'aperçois en fait que c'est de plus en plus fréquent pour moi de préférer au personnage principal les secondaires voire les tertiaires, mais avec des séries comme celle-là, comment voulez-vous faire autrement ?

Mais au sujet de l'écriture, le meilleur tour de force est l'utilisation des flashbacks. On n'a vu que ça, des flashbacks, depuis environ 10 ans ; on avait l'impression d'en avoir fait le tour et d'avoir tout vu cent fois. Et pourtant, Orange is the new black parvient à trouver une façon très élégante de l'intégrer dans la narration, en les utilisant à la fois pour expliquer le background de son héroïne, mais aussi pour servir de métaphore, ou encore servir de transition entre deux séquences plus classiques de l'arrivée en prison de Chapman. On a l'impression non seulement que ces flashbacks sont là pour nous expliquer des choses, mais aussi, voire surtout, pour comprendre ce qui traverse la tête de son héroïne (dont la tête est "encore à l'extérieur", ainsi que le dira un gardien) pendant les passages les plus clichés des séries carcérales comme par exemple la fouille.
Cette façon de nous prendre pour des spectateurs intelligents est franchement une rareté en matière de flashbacks. Certaines scènes de ce type se permettent ainsi de déjà orienter l'épisode vers quelque chose de dramatique, permettant au pilote d'Orange is the new black de ne pas se limiter à une simple exposition. C'est un vrai plaisir d'assister à une telle finesse. La valeur de la rareté, sûrement.

Même si je regrette certains ingrédients de ce pilote (sa dernière minute est légèrement trop hystérique pour moi), il est clairement solide et je comprends l'enthousiasme que peut générer la série ; je n'ai qu'une envie, me dépêcher d'en voir la suite. Mes craintes d'assister à une redite des séries carcérales déjà regardées pendant la saison écoulée, comme Unité 9 qui a clairement été l'un de mes coups de coeur, sont totalement apaisées ; c'est rare qu'un premier épisode remporte pareil défi haut la main !

Il y a des séries comme ça, qui semblent rencontrer l'unanimité ; au moment de s'y attaquer, on a toujours des appréhensions, craignant d'être déçu et que le buzz ait gonflé artificiellement nos attentes... mais il faut simplement se rendre à l'évidence : il y a toujours d'excellentes séries qui nous tombent dessus, quand bien même on persiste à entendre des "ya rien de bien cette saison" cycliquement.
Soit ça, soit je suis entourée de personnes de très bon goût.

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 23:44 - Review vers le futur - Permalien [#]

02-08-13

Sans appel

Chose promise, chose due, aujourd'hui je vous emmène en Australie. Enfin, plutôt à Singapour. Mais en passant par le Cambodge. Oh, et le Vietnam, j'avais oublié le Vietnam.
Cependant, je confesse bien volontiers ma malhonnêteté : aujourd'hui, en fait de voyages, je ne vais pas tellement vous faire rêver, puisque voici venue l'heure de ma critique de la première partie de la mini-série Better Man.

Nan parce que, pour le dépaysement coloré et l'illumination spirituelle, on repassera ! On n'est pas dans 30° i Februari, ici. Ou plutôt, vous vous rappelez de la scène à l'aéroport dans le pilote de 30° i Februari ? Eh bah la même, en pire. Comment ? Vous n'avez pas vu 30° i Februari ? Nan mais là, non, hein, franchement, je sais même pas pourquoi je me donne du mal. Bon, eh bien imaginez être dans un pays du Sud-Est asiatique où vous ne connaissez personne, et où vous êtes arrêté par la douane... Sauf qu'au lieu d'avoir par inadvertance fait quelque pas avec un testeur de produit cosmétique, là, vous avez 400g d'héroïne sur vous. Voooilà, je vois que vous y êtes.

C'est l'histoire de Van Nguyen, 22 ans, un Australien d'origine vietnamienne qui se retrouve empêtré dans une bien mauvaise affaire. Il a des dettes. Il a besoin d'argent. Il a un "ami" qui peut l'aider. Tout ce qu'il a à faire, c'est emmener une somme indécente d'argent à Phnom Penh, puis récupérer de l'héroïne et la ramener en Australie, via un vol avec escale à Singapour.
Le problème c'est qu'il y a deux problèmes : d'une part, Van est terrifié, ce qui est légitime mais pas en sa faveur, et d'autre part, il est hanté par ses origines.

Il est en effet né dans un camp de réfugiés vietnamiens, en Thaïlande. Sa mère, une Vietnamienne, s'installe ensuite en Australie avec lui et son frère Khoa, et même s'il n'y a pas d'argent, elle fait de son mieux. Et lors de son périple à Phnom Penh, il va soudain être pris par le besoin irrépressible d'aller faire un détour par le Vietnam pour retrouver la maison où sa mère a grandi à Ho Chi Min Ville, avant de devoir fuir le pays. Sauf qu'en faisant ce détour, il va se mettre en retard, ce qui dans la panique ne va pas l'aider à conserver ses moyens, et surtout, va le mettre en difficulté avec son "ami" qui ne va du coup plus du tout avoir envie de l'aider à accomplir sa mission. Seul, paniqué, trempé de sueur moitié à cause de la chaleur, moitié à cause de la terreur, Van va donc cumuler les erreurs lors du trajet de retour avec la drogue, et va donc finir par se faire attraper.

Oh, oui, juste une chose. J'oubliais un petit détail : l'histoire de Van Nguyen est vraie.

BetterMan

Better Man est donc un biopic, et si vous voulez vous spoiler méchamment, je vous recommande chaudement la lecture de la page Wikipedia du jeune homme, quelques lignes de lecture à peine devraient vous raconter la fin de l'histoire. L'affaire avait fait grand bruit en Australie, comme souvent lorsqu'un ressortissant d'un pays est emprisonné loin de chez lui ; d'ailleurs, la diffusion de la mini-série n'est pas pour plaire à tout le monde, la famille de Nguyen elle-même ayant une réaction épidermique à la série.

Le soucis de Better Man, c'est que l'ampleur des charges (et la peine encourue) rendaient l'affaire d'autant plus sensible, et ambivalente. On parle de plusieurs centaines de grammes d'héroïne pure ! Or Better Man a choisi d'être le plus partial possible, et part du principe que Van Nguyen n'est qu'une victime. Certes, il y a des circonstances atténuantes, mais dans la façon dont la série met en scène aussi bien les différentes circonstances qui conduisent Van à se faire coffrer par la douane singapourienne, tout est fait pour nous le faire prendre en pitié, et pas nous dire : "ouais, moi aussi j'ai un prêt COFIDIS, pour autant je vais pas trafiquer de l'héroïne dans un pays étranger, hein". D'ailleurs, pour que la famille de Nguyen ait un problème avec cette partialité, il faut vraiment qu'il y ait quelque chose qui cloche !

Le blâme n'en revient absolument pas Remy Hii, qui donne tout ce qu'il a dans le rôle central de Better Man (et je ne parle pas juste d'hectolitres de sueur). L'acteur fait avec le scénario qu'il a, c'est-à-dire quelque chose qui ressemble quand même vaguement à un torchon apologiste prêt à marteler par autant de moyens possibles que s'il a l'air triste, perdu, et qu'il a un sens de la famille surdéveloppé, on devrait pardonner au héros de n'avoir pas respecté la loi. Regardez-le, il a l'air d'un chiot ! Un chiot dégoulinant de transpiration... mais quand même ! On ne peut pas lui en vouloir ! Pourquoi les méchants Singapouriens ne veulent pas le relâcher ? Comme si leur législation était plus importante que le regard meurtri d'un jeune trafiquant de drogue ! Regardez-le comme il est misérable...

BetterMan-Van

Remy Hii se défonce, donc (si vous me passez l'expression), et franchement il a ses bons moments, mais l'écriture est pénible. Car outre le problème du message de fond, on a aussi un scénario qui fait un peu n'importe quoi sur un plan structurel.
Better Man était à l'origine supposé être une mini-série en 4 épisodes de 50 minutes chacun. Sauf que pour une raison qui m'a échappé, SBS a décidé de diffuser la série... en deux soirées. Sur le principe rien de condamnable (ça arrive à plein de séries très bien), sauf que cela rend encore plus évidents les problèmes : là où le premier épisode est plutôt linéaire et bourré de rebondissements, mais complètement désagréable car dépourvu de tout contexte (on va voir Van suivre chaque étaple du plan de son "ami" jusqu'à son arrestation à la douane), le deuxième épisode, à travers l'interrogatoire auquel Van est soumis, va au contraire n'être que contexte, et zéro action. Cet épisode va de surcroît accumuler les flashbacks désordonnés, un coup en avant, un coup en arrière, et c'est brouillon, même avec la date qui apparait au bas de l'écran ("2 mois plus tôt", "4 mois plus tôt", "14 ans plus tôt", "10 jours plus tôt", "2 mois plus tôt"...). Le résultat c'est qu'on est plongé directement dans l'action sans aucune explication pendant près d'une heure sur les motivations du héros, ce qui est problématique. L'autre résultat, c'est qu'on ne comprend pas certaines choses, mais que, là où l'absence de compréhension aurait pu ouvrir l'appétit du spectateur, désireux de connaître le background d'un personnage qui occupe 99,9% du temps d'antenne, on se retrouve au lieu de ça dans la situation où on voit un gamin s'agiter sans raison, suer à grosses gouttes, et enchaîner les mauvaises décisions sans la moindre explication de la part du scénario.
Qu'on soit obligé de croire sur parole une série qui veut nous dépeindre une victime des circonstances sans expliquer ces circonstances pendant la première heure (sur quatre !) relève quand même de l'arnaque.

Si ce n'était pour la performance de Remy Hii (encore qu'à un moment, il faudra quand même tenter de changer de registre), Better Man serait bien pénible à regarder. D'un autre côté, l'intrigue opère aussi progressivement un changement de direction qui laisse à penser que même Hii ne sauvera pas éternellement la série, puisque l'ampleur internationale que prend son affaire va progressivement nous conduire à regarder les choses sous un angle différent, plus légal, plus diplomatique aussi. On peut d'ailleurs le voir au nombre de personnages non-asiatiques qui s'invitent progressivement dans le deuxième épisode (enquêteurs, personnel d'ambassade... et prochainement avocats). Heureusement qu'il y a des Blancs pour venir à sa rescousse, quand même...

Sur le principe, je suis intéressée par tout ce qui peut me renseigner sur des affaires ayant fait l'actualité en Australie. C'est quand même l'un des avantages des voyages téléphagiques : on en apprend plus que pendant n'importe quel cours d'Histoire ou journal télévisé. Mais l'écriture piteuse, qui prend la défense sans prendre dans la foulée le moindre recul, et se contente de vouloir absolument nous attendrir (à retardement, je dirais... il est un peu tard pour alerter le grand public, l'affaire date de 2002), gâche absolument tout.

Sur un sujet similaire, je serais plus encline à tenter la mini-série japonaise Prisoner, diffusée par WOWOW (un argument supplémentaire !), plutôt que de devoir regarder les deux derniers épisodes de Better Man. Qui d'ailleurs ont été diffusés en une seule soirée hier. Par contre, si Remy Hii veut se retrouver dans une autre série intéressante (donc non, je n'inclus pas H2O), qu'il me fasse signe, j'y jetterai un oeil avec plaisir. Mais là... là non.

Posté par ladyteruki à 23:47 - Review vers le futur - Permalien [#]

23-06-13

Problem solved

Tout-à-fait entre vous et moi, alors que se conclut ce deuxième #pilotmarathon, je vais vous faire une confession : je dévore des pilotes pendant des journées comme celle-là dans l'espoir d'avoir un coup de coeur. Hélas, cent fois hélas, on ne peut pas tous les jours tomber sur des pilotes comme celui d'Orphan Black. Même pas tous les quinze jours. Est-ce mon choix de séries qui a posé problème aujourd'hui, ou tout simplement mes attentes qui étaient trop élevées ? Dans tous les cas, ce nouveau #pilotmarathon n'a pas exactement apporté l'extase. Ray Donovan a été la dernière série de cette nouvelle journée de découvertes, ce qui signifie que le poids des attentes pèse lourd sur ses épaules...

RayDonovan

Peut-être qu'il y a eu maldonne. Quand j'ai entendu pour la première fois parler de Ray Donovan, j'avoue avoir cru qu'il s'agissait d'une dramédie ; et je me suis dit : wow, entre House of Lies et Ray Donovan, Showtime sait vraiment me gâter !

Mais une fois devant Ray Donovan, la dure réalité m'a frappée aussi violemment qu'une batte de baseball : Ray Donovan n'est pas du tout marrante. J'adorerais voir le quotidien d'un mec qui doit réparer les conneries des autres, mais sur un ton largement plus léger ; j'ai passé la première partie du pilote à essayer de me rappeler s'il n'y avait pas déjà une série qui faisait ça, mais rien à faire, impossible de mettre le doigt dessus (ça m'étonne, donc n'hésitez pas à me corriger en commentaires). Le début du pilote de Ray Donovan accomplissait parfaitement cette mission, avec ce qu'il fallait de cynisme comme je l'aime, et un peu de sordide pour faire bonne mesure (après tout, on n'est jamais vraiment cynique que devant une bonne dose de sordide). Le rythme était bon, il y avait des personnages hauts en couleurs et des petits arrangements avec la vérité qui me mettaient en liesse... Ce qui me plaisait dans Ray Donovan n'était pas forcément très brillant, mais les ratages de ces personnages qu'il faut récupérer, les excès des puissants de Hollywood, cette impression de faire les poubelles des riches et d'être les seuls à en connaître le dégoûtant contenu qui dévoile le vrai visage de ceux qui d'ordinaire nous montrent une perfection de façade... c'est le genre de choses qui m'intéresse, qui m'a toujours intéressée. Dirt n'a jamais réussi à me captiver, mais le thème était là, prêt à être convenablement exploité, il suffisait d'y mettre les formes.

C'est à mi-chemin que le pilote de Ray Donovan a tout d'un coup réalisé qu'il allait durer une heure, et qu'il ne tiendrait jamais à ce rythme. Et là, virage à 180° : tout d'un coup, l'épisode tourne au tragique. Ce qui est précisément la meilleure façon pour moi, qui étais dans ma lancée cynique, de ne pas du tout prendre les choses au sérieux. On aurait dit... écoutez, je sais pas, du Magic City peut-être ? Encore plus nonchalant et dépressif, à vrai dire.
Non que les intrigues personnelles, extrêmement graves (un personnage secondaire Parkinsonien, un autre violé par un prêtre, une soeur qui s'est suicidée à l'adolescence...), soient le problème ; c'est plutôt leur traitement dénué de tout recul ou second degré qui m'ennuie, après le démarrage de l'épisode. La différence de ton est trop grande, c'est limite un choc anaphylactique à ce stade.
Très vite, les screw-ups qui occupaient le début de l'épisode le désertent, laissant notre héros seul avec ses démons, sa femme et sa famille dysfonctionnelle. Il aurait sûrement fallu mieux équilibrer ces deux univers, plutôt que leur réserver une moitié d'épisodes chacun.

Mais le plus intrigant dans tout ça, c'est que même si la fin du pilote m'a laissée un peu les yeux ronds, avec l'impression de ne pas trop être certaine de ce que je venais de voir, plus j'y réfléchis, plus je pense que Ray Donovan a réussi quelque chose avec ce pilote.
Ce premier épisode promet l'imprévisible. Si le ton-même de la série n'est jamais garanti d'un morceau d'épisode à l'autre, si deux scènes différentes peuvent être radicalement opposées au niveau de l'ambiance, si la série s'autorise de traiter la vie de son personnage en passant de la dramédie cynique au drame le plus sombre possible, alors Ray Donovan vient de me garantir ce que peu de séries savent vraiment procurer : le frisson de ne pas du tout savoir dans quoi on met les pieds. Je n'ai aucune moyen de dire si j'ai aimé cet épisode inaugural, ou plutôt, j'en ai adoré certains passages, et ai été circonspecte devant d'autres ; de la même façon, j'espère n'avoir aucun moyen, au terme de ce pilote, de prédire si la série me plaira ou non. Ca semble un challenge intéressant. J'avais besoin que le #pilotmarathon m'apporte une série qui me rive à mon siège ?

Ray Donovan, you had my curiosity. But now you have my attention.

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 22:42 - Review vers le futur - Permalien [#]

La série qui semblait ne pas vouloir de moi

"Cher journal,
Ca fait maintenant 41 jours que la série The Fall a débuté sa diffusion, et chaque fois qu'on en parle, je continue de penser au film. Je crois que c'est ce qui me retient de commencer la série : tout le monde en dit du bien, et je crains que, si je n'apprécie la série, ça diminue la force évocatrice des mots "The Fall" pour moi. Et puis, j'en ai marre des serial killers. J'en ai marre des enquêtes. J'en ai marre des enquêtes sur les serial killers. Cher journal, je vais commencer The Fall parce qu'à un moment il le faut bien, et précisément parce que tout le monde en dit du bien. Mais toi et moi ne sommes pas dupes, n'est-ce pas ? Il n'y aura jamais qu'un The Fall à mes yeux".

TheFall-TVseries

Tarsem Singh peut dormir sur ses deux excentriques oreilles : ce n'est pas aujourd'hui que je vais lui préférer une série. Si je ne doute pas que The Fall ait de quoi en intéresser plus d'un, je m'y suis sentie comme étrangère.

L'ambiance froide de ce pilote, évidemment, y est pour quelque chose ; sa lenteur, aussi. Dans The Fall, on n'a pas du tout l'intention de faciliter les choses au spectateur, et en un sens, c'est une sage décision, qui indique tout de suite que The Fall se veut exigeante, fine et intelligente, en gros, tout le contraire de ce qu'on a vu ce matin avec des séries de l'engeance de King & Maxwell. On est ici à l'opposé du spectre, avec une série qui veut prendre son temps, quitte à parfois en gaspiller un peu, ce n'est pas comme si c'était une denrée rare : on a 5 épisodes, tout le temps du monde.
Cette approche quasiment chirurgicale de l'exposition, des personnages ou des enjeux eux-mêmes participe à l'ambiance glaçante de la série, la construit progressivement. Et c'est loin d'être un tare. La patience est un atout avec The Fall. C'est sa force, car derrière cette apparente froideur, cette lenteur accentuée, ce détachement feint, il y a une façon toute en subtilité de faire monter, cran par cran, la sensation d'étouffement.
La seule exigence de The Fall, en retour, c'est que vous attendiez patiemment votre heure, vous aussi, comme le plus méticuleux de ses protagonistes.

Mais, je ne sais pas si c'est moi qui manque de patience (c'est très possible), ou si c'est simplement parce que je ne vois pas l'intérêt de suivre une enquête de plus (notez bien que les deux hypothèses ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives), mais cette application à essayer de faire monter l'angoisse progressivement m'a plutôt ennuyée. A la longue, j'ai peut-être fini par développer une resistance à toutes ces histoires d'enquête, après tout, comme se développe une résistance microbienne. Je n'arrive plus totalement à m'y intéresser. Je la regarde et j'essaye sincèrement de me plonger dedans, mais rien à faire.
La façon dont, lentement, à grand renfort de silences, et avec toute la retenue du monde, The Fall tente de suivre ses deux protagonistes majeurs (l'enquêtrice et le tueur) a plutôt l'effet d'un répulsif. Et finalement, comment pourrait-il en être autrement ? Je ne m'imagine pas répondre autrement que par l'indifférence quand une série tente exactement de me tenir à distance de ses personnages.

Pour preuve, Stella Gibson est l'un des personnages les plus fermés que j'aie vus ces dernières années ; l'accumulation de scènes anodines au cours du pilote ne nous invite pas à entrer dans sa vie et moins encore dans sa tête, au contraire, nous en sommes tenus à l'écart par tous les moyens possibles. C'est comme si The Fall insistait pour nous faire partager plutôt l'état d'esprit du criminel que du policier. Ce faisant, nous ne sommes pas invités à mener l'enquête avec elle ; nous ne sommes pas non plus invités à lui souhaiter de réussir à arrêter le tueur.
Non que l'opposé se produise : nous ne sympathisons pas non plus vraiment avec celui-ci, mais nous comprenons progressivement qui il est, comment il fonctionne ; cela nous est totalement interdit avec Stella.
Je ne demande pas à m'identifier à une héroïne à tout crin, mais au moins à avoir envie de faire le chemin avec elle. Ici, nous avons un personnage qui n'est incarné que parce que c'est Gillian Anderson qui lui prête ses traits ; une actrice moins charismatique aurait sûrement laissé Stella Gibson comme elle l'aurait trouvée : inerte, résumée à quelques mots glacials sur les pages d'un script. Stella Gibson donne dans ce pilote tous les signes d'un personnage au mieux fermé, au pire, pas du tout achevé. Quand tout d'un coup, elle fait montre d'une volonté propre, celle-ci surprend et destabilise. Mais ce n'est même pas tout-à-fait une bonne surprise...

Quant au tueur, je me sens mal à l'aise à l'idée de suivre ses moindres faits et gestes, quand il est rapidement évident qu'il est, en effet, le tueur, et qu'il a une proie. Qu'il soit ou non un tueur en série importe en fait assez peu au regard d'une réalité, et une seule : il va bientôt tuer. Qu'importent les victimes précédentes, au coeur de l'enquête ? A elles non plus, The Fall ne veut pas nous lier. The Fall ne veut décidément nous intéresser à rien, et c'est la raison pour laquelle il m'a été si difficile de le faire.

Qu'on vu les autres spectateurs dans cette série qui leur ai donné envie de poursuivre ? Qu'a à dire ce pilote qui attire l'attention ? Que veut-il nous dire, d'ailleurs ? En-dehors du lent découpage des évènements, qui sonnent presque comme un compte à rebours, The Fall semble presque manquer de substance. J'ai forcément loupé quelque chose au vu des critiques que j'ai lues. Mais The Fall a passé un peu moins d'un heure à me repousser de toutes ses forces.
Si structurellement, il change la donne sur pas mal de choses (il ne commence pas par la découverte d'un cadavre ni sur un meurtre, à la Law & Order), et si le ton est radicalement différent de bien des séries du genre, j'espère qu'il existe un juste milieu.
En tous cas, dans ces conditions, même 5 épisodes me semblent être 4 de trop.

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 20:36 - Review vers le futur - Permalien [#]

Qui relèvera le défi ?

Autant ce #pilotmarathon a été l'occasion de regarder quelques formats plus courts aujourd'hui, autant je dois dire que, 1h25 devant un pilote, ça me semble quand même un peu difficile, à plus forte raison quand je sais que j'ai ce dossier plein de pilotes que je n'ai pas encore touchés !
Il faut dire qu'on n'est plus trop habitués à des pilotes de cette longueur, mais ce serait tragique de les mettre de côté pour cette raison. Alors, prêts ? Voilà ce que j'ai à dire d'une heure et demie de visionnage...

Defiance

Certains jours, on dirait qu'on l'attend comme le Messie, la série de science-fiction qui nous transportera vraiment. Evidemment, il y a des réussites comme Orphan Black ou Continuum, qui nous rappellent que la série de genre a encore quelques jolies réussites à son actif.
Mais quand je vous parle de science-fiction, ce n'est pas ce que j'ai envie d'évoquer ; j'ai envie de vous dire qu'on va trouver le nouveau Farscape ! Le prochain Battlestar Galactica ! Quelque chose qui captive autant qu'Invasion Planète Terre (la première saison) ou qui soit aussi intelligent que Babylon 5. On n'en est même pas à souhaiter trouver des séries qui inspirent autant que les franchises Star Trek et Stargate pour des décennies, non, on se contenterait même d'un reboot de SPACE 2063 ou d'Alien Nation (ce que d'ailleurs m'inspirent de loin Star-Crossed et surtout Almost Human, mais on aura tout le temps d'y revenir à la saison prochaine). A ce stade je suis presque prête à réclamer de l'Andromeda ou du Lexx, c'est vous dire l'ampleur de la crise.

Tout ce qu'on veut, c'est voir des aliens ! MAIS SURTOUT, ce qu'on veut, que la série ne pue pas du script.

Or, qu'avons-nous depuis quelques années ? Des Terra Nova (bon, ya pas d'alien, mais ya des dinosaures donc on va dire que ça compte), des V, ou des Falling Skies. Pour ce qui est du Messie, on repassera.

La tragédie des séries de science-fiction modernes, c'est hélas qu'on les comparera toujours à quelques unes, sinon toutes ces séries du passé. Parce que ceux d'entre nous qui ont grandi avec ces séries de science-fiction épatantes (ou qui, même s'ils sont nés juste un peu trop tard, se sont dépêchés d'en rattraper quelques unes de cette liste, et ils ont raison) savent que désormais il n'y a pas de retour en arrière possible. C'est comme avoir grandi en se gorgeant de caviar de la mer caspienne, pour finir par devoir se contenter d'oeufs de lump "marque repère" le restant de sa vie. C'est pas juste de nous faire ça. On a goûté au caviar de la mer caspienne !!!

Defiance, puisque c'est d'elle qu'il s'agit aujourd'hui, n'est pas mauvaise en soi. Vraiment, par rapport à d'autres, c'est plutôt décent, je vous assure. Et sur le coup, en regardant l'épisode, peut-être parce que je m'attendais à pire, j'étais plutôt contente de ce que je voyais. Il semblait y avoir un peu de tout dans cette série, mais au moins elle se donnait du mal. Et puis, on sent qu'au niveau de l'univers, quelque chose de dense a été pensé, comme le précise la timeline de la série (merci d'ailleurs à Maxx pour ce précieux lien).

Le problème c'est qu'en mangeant à un peu tous les râteliers, Defiance montre qu'elle n'a pas de projet précis. On ne lui demande pas d'avoir un plan sur 5 ans (tout le monde n'a pas la chance de s'appeler Straczynski), mais enfin, un petit effort pour nous tracer une ligne claire, au moins désigner un horizon dans une seule direction, serait bien chouette, merci d'avance. Au lieu de ça, Defiance commence à la Mad Max, pour en cours de route bifurquer vers un drama plus classique (et au passage, flirter dangereusement avec le Terra Nova), en rajouter une couche de pseudo-Game of Thrones avec des familles qui complottent les unes contre les autres dans une lutte de pouvoir, passer trop de temps du côté du cop show pour totalement écarter toute suspicion, et finit dans un combat de nature quasi-militaire qu'il sera d'ailleurs difficile d'égaler dans chaque épisode, et dont les chances de répétitions sont donc minuscules. Ah, non, pardon, ce n'est pas tout-à-fait ce sur quoi elle finit : on a aussi droit à une conspiration.
Sur quoi peut-on donc se baser pour déterminer si on aime ou pas Defiance ?

Au lieu de faire en sorte que tout le monde et son chien y trouve son compte, peut-être aurait-il fallu faire des choix. Comme le dit Karen Walker (toujours d'excellent conseil en matière de télévision) : "this is like a pastiche of five other shows, like something written by a committee. They're trying to please everybody, but ironically, they've ended up... pleasing nobody !".
Et le problème est là : impossible de s'attacher à une série qui part dans tous les sens, quand bien même, sur le moment, c'est plutôt sympathique à suivre. Defiance a peut-être imaginé un monde riche, mais elle est incapable de nous dire ce qu'elle veut en tirer.

Si j'avais la mémoire courte, j'ose croire que je m'attacherais plus facilement à Defiance. Je n'en ai évidemment pas la garantie. Tout ce que je sais, c'est que j'ai envie, terriblement envie, chaque fois que je lance chacune des séries de science-fiction qu'on nous trouve (Revolution en est un parfait autre exemple), de ressentir de l'enthousiasme, et je pense que ça influe sur la façon dont je réagis au cours de l'épisode : j'ai vraiment envie que ça colle !
Il y avait une époque où j'aimais vraiment les séries de science-fiction. Ce temps-là reviendra-t-il ? Mon caviar me manque. VOILA un défi d'envergure pour la télévision. J'espère que quelqu'un le relèvera de mon vivant.

Challenge20122013

Posté par ladyteruki à 18:52 - Review vers le futur - Permalien [#]