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ladytelephagy
lost
17 octobre 2011

Take the wheel

En ce moment tout le monde parle de Drive sur Twitter. Comme j'ai le cerveau limité en matière de références cinématographiques, chaque fois que quelqu'un mentionne ce film dans ma timeline, je dis bien chaque fois, je dois faire une petite gymnastique mentale de près de 10 minutes pour me rappeler qu'il s'agit d'un film et non de la série de la FOX.
Après le 712e tweet mentionnant ce titre, et avec en plus des circonstances aggravantes (je fouille dans mes cagoules depuis plusieurs jours pour déterrer des merveilles), j'ai fini par céder et revoir le pilote de Drive. La série.

Drive
Je m'aperçois en allant jeter un oeil à mon post de l'époque que je n'ai pas raffolé du pilote la première fois que je l'ai vu. La meilleure preuve c'est que c'est juste un post Médicament générique, et même pas une review complète.
C'est marrant parce que mon bilan après revisionnage du pilote ce soir est bon, et plus encore.

Effectivement, les scènes de course-poursuites en bagnole sont d'un intérêt TRES limité. Et quand je dis limité je veux dire que je me suis limé les ongles à ce moment-là. Ce genre d'adrénaline me passe complètement au-dessus de la tête, et à la deuxième j'avais envie de dire que les possibilités étaient en plus très limitées. Passer entre deux camions ou passer entre deux camions, cruel dilemme.
Fort heureusement il y a bien plus dans ce pilote à voir que ces idiotes de course-poursuites, et c'est peut-être ce qui m'avait un peu échappé à l'époque.

Déjà la réalisation est quand même parfois géniale. La scène où ils sortent tous de la conférence d'orientation et se précipitent hors de l'hôtel, c'est épatant. Deux plans séquence à la suite qui rendent très bien l'excitation, l'énervement, la frénésie de l'instant, et tous les personnages qui passent dans deux ballets consécutifs parfaitement orchestrés, ça vous scotche une lady. C'est là que je vous confesse une grande fascination pour les plans séquence, et plus il y a de monde plus j'adore. Là c'est juste mon idéal de plan séquence, en fait. Et deux à la suite. Impec', quoi.

Et puis au niveau des personnages, on tient quand même du bon drama, et j'irai même jusqu'à dire, du très bon drama. On a le temps d'explorer vraiment plein d'habitacles, avec des dynamiques différentes, des backgrounds différents, et si certains sont plus développés que d'autres, les concurrents de cette course incroyable sont tous très prenants tout de suite. Il n'y en a pas beaucoup dont on se contrefiche de savoir ce qui va leur arriver en cours de route (pun intended).
En la matière il y a deux genres de séries. Celles qui ont un héros autour duquel tourne la planète, et des seconds rôles qui ne sont là que parce qu'il fallait. La moitié du temps, je ne m'attache pas assez au héros pour avoir envie de savoir ce qu'il va lui arriver, et les personnages secondaires sont si secondaires, qu'il n'y a pas moyen non plus de reporter mon attention sur eux. Il y a donc l'autre genre de séries, qui même si elles ont un héros, parviennent à insuffler un peu d'âme dans d'autres personnages, et la moitié du temps, le héros ne me plaît pas forcément, mais je trouve mon content plus loin dans le fond. C'est exactement le cas ici où le tandem Nathan Fillion et Kristin Lehman m'indiffère quand même pas mal, mais où il y a de quoi faire avec, par exemple, la jeune maman, l'ex-taulard ou encore le tandem père/fille. Tous n'ont pas les mêmes faveurs des scénaristes mais ils prennent corps et ça fait du bien.
Du coup Drive fonctionne bien comme ensemble drama, même si de toute évidence il y a un héros qui va pas mal occuper de temps d'antenne.

La course est quand même une putain d'idée. Pardon pour le langage, mais merde, c'est original, c'est propice à un peu de mythologie, c'est un bon prétexte à donner des histoires passées et à venir aux compétiteurs... des jeux comme ça, il en faudrait plus dans les séries (là tout de suite, comme jeu s'étant sur plusieurs épisodes, je n'arrive à penser qu'à LIAR GAME). C'est en plus un concept qui aurait pu, qui aurait dû courir longtemps, parce qu'il y a tellement de compétiteurs que tu en élimines un, tu peux toujours en amener un autre sur le devant de la scène.

Je vais me risquer dans les comparaisons hasardeuses mais Drive aurait pu être un autre Lost. Comparaison à prendre comme venant de quelqu'un pour qui Lost n'est pas absolument une série qui a révolutionné la télévision, mais comme une série qui commençait avec du potentiel et de solides atouts, par contre (c'est déjà un compliment, juste pas aussi grand que si un fan de la série faisait le parallèle). Il y avait vraiment du potentiel.
Mais ce qui s'avère vite rédhibitoire, ce sont les effets spéciaux, très voyants et un peu trop nombreux dés qu'on prend la route (or c'est une série qui se passe quand même pas mal sur la route, tirez-en les conséquences...). Et je comprends que ça puisse refroidir. Je ne sais pas si c'est ça qui a motivé les audiences décevantes qui lui ont valu son annulation expéditive, je ne suis pas dans la tête des spectateurs américains, j'ignore ce qu'il y avait en face, je ne sais pas comment la série a été promue, rien. Tout ce que je sais, c'est que plus de 4 ans plus tard, c'est toujours autant du gâchis.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Drive de SeriesLive.

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12 septembre 2011

Un plat qui laisse froid

Les histoires de vengeance, à la télévision, ça ne manque pas. Mais le plus souvent, elles sont l'apanage soit des soaps en quête de frisson cheap, soit des séries sud-coréennes qui sont, cycliquement, friandes de ces thèmes qui ont probablement quelque chose de culturel (je ne vois pas d'autre explication à leur abondance, quand les autres pays en usent avec plus de parcimonie). Le problème, c'est que pour toutes les autres séries, le genre est franchement casse-gueule, pour ne pas dire à la limite de l'opération suicide. Certains formats et/ou tons se prêtent à la fiction revancharde, d'autres, plus difficilement, et il faut être bien armé pour relever le défi.
Là, tout de suite, sans chercher à potasser spécialement le sujet, je n'arrive pas à trouver plus d'un exemple de série sur la vengeance qui s'en soit tirée la tête haute et avec les honneurs. Mais ce seul exemple n'est pas des moindres : c'est Profit.
Quand on a vu Profit, il faut admettre que les autres histoires de vengeance semblent bien pâles en comparaison. Ou se voient systématiquement comparées à cette série, même quand elles sont réussies (on l'a vu avec Zeni Geba, si vous vous en souvenez sinon il y a les tags).

Pourtant Revenge se démène avez beaucoup d'énergie pour essayer de tenir la dragée haute à son illustre aînée. Elle reprend certains des thèmes éternels de la série de représailles : le parent absent, l'enfance volée, et une question de classe, car on ne cherche jamais à se venger des pauvres, seulement des puissants (c'est leur faute, z'avaient qu'à pas être riches). Et tout en préservant une certaine forme de suspense, le pilote parvient à expliciter ces thèmes et les fondre en une mythologie solide, ce que toutes les histoires de vengeance ne font pas forcément aussi bien.

RevengeontheBeach
Toute l'essence du problème de Revenge tient en un mot : le contexte choisi. Le froid gratte-ciel d'une immense corporation est propre à accueillir une sordide histoire de vengeance, avec ce que cela suggère de manipulations, de complots ourdis dans l'ombre et de mesquineries voilées. L'ambiance est contenue dans le décor, l'oppression ajoute au suspense et les personnages sont doublement pris au piège, à la fois dans le building glacial et dans la toile que tend le héros. Par contre, l'immense yacht de la reine des Hamptons ? Moins. Beaucoup moins. Franchement, ça ressemble plus à un primetime soap qu'au décor d'une série qui veut nous plonger dans le suspense...
Les immenses demeures plus ou moins bien photoshoppées, les jetées sur l'océan et les robes de cocktail tous azimuts, ça n'impressionne pas, et au contraire, cela renvoie l'image d'une série qui a voulu faire dans le clinquant. Je regarde Single Ladies, donc croyez-moi quand je vous dis que j'en sais long sur le clinquant : ça n'aide pas à crédibiliser une intrigue, et ça aurait même tendance à appuyer là où ça fait mal, car sitôt que l'intrigue pêche, on a l'impression que le clinquant est là exprès pour colmater la brèche.

...Sans même parler d'essayer de partager la colère, la haine ou même l'ombre d'une remontée acide avec l'héroïne qui cherche à s'en venger.
Il faut dire que, toute jolie qu'elle soit, et il n'y a pas à dire, elle l'est, Emily VanCamp ne respire pas le charisme, or, pour porter sur ses épaules l'immense schéma d'une vengeance aussi colossale que celle-là, puisqu'apparemment couvée depuis bien longtemps et portant sur un grand nombre de victimes (mais avec évidemment une cible de choix pour la fin), il faut un minimum de magnétisme. L'émotion a du mal à passer (sauf dans la scène où son père se fait arrêter), et c'est quand même un vrai problème puisqu'on a besoin de ressentir un minimum d'empathie pour le personnage, même si ses manières, nécessairement extrêmes, nous rebutent : c'est le propre d'une fiction de vengeance, on comprend le personnage mais on ne peut pas totalement adhérer à sa quête. Il faut que le héros retranscrive cette ambivalence entre la part émotionnelle et la part morale du thème.
VanCamp est-elle trop ancrée dans les esprits comme une jolie fille de type girl next door ? Ou l'actrice est-elle réellement incapable d'incarner un personnage aussi sombre et complexe que nécessaire, même (et surtout) si le scénario ne pousse pas le personnage très loin ? Je ne suis pas sûre de la réponse, mais se poser la question est définitivement signe que quelque chose cloche. Par contre, ce qui est sûr, c'est que face à la venimosité sublime de Madeleine Stowe, elle a un mal fou à rivaliser. Et je me garderai de toute plaisanterie relative à la chirurgie esthétique, on avait dit pas le physique.

Le visionnage de Revenge est, du coup, agréable et désagréable pour cette même raison. Ça se laisse bien regarder, parce que c'est fait pour être agréable à l'oeil, qu'il y a une véritable envie d'essayer de faire quelque chose de bien, de rythmé, d'élégant, de vivant, même quand les moyens ne suivent pas (et il y a des scènes dans lesquelles ça se voit), avec un cast équilibré entre visages connus et d'autres moins... Mais en même temps, le décor estival et cossu souligne les faiblesses du scénario, ou plutôt des dialogues car pour le moment, le scénario reste trop classique pour qu'on en pense complètement du mal, les acteurs se donnent assez peu de mal (et ont peu de matière pour opérer des miracles, il est vrai). D'une grande vacuité, les échanges semblent n'être là que pour meubler les séquences qui, finalement, se seraient parfaitement suffit à elles-mêmes si elles avaient été silencieuses. Je persiste depuis des années à penser que ce serait une fabuleuse expérience que de tenter une série sans dialogue (ne serait-ce qu'une mini-série), mais c'est pas le sujet ; en tous cas, Revenge serait plutôt bonne cliente pour ce genre de choses, car on n'a pas vraiment besoin des dialogues ni de la voix off (pitiéééééé, les voix off, je vous en supplie, arrêtez avec ça, quand est-ce que les scénaristes vont se remettre à écrire de vrais scénarios ?!) pour comprendre ce qui se passe. Rapport au fait que c'est très classique, et visuellement bien assez explicite, sans qu'en plus on ne nous mette le nez dedans, quoi.

Je n'en ai pas l'air comme ça, mais je vous promets que j'ai pris du plaisir à regarder le pilote. Le plus curieux c'est qu'à un moment, je me suis même dit : "alors là franchement, je vois pas trop comment on peut en dire du mal", et j'étais sûre qu'une fois arrivée au stade de réaction de mon post, je ne trouverais rien de méchant à en dire. Evidemment ce n'était pas la série du siècle, mais elle ne me semblait pas mauvaise. Seulement voilà, Revenge, comme certaines séries fondées sur le suspense (24 ou Lost ayant eu le même effet sur moi), sitôt qu'on n'est plus dedans, on ne sait déjà plus pourquoi on aimait. Le genre de série dont il est préférable de se faire une intégrale plutôt que de la suivre et prendre le risque de s'en désintéresser pendant la semaine.
De toute façon, Revenge n'a pas de raison de vivre très longtemps : si elle tenait plus d'une saison (ce qui n'est pas à exclure, la série n'est pas une catastrophe non plus à ce stade), le côté primetime soap prendrait nécessairement le dessus, parce qu'il y a quand même un nombre limité de personnes qu'Emily/Amanda pourrait atteindre avant d'en arriver à sa vengeance sur Victoria (sauf si quelque part sur le chemin on découvrait qu'elle est sa mère, ce qui accélèrera le côté soapesque) et que si en plus, Victoria se pose des questions sur elles dés le pilote, et que la vraie identité de l'héroïne a été découverte par déjà un personnage (et un chien) dans ce même épisode, la mascarade ne durera pas très longtemps.

Alors, sans rancune, je donne rendez-vous à Revenge pour l'été prochain, pour une petite intégrale, d'ailleurs je vais vous dire, je trouve ça très curieux de lancer en septembre une série qui se déroule l'été. Comme ça, au moins, mon intégrale sera assortie au timing de la série.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Revenge de SeriesLive.

25 août 2011

Série culte

CultFavorite

Laissez-moi insister sur l'importance de savoir qui m'a recommandé The Cult : le pilot était bien trop bon pour que je ne laisse cette bonne action impunie.
Apparemment, The Cult, dont j'ignorais jusqu'à l'existence voilà quelques jours, a coûté plusieurs millions de dollars et est ce qui se rapproche le plus d'une superproduction. Des comparaisons avec Lost ont été lancées sur plusieurs des sites que j'ai consultés ; dans ce cas, c'est un compliment pour Lost.

Le premier épisode a en effet de nombreux points en commun avec la fameuse série d'ABC, la plus évidente étant cette forêt sombre et moite dans laquelle se déroule la majorité de l'intrigue. Et puis, bien-sûr, il y a cette atmosphère de mystère, savamment entretenue par un scénario qui trouve le moyen à la fois d'aller très vite, et d'en dire le moins possible. Ainsi, tous les lieux communs qu'on aurait rencontrés dans une production moins scrupuleuse sont écartés : le héros, père de deux fils adultes (ou jeunes adultes, j'ai eu du mal à déterminer leur âge), et en moins de 10 minutes, il a déjà compris où étaient ses fils et que l'organisation qui les abrite est plus que suspecte, en plus de s'être déjà trouvé des compagnons d'infortune qui partagent une expérience similaire.
L'épisode aurait pu prendre le temps. Ca s'est vu dans d'autres fictions du même genre : je réalise qu'il y a un soucis, je me mets en quête de réponses, je découvre qu'il y a d'autres personnes dans mon cas sur internet, on met en place une expédition. Sans que ça ne ralentisse l'intrigue trop fortement, on aurait très bien pu imaginer que ce soit plus détaillé dans le pilote. C'est un épisode d'exposition, on ne le lui aurait pas reproché.

Pour autant, ce n'est pas l'extrême inverse : ces passages de l'intrigue ne sont pas passés sous silence pour accentuer l'effet de suspense, ni remplacés par des scènes d'action, bref, ce qu'une série américaine aurait été un peu tentée de faire, avouons-le, dans la majeure partie des cas. De la même façon, on voit également ce qui se passe à l'intérieur des murs du camps de cette étrange secte, c'est même ce qui nous éclaire sur sa nature car de l'extérieur, personne ne semble savoir de quoi il s'agit au juste. L'endoctrinement est explicitement montré sans chercher à nous faire nous demander ce qui se passe ou ce que le gourou peut vouloir. C'est vite évident et on ne cherche pas à maintenir artificiellement le mystère.

Le choix de The Cult est visiblement de ne pas perdre de temps dans les poncifs, et d'aller directement à son intrigue, sans nous prendre pour des benêts. La preuve en est : on comprend très bien ce qui se passe sans ça, en fin de compte.

Et du coup les faits sont là : l'intrigue avance rapidement. Sans que ce soit précipité néanmoins. Et on le remarque au fait que la donne change rapidement : au départ on avait un homme seul qui courait après ses fils qui étaient dans le camps. A la fin de l'épisode, plus rien de tout cela n'est vrai. Et les revirements de situation attendus (il y a probablement une taupe dans le groupe, les frères ne sont pas en sécurité dans le camps, on cache des choses...) sont vite exploités, au lieu de durer. C'est vraiment appréciable, et je ne suis pas sûr que le mérite en revienne uniquement au fait que The Cult soit bâti comme une mini-série.

C'est le genre d'expérience qui donne foi en la fiction télévisée. Parce qu'on a l'impression que la série se donne du mal pour faire quelque chose de personnel, au lieu de suivre, ce qui serait pourtant si commande, les codes éculés de son genre. Un thriller sombre avec une organisation mal intentionnée ? Ca semblait super facile de nous trimbaler un peu. Mais The Cult est réellement intelligente, et considère que ça nous conviendra très bien comme ça, sans jamais devenir pompeuse, en gardant une saine dose de questionnements et d'action, mais sans abuser jamais ni de l'un, ni de l'autre.

Le seul problème de The Cult, en somme, c'est qu'un épisode mette plusieurs jours à cagouler, ce qui est vraiment frustrant. Mais je pense pouvoir vivre avec cette frustration pour les épisodes restants, si c'est le prix à payer pour une aussi bonne série.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Cult de SeriesLive.

28 juin 2011

Générosité

Après trois épisodes de Falling Skies, je suis réticente à poster au sujet de la série. Ce démarrage me laisse circonspecte (et apparemment pas que moi, si l'on en croit les audiences !) et je ne suis toujours pas certaine de savoir qu'en penser à ce stade. J'ai le sentiment à la fois qu'une sorte d'instinct me pousse à regarder cette série juste parce que je voudrais croire, vu ses thèmes, qu'elle finira par me plaire, et en même temps j'ai, ponctuellement, l'impression qu'elle possède un peu de potentiel.
Mais, comme dans tout post écrit après avoir visionné plusieurs épisodes, je vais probablement devoir donner quelques spoilers à ceux qui ne s'y sont pas encore mis en essayant de démêler tout ça.

KeepOnFalling
Le problème c'est que le potentiel, ce n'est pas assez, quand on a passé le cap de 3 épisodes, et plus encore en ce qui concerne la SF, l'anticipation, et toute cette sorte de choses. C'était le problème de Caprica : beaucoup de potentiel dévoilé d'un coup, mais il n'était pas développé. Ici, à un degré bien moindre, on a le même genre de cas de figure : Falling Skies pose des éléments intéressants.

Déjà, difficile de ne pas apprécier le fait que la série démarre alors que l'invasion a déjà eu lieu, au contraire des deux versions de V ; on est plus proches du cas Alien Nation, pour rester dans les séries, ou de District 9 si on explore du côté des films (et quel film !). C'est un pari plus risqué qu'il n'y parait car, d'une part, ça veut dire que le gros de l'action et du suspense est déjà derrière nous, ce qui pour une série comptant sur l'adrénaline est quand même assez couillu, et d'autre part, ça implique une complexification des enjeux qui pourrait perdre le spectateur, que ce soit par impatience ou parce que les allusions à demi-mot peuvent parfois donner l'impression de se faire ballader. Dans le cas de Falling Skies, ce n'est même pas comme si ce facteur avait une incidence sur la mythologie, puisque celle-ci repose essentiellement sur les intentions des Skitters (c'est le nom de nos délicats invités) et pas vraiment sur la façon dont ils ont débarqué sur notre planète (ils ne se sont pas infiltrés, ils n'ont pas essayé de faire copain-copain, etc.), donc la série aurait pu choisir de nous montrer ce genre de choses, quitte à opérer un fast forward ensuite, mais non. Donc je trouve ça relativement courageux, surtout que ça a été raconté par des dessins d'enfants, finalement assez abstraits, donc chapeau, il fallait oser le faire. Ca semble légèrement cliché mais dans le fond, ce n'était quand même pas la solution de facilité.

On est donc directement branchés sur la survie, et j'avoue que c'est quand même ce côté post-apocalyptique qui me séduit le plus (comme il aurait pu me séduire si The Walking Dead avait proposé moins de dents et plus de scénarios). C'est toujours quelque chose de captivant que de voir comment une société s'organise quand les organes qui garantissaient son fonctionnement ont cessé de huiler les rouages de la machine, et c'est pas pour rien que j'écris moi-même sur le sujet, c'est le genre de sujet qui exerce depuis toujours une grande fascination sur moi.
Mais c'est aussi de là que provient la première des déceptions. Car quand on a vu les premiers épisodes de Battlestar Galactica gérer l'écrasement de l'humanité (brillante idée du décompte des survivants, parfaitement gérée, angoisse palpable que la civilisation soit réduite à néant, etc.), il est difficile de ne pas faire de comparaisons. La population est dispersée, forcément, et donc l'enjeu ne peut être porté comme dans Battlestar Galactica, et je ne m'attendais pas à un clone de toute façon, mais j'estimais qu'il n'était pas exagéré d'espérer ressentir le désespoir des survivants. Jusqu'à présent je ne l'ai pas ressenti une fois, et je trouve ça grave.
Car si les fictions post-apocalyptiques me fascinent, c'est précisément parce qu'elle explorent le désespoir d'une humanité vacillante mais qui doit trouver la force de subsister, et si possible la tête haute, sans se replier dans la bestialité. Ici, on a une proportion de survivants qui donne à peu près ça : 15% combattants armés, 85% pseudo-zombies.

La vague de désespoir tant attendue pourrait bien venir d'un élément peu traité dans les deux premiers épisodes, et vaguement développé dans le 3e opus (mais de façon artificielle). Pourquoi les Skitters ont-ils réduit les enfants en esclavage ? Et, plus précisément, pourquoi ne pas en avoir fait autant avec les adultes ? On se doute que la technologie mise en place pour le faire n'est pas anodine, or c'est elle qui est explorée, ainsi que ses usages, dans le 3e épisode, là où de toute évidence on voudrait bien que les protagonistes se posent les bonnes questions. Evidemment, on peut imaginer que, dans un état de stress post-traumatique, et alors qu'ils sont préoccupés par des questions triviales comme, oh, trois fois rien, manger et dormir, et puis ne pas mourir si possible, les survivants ne soient pas exactement dans une situation où ils se demandent "ah tiens, mais comment se fait-ce ?" et cherchent plutôt à récupérer leurs enfants.
Mais c'est quand même une idée absolument fabuleuse ! En prenant les enfants en otage (plus ou moins explicitement selon les épisodes), Falling Skies s'attaque à la notion-même de survie à long terme de l'humanité, et dans ce cas on est dans le voisinnage de l'ambiance de Children of Men (autre traumatique merveille, d'ailleurs), porteuse de nombreux éléments dramatiques pertinents, si bien exploités. S'attaquer aux enfants des hommes, c'est certainement ce que l'envahisseur pouvait faire de pire ; c'est bien vu, il faut continuer. Falling Skies tient ici ses plus prometteuses pièces de puzzle.

Intéressante aussi, la petite nana, Maggie je crois (j'ai pas encore bien intégré tous les noms), qui s'est faite violer par le gang de Pope. Plutôt que de simplement mettre en place des éléments de discordance à l'intérieur de l'équipe de survivants (qu'on a pu voir dans Lost, en tous cas que j'ai vus dans le peu d'épisodes regardés) reposant sur les habituelles rivalités d'influence, qui va prendre les décisions ou pas notamment (ici, la question est réglée par l'importance de l'armée dans la lutte pour la survie, et l'absence pour le moment d'un leader "civil" à l'intérieur du groupe), on a ici des questions plus réalistes sur ce qui peut réellement se passer lorsque certaines garanties sociales (la peur du gendarme) tombent. On aurait vu des émeutes et des pillages si on avait vu l'invasion alien, on voit ici d'autres sortes de crimes. C'est plutôt bien joué aussi, et encore fois, en amatrice un peu perverse de déchéance humaine à des fins de dramatisation, j'ai trouvé ça bien vu et intéressant.

FreedomFighter
Le problème, c'est à peu près tout le reste.
Axes prévisibles (qui en voyant Tom et son copain Mike partir bras dessus bras dessous récupérer UN gamin, et un seul, alors que tous les deux ont un gosse qui manque à l'appel, n'a pas vu venir la suite de l'épisode, y compris sa pâle excuse de cliffhanger ?), dialogues à mourir d'ennui, pontifications interminables autour de ce qu'il faut faire, ne pas faire, ne plus faire, mais qui reste lettre morte, scènes trop sucrées pour être autorisées aux diabétiques sur le mignon enfant qui fait du skate, le mignon enfant qui dort dans une chambre d'enfant, le mignon enfant qui fait un bisou à son papa qui va aller dézinguer du Skitter... Oh, hé, ça va bien non ? Vous faites aucun effort, ou bien ?

Le personnage de Tom, incarné par le toujours aussi parfait Noah Wyle (un peu trop au vu du reste du cast, mais, eh, c'est le seul à avoir son nom sur l'affiche pour une bonne raison, hein ?), est le stéréotype du gars qu'on a placé là pour être un héros drapé dans son immaculée excellence, il est bon père, bon combattant, homme éduqué...

Et surtout, il souffre du syndrome du background artificiel exposé dés le pilote dont je vous avais dit qu'on recauserait. Parce que comme par hasard, le type, il n'est pas juste attaché à, vous savez, vivre. Non, il faut que forcément il ait trois fils, l'un dont il souhaite préserver l'innocence aussi longtemps que possible, l'un qui risque sa vie à ses côtés à chaque fois qu'il y aura un peu de baston (cf. 3e épisode), et un dernier, capturé par les Skitters.
Vous allez voir que si tout d'un coup, il se déclare un autre méchant, genre une 2e race extraterrestre (comme Invasion Planète Terre l'avait fait en ajoutant les Kimeras et les Jaridians aux Taelons, mettons), il va se trouver un 4e fils caché pour aussi donner une raison à Tom d'aller mettre son nez par là.
C'est vraiment un procédé épuisant, et la preuve du peu de cas que la série fait de ses personnages. Leur construction est superficielle et cause un tort immense à la série. Aucune série ne devrait d'ailleurs nous infliger ce genre de personnage ; c'était le tort de ce bon vieux Joe dans Flash Forward, c'est le problème de la plupart des séries où l'enquêteur a une raison de mener une quelconque enquête, c'est, en fait, une plaie d'ampleur épidémique : pour qu'un héros fasse quelque chose, il faut forcément qu'il ait un background qui l'y force. Le mec, jamais il va faire quelque chose parce que c'est la chose à faire, il le fait parce que les scénaristes ne lui donnent pas le choix. C'est vraiment navrant de voir qu'une série avec une mythologie pour le moment si peu développée ne soit pas capable de mieux. Mais d'un autre côté, si Tom avait simplement voulu libérer des enfants parce que ce sont des enfants-esclaves, et pas parce que son fils est parmi eux, la moitié de ses échanges avec son fils aîné seraient tombés à l'eau et les scénaristes n'ont visiblement pas envie d'utiliser ce gosse pour autre chose que la personnification des élans auxquels Tom résiste, bravement, parce que ce type est fondamentalement raisonnable.

On ne croit pas un seul instant que Tom soit jamais en danger, d'ailleurs, parce qu'il est tellement évident qu'il est le héros qu'on ne s'en fait pas pour lui. Le danger est forcément désincarné face à un homme capable d'abattre tout seul un Skitter et de le ramener à la base à mains nues ! Et du coup, ce qu'il fait, son invincibilité apprente, fait qu'on ne peut pas s'identifier, et qu'on ne peut s'impliquer émotionnellement. Lui-même semble ne connaitre que deux états : la concentration sérieuse, et la fatigue silencieuse. C'est un bon petit soldat, notre professeur. Et du coup, on est tellement sûr qu'il va s'en tirer qu'on se fiche un peu de ses états d'âme : c'est un cercle vicieux, et d'autant plus dangereux que, dans une série constellée de scènes d'action, on a besoin de vraie dramatisation de temps à autres, sous peine de perdre l'équilibre.

Il en ressort une impression de retenue. Comme si, malgré toute les bonnes idées, l'équipe derrière Falling Skies avait plein d'ambition, mais avait décidé de rendre la série grand public, se perdant dans mille poncifs pour essayer de masquer le fait qu'à terme, elle a quelque chose à offrir. Les éléments qui font les bons côtés d'une fiction post-apocalyptique se trouvent donc étouffés par l'envie de ne pas trop donner, pas tout de suite, de commencer par offrir des bases classiques, du tangible, en semant quelques ingrédients qui seront développés une fois le spectateur happé par l'action. Mais ça ne fonctionne pas comme ça, parce que cette avarice est palpable ; ça ne met pas du tout dans de bonnes dispositions, au contraire, de voir que le plus intéressant est zappé et que ne reste que le tronc commun de la plupart des fictions du genre. Pour le moment, Falling Skies est pingre : elle a les moyens, mais comme l'oncle Picsou, elle refuse de casquer.

C'est pourtant une question de générosité. Donnez-nous toujours plus, et nous pardonnerons toujours plus.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Falling Skies de SeriesLive.

28 mai 2011

Si j'avais un lingot, j'achèterais le jour, j'achèterais la nuit...

Eh bah je sais pas si c'est de regarder les millionnaires de Mesudarim (aw, pauvre Erez dans le 2e épisode !) ou juste le fait que j'aie trainé une ou deux heures dans les méandres d'Amazon la nuit dernière (je ne le fais jamais parce qu'Amazon n'accepte pas les chèques, mais là, j'avais une carte bancaire dans les mains), mais je me sens d'humeur matérialiste aujourd'hui...

COLLECTION
Opération COLLECTION (détail) (en bordel)

Chaque fois que je traine mes guêtres dans une FNUC, j'en ressors à la fois avec les bras chargés (je rappelle quand même que ça fait 10 ans que le personnel de ce genre d'établissements s'excuse en me voyant de n'avoir pas de caddie...), et pourtant avec un grand sentiment d'insatisfaction. Parce que pour chaque coffret Misfits embarqué avec enthousiasme, pour chaque Nurse Jackie acheté le jour de sa sortie, pour chaque The Tudors payé rubis sur l'ongle pour n'en pas louper une miette... il y a tous les coffrets qui ne rentrent pas avec moi. Parce qu'ils ne le peuvent pas. Et finalement je crois que c'est aussi ça qui me retient un peu d'achats fous genre "oh une intégrale de Will & Grace à 52€ la saison, c'est une affaire !", vous voyez ? L'impression d'un manque d'alternatives.

Posséder entre mes petites mimines une carte bancaire, cette nuit, avec un verre de whisky-fraise à la main (bah quoi, c'est de la fraise, c'est donc girly !), m'a servi d'électrochoc. Soudain il ne s'agit pas d'éviter le site d'Amazon parce que de toute façon on ne pourra rien y acheter. Ecumant page après page la rubrique import zone 1 des séries télé, je crois avoir réalisé pour la première fois que je passais quand même à côté de plein de trucs. Notamment qu'il n'est pas nécessaire de payer 52€ une saison de Will & Grace. Mais aussi, et c'est sans doute le pire, que tous les DVD qu'inconsciemment je semble chercher du regard dans les rayons de la FNUC (ou, quand je me sens d'humeur dépensière, dans le catalogue de CDiscount, que je ne consulte que quand une rentrée d'argent me brûle les doigts, et pour acheter des séries qui ne me plaisent que de loin et me semblent tout de même nécessaires dans ma telephage-o-thèque, genre les deux premières saisons de Lost), et qui n'y sont pas, parce qu'ils ne sortent pas sur notre territoire et ne font pas partie des "hits" qu'on place sur le rayon import, et qu'on trouve en fait tellement facilement sur Amazon, enfin disons, facilement si on arrive à trouver le moyen de naviguer dans leur arborescence un peu obtuse, bref, toutes les séries que vous et moi n'avons pas le réflexe d'acheter parce qu'on ne nous en parle pas, mais qui sont là ! Alors oui, je pourrais acheter la saison 1 de Parenthood quand elle sortira, et de vous à moi ça se produira probablement d'ici quelques semaines, mais maintenant, je ne peux plus ignorer qu'il y a des coffrets autrement moins évidents qui sont tout aussi faciles d'accès, et ça change tout dans mon rapport à la dépense téléphagique.

Cette nuit, je m'en suis sortie avec une intégrale de Yes Minister et un coffret dont j'ignorais même l'existence, EZ Streets, ce qui a coincidé avec le moment où j'ai constaté avec la plus grande émotion que c'était une des premières fiches que j'avais faites sur SeriesLive, et que je n'en avais jamais vu l'ombre d'un épisode (triste réalité, mes amis : ça arrive souvent). Pour moins de 30€, j'ai échappé au pire, finalement.
Mais je découvre, oh, dix ans après tout le monde quoi, les vertus de l'achat en ligne AVEC UNE CARTE BANCAIRE.

Et soudain, s'acheter une intégrale des Craquantes ne relève plus de la fantaisie téléphagique, mais d'une potentielle réalité, comme un horizon immense. Ajoutons à cela la perspective de pouvoir acheter plus facilement des séries en import étranger genre Capitu (que j'ai toujours dans un coin de tête), et franchement, ça devient flippant. Je préférais quand mon monde était un peu plus petit, finalement !
On ne devrait jamais changer de boulot.

PS : que ceux qui trouvent qu'il est honteux que la rubrique Diagnostic COLLECTION n'ait pas connu de mise à jour depuis au moins un an et demi se manifestent, si je vous sens intéressés, je m'en chargerai la semaine prochaine. Mais si c'est juste pour moi, ça sert à rien : les DVD que j'ai, je les connais hein !

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24 septembre 2010

What is (the fuss about) The Event ?

Bon, voilà, ça y est, je l'ai vu votre pilote de The Event, vous êtes contents maintenant ? Votre matraquage ("what is The Event ?", eh bah euh, une série pourquoi ?) dés que j'allais sur un quelconque site d'information téléphagique anglophone, ça commençait à me gonfler. Si vous vouliez en rajouter dans la promo pour vendre votre série dans 200 pays, c'est gagné. Si vous vouliez en rajouter dans la promo pour faire monter artificiellement l'attente des spectateurs, c'est gagné.
Par contre, si vous vouliez en rajouter dans la promo parce que votre produit valait le coup, vous vous êtes plantés.

Quand on crée de la demande, il faut que derrière, l'offre suive. Or The Event est pénible de bout en bout. Sa narration décousue, destinée à artificiellement créer un effet de compte à rebours totalement inutile, qui laisse présager d'une suite de mises en haleine factices assez usante. Épisode un : compte à rebours avant un micro-évènement. Épisode deux : compte à rebours avant le micro-évènement suivant. Et ainsi de suite jusqu'à ce que tous les spectateurs soient morts d'une crise d'apoplexie à force d'attendre qu'il se passe le vrai Event. Une recette qui symbolise, en gros, l'accomplissement de saisons et de saisons et de saisons de thèses conspirationnistes et autres mystères insolubles, genre X-Files, Lost, ou plus récemment Flash Forward et Persons Unknown. On notera à la lecture de cette liste que le genre est casse-gueule, c'est un peu la consécration ou le néant qui attend The Event avec une technique pareille.
Je penche pour le néant.

Tout ça donne l'impression de brasser du vide. De mon point de vue, attention aux spoilers dans les deux prochains paragraphes, les scénaristes semblent avoir procédé comme suit :

Phase 1 - L'histoire : dans le pilote, un jeune homme voit sa future épouse disparaitre mystérieusement, tandis que le père de celui-ci, attaqué par un groupe mystérieux, est contraint à un détournement d'avion (il est pilote de ligne) afin de percuter la maison de vacances du Président des USA, lequel est sur le point de donner une conférence de presse importante sur la libération de prisonniers mystérieux, sur conseil d'une mystérieuse scientifique. Un mystérieux agent tente d'arrêter le jeune homme pour de mystérieuses raisons.

Phase 2 - On reprend les mêmes, on mélange, et on recommence : alors en fait le jeune homme monte dans l'avion et l'agent tente de l'arrêter. Mais ça rate et le jeune homme est soulagé, l'avion décolle. On retourne dans le passé pour voir le jeune homme demander la main de sa belle à son beau-père. Les amoureux partent en vacances pour qu'il puisse faire sa demande dans un lieu paradisiaque. Retour dans l'avion, après le décollage, le jeune homme brandit une arme et veut entrer dans le cockpit, un marshall embarqué à bord tente de l'intercepter. Retour en arrière, on voit le Président fêter l'anniversaire de son fils dans sa maison de vacances en Floride, mais ses conseillers demandent une réunion. Retour en arrière, le Président a eu connaissance d'un rapport sur une prison où 97 personnes sont détenues illégalement, il veut la faire ouvrir. Retour dans l'avion, le jeune homme explique qu'en fait il veut sauver la vie des passagers et que le pilote ne doit pas crasher l'avion... Oh puis attend on va remettre un coup sur la demande en mariage, et puis là on va découvrir que finalement la scène dans l'avion n'était pas finie... Bref on passe son temps à revenir d'avant en arrière avec un petit chrono pour vous dire quand on recule mais jamais quand on avance, ce qui rend l'expérience désagréable plus qu'excitante (ce que je suppose être le but initial de la production).

TheEvent

Si je comprends parfaitement le but de l'exercice, la méthode a de quoi émousser la patience de plus d'un téléphage consciencieux : pour faire trainer les choses, on joue avec la chronologie. C'est peut-être spectaculaire dans une certaine mesure, mais c'est quand même drôlement irritant.

Vous l'aurez compris, la machine The Event n'aura pas pris sur moi, et le fait que j'ai eu du mal à échapper à sa promo (alors même que j'évite les news et trailers de tous poils depuis le printemps) n'a pas aidé, au contraire. Il va donc se passer un gros évènement qui va totalement m'échapper. C'est pas grave, je le prends avec philosophie : contrairement à ma difficulté à prendre du temps pour regarder Mad Men qui me donne d'amers regrets, je sais ce que je rate en arrêtant de regarder The Event dés maintenant, et je le fais sans le moindre petit pincement au cœur. Je l'ai dit, cette saison, je vais être sélective sur les séries au long cours ; c'est pas pour m'embarquer dans un festival de poudre aux yeux et perdre mon temps à essayer d'excuser l'absence de fond par l'excès de forme.
Désolée, Bill, j'étais pourtant contente de te retrouver.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Event de SeriesLive.

16 août 2010

V'en pire

C'est pas parce qu'on ne regarde pas une série qu'on refuse d'en entendre parler. En l'occurrence, comme il n'y a vraiment aucune, mais alors, aucune chance que je regarde True Blood, mais qu'apparemment ça continue d'être une sorte de phénomène pour des raisons qui m'échappent complètement (si ce n'est que leur promo à coups de gourdin semble marcher), je veux bien qu'on m'en parle deux minutes, là, comme ça, histoire de se tenir au courant.
Sans montrer de dent, merci d'avance.

Venpire

Mon problème, c'est que l'information qui me parvient sans que je fasse le moindre effort est un peu toujours la même. J'entends deux sortes de news : d'une part, les news sur le casting, d'autre part, les news sur les nouveaux trucs chauds que vont faire les personnages.
De là où je suis, c'est-à-dire à une distance plus que respectable, on dirait que True Blood est, en gros, une série de cul. Je caricature, mais à peine.

Je vous avoue que quand j'avais vu le pilote (en fait le pre-air et le pilote, ce qui fait de moi, à mes yeux en tous cas, une survivante de l'extrême), j'avais effectivement repéré cette tendance à en rajouter dans les scènes de cul pour meubler, mais ça semble dépasser toutes mes prédiction, à ce stade. En fait c'est bien simple, en volumétrie, je dois entendre parler de True Blood en termes de scènes chaudes à peu près 80% du temps.
De là à dire que je ne suis pas étonnée quand je vois, depuis le lancement de la saison 3, des gens indiquer sur Twitter que, "ça y est, cette fois j'arrête True Blood", il n'y a pas loin.

Les infos que j'ai de True Blood ne sont donc guère rassurantes sur sa qualité. Parfois j'aimerais bien qu'il y ait des retours qui me fassent regretter d'avoir lâché la série très tôt, comme c'est le cas pour d'autres. Ou au moins, qu'à la lecture des news, j'ai la vague impression que ce n'est pas parce que je ne regarde pas cette série qu'elle est forcément nulle. Tenez, j'ai arrêté de regarder Lost... ça ne voulait pas dire que la série ne valait rien, juste que nos chemins s'étaient séparés.
Et j'ai toujours cet espoir pour True Blood parce que d'une part, j'ai envie de croire que mon biais anti-canines est la raison principale pour laquelle je boude la série, et surtout, j'ai envie de croire en Alan Ball.
Mais True Blood semble se refuser obstinément à renvoyer une bonne image de ce qu'elle a à offrir à ceux qui ne la regardent pas.

Ça pose la question de l'information résiduelle (je ne sais pas comment la qualifier autrement), c'est-à-dire l'information sur la série qui filtre lorsque les gens qui la regardent en parlent entre eux, mais sont disponibles là où de non-connaisseurs peuvent les lire. Car évidemment, les informations que je lis ne sont pas la totalité des informations qui sortent sur la série, étant donné que je ne vais pas sur des forums consacrés à True Blood, je ne lis pas les reviews et je ne suis pas l'actu de cette série de près. L'information résiduelle, c'est donc ce qui me parvient quand même, ce qu'il reste quand on n'est pas un connaisseur mais qu'on ne refuse pas non plus obstinément de lire une news si elle se présente sur un site généraliste.

Et ce qui me parvient, c'est uniquement des références sur qui va coucher avec qui. Ou qui a couché avec qui. Ou comment. Une part de moi se dit que, nécessairement, la série ne peut pas se limiter à ça. Mais l'autre trouve quand même que l'information est peut-être résiduelle, mais elle est sacrément persistante.

Le telambda, c'est-à-dire le premier venu qui n'est pas forcément un forcené de la télévision, n'a en général que l'information résiduelle. Il ne va jamais chercher les autres infos, donc il n'entend que celle-là. C'est là que c'est intéressant : ce que les non-connaisseurs entendent des informations échangées entre non-initiés. Et franchement, les gars, ce qu'on entend sur votre série... la vache ! Ça donne pas envie.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche True Blood de SeriesLive.

25 juillet 2010

[DL] Persons Unknown

Je vais être honnête avec vous, si les possibilités, dans le pilote de Persons Unknown, semblaient ouvertes, et que j'avais effectivement décidé de voir la suite pendant quelques temps encore, en revanche je ne me suis vraiment pas pressée. Je n'ai regardé les 2e et 3e épisodes que cette semaine. C'est dire si j'y vais doucement. C'est vrai aussi que j'ai plein d'autres trucs sur ma liste, mais quand même.

PersonsUnknown
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Rien d'extravagant dans la conception du générique de Persons Unknown. Ça me rappelle un peu le concept du générique de Lost : surtout, ne pas risquer de dire quoi que ce soit pour ne pas démystifier l'histoire. Mais avec un générique de plus de 5 secondes, faut pas pousser non plus.
Il y a des éléments qu'on connaît, et vraiment juste eux : les rues désertes de la bourgade où les "otages" ont atterri, l'hôtel au couloirs vides et oppressants, les caméras. L'accent est mis sur celles-ci, de toute évidence, ce qui renforce, mais à peine, l'impression qu'on a un enjeu différent de celui développé dans Lost (parce que, je le répète, les recettes sont quand même diablement les mêmes à part ça). On n'est pas plus avancés. Mais c'est le principe, apparemment, et du coup, le générique s'inscrit bien dans la façon de voir de la série. C'est juste qu'on voudrait que ça s'active un peu, tout ça, quand même...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Persons Unknown de SeriesLive.

3 juillet 2010

Tois-toi et mange

Être téléphage, c'est être consommateur. Consommer du programme télé (bien souvent importée), consommer de l'information (visiteurs réguliers de sites et blogs, abonnés aux magazines spécialisés, éplucheurs de programmes télé, fans de Morandini, vous m'avez comprise), consommer du DVD, etc... On est des consommateurs, dans notre genre, avec un certain pouvoir d'achat, et qui permettons de faire gonfler les revenus de ceux qui nous pourvoient. Mais alors, ce qu'on peut se foutre de notre gueule, c'est royal.

Si on traitait les consommateurs de, disons, au hasard, viande bovine, comme on nous traite, la vache folle serait aussi courante que la grippe. Ok je caricature. Mais à peine. Un téléphage français n'a aucune façon saine à sa disposition de consommer son produit. J'explique.

Aux États-Unis, à part dans des cas assez ponctuels de diffusion erratique (nombre insuffisant d'épisodes, audiences catastrophiques, et annulation, étant les plus gros problèmes), le téléphage local sait quand, et où, et comment, consommer sa série. Il sait qu'à partir du moment où une chaîne s'est engagée à diffuser une série, elle ira au bout dans la mesure du possible, à part bien-sûr en cas de problème évoqué plus haut. Que la série ne bougera pas de case horaire pour atterrir à une heure indue. Que cette même série ne se verra que rarement tronquée, tronçonnée, censurée au dernier moment.
Je ne dis pas que ces choses n'arrivent jamais, je dis simplement qu'elles restent dans la limite du raisonnable et sont des évènements qui ne tiennent pas de la pratique systématique. Le consommateur américain, je vous prie de le croire, lorsqu'il a un soucis, il râle auprès de la chaîne, et il arrive souvent que la chaîne s'adapte. Exemple : n'importe quelle série sauvée des eaux, à l'instar de Roswell. Et pourquoi la chaîne elle s'adapte ? Pourquoi elle essaye de satisfaire son consommateur ? Parce qu'elle est bien au courant qu'elle n'est pas seule au monde et qu'il ne tient qu'à un mouvement subreptice du pouce pour que le consommateur aille consommer ailleurs. La loi de la concurrence. Et comme la chaîne, elle a investi des sous et des moyens humains dans la production d'un show, elle est pas folle, elle surveille.

C'est pire encore en Asie où, grosso-modo, le spectateur est traité en prince. Au Japon, c'est bien simple, même si une série devait faire des audiences négatives, il est ultra-rare qu'elle soit annulée. En fait, une série connait toujours une fin au Japon. Voilà qui fait rêver ! Quant à la Corée du Sud, si elle a développé une plus grande tendance à raccourcir ou prolonger ses séries, c'est toujours en avertissant la production (qui bien souvent est une équipe de la chaîne) histoire d'adapter les épisodes en plus ou en moins. Le résultat de pareilles variations n'est pas idéal, mais en tous cas, il indique qu'il y a effort pour essayer de contenter le spectateur. Il faut dire que dans ces deux pays, quand une chaîne reçoit 200 réclamations, elle estime que toute la population est outrée au dernier degré, et la notion d'irréprochabilité est toute-puissante. Quand une chaîne fait le moindre petit faux-pas, elle se répand en excuses auprès de ses spectateurs. Avec auto-flagellation et toute la panoplie.

Prenons maintenant le cas qui nous préoccupe : le consommateur français. Au-delà de toute considération sur le respect de l'œuvre (les chaînes n'en ont cure de toutes façons), comment traite-t-on le téléspectateur français ? Comme un malpropre. C'est lui qui est à l'écoute de la chaîne et qui est sommé de s'adapter. Une chaîne achète des droits de diffusion pour une série ? Il faut parfois s'armer de plusieurs années de patience avant de la voir poindre son nez. Et quand elle arrive, c'est dans un créneau horaire incohérent, et c'est au téléspectateur de se rendre libre. Et lorsqu'une série a les honneurs du prime, elle est charcutée comme un jambon pour rester tous publics. Et même dans ce cas, il n'est pas dit que les épisodes passent dans l'ordre, pire, on assiste à des aberrations du genre "un inédit suivi d'une rediff" (spécialité made in TF1 que M6 s'est depuis approprié), dans des créneaux d'une durée double !

Certaines séries sont indifféremment diffusées de façon quotidienne, ou hebdomadaire, parfois une fois l'un une fois l'autre selon les trous qui sont à combler dans la grille. Lors des rediffusions, qui ne suivent aucun schéma prédéfini, on peut parfois ne jamais revoir certains épisodes (je pense à l'épisode de Noël animé d'Une Nounou d'Enfer, diffusé environ une fois sur dix), ou même certaines saisons ! Il n'est pas rare qu'une série soit purement et simplement déprogrammée, sans explication, parfois sans même prévenir à la fin du dernier épisode diffusé. C'est la surprise la semaine suivante. Ou le jour suivant. Parfois les deux (le final de la saison 3 de Grey's Anatomy ?). Les séries qui arrivent à maintenir une certaine régularité sont traites jusqu'à la dernière goutte, et le consommateur a alors droit à 3 épisodes en enfilade, dont il se goinfre goulûment parce qu'on ne sait jamais quand sera la prochaine fois. Les chaînes créent une confusion folle en mélangeant les inédits et les rediffs, en ne prévenant que rarement lorsqu'un épisode a déjà été diffusé tout en lui faisant occuper la case horaire d'un inédit... C'est n'importe quoi !

Mais ça, vous le savez déjà.

Alors quoi ? Alors, eh bien le consommateur français ne sait pas consommer sa série. C'est vrai, mettez-vous à la place du téléspectateur lambda, non-atteint de téléphagie j'entends, qui est confronté à cette situation. Comment peut-il décemment devenir un consommateur averti ? Il est complètement manipulé par la chaîne, subit complètement ses décisions et ses envies, en bref, il est infantilisé. Ça tiendrait presque du lavage de cerveau, pour un peu. Il regarde ce qu'on lui donne, bien content qu'on lui donne déjà quelque chose. Et tant pis si les rediffs de NCIS font plus d'audience que des inédits de Threshold (et je prends à dessein deux séries que je méprise pour qu'on ne puisse pas dire que c'est une revendication partisane, parce que je préfère l'une à l'autre !), on s'en fout ! Du moment qu'ils regardent ce qu'on leur donne !

Actuellement, chaque série se consomme différemment. Le téléspectateur français n'a pas d'habitude avec sa série, ce qui est le comble de la téléphagie. L'une sera diffusée chaque automne à raison de deux à trois épisodes (Urgences), l'autre sera diffusée chaque été à raison de deux épisodes (LOST) mais pas toujours à la même heure, certaines seront mitraillées à raison de deux saisons en quelques semaines voire même encore plus hâtées sur la fin (Grey's Anatomy), d'autres sont presque cachées à des heures ridicules alors que complètement tous publics (A la Maison Blanche) puis interrompues sans raison apparente (Six Feet Under), s'insèrent là-dedans des rediffusions qui, s'intercalant avec les inédits, créent des confusions dans la timeline (NCIS, Stargate...), certaines sont multi-rediffusées sans justification d'audience ni de popularité (Le Caméléon, The Sentinel), certaines ne le sont pour ainsi dire jamais (L'Enfer du Devoir, V...) ou alors uniquement sur une chaîne du câble ou de la TNT, certains sitcoms sont récitables par cœur comme du Prévert (Une Nounou d'Enfer), d'autres sont enterrés sans raison (Roseanne, Papa bricole), certaines séries très accessibles et bien écrites sont camouflées à des heures hallucinantes (Scrubs), certaines sont rediffusées inlassablement dans l'ignorance la plus totale (Le Justicier de l'ombre)... A chaque série sa façon d'être consommée. Et on ne sait jamais ce qui viendra après.
A chaque série ses façons d'être consommées, selon l'âge du vent et le sens du capitaine.

Mais vous le savez, ces programmes ne sont pas du tout conçus pour être diffusés de la sorte ! A la base, une série est hebdomadaire, tout frustrant que ça semble être ! Bombarder le télespectateur pendant quelques semaines, et ensuite le laisser en plan pendant les trois quarts de l'année, est une aberration ! C'est anti-commercial, mais comme en attendant, ledit téléspectateur n'a pas le recul qui lui permettrait de dire "bah je vais pas regarder autre chose juste parce qu'une autre série occupe le créneau habituel", alors c'est pas grave, ça continue. Aux States, la série est rediffusée en syndication si elle franchit la barre des 100 épisodes, en France, ça ne veut rien dire ! Young Americans s'est fait rediffuser plusieurs fois, et avec plusieurs années d'intervalle, mais pas Space 2063 qui n'a connu la rediffusion que dans les deux ans qui avaient suivi son statut d'inédit (une saison chacun pourtant). C'est aberrant ! On nous maintient éternellement en position d'attente, de soumission. Quoi que fasse la chaîne, on prend ce qui vient. Les séries se font et se défont, et les chaînes l'ont bien compris, qui désormais se contentent de faire de la pub et brandir le panneau de la réussite outre-Atlantique, pour nous faire regarder indifféremment tous les genres de programmes.

Nos cerveaux bouillonnent (le coca, peut-être ?) et reçoivent tout ce qu'on leur jette en pâture, sans avoir jamais le temps de l'analyser, de le remettre en question. La stratégie des chaînes consiste à créer le besoin, et nous sommes trop occupés à être submergés par ce besoin pour être des téléspectateurs avertis. C'est incroyable !

Que dirait-on de toute autre industrie se comportant de la sorte ? Que dirait-on d'une entreprise de yaourt qui déciderait de mettre des yaourts au citron sur le marché, puis de les retirer, mettre de la framboise dans certains magasins mais pas dans d'autres, puis remettre une palette de citron pour la retirer si ça ne se vend pas, faire subir plusieurs années de vanille pour finalement faire mettre dans le fond des rayons de la fraise ? Ne trouverait-on pas que le choix du consommateur serait bafoué ? Ne penserait-on pas que l'entreprise ne le respecte pas et le trait purement et simplement ? Mais qu'une chaîne fasse ça, et ça laisse tout le monde indifférent. Et voilà comment on fabrique des bœufs et non des téléspectateurs capables de faire monter les enchères, et inciter à se diversifier, et s'améliorer, et s'affiner. Quand une chaîne sans considération pour son consommateur fait presque la totalité des audiences record d'une année, comment faire fonctionner la loi du marché avec le rôle de la concurrence ? Que peut bien signifier la menace de ne pas regarder une chaine si elle ne se comporte pas correctement avec ses spectateurs ? Rien !

Taistoietmange

9 juin 2010

What has been seen cannot be unseen

UnknownNotUnseen

Ce qui est sympa avec Persons Unknown, c'est qu'on sent immédiatement les gars qui ont des références. Voire un peu trop, éventuellement...

Ce qui est vraiment dommage dans ce pilote, par contre, c'est surtout la façon dont il commence. On nous présente une gentille maman qui a l'air d'avoir de gros soucis, et qui va en avoir plus encore lorsqu'elle va se faire kidnapper à deux pas de sa petite fille. Bon, à la limite, ça évite le flashback par la suite, mais dans l'ensemble c'est un peu convenu. On se serait très bien contentés d'un réveil froid et sordide dans une chambre d'hôtel vide... commencer de cette façon aurait été une bonne manière d'assumer l'ambiance oppressante à la Silent Hill qui se dégage de la suite des évènements.

Mais pas que Silent Hill. Persons Unknown connait décidément ses classiques, et même ses un peu moins classiques. Il y a du Prisonnier, du LOST et un rien de Harper's Island sur la fin (mais ne vous enfuyez pas tout de suite, car aussi surprenant que ça puisse paraitre, c'est une bonne chose). Tout ça peut sembler un rien opportuniste (ou suicidaire, selon le point de vue), mais étrangement, ça fonctionne bien.

Pourtant Persons Unknown se montre dans un premier temps assez simpliste, et peu surprenant. La première partie du pilote nous montre comment se constitue l'équipe des personnages principaux, tous des "otages" retenus dans un petit bourg mystérieux et désert, comme il se doit, placés sous surveillance permanente, et baignant nécessairement dans une ambiance pesante de suspicion mutuelle permanente. Ce sont les règles du jeu et Persons Unknown va les suivre à la lettre pendant un bon moment : opposition des personnages sur la conduite à tenir, climat d'angoisse généré par l'ignorance dans laquelle ils sont plongés, solitude insoutenable d'un groupe totalement perdu et qui va vite se rendre compte qu'il est coincé dans un huis clos on-ne-peut-plus classique.

Si cette partie du pilote manque résolument d'originalité, elle compense largement sur l'atmosphère et la mise en place de l'univers. C'est là que les références se font le plus sentir, et cette façon de sacrifier à tous les clichés du genre est une manière comme une autre de construire les bases à partir desquelles on pourra éventuellement être surpris par la suite. Bien qu'étant visuellement assez peu recherché, les prises de vue permettent cependant de donner des indices assez subtils sur l'éventuel développement de la situation.
Il y a notamment une séquence très intéressante au cours de laquelle les personnages parviennent à sortir de l'hôtel dans lequel ils se sont réveillés, et découvrent la rue autour d'eux ; les enseignes des magasins environnants donnent une petite idée des perspectives d'avenir de la série. Quand la caméra choisit de mettre en avant la devanture d'un magasin de chasse et le bureau du shérif, on se dit que ce serait très étonnant si tout ce beau monde se contentait de partager une seule arme à feu...
Avec quelques suggestions fugaces mais volontairement montrées, on peut se risquer à penser que les scénaristes de Persons Unknown savent où ils vont, ce qui, vu le genre choisi, est une excellente nouvelle.

Car dés qu'on commence à s'attaquer à la mythologie potentielle de la série, on se retrouve en terrain très glissant ; d'autant qu'avec la fin de LOST, on est en droit de craindre un effet d'opportunisme. Le huis clos n'est pas anodin.
A ce stade, et jusqu'à la fin du pilote, on va nous amener à nous poser beaucoup de questions (c'est normal, là aussi c'est le but du jeu), mais les réponses sont à double tranchant. Il y a moyen d'y répondre avec beaucoup d'intelligence, et au vu du pilote j'en crois Persons Unknown capable, mais il est encore possible de choisir la facilité plutôt que l'excellence, et c'est un peu quitte ou double.

Toute la seconde partie du pilote est justement dédiée au développement des questionnements sur la série :
- Qui a kidnappé les "otages" ? La première et la plus évidente des questions pour les "otages" (c'est leur terme, pas le mien). Spontanément, ceux-ci commencent à envisager le monde avec eux-mêmes d'un côté, et "les autres" en face. Des autres invisibles dont on essaye de comprendre les motifs, ce qui complique passablement la tâche.
- Pourquoi les a-t-on kidnappés ? La question de l'argent est abordée en premier, mais d'autres pistes sont esquissées, forcément plus intéressantes, et pouvant ouvrir sur quelque chose d'autrement plus intellectuellement stimulant que le voyage dans le temps (suivez mon regard). Le passage au cours duquel le journaliste se rapproche de la mère de Janet pour enquêter sur la disparition de cette dernière ouvre quelques intéressantes perspectives en forme de poupée gigogne : la mère de Janet a des choses à cacher, mais est-elle complice ou victime ?
- Qu'attend-on des "otages" ? Pourquoi ne pas simplement les tuer ? C'est certainement ma question préférée, mais c'est aussi celle qui est la plus risquée à ce stade. La question de l'argent balayée, on se retrouve avec d'intéressantes perspectives, renforcées par la présence constante de caméras et, bien-sûr, par le cliffhanger.

Parmi les thématiques que les plus optimistes d'entre nous peuvent espérer voir abordées dans la série, mentionnons naturellement le problème de la (video)surveillance et du voyeurisme, les problèmes moraux que poseront sans doute les fortune cookies (lesquels sont d'intéressants gimmicks en puissance), le hasard, et peut-être même quelques expériences psychologiques de l'extrême. A contrario, si tout ça ne se concrétise pas, on est dans la configuration Harper's Island et sa façon très littérale d'aborder son sujet de départ, voire dans l'art de se faire balader selon LOST, ce qui serait très décevant mais encore totalement possible à ce stade. Comme je l'ai dit, c'est vraiment quitte ou double.

Les théories sont stimulées pendant toute la seconde partie du pilote, là encore ça fait partie du jeu, et l'épisode s'en moque même ouvertement (avec le passage sur les Chinois). On essaye en permanence d'essayer de deviner ce qui se passe, et c'est vraiment agréable d'en être à ce stade où tout est possible, et où on ne se rappelle pas que Persons Unknown est une série diffusée sur un network et pas forcément aussi ambitieuse qu'on pourrait l'espérer. Non, pour l'instant, tous les espoirs sont permis. J'ai aimé jonglé avec les idées et les perspectives. Si l'enlèvement relève de l'expérience humaine et psychologique, c'est intéressant. Si l'enlèvement est le fait d'une organisation quelconque, par exemple permettant de se débarrasser de personnes encombrantes sans les tuer, c'est encore plus prometteur. On verra bien...

Globalement, Persons Unknown fournit un bon pilote, et propose résolument un background solide sur lequel elle peut fonder une mythologie convaincante. Mais dans ce genre de situations, les choix faits ultérieurement peuvent tout faire basculer. Du coup, je veux bien me dévouer pour voir comment ça tourne... disons que j'attends jusqu'à l'arrivée de Kandyse, et j'avise...?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Persons Unknown de SeriesLive.

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