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ladytelephagy
gossip girl
14 septembre 2010

Dressée pour charmer

Bon, non, sérieusement. Parce que quand je fais de l'humour, apparemment le message passe mal.
Il y a une chose qui me chiffonne sincèrement dans Nikita, et c'est en repassant l'épisode en accéléré que j'ai compris pourquoi. Le problème ce n'est pas son sujet, son genre, rien de tout ça : je ne m'attends pas à aimer une série d'action. Elles ne sont pas faites pour moi, et je ne suis pas un public pour elles, c'est une affaire réglée.

Par contre j'ai un problème entre son contenu et sa cible supposée. Pour moi, la CW est la chaîne des adolescentes, voire des préadolescentes quand le monde va mal. C'est indubitable, et toutes les séries de sa programmation auxquelles je pense me semblent le confirmer (vous me dites si j'en oublie une qui fasse exception). Et le truc c'est que Nikita justement n'est pas exactement une série pour la cible traditionnelle des adolescentes.

La scène qui a fait tilt, c'est celle-ci (que j'ai sous-titrée pour que tout le monde puisse suivre, et qui est spoiler-free, d'où la coupure un peu sèche sur la fin) :

BelleNikita

On a ici une adolescente qui a sincèrement eu autre chose à penser ces derniers temps que la perspective de se peinturlurer le visage. Et on décide d'en faire une bimbo qui va utiliser ses charmes pour accomplir ses futures missions. C'est le but avoué : tu vas apprendre que tu es belle, et tu vas t'en servir.

Et en fait ce qui me chiffonne, c'est pas exactement que ce soit le propos de la série, ça fait d'ailleurs partie de la panoplie d'espionnage et ALIAS, par exemple, n'a jamais hésité à jouer sur le physique de Sydney (et ses costumes) pour souligner la chose. Mais ALIAS n'était pas une série diffusée sur une chaîne quasiment réservée aux adolescentes. ALIAS était une série destinée à un public adulte. Essentiellement, en tous cas. Ça n'excluait pas que des ados puissent regarder mais ils n'étaient pas le coeur de cible. Qui plus est, l'agent Bristow était déjà largement rodée aux tours et détours de sa profession.

Ici on a une série sur une chaîne principalement à destination des adolescentes, avec une adolescente tenant l'un des deux rôles principaux, et à qui on va apprendre à utiliser le sexe comme une arme. Vous voyez mon soucis ?
On a une vraie problématique de sexualisation d'une tranche d'âge qui n'a peut-être pas besoin qu'on l'emmène sur un tel terrain, et qui, avec des Gossip Girl et des 90210, a déjà, à mon humble avis, déjà largement de quoi faire en la matière, déjà à l'excès.

Maintenant comprenez-moi bien : je suis une femme. J'aime qu'on me trouve sexy, et j'aime me sentir sexy (quand la situation s'y prête ; exemple : au boulot, je n'y tiens pas).
Mais je n'aurais pas aimé que, voilà 10 ou 15 ans de ça (bon d'accord, plutôt 15 que 10), une série ou qui que ce soit d'autre m'ait pris par la main pour me dire que je pouvais utiliser mon potentiel de séduction à mon avantage. J'aurais trouvé ça déplacé parce que, toute adolescente que j'étais, nécessairement à la fois intéressée et angoissée par la perspective que d'autres me regardent (idéalement la gent masculine, j'étais du genre sélective), je n'en étais pas forcément au même stade de développement en la matière que d'autres adolescentes de mon âge qui taillaient des pipes dans les couloirs sombres, ou que celles qui faisaient leurs devoirs de la semaine suivante pendant la pause, camouflée sous un épais pullover. Nous ne sommes pas du bétail. On s'éveille à ces choses différemment (et une composante de cette différence est d'ailleurs tout simplement biologique), à des rythmes variés, certaines plus vite que d'autres.
Encore aujourd'hui, l'une de mes amies est une adorable petite blondinette aux beaux yeux bleus, qui doit rentrer dans un parfait 36 (allez, 38 si elle a abusé du McDo), et pour autant elle n'utilise pas son sex-appeal, ça ne l'intéresse pas. A contrario je connais des jeunes femmes qui n'ont pas grand'chose pour elles, mais qui le développent à un tel point qu'on ne doute pas un instant qu'elles soient sexy. Pourquoi vouloir nous conditionner pour systématiquement faire le parallèle entre ce à quoi nous ressemblons et ce qu'on peut en tirer ?

Bien-sûr, de la même façon qu'Alex regarde la robe rouge dans cet extrait avec à la fois envie et méfiance, bien-sûr, une adolescente a envie de plaire ! Mais faut-il vraiment lui montrer comment, alors même qu'elle n'est pas forcément mûre pour en comprendre toutes les conséquences, ni nécessairement prête à toutes les assumer ? On peut aimer le regard de l'autre sans réaliser ce qui se passe dans sa tête. Je ne parle pas des prédateurs sexuels, mais des adolescents et des hommes tout simplement (qui, diront les mauvaises langues, sont par nature des prédateurs sexuels, mais pas de ça ici), qui ne vont pas forcément s'arrêter au teasing que les adolescentes affectionnent.

Ne nous le cachons pas : quand je vais à un rendez-vous, je ne mets pas un col roulé ; je mets un beau décolleté qui met en valeur mon 95C, on n'attrape pas des mouches avec du vinaigre. Mais je ne réfléchis pas en termes de "hm, j'ai un beau décolleté, comment je pourrais m'en servir pour obtenir ce que je veux dans la vie ?", et je trouve choquant qu'on le suggère à des adolescentes. Elles ne vous semblent déjà pas assez aguicheuses comme ça, les adolescentes, de nos jours ? J'en croise assez peu que je laisserais sortir dans la rue si elles étaient les miennes (et je me considère plutôt laxiste en la matière)...

Peut-on juste arrêter de vouloir expliquer aux gamines (désolée si certaines me lisent et se sentent offusquées par ce terme, appelez-moi vieille peau en échange, ce sera de bonne guerre) qu'elles peuvent être encore plus attirantes qu'elles ne le sont naturellement avec leur peau toute élastique ? (presque pas jalouse)
Est-ce qu'une série, fût-elle sur l'espionnage, ne peut pas aussi essayer de transmettre un message différent, genre c'est l'intelligence ou, à défaut, l'astuce, qui peut permettre d'obtenir ce qu'on veut ? Pourquoi toujours le sexe ? Elles sont pas assez sexualisées nos adolescentes ?

Voilà, c'était ça le fond du problème avec Nikita. La cible. L'adolescence, c'est un temps de construction de soi. Pas le moment idéal pour balancer des idées pareilles. En tant qu'adulte, je ne me sens pas mise en danger, mais je pense aux ados devant leur écran (je ne sais pas pourquoi, on analysera ça un autre jour).
Et je me dis que si elles regardent Gossip Girl, 90210, Hellcats et Nikita... ça fait beaucoup de modèles féminins qui utilisent leurs charmes dans la vie, et pas beaucoup qui utilisent leur tête.

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5 juillet 2010

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'adolescent

Ah, ça va nous changer ! Pour toutes les fois où j'ai tempêté contre les séries américaines à destination des adolescents, aujourd'hui, ça va être un peu différent. Presque, j'ai dit presque, une compensation. Parce que dans un monde télévisé où, chaque année, on nous fourgue un nouveau Hidden Palms, 90210, Gossip Girl ou The Beautiful Life, ce sont des séries comme One Tree Hill qui semblent les plus à même de servir de référence réaliste sur le quotidien des ados, c'est dire si on est pas dans la mouise.
Heureusement, on dirait que c'est en train de changer. Ou en tous cas, j'accueille à bras ouverts le retour de la nuance. Avec l'arrivée de Life Unexpected à la mi-saison, et maintenant, cet été, Huge, on est peut-être en train de retrouver une télévision plus en phase avec la réalité de son public adolescent (pourtant goinfre parmi les goinfres de la téléphagie). J'ai envie de dire qu'il serait temps.

HUGE

Dans Huge, l'obésité est au centre de tout et pourtant, elle n'est qu'un prétexte. Car à travers l'inconfort des jeunes personnages, on retrouve le malaise qu'expérimentent les adolescents quand leur corps semble ne plus vraiment leur appartenir. Derrière l'artifice du surpoids (un cas particulier de ce problème), c'est un thème universel que Huge aborde, celui d'une période de la vie où, de toute façon, on a du mal à aimer son corps, mais où le regard des autres nous pousse à dépasser cet inconfort et ces complexes pour s'épanouir en tant que (presque) adulte.
La problématique du surpoids n'est pas anodine, je n'ai pas dit ça. Dans une Amérique qui qualifie l'obésité de ses jeunes d'épidémie, évidemment pas. Mais sans avoir connu ce problème, on n'a pas de mal à compatir avec les personnages. Pour cela, l'écriture fait beaucoup, mais également la réalisation, qui, s'attardant dans les regards, les plans sur les mains, et les attitudes gauches des uns et des autres, laisse la place au non-dit, celui qui n'exprime pas un poids mais une émotion sincère et reconnaissable entre mille.

Difficile de ne pas retrouver un certain nombre de qualités présentes dans Angela, 15 ans, dans cette nouvelle série de Winnie Holzman. Les personnages se cherchent tout en ayant déjà une idée assez précise de leur identité. Ils voudraient juste réussir à trouver l'équilibre entre le regard des autres et celui qu'ils se portent, parfois accusateur, parfois complaisant. Finalement, ce camps de vacances pour les gros leur permet à la fois de s'assumer, au milieu de leurs semblables (ce que la scène d'ouverture exprime nettement) et de changer, ou du moins essayer.

Pourtant, le personnage central n'a rien de commun avec celui d'Angela. Will serait plutôt l'héritière de Rayanne, à mi-chemin entre la rébellion effrontée et le désespoir camouflé sous des tonnes d'arrogance. Fini les voix off, Will dit tout haut ce qu'elle pense, parfois bravache, et ne se prive pas de faire connaître son avis, ou l'avis qu'elle voudrait avoir. On sent immédiatement la contradiction entre les complexes et blessures, et le côté rentre-dedans et fort en gueule du personnage, le rendant immédiatement humain, c'est-à-dire ni adorable, ni insupportable. Depuis combien de temps n'avais-je pas vu un personnage de ce genre ? Il y a quelque chose de courageux dans la façon dont dés le départ, on nous donne la possibilité de voir au-delà des stéréotypes.

D'ailleurs, pour un épisode d'exposition, le pilote de Huge parvient à éviter un bon nombre d'écueils. En-dehors de la douce Becca, aucun personnage n'est unidimensionnel. Les garces deviennent des victimes, les outsiders des bullies, etc... Côté personnel adulte (et forcément mince), on retrouve la même ambivalence, pas forcément explorée en profondeur mais il faut quand même admettre qu'en 42mn, il s'en dit, des choses, et on a le temps de voir un spectre de nuances particulièrement prometteur.

Non, le pilote n'est pas un chef d'œuvre, évidemment. Ça reste une série adolescente, et une série de ABC Family de surcroît. Mais quand le petit slogan "a new kind of family" est apparu au coin de l'écran, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose, sinon de nouveau, au moins qui était réapparu après bien des années d'absence. Il ressort des regards en coin et des attitudes de façade quelque chose d'honnête et authentique qui m'avait franchement manqué.

Le pari est sincèrement osé de lancer une telle série à une période où personne ne veut se prendre la tête, et encore moins se voir renvoyé à ses fragilités, avec en plus un casting loin d'être sexy (à l'exception de la petite Hasselhoff qui est juste lumineuse), mais personnellement, quelle que soit la saison et quel que soit l'attrait des acteurs, quand l'histoire est bonne, l'interprétation solide et la réalisation impeccable, on n'a pas besoin de me le dire deux fois. Allez hop, Huge vient de passer dans mon programme de l'été.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Huge de SeriesLive.

18 juin 2010

Instinct grégaire

Il se passe plein de trucs à mon boulot. On n'est pas là pour parler de ça, mais pour une fois, ces changements ont touché ma fibre téléphagique. Parmi ces changements : à peu près une nouvelle recrue chaque semaine. Et en discutant avec la petite nouvelle de cette semaine, c'est ma propre pratique de la téléphagie que j'ai été amenée à questionner.

Il s'avère que dans la conversation, j'ai mentionné les séries et qu'elle m'a lancé : "ah oui ? Moi aussi !". Je me suis donc livrée à une danse typiquement téléphagique (qui consiste en un mélange de polka, de line dance et d'imitation d'une télécommande), puis je lui ai demandé la phrase rituelle : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?".

Objectivement, le problème, ce n'était pas vraiment sa réponse. C'était ma réaction devant sa réponse à mesure qu'elle citait les titres de ses séries favorites :
- Supernatural
- Smallville
- Desperate Housewives
- Grey's Anatomy
...
Je crois que si elle avait cité One Tree Hill, je résiliais moi-même son contrat de travail (si j'avais ma propre boîte, vous pouvez en tous cas être sûrs que ce serait une clause de rupture).

Ce qui m'a ennuyée n'était pas le fait que je n'aime pas les séries en question (à l'exception de Supernatural dont je suis et reste convaincue, à la lecture du Blog de la Sorcière, que j'ai loupé quelque chose). Et je n'ai pas eu la moindre pensée pour le fait que c'étaient là des séries grand public (ça ne me vient à l'esprit que maintenant en essayant de penser à ce que ces titres ont de commun). Non, je l'ai immédiatement jugée à cause du peu d'estime que j'ai pour ces séries sur un plan intellectuel. Concrètement, si elle m'avait dit regarder des séries que je n'aime et/ou ne regarde pas (comme par exemple House, Lie to Me...), mais qui me semblent d'un niveau intellectuel correct, je n'aurais pas eu cette réaction.
Jugée. Le mot est lâché.

Ne me fixez pas d'un air si désapprobateur. On le fait tous.
Si la phrase qui revient systématiquement, quand deux téléphages se rencontrent, est : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?", il faut bien admettre que c'est moitié pour se trouver des points communs, moitié pour évaluer le téléphage en face. Dis-moi ce que tu regardes, je te dirai qui tu es. Ou en tous cas j'en déciderai arbitrairement sur la seule base de ta vie téléphagique. On part du principe qu'on est ce qu'on regarde, notre réflexe est de brosser un portrait caricatural de notre interlocuteur sur cette seule information (parfois mise en corrélation avec son âge).

Je crois que dans l'esprit de tout téléphage, même si ce n'est pas très cool de l'admettre, il y a une hiérarchie plus ou moins acquise, qui varie selon nos propres préférences, sur tout un tas de paramètres, comme par exemple :
- l'amateur de VO se considère supérieur à l'amateur de VF
- l'amateur de dorama se considère supérieur à l'amateur de séries françaises
- l'amateur de séries du câble américain se considère supérieur à l'amateur de séries de networks
- l'amateur de drames complexes se considère supérieur à l'amateur de teenageries
- l'amateur de séries méconnues  se considère supérieur à l'amateur de séries populaires
- l'amateur de séries historiques  se considère supérieur à l'amateur de séries d'action
Et parfois inversement, et bien d'autres choses encore. Ce n'est peut-être pas exactement en ces termes, mais on a souvent tendance à diviser le monde de nos interlocuteurs téléphagiques en deux : ceux qui sont dignes d'intérêt, et ceux qui ne regardent que des merdes.

A ce comportement s'ajoutent en plus certaines animosités du genre "c'est à cause de ta série que la mienne a été annulée", et autres préjugés sur une série donnée (quelqu'un me cite Gossip Girl, il peut regarder aussi Breaking Bad et Mad Men, mon opinion sera quand même faite), et vous comprendrez combien les chances de se trouver des téléphages aux goûts équivalents, partageant les mêmes attentes en termes de divertissement et/ou d'exigence, relèvent de l'absurdement petit.

Allegorie
Téléphage apprenant que son interlocuteur regarde des bouses (allégorie)

Même si on ne regarde pas les mêmes séries, savoir qu'on regarde des séries d'un même "niveau" semble important.

Rendez-vous compte que sur la petite communauté de personnes fréquentant l'univers des séries télé (et ils ne sont pas si nombreux que ça, d'autant que certains a priori persistent), on en est encore à faire le tri entre le téléphage et le casual viewer (ce que j'appelle dans ces colonnes le télambda), puis à l'intérieur du groupe "téléphages", ceux qui regardent des trucs qui méritent qu'on les écoute en parler, etc... Bref, à l'intérieur d'une population minoritaire, nous nous créons instinctivement des minorités d'appartenance. Tout ça semble bien compliqué...

J'aimerais vous dire que j'ai fait le choix de la facilité, et que je me lie à toutes sortes de téléphages, et même à des télambdas prometteurs, mais ce serait mentir effrontément. Je dois à la vérité de dire que, lorsque ma collègue a cité ces titres, j'ai répondu : "Non ?! Même ça ? Même les saisons récentes ? Nan mais c'est pas sérieux, ça...".
Toute ouverte d'esprit que j'aimerais proclamer être, la vérité, c'est que je l'ai jugée !

...Et que depuis, je lui parle de Nurse Jackie, United States of Tara, et même un peu de Breaking Bad.
Je veux bien renoncer à me proclamer totalement tolérante envers ce qui m'apparait instinctivement comme le fond du panier téléphagique, mais c'est pas une raison pour abandonner le combat de la contagion...

10 juin 2010

I feel pretty, oh so pretty

Le destin de certaines séries semble parfois écrit rien qu'à lire le nom de la chaîne qui les diffuse : AMC ? Ah en voilà une bonne nouvelle, ça va forcément être bon. HBO ? Ça sera peut-être aussi bien qu'avant. The CW ? Vite un sac en papier. CBS ? Ils font tourner leur machine à produire des bouses sans moi. ABC ? A quoi bon regarder, ce sera annulé si ça me plait. TBS ? Non merci, j'ai aucune envie de me lancer dans un sitcom de 200 épisodes. Showtime ? Quand tu veux où tu veux.

ABC Family ? Faut que je me motive pour regarder ça, ça tombe mal, j'avais prévu d'aller aider Tante Yvonne à détartrer son appareil dentaire à la paille de fer.

C'est clair que plus motivé que moi pour regarder Pretty Little Liars, ça se trouve sans trop de problème. Mais avec un peu d'aide de la part du Dieu de la Téléphagie (via principalement la présence de Chad Lowe), je me suis quand même dit que j'allais faire l'effort de m'y coller, un peu comme quand on a mangé toute l'assiette de petits pois et qu'il reste deux cuillers, qu'on a l'impression que si on avale un pois de plus on va tout recracher, mais que si on le fait pas on passera pour la gamine qui boude devant son assiette de légumes. J'me comprends.

IFeelPrettyOhSoPretty

Pretty Little Liars va tenter de nous intéresser aux petites cachotteries de 4 ados d'un petit bled où tout se sait, ou plutôt où tout va probablement se savoir, par le biais d'un personnage vieux comme le monde : le corbeau.
Le problème c'est que le ramage de ce pilote est loin de valoir son plumage. Si les petites nanas sont en permanence sur leur 31, le visage bariolé de produits cosmétiques et la garde-robe toujours impeccablement accessoirisée, en revanche l'histoire est nue comme un ver, car on n'en a strictement rien à faire que quelqu'un connaisse les secrets des unes et des autres, que cette personne soit vivante, morte, ou n'importe quoi entre les deux. D'ailleurs les scénaristes font si peu de cas des secrets de chacune qu'avant la fin du pilote, on les connaitra tous, sauf leur secret commun ("the Jenny thing") qui, à ce train-là, ne pourra de toutes façons pas faire toute la saison.

Je parlais de chaînes plus haut, je note qu'ABC Family lorgne un peu du côté de la CW, justement. On est loin du gentil petit programme sans reproche, avec ces adolescentes maquillées à la truelle, ces bikinis et ses mini-jupes, et quelques petits secrets dont plusieurs (voire peut-être même tous) à connotation sexuelle, bon allez disons amoureuse. Le coup de nous sortir un personnage omniscient mais invisible m'a aussi rappelé mes vagues réminiscences du pilote de Gossip Girl vu il y a des années pendant un après-midi de profond désespoir (et que j'avais pourtant essayé de toutes mes forces d'occulter de ma mémoire). Globalement, le côté vaguement glamour (mais glamour-frileux) de Pretty Little Liars montre bien que sur ABC Family, on cherche à capter l'attention des quelques milliers de spectatrices qui trainent encore sur la CW. L'autre indicateur de ce rabattage, c'est le casting : pas mal de visages plus ou moins connus, en tous cas reconnaissables, tentent de donner un semblant de crédibilité au générique ; les 4 petites bimbos servant d'héroïnes principales ont principalement leur minois pour elles, la génération jouant les parents a plutôt un nom qu'un visage reconnaissable, et on essaye piteusement d'attirer quelques spectatrices comme ça. Que tout cela est triste et vain. Et surtout, absolument artificiel.

Pourtant Pretty Little Liars pourrait être à peu près intéressant si on arrivait à avoir la conviction que la disparition de la 5e roue du carrosse va avoir un réel intérêt. Mais vu le peu d'originalité et de finesse de cet épisode inaugural, inutile de se faire des idées : il s'agit juste de trouver un prétexte pour explorer les histoires des unes et des autres. Et vu que ces histoires restent dans la moyenne des préoccupations de l'adolescente de télévision lambda, c'est très pénible : n'espérez pas, pas un seul instant, découvrir un secret qui sorte de l'ordinaire. On est dans la plus pure teenagerie possible.

Et pourtant, malgré tout ça, le cast semble y croire. C'est vrai que Lucy Hale débarque de Privileged et Bionic Woman, qui ne sont pas exactement des chefs d'œuvres de la télévision, mais au lieu de n'assurer que le minimum syndical, toucher son chèque et rentrer à la maison avec des fringues toutes neuves, les petites nanas semblent au contraire donner tout ce qu'elles ont (même quand elles ont deux expressions faciales dont une bloquée sur un sourire figé, comme la pourtant jolie Shay Mitchell), et ils faut leur accorder au moins ça, elles se démènent comme des petites diablesses.
Mais quand on est ravissante, qu'on ne déborde pas absolument de talent et qu'on n'a qu'un scénario moyen à interpréter, il est difficile de sauver tout-à-fait les meubles.

Alors au final, en dépit de tous ses efforts pour avoir l'air pas trop "family" (ou peut-être à cause desdits efforts ?), Pretty Little Liars n'arrive pas à convaincre. Tout ça c'est bien joli, mais c'est pas bien nourrissant... Après, je vous accorde que je ne suis pas dans la cible. Mais j'aime à croire que la cible a quand même un cerveau. Dites, rassurez-moi : elle en a un, pas vrai ? Non parce que, si on est ce qu'on regarde, je m'inquiète quand même un peu, quoi...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Pretty Little Liars de SeriesLive.

7 juin 2010

C'est pas la taille qui compte (mais quand même des fois ça aide bien)

Qu'une bonne surprise est une douce chose ! Surtout en ces temps troublés... Certains pilotes déçoivent, d'autres sont aussi médiocres qu'attendu... et très peu sont capables de nous rendre heureux, à plus forte raison lorsqu'ils figurent sur la grille d'une chaîne comme MTV.

Les séries de MTV, on les connait mal et ça se comprend quand on voit les titres. En-dehors de Undressed dont j'avais vaguement vu le pilote (et, vu les souvenirs que j'en garde, je ne devais avoir qu'un œil sur l'écran ce jour-là), les titres me parlent assez peu. Mais avec les années, et surtout avec les émissions de real tv, MTV se traine une si mauvaise réputation que toute nouveauté est forcément suspecte.

C'est là qu'intervient The Hard Times of RJ Berger, qu'on nous présentait comme le Hung pour ados (rapport à la taille de l'engin du personnage principal), ce qui n'aide pas vraiment, vu que le contexte social et économique de Hung est tellement fort qu'on ne croit pas une seconde que MTV puisse nous servir un équivalent avec des ados.

HardTimes

Effectivement, il vaut mieux ne pas s'attendre à un équivalent de Hung. Ce serait quand même un peu trop optimiste.
Mais vu la cible, je trouve plus sain d'avoir un RJ Berger que des Gossip Girl, des Hannah Montana ou des The Secret Life of the American Teenager, toutes trois présentant un côté excessif franchement repoussant à mes yeux. Tandis que The Hard Times of RJ Berger est finalement équilibré, quasiment réaliste dans sa façon de dépeindre l'univers du lycée (si ce n'est son pitch), et finalement, on a un résultat très honnête sur l'adolescence, sans forcément virer au tragique ou au tape-à-l'œil.

Alors oui, RJ Berger en a une grosse, mais c'est avant tout un pauvre loser comme on est les aime, et comme on en a tous été à un moment ou à un autre (ne mentez pas : combien d'entre vous ont réellement été quaterbacks ou pompom girls ? C'est bien ce qu'il me semblait), dans une certaine mesure. Le contraste entre ces deux éléments permet d'osciller avec un regard assez lucide sur le réel tout en se permettant une certaine dose de fantaisie.

The Hard Times of RJ Berger ne se vautre pas dans la luxure comme les jeunes délurés de Gossip Girl, mais n'en est pas non plus à l'abstinence prônée par The Secret Life of the American Teenager. Et bien-sûr, quand on est bien monté, difficile de faire comme dans Hannah Montana et de faire semblant de ne jamais penser à la chose tout en abordant des tenues minimalistes. Ni hypocrisie, ni caricature. Ados libidineux mais encore gauches, egos encore mal assurés qui tentent de se rassurer sur le désir qu'ils provoquent ou souhaiteraient provoquer, en dépit de son pitch rocambolesque (et de sa façon assez improbable de révéler au grand jour l'unique atout de RJ Berger) la série parvient à brosser un portrait franchement convaincant du public auquel elle s'adresse, sur le sujet du sexe en tous cas.

Si le ton de la série est en général dans la gentille petite comédie, quelques scènes se montrent en plus franchement hilarantes. Par-dessus le marché, une caractéristique de RJ est employée juste ce qu'il faut pour ne pas être trop lourde, mais suffisamment pour exploiter le filon : le fait qu'en parfait binoclard, notre héros soit féru de dessin. Ce qui nous vaut la petite scène suivante...

HardTimes_manga

Alors voilà, c'est à ce genre de détails qu'on reconnait une teenagerie réussie, et c'est un fait assez rare pour être noté, alors j'insiste : The Hard Times of RJ Berger est franchement sympa. Pas indispensable, ça on est d'accord. Mais franchement sympa. En un mot comme en cent : une bonne surprise.
Mais le vrai pied, je le prendrai demain devant Persons Unknown. Enfin... j'espère.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Hard Times of RJ Berger de SeriesLive.

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24 mai 2010

Give it some time

Expérience vécue par de nombreux téléphages, et plus particulièrement par les pilotovores : après avoir vu un pilote, dites devant le fan de n'importe quelle série que vous ne l'avez pas aimé, et vous avez une chance sur deux d'entendre en retour que, je cite, "ça s'améliore ensuite". Par ensuite, ce même fan peut aussi bien entendre un épisode de plus... que toute une saison : "ça s'améliore ensuite... pendant la saison 4 !" est en fait souvent le sous-entendu.
Il y a évidemment un certain prosélytisme dans cette réponse, mais pas seulement.

Que quelque chose soit bien clair : c'est absolument contre mes principes de regarder une série en espérant qu'à un moment, ça va bien finir par s'améliorer. Je sais que ça en fait hurler certains, mais ça se passe pendant le pilote, les enfants, c'est là qu'il faut être bon, pas dans deux mois, et encore moins dans quatre ans, d'accord ? Dés le pilote.

Je ne dis pas que le pilote doit être absolument parfait, parce que d'une part, la perfection n'est pas de ce monde, et d'autre part si le pilote était parfait on n'aurait pas envie de revenir la semaine suivante puisque tout aurait été dit dés le pilote, mais il faut que le premier épisode soit suffisamment convaincant. Qu'il inspire une certaine confiance et qu'on se dise que, bon, ok, ya peut-être encore ci ou ça à travailler, mais dans l'ensemble c'était bon et j'ai aimé. Je cherche dans un pilote la même chose que je cherche chez un homme : c'est peut-être pas parfait dans l'absolu, mais l'essentiel c'est que ça me plaise (et qu'au minimum, ça dure plus de 20 minutes). L'idée c'est que je sente du potentiel, pas que ce soit un chef d'œuvre dés le départ. Je suis une téléphage raisonnable, dans ma folie.
Mais enfin, quoi, si je ne suis pas convaincue au premier épisode que j'ai une raison de rester, je ne vois pas pourquoi je me forcerais à regarder en espérant que ça s'arrange ! J'ai autre chose à faire ! D'autres pilotes à découvrir !

C'est donc très rare quand je regarde une série qui ne m'a pas convaincue au-delà de son pilote. Dans ces cas-là, c'est parce que je suis mitigée, ou que vraiment je me demande si j'ai pas loupé un truc. C'est un peu comme mes retentatives téléphagiques, quand je regarde un pilote une seconde fois quelques années après l'avoir découvert, en me disant qu'étant dans un autre état d'esprit, je verrai peut-être quelque chose qui m'a échappé la première fois et que d'autres semblent voir. Eh, ça a marché pour quelques unes, après tout... une minorité, mais quand même.

Une fois arrivée au bout de la saison 4 de 30 Rock cette nuit (je m'inquiète maintenant de ce sur quoi je vais réussir à faire une obsession alors que je dois à présent me désintoxiquer ET de Saturday Night Live, ET de 30 Rock...), je me suis dit que ce cas de figure était quand même super rare. De carrément allergique, je suis devenue (certes à la faveur d'un état de santé médiocre) plutôt enthousiaste vis-à-vis de la série (mot-clé : plutôt). Mais il faut dire que pour 30 Rock, j'ai carrément persisté.

Peut-on aimer n'importe quelle série si on lui donne du temps ?

Je crois que c'est justement la raison pour laquelle je refuse de donner trop de temps à une série pour me plaire. C'est la raison pour laquelle c'est quitte ou double avec moi (ça, et le fait que si on me donne le choix entre un pilote dont j'ignore tout, et le deuxième épisode d'une série qui ne m'a pas tout de suite convaincue de son potentiel, je préfèrerai toujours l'inconnu...).
Au cinéma, on ne se lie pas sur le long terme, mais à la télévision c'est tout le principe et, bien consciente de cette particularité de ma chère passion, je pense que je me méfie spontanément des gens qui veulent laisser du temps à une série pour qu'elle plaise à un spectateur qu'au départ elle a laissé froid. C'est comme un piège. J'ai l'impression qu'on cherche à m'habituer aux personnages, peut-être même à me les faire aimer, et une fois que j'en serai arrivée là je ne pourrai plus dire du mal de la réalisation, du scénario ou quoi que ce soit d'autre ; je trouverai des excuses à la série parce que l'affectif prendra le dessus. Alors, instinctivement, j'ai envie de répondre que oui, on peut aimer n'importe quelle série si on lui donne du temps.

Est-ce que l'étrange expérience 30 Rock vérifie cette crainte, ou la nuance ? Est-ce que le fait d'insister, encore et encore, au prétexte que je ressens une certaine pression extérieure par exemple, ou parce que je vomis tripes et boyaux depuis plusieurs jours, a joué dans le fait que plus je regardais d'épisodes, plus je voulais en voir ?

Je plaisante souvent sur le fait que la téléphagie est une forme d'addiction (et si je le nie, je dois reprendre le programme depuis le début, alors...), mais c'est quand même un peu ça, non ? Si on laisse du temps à une série... on est sûr de s'y accoutumer. C'est pour ainsi dire inévitable.

Pourtant il y a des séries que je n'aime vraiment pas ! Mais je me demande parfois si je leur ai laissé une vraie chance.
Si j'avais regardé tous les épisodes de Ma Famille d'abord dans l'ordre... euh, non, mauvais exemple. J'ai dû voir les deux premières saisons comme ça. Et je déteste la série. Mais je revenais. Mais c'était l'heure qui s'y prêtait. Mais je ne changeais pas de chaîne. Mais je n'aime pas regarder le journal télévisé. Mais j'aurais pu mettre une VHS. Euh, j'en étais où ?!
Oui, voilà : existe-t-il une série que j'aie regardé sur le long terme et que je n'ai pas aimée ? Est-ce que c'est possible ?
Bah, non, puisque j'arrête quand je ne suis pas convaincue ! Et il n'est pas né celui qui me fera regarder un deuxième épisode de Gossip Girl ou de True Blood, ah ça non, même pas la peine d'y penser ! Je ne vais certainement pas m'infliger ça !

Ça me semble un comportement assez effrayant que de dire "tiens, regardons plusieurs épisodes en espérant que ça s'arrange". Je déteste faire ça. Je me méfie de pareil comportement. Si on n'accroche pas, on n'accroche pas, inutile d'insister. D'un autre côté la télévision est justement conçue pour fonctionner sur le long terme. Mais si on n'en a pas envie, pourquoi se forcer ?
Voilà que je recommence à me contredire moi-même !

Non, vraiment c'est un dilemme.

Peut-être que dans le cas de 30 Rock, comme, peut-être, dans le cas d'autres séries que j'ai appris à aimer sur le long terme (il y a eu le cas Big Love, aussi, l'an dernier, et ça a encore mieux marché parce que là j'ai même acheté les DVD !), il y avait un autre facteur au moment du pilote. Un truc du genre auto-persuasion. Peut-être que la première fois, j'ai décidé à mon insu de ne retenir que le négatif. Je croyais ne pas aimer Tina Fey et je me retrouve à regarder 4 saisons d'une série dont elle ne quitte quasiment pas l'écran, ça remet des choses en perspective !

Nan mais, en fait, ça s'améliore ensuite.
...

Giveitsometime

8 février 2010

Money changes everything

Imaginez le tableau.
Une industrie par définition contrôlée par l'argent (ce qui explique l'annulation de très bonnes séries considérées comme pas assez rentables, la déclinaison à l'envi de concepts particulièrement faciles à vendre à tour de bras, etc.), mettons... tiens, on va prendre comme exemple la télévision, complètement au hasard. Cette industrie est en grande partie basée dans un pays dont les valeurs tournent elles aussi majoritairement autour de la notion d'argent, disons... bon, on va dire les États-Unis. Et cette même industrie, dans ce même pays, brosse un portrait quasi-systématiquement négatif de la richesse.
Ça ne vous choque pas un peu ? Moi, si, quand même.

Ce weekend j'ai rattrapé un peu de retard de lecture. Notamment, j'ai regardé les deuxième et troisième épisodes de Life Unexpected. Et pour la 712e fois, je me suis fait cette réflexion. C'était la fois de trop.
Je vous refais la scène (ce qui veut dire que ce paragraphe ne sera pas dénué de spoilers, passez au suivant sans faire plus de manières plutôt que de venir râler en commentaires). Nate et Cate ont une fille, Lux, 16 ans, qui vient de réapparaitre dans leurs vies ; vient un moment où il faut bien mettre les grands-parents au courant. Le père de Nate, qui paie le loyer du bar qu'il a lancé, lui intime l'ordre de lui présenter Lux... et si Nate refuse, c'est bien simple, papa reprend le bar. Un bon petit chantage à la Gilmore Girls comme on les aime : "si je ne suis pas inclus(e) dans ta vie privée, ta vie financière va devenir très compliquée".

Alors voici ma question : pourquoi, mais pourquoi, dés qu'un personnage a de l'argent dans une série, il faut qu'il s'en serve pour effectuer des pressions sur les autres ? On ne va pas parler de Dirty Sexy Money, ce serait trop facile, non, je parle simplement de séries qui baignent dans une ambiance où on ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit, mais où soudain, les personnages qui ont de l'argent dévoilent une facette peu glorieuse de leur personnalité (et peu ou pas du tout d'autre facette, d'ailleurs). Parce que quand tu as de l'argent, tu es FORCEMENT pourri. Ca fait partie de la panoplie.

Maintenant, si je regardais des séries russes ou chinoises, je vous dirais que ça se comprend. Mais on parle de séries américaines, créées dans un certain contexte culturel. Et je dois dire que ça m'impressionne, ce portrait du riche forcément corrompu par son porte-feuille. Dans le genre cliché...

MoneyChangesEverything

La réponse tient peut-être non pas à ceux qui font la série, mais ceux qui la regardent. Je fais une série sur des riches, il y a des chances que je m'en mette moi-même plein les fouilles, mais mon public de base reste quand même le télambda qui gagne sa vie quelques centaines de dollars à la fois, avec ce qu'il faut de crédits et de fins de mois un peu justes voire carrément difficiles. Et quand on n'a pas beaucoup d'argent, on n'a pas envie de s'entendre dire que ceux qui en ont sont des personnes bien. Il faut un certaine justice, en ce bas monde, et savoir qu'une personne qui est pleine aux as n'est pas une personne recommandable, ça rétablit un peu l'équilibre cosmique.

Alors, comme on est aux Etats-Unis, d'accord, tout protagoniste riche n'est pas nécessairement malhonnête, mais au minimum, il est nécessaire qu'il ne soit pas "gentil". Le méchant est désigné, c'est celui qui a plein de sous et peut exercer son petit pouvoir sur de moins fortunés (c'est le cas de le dire), et qui n'est pas trop gêné aux entournures par sa conscience.

La cause et la conséquence sont les mêmes : plus de séries sur la middle class (ou parfois, middle class améliorée, cf. l'intro de mon post sur le pilote de Modern Family). Il y en a toujours eu, mais dans des proportions variables et, étrangement, chaque vague de séries de ce genre correspond à une réalité économique. La preuve par l'exemple avec Roseanne (ô merveille, le pilote est encore à portée de clic) qui commençait très exactement un an, le temps de développer la série en somme, après le lundi noir du 19 octobre 1987. Ce qui, si je me souviens de façon à peu près décente de mes cours au lycée, a été suivi par une envolée des taux d'intérêt pour les Américains. Ne cherchez pas plus loin sur quoi repose la série...

Donc, l'argent, ça corrompt. Pas au sens politique du terme, mais au sens moral (c'est pire). Il suffit de voir sur quoi est basée la promo de séries comme Gossip Girl : des jeunes qui ont de l'argent, et qui ont perdu leurs repères moraux (et c'est ça qui est bon, ajouteront les fans, et grand bien leur fasse).

Quand une profession s'aventure chez les riches, par le biais d'un personnage pas forcément riche lui-même, c'est pour souligner à quel point ils sont oisifs, déconnectés de la réalité, ou incroyablement insensibles (Privileged ou Royal Pains étant des exemples flagrants de ce thème, avec un syndrome Mary Poppins totalement assumé, c'est celui qui ne paye pas de mine qui va apprendre aux riches comment être heureux).
Beaucoup de séries jouent sur cette idée, notamment les diverses et mille fois trop nombreuses séries policières comme Les Experts Bichkek, Achgabat et Tachkent, ou bien les Law & Order. Autant d'excuses pour aller fouiller dans les poubelles des gens riches (les Law & Order ne sortent de Manhattan que s'il n'y a pas le choix de faire autrement) et sortir leurs sales petits secrets aux yeux de tous. J'irai même jusqu'à dire que la violence dans les séries se joue de deux façons différentes selon le public qu'elle frappe : les pauvres la subissent (conditions économiques, contexte social, etc... genre The Wire), les riches la provoquent par un quelconque vice (cupidité, luxure, etc...). Inutile de dire que le riche, quand il se fait buter dans son salon, il ne fait pas trop pleurer dans les chaumières ; ce qui tombe bien car ces séries reposent essentiellement sur le fait de résoudre intellectuellement une enquête, en évitant le plus possible de s'impliquer émotionnellement (ce qui compte c'est le comment, et non le pourquoi). Donc comme on ne peut pas compatir avec le riche, puisqu'il est riche, tout va bien, l'honneur est sauf.

De toutes façons, dés qu'un type un peu trop blindé se pique d'aller faire le bien quelque part, les spectateurs et même les autres protagonistes le regardent avec scepticisme. Le sort de The Philantropist me semble parlant à cet égard ; il n'y avait pas grand monde pour y croire, ni devant l'écran, ni dedans. Tu as de l'argent ? Tes intentions sont forcément peu nobles (ici, on s'était arrangé pour que le background du personnage jette un peu de discrédit sur ses raisons de se lancer dans un tel projet).

Non, décemment, le riche ne peut pas être vainqueur sur un plan moral. Il n'a pas le droit.
Il a déjà de l'argent, on peut pas tout avoir, merde !

19 janvier 2010

Trop attendue

Ce post s'adresse à vous tous qui, comme moi, avez été adolescents pendant la seconde moitié des années 90... vous vous souvenez ? Ce qu'on a pu ressentir devant Felicity, Dawson et/ou Young Americans ? Pour ma part, je gardais beaucoup de distance avec ces séries pour adolescents (et TF1 ne m'a pas permis d'approfondir la question Felicity qui aurait pu être la seule exception), mais même moi je l'ai perçu à un moment. Oui, le fait est qu'on l'a tous ressenti, à un moment ou à un autre, devant l'une de ces séries ou leurs équivalents, à des degrés divers.
Cette impression de proximité. Quelque chose nous parlait. Quelque chose s'adressait à nous sans (trop) nous prendre pour des crétins. Ne simplifiait pas le monde exagérément. Ne se contentait pas de nous divertir. Ces séries n'étaient pas juste écrites pour que nous les regardions, elles étaient écrites pour que nous y trouvions un petit quelque chose. Peut-être même un peu de nous.

Je pensais sincèrement cette époque totalement révolue. Elle s'est éteinte avec Joan of Arcadia et Everwood, pensais-je. Et pour être sincère, ça ne me faisait ni chaud ni froid, j'avais déjà amplement passé l'âge de me sentir touchée de plein fouet par ces séries, et même quand j'en avais l'âge, elles étaient loin d'avoir sur moi l'impact qu'elles avaient sur mes ami(e)s.

Sont apparues, graduellement, par ordre croissant d'indigence, The OC, One Tree Hill, Gossip Girl, 90210 et autres Hidden Palms, et je me disais : je suis bien contente de ne pas être une ado. Bien contente de ne pas chercher dans le paysage télévisuel quelque chose qui me parlerait, parce que, punaise, qu'est-ce que je serais déçue ! Les années semblaient ne passer que pour apporter moins de sens aux séries pour ados. Qu'est-ce que je les plains, les ados. C'est déjà pas facile d'être ado, mais quand on voit en plus les séries qu'ils se coltinent... pas gâtés, les pauvres. Au mieux, ils devraient être aussi furieux que je le suis de ce qu'on leur fourgue.
Et d'ailleurs, un peu plus tôt cette saison, je m'en étais émue à nouveau avec l'arrivée de The Beautiful Life, qui ne remontait toujours pas le niveau.

Et puis, tout le monde a commencé à parler de Life Unexpected. Et de vous à moi j'ai évité du mieux que j'ai pu ce qu'on en a dit, ce qu'on en a vu, ce qu'on en a espéré. Car de toute évidence, tout le monde en espérait beaucoup. Quand les trailers sont apparus, wow ! Je lisais les réactions et j'avais l'impression que tout le monde attendait l'arrivée de cette série comme celle du Messie. The WB redescendue sur Terre... On pouvait presque entendre les larmes d'émotion et d'espoir rouler sur les joues des gens.
C'est dangereux de trop en attendre d'une série. C'est déjà pas très sain d'attendre grand'chose de la CW, alors...

MuchExpected

Et pourtant, après avoir, ce soir, regardé le pilote de Life Unexpected, je dois reconnaître que je comprends sur quoi repose cet espoir, et qu'a priori il est relativement fondé. Mais que ce poids qui pèse sur les épaules de la série est peut-être trop lourd à porter quoi qu'il arrive. Life Unexpected parvient à avoir ce petit quelque chose de "vrai" qui semblait s'être évaporé mystérieusement des teenageries modernes. Certainement parce que dans le fond, Life Unexpected n'est pas conçu comme une teenagerie. Son personnage principal est une adolescente, certes, mais son discours est plutôt adulte, et surtout c'est à la génération de ses jeunes parents que la série s'adresse (la présence de Kerr Smith, transfuge de Dawson, et de Shiri Appleby, venue de Roswell, sont deux choix de casting assez révélateurs de la véritable cible de la série). Des adultes pas trop adultes, mais résolument plus des ados. D'ailleurs, on comprend avec ce pilote que ce n'est pas l'adolescence de Lux qu'on va suivre, mais bien la façon dont les deux parents vont grandir, enfin, et totalement. Et pourtant quelque chose dans le ton de cette série fait que, si j'étais adolescente aujourd'hui, je ressentirais ce que j'ai ressenti jadis devant Felicity.

Mais voilà le cœur du problème : je ne suis plus adolescente. Et vous, mes camarades qui avez été adolescents au cours de la seconde moitié des années 90, non plus. Et c'est là que le problème se pose finalement. C'est que nous avons passé l'âge. Ça ne nous appartient plus vraiment, cet univers. Les moins téléphages d'entre nous ont gardé Dawson dans un coin de leur cœur et sont passés à autre chose. Les plus téléphages d'entre nous, bien qu'éventuellement passés par des Skins et consorts, ont depuis grandi aussi, et ont découvert des Experts, des Dexter, des Mad Men même, et j'en passe. Nous vivons dans un autre monde et nous aimerions que Life Unexpected nous ramène à notre prime jeunesse, alors que nous ne guettions pas encore nos premiers cheveux blancs et que nous ne payions pas encore d'impôts. Mais c'est un miracle que Life Unexpected, malgré son pilote plutôt solide, ne peut accomplir. C'est trop lui demander.
D'autant que Life Unexpected n'est pas une série épatante. Elle est juste correcte. Quelque part ce devrait être le minimum syndical, mais nous avons tellement baissé le niveau de nos attentes !

Il faudrait pouvoir prendre cette série pour ce qu'elle est : une série divertissante mais pas abrutissante. C'est déjà bien. Mais je crains qu'après les semaines, voire les mois passés, cela ne lui soit refusé. Tout le monde attendait Life Unexpected comme la série qu'elle ne pouvait être. Celle qui nous rappellerait ce que nous avons ressenti il y a une dizaine d'années de ça. Mais même la meilleure des séries ne le peut pas. Alors, une série correcte...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Life Unexpected de SeriesLive.

9 mai 2009

XOXO

La meilleure news de la semaine (ça compense presque l'annulation de Life... juste presque), c'est cet espoir merveilleux : de spin-off de Gossip Girl, il n'y aura peut-être point. Parce qu'il y a quand même un semblant de justice en ce bas-monde, voyez-vous.

Certes, rien n'est officiel à ce stade. Mais quand une rumeur rampe comme ça, en de multiples endroits (ici, ici...), surtout en ces temps troublés où personne n'est à l'abri, et où les investissements se font centime par centime, on n'a pas trop besoin de se poser de questions. Seules les audiences de l'épisode flashback de Gossip Girl devraient servir de confirmation, à ce stade. Si elles n'accomplissent aucun miracle, on sera fixés et je sortirai définitivement mes banderoles "victoire sur la médiocrité" que j'avais soigneusement pliées et rangées dans un tiroir depuis l'annonce de la suppression de Roommates. 'Faut pas jeter, ça peut toujours resservir ; la preuve.

Normalement, je suis du genre à ne pas me réjouir de la mort d'un pilote, surtout avant même qu'il ne voie le jour. M'enfin là, vous admettrez que les circonstances s'y prêtent. Franchement, quand on voit le navet qu'est Gossip Girl, qui figure parmi les plus pathétiques teenageries qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années (ex-aequo avec 90210, cela dit, mais pas exactement pour les mêmes raisons), on ne peut qu'avoir le sourire.

D'ailleurs, à l'instar de l'exécution de Roommates dont je parlais plus haut, ces nouvelles sont particulièrement prometteuses : si, en réalité, peu de projets sont réellement originaux et enthousiasmants à l'heure actuelle, au moins, la survie de concepts affligeants est limitée par écrémage. Certes on a une impression d'hécatombe, mais ce n'est qu'une version un peu plus sophistiquée de l'élimination des déchets par voie naturelle. Ne vous inquiétez pas, bonnes gens !

Car la conclusion que je tire de telles décisions, c'est que, même si la saison prochaine ne parvient pas à être meilleure que celle-ci avec son lot d'annulations et de nouveautés fadasses (et le business télévisuel c'est comme tout, il y a des bas et des hauts, les uns succèdent aux autres), au moins elle ne saurait être pire. Consolons-nous de cela en attendant un retour à la normale : les affaires finiront bien par reprendre à un moment, et ce n'est qu'un mauvais moment à passer ! Et voyez, déjà, il y a un peu de lumière au bout du tunnel.

Alors, vu la tournure que prennent les choses, je suis prête à sacrifier un Better Off Ted (hélas hélas, c'est mal barré), si ça nous garantit de n'avoir jamais à voir le spin-off de Gossip Girl. Quoi ? Ça n'a rien à voir ? L'un ne garantit pas l'autre ? Ah, bon, mais, je pensais que ça marchait comme les rituels païens, moi : un sacrifice en échange d'une faveur divine... Zut.

Enfin bon, surveillons la chose, il se pourrait bien qu'on sabre le champagne bientôt.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche... ha ha ha, il n'y aura jamais de fiche !

3 mai 2009

Caprica, c'est fini ! (air connu)

La question vitale depuis plusieurs jours pour moi, c'est : peut-on ou ne peut-on pas regarder Caprica si on n'a pas vu la fin de Battlestar Galactica ?

Non parce que, bon, la question ne se pose pas tellement pour le spectateur américain, pour commencer. La série s'est finie fin mars, ont regardé ceux qui le voulaient, connaissent la fin ceux qui le voulaient.
Bien.
Et en fait, on peut même élargir jusqu'à dire que, vu que Sci-Fi France s'apprête à diffuser la quatrième saison à son tour, la question ne se pose pas pour les spectateurs français de la chaîne. Là aussi, ils peuvent se permettre de se garder le pilote de Caprica au chaud, en attendant de voir la fin de la série (si ce n'était encore fait) qui ne devrait pas tarder à être clôturée sur cette chaîne également.

En revanche, pour ceux qui attendent la sortie en DVD, la question se pose de façon plus patente.
Pis encore, pour quelqu'un qui attend de finir la saison 3 (Rei, reviens passer un aprem à la maison, et finissons cette fichue saison, j'en ai marre de t'attendre !!!), est-il envisageable de regarder tout de même le pilote de Caprica à ce stade ?

Vais-je être spoilée ?
Vais-je tout comprendre ?

Je sais bien que Caprica est censée être un prequel. Bon, c'est pas la question.
La question, c'est que je sais aussi qu'il s'agit d'un prequel qui a été étudié alors que la série originale n'avait pas fini d'être diffusée. Donc méfiance. Je sais aussi qu'une série comme Battlestar Galactica, qui s'auto-référençait déjà à intervalles réguliers avec la série originale, peut imbriquer des éléments dans son spin-off prequel (est-ce que je parle encore français, à ce stade ?), à plus forte raison quand il est évident qu'elle en a la capacité scénaristique parce que sa mythologie et ses intrigues sont suffisamment complexes et fouillées pour cela (comment ça, "alors que j'ai un gros doute dans le cas du spin-off prequel de Gossip Girl" ? Mais j'ai rien dit, moi !).

De fait, la question se pose : j'ai un joli, ohlala oui, très joli, pilote sous la main, là juste là, faut-il que je me le mette sous le coude, et si oui, combien de temps la torture durera-t-elle ?
Avouez qu'il y a de quoi devenir chèvre pour une pilotovore de mon espèce !

Ces dernières semaines, j'ai pris grand soin d'éviter au maximum les trailers, les infos au goutte-à-goutte, les spoilers, bref, en-dehors d'une fois où, peut-être (et encore, j'en suis pas sûre), j'ai permis à un peu d'information d'entrer dans mon cerveau malade, je n'ai touché à rien. J'attendais de voir. Mais force est de constater que ceux qui se sont rués les premiers sur Caprica ont déjà vu la fin de Battlestar Galactica depuis belle lurette, donc retour à la case départ. C'est facile pour la Sorcière de faire une review de cet épisode (je l'ai même pas vraiment lue tellement j'ai voulu me préserver... mille pardon à la Sorcière, m'enfin, des fois, sa belle prose et ses 20Go de captures, on fait mieux de ne pas les lire si on tient à la surprise), mais moi ? Dans quoi je me lance si je regarde ce maudit pilote ?

Il y a un espoir, pourtant ; vous, oui, VOUS, vous pouvez m'aider, j'en suis sûre !
Pouvez-vous oui ou non me confirmer que je peux regarder ce pilote sans craindre pour mon allergie au spoiler concernant Battlestar Galactica ? Et que je vais y comprendre quelque chose ? Et que je ne vais pas perdre la moitié de l'intérêt de ce spin-off prequel ?
Un avis, quelqu'un ?

Et pour tous ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Caprica de SeriesLive.

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