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ladytelephagy
desperate housewives
30 septembre 2011

A thank you note

On a tous vu passer, en particulier si on est sur Twitter, des articles s'inquiétant plus ou moins (selon les auteurs et leurs convictions) du nombre de scénaristes de sexe féminin, de séries avec un personnage central de sexe féminin, et dans ce cas s'agit-il de personnages de sexe féminin forts, etc., dans les séries. Je vais être honnête avec vous : je ne les ai pas lus. Volontairement. J'en ai lu un il y a quelques mois, années peut-être, qui en gros tirait la sonnette d'alarme parce que, attention, il n'y a presque plus que des hommes qui écrivent, et quand des femmes écrivent c'est uniquement pour des séries de gonzesses et/ou pour ados, et je me souviens en essence m'être surprise à secouer la tête vigoureusement, en me disant qu'il n'y avait pire sexiste que certains féministes enragés.
Comme si être UNE scénariste faisait écrire différemment de si on est UN scénariste. Personnellement, 90% des histoires que j'écris s'intéressent avant tout à des personnages masculins ou à des ensemble shows mixtes. C'est une question de choix personnel et certainement pas de sexe que d'écrire sur quelque chose en particulier. Après, moi j'écris pour le plaisir et pas parce qu'on me paye pour le faire, et forcément c'est à prendre dans cette limite, c'est sûr ; peut-être que la réalité des choses c'est qu'on embauche plus facilement une femme pour écrire pour un show de la gamme de Desperate Housewives même si elle rêverait d'écrire un truc genre Oz. Mais dans ce cas le problème vient des exécutifs, pas des scénaristes, et je doute que leur opinion change grâce à un article de Jezebel ou autre.

C'est comme cette règle de Bechdel, ça me fait hurler tant c'est ridicule. Comme si pour se faire valider en tant qu'être indépendant, une femme devait faire abstraction des hommes. Ca ne représente jamais qu'environ 50% des êtres humains qu'elle rencontre dans sa vie, hein. Sans compter que si une femme parle avec une autre femme, elle ne sortira pour autant pas des stéréotypes liés à son genre, au contraire : plus une femme parle avec une autre femme, plus on est sûrs que, si elle ne parle pas d'hommes, elle parle d'enfants ou de fringues. Dans les fictions, ça n'est pas très différent.

Bref, on peut difficilement dire que je sois une féministe engagée. J'ai juste mes moments, quand certaines choses me chatouillent ou m'émeuvent. Parfois parce que je suis une femme. Parfois juste parce que je suis.

Et en cette rentrée, quelque chose m'a émue. La semaine dernière, déjà, j'évoquais dans le pilote de The Playboy Club une potentielle galerie de portraits de femmes, et de femmes dans les années 60, ce qui a forcément un sens particulier. Et pourtant, The Playboy Club est une série créée par un homme, Chad Hodge. Quant à PanAm, elle a été créée par un homme, Jack Orman. Pourtant, cela faisait bien longtemps qu'aucune série n'avait si joliment parlé de femmes, et en voici deux pour nous raconter l'histoire de jeunes femmes qui, en cherchant simplement à faire ce qui leur plait et leur convient dans un univers où ce qu'on attend d'elle est très limité, vont faire progresser toutes les femmes.

C'est en particulier devant PanAm (qui, comme je l'expliquais dans ma review du pilote, est plus explicite à ce sujet) que tout d'un coup j'ai eu cette révélation que, si des femmes comme Kate ou Laura n'avaient pas existé, je ne serais pas en train de regarder ce pilote dans mon nouvel appartement, pour lequel j'ai signé seule, pour lequel je prends des décisions seule, pour lequel j'ai fait une partie du déménagement seule, pour lequel je paye seule, moi, une célibataire de 30 ans. Il y a eu cet instant où j'ai vu les filles partir dans leur décapotable et où j'ai regardé autour de moi, en me disant subitement que parce que des femmes comme ça ont pris le risque de tout mettre derrière elles pour faire ce qui les rend heureuses, je n'ai pas à me poser la question de si moi, je peux le faire.
Devant des scènes comme celles-là, je regrette presque de ne pas être féministe tant j'ai l'impression d'avoir le vent dans le dos, d'être fière, d'être redevable. Je ne regrette pas de ne pas me passionner pour le débat Madame/Mademoiselle (en même temps on parle de quelqu'un qui n'a eu aucun problème à dire spontanément qu'elle avait 30 ans... depuis qu'elle en a 26 ou 27, et alors qu'elle en a actuellement 29, mais qui n'a aussi aucune envie de se marier, et qui entend donc indifféremment des deux tout le temps et se contrefous de savoir quel âge on lui donne, quel statut marital on lui donne, etc.), mais je regrette presque de ne pas me sentir plus solidaire de certaines de mes semblables qui ont toujours envie de changer quelque chose.

FreeLikeaGirl

Pour revenir aux séries, je crois que c'est aussi quelque chose qui me plait que de me dire que je ne vais pas y chercher, jamais, une conviction politique ou sociale, avec la quelconque envie d'y voir se réfléter mes propres convictions politiques ou sociales. Je sais ce que je pense de la peine de mort, par exemple, et si je regarde une série pro- ou anti-, ce sera parce que j'espère un sujet porteur de thèmes intéressants et de bon drama, pas pour valider ma propre perception des choses (sur ce thème, mon épisode préféré est celui de L'Esprit de l'Amérique, dans The Practice, qui bien que finissant sur une hésitation, propose des points de vue suffisamment différents). Mais je suis contente quand une série, qu'elle soit pro- ou anti-, me permet d'être émue sur un sujet à propos duquel je ne me posais plus tellement de questions ; le féminisme en est un. Je mène ma vie sans militer, et soudain je réalise que certains combats me touchent personnellement, parce que j'en profite aujourd'hui avec un délice dont vous n'avez pas fini de m'entendre me vanter vu la lune de miel que je vis avec mon nouvel appart.

Alors je voulais consacrer ce post du vendredi à ça, à remercier les femmes qui ont fait les efforts qui à moi, semblent aujourd'hui couler de sources. Et surtout, parce que c'est un blog téléphagique, à remercier les hommes qui ont créé des séries qui me rafraîchissent un peu la mémoire. Chad, Jack, merci. Dans quelques semaines j'aurai peut-être un coup de coeur pour une série qui n'aura rien à voir, American Horror Story, ou Grimm, ou Runaway, ou une série à laquelle je ne m'attends même pas, et je me sentirais moins proche de tout cela, sans doute. Mais ce que j'ai ressenti en cette rentrée, je vous le dois quand même un peu. Merci pour The Playboy Club et PanAm.

D'ailleurs puisqu'on en parle, et pas uniquement pour la raison évoquée dans ce post : quand est-ce qu'on a la suite de PanAm ? Une semaine, ça commence à être long. Et je crois bien que je suis sous le charme...

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14 mai 2011

Mères au foyer désespérées

Il m'aura fallu un peu tâtonner, mais j'ai trouvé le premier dorama solide de la saison printannière.
Et pourtant le sujet était casse-gueule, car peu de séries japonaises peuvent se vanter de se frotter au monde de la petite enfance et/ou de la maternité sans mièvrerie. Pour nous sauver tous, voilà donc Namae wo Nakushita Megami, une série qui ne payait pas de mine et donc le pitch laissait présager du pire comme du meilleur. Souffrez donc que je coupe court au suspense : l'option retenue, c'est le meilleur.

Namae
Pourtant, tout commence plutôt mal, par une scène d'enlèvement. En fait, la scène est très bien filmée, mais elle est quand même un peu cliché : celle d'un enfant qui se perd dans la foule et qu'une femme profite pour enlever ; tout cela sans voir un seul visage, avec un côté suspense un peu irritant, car à la base, on n'attendait pas un thriller sur l'enlèvement d'enfant, mais bien un catfight entre mères au foyer qui se font la guerre par enfants interposés.
Si elle agace, cette scène surprenante va en fait donner le ton : la série ne joue pas dans un registre doucereux, mais va en permanence tenter de nous déstabiliser. Et la plupart du temps, elle y parviendra, en fait.

La phase suivante est dédiée à nous faire croire au conte de fées moderne de la femme épuisée par ses responsabilités de mère alors qu'elle mène une vie professionnelle intense, et qui va se ranger (à la demande subtile mais appuyée de son époux) pour s'installer dans un nouveau quartier et devenir une mère au foyer comme tant d'autres. La charmante Yuuko n'est visiblement pas sûre que cette vie soit pour elle, elle a même encore le souhait de travailler, mais elle se dit qu'une vie meilleure, parce que plus simple, l'attend dans leur nouvel appartement.
Et c'est là que la voix off entre en jeu. Elle est importante cette voix off parce qu'elle est l'un des deux héritages majeurs du pilote de Desperate Housewives, que la prod de Namae wo kNaushita Megami a de toute évidence étudié avec intérêt. Je ne suis pas en train de vous dire, toutefois, qu'on assiste ici à une ressucée. Je crois plutôt que, de la même façon que Borgen a étudié A la Maison Blanche, et que Koselig Med Peis a étudié Six Feet Under, pour affiner leur rendu respectif, Namae wo Nakushita Megami a pioché dans le pilote de Desperate Housewives quelques idées sous-exploitées et a décidé d'en faire bon usage.

A la façon d'Utsukushii Rinjin, c'est du statut social de la mère au foyer dont va finalement parler la série, sous couvert de rebondissements provoqués par les aspects thriller, là aussi.
Car l'héroïne, Yuuko, s'apprête à découvrir qu'autour de la classe de maternelle de son fils, il existe une sorte de société secrète constituée par l'élite des mamans de la classe, et qu'une fois qu'on approche ce club très fermé, on n'en sort pas indemne. Apprenant à ses dépens qu'on n'éduque pas un enfant pour le rendre heureux, mais pour s'attirer l'admiration et la reconnaissance sociale de ses pairs, Yuuko va vite déchanter sur le monde si paisible qu'elle pensait intégrer en quittant le monde professionnel.

Car elle a raison, Yuuko : quand on pousse trop son enfant, c'est plus souvent une question d'ego que d'autre chose. Et derrière les sourires de façade et les après-midi passés à un thé à la main, toutes ces mamans ne rêvent que d'une chose, exister aux yeux des autres mères. Quoi qu'il faille faire pour cela.
Les personnages que rencontre Yuuko ont ainsi chacune leur envie de paraitre, leur image soigneusement pensée et affinée, jusqu'à la caricature de soi-même, même s'il fallait en crever de chagrin une fois seule. Torture infligée au nom des applaudissements qu'on attend de la part d'une communauté de gonzesses dont on sait très bien que, une fois le dos tourné, elles se lâcheront sur votre compte comme vous l'avez fait sur le leur, mais qu'importe. Pourvu de recevoir des félicitations par devant, qui se soucie de ce qui se dit par derrière...

Adieu le monde convivial d'Utsukushii Rinjin, ici c'est le nid de serpent. Et Yuuko, qui n'est pas une oie blanche mais qui ne pense pas à mal, va certainement s'offrir encore de belles déconvenues d'ici le final. Elle n'est pas assez méfiante, ça se sent. Et les alliées qu'elle pense trouver au sein de ce groupe, on le devine, ont certainement des intentions cachées, elles les cachent simplement mieux que d'autres qui paraissent plus antipathiques à Yuuko.
Pourtant, les mères qui semblent les plus vicieuses à l'égard de Yuuko sont aussi celles qui ont, certainement, le plus de souffrances inexprimées. En reine des abeilles, Reina Motomiya est par exemple parfaite en apparence, avec cette façon qui semble toute japonaise d'humilier les gens en restant la plus polie du monde, et pourtant c'est aussi le personnage le plus touchant du groupe. Il y a là les bases pour une exploration glaciale de plusieurs questions, et on sent d'ailleurs dés le pilote que la série va s'y engouffrer sans tabou, comme en témoigne le message que laisse Reina sur internet, le seul endroit de la planète où elle peut être anonyme, donc où elle peut cesser de faire semblant.

Eh oui, ce que dit Namae wo Nakushita Megami, et c'est la première fois que c'est aussi criant dans un dorama que je vois, c'est aussi que le rêve doré de la maman qui prend soin de son enfant et qui est heureuse ainsi, il a vécu. L'illusion tombe en lambeaux pendant tout l'épisode, et plus particulièrement à la fin du pilote, où il se prend une bonne claque. C'est même violent pour le spectateur, parce que même si on se doutait qu'il se passait des choses pas très claires, on n'aurait pas imaginé que l'héritage de Desperate Housewives soit aussi celui-là.

Cependant, le dorama Namae wo Nakushita Megami n'est pas exempt de défauts, à ce stade. La réalisation, notamment, pose problème : on sent une volonté d'essayer de sortir des poncifs du genre, de trouver un rythme et une réalisation nerveuse mais permettant aux échanges de garder leur rythme lent, mais les effets semblent plus surchargés qu'autre chose, c'est notamment visible à la toute fin du pilote où il y a lâchage sur les plans tournés dans tous les sens et les effets de filtres. Ca partait d'une bonne intention, mais après tout s'il y a bien quelque chose à retenir de Namae wo Nakushita Megami, sur la forme comme sur le fond, c'est qu'il faut se méfier des bonnes intentions. Ponctuellement, la réalisation en fait donc trop et c'est très dommage, car la plupart du temps ça reste tout de même très correct.
Et puis, il y a encore et toujours le rôle du mâle. Si on me disait que Fuji TV ne s'attend pas à ce que la série soit regardée par un seul père, je ne serais pas plus choquée que ça. Là encore, comme dans Utsukushii Rinjin, les pères sont trop loin, trop déconnectés de ce qui se passe dans la vie de leur épouse. ils sont soit des dangers potentiels, soit des gens extérieurs aux préoccupations des mères et ne comprennent rien à rien. Même si d'une certaine façon je conçois que ce soit aussi une réalité, j'aimerais que se développe une relation moins caricaturale dans les prochains épisodes, et il ya suffisamment de couples pour qu'au moins un me donne satisfaction à un moment ou à un autre. Même celui de Yuuko est à ce stade trop caricatural.

Mais je l'ai dit, Namae wo Nakushita Megami, parce qu'elle a décidé de ne pas faire de quartiers, et parce qu'elle fait preuve d'une certaine ambition, montre qu'elle a du potentiel. Je serai donc devant ce printemps, et ne saurais que trop vous conseiller d'en faire autant si vous voulez voir de gentilles maman se planter quelques poignards dans le dos.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Namae wo Nakushita Megami de SeriesLive.

20 avril 2011

[DL] S.O.S.: Sexo y otros Secretos

Si le début du pilote m'a endormie, au point que je n'en tenterai jamais la fin, j'ai bien accroché sur le générique de S.O.S.: Sexo y otros Secretos, tout simplement parce qu'il est à la fois simple et super girly. Vous prenez une craie, un tableau noir, et vous laissez une illustratrice de publicités pour des cosmétiques dessiner des fleurs dans tous les sens... et hop, vous avez un résultat en phase avec la série, sans tomber dans les clichés habituels. Bonus : on joue sur les couleurs pour bien montrer que le rose c'est pour les filles à la vanille. Voilà, c'est aussi simple que ça de faire un générique sympa, bien que pas inoubliable.

SOSSexoyotrossecretos
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Parce que finalement, pourquoi faire un générique dément quand la série n'a rien d'épatant, et a juste pour vocation de jouer sur les tendances Sex & the City ou Desperate Housewives de ces dernières années ? Je trouve qu'au moins, on n'est pas abusés sur la marchandise, et ça renforce mon estime pour le générique. C'est honnête, et en même temps c'est pas bâclé.
Sans compter que très franchement, la musique rentre très bien dans la tête (pour en sortir c'est une autre histoire). Considérez-vous avertis...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche S.O.S.: Sexo y otros Secretos de SeriesLive.

8 avril 2011

Touche pas à ma curiosité

"Oh non, elle va ENCORE râler..."
Bah oui mais c'est pas pour rien si une rubrique Point Unpleasant existe. Il y a du matériel pour râler sur le traitement des séries en France. Mais cette fois-ci, ma diatribe ne s'adressera pas aux diffuseurs, aux distributeurs ou... non, mon post bileux portera d'abord et avant tout sur l'information téléphagique.

Il y a quelques jours, je vous entretenais de ma frustration suite à la découverte de l'existence du pilote de Let's stay together, dont personne n'avait eu l'idée de faire une review à ma connaissance, rapport entre autres au fait que peu de monde a pensé à mentionner que la série allait être diffusée. Cette frustration s'étend en fait bien plus loin.

On ne peut pas attendre des sites d'information généralistes qu'ils se diversifient et entrent dans le détail de TOUTES les séries diffusées par quelque moyen que ce soit. Mais il pourrait quand même y avoir un effort, ne serait-ce que par des sites indépendants.

Par exemple, où est le site d'information pour nous parler des webséries ? Je vous jure que je l’ai cherché, mais j’espère que l’un d’entre vous en commentaires viendra m’expliquer que je n’ai pas assez bien cherché (et me filera un lien).
Des webséries, on aura du mal à faire le tour, parce que quand une websérie apparait sur le net, elle peut parfois rester cachée aux yeux du grand public pendant pas mal de temps, voire rester absolument confidentielle. Certes. Cela étant, je veux bien qu’on me donne la raison pour laquelle personne n'a mentionné le projet de websérie de Felicia Day, Dragon Age, ou le fait que Kiefer Sutherland est au générique d'une websérie, The Confession, ou encore que Riese, à l'origine une websérie steampunk au parcours similaire à celui de Sanctuary, va prochainement passer sur de nos écrans d’internet à celui des télévisions françaises via SyFy France. Là, franchement, je vois pas l'excuse (bon moi je vous en aurais bien parlé, pour Riese, mais la grève a fait que, déjà, j'ai surveillé d'un peu moins près l'actu, soyons sincères, et de l'autre, bah j'aurais pas posté même si je l'avais su le jour-même où l'info est sortie ; d'un autre côté pour une fois Allociné a dû en parler, vu qu'ils sont partenaires, mais ça c'est juste la gratitude du ventre, et pas une ligne éditoriale).
Bon, on ne parle pas de trois copains qui filment une websérie dans leur chambre d'étudiants et montent un site vite fait, ni d'une obscure production venue d'un pays dont personne n'a rien à taper, là, tout de même. On parle de projets soutenus par des gens connus et/ou des chaînes connues aux States et/ou au Canada. Qui pour parler de ça ? Je ne dis pas que SeriesLive, pour parler d'un site d'info que je connais bien, devrait s'y mettre. Ça ne nous tuerait pas d'essayer, c’est sûr, mais il faudrait certainement que ça parte d'une volonté et d'un effort de recrutement spécifiques ; la rédaction est déjà bien assez chargée sans cela. Mais pourquoi n'ai-je réussi à trouver aucun site d'information francophone sur le sujet ?

Sans aller aussi loin, pour être informé sur les séries britanniques aussi bien qu'on l'est (et pourtant, on l'a dit, ce n'est pas parfait) sur les séries américaines, il faut chercher.
Personnellement je tente de m'éduquer à la télévision britannique depuis quelques mois, comme vous le savez, mais pour dégoter mes infos en Français, c'est un peu la galère.

Et si je cherche mes infos en Français, alors que je n'ai pas du tout le problème de la barrière de la langue (du moins à l'écrit) c'est tout simplement parce que sur un site francophone, l'info est DIGEREE. En gros, si je me contente des comptes Twitter et des sites que je fréquente en tout bien tout honneur, je tombe sur une information destinée à des gens qui savent déjà de quoi il retourne, alors que sur un site francophone, le rédacteur fait souvent l'effort de la pédagogie. Ca passe par un rappel de la série dont on parle (qui l'a créée, sur quelle chaîne elle est diffusée, son sujet), de son histoire (diffusion, audiences), et des données permettant de prendre la mesure de l'information donnée. Certes, on arguera que Critictoo (encore eux) s'emploie à faire ponctuellement ce travail, bien que leur mission première ne soit pas l'information mais plutôt la critique. Mais ça fait un peu peu, quand même, et surtout la dominante y est encore clairement américaine.

Et encore, tout ce qui est américain n'est pas digne d'être mentionné. On parlait des séries "ciblées" avec Let's stay together, opportunément laissées de côté par la plupart des sites d'infos (et de reviews mais je vous refais pas le post, hein). Quid aussi des soaps ? Personne pour nous parler en France de l'actu des soaps, alors qu'ils sont pourtant diffusés sous nos latitudes. Comble de l'ironie, actuellement sur SeriesLive on parle plus de soaps britanniques, grâce aux bons soins de Clovis qui suit entre autres l'actu de Coronation Street, que d'américaines, alors que Coronation Street en France, je veux bien qu'on me dise sur quelle chaîne ; on fait avec ce que les rédacteurs peuvent faire, après tout. Mais vous comprenez, les soaps c'est dégradant, c'est idiot, c'est débile. Pourtant on s'aperçoit que, non, pas tous les soaps, on veut bien parler de soaps français (encore que sur Plus Belle la Vie, ça s’est quand même bien calmé), dans une certaine mesure mais bon, c'est Français, alors on fait un effort, surtout vu les audiences des primes, ça draine du lecteur, on veut bien faire un effort.
Je n'aime ni ne regarde rien de tout ça, et je ne suis pas chez moi aux bonnes heures de toute façon, donc même si je le voulais, bon, hein... mais force est de constater qu'on n'en parle pas au public téléphagique. Qui pourtant s’intéresse aux séries. Et qui, de vous à moi, quand il regarde déjà Grey’s Anatomy ou Desperate Housewives, n’est pas totalement hors-cible non plus.
Pour les soaps, toutes considérations qualitatives mises à part, c'est pourtant intéressant de voir le nombre d'acteurs connus des téléphages qui y sont passés... ou retournés. Des acteurs qui sont souvent très aimés, mais dont on a l’impression qu’ils sont subitement tombés de la surface du monde. Vous voulez des nouvelles de Vanessa Marcil (Beverly Hills, Las Vegas) ? Son retour dans General Hospital a été l'un des temps forts de l'année 2010 pour la série. Son imminent départ semble aussi s'annoncer comme un petit évènement, alors que son retour avait été apprécié par de nombreux fans. Qui va vous le dire ? Personne. Parce que les soaps, c'est trop débile, c’est dégradant de parler des soaps ; oh, il y a plein de monde pour les regarder (et pas toujours des ménagères de 50 ans !!!), mais en parler, ah non, là ya plus personne, on ne mange pas de ce pain-là nous, on est une publication respectable !

Cette tendance à parler de façon très sélective de sujets téléphagiques, orientant par la même occasion la perception du public, ça commence à m'user.

Bon, je sais pas pour vous, mais en gros, même si on a parfois l'impression que la passion pour les séries est un microcosme, on reste quand même dans une information très mainstream.

Certes, sitôt que les épuisants délais de codage chez SeriesLive seront résolus (puisque les choses avancent, enfin !), on y retrouvera enfin l'actualité des télévisions du monde, ce qui devrait nous permettre de voir un peu plus loin que le bout de notre nez actuel, mais enfin, personnellement moi, j'étouffe.
Plutôt que 712 faisant de l'information téléphagique eprenant tous les mêmes photos (piteuses) du tournage de Wonder Woman (2011), j'aimerais bien qu'il y en ait pour se découvrir des burnes, une fois de temps en temps, pour faire un effort et choisir un sujet un peu différent, une valeur ajoutée, un plus produit - n'importe lequel : les webséries, les séries britanniques, les soaps, les télénovelas, ou pourquoi pas les productions venues des DOM TOM, d’Afrique sub-saharienne, du Maghreb ? Ca vous regarde, les mecs ; chacun vient avec ce qu'il a, choisissez juste un truc sur lequel vous êtes pas plus con qu’un autre, et parlez-en.

Bon Dieu, c'est pas compliqué : PARLEZ-EN.

Je dis pas que vous aurez des millions de visiteurs qui n'attendaient que ça. Ce sont des niches. Mais on a besoin de ces niches. Ne le faites pas pour ceux qui savent de quoi vous parlez ; ceux-là ont déjà leurs canaux d'information. Faites-le pour ceux qui ne le savent pas encore. Si chacun prend un petit bout, on finira par proposer une vraie vision d'ensemble de la télévision, et traduire la véritable richesse de notre univers.
Ou alors on admet qu’on est des décérébrés qui se contentent de regarder ce qu’on leur donne sans chercher plus loin, et on arrête les frais. Personnellement, c'est pas ma conception du mot "passion".

Mouton

22 novembre 2010

Tell me you hate me

Parfois je me dis que j'ai raté ma vocation : j'aurais dû travailler dans une FNUC. Rayon DVD de séries, ça va de soi. Je sais bien, je ne peux pas être partout, à la fois à essayer d'écrire des news et des articles (quand j'ai le temps), créer des fiches dans une base de données et conseiller les gens dans le rayon DVD. Il faut faire un choix. J'ai, accessoirement, choisi la solution qui me permet de rester les fesses assises et au chaud, un réflexe typique de téléphage, mais passons.

Chaque fois, je dis bien chaque fois que je fais dans une FNUC, il y a des gens qui trainent dans les rayons et sortent des absurdités. C'est vous dire le nombre de conneries que j'entends. Et dans ces cas-là, je sais pas si c'est que moi mais j'ai envie d'aller piquer un tabouret aux employés de la FNUC, me planter au beau milieu du rayon, et répondre aux gens. J'y peux rien, ça m'énerve. Vous pourriez rester impassible quand vous entendez ce genre de choses, vous ?

La configuration est généralement la suivante : A traine B dans le rayon des DVD de séries, au prétexte qu'il a besoin de "voir quelque chose", mais en réalité avec la ferme intention de faire le malin parce que, regarder des séries, ça fait cool. Le problème c'est que pour avoir cool, on peut sortir des conneries au kilomètre sans sourciller mais on ne peut pas, jamais, au grand jamais, hésiter un instant pour réfléchir à ce qu'on va dire. Ce qui fait qu'aux oreilles du non-néophyte, A cherche à briller devant B mais démontre devant le téléphage T qu'il n'est vraiment pas l'astre le plus brillant de la constellation. Florilège.

"Ah oui, le Mentaliste, c'est le mec qui fait comme les Experts là". Chaque fois qu'un spectateur confond deux séries policières, un directeur de marketing de TFHein gagne ses ailes.
"J'aimerais bien trouver le DVD de ma série préférée, tu sais, comment elle s'appelle, là ?" Eh bah si ça c'est votre préférée, qu'est-ce que ça doit être pour les autres.
"Je connais bien ça, c'est un genre de Desperate Housewives" Je vous épargne la prononciation pour insister sur le fait que le coupable désigne du doigt un coffret de Desperate Housewives. Si, il a osé.
"Ah j'ai vu la saison 5 de ça, ça devient trop nul après". Vous l'aurez deviné, la saison 4 est en cours de diffusion aux USA.
"Faut que tu voies cette série-là, tout le monde regarde ça aux States". Heroes ? A fond. T'as raison mon gars, plus c'est gros plus ça passe.
"T'as pas vu le DVD de Sunset Beach, je voulais vraiment l'acheter pour qu'on le regarde ensemble. C'est trop fort c'est avec des dessins animés". Pris la main dans le sac !!! Tu veux faire croire que tu regardes South Park et en fait tu te mets à parler de soap, franchement, arrête le massacre, en plus j'ai mal aux côtes à force de rire.
"Ya rien d'intéressant. Moi tu vois quand je trouve pas ce pour quoi je suis venu, j'achète pas n'importe qu-... ah tiens, ils ont sorti la dernière saison de Gossip Girl ?" Tu connais l'histoire de Paf la crédibilité ?
"Ah je me souviens de ça quand ça passait à la télé". Ne jamais prononcer cette phrase au rayon import, ya une chance sur deux de désigner une énormité.

Allez, s'il vous plait, soyez gentils. La prochaine fois que vous trainez un(e) ami(e) au rayon séries de la FNUC, et que vous voyez une créature violette rôder depuis une heure dans les rayons, faites une faveur à tout le monde et, au lieu de sortir une connerie plus grosse que vous, posez la question. Je ne mordrai pas, presque pas, d'façon j'aime pas les dents.

Nan mais à part ça je suis pas passée à la FNUC fêter mon nouveau job. Franchement, ce serait mal me connaitre.

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23 octobre 2010

Publicité mensongère

Vous vous êtes déjà demandés pourquoi je ne fais pas de review épisode par épisode ?

Bon, d'une, c'est chiant. Quand je suis dans une phase de monomaniaquerie, en particulier, vous imaginez le truc ? Au lieu de pouvoir m'enfiler mes 10 épisodes par jour comme une malade, devoir m'interrompre entre chaque pour vous faire un post ? Joli tue-l'amour. Sans parler du fait que franchement, pour vous, trouver un post sur la même série toutes les deux heures, c'est pas non plus spécialement la joie.
Mais surtout, c'est particulièrement trompeur.

J'ai réalisé que lire les reviews épisode par épisode des séries que les autres regadent, ça me donnait une terriblement fausse idée des séries en question. Prenons un exemple très parlant, parce que ce sont certainement les meilleures reviews de ce type que je lise : la Sorcière. Je lis ses reviews essentiellement pour les séries qu'elle suit et moi non : Supernatural, Doctor Who, Merlin, ce genre de choses. Accessoirement je lis ses posts The Big Bang Theory aussi, généralement quand j'ai pas cherché à trouver le temps pendant une semaine ou deux, que j'ai conscience d'avoir pris du retard et que je veux me tenir quand même au courant jusqu'à la prochaine fois où je m'y remettrai. Parfois je pousse même le vice jusqu'à jeter un œil aux reviews de Desperate Housewives.
Et je crois qu'en lisant ses reviews, j'avais commencé à m'imprégner de ses opinions sur les séries. D'une certaine façon, les lire me dispensait de regarder les épisodes, et donc je partais du principe qu'une aussi bonne review était forcément en adéquation avec la réalité de l'épisode concerné.

PubliciteMensongere

C'est donc là que j'avais tort. Je m'en rends compte alors que le 2e épisode de Doctor Who m'épuise à un tel point que je m'y suis reprise à trois fois pour le regarder (et j'ai toujours pas fini). Certes, cet épisode-là n'est pas reviewé chez la Sorcière, mais à lire les reviews récentes depuis quelques temps, j'avais le sentiment d'une complexité, d'un intérêt mythologique, que je ne retrouve pas. Alors vous allez me dire que ce n'est que le 2e épisode, que vous m'avez prévenue sur la qualité de ces premiers épisodes et tout et tout, certes. Mais quand même.
C'est la faute des reviews épisode par épisode, j'en suis maintenant certaine : elles entretenaient l'illusion que cette série était intéressante alors qu'une fois devant l'écran, il me faudrait certainement la Sorcière à côté de moi pour me faire voir tout ce qui me semble invisible. Une partie de moi voit du potentiel, mais une autre a l'impression que je n'attendrais pas quelque chose de miraculeux si je n'avais pas lu, semaine après semaine, mois après mois, autant de compte-rendus circonstanciés de chaque épisode, décrit avec passion et intérêt (et humour, aussi). A force de lire les reviews et d'avoir l'impression que la Sorcière faisait des clins d'œil, des références et des private jokes régulièrement, j'avais été conduite à penser que l'univers de Doctor Who était riche, alors que j'ai vraiment un mal fou à le cerner dans ce deuxième épisode qui semble ne mener nulle part.

Les blogs à reviews, c'est bien pour les séries qu'on ne suit pas ou plus, mais pour le reste, c'est vraiment pas pour moi...

13 septembre 2010

[Day 13] Oh, moi, dés qu'il s'agit de Desperate Housewives...

MemeSNL_13

23 août 2010

New ordinary family

Grâce à AmyKar, j'ai pu voir le pilote ce matin (quand tu te lèves en avance de 45mn sur ton programme parce que tu sais que ton cagoulage sera prêt, tu sais que tu es téléphage). J'avoue que j'ai du mal à comprendre les retours négatifs que je lis çà et là ; pour le moment essentiellement sur Twitter, puisque je fais toujours ma tournée des reviews après avoir écrit la mienne.

Je ne dis pas que c'est mon coup de cœur du moment (à plus forte raison avec le troisième épisode d'Atami no Sousakan sur le feu), mais ya franchement pas de quoi rougir de honte pour ABC.
Comprenez par là que la série a toutes les chances d'être annulée rapidement, si la jurisprudence  ABC est toujours en vigueur. Et elle l'est.

NewOrdinaryFamily

Il y a quelque chose de remarquable dans cette série familialo-fantastique (dont je reconnais que le mélange n'est pas courant, et donc pas nécessairement facile d'accès), c'est dans le portrait qu'elle dresse d'une famille... moderne. A sa façon. Et cela passe essentiellement par la situation de départ.

Vic Mackey
Jim Powell y apparait comme un homme un peu faible, délaissé par sa famille, courant désespérément après leur attention et leur affection. Au risque de les mettre dans une situation dangereuse en fin de compte... Et pour moi qui regarde en ce moment Mad Men, je dois dire que ça m'a frappée : a-t-on déjà vu un homme dans ce rôle-là ?

En général, Madame travaille autant ou moins que Monsieur (rappelons que les Desperate Housewives sont majoritairement des femmes aux foyers, enfin c'était le cas la dernière fois que j'ai regardé ; ça veut plus forcément dire grand'chose deux ou trois ans après, cela dit). Mais même dans une série où la femme a une vie professionnelle digne de ce nom, c'est quand même elle qui a le coeur qui saigne quand toute la petite famille n'a pas son quota de "quality time". C'est la maman qui se rappelle que les enfants vont grandir, qui est la plus vexée quand elle se fait envoyer paître par les ados, etc... La seule fois où les papas sont effectivement attentifs à ce genre de choses, c'est quand ils sont pères célibataires.

Ici, pas du tout. La chose au cœur tendre qui veut préserver l'harmonie de sa famille, c'est l'homme. L'épouse n'en fout pas, mais ça ne la préoccupe pas, elle n'en a pas fait son soucis principal. Le renversement est parfait, en cela qu'il ne s'accompagne pas d'une caricature pour autant.

Car aujourd'hui, les hommes ont autant le droit que les femmes de courir après l'affection de leurs proches, de supplier pour un peu d'attention et de chercher désespérément à exister. Et No Ordinary Family réussit systématiquement tous ces passages où les enfants ont le réflexe de parler au père et sont gênés devant la mère, où le père maîtrise mieux la vie de la maison, etc... Il n'est pas perdu dans un rôle dont il se sent étranger : il est parfaitement à sa place au contraire, au point que ce soit la mère qui se sente hors du coup. L'effet de miroir est impeccable.
Il montre combien notre société a évolué, et au lieu de chercher à renverser les rôles artificiellement, la série fait un excellent boulot dans son renouvellement des rôles habituellement imposés aux personnages.

Alors, après, sur le point de vue du fantastique, je vous l'accorde, il y a à redire. Déjà, les effets spéciaux peuvent aussi avoir meilleure gueule, c'est pour le moment un peu inégal. Je m'en fous, je ne regarde jamais une série pour ses effets spéciaux. Si le reste fonctionne, je peux faire l'impasse dessus. Ensuite parce que quand Pixar a sorti Les Indestructibles, on a quand même approché pas mal de thématiques qu'on voit ici se profiler (identité de justicier secret, gestion de la vie professionnelle et personnelle, problèmes adolescents...). Et puis enfin, parce que franchement, on voit mal ce que les superhéros vont faire d'autre que d'affronter d'autres superhéros, et ça c'est franchement lassant. Pas forcément ultra-fréquent à la télévision, mais suffisamment dans les comics et les nombreux films qui en sont tirés pour qu'on ait du mal à voir l'intérêt.

Cependant, quelque chose me plaît dans la façon dont ces pouvoirs sont abordés. C'est dans leur façon de compléter un complexe, et pas juste en étant particulièrement pratique. Le père, impuissant, devient puissant, par exemple, et la façon dont c'est montré indique bien ce que ça représente pour le personnage. J'aime énormément la façon dont les parents découvrent et testent leurs pouvoirs ; ceux des enfants ont été passés un peu rapidement, mais qui sait, ce n'est qu'un preair, et surtout s'il est diffusé avec la bénédiction d'ABC, il peut encore y avoir des améliorations.

Non, No Ordinary Family n'est pas une série parfaite. Mais, mon Dieu ! Elle est loin d'être nulle, et aborde pour le moment la thématique de la famille sous un angle intéressant, qui remplit ses promesses. Si elle ne s'intéressait qu'à cet angle, ça m'intéresserait totalement, en fait. Le reste est annexe, probablement inévitable pour une série de network, mais ça lui donne sa propre identité et un potentiel indéniable. La marge d'amélioration existe, mais on ne part pas non plus d'une nullité abyssale. Moyenne haute en ce qui me concerne.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche No Ordinary Family de SeriesLive.

18 juin 2010

Instinct grégaire

Il se passe plein de trucs à mon boulot. On n'est pas là pour parler de ça, mais pour une fois, ces changements ont touché ma fibre téléphagique. Parmi ces changements : à peu près une nouvelle recrue chaque semaine. Et en discutant avec la petite nouvelle de cette semaine, c'est ma propre pratique de la téléphagie que j'ai été amenée à questionner.

Il s'avère que dans la conversation, j'ai mentionné les séries et qu'elle m'a lancé : "ah oui ? Moi aussi !". Je me suis donc livrée à une danse typiquement téléphagique (qui consiste en un mélange de polka, de line dance et d'imitation d'une télécommande), puis je lui ai demandé la phrase rituelle : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?".

Objectivement, le problème, ce n'était pas vraiment sa réponse. C'était ma réaction devant sa réponse à mesure qu'elle citait les titres de ses séries favorites :
- Supernatural
- Smallville
- Desperate Housewives
- Grey's Anatomy
...
Je crois que si elle avait cité One Tree Hill, je résiliais moi-même son contrat de travail (si j'avais ma propre boîte, vous pouvez en tous cas être sûrs que ce serait une clause de rupture).

Ce qui m'a ennuyée n'était pas le fait que je n'aime pas les séries en question (à l'exception de Supernatural dont je suis et reste convaincue, à la lecture du Blog de la Sorcière, que j'ai loupé quelque chose). Et je n'ai pas eu la moindre pensée pour le fait que c'étaient là des séries grand public (ça ne me vient à l'esprit que maintenant en essayant de penser à ce que ces titres ont de commun). Non, je l'ai immédiatement jugée à cause du peu d'estime que j'ai pour ces séries sur un plan intellectuel. Concrètement, si elle m'avait dit regarder des séries que je n'aime et/ou ne regarde pas (comme par exemple House, Lie to Me...), mais qui me semblent d'un niveau intellectuel correct, je n'aurais pas eu cette réaction.
Jugée. Le mot est lâché.

Ne me fixez pas d'un air si désapprobateur. On le fait tous.
Si la phrase qui revient systématiquement, quand deux téléphages se rencontrent, est : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?", il faut bien admettre que c'est moitié pour se trouver des points communs, moitié pour évaluer le téléphage en face. Dis-moi ce que tu regardes, je te dirai qui tu es. Ou en tous cas j'en déciderai arbitrairement sur la seule base de ta vie téléphagique. On part du principe qu'on est ce qu'on regarde, notre réflexe est de brosser un portrait caricatural de notre interlocuteur sur cette seule information (parfois mise en corrélation avec son âge).

Je crois que dans l'esprit de tout téléphage, même si ce n'est pas très cool de l'admettre, il y a une hiérarchie plus ou moins acquise, qui varie selon nos propres préférences, sur tout un tas de paramètres, comme par exemple :
- l'amateur de VO se considère supérieur à l'amateur de VF
- l'amateur de dorama se considère supérieur à l'amateur de séries françaises
- l'amateur de séries du câble américain se considère supérieur à l'amateur de séries de networks
- l'amateur de drames complexes se considère supérieur à l'amateur de teenageries
- l'amateur de séries méconnues  se considère supérieur à l'amateur de séries populaires
- l'amateur de séries historiques  se considère supérieur à l'amateur de séries d'action
Et parfois inversement, et bien d'autres choses encore. Ce n'est peut-être pas exactement en ces termes, mais on a souvent tendance à diviser le monde de nos interlocuteurs téléphagiques en deux : ceux qui sont dignes d'intérêt, et ceux qui ne regardent que des merdes.

A ce comportement s'ajoutent en plus certaines animosités du genre "c'est à cause de ta série que la mienne a été annulée", et autres préjugés sur une série donnée (quelqu'un me cite Gossip Girl, il peut regarder aussi Breaking Bad et Mad Men, mon opinion sera quand même faite), et vous comprendrez combien les chances de se trouver des téléphages aux goûts équivalents, partageant les mêmes attentes en termes de divertissement et/ou d'exigence, relèvent de l'absurdement petit.

Allegorie
Téléphage apprenant que son interlocuteur regarde des bouses (allégorie)

Même si on ne regarde pas les mêmes séries, savoir qu'on regarde des séries d'un même "niveau" semble important.

Rendez-vous compte que sur la petite communauté de personnes fréquentant l'univers des séries télé (et ils ne sont pas si nombreux que ça, d'autant que certains a priori persistent), on en est encore à faire le tri entre le téléphage et le casual viewer (ce que j'appelle dans ces colonnes le télambda), puis à l'intérieur du groupe "téléphages", ceux qui regardent des trucs qui méritent qu'on les écoute en parler, etc... Bref, à l'intérieur d'une population minoritaire, nous nous créons instinctivement des minorités d'appartenance. Tout ça semble bien compliqué...

J'aimerais vous dire que j'ai fait le choix de la facilité, et que je me lie à toutes sortes de téléphages, et même à des télambdas prometteurs, mais ce serait mentir effrontément. Je dois à la vérité de dire que, lorsque ma collègue a cité ces titres, j'ai répondu : "Non ?! Même ça ? Même les saisons récentes ? Nan mais c'est pas sérieux, ça...".
Toute ouverte d'esprit que j'aimerais proclamer être, la vérité, c'est que je l'ai jugée !

...Et que depuis, je lui parle de Nurse Jackie, United States of Tara, et même un peu de Breaking Bad.
Je veux bien renoncer à me proclamer totalement tolérante envers ce qui m'apparait instinctivement comme le fond du panier téléphagique, mais c'est pas une raison pour abandonner le combat de la contagion...

27 mai 2010

Guide de survie du troll en milieu téléphagique

Ami troll, je le conçois, tu exerces une profession difficile.

Bon, ce n'est pas vraiment une profession (dommage, parce que si tu recevais un euro chaque fois que tu sors une connerie...), mais il s'agit tout de même d'une activité qui mobilise suffisamment ton temps pour qu'on compatisse devant l'ampleur de la tâche (pun intended).
Car la complexité de la chose repose sur sa nature-même : il te faut à la fois faire preuve de suffisamment d'intelligence pour sidérer en de répétées occasion ton public pourtant sans cesse plus blasé, et en même temps, tu dois être abyssalement dépourvu d'intellect afin d'offrir le contenu le plus ahurissant possible de bêtise à chacune de tes représentations. Tu vis dans l'effort permanent de te faire remarquer en écrivant, sans que rien que tu écrives ne soit remarquable. Tout le monde n'est pas capable de jongler avec les contradictions comme tu le fais, et devant cet art consommé du néant, je m'incline humblement.

Ami troll, donc, tu exerces une profession difficile.

Et je ne parle même pas de la difficulté de survivre sur la toile où la concurrence est si rude, et où il faut bien souvent rivaliser avec plus idiot que soi pendant des heures avant de se voir attribuer un point Godwin décroché de haute lutte. Et encore, ça ne nourrit pas son homme, un point Godwin ; ça ne paie pas le loyer, et même pas la facture internet. La vie de troll est décidément bien ingrate !

Ami troll, j'insiste, tu exerces une profession difficile.

Mais tout cela va changer car dorénavant, te voici aidé dans ta tâche (again, pun intended).
Je te propose de troller sans effort (ce qui est un peu le rêve ultime de tout troll ambitieux) lorsqu'il s'agit de parler de séries télé. Je sais que ce qui t'attend, au cours de ta carrière de troll, dépasse largement ce domaine, et il te manque un guide équivalent pour des sujets autrement plus complexes tels que la politique, l'actualité musicale, la mode, les news people, ou le génie biomoléculaire, mais enfin, je ne peux pas être partout, je vais déjà t'aider au maximum dans ce domaine. Et puis tu sais, après quelques années de carrière, tu t'apercevras de toute façon qu'il est difficile de faire long feu dans cette voie sans un minimum de spécialisation. Ce que je t'offre ici, c'est l'opportunité unique de te spécialiser dans le trolling téléphagique. Une voie en devenir, sans nul doute.

Ami troll, tu n'es plus seul, il te suffit de prendre en note les instructions suivantes.

Ainsi donc, tu as besoin de recettes que tu n'aurais plus qu'à suivre à la lettre.
Aussi ce petit guide a été conçu tout spécialement pour toi, après des années et des années d'observation (ça fait seulement huit ans que je suis sur internet, mais il y a eu quelques années de chômage dedans donc j'étais quand même pas mal connectée... mais non les chômeurs c'est pas juste des flemmards qui veulent être payés pour rester chez eux, d'ailleurs je ne touchais pas un rond puisque je n'avais pas l'âge de toucher le RMI et... aha, tu m'as bien eue, ce que tu es doué). Fréquenter les forums, les blogs, et tous les autres endroits où tes semblables (des ancêtres, peut-être ?) ont officié bien avant que tu ne découvres comment on édite un commentaire après que quelqu'un y ait répondu, m'a permis de l'élaborer pour ton plus grand confort. Étape par étape, tout est fléché.

Ami troll, tu n'es plus seul, il te suffit d'écouter attentivement (juste cette fois).

Niveau 1 - "Vous parlez de quoi ?"

TrollGuide_1

La règle la plus simple à suivre est de débarquer dans une conversation et de n'en connaitre ni les tenants ni les aboutissants. Le seul impératif (et j'admets que c'est hautement fastidieux, mais enfin, tu veux progresser ou pas ?) est de lire le titre du sujet, de l'article, du post, etc... mais vraiment pas plus. Une fois le titre lu, une fois, pas deux, ce n'est pas la peine de le mémoriser, localise l'espace de rédaction de réponse, et commence à écrire tout ce qui te vient à l'esprit en réaction au titre du sujet, de l'article, du post, etc... Si tu n'as pas vu la série dont il est question, ne t'arrête pas à ce point de détail et fonce ! Vas-y, c'est sujet libre, carte blanche, la route est dégagée, lâche-toi. Exemples : hurle au spoiler si tu as appris quelque chose sur la série mentionnée (le nom de son acteur principal, l'heure de sa diffusion, son titre original), plains-toi de la qualité de la saison qui est moins bonne que l'an dernier, suggère que l'acteur mentionné soit gay/hétéro/mangeur de crottes de nez (selon ce qui te semblera le plus apte à déranger), demande si quelqu'un sait où on peut télécharger les épisodes, insiste sur le fait que la diffusion de la série a été gâchée, tu vois, tu as l'embarras du choix. Et si tu manques d'inspiration, tu peux toujours relever une faute de frappe dans le texte, que tu qualifieras de faute d'orthographe honteuse (ce qui ne manque pas d'ironie venant de toi). A la suite de quoi, signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Ce n'était pas si difficile... bravo, tu viens de réaliser ton premier troll ! Mais attention, pour le moment ce n'est que du travail d'amateur.

Niveau 2 - "N'importe quoi !"

TrollGuide_2

Le net est ainsi fait : on y trouve des téléphages plus doctes que soi, et qui savent de quoi ils parlent. Ta mission sur Terre étant de les empêcher de communiquer entre eux (nan parce que ça se croit tout permis, à se répondre, à argumenter, à présenter des sources...), tu dois donc ébranler leur confiance en eux. Après tout, si toi, tu ne sais pas de quoi il est question (voir niveau 1), il n'y a aucune raison pour que d'autres le sachent. Prends donc pour cible l'une des personnes s'étant déjà exprimée, de préférence se faisant remarquer par son texte correctement orthographié, divisé en paragraphes articulés et dénué de smileys (horreur !). Plus c'est long, mieux c'est ! Mais pas de panique, tu n'auras pas à lire tout ça. Et là encore, inutile d'avoir vu la série, évidemment. En fait il suffit de prendre une phrase au hasard dans ce texte, et d'y répondre par l'argumentation la plus simpliste possible, genre "tu parles sans savoir" / "tu la ramènes alors que t'as même pas vu le webisode unaired inédit" (imparable) / "t'as lu ça sur Wikipédia ou quoi ?" (très important le ou quoi). Puis signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Pas mal, mais tu n'as encore atteint qu'un niveau intermédiaire.

Niveau 3 - "Si t'aimes pas, critique pas !"

TrollGuide_3

Tu viens, en atteignant le niveau 2, d'insérer une phalange dans l'un des plus beaux mécanismes du web : l'échange. Polluer un espace virtuel et partir sans te retourner ne te donnera plus jamais les mêmes satisfactions après ça. Mais cela demande aussi une plus grande vigilance, car dorénavant il va falloir lire et analyser ces lectures. Ne t'effraie pas, ami troll. Par analyse, je veux juste dire que tu devras tirer des conclusions sur la façon la plus efficace possible de diminuer l'intérêt de la conversation ; mais pas de soucis, tu n'as pas à réfléchir sur le fond de ce qui se dit. Dorénavant, ta cible est plus précise : en plus de tous les critères du niveau 2, elle devra aussi te sembler négative quant à la série abordée. Ainsi, à celui qui explique sur 15 000 caractères pourquoi il n'a pas aimé le dernier épisode de Grey's Anatomy (que tu as arrêté de regarder pendant la saison 3 mais pour laquelle tu gardes une grande tendresse, notamment pour le Dr Papouilles), il faudra répondre par la phrase-clé suivante : "si tu n'aimes pas, c'est pas une raison pour critiquer !". Si tu te sens en verve, tu peux ajouter, au choix : "respecte les goûts des autres", "on te force pas à regarder", "t'as qu'à faire mieux", ou toute autre variation que ton orthographe permettra. A la suite de quoi, signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Tu commences à tenir quelque chose, là.

Niveau 4 - "Tu me fais dire ce que j'ai pas dit !"

TrollGuide_4

Avec cette technique, c'est fatal, il va te falloir revenir sur les lieux du crime après l'une de tes interventions précédentes. Cet exercice nécessite une certaine gymnastique intellectuelle qui consiste à mémoriser les endroits où tu as trollé (à cet égard, sache que tous les navigateurs permettent de... euh, je veux dire : ajoute la page à tes favoris Internet Explorer), mais pas d'inquiétude, à force de pratique, on prend le coup de main. Suite à ta contribution (si tu t'es bien débrouillé), tu devrais trouver une à plusieurs réactions. Plus elles sont véhémentes, et plus tu peux considérer avoir obtenu la reconnaissance de tes pairs quant à tes talents de troll ; mais pas de victoire prématurée, il reste encore fort à faire. Ta cible (toujours la même) ne te reconnait pas le droit de critiquer son texte. Pire, elle te soupçonne de nourrir à son encontre de bien peu louable intentions. Pour la punir, il faut donc montrer aux autres contributeurs que cette réaction est de mauvaise foi. Comme si l'autre personne savait mieux que toi ce que tu penses d'une série que tu n'as pas vue (mais dont on t'a dit qu'elle était un mélange de Desperate Housewives et des Experts, avec un peu de Bones de temps à autres... donc c'est tout comme si tu savais de quoi il est question). Chaque fois que tes propos sont cités, mentionnés ou même furtivement évoqués, étrangle-toi d'effroi et fais savoir que ton interlocuteur cherche à diminuer et/ou déformer ton propos. Toi ! Toi qui a fait l'effort de venir deux fois ! C'est intolérable. Signe de plusieurs smileys rageurs, valide sans relire et fiche le camps. Tu es presque un pro maintenant...

Niveau 5 - "Si c'est comme ça...!"

TrollGuide_5

Troisième lecture de la même page. Les différents contributeurs deviennent familiers : il y a celui avec l'avatar qui bouge, celui qui parle toujours pendant des plombes, celui dont le pseudo finit par un chiffre... et tu te sens maintenant en confiance pour exprimer tout ton talent. Et, avantage non-négligeable, eux aussi commencent à te connaître. Jusqu'au niveau 3, tu étais un inconnu de passage, désormais tu es chez toi. Le simple fait de faire l'effort de revenir ouvre droit à un minimum de respect de la part des autres contributeurs. C'est donc le moment idéal pour commencer à pratiquer le chantage émotionnel. Tu peux ainsi menacer de ne plus jamais revenir, ou, pire, d'en appeler à une instance supérieure (modérateur, administrateur, hébergeur...). Mais mieux encore, tu peux aussi remettre en question l'existence-même du site, forum, blog... Car le simple fait de vous contredire prouve qu'aucun dialogue n'est possible. Or, c'est bien le principe de ce site/forum/blog. Donc ledit site/forum/blog n'a qu'à fermer puisqu'on ne peut même pas s'y exprimer comme on veut ! Car il existe une chose, ami troll, un idéal de vie virtuelle, une valeur sacrée : la liberté d'expression ; et quiconque commencera à tenter d'esquisser le début d'une moitié de contradiction t'empêchera d'en faire pleinement usage. Mais maintenant que tu as découvert toute l'étendue de ce pouvoir, il n'y a plus de retour en arrière possible ! Non, on ne t'ôtera pas le droit de troller !!!

...Car oui, à la troisième, quatrième, cinquième intervention sur un même sujet, le mot a été lâché : troll. Enfin ! C'est la consécration ! Et maintenant qu'enfin, on t'a ainsi couronné (et privé de nourriture), il est hors de question de s'arrêter.

Va, ami troll, va et lance-toi dans l'aventure, dépasse tes limites, teste de nouvelles méthodes ! Le monde virtuel t'appartient, et la communauté téléphagique est si vaste !
Et, un jour, peut-être, à force de parler de séries avec des inconnus dont tu saboteras systématiquement les échanges, tu envisageras... d'en regarder une toi-même ?
Non, pas de panique. Seulement celles qui ne t'obligeront pas à réfléchir.

On n'est pas des bêtes, non plus.

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