All about Reed
C'est difficile de s'attacher à une série au fil des semaines, pour finalement n'en dire que du mal. Ca ressemble un peu à une trahison. On aimerait pouvoir être positif... après tout, on vient de regarder toute une saison, à rire et parfois pleurer avec les personnages, à guetter chaque semaine les épisodes et à se montrer fidèle, et régulier (une qualité téléphagique par laquelle, qui plus est, je ne brille pas). Alors au final, pourquoi avoir été là, devant ces épisodes, plutôt que devant d'autres ? Il devait bien y avoir une raison mais là tout de suite, elle ne nous apparait pas. On ne peut même pas dire qu'il s'agisse d'une raison honteuse, mais simplement on ne voit pas trop comment défendre l'indéfendable.
Je me retrouve dans cette épineuse et un peu triste situation avec Fairly Legal. Pendant 10 semaines, j'ai été présente aux côtés de Kate, mais à l'heure du bilan, je n'ai pas envie de mentir : il n'y a pas grand'chose dans la série qui ait justifié cela.
A part, précisément, mon attachement.
Si la personnalité pétillante de Kate a instantanément ravi mon coeur, c'est progressivement devenu la seule raison pour laquelle je revenais.
Concrètement, Fairly Legal a tout faux. Le soi-disant fil conducteur de la saison n'est qu'un coup d'épée dans l'eau, une esbrouffe qui se révèle stérile aussi bien dramatiquement que sur le plan de l'évolution de l'histoire ni de l'évolution du personnage de Kate. La relation conflictuelle avec la belle-mère n'évolue pas ; pire, Lauren est un personnage qui s'appauvrit après avoir dans un premier temps montré des signes prometteurs sur ses différentes dimensions. La relation à l'ex-mari Justin piétine et effectue de constants aller-retours, perdant toute crédibilité au passage et ne surprenant ni n'émouvant plus au bout d'un coup de grisou par épisode. Même la mini-histoire amoureuse de Leo n'aboutit pas.
Tout ce qui pourrait apporter à la série richesse et profondeur se montre incapable de tenir sur la longueur. Un comble pour des éléments feuilletonnants !
Le problème n'est pas le ton ultra-léger de la série, il n'est pas nécessaire d'être sombre pour obtenir de bonnes intrigues. Mais il faut du courage, et de la constance, deux qualités qui font cruellement défaut à Fairly Legal, et qu'illustre bien le final de la saison, où les deux dernières scènes sont en décalage total l'une avec l'autre.
Pas de questionnement sur la Justice, les limites de la médiation, ou les implications de certains cas abordés ? Je peux en faire mon deuil. Mais la résistance de la série au test du temps, lorsqu'on accepte de se distancier du plaisir immédiat de la présence de Kate à l'écran, cela j'ai du mal à le pardonner.
On a pu entendre que c'était typique des séries d'USA ; il me semble pourtant que Royal Pains, par exemple, se débrouille bien mieux dans ce domaine. Et que la futilité du propos, surtout, ne devrait pas signifier que l'écriture ne soit pas solide.
Ce qui m'ennuie, ce n'est pas de regarder une série légère, c'est d'avoir l'impression que son élaboration est prise à la légère.
Et pourtant j'ai adoré ces 10 épisodes passés avec Kate Reed. Et j'ai pleuré à chaudes larmes lorsqu'elle s'est pris un revers. Tout au long de l'épisode, j'ai senti monter son épuisement. Mais que, pour un bon mot final, une image de fin rigolote et encore, la série se refuse à assumer les directions prises, me semble impardonnable ! La sympathie et l'empathie ne suffisent pas, non plus que le culte de la personnalité de l'héroïne, pour satisfaire nos besoins téléphagiques primordiaux...
"I'll be back !"
Très franchement, Kate, je ne sais pas encore si j'en ferai autant.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Fairly Legal de SeriesLive.