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ladytelephagy
29 septembre 2010

Binaire

Binaire

Je ne sais plus dans quel bouquin que je lisais le mois dernier la chose a été rappelée à mon bon souvenir. L'auteur y rappelait comment NYPD Blue, après une difficile première saison remplie de problèmes et de controverses, avait fini par devenir l'un des fers de lance de la chaîne ABC, essentiellement au nom des bonnes critiques (et il est mentionné à demi-mot que l'équipe créative poussait pas mal aussi). En lisant ces quelques mots, je m'étais dit : "ça ne se produirait plus maintenant".

Eh bien la preuve avec Lone Star. Je n'ai pas été tendre avec son pilote, mais elle avait clairement du potentiel, elle avait juste un grand besoin de maturité. Mais globalement, ceux qui ont pensé à regarder la série la semaine dernière avaient quand même envie de la soutenir, parce qu'elle apportait quelque chose de nouveau et de différent dans la grille de rentrée, quelque chose qu'on n'y voit pas très souvent, a fortiori sur un network (que ça vous défrise ou non, c'est vrai).
Hier, comme vous le savez tous, la série a officiellement été annulée. Voyez : ça ne se produit plus, maintenant. Les bonnes critiques ne suffisent plus à soutenir une série. On est dans l'après-grève et on continue de compter des victimes dues aux cordons de la bourse qui se sont resserrés jusqu'à l'étranglement (parfois je soupçonne que ce soit aussi une excuse facile pour les chaînes : "la série coûte trop cher, elle n'est pas rentable, on peut pas continuer", ouais enfin, c'est pas la première crise économique que vous connaissez, et ça vous a pas toujours arrêtés...).

On est dans un univers de programmation binaire maintenant. Ça marche ou ça marche pas, il n'y a pas d'entre deux. Moi, je suis cruelle avec les pilotes quand d'après leur visionnage je détermine si je vais continuer de regarder la série ou pas ? Eh bien c'est rien comparé à des chaînes comme ABC ou FOX qui vont jusqu'à les annuler ! C'est tout ou rien, on veut que ça fonctionne. Sauf quand il y a des gens puissants dans les coulisses pour pousser à mort comme pour 30 Rock, hein Lorne, qui voudrait te contrarier mon bon vieux Lorne ?

La critique ? Mais on s'en fiche de la critique ! C'est pas elle qui achète les produits qu'on laisse vendre pendant les pauses pub, que je sache ! Si la critique est mauvaise mais que les gens sont suffisamment cons pour regarder, on continue, c'est pas grave ! A l'inverse, dés que le public déserte, pas de quartiers. Et du coup on se retrouve avec des séries parfois excellentes, parfois potentiellement bonnes, qui finissent sur la chaussée en moins de deux épisodes.
Alors on va blâmer le public, qui ne s'est pas branché devant. C'est vrai ça, c'est étonnant, pourquoi le public de 2010, quand on lui présente un "Dallas moderne", il ne se rue pas sur la série ? C'est bizarre, c'est comme si on leur avait mal vendu la série mais, non, attendez, ça peut pas être ça. Non, ça se trouve, c'est juste que le public est abruti. Rhalala, on avait acheté une bonne série pourtant, mais les gens veulent pas la regarder, vraiment ça nous tord le cœur mais, quoi, on va pas diffuser de la qualité à perte non plus ?

A force de déshabituer leur public à la qualité, les audiences se vautrent. Bah oui, normal. Quand on trépane quelqu'un, on lui demande pas de résoudre une équation derrière... Sauf qu'après, ce sont les mêmes chaînes qui vont se plaindre que toutes les récompenses de séries dramatiques vont au câble. Comme quoi il est pas complètement abruti, le téléspectateur, hein, il a juste bien compris qu'il n'y avait rien à attendre de vous.
Si personne n'a regardé Lone Star, peut-on avancer l'hypothèse que c'est parce que personne ne pense que la FOX peut sortir une série dramatique originale, autre que les éternels formula shows ? Et que même quand une série est bonne, elle finit par être annulée alors pourquoi se donner la peine, sérieusement ? On n'en attendait pas grand'chose parce que FOX a eu la présence d'esprit de qualifier la série de pseudo-Dallas quand il aurait été tellement plus judicieux de la vendre en faisant des parallèles avec Big Love.

L'ironie finale, c'est que le héros de Lone Star se tapait deux femmes... et qu'il aura fini sur la longue liste des "screwed by FOX".

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (allez, pour la route) : la fiche Lone Star de SeriesLive.

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16 septembre 2010

Top 10 des conneries que tu aurais pu garder pour toi

Comme ce soir je suis un tout petit peu de mauvais poil, plutôt que de m'escrimer (pour le quatrième jour consécutif) à vous parler de Terriers, qui me met dans la curieuse position où d'avoir envie de dire du bien mais sans savoir quoi, je vous propose un florilège des 10 phrases qu'on m'a sorties sur la télévision et/ou la téléphagie, et qui me hérissent toujours le poil comme si c'était la première fois que je les entendais.
Naturellement, ceci n'a aucun rapport avec le fait que j'aie eu ma mère récemment au téléphone.

HulkPasContent

10 - Mais tu l'as pas regardé la semaine dernière ?

9 - C'est toujours la même chose, hein, t'as vu un épisode, tu les as tous vus.

8 - Tu regardes toujours tes trucs ?

7 - Qu'est-ce que ça va t'apporter dans la vie ?!

6 - J'ai vu la même chose en film, au moins on connaissait la fin.

5 - Oh moi tu sais, depuis que j'ai vu Dallas, j'ai fait le tour de ces histoires de séries.

4 - C'est tellement violent/vulgaire/débile, les séries américaines, je sais pas comment tu fais pour regarder ça.

3 - Tu regardes des séries japonaises ? Ah ouais, genre quoi... Dragonball ?

2 - Ce serait moins abrutissant de lire un bouquin.

1 - Quand on voit les conneries qui passent à la télé, je me demande comment tu n'es pas devenue totalement crétine depuis le temps.

Ah évidemment : dans l'idéal, il faudrait le ton. Le ton sur lequel ces phrases sont dites y est pour beaucoup dans la répulsion qu'inspirent ces phrases au du téléphage (sans quoi une ou deux méritent une réponse, d'ailleurs), mais croyez-moi, personne ici n'a d'intérêt à ce que je me lance dans un post On Air aujourd'hui. Non, imaginez vous-mêmes, ce sera mieux...

Alors bien-sûr, il y en a d'autres, mais celles-ci sont mes "préférées". Celles qui me donnent des pulsions de violence, vous voyez ? Si. Je suis sûre que vous voyez. Alors n'hésitez pas à compléter avec votre propre classement des phrases assassines qui vous mettent à l'envers, dans les commentaires ; ça nous fera du bien à tous, j'en suis sûre.

2 septembre 2010

C'qu'il faut pas faire, quand même...

Eh bah voilà, ça devait arriver : à force de cagouler à tours de bras, on a fait peur aux éditeurs et aux diffuseurs. Maintenant, ils sont tellement inquiets à l'idée de ne pas réussir à fourguer une came qu'on se serait déjà procurée ailleurs, qu'ils en arrivent à des extrémités telles que... le mensonge ? Naaaan, appelons ça plutôt l'énergie du désespoir.

Pièce à conviction : la pub de Koba Films pour le DVD de Flashpoint. Série d'action n°1 aux États-Unis ? Mouais. D'une part je conteste le chiffre, d'autre part je rappelle que Flashpoint est une série canadienne (avec 15 nominations aux Gemini Awards de cette année, soit dit en passant pour culture perso).
Mais bon, il y aura long à dire sur le Canada quand viendra le jour de son article sur SeriesLive (car il viendra, soyez-en sûrs).

Toujours est-il que proclamer une série n°1, c'est toujours un peu le gag qui fait pas rire.
Je fais toujours la comparaison avec les chanteurs américains ou français dont on proclame (ça se produit peut-être moins qu'avant, ou bien j'ai juste rompu toute relation diplomatique avec la musique occidentale, voire les deux) qu'ils sont n°1 au Japon. Si vous voulez, on peut aller comparer le Top Oricon de vente de singles (ou albums, for that matter) avec les chiffre avancés. Je m'étais amusée à le faire une fois ou deux, d'ailleurs, et admirablement, le "n°1 au Japon" était en fait "l'artiste occidental n°1 au Japon, mais bon 30e quand même dans le top général" ; dans un classement où désormais les ventes en dizaines de milliers sont la règle, crise de la vente de support physique oblige, convenez que ça ne signifie plus grand'chose.
C'est bon, c'est bon, j'arrête de parler de Jmusic, ne vous inquiétez pas. Ça me manque juste un peu, voilà tout.

Sur la même lancée, essayons de réfléchir aux audiences des séries d'action, et voyons si Flashpoint (série canadienne mais également diffusée aux USA sur CBS) fait mieux ou pire que, par exemple, au pif, NCIS: LA. Là encore, patatras.

Ils pensent donc qu'on n'a pas les ressources pour vérifier leurs dires, tous ces gens-là qui nous pondent des slogans choc ? Sérieusement, je serais curieuse de savoir si cette accroche change vraiment quelque chose dans le comportement des acheteurs. Le DVD de Flashpoint se vendrait-il moins avec un "la meilleure série canadienne du moment" ? (quoi, vous arrivez à m'en citer une autre de mémoire, là, de suite, sans consulter le lien sur les Geminis ?) Au moins ce serait subjectif, donc éloigné de tout mensonge. Euh, pardon : de tout acte désespéré.

Pub_Flashpoint

Tant que j'en suis à parler de publicité pour une série, je voudrais revenir sur la pub de Canal+ pour The Pacific...

"Vous n'en reviendrez pas. Eux non plus". Je suis la seule à trouver qu'il y a surenchère ?
La raison principale de ma réprobation, c'est que franchement, vendre une série de guerre en appuyant sur le fait que tous les personnages vont crever, c'est quand même une vision de la série de guerre qui fait frissonner. Ho, hé, Canal+, on ne va pas voir une version filmée d'un shoot'em up là ! Mais qu'est-ce que c'est que cette mentalité ? C'est la guerre, ya des armes et des bombes et des ennemis, alors on est là pour tenir le score, c'est ça ? Mais enfin, c'est vraiment comme ça que vous voulez vendre une série de guerre ? Vous l'avez regardée ?! Je l'ai regardée (bon, seulement trois épisodes, certes, m'enfin je pense que ça donnait une petite idée du propos quand même), et franchement je n'en étais pas à faire des soustractions parmi les personnages ! C'était bien plus que ça, et ce serait quand même plus honnête (et plus digne de ce que vous essayez de faire passer pour votre ligne éditoriale en matière de séries) de dire qu'on va y voir un peu plus que du sang qui gicle et des mecs qui clamsent dans la boue.
Pourquoi appâter les gens par le mensonge, encore une fois ? Rha, oui, c'est vrai, pardon, appâter les gens par le désespoir, j'oubliais.
J'ajoute une deuxième raison à mon haut le cœur devant cette affiche, c'est que ce slogan-là, ça passe parce que c'est des soldats américains. Collez ce slogan sur, je sais pas, moi, la promo d'un DVD pour Holocaust, mettons, et on va bien voir les réactions. Que je sache, on parle d'êtres humains dans les deux cas...

Mais par les temps qui courent, on ferait tout et n'importe quoi pour vendre une série. Surtout n'importe quoi, visiblement.

20 août 2010

Vautours !

Cas d'école.
Je surveille, comme à peu près tous les jours quand le Dieu de la Téléphagie me le permet (mais le Démon du Travail intervient parfois...), mes sources habituelles de news. Aujourd'hui ne m'a pas demandé d'effort particulier, car pour ainsi dire tout le monde en parle. Même JMM, c'est dire.
Me voilà donc à préparer une news sur une série égyptienne qui fait débat, et dont il me semble intéressant de souligner qu'elle présente un certain intérêt dans le contexte politique du pays, outre le fait qu'il est assez rare qu'une série s'intéresse à l'histoire contemporaine. Quel que soit le pays, ça semble plus facile de s'intéresser à quelque chose qui commencerait à dater d'il y a plusieurs décennies, voire si possible plusieurs siècles, plutôt que de heurter quelques susceptibilités. Je trouvais ça intéressant et après avoir pesé le pour et le contre (parce qu'avec les réactions de certains, cette démarche de 10 minutes est devenue obligatoire et conduit dans 70% des cas à une auto-censure un peu agaçante...), je me suis dit que je ne serais pas la seule. L'un des intérêts de la téléphagie, ça reste quand même bien quand elle nous permet de réfléchir à quelque chose de plus large...

AlGamaa

Al Gama'a, c'est son nom, est donc une série qui fait polémique et si vous tentez une petite recherche sous Google avec son titre, vous ne pouvez pas la rater.
C'est là mon problème.

Car quand on recherche Al Gama'a, on ne tombe que sur divers échos (plus ou moins pompés les uns sur les autres) de cette polémique. Écoutez bien : j'ai même été infoutue de trouver exactement sur quelle chaîne la série est diffusée. C'est vrai que je fais mes recherches depuis le boulot, d'un endroit sensible, en plus, où je ne suis pas certaine que trouver "al gama'a al islamiya" dans mon historique soit bien vu, mais le fait est que je n'ai pas trouvé. J'ai mes soupçons, pour m'être intéressée à la télévision égyptienne voilà quelques semaines, mais pas de confirmation. A vrai dire, si ce n'était pour la seule photo légendée que j'ai trouvée, je ne saurais même pas vous dire qui joue dedans. Quant à savoir qui la produit, c'est simplement hors de question.
Et ça me chagrine, que voulez-vous, parce que par nature je suis du genre à aimer fignoler mes fiches, et qu'étrangement je n'ai pas ce problème pour des quantités de séries, diffusées dans des langues que je ne comprends pas plus que l'arabe.

Étrangement, quand une série égyptienne (ou libanaise, ou peu importe) fait débat, là, tout le monde se rue dessus. Mais si elle c'est une comédie, ou une romance, ou le biopic d'une star locale, ou une saga historique gentillette, là tout d'un coup ya plus personne.

Bande de vautours.
Dés qu'il y a quelque chose de négatif à faire ressortir (ici, les récriminations d'une organisation islamiste dont les procédés ne semblent pas vraiment faire l'unanimité, pour dire les choses avec diplomatie), on y va ! Ah ça, si on peut expliquer que le pauvre scénariste est seul contre tous, même si son regard est, bon, peut-être partial dans le fond, là c'est bon, là ça cause.

Et toutes les autres séries, messieurs les journalistes ? Toutes les autres, celles qui permettent de relativiser ? Imagine-t-on ne parler que de 24 pour aborder la fiction des États-Unis ? Ah mais pardon, ce sont les Américains, ils ont des laisser-passer à l'année sur nos chaînes nationales, pour eux on veut bien apporter de la nuance...

Je suis Française, je suis agnostique, et ça me choque. Je n'imagine même pas ce que je ressentirais, en tant que téléphage et en tant que rédactrice sur SeriesLive, si j'étais d'origine arabe ou de confession musulmane. J'aurais probablement tendance à le prendre encore plus mal que là. Je trouve ça d'une hypocrisie inouïe. Ça en dit long sur nos mentalités occidentales. Bon, je ne suis pas en train de dire que je vais apprendre l'arabe juste pour changer ça, parce que j'ai déjà le Japonais sur le feu, et que j'ai toujours ce rêve de consacrer du temps à l'apprentissage du Suédois, mais sachez que l'idée m'a traversée, c'est peut-être extrême mais j'ai eu une telle réaction de dépit, de dégoût et de lassitude que franchement, je me suis dit qu'il fallait y faire quelque chose.

Parce qu'en tant que téléphage à peu près curieuse, ça va, je pense que j'arrive à faire la part des choses. Quand je passe des heures pour trouver des infos sur UNE série égyptienne, syrienne, algérienne... quelque part, je me mets hors de danger. Hors du danger de penser de façon systématique que toutes les séries égyptiennes ont forcément ce goût de polémique, voire de provocation. Mais les autres ? Les téléphages peu curieux ? Les télambdas ? Pire, les gens qui n'en ont rien à faire et qui tombe sur cette info parce qu'elle est relayée par le Figaro ou le Nouvel Obs ? Quelle peut être leur vision de l'Égypte ? Quelle est l'information résiduelle qu'ils en ont ? Forcément déformée, plus encore que pour moi qui tente de m'intéresser à une partie minuscule de ce qui se dit en Égypte, via la télévision.
Ça me révolte, je ne vous le cache pas.

Bon, j'avais déjà effleuré ce sujet, mais je ressentais le besoin de revenir sur ce petit scandale, quand même. Comme je le disais, parler de notre rapport aux séries arabes ne me semble pas tout-à-fait anodin...

5 août 2010

Oh, moi, tu sais, les chiffres...

Mais oui, alors justement ! Finissons-en avec la dictature du chiffre d'audience !

Bon, je vous l'ai déjà dit : je comprends rarement l'intérêt des audiences. Si une série fait une audience pourrie, ça ne va pas me la faire plus ou moins détester qu'avant. Et si ses audiences sont épatantes, je ne vais pas lui accorder tellement plus d'attention, rapport au fait que j'aurai 95% de chances d'avoir déjà testé le pilote de toute façon (ce serait intéressant de faire des stats sur le nombre de pilotes que je regarde chaque saison, tiens).

Mais bon, à tout prendre, si vraiment il faut parler d'audiences, pourquoi ne pas en parler d'une façon qui soit... parlante ?

Quand on me dit que telle série a été vue par 4 millions de personnes, ça ne me parle pas. Derrière ces 4 millions, il y a plein de questions : dans quel pays ? Sur quelle chaîne ? Selon ces deux facteurs, ces 4 millions peuvent aussi bien être une record incroyable qu'un épouvantable bide. Je suis censée connaître par cœur le nombre d'habitants aux États-Unis ? Ah, bon. Genre, vous, sans tricher, vous le savez...

Ces 4 millions, dans l'absolu, ça fait forcément beaucoup de monde... sauf quand après je m'aperçois que c'est un network dans un pays qui compte 309 millions d'habitants. Là tout de suite, c'est miteux. Et si c'est 4 millions sur une chaîne payante du câble, ça va quand même un peu mieux.

Regardez les audiences des fictions asiatiques : elles s'expriment en pourcentages. Et ça, ça me plaît, les pourcentages. Quand on me dit que 30% des spectateurs ont regardé tel épisode, que ce soit 30% de 309 millions ou 30% de 12 millions, c'est pareil, c'est 30%, c'est du solide, je sais si la population est intéressée ou pas. Ça ne résout peut-être pas la question de la chaîne, mais au moins, je vois quelle est l'exposition de la série, et le succès qui en découle. 30%, c'est un peu moins d'un tiers de la population, quel que soit le bout par lequel on le prend.
Du moins, c'est ce que me souffle mon cerveau peu enclin à faire des mathématiques.

Kroniken

J'y repensais en fait en lisant des infos sur la série danoise Krøniken (d'où la mignonne illustration champêtre ci-dessus). L'une des reviews sur IMDb en dit que 2,2 millions de danois ont regardé le pilote lors de sa diffusion en 2004. Instinctivement, je commence à me dire que ça fait beaucoup de bruit pour rien, cette affaire. Et puis, quelques mots plus tard, j'apprends que 2,2 millions de spectateurs... ça fait 40% de la population. Et là tout de suite, ça prend une autre tournure.

Concrètement, plus je fais de kilométrage téléphagique, plus le traitement des audiences devient un exercice périlleux. Je ne peux plus faire comme quand je ne regardais quasiment que des séries américaines et que je tombais sur des résultats d'audience (qui m'intéressaient déjà assez peu à l'époque) chiffrés en millions. L'absolu du million n'existe plus, chaque fois que je change de pays, 1 million vaut plus ou moins, c'est une monnaie qui se dévalue d'un pays à l'autre suivant la population. Le pourcentage s'impose comme la seule valeur dont le cours ne peut chuter.

Ça sert à rien, et je ne changerai pas le monde, et certainement pas l'internet téléphagique, mais sachez que je milite pour les audiences en pourcentages.

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2 août 2010

Yen aura pour tout le monde

Eh bah voilà. Je vais encore passer pour une snob. Boh, allez : un peu plus, un peu moins...
Mais voilà : j'ai beau trouver qu'internet soit une chose merveilleuse quand on est téléphage, j'ai en revanche tendance à considérer qu'internet est mauvais pour ceux qui ne le sont pas.

Et en fait, c'est ça la conclusion que je tire du post d'Eclair, que je n'avais pas forcément bien interprété la première fois que je l'ai lu. Il faudrait en fait dissocier ce qu'internet apporte de façon individuelle, et ce qu'internet apporte aux "masses" (terme à ne pas prendre de façon aussi péjorative que la moyenne).

Avec internet, tout le monde se sent autorisé à avoir un avis.
Et à la base j'aurais envie de dire que c'est merveilleux. Quand je croise des téléphages passionnés mais discrets, j'ai tendance à les encourager à prendre la parole, à discuter, débattre, et si possible ouvrir leur propre blog, car l'accès à la multiplicité des points de vue est un des gros avantages d'internet. C'est encore plus vrai pour les filles qui semblent toujours plus sur leur réserve, dans ce milieu, mais c'est déjà un autre débat.
Néanmoins, le problème, c'est qu'internet a ouvert la téléphagie aux quatre vents, et que dans le courant d'air s'est engouffrée une masse de gens qui à la base, n'ont rien de téléphages, ils se contentent de voir ce qui passe à la télé quand ça passe, et ne cherchent pas à aller plus loin. Sur internet, ils parlent de ce qu'ils ont vu, souvent avec l'enthousiasme de celui qui est passionné essentiellement par manque de points de comparaison, leur avis manque cruellement de nuance et la seule information qu'ils cherchent, c'est celle qui porte sur ce qu'ils connaissent : les dates de diffusion, la vie des acteurs qu'ils voient sur leur écran...

Ceux-là, c'est ceux que j'appelle sur ce blog des télambdas.
Ils sont légion. Le phénomène des séries télé leur a donné accès à une offre immense mais dans laquelle il ne font pas de tri, ils laissent d'autres le faire pour eux. Pour eux, ce n'est jamais qu'une question d'offre et pas vraiment de demande, ils prennent ce qui vient, quitte à regarder une rediff des Experts Brisbane pour la 50e fois ou un épisode de The Mentalist dans le désordre. Du moment qu'on peut voir. Du moment qu'on peut participer. Du moment qu'on peut avoir l'impression d'en être.
Leur nombre augmente à une vitesse vertigineuse, à mesure que l'offre se multiplie. Ils consomment, uniquement. Les plus courageux, mais on est déjà dans les strates les plus prometteuses, ouvrent un skyblog. Parfois, d'un ou deux, on parvient à faire un téléphage un peu plus réfléchi et posé, quelqu'un avec un sens critique et l'envie d'aller plus loin. A ceux-là on peut montrer une série qui n'est pas encore arrivée en France, un truc de Showtime ou AMC qui fait peu parler de lui ici, une série britannique éventuellement, si le germe Doctor Who a préparé le terrain, merci à France 4.

Mais dans leur immense majorité, les télambdas sont un peu comme une mule refusant d'avancer, mais pas décidée non plus à reculer : ils veulent regarder la télé mais surtout, qu'on ne les dérange pas dans le confort de leur vague appréciation distante du sujet.

MuleduPape

Ce sont hélas des télambdas qui s'expriment sur les forums et les commentaires d'un certain nombre de sites et blogs. On ne peut pas les en empêcher : c'est internet, et tout le monde a droit à la parole sur internet. C'est le principe, et la démocratie d'internet n'apprécie pas qu'on pose des limites.

Mais parfois, juste parfois, j'aimerais que sur lesdits sites et blogs, ces télambdas se posent une question vitale avant d'intervenir : "quelle est ma légitimité à intervenir ?".

Le télambda se croit souvent être autorisé à nous gratifier de ses commentaires et ses réflexions. Il n'a pourtant qu'une connaissance très limitée de ce milieu, mais eh, les séries sont un phénomène populaire et tout le monde a le droit de parler sur internet, alors pourquoi pas lui ?
Il y a ceux qui s'intéressent, se renseignent, se posent des questions et ont la bonne idée d'en poser à voix haute. Ceux qui tâtonnent, qui n'ont pas encore tout compris de certains points du système de diffusion ou de la réalité d'un tournage, mais qui participent avec ce qu'ils savent et s'améliorent progressivement.
Et puis, parmi les télambdas, il y a un énorme creuset de trolls potentiels, des mecs qui ne comprennent rien à rien mais c'est pas ça qui va les arrêter.

Je ne crois pas un seul instant qu'il faille museler ces intervenants là. Mais je pense que s'ils ne font pas l'effort de se renseigner un peu avant d'ouvrir une fenêtre de commentaire, et qu'ils finissent par prouver leur complète ignorance avec fierté, voire même une arrogance revendicative, on devrait aussi, en tant que personnes censées fréquentant une communauté informée, avoir le droit (le devoir ?) de leur faire fermer leur clapet et les réduire au silence jusqu'à ce qu'ils acquièrent, à défaut d'une maîtrise suffisante de leur sujet, au moins le talent de savoir quand ils sont à leur place, et quand ils n'y sont pas.

Oui, internet, c'est vrai, est particulièrement nuisible lorsqu'on fréquente ce genre de malotrus qui ne connaissent rien à rien mais qui en sont ravis. Internet a créé le télambda. Et le pire, c'est que certains sont complètement fermés à la moindre ouverture d'esprit. La liberté d'expression, j'en viens à penser qu'il ne faut s'en servir que si on jouit d'un certain nombre de capacités intellectuelles...

Mais pour tous les autres : bienvenue. Si vous y mettez du vôtre, vous allez vraiment vous éclater. Et si vous avez envie d'en savoir plus sur quelque chose, que vous voulez découvrir l'inconnu ou poser des questions, sérieusement, du fond du cœur, je suis à votre disposition.

27 juillet 2010

L'argument d'autorité

Bon, comme vous le savez, depuis une saison ou deux, je garde mes distances avec les projets de série. C'est ma façon de ne pas gâcher mon plaisir de pilotovore. Mais force est de constater que les projets HBO se suivent, et qu'ils présentent tous une caractéristique commune.
Leur casting.

Maintenant, soyons clairs : un bon casting ça fait toujours plaisir. Il suffit de me voir m'arracher les cheveux par poignées lorsqu'on annonce que certains acteurs médiocres parviennent à signer de nouveaux projets, quand tant d'autres vachement plus intéressants restent sur le bas côté (je sais, il n'y a pas que la télé dans la vie, il y a le ciné et le théâtre aussi ; mais zut, vous êtes des téléphages ou bien ?).

Mais il y a une tendance un peu inquiétante dans les castings de HBO ces derniers temps, qui consiste à booker du lourd, du très lourd.

Holy Box Office, Batman !

Pourquoi ça m'inquiète ? Déjà parce que j'ai toujours dans un coin de ma tête le fameux théorème de "pas encore ?!", et qu'un rôle principal occupé par un acteur ultra-connu, ça me fait froid dans le dos. En second rôle, en support, quelque part en guest vaguement régulier, ça va. Premier rôle, surtout pas.

Et puis surtout, c'est la démarche elle-même qui me fait froid dans le dos. Dustin Hoffman et Nick Nolte dans Luck, Susan Sarandon dans The Miraculous Year, Kevin Spacey dans The Crux... côté réalisateurs, Scorsese pour Boardwalk Empire, Kathryn Bigelow pour The Miraculous Year également, ou Alan Ball pour All Signs of Death, bien que ce dernier appartienne plutôt à une autre tendance (genre "rapatrions tous les talents qui ont fait notre gloire"). Accessoirement, je vais répéter ce que j'ai dit dans les news de SeriesLive et sur Twitter, mais Patti LuPone dans une série sur Broadway, c'est également un gros coup, même si en France ça nous parle moyen, une diva de Broadway ; c'est comme si Liza Minelli avait été signée pour être régulière dans une série il y a 15 ans.
Tout ça c'est bien joli mais il y a quand même un petit problème : des projets comme ceux-ci, on ne peut pas ne pas les acheter. On est un peu obligés de commander. Luck n'en est d'ailleurs plus un, la série est commandée.

Et je le demande : est-ce que tout ce que ces gens ont fait était forcément brillant ? Évidemment non, pas tout. Il y a dans ce qu'ils font, comme dans toute carrière, des hauts et des bas, les hauts étant simplement souvent très hauts, ce qui permet de faire oublier les bas. Il est à mon sens possible de se planter même quand on est un "grand", surtout quand on vient du cinéma et de son rythme tellement différent. Je ne dis pas que tout ce beau monde va se planter, ni qu'il faut être nécessairement un inconnu pour faire une fiction de qualité (quoiqu'il n'y ait à mon avis pas la même énergie pour un mec qui mise tout sur son premier projet que pour un autre qui n'a pas besoin de ça pour vivre), mais je voudrais qu'on garde en tête que c'est une possibilité ; or, quand on annonce avoir signé des gens pareils, on est obligé d'acheter ce qu'ils font. On peut dire à, je sais pas moi, Joss Whedon que la série qu'il a pitchée ne se fera pas. Allez dire ça à Scorsese pour voir.

Du coup le danger, c'est de se retrouver avec des séries au générique dopé, mais parfois hésitant sur le long terme, ou même carrément raté. Parce que c'est bien gentil tous ces gens qui viennent du cinéma et qui semblent accréditer la thèse selon laquelle la télévision n'aurait rien à envier au 7e art, mais c'est quand même pas le même boulot. Au niveau de l'écriture, au niveau du rythme... et puis au niveau du budget. Payer tout ce monde-là et soutenir leurs exigences financières (quelqu'un me rappelle le budget de Boardwalk Empire ?), il faut le faire. Tenir la distance. Ca veut sans doute dire que la tendance du câble, consistant à préférer des saisons plus courtes, est loin d'être finie.

L'opération doit être rudement onéreuse pour HBO. Mais c'est leur pognon, ils en font ce qu'ils veulent après tout.
Cela dit, les attentes qui se créent, tant côté diffuseur que côté spectateur, quand des noms pareils sont impliqués dans un projet, font que HBO met peut-être la barre un peu trop haut. On verra, bien-sûr, mais ça semble un peu beaucoup.
Je comprends bien qu'il s'agisse de revenir dans la course à tout prix et rappeler à AMC et Showtime qui est le patron. HBO voudrait être et avoir été, et s'en donne les moyens. Ce serait à mes yeux une bonne nouvelle si d'une part, ça ne me renvoyait pas l'image d'une chaîne désespérée, et si d'autre part, ça ne m'apparaissait pas comme un immense coup de poker.

Cela étant, je suis et reste hyper motivée par certains de ces projets (dont The Miraculous Year dont je vous reparlerai dans le prochain post, notamment sur un angle peu ou pas abordé dans les médias francophones à son sujet), simplement je ne suis pas aussi extatique que d'autres lorsque je vois les noms qui défilent dans les news.
C'est une bonne nouvelle, mais ça ne suffit pas. Ça ne suffit jamais. Ça ne devrait jamais suffire.

3 juillet 2010

Tois-toi et mange

Être téléphage, c'est être consommateur. Consommer du programme télé (bien souvent importée), consommer de l'information (visiteurs réguliers de sites et blogs, abonnés aux magazines spécialisés, éplucheurs de programmes télé, fans de Morandini, vous m'avez comprise), consommer du DVD, etc... On est des consommateurs, dans notre genre, avec un certain pouvoir d'achat, et qui permettons de faire gonfler les revenus de ceux qui nous pourvoient. Mais alors, ce qu'on peut se foutre de notre gueule, c'est royal.

Si on traitait les consommateurs de, disons, au hasard, viande bovine, comme on nous traite, la vache folle serait aussi courante que la grippe. Ok je caricature. Mais à peine. Un téléphage français n'a aucune façon saine à sa disposition de consommer son produit. J'explique.

Aux États-Unis, à part dans des cas assez ponctuels de diffusion erratique (nombre insuffisant d'épisodes, audiences catastrophiques, et annulation, étant les plus gros problèmes), le téléphage local sait quand, et où, et comment, consommer sa série. Il sait qu'à partir du moment où une chaîne s'est engagée à diffuser une série, elle ira au bout dans la mesure du possible, à part bien-sûr en cas de problème évoqué plus haut. Que la série ne bougera pas de case horaire pour atterrir à une heure indue. Que cette même série ne se verra que rarement tronquée, tronçonnée, censurée au dernier moment.
Je ne dis pas que ces choses n'arrivent jamais, je dis simplement qu'elles restent dans la limite du raisonnable et sont des évènements qui ne tiennent pas de la pratique systématique. Le consommateur américain, je vous prie de le croire, lorsqu'il a un soucis, il râle auprès de la chaîne, et il arrive souvent que la chaîne s'adapte. Exemple : n'importe quelle série sauvée des eaux, à l'instar de Roswell. Et pourquoi la chaîne elle s'adapte ? Pourquoi elle essaye de satisfaire son consommateur ? Parce qu'elle est bien au courant qu'elle n'est pas seule au monde et qu'il ne tient qu'à un mouvement subreptice du pouce pour que le consommateur aille consommer ailleurs. La loi de la concurrence. Et comme la chaîne, elle a investi des sous et des moyens humains dans la production d'un show, elle est pas folle, elle surveille.

C'est pire encore en Asie où, grosso-modo, le spectateur est traité en prince. Au Japon, c'est bien simple, même si une série devait faire des audiences négatives, il est ultra-rare qu'elle soit annulée. En fait, une série connait toujours une fin au Japon. Voilà qui fait rêver ! Quant à la Corée du Sud, si elle a développé une plus grande tendance à raccourcir ou prolonger ses séries, c'est toujours en avertissant la production (qui bien souvent est une équipe de la chaîne) histoire d'adapter les épisodes en plus ou en moins. Le résultat de pareilles variations n'est pas idéal, mais en tous cas, il indique qu'il y a effort pour essayer de contenter le spectateur. Il faut dire que dans ces deux pays, quand une chaîne reçoit 200 réclamations, elle estime que toute la population est outrée au dernier degré, et la notion d'irréprochabilité est toute-puissante. Quand une chaîne fait le moindre petit faux-pas, elle se répand en excuses auprès de ses spectateurs. Avec auto-flagellation et toute la panoplie.

Prenons maintenant le cas qui nous préoccupe : le consommateur français. Au-delà de toute considération sur le respect de l'œuvre (les chaînes n'en ont cure de toutes façons), comment traite-t-on le téléspectateur français ? Comme un malpropre. C'est lui qui est à l'écoute de la chaîne et qui est sommé de s'adapter. Une chaîne achète des droits de diffusion pour une série ? Il faut parfois s'armer de plusieurs années de patience avant de la voir poindre son nez. Et quand elle arrive, c'est dans un créneau horaire incohérent, et c'est au téléspectateur de se rendre libre. Et lorsqu'une série a les honneurs du prime, elle est charcutée comme un jambon pour rester tous publics. Et même dans ce cas, il n'est pas dit que les épisodes passent dans l'ordre, pire, on assiste à des aberrations du genre "un inédit suivi d'une rediff" (spécialité made in TF1 que M6 s'est depuis approprié), dans des créneaux d'une durée double !

Certaines séries sont indifféremment diffusées de façon quotidienne, ou hebdomadaire, parfois une fois l'un une fois l'autre selon les trous qui sont à combler dans la grille. Lors des rediffusions, qui ne suivent aucun schéma prédéfini, on peut parfois ne jamais revoir certains épisodes (je pense à l'épisode de Noël animé d'Une Nounou d'Enfer, diffusé environ une fois sur dix), ou même certaines saisons ! Il n'est pas rare qu'une série soit purement et simplement déprogrammée, sans explication, parfois sans même prévenir à la fin du dernier épisode diffusé. C'est la surprise la semaine suivante. Ou le jour suivant. Parfois les deux (le final de la saison 3 de Grey's Anatomy ?). Les séries qui arrivent à maintenir une certaine régularité sont traites jusqu'à la dernière goutte, et le consommateur a alors droit à 3 épisodes en enfilade, dont il se goinfre goulûment parce qu'on ne sait jamais quand sera la prochaine fois. Les chaînes créent une confusion folle en mélangeant les inédits et les rediffs, en ne prévenant que rarement lorsqu'un épisode a déjà été diffusé tout en lui faisant occuper la case horaire d'un inédit... C'est n'importe quoi !

Mais ça, vous le savez déjà.

Alors quoi ? Alors, eh bien le consommateur français ne sait pas consommer sa série. C'est vrai, mettez-vous à la place du téléspectateur lambda, non-atteint de téléphagie j'entends, qui est confronté à cette situation. Comment peut-il décemment devenir un consommateur averti ? Il est complètement manipulé par la chaîne, subit complètement ses décisions et ses envies, en bref, il est infantilisé. Ça tiendrait presque du lavage de cerveau, pour un peu. Il regarde ce qu'on lui donne, bien content qu'on lui donne déjà quelque chose. Et tant pis si les rediffs de NCIS font plus d'audience que des inédits de Threshold (et je prends à dessein deux séries que je méprise pour qu'on ne puisse pas dire que c'est une revendication partisane, parce que je préfère l'une à l'autre !), on s'en fout ! Du moment qu'ils regardent ce qu'on leur donne !

Actuellement, chaque série se consomme différemment. Le téléspectateur français n'a pas d'habitude avec sa série, ce qui est le comble de la téléphagie. L'une sera diffusée chaque automne à raison de deux à trois épisodes (Urgences), l'autre sera diffusée chaque été à raison de deux épisodes (LOST) mais pas toujours à la même heure, certaines seront mitraillées à raison de deux saisons en quelques semaines voire même encore plus hâtées sur la fin (Grey's Anatomy), d'autres sont presque cachées à des heures ridicules alors que complètement tous publics (A la Maison Blanche) puis interrompues sans raison apparente (Six Feet Under), s'insèrent là-dedans des rediffusions qui, s'intercalant avec les inédits, créent des confusions dans la timeline (NCIS, Stargate...), certaines sont multi-rediffusées sans justification d'audience ni de popularité (Le Caméléon, The Sentinel), certaines ne le sont pour ainsi dire jamais (L'Enfer du Devoir, V...) ou alors uniquement sur une chaîne du câble ou de la TNT, certains sitcoms sont récitables par cœur comme du Prévert (Une Nounou d'Enfer), d'autres sont enterrés sans raison (Roseanne, Papa bricole), certaines séries très accessibles et bien écrites sont camouflées à des heures hallucinantes (Scrubs), certaines sont rediffusées inlassablement dans l'ignorance la plus totale (Le Justicier de l'ombre)... A chaque série sa façon d'être consommée. Et on ne sait jamais ce qui viendra après.
A chaque série ses façons d'être consommées, selon l'âge du vent et le sens du capitaine.

Mais vous le savez, ces programmes ne sont pas du tout conçus pour être diffusés de la sorte ! A la base, une série est hebdomadaire, tout frustrant que ça semble être ! Bombarder le télespectateur pendant quelques semaines, et ensuite le laisser en plan pendant les trois quarts de l'année, est une aberration ! C'est anti-commercial, mais comme en attendant, ledit téléspectateur n'a pas le recul qui lui permettrait de dire "bah je vais pas regarder autre chose juste parce qu'une autre série occupe le créneau habituel", alors c'est pas grave, ça continue. Aux States, la série est rediffusée en syndication si elle franchit la barre des 100 épisodes, en France, ça ne veut rien dire ! Young Americans s'est fait rediffuser plusieurs fois, et avec plusieurs années d'intervalle, mais pas Space 2063 qui n'a connu la rediffusion que dans les deux ans qui avaient suivi son statut d'inédit (une saison chacun pourtant). C'est aberrant ! On nous maintient éternellement en position d'attente, de soumission. Quoi que fasse la chaîne, on prend ce qui vient. Les séries se font et se défont, et les chaînes l'ont bien compris, qui désormais se contentent de faire de la pub et brandir le panneau de la réussite outre-Atlantique, pour nous faire regarder indifféremment tous les genres de programmes.

Nos cerveaux bouillonnent (le coca, peut-être ?) et reçoivent tout ce qu'on leur jette en pâture, sans avoir jamais le temps de l'analyser, de le remettre en question. La stratégie des chaînes consiste à créer le besoin, et nous sommes trop occupés à être submergés par ce besoin pour être des téléspectateurs avertis. C'est incroyable !

Que dirait-on de toute autre industrie se comportant de la sorte ? Que dirait-on d'une entreprise de yaourt qui déciderait de mettre des yaourts au citron sur le marché, puis de les retirer, mettre de la framboise dans certains magasins mais pas dans d'autres, puis remettre une palette de citron pour la retirer si ça ne se vend pas, faire subir plusieurs années de vanille pour finalement faire mettre dans le fond des rayons de la fraise ? Ne trouverait-on pas que le choix du consommateur serait bafoué ? Ne penserait-on pas que l'entreprise ne le respecte pas et le trait purement et simplement ? Mais qu'une chaîne fasse ça, et ça laisse tout le monde indifférent. Et voilà comment on fabrique des bœufs et non des téléspectateurs capables de faire monter les enchères, et inciter à se diversifier, et s'améliorer, et s'affiner. Quand une chaîne sans considération pour son consommateur fait presque la totalité des audiences record d'une année, comment faire fonctionner la loi du marché avec le rôle de la concurrence ? Que peut bien signifier la menace de ne pas regarder une chaine si elle ne se comporte pas correctement avec ses spectateurs ? Rien !

Taistoietmange

28 juin 2010

Le lundi au soleil, c'est une chose qu'on n'aura jamais, chaque fois c'est pareil...

Hulk

Depuis quand le lundi, c'est la Journée Nationale de l'Ignorance ? Depuis quand ?

21 juin 2010

Très bien, puisque vous voulez rester des ignares...

Eh bah c'est parfait. Vous avez bien raison : quand on n'est pas curieux pour un sou, surtout, il faut s'en vanter. Revendiquons le droit à ne pas élargir nos horizons ! Restons entre nous. Dieu sait que la simple lecture de quelques phrases sur un "ailleurs" risquerait de bouleverser toutes nos belles certitudes !

Parce que, quand quelque chose ne m'intéresse pas et/ou m'est inconnu, je considère comme normal que personne n'en parle, et dans le cas contraire vous pouvez être sûrs que je ferai connaître mon mécontentement. Comme ça je peux rester dans ma chère ignorance sans être dérangée...

Je suis en mode Capitaine Haddock aujourd'hui. J'ai pas envie de faire un post pour me plaindre des gens qui ne connaissent que deux ou trois séries dans la vie, et à qui il ne faut surtout pas ouvrir des portes. J'ai pas envie de faire 50 000 caractères sur la façon dont la curiosité devrait à mon sens être tout l'intérêt de la téléphagie. J'ai même pas envie d'écouter les arguments relativistes qui pourraient me rendre ce comportement un peu moins répugnant (car il y en a qui seraient suffisamment culottés pour m'en opposer). Après tout moi aussi je peux vivre avec des œillères, pas toujours les mêmes.

Non, je suis en mode Capitaine Haddock, et je propose que tous ceux qui ne veulent entendre parler que de ce qu'ils connaissent déjà commencent par ne plus lire les rubriques news des sites qu'ils visitent, ça leur simplifiera grandement la vie.

Les autres, rendez-vous demain quand je serai un peu moins navrée par tout ça...

Greveduzeste

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ladytelephagy
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