Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ladytelephagy
3 avril 2012

Et elle vit que c'était bon

Qu'une chose soit claire, je n'ai pas l'intention de faire de la review épisode par épisode pour Game of Thrones. Je suis en train de mourir d'extase sur mon clavier mais même ça, ça ne me convainc pas. D'ailleurs une fois que les marathons en court sont finis, les reviews épisode par épisode, on va oublier un peu parce que c'est vraiment pas ma vocation à la base et ça se confirme encore plus quand j'en fais. Pis vous les commentez pas alors à quoi bon.
Pour autant, il fallait que je vous dise.

LifeisGood

Alors, on n'est pas bien, là ? A se délecter d'un début de saison excellentissime ?
Il parait qu'il y a des gens qui se plaignent. Je trouve ça de très mauvais goût. On a un démarrage de saison qui fait exactement son boulot, et qui le fait très bien, et qui plus est pour l'une des meilleures séries à l'antenne actuellement. Je vous préviens, moi je veux rien entendre de tel dans le coin.

C'était un bon season premiere et on se prépare à goûter des ingrédients délicieux : Jon Snow ayant franchi le mur et ayant atterri dans un pays de fous, par exemple ; Sansa qui commence à apprendre la vie ; Joffrey qui est un roi atroce et pourtant le niveau n'était pas très élevé avant lui ; Rob Stark qui nous dévoile qu'il est effectivement pourvu de testicouilles ; Cersei qui se prend un méchant revers ; et puis, ne serait-ce que grâce à Tyrion qui, mon Dieu, je veux pas spoiler ceux qui n'ont pas vu, mais c'est énorme ! Que tout cela (et plus encore) est prometteur ! Comment peut-on faire la fine bouche, c'est à peine croyable.

Alors évidemment, avec une série exigeante on devient exigeant, et c'est bien, en un sens. Mais enfin, il faut quand même raison garder et arrêter de demander l'impossible à une série qui comporte un cast pléthorique et qui revient après une année d'absence. Evidemment qu'on a besoin d'un épisode un peu calme pour se remettre dans le bain (tout le monde n'a pas la chance de lire mes posts To be continued...) ! Moi en tous cas j'étais à la fête, voilà.

Et sinon j'ai acheté le coffret DVD hier, je l'ai même pas encore déballé que j'ai déjà un de mes collègues qui veut me l'emprunter. Le pouvoir de cette série est immense !

Publicité
3 avril 2012

lady's world tour - Escale n°7

Et si on se jetait un petit world tour derrière la cravate, comme ça, vite fait ? Ca vous tente pas ?
A titre expérimental, je me suis dit que j'allais tenter un world tour plus rapide, pour voir si ça vous tente. Au programme, on a un peu d'Australie, beaucoup de Scandinavie, et une news pour la Belgique, pour laquelle j'ai hélas peu de sources, donc j'en profite pour passer un appel : je ne m'y connais absolument pas en séries belges ! Il faut que ça change !
En attendant, voilà ce qui s'est passé ces derniers jours.

MissFisherRenewed

- AUSTRALIE : l'empreinte de rouge à lèvres du crime
On commence avec la délicieuse série Miss Fisher's Murder Mysteries, qui, alors qu'elle se vend comme des petits pains à l'occasion du MIP TV qui se tient actuellement à Cannes, a de bonnes choses à annoncer. Outre qu'elle sera diffusée par DR au Danemark, Kanal 9 en Suède ou encore Globosat au Brésil, la vraie annonce qui déchire, c'est que la fascinante détective reviendra pour une deuxième saison de 13 épisodes, qui doit entrer en production au plus vite de sorte que ces nouveaux épisodes soient prêts à la fin de l'année. Elle est pas belle, la vie ?

- AUSTRALIE toujours : Ten fait des vagues
Je m'en étais fait l'écho voilà quelques jours sur Twitter mais j'en profite pour revenir sur le sujet, la série faisant partie de celles sur lesquelles je garde un oeil. Puberty Blues, adaptée du roman semi-autobiographique de deux jeunes adolescentes qui intègrent un groupe de surfeurs dans les années 70 (faisant ainsi le cruel apprentissage de la drogue et du sexe presque consenti), a annoncé son casting, et il y a du beau linge : Claudia Karvan (Spirited), Jeremy Lindsay Taylor (City Homicide), Susie Porter (East West 101, donc on devrait d'ailleurs reparler sous peu), Rodger Corser (Spirited, Rush), Brenna Harding (Packed to the Rafters, My Place), Sean Keenan (Lockie Leonard, Cloudstreet),  Charlotte Best (Home and Away), Katie Wall (Dangerous, Underbelly), Reef Ireland (Tangle, Rush) et Isabelle Cornish (Home and Away) seront de l'aventure. Contrairement au roman, qui il est vrai était en définitive très court, la série ne devrait pas se borner à suivre les adolescentes mais aussi leur entourage notamment familial (voilà ce qui explique la présence de Karvan qu'on imagine mal jouer les seconds couteaux). Le tournage commence d'ailleurs mardi prochain... vu le thème et le tour que prennent les choses, je ne serais pas étonnée de découvrir la série sur les écrans australiens cet été. On se tient informés, hein.

- BELGIQUE : nouveauté explosive
La Belgique se prépare à accueillir un nouvelle chaîne... TNT. Après HBO, qui s'est implantée entre autres en Europe de l'Est et plus récemment aux Pays-Bas, c'est donc au tour d'une autre chaîne câblée américaine de faire des petits en Europe. Pour l'instant il n'est pas encore question de produire du contenu original local, et les spectateurs pourront simplement avoir un accès accéléré aux productions que les spectateurs de TNT aux Etats-Unis voient chez eux (Shameless, Men of a Certain Age, Memphis Beat, Web Therapy, et la série de Ricky Gervais PhoneShop sont les premières à occuper la grille pour le lancement). Mais il est certain que cela ouvre des possibilités. Les Belges pourront découvrir la chaîne TNT Belgique à partir du 10 avril, et elle devrait être gratuite pendant un mois pour les abonnés de Telenet.

Heisenberg
- NORVEGE : du lourd
Parce que, depuis que je suis petite, je porte énormément d'intérêt aux séries de guerre, et qu'en plus je suis toujours ravie de détromper ceux qui croient que la Scandinavie ne nous apporte que des polars, je suis ravie d'apprendre que NRK a commandé une série se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais au lieu de nous montrer de simples combats, la série, qui à ce stade ne porte pas encore de nom, devrait s'intéresser au scientifique allemand Werner Heisenberg, qui travaillait sur un projet de bombe atomique pouvant mettre fin à la guerre en travaillant à partir d'eau enrichie en hydrogène, produite en Norvège. Un commando britannique est alors envoyé en direction de son laboratoire caché dans les montagnes norvégiennes afin de détruire l'installation... J'ajoute qu'on a également appris que NRK est actuellement en train de négocier avec NEtflix la possibilité d'une deuxième saison pour Lilyhammer.

- SUEDE : Cocorico !
Une société de production suédoise a décidé de produire une adaptation du roman Le dernier lapon, d'Olivier Truc. On est d'accord que c'est pas très suédois, comme nom, eh bien figurez-vous que l'homme est un journaliste français, correspondant du Monde en Suède notamment. Original, non ? La série s'intéressera à une enquête policière à la fois sur un meurtre et sur le vol d'un artefact historique qui ravive les tensions entre deux parties de la population arctique : les lapons, et des fondamentalistes opposés à leurs croyances. Par contre, le tournage de la série ne devrait pas commencer avant le début de l'année 2013 car la boîte de prod Nice Drama a du pain sur la planche avec un autre projet, en co-production avec une société de production française (re-cocorico) sous le titre de Jour polaire, dans laquelle un enquêteur français vient en Suède pour enquêter sur la mort d'un politicien français. Six épisodes sont prévus, et ce serait bien le diable si on ne voyait pas au moins une de ces séries sur notre sol !

- FINLANDE : charmantes nymphettes
On reste définitivement au Nord avec un troisième pays de destination... plus rare, celui-là ! En projet en vue d'une diffusion à l'automne 2013 sur MTV3 (le tournage est planifié pour septembre), la série Nymfit est actuellement présentée à Cannes pendant le MIP TV. Inspirée par la mythologie grecque, la série met en scène trois nymphes à la jeunesse éternelle, qui vivent parmi les humains. Mais on est loin des gentilles petites créatures innocentes qu'on met souvent derrière le terme de nymphe, puisque nos protagonistes ont besoin de se nourir d'hommes pour préserver leur jeunesse... Les choses s'enveniment encore quand l'une des nymphes tombe amoureuse. En tout, ce sont 12 épisodes de trois quarts d'heure qui sont prévus.

On constatera qu'au passage, même s'il se passe beaucoup de choses en Scandinavie, la durée de développement n'est pas tellement différente de celle qu'on connait en France. Je trouve ça intéressant parce que, autant aux USA, au Japon, en Corée du Sud ou en Australie, on a l'impression que les choses vont plutôt vite, autant en Scandinavie, on n'est pas tellement dans un modèle de production industriel alors qu'il y a un véritable boom, de toute évidence. Comme quoi, c'est encore pas ça la raison qui fait que la fiction française n'est pas au top du top actuellement. Il faudra donc chercher les explications ailleurs...

Bon alors au fait, le world tour plus court, on garde, ou on revient à l'ancienne formule ?

3 avril 2012

La vérité toute nue

House of Lies avait commencé comme une dramédie trash ; je peux concevoir que cela ait pu rebuter une partie de mon entourage téléphagique ; au sein de l'équipe du SeriesLive Show, par exemple, les avis étaient contrastés, ce qui est une façon polie de dire qu'il y avait d'un côté le mien, positif, et d'un autre côté les autres, franchement pas charmés.
Pour être honnête, elle n'a jamais totalement cessé d'être trash, mais House of Lies a vraiment dépassé les clichés accrocheurs (ou voulus comme tels, mais ça n'a pas fonctionné sur tout le monde visiblement) pour offrir une série d'une densité incroyable. Mais cela, nombre des déçus qui avaient baissé les bras après le pilote ne le sauront jamais. Ce sont les règles du jeu, c'est certain, et moi-même je ne reste jamais dans les parages quand une série me déçoit au moment du premier épisode, après tout. Simplement j'ai le sentiment que les manifestations les plus trash de son pilote, ainsi que le fameux effet "freeze", sont les seules choses que nombre des gens dont j'ai pu lire l'avis ont remarqué. Comme s'il ne se disait rien d'autre. Et c'est justement là que tout le génie de House of Lies s'est déployé.

Le plus fort c'est que pendant les premiers épisodes, je ne m'intéressais pas vraiment aux troubles de son personnage central, Marty Kaan, dont les déboires me semblaient bien peu captivants comparés à l'incroyable dynamique de son équipe. Pour moi le point fort était vraiment dans leurs échanges à la fois intelligents et foncièrement cyniques, teintés de cette sorte d'agressivité dénuée de toute méchanceté propre à certains milieux professionnels. Les intrigues liées au travail de cet équipe semblaient aussi une façon incroyablement brutale et subtile à la fois de parler de l'état de notre société en ces temps de "crise".
C'est ainsi que le pilote permettait à Kaan de faire la démonstration de tout ce que sa profession implique d'odieux et de réaliste à la fois, en offrant au patron d'une énorme corporation bancaire de faire un geste qui semblerait être généreux et en réalité ne le serait pas. La démonstration était incroyablement perverse et pourtant parfaitement objective de la réalité de bien des milieux.

L'intrigue qui allait se développer à partir de là, avec cette fameuse histoire de fusion/acquisition, est la meilleure preuve du regard aiguisé que House of Lies pose sur l'actualité, et dépasse le cliché du "personnage névrosé dans une dramédie excessive" qui colle à la peau de plusieurs séries de Showtime.

House of Lies s'intéresse donc à une radiographie de la façon dont les finances de nos sociétés (dans tous les sens du terme) nous conduisent à notre décadance morale. A bien y réfléchir, tout est absurde dans ce monde-là. L'Ouroboros se mord effectivement la queue : on fait de l'argent en mentant sur la façon de faire plus d'argent, et on vit dans un status quo où on a l'illusion qu'on fait tourner la machine.
On brasse du vent pour mieux brasser de l'argent, à moins que ce ne soit le contraire.

Le sujet n'est pas facile et en réalité, les névroses du personnage agissent comme une personnification des dérives du système. J'ai l'impression que cela souvent été interprété comme l'inverse, et encore, au mieux. Mais à mesure que cette histoire de fusion/acquisition monte en puissance, il devient difficile de nier que le mode de vie déglingué de Marty Kaan va bien au-delà de la formule habituelle de Showtime, notamment grâce à Jeannie et son parcours également erratique.

HouseofLiesFINAL

Qui plus est, House of Lies propose autant de scènes-choc, souvent jouissives il est vrai, que de scènes authentiquement dramatiques. En faisant tomber le quatrième mur, Marty Kaan partage bien entendu ses commentaires blasés sur son travail ou ses collègues, mais plus encore, il emploie ce procédé dans sa vie personnelle. Il nous invite à partager aussi les moments les plus sombres qu'il traverse, par contre, contrairement à son monde professionnel, cela se fait toujours en silence. Son regard est chargé d'émotions qu'il nous inflige directement, difficile parfois de résister à la tentation de détourner les yeux pour y échapper ; plusieurs épisodes se finissent sous son regard accusateur, alors qu'il partage son angoisse autant qu'il cherche à nous rappeler qu'elle n'est probablement pas différente des nôtres. L'échange qui a lieu à ce moment-là est terrible, implacable.
Ce n'est pas simplement impressionnant parce que Marty Kaan est interprété par Don Cheadle, qui apprend progressivement à maîtriser son personnage, c'est aussi tout simplement parce que rares sont les personnages à partager autant. Et que souvent, ceux qui le font sont des femmes (c'est après tout là la réputation de Showtime), et pour la première fois depuis bien longtemps, un personnage masculin se dévoile avec toutes ses fragilités. Marty Kaan est sans nul doute le personnage le plus vulnérable que j'aie vu depuis bien longtemps.

Pour une série qui se déroule dans un milieu où, si l'on est beau parleur, on peut se remplir les fouilles, House of Lies repose donc énormément sur les silences. Et si bien des séries savent à l'occasion utiliser le silence, produire un tel résultat sur 12 épisodes est plus rare, et laisse... sans voix. Oui, les protagonistes de House of Lies sont de grands bonimenteurs... mais ils sont toujours honnêtes avec eux-mêmes, et donc avec nous. C'est assez rare pour être souligné, quand dans de si nombreuses séries, le spectateur doit d'abord faire l'effort de comprendre les motivations du personnage avant de les partager. Ici, Marty ou dans une moindre mesure Jeannie sont dans la nudité la plus complète.

Il y a d'ailleurs beaucoup à dire de la performance de Kristen Bell. Je n'ai jamais eu une sympathie très poussée pour l'actrice, elle est sympathique mais pas incontournable ; et surtout, je n'ai pas vraiment gardé un souvenir impérissable de Veronica Mars. D'ailleurs peut-être que tant mieux, ça m'évite d'aborder sa performance avec une attente trop précise. Mais au fur et à mesure de la série, elle va se révéler comme un pillier des intrigues, se développant plus qu'on n'aura pu l'espérer pour Clyde ou Doug (deux éléments que j'apprécie énormément par ailleurs, mais certainement pas pour les mêmes raisons, leur utilité se bornant aux axes plus légers des épisodes). La progression est lente, mais cohérente pour Jeannie ; à partir du moment où elle signe un pacte avec le diable, les choses se précipitent, laissant à Kristen Bell toute latitude pour nous épater. Mais vraiment.
C'est là que je me suis rappelé de l'incroyable prestation de Bell dans le pilote de Veronica Mars et de mon émotion face à la scène du "lendemain" du viol de Veronica. Soudain je révise mon opinion de l'actrice à la hausse. Il y a des Emmys qui se perdent, à vrai dire.

Soyons sincères, deux autres femmes se débrouillent incroyablement bien pendant leur temps d'antenne pourtant limité : Dawn Olivieri, incroyable en femme à la fois venimeuse et perdue dans une spirale de haine de soi, Megalyn Echikunwoke (j'ai dû copier/coller) se montrant parfaitement charmante mais aussi terriblement humaine. Quand tant de séries ont tendance à écrire les rôles féminins au détriment des rôles masculins, ou l'inverse, la présence de ce cast de charme formidablement bien servi par une écriture très tendre fait un bien fou.

Et au final, voilà comment on part d'une dramédie en apparence légère, trash, et pas forcément très profonde, à l'une des meilleures séries de ce début d'année. House of Lies n'est pas juste un coup de coeur, c'est un travail bien plus profond que cela qui parle à ce qu'il y a de plus fragile en nous, tout en nous servant une vision très sensée des organes financiers de notre monde, et des passages excessifs mais jamais totalement gratuits.
Alors c'est vrai que mon avis vaut ce qu'il vaut puisque ça doit être la dixième série qui m'impressionne en ce début d'année. Mais ça veut aussi dire que, les amis, le crû 2012 est absolument épatant. On a une chance de folie d'être téléphages en ce moment. On ne s'en rend probablement pas compte, mais le monde nous envoie de toutes parts des productions d'une exceptionnelle qualité. House of Lies en est une, et ça va être une torture d'attendre jusqu'à la saison prochaine.

2 avril 2012

Beats me

Le post Comme au cinéma du jour ne va pas être tout-à-fait habituel. D'ordinaire, même quand j'ai été voir le film au cinéma (ce qui n'est déjà pas systématique), je me dépêche de cagouler le film en rentrant, déjà parce que j'aime bien m'en repasser des bouts quand j'écris mon post, ensuite parce que ça me permet d'en tirer un extrait à vous montrer, et c'est sans parler des captures évidemment. Là, euh... comment vous expliquer ? J'ai déjà eu du mal à trouver une salle qui le projetait. Voilà voilà. Et sur internet, c'est déjà la croix et la bannière de trouver autre chose que le trailer en VOSTF, voyez, ça donne bien le ton.
Qu'est-ce qu'on fait ? On en parle quand même ? ...Ouais, allez. Pour le fun.

Par contre du coup je vais pas me priver de vous spoiler, parce qu'à ce stade on sera tous d'accord que ça n'a plus d'importance (d'autant que ce film a peu de chances de sortir un jour en DVD). Surtout vu la teneur de ce que j'ai à en dire.

C'est quoi le nom du film ? 30 Beats
C'est plutôt quel genre ? Moite
Qui on connaît là-dedans ? On ne va pas se mentir, j'avais décidé d'aller le voir parce que ça fait trois ans que ce film est dans la filmo de Lee Pacesur IMDb. Ah non mais j'en fais aucun mystère, hein. A ses côtés, on peut cependant remarquer Paz de la Huerta (Boardwalk Empire) et Justin Kirk (Weeds). A noter qu'on fait la connaissance également de Condola Rashad, fille de ; le cast est très international puisqu'on trouve en sus une actrice française (Vahina Giocante), une autre lithuanienne, Ingeborga Dapkunaite (qui est d'ailleurs apparue dans un Wallander britannique) et un acteur péruvien (Jason Day).
Ça date de quand ? 2009
En résumé, de quoi ça parle ? D'un été à New York.

30Beats

En moins résumé, de quoi ça parle ? Il n'y a pas UNE histoire, mais un enchaînement d'anecdotes interconnectées, formant une immense chaîne humaine à travers New York.
Et ça finit comment ? En bouclant la boucle.

Pourquoi c'est bien ? Parce que les enchaînements de ce genre, globalement je suis bon public : partir d'un point A et arriver au point Z en passant par plein de maillons, je trouve ça sympa. Je suis de toute façon le genre de personne qui n'attend pas systématiquement qu'un film ou même une série aient un but, et je me satisfais très bien d'une sorte d'anthologie de petites historiettes sans conséquence ni mythologie. L'effet patchwork, en somme, n'est pas un défaut de fait à mes yeux. Et du coup je me suis plu à suivre cette camera qui suit un personnage jusqu'à ce qu'il en rencontre un autre puis décide de suivre celui-là. Dans une grande ville comme New York, ça fonctionne encore mieux parce que les possibilités de la ville sont infinies (rappelez-vous Six Degrees). Alors du coup, il faut juger le film par "rencontre", et pas sur son ensemble. Il y a ainsi des "rencontres" qui m'ont plu, et d'autres qui étaient franchement nulles, n'ayons pas peur des mots. Mais ça, c'est l'affaire du paragraphe suivant.
Pourquoi c'est pas bien ? Comme je le disais, certaines histoires sont dénuées de tout intérêt (je pense par exemple au dépucelage de la première femme à débarquer à l'écran). Mais ce n'est pas dramatique, en soi : l'effet de patchwork fait que ce n'est pas grave et que du moment que l'histoire suivante fait passer le goût, peu importe que celle-ci laisse une sensation amère. Non, le vrai problème de 30 Beats, c'est essentiellement... ses dialogues. Et c'est un vrai problème, parce qu'on a dépassé le stade de la fadeur pour arriver à l'impression très désagréable d'avoir des dialogues vraiment, vraiment mauvais. Genre écrits dans un anglais niveau sixième, pas plus d'une cinquantaine de mots de vocabulaire à tout péter, des phrases très courtes, sujet-verbe-complément, aucune musique, aucune poésie, limite des tweets, mais sans la richesse du procédé. Et ce n'est pas tout. Une partie des acteurs n'y croit pas un seul instant ; donc en plus d'être certains des pires dialogues que j'ai jamais entendus, ils sont aussi récités de la façon la plus monocorde possible. C'est particulièrement frappant au début du film (les interprètes variant, on a au moins l'avantage d'assister aux efforts de quelques uns d'entre eux). Ce n'est hélas toujours pas tout. Le soucis c'est qu'en plus, Alexis Lloyd a fait le choix de ne montrer aucune scène de sexe. Oui, dans un film sur les rencontres sexuelles ; c'est courageux. Sur le papier ce n'est pas un choix répréhensible, d'ailleurs, c'est même un parti-pris tout-à-fait explicable par le fait que le film parle avant tout de rencontres et de désir ; mais vu que les dialogues virent au cauchemar dans 90% du film, l'accumulation de ces défauts bien précis devient problématique. Autant dire qu'on a l'impression d'assister à un film porno à l'envers : que des dialogues à la con, aucune scène de cul. Hm, c'est embêtant !

Ah, les joies du cinéma ! Si j'étais une MST et que je voulais bosser dans le milieu du cinéma, voilà le genre de film dans lequel je voudrais percer.
La réplique qui tue : Etant donné ce que je vous ai dit des dialogues de 30 Beats, je crois qu'on a tous compris que c'était là une bataille perdue. Voire même : pas livrée.
La scène qui tue :
Arrivé à, disons, je sais pas, la moitié du film environ ? L'une des protagonistes rend visite à son chiropracteur. Lequel est tellement habile de ses mains qu'il lui donne un orgasme rien qu'en lui massant les tempes, alors que dans sa rencontre précédente, elle était convaincue d'être d'une part, totalement frigide depuis son opération du coeur, et d'autre part, de mourir si jamais elle venait à ressentir un orgasme. Alors vous comprenez bien que quand son chiropracteur la fait hurler de plaisir (et il en est le premier gêné, le pauvre), elle n'a qu'une envie, lui bondir dessus. Chose qui n'entre pas vraiment sur la fiche de soins dudit chiropracteur. On a donc une longue scène de désir désespéré d'un côté, et de "merci Madame, mais non merci, rangez vos seins je vous prie" de l'autre, qui se caractérise par le seul moment du film où j'ai ri, le chiropracteur expliquant qu'il a moyennement envie d'être poursuivi pour s'être tapé une patiente, et ladite patiente, qui a de la suite dans les idées, décidant de rédiger séance tenante une décharge. C'était drôle parce que le praticien a en plus la bonne idée de sortir un truc du genre "vous ne contrôlez pas mon désir juste avec une décharge", et c'était bien de mettre en relief une vraie "rencontre" qui tourne mal, parce que jusque là, 30 Beats était un peu le drive-in du sexe, il suffisait de commander pour recevoir, à quelques détails près (eh oui faut être précis dans sa commande, c'est le seul inconvénient). Plus que de parler, comme l'avait fait la "rencontre" précédente, d'une histoire où il n'y pas de concrétisation pour une raison X ou Y (le fait que la jeune femme se pense frigide), on a une véritable exploration d'une partie de la signification du désir, celui qui devient frustration. Et c'est finalement quelque chose qu'on voit peu au cinéma, en particulier dans les films qui parlent autant de sexe comme celui-ci, où on a l'impression que tout le monde peut se taper absolument tout le monde comme il le souhaite, ce qui est illusoire et même pas intéressant dramatiquement. Vraiment c'était un passage qui donnait un vrai relief à la suite de "rencontres" de 30 Beats, un propos qui apportait quelque chose de neuf. Bon par contre ensuite le chiropracteur se la tape, donc la conclusion est vaine, mais la scène était sympa. C'est un pur hasard si cette "rencontre" met en scène Lee Pace d'ailleurs, car son interprétation rappelle énormemént Ned le Piemaker (en même temps chronologiquement ça se tient), et sa "rencontre" suivante sera moins bien. Donc, après en avoir discuté avec moi-même, ça vient vraiment de la scène, je peux l'affirmer.
Et comme j'ai pas d'extrait à ma disposition, bah voilà le trailer. Pardon, j'ai honte.

Une note ? CagoulesCagoules
Mwahaha... Nan ça me fait un peu rire, pardon, mais à ce stade normalement vous comprenez pourquoi je pense. Au pire, ça va devenir plus clair avec le bilan.
Bilan : A la base, j'allais voir ce film sans trop y croire, admettons-le. Il est de notorité publique que les romances, déjà, m'indiffèrent ...dans le meilleur des cas. Donc bon. Je savais que mon but dés le départ était d'ajouter ce film à ma petite étude sur Lee Pace, puisque comme vous le savez il est le seul acteur dont je décortique chaque apparition parce que quelque chose dans son jeu me fascine. De la même façon que j'ai regardé des horreurs comme Marmaduke ou When in Rome sans y croire, je suis allée voir 30 Beats sans a priori très positif, il faut le dire. Mais je veux une vision d'ensemble, alors tant pis.
Je crois pourtant qu'en dépit de ses défauts, 30 Beats aurait pu être un bon film ; mais dans d'autres conditions. Avec de vrais dialogues, pour commencer (ça changerait tout, en fait). Avec un cast qui ait un peu foi dans ce qu'il fait également, la motivation de certains personnages étant visiblement invisible autant aux spectateurs qu'aux interprètes, c'est net. Et je vous dis ça sans la moindre attaque ad hominem, vous savez que c'est pas mon genre de rappeler que Paz de la Huerta joue en permanence comme si elle était droguée au dernier degré (ou qu'elle fournissait une mauvaise imitation de Marilyn Monroe... ou les deux, en fait). Oh que non, je suis au-dessus de ça !
Pourtant au fond, le film soulève des thèmes intéressants, dans son domaine ; je ne sais pas s'il les doit tous à La Ronde, la pièce dont il est inspiré et que je ne connais pas, mais force est de constater que les thèmes soulevés ont du potentiel. Mais ils n'ont bien que ça. Par exemple, l'un des personnages fait appel à une dominatrix hors de prix (ce qui est d'autant plus gênant qu'il travaille pour un politicien), et est désemparé lorsqu'elle lui apprend qu'elle a décidé de tout arrêter pour ouvrir une galerie d'art ; la réaction du client était fascinante et j'aurais aimé qu'on y passe plus de temps. Par le jeu de la chaîne de "rencontres", on suit ensuite cette dominatrix dans un rôle de prostituée plus classique alors qu'elle a pour mission de déniaiser un jeune homme, fils de l'un de ses clients réguliers, et l'échange est savoureux, puisque dans leur cas on entend leurs pensées (ça n'arrive pas systématiquement, et heureusement parce qu'il y a quelques fois où ça se produit et où les dialogues rendent l'effet risible). Or le jeune homme ne sait pas du tout qu'il s'agit d'une relation tarifée et tente maladroitement de charmer une femme dont il ignore qu'elle lui tombera de toute façon dans les bras. C'était une scène qui, avec de meilleurs dialogues, aurait été proprement hilarante et douce-amère à la fois. Un homme qui a couché avec une jeune actrice découvre que celle-ci, quand elle lui a foutu un vent la veille alors qu'il voulait la revoir, a couché avec une femme, et l'interroge de façon obsessionnelle sur son orientation sexuelle ; la crise de jalousie (alors que lui-même n'est, on le comprend bien, qu'un plan cul qui s'accroche) aurait pu être intéressante. Une femme contacte l'un de ses plans cul mais finit par lui faire une scène parce qu'il ne respecte pas les règles du jeu du plan cul, et ils finissent par énoncer ensemble les règles qui permettent à un plan cul de fonctionner ; ce sont les règles qu'on entend dans le trailer, même si dans le film elles sont toutes dites par cette femme. Ce système de règles, souvent implicite, méritait d'être exploré, peut-être même de s'étendre à une autre "rencontre" (en fait le film manque d'auto-références, sans doute, car à l'exception d'une remarque sur les cicatrices, on n'obtiendra aucun effort en la matière). Une "rencontre" plus classique, entre un client d'hôtel et une standardiste, où la séduction se produit uniquement par téléphone (et où on comprend qu'en fait la première "rencontre" téléphonique a déjà eu lieu le soir précédent), méritait également d'être étirée, au lieu de se conclure de façon ridicule (mais j'y reviendrai, au ridicule). Bref il y a des choses qui méritaient d'être dites, puis élaborées. Peut-être faire un film de 2h et non 1h30, qu'est-ce que j'en sais moi ? Mais en tous cas il y avait clairement du potentiel, simplement le film dont je vous parle n'est pas tout-à-fait 30 Beats, car 30 Beats n'a pas su tirer partie de grand'chose.
Je dirais aussi que la conclusion du film est atteinte de ce mal du "ç'aurait pu". Lorsque le jeune homme mentionné ci-dessus perd son pucelage avec une prostituée payée secrètement par son père (d'ailleurs, ironie : il ne se souvient pas se l'être tapée : il s'est cogné la tête dans le feu de l'action) vient se confesser à sa meilleure amie... qui n'est autre que l'ex-pucelle du début du film, on nous fait soudain glisser vers quelque chose d'étrangement cohérent, et bien que j'aime l'effet de patchwork, j'ai apprécié ce revirement (même si on le voyait venir avant qu'il ne soit explicité). Soudain, on comprend que cette suite de "rencontres" avait une sorte de but cosmique, rapprocher ces deux jeunes gens qui réalisent pour la première fois que, n'étant plus puceaux, ils peuvent coucher ensemble (euh, oui, bon, c'est une logique qui en vaut une autre), et qui finissent le film en étant ensemble, main dans la main, sur un banc, sous-entendant par là que leur "rencontre" à eux va durer. Et l'idée est bonne, dans le fond, même si un peu niaise (nan mais moi je trouve tout niais alors bon, ne vous fiez pas à mon avis), parce que cela dépeint quelque chose qui finalement on n'avait pas tellement exploré : l'idée de l'après. Tout le monde avait vécu comme si toute "rencontre" se devait d'être passagère, et là ça apporte une dimension complémentaire inattendue. Maheureusement la scène est très bavarde et le côté "ah bah j'ai réfléchi on va coucher ensemble" est grotesquement amené...

Ma dernière critique, pourtant, s'adresse moins à 30 Beats qu'à tous les films de son genre : cette impression d'être totalement en décalage avec ce qu'est vraiment le sexe et la rencontre amoureuse de nos jours. Deux de ses personnages sont puceaux à 18 ans, par exemple. A Manhattan ? J'ai peine à le croire ! A côté de ça la "rencontre" entre le chercheur et la médium est totalement surréaliste : le type y va pour se faire tirer les cartes et finit par... ne me laissez pas finir cette phrase, le jeu de mots serait sordide. Mais en plein milieu de la séance de cartes, tout d'un coup la médium lui propose de faire un truc complètement nouveau qui va révolutionner son âme, et dans le plan suivant, il est à poil dans une baignoire à s'enduire d'onguents de provenance suspecte. QUI FAIT CA ? Je m'attendais à ce que la nana lui mette la honte de sa vie pour s'être désapé aussi facilement et avoir accordé toute sa confiance à une médium, alors que deux secondes plus tôt il insinuait fortement que le tarot c'était de la foutaise, mais la scène n'est jamais venue. Dans une autre "rencontre", un jeune homme qui est tombé amoureux (dixit) d'une belle inconnue à laquelle il n'a jamais parlé décide de la suivre jusque chez elle, et se fait repérer au passage (en même temps il ne fait pas ça très discrètement), puis il va lui acheter des fleurs et un citron (longue histoire, je vous épargne les détails), et revient tout cool pour venir toquer à sa porte. Et la fille ouvre la porte. QUI FAIT CA !? A MANHATTAN !? Elle lui ouvre, le fait monter chez elle, et lui demande s'il est un stalker. MEUF, POURQUOI T'AS OUVERT SI TU TE POSES LA QUESTION ?! ...Je vais vous dire moi pourquoi : parce que ce ne sont que des prétextes. Comme Sex & the City (dont la parenté est lointaine et pourtant étrangement palpable, peut-être à cause du thème du sexe, peut-être parce que la ville joue un grand rôle dans les deux), l'idée est de trouver le moyen de mettre un homme et une femme (minimum) dans une situation où on va ensuite les obliger à se mettre face à leurs tourments. On ne savait pas comment en parler alors, bon, on trouve un moyen. Et c'est ridicule. Personne ne fait ça. Qui fait ça ? Vous, vous faites ça ? Moi je connais personne qui fait ça ! Et parfois c'est tellement déconnecté de la réalité qu'on ne peut pas ne pas marquer l'arrêt et se dire que franchement, c'est n'importe quoi. Le prérequis c'est quand même qu'on s'identifie aux tourments abordés pendant la "rencontre", or si on ne croit pas un instant aux circonstances dans lesquelles elle se produit, eh bien tout le principe est faussé.
Ce défaut n'est pas propre à 30 Beats, pas du tout, mais je ne crois pas avoir déjà eu l'occasion de l'exprimer dans ces colonnes, alors voilà.

Reste quand même que 30 Beats n'est pas un film exceptionnel. La vérité, il faut le dire, c'est que ce n'est même pas un bon film. Encore fallait-il le voir pour le savoir, au moins c'est fait.

1 avril 2012

Nonchalance

Ce que Mad Men nous a appris (voilà, la comparaison est lâchée, comme ça c'est fait), c'est qu'il fût un temps où boire, fumer, et arpenter des pièces parfaitement décorées était un véritable mode de vie. Loin de l'état perpétuel d'excitation voire de stress dans lequel nous vivons à présent, le calme, c'était supra chic. On ne déballait pas ses névroses, comme ça, à tout le monde et n'importe qui, et moins encore à son entourage. Non, on s'en grillait une petite et on vidait son verre cul-sec, on affichait un air faussement blasé, et c'était déjà oublié. Tout ça dans un costard ou une robe sublimissime, par-dessus le marché.
C'était ça, avoir la classe. Pas étonnant que dans notre monde survolté, nous ayons tellement envie que la télévision nous rappelle cette magnifique époque d'intériorisation cruelle mais pleine à l'allure impeccable. Magic City a complètement retenu la leçon.

MagicCity

En définitive, que raconte le pilote de Magic City ? Que le patron d'un grand hôtel de Miami tente par tous les moyens d'éviter une grève qui, à quelques heures du début de l'année 1959, pourrait bien lui coûter son affaire. Et pour être tout-à-fait honnête, cette partie-là du pilote dure, toutes scènes comprises, environ quinze minutes.

Que se passe-t-il le reste du temps ? Eh bien, Jeffrey Dean Morgan déambule dans sa suite, dans son hôtel, dans une villa, à la plage ; le cigare au bec et le regard placide en permanence. De temps en temps, sa voix de basse murmure quelque platitude, voire même une menace monocorde, mais son travail s'arrête bien là. Steven Strait se contente quant à lui de passer de scène en scène à la fois en roulant des mécaniques et en brûlant de désir pour une mystérieuse inconnue, habitée par Jessica Marais dont on a à peine le temps de vérifier ce qu'elle a fait de son accent australien tant elle parle peu et s'exhibe beaucoup. Quelques autres femmes jalonnent l'épisode, ce sont toujours des créatures convoitables mais dépourvues d'épaisseur, y compris celle qu'incarne Olga Kurylenko, qui pour être sublime et sympathique dans un même mouvement n'en est pas moins creuse.

C'est à peu près tout. Et pourtant ça marche.

Pilote basé sur l'ambiance, Magic City ne repose pas sur l'efficacité de ses histoires, de ses dialogues ou de sa réalisation. La sobriété prime en tout.

Et en fin de compte, cette nonchalance est tellement contagieuse qu'on n'a pas envie de se plaindre, mais plutôt d'envoyer deux olives faire quelques brasses dans un martini glacé, et d'attendre que les minutes s'égrènent. Tant que la compagnie est bonne et que la musique est sensationelle, que peut-on vouloir de plus, n'est-ce pas ?

Eh bien, le problème c'est qu'à l'issue des 55 minutes que dure le pilote, la question se pose quand même. L'inconvénient c'est que, voyez-vous, si cette recette prend sur moi pendant un pilote, c'est tout-à-fait autre chose sur le long terme. L'expérience Mad Men l'a prouvé : passé le moment du coup de coeur pour l'ambiance, quand commence à se profiler la perspective de se mettre chaque semaine au rendez-vous, eh bien les priorités basculent et j'oublie la série ; il me faut alors des trésors de volonté pour me remettre devant.
L'ambiance c'est bien, mais ça n'est pas assez addictif, et les histoires doivent sembler solides, le fil conducteur doit s'étirer vers l'horizon, les personnages doivent donner l'impression qu'ils ont quelque chose à dire ; or justement, sur le long terme, Magic City n'est capable d'aucune promesse. Et c'est la raison pour laquelle, malgré tout le bien que j'ai pensé de ce voluptueux pilote, je crains de ne pas être capable d'avoir le réflexe, chaque semaine, de me rappeler qu'un nouvel épisode m'attend, tout simplement parce que je n'attends rien d'un nouvel épisode.

Une carte postale n'est pas faite pour s'étirer sur dix épisodes. Et en nous envoyant avec un tel flegme ses bons baisers de 1958, ce pilote de Magic City ne donne pas envie de continuer la promenade en 1959. Pas en l'état. C'est tragique, mais c'est comme ça. Mais, si j'ai bien appris ma leçon, alors sitôt que j'aurai vidé mon verre, je m'y serai déjà faite.

Publicité
1 avril 2012

In good faith

GCB

Imaginez un monde où on retrouve des accents du Sud de l'Amérique, de la musique country et une actrice de Pushing Daisies. Ca fait beaucoup d'arguments en faveur de GCB !
Pour autant, il ne faut pas croire que j'étais d'emblée acquise à la série. Le thème soapesque proche de Desperate Housewives, avec toutes ces femmes riches, belles sous condition d'avoir le bon éclairage, et ayant bien trop de temps libre pour rester honnêtes bien longtemps, avait tout pour me repousser. J'ai d'ailleurs lâché Desperate Housewives assez vite, parce que je trouvais ça stérile et que j'étais proprement incapable de m'intéresser longtemps aux retournements de situation factices. Sans parler des personnages légèrement hystériques.

Après tout, on trouve des accents du Sud en bien d'autres endroits y compris dans des séries (mon préféré est et reste celui de Reba, le plus prononcé que j'aie jamais entendu à la télévision), j'ai de la musique country à ma disposition sans m'infliger une mauvaise fiction, et quant à l'actrice de Pushing Daisies eh bien, comme le prouve mon Piemarathon, je peux la retrouver dans Pushing Daisies quand je veux.
Ok GCB, il va donc falloir faire mieux que ça.

Hélas les choses se sont bien mal engagées lorsque Leslie Bibb a commencé à... je ne sais pas trop ce qu'elle faisait, mais je n'oserais pas appeler ça jouer la comédie. Donc juste pour être sûre, euh, petite vérification : confirmez-moi un truc, elle est actrice, pas vrai ? Elle était mauvaise comme ça, dans Urgences ? Dans Popular ? Chais pas, c'est la doubleuse qui lui sauvait la mise ou bien ? En tous cas ça pose question.
Et c'est d'autant plus embarrassant qu'elle est supposée être l'héroïne de la série et qu'elle occupe l'écran une grande, très grande partie du temps. Vraiment j'en étais gênée pour elle.

GCBiches

Heureusement, pour compenser la vacuité de la prestation de Bibb, elle a face à elle des gens qui font tout le charme de la série. C'est par cette panoplie de personnages d'importance variable, mais toujours savoureux, que GCB remplit son contrat de divertissement qui fonctionne plutôt que de punition collective.
Évidemment, Kristin Chenoweth est en grande forme. Elle l'est toujours plus ou moins mais la place qu'on lui laisse pour s'épanouir est variable (dans Glee par exemple, elle pouvait chanter mais pas vraiment donner le meilleur d'elle-même dans d'autres domaines). Ici elle est en TRES grande forme, et elle est, en réalité, la force motrice de ce pilote. Carlene me rappelle un peu Dallas, dans Suburgatory, mais en version peste patentée... et pourtant diablement attachante, parce que même insupportable, la Cheno est une crème, c'est dans son ADN.

Le mérite ne lui en revient pas exclusivement, pourtant. Très vite, la venimeuse Cricket, l'embarrassante Sharon (interprétée par dont j'admire déjà l'accent depuis Rodney ; ce qui admettons-le est certainement la seule chose à admirer dans cette comédie pathétique) et Heather la fausse-peste, vont prouver qu'elle sont plus que des faire-valoir pour Carlene, et vont apporter chacune des scènes très sympathiques à ce pilote, même si elles sont moins en verve. Mais au-delà de ça, même les petits rôles fonctionnent pour le moment très bien : Blake le mari qui mène une double-vie, Ripp, celui qui forme un fantastique tandem avec Carlene, ou encore, dans une moindre mesure certes, la mère d'Amanda (j'avoue que je m'attendais à ce qu'elle soit plus haute en couleur, mais ce n'est que le pilote).
On a la vraie sensation de découvrir toute une société, un microcosme gangrené par les apparences, et c'était nécessaire ; il faut vraiment que ça continue comme ça. Comme Suburgatory a essayé d'en décortiquer les mécanismes, il est d'ailleurs très futé de la part de GCB de ne pas trop chercher à expliciter de côté-là des choses et de nous laisser l'observer sans appuyer dessus ; la réalisation et les stylistes se chargent de ce boulot sans que le scénario ne s'apesantisse sur la démonstration de force, et c'est bien joué, cela évite l'impression de déjà vu.

D'ailleurs, plutôt que de parler uniquement de riches oisifs comme peuvent le faire Desperate Housewives et Suburgatory, GCB a l'excellente idée, bien qu'évidemment elle lui ait causé pas mal de tort aux États-Unis (c'est d'ailleurs surprenant d'apprendre que la Pologne, pays chrétien s'il en est, fait par exemple partie des premiers pays à en avoir acheté les droits ; la série y est diffusée depuis la mi-mars !), d'orienter sa critique vers la contradiction entre les valeurs chrétiennes et leur non-application par les horribles pestes de la clique de Carlene.
Le sujet est abordé au travers de tout un champs lexical très efficace, et de nombreuses références bibliques utilisées avec malice parsèment l'épisode. Je n'ai pas eu l'impression que c'était très offensant, mais c'est vrai que d'une part, je suis athée, et que d'autre part, le simple fait de montrer des teignes en indiquant clairement quelle est leur religion peut, je le comprends, défriser ceux qui voudraient renvoyer une image immaculée de leur communauté. Ce ne sera pas pour cette fois, mais je crois que les égratignures sont suffisamment superficielles pour que cela ne porte pas préjudice à la série sur le long terme, on se rend vite compte que c'est fait en toute bonne foi, sans méchanceté, mais quand même pour souligner une certaine hypocrisie qui existe, il faut l'admettre. Et puis, le personnage le plus explicite quant à cette thématique, Carlene, est interprété par une Chenoweth que je crois foncièrement incapable de blasphème. A l'instar de Suburgatory qui veut rire sans cruauté, je pense que GCB a su trouver le ton qu'il fallait pour servir son propos sans tomber dans la caricature agressive.

GCBack

Plusieurs scènes de cet épisode inaugural sont plutôt sympathiques, surtout à mesure qu'Amanda commence à se rebiffer (du coup sur la fin, même si son jeu n'est pas franchement génial, au moins elle a de la répartie), ce qui laisse augurer du meilleur pour la suite.
Là où GCB pèche encore un peu, c'est sur ses dialogues, qui manquent encore un peu de mordant sur la longueur, se concentrant sur quelques passages-clés (en général en présence de Kristin Chenoweth mais pas uniquement). Il faudra vraiment que la série accentue la causticité de ses répliques, et pousse son concept le plus loin possible. Il s'agit de mettre tout en oeuvre pour montrer des personnages aussi malveillants que possible : c'est sa planche de salut. Sans cela, la série aura l'air de faire dans la provoc en toc.

Car vous l'aurez compris, je me suis quand même bien amusée devant le pilote de GCB, avec, en bonus, des accents géniaux (pour une native de Chicago, Marisol Nichols se débrouille d'ailleurs plutôt bien !), de la musique country en pagaille, et une actrice de Pushing Daisies.
C'est bizarre, parce que c'est pas du tout mon anniversaire.

Publicité
<< < 1 2 3 4
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité