ladytelephagy

Purple is the new black. Un blog qui parle de séries, c'est devenu assez habituel. La question, c'est : de quelles séries ? Séries méconnues, séries anciennes, séries japonaises... mais aussi séries récentes ! Venez, la téléphagie, c'est contagieux !

16-09-13

Gémeaux dizygotes

Ce dimanche soir, le Québec remettait les prix Gémeaux.
Voici donc les résultats tant attendus ; avec d'autant plus d'anticipation d'ailleurs que le favori de tout le monde, Unité 9, n'a pas toujours été assuré d'obtenir une statuette. Rappelons que sa productrice, Fabienne Larouche, boycotte la cérémonie. Ca n'a rien de nouveau, puisque les séries Un Homme mort, 30 vies ou Trauma ont déjà été privées de récompenses pour le même motif. La différence, c'est qu'Unité 9, pour des raisons que vous comprenez instantanément si vous avez suivi mes conseils et regardé la série, partait grande favorite... pour un prix auquel elle n'allait donc même pas être soumise pour nomination.
Mais heureusement, il y a le prix du public. Quoi, j'ai ruiné la surprise ? C'est ça, comme si vous ne vous y attendiez pas...

28ePrixGemeaux

Alors passons au palmarèse complet, en commençant d'abord avec les prix remis aux acteurs. Je vous ai mis toutes les nominations, avec une jolie étoile dorée * pour le gagnant.

...D'abord, les acteurs secondaires.

Meilleur rôle de soutien masculin dans une série dramatique :
- Sylvain Marcel (19-2) *
- Daniel Gadouas (En thérapie)
- Jean-Nicolas Verreault (Mon meilleur ami)
- Marc Messier (Toute la Vérité)
- Marcel Sabourin (Toute la Vérité)

Meilleur rôle de soutien féminin dans une série dramatique :
- Louise Turcot (19-2) *
- Julie Perreault (19-2)
- Pascale Bussières (En thérapie)
- Louison Danis (Toute la Vérité)
- Isabelle Vincent (Toute la Vérité)

Meilleur rôle de soutien masculin dans un téléroman :
- Jean L'Italien (Destinées)
- Patrick Drolet (Mémoires Vives)
- Albert Millaire (Mémoires Vives)
- Hugo Giroux (O')
- Michel Dumont (Yamaska) *

Meilleur rôle de soutien féminin dans un téléroman :
- Bianca Gervais (Destinées)
- Catherine De Sève (L'Auberge du Chien Noir)
- Charli Arcouette (Mémoires Vives)
- Micheline Lanctôt (O') *
- Audréane Carrier (Yamaska)

Meilleur rôle de soutien masculin dans une comédie :
- Jeff Boudreault (La Galère)
- Marc Paquet (Mauvais Karma) *
- Yanic Truesdale (Mauvais Karma)
- Vincent Leclerc (Mauvais Karma)
- Claude Despins (Un sur 2)

Meilleur rôle de soutien féminin dans une comédie :
- Anne-Élisabeth Bossé (Adam et Eve)
- Diane Jules (La Galère)
- Louise Latraverse (Mauvais Karma)
- Judith Baribeau (Mauvais Karma)
- Geneviève Brouillette (Mauvais Karma) *

Meilleure interprétation d'humour :
- Serge Chapleau (00Flak)
- Hélène Bourgeois Leclerc, Véronique Cloutier, Michel Courtemanche, Joël Legendre, Louis Morissette (Bye Bye 2012) *
- Isabelle Brouillette, Michel Charette, Sonia Cordeau, Marie-Soleil Dion, Jean-Philippe Durand, Luc Guérin, Louis Morissette, Frédéric Pierre, Geneviève Schmidt, Tammy Verge (Et si?)
- Dave Bélisle, Anne-Élisabeth Bossé, Jean-François Chagnon, Sonia Cordeau, Julien Corriveau, Dominic Montplaisir, Jean-François Provençal (Les Appendices)
- Anne Dorval, Marc Labrèche (Les Bobos)

...Ensuite, les rôles principaux.

Meilleur premier rôle masculin dans une série dramatique :
- Claude Legault (19-2)
- Réal Bossé (19-2)
- Claude Legault (Mon meilleur ami) *
- David La Haye (Mon meilleur ami)
- Émile Proulx-Cloutier (Toute la Vérité)

Meilleur premier rôle féminin dans une série dramatique :
- Élise Guilbault (En thérapie) *
- Macha Limonchik (En thérapie)
- Catherine Sénart (Mon meilleur ami)
- Hélène Florent (Toute la Vérité)
- Maude Guérin (Toute la Vérité)

Meilleur premier rôle masculin dans un téléroman :
- Vincent Bilodeau (L'Auberge du Chien Noir)
- Gilles Renaud (Mémoires Vives)
- Guy Nadon (O') *
- Stéphane Demers (O')
- Louis-David Morasse (O')

Meilleur premier rôle féminin dans un téléroman :
- Brigitte Lafleur (L'Auberge du Chien Noir)
- Marie-Thérèse Fortin (Mémoires Vives) *
- Véronique Le Flaguais (Mémoires Vives)
- Maxim Roy (O')
- Marilyse Bourke (O')

Meilleur premier rôle masculin dans une comédie :
- Daniel Brière (Les Parent)
- Rémi-Pierre Paquin (Mauvais Karma)
- Steve Laplante (Tu M'aimes-Tu?)
- Sébastien Huberdeau (Tu M'aimes-Tu?)
- Claude Legault (Un sur 2) *

Meilleur premier rôle féminin dans une comédie :
- Anne Casabonne (La Galère) *
- Anne Dorval (Les Parent)
- Julie Le Breton (Mauvais Karma)
- Magalie Lépine-Blondeau (Tu M'aimes-Tu?)
- Céline Bonnier (Un sur 2)

...Et pour finir, les séries !

TocTocToc-300    Meilleur émission ou série jeunesse
- A la ferme de Zénon
- Il était une fois dans le trouble
- Les Yeux Noirs
- Tactik
- Toc Toc Toc *
O-300    Meilleur téléroman
- Destinées
- Mémoires Vives
- O' *
- Yamaska
LesBobos-300    Meilleure série humoristique
- Et si ?
- Infoman
- Les Appendices
- Les Bobos *
- Prière de ne pas envoyer de fleurs
LesParent-300    Meilleure comédie
- La Galère
- Les Parent *
- Mauvais Karma
- Tu M'aimes-tu ?
- Un sur 2
19-2-300    Meilleure série dramatique
- 19-2 *
- Belle-Baie
- En thérapie
- Mon meilleur ami
- Tout la Vérité
Unite9-300   Prix Coup de coeur du public
Unité 9

Je propose que Claude Legault tourne dans toutes les séries québécoises dorénavant, comme ça ce sera réglé. Moi, en tous cas, je n'y vois aucun inconvénient.
A noter que 19-2 a aussi emporté une foule de prix techniques, comme le meilleur montage, la meilleure direction photographique ou les meilleurs décors. Quant à Tu M'aimes-tu?, elle a légitimement remporté le prix du meilleur thème musical. Encore plus légitimement, Podz l'a emporté pour la meilleure réalisation pour une série dramatique avec 19-2 ET pour une comédie avec Tu M'aimes-tu?, parce qu'il y a une justice.

Je ne veux pas avoir l'air de dire que c'était la répétition des Emmy Awards la semaine prochaine mais... je suis la seule à me tortiller de joie devant mon ordinateur à l'idée d'avoir deux cérémonies de récompenses à une semaine d'intervalle ?
En tous cas, nous avons avec ce palmarès un bel échantillon de fictions québécoises, qui prouvent une fois de plus que, comme je dis toujours, la meilleure fiction francophone se trouve outre-Atlantique...

Posté par ladyteruki à 04:28 - Love Actuality - Permalien [#]

05-09-13

8 raisons de regarder The Slap

Parce qu'une fois de temps en temps, quelques bons dramas australiens nous parviennent sur arte (elle nous avait déjà comblés avec la première saison d'East West 101), ce soir sera l'une de ces occasions de se rappeler qu'il n'y a pas que la Scandinavie dans la vie avec The Slap, alias La Gifle sous nos lattitudes, qui débute à 20h50.

Cette diffusion est pour moi l'occasion de vous annoncer que j'en profiterai pour publier en temps voulu les 2 dernières reviews épisode-par-épisode de The Slap, qui étaient restées à l'état infâmant de brouillon depuis que j'avais regardé la série lors de sa diffusion australienne (une claque pour... lady !). Les 6 premières reviews sont cependant déjà en ligne depuis un bail, donc n'hésitez pas à remonter le tag pour y jeter un oeil.
Mais surtout, cette diffusion est pour moi l'occasion de vous dire qu'il FAUT regarder The Slap ce soir... après tout, House of Cards peut se binge-watcher une autre fois, The Slap, not so much.

Et si vous vous demandez encore si c'est vraiment nécessaire de regarder The Slap (et que vous n'avez pas encore été jeter un oeil à la première de mes reviews sur la série), eh bien voici mes 8 raisons de le faire. Urgemment, en fait.

TheSlap_Diffusion_Hector

The Slap, c'est au premier regard une narration rare ; bien que la série soit profondément feuilletonnante, sa structure, directement calquée sur celle du roman original, lorgne plutôt du côté de l'anthologie, en associant à chaque épisode un personnage bien spécifique. C'est ainsi l'occasion de véritablement rentrer dans l'univers, la psychologie et le quotidien du personnage en question, de vivre les évènements à travers son regard, sans aucune forme de biais... mais grâce à l'éclairage des épisodes précédents qui introduisaient à d'autres points de vue.

Car c'est bien cela, l'essence de The Slap : montrer une diversité de points de vue et d'opinions ; The Kaleidoscope aurait été un titre tout-à-fait valide pour notre histoire, mais c'était à la fois moins facile à prononcer et moins... frappant.

The Slap nous invite donc à passer une journée avec un personnage, à tenter de comprendre non seulement sa réaction vis-à-vis de la fameuse gifle, mais aussi, voire surtout, de nous faire pénétrer son monde, avec ce que cela inclut de valeurs et de vécu. Car il ne s'agit pas simplement d'exposer l'opinion de chacun sur la gifle : cette dernière n'est qu'un évènement déclencheur. Chaque épisode a la lourde responsabilité d'essayer de nous faire saisir l'essence d'une personne en moins d'une heure ; dés, son visage aura déjà été déformé par la perception des autres.

TheSlap_Diffusion_Anouk

Des portraits sincères d'hommes et de femmes. The Slap ne reculant jamais devant la perspective de décrire la complexité des gens, et donc du monde (à moins que ce ne soit l'inverse), chaque personnage (et en particulier les 8 qui sont mis en avant pendant la série) bénéficie d'une écriture honnête qui permet de revenir sur les rapports hommes-femmes, mais aussi, sur les rôles genrés de chacun dans la société.

Ainsi, Manolis et sa femme Koula vivent selon un modèle traditionnel dans lequel l'homme et la femme jouent un rôle bien précis (dont généralement ils se plaignent ensuite tout en n'aspirant pas vraiment au changement), Harry incarne un certain idéal de virilité, Anouk est résolument une féministe bien qu'enfermée dans certains paradoxes, et ainsi de suite. Ces positions ne sont pas souvent le résultat d'un choix conscient, mais elles aboutissent à des interrogations intimes et des contradictions que The Slap détaille à la perfection, car aucune évidence n'est tolérée dans The Slap.

Qu'il s'agisse de sexe (il va s'agir de sexe à de nombreuses reprises, d'ailleurs) ou de relations platoniques, les interactions se détaillent dans une palette magnifique de nuances. A travers les rapports hommes-femmes, c'est aussi le fonctionnement de la cellule familiale que The Slap interroge, car évidemment les choix éducatifs sont au coeur de la problématique de la gifle.

TheSlap_Diffusion_Harry

Une mini-série qui se suffit à elle-même : il n'est pas nécessaire d'avoir lu The Slap pour apprécier la série The Slap. C'est évidemment un plus : du fait de la narration particulière, le lecteur aura un avantage certain sur le spectateur, car il aura pu entrer bien plus en détail dans le psychisme des personnages. Le choix fait par la série a d'ailleurs été de ne pas opter pour la voix-off comme matière première pour dépeindre les protagonistes ; peut-être que la série aurait été l'un des rares cas où ç'aurait été sûrement une bonne chose d'utiliser un peu plus ce procédé cependant. Ce choix osé nous prive d'un certain nombre de détails apportant plus de nuances encore aux personnalités en présence, mais pour autant, la série est parfaitement autosuffisante.

The Slap est tout-à-fait appréciable sans avoir lu le roman qui lui a donné naissance, bien que celui-ci, un véritable phénomène littéraire, gagne à être connu. Si vous n'avez encore jamais lu de roman australien (comment, pas même avec la diffusion de Puberty Blues ?!), The Slap gagnerait à être le premier. Quoique ça rendra sûrement très décevante la lecture du second...!

TheSlap_Diffusion_Connie

Matthew Saville.
Ce nom ne vous dit rien mais si vous avez vu Please Like Me, et surtout Cloudstreet, vous allez sûrement vite comprendre : Saville est le réalisateur de génie qui se cache derrière la camera de ces deux séries. En réalisant deux épisodes de The Slap, il parvient à insuffler sa touche particulière, une sensibilité qui doit énormément au sens du détail, à une photographie mettant en valeur les 5 sens avec luminosité.

Si les autres réalisateurs de la série ne déméritent pas, il n'aurait vraiment pas été un mal que Saville dirige tous les épisodes (et celui de Richie, en particulier), tant son doigté aurait énormément apporté aux portraits. Les épisodes réalisés par Saville comptent parmi les plus grandes réussites de la mini-série, en particulier celui de Connie qui est dans la droite ligne de ce que le réalisateur a accompli par le passé. Une véritable petite merveille comme on aime à en voir à la télévision.

TheSlap_Diffusion_Rosie

Un cast absolument parfait ! Si la carrière internationale de certains acteurs de la série attirera sûrement l'oeil du téléphage averti plus que la trajectoire anonyme d'autres membres de l'équipe (ou au moins, la diffusion de séries "cultes" sur nos écrans ; hello Alex Dimitriades !), il n'y a pas une seule fausse note dans la distribution de The Slap.

En particulier, Melissa George, qui incarne un rôle central dans l'intrigue, est en très grande forme, il faut bien le reconnaître. Il ne fait aucun doute qu'en tous cas, elle est celle qui colle au plus près du personnage tel qu'écrit dans le roman ; elle possède totalement Rosie, jusque dans le moindre bruissement d'émotion. Hormis, sûrement, dans In Treatment, l'actrice n'aura jamais été éblouissante à la télévision. C'est le genre de choses qui arrive quand on a un matériau d'origine impeccable, et une actrice qu'on parvient à diriger tout en sachant lui lâcher la bride sur le cou.

Mais je le répète, pas un acteur de The Slap n'est pris à défaut ; les rôles secondaires non plus, qu'il ne faut pas oublier de mentionner et qui sont d'autant plus nombreux qu'à mesure que le fil de la série se déroule, des visages vont venir compléter la constellation de points de vue sur la gifle, ou plus largement la crise que traverse le microcosme du barbecue.

TheSlap_Diffusion_Manolis

Un questionnement de la société cosmopolitaine : The Slap démarre lors d'un barbecue qui réunit des convives de toutes origines. Parce qu'ils sont réunis lors de ce barbecue, il est permis de penser que ces gens se connaissent et vivent la diversité comme une évidence. Mais c'est justement l'une des choses que la claque va remettre en question.

Car derrière la vie sociale multiéthnique que mènent en apparence les personnages, il va devenir plus que palpable que leurs différences de culture et de valeurs n'en sont pas gommées pour autant ; à vrai dire, la gifle va exacerber ces mêmes différences. The Slap interroge la façon dont la société peut composer avec les contradictions. Sans aller jusqu'à apporter une réponse définitive aux questions de mixité culturelle (ou plus simplement sociale, d'ailleurs), la série évite tout angélisme : oui, ce barbecue est organisé dans le jardin d'un couple interracial, oui, différents styles de vie trinquent les uns avec les autres, mais dans le fond, nous ne sommes pas compatibles sur tout. Mais puisque la grande leçon de The Slap est que personne n'a fondamentalement tort ou raison, le mieux est d'apprendre à reconnaître nos différences, plutôt que de prétendre qu'elles n'existent pas au nom du mieux vivre ensemble.
En cela, The Slap est d'une acuité précieuse, et ce, en France comme en Australie.

TheSlap_Diffusion_Aisha

Une invitation à l'ouverture. Tout comme le roman original, bien que dans une moindre mesure, The Slap fourmille de références culturelles, d'invitations à sortir du microcosme de la "société du barbecue". Car cette petite communauté ne vit pas repliée sur elle-même, et c'est ce qui permet de la prendre au sérieux.

A la question : "ces gens ne sont-ils pas tous en train de se rendre fous pour un acte mineur ?", la série répond qu'il existe une foule de réponses, par le prisme de la culture des uns et des autres, mais aussi à travers leur vécu. Ce vécu évolue avec les rencontres et les voyages, en se confrontant au monde. The Slap nous invite justement à nous confronter aux nuances de la société en nous montrant des personnages qui eux-mêmes le font. Le parcours de plusieurs d'entre eux sera à ce titre assez symbolique de la façon dont un point de vue sur un problème peut évoluer, si ce n'est changer, en portant son regard sur des choses nouvelles.

TheSlap_Diffusion_Richie

L'émotion n'est pas absente. Si The Slap est, évidemment, une mini-série poussant à la réflexion sur nos choix, nos modes de vie et nos opinions, elle n'en reste pas moins une oeuvre de fiction capable d'atteindre le spectateur. Certains épisodes, il est vrai, s'avèrent plus émouvants que d'autres ; difficile de rester de marbre, par exemple, devant ce qui ronge Richie.

Nous ne passons vraiment qu'une heure avec chaque personnage, mais ce temps est plus que suffisant pour nous glisser à leurs côtés et vivre avec eux leurs doutes, leurs souffrances et leurs moments de grâce. Ce sera mon message final : oui, The Slap est fascinante, intelligente et unique dans sa façon d'aborder une problématique sociale pour radiographier toute la société. Mais c'est aussi, voire avant tout, une série dramatique puissante. Une expérience à vivre, en somme. Ou huit.


Alors, The Slap, à voir ce soir sur arte : que ce soit dit et répété.

TheSlap_arte

Posté par ladyteruki à 12:30 - Love Actuality - Permalien [#]

01-09-13

Tout le bonheur du monde

Alors que commence aujourd'hui le mois de septembre, il faut nous rendre à l'évidence : c'est la rentrée !
Dans peu de passions autres que la téléphagie peut-on autant s'enthousiasmer à ce sujet... La rentrée, c'est le signe d'une foule de nouvelles séries à découvrir (et pour une partie du lot, à apprécier), le signe du retour à l'écran de séries que l'on aime, le signe aussi que la diffusion de certains projets plus éloignés approche lentement mais sûrement. Et puis c'est la période des Emmy Awards aussi, ce qui ne gâche rien.
Bref, c'est la joie, l'allégresse, la curiosité et l'excitation, vous voyez le tableau.

Enfin, non, vous ne le voyez pas tout-à-fait. De la rentrée, vous connaissez sûrement les nouveautés américaines : tout le monde en a parlé. Sûrement quelques britanniques, aussi. Mais les autres contrées, à quoi ressemble leur rentrée ?

WorldTour-FALL13EDITION

Bienvenue dans le post de la rentrée...
DE TOUTES LES RENTREES !


Je vous invite à découvrir les séries qui vont faire l'automne aux quatre coins de la planète ! Bon alors, évidemment, comme je n'allais pas lister 200 pays (hashtag #lazylady), il a fallu faire une petite sélection dans les pays ciblés, mais n'hésitez pas à me poser des questions en commentaire si vous voulez absolument connaître les nouveautés moldaves de la rentrée, je verrai ce que je peux faire. Pitié, c'est une expression ; pas les nouveautés moldaves.
Dans la foulée, je vous ai également indiqué quelques unes des séries à attendre de la part de ces pays à une échéance un peu plus lointaine, mais je n'ai en revanche pas cherché l'exhaustivité totale.

Prêts ? Alors on y va ; et je vous préviens, on va faire du kilométrage !

ESPAGNE


Pas mal de nouveautés aussi en Espagne ! Antena3, en particulier, a mis le paquet en plaçant dés l'automne quelques uns de ses plus gros projets dans ses grilles, tout en diffusant des séries étrangères comme Under the Dome. En revanche, assez peu de dates précises pour le moment, mais l'Espagne fait partie de ces pays où on se décide rarement des siècles à l'avance, mais plutôt dix jours avant de lancer une série/saison (grand max). Rien que pour me contrarier, quoi. A côté d'Antena3, les autres chaînes se concentrent cet automne sur le retour de leurs meilleurs succès, avec des séries plutôt historiques pour TVE, et plutôt des comédies pour Telecinco..

ViveCantando-300 - Vive Cantando (Antena3)
Le genre : Dramédie musicale
L'histoire : Après une longue tournée, Trini, une chanteuse, doit retourner à La Gloria, où elle a grandi. Trini renoue alors avec son ancien petit ami, aujourd'hui patron du karaoke La Bamba qui a connu de meilleurs jours. Grâce à Trini, La Bamba devient le lieu où chacun peut oublier ses soucis en musique.
> A partir du 3 Septembre
Laqueseavecina-300 - La que se avecina - Saison 7 (Telecinco)
Le genre : Comédie
L'histoire : La vie d'une petite communauté vivant dans un ensemble d'immeubles plutôt cossus.
> En Septembre
Isabel-300 - Isabel - Saison 2 (TVE)
Le genre : Period drama
L'histoire : Le règne de la Reine Isabel n'est pas de tout repos, la voilà désormais face à une guerre civile, et elle devra prendre une difficile décision pour sauver le royaume. Il lui faudra aussi décider de donner sa bénédiction ou non à un certain Christophe Colomb qui organise une grande expédition.
> En Septembre
AguilaRoja-300 - Águila Roja - Saison 5, partie 2 (TVE)
Le genre : Period drama/Aventures
L'histoire : L'Aigle Rouge, un justicier masqué, continue de remonter la piste du meurtre de son épouse...
> En Septembre
Dreamland-300 - Dreamland (Cuatro)
Le genre : Comédie musicale
L'histoire : Cuatro cherche son Glee. Dreamland est le nom d'une école de chant et de danse très sélective qui peut lancer une carrière... En dépit du pitch, Cuatro proclame tenir une série très originale, où la musique ne sera pas une excuse mais au centre de l'intrigue.
> Cet automne
Aida-300 - Aída - Saison 10 (Telecinco)
Le genre : Comédie
L'histoire : Le quotidien d'Aída, une mère de famille, dont la vie est devenue un tout petit peu plus chaotique encore, lorsqu'elle a réemménagé dans la maison où elle avait grandi.
> Cet automne
GaleriasVelvet-300 - Galerias Velvet (Antena3)
Le genre : Period drama
L'histoire : Antena3 cherche son Mad Men. Velvet est le nom d'une des maisons de couture les plus prisées d'Espagne à la toute fin des années 50, juste avant que la haute-couture espagnole ne connaisse la fin de son âge d'or.
> Cet automne
ElTiempoEntreCosturas-300 - El tiempo entre costuras (Antena3)
Le genre : Thriller/Period drama
L'histoire : Adapté du roman éponyme, le drama raconte l'histoire d'une couturière qui, sur un coup de tête, va s'installer dans le protectorat espagnol au Maroc. L'atelier où elle trouve du travail est dirigé par une femme mystérieuse qui travaille en fait pour les services secrets britanniques.
> Cet automne
Icone-PlusTard - pour Antena3 : la comédie musicale Lolita Cabaret... et la diffusion de l'onéreuse El Corazón del Océano, peut-être, un jour, non ?
- pour Telecinco : courant 2014, le thriller policier El Principe (questions sur la corruption et l'immigration en perspective).

Note : Disney España proposera également en Octobre sa 1e série originale locale, Plaza Encanto.

SUEDE


SVT a prévu une rentrée sur les chapeaux de roue, avec l'un de ses crime dramas phares pour entamer la saison (des saisons étrangères inédites viennent parsemer la grille en renfort, et plus précisément américaine avec Homeland, britanniques avec Downton Abbey en fast-track ou The Fall, et, oh surprise, catalane, puisque la chaîne va diffuser Polseres Vermelles). Je n'ai pas trouvé de trace d'une diffusion de série suédoise inédite sur les autres chaînes, TV4 étant par exemple totalement occupée à diffuser Broadchurch.

BronBroen-300 - Bron/Broen - Saison 2 (SVT1)
Le genre : Crime drama
L'histoire : Retour sur le pont reliant la Suède et le Danemark... ou plutôt, direction le dessous. Dans cette nouvelle saison, c'est un bateau dont il est difficile de déterminer si son équipage est suédois ou danois qui vient rassembler nos deux enquêteurs scandinaves préférés.
Le plan : 10 épisodes
> A partir du 22 Septembre
Icone-PlusTard - pour SVT : si je vous dis que Äkta Människor revient le 1er décembre, vous me croyez ?
- pour TV4 : la chaîne ayant commandé une poignée de saisons de Solsidan d'un coup, on n'en a pas encore vu le bout.

A noter : SVT lancera également à partir du 15 octobre une série uniquement diffusée sur ses canaux d'ordinaire réservés à la VOD, (Re)volt, une série destinée au jeune public. Ce drama raconte comment une jeune fille, Eddie, dont la famille déménage dans un petit patelin en apparence sans histoire, tente de se faire de nouveaux amis. Mais elle réalise bien vite que les jeunes de ce village sont en réalité très aggressifs, et elle devient la proie d'un harcèlement grandissant ; il est temps pour elle d'entrer en guerre... Une série qui donne une nouvelle dimension à la pensée d'Angela Chase : "le lycée est un champ de bataille pour le coeur" !

NORVEGE


On commence la saison un peu mollement : il n'est pas question, contrairement à certains pays, de mettre le paquet dés le début de l'année avec trouze nouveautés. Peu de séries originales en cette rentrée, donc ; TV2 n'a par exemple pas de série à diffuser et se concentre sur ses fictions américaines (et britannique). Idem chez TV Norge, où pourtant on annonçait encore avant l'été la diffusion prochaine de la comédie Neste Sommer, qui n'apparaît toujours pas sur les grilles. La rédemption vient, comme souvent, de la chaîne publique NRK, avec une nouvelle comédie, ainsi que des rediffusions de Lilyhammer. Les autres nouveautés norvégiennes devraient arriver ultérieurement.

SideOmSide_300 - Side om Side (NRK)
Le genre : Comédie
L'histoire : Quand Maria et Jonas quittent la ville pour s'installer dans une petite banlieue paisible, ils pensent avoir trouvé le bonheur et, surtout, la tranquillité. Mais dés le jour de leur emménagement dans la maison de leurs rêves, ils réalisent que cette quiétude n'est qu'illusoire...
Le plan : 8 épisodes
> A partir du 7 Septembre
Icone-PlusTard - pour NRK : les crime dramas Mammon et Øyevitne ; la saison 2 de Lilyhammer ; et plus tard à l'automne 2014 : Okkupert, la coproduction avec arte ;
- pour TV2 : la comédie Vekterne, les crime dramas Det Tredje Øye (réalisée par Trygve Allister Diesen) et Acquitted ;
- pour TV Norge : la comédie Neste Sommer par le créateur de Helt Perfekt ne devrait plus tarder.

DANEMARK


DR1 fait figure de mauvaise élève : en lançant ce mois-ci une rediffusion de Nicolaj og Julie (un drama de 2002) et en achevant la rediff de Een Stor Familie (1982, quand même), la chaîne reporte à plus tard ses inédits. Face à cela, TV2 dégaine l'artillerie lourde, avec sa deuxième saison de Rita, fort attendue. Le plus impressionnant vient cependant de TV2 Zulu, la chaîne consacrée à l'humour et aux jeunes, qui entame la saison avec pas moins de 3 nouvelles comédies (la politique de TV2 en matière de commandes a en effet changé récemment) d'un coup ; 2 d'entre elles seront lancées ce soir lors du Zulu Comedy Galla, une cérémonie qui cloture le Zulu Comedy Festival qui a démarré la semaine dernière. La soirée sera présentée par Sidse Babett Knudsen, héroïne de Borgen qu'on n'imagine pas forcément en maîtresse de cérémonie pour une soirée humoristique, mais dont la présence devrait à coup sûr attirer du monde... Enfin, Kanal 5 lance pour la première fois une série dramatique.

Rita_Season2_300 - Rita - Saison 2 (TV2)
Le genre : Dramédie
L'histoire : retour de la prof la plus anticonformiste de la télévision pour une seconde saison qui donnera tout loisir aux spectateurs danois d'admirer les dysfonctionnements de la quarantenaire.
Le plan : 8 épisodes
> A partir du 11 Septembre
Tomgang-300 - Tomgang (TV2 Zulu)
Le genre : Comédie
L'histoire : Mathias tient un kiosque qui lui laisse tout loisir de se plaindre avec ses amis Theis et Aslan de ses déboires au quotidien, et notamment de son impossibilité pathologique à conclure avec la jolie fleuriste Mie.
> A partir du 1er Septembre
SjitHappens-300 - SJIT Happens (TV2 Zulu)
Le genre : Comédie
L'histoire : une série interactive dans laquelle les histoires embarrassantes des spectateurs peuvent devenir l'épisode la semaine suivante ; un premier test avait eu lieu en septembre dernier pour tester le concept. L'essentiel des anecdotes embarrassantes sera d'ordre sexuel, donc contenu explicite à prévoir.
> A partir du 1er Septembre
AggressivAmager-300 - Aggressiv Amager (TV2 Zulu)
Le genre : Comédie
L'histoire : une comédie à sketches dans laquelle deux comédiens endossent des rôles variés et souvent dérangeants. A titre d'exemple, une bande annonce les montre dans la peau d'un couple homosexuel dont l'un est attardé mental, pendant un dîner avec des voisins.
> A partir du 14 Septembre
Heartless-300 - Heartless (Kanal 5)
Le genre : Drame fantastique
L'histoire : Sofie et Sebastian font leurs études dans un pensionnat vieux de 400 ans ; mais ils cachent un lourd secret : pour vivre, ils doivent aspirer l'énergie de ceux qui les entourent. Ils sont décidés à percer le secret de leur malédiction, tout en essayant de trouver leur place dans l'écosystème du pensionnat.
Le plan : 5 épisodes
> Courant de l'automne
Icone-PlusTard - pour DR1 : en janvier prochain, Arvingerne (anciennement nommée Arven efter Veronika) ; et courant 2014, la titanesque série historique 1864, qui tiendra le record de la série danoise la plus chère jamais produite ;
- pour TV2 : le period drama Badehotellet courant 2014.

FINLANDE


Les chaînes finlandaises ne comptent certainement pas parmi les plus prisées sur le plan international, mais ce n'est pas une raison pour bouder les séries qu'elles proposent, généralement plus humbles dans leurs ambitions mais non moins intéressantes. Enfin, je parle au pluriel, mais vous allez voir que comme souvent en Scandinavie, la télévision publique a une longueur d'avance...

HavukkaAhonAjattelija-300 - Havukka-Ahon Ajattelija (YLE TV1)
Le genre : Drama
L'histoire : Tiré du roman éponyme, un classique de la littérature finlandaise écrite par Veikko Huovinen. Cette histoire d'un homme sage qui vit dans une forêt, philosophant sur divers sujets, a déjà été adaptée en 2009 au cinéma, et dans les années 70 en série.
Le plan : 3 épisodes
> A partir du 1er Septembre
SataLasissa-300 - Sata Lasissa (YLE TV1)
Le genre : Dramédie
L'histoire : Ecrite par le comédien Jari Salmi, cette série un peu barrée raconte comment des frères, dont la vie personnelle et professionnelle est en déroute, décident de monter leur propre affaire.
Le plan : 4 épisodes
> A partir du 22 Septembre
Icone-PlusTard - pour YLE TV1 : fin novembre, Kansan Mies, l'histoire d'un politicien qui perd une élection et doit se résoudre à commencer une nouvelle vie (12 épisodes).
- pour MTV3 : probablement au printemps, la série fantastique sexy Nymfit, dans laquelle des nymphes vivant parmi les humains doivent avoir des relations sexuelles avec eux pour conserver leur jeunesse (bon, par contre les humains en meurent).

Naturellement, ces quatre pays préparent également leurs Julkalender respectifs, mais on en reparlera plus en détails en temps utiles !

AUSTRALIE


Changement radical de cap avec l'Australie, où, géographie oblige, on ne vit pas la rentrée de la même façon. La rentrée du printemps apporte donc son lot de nouveautés, mais d'autres ont déjà commencé pendant l'hiver... donc pendant l'été, enfin, NOTRE été (arrêtez de m'embrouiller), comme la troisième saison de Winners & Losers, Wonderland (rien à voir avec le spin-off de Once Upon a Time) qui a démarré fin août, ou Underbelly: Squizzy qui touche à sa fin précisément le 1er septembre. Ah bah, ce soir donc. Voilà, vous m'avez toute mélangée.

MissFisherMurderMysteries-300 - Miss Fisher's Murder Mysteries - Saison 2 (ABC1)
Le genre : Crime drama
L'histoire : Retour de la plus pétillante des enquêtrices pour une nouvelle salve d'enquêtes pleines de mordant. Ce bruit sourd que vous avez entendu était Toeman, qui vient de s'évanouir de bonheur.
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 6 Septembre
PowerGames-300 - Power Games: The Packer-Murdoch Story (Nine)
Le genre : Period drama
L'histoire : La mini-série revient sur la rivalité entre deux empires de la presse à travers l'opposition du clan Murdoch et de la famille Packers, depuis les années 60 jusqu'en 1975. Spin-off de Howzat!.
Le plan : 2 épisodes
> A partir du 8 Septembre
SerangoonRoad-300 - Serangoon Road (ABC1)
Le genre : Period drama
L'histoire : Singapour, années 60. Un homme qui a grandi dans un camps d'internement japonais devient, à la faveur du hasard, un détective privé. Il va pénétrer l'univers des bas-fonds de la ville. La série est co-produite par HBO Asia.
Le plan : 10 épisodes
> A partir du 22 Septembre
Icone-PlusTard - pour ABC1 : Janet King, le spin-off de Crownies ; The Gods of Wheat Street, une série en 6 épisodes sur une famille aborigène ;
- pour Nine : la troisième saison de House Husbands ;
- pour Ten : la série historique ANZAC Girls courant 2014 ; la seconde saison de Puberty Blues.

TURQUIE


La Turquie compte probablement parmi les élèves les plus motivés quand vient la rentrée : il y a des nouveautés PAR-TOUT ! Hélas, cent fois hélas, du fait de mes compétences linguistiques pour le moins défaillantes en la matière, je crains d'en avoir laissé quelques unes de côté, mais tâchons tout de même de jeter un oeil sur ce qui reste l'un des pays les plus dynamiques ces dernières années. Seul bémol, en Turquie également, donner des dates de lancement pour les séries semble causer les pires souffrances aux exécutifs des chaînes. Et annoncer le nombre d'épisodes commandés ? N'y songez même pas.

GorusGunuKadinlari-300 - Görüş Günü Kadınları (FOX)
Le genre : Prison drama
L'histoire : La vie de 4 femmes enfermées en prison, et de leurs relations avec les hommes qui partageaient leur vie avant leur condamnation.
> A partir du 2 Septembre
Intikam-300 - İntikam - Saison 2 (Kanal D)
Le genre : Revenge drama
L'histoire : Non, vraiment : Revenge drama. Il s'agit bien évidemment de la seconde saison du remake turc de la série avec Emily Van Camp.
> A partir du 5 Septembre
LeylaninEvi-300 - Leyla'nın Evı (Star TV)
Le genre : Revenge drama
L'histoire : La série se déroule à la fois en 2012 et avec des flashbacks en 2002, lorsque le mari de l'héroïne (auquel elle a été mariée de force à 16 ans et dont elle a deux enfants) est assassiné. Dix ans plus tard, l'épouse mais aussi le fils aîné ne sont pas remis de la tragédie...
> A partir du 6 Septembre
BenimIcinUzulme-300 - Benım İçın Üzülme - Saison 2 (Show TV)
Le genre :  Romance
L'histoire : Une chronique de la vie amoureuse de jeunes adultes vivant dans une région rurale de la Turquie. La première saison avait été diffusée sur atv.
> A partir du 10 Septembre
MuhtesemYuzyil-300 - Muhteşem Yüzyıl - Saison 4 (STAR TV)
Le genre :  Period drama
L'histoire : Quatrième et dernière saison du plus célèbre drama turc du moment. Il faudra en outre gérer le départ de l'une des actrices principales, Meryem Uzerli, qui après un burn-out est tombée enceinte, s'assurant de n'avoir pas à revenir dans la série.
> A partir du 11 Septembre
KurtlarVadisiPusu-300 - Kurtlar Vadısı Pusu - Saison 8 (atv)
Le genre : Thriller/Action
L'histoire : Un agent qui s'infiltre dans des organisations criminelles se retrouve régulièrement à devoir gommer les limites de la loi. Il lui arrive même de se lier d'amitié avec des criminels.
> A partir du 12 Septembre
Karagul-300 - Karagül - Saison 2 (FOX)
Le genre : Drama
L'histoire : Ebru et Murat vivaient à Istambul où ils vivaient de façon moderne. Mais les affaires d'Ebru forcent le couple et leurs 3 enfants à déménager, et retourner vivre dans la très traditionnelle famille paternelle dans le Sud-Est de la Turquie.
> A partir du 13 Septembre
Calikusu-300 - Çalıkuşu (Kanal D)
Le genre : Period drama
L'histoire : Adaptation d'un roman de Reşat Nuri Güntekin (auteur de Leyla ile Mecnun, qui s'est faite annuler brutalement cet été), la série raconte, au début du 20e siècle, le destin d'une institutrice orpheline qui va s'installer au beau milieu de l'Anatolie.
> A partir du 19 Septembre
Fatih-300 - Fatıh (Kanal D)
Le genre : Period drama
L'histoire : Un biopic sur Mehmet II, un sultan tellement intéressant que je lui avais consacré tout un post cet été. C'est sans conteste la série la plus attendue de la saison en Turquie, pour des raisons également énoncées dans ce post. Impossible d'y couper, il va falloir que vous le lisiez.
> En Septembre
TatarRamazan-300 - Tatar Ramazan - Saison 2 (atv)
Le genre : Revenge drama/Prison drama
L'histoire : Alors qu'il tue un élu ripoux par esprit de vengeance, Tatar se retrouve en prison, où parmi les prisonniers, il est devenu une légende pour son rôle de vigilante. Pendant ce temps, son épouse doit élever seule leur enfant.
> En Septembre
Kayip-300 - Kayıp (Kanal D)
Le genre : Thriller/Drama
L'histoire : Kemal et Leyla avaient tout pour être heureux : une affaire qui marchait bien, une belle maison et deux adorables enfants. Mais quand leur fils disparaît, et que la police s'invite dans leur intimité, c'est toute leur vie qui tombe en miettes.
> En Septembre
YalanDunya-300 - Yalan Dünya - Saison 3 (Kanal D)
Le genre : Comédie
L'histoire : l'histoire d'un quartier cossu dans lequel vivent des familles de nouveaux riches, de bobos, ou de célébrités, qui côtoient une famille conservatrice installée depuis plus longtemps.
> En Septembre
HuzurSokagi-300 - Huzur Sokağı - Saison 2 (atv)
Le genre : Romance/Drama
L'histoire : Bilal est un musulman issu d'une famille très conservatrice, qui tombe amoureux de Feyza, une fille de bonne famille qu'il a rencontrée à l'université. Mais la jeune femme vient d'une famille plus laïque. Pourront-ils être heureux malgré leur différence ? Feyza pourra-t-elle s'adapter aux exigences de la famille de Bilal ?
> En Septembre
Karadayi-300 - Karadayı - Saison 2 (atv)
Le genre : Period drama/Thriller
L'histoire : Un revenge drama se déroulant dans les années 70, dans lequel un homme doit prouver l'innocence de son père condamné à mort ; manque de chance, il tombe amoureux de la même femme que le juge.
> En Septembre
UmutsuzEvKadinlari-300 - Umutsuz Ev Kadınları - Saison 3 (FOX)
Le genre : Dramédie
L'histoire : Nouvelle saison de l'adaptation turque de Desperate Housewives ; la série est dorénavant diffusée par FOX, et non plus Kanal D.
> En Octobre

CANADA Anglophone


Même en diffusant de nombreuses séries américaines du moment, les chaînes canadiennes anglophones trouvent de la place pour leurs commandes originales. Beaucoup, bien-sûr, sont des renouvellements (je compte seulement deux nouveautés en cette rentrée), mais d'un autre côté, pourquoi réparer ce qui n'est pas complètement cassé ?

PackageDeal-300 - Package Deal (Citytv)
Le genre : Comédie
L'histoire : 3 frères qui n'ont rien en commun sinon les liens du sang sont perpétuellement impliqués les uns dans la vie des autres. Mais quand l'un d'entre eux entame une relation sérieuse, le risque que se rompe cette relation fraternelle plane au-dessus de leur tête.
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 30 Septembre - Pilote diffusé en Juin
Cracked-300 - Cracked - Saison 2 (CBC)
Le genre : Procedural
L'histoire : Une unité de police mélangeant policiers et psychiatres intervient dans le cas de crimes particulièrement dérangeants et/ou impliquant des criminels mentalement perturbés.
Le plan : 20 épisodes
> A partir du 30 Septembre
MurdochMyteries-300 - Murdoch Mysteries - Saison 7 (CBC)
Le genre : Period drama/Procedural
L'histoire : Retour de la série d'enquêtes se déroulant au 19e siècle.
Le plan : 18 épisodes
> A partir du 30 Septembre
Played-300 - Played (CTV)
Le genre : Procedural
L'histoire : Chaque semaine, les membres d'une unité spécialisée doivent infiltrer le monde criminel afin de pouvoir collecter des preuves et, à terme, procéder à des arrestations. Mais quand les plans compliquées et les interrogatoires sous tension sont finis, il faut revenir à une vie normale...
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 3 Octobre
RepublicofDoyle-300 - Republic of Doyle - Saison 5 (CBC)
Le genre : Crime dramédie
L'histoire : les Doyle père et fils travaillent ensemble comme détectives privés.
Le plan : 16 épisodes
> A partir du 6 Octobre
CallMeFitz-300 - Call Me Fitz - Saison 4 (HBO Canada)
Le genre : Dramédie
L'histoire : Larry, éternelle bonne conscience de Fitz, voit sa vie personnelle se modifier, et profite de l'occasion pour se plonger dans l'album de souvenirs des Fitzpatrick, dévoilant plus encore les origines de leurs dysfonctionnements... Pendant ce temps, Fitz a un nouvel ennemi.
> A partir du 7 Octobre
Icone-PlusTard - pour CBC : en octobre, Heartland ; de nouvelles saisons pour Mr. D et Arctic Air.

CANADA Francophone


Pour tous ceux qui craignent de ne pas comprendre un mot des séries précédemment citées (et/ou de ne pas trouver de sous-titres), il reste l'option de se tourner vers les séries québécoises. De nombreuses séries sont de retour, mais les nouveautés ne sont pas en reste ; TVA et Radio-Canada ICI se disputent âprement l'attention des spectateurs, comme vous allez le voir. Une seule véritable inconnue en ce qui me concerne : je n'ai pas trouvé de date pour la suite de la diffusion de la série O', dont la seconde partie des épisodes de la saison 2 devraient être diffusés en automne. A un moment. Je suppose ?

Yamaska-300 - Yamaska - Saison 5 (TVA)
Le genre : Drama
L'histoire : Après que la saison 4 se soit achevée sur un mariage, qu'est-il advenu des habitants de Granby ?
> A partir du 9 Septembre
Unite9-300 - Unité 9 - Saison 2 (Radio-Canada ICI)
Le genre : Prison drama
L'histoire : 48 heures après la fin de la saison 1, nous revoilà plongés dans la vie des détenues de Lietteville. Prévoir de nombreux changements de casting, de la tension... et une nouvelle unité à découvrir !
Le plan : 24 épisodes
> A partir du 10 Septembre
Lavieparfaite-300 - La vie parfaite (Radio-Canada ICI)
Le genre : Comédie
L'histoire : Eric et Julie, un couple avec 3 enfants ont comme beaucoup un quotidien effreiné. Lorsque le père d'Eric décède, laissant de nombreuses dettes, sa mère Estelle emménage avec le couple, rendant la vie sous un même toit encore plus compliquée !
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 11 Septembre
LesPecheurs-300 - Les Pêcheurs (Radio-Canada ICI)
Le genre : Comédie
L'histoire : chaque semaine, Martin Petit emmène d'autres humoristes (dans leur propre rôle) pour une partie de pêche généralement chaotique, les comédiens ayant moins de talent pour ferrer le poisson que pour se mettre dans des situations impossibles.
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 11 Septembre
LesBobos-300 - Les Bobos - Saison 2 (Télé-Québec)
Le genre : Comédie
L'histoire : Les Maxou, qui ont pour ainsi dire inventé tout ce qui est "in" sur le Plateau-Mont-Royal (ils ont d'ailleurs été les premiers à dire "in"), sont de retour pour de nouvelles aventures écologiquement responsables.
> A partir du 13 Septembre
ToutelaVérité-300 - Toute la Vérité - Saison 5 (TVA)
Le genre : Legal drama
L'histoire : La série se glisse dans les bureaux de procureurs en prise avec les difficultés ou les violences du quotidien. Mais derrière la robe se cachent aussi des hommes et des femmes qui ont également leurs propres problèmes.
> A partir du 16 Septembre
Unsur2-300 - Un sur 2 - Saison 2 (TVA)
Le genre : Drama
L'histoire : Un sur 2 chronique la difficile relation entre Michel et Luce, qui se sont séparés brutalement mais qui doivent trouver un point d'équilibre pour leur fille Léa. La série accueille 3 nouveaux personnages qui ne simplifieront certainement pas les choses.
Le plan : 20 épisodes
> A partir du 17 Septembre
MemoiresVives-300 - Mémoires vives - Saison 2 (Radio-Canada)
Le genre : Drame
L'histoire : Mémoires vives est le nom d'une organisation qui cherche des personnes disparues, créée lorsque Jacques et Francine ont dû faire face à la disparition de leur fille 30 ans plus tôt. Bien qu'aujourd'hui séparés, ils continuent de venir en aide aux familles déchirées.
> A partir du 17 Septembre
LeGentleman-300 - Le Gentleman - Saison 3 (TVA)
Le genre : Thriller
L'histoire : Après deux ans d'absence, la série revient pour une nouvelle saison dans laquelle le Gentleman devra travailler sur deux affaires en apparence totalement indépendantes.
> A partir du 25 Septembre
Icone-PlusTard - pour Radio-Canada : cet hiver, Trauma saison 5 ; et Série noire, sur les déboires de 2 scénaristes dont la série policière a été un échec, et qui doivent par tous les moyens y apporter du réalisme ;
- pour TVA : 2 nouveautés, Les beaux malaises et Les jeunes loups (écrite par le scénariste de Scoop) ;
- pour Séries+ : début 2014, La Marraine, une mini-série sur Ines Barbosa-Hernandez, condamnée pour trafic de drogue dans les années 90.

Amérique du Sud


Bon, ce n'est pas un pays que je vous propose d'aborder pour finir, mais tout un continent ! En effet, place à la nouvelle série de HBO Latino, qui sera diffusée simultanément en version originale dans les pays d'Amérique latine, ainsi qu'avec sous-titres pour le marché Brésilien. Cela n'empêche nullement HBO Latino de rediffuser également l'unique saison de Preamar.

Profugos-300 - Prófugos - saison 2 (HBO Latino)
Le genre : Drama/Thriller
L'histoire : Quand le trafic de frogue tourne mal, il est temps de mettre le voiles. Pour une deuxième saison, les fugitifs de Prófugos continuent leur course à travers le pays pour échapper aussi bien à la mafia qu'à la Justice.
Le plan : 13 épisodes
> A partir du 15 Septembre

...Si vous vous inquiétez de ne pas tout retenir, et c'est normal, ne vous en faites pas : le Pilot Watch revient prochainement sous une nouvelle form- ah, pardon, j'en ai déjà trop dit. En tous cas, estimez-vous heureux, je garde les nouveautés asiatiques pour plus tard, d'autant que la prochaine saison japonaise ne commencera que début octobre. Il faudrait aussi citer les séries brésiliennes comme la 2e saison de Suburbia, mais, à un moment il faut faire des choix.

Vous voilà parés pour faire votre choix dans quelques uns parmi les très nombreuses séries de la planète à être diffusées cet automne. Vous pouvez aussi  me suggérer des ajouts si vous le souhaitez.
Il y a forcément au moins une langue dans le lot que vous compreniez ! Alors maintenant, c'est à vous de me dire : qu'est-ce qui vous intéresse cet automne ?

Posté par ladyteruki à 16:00 - Love Actuality - Permalien [#]

27-08-13

Bon bah, à toi, quand tu veux...

Vous êtes sûrement familiers des problèmes que rencontrent les soaps étasuniens depuis quelques années : annulations successives, résurrection sur le web compliquée, reprise de deux d'entre eux par OWN...
Le feuilleton des feuilletons est presque plus intéressant que les feuilletons !

Eh bien, les choses ne vont pas toujours mieux ailleurs. Cette semaine, en Afrique du Sud, c'est le soapie 7de Laan qui fait parler de lui.
Petite remise en contexte : 7de Laan a fêté début mai dernier ses 3000 épisodes, et entamé en parallèle sa 14e saison sur la chaîne publique SABC2. C'est une success story du soap sud-africain, tournée en afrikaans, avec certains dialogues en anglais et en zoulou, et diffusée avec des sous-titres anglais, de sorte qu'une grande partie du public sud-africain s'y retrouve : en moyenne, plus de 2 millions de spectateurs sud-africains, qui pour être honnête sont essentiellement des spectatrices, suivent la série quotidiennement. Et pourtant, son tournage pourrait bien s'arrêter ce vendredi. Et je ne vous parle pas d'un bête hiatus, mais bien d'une interruption qui pourrait être définitive.

Alors, quel est le problème, me demandez-vous, l'angoisse au ventre. Les audiences s'effondrent-elles ? Les coûts de production s'envolent-ils ? Une intrigue s'est-elle montrée polémique ? Ou, plus trivial mais au moins aussi gênant : son studio a-t-il pris feu ? Qu'est-ce qui peut bien justifier la potentielle annulation d'une des séries quotidiennes les plus regardées du pays, lady, ne nous laisse pas dans l'ignorance !?

7deLaan_3000th

Une erreur administrative.
Oui, vous avez bien lu, voilà ce qui met en danger le tournage de la série et avec lui les grilles de la chaîne qui la diffuse : une erreur administrative. Quand vous aurez fini de rire, je vous explique. C'est pas grave, allez-y, je peux attendre.

L'histoire du jour est donc le gag du jour : la chaîne SABC2 n'a pas procédé au renouvellement des contrats avec la production. Les exécutifs de la chaîne ont oralement promis de le faire, preuve que ce n'est même pas une façon détournée d'arrêter la série de leur part, mais voilà, les choses traînent, les papiers se perdent, le chien a mangé les enveloppes, bref, toujours pas de contrat en vue. Et ça commence à agacer le producteur et créateur Danie Odendaal (ancien scénariste puis head writer d'Egoli), qui, bien qu'habitué à des "renouvellements" de dernière minute de la part de la chaîne, a décidé de ne pas payer de sa poche la production d'épisodes qui ne sont même pas encore officiellement commandés par SABC2.
Il va donc fermer boutique vendredi si SABC2 n'a pas trouvé d'ici vendredi une imprimante, une presse, ou un moine copiste.

Du côté de la chaîne, d'ailleurs, les déclarations sont sibyllines, du genre : "il n'y a pas de problème d'ordre contractuel". Non, probablement pas, mais visiblement vous avez du mal à trouver un gars avec un vélo pour apporter une enveloppe sur Concourse Crescent, à moins d'une vingtaine de minutes du siège de SABC. Il faut avouer que l'agacement d'Odendaal se comprend.

A plusieurs reprises déjà par le passé, SABC2 a fortement traîné des pieds pour signer les contrats de 7de Laan en temps et en heure ; les fois précédentes, Odendaal avait simplement continué de tourner la série en attendant que les documents arrivent. On est des gens civilisés, ça va, on fait affaire depuis un bout de temps, c'est que de la paperasse ! C'est à un tel point un problème habituel, que cette année, la production avait donné une semaine de congés à toute l'équipe du soapie. Une semaine de repos qui tombait pendant la période lors de laquelle les contrats devaient être renouvelés, considérant que de toute façon, ils arriveraient en retard. Sauf que cette semaine de vacances, c'était la semaine dernière ; cette semaine est donc écoulée et les contrats n'ont toujours pas été transmis.

Dans tout ça, les réactions sont assez partagées parmi le cast de la série : certains acteurs rient de cette péripétie, quand d'autres, plus nerveux, craignent sincèrement l'annulation, et se demandent comment ils pourront continuer à se donner à leur art après vendredi.

Si je traite tout cela un peu à la légère, c'est que beaucoup d'observateurs sud-africains s'accordent à dire que ce n'est que l'une des énièmes preuves des dysfonctionnements de l'audiovisuel public sud-africain, souvent un peu léger sur ses obligations administratives. Les exécutifs des chaînes SABC rencontrent apparemment de très fréquents changements dans les instructions reçues, qui empêchent le business de se faire dans la sérénité.
Et puis après tout, tant que les décors ne sont pas détruits, rien n'empêche a priori de reprendre le tournage dans une semaine ou deux le temps que SABC appuie sur CTRL+P : il n'y a donc pas encore de quoi remettre le prix de la Meilleure Annulation Crétine de l'Année.

Pas de panique à proprement parler, donc, mais une petite tempête dans un verre d'eau qui nous rappelle que des absurdités, il s'en passe sur toutes les chaînes de la planète.
Qui a dit que l'actualité des séries internationales devait toujours être morose ?

Posté par ladyteruki à 18:14 - Love Actuality - Permalien [#]

16-08-13

R13 E01

La première fois que j'ai vu ce sigle, je me suis dit "damned, je connaissais S01 E01, mais là, c'est une colle".
Cette fois-là, il m'avait bien fallu une bonne dizaine de minutes avant de comprendre que, ah ok, j'y suis, le "R" est pour Ramadan. Et en même temps c'est logique : si une série n'est diffusée que pendant le Ramadan, c'est beaucoup plus simple de parler du Ramadan de quelle année, plutôt que d'essayer d'en compter les saisons !
J'en profite donc pour transmettre ma science : "R13 S01", c'est, pour une série donnée, le premier épisode d'une série (ou saison) diffusée pendant le Ramadan 2013. Allez hop, un nouvel outil à ajouter à notre Guide de survie !

Ce mois téléphagique pas comme les autres sera en effet notre sujet du jour, alors que le Ramadan s'est achevé la semaine dernière.

Ramadan-2013

Pour le troisième été consécutif, me voilà donc à me demander comment je vais vous parler des séries du Ramadan.
Non, ce n'est en fait pas tout-à-fait juste : pour le troisième printemps consécutif, je me demande comment je vais vous parler des séries du Ramadan cet été. C'est un processus qui m'épuise du fait de la barrière de la langue (les recherches en anglais ou en français donnant des résultats très incomplets, quand il y a des résultats, ce qui n'est pas le cas pour toutes les fictions), mais qui m'intéresse aussi énormément, car je ne doute pas qu'il y ait des dizaines de séries à découvrir. Perspective qui ne peut que mettre en joie le téléphage curieux !
Et quand je dis "dizaines", je n'exagère pas : pendant mes recherches, cette année, j'ai déjà relevé 65 mosalsal au Moyen-Orient, et un peu moins de 30 en Afrique du Nord ! Et de toute évidence, de nombreuses autres sont passées entre les mailles de mon filet.

Aussi ai-je tendance à essayer de donner dans la sélection à vocation récapitulative ; c'est précisément ce que j'ai fait la première année. Je vous invite d'ailleurs chaleureusement à relire au moins le début de ce vieil article, ainsi que mon article introductif sur la télévision égyptienne, pour obtenir des éléments de contexte que vous ne trouverez pas ci-dessous.
La deuxième année, j'avais commencé un article récapitulatif similaire... mais ma coupure d'internet prolongée avait réglé le problème à ma place. Bon.
Cet été, j'allais opter pour un récapitulatif également, avant de me raviser, craignant que ce soit fastidieux à lire (et moyennement excitant de voir une litanie de titres). J'ai alors commencé à plutôt ambitionner de vous parler uniquement des séries les plus polémiques. Finalement le mois du Ramadan est passé, je ne m'étais toujours pas décidée... alors j'ai résolu de vous emmener dans une promenade à travers le profil de trois séries seulement, en choisissant de mettre en avant des fictions qui avaient retenu mon attention. L'une a fait polémique, la deuxième s'inscrit dans l'histoire télévisuelle de son pays, et la troisième est très atypique, bref, c'est un petit panachage de ce que j'avais préparé ces derniers mois, avec plutôt des éléments de contexte qu'une énumération de séries longue comme le bras.
Avec le temps, on finira bien par trouver une formule qui convienne à tout le monde, pas vrai ? N'hésitez pas à me dire ce qui aura le mieux fonctionné pour vous.

Ramadan-Icon

Mais d'abord, quelques chiffres pour se remettre dans le contexte de ce mois téléphagiquement unique. Une étude menée à l'occasion du Ramadan a été commandée par OSN, leader de la télévision payante au Moyen-Orient, pour étudier les habitudes des spectateurs pendant cette période télévisuelle exceptionnelle (pour rappel, on estime que jusque pendant ce mois, dans la région, 80% des séries de l'année sont diffusées).
Dans cette enquête, donc, il apparait que pendant cette période, environ une personne sur trois va regarder la télévision, entre 3 et 5 heures par jour (contre une moyenne de 3,1 heures le reste de l'année). Je dis "environ une personne sur trois", car les chiffres varient d'un pays à l'autre : ainsi, c'était le cas de 37% des Egyptiens, contre 33% des Saoudiens, ou encore 30% des Koweitiens.
Et encore, il y a pire/mieux ! Car 15% des Egyptiens regardent entre 5 et 7 heures de programmes par jour ! Par jour ! Pendant 30 jours de suite ! Qui dit mieux ?

Il est bon de noter que ces programmes ne sont pas systématiquement des séries : les programmes préférés des spectateurs sont, certes, à 35%, les fictions, mais elles sont suivies, à 28%, par les talk shows ; les programmes purement religieux occupent la troisième place, contre toute attente ; ex-aequo avec les programmes d'information qui connaissent, depuis quelques années, et pour des raisons évidentes, un regain d'intérêt.
Après, on ne s'étonnera pas que ce mois faste fasse le bonheur des annonceurs !

Parmi les autres préférences des spectateurs, on apprend dans cette étude qu'en moyenne 80% des spectateurs de la région jugent impératif de regarder la télévision en HD ; 82% des sondés indiquaient êtres "très agacés" que des coupures de pub interrompent leurs programmes ; et 60% des personnes interrogées indiquaient qu'il leur était vital de pouvoir regarder la télévision à la carte. Une dernière demande qui est intéressante car pendant longtemps, les grilles des chaînes se calquaient sur l'heure de l'iftar (ou ftour), un modèle qui persiste mais qui est visiblement voué à changer. Ces exigences se retrouvent de nos jours au niveau mondial, évidemment, mais sont exacerbées pendant le Ramadan, de par le volume de télévision consommé ; la tradition dans laquelle ce mois télévisuel s'inscrit rend les changements d'autant plus intéressants à observer.

Le plus surprenant dans cette enquête, c'est que 80% des personnes interrogées, tous pays confondus, attendaient avec impatience de pouvoir regarder, pendant le mois de Ramadan, la troisième saison de la série turque Muhtesem Yüzyil, plus connue dans la région sous son titre arabe Hareem Al Sultan (que la plupart des chaînes du coin se gardaient sous le coude, histoire de capitaliser sur les audiences légendaires du Ramadan). 80% dans tout le Moyen-Orient, le chiffre a de quoi faire tourner la tête ; mais le plus surprenant, c'est que 60% des sondés n'avaient pas vu, ou seulement de façon très sporadique, les deux premières saisons. Voilà qui en dit long sur le phénomène créé par cette série historique. Ca va décidément être un sacré appel d'air quand sa diffusion va se conclure...
En Egypte, en particulier, ce chiffre marque la différence entre les spectateurs d'une part, et les professionnels de l'industrie télévisuelle d'autre part, ces derniers ayant appelé au boycott des séries turques, avec évidemment Muhtesem Yüzyil en première ligne étant donné son succès. Les raisons ne sont pas seulement créatives (chaque pays étant convaincu de la supériorité de ses fictions...), puisqu'il s'agit d'une réaction politique à l'encontre du gouvernement turc, qui soutenait le gouvernement de Mohamed Morsi (au temps pour la thune, le pognon et le flouze le rayonnement culturel...). La diffusion de la série a tout de même été maintenue, faut pas déconner.

Sauf qu'aujourd'hui, on ne va pas encore une fois faire des tartines sur Muhtesem Yüzyil (si vous manquez cruellement de lecture, vous avez tout ce qu'il vous faut dans les liens ci-dessus !), mais bien nous intéresser à des séries spécialement créées et diffusées à l'occasion du Ramadan dans le monde arabe.
En voici donc quelques unes qui ont attiré mon attention...

HekayetHayah

Chaque année, le mois de Ramadan apporte son lot de séries "scandaleuses" ; de par la nature religieuse de ce mois télévisuel, les séries doivent en effet trouver un juste milieu entre leur volonté d'attirer les spectateurs (avec ce que cela implique parfois de surenchère, d'autant que vous l'aurez compris, la concurrence entre chaînes est rude) et le fait que ceux-ci aspirent à une certaine dignité dans leurs programmes. Gare aux séries qui seront considérées comme immorales ou, pire, obscènes ! Hekayet Hayah, écrite par Ayman Salama, et réalisée par Mohamed Samy pour CBC en Egypte, est l'une de celles-ci cette année, et vous allez vite voir pourquoi.

Cette série égyptienne s'intéresse à une femme venant d'une famille extrêmement riche, Hayah, qui a été jugée coupable du meurtre de sa mère ; dans un pays où la peine de mort est encore d'actualité, elle s'en sort relativement "bien", puisqu'elle est simplement placée en hôpital psychiatrique (ses affirmations au sujet d'un complot de sa famille pour récupérer l'héritage qu'elle a reçu de son père permettant à la dite famille de la faire prononcer irresponsable... et du coup de la déchoir de son héritage, bingo !).
Par la suite, dans l'hôpital psychiatrique plutôt select où elle est internée, elle est violée par un membre du personnel. Au bout de 13 années passées dans cet Enfer, où en quasiment personne ne lui a rendu visite, et même pas écrit une seule fois, elle sort donc de captivité, je veux dire de convalescence, et retrouve sa famille.
Enfin, pas tout-à-fait : sa soeur a épousé le mari de Hayah (ça fait toujours plaisir), et c'est elle qui a élevé leur fils comme si elle était sa mère. Résultat, le jeune homme ignore totalement l'existence de sa mère biologique ! Comment faire pour se rapprocher de lui ? Eh bien, la solution que trouve notre héroïne, et vous allez j'en suis sûre trouver que ça tombe sous le sens, c'est d'entamer une relation amoureuse avec lui. En plus, je ne sais pas quel âge il est supposé avoir, mais dans le pilote, il n'a pas l'air d'être totalement sorti de la puberté...

Comme si cette relation incestueuse ne suffisait pas, Hekayet Hayah suit d'autres intrigues secondaires en parallèle... comme par exemple un personnage qui se tape sa secrétaire, ou d'autres qui se trompent à qui mieux-mieux, notamment le mari de Hayah avant même que celle-ci ne soit internée. Oh, et dés le pilote, plusieurs personnages boivent de l'alcool, aussi, ce qui est moyennement halal. Il parait aussi que les dialogues sont émaillés de langage déplacé, et même d'un personnage s'en prenant à la religion, mais je laisse le soin à ceux d'entre vous qui parlent l'arabe de me le confirmer.

Le parfum de scandale ne s'arrête pas là. Omar Sharif s'était vu offrir l'un des rôles de la série, pour pas moins de 3 millions de dollars, une somme plutôt coquette puisque cela représente un million de plus que les prix pratiqués d'ordinaires avec les stars du Ramadan (que j'imagine, sans être capable de le sourcer, être des dollars US) qui a pas mal fait parler de la série alors qu'elle n'était qu'au stade de projet, et qu'elle portait alors un autre titre, Ma'a Sebq Alesrar. Il a apparemment fini par refuser le rôle ; je ne l'ai pas vu au générique et il semble que les rôles masculins d'âge équivalents (dont le fameux père de Hayah) soient interprétés par d'autres acteurs... ou alors il a VRAIMENT pris un coup de vieux.
Mais plus encore, c'est l'actrice Ghada Abdelrazek qui a fini par faire les gros titres. Elle ne s'est pas du tout entendue avec le réalisateur Mohamed Samy, mais ça, encore, ça irait : elle l'a notamment accusé de venir sur le tournage sous l'effet de diverses substances... Sauf qu'en face, lui l'a accusée d'avoir tenté de le tuer ! Ou quand la réalité dépasse la fiction.

Si, comme pour la plupart des séries polémiques du Ramadan, le plus gros défi pour la production était que les chaînes de télévision ne recule pas devant les plaintes des spectateurs et retirent purement et simplement la série de l'antenne (à la place, de nombreuses chaînes l'ont amputée de ses scènes les plus obscènes, notamment le diffuseur Abu Dhabi TV qui en avait les droits dans plusieurs pays du Moyen-Orient), il faut reconnaître qu'une fois ce cap passé, les audiences de Hekayet Hayah ont été plutôt satisfaisantes.
On doit probablement une partie de ce succès à une évidence : la série emprunte une panoplie de codes au soap opera, des musiques grandiloquentes aux décors richissimes (la maison de l'ex-famille de Hayah est assez incroyable, people who live in glass houses et toute cette sorte de choses), en passant par certains membres du cast juste un peu trop enthousiastes, comme la frangine colérique. Et, on aime les soaps ou pas, mais en tous cas, ça marche.

Et au fait, Hayah a-t-elle assassiné sa mère ? Réponse à partir de la 42e minute dans le pilote ci-dessous. Attention, de la cervelle peut apparaitre brièvement dans cette séquence...
(hélas l'épisode n'est pas sous-titré, il faudra donc regarder les scènes précédentes si vous voulez comprendre le contexte)

Avant de passer à la série suivante, j'en profite pour souligner qu'outre le caractère volontairement outrancier de certaines séries, comme c'est visiblement le cas de Hekayet Hayah ou d'Asya (une série dans laquelle une jeune femme se marie, perd la mémoire et devient alors danseuse du ventre dans un casino, écrite par le scénariste de la série Al Mowatin X), parfois, il en faut peu pour poser des problèmes.

Prenez le cas d'une série religieuse. "Ah, bien", me direz-vous : "là au moins on ne risque pas d'avoir des intrigues incestueuses !" (...vous avez lu la Bible récemment ? Parce que c'est pas du tout une garantie, en fait ; mais je digresse).
Sauf que vous vous rappelez de ce petit détail selon lequel il ne faut pas représenter les figures religieuses musulmanes ? Ouais, exactement : pour une série télévisée, c'est un peu problématique. Cette année (car c'est évidemment une problématique récurrente), le défi s'est posé à la série Al-Hassan wa Al-Hussein, qui raconte le schisme entre sunnites et chiites, à travers l'histoire de ces deux frères, tous deux imams, et tous deux héritiers de Mahomet. C'est précisément en se disputant la succession de Mahomet au 7e siècle qu'ils vont provoquer ce schisme. Problème, donc : les proches de Mahomet, c'est-à-dire la famille, mais aussi les compagnons, ne peut être représentés à l'écran. Second problème : le schisme est quand même une question un tantinet sensible, qui a encore des répercussions (souvent sanglantes) aujourd'hui. Résultat ? La série a été bannie de l'antenne sur la télévision nationale égyptienne. Ca partait pourtant d'une bonne intention... mais non.

Je serais curieuse de savoir pourquoi, tels des insectes attirés par la lumière d'un bug zapper, les productions persistent à tourner des séries onéreuses pour finir par les voir interdites en vertu du principe qu'on ne représente pas les figures religieuses, mais je n'ai pas la réponse. Sûrement qu'il y a une question de revente de droits qui leur permet de rentrer dans leurs frais (puisque d'après ce que je lis, les sunnites sont plus à cheval sur ce problème de représentation que le chiites), mais ça reste pour le moins risqué. Pour bien faire il faudrait pouvoir interviewer quelqu'un dans l'une de ces productions, mais mon arabe est un peu, euh, rouillé...

Ramadan2013_DarElBahdja

On poursuit notre petit tour par une série algérienne, pour changer un peu de coin. Avec un total de 11 épisodes, Dar El Bahdja a été diffusée cet été sur trois chaînes du groupe ENTV en Algérie juste après l'iftar. La série est écrite par Athmane Bendaoued et Djâafer Gacem, et réalisée par ce dernier, auquel on doit déjà Djemai Family, une série qui a duré trois Ramadan à la télévision algérienne entre 2008 et 2011.

En fait, Dar El Bahdja était au départ supposée être la suite de Djemai Family, mais en raison de changements de distribution conséquents (dont le rôle principal, quand même !), et de l'échec de la troisième saison il y a deux ans (des personnages de vampires ont été introduits dans la série, surprenant que ça n'ait pas plu...), le projet a finalement été repensé. Reste que, jusqu'au mois de mai, la série était en fait présentée par Gacem comme la 4e saison de Djemai Family, avant qu'il ne devienne évident que les changements imposés par les variations du cast étaient trop importants.
Réorientation oblige, Dar El Bahdja a tenté de repartir dans une autre direction, et s'est inspirée, dit-on, de la série à succès syrienne Bab Al Hara, qui se déroule intégralement dans un quartier populaire, dans les années 20 puis, les saisons passant, les années 30. Moi je vous dis ça, j'en sais rien : je n'ai jamais regardé Bab Al Hara, je ne serais pas capable de vous dire à quel point l'inspiration est évidente. Mais en tous cas, le juste milieu semble être trouvé puisque Dar El Bahdja se déroule ostensiblement de nos jours (on y voit un personnage utiliser Google Maps).

En dépit du contexte, celui d'un quartier dans lequel se côtoient des personnages hauts en couleurs et d'origine sociale variée, qui semble plutôt permettre d'explorer des axes comiques si prisés pendant la période du Ramadan, Dar El Bahdja n'est pas une comédie mais plutôt une dramédie. Gacem aborde au travers de la série des problématiques actuelles rencontrées au sein de la société algérienne. Le sujet central de la série est ainsi l'émigration, même si le pilote, auquel vous pouvez jeter un oeil ci-dessous (hélas, pas sous-titré non plus), met avant tout l'accent sur l'exposition du quartier et les intentions de ses héros, plutôt que sur le voyage lui-même.
La série suit donc Réda, Zinou, Kader et Mohamed (dit "Petit Moh"), quatre jeunes vivant dans un quartier populaire algérien, et qui veulent se tirer de là à tout prix. Ils tentent d'organiser leur départ vers l'Europe et plus précisément l'Italie, mais, de par leurs moyens, ce départ ne peut se faire que dans la clandestinité, ce qui pose des problèmes supplémentaires aux autres préoccupations telles que quitter ceux qu'on aime. Evidemment, rien ne se passe comme prévu dans le plan des garçons, surtout quand les familles des uns et des autres s'en mêlent...

Dar El Bahdja est aussi l'occasion de retrouver à la télévision algérienne l'actrice et chanteuse Biyouna, vue en France, entre autres, dans la série de téléfilms Aïcha, écrite et réalisée par Yamina Benguigui, ou dans le film La Source des Femmes, sélectionné au festival de Cannes en 2011. (Biyouna a depuis été faite Chevalier des Arts et des Lettres par la ministre Yamina Benguigui, mais ce n'est sûrement qu'un hasard)
L'actrice avait en effet fait ses débuts sur le petit écran algérien dans les années 70, et avait précédemment collaboré avec Gacem pendant trois saisons de la série Nass Mlah City il y a une dizaine d'années. Cela faisait pourtant 7 ans que les spectateurs algériens ne l'avaient pas vu dans une fiction nationale, autant dire une éternité ! La présence de l'actrice compense pour les nombreuses pertes au casting de Dar El Bahdja par rapport à Djemai Family, car il s'agit d'un véritable évènement.

AlJarGabelalDar

Dans un autre registre encore, je vais vous parler pour finir d'une comédie jordanienne (ce qui est une première pour moi !). Al Jar Gabel al Dar, c'est son nom, relève plutôt de la shortcom d'une dizaine de minutes, et ses 11 épisodes étaient diffusés par Roya TV, qui propose des séries comme Zahri wa Azrag ("le rose et le bleu"), une version locale d'Un Gars, Une Fille.

Le titre de la série, qui pourrait se traduire par "les voisins avant la maison", renvoie au proverbe qui recommande, avant d'emménager dans une nouvelle maison, de prêter plutôt attention aux voisins, car la meilleure des maisons n'est rien avec des voisins pourris. Je paraphrase, hein. Al Jar Gabel al Dar est coécrite par un scénariste, Aseel Mansour, ainsi que les trois comédiens principaux de la série : Natheer Khawaldeh, Fares Hadadeen et Brett Weer. Hm, ce dernier nom ne sonne pas comme très jordanien ! En effet, Weer est un comédien américain qui s'est établi à Amman, et qui compte à son actif pas mal de stand-up sur le thème du fossé culturel (ses sketches sont apparemment l'équivalent jordanien de Lilyhammer !).
Et justement, c'est le principe d'Al Jar Gabel al Dar : parler de la différence entre deux cultures, en mettant côte-à-côte un Américain et ses voisins jordaniens, avec lesquels il se lie progressivement d'amitié en dépit des incompréhensions ou des différences fondamentales de mode de vie.

A ce stade vous l'avez peut-être deviné : la série Al Jar Gabel al Dar est entièrement bilingue : Weer s'exprime en anglais (il est sous-titré en arabe), et ses comparses parlent en anglais et en arabe (sniff, sans sous-titres anglais !). Ca donne une comédie très enlevée qui fonctionne plutôt bien, du moins pour ce que j'en comprends.

Vous pouvez donc donner sa chance à Al Jar Gabel al Dar, c'est même le but plus ou moins avoué de la série. Celle-ci possède en effet un titre en anglais (My American Neighbour, encore une victime de l'épidémie de titres anglophones n'ayant rien à voir avec le titre original), et toutes les videos sont en ligne le plus légalement du monde sur Youtube, comme par volonté de permettre aux Jordaniens et aux Américains de rire des mêmes choses. Un objectif carrément sympathique, à l'instar de la série.
J'ai choisi de vous proposer ci-dessous ce qui a l'air d'être le dernier épisode de la série (mais ils sont vraisemblablement regardables dans n'importe quel ordre), à la salle de sport.


Etant donné que beaucoup de choses sont accessibles dans cet épisode (bon, j'admets : pour peu de parler anglais), j'attends vos impressions dans les commentaires ci-dessous !

D'après Brett Weer, cette série bilingue est une première dans la région, et je le crois volontiers car ce n'est pas forcément la première chose qui me vient à l'esprit quand je pense à une série du Ramadan. C'est par contre tout-à-fait le genre d'initiatives qui pourraient sans trop de mal être diffusées sur une chaîne occidentale (chais pas moi, arte a pas un trou d'une dizaine de minutes quelque part dans sa grille ?).


...C'est tout pour cette année ! Si vous avez eu accès, pendant le mois saint, aux séries du Ramadan, je vous invite avec le plus grand des enthousiasmes à partager en commentaires vos découvertes préférées, vos visionnages les plus insolites, ou tout ce qui vous a marqué cette année.
Et à part ça, rendez-vous pour le R14, qui commencera cette fois aux alentours du 28 juin !

Posté par ladyteruki à 00:04 - Love Actuality - Permalien [#]

26-07-13

La fin d'une ère

Dans de nombreux pays, le hiatus estival implique que l'actualité télévisée porte en fait généralement sur l'automne. Quelles séries se préparent à revenir, quelles nouveautés vont débuter dans quelques semaines...
Cela implique que je vous prépare plusieurs posts Love Actuality dans le même ordre d'idées, et qui, dans les semaines qui viennent, nous permettront de faire les présentations avec une série qui vous semblera étrangement familière en Russie, une seconde au concept totalement improbable en Colombie, et quelques autres encore que vous découvrirez en temps voulu cet été, ne gâchons pas la surprise.

Mais pour commencer, je vous invite en Turquie, avec la série que désormais vous connaissez tous pour m'entendre en parler depuis deux ans maintenant : Muhteşem Yüzyıl.
Si jamais vous êtes exposé au soleil plus que de raison et qu'une insolation vous a causé une amnésie temporaire, ne craignez rien ! Vous pouvez aisément vous rafraîchir la mémoire en lisant mon post sur le pilote, celui sur la controverse entourant la série, ou tout simplement en suivant le tag à la fin de cet article pour éplucher toutes les archives de ce blog au sujet de la série. Promis, je ne jugerai pas.

Muhteşem Yüzyıl, qui met donc en scène le désormais internationalement célèbre sultan Süleyman Ier, aura connu une existence pour le moins chaotique, ce qui n'a nullement fait entrave à son énorme succès à la fois en Turquie et à l'étranger ; c'est une plutôt bonne nouvelle si on y pense.
Entre la polémique entourant régulièrement la série (généralement en raison de réactions de conservateurs), la mort de sa créatrice Meral Okay l'an dernier, les problèmes rencontrés par certains membres du cast (et non... des... moindres), et tous les trucs auxquels je ne pense pas là tout de suite, on peut dire sans trop se tromper que tout n'aura pas forcément été facile pour la série historique, en dépit de ses très bonnes audiences et de ses ventes de droits pléthoriques à l'international.

MuhtesemYuzyil-FinalSeasonSüleyman 1er, un homme au goût sûr en matière de femmes. De chapeaux, un peu moins.

Seulement voilà : toutes les bonnes choses ont une fin. Et Star TV, qui diffuse actuellement la série depuis qu'elle l'a rachetée l'an passé à Show TV (qui l'avait initialement lancée en 2011), a prévu que Muhteşem Yüzyıl s'achève à l'issue de la saison 4, laquelle commencera à être diffusée pendant la première quinzaine de septembre, et ce jusqu'au printemps. Ca laisse un peu moins d'un an à Star TV pour trouver avec quoi remplacer cet énorme succès dans ses grilles...

Il y en a en revanche qui n'ont pas attendu que le corps soit froid pour s'activer. La chaîne Kanal D a en effet annoncé avoir mis en projet une nouvelle série, Fatih, dont on ignore pour le moment quand elle sera lancée.

Mais ça se trouve c'est une totale coïncidence, vous allez me dire ce que vous en pensez : Fatih retracera l'histoire d'un sultan de l'Empire ottoman, Fatih Sultan Mehmed (ou le sultan Mehmed pour les intimes), qui a vécu au milieu du 15e siècle et qui est considéré comme l'un des deux plus importants sultans de l'histoire turque... je vous laissez deviner qui est l'autre. La différence résidant essentiellement dans le fait que Süleyman, techniquement son arrière-petit-fils, a vécu 23 ans de plus que Mehmed, et tient le record du règne le plus long de l'Empire ottoman.

Point Histoire : Mehmed II est en particulier entré dans l'Histoire pour avoir pris Constantinople aux Byzantins et fait de la ville la capitale de son empire ; rappelons qu'elle est encore aujourd'hui la plus grande métropole turque sous le nom d'Istambul. Par-dessus le marché, Mehmed était un homme très lettré : il parlait plusieurs langues dont le latin, organisait des débats théologiques dans son palais, s'entourait d'artistes européens et arabes, a fait ouvrir une université, était passionné par les mathématiques, l'astronomie et la poésie, et était plutôt laïc puisqu'il autorisait ses sujets à pratiquer la religion de leur choix tant qu'ils se soumettaient à son autorité. Il a régné deux fois, d'abord à l'âge de 12 ans lorsque son père lui a cédé son trône (une période de deux ans, pendant laquelle il a contré avec succès une croisade, quand même), puis son père a repris le pouvoir, et ensuite, une seconde fois, à partir de 19 ans et jusqu'à sa mort, deux décennies plus tard. Au privé, il s'est marié 7 fois (dont une fois à une ancienne esclave), a eu 5 enfants, et certains historiens occidentaux prétendent qu'il était bisexuel (mais je doute qu'on retrouve ce dernier point dans la série !).
Guerrier émérite, homme de culture et vie personnelle trépidante ? Un personnage intéressant dont on imagine toutes les possibilités qu'il offre sur un plan scénaristique...

Ce n'est évidemment pas la première fois que la vie de ce grand homme est portée à l'écran, vous pensez bien. Début 2012, Fetih 1453 était LE film du box office turc, et reste le long-métrage le plus coûteux de l'histoire du pays (jusqu'au prochain, quoi). Du coup je vous ai mis l'affiche ci-dessous, pour vous faire une idée. N'allez pas croire d'ailleurs que Fetih 1453 n'a été lancé que pour profiter du succès de Muhteşem Yüzyıl, puisque la production du film a duré plus de trois ans. On peut en revanche débattre sur l'idée que le succès final du film en salles peut éventuellement être lié à l'engouement pour l'empire ottoman, que connaît à nouveau le public turc depuis plus de deux ans.

Fetih1453La biographie de Mehmed II ne mentionne rien à propos d'un éventuel sens de humour.

Kanal D semble donc avoir trouvé avec Fatih un projet parfait, jouant à la fois sur le regain d'enthousiasme du public envers les fictions historiques, et l'appel d'air provoqué par l'annulation de Muhteşem Yüzyıl.
Mais comme on l'a vu avec Veda, dans le monde de la télévision, rien n'est jamais totalement certain. Pour peu que les spectateurs ait l'impression d'une redite, ou que le budget soit trop pingre, ou tout autre phénomène jusque là imprévisible, Fatih pourrait aussi bien être le prochain gros bide de la télé turque.

On va donc patiemment attendre de voir ce que donnera cette nouvelle fiction avant de décréter que la relève de Muhteşem Yüzyıl est assurée. Ca pose dans tous les cas plein de questions sur le futur de la fiction turque, puisque beaucoup de dramas historiques avaient vu le jour suite au succès des aventures de Süleyman 1er, et que l'exportation de séries avait connu un boom dont Muhteşem Yüzyıl était le cheval de tête. Nul doute qu'on aura encore beaucoup de mutations à observer, dans un panorama qui n'en manque pourtant pas.

En attendant, mon prochain post vous emmènera en Australie, au Cambodge et à Singapour... en une seule fois !

Posté par ladyteruki à 04:28 - Love Actuality - Permalien [#]

13-07-13

Ciel, mon amant philippin !

Quand on essaye de s'intéresser à la télévision philippine, une chose apparait comme évidente : la fiction philippine a beaucoup de boulot à faire.
Tout saute aux yeux dés la première minute de visionnage, quelle que soit la série tentée : il n'y a pas de budget, la direction d'acteurs laisse à désirer, les acteurs eux-mêmes sont très souvent plus beaux que bons, le scénario ne brille pas par sa finesse... La plupart de ces séries sont tournées au kilomètre et dans des conditions marathoniennes, ce qui n'arrange rien à ces problèmes. Ou, selon votre point de vue, les exploite sans se soucier des conséquences.
Et pourtant, la télévision philippine, si j'ai du mal à la regarder pour les raisons évoquées plus haut, en plus de la barrière de la langue (DES langues !), j'ai en revanche une tendresse toute particulière pour elle, et j'aime garder un oeil sur son actualité. Aujourd'hui, je vais vous donner un exemple du pourquoi...

Quelques rappels sur la télévision philippine, d'abord.
La "Pinoy TV", c'est avant tout le règne de la teleserye, un format qui emprunte plutôt aux codes de la telenovela (d'ailleurs lors des récompenses internationales, ce sont systématiquement dans cette catégorie que concourent les séries philippines). Ainsi, la teleserye est profondément feuilletonnante, diffusée généralement en quotidienne (en journée, ou en primetime c'est-à-dire entre 19h et 21h30), et à destination d'un public essentiellement féminin (et/ou jeune). Elle fonctionne aussi généralement sur le principe d'une saison unique, sauf inévitables exceptions qui confirment la règle. La différence essentielle avec la telenovela réside dans le fait que la teleserye ne fonctionne pas sur le principe d'un nombre d'épisodes rigidement prévus à l'avance ; un peu comme les soaps indiens, il s'agit plus de raconter une histoire aussi longtemps qu'on le souhaite et que les audiences le permettent ; une teleserye peut ainsi avoir quelques dizaines d'épisodes... ou plus d'un millier. Les annulations ne sont d'ailleurs pas rares, et les networks ne se privent pas, au besoin, de supprimer une série après quelques semaines de diffusion.
La télévision philippine, pour ces raisons, ne connaît pas de "saisons" : les séries commencent quand la précédente a fini dans la case horaire, et puis c'est tout ; un peu comme cela se passe en Corée du Sud, par exemple.

Ce sont deux grands networks privés qui se taillent la part du lion dans le panorama de la fiction philippine : ABS-CBN d'une part, et son concurrent direct d'autre part, GMA Network. Historiquement, c'est ABS-CBN qui est le premier network a avoir lancé une teleserye : il s'agissait de Hiwaga sa Bahay na Bato en 1963 ; à l'époque, cependant, on n'utilisait pas encore le terme de teleserye, qui est apparu au début des années 2000 mais est utilisé rétroactivement pour toutes les séries du genre.
Les deux networks sont très chers au coeur des spectateurs philippins, au point que chacun a son petit surnom affectueux : ABS-CBN est le "Kapamilya network" (le network de la famille), et GMA est le "Kapuso network" (le network du coeur) ; le matériel promotionnel des deux networks utilise très régulièrement ces surnoms pour parler des programmes ou de l'actualité des networks, et lesdits surnoms ont été totalement adoptés par la population.
Les colosses se livrent une bataille sans merci, qui passe par quelques stratégies assez uniques au monde de nos jours. ABS-CBN et GMA fonctionnent par exemple essentiellement sur le principe de blocs ; un peu comme la Trilogie du samedi pour M6 (je vous parle d'un temps...), il s'agit de créer une marque : les séries passeront dans cette case se suivront, mais la marque restera. Quasiment tous les blocs dédié aux teleserye sont concernés par ce phénomène ; on peut par exemple citer Telebabad, sur GMA, qui est le bloc fermant le primetime en semaine.

Mais l'exemple le plus frappant des méthodes philippines un peu à part, est la façon dont les deux networks recrutent leurs talents : il y a d'une part les acteurs Kapamilya, et d'autre part les acteurs Kapuso, ET ON NE SE MELANGE PAS ! Un acteur signe en effet un contrat d'exclusivité avec un network, qui l'engage pour une durée donnée à être managé par la branche "agence de management" de la chaîne... c'est tellement plus facile de produire des fictions quand les personnes qui commandent les séries sont les mêmes qui prennent les décisions pour les acteurs ! Ainsi étiquetés, sinon à vie, au moins pour plusieurs années, les acteurs font partie de l'identité du network ; leur visage est déjà une façon de promouvoir la chaîne, et d'ailleurs le network ne s'en prive pas, faisant aussi de ses cohortes de jeunes acteurs des égéries publicitaires, des présentateurs d'émissions, des ambassadeurs à des évènements, et ainsi de suite. La conséquence, c'est qu'évidemment, les échanges entre networks sont rarissimes : un acteur peut changer de network à la fin de son contrat, mais c'est la seule façon pour un acteur de figurer dans une série de la concurrence, car pendant la durée du contrat, c'est absolument hors de question. Les séries des deux networks recyclent donc indéfiniment les mêmes visages...
Enfin, "indéfiniment", c'est une façon de parler, car si les acteurs les plus populaires n'ont aucun mal à être castés dans le prochain projet de la chaîne (pourquoi tuer la poule aux oeufs d'or ?), les autres disparaissent, remplacés par les arrivages fréquents de chair fraîche. Qui plus est, la télévision philippine étant friande de gens très beaux et très jeunes (...et très refaits, diront les mauvaises langues), la popularité d'un acteur est forcément assez éphémère. Les networks fabriquent donc régulièrement de nouvelles stars, histoire d'entretenir le système.
Une mécanique bien rôdée qui se double d'une industrie privilégiant la production in-house (même s'il existe également des sociétés de production indépendantes des networks), rendant les choses encore plus faciles à gérer pour les networks.

A noter que la télévision philippine n'est pas uniquement constituée de teleserye ; il existe également des séries diffusées de façon hebdomadaire, les serials, au nombre d'épisodes prévus à l'avance et dépassant rarement une saison, ainsi que des formats anthologiques, très appréciés. La structure des anthologies est in fine à rapprocher des "créneaux-marques" que j'évoquais plus tôt, permettant de mettre l'accent sur l'identité du bloc (et à travers lui, du network) plutôt que sur la série elle-même.
L'une des séries anthologiques les plus populaires des Philippines est ainsi Wansapanataym (lisez-le à voix haute ; félicitations, vous parlez le Philippine English), créée en 1997, annulée et ressucitée plusieurs fois selon les besoins du network, et permettant de diffuser des histoires fantastiques le weekend en primetime ; les épisodes durent 45 minutes chacun, ne présentent par définition aucune forme de continuité, et permettent à ABS-CBN qui diffuse l'anthologie de tester des concepts et/ou des acteurs. En cas de flemmingite aigüe, pas de problème : Wansapanataym se propose aussi de diffuser des épisodes qui sont, tenez-vous bien, des remakes d'épisodes plus anciens ; on reprend les mêmes scénarios, et on recommence avec de nouveaux acteurs à quelques années d'écart !
Mon Dieu, les networks ont vraiment la belle vie aux Philippines...

Cependant, qu'on ne s'y trompe pas : le produit-phare de la Pinoy TV est, et reste, la teleserye, son format le plus populaire... et donc le plus lucratif.
D'autant plus lucratif que, comme je le disais en introduction, les exigences de production, d'écriture ou de jeu sont minimes. Mais, et c'est ce dont je voulais vous parler aujourd'hui, ce que la télévision philippine n'a pas nécessairement (ou pas du tout, selon votre niveau de tolérance) dans ces domaines, elle le compense en ayant des idées. Plein d'idées. Farfelues, parfois ! Bon ok, très souvent. Mais c'est précisément ce qui fait son charme.

Ainsi, la teleserye a vu naître un sous-genre, la fantaserye et la telefantasya. Aaah, oui : c'est un seul sous-genre, mais il y a deux noms ; vous commencez à comprendre que les deux networks dominants ne partagent RIEN aux Philippines, même pas les noms des genres de leurs fictions ! Fantaserye et telefantasya désignent la même chose, mais selon qu'on parle respectivement d'ABS-CBS ou de GMA, on emploiera l'un ou l'autre.
Vous l'aurez deviné, les deux termes désignent des séries fantastiques... un domaine dans lequel les networks se sont montrés particulièrement prolifiques ces derniers temps ! ABS-CBN a une fois de plus lancé les hostilités, en février 2004, avec Marina, suivie de près par GMA en août de la même année, avec Mulawin.
Ces deux séries posent les bases de ce que seront bien souvent les séries fantastiques philippines ; ainsi, Marina est l'histoire d'une sirène née de parents parfaitement humains, mais maudite pour une raison obscure dont elle n'est absolument pas reponsable, et qui se retrouve donc avec la poids d'une différence avec le reste de ses proches... écailleuse, dirons-nous. Mulawin de son côté s'intéresse à des êtres dotés de pouvoirs surnaturels (et d'ailes) qui s'opposent dans un combat épique dont les mortels sont l'enjeu, avec d'un côté, les "gentils", de l'autre, les "méchants", et au milieu, des romances impossibles ou des trahisons par des membres de la famille histoire de rendre le tout plus tragique.
Depuis lors, plusieurs dizaines de "telefantaserye", si vous me pardonnez ce mot-valise, ont vu le jour en moins d'une décennie, sur des sujets toujours plus étranges, avec toutes sortes de créatures mythologiques improbables, mais reprenant soit la structure de la créature surnaturelle qui doit surmonter sa différence, soit celle de l'affrontement du bien contre le mal pour protéger les humains. Vous vous rappelez peut-être que je vous ai parlé de la série Mutya il y a quelques temps, eh bien voilà, vous avez tout compris. Sinon il y a toujours les tags... Et à l'opposé du spectre, il y avait Ilumina, que j'avais évoquée sur Twitter. Voilà pour la télévision fantastique aux Philippines.

A cela faut-il encore ajouter un courant plus récent, les epicserye, qui sont des séries d'action héroïques (parfois mêlées de fantastique) se déroulant dans un passé réel ou fantasmé, un peu dans le genre de ce qu'on a pu connaître avec Hercule ou Xena. On y suit un héros ou une héroïne qui va devoir traverser de nombreuses embûches, livrer de nombreuses batailles, et se lancer dans un parcours initiatique. Le genre a permis aux séries fantastiques de prendre un nouveau souffle, car contrairement à la majorité des pays de la planète, les Philippines n'avaient quasiment pas de fictions en costumes.

La chose est entendue : ce que les séries philippines n'ont pas en... en tout à vrai dire, eh bien, elles compensent avec des idées.
Par exemple vous vous rappelez peut-être de cette news que j'avais écrite à l'époque où je travaillais sur SeriesLive, mentionnant le lancement de Budoy!, une série mettant en scène un handicapé mental abandonné par sa famille honteuse de son handicap ? Tout ça dans un bloc ultra-populaire de l'access primetime... Eh bien voilà, Mesdames et Messieurs, ce qu'est la télévision philippine : le goût de faire des choses atypiques et de tenter des concepts étranges ou risqués. Et de ne pas le faire en cachette, quelque part en septième partie de soirée ou en crypté, mais bien dans les blocs les plus populaires de deux plus gros networks.
On les applaudit sans retenue : les séries Pinoy méritent des points pour l'effort.

...Ce qui m'amène à mon sujet du jour. J'ai parfois des sujets du jour qui font poupée russe, que voulez-vous.
Car aujourd'hui, je voulais vous parler de la dernière idée pas piquée des hannetons trouvée par la télévision philippine, plus précisément par GMA Network. Le mois dernier, le Kapuso network a en effet lancé My Husband's Lover, une teleserye qui repose sur un postulat osé : raconter l'histoire d'une femme, de son mari... et de l'amant de celui-ci. Dans un pays où, par exemple, l'Islam est la religion monothéiste la plus ancrée historiquement, et où plus généralement, les moeurs sont encore très conservateurs, il fallait le faire.

MyHusbandsLover

My Husband's Lover commence son pilote, diffusé le 10 juin dernier, sur un mariage pluvieux se déroulant en 2003. Ce n'est pas vraiment un mariage heureux : Lally, la promise, n'est pas extatique, elle traverse l'allée le regard triste (voire craintif quand il croise celui de sa future belle-mère) et le pas hésitant. Tout cela s'explique par bien des flashbacks sur son enfance malheureuse, forcément malheureuse (dont je vous épargne les détails), remontant jusqu'en 1992, mais trouvant une conclusion heureuse lorsque Lally fait la connaissance en 2002, pendant ses études, du charmant Vincent, fils de bonne famille, drôle, charmant, ai-je mentionné charmant ? Bref, le bout du tunnel. Sauf qu'avant même d'avoir rencontré la famille du charmant Vincent, Lally et lui passent une folle nuit de passion, elle tombe enceinte, et Vincent décide de l'épouser. Du coup forcément, les noces manquent un peu d'enthousiasme...
Tout cela semblerait tristement classique comme série, sauf que Vincent est bisexuel, et que l'amour de sa vie, Eric, reparaît dans sa vie 10 ans après son mariage avec Lally.

Le pilote de My Husband's Lover ne va, à vrai dire, même pas aussi loin : en 49 minutes, nous allons surtout nous faire expliquer le background de Lally, ses rapports difficiles avec sa mère et sa petite soeur, sa rencontre en apparence idyllique avec Vincent, les premiers signes de la mésentente avec sa belle-mère... procédant à de nombreux voyages dans le passé, comme vous avez pu le constater (mais clairement datés, heureusement pour le spectateur !).
Dans tout cela, Vincent apparait comme un homme mystérieux et providentiel, un prince idéal, guère plus. Ce n'est que dans les épisodes suivants, dans lesquels Lally (mariée et, avec les années, mère de deux enfants) va découvrir que Vincent a renoué avec Eric, et que les choses vont devenir plus explicites, toutes proportions gardées évidemment.

My Husband's Lover aborde donc plusieurs sujets : les relations sexuelles avant le mariage (Lally se prenant dans le pilote une soufflante par sa mère parce qu'elle est tombée enceinte hors-mariage) ; les mariages contractés pour de mauvaises raisons et/ou dans la précipitation, qui font qu'on ne sait pas forcément avec qui on convole ; la vie "dans le placard" des homosexuels comme Vincent ; la vie "out" comme celle que mène Eric ; la trahison évidemment (classique du soap quel que soit le pays, admettons-le)... mais aussi, et c'est au moins aussi important, la bisexualité.
Car Vincent ne s'est pas marié avec Lally contre sa volonté, ou pour faire plaisir à qui que ce soit : il l'a mise enceinte. En fait, l'enjeu de la série repose précisément sur le fait que Vincent aime sincèrement Lally... Et la nuance est de taille, permettant d'apporter une certaine subtilité à l'intrigue et la position de chacun dans ce triangle amoureux atypique.

Dés le début, les spectateurs philippins ont accroché avec My Husband's Lover. Pour sa première soirée de diffusion, la série a pris la tête des audiences (devançant de TRES loin la série d'ABS-CBN diffusée en face, Apoy Sa Dagat, un drama beaucoup plus classique sur une femme amnésique qui se dédie entièrement à l'homme dont elle est tombée amoureuse après avoir perdu la mémoire), et à vrai dire, elle ne l'a plus lâchée depuis. My Husband's Lover est également devenu un trending topic sur Twitter aux Philippines pendant cette première soirée, et régulièrement depuis. Le 24e épisode de My Husband's Lover lui a même permis de devenir un trending topic mondial cette semaine, ce qui est une première pour une série Pinoy.

MyHusbandsLover-LoveHate

Pour My Husband's Lover, le défi n'est pourtant pas totalement surmonté. Ce serait trop facile. Au bout d'un mois de diffusion, la teleserye n'a toujours pas montré de baiser entre Vincent et Eric (c'est à ce prix qu'elle peut continuer à être diffusée en fin de primetime par GMA, à 21h30), par exemple. Elle est étroitement surveillée par certaines institutions, dont la Conférence des évêques catholiques des Philippines qui a encouragé les membres de ses paroisses à déposer des plaintes s'ils venaient à noter le moindre manquement aux règles de la Movie and Television Review and Classification Board (MTRCB), l'équivalent du CSA. Ce à quoi la MTRCB a répondu que si on lui indiquait une scène fautive en particulier, et uniquement à ce moment-là, elle entrerait en action.
Ce baiser qui ne vient pas est un vrai sujet qui fâche : quasiment chaque épisode voit Vincent et Eric en tête à tête, mais incapables de se donner une preuve d'affection. GMA, qui produit la série en in-house, a promis de ne pas franchir la ligne ; mais le réalisateur de la série, Dominic Zapata, a quant à lui affirmé que la MTRCB avait été sollicitée afin d'obternir une levée exceptionnelle et très officielle de l'interdiction, et indiqué que pour le moment, l'équipe de la série tentait de gagner la confiance de la MTRCB en faisant preuve de bonne volonté et de retenue. GMA comme Zapata sont en tous cas d'accord sur une chose : ils ne veulent ni fâcher ni les conservateurs, ni les associations LGBT ; ils ont donc une marge de manoeuvre très étroite.

My Husband's Lover a en tous cas le mérite, à travers son histoire (et ses mésaventures administratives), d'avoir soulevé des questions jusque là peu discutées dans les médias grand public aux Philippines ; la dernière occasion a été le coming-out de la chanteuse et actrice Charice Pempengco (vue dans Glee) en mai dernier, qui a annoncé publiquement être lesbienne. Le tournage de My Husband's Lover venait alors à peine de commencer.
Et en-dehors de la Conférence des évêques catholiques et de quelques autres groupes (généralement religieux), la conversation est finalement intelligente, et bien menée, ce qui a de quoi surprendre quand on est une spectatrice française qui a assisté aux débats sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Je vous mets au défi de googler My Husband's Lover et de trouver un seul article négatif, hors citation de la Conférence des évêques (et vous pouvez faire le test, beaucoup de sites Pinoy sont pour tout ou partie rédigés en anglais).

Ce sont toutes les questions sur l'homosexualité dans la société philippine qui semblent sortir d'un coup. My Husband's Lover est, dans ce contexte, félicitée pour la façon dont elle montre des personnages homosexuels éloignés de toute caricature (ni Vincent ni Eric ne sont efféminés, par exemple ; Vincent est notablement bisexuel, il a même fait un second enfant à sa femme après leurs noces, etc.), ce qui est unanimement reconnu comme étant une première à la télévision Pinoy. Qui plus est, le jeu y est plus nuancé que dans beaucoup d'autres teleserye ; un soin particulier a vraisemblablement été apporté par GMA à ce projet, développé pourtant seulement depuis janvier par sa créatrice Suzette Doctolero.
La diffusion de la série a donné l'occasion à un couple d'hommes, June Lana et Perci Intalan, d'annoncer publiquement leur intention de se marier lors d'un prochain séjour à New York, lançant ainsi, en toile de fond, la question de la reconnaissance des couples homosexuels ; June Lana est le directeur créatif de My Husband's Lover. Dans la presse, les rares célébrités ayant fait leur coming out s'expriment sur la série, affichent leur soutien, mais aussi discutent des thèmes abordés, du regard des proches, de la violence de l'homophobie (dans un épisode, un flashback explique comment Eric a dû surmonter une aggression homophobe dont il a été la victime), et ainsi de suite. Des tribunes sont publiées dans la presse par des spectateurs gay. Le dialogue s'engage dans les églises, les écoles, les entreprises, peut-on lire un peu partout. Dans tout cela, My Husband's Lover est une initiative qui a su soulever un sujet de société avec tact et intelligence. Et à faire des audiences du feu de Dieu dans la foulée.

En ce moment, la télévision philippine célèbre "60 ans de soap opera" depuis la diffusion de Hiwaga sa Bahay na Bato. GMA ne fait pas les choses à moitié avec ce projet ambitieux, qui soulève des questions inédites, mais le fait sans tomber dans la facilité de la polémique ; My Husband's Lover est la preuve que même si la fiction philippine a beaucoup de boulot à faire... elle a pourtant d'énormes qualités.

Et juste comme ça, j'éprouve encore un peu plus de tendresse pour cette télévision philippine qui, en dépit de ses problèmes de budget, d'écriture ou de jeu des acteurs, se donne vraiment du mal pour repousser les limites à sa façon. J'aurais presque envie d'en tirer des conclusions sur la fiction française, mais je n'aime pas tirer sur l'ambulance. Pas aujourd'hui en tous cas.
Le mot de la fin, je le laisse à l'acteur Gardo Verzosa, actuellement au générique de Mga Basang Sisiw, une autre série Kapuso diffusée à l'occasion des "60 ans du soap opera" Pinoy, et qui a déclaré dans une interview : "le network ne diffuserait pas la série s'il ne pensait pas que les spectateurs ont des choses à en apprendre".
Je crois qu'on a tous quelque chose à en apprendre.

Posté par ladyteruki à 08:03 - Love Actuality - Permalien [#]

12-06-13

Off the air

Comme vous le savez peut-être, le Gouvernement grec a décidé, ce mardi 11 juin au soir, de couper les télévisions publiques ; et ce avec d'autant plus de brutalité que l'annonce n'avait été faite que quelques heures auparavant, avec donc aucun préavis ni côté employés, ni côté spectateurs.
Prévue pour minuit pile, les lumières se sont éteintes en fait pendant le journal de la nuit, pour une durée indéterminée.
Littéralement PENDANT :

Je voulais donc vous toucher un rapide petit mot sur les conséquences, dans le monde des téléphages grecs, de cet arrêt.
Voici donc un tour des séries qui ont ainsi été annulées, de fait, sur le sol grec. Attention, mon Grec moderne étant fané, il est possible qu'il manque quelques séries diffusées à la télévision publique.

Mais avant cela, un petit rappel : la télévision publique grecque, c'étaient 5 chaînes de télévision : ET1, NET, ET3, ERT HD (dédiée à l'évènementiel... en HD, donc), et enfin Vouli TV (la chaîne parlementaire).
Peu de ces chaînes, en réalité, diffusaient des séries, à la fois par vocation de service public, et aussi parce qu'on ne peut pas vraiment dire que l'investissement dans la fiction ait fait partie des priorités budgétaires ces derniers temps. Plus flexibles, les films ont, en fait, remplacé beaucoup de séries grecques sur les chaînes ; du côté des chaînes privées, on a d'ailleurs fortement mis l'accent sur les séries turques : ça ne coûte pas trop cher et, comme on a déjà eu l'occasion de le dire en évoquant Muhtesem Yüzyil, ça marche très bien.
Mais sur les chaînes publiques, de série turque, il n'était pas question : on a sa fierté, fût-elle mal placée. Avant l'extinction des feux, les spectateurs pouvaient donc suivre quelques séries grecques (généralement des rediffusions) ou étrangères (mais pas turques !) ; voici donc le bilan des dégâts.
Ces grilles en disent d'ailleurs long sur l'état de la fiction publique ces derniers temps...

- Les séries grecques annulées de fait :

TaPsathinaKapela-300

   Ta Psathina Kapela (NET)
Les temps sont durs, et propices à la nostalgie. Du coup, quoi de plus logique que rediffuser en quotidienne la mini-série Ta Psathina Kapela ("les chapeaux de paille"), dont la première diffusion remonte l'air de rien à 1995, à propos de trois soeurs qui passent l'été dans la demeure de leurs grands-parents, juste avant que n'éclate la Seconde Guerre Mondiale. Le 9e épisode (sur 12) a été diffusé mardi en fin d'après-midi ; mais d'un autre côté, Ta Psathina Kapela (et le roman éponyme, étudié dans les écoles) a une telle réputation qu'a priori, les spectateurs grecs ont un moyen de connaître la fin...

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   Othos Hyppocratous (ET1)
Cette fois, c'est de 1991 que date cette comédie satirique prenant pour décor la "rue Hippocrate" (c'est aussi le titre) dans laquelle un homme dans la cinquantaine travaille dans une pharmacie afin de permettre à sa sa famille d'accomplir ses rêves, comme écrire pour la télévision ou devenir mannequin pour sous-vêtements. ET1 diffusait deux épisodes à la suite pendant le déjeuner depuis quelques jours.

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   O Manoles o Ntelmpenteres (ET1)
Encore une adaptation issue de la littérature grecque, ce period drama datant également de 1991 raconte les aventures de Manolis, un Grec qui s'installe à Londres et fréquente l'aristocratie britannique, avant de partir s'installer comme chercheur d'or en Amérique. Vu que la série en était à sa 5e rediffusion (la 3e depuis 2009), normalement les téléphages grecs même les plus mordus devraient s'en remettre.

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   Ta Paliopeda t'Atithassa (ET1)
Encore plus fort, il faut remonter en 1980 pour trouver la trace de cette anthologie inspirée par la pièce de théâtre du même nom créée par le cinéaste et auteur Nikos Tsiforos. Ah, et au fait, en 1980, en Grèce...de nombreux programmes étaient encore en noir et blanc. Et comme il n'y a pas d'argent, la télévision grecque rediffusait la série dans sa version originale non-restaurée. Enjoy !

- Séries étrangères annulées de fait :

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   Falcón (NET)
La série britannique commandée par Sky, co-produite par ZDF et Canal+, et filmée en Espagne, s'était payé un voyage en pays hellénique. Le 3e épisode avait été diffusé à 22h par NET, soit juste avant la coupure... pour une saison qui en compte 4, ça énerve.

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   Luck (NET)
Rares sont les chaînes publiques à se risquer, de par le monde, à diffuser des séries de HBO. Le dimanche soir à 22h, NET avait commencé, depuis 5 semaines à peine, à dévoiler les épisodes de l'unique saison de la série hippique Luck... que la voilà déjà annulée. Ce qui confirme que cette série est maudite.

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   Downton Abbey (NET)
Grande nouvelle, ami spectateur grec ! Si tu aimes Downton Abbey, ne manque surtout pas le season premiere de la saison 2, sur NET à partir du vendredi 7 juin ! Découvre tous les épisodes inédits chaque semaine... pendant une semaine. Ahem, héhé... oops ! Allez, si ça peut te consoler, elle n'était pas si géniale que ça, cette saison que tu ne verras jamais, ami spectateur grec.

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   Raccontami (ET1)
L'adaptation italienne de la série espagnole Cuentame Como Paso se déroule dans les années 60 ; on y suit le quotidien d'une famille ordinaire. La série compte en tout 52 épisodes (sur 2 saisons), et la télévision grecque venait de diffuser le 38e, mardi en access primetime.

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   Amour, Gloire et Beauté (ET3)
Mardi après-midi, ET3 avait diffusé l'épisode n°2353 d'Amour, Gloire et Beauté... juste au moment où Stephanie et Hope se disputaient les faveurs de Liam. Les spectatrices grecques ne sauront jamais qui l'a emporté.

Sur une note plus sérieuse, il est à noter que pendant plusieurs heures après l'arrêt officiel de l'audiovisuel public, le personnel de la chaîne NET a continué de travailler, diffusant des programmes sur le site internet de la chaîne ; tous les sites internet de la télévision publique ont ensuite été coupés dans la matinée.

Dans l'histoire, 2600 Grecs travaillant pour l'audiovisuel public, dont 600 journalistes, se retrouvent ainsi au chômage du jour au lendemain.
Le Gouvernement a indiqué avoir des plans pour relancer une télévision publique quand ça ira mieux, sous une forme plus humble et avec beaucoup moins de personnel ; quand cette nouvelle entité prendra vie, et il n'y a évidemment pas de calendrier, il sera permis aux anciens employés de postuler pour les rares nouveaux postes. Je n'ai pas compris si, avec cette déclaration, le Gouvernement grec joue à l'idiot, ou s'il est carrément en train de troller 2600 nouveaux chômeurs...

Hier, en signe de solidarité, les chaînes privées de Grèce ont coupé leur antenne pendant 6 heures, et de nombreuses émissions en direct ont été annulées aujourd'hui, remplacées par des rediffusions et des documentaires.
Une grève de 24 heures a été annoncée par le syndicat des employés de l'audiovisuel public pour demain, dans laquelle la plus grande organisation syndicale privée a annoncé qu'elle se joindrait au cortège. Cette grève, reconductible de façon indéfinie, s'étendra jusqu'à la presse grecque papier et en ligne.

Posté par ladyteruki à 12:11 - Love Actuality - Permalien [#]

31-05-13

Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...

Vous connaissez la Rose d'Or ? Non, ça rien à voir avec la caverne du même nom...
Hier soir se tenait la cérémonie d'origine suisse, qui revenait sous une nouvelle forme, mais un même nom (bien que désormais suivi de la mention "a Eurovision award" qui indique le changement de direction aux plus étourdis parmi nous). Et comme vous me savez friande de cérémonies de récompenses internationales, vous vous doutez de la suite de ce post. Attention, un twist n'est cependant pas exclu...

Pour cette 52e édition placée sous le signe de la renaissance, pour la première fois, les prix n'ont pas été remis en Suisse, mais à Bruxelles ; ils n'ont pas non plus clôturé un festival, mais se sont inscrits dans le déroulement du 2013 Media Summit. Plein de changements, donc, enterrinés lors d'une soirée animée par la Néerlandaise Lucille Werner, et sous le haut patronage de la Princesse Astrid et du Prince Lorenz de Belgique, excusez du peu.
Et vous allez voir que le changement va encore plus loin...

RosedOr

Avec cette réorientation sont également venus des changements jusque dans les prix remis, et non des moindres : 6 Roses d'Or seulement sont remises.
La plus grande surprise est que les catégories relatives aux programmes scriptés se bornent à deux awards à présent, et pas forcément les plus évidents. Ainsi, exit les séries dramatiques, sayonara les mini-séries, adieu les séries pour la jeunesse, ciao les soaps et telenovelas ; même les téléfilms ont tiré leur révérence. Le transmedia est également aux abonnés absents.
Que reste-t-il dans le domaine du scripté ? Sitcom. Les cinq autres prix sont Comédie (ce qui inclut les émissions humoristiques, notamment à sketches), ainsi que Emission de jeu, Arts, Divertissement, et enfin Réalité et divertissement factuel, que je ne couvrirai pas ici parce que je ne traite que de fiction. Je suis assez d'accord, ça n'envoie pas vraiment du rêve.

C'est un peu décevant de la part d'un prix qui a su par le passé récompenser la qualité de fictions telles que la Sud-Africaine Hopeville, l'Espagnole Aguila Roja, la Sud-Coréenne Dream High, l'Allemande Krimi.de, ou la Britannique Skins. Ou la Française Sous le Soleil, mais convenons ici, maintenant, tous ensemble, de collectivement ignorer cette anomalie.
Bien-sûr, la Rose d'Or a une histoire très fluctuante en matière de prix, il faut le reconnaître ; à ses origines en 1961, une seule Rose d'Or était remise (avec une Rose d'Argent et une Rose de Bronze pour deux autres programmes moindres), et ce jusqu'en 2004 lorsque le festival de la Rose d'Or, auquel la récompense est adossée, se lance dans une réorientation. Depuis lors, c'étaient environ une douzaine de prix qui étaient remis aux oeuvres, plus des prix d'interprétation masculins et féminins, et un prix aux présentateurs d'émissions. Quelques "mentions spéciales" permettaient en outre de récompenser un deuxième titre pour une catégorie donnée  ; par exemple, en 2008, quand Skins avait emporté la Rose d'Or dans la catégorie Dramatique, un prix spécial dans la catégorie Dramatique avait été accordé à la série britannique The Street histoire de ne pas laisser ses bonnes actions impunies.
Mais vous le comprenez donc, par le passé, la Rose d'Or était plutôt ouverte aux changements s'ils permettaient à son jury d'être flexible et de souligner l'excellence de plus de programmes, plutôt que de moins.

Focalisons-nous donc sur les deux prix dédiés au scripté, en étouffant nos sanglots de téléphages contrariés.

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Meilleure comédie :
Wat Als? (Belgique)

Etaient également nommés les comédies à sketches Cardinal Burns et The Revolution Will Be Televised (Royaume-Uni).

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   Meilleur sitcom :
Spy (Royaume-Uni)

Etaient également nommées The Thick of It et Twenty Twelve (Royaume-Uni).

Ce qu'on constate aussi, et qui est encore plus criant quand on voit les nominations dans les 4 catégories non-scriptées, c'est la prédominance du Royaume-Uni dans ces prix. On ne peut pas dire que les créations britanniques souffrent d'être méconnues. Cela ne veut pas dire qu'elles ne doivent pas être récompensées (l'an dernier, Black Mirror avait amplement mérité son prix !), mais qu'il y a aussi la télévision ailleurs !

Là encore, historiquement, la Rose d'Or, qui constitue son palmarès sur la base des dossiers de candidature spontanée (comme c'est le cas pour tous la plupart des festivals internationaux, par soucis évident de commodité), a des antécédents.
Beaucoup de séries et émissions britanniques ont, par le passé, été récompensées ; si on s'amusait à compter le nombre de Rose d'Or remises par pays, le Royaume-Uni serait plus que probablement sur le podium. Pour autant, le phénomène semble amplifié à présent... entre autres, tout simplement, de par le choix des prix supprimés que j'évoquais plus haut ! Eh oui, en décidant de ne plus récompenser les soaps et telenovelas, par exemple, la Rose d'Or a fait le choix d'écarter certains pays qui ne produisent peut-être pas un grand nombre de comédies (ou pas de nouvelles, l'Allemande Pastewka ayant déjà été récompensée, et une même production ne pouvant remporter un même prix deux fois).
Sans doute aussi que les productions britanniques sont, de leur côté, particulièrement pro-actives, et ont envoyé des dossiers en masse ; peut-être que bien des sociétés de productions dans d'autres pays pensaient que les prix de la Rose d'Or avaient disparu en même temps que le festival. Plein de raisons sont possibles, et ne s'excluent pas mutuellement.
...L'accumulation d'explications n'empêche pas de constater que la diversité fait cruellement défaut à ces prix à présent.

Pour toutes ces raisons, la Rose d'Or perd énormément de son intérêt pour le téléphage curieux. "Les prix de la Rose d'Or reconnaissent l'originalité, la qualité et la créativité [...] et encouragent l'excellence à la télévision", dit-on sur les communications officielles des récompenses. C'est sûrement vrai pour la reconnaissance, mais je ne sens pas trop où est l'encouragement dans ce palmarès.
Oui, j'ai fait un post sur une récompense... pour vous dire qu'elle a un peu perdu de son intérêt. Parfois, l'information est aussi cruelle qu'elle est ironique.

Posté par ladyteruki à 19:49 - Love Actuality - Permalien [#]

24-05-13

La mort est son métier

Le dimanche est la soirée des grandes séries originales, pour HBO. C'est vrai aux USA... et c'est vrai en Amérique du Sud. Ce dimanche 26 mai sera une nouvelle occasion de le vérifier, puisque HBO Latino lance Sr. Ávila, sa dernière production originale sur laquelle elle avait commencé à lever le voile à la fin de l'année dernière.

Jusqu'à présent, les grilles de HBO Latino avaient fait la part belle aux productions brésiliennes : Preamar l'été dernier, et avant cela FDP, Filhos do Carnaval, Mandrake, Mulher de Fases ou encore Alice... Plus ponctuellement, HBO avait aussi par le passé fait appel aux talents d'autres pays du continent : l'Argentine avec Epitafios, le Chili avec Profugos, ou le Mexique avec l'incroyable Capadocia. C'est à ce pays que l'on doit Sr. Ávila, puisque les 13 épisodes de la première saison y ont été produits, et tournés au printemps et pendant l'été 2012.
Les auteurs de Sr. Ávila ne sont par ailleurs pas des inconnus, puisqu'il s'agit de Walter et Marcelo Slavich, déjà à l'origine des deux saisons d'Epitafios.

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L'histoire est celle d'Ávila, un honnête père de famille, assureur de son état. Il a 45 ans, il est marié, il a un fils adolescent : on aura difficilement vu plus normal ! Il a simplement un passe-temps un peu hors-normes, si l'on peut dire, même pas une vocation, une simple occupation, et ce passe-temps... c'est de tuer des gens. Mais pas n'importe qui ni n'importe comment ! Notre Ávila est tueur à gages pendant ses, hm... temps morts.
Ces deux casquettes ne seraient en soi pas un problème puisqu'il arrive tant bien que mal à gérer sa double-vie, sauf que, évidemment, les choses vont changer. Contrairement à beaucoup de personnages de séries sombres de ces dernières années, ce ne sont pourtant pas les mauvaises nouvelles qui vont influer sur le parcours de ce personnage : les vrais ennuis d'Ávila commencent lorsqu'il est promu et devient Sr. Ávila, le patron de son organisation. Désormais responsable de tous les tueurs à gages du coin, il va devoir gérer sa petite entreprise au nez et à la barbe de tous ceux qui le prennent pour un homme ordinaire, y compris, vous l'aurez deviné, ses proches. Il doit donc naviguer entre son "vrai" travail, sa vie de famille, et son activité annexe. Une tâche qui n'est pas rendue facile par le fait que sa femme soit en pleine dépression (elle passe ses journées devant la télévision et devient progressivement agoraphobe) et que son fils commence à poser des problèmes, comme tout adolescent grandissant dans une famille dysfonctionnelle. C'est le funerarium d'un certain Sr. Moreira, l'un de ses "collègues", qui sert de couverture à la petite opération ; et à toute cette galerie de portraits, encore faut-il ajouter Iván, assistant personnel du "Señor" du moment, Ismael, l'apprenti tueur à gages un peu rebelle, Ybarra, le plus ancien assassin de l'organisation et ancien mentor d'Ávila, Ana, la maquilleuse qui travaille à la morgue, Maggie, la maîtresse d'Ávila, ou encore Rogelio, qui sert d'intermédiaire entre les clients potentiels et le "Señor" en charge.

Difficile de ne pas pressentir une certaine inspiration de l'une des plus célèbres séries de HBO aux Etats-Unis, Les Soprano.
L'une des grandes différences tient peut-être dans le choix de structure narrative apparemment fait par la production de Sr. Ávila, puisque chaque épisode, nous promet-on, tournera autour d'un meurtre en particulier : le sieur Ávila continue en effet de se salir les mains, même au plus haut de la hiérarchie des tueurs à gages. Sans écarter totalement, ça va de soi, un certain fil rouge, notamment avec la relation d'Ávila à son fils à problèmes, la série envisage donc d'y mêler un aspect légèrement plus formulaic, ce qui n'est pas sans rappeler également l'univers de la série colombienne Lynch lancée l'an dernier.

HBO Latino promet, à travers cette nouvelle série, de ne pas avoir lésiné sur la violence (on n'en attendait pas moins, osons le dire), mais aussi de proposer de grands portraits denses de personnages : "Nous voulons emporter notre public dans une histoire fascinante, pleine de nuances, en montrant la complexité de la nature humaine", annonce Roberto Ríos, vice-président en charge de la programmation chez HBO Latino. On ne le croira pas simplement sur parole !
Sr. Ávila démarre donc ce dimanche avec, fait peu ordinaire, un double épisode inaugural, que les hispanophones parmi vous pourront donc tenter. Et même les autres, ya pas de raison.

Et pour se mettre en condition, que diriez-vous d'une petite bande-annonce ?

Posté par ladyteruki à 13:50 - Love Actuality - Permalien [#]