Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ladytelephagy
Publicité
whitney
13 janvier 2012

Are you there, shitty sitcom? It's me, NBC

Cela vous paraitra probablement étrange de la part de quelqu'un qui aime lire des autobiographies, mais peu de choses m'énervent autant que les séries ostensiblement commandées pour s'intéresser au passé d'une personne célèbre. Je trouve que c'est un manque effroyable d'imagination, une technique de vache à l'ait insupportable. Everybody Hates Chris, par exemple, n'est pas drôle ET épouvantablement égocentrique. Are you there Chelsea? : même chose.

Vodka

On est d'accord qu'il y a des nuances, et/ou des exceptions. Et jamais vous ne me verrez reprocher à Rude Awakening ou Titus leurs vertus biographiques, ce sont même de véritables plus à mes yeux, amplement commentés dans ces colonnes. Mais derrière la démarche de ces derniers, il y a moins la volonté de mettre la personnalité en avant, qu'une réelle expérience (et une vision de l'humour toute personnelle). Are you there Chelsea? est au contraire totalement artificielle, aussi bien dans son sujet que dans sa façon de le traiter. On n'y décèle aucune personnalité, ce qui est un comble !

Ce genre de série m'évoque, au mieux, les 712 pitches de films et de séries qui, chaque année, se déroulent à Hollywood ou New York ; dans ces séries-là, systématiquement, le personnage principal est une scénariste qui ne parvient pas à vendre son projet et fait des petits boulots (The Minor Accomplishments of Jackie Woodman), le personnage central est un humoriste divorcé à la vie personnelle en déroute (Louie), le héros est un acteur sur le retour (The Paul Reiser Show), etc... Les mecs ne se fatiguent même pas à faire semblant de se trouver un contexte un peu original, une profession imaginaire, un itinéraire bis. Ils s'interprètent eux-mêmes, à un tel point qu'on se demande si ce ne serait pas plus simple de se lancer dans une émission de télé réalité... (quoique, Fat Actress et The Comeback dansaient sur la ligne de démarcation entre les deux).

Ces travers autobiographiques, Are you there Chelsea? en fait la démonstration sans que, toutefois, la célébrité qui en est à l'origine ne passe devant la caméra, ce qui permet de faire mine de prendre de la distance. Ce devrait donc être une plutôt bonne nouvelle.
Le problème que j'ai, et qui m'empêche de trouver que c'est une bonne idée, c'est que je trouve que de toutes les actrices de la création, Laura Prepon est probablement la moins drôle. Depuis That 70s Show, j'ai toujours l'impression qu'elle est incapable d'interpréter la moindre scène sans se tordre de rire, et très franchement, une actrice qui rit avant d'avoir prononcé la moindre blague drôle, ça me coupe tout, un vrai tue-l'amour. Mais plus tard, j'ai aussi découvert qu'elle ne m'apparait pas plus crédible dans des rôles plus sérieux, genre October Road. Elle n'est donc pas drôle, pas touchante, et dans une série sur une nana qui veut reprendre sa vie en main, l'un comme l'autre font gravement défaut.

Il est vrai que pour ne rien arranger, Are you there Chelsea? n'a pas vraiment hérité des meilleurs dialogues de la création. On est dans la veine de 2 Broke Girls, la passion pour les vannes débitées d'un air mutin par Kat Dennings en moins (ce qui est quand même le seul véritable à-peu-près-atout de ladite comédie), c'est sans âme.

Eh oui, sans âme. J'aimerais pouvoir retrouver ce sentiment que j'ai quand je revois des épisodes de Rude Awakening, où l'alcoolisme et la vie de débauche sont vus avec un humour véritable, personnel, et en même temps touchant quand l'occasion se présente. J'aimerais pouvoir dire qu'une autre série est capable de faire quelque chose de bien sur un thème similaire. J'aimerais pouvoir vous dire que, wow, c'est vraiment drôle et original ! Mais non, c'est du sitcom bête et méchant, sans aucune plus-value.

Nan mais alors ok, si on veut la jouer comme ça, à faire des autobiographies à la con parce qu'on n'ose pas faire des trucs plus originaux par frilosité, alors d'accord. Je vous annonce donc la sortie de ma biographie, Are you there, strawberry milkshake ? It's me, lady, prochainement dans toutes les bonnes librairies. Les droits d'adaptation sont à céder.

Quand à la prière au Dieu du sitcom pourri, on l'a vu avec How to be a Gentleman, Whitney et Work It, tous les networks le prient, en ce moment. Pour l'heure, je n'ai pas encore regardé Rob!, mais je vous avoue mon très relatif optimisme.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Are you there, Chelsea de SeriesLive.

Publicité
13 novembre 2011

Souriez, vous êtes gentils

Comme aujourd'hui, en France, il parait que c'est la journée de la gentillesse (eh bah si ça a les mêmes effets que la journée de la femme, on n'est pas encore rendus), il est de mon devoir patriotique de me plier à la lubie du jour et de ne pas me montrer désagréable.

Vous le savez, il m'arrive, quand une série m'a donné l'impression d'être vraiment pathétiquement merdique, de ne pas hésiter à le dire sur ce blog, en des termes plus ou moins crus, selon mon humeur, et en maintenant un semblant d'équilibre entre le besoin impérieux de vous mettre en garde et l'envie de mettre la série en charpille avec humour.
Mais tout cela n'est pas très gentil, n'est-ce pas ? Aujourd'hui ne sera donc pas l'une de ces journées.

En conséquence, voici une liste de séries sur lesquelles je ne vais pas écrire aujourd'hui, afin de pouvoir rester gentille.
Bones
Frasier
Gossip Girl
Legend of the Seeker
Life's too short
NCIS

The L Word
Tout le monde aime Raymond
Whitn-... Question 2 Hop-hop-hop ! Je sens qu'on dérape, là. Si je dois être gentille, le simple fait d'établir cette liste n'est pas très très gentil, et limite, même, méchant, on peut le dire. Si, on peut. Donc non, pas de liste.
Je vais essayer d'être gentille pour de vrai. Donc je vais trouver des choses gentilles à dire sur l'une de ces séries. Tiens, en voilà une bonne idée.

Ce que j'apprécie dans Gossip Girl, c'est la profondeur des intrigues et le fait que les personnages renvoient aux adolescents qui les regardent une image intelligente et constructive de cette période de leur vie.
Oui enfin c'est pas la journée du mensonge, non plus. Attendez, donnez-moi encore une chance, je suis sûre que je peux y arriver.
Ce que je trouve de bien dans Tout le monde aime Raymond, c'est que la série s'est arrêt-... nan vous avez raison, je sais pas le faire.

Bon bah écoutez, je suis désolée. Pour la journée de la gentillesse, ici, on est fermés.
On se retrouve demain.

SorryWereClosed

30 octobre 2011

C'est LUI, le patron, voilà qui !

A chaque rentrée, les pilotes nous tombent par centaines dans les bras, ne demandant qu'à être regardés. De la plupart, je ne tire qu'un post, m'attardant sur la banalité de l'intrigue, le peu d'intérêt de ses personnages, l'indigence de ses dialogues ; ou, quand vraiment les choses se passent mal, je vous entretiens de l'abomination de tout ce qui le compose. Après quoi vous n'en entendez plus jamais parler, pas dans le coin en tous cas.
Il y a certaines séries qui s'en tirent mieux que d'autres : le pilote de celles-là m'a plu et je vous en reparle de bonne grâce, une fois, deux fois, parfois plus, à la tête du client, histoire d'enfoncer le clou et vous inciter, si vous ne l'aviez pas encore fait, à tenter la série à votre tour. Si on a de la chance, une saison plus tard, j'en fais un post To be continued... pour vous rappeler de vous y remettre pour une deuxième saison, des fois que vous ayiez oublié dans l'intervalle (bon, pas cette année, je déménageais au mois de septembre et j'ai été obligée de faire l'impasse sur ces posts qui me prennent plus de temps qu'il n'y parait).
Et puis parfois, vraiment rarement, il y a une série dont je n'arrive pas à vous parler facilement.

Ca n'a rien à voir avec Prime Suspect ou Charlie's Angels dont je me suis aperçue que j'avais oublié de vous parler (ça sent l'acte manqué). Je les ai évacuées très vite de mon système et n'y ai plus jamais repensé, sauf en faisant le point sur mon défi de la rentrée avec Scarlatiine (elle regarde tous les pilotes de la saison à condition que j'écrive un post sur chacun ; du coup vous allez pas y couper, ces deux pilotes vont inexorablement faire l'objet d'un post, j'aime remporter mes défis).
Ca a plutôt à voir avec le fait que d'une part, même à raison d'un post par jour, je n'arrive pas à écrire sur autant de choses que j'en regarde, et que d'autre part, j'ai été particulièrement occupée ces derniers jours (vous verrez bientôt par quoi).
Et puis surtout, pour bien parler de quelque chose qui vous a collé à votre siège, il faut du temps.

Je ne pouvais tout simplement pas balancer un post sur le pilote de Boss, comme ça, en rentrant du boulot, un soir, mine de rien, sur l'air de "ah tiens j'ai quoi de prévu aujourd'hui sur le blog ? Rien ? Oh bah je vais griffonner un truc vite fait sur Boss". Non.
Non, non, non et non, pas pour Boss. De la même façon que j'ai eu besoin de prendre le temps de parler de Homeland, j'ai attendu d'avoir un peu de temps pour Boss, avant de sortir son post de l'état de brouillon dans lequel il dormait depuis près de deux semaines. Ce qui implique que j'ai déjà vu le deuxième épisode quand je commence à vous en parler, mais tant pis. Au moins ça ne fait que confirmer mon sentiment initial vis-à-vis de la série.

Vous commencez, j'imagine, à comprendre l'ampleur de Boss pour moi en cette rentrée. Des bonnes séries, il y en a eu cet automne. Mais une baffe comme celle-là ? Même dans The Slap on n'en voit pas.

WhostheBoss
Alors pardonnez le langage, mais il faut que ça sorte, maintenant qu'on y est.
Putain mais quand ils ont vu le pilote, les exécutifs de Starz ont du avoir la trique de leur vie. Les mecs qui bougent pas de leur screening room pendant 20mn en attendant que ça passe, tellement ça a dû leur faire drôle de savoir qu'ils avaient payé pour un pilote de ce calibre et qu'ils allaient enfin entrer dans la cour des grands. Ah bah je vous le confirme les mecs, c'est autre chose que Spartacus !
Les Emmys vont être palpitants en 2012, il va y avori du monde pour s'attaquer au trône de Mad Men, parce que bordel, tu peux pas ignorer une série comme celle-là. Et rien que cette pensée a dû rallonger de 10mn le séjour dans la screening room des mecs de Starz, parce que ça doit faire un effet de malade de se dire que ça y est, on tient quelque chose de puissant.

Pour tout vous dire, si j'avais été un homme, il est probable que le visionnage du pilote de Boss m'aurait fait un effet similaire. J'ai fini le pilote sur les rotules, le souffle coupé, la tête bourdonnante. J'avais des trucs à faire, des mails plein la boîte de réception, des chats criant famine, mais j'étais incapable de me lever à la fin de l'épisode et reprendre ma vie comme si de rien n'était. Il m'a fallu quelques minutes, moi aussi, les doigts encastrés dans les accoudoirs de mon fauteuil, pour accuser le coup. Des pilotes qui font cet effet-là, on n'en voit pas tous les ans. Même pas une fois tous les deux ans.
Je ne reviens pas sur ce que j'ai dit, j'ai eu des coups de coeur en cette rentrée et j'aime toujours autant Homeland, Suburgatory par exemple, et quelques autres, chacun dans sa catégorie. Mais là, quand même, on parle du niveau au-dessus quand même, de l'orgasme téléphagique pur, de ce petit truc qui se libère dans votre cerveau et innonde votre cortex quand vous avez été bluffé et que vous vous avouez vaincu. Sur ce pilote-là, il sera impossible de dire du mal. La perspective-même de se montrer critique est irréaliste.

Mais je le reconnais, il y a un facteur supplémentaire par rapport à Homeland, pour rester sur notre exemple : l'effet de surprise. Homeland ne pouvait pas vraiment être mauvais une fois qu'on avait vu ce que le pilote de Hatufim faisait de son sujet ; il y avait des risques dûs à l'adaptation, des risques dûs aux axes et personnages nouveaux, et bien-sûr la grande inconnue des acteurs qui peuvent parfois tout changer ; c'est sûr, mais globalement on va être clairs, Homeland était obligé d'être au moins convaincant, peut-être même bon, d'office, d'emblée, sans même l'avoir vu c'était évident.
Dans ma liste des séries que je n'attendais pas spécialement, par contre, celle que j'attendais encore moins que les autres, c'était Boss. Kelsey Grammer, que j'ai en h.o.r.r.e.u.r depuis que j'ai posé les yeux sur Frasier ? L'insupportable Connie Nielsen ? Une ancienne de Beverly Hills ? Et deux acteurs ayant été liés de plus ou moins près à The Playboy Club ? Jamais je n'aurais parié un rond sur cette série... même avec ce pitch engageant (et pourtant j'ai une grand affection pour Troy Garrity).
Mais le sucker punch géant, quoi. Pas vu arriver, celui-là, vraiment pas.

Parce qu'au final, ces gens-là en qui je ne croyais pas nous offrent, tous, sans exception, une performance incroyable. Et par-dessus le marché, comme si ça ne suffisait pas, Boss est, certainement, en fait ça ne souffre pas la discussion, le drama le mieux réalisé de la saison, et de loin. C'est un point sur l'horizon pour les autres séries de l'automne.
Je sais pas comment vous dire. C'est juste immense.

C'est brillant, mais pas juste parce qu'il s'agit de politique et qu'une série sur la politique ne peut pas se permettre de ne pas être intelligente (c'est la même règle que celle qui s'applique aux séries légales). C'est brillant parce que rarement une série aura aussi bien dépeint l'humanité de ses personnages, mais une humanité si incroyablement camoufflée qu'elle s'offre à la fois avec une grande indécence et une grande sobriété. Chaque personnage est magnifique, et participe à un puzzle qui va bien au-delà de la simple série politique. Là où il a fallu toute une saison à A la Maison Blanche pour mettre en balance ses objectifs intellectuels et la dramatisation de ses personnages (merci Rosslyn), Boss vous fait ça avec brio en moins d'une heure et sans jamais perdre son équilibre. Et pendant l'heure suivante, on découvre qu'on n'en savait pas autant sur eux qu'on ne le pensait. C'est immense ce qui se passe avec l'écriture des personnages de Boss.

Avant d'être une série sur la politique, Boss est donc avant tout une série sur le rapport que les personnages ont à la politique, comment elle les abime, comment elle les transforme, comment elle les tient. Le couple du maire et son épouse offre un ballet macabre de deux personnes que le pouvoir politique a altérés quasiment jusque dans leur ADN. Leur entourage direct n'est que dissimulation, frustration, docilité feinte. La seule personne qui pourrait être "vraie" dans leur vie en a été éjectée avec la plus grande des violences.
Les intrigues strictement politiques sont d'un cynisme sans commune mesure. Que ce soit le gouverneur ou son opposant, le maire tire les ficelles depuis son bureau avec un plaisir à peine déguisé, mais avec une intelligence aigue et un sens de l'anticipation terrifiant. La partie d'échecs est comme jouée d'avance, et c'est ce qui fait que la maladie du maire arrive si fort à propos.
Cette maladie justement est dépeinte avec le même génie que, dans Homeland, peut l'être l'état psychiatrique de Carrie. Boss est prêt à accompagner le malade à tous les stades et s'attarde sur les manifestations pour le moment éparses de son état, pour l'instant si bégnines, encore si invisibles à l'oeil de ceux qui ne sont pas dans la confidence.
Enfin, pour toutes les séries sur la politique où les journalistes étaient asservis au pouvoir, pour toutes les séries où les journalistes étaient dépeints comme des pantins sans cervelle, Boss réclame vengeance. L'investigation du journaliste n'est pas celle de quelqu'un qui cherche juste le scoop, elle est animée d'idéaux sur la profession qui remettent les choses en place, mais qui restent réalistes.

Il n'y a rien dans Boss qui ne soit autre chose que la perfection incarnée pour un drama. La nuit, dans leurs rêves les plus fous, les showrunners rêvent qu'ils font aussi bien. Pas étonnant que chez Starz ont ait commandé une deuxième saison alors que la première n'avait même pas commencé.
Un tel bijou nous rembourse de chacune des minutes insupportables passées devant Whitney, The Secret Circle, ou Revenge. A la limite ça valait presque le coup de se cogner des épisodes pareils si c'était pour pouvoir mieux apprécier ceux de Boss.

Et vous savez le pire ? Pile quand je pensais avoir repris le contrôle, j'ai vu le deuxième épisode, et je me suis repris une mornifle. C'est qui le patron ? Je vais vous le dire, moi, qui c'est le patron, cette saison.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Boss de SeriesLive.
A ne pas confondre, évidemment, avec le dorama du même nom.

22 octobre 2011

Reed it after me

Reeditafterme

Après deux épisodes supplémentaires de Reed between the Lines depuis mon dernier post, je confirme mon verdict : c'est un sitcom au charme vraiment naturel (pourvu que l'on ne parte pas du principe que les deux termes sont incompatibles) qui lui donne une longueur d'avance sur beaucoup de séries en multi-camera de ces dernières années, y compris cette saison.

La série parvient à éviter dans 99% des cas le surjeu, la surenchère de comédie physique, et les blagues téléphonées qui sont l'apanage des pires séries du genre. J'ai presqu'envie d'envoyer un DVD à Chuck Lorre pour qu'il apprenne comment on fait rire les gens sans les prendre pour des crétins.

Si Tracee Ellis Ross lutte visiblement contre son réflexe de faire le singe (et surmonte ce handicap presqu'à chaque fois), les prestations de Malcolm Jamal Warner et Zoë Soul sont sans défaut. Impeccables. Toujours élégantes et sobres, mais drôles.
En particulier, Soul est une véritable révélation (et les scénaristes l'ont bien compris parce que son personnage est bien plus mis en valeur que celui de son jumeau), elle est d'une grande justesse, toujours extrêment fluide, et délivre la moindre ligne comme si elle venait d'elle... et elle n'a qu'une quinzaine d'années ! Quand je pense que ce n'est même pas une qualité qu'on trouve chez les comédiens rôdés aux comédies depuis plusieurs décennies... Ce sera un privilège, Mademoiselle, de suivre ce que vous allez devenir dans les prochaines années (surtout que vous n'étiez personne il y a encore quelques mois).

Les histoires sont également à louer ; la façon dont les quelques séances psy sont conduites (presque dénuées de blagues, en fait, mais vibrantes de rythme), la façon dont les intrigues parviennent à gentillement surprendre par leur déroulement et leur dénouement, la façon dont, tout simplement, cette famille est décrite. Il en ressort une grande envie de normalité tout en étant capable de rendre les choses drôles et c'est une qualité qu'on ne voit pas souvent.
C'est vraiment le mot "naturel" qui décrit le mieux mon ressenti vis-à-vis de cette comédie, et pourtant le terme parait si étranger au genre du multi-camera !

Il n'y a pas de cliché, pas de gentille maman ou de maman gaffeuse, de papa sévère ou de papa parfait, d'enfants terribles ou d'enfants transparents ; personne ne tombe dans la caricature. L'épisode où les parents s'aperçoivent que leur cadette est en réalité un petit monstre parvenait à être drôle, tendre, et terriblement honnête dans sa démarche et son traitement, et si vous n'avez rien contre l'idée de ne pas commencer par un pilote, je vous suggère (à ce jour, puisque seulement quatre épisodes ont été diffusés) de commencer par celui-là. S'il ne vous charme pas c'est que Reed between the Lines n'est pas pour vous. Mais j'en doute. Car c'est vraiment une série à la croisée des genres, plus subtile que la moyenne dans sa catégorie. Si j'étais vraiment quelqu'un de persiffleur, je dirais que si vous tolérez une seule série de Lorre, votre niveau d'exigence est trop bas pour que vous n'appréciez pas Reed between the Lines. Eh, c'est pas une attaque, j'ai regardé la première saison de Mike & Molly vous savez...

Je ne suis pas certaine que quelqu'un d'autre pense à vous le dire, mais rarement un sitcom m'aura fait cet effet-là (une comédie en single camera, plus facilement, à titre de comparaison), et je ne saurais que trop vous encourager à donner sa chance à cette comédie méconnue. Passez 20mn (ou 45, comme le font les spectateurs de BET) avec les Reed, et venez me dire ensuite que ce n'est pas meilleur que Whitney (duh !), ou 2 Broke Girls.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Reed between the Lines de SeriesLive.

15 octobre 2011

Le blues du businessman

En ce moment, allez savoir ce que j'ai, j'ai envie de comédies. Pas d'incompréhension entre nous : j'aime bien avoir ma dose hebdomadaire de drama, et ne croyez pas que je ne me rue pas sur les épisodes de Homeland ou PanAm lorsqu'ils sortent, en fait j'ai même replongé dans The Good Wife, trop longtemps abandonnée, mais voilà, j'ai envie de comédies. Et les épisodes de Suburgatory ne sont pas diffusés en quotidienne, alors...

...Alors, j'ai ressorti mes vieilles cagoules. Et cet aprem, je me suis envoyé le pilote de According to Bex (j'avais même oublié que je l'avais, cette cagoule-là !), les deux premiers épisodes de Committed, dont je me suis rendue compte qu'elle me fait toujours autant rire (on pourrait qu'avec le temps et les comparaisons, je deviendrais blasée, mais non)... et le pilote de Jake in Progress.
On ne se connaissait pas à l'époque, et je n'ai encore jamais vraiment parlé de cette série, alors, tiens, vous savez quoi ? Pour changer des pilotes de toutes nouvelles séries en arrivage direct des USA, je vais vous causer de Jake in Progress. Et Boss ? Boss, une autre fois.

JakeinProgress
Mon souvenir de la série était, en toute honnêteté, assez flou. Ouais, en gros, je me souvenais de John Stamos, quoi.
Ce n'est pas difficile de s'en souvenir. En gros, John Stamos interprète John Stamos. Un rôle de composition, donc. Il doit avoir l'air charmant, charmeur, même, et... c'est à peu près tout. Mais on ne demande jamais plus à John Stamos, son sourire émail diamant et ses légères pattes d'oies suffisent. Il est ornemental, John Stamos, et dans le bon emploi (celui qui ne lui en demande pas trop), il ne fait pas honte à sa profession. On le met dans une série parce qu'il est agréable à regarder et qu'il ne joue pas mal ; normal, il ne joue pas. Mais au moins il n'est pas mauvais. Et il a ces yeux verts qui font craquer les femmes depuis pas loin de trois décennies, alors...

Donc non, Jake in Progress ne nous fait pas redécouvrir le génie comique méconnu qui se cache sous la peau hâlée de Stamos, c'est certain.

Pour autant le pilote n'en est pas moins agréable, et cela principalement en raison d'un acteur dont je ne comprends pas qu'il n'ait jamais eu son propre show, tant il éclaire systématiquement les scènes de chaque série dans laquelle il se pointe même temporairement : Rick Hoffman. Je me rappelle avoir détesté l'adorer dans The $treet il y a de cela 10 ans, et rien n'a changé depuis. Ce mec est énorme, et même s'il a de bonnes scènes à présent dans Suits, elles ne lui permettent jamais d'accéder à son plein potentiel. Le terme de "scene-stealer" a été inventé pour des gars comme lui, il n'arrête pas. Même quand il surjoue il est génial.
Lui aussi incarne souvent le même genre de personnages, mais il parvient à leur donner une énergie singulière qui fait que même quand ils ont comme point commun d'être des chieurs, on les apprécie à des degrés différents. On peut dire qu'il a une palette d'enfoiriture très subtile, en un sens. En tous cas ça fonctionne à tous les coups.

Hoffman est un peu la star du pilote : ce sont les scènes avec lui qui sont vraiment drôles, notamment quand il est dans sa cage.
Toute la première partie de l'épisode est de toute façon dénuée de toute forme d'humour, en particulier chaque fois qu'Ian Gomez (futur Cougar Town) ouvre la bouche.

Le concept de Jake in Progress, palpable dans cet épisode et perdu ensuite dans les méandres d'une jungle de post-its d'exécutifs, était à la base de montrer en temps quasi-réel le rendez-vous arrangé entre Jake, célibataire endurci, et Kylie, une romantique qui ne croit pas aux histoires d'un soir.
Et ce concept aurait pu marcher... avec un couple intéressant. C'est encore plus patent quand on regarde Committed le même jour : Marni et Nate ont une personnalité débordante (c'est le moins qu'on puisse dire), tandis que Jake et Kylie sont aussi plats que l'électroencéphalogramme d'un scénariste de Whitney (et, non, ceci n'est pas une vanne déguisée à l'encontre des oeufs au plat de Mädchen Amick). Ici, les deux personnages ont un passif (ils ont couché ensemble mais Jake, en bon baiseur en série qu'il est, ne s'en souvient pas), mais pour le reste, il n'y a pas de matière.
C'est sans doute parce qu'à la base, Jake in Progress n'ambitionnait pas d'être une comédie, mais plutôt une dramédie. N'empêche que ça laisse carrément froid de voir ces deux-là interagir.

Alors c'est pas plus mal, du coup, que le concept ait été abandonné ensuite. Ca ôte évidemment de l'originalité à la série qui se contente ensuite d'être "la série où John Stamos fait son John Stamos en attendant l'annulation" (et elle a mis plus de temps qu'attendu à arriver), permettant à l'acteur de faire ses yeux de cocker battu (non, pas n'importe quel chien battu, absolument un cocker) en nous chantant une version moderne du blues du businessman (trop d'argent, trop de top models...), mais au moins Jake in Progress n'est pas une suite de scènes sans intérêt interrompues ponctuellement par Hoffman pour éviter au spectateur de se pendre avec le câble de la télé. Il faut admettre que la série a échappé au pire pour aller se réfugier dans le passable de ce côté-là.

Mais c'est un pilote sympathique, cependant, parce que très rythmé, mais quand même un peu faible. Et puis comme je le disais, quand John Stamos fait son John Stamos, eh bah il bouge, il sourit, il minaude un peu, il fait je sais pas quoi, mais il occupe l'écran. Alors ça passe.
Wow, j'ai toute la première saison sur mes cagoules, dites-donc... Qu'est-ce que je fais, je me l'envoie quand même, ou...?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Jake in Progress de SeriesLive.

Publicité
13 octobre 2011

Bon boulot sur toute la ligne

Il y a des trucs que vous ne vous attendez pas à écrire dans une review, jamais ; "la nouvelle série de MTV est super", "j'adore l'humour de Damon Wayans", ou encore "il n'y a pas de comédie plus drôle que Whitney". Jusqu'au jour où l'une de ces choses devient vraies et remet en question tout l'ordre de l'univers.
C'est ainsi que je vous concocte un post sur la première saison d'Awkward. ! Si on m'avait dit.
En attendant, voilà une autre chose que je ne m'attendais pas à écrire dans une review : "j'ai envie de suivre un sitcom black".

Non que les sitcoms blacks ne soient pas drôles. Non, sincèrement, ce n'est pas ça ; c'est juste que la plupart d'entre nous (je suis et reste convaincue que les téléphages s'exprimant sont en majorité blancs) n'est pas dans la cible, et culturellement (à plus forte raison parce que les Afro-Américains sont une culture à part entière), et je soupçonne que si ces séries marchent bien, c'est parce qu'elles trouvent leur public. Ce public, ce n'est pas moi.
Et pourtant, je me suis sincèrement posé la question hier devant Reed between the Lines.

ReedBetweentheLines
Le titre était pourri. Les acteurs pas très intéressants. Le pitch tenait sur du papier à cigarettes. Regardez-moi ça, même la photo est bateau ! Tout indiquait que ce serait nul. Eh bien devinez quoi, pas du tout.

Le mérite en revient aux acteurs principaux et notamment Tracee Ellis Ross. Imbuvable dans le pilote de Girlfriends (que j'avais regardé l'été dernier, dans ma période "testons des séries blacks" consécutive au visionnage de Single Ladies), elle apparait comme sympathique dans Reed between the Lines. Son personnage n'est pas une bonne femme insupportable, ni bitchasse ni matrone, qui sont un peu les modèles qu'on trouve dans les comédies de ce genre. De son côté le personnage de Malcolm Jamal Warner n'est pas spécialement original mais, au moins, il a le mérite de n'être pas désagréable, le genre de mec distant qu'on n'apprécie pas souvent dans ces séries.

Et surtout, c'est fou, mais il se dégage une grande impression de naturel. La connivence entre le couple principal (les deux docteurs Reed) est palpable, et rend les diverses situations d'intimité totalement crédibles ; l'humour des situations et, plus souvent, des dialogues, ne s'en porte que mieux, on dirait que le couple rit ensemble, et non qu'ils veulent nous faire rire.
Plus épatant encore, les enfants s'en tirent bien, là où les rôles sont souvent attribués à des petites frimousses sans grand talent et ayant en général tendance à surjouer. La fille ainée, en particulier, parvient à être drôle sans jamais en rajouter, et c'est un immense soulagement. Le personnage le plus caricatural est celui de l'assistante de Carla, mais on le voit peu dans le pilote et ça ne gâche même pas la scène, dans laquelle Ross s'en sort si bien que ce n'est pas grave du tout. Les autres personnages secondaires sont très décents, par ailleurs, et notamment l'acupuncteur avec qui elle partage le cabinet, qui converse sur le même mode.
Et c'est certainement le plus important, en fait : les dialogues restent agréables même quand ils ne sont pas hilarants, parce que personne ne force, personne ne tente à tout prix d'avoir l'air drôle. Pour un peu, si elle était tournée dans d'autres conditions, Reed between the Lines pourrait tout-à-fait se passer des rires du public, mais ils sont relativement peu présents (volume sonore modéré, pas d'omniprésence fatigante) ce qui rend le problème quasiment anecdotique.
Au milieu de tout ça, l'intrigue, sans être très innovante, ne vire pas à la grosse farce insupportable, à l'exception d'une scène, vers la fin, un peu limite, mais fort heureusement vite écourtée.
L'épisode se clot sur une scène sympathique sans être touchante ni exagérément fleur bleue (Carla sort le grand jeu à Alex, un peu façon Whitney... et parvient à rendre la scène sympa, tendre et décontractée, sans en faire un truc aussi odieux et même limite sexiste que Whitney). La conclusion de l'épisode est bonne, disons les choses comme elles sont.

Le capital sympathie des personnages est tel que je me suis vraiment dit que ça me plairait bien de continuer l'aventure. Je vous avoue que c'est une première, en particulier après les expérience frustrantes, pour ne pas dire désastreuses, qu'ont pu être Are we there yet? et autres Meet the Browns.

Peut-être que Reed between the Lines n'est pas tant un sitcom black qu'un sitcom avec des blacks, et que les spécificités culturelles sont gommées. Mais en tous cas, c'est un sitcom sympathique, ça ne fait aucun doute. Personne ne vous braque un flingue sur la tempe pour rire, personne ne vous inflige une galerie de personnages insupportables et exagérés, personne n'a envie de gagner son salaire avec un scénario usé jusqu'à la corde (la façon dont on entre dans la vie professionnelle de Carla est sympathique, j'attends le tour d'Alex la semaine prochaine car sa pratique a l'air originale aussi), bref, c'est un sitcom, tout court. Loin des qualificatifs chromatiques et des sous-entendus qualitatifs qui s'y rattachent, Reed between the Lines est juste l'occasion de passer un bon moment avec des personnages qui ont tout compris à ce que le mot "naturel" veut dire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Reed between the Lines de SeriesLive.

3 octobre 2011

Il ne peut y en avoir qu'un

A chaque saison, il y en a une.
Vous vous souvenez certainement de vos années de lycée (... si vous n'y êtes plus), quand venait ce jour de l'année où un prof, un surveillant ou un membre de l'administration, excédé, tentait de rétablir l'ordre dans le chaos en vous culpabilisant un peu, et en lâchant cette phrase : "de toutes les classes que j'ai eues, vous êtes la pire". Et bizarrement, l'année suivante, un prof, un surveillant ou un membre de l'administration lançait cette même phrase dans un effort désespéré d'en appeler à votre raison. Vous aviez fini par croire (mais avec un certain je-m'en-foutisme) que chaque année, les classes étaient plus dures. Et que la classe qui repoussait les limites de l'horreur, c'était immanquablement la vôtre.
Eh bien en télévision c'est pareil. A chaque saison, il y a la série indisciplinée qui refuse obstinément d'être regardable, la mauvaise élève, celle qu'on va pointer du doigt chaque fois qu'on voudra expliquer qu'avant, les séries étaient plus sympathiques et que maintenant, à chaque rentrée, c'est pire. Mais la vérité c'est que ce n'est pas pire. C'est juste que le pire des élèves semble toujours nous mener au bord de nos limites nerveuses.

Jusqu'à présent je pensais en toute bonne foi que cette série était Whitney. C'était avant de découvrir le pilote de How to be a Gentleman. Enfin, pilote... les 15 premières minutes.
Car à chaque saison, il y en a une : une série dont on n'arrive même pas à finir le pilote tellement c'est mauvais.

Pourtant j'aimais bien la séquence qui ouvrait l'épisode, totalement dénuée de rires, plutôt rigolote et assez bon enfant. J'aimais que le héros soit ce petit mecton classe et poli, même si on se doutait bien que ça ne pouvait pas durer, pour son bien. Pour rester sur une bonne impression, j'aurais tout simplement dû m'en tenir à cette séquence.
Finalement, pour Whitney, au moins, j'ai réussi à regarder tout le pilote ; Chris D'Elia et ses vannes envers l'héroïne m'ont aidée à tenir, d'une part, et puis, au moins, en regardant le pilote en entier, j'étais sûre d'être d'avoir ma conscience pour moi lorsque je commencerais à méchamment lyncher l'épisode sur Twitter et ce blog.

HowtobeaFailure

Chris D'Elia n'apparait pas dans How to be a Gentleman mais même lui ne saurait sauver cet épouvantable sitcom sans humour. Très vite, le mecton poli et charmant devient un loser, quasiment un gros geek, comme si cet homme courtois et éduqué était incapable d'avoir la moindre vie sociale. Ridiculement extrême.
J'ai très exactement coupé l'épisode quand le coach de gym a commencé à boire le lait au goulot : premièrement j'ai eu une subite envie de milkshake, et surtout, c'était un autre cliché : on peut être viril sans être un porc sans éducation.
Tout cela en tentant de définir ce qu'est (ou devrait être) "l'homme", comme s'il y avait UNE façon d'être un homme, ce qui est aussi ridicule et sexiste que de prétendre qu'il y a "la femme". Rarement une série sexiste aura fait du tort aux hommes, mais voilà, on y est. On a l'égalité ; vous êtes contents, messieurs ?

Donc voilà, profitez bien de ce post, c'est le seul qui traitera de cette série, je n'approfondirai pas la question alors que j'en ai eu le courage avec Whitney.
Puisqu'il faut choisir, à mots doux je peux le dire, sans contrefaçon... How to be a Gentleman était le plus con.
Quand je pense que j'ai fait l'impasse sur le 2e épisode de Harry's Law pour ça.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche How to be a Gentleman de SeriesLive.

2 octobre 2011

The Stepford Moms

Subs

Depuis sa diffusion, j'ai déjà vu le pilote de Suburgatory quatre fois. Oui, quatre. Autant vous dire que je le connais par coeur. Pourquoi tant de visionnages ? Une partie de l'explication tient aux circonstances : des trajets en train à faire, du temps passé dans un (ex-)appartement dénué de toute autre forme de divertissement que mon smartphone, etc... Une autre tient dans une raison toute simple : ce pilote est BON.
EDIT : en fait cinq fois parce que j'ai fait les captures pour ce post sans ressentir même l'envie d'utiliser l'avance rapide.

J'ai peut-être la mémoire courte, mais cette saison, je n'avais pas encore autant ri devant un pilote (j'ai dit "devant un pilote", car si j'avais dit "d'un pilote", là naturellement la palme reviendrait à Whitney) (oui j'ai l'intention de tirer à vue sur cette série jusqu'à ce qu'elle soit retirée de l'antenne, et au vu du deuxième épisode, que sincèrement je ne pensais pas que NBC aurait l'audace de diffuser, j'ai largement matière à le faire) (pourquoi avoir regardé un autre épisode ? Eh bien, trajets en train, ex-appart, tout ça). A gorge déployée. De ce rire que je ne réprime plus depuis bien longtemps, parce qu'il est trop rare, et qui traduit un réel plaisir devant ce que je vois, en dépit d'un sujet qu'on pensait connaitre, d'une technique de narration (l'ado futée) pas spécialement innovante, et d'une réalisation colorée qui peut sembler la décrédibiliser, mais participe en réalité à sa démarche.

Suburgatory-PassiveAgressive
La vie de banlieue, cet étrange territoire qui recouvre un univers fondamentalement différent aux Etats-Unis que ce qu'évoque le terme "banlieue" en France, on pensait qu'on connaissait, parce qu'on avait tous vu Desperate Housewives. Mais même les jours où Desperate Housewives prenait du recul sur cet univers, elle n'en riait jamais tout-à-fait ; Suburgatory s'en charge sans mettre la main à la fiole de vitriol.

La série a réussi à trouver un sujet dont elle peut tirer à la fois de la tendresse et du rire. Ce n'est pas donné à toutes les comédies (plus les épisodes avancent, plus Up All Night semble s'être obligée à choisir entre les deux pour ne garder que les gags et abandonner la tendresse ; dommage, c'est l'équilibre qui me plaisait dans le pilote). Notre petite comédie en extirpe des scènes absolument absurdes, comme la nana qui tombe dans la piscine et ne cille même pas, l'oeil rivé sur son portable, ou les alignements de voisins parfaitement alternés homme/femme arrosant leur pelouse. Mais ces séquences ne sont pas des manifestes, ni une critique virulente, juste l'envie de plaisanter à partir d'un postulat qui le lui permet, celui d'un monde superficiel avec des codes étranges. Il s'en dégage une bizarrerie proche de celle de l'univers d'Eureka (pour moi qui n'en ai vu que les premiers épisodes, du moins), à la fois azimutée et constituée de petites touches pas trop appuyées, dépassant le cadre du registre comique ou toonesque pour aller quasiment se loger dans le fantastique par moments.
C'est que, Suburgatory, qui pourrait probablement être jugée "gentillette" si l'on n'y prenait garde, a décidé de rire de son sujet, mais pas de s'en moquer. Elle le fait avec beaucoup de coeur et un brin de fantaisie, mais jamais méchanceté, et le recul que prend son héroïne n'est jamais agressif ; parce que la série, un peu à la façon d'Outsourced, veut juste rire dans une ambiance bon enfant des petites absurdités (presque) ordinaires de la vie de banlieue, et pas prouver quoi que ce soit, surtout pas qu'elle a du mordant (comme le prouve le petit tacle sans conséquence à Glee). Elle ne cherche pas à prouver qu'elle peut s'attaquer à un sujet, elle veut juste montrer qu'elle sait le décortiquer et en extraire des scènes qui peuvent faire rire tout le monde.
Et dans un univers télévisuel où de moins en moins de comédies sont regardables par toute la famille sans que les plus âgés n'aient envie de se pendre devant la bêtise des gags, ou que les plus jeunes ne comprennent aucune plaisanterie, c'est une exception qui mérite d'être saluée.

Avec son héroïne charmante aux expressions rappelant Emma Stone et son increvable énergie versatile, son paternel tout sauf abruti capable de lui tenir la dragée haute à l'occasion, la maternelle poupée Barbie plutôt futée et franchement sympa malgré ses airs cruches (Cheryl Hines est délicieuse dans son rôle, et m'est enfin rendue sympathique après un pénible In the Motherhood dont je fais encore des cauchemars), la voisine d'en face qui vit sur sa pelouse, et l'inénarrable petite camarade boulotte qui souffre plus encore que l'héroïne, Suburgatory offre aussi une palette de personnages sympathiques et drôles à la fois, capables d'être attachants mais aussi très drôles.

Ainsi, il y avait des scènes incontestablement hilarantes...

Suburgatory-1 Suburgatory-2 Suburgatory-3

... mais je crois que le passage où je me tords le plus de rire, c'est devant l'expression de douleur muette de Lisa. IM-PAY-A-BLEUH.

Suburgatory-NoComment

Il y a des choses que je ne trouve pas forcément épatantes (la serveuse pot-de-colle, par exemple, ou le peu de présence d'Ana Gasteyer même si je pense que la voir toujours en train d'arroser son jardin forme aussi un excellent gag récurrent au long du pilote, mais il n'a pas vocation à perdurer au-delà je pense), cependant il ressort de ce premier épisode l'envie de faire quelque chose d'équilibré entre une certaine impertinence et l'envie de se réunir convivialement autour d'une comédie qui n'attaque personne, mais sait rire tout de même.
Je veux bien regarder encore un peu Up All Night ou 2 Broke Girls cette saison, mais mon coup de coeur dans le domaine des comédies, c'est définitivement Suburgatory. J'apprendrai donc à prononcer ce titre à peu près correctement. Enfin, j'espère...
Maintenant la seule chose qui manque à Suburgatory pour être ma comédie préférée de tout l'univers cette saison, c'est d'avoir un vrai générique.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Suburgatory de SeriesLive.

27 septembre 2011

Post oublié

Croyez-le ou non mais j'ai bien failli oublier de rédiger mon post sur le pilote d'Unforgettable, puisque Scarlatiine et moi avons un deal : elle regarde tous les pilotes de la rentrée à la condition que j'écrive sur chacun d'entre eux.
J'aurais fait exprès d'oublier que j'aurais pas pu (et pour cause), ça ne s'invente tout simplement pas. Et ça tombe bien parce qu'Unforgettable n'invente rien non plus. Ooooh que non.

Bon alors, que vais-je en dire ?

UnforgettableOuPresque
J'hésite.
Est-ce que je me mets en colère ? La, maintenant, tout de suite, de voir un de ces procedurals à la con comme on a eu Past Life, ou chais plus quels autres, je les oublie aussi vite qu'ils sont annulés de toute façon ? Est-ce que je me révolte contre cette impression de bouffer toujours les mêmes histoires, toujours les mêmes personnages, toujours les mêmes effets à la con ? Est-ce que je me lève d'un air obstiné pour dire que si c'est comme ça, eh bah je préfère encore regarder Whitney ? Vous savez, un long paragraphe furieux où j'exagère juste un peu ?
Ou bien est-ce que j'opte pour le mépris ? Vous savez, quand j'utilise tout un tas de métaphores et de comparaisons cinglantes pour vous faire comprendre que je n'ai que du dégoût à offrir à une pareille production froide et sans saveur ?
Ce que je peux aussi faire, c'est simplement en rire. Mais est-ce que j'arriverais à en rire ? Est-ce que je ne suis pas trop fatiguée pour en rire ? J'étais encore capable d'en rire il y a quelques années. Mon humour n'aura pas survécu à ce genre assomant.

En tous cas ce post ne pourra pas être positif, tenez-vous le pour dit. Je n'ai pas encore le plan dans ma tête mais le ton sera négatif, ça c'est sûr.
Peut-être un peu moqueur, aussi, parce qu'à force de mincir ET de se faire gonfler les lèvres, certaines actrices ne ressemblent plus à rien.

Ah, il faut absolument que je case cette pensée qui m'est venue pendant le pilote : la série est composée au bon tiers de scènes pendant lesquelles l'héroïne... se souvient. Alors autant dans la ruelle, bon, ça faisait son petit effet, la reconstitution, tout ça ; autant la tête d'ahurie constipée au diner, bof. Et alors ? Moi aussi j'arrive à me souvenir d'avoir passé une nuit avec un de mes ex. Manquerait plus que ça encore. Et je fais pas de l'hypermnésie pour autant.
Faudra aussi mentionner que je tire mon chapeau à la bonne femme qui a une telle mémoire qu'ELLE SE VOIT DANS SES SOUVENIRS avec un regard extérieur. Trop. Fort. Ca par contre je sais pas le faire.

Faudrait que je pense aussi, à un moment de mon post, à parler des scènes débiles dans la forêt. Au stade du pilote on est déjà complètement sûrs que c'est l'héroine qui a tué sa frangine, déjà, et franchement personne ne frémit. Si au moins yavait une bonne ambiance... ouais, penser à mentionner qu'avec une forêt et de la neige, le minimum serait d'avoir un peu les jetons.

Et sinon, quoi d'autre ? Ah, penser à mentionner d'autres séries, pour orienter les lecteurs vers des trucs qui valent le coup d'être vus ou simplement pour parler de quelque chose de moins désagréable.
Pis je crois que j'aurai fait le tour.

Non, vraiment, c'est tout. Et maintenant j'ai envie de revoir le final de Will & Grace.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Unforgettable de SeriesLive.

22 septembre 2011

Mise en perspective

Pas toujours facile de lancer un sitcom sur les déboires financiers des personnages "working poor". Quand le réalisme est au rendez-vous, c'estl 'humour qui ne suit pas toujours. Quand l'humour est de la partie, c'est le réalisme qui déserte. Or, toutes proportions gardées, il faut des deux pour que la comédie atteigne son but... et son public.

Forcément, quand 2 Broke Girls démarre (avec plusieurs minutes à la gloire de Kat Dennings), la déception est de taille : ni l'humour ni le réalisme ne semblent avoir été convoqués et, à la place, on a droit à des répliques un peu téléphonées, et même parfois plaquées pour faire "twist de fin de scène" sans réussir à être pétillantes. L'arrivée du personnage de petite fille riche (interprété par la encore moins drôle Beth Behrs et sa... perruque ? nan sérieux, c'est une perruque, dites ?) arraches quelques soupirs frustrés. Les seconds rôles insupportables et caricaturaux n'arrangent rien. Que tout cela est mal engagé.

Il faudra attendre assez longtemps, en fait, pour qu'une d'une part l'alchimie prenne lentement (en fait, quand le personnage de Caroline commence à répliquer aux vannes de Max), et surtout pour que 2 Broke Girls trouve SON truc : la perspective. L'intelligence de cette comédie est dans son but, et si elle s'y tient et parvient à le tourner en gimmick (notamment en faisant le total des sommes possédées par les filles), elle tient quelque chose.

2BrokeGirls

Le soucis c'est qu'en attendant, 2 Broke Girls souffre d'un épouvantable problème de rythme et d'une écriture assez pauvre, deux défauts qui ont tendance à ne pas être facilement pardonnables à une comédie. Kat et Beth ont beau se dépenser énormément chacune à leur façon, on sent bien qu'elles tentent de sauver les meubles et insuffler un peu d'énergie là où les répliques sont poussives et les gags très convenus, et si Kat Dennings est absolument superbe (et pas juste à cause de ses deux personnalités), je ne suis pas certaine qu'elle parvienne à faire illusion longtemps.

Il faudra donc du temps à 2 Broke Girls avant de se montrer convaincante. Je ne sais pas encore si je veux lui en laisser, je tenterai probablement le 2e épisode (mais pas forcément dés sa sortie comme j'ai pu le faire pour le pilote ; oui je suis à la bourre sur mes posts), mais il faudra vraiment faire preuve de persuasion pour me garder ensuite devant mon écran... Je souhaite aux scénaristes de se botter un peu le train, sinon ça pourrait être aussi navrant que Whitney. Nan j'déconne, ça pourra jamais être à ce point. Mais quand même, attention.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche 2 Broke Girls de SeriesLive.

Publicité
<< < 1 2 3 > >>
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité