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mad men
23 août 2010

New ordinary family

Grâce à AmyKar, j'ai pu voir le pilote ce matin (quand tu te lèves en avance de 45mn sur ton programme parce que tu sais que ton cagoulage sera prêt, tu sais que tu es téléphage). J'avoue que j'ai du mal à comprendre les retours négatifs que je lis çà et là ; pour le moment essentiellement sur Twitter, puisque je fais toujours ma tournée des reviews après avoir écrit la mienne.

Je ne dis pas que c'est mon coup de cœur du moment (à plus forte raison avec le troisième épisode d'Atami no Sousakan sur le feu), mais ya franchement pas de quoi rougir de honte pour ABC.
Comprenez par là que la série a toutes les chances d'être annulée rapidement, si la jurisprudence  ABC est toujours en vigueur. Et elle l'est.

NewOrdinaryFamily

Il y a quelque chose de remarquable dans cette série familialo-fantastique (dont je reconnais que le mélange n'est pas courant, et donc pas nécessairement facile d'accès), c'est dans le portrait qu'elle dresse d'une famille... moderne. A sa façon. Et cela passe essentiellement par la situation de départ.

Vic Mackey
Jim Powell y apparait comme un homme un peu faible, délaissé par sa famille, courant désespérément après leur attention et leur affection. Au risque de les mettre dans une situation dangereuse en fin de compte... Et pour moi qui regarde en ce moment Mad Men, je dois dire que ça m'a frappée : a-t-on déjà vu un homme dans ce rôle-là ?

En général, Madame travaille autant ou moins que Monsieur (rappelons que les Desperate Housewives sont majoritairement des femmes aux foyers, enfin c'était le cas la dernière fois que j'ai regardé ; ça veut plus forcément dire grand'chose deux ou trois ans après, cela dit). Mais même dans une série où la femme a une vie professionnelle digne de ce nom, c'est quand même elle qui a le coeur qui saigne quand toute la petite famille n'a pas son quota de "quality time". C'est la maman qui se rappelle que les enfants vont grandir, qui est la plus vexée quand elle se fait envoyer paître par les ados, etc... La seule fois où les papas sont effectivement attentifs à ce genre de choses, c'est quand ils sont pères célibataires.

Ici, pas du tout. La chose au cœur tendre qui veut préserver l'harmonie de sa famille, c'est l'homme. L'épouse n'en fout pas, mais ça ne la préoccupe pas, elle n'en a pas fait son soucis principal. Le renversement est parfait, en cela qu'il ne s'accompagne pas d'une caricature pour autant.

Car aujourd'hui, les hommes ont autant le droit que les femmes de courir après l'affection de leurs proches, de supplier pour un peu d'attention et de chercher désespérément à exister. Et No Ordinary Family réussit systématiquement tous ces passages où les enfants ont le réflexe de parler au père et sont gênés devant la mère, où le père maîtrise mieux la vie de la maison, etc... Il n'est pas perdu dans un rôle dont il se sent étranger : il est parfaitement à sa place au contraire, au point que ce soit la mère qui se sente hors du coup. L'effet de miroir est impeccable.
Il montre combien notre société a évolué, et au lieu de chercher à renverser les rôles artificiellement, la série fait un excellent boulot dans son renouvellement des rôles habituellement imposés aux personnages.

Alors, après, sur le point de vue du fantastique, je vous l'accorde, il y a à redire. Déjà, les effets spéciaux peuvent aussi avoir meilleure gueule, c'est pour le moment un peu inégal. Je m'en fous, je ne regarde jamais une série pour ses effets spéciaux. Si le reste fonctionne, je peux faire l'impasse dessus. Ensuite parce que quand Pixar a sorti Les Indestructibles, on a quand même approché pas mal de thématiques qu'on voit ici se profiler (identité de justicier secret, gestion de la vie professionnelle et personnelle, problèmes adolescents...). Et puis enfin, parce que franchement, on voit mal ce que les superhéros vont faire d'autre que d'affronter d'autres superhéros, et ça c'est franchement lassant. Pas forcément ultra-fréquent à la télévision, mais suffisamment dans les comics et les nombreux films qui en sont tirés pour qu'on ait du mal à voir l'intérêt.

Cependant, quelque chose me plaît dans la façon dont ces pouvoirs sont abordés. C'est dans leur façon de compléter un complexe, et pas juste en étant particulièrement pratique. Le père, impuissant, devient puissant, par exemple, et la façon dont c'est montré indique bien ce que ça représente pour le personnage. J'aime énormément la façon dont les parents découvrent et testent leurs pouvoirs ; ceux des enfants ont été passés un peu rapidement, mais qui sait, ce n'est qu'un preair, et surtout s'il est diffusé avec la bénédiction d'ABC, il peut encore y avoir des améliorations.

Non, No Ordinary Family n'est pas une série parfaite. Mais, mon Dieu ! Elle est loin d'être nulle, et aborde pour le moment la thématique de la famille sous un angle intéressant, qui remplit ses promesses. Si elle ne s'intéressait qu'à cet angle, ça m'intéresserait totalement, en fait. Le reste est annexe, probablement inévitable pour une série de network, mais ça lui donne sa propre identité et un potentiel indéniable. La marge d'amélioration existe, mais on ne part pas non plus d'une nullité abyssale. Moyenne haute en ce qui me concerne.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche No Ordinary Family de SeriesLive.

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22 août 2010

L'œil et le bon

Oeil_1

Producteur, producteur exécutif, réalisateur, showrunner... tout ces mots ne me parlaient pas du tout, il y a 15 ans, lorsque j'ai commencé à regarder les séries, et non plus à me contenter de les voir. Alors, quelle que soit la personne qui se cache derrière la magie d'une série réalisée avec une certaine recherche esthétique, je disais qu'il y avait "un œil derrière la caméra". Depuis, je connais un peu mieux la définition de ces titres parfois ronflants, mais cette expression reste la plus évocatrice d'une réelle identité visuelle.

Les séries desquelles ont peut dire qu'il y a un œil derrière la caméra sont rares, en définitive. La plupart du temps on reste dans une mise en images sommaire, scolaire, quelque chose de classique. Certaines séries se font une spécialité d'avoir l'air absolument passe-partout. Oh, je ne dis pas que c'est le cas de toutes. Je dis que c'est le cas de beaucoup.

Une série avec de bons éclairages, une réalisation maîtrisée et une identité immédiatement reconnaissable à l'œil nu, c'est ce qu'on trouve en général dans le haut du panier. Il y en a pas mal, mais comme ça demande plus de travail, plus de moyen, plus de temps, ce n'est pas ce qu'il y a de plus courant. Comme vous le savez, je me suis remise à Mad Men, et si je reconnais bien volontiers qu'il y a une certaine recherche esthétique, celle-ci passe plus par les recherches du département stylisme que par la réalisation, qui reste très simple. Ce n'est pas un reproche. Mad Men a beaucoup d'autres qualités après tout.

Mais je compare régulièrement la recherche faite autour de la série avec celle exécutée autour d'un sketch de SNL avec January Jones. Conçu pour renvoyer à Mad Men, sur la forme, il est infiniment plus abouti dans la recherche des couleurs, du grain. Personnellement je ne pourrais probablement pas prendre Mad Men au sérieux, avec les thèmes sombres qui semblent se profiler (faut qu'on en reparle d'ailleurs), si la série employait le même chemin esthétique que ce sketch. Mais dans l'absolu, l'un est plus travaillé que l'autre, c'est évident.
Faudra que je vous le mette, un jour, ce sketch, d'ailleurs. Même pour moi qui n'apprécie pas January Jones (et ce bien avant qu'elle ne se pique de s'approprier Jason Sudeikis... ce qui évidemment n'arrange pas son cas), c'est une perle.

Alors, plus rare, il y a les séries dont instinctivement je dis qu'il y a un œil derrière la caméra. Celles où la recherche est poussée, aboutie, travaillée. Il y en a une poignée. Une poignée qui vont au-delà de ce qui est raisonnable d'exiger d'une série de 10 ou 20 heures. Chacune dans son style accomplit quelque chose qu'on ne croirait possible qu'au cinéma. A tort.
Des séries comme Carnivàle, Pushing Daisies, Mousou Shimai... et Capitu.

Sans avoir trouvé le moindre sous-titre, me voilà à regarder le deuxième épisode.
Je crois que je suis amoureuse.

Il faut vraiment que je vous raconte.

17 août 2010

Des intégrations

A la faveur d'un coup d'ennui, dimanche après-midi (j'ai souvent un méchant coup de blues le dimanche une fois l'article de la semaine posté, je suppose que c'est, toutes proportions gardées, une forme de dépression post-partum), j'ai attrapé le premier DVD qui trainait, et lancé le pilote. Et les deux épisodes suivants. Et me voilà, on est mardi, j'ai déjà vu 5 épisodes, en plus de tout le reste, et mes plannings téléphagiques sont de nouveau tombés à l'eau.
Mais ce qui me frappe devant cette série, c'est la faculté qu'ont certaines personnages de fiction à se réinventer.

C'est une source d'admiration sans fin pour moi : voir un personnage changer de vie et s'intégrer parfaitement dans la nouvelle. Que l'ancienne vie soit un secret ou non ne change rien à mon admiration. Il y a à la télévision des personnages qui peuvent changer de vie sans problème, sur la seule base de leur volonté.

Ah, comme cela parait formidable ! On était quelqu'un, on devient quelqu'un d'autre. Et tout le monde voit cette nouvelle personne sans y trouver à redire. Sans trouver cela étrange. Sans qu'à aucun moment, oui, c'est ça le plus fou, sans qu'à aucun moment la présence de cette nouvelle personne comme incongrue ou étrangère.

L'exemple le plus fou de réinvention constante, suivie de façon systématique d'intégration dans la société, c'est Le Caméléon. C'est même tout le principe : non seulement Jarod a la capacité intellectuelle de prendre une nouvelle identité dans chaque épisode, mais surtout, le reste de la société l'admet immédiatement dans sa nouvelle identité. Personne ne se dit "ah, tiens, il n'est pas tout-à-fait à sa place, ce gars", ou "un médecin confirmé n'aurait jamais dit ça", non, Jarod parvient à chaque fois à donner l'impression d'être à sa place. D'être parfaitement intégré.
Si je peux me permettre, il n'y a bien qu'une série remplie de blancs qui puisse donner l'impression que s'intégrer à la société est si facile...

C'est un rêve que beaucoup formulent, et très peu réalisent : choisir de tout changer, d'abandonner tout ce que l'on est et de se construire une identité à partir de rien, et tout de même parvenir à trouver parfaitement sa place auprès des autres.
Personnellement ça fait 28 ans que j'essaye et je ne suis jamais parvenue à un résultat aussi parfait que celui qu'obtient Jarod toutes les 45 minutes.

Alors depuis trois jours que j'ai repris Mad Men, je suis circonspecte. Don Draper s'est parfaitement inséré. Intégré. Bref il fait parfaitement illusion. Il n'est pas comme eux mais c'est tellement bien imité. Je voudrais tellement que tout le monde le regarde en se disant que ce mec-là n'est pas chez lui ici. Je voudrais tellement que les autres personnages regardent Don Draper comme je le vois, comme un homme qui a réussi à s'inventer une vie. D'où l'homme tient-il ce don qui lui permet d'être un brillant créatif quand ça n'était pas sa première vie ? Où se cachait donc ce talent dans cette vie antérieure ? Comment est-il possible que la seconde vie soit si réussie ?
J'ai une histoire compliquée avec Mad Men qui fait qu'à ma grande honte, je n'étais jamais parvenue aussi loin. Je n'en suis pas fière, d'autant que j'ai aimé la série depuis le premier jour, et les tags vous le confirmeront. Mais aujourd'hui que je regarde la série... je m'aperçois que je suis éperdument jalouse de ce don pour l'intégration.

TwoWorlds

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Mad Men de SeriesLive.

12 août 2010

AMC, it's easy as 123

Éperdue de désarroi devant l'absence de réaction à la news sur l'adaptation de Forbrydelsen sur AMC, j'ai essayé de noyer mon chagrin en réfléchissant un peu à ce qui se passe sur cette chaîne ces derniers temps. Certes, je ne connais pas plus Forbrydelsen que vous (si au moins arte communiquait plus sur ce genre de diffusions, mais non !), mais enfin, on parle d'AMC !!! AMC, la chaîne qui monte, la chaîne avec les projets d'ambition, la chaîne qui révolutionne tout !!! Pourquoi ça n'a intéressé personne ? Enfin, si plein de gens l'ont lu. Mais personne n'a réagi.
Je me suis assise pour réfléchir : pourquoi avais-je pensé qu'une news sur AMC motiverait plus de réactions qu'un article sur des soaps plus ou moins has been ?

TheKilling

C'est vrai, ça. Qu'a donc diffusé AMC de si incroyable ? Je veux dire : à part Mad Men. Et Breaking Bad. Et Rubicon. Et le remake du Prisonnier. Effectivement, je vois ce que vous voulez dire. Mais c'est un peu étonnant qu'on fasse tout un foin de ce qui se passe sur cette chaîne alors que, concrètement, c'est tout.

Le nouveau projet de HBO ou de Showtime ? Ça fait des années qu'un projet de HBO ou de Showtime sait se montrer (plus ou moins) délectable, c'est donc normal d'en attendre beaucoup. Mais AMC est une chaîne jeune qui n'a pas encore brillé bien longtemps. Elle brille fort, et elle brille vite, mais ce sont également les caractéristiques d'un feu d'artifices et on n'en voit que le 14 juillet...

En fait, si on fait toute une histoire, c'est parce qu'à un moment, AMC a vraiment carburé niveau projets. Non contente de nous avoir asséné ce qui sera quand même l'un de évènements de ces dernières années, avec Mad Men, elle s'est empressée de nous dire qu'elle s'intéressait à plein de sujets, qu'elle voulait faire dans la diversité, dans l'avant-gardiste, dans le courageux, et on a tous mordu à l'hameçon.

Que sont devenus ces projets aujourd'hui ?
- Black Gold (en projet depuis janvier 2010)
- Hell on Wheels (à l'origine développé pour la saison 2008)
- Red Mars (apparemment abandonné)
Je ne dis pas que, parce qu'on n'en parle pas, ces projets sont nécessairement au point mort. Mais enfin, Red Mars l'est, visiblement. Et tout ce bel enthousiasme autour de la chaîne et ses projets si novateurs, finalement, il est un peu surfait.

Alors, vous savez quoi ?
En fait, vous avez raison.A bien y réfléchir, je ne vois même pas pourquoi j'en ai parlé. Ne commentez pas cette news sur l'adaptation The Killing.
Même si elle est apparue avec plusieurs jours d'avance sur le reste du web.

18 juillet 2010

So little time, so much to do

Cette semaine, je n'étais pas en vacances, et pourtant je n'ai pas travaillé. Ce sont les joies de la vie en cabinet ministériel : quand un ministre saute, il faut se trouver un nouveau boulot. Et encore, ça, finalement, c'était facile, et en fait en une semaine, ç'aura été plié. C'était la minute ladymnistration.
Mais du coup, je me suis retrouvée avec une semaine relativement libre sur les bras (si l'on soustrait les entretiens et les quelques sorties qui étaient prévues), et c'était peut-être le plus gros défi : savoir comment j'allais téléphagiquement l'occuper.

Il fallait me voir lorsque je suis rentrée de mon dernier jour de boulot, à la fin de la semaine dernière : j'avais pleeeeein de projets. Un peu comme une gamine à qui on annonce qu'elle pourra passer une semaine dans un parc d'attraction : "et je vais enfin me refaire l'intégrale de Jack & Bobby que je voulais me faire, et je vais revoir The Starter Wife, et je vais finir Will & Grace, et je vais regarder un film ou deux, et je vais trier mes génériques, et je vais faire plein de fiches, et je vais rédiger les trois articles que j'ai en projet pour SeriesLive, et je vais ranger mes classeurs sur la documentation téléphagique que j'ai entassés depuis plusieurs semaines, et je vais essayer de glisser une petite intégrale de The No. 1 Ladies' Detective Agency, et je vais finir la saison de V que j'ai un peu snobbée, et puis ya plein de pilotes qui vont tomber...!"
Ah, elle était enthousiaste, la lady, ya pas à dire. Elle avait un planning dans la tête, ça allait être tout-à-fait idéal, des vacances avant les vacances, le pied total.

Hier, j'essayais au moins de ranger mes génériques (le problème c'est qu'à chaque fois qu'un disque dur me plante, je les recagoule sans forcément bien les nommer), et je suis tombée sur le générique de Mad Men. "Aaaargh", me suis-je étranglée, "yavait ça aussi : j'ai acheté le coffret de la saison 1 et il est toujours sous blister !".

No1

Bilan.
Eh bah, bilan, bien-sûr, j'ai rien fait de tout ça. Si, j'ai fait quelques fiches sur SeriesLive, je suis relativement à jour dans mes pilotes occidentaux (mais en Asie je suis à la bourre), et puis j'ai attaqué l'avant-dernière saison de Will & Grace... mais à part ça ? Les classeurs de documentation téléphagique jonchent mon bureau, je n'ai eu le temps que pour un article sur SeriesLive, et je ne parle même pas des séries que je voulais regarder, je comprends pas comment je me suis débrouillée mais j'ai pas du tout touché à la moindre d'entre elles.
Tout ça c'est la faute de la crémaillère de ma sœur ce weekend, c'est des heures que j'aurais pu mettre à profit et en fait rien du tout.

Non, bon, ne blâmons pas les faux coupables. La vérité c'est qu'évidemment, ce programme était bien trop gros pour tenir en une semaine. Mais j'étais tellement contente de cette période de temps libre imprévue, et j'ai l'impression d'en avoir si peu profité ! Admettons-le, faire des fiches de séries étrangères prend un temps fou, parce qu'il s'avère (je sais, c'est choquant au plus haut point) que je ne parle ni espagnol, ni hindi, ni hébreu, ni... bah, estonien. Alors forcément ça prend un temps fou de croiser les informations, les traductions automatiques, les quelques sources anglophones... rien que trouver les noms de certains acteurs peut prendre une demi-heure ! Je ne suis pas vraiment étonnée.
Juste déçue.

Aaaargh ! Si peu de temps, et tellement à faire ! La téléphagie est une frustration sans nom.
Ce serait cool si je pouvais me faire virer de mon nouveau boulot, aussi. Ça me laisserait du temps...

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18 juin 2010

Instinct grégaire

Il se passe plein de trucs à mon boulot. On n'est pas là pour parler de ça, mais pour une fois, ces changements ont touché ma fibre téléphagique. Parmi ces changements : à peu près une nouvelle recrue chaque semaine. Et en discutant avec la petite nouvelle de cette semaine, c'est ma propre pratique de la téléphagie que j'ai été amenée à questionner.

Il s'avère que dans la conversation, j'ai mentionné les séries et qu'elle m'a lancé : "ah oui ? Moi aussi !". Je me suis donc livrée à une danse typiquement téléphagique (qui consiste en un mélange de polka, de line dance et d'imitation d'une télécommande), puis je lui ai demandé la phrase rituelle : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?".

Objectivement, le problème, ce n'était pas vraiment sa réponse. C'était ma réaction devant sa réponse à mesure qu'elle citait les titres de ses séries favorites :
- Supernatural
- Smallville
- Desperate Housewives
- Grey's Anatomy
...
Je crois que si elle avait cité One Tree Hill, je résiliais moi-même son contrat de travail (si j'avais ma propre boîte, vous pouvez en tous cas être sûrs que ce serait une clause de rupture).

Ce qui m'a ennuyée n'était pas le fait que je n'aime pas les séries en question (à l'exception de Supernatural dont je suis et reste convaincue, à la lecture du Blog de la Sorcière, que j'ai loupé quelque chose). Et je n'ai pas eu la moindre pensée pour le fait que c'étaient là des séries grand public (ça ne me vient à l'esprit que maintenant en essayant de penser à ce que ces titres ont de commun). Non, je l'ai immédiatement jugée à cause du peu d'estime que j'ai pour ces séries sur un plan intellectuel. Concrètement, si elle m'avait dit regarder des séries que je n'aime et/ou ne regarde pas (comme par exemple House, Lie to Me...), mais qui me semblent d'un niveau intellectuel correct, je n'aurais pas eu cette réaction.
Jugée. Le mot est lâché.

Ne me fixez pas d'un air si désapprobateur. On le fait tous.
Si la phrase qui revient systématiquement, quand deux téléphages se rencontrent, est : "et toi, tu regardes quoi en ce moment ?", il faut bien admettre que c'est moitié pour se trouver des points communs, moitié pour évaluer le téléphage en face. Dis-moi ce que tu regardes, je te dirai qui tu es. Ou en tous cas j'en déciderai arbitrairement sur la seule base de ta vie téléphagique. On part du principe qu'on est ce qu'on regarde, notre réflexe est de brosser un portrait caricatural de notre interlocuteur sur cette seule information (parfois mise en corrélation avec son âge).

Je crois que dans l'esprit de tout téléphage, même si ce n'est pas très cool de l'admettre, il y a une hiérarchie plus ou moins acquise, qui varie selon nos propres préférences, sur tout un tas de paramètres, comme par exemple :
- l'amateur de VO se considère supérieur à l'amateur de VF
- l'amateur de dorama se considère supérieur à l'amateur de séries françaises
- l'amateur de séries du câble américain se considère supérieur à l'amateur de séries de networks
- l'amateur de drames complexes se considère supérieur à l'amateur de teenageries
- l'amateur de séries méconnues  se considère supérieur à l'amateur de séries populaires
- l'amateur de séries historiques  se considère supérieur à l'amateur de séries d'action
Et parfois inversement, et bien d'autres choses encore. Ce n'est peut-être pas exactement en ces termes, mais on a souvent tendance à diviser le monde de nos interlocuteurs téléphagiques en deux : ceux qui sont dignes d'intérêt, et ceux qui ne regardent que des merdes.

A ce comportement s'ajoutent en plus certaines animosités du genre "c'est à cause de ta série que la mienne a été annulée", et autres préjugés sur une série donnée (quelqu'un me cite Gossip Girl, il peut regarder aussi Breaking Bad et Mad Men, mon opinion sera quand même faite), et vous comprendrez combien les chances de se trouver des téléphages aux goûts équivalents, partageant les mêmes attentes en termes de divertissement et/ou d'exigence, relèvent de l'absurdement petit.

Allegorie
Téléphage apprenant que son interlocuteur regarde des bouses (allégorie)

Même si on ne regarde pas les mêmes séries, savoir qu'on regarde des séries d'un même "niveau" semble important.

Rendez-vous compte que sur la petite communauté de personnes fréquentant l'univers des séries télé (et ils ne sont pas si nombreux que ça, d'autant que certains a priori persistent), on en est encore à faire le tri entre le téléphage et le casual viewer (ce que j'appelle dans ces colonnes le télambda), puis à l'intérieur du groupe "téléphages", ceux qui regardent des trucs qui méritent qu'on les écoute en parler, etc... Bref, à l'intérieur d'une population minoritaire, nous nous créons instinctivement des minorités d'appartenance. Tout ça semble bien compliqué...

J'aimerais vous dire que j'ai fait le choix de la facilité, et que je me lie à toutes sortes de téléphages, et même à des télambdas prometteurs, mais ce serait mentir effrontément. Je dois à la vérité de dire que, lorsque ma collègue a cité ces titres, j'ai répondu : "Non ?! Même ça ? Même les saisons récentes ? Nan mais c'est pas sérieux, ça...".
Toute ouverte d'esprit que j'aimerais proclamer être, la vérité, c'est que je l'ai jugée !

...Et que depuis, je lui parle de Nurse Jackie, United States of Tara, et même un peu de Breaking Bad.
Je veux bien renoncer à me proclamer totalement tolérante envers ce qui m'apparait instinctivement comme le fond du panier téléphagique, mais c'est pas une raison pour abandonner le combat de la contagion...

14 juin 2010

Pas sage

Rubicon, ou l'art de nager à contre-courant sans en avoir l'air. Une série pas sagement paramétrée pour cueillir le spectateur sans effort. Une série pas sage.

Rubicon, c'est la série qui s'en fout si son personnage n'est pas sexy ni expressif et qu'il a les yeux clos à force de manquer de sommeil. Rubicon, c'est la série qui s'en fout si elle donne l'impression d'être tournée en Allemagne de l'Est. Rubicon, c'est la série qui s'en fout d'être lancée au cœur de l'été et de proposer uniquement de la pluie et de la neige pour ses décors. Rubicon, c'est la série qui s'en fout si t'as pas de respiration un peu plus légère pour te reposer le cerveau entre deux scènes tendues. Rubicon, c'est la série qui s'en fout si t'as pas fait attention, elle le répètera pas. Rubicon s'en fout de n'être pas facile d'accès, et si t'es pas content c'est le même tarif. Rubicon, c'est la série qui emmerde le spectateur au QI d'huître qui jusque là a cru qu'une série intellectuellement stimulante, c'était The Mentalist.

Voilà pour la profession de foi et, franchement, à ce stade j'ai l'impression que tout est dit. Derrière son aspect le plus repoussant possible (que je soupçonne d'être volontairement décourageant histoire de faire un premier tri parmi les spectateurs), Rubicon possède une grande finesse et une grande intelligence, dont elle partage les manifestations avec son personnage principal (un type apathique dont on sent bien qu'il a l'air plus âgé qu'il ne l'est vraiment) : Will Travers un génie, mais un génie suffisamment doué pour ne pas ressentir le besoin de prendre la pose toutes les 5 minutes et lancer un trait d'esprit pour se faire applaudir. Rubicon et Will ont ceci de commun qu'ils sont tellement intelligents qu'ils n'ont plus besoin d'en faire étalage. A vous de faire attention aux détails, à vous de rester aux aguets, et c'est finalement tellement plus satisfaisant de se dire qu'on a tenu tout le long sans faillir, alors que l'épisode a tenu le rythme sans vous laisser une seconde de répit.

Pas d'humour, pas d'action, pas d'affectif... ce pourraient être des repoussoirs puissants (mais au moins, ceux qui se lancent dans Rubicon savent tout de suite à quoi s'en tenir ; à titre d'exemple, quelqu'un comme Naka saura immédiatement que ça ne lui correspond pas, tout le monde sait immédiatement à quoi s'en tenir), mais ce sont aussi les meilleures qualités de ce pilote.

Ou plutôt : de cette moitié de pilote. Car le pilote complet, il fait deux heures et on a rendez-vous avec lui le 1er août. Nul doute qu'il devrait éponger un peu de la frustration qu'on ressent lorsque le sneak preview diffusé hier soir s'achève.
Ce premier morceau de pilote, s'il pose bien les bases de la série, et son univers d'espionnage aux relents de guère froide, laisse un peu sur notre faim au moment certainement le plus capable de nous donner des perspectives concrètes sur les questions qu'on va probablement de poser pendant toute la saison. Ça va, ça va j'ai compris, je reviens le 1er août !

De la même façon qu'il y a 3 ans, Mad Men, lancée en plein été, faisait figure d'original au milieu des grilles dominées par le soleil, Rubicon joue la carte de l'anti-conformisme, et n'hésite pas à jouer avec les époques. Vraiment, si on n'avait pas cité le 11 Septembre, j'aurais juré qu'on était sur la fin de la guerre froide. Dois-je préciser que passée la surprise, j'ai trouvé cet élément formidable ? Dans les services d'intelligence du American Policy Institute, on ne combat pas les terroristes, on se contente d'essayer d'avoir un temps d'avance sur eux, et pour cela, il faut décrypter, réfléchir, des heures et des heures sans avoir la garantie de comprendre. Dans un bureau de gratte-papiers dont la vie est tout sauf excitante, on voit à quoi ressemble le véritable travail derrière la sécurité nationale. Pour un Jack Bauer, combien de Will Travers, dans la vraie vie ? Ce n'est pas glamour, ce n'est pas rythmé, mais c'est fondamentalement plus utile qu'un barbouze qui croit pouvoir tout régler avec un flingue et un portable.

Lente, froide, terriblement angoissante par ses silences, Rubicon n'est pas faite pour tout le monde, ne vous caresse pas dans le sens du poil et n'a pas la prétention de s'en cacher. Mais c'est un délice que d'atterrir dans ce milieu prometteur.
La première partie du pilote posait avant tout l'ambiance ; maintenant, pour attaquer le vif du sujet, rendez-vous le 1er août.

Rubicon_PasSage

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Rubicon de SeriesLive.

10 mai 2010

La route est droite, mais la pente est forte

On a tous entendu ces petites phrases, mais rien à faire, on ne s'y fait simplement pas.
- "Les Américains ça doit leur faire drôle, une série aussi intelligente !"
- "Nan mais attends, une série américaine ; moi je m'attendais à pire !"
- "J'aime bien cette série... même si elle est américaine."

Ces phrases, vous les aurez reconnues, ce sont celles que sortent les apprentis-téléphages en pleine épiphanie, ces débutants qui découvrent que les termes "les séries américaines" recouvre plus que Dallas, la dernière série dont les médias aient suffisamment parlé pour qu'ils y jettent un œil, et dont ils avaient tiré une leçon assez médiocre sur les capacités télévisuelles de l'Amérique, ce pays notoirement crétin vu de notre côté de l'Atlantique où tout est si beau, si intelligent, si culturellement exceptionnel.

Une fois de plus, aujourd'hui, j'ai entendu ces phrases et quelques autres, clichés typiquement français sur "les séries américaines", dans ce que l'expression a de plus péjoratif.
Il parait que Dr House finit ce soir, et l'apprentie-téléphage à qui on doit cette sortie imprégnée de stéréotypes, s'attristait de la disparition de cette série de son écran. Surtout que, je cite, "c'est pas souvent qu'une série américaine se montre aussi intelligente, ils ne doivent rien comprendre, les Américains".

On leur dit ? On leur dit que pendant 7 ans, ces Américains en question ont regardé une série sur un network parlant de leur Maison Blanche, des compromis et de la politique politicienne, quand nous n'en avons pas eu plus d'une saison sur notre Élysée (et sur un tout autre registre) ? On leur dit également que sur le câble, actuellement, il y a des Mad Men, des Big Love, des Breaking Bad, des... Non, on leur dit que la liste est trop longue ? Que les séries intelligentes, venant des Américains, ce n'est pas l'exception surmontant les pires obstacles, mais une frange fournie de leur production télévisuelle ?

Bien-sûr, quand on a l'habitude des Experts Stuttgart, des Experts Leipzig et des Experts Hannover, ou pire, qu'on regarde Bones ou NCIS, ça doit faire un choc. Mais si vous êtes impressionné par Dr House, accrochez-vous, ça va secouer quand vous allez découvrir d'autres séries. "Des séries américaines".

Route

C'est là aussi que je mesure l'ampleur de la tâche qui m'attend quand j'essaye de parler de fiction asiatique. Rien n'est acquis en matière de télévision américaine, finalement, à propos de laquelle les préjugés restent nombreux. Les Américains sont donc des benêts, incapables de faire des séries de qualité (et d'ailleurs j'aimerais qu'on me cite des séries françaises qui soutiennent la comparaison, juste une fois, dans ce type de conversations). Mais alors, les Japonais ? Ces crétins qui ne savent faire que des émissions où on mange des trucs improbables et où on se casse la figure ? Et les Coréens ? Ah bon les Coréens ont la télé ?

De cliché en cliché, la vision qu'ont beaucoup de gens de la télévision n'a pas progressé, finalement. Le "phénomène des séries télé" n'a été un progrès que pour un microcosme qui s'est cru parvenu à un certain seuil de légitimité culturelle. Mais le grand public n'a toujours qu'une vision étriquée de l'objet de notre passion...

Alors même quand certains jours, on a envie de fermer la boutique parce que les commentaires, les retours ou les statistiques ne suivent pas, on se dit qu'il y a encore tant à faire pour essayer de faire entrevoir les horizons que nous avons sous les yeux au quotidien, qu'on reprend le clavier et on s'y remet.

9 février 2010

On finira peut-être par en faire quelque chose

Les enfants, j'ai trouvé les défi de contagion ultime. C'est fou. C'est l'expérience de contagion dont je n'aurais même pas osé rêver, et maintenant, le cobaye est là, il me tend les bras. C'est trop beau pour être vrai.

Vous savez bien ce que c'est. On est téléphage, mais ça ne suffit pas. Il faut que d'autres partagent notre passion. Il faut qu'on leur montre ce qu'ils ont raté. Il faut qu'ils voient.
Les meilleures proies, on prend le réflexe de les choisir à partir de quelques critères très simples : réceptivité générale à la fiction, disponibilité... Par exemple je sais que je ne pourrai jamais rien pour mon père, qui considère que si c'est une fiction, c'est forcément débile (oui, on parle du même type qui a regardé Patrick Sébastien tous les samedis soirs pendant des années... mais je soupçonne d'être en fait la fille du facteur ; ce qui expliquerait tous ces Télé Z dans ma boîte aux lettre pendant plusieurs années alors que mon abonnement s'était terminé). Là, c'est mort, je ne peux rien pour lui. Je veux bien opérer quelques miracles de temps à autres, notamment ici, en montrant la voie à ceux qui manquent cruellement de culture, mais enfin, j'ai mes limites.
Donc à force, on repère l'herbivore éloigné du troupeau qu'on peut rabattre, ici sur Glee (oh, salut frangine, justement je parlais de toi), là sur Desperate Housewives (oui, j'ai encore beaucoup de boulot sur le cas de ma mère).

Voilà comment la révélation de ma nouvelle proie m'est apparue. Je vous refais la scène.

Je suis au bureau et, comme je suis fonctionnaire (ou presque), forcément je n'ai rien à faire de mes dix doigts. Je discute donc avec eux conseillères de mon ministre (la routine), dont l'une s'avère être ma supérieure directe. Nommons-là Volubilis histoire de ne pas l'appeler "ma patronne". Volubilis est quelqu'un de, comment dire ? Assez peu réservé, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle parle beaucoup, fait au moins autant de plaisanteries, elle est la reine des imitations, bref elle aime faire le spectacle.

Après ce qui restera comme l'un des résumés les plus incroyables que j'aie jamais entendu sur La revanche des Sith (grâce auquel on apprenait notamment comment, en fait, Anakin Skywalker et un conseiller en cabinet ministériel ont énormément en commun...), Volubilis entreprend de parler de films qu'elle aime à voir et à revoir.
Et bon, moi, les films... je veux bien faire preuve de bonne volonté mais à un moment, je suis téléphage avant tout, quoi.
Mais soudain, elle embraye sur Grease (qui passait ce soir sur W9), qui est l'un des films qu'elle peut revoir encore et encore sans se lasser, ainsi que : Nos plus belles années (ou The way we were en langue de Shakespeare).
Choix qu'elle a justifié de la façon suivante, avec sa truculence habituelle :
"Il y a cette scène, devant le Plaza Hotel, où elle lui dit, Huble... nan mais attendez, lady, franchement, il y a deux scènes mémorables devant le Plaza Hotel de New York, d'abord Streisand et Redford dans Nos plus belles années, où vous savez, il est avec une autre femme, et puis Carrie, qui dit à Big, enfin, tout ça c'est mémorable, j'ai vu tout ça quand j'ai fait le Sex & the City bus tour à New York".

Onenferaquelquechose

Et là j'ai eu le souffle coupé. Et je me suis dit : "ma fille, si tu n'essayes pas de faire de cette femme, aussi allumée soit-elle, une téléphage accomplie avant la fin de ce gouvernement, c'est que tu as raté ta vie de téléphage".

Demain, j'emmène le DVD de Mad Men avec moi, fraîchement acquis aujourd'hui.
Vu le peu qu'on a à foutre (tout le monde attend le remaniement, oh non ne vous inquiétez pas, il n'aura vraisemblablement pas lieu avant avril au moins, comme vous y allez ! mais faut pas que ça nous oblige à mériter notre salaire surtout), je vais bien trouver le temps d'en faire une téléphage à part entière.
Franchement, si déjà elle aime le ciné, et si en plus elle peut me citer des passages de Sex & the City, ça va être l'éclate.

Vous voyez bien : tout n'est pas perdu pour notre gouvernement si, dans au moins un ministère, il y a une téléphage à un poste à responsabilités. (à votre avis, je tente le pilote d'A la Maison Blanche, ou bien...?)

19 janvier 2010

Trop attendue

Ce post s'adresse à vous tous qui, comme moi, avez été adolescents pendant la seconde moitié des années 90... vous vous souvenez ? Ce qu'on a pu ressentir devant Felicity, Dawson et/ou Young Americans ? Pour ma part, je gardais beaucoup de distance avec ces séries pour adolescents (et TF1 ne m'a pas permis d'approfondir la question Felicity qui aurait pu être la seule exception), mais même moi je l'ai perçu à un moment. Oui, le fait est qu'on l'a tous ressenti, à un moment ou à un autre, devant l'une de ces séries ou leurs équivalents, à des degrés divers.
Cette impression de proximité. Quelque chose nous parlait. Quelque chose s'adressait à nous sans (trop) nous prendre pour des crétins. Ne simplifiait pas le monde exagérément. Ne se contentait pas de nous divertir. Ces séries n'étaient pas juste écrites pour que nous les regardions, elles étaient écrites pour que nous y trouvions un petit quelque chose. Peut-être même un peu de nous.

Je pensais sincèrement cette époque totalement révolue. Elle s'est éteinte avec Joan of Arcadia et Everwood, pensais-je. Et pour être sincère, ça ne me faisait ni chaud ni froid, j'avais déjà amplement passé l'âge de me sentir touchée de plein fouet par ces séries, et même quand j'en avais l'âge, elles étaient loin d'avoir sur moi l'impact qu'elles avaient sur mes ami(e)s.

Sont apparues, graduellement, par ordre croissant d'indigence, The OC, One Tree Hill, Gossip Girl, 90210 et autres Hidden Palms, et je me disais : je suis bien contente de ne pas être une ado. Bien contente de ne pas chercher dans le paysage télévisuel quelque chose qui me parlerait, parce que, punaise, qu'est-ce que je serais déçue ! Les années semblaient ne passer que pour apporter moins de sens aux séries pour ados. Qu'est-ce que je les plains, les ados. C'est déjà pas facile d'être ado, mais quand on voit en plus les séries qu'ils se coltinent... pas gâtés, les pauvres. Au mieux, ils devraient être aussi furieux que je le suis de ce qu'on leur fourgue.
Et d'ailleurs, un peu plus tôt cette saison, je m'en étais émue à nouveau avec l'arrivée de The Beautiful Life, qui ne remontait toujours pas le niveau.

Et puis, tout le monde a commencé à parler de Life Unexpected. Et de vous à moi j'ai évité du mieux que j'ai pu ce qu'on en a dit, ce qu'on en a vu, ce qu'on en a espéré. Car de toute évidence, tout le monde en espérait beaucoup. Quand les trailers sont apparus, wow ! Je lisais les réactions et j'avais l'impression que tout le monde attendait l'arrivée de cette série comme celle du Messie. The WB redescendue sur Terre... On pouvait presque entendre les larmes d'émotion et d'espoir rouler sur les joues des gens.
C'est dangereux de trop en attendre d'une série. C'est déjà pas très sain d'attendre grand'chose de la CW, alors...

MuchExpected

Et pourtant, après avoir, ce soir, regardé le pilote de Life Unexpected, je dois reconnaître que je comprends sur quoi repose cet espoir, et qu'a priori il est relativement fondé. Mais que ce poids qui pèse sur les épaules de la série est peut-être trop lourd à porter quoi qu'il arrive. Life Unexpected parvient à avoir ce petit quelque chose de "vrai" qui semblait s'être évaporé mystérieusement des teenageries modernes. Certainement parce que dans le fond, Life Unexpected n'est pas conçu comme une teenagerie. Son personnage principal est une adolescente, certes, mais son discours est plutôt adulte, et surtout c'est à la génération de ses jeunes parents que la série s'adresse (la présence de Kerr Smith, transfuge de Dawson, et de Shiri Appleby, venue de Roswell, sont deux choix de casting assez révélateurs de la véritable cible de la série). Des adultes pas trop adultes, mais résolument plus des ados. D'ailleurs, on comprend avec ce pilote que ce n'est pas l'adolescence de Lux qu'on va suivre, mais bien la façon dont les deux parents vont grandir, enfin, et totalement. Et pourtant quelque chose dans le ton de cette série fait que, si j'étais adolescente aujourd'hui, je ressentirais ce que j'ai ressenti jadis devant Felicity.

Mais voilà le cœur du problème : je ne suis plus adolescente. Et vous, mes camarades qui avez été adolescents au cours de la seconde moitié des années 90, non plus. Et c'est là que le problème se pose finalement. C'est que nous avons passé l'âge. Ça ne nous appartient plus vraiment, cet univers. Les moins téléphages d'entre nous ont gardé Dawson dans un coin de leur cœur et sont passés à autre chose. Les plus téléphages d'entre nous, bien qu'éventuellement passés par des Skins et consorts, ont depuis grandi aussi, et ont découvert des Experts, des Dexter, des Mad Men même, et j'en passe. Nous vivons dans un autre monde et nous aimerions que Life Unexpected nous ramène à notre prime jeunesse, alors que nous ne guettions pas encore nos premiers cheveux blancs et que nous ne payions pas encore d'impôts. Mais c'est un miracle que Life Unexpected, malgré son pilote plutôt solide, ne peut accomplir. C'est trop lui demander.
D'autant que Life Unexpected n'est pas une série épatante. Elle est juste correcte. Quelque part ce devrait être le minimum syndical, mais nous avons tellement baissé le niveau de nos attentes !

Il faudrait pouvoir prendre cette série pour ce qu'elle est : une série divertissante mais pas abrutissante. C'est déjà bien. Mais je crains qu'après les semaines, voire les mois passés, cela ne lui soit refusé. Tout le monde attendait Life Unexpected comme la série qu'elle ne pouvait être. Celle qui nous rappellerait ce que nous avons ressenti il y a une dizaine d'années de ça. Mais même la meilleure des séries ne le peut pas. Alors, une série correcte...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Life Unexpected de SeriesLive.

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