Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ladytelephagy
Publicité
17 juin 2013

N'est pire aveugle...

En tant que téléphage, il y a certaines choses qui m'énervent (oui ça va être un post Point Unpleasant, annonçons tout de suite la couleur).
En tant que téléphage curieuse de la télévision de tous les pays, il y en a quelques unes qui me font littéralement hulkenrager en particulier ; on pourrait citer mon mépris le plus profond pour les titres de séries traduits, ajoutons-y, parce que ce sera mon sujet du jour, la façon dont certains stéréotypes sont perpétués de façon systématique lorsqu'il s'agit de la fiction de certains pays.

La télévision du monde arabe est, je le concède bien volontiers, difficile d'accès pour l'observateur occidental, je m'en suis déjà fait l'écho par le passé.
Il faut dire que l'occidental en question n'est pas du tout dans la cible de la télévision du monde arabe, qui se fiche éperdument de savoir si elle est comprise par-delà sa zone d'existence. Très peu de chaînes arabes proposant des fictions (vous l'aurez compris, j'exclus par cette phrase Al-Jazeera) ont une version anglaise, ou même une version anglaise de leur site. Les infos sur la télévision du monde arabe sont difficiles d'accès, ou alors par bribes, à quiconque ne parle pas l'arabe. Et puis, bien-sûr, il y a le fait que la télévision du monde arabe ne compte absolument pas sur des exports en-dehors du monde arabe... ou alors dans le monde musulman (les Indonésiens vous passent le bonjour).
La télévision du monde arabe, pardon d'insister, se contrefiche totalement de son image à l'extérieur de son marché.
Ca ne m'empêchera pas de vous proposer d'y jeter un oeil à l'occasion du Ramadan, stay tuned.

Est-ce une raison pour la réduire aux mêmes poncifs, encore et toujours ? La tentation est grande mais elle devrait être évitable. De temps à autres, j'aimerais qu'une série égyptienne, une série syrienne, une série marocaine fassent les titres (même pas les gros, juste des titres) dans la presse occidentale pour d'autres raisons que pour pointer du doigt les extrêmismes.

LahazatHarega

Où sont, par exemple, les articles sur Lahazat Harega (en photo ci-dessus), la série médicale égyptienne inspirée d'Urgences, le premier drama médical du pays, et première série égyptienne, aussi, à être filmée en HD ; où sont les articles sur la façon dont elle est tournée, sur sa production tourmentée par le climat politique, ou simplement sur son renouvellement pour une saison 4 ? Là, il n'y a personne. Mais si vous parlez l'Espagnol, l'Italien, le Chinois, le Turc, le Kazak ou l'Ouzbek, vous pouvez voir le pilote en version doublée, elle est pas belle la vie ?
Par contre, pour raconter, encore et toujours, les mêmes anecdotes sur les télévisions arabes, ressasser les mêmes clichés, revenir inlassablement sur les mêmes preuves de l'existence d'un islamisme radical, là, pas de problème, on trouve des articles en masse, en nombre, et en quantité. Et encore je vous mets pas tous les liens. Ouaip, pour nous parler de Café Show/Coffee Shop (rien à voir avec une romcom coréenne), par exemple, là il y a du monde.

Qu'est-ce que Café Show/Coffee Shop ? Bon, bougez pas, je vous explique l'histoire.

Café Show/Coffee Shop est une comédie qui sera lancée le mois prochain (rappelons pour la forme qu'environ 80% des séries arabes sont diffusées pendant cette période faste... pour les chaînes de télévision) sur la chaîne égyptienne Al-Hafez. La série, qui comptera 15 épisodes, se déroule intégralement dans un café de la ville du Caire, mais ça vous l'auriez deviné. Et, comme au Café du Commerce en France, c'est l'endroit où l'on se retrouve pour parler de tout, de rien, de l'économie, de la politique, des valeurs qu'on partage...
Assez inoffensif en apparence. Alors qu'est-ce qui fait que Café Show/Coffee Shop nous parvient ? Au point d'ailleurs de se trouver, fait rare pour une série arabe, des titres anglicisés dans la presse anglophone. Note : à vrai dire, le site d'Al-Hafez ne semble pas encore en faire mention, donc on n'a QUE des titres anglicisés ; je fais donc, faute de mieux, une entorse à ma règle des titres non-traduits, mais dés que j'ai mon info, je reviens corriger ce post. J'ai perdu une bataille, mais pas la guerre !

Eh bien, il n'y aura pas une seule femme dans la série, PAS UNE. Le cast de Café Show/Coffee Shop est exclusivement masculin, du rôle le plus majeur au plus insignifiant.
'Voyez, s'il s'était agit d'une romcom coréenne, on aurait un peu plus ri, pour une fois...

Si vous me lisez depuis quelques temps (ou qu'au minimum vous avez jeté un oeil à mon article du 8 mars dernier sur la télévision polonaise), vous n'êtes pas sans savoir que ce genre d'idées n'est pas pour me plaire : je nourris de nombreuses convictions féministes. Pour autant, même si loin de moi l'idée de trouver que cette "trouvaille" de la chaîne Al-Hafez est une bonne chose, devant la levée de bouclier de la presse en ligne depuis quelques jours qu'a été découverte l'existence de Café Show/Coffee Shop, je suis un peu obligée de protester.

D'abord sur le principe : une série n'est pas obligée d'avoir des personnages des deux sexes. Il y a des séries occentales qui s'en passent très bien ; celles qui n'ont pas de personnage féminin ne peuvent simplement pas prétendre être féministes, par exemple, voilà tout. De même qu'une série sans mixité raciale aura du mal à faire croire qu'elle est inclusive. Mais ce n'est pas une impossibilité en soi - et une nouveauté non plus, de nombreuses séries américaines jusque dans les années 60 mettaient en scène presqu'exclusivement des hommes. Bon, j'exagère : dans les westerns, il y avait quand même des femmes attachées sur les rails de temps en temps pour se motiver ; un coup d'oeil au générique de Bonanza rappelle cette réalité : les femmes dans les séries, ça n'a pas toujours été une évidence.
Ensuite, parce qu'une série qui se déroule dans un café égyptien... a autant de chances d'être fréquenté par les femmes que le Ponderosa. La série Café Show/Coffee Shop a précisément choisi un lieu qui est, de façon culturelle, exclusivement masculin. Alors, on peut contester la démarche, c'est sûr, mais on ne peut pas contester la réalité du lieu choisi. Les femmes ne sont pas exclues de la série ; elles le sont d'abord du lieu. Est-ce la mission d'une série de remettre en question la fréquentation du café, a fortiori si elle est un mosalsal (une diffusée pendant le Ramadan), période peu propice aux révolutions contre les traditions ? A l'impossible nul n'est tenu.
Et enfin, parce que parlons de la chaîne Al-Hafez. La chaîne salafiste Al-Hafez est une chaîne du satellite qui compte en tout et pour tout un studio d'enregistrement (et ça se voit quand on mate les émissions de la chaîne sur Youtube), et qui a vu le jour suite aux manifestations du 25 janvier 2011 ; pas franchement une institution, donc. Al-Hafez a vu le jour pour soutenir les Frères Musulmans, et diffuse dans son unique studio des cours de lecture du Coran, ou, pendant ses émissions, donne l'antenne à des chroniqueurs (on aura du mal à les appeler journalistes) qui traitent de divers noms d'oiseaux les "infidèles" qui ne seraient pas assez respectueux des textes religieux ; des propos injurieux qui sont régulièrement pointés du doigt dans les autres médias, et qui ont aussi déjà été condamnés par la Justice égyptienne. Que la chaîne Al-Hafez, dont la vocation première, voire unique, ait pour vocation de répéter à longueur de programmes des propos conservateurs, pour ne pas dire réactionnaires, et d'appeler à l'application stricte de la Charia, n'est donc pas vraiment une grande surprise quand on a le contexte. Et quand l'un des dirigeants de la chaîne explique : "tout est une question d'offre et de demande, et actuellement il y a de la demande pour cette forme plus propre d'art dans notre société. [...] La politique de notre chaîne est que nous ne montrons aucune femme du tout, de façon à les honorer, comme le dicte l'Islam", peut-on vraiment dire qu'on est surpris ? S'attend-on à autre chose de sa part ? Chais pas, vous pensez qu'on va voir un True Blood sur FOX News à la saison prochaine ?

Une série comme Café Show/Coffee Shop n'est pas exactement le fer de lance de la télévision moderne en Egypte, ou le monde arabe en général. Mais ce constat s'impose, je pense, à tous ; à plus forte raison depuis qu'un membre des Frères Musulmans est devenu Président l'été dernier.
Ce qui me révulse en revanche, c'est que ce soit le seul type de programmes venu d'Egypte qui nous parvienne. J'aimerais énormément que les téléphages parlant l'arabe partagent leur passion pour la télévision en Anglais (ou soyons fous, en Français). Ils sont chaque année, pour le Ramadan, des millions et des millions à s'enthousiasmer pour ces séries : c'est bien qu'il s'en trouve pour les aimer. Alors... SHARE THE LOVE ! Ca nous changera.
Et je persiste à croire que c'est pour la bonne cause.

Dans l'intervalle, il faudra sûrement lire encore pas mal d'articles sur les séries égyptiennes, les séries syriennes, les séries marocaines qui nous confortent dans notre conviction d'avoir une télévision plus ouverte, plus tolérante, plus progressive. Allez, ça fait du bien au moral, je suppose.
D'un autre côté, je me dis ça pour la troisième année consécutive, chaque année, à partir du mois de mai quand je commence à préparer mon article sur les séries du Ramadan. Hashtag #opportunistefatiguée.

Publicité
15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x07, the end of the world as we know it

J'ai l'impression que toute cette 6e saison, je n'ai eu de cesse de penser, devant presque chaque intrigue, chaque élément de la série, qu'il fallait faire nos adieux. C'est une quasi-obsession, je le confesse. Tout est vu à la lumière de ce fait : c'est la fin. La dernière fois que. On dirait que je suis Ryan et qu'Oz est mon Cyril.

Ozmarathon-6x07

Et alors que tout va finir, dans le fond, que penser ? Quand tout est fini, que reste-t-il ?
C'est la grande énigme que va poser cet avant-dernier épisode, grâce à un sublime échange entre Omar White et le bizarre Lemuel Idzik. Qui aurait cru, quelques minutes avant leurs scènes dans cet épisode, que ces personnages avaient le potentiel pour être au centre de quelques uns des plus incroyables dialogues de cette saison, voire, de cette série ?
A travers cette incroyable discussion métaphysique sur le soleil qui s'éteint, et nos actions qui paraissent insignifiantes à côté du destin de notre étoile et donc de notre système, c'est toutes les conséquences de l'ensemble des actions de chacun, au cours de ces 6 saisons, qui nous interrogent. Quelle a été la finalité de tout cela ? Que retirerons-nous de ce que nous avons vu, des horreurs auxquelles nous avons assisté, des injustices qui ont été infligées, des malheurs qui ont persisté ?

Par exemple, à quelques minutes de la fin de la série, Oz ménage toujours des zones d'ambiguité, notamment à cause de son célèbre triangle de l'insanité entre Beecher, Keller et Schillinger.
Sans se mentir, c'est là que portent une grande partie de nos attentes pour la fin de la série, sachant à plus forte raison que le sort de Miguel Alvarez semble fixé, autant que faire se peut en tous cas, et que les choses sont également en bonne voie pour Busmalis, Rebadow et quelques autres. Quant à Leo Glynn ? Justice a été rendue.

L'un de mes rares regrets sera que les scénaristes aient introduit le fascinant personnage d'Alonso Torquemada à ce stade. Pourquoi avoir tant attendu ? Non seulement Bobby Cannavàle est génial (ça m'écorche la bouche de le dire, mais il faut être honnête), mais son personnage promettait aussi de mettre un sacré bazar à EmCity...

Le reste ? Le reste se décide ce soir, dans le dernier épisode que nous lançons à présent...

15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x06, vaincre la misère et l'ombre

L'un des gros chocs de cette 6e saison, qui jusque là n'en a pas manqué, était la sortie de Beecher. En tant qu'Ozmarathoniens, nous avions alors la sensation que cela n'avait pas de sens : nous étions entrés avec lui entre les murs de la prison, nous ne pouvions pas nous passer de lui avant d'en sortir. Mais le voir revenir à la fin de l'épisode suivant ? C'est encore plus déroutant.
La raison est pourtant simple : sur le pas de la porte, Oz s'est rendu compte qu'elle avait encore quelque chose à dire. La moindre des choses serait d'écouter.

Ozmarathon-6x06

C'est un sujet qu'on a abordé plusieurs fois par le passé, et pourtant, avons-nous vraiment eu cette conversation ?
A la fin de l'épisode précédent, Beecher, rongé par la honte à bien des égards, murmurait : "Just like last time, I got fucked up in the ass". L'un des temps forts de cet épisode va donc consister en un groupe de parole qui va échanger autour d'expérience à propos du viol en prison. Là où jusque là, le viol était un pur instrument de domination, de pouvoir ; il s'inscrivait dans les enjeux narratifs d'une saison, il mettait en scène les rapports d'un personnage avec tel autre de façon à leur donner une motivation. Pas cette fois. Cette fois, ce que ces témoignages disent, c'est tout simplement la souffrance et l'horreur. Parler du viol comme d'un traumatisme en soi, et non pas d'un mythe fondateur d'un personnage, comme ça a été le cas pour Beecher, est une idée poignante mais réussie.
Car en pointant du doigt à quel point la douleur est quotidienne, à quel point elle est banalisée par le système (chose que souligne aussi le fait que le viol d'un personnage ne nous émeuve plus qu'à moitié), Oz nous met quelque part face à la responsabilité de la société tout entière, qui ferme les yeux parce que, oui enfin, bon, ce sont des criminels, alors... c'est moins grave. C'est peut-être même normal, car ce sont des bêtes violentes !
Cet échange simple et pourtant violent sur la réalité du viol carcéral était nécessaire pour une série qui s'est souvent sentie investie de la mission de révéler des vérités désagréables. Celle-ci n'avait que trop attendu d'être dite haut et fort.

Dans sa lancée, Oz va aussi s'arrêter sur la question du commerce. L'intrigue autour du centre de télémarketing et de l'entreprise des musulmans en pose les jalons depuis plusieurs épisodes déjà. D'un côté, le centre de télémarketing, depuis que les homeboys sont partis en signe de révolte envers l'influence de Burr, est quasiment dépourvu de personnel ; à Burr qui s'inquiète justement que les salaires ne soient pas compétitifs pour attirer de nouveaux employés, la gérante, pas inquiète, affirme avec le plus grand des aplombs, et peut-être une pointe de cynisme, qu'elle ne se fait aucun soucis : il y a des centaines de prisonniers qui, même pour une somme dérisoire, finiront par changer d'avis et accepter un poste (elle est prête à travailler pour Veridian Dynamics !). Cette crise n'est que passagère, elle ne craint pas le turn-over. C'est l'avantage, en quelque sorte, quand on n'a rien à cirer des employés qui vont et viennent. A côté de ça, les revenus sont loin d'être ceux qu'espéraient les musulmans en matière d'édition ; les calculs de Kareem Saïd, qui voulait payer les prisonniers au salaire minimum, étaient très optimistes. La réalité des choses, c'est qu'Arif n'a pas l'argent nécessaire pour payer quelque salaire que ce soit. Par un diable de retournement de situation, l'entreprise qui voulait faire des affaires tout en traitant convenablement ses salariés est sur le point de fermer boutique, quand celle qui ne se soucie du confort de personne va finir par retomber sur ses pieds.
Que la conclusion de cette intrigue ne nous abuse pas : si Burr finit par donner un coup de mail aux lois économiques en faisant détruire l'atelier des musulmans, l'épisode nous dit en filigrane quelques vérités peu agréables sur le monde du travail (même pas spécialement en prison).

La troisième des grandes intrigues de cet épisode, et certainement pas la moindre, est évidemment celle de Cyril O'Reily. Je sais que j'ai tendance à mentionner Ryan, d'ordinaire, comme étant le héros des aventures irlandaises d'Oz, mais il faut bien reconnaître que ce sont les problématiques soulevées par Cyril qui sont à l'ordre du jour ici.
Ce n'est pas qu'Oz n'ait pas abordé le sujet auparavant. Bien au contraire : l'état psychiatrique de Cyril a régulièrement été au centre des débats, comme, encore récemment, avec l'affaire des électrochocs. Mais à l'heure où le petit garçon dans le corps d'un criminel boxeur vit ses derniers moments, il est temps d'attirer notre attention sur les conséquences de l'aveuglement répété, voire même obstiné, de tout un système.
Ryan n'est là que pour être le témoin affligé de ce spectacle : choisir comment Cyril va mourir, le lui annoncer et expliquer, l'accompagner alors qu'il doit faire couper ses belles mèches blondes, rester à ses côtés pendant son dernier repas...
En fin de compte, Cyril ne va pas mourir pendant l'épisode. Mais de justesse. L'espoir est relancé, et ça devient insupportable pour ceux (et ils sont nombreux, voire unanimes) qui aiment ce personnage. C'était cependant nécessaire pour parler du vrai problème ; ce que souligne d'ailleurs le speech d'Augustus Hill sur les différentes peines d'un état à l'autre.

Oz signe ici l'un de ses épisodes les plus engagés socialement. Une véritable réussite qui rappelle aussi la raison pour laquelle cette série est bonne. Du coup ça fait encore plus chier de devoir s'en séparer bientôt...

15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x05, interlude

Il est grand temps d'adresser un véritable problème récurrent dans Oz. Bien pire que tout ce dont j'ai pu me plaindre depuis un an et demi que nous suivons notre Ozmarathon. Et pourtant Dieu sait que j'ai eu l'occasion de me plaindre.
Mais je voulais aborder avec vous un problème qui, en fait, est à la source de bien d'autres. Mesdames et Messieurs : Leo Glynn. N'applaudissez pas.

Ozmarathon-6x05bis

Une ode à Leo Glynn.

Leo Glynn est le type qui, même quand il se fait remonter les bretelles par le gouverneur à propos des morts brutales, successives, et qui auraient dû être empêchées (comme le meurtre de Kareem Saïd, figure hautement médiatique ET religieuse, par un visiteur armé, hein, quand même), conserve son job.

Leo Glynn est le type qui, alors que les tensions n'ont pas vraiment été résolues dans sa prison, organise une grande soirée où le personnel devra rêvetir costard et robe de bal entre les murs de cette même institution.

Leo Glynn est le type qui, quand un avocat lui dit de virer deux surveillants, s'en laisse convaincre en 30 secondes chrono.

Leo Glynn est le type qui va interroger un surveillant qu'il soupçonne de tremper dans des affaires louches, dont une affaire de meurtre, qui vient faire comprendre au CO qu'il a vu clair dans son jeu, mais qui ne le met pas à pied.

Leo Glynn est le type qui, quand un gardien lui avoue qu'avec deux de ses collègues, il a mutilé un prisonnier (Morales, dont les tendons ont été coupés à la demande de Dave Brass pour se venger de son tendon mutilé), réplique "ouais, je m'étais un peu douté de ça" et finit par féliciter l'officier qui vient de se confesser au lieu de le punir.

Leo Glynn est le type qui, quand un prisonnier qui est également un chef de gang lui dit qu'il a peur d'une infirmière, rit et ne le prend pas au sérieux. Quelques heures plus tard, cette même infirmière va tuer un prisonnier tout en confessant en avoir tué un autre.

Leo Glynn est le type qui conduit une enquête avec la police sur le meurtre du maire Loewen, alors qu'il est surveillant de formation, pas enquêteur. Et qui conduit cette enquête des semaines après la mort du maire.

Et tout ça en un seul épisode ! Comment on a tenu 6 saisons avec ce type ?!

15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x04, pour ne rien dire

Il est quelques épisodes décevants dans chaque saison. Le problème, c'est quand une BONNE saison d'une BONNE série sort l'un de ces épisodes. Le téléphage s'en trouve tout décontenancé. Etant donné qu'aucun épisode d'Oz n'est jamais un stand-alone, le mal est d'autant plus profond que cela affecte les émotions liées à toutes les intrigues en cours...
A l'heure où notre EmCrew se prépare à faire ses adieux à la série, est-ce bien raisonnable de se permettre un coup de mou comme celui-là ?

Ozmarathon-6x04

Il n'y a pas beaucoup de storylines dans cet épisode qui méritent d'être vues. Pour être franche, aucune n'a semblé ne serait-ce qu'être correcte. A quelques épisodes de la fin, les révélations sur les origines de Jaz Hoyt, par exemple, apparaissent comme profondément risibles, de la même façon que le sort d'Omar White nous est totalement indifférent, quitte à ce qu'il meure en isolement à cause de la peinture toxique. Vraiment, qui ça intéresse ? Hoyt n'a jamais été qu'un personnage secondaire auquel aucune mythologie n'a jamais été nécessaire pour nous offrir de bons moments, et White casse les pieds de tout le monde, y compris de McManus qui a jadis été son protecteur.

Ecoutez, je n'ai aucune sympathie particulière pour Robson. Il s'est comporté comme un tel poison à une époque que, franchement, il est impossible de tout-à-fait lui offrir une rédemption aux yeux des spectateurs. Les Aryens font, d'ailleurs, partie des rares personnages que la série n'a jamais réussi à réhabiliter. Ce ne sont pourtant pas les efforts qui ont manqué dans le cas de Robson, qui joue les victimes depuis ses mésaventures dentaires en saison 5 ; sa mise au ban, ses humiliations répétées, tout a été fait pour en faire une nouvelle tête de turc des scénaristes. Mais rien à faire, impossible de le plaindre tout-à-fait. La seule fois, je dis bien la seule, où il m'a arraché une larme, c'est quand il a expliqué à Sister Peter Marie quel genre d'enfance atroce il avait eue ; là, vraiment, on tenait quelque chose de fort, et d'autant plus surprenant que comme je l'ai dit, personne au monde ne tient Robson dans son coeur. Mais alors que les scénaristes s'ingénient à essayer d'aller plus loin dans le traumatisme (comme si l'histoire de la petite cuiller n'était pas assez), rien à faire, le portrait perd de sa force. Pire, en faisant en sorte que Robson se sorte de sa très mauvaise situation par duperie, mensonge et manipulation de Sister P, l'épisode réussit le tour de force de faire à nouveau basculer le personnage dans un territoire pervers. Ce n'est même pas que l'épisode attire vraiment notre attention sur le fait qu'une victime n'est pas forcément innocente dans tous les domaines de sa vie par le simple fait qu'elle soit agressée ; c'est que le scénario est clairement fragile, portant sur un personnage avec lequel l'empathie ne fonctionne fondamentalement pas.
Comment soutenir un personnage qui, bien qu'il soit clairement une victime, redouble de vice pour se libérer de ses chaînes ? Eh bien, on l'a vu par le passé avec quelques moments forts de Beecher, c'est possible, mais Robson passe à côté de l'objectif affiché pour son intrigue. Rien à faire, cet épisode loupe complètement ce qu'il tentait de faire.

Et puis il y a Miguel Alvarez. On aimerait énormément en dire du bien, surtout moi, vous me connaissez, mais rien à faire. Sa quête pour reconquérir Maritza s'arrête, heureusement, avant qu'on n'ait envie de le renvoyer en isolement ou à l'infirmerie, histoire qu'il se passe un peu quelque chose. Il n'est pas ressorti grand'chose de cette intrigue, au final, si ce n'est qu'on a trouvé un Miguel apaisé. Le seul truc... c'est que ça, on le savait déjà.

Pour finir, l'intrigue sur la peinture au plomb (or whatever that was) traîne en longueur. On aimerait sincèrement qu'elle mène quelque part ; à vrai dire, j'ai vu le series finale d'Oz il y a plusieurs années, je sais très exactement ce qu'il en advient, et je finis QUAND MEME par me poser la question en regardant cet épisode ! C'est dire si on touche le fond. Gloria Nathan a beau nous faire part d'un joli cas de conscience (dont on a un peu l'impression qu'il est la répétition d'anciens dilemmes passés, notamment suite à son viol et la mort de son mari), on reste complètement insensible.

Pour la deuxième fois consécutive, mais pour des raisons bien différentes, voilà un épisode d'Oz qui aurait mieux fait de se taire.

Publicité
15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x03, dernières mesures

C'était une jolie idée que d'avoir Dobbins comme "narrateur" de cet épisode, d'inviter l'un des personnages les plus muets de la série à commenter pour nous les choses. Malheureusement, cette idée n'est pas exactement aussi bien amenée qu'il le faudrait ; Augustus Hill est toujours là pour apporter son petit monologue, rendant assez inefficaces les interludes musicaux du violoncelliste. Peut-être qu'Oz aurait dû jouer le jeu tout-à-fait, et proposer un épisode silencieux, comme Buffy l'avait tenté (et réussi) quelques années plus tôt. Mais dans les coulisses d'Oz, on aime bien trop l'approche théâtrale pour mener cette expérience jusqu'au bout... résultat ? Eh bien résultat, un épisode qui manque un peu d'énergie.

Ozmarathon-6x03

C'est un charmant homme que ce maire Loewen. On n'avait pas encore eu vraiment l'occasion de faire sa connaissance, mais le début de cet épisode nous en donne la plus sympathique des occasions, alors que le vieux con rive d'abord son clou à Schillinger, avant de remonter les bretelles sur exactement le même ton au gouverneur Devlin. Il rappelle à celui-ci le sens des priorités : Devlin lui avait promis qu'il ne passerait pas UN jour en prison, et même si les quartiers devaient flamber, la moindre des choses était d'envoyer la garde, jeter des fumigènes, et tenir sa putain de promesse !
Mais, à peine le temps d'apprendre à le connaître, et déjà le voilà hors-jeu : alors qu'il a sa propre chambre dans l'aile médicale, quelqu'un vient lui ajouter un sourire dans le cou. Il va nous manquer, ce con. NOT. En tous cas, sa mort met tout le monde d'accord. Fait suffisamment rare pour être noté.

Ce n'est un secret pour personne que j'adore Patti LuPone ; j'adore aussi son personnage de Stella, ce qui n'arrange rien, et cet épisode n'est pas fait pour m'inciter au contraire. Après avoir badiné de la plus littéraire façon avec Rebadow ("pour moi, les hommes sont comme les livres... je les lis, je les ferme et je passe au suivant"), elle décide de prendre en charge un prisonnier de 18 ans qui a tenté de tuer quelqu'un avec un bouquin emprunté à la bibliothèque. La détermination de cette femme, le fait qu'absolument rien ne semble la désarçonner, ont de quoi forcer l'admiration. Je pourrais regarder un spin-off entièrement centré sur Stella et... sa Bibliothèque de l'Ephémère Rédemption.

Tout aussi éphémère est le sentiment d'espoir qui plannait sur Ryan dans l'épisode précédent, alors que les choses semblent de plus en plus mal engagées pour notre petit Cyril. D'abord, c'est la personnalité perverse de Jericho qui cause du soucis : Cyril refuse de s'en séparer, et lorsque Sister Peter Marie tente de lui retirer la chaussette, il s'énerve et finit par lui faire mal ; cette fois, on a atteint le point de non-retour avec cette nouvelle "aggression". Le problème, encore et toujours, vient du fait que Cyril est légèrement attardé, ce qui complique son exécution ; du point de vue de l'administration, Devlin en tête, la seule solution est de faire en sorte que Cyril aille mieux, soit soigné, ce qui le rendra tout-à-fait apte à être exécuté ; l'ironie du sort étant que, s'il avait été soigné plus tôt, il n'en serait sûrement pas arrivé là. Pire encore, la seule option de soin envisagée est une thérapie par électro-chocs. S'il a légèrement du mal à se laisser convaincre, Glynn finit par donner son autorisation (avec les histoires de quartier d'isolement toxique, il a bien assez de choses à gérer après tout, puisqu'il vient de faire une déclaration à la presse pour admettre les torts d'Oswald en la matière), d'autant que Seamus O'Reily a donné son accord en tant que "père" (j'ai du mal à ne pas mettre de guillements) et que le dossier a, en gros, été bouclé avant même qu'on ne lui en parle. En fait, même Sister Pete semble découragée, et ne lutte pas contre cette décision. Personne ne se dresse entre Cyril et les électrodes, si ce n'est Ryan, vite ramené au bon sens ou, plutôt, à son impuissance. Sister P finira par aller annoncer la nouvelle à Ryan, ainsi qu'une autre : le dossier de Cyril a avancé, il sera exécuté dans un peu plus de trois semaines.
Si Ryan a toujours été un pragmatique, sa réponse surprend devant ces évènements. "I have faith", répondra-t-il à la nonne qui en manque grandement dans cet épisode. Il est convaincu qu'il y a une issue positive possible, il veut en tous cas en être convaincu, craignant d'être anéanti par toute pensée contraire. Et, Ryan, j'ai beau avoir foi en toi d'habitude, penser que tu peux toujours trouver la combine qui te sauvera, que ton intellect dépasse tous les obstacles qui se sont jusque là dressés sur ta route, je crains un peu de te voir t'enfoncer dans un déni éloigné de toute réalité. En voyant Cyril baver et écarquiller les yeux, après sa première séance d'électrochocs, je ne crois plus vraiment en rien pour lui...

Comme pour mieux nous déchirer l'âme, parce que ce n'était pas encore assez, l'épisode se finit de façon traumatique. Alors que Kareem Saïd, enthousiaste et plein de fougue, monte son projet (il a décidé de se lancer dans le business de l'édition afin de faciliter la sortie du livre d'Augustus Hill), alors qu'il vient de galvaniser ses troupes, prêtes à se donner corps et âme dans ce projet, alors qu'il a convaincu Glynn et McManus de monter son entreprise entre les murs d'Oswald... il est assassiné sous nos yeux.

Ces dernières notes jouées par Oz sont terriblement cruelles. Comme pour nous préparer aux adieux, la série fait table rase de tout, de tout ce qui pouvait rester de positif.
"This is not goodbye", assure Beecher sur le pallier de la porte d'Oswald. Mais presque.

15 juin 2013

[#Ozmarathon] 6x02, this time it's different

Retour du Ozmarathon pour une salve toute exceptionnelle de reviews ! Aujourd'hui, je vous propose de rattraper le retard pris lors des derniers visionnage de notre EmCrew afin de préparer les adieux qui se tiendront ce soir à 20h sur Twitter. Et pour le premier de ces retours dans l'univers carcéral d'Oswald, c'est la glaçante Shirley Bellinger qui sera notre sherpa, puisqu'elle commente aujourd'hui depuis la crypte d'Emerald City les mutations des vivants...

Ozmarathon-6x02

Chose assez rare pour Oz, l'épisode s'ouvre sur deux intrigues mêlées ; fait encore plus rare, l'une de ces intrigues est relative à Beecher. Différents problèmes sont ainsi résumés en moins de 5 minutes : Oswald est en lockdown, les tensions sont à leur comble, et en raison de l'alerte de sécurité, Beecher n'est pas autorisé à se rendre aux funérailles de son père, exécuté par on ne sait qui pour le moment ; Beecher ne tardera pas à incriminer Schillinger, évidemment : éternelle danse de la mort oblige.
Pire encore, lorsque Tobias explique à Glynn que de toute façon son audition pour une liberté surveillée a lieu le lendemain, pour laquelle il a toutes ses chances, et que s'absenter pour les obsèques ne devrait pas poser problème, il apprend que l'audition a été reportée ; à croire que les scénaristes cherchent encore et toujours un moyen d'enfoncer plus encore leur victime préférée. "This is Oz, Beecher ; nothing makes sense", dira son compagnon de cellule d'un ton blasé. Pourtant, cette saison semble avoir au contraire beaucoup de sens.

L'énervement au sein de la prison n'est pas prêt de retomber, et rappelle d'autres escalades auxquelles nous avons assisté par le passé. Tout y est : la façon dont le gouverneur Devlin s'affiche à nouveau à la presse, dont il affiche devant Glynn une attitude sournoise, dont il utilise son influence pour ignorer les tensions raciales en dépit du bon sens... La différence, c'est peut-être que cette fois, il n'y a pas d'emballement entre prisonniers. La violence ne semble pas en pleine escalade. Les groupes ne sont pas à couteaux tirés. Pas plus que d'habitude, quoi, en-dehors de la mort de Schibetta Jr, tué et énucléé, de Timmy Kirk, mort de façon lumineuse, ou de Robson qui se fait violer. Tout cela est tristement habituel.
Contre toute attente, Schillinger et Beecher vont jusqu'à signer une trève : Schillinger promet même de ne pas se mettre en travers de la libération sur parole de Beecher ! On se croirait au pays des Bisounours, pour un peu !

...Et c'est là qu'intervient certainement la scène la plus choquante de tout Oz : Tobias Beecher est effectivement libéré. Je vais le redire lentement. TOBIAS. BEECHER. LIBRE.
De toutes les choses incroyables, inconcevables, impossibles que nous avons vues dans la série, celle-ci est sûrement la plus étrange à expérimenter. A plus forte raison parce que nous étions entrés avec lui dans les quartiers de la prison, et que se pose maintenant la question de savoir à quoi va ressembler l'expérience carcérale d'Oswald sans celui qui a été le visage de toute la série, de toutes ses évolutions, de tous ses messages.
C'est au moins aussi dur à avaler pour nous que ça l'est, vous l'aurez deviné, pour Chris Keller, qui apprend la nouvelle depuis le couloir de la mort (avec un petit bonus, l'annonce de la mort du père de Beecher, qui était l'avocat de Keller).

En isolement, les nouvelles sont différentes, mais pas vraiment meilleures : la reconstruction d'Oswald a été permise grâce à l'utilisation de nombreuses substances toxiques, et tous les prisonniers parqués en isolement sont malades. Lorsque le Dr Nathan proteste, Leo Glynn insiste pour garder l'affaire secrète, histoire de ne pas jeter de l'huile sur le feu qui consumme Oswald.
Quelques minutes plus tard, à un autre sujet, les mots "but it's unethical !" sortiront de sa bouche. Difficile de ne pas laisser échapper un sourire narquois.

Si certaines choses ne changent pas, pourtant tout est différent, de toute évidence. Peut-être parce que plusieurs des personnages majeurs de la série semblent faire leur possible pour devenir meilleurs, que ce soit conscient ou non, au lieu de s'enfoncer encore dans la spirale habituelle.
Ainsi, Alvarez, après des années à être la victime de la violence aussi bien du système que des autres prisonniers (violence qu'il a plusieurs fois retournée contre lui-même de surcroît), semble avoir totalement acquis la maîtrise de son être, à défaut d'être maître de son destin. Lorsqu'il a l'opportunité de jouer les espions pour Morales et ainsi réintégrer El Norte, il refuse avec calme, mais fermeté : "I got my parole in three years. Until that point, I'm Mahatma Fucking Gandhi", déclare-t-il sans craindre une seule fois la réaction de son interlocuteur (lequel lui a pourtant fait la misère de nombreuses fois par le passé). Au contraire, l'esprit tranquille, il retrouve sa mère pendant les visites, se réconcilie avec elle, et discute de Maritza ; pour enfin appeler cette dernière et lui laisser une longue déclaration d'amour au téléphone.
De son côté, Ryan n'est que famille, famille et famille. Il veut protéger sa mère, il s'enquiert du dossier de Cyril... l'intrigue autour de Ryan n'est pas forcément très longue dans cet épisode, mais elle rappelle clairement qu'il a perdu toute son ambition. Aujourd'hui, son talent pour la manipulation n'est plus utilisé que pour se débarrasser de quelqu'un qui voudrait nuire à ses proches, comme on le verra lorsqu'il paiera une petite visite à Pancamo. Bien-sûr, Ryan O'Reily a TOUJOURS mis la survie de son sang avant le reste, mais c'est devenu sa seule activité à présent. Il s'oublie et s'efface au profit de deux êtres qui comptent pour lui. La survie ne se double plus d'opportunisme.
Et puis, pour finir, il y a notre imam préféré. Kareem Saïd rêve de justice sociale, mais cette fois, elle n'a rien d'abstrait : il se sent investi d'une mission de quasi-syndicaliste lorsqu'il apprend qu'un programme de télémarketing va être installé au sein d'Oswald, ne payant même pas les prisonniers un revenu minimum, mais plutôt une somme dérisoire. Bien que positivement furieux (comme le soulignera Arif, habitué à le scruter pour prendre la températeur), il ne se révoltera pas : l'époque de la colère impossible à contenir est derrière Saïd. Il ira trouver ses réponses dans le (décidément très populaire) labyrinthe de McManus. Quelque chose dit qu'il les y a trouvées, on en saura plus une prochaine fois.

Presque indifférents à ce qui semble effrayer l'administration d'Oswald, les prisonniers semblent donc aller de l'avant. On ne peut que les y encourager alors que le compte à rebours a commencé.

14 juin 2013

Rosario, Consuela, et toutes les autres

Depuis 10 mois que mon camarade whisperintherain et moi-même épluchons les pilotes de la saison, on a vu défiler... ma fois, d'un peu tout. Ma règle d'or, en la matière, est que, quelle que soit la qualité de la série, je prête une attention soutenue à son pilote, que je lui donne une chance ; d'abord parce que juger un pilote est suffisamment brutal pour ne pas en rajouter, ensuite parce qu'il faut être capable d'écrire une review derrière ! Mais parfois, rien à faire : on a beau mettre toutes les chances de son côté, l'esprit vagabonde, le regard part sur le côté de l'écran, et la concentration est perdue. Je me suis toujours refusée à écrire sur un pilote auquel je n'ai pas su accorder mon attention, mais il faut vraisemblablement une première fois à tout, puisque Devious Maids est l'objet de la review du jour.

DeviousMaids

Intellectuellement, je comprends la démarche derrière Devious Maids : Lifetime, qui a toujours couvé d'un regard jaloux Desperate Housewives (Army Wives...), s'est dépêchée de trouver une nouvelle façon de recycler le concept, chose qui a été simplifiée lorsqu'ABC a lâché le projet Devious Maids développé par Marc Cherry et produit par Eva Longoria. Katching !
Mais le résultat est loin d'être à la hauteur des espoirs de la chaîne câblée.

Dans un fabuleux article que, si vous êtes sur Twitter, vous ne pouvez qu'avoir vu passer, Alisa Valdes, auteur et scénariste, revient de façon brillante sur tout ce qui cloche dans Devious Maids (indice : il y est question de représentations racistes). Enfin, non, pas tout : elle ne mentionne pas qu'on s'ennuie pendant le pilote, mais tout le reste, elle le pointe à la perfection. Je ne saurais que vous en recommander la lecture, nécessaire.
J'avais lu l'article avant de découvrir le pilote ; mais ce que Valdes ne mentionne pas, car elle n'a sans doute pas reçu de DVD en avant-première de la part de la production, c'est que ce racisme est parfaitement assumé par la série. A plusieurs reprises, les personnages riches et/ou blancs utiliseront des expressions ou auront des répliques montrant clairement leur racisme envers leurs employées, sans que celles-ci ne leur adressent autre chose qu'un regard noir, rendues incapables de se défendre par leur statut social. C'est-à-dire que Devious Maids ne fait même pas l'effort de donner la parole à ses héroïnes. Au mieux, l'une d'entre elles se vengera par le biais du bébé de son employeur, rendant ainsi sa vengeance mesquine aux yeux du spectateur.

Dans Devious Maids, l'exposition qui est faite ne tient compte à aucun moment... des héroïnes qui ont donné son nom à la série ! Elles n'ont pas tellement de personnalité, et pourraient en réalité facilement n'être qu'un personnage travaillant dans plusieurs maisonnées différentes, interchangeables ou presque. Comme toutes les employées de maison de séries avant elles, Rosario, Consuela, et toutes les autres, elles sont là pour mettre en vedette, souligner par un regard ou une petite remarque sarcastique ou cinglante, que les emploeurs sont étranges. Des patrons et patronnes qui sont hauts en couleurs (sauf lorsqu'il est question de peau), et font, en réalité, tout le sel des scènes : la série porte finalement sur eux, leur grain de folie, leur absence de sens des réalités. Les anonymes qui balayent leur salon ne sont là qu'en observatrices neutres, ou même négligeables. La série n'a que faire de la révélation atroce qu'elle fait à la fin de son cold open, rien à faire de nous encourager à partager les tourments d'une mère séparée de son fils ; les musiques badines sont là pour nous dire que, derrière l'incompréhension des maîtres, c'est eux qu'il faut observer, c'est là que ça se passe. Et aucun commentaire ne sera vraiment fait pour les condamner, car leurs dysfonctionnements sont la raison pour laquelle il y a des choses à raconter. De quoi faire mentir le titre de la série !
D'ailleurs, on sent bien le glissement de sens entre Devious Maids, le nom de la série de Lifetime, et Ellas Son... La Alegría del Hogar, le nom de la série mexicaine d'origine : la première donne le mauvais rôle aux employées (elles sont déviantes), le second se traduit par "elles sont... la joie en la demeure".

Alisa Valdes a raison sur le fait que des comportements similaires dans la série d'origine (que je n'ai pas vue, donc j'ignore à quel degré ils sont présents) étaient uniquement à attribuer à une question de lutte des classes, puisque TOUT le cast est hispanique ; quand ici, son discours ne prend pas le même sens du fait des différences d'origine entre les employées et la plupart des employeurs. Le seul employeur latino, d'ailleurs, est totalement relégué au second plan dans ce pilote, et c'est son assistante personnelle, une blonde au fort accent de Bavière, qui renforce le phénomène d'opposition blancs/latinos dans Devious Maids.
Accessoirement, et pour votre culture perso, Valdes mentionne que Devious Maids est adaptée d'une telenovela, c'est par contre inexact : Ellas Son... La Alegría del Hogar était une série hebdomadaire de 13 épisodes.

Alors, avec des idées commes celles-là, c'est entre autres grâce à Devious Maids que la telenovela a un si bel avenir sur le sol américain... mais pas dans le sens où Lifetime le souhaiterait.

Rappel des faits : d'après le bureau du recensement américain, c'est 16,7% de la population étasunienne qui se déclare hispanique ou latino ; les chiffres officiels de 2011 comptabilisent 52 millions de résidents. Autant de spectateurs potentiels qu'on imaginerait les chaînes prendre au sérieux, à plus forte raison quand on sait la popularité des networks hispaniques comme Univision et, dans une moindre mesure, Telemundo, MundoFox et Azteca America.
Depuis quelques temps, Univision, en particulier, nous fait une énorme poussée de croissance. Il y a trois ans, pour la première fois, le network a réussi à battre les networks concurrents diffusant des programmes en anglais sur la tant convoitée tranche des spectateurs ayant entre 18 et 49 ans ; on étant en octobre 2010, et depuis, ça n'a fait que progresser. Le succès d'Univision s'est encore confirmé pendant la saison écoulée, lorsque le network a battu, pendant les sweeps, le network NBC. Ne tirons pas sur l'ambulance : ce n'est pas simplement la crise que traverse NBC qui en est à l'origine ; Univision est le seul network ont les audiences progressent aux USA (même CBS est en baisse, quoique légère).
Chacun de ces networks hispaniques accomplit une grande partie de ses audiences les meilleures grâce à la diffusion de telenovelas. Ce ne sont même pas nécessairement des fictions originales, car une bonne partie sont des fictions d'import venue du continent sud-américaine. Cependant, le volume des commandes est en croissance, généralement en co-production avec des pays d'Amérique du Sud, histoire de diviser les frais tout en s'appuyant sur le savoir-faire d'une industrie qui a fait ses preuves, ô combien.

Or, c'est précisément le public cherché par Lifetime ! S'il y a encore du budget sur la chaîne câblée après avoir payé des accessoires en toc pour Project Runway pour des études de marché, ou juste pour un abonnement à Variety, on devrait y savoir que ce n'est pas un public à négliger. Mais s'adresser au public hispanique ne se fait pas n'importe comment.
Comment attirer durablement le spectateur hispanique quand c'est pour le montrer sous un jour si peu favorable ? Quand c'est pour prouver qu'on ne le comprend pas ?

En commandant une série aussi peu fine dans sa démarche, aussi bien sur le marché des femmes (le public de Desperate Housewives dans sa dernière saison représentait environ un tiers de celui de la première...) que sur celui des hispaniques, Lifetime fait finalement le jeu des networks comme Univision. C'est grâce à l'échec répété de l'ensemble des chaînes de langue anglophone aux Etats-Unis, en particulier ceux qui seraient les plus à même de les concurrencer sur un public spécifique, que les networks hispaniques peuvent y croître et y multiplier les bons résultats.

A l'occasion des upfronts, les networks hispaniques ont eux aussi annoncé les séries qui constitueraient leurs grilles l'an prochain. Univision a par exemple officialisé un remake de Breaking Bad (sous le nom, qu'au passage je trouve très sympa, de Metástasis), un pour Gossip Girl moins savamment intitulé Gossip Girl Acapulco, et évidemment, des non-remakes telles les telenovelas La Madame, mettant en scène la patronne d'une organisation d'escort girls (un projet qui vient donc manger sur les plates-bandes de The Client List, et produit par la compagnie à l'origine du succès La Reina del Sur), La Tempestad, Mentir para Vivir, ou encore la série dramatique La Selección, qui se penche sur une équipe de football.
Dans cette nouvelle grille, donc, des telenovelas, mais aussi des séries dramatiques et d'autres s'adressant aux jeunes adultes voire aux adolescents. Le groupe Univision va également lancer en décembre prochain El Rey, un nouveau network hispanique à destination du public masculin cette fois. Voilà des exécutifs qui, eux, comprennent leur cible... et savent l'étendre au lieu de le diminuer.

Challenge20122013

13 juin 2013

Apathique qui, comme Ulysse...

Avec tous ces pilotes dont on s'est régalés dimanche, venus des quatre coins de la planète, on en oublierait presque qu'il y a des choses à déguster par chez nous. Dans le cadre du défi de pilotes avec whisperintherain, et aussi parce que je poursuis ma tentative de réconciliation avec la fiction française (une quête qui ressemble parfois au tonneau des Danaïdes), me voilà donc aujourd'hui à vous parler d'Odysseus, qui commence dans quelques minutes sur arte. Vous avez pile le temps de lire la review, et ça commence ! Alors ne perdons pas notre temps en introductions, voulez-vous ?

Odysseus-arte

Il était grand temps qu'une chaîne française s'essaye à une fresque historique (ou assimilée) de l'ampleur d'Odysseus.
De nombreuses chaînes de par le monde ont bien compris que ces séries ont tous les ingrédients pour séduire divers publics ; en Espagne, des succès comme Hispania montrent qu'il y a énormément de potentiel pour faire une fiction à la fois accessible et intéressante (les Espagnols ayant, il est vrai, élevé la série historique mainstream au rang d'art), et de la Grande Bretagne au Japon, en passant par l'Australie ou le Brésil, il existe assez peu de contrée qui n'ait pas SA grande série historique populaire du moment.
Le concept n'est d'ailleurs pas si nouveau pour arte : en diffusant Rome et The Tudors, elle avait trouvé de plutôt bonnes représentantes de ce qu'il est possible de faire afin de cultiver à la fois une certaine forme de culture... et une forme de ture tout court, disons. En tous cas, sortir des fictions historiques à la papa (ou à la Dayan) proposées par France Télévisions ne pouvait qu'être une bonne idée, et ce n'est pas l'inspiration qui manquait en la matière.
A ces déjà très bons augures (ah, erreur de mythologie, au temps pour moi), encore faut-il ajouter qu'arte se donne énormément de mal pour faire remonter le niveau des fictions parmi les chaînes non-payantes ; Ainsi Soient-Ils était par exemple une bonne surprise de l'automne 2012.
Du coup, Odysseus, de par son ambition intrinsèque, celle, plus large, d'une chaîne et, osons le dire, les espoirs d'un pays tout entier (ne venez pas me raconter le contraire, j'ai vu les pilotes de Tiger Lily et Caïn), avait intérêt à assurer derrière.

Sur pas mal de choses, c'est le cas, d'ailleurs. Le pilote (puisqu'aujourd'hui, je ne poste que ma traditionnelle review de pilote) d'Odysseus est, pour commencer, plutôt pas moche. On peut prétendre que ce n'est pas important, mais s'il y a bien un genre qui ne peut pas avoir l'air cheap et tourné pendant des RTT à la Baule, c'est la série en costumes ! De ce côté-là, Odysseus tient bien ses promesses, même si ce n'est pas forcément de façon ultra impressionnante ; on est fixés assez rapidement, il n'est pas question dans cet épisode d'exposition de nous en mettre plein les yeux pour nous éblouir avec des reconstitutions gigantesques en technicolor. C'est pas Westeros, ici ! L'absence de faste dans les décors souligne, qui plus est, la volonté de dépeindre un royaume en crise. Mais, ponctuellement, notre épisode inaugural nous tout de même offre quelques moments de bravoure, à l'instar de cette séquence dans le temple d'Artémis qui laisse augurer de très bonnes choses pour l'avenir. C'est en tous cas la preuve que le sens esthétique et l'inspiration ne sont pas absents de la série, à défaut d'en être des traits caractéristiques.
D'autre part, fonctionnant comme un ensemble show équilibré, ce premier épisode nous présente des personnages divers ; alors qu'on aurait pu craindre que l'attente du retour hypothétique d'Ulysse nous force à passer le plus clair de notre temps avec Pénélope et Télémaque, il apparait rapidement que les enjeux sont beaucoup plus variés, offrant une vue de la Grèce antique vue aussi bien à travers les yeux des puissants, des citoyens tout-venants, et des esclaves. Aucun axe ne s'annonce, à ce stade, comme particulièrement fascinant, et moins encore inédit, pour la téléphage peu réceptive aux fictions en costumes que je suis, mais il faut admettre qu'on a en tous cas pas le temps de s'ennuyer ; cette partie de la narration souligne, en outre, la volonté de curiosité dont arte s'est toujours réclamée ; quitte à réécrire l'Histoire, autant le faire de tous les points de vue possible.

Mais, hélas, vous le savez, aucune review de pilote n'est jamais dénuée de critique. Sauf celle d'Orphan Black, peut-être. Mais Orphan Black, c'est spécial.
Le premier, et non des moindres, est qu'Odysseus, au stade de son pilote, souffre de quelques défauts tous français, hélas, comme son rythme et la mollesse de certains de ses acteurs. Ces défauts vont de paire mais ne font pas tout à fait un ; il est possible à une série de manquer de rythme et d'avoir pourtant un cast parfait, mais je ne suis pas en mesure de vous dire ça au stade du pilote, pas en vous regardant dans les yeux en tous cas. Tout le monde n'est pas forcément à blâmer, mais le propre d'un ensemble show est que la série est aussi bonne que le plus médiocre des acteurs de la distribution. Et il y a un ou deux acteurs qui m'ont un peu fait serrer les dents, il faut le reconnaître. En face de ça, il y a aussi des personnages bien portés, à défaut d'être forcément les plus riches scénaristiquement, mais le pilote compte quelques minutes épouvantablement longues.
Le blâme en revient, en partie, il est vrai, au propre d'un épisode d'exposition. Tout le monde connaît l'Odyssée, tout le monde connaît l'histoire de Pénélope, et certains éléments pourraient être présentés de façon un peu plus dynamique sachant cela ; d'autres séquences, ayant pour but de poser à plat les motivations de chacun, semblent incontournables sur le fond mais sont totalement dispensables sur la forme. Quand en plus l'acteur a une diction hâchée d'écolier récitant du Prévert, ça devient vite de la torture.

Mais, bizarrement, ce n'est pas ce que je retiendrai de plus contrariant avec ce premier épisode, mais plutôt la façon dont ce premier épisode semble se complaire dans une certaine neutralité. Les mondes antiques seraient d'ordinaires plutôt propices à stimuler l'imagination, mais cela semble dramatiquement manquer à cette présentation presque objective de faits s'alignant les uns après les autres, presque froidement.

Outre le fait qu'Odysseus a fait le choix d'écarter une bonne partie des questions d'ordre sexuel (probablement aux fins de conserver le créneau en primetime), se cantonnant à quelques représentations dénudées de notre nouvel ami Télémaque (un TRES sympathique garçon), il est légèrement déstabilisant de voir que le seul sang qui coulera dans ce premier épisode sera celui d'un sanglier. C'aurait pu être une profession de foi que de décréter qu'il s'agissait de montrer un peuple antique comme aussi civilisé que le nôtre plutôt que comme des brutes répondant à leurs instincts, mais ça semble n'être pas tout-à-fait le cas, sans quoi ces comportements à peu près dignes (bon, ça ripaille quand même un peu, faut bien s'occuper pendant 20 ans) seraient compensés par une certaine élévation intellectuelle ou spirituelle qu'on ne retrouve pas. L'invocation des Dieux, proche du syndrome de Tourette dans ce premier épisode, aurait pu être développée en dévoilant un système de croyances raffiné par exemple, ce n'est pas le cas.
On a l'impression que la volonté de faire quelque chose de diffusable en première partie de soirée a plutôt résulté en des coupes sombres dans le scénario plutôt que débouché sur une vraie réflexion sur la façon dont cet univers fonctionnait.

Mon plus gros reproche s'adressera cependant à l'histoire et au point de vue choisis : le sort d'Ithaque en attendant le retour improbable de son roi. Quelle jolie métaphore à filer que voilà, lorsqu'un period drama peut se piquer de raconter comment un royaume va surpasser une crise à la fois matérielle (il n'y a plus rien à manger, ou presque, sur l'île) et morale (il n'y a plus de roi, plus personne en qui espérer un changement).
Ce n'est pas que j'attende beaucoup de suspense de la part d'une fiction tirée d'une des histoires les plus célèbres au monde, évidemment, et on sait tous ce qu'il advient d'Ulysse, le roi dont tous attendent le retour ou la preuve de la mort. Mais là encore, rien ne laisse présager qu'Odysseus va se saisir de cette occasion pour dire quelque chose. Prendre une position. Faire autre chose que nous dire "sacrée Pénélope, elle a trouvé une super combine". D'ailleurs, on ne se dit même pas "sacrée Pénélope", parce qu'il est assez difficile de sympathiser avec elle, ou tout autre personnage ; l'émotion est, je le répète, assez absente de cette mise en place objective des protagonistes et de leur problématique respective.

Il manque un peu de vie, en somme, dans cette fresque. Mais l'espoir ne fait cependant pas tout-à-fait défaut, aussi nous retrouverons-nous très bientôt pour un post de bilan...

Challenge20122013

Je suis contente de moi, j'ai pas placé ma blague sur le fait qu'il manque ma Zotrienne préférée dans la série ; c'est pas l'envie qui m'en manquait pourtant.

12 juin 2013

Off the air

Comme vous le savez peut-être, le Gouvernement grec a décidé, ce mardi 11 juin au soir, de couper les télévisions publiques ; et ce avec d'autant plus de brutalité que l'annonce n'avait été faite que quelques heures auparavant, avec donc aucun préavis ni côté employés, ni côté spectateurs.
Prévue pour minuit pile, les lumières se sont éteintes en fait pendant le journal de la nuit, pour une durée indéterminée.
Littéralement PENDANT :

Je voulais donc vous toucher un rapide petit mot sur les conséquences, dans le monde des téléphages grecs, de cet arrêt.
Voici donc un tour des séries qui ont ainsi été annulées, de fait, sur le sol grec. Attention, mon Grec moderne étant fané, il est possible qu'il manque quelques séries diffusées à la télévision publique.

Mais avant cela, un petit rappel : la télévision publique grecque, c'étaient 5 chaînes de télévision : ET1, NET, ET3, ERT HD (dédiée à l'évènementiel... en HD, donc), et enfin Vouli TV (la chaîne parlementaire).
Peu de ces chaînes, en réalité, diffusaient des séries, à la fois par vocation de service public, et aussi parce qu'on ne peut pas vraiment dire que l'investissement dans la fiction ait fait partie des priorités budgétaires ces derniers temps. Plus flexibles, les films ont, en fait, remplacé beaucoup de séries grecques sur les chaînes ; du côté des chaînes privées, on a d'ailleurs fortement mis l'accent sur les séries turques : ça ne coûte pas trop cher et, comme on a déjà eu l'occasion de le dire en évoquant Muhtesem Yüzyil, ça marche très bien.
Mais sur les chaînes publiques, de série turque, il n'était pas question : on a sa fierté, fût-elle mal placée. Avant l'extinction des feux, les spectateurs pouvaient donc suivre quelques séries grecques (généralement des rediffusions) ou étrangères (mais pas turques !) ; voici donc le bilan des dégâts.
Ces grilles en disent d'ailleurs long sur l'état de la fiction publique ces derniers temps...

- Les séries grecques annulées de fait :

TaPsathinaKapela-300

   Ta Psathina Kapela (NET)
Les temps sont durs, et propices à la nostalgie. Du coup, quoi de plus logique que rediffuser en quotidienne la mini-série Ta Psathina Kapela ("les chapeaux de paille"), dont la première diffusion remonte l'air de rien à 1995, à propos de trois soeurs qui passent l'été dans la demeure de leurs grands-parents, juste avant que n'éclate la Seconde Guerre Mondiale. Le 9e épisode (sur 12) a été diffusé mardi en fin d'après-midi ; mais d'un autre côté, Ta Psathina Kapela (et le roman éponyme, étudié dans les écoles) a une telle réputation qu'a priori, les spectateurs grecs ont un moyen de connaître la fin...

Dorama-NoPhoto

   Othos Hyppocratous (ET1)
Cette fois, c'est de 1991 que date cette comédie satirique prenant pour décor la "rue Hippocrate" (c'est aussi le titre) dans laquelle un homme dans la cinquantaine travaille dans une pharmacie afin de permettre à sa sa famille d'accomplir ses rêves, comme écrire pour la télévision ou devenir mannequin pour sous-vêtements. ET1 diffusait deux épisodes à la suite pendant le déjeuner depuis quelques jours.

OManolesoNtelmpenteres-300

   O Manoles o Ntelmpenteres (ET1)
Encore une adaptation issue de la littérature grecque, ce period drama datant également de 1991 raconte les aventures de Manolis, un Grec qui s'installe à Londres et fréquente l'aristocratie britannique, avant de partir s'installer comme chercheur d'or en Amérique. Vu que la série en était à sa 5e rediffusion (la 3e depuis 2009), normalement les téléphages grecs même les plus mordus devraient s'en remettre.

TaPaliopedatAtithassa-300

   Ta Paliopeda t'Atithassa (ET1)
Encore plus fort, il faut remonter en 1980 pour trouver la trace de cette anthologie inspirée par la pièce de théâtre du même nom créée par le cinéaste et auteur Nikos Tsiforos. Ah, et au fait, en 1980, en Grèce...de nombreux programmes étaient encore en noir et blanc. Et comme il n'y a pas d'argent, la télévision grecque rediffusait la série dans sa version originale non-restaurée. Enjoy !

- Séries étrangères annulées de fait :

Falcon-300

   Falcón (NET)
La série britannique commandée par Sky, co-produite par ZDF et Canal+, et filmée en Espagne, s'était payé un voyage en pays hellénique. Le 3e épisode avait été diffusé à 22h par NET, soit juste avant la coupure... pour une saison qui en compte 4, ça énerve.

Luck-MEA

   Luck (NET)
Rares sont les chaînes publiques à se risquer, de par le monde, à diffuser des séries de HBO. Le dimanche soir à 22h, NET avait commencé, depuis 5 semaines à peine, à dévoiler les épisodes de l'unique saison de la série hippique Luck... que la voilà déjà annulée. Ce qui confirme que cette série est maudite.

DowntownAbbey-MEA

   Downton Abbey (NET)
Grande nouvelle, ami spectateur grec ! Si tu aimes Downton Abbey, ne manque surtout pas le season premiere de la saison 2, sur NET à partir du vendredi 7 juin ! Découvre tous les épisodes inédits chaque semaine... pendant une semaine. Ahem, héhé... oops ! Allez, si ça peut te consoler, elle n'était pas si géniale que ça, cette saison que tu ne verras jamais, ami spectateur grec.

Raccontami-300

   Raccontami (ET1)
L'adaptation italienne de la série espagnole Cuentame Como Paso se déroule dans les années 60 ; on y suit le quotidien d'une famille ordinaire. La série compte en tout 52 épisodes (sur 2 saisons), et la télévision grecque venait de diffuser le 38e, mardi en access primetime.

AmourGloireetBeaute-300

   Amour, Gloire et Beauté (ET3)
Mardi après-midi, ET3 avait diffusé l'épisode n°2353 d'Amour, Gloire et Beauté... juste au moment où Stephanie et Hope se disputaient les faveurs de Liam. Les spectatrices grecques ne sauront jamais qui l'a emporté.

Sur une note plus sérieuse, il est à noter que pendant plusieurs heures après l'arrêt officiel de l'audiovisuel public, le personnel de la chaîne NET a continué de travailler, diffusant des programmes sur le site internet de la chaîne ; tous les sites internet de la télévision publique ont ensuite été coupés dans la matinée.

Dans l'histoire, 2600 Grecs travaillant pour l'audiovisuel public, dont 600 journalistes, se retrouvent ainsi au chômage du jour au lendemain.
Le Gouvernement a indiqué avoir des plans pour relancer une télévision publique quand ça ira mieux, sous une forme plus humble et avec beaucoup moins de personnel ; quand cette nouvelle entité prendra vie, et il n'y a évidemment pas de calendrier, il sera permis aux anciens employés de postuler pour les rares nouveaux postes. Je n'ai pas compris si, avec cette déclaration, le Gouvernement grec joue à l'idiot, ou s'il est carrément en train de troller 2600 nouveaux chômeurs...

Hier, en signe de solidarité, les chaînes privées de Grèce ont coupé leur antenne pendant 6 heures, et de nombreuses émissions en direct ont été annulées aujourd'hui, remplacées par des rediffusions et des documentaires.
Une grève de 24 heures a été annoncée par le syndicat des employés de l'audiovisuel public pour demain, dans laquelle la plus grande organisation syndicale privée a annoncé qu'elle se joindrait au cortège. Cette grève, reconductible de façon indéfinie, s'étendra jusqu'à la presse grecque papier et en ligne.

Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité