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ladytelephagy
12 août 2011

Pilotovore désespérée

UnnaturalHistory

Ai-je mentionné que j'étais désespérée ? Moi, sans ma dose hebdomadaire de pilotes, je ne suis rien. Et là, cette semaine, j'ai eu un petit problème d'approvisionnement. Alors, pendant que le pilote de Luther arrive tranquillement, j'ai cliqué sur le premier lien venu.
Ce premier lien était le pilote d'Unnatural History.
Comme je le disais, je suis désespérée. Parce que si j'avais fait quelques vérifications préalables, j'aurais immédiatement deviné que ça n'allait pas me plaire, mais là, j'ai foncé tête baissée.

Et je ne vous cache pas que j'ai passé un mauvais moment. Je me suis profondément ennuyée, j'ai eu l'impression d'avoir droit à une sorte de Scooby-Doo rencontre Sydney Fox en milieu lycéen, et à vrai dire, rien que le milieu lycéen était déjà un gros problème en soi.
C'est probablement la raison pour laquelle je n'avais pas vu le pilote lorsqu'il était sorti, et, à vrai dire, j'avais oublié jusqu'à son existence.

Je sais pas. De mon temps, on faisait des séries d'aventures qui ne semblaient pas dénuées d'âme. Je me rappelle de L'Odyssée imaginaire avec émotion, c'était pas forcément le haut du panier en matière de budget pour les décors et les costumes, mais c'était intelligent et émouvant, quand même. Là, pour le plaisir d'un bon gag, les scénaristes n'hésitent pas à taper dans le rocambolesque : le personnage principal perd son parrain, il se rend à ses funérailles et tombe dans le cercueil, brisant la cage thoracique du défunt. C'est supposé montrer combien le héros n'est pas à sa place dans ce nouvel univers (il a grandi dans des pays exotiques), c'est supposé arracher un petit sourire, mais en réalité c'est grotesque. Comment le héros peut-il être autant attaché à son parrain et en même temps s'en foutre autant de commettre une action pareille ? Vous voyez ? Ca n'a pas de sens. On s'adresse au plus petit dénominateur commun. Et moi ça m'ennuie, quand ça ne m'énerve pas, d'assister à ça.

Au cours de cet épisode, il y aura des ninjas, un trésor, et des effets à peu près spéciaux pour montrer des hallucinations cheap, et de vous à moi, ce que j'aurais bien aimé, c'est que la série d'aventure ne ressemble pas à une vulgaire série policière avec quelques cabrioles, puisque le truc, c'est quand même bel et bien qu'on va voir le héros enquêter sur les circonstances de la mort de son parrain.

Au final Unnatural History est pitoyable. Alors qu'il y avait des choses intéressantes à faire avec l'univers dans lequel il se déroule, le pilote accumule les clichés. Les choses que le héros a apprises à l'étranger ne sont que des prétextes pour se sortir des pseudo-énigmes qui se dressent artificiellement dans le pilote. Les scènes d'action sont ridicules comme dans un épisode de Caraïbes Offshore. Les acteurs ont le charisme d'un sarcophage en plastique. C'est pas drôle, pas intelligent, pas bien foutu.

C'est juste une série devant laquelle on peut mettre un enfant ou un préado pour avoir la paix pendant 25 minutes. Ca fait de la peine.
Ah bah voilà, maintenant je suis encore plus désespérée. Mais pour d'autres raisons.

Et pour ceux qui... ah, ya ça aussi à faire.

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5 août 2011

It's all fun and games, until...

Until

Après une première saison dévorée en moins d'une semaine (pourtant chargée), je commence à sérieusement caler sur Friday Night Lights. Au point que je regarde un épisode par jour, et encore, un peu à reculons. En cause ? Eh bien, essentiellement le fait que franchement, les ados, ça va quoi. Je suis pas là pour ça. C'est d'ailleurs pas grâce à eux qu'on me l'a vendue. Et sincèrement, ça m'ennuie puissamment.

Je trouve de très bonnes choses dans la série, et le post qui en traitera n'est peut-être pas encore publié, mais croyez-moi, déjà en l'état, il est plutôt long. Le couple Taylor fait certainement partie de mes axes favoris, ensemble ou séparement, c'est toujours un plaisir. Et même chez les ados il y a des personnages que j'apprécie.

Mais là franchement, et alors que la 2e saison est plus courte, je pédale dans la semoule. C'est vraiment rare qu'une série que je dévore comme ça (même s'il m'aura fallu 5 épisodes avant d'accrocher) me pèse de cette façon. C'est même du jamais vu, au point que je me demande actuellement si je n'ai pas, justement, trop insisté, et si l'enthousiasme que j'ai ressenti la semaine dernière n'était pas en fait une illusion. Peut-être que Friday Night Lights n'est définitivement pas pour moi, n'en déplaise aux heures extatiques que j'ai passées avec le Coach, Tami, mais aussi Jason Street, Lyla Garrity, Matt Saracen... mouais... en fait les personnages ados qui m'insupportent le moins sont ceux qui sont en retrait dans la plupart des épisodes que j'ai vus jusqu'ici. Tout s'explique.
De vous à moi, Landry est bien gentil, mais je le préférais en second rôle. Je sais pas avec qui l'acteur couche, mais du moment que ça marche, hein...

Les intrigues qui me plaisent sont balayées (mais on y reviendra, j'ai remarqué que les intrigues subissent souvent ce genre de sort), au profit d'autres qui dansent dangereusement sur le dos du requin (Landry, encore). Et l'arrivée de Jessalyn Gilsig, qui savait pourtant m'être agréable à l'époque de Boston Public, et qui est devenue la nana qu'on place dés qu'on veut faire chier sans s'escrimer à lui écrire quoi que ce soit, parce qu'être saoulante lui vient naturellement, n'est pas pour arranger les choses.

Je suis à mi-chemin entre la fatigue et la déception. Pour un peu, j'aurais envie d'abandonner, mais je me retiens parce que je me dis que si j'ai su survivre à la 9e saison de Roseanne, je devrais pouvoir flirter avec n'importe quel abysse télévisuel.
Quand les comparaisons avec la saison 9 de Roseanne commence, on sait que l'avenir est sombre, quand même.

Friday Night Lights n'aura-t-elle été qu'une simple passade d'une seule saison ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Friday Night Lights de SeriesLive.

31 juillet 2011

La fille prodigue

Peut-être que dans 7 ans, quelqu'un postera dans un endroit à l'abris des regards le pilote de The Miraculous Year. Peut-être que je comprendrai enfin pourquoi la série n'a pas vu le jour. Parce qu'il y a des pilotes dont on ne saisit pas bien, au juste, ce qu'on peut leur reprocher ; Pretty Handsome ou Faceless étaient de ceux-là. Mon admiration pour ces deux pilotes est abondamment documentée dans ces colonnes, d'ailleurs.
Et puis il y a les pilotes qui n'ont jamais accouché d'une commande, et quand on les voit, on comprend pourquoi. Non, je ne vais pas vous parler du remake de Wonder Woman, il est vrai que je n'en ai pas entendu beaucoup de bien jusqu'à présent parmi les bribes qui me sont parvenues, mais je ne me suis pas (encore) fendue d'un cagoulage pour le vérifier. Non, dans les tréfonds d'internet, c'est le pilote de Prodigy que j'ai déniché.

Vu que ma pratique du net était encore assez sporadique en 2004, je n'ai pas été étonnée de ne jamais en avoir entendu parler avant de mettre la souris dessus. Alors comme je suppute que vous devez être dans un cas similaire, permettez que je comble rapidement vos lacunes, qui étaient les miennes voilà encore quelques heures.
Prodigy était un projet pour la WB (ça ne nous rajeunit pas) mettant en scène une famille d'intellectuels de San Francisco dont le deuxième enfant était un prodige surprenant de 10 ans. L'histoire est racontée par l'aînée, une ado de 16 ans qui entre au lycée la même année que son frère, ce qui, on l'imagine, n'est pas exactement un modèle de normalité. Au générique, Kate Mara dans le rôle de l'ado, Cody Arens dans la peau de son frère Nathan, Stacy Edwards et David Newsorm pour les rôles des parents. Pas vraiment de pointure incontournable, vous le voyez. Dans un rôle très secondaire, on a aussi Justin Chatwin, pré-Shameless (US), mais ça ne va guère plus loin.
Vu l'état d'avancement du projet et les chances pour que vous regardiez le pilote, rapport au fait qu'il n'y a personne au générique pour vous en donner envie, que le sujet n'est pas spécialement sexy et que vous avez certainement bien d'autres choses à regarder en ce moment et qu'après vous aurez oublié, je me permettrai donc d'y aller plein pot avec les spoilers, une fois n'est pas coutume, parce que j'ai trouvé certaines idées intéressantes dans ce pilote et qu'il me faut dire certaines choses pour pouvoir les aborder.

Prodigy

La majeure partie du pilote consiste à nous vanter les prouesses de Nate, racontées du point de vue de sa soeur Callie. Avec une profusion d'yeux levés au ciel, elle assiste au comportement admiratif de ses parents qui encouragent Nate au maximum et n'ont de cesse de le placer sur un piédestal dés qu'il accomplit quelque chose, ce qui ne manque pas d'arriver. Tout cela est ponctué d'anecdotes sur la petite enfance de Nathan, dont le très bien senti monologue d'intro : "When I was six years old, my brother said his first word. He said it to me. Beatrice says that maybe if I hadn't told my parents, maybe he'd just shut up and gone back to being a normal kid. Maybe. He was 10 months old. The word... was chaos". Cependant, ces anecdotes ne sont pas là juste pour nous épater mais simplement pour nous aider à prendre la mesure du don de Nate, et comprendre l'impact que la découverte de son génie a eu sur les parents et la grande soeur.
On sent tout de suite que Callie prend un immense recul vis-à-vis de tout cela, probablement aidée par le fait qu'elle ne participe pas à l'euphorie ambiante autour des dons de son frère, mais aussi parce que c'est un phénomène en soi. Lorsque Nate fait sa rentrée au lycée, le monologue de Callie en voix-off consiste à dresser une comparaison avec Shakespeare (un auteur que Nathan aime passionnément depuis qu'il est petit), en expliquant que nul ne sait comment Shakespeare est devenue Shakespeare, puisque son enfance, et donc son éducation, n'a jamais été documentée (au passage, l'auteur britannique a été évoqué dans un bon millier de séries, mais jamais sous cet angle si humain se rapportant à son enfance et sa scolarité, je dis donc bon point). Mais que s'il avait été à l'école comme tout le monde, on l'aurait certainement pris pour un être bizarre... ce que Nate est justement aux yeux des lycéens normaux. Au lieu de simplement se plaindre du fait que son petit frère entre au lycée en même temps qu'elle, Callie dépasse immédiatement ce stade pour nous donner une vraie réflexion sur le choc des cultures entre la normalité, et l'anormalité, lorsqu'elles cohabitent dans un milieu comme le lycée.

Et c'est bien de normalité qu'il est pleinement question. Callie ne pourrait pas être une adolescente plus passe-partout. Elle veut s'habiller à la mode pour faire comme tout le monde, elle veut pouvoir larguer son petit copain Spence (pas de bol, il la devance) pour faire comme les copines (et notamment Beatrice, qui subit un changement radical pendant les vacances d'été et passe de copine asiatique geek à pure bombe au désespoir de Callie), etc, etc, etc... C'est de toute évidence une obsession pour la jeune fille, et chaque fois qu'elle est en présence de ses parents avec son frère, on sent qu'elle est l'étalon de la normalité qui rend, en quelque sorte, ses parents encore plus attentifs aux prodiges de Nathan. Et que ça la fait drôlement enrager de voir comment ils traitent le petit.

Est-ce de la jalousie ? Callie a une très intéressante anecdote à ce sujet : "My dad loves to tell people that when Nate was 6 months old, I almost drowned him in a flower bed by watering him with a water hose. It's a good story, and it definitely sets up the whole Callie-hates-her-brother-for-being-a-genius thing. But then my dad tells them that when pressed for motive, little Callie answered "I was just trying to make him grow up", which they think is cute and sort of stupid, but not so evil. I guess that what they forget is : there's nothing worse than growing up". En renvoyant à la normalité et aux généralités, et en balayant toute notion selon laquelle elle serait jalouse de son frère, Callie devrait piquer notre curiosité, au lieu de ça on se dit qu'elle est juste décidément fadasse et nettement moins intéressante que Nathan.

Le petit garçon en question est effectivement brillant. Pendant une bonne moitié du pilote, il semble être simplement un petit être apathique uniquement capable de sauter dans un cerceau. Son intelligence n'a pas l'air de beaucoup le servir. Il ne sourit jamais. Il ne montre pas de signe ni de peur, ni d'agacement, ni de quelque émotion que ce soit. Un gamin derrière une immense carapace intellectuelle. Les choses s'éclaircissent au fur et à mesure, heureusement, alors que le gamin se prend visiblement d'affection pour tout ce qui ressemble à un modèle masculin, ou encore avec, vers la fin de l'épisode, la visite du directeur d'une école spécialisée, lequel lève le voile sur une partie de la personnalité de Nate qu'on avait éventuellement sentie, mais certainement pas définie avec autant de clarté : le gamin est peut-être brillant, mais il ne trouve son confort que dans le passé. Langues anciennes, inventions de jadis, il est allergique aux ordinateurs et même aux stylos-bille... il refuse d'aller de l'avant, parce qu'il est angoissé par l'avenir. C'est une jolie révélation parce que ça craque bien mieux la carapace que l'anecdote sur les difficultés de sommeil que Callie mentionne à un moment (et qui est plutôt un éclairage parmi quelques autres sur la fascination de Nate pour Shakespeare).

Dans tout ça, les parents font figure de chouettes bobos sans intérêt. Le père, prof d'anglais, n'est pas exactement un génie, mais il a l'amour des livres et a le plaisir de partager ça avec son fils, au sujet duquel il a tendance à être un peu aveugle, enfermant Nathan dans le rôle du gamin doué sans jamais rien remettre en question. A l'inverse, la mère, violoniste, n'a jamais fait d'études, mais a été repérée très jeune dans le monde de la musique et, comme le veut la caricature artiste=âme sensible, elle est beaucoup plus attentive à l'état d'esprit de chacun, bien qu'elle ait un mal fou à comprendre Callie et communiquer avec elle (c'est l'âge, me direz-vous).

A un certain moment du pilote, on pourrait se dire que les portraits étant dressés, tout est dit. Ce n'est pas le cas, grâce aux analyses très fines de Callie, qui se montre peut-être très normale, mais pose un regard très méticuleux sur ce qui se passe autour de son frère. Elle dit et/ou montre plusieurs fois qu'il s'agit de veiller sur lui, mais on a l'impression d'une certaine fascination pour la popularité de son frère.
On n'en trouve l'éclairage réel qu'à la toute fin du pilote. Une fois les parents sortis, Nate s'installe au piano dont personne ne se sert, rejoint par sa soeur qui entame un magistral solo, et confesse en voix-off que cette histoire de prodige, c'est une affaire de famille.

La normalité de Callie est feinte, et son obsession pour elle n'est que la preuve de son attachement à dissimuler son don. Ce qu'elle a observé chez son frère, elle a le talent de trouver un moyen de ne pas le vivre. C'est ça, le véritable sujet de Prodigy. Pas le don de Nathan et la prétendue jalousie de Callie, mais bien la conséquence des dons de chacun des enfants, aucun des deux ne le vivant de la même façon.

Alors pourquoi ai-je dit, avec cette intrigue si originale et ce propos si intéressant, que je comprenait pourquoi Prodigy n'avait jamais vu le jour en tant que série ?

Parce que déjà, c'est incroyablement bravard, limite branlette intellectuelle... imaginez-vous : dans un projet pour la WB ! Bon alors je sais, 2004 c'était aussi l'année de Jack & Bobby, mais quand même, ça le faisait pas trop.
Et puis, on passe le pilote à se demander "ouais, et alors ?", jusqu'à ce que le twist de fin, au piano, nous mette le nez dedans, et encore on sait pas vraiment quelle genre d'intrigues on pourrait tirer de là. Toute une saison là-dessus, je veux bien qu'on me montre les papiers qui vont bien pour comprendre où l'équipe voulait en venir et quel genre de péripéties pouvait bien intervenir dans les épisodes suivants.

Mais le vrai problème, c'est surtout qu'il ne se passe rien, pas d'action, même pas une petite engueulade digne de ce nom, on dirait que quelqu'un a voulu écrire Angela, 15 ans, mais sous tranquillisants (et c'était déjà pas la série la plus péchue au monde). Je félicite Prodigy pour son pitch, son twist, ses personnages (enfin surtout les enfants), et son thème franchement intéressant et pas vraiment exploité jusque là, puisqu'en général quand il y a un génie quelconque à la télé, il finit par résoudre des enquêtes. Mais on s'emmerde ferme. On se fait même chier GRAVE. Ca manque douloureusement de rythme, d'émotion, bref, l'électrocardiogramme est plat, et je n'ai aucune peine à imaginer les retours de test sur le pilote, ça ne pouvait pas marcher en l'état.
En gros, l'idée était bonne, mais dés le scénario lui-même il y avait un problème, avant même de s'en prendre à la réalisation. Par contre en prose, ça doit être excellent à lire. Mais là, vraiment, tout un pilote comme ça, c'était juste pas possible.
Quand on sait qu'avant d'être tourné, un scripte de pilote a tendance à faire des aller-retours entre le scénariste et la chaîne, et qu'il peut y avoir plusieurs réécritures pour tout ou partie du scénar, on comprend que plus rien ne pouvait être fait en l'état pour sauver Prodigy. Probablement même que la première version du script était épatante, j'en sais rien, mais là, avec la touche adolescente omniprésente (était-il nécessaire d'insister autant sur cette connerie de rupture dont franchement on n'a rien à battre ?), ça rajoute des longueurs plus qu'autre chose juste pour détailler le personnage. Nan mais, bon, ça va quoi, on est peut-être pas des petits prodiges, mais on a pigé. C'est un épisode d'exposition mais il n'est pas interdit d'approfondir les personnages ensuite, non plus.

Donc en dépit du pilote appréciable, et de l'excellentissime idée qui en est à l'origine, il faut dire ce qui est, Prodigy est un ratage. Pas une grosse bouse merdique dont on rira encore dans des années pourvu d'avoir accepté de perdre quelques minutes pour le regarder (ce serait plutôt Ice, un autre pilote unaired que j'ai cagoulé récemment), mais il n'y a pas de quoi regretter amèrement le rendez-vous manqué de la série avec les grilles de la WB.

Reste que des séries originales comme ça, quelques fois, on voudrait en voir une (plus aboutie et moins molle, si possible) arriver dans les grilles une fois de temps en temps. Parce que je jure que si je dois écrire ne serait-ce qu'une fois de plus dans un résumé que le personnage est un "détective de génie" ou qu'il a un "don d'observation hors du commun", je ne réponds plus de moi.

20 juillet 2011

The X Word

C'est en cagoulant mes épisodes de Noah's Arc que je suis tombée sur Exes & Ohs. Encore une série dont personne ne s'est dépêché de parler, et pourtant il s'agit d'une co-prod entre Showcase au Canada et LOGO aux USA, et dont la 2e saison vient de démarrer. Mais faut pas compter sur mes sources habituelles sur le Canada pour m'en parler, apparemment. Vous comprendrez que je fasse un peu la tête de devoir à un hasard total de découvrir une série pourtant pas spécialement confidentielle.

On ne peut pourtant pas vraiment dire que je sois spécialement friande de séries lesbiennes. Déjà niveau séries gay, sortie du pilote de Queer As Folk qui est un absolu classique pour moi (comment ça lequel ? Mais le britannique, évidemment), je n'en regarde pas souvent, d'où d'ailleurs le statut très exceptionnel de Noah's Arc ce weekend (c'était vraiment circonstanciel plutôt qu'autre chose), et pourtant j'aime les hommes. Mais alors des lesbiennes...
Mais enfin, zut à la fin, un pilote reste un pilote et j'aime pas me priver. Vous me connaissez.

Il faut aussi que je vous raconte quelque chose sur une expérience téléphagique traumatisante : le soir où j'ai découvert The L Word. Je n'en parle pas souvent parce que j'ai fait plusieurs années de thérapie pour réussir à occulter ce souvenir. J'avais attaqué le pilote sans idée préconçue, simplement en sachant que les réactions positives avaient été nombreuses. Mais l'étalage de vulgarité avait eu vite raison de moi. Ai-je regardé ce premier épisode jusqu'au bout ? Je le crois mais n'en suis pas sûre. C'était vraiment à la limite de l'écoeurement... Le monde dégageait une aura malsaine ce soir-là, et désormais dans ma tête, The L Word est associée à la folie de ce monde décadent. M'en souviendrai toute ma vie de cette soirée-là ; je l'ai finie, recroquevillée dans un coin de mon lit, en me disant qu'il y a des soirs où le monde est moche.
Alors les séries de lesbiennes, allez savoir pourquoi, mais depuis lors, ça m'attirait encore moins. Déjà c'est pas mon univers mais si c'est pour le retranscrire avec un mauvais goût prononcé, franchement je m'épargne le voyage.

ExesandOhs
Dans ce contexte, Exes & Ohs (parce que XOXO, fallait y penser) se révèle être en fait une gentille comédie rafraîchissante. Certes, après avoir passé ces dernières semaines devant du Single Ladies ou du Noah's Arc, bien que sporadiquement, mes standards avaient quand même bien baissé, mais d'un autre côté je n'attends pas vraiment de révélation ébouriffante dans ce registre amoureux qui généralement a plutôt tendance à me rebuter (la seule romance que je trouve réellement transcendante est celle de Pushing Daisies, et ça tient plus à la réalisation et aux inventions autour de l'interdiction de se toucher, qu'aux enjeux amoureux eux-mêmes et notamment le triangle avec Olive).

Alors Exes & Ohs, dans cette pluie de références, ça se situe où ? En fait, ça m'a fait penser à une version lesbienne de 30 Rock. Dans le sens où, mentalement et physiquement, Jennifer, l'héroïne de Exes & Ohs ressemble déjà énormément à Liz Lemon, et en plus on a une comédie qui s'ingénie à placer cette héroïne dans des situations embarrassantes (mais pas humiliantes) qui la rendent juste ce qu'il faut de pathétique et de sympathique aux yeux du spectateurs.
A cela s'ajoute une galerie de portraits pas lourdingue, puisque les copines de Jennifer sont relativement en retrait (ce qui permet de ne pas avoir trop le temps de se plaindre de leur côté un peu stéréotypé), mais tout de même divertissante et diversifiée.
Et puis surtout, LA bonne idée de la série, c'est le personnage de Sam, qui plus est parfaitement castée en la personne de la ravissante Marnie Alton, une raison à elle seule de devenir lesbienne, fraîche, drôle, ravissante, ah zut je l'ai déjà dit, pétillante, pleine d'énergie et de naturel. Et ravissante.
Jennifer et Sam forment un parfait binôme, un duo à la fois dynamique (les éternels opposés) mais pas trop déséquilibré (si sur le papier, Jennifer serait plutôt genre Charlotte York, et Sam... Samantha Jones, dans les faits ça donne quelque chose de moins radical), et du coup leurs échanges fonctionnent bien.

Exes & Ohs prend aussi le parti pris de ne pas trop se préoccuper de sexe : il ne s'agit pas vraiment d'en parler, et pas plus d'en montrer. Un peu comme Noah's Arc, l'idée est avant tout de parler romance, et le reste viendra ou pas. Il faudrait regarder les épisodes suivants pour s'en assurer (pour le moment, je ne suis pas sûre de le faire, mais j'avoue l'envisager), mais a priori c'est pas une priorité de la série (en fait, MOINS que Noah's Arc qui aimait quand même bien en rajouter dans le eye candy pour gays en manque de gros muscles huilés, d'abdos en acier forgé et de fessiers rebondis ; ici il n'y a pas un nichon qui dépasse, rien). On peut trouver ça niais mais, vu mon expérience avec The L Word, j'étais pas déçue. Et puis pourquoi parler de lesbiennes devrait-il forcément conduire à voir des lesbiennes s'exhiber ?
Voyez, c'est à ça qu'on voit que ce blog est tenu par une femme hétérosexuelle à presque 100%, c'est que pour les mecs ça m'a pas dérangée (bien que les montagnes musculeuses de Noah's Arc ne soient pas mon genre), alors que les lesbiennes pas trop démonstratives d'Exes & Ohs étaient pile ce que je voulais en voir. Ce serait intéressant de savoir ce qu'une femme lesbienne en penserait, ce qu'un homme hétéro en penserait, etc...

Mais enfin, bon, les personnages de Jennifer et Sam dégagent un fort potentiel de sympathie, l'intrigue de ce premier épisode était pas trop mal, et on sent qu'il y a une volonté derrière (clairement affichée par le titre du court-métrage dont la série est inspirée) de parler des règles du jeu en matière de relations sentimentales dans le monde lesbien, puisqu'apparemment le fonctionnement diffère. Et j'avoue que j'étais pas mécontente de tomber sur Heather Matarazzo, quittée il y a quelques jours à peine puisqu'elle était dans les tous derniers épisodes de Roseanne (décidément le monde est petit en ce moment !) dans un rôle qui lui sied parfaitement, même s'il faisait partie de ceux qui étaient peu développés.
Donc bilan positif pour ce pilote, pas de quoi changer la face du monde, mais un bon petit moment. Et puis la première saison ne compte que six épisodes, alors franchement, je pense que la décision va être vite prise. Enfin, j'ai d'autres chats à fouetter, et je pense qu'à un moment je vais avoir besoin d'avoir quelque chose de plus solide à me mettre sous la dent, quand ma convalescence de mon intégrale de Roseanne, justement, sera finie, mais bon. Franchement, je me ferai plus facilement six épisodes de Exes & Ohs que de The L Word.

Faites-moi penser à vous filer le générique à l'occasion, il n'est pas extraordinaire lui non plus, mais il a un petit quelque chose de sympathique qui rend les personnages tout de suite très agréables. Faut que je vous en reparle.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Exes & Ohs de SeriesLive.

19 juillet 2011

Tellement mineur que vous ne saviez même pas que ça existait

On ne parle pas assez des séries de la chaîne IFC. C'est un tort parce que, personnellement, pour Portlandia comme pour Bollywood Hero, j'en avais apprécié la liberté de ton et l'impression de regarder de quelque chose sortant carrément des sentiers battus. Vous savez, pas une série où on écrit dans le post une phrase du genre "et finalement c'est original dans le genre", mais une série où on n'a pas besoin de le préciser tellement c'est évident. Alors après c'est une question de goût, on aime ou on aime pas, mais quand on se plaint d'une certaine répétitivité, d'un certain manque d'imagination voire même d'audace dans les grilles des chaînes américaines, on n'a pas le droit de snober les productions d'une chaîne comme IFC.

Bonus non-négligeable : la série dont je m'apprête à vous parler jouit d'un tandem d'actrices fort sympathique. A mes yeux en tous cas. Imaginez plutôt : retrouver Nicholle Tom (oui, Maggie dans Une Nounou d'Enfer, rien que ça), et l'étrange Laura Kightlinger (toutes les pièces ne sont pas d'origine mais j'avoue avoir un faible téléphagique pour elle depuis que je l'ai repérée ses apparitions dans Lucky Louie), c'est une bien étrange combinaison. Qui plus est, j'avoue que ça fait toujours plaisir de voir Azura Skye, avec sa tronche de travers et son petit air mesquin, et pourtant étrangement adorable, comme elle l'était déjà dans Zoe, Duncan Jack & Jane (mais pas du tout dans Buffy, brr, j'en fais encore des cauchemars).
Ah oui, alors bien-sûr, je suis pas en train de vous dire qu'on a un all star de la comédie américaine (quoique Kightlinger a une petite réputation, l'air de rien), mais que voulez-vous, ya des têtes qu'on aime bien, indépendamment de leur popularité par ailleurs.
Donc, ce soir, petit détour par The Minor Accomplishments of Jackie Woodman, une étrange comédie d'IFC.

MinorAccomplishments
Typiquement, le pitch de The Minor Accomplishments of Jackie Woodman aurait de quoi me mettre en colère d'ordinaire : c'est l'histoire d'une scénariste qui n'arrive pas à percer à Hollywood. Wow, c'est d'une originalité ! Attendez, pourquoi je n'écrirais pas une série sur les trucs fous qui peuvent se passer dans un cabinet ministériel, tant qu'on y est ?

Pourtant, la vraie bonne nouvelle de ce pilote, c'est que Jackie n'écrit quasiment pas pendant cet épisode, c'est simplement que son objectif est d'écrire et que ça va la mener dans un truc totalement délirant qui n'a rien à voir. En l'occurrence, en allant simplement bosser, Jackie et sa meilleure amie Tara (...j'aime bien cette phrase, on dirait que deux de mes héroïnes préférées de Showtime ont sympathisé !) vont avoir un accrochage avec le véhicule d'une quelconque star sur le retour, qui va les embarquer dans un sorte de secte. C'est vous dire si on part de loin quand même.
Résultat, on passe 90% de l'épisode dans cette secte (peuplée de connards de producteurs qui parlent de produire quelque chose qui serait "comme Sex & the City, mais avec des poissons"), et ça n'a plus grand'chose à voir avec les ambitions de Jackie, ou de Tara d'ailleurs puisqu'elle travaille pour une société de production. Et je dis tant mieux.

Alors après, The Minor Accomplishments of Jackie Woodman n'est pas vraiment hilarante. Je n'ai ri qu'une fois. Mais on ne cherche pas forcément à se taper sur les cuisses avec une comédie en single camera, donc en l'occurrence, ça fonctionne parce qu'on sent que c'est grotesque, mais que quelque part, c'est du vécu. C'est une façon de dresser des portraits au vitriol des créatures peuplant Hollywood, mais sans nécessairement en passer par les intrigues du genre Action!. J'adore Action!, mais au moins, ça change.

J'ai en fait surtout eu un problème avec le côté "les épisodes d'exposition c'est pour la populace" de ce pilote. J'adore un pilote original, et ça me plait qu'on décide de ne pas passer par les poncifs du genre. Mais certains d'entre eux ont de l'intérêt. Par exemple, l'amitié entre Jackie et Tara (héhé, j'adore) se sent dés le début, et elle est presque plausible en dépit de l'évidente différence d'âge, mais on nous balance un peu trop abruptement certains autres aspects comme : ce que fait Jackie dans la vie (vu qu'elle se rend au bureau, c'est ennuyeux de ne pas savoir tout de suite ce qu'elle y fait), qu'est-ce que c'est que cette histoire de tante qui faisait de roller-derby (surtout que d'après les résumés, c'est la motivation de Jackie pour écrire), ce genre de choses. On saute directement dans l'intrigue (même simpliste), les "gags" (même si on ne peut pas vraiment en parler en tant que tels parce que l'épisode ne tente même pas de nous faire rire), les dialogues souvent acerbes entre Jackie et Tara ( ^_^ ), et c'est quand même un peu rude.
Mais enfin, bon, au moins, ça justifie d'être sur IFC.

The Minor Accomplishments of Jackie Woodman n'est pas la perle insoupçonnée qu'on voudrait découvrir quand on se lance dans une série méconnue d'une chaîne indépendante, mais c'était quand même sympa. Alors... En fait, le titre est assez explicite sur ce qu'il y a à attendre de la série : elle accomplit deux-trois choses, mais ça reste mineur. Pour autant, c'est un joli véhicule pour Kightlinger. Si vous aimez bien sa tronche refaite, et surtout son type d'humour, ça devrait quand même vous plaire.

Et pour ceux qui... et zut. Quand je vous disais qu'IFC souffrait d'un manque de mise en avant.

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13 juillet 2011

Le poing levé

Tout a commencé il y a un peu moins d'un mois et demi, sept semaines, en fait. Nous voici arrivés 222 épisodes plus tard, et j'ai fini mon intégrale de Roseanne. Ce fut toute une épopée qui a notamment comporté un achat de l'intégrale, des semaines de délice, et une dernière semaine où j'ai bien souvent été à la torture, mais j'y reviens en temps utile.

Et avant de vous faire un petit post de bilan (je sais bien, je n'ai jamais le réflexe d'en faire et il faudrait que je prenne le temps de vous reparler de Cloudstreet, par exemple, ou de mon revisionnage de The No. 1 Ladies' Detective Agency, mais je n'ai simplement pas pris le pli...), je voudrais revenir sur cette expérience incroyable qui consiste à assister à la fin d'une série. En ces temps d'annulations souvent intempestives (même quand on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour les éviter), on a tendance à oublier. Et puis, suivre une série sur plusieurs années, et s'envoyer l'intégrale en quelques semaines, ça transforme aussi le regard qu'on a ce sur final. Bref, on a parfois tendance à oublier ce que c'est que de voir grandir une série et la voir se préparer à disparaître, et à le faire en quelques heures.
Pour tout vous dire je suis encore ébranlée. Des personnages qu'on avait appris à aimer, qui s'en vont sans espoir de retour, ce n'est pas un spectacle dont on sort avec le sourire.

Conner-1

Pourtant comme je l'ai dit, ces 7 semaines ont été des véritables montagnes russes. C'est le danger des intégrales : le visionnage condensé fait qu'on voit mieux la plupart des choses. Parfois c'en sont de bonnes, on repère des références, des petits rappels, des marques de continuité qui nous auraient échappé si on avait laissé passer une semaine entre deux épisodes. Et puis parfois, il s'agit de mauvaises choses, et ça rend les choses douloureuses à regarder.

Il y a 7 semaines et 9 saisons de ça, Roseanne (re)commençait comme un sitcom honteusement drôle. Pas de famille dysfonctionnelle ici, mais un personnage central et un parti-pris atypiques, et des revendications à la pelle. Parce que la mission première de la série n'a jamais été de simplement faire rire, mais de faire rire pour faire passer la pilule d'une masse de prises de position assumées et pas forcément bien vues, Roseanne se devait d'avoir d'excellents dialogues, et elle a longtemps brillé par leur verve sans fioriture. La série met en scène des personnages qui sont peut-être pauvres, peut-être pas très éduqués, peut-être pas sortables... mais définitivement intelligents (sauf Mark). Jamais ses personnages ne sont pris à défaut de ce côté, leur répartie ne les diminue jamais, les saillies ne sont pas là pour les tourner en ridicule. C'est donc un univers où il n'existe pas de gag à proprement parler, mais plutôt des vannes constantes et échangées allègrement par tout le monde. Et avec tout le respect que je dois à de nombreux sitcoms qui pourtant m'ont fait rire, c'est une qualité qu'on trouve rarement dans ce genre où le rire vient avant tout du ridicule.

Mais outre le fait qu'elle ne prend pas ses personnages pour des imbéciles, la série a aussi décidé de choisir ses sujets avec intelligence, décidant par là de ne pas prendre ses spectateurs pour des imbéciles. C'est l'angle social dont se prévaut tant la série.
Les premières saisons (ça s'atténue fortement lorsque Roseanne et Jackie tentent de monter leur propre affaire) sont consacrées à des intrigues vues peu ou pas du tout ailleurs, et quand elles ont un pitch de départ similaire, elles ne sont jamais traitées selon les canons du genre et surprennent toujours. La série ne nous emmène pas où tant d'autres sont allées : ainsi, quand Roseanne quitte son travaille à l'usine, elle paye le prix de sa démission et ne trouve pas de travail tout de suite. Les cordons de la bourse familiale se resserrent et elle passe plusieurs épisodes à vivoter d'un boulot de vendeuse d'abonnements par téléphone. Ainsi, chaque décision quant à l'avenir de la petite famille ne se décide pas pour nous faire rire ou provoquer un changement, mais avec toujours un oeil sur le point d'horizon, et les étapes réalistes qui se produiront forcément si un changement intervient. Le plus souvent, dans les premières saisons, ces changements sont de l'ordre professionnel et n'interviennent ni par hasard, ni de façon miraculeusement résolue. S'imprime vite un schéma, qui je pense doit être moins évident pendant un visionnage hebdomadaire, de format feuilletonnant subtil.

Ce qui est fascinant c'est aussi la façon dont ces choix sont conduits. La famille Conner ne prend jamais de décision mûrement réfléchie, ou presque, et ne se dit pas qu'il faudrait peut-être se montrer raisonnable et/ou essayer de faire quelque chose pour redresser la barre (comme on a vu plusieurs fois le faire les familles de séries comme Malcolm). Ce sont des impulsifs, ils payent le prix de leur choix, et la série ne leur trouve pas d'excuse autre que "c'était comme ça qu'on le sentait". Impossible de voir Roseanne traiter son job, en apparence parfait, dans un salon de coiffure, sans se dire que la pauvre femme a perdu la tête. Mais à aucun moment la série ne cherchera à lui donner à se justifier. Les choix de Conner, quels qu'ils soient, leur appartiennent entièrement, comme s'ils n'avaient que faire de ce que le spectateur en pensera, drapé dans son assurance de savoir ce qui est le mieux pour les personnages, ou comment il faudrait se conduire pour arranger les choses. Les Conner sont pauvres et parfois semblent tout faire pour le rester, mais c'est parce que dans le fond, ce sont des indépendants, et il y a certaines choses qu'ils ne feront jamais juste pour pouvoir payer les factures.

Derrière cette apparente désinvolture repose donc une grande part de volonté de rester libre des carcans sociaux. Les nombreuses démonstrations de Roseanne pour prouver que c'est elle qui porte la culotte, et qu'elle n'est pas une femme soumise, en sont une autre manifestation.

Au-delà du constat social, ou plutôt de la déclaration de guerre contre l'ordre social, Roseanne est aussi une série qui parle du rapport parent/enfant avec une sincérité désarmante, et la volonté là encore de ne pas donner de leçon. Parce que les parents eux-mêmes en sont bien incapables. Ils ne veulent pas tenir leurs enfants, ils ne veulent même pas leur inculquer quoi que ce soit, ils les laissent vivre même si après, pour parvenir à ce qu'elle veut, cette manipulatrice de Roseanne finir par tenter de tordre leur volonté. Mais les Conner ne peuvent jamais vraiment contrôleur leurs enfants et, sur le long terme, cela se prouvera de nombreuses fois.

J'ai dit que Roseanne était un personnage manipulateur : ce n'est pas là son pire défaut. Bruyante, désagréable, constamment en quête du contrôle total (qu'elle n'exercera jamais vraiment parce qu'elle est trop électron libre pour se contraindre elle-même à exercer longtemps son pouvoir de coercition sur la famille et les amis), cette femme qui est, comme le titre de la série l'indique clairement, au centre de tout, est aussi le personnage le plus détestable du lot, celui qu'on a envie de baffer par moments, celui qui semble toujours manquer de coeur ou de finesse pour apprécier ce qu'elle a. Ajoutez à cela que Roseanne Barr (or whatever) n'est pas la meilleure des actrices, et de loin ; fort heureusement, John Goodman est un homme de grand talent qui sauve chaque scène et porte Barr autant de fois que nécessaire.
C'était en tous cas assez osé de réussir à rendre le personnage si antipathique et en même temps de le rendre incontournable, jamais totalement haïssable parce que, admettons-le, il a aussi quelques unes des meilleures répliques.

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La réputation de Roseanne la précède : il est de notoriété publique (téléphagiquement publique, disons) que sa fin est une erreur de la nature. Après bien des rires et des épisodes engloutis avec gloutonnerie, je suis arrivée dimanche à la saison 9. On m'avait dit que c'étaient les trois dernières qui étaient moins bonnes, et la 7 comme la 8 se montrant appréciables (même si franchement moins abouties), je partais avec une relativement bon a priori sur la question.

C'était sans compter sur notre ennemi à tous, téléphages de bon goût : le saut de requin. Tremblez ! Roseanne effectue un jump the shark de toute beauté, exécuté avec autant de souplesse qu'une baleine et autant de doigté qu'un manchot. Et tout ça, en nous regardant droit dans les yeux avec défi, l'air de dire que c'est comme ça et puis c'est tout, à prendre ou à laisser.
Plusieurs fois je vous avoue que l'envie ne m'en a pas manqué ! Tout laisser, peu importe la loyauté qu'on ressent instinctivement envers une série qu'on a suivie assidûment et à fortes doses pendant 8 saisons dévorées en une courte période de temps.

Insupportable, le premier quart de la saison va détruire tout ce que la série avait mis en place avec tant d'intelligence, d'audace et de bonne humeur incisive. La saison tombe totalement à plat. Les cosplay quasi-permanent est insultant. Le défilé complètement gratuit des guests est insupportable. Les intrigues tiennent sur du papier à cigarette (un cas d'école : l'épisode dans le train). Ne sont à sauver que quelques épisodes (déjà initiés dans des saisons précédentes, maintenant plaqués sans le moindre remords sur une intrigue moribonde) qui servent d'hommages aux grandes comédies de la télévision américaine, comme Gilligan's Island, That Girl, I Dream of Jeanie, et bien d'autres (on retrouve la même volonté dans Une Nounou d'Enfer, qui n'a jamais renié ses influences).

C'est une abomination, et il n'y a pour cela qu'une personne à blâmer : John Goodman. Chaque fois que Dan disparaît pendant la saison, c'est une torture que de voir les intrigues se déverser dans le tout à l'égoût. Chaque fois que Goodman accepte de se coltiner Roseanne Barr, certes l'alchimie est diminuée entre eux (rarement vu une série où les tensions se ressentent autant à l'écran), mais les intrigues reprennent des couleurs.

Tout ça pour s'achever sur une fin de saison encore radicalement différente, totalement sentimentale, avec des gags plats mais beaucoup d'émotion tirée d'une intrigue qui prend une tournure incroyablement dramatique. Impossible alors de rester de marbre même si on s'étonne un peu, dans le fond, de s'être autant éloigné de la comédie (mais avec le talent des meilleurs tear-jearkers). S'ajoutent à cela de nombreuses mais très fines touches du type "bouclage de boucle", comme autant de rappels des premières saisons et/ou des gimmicks de la série, qui complètent parfaitement l'effet recherché lorsqu'on aborde la saison finale d'une série qu'on connaît sur le bout des doigts.

Hélas, Roseanne se clôt sur un dernier affront, la scène finale du dernier épisode nous inflige encore quelques blessures en balayant d'un revers de la main (comme une vengeance de la créatrice de la série) les éléments auxquels on s'était le plus attachés.

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Pleine de surprises, bonnes comme mauvaises, Roseanne est une série qui change radicalement la face du sitcom. On peut ne pas en aimer les recettes, on peut en déplorer l'évolution finale, on peut adresser des reproches et beaucoup seront fondés.
Mais on ne peut lui enlever le caractère proprement révolutionnaire de son ton et de son propos dans ses premières saisons, et la galerie de personnages épatante qu'elle développe (la série se montre très fidèle à nombre d'entre eux, qui n'apparaissent ni ne disparaissent jamais vraiment de façon soudaine dans la vie des Conner, et s'applique à nous montrer comme normale la réapparition de certains d'entre eux, témoignant d'une forme de tendresse à laquelle j'ai rarement assisté dans une série).

Même fâchée, même en larmes, je finis ces 7 semaines de visionnage avec la conviction d'avoir assisté à une des plus grandes comédies de l'histoire de la télévision. Au moins au début.

Pour vous en assurer, je vous invite donc à ne pas hésiter à tenter le pilote de la série, qui devrait compter parmi les épisodes vus de tout téléphage qui se respecte. Tout le monde ici sait comment tirer le meilleur d'un post La preuve par trois, dites ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Roseanne de SeriesLive.

24 juin 2011

Au panier

J'étais en train de me tâter pour savoir si j'allais regarder Wilfred (US), en tout bien tout honneur naturellement, quand j'ai réalisé que je n'avais jamais posté ici à propos du pilote de Wilfred (l'original australien), ce que j'ai trouvé un peu fort de café après en avoir pourtant tellement bavé devant le pilote.

AuPanierWilfred
Epitome de la comédie pas drôle et pas conçue pour l'être, Wilfred est juste une expérimentation barrée, et il ne faut pas y chercher l'hilarité (pour ma part je n'y ai pas même trouvé un vague rictus amusé). L'idée est d'explorer un concept allumé, improbable même, et pour tout dire on a plus l'impression d'un exercice pour ceux qui font la série que de quelque chose prévu pour les spectateurs. Comme une private joke portée plus loin que d'habitude.
C'est bizarre autant qu'étrange, et c'est de cette curiosité est supposée se suffire à elle-même, être le seul carburant qui ramène le spectateur à la série semaine après semaine.

Vous l'aurez compris, le pilote de la série australienne Wilfred ne m'a pas séduite, mais pour autant, en dépit de son look indies et peu raffiné, de son cast pas franchement affolant (Adam Zwar est, comme toujours, incapable d'être bon, sans qu'on puisse dire qu'il est mauvais ; voir aussi : Lowdown) et de ses dialogues enfumés, on ne peut pas objectivement en dire que c'est une grosse merde. Ca fait simplement partie des séries "tout ou rien", celles qui soit fonctionnent à fond sur vous, soit tombent totalement à plat, la qualité de la série n'étant pas incriminée, le spectateur non plus, mais les deux étant profondément incompatibles.

Oh, bien-sûr, je soupçonne qu'il faille avoir fait un sort à la moquette pour apprécier totalement cette série. Mais ce n'est que ma mauvaise foi légendaire qui s'exprime. Cependant, pour ce qui est de voir le pilote de la version américaine... j'avoue que pour le moment, j'hésite toujours. Et pour que moi, je refuse un pilote, c'est quand même que...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Wilfred (AU) de SeriesLive.

3 juin 2011

Time machine

Comme en ce moment je suis le nez jusque là dans les cartons (hélas pour l'instant je ne sais pas où ils iront, mais bon, au moins ils seront prêts pour quand je pourrai enfin décamper), j'avais besoin de pouvoir regarder quelque chose qui puisse se suivre sans sous-titres. En attendant que mes coffrets de Gilmore Girls m'arrivent, exit donc Mesudarim, et évidemment hors de question s'envoyer du dorama derrière la cravate, j'ai donc opté pour une série qui réponde à ce critère de langue, mais aussi qui me fournisse de nombreuses heures de divertissement, puisque mes 800 VHS et mes Dieu-seul-sait-combien DVD ne se mettront pas en boîte en une heure, et qu'il y a aussi tout le reste à trier. Mais pourquoi garde-t-on toutes ces fiches de paie, bordel ?!

Bref tout ça pour dire que je me suis lancée dans une intégrale de Roseanne, ou disons intégrale de ce que j'ai vu que j'ai jamais que les 4 premières saisons, youpi chouette j'ai plus qu'à acheter la suite en import et d'ailleurs je vais ptet m'y mettre, rapport aux posts précédents, bref.
Intégrale de Roseanne, donc.

RoseanneFamily
Jusque là, Roseanne, c'était au coup par coup. Un épisode ici, un épisode là... histoire de rire un peu mais pas franchement avec l'idée de se faire une intégrale, juste d'apprécier les nombreuses perles qui émaillent cette série si finement drôle et toujours d'actualité (on a déjà eu l'occasion d'en parler plusieurs fois, donc vraiment, suivez les tags, c'est pour votre bien, ya même un pilote qui s'y balade).
Vraiment, le concept d'intégrale, ça change tout. Regarder (ou, je le confesse, écouter) les épisodes à la suite, et découvrir les auto-références que je n'avais jamais captées avant, pas forcément appuyées mais non moins appréciables... On a beau savoir que ce sont deux démarches totalement différentes, là je me prends de plein fouet les effets de l'intégrale, où l'ont sent certains sujets comme étant plus sensibles que quand on a vu les épisodes à plusieurs jours, voire semaines, d'intervalle.

Et du coup, au lieu de simplement profiter gentillement de l'épisode, je me plonge dans le charme anachronique de la série et je n'avais pas vraiment réalisé jusque là à quel point ça pouvait être quelque chose de si efficace pour retourner dans les années 80.
Alors attention, à partir de là, ceux qui sont nés dans les années 90 vont être un peu désorientés, mais je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans, tout ça tout ça.

Il se dégage de Roseanne une atmosphère qui me ramène en enfance. Et pourtant ma famille n'avait rien à voir avec les Conner, mais on sent que c'est, déjà, le témoignage d'une autre époque. L'état d'esprit est foncièrement différent. On retrouve l'atmosphère moins parano, moins hygiéniste aussi. On réalise qu'il y a eu depuis des évènements qui ont changé notre société.
De toute évidence, il y a les vêtements, les coiffures, les accessoires, les jouets, tout ce qui semble totalement s'inscrire dans cette époque révolue. Bien-sûr. Mais c'est tellement bien plus. Je respire totalement l'air des années 80. Et c'est d'autant plus troublant qu'elles n'ont pas du tout ressemblé aux soirées ciné et aux dîners bruyants de la série. C'est vraiment l'empreinte d'une époque plus que le portrait factuel des "moeurs" de cette décennie.

C'est le genre d'expérience, entre la trouble nostalgie et le plaisir téléphagique pur, qui me rappelle pourquoi j'ai tant de mal avec les séries historiques. Comment une série tournée aujourd'hui pourrait-elle saisir tout cela ? Ce serait forcément avec une profusion exagérée d'accessoires et de couleurs et de jeans troués et de gros blousons, non en fait j'en sais rien mais ça ressemblerait forcément à de la caricature, comme le font les séries supposées se dérouler dans les années 70 et qui en fait sont "trop" dans les années 70, il fallait juste se calmer sur la reconstitution et essayer de saisir l'air du temps.
C'est le genre d'expérience qui, par association d'idées, me rappelle pourquoi j'ai du mal à me mettre devant Life on Mars, par exemple.

Parce que Roseanne est bien plus qu'un sitcom, c'est une série dans laquelle tout de suite on sent une grande authenticité et où on n'a pas l'impression d'être là juste pour quelques gags ou répliques bien senties. C'est peut-être la raréfaction des séries dont les personnages travaillent en milieu ouvrier (Une Maman Formidable en était une autre, et j'aimerais bien que les DVD finissent par sortir d'ailleurs) ; aujourd'hui quand on veut montrer des travailleurs pauvres, on ne montre plus que des vendeurs, comme l'a tenté Working Class (que je regretterai un peu mais qui est loin de toucher la même corde sensible, reconnaissons-le). Peut-être que la société a trop changé pour qu'on ait des personnages qui travaillent de leurs mains (pour autant que je réfléchisse, seuls les Chance de Raising Hope sont dans ce cas aujourd'hui)

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Roseanne de SeriesLive.

27 mai 2011

L'argent fait le bonheur

Si vous vous souvenez bien, lorsque je vous avais parlé de Mesudarim, l'été dernier, je vous avais dit avoir souri plusieurs fois devant les premières minutes du pilote, bien qu'étant incapable d'en comprendre les dialogues.
A présent, je les comprends. Et je vous confirme que ce pilote est vraiment drôle.

Comment je les comprends ? Aurais-je donc appris l'hébreu en moins d'un an ? Non pas. Ceux parmi vous qui me followent sur Twitter ont peut-être fait le rapport, les autres, on se retrouve dans l'encadré en fin de post. D'abord, je vais parler de ce fameux pilote de Mesudarim.

Mesudarim

L'épisode s'ouvre donc sur une attente nerveuse : nos quatre amis veulent vendre leur start-up et, attendant qu'on leur annonce l'issue des négociations, visiblement menées par un dénommé Arik. Immédiatement, la dynamique de ce groupe ce met en place : Guy en est le chef raisonnable, Tomer est le chien fou qui ne tient pas en place, Erez est un geek introverti (c'est dire) et Berlad est un zinzin toujours sous l'effet d'une substance ou d'une autre. Et les dialogues fusent immédiatement. On n'est pas dans un sitcom fondé sur des répliques hilarantes, mais les échanges sont toujours rythmés et les phrases incisives. Nos amis ne mâchent pas leurs mots et ça confère tout de suite une immense aura de sympathie à la série, à travers leurs vannes constantes.
Ce qui en ressort, c'est une ambiance comme je les aime d'amitié masculine forte, ni sentimentale à l'excès, ni plaquée et artificielle.

Difficile de nier pourtant combien ce sont Guy et Tomer les plus proches. Leur apparence est même celle de deux frères, et d'ailleurs comme dans une fratrie, ils alternent les échanges sincères et les affrontement frontaux. Il n'y a pas de place pour la dissimulation, en tous cas.
Si pour le moment Berlad est plutôt la caution humoristique (mais avec quelle efficacité !), je n'irai cependant pas jusqu'à sous-estimer le potentiel d'Erez, un chic type certes pas très affirmé, mais qui a finalement les idées bien en place et se montre un excellent "confident de secours" pour Guy, plus stable que peut l'être Tomer. D'ailleurs, quand au début du pilote, ce dernier tente de tourner en ridicule Erez, les dialogues sont taillés à la perfection pour que le geek ne se décrédibilise pas à nos yeux, le rendant au contraire attachant, et j'ai aimé la retenue qu'il y a autour de son personnage qui aurait pu n'être qu'un faire-valoir.

Alors évidemment, après, il y a cette fortune en elle-même. 217 millions de dollars. Dés le pilote, toutes les problématiques pouvant découler de cette somme sont parfaitement posées : le pouvoir qu'une telle somme implique sur les prestataires et sur les employés, l'envie de profiter de cette manne et de faire des excès, le désir d'aussi se saisir de cette opportunité pour faire ce qui compte vraiment... C'est essentiellement Guy qui incarne tout cela : la relation avec sa petite amie le chatouille, le rapport qu'il entretient avec ses parents et notamment son père se cristallise lorsqu'il évoque ses projets avec eux...

D'une qualité d'écriture et d'interprétation pouvant sans problème rivaliser avec Entourage, qui l'a en partie inspirée, mais capable de bien plus de charme et de sincérité, car dénuée d'esbrouffe, la série Mesudarim possède donc un excellent pilote.
Seul bémol, cet épisode d'exposition, s'il est parfaitement efficace, manque un peu d'originalité. Les personnages sont là où on les attend, distribués selon des normes qu'il aurait été bon de secouer un peu. Mais en deux saisons, on aura le temps d'en faire, des choses...

Deux saisons, c'est précisément ce que contient l'intégrale de la série que je viens de me procurer. Et donc : avec sous-titres anglais ! Une affaire qui m'a coûté 46$90 soit 33€55, frais de ports inclus (et payés via Paypal), sur israel-catalog, un site en anglais spécialisé dans les produits israéliens ; il y a peu de séries, et j'ignore si Mesudarim est la seule avec des sous-titres anglais, mais enfin, les faits sont là.
Et j'ajoute que je n'ai que des compliments sur le service. Déjà au niveau du temps, je l'ai commandé dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 mai, l'envoi s'est fait le 8 au soir (!), je l'ai reçu le mardi 17 (bon après, j'ai pu n'aller le chercher que cette semaine à la Poste, là c'est ma faute) alors que la commande promettait jusqu'à 16 jours de délai. Et puis niveau livraison, le paquet est bien amorti même si pas bien gros (on est loin des colis d'Amazon), et franchement ya pas une bosse. Par contre, la qualité de l'image n'est pas d'une exigence folle, mais c'est pas comme si ce genre de série impliquait une qualité impec, donc perso je m'en suis pas plus préoccupée que ça.
Si parfois il est nécessaire de cagouler (et je n'hésite pas à vous expliquer comment) pour voir une série étrangère, ici vous avez, à un tarif relativement raisonnable, la possibilité de vous lancer une une excellente dramédie israélienne de deux saisons, donc je tenais à le souligner. Après, à vous de voir, naturellement, à l'aune de votre envie de découvertes... et de vos moyens, ça va de soi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Mesudarim de SeriesLive.

6 mai 2011

Aleksandra, marquise des anges

Bientôt trois semaines d'existence pour la rubrique Séries du Monde, et les choses prennent leur rythme. Comprenez que je commence à avoir le rythme. Mettre à jour les grilles, les audiences, faire des news, ajouter des fiches... je trouve un cycle pour chaque chose.
Du coup, je peux aller chercher dans ma liste les séries qu'il me reste à ficher, et cette liste fait plusieurs pages d'un cahier. Progressivement, je peux prendre le temps de les cocher... et me voilà à ficher, chose rare, une série turque qui a démarré au début de l'année, et que j'ai dénichée sur les bons conseils du Wikipedia anglophone, pourtant avare d'ordinaire en séries récentes du Moyen-Orient.

Cette série, c'est Muhtesem Yüzyil, et en faisant la fiche, je me suis demandé ce qui m'empêchait d'aller cagouler l'épisode et y jeter un oeil. Je ne comprends pas que ce ne soit toujours pas un réflexe. Alors me voilà, au beau milieu de la nuit, en train de parcourir les sites turcs (il y a une première à tout) pour trouver le fichier de mes rêves, et vous savez quoi, ce n'était même pas vraiment difficile à trouver, ce qui devrait me servir de leçon.
Après la douloureuse expérience d'Ayrilik cet été, ça faisait vraiment du bien de regarder Muhtesem Yüzyil. J'avais besoin d'être réconciliée, en fait, avec les fictions de ce pays.

MuhtesemYuzyil
Pas vraiment une fresque historique, Muhtesem Yüzyil, mais ça m'arrangeait parce que j'ai regardé sans sous-titres (mais où sont les sous-titres des séries du Moyen-Orient ? Je cherche encore). Ne comprenant que les passages en russe (enfin non, ptet pas du russe, mais en tous cas c'était assez proche pour que je pige un peu les dialogues), j'ai été ravie d'assister à ce qui m'a semblé être la version turque des Tudors. Oui messieurs-dames, no less.

Un beau jour de 1520, Süleyman apprend qu'il vient d'hériter de la couronne de l'Empire Ottoman. Il a 26 ans (d'accord, il en fait 40, mais officiellement il en a 26) et il devient l'homme le plus puissant de la région à son époque. Ceci fait il va donc s'installer au palais impérial avec sa mère et toute sa suite (dont son meilleur ami qui deviendra son Grand Vizir), et en profite pour faire venir sa concubine Mahidevran et leur fils. Tout cela est charmant. Mais il y a un "mais".
Car le jour-même du couronnement de Süleyman Ier, un navire rempli d'esclaves débarque, avec à son bord, une sublime créature du nom d'Aleksandra, une chrétienne dont les parents ainsi que le mari et la fille ont été méchamment trucidés avant qu'elle ne soit enlevée, non sans une certaine idée derrière la tête... Car, étant sublime, elle est immédiatement sélectionnée pour faire partie du harem de notre Empereur.

MuhtesemYuzyil_Tricheuse
Eh oui, c'est un malin, notre Empereur. Loin de se faire chier comme Henry (un contemporain, d'ailleurs) à révolutionner l'Etat pour pouvoir divorcer, il a tout simplement un harem. Certes l'idée n'est pas de lui et s'explique culturellement, mais c'est ce qui va largement lui simplifier l'existence.
Manque de chance, Mahidevran est d'une sensibilité plus occidentale, dirons-nous. Et elle pensait qu'avoir engendré un rejeton (de sexe masculin, qui plus est) allait lui garantir l'accession au trône. C'est sans compter sur Aleksandra qui, après avoir joué les rebelles pendant une saine période de temps, est résolue à s'approcher de l'Empereur. Mettant ses nombreux atouts en avant (moi-même, je n'ai pas été insensible à la crinière rousse et aux grands yeux verts), elle est prête à tout pour devenir l'épouse de l'Empereur, chose pourtant impensable pour une esclave.

En entrant plutôt dans la couche de l'Empereur Süleyman Ier que dans son bureau, Muhtesem Yüzyil affiche donc sa proximité avec les thématiques de The Tudors, auquel le spectateur occidental ne pourra pas ne pas penser. Mais la série a le bon goût (qui s'explique, là encore, probablement par sa cible) de ne pas en rajouter dans le sulfureux, sans pour autant jouer les prudes. C'est finalement plus sensuel qu'autre chose, comme résultat, notamment vers la fin du pilote quand Aleksandra fait ses premiers pas au harem avant de finalement rencontrer l'Empereur.
Il y a pourtant un peu de politique, car certains conseillers de Süleyman complottent dans leur coin, et qu'une partie, certes courte, mais intéressante, de l'intrigue, nous parle des rapports de l'Empire Ottoman avec la chrétienté (un passage que je n'ai pas compris s'est déroulé au Vatican, par exemple, d'ailleurs tourné en italien et doublé en turc, procédé intéressant).
C'est donc une histoire équilibrée qu'on a ici, ni totalement consacrée aux coucheries et complots à la cour, ni trop sérieuse comme souvent c'est ma crainte lorsqu'il s'agit de séries historiques. Les acteurs sont solides, pour ce que j'ai pu en voir ; notre Süleyman est un peu monolithique mais ça fait un peu partie de la fonction, quelque part, et puis quelque chose me dit qu'il ne restera pas longtemps insensible à Aleksandra (je triche, j'ai lu un peu plus que ce que l'épisode ne disait).

MuhtesemYuzyil_Allegeance
Côté production, si on sent bien qu'il n'y a pas les moyens de The Tudors, pour reprendre mon exemple, le résultat est TRES honnête. Costumes superbes, décors incroyables, et effets spéciaux presque irréprochables mais suffisamment rares pour ne pas entacher le résultat final... Muhtesem Yüzyil est une bonne surprise en ce qui me concerne. Si j'étais masochiste, j'irais regarder la suite, mais sans sous-titres faut rien exagérer ; cela dit, entre une certaine dose d'exotisme et des thèmes familiers parce qu'universels, j'aurais presque été tentée de poursuivre. Mais en tous cas, expérience positive à l'appui, je vais certainement continuer à fouiller par-là...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Muhtesem Yüzyil de SeriesLive.
Si parmi vous il y a des téléphages turcs qui se cachent, je refuse pas qu'on m'indique quelques autres titres.

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