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ladytelephagy
16 novembre 2011

Rev-eries

Du plus loin que je me souvienne, je crois que j'ai toujours aimé les comédies en single camera.
Je n'ai strictement rien contre le sitcom, comme le prouveront les nombreux tags de ce blog rappelant les intégrales de Will & Grace, Roseanne, Reba, Les Craquantes, ou encore Three's company, ainsi que, naturellement, le culte que je voue au sol que foule Fran Drescher depuis bientôt 20 ans (mais en années-Fran ça n'en fait que 5).

Le problème qu'on rencontre de façon croissante depuis quelques années, c'est qu'entre une comédie en single camera et une dramédie, on ne fait plus trop la différence. C'est le reproche qui est adressé chaque fois qu'une série comme Nurse Jackie se pique d'être nommée/récompensée dans la catégorie comédies ; en réalité l'explication est historique (la dramédie est un genre qui n'a que 15 ou 20 ans maximum, et qui tire sa forme de la comédie en single camera). Et pour le coup, moi, ça ne me dérange pas, principalement parce que les histoires de genres sont quand même faites pour couper les cheveux en quatre. Qu'une série soit une dramédie, ou une comédie en single camera un peu trop sérieuse par moments, l'essentiel est le plaisir du visionnage qu'on en tire.
Je crois que c'est vraiment le genre télévisuel qui peut me réconcilier avec absolument tout.

...Même avec la Grande-Bretagne, dont vous n'êtes pas sans savoir que les accents me rebutent depuis de nombreuses années (mais depuis Threesome, je commence à trouver un certain charme aux particularités écossaises ou irlandaises, et j'ai un faible pour le parler de Christopher Eccleston, version Accused par exemple, alors qui sait, un jour peut-être je guérirai). Cet après-midi, j'ai tenté Rev., tout simplement parce que j'avais remarqué que la fiche manquait sur SeriesLive et que dans la foulée, j'ai regardé le pilote, ça ne mange pas de pain.
Vu la longueur des saisons, je me tâte un peu pour la suite, maintenant, pour tout vous dire.

Rev-eries
Rev., alors qu'elle est vendue comme une comédie, est pourtant assez sérieuse, et relève plus de la dramédie. Entre les déboires financiers et les doutes, le personnage principal ne se marre pas et nous, pas tellement non plus, mais il en émane une certaine légèreté tout de même. Plus incroyable, les personnages les plus outranciers, comme Mrs. Onyeka, sont les moins appréciables alors qu'ils sont résolument les plus orientés vers la comédie.

Mais en réalité, l'idée n'est pas de rire.

Le plus surprenant c'est que, quand on regarde une dramédie comme celle-ci, ou comme Nurse Jackie, The Big C, Wilfred ou Enlightened, on ressent un côté extrêmement "positif". On ne rit peut-être pas en réalité, mais à l'intérieur... comment vous dire ? Moi par exemple, j'ai l'impression d'avoir le cerveau qui sourit. Je ne le manifeste pas extérieurement mais je sens bien que ce n'est pas un drame que je regarde. Peut-être parce que c'est une façon farfelue de parler d'un thème qui ne ferait pas rire à la base, peut-être parce que le ton des personnages est détaché ou sarcastique, peut-être parce que les intrigues ne sont pas réalistes, peut-être parce que l'attachement émotionnel est provoqué plus ouvertement... je ne saurais pas l'expliciter précisément, mais en tous cas, il n'y a aucune chance pour que je confonde une dramédie avec un drama, même si elle ne me fait pas rire.

Du coup, peut-être que les reproches adressées aux dramédies-qui-ressemblent-trop-à-des-dramas viennent de ce que les spectateurs qui les formulent sont dans une logique de tout ou rien : si je n'ai pas ri, c'est que ce n'était pas une comédie. Donc que c'était un drama.
Rev. n'était pas une comédie, clairement pas. Mais ce n'était pas non plus un drama. Dans cette zone vraiment très très grise de la dramédie, elle avait simplement tout ce qu'il fallait pour être une bonne dramédie.
On va être honnêtes, je disais un peu plus haut que j'hésitais à regarder la suite. Bon, le choix me semble déjà fait, en réalité...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Rev. de SeriesLive.

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1 novembre 2011

Avec assurance(s)

Ca faisait des mois que je voulais tenter Crash & Burn, mais vous savez ce que c'est. Pourtant, quand j'ai regardé Last Money, j'ai décidé que je n'avais que trop attendu, et je me suis lancée.
C'est d'ailleurs une chose curieuse, parce qu'on pourrait penser que les assurances, c'est pas franchement sexy du point de vue des scénaristes, et finalement on se retrouve avec deux séries, chacune d'un côté du Pacifique, qui s'y intéressent à quelques années d'écart (Crash & Burn a démarré en 2008). Mais sous un angle très différent.

CrashandBurn
Jimmy Burn, le héros de Crash & Burn, ne paye pourtant pas de mine. C'est un homme parmi tant d'autres dans un métier petit, dont les pratiques sont petites. Un type ordinaire dans un job médiocre, pourrait-on dire.
Donc bien-sûr il a un secret, mais le pilote ne part pas du principe qu'il va bâtir son suspense là-dessus, ce qui fait un bien fou. Cela se découvre par petites touches très légères qui permettent de ne pas empiéter sur le vrai propos de Crash & Burn : dans les assurances, si on veut réussir, il faut être un peu pourri quelque part. L'épisode va nous servir d'introduction à ce monde peu reluisant avec une affaire qui commence bien mal.

Car à l'instar de beaucoup de séries policières procédurales, Crash & Burn commence par nous présenter le déroulement de l'accident qui va requérir les services de Jimmy : la voiture d'un petit vieux se fait emboutir une autre. Sauf qu'au volant de l'autre voiture, il n'y avait personne : son occupant était trop occupé à s'envoyer en l'air avec sa copine, actionnant ainsi malencontreusement le frein à main. On attend donc de savoir comment Jimmy va mener l'enquête pour conclure que le tort vient de ce conducteur et non du petit vieux (le conducteur prétend que son frein a lâché), puisque sur le moment les deux assureurs, à savoir Jimmy et celui de l'autre conducteur, partent du principe qu'il vont chacun indemniser leur client. Sauf qu'au lieu de se battre pour faire tout payer à l'assureur d'en face, Jimmy ne va pas du tout remonter la piste de ce mensonge. Et là encore, ça fait un bien fou.
Je vous avais prévenus, les assurances, ce n'est pas sexy et ça ne l'a jamais été ! Mais au moins le sujet est original, et change du point de vue légal ou policier qui nous ont nourri ces dernières années dés qu'il se passe quelque chose.

Tout en continuant d'essayer de s'arranger pour que sa compagnie d'assurances paye le moins possible pour l'accident, Jimmy va devoir faire face aux autres réalités de son métier : il n'a pas qu'une seule affaire sur le feu. Et on découvre le lieu de travail peu chalereux qui est le sien, et qui rappelle celui qui est dépeint dans de nombreuses séries pour les vendeurs de voiture : chacun pour soi et Dieu pour tous, pourvu de faire du chiffre, ou, dans le cas des assurances, pour essayer d'éviter d'en faire. L'atmosphère de bureau est d'autant plus tendue que très tôt, le boss annonce la couleur : il va devoir virer du monde. Et Jimmy, qui n'est là que depuis un an dans la boîte et dont les résultats ne sont pas mirobolants, est donc parmi les premiers visés.

Le pilote de Crash & Burn va donc pas mal exploiter cet axe, l'affaire initiale prenant alors une importance secondaire. C'est que, Jimmy a besoin de son job : il veut se marier avec sa copine, ou, comme on le comprend assez vite, se marier avec la famille de sa copine. Le grand secret de Jimmy Burn est quelque part par là, dans son envie d'avoir une famille normale, une vie normale, des revenus normaux ; on sent que ça a quelque chose à voir avec le fait qu'il ait grandi en foyer d'accueil et n'ait pas vraiment de famille. Ce ne sera pas vraiment explicité, mais la piste apparaita de façon plus claire en toute fin d'épisode, et là encore, ça fait un bien fou de voir cet axe, a priori feuilletonnant, ne pas nous être balancé à des fins de dramatisation brute, genre "ohlala en fait Jimmy n'est pas celui qu'on croit". Et c'est ce qui permet de voir que Jimmy n'est ni tout-à-fait fier, ni tout-à-fait honteux du métier qu'il fait, et d'ailleurs, de l'avis de tous y compris du sien, il le fait bien. Il y a une raison à ça et elle n'est pas présentée comme un mystère à décortiquer, mais simplement comme une piste de réflexion. C'était bien amené.

Ainsi donc, Crash & Burn et Last Money parlent de la même chose, mais différemment. Il s'agit toujours de polices d'assurances, de rencontrer les clients assurés par la compagnie pour essayer de verser la "bonne" somme, mais c'est la définition de ce qui est bon qui varie. Dans Last Money, on veut que l'argent aille à la personne à qui il revient légalement et si possible moralement, c'est la question de la qualité. Dans Crash & Burn, on veut que la somme soit la plus petite possible, c'est la question de la quantité. Forcément, le second est plus adapté au cynisme occidental que l'autre.
Pour ceux qui ont vu Call Me Fitz, Crash & Burn rappellera (même si en réalité ce devrait être dans l'autre sens, chronologiquement parlant) un certain nombre de thématiques sur la déchéance morale et la rédemption. Mais Crash & Burn n'est pas drôle du tout, quand Call Me Fitz est une dramédie un peu loufoque.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Crash & Burn de SeriesLive.

17 octobre 2011

Take the wheel

En ce moment tout le monde parle de Drive sur Twitter. Comme j'ai le cerveau limité en matière de références cinématographiques, chaque fois que quelqu'un mentionne ce film dans ma timeline, je dis bien chaque fois, je dois faire une petite gymnastique mentale de près de 10 minutes pour me rappeler qu'il s'agit d'un film et non de la série de la FOX.
Après le 712e tweet mentionnant ce titre, et avec en plus des circonstances aggravantes (je fouille dans mes cagoules depuis plusieurs jours pour déterrer des merveilles), j'ai fini par céder et revoir le pilote de Drive. La série.

Drive
Je m'aperçois en allant jeter un oeil à mon post de l'époque que je n'ai pas raffolé du pilote la première fois que je l'ai vu. La meilleure preuve c'est que c'est juste un post Médicament générique, et même pas une review complète.
C'est marrant parce que mon bilan après revisionnage du pilote ce soir est bon, et plus encore.

Effectivement, les scènes de course-poursuites en bagnole sont d'un intérêt TRES limité. Et quand je dis limité je veux dire que je me suis limé les ongles à ce moment-là. Ce genre d'adrénaline me passe complètement au-dessus de la tête, et à la deuxième j'avais envie de dire que les possibilités étaient en plus très limitées. Passer entre deux camions ou passer entre deux camions, cruel dilemme.
Fort heureusement il y a bien plus dans ce pilote à voir que ces idiotes de course-poursuites, et c'est peut-être ce qui m'avait un peu échappé à l'époque.

Déjà la réalisation est quand même parfois géniale. La scène où ils sortent tous de la conférence d'orientation et se précipitent hors de l'hôtel, c'est épatant. Deux plans séquence à la suite qui rendent très bien l'excitation, l'énervement, la frénésie de l'instant, et tous les personnages qui passent dans deux ballets consécutifs parfaitement orchestrés, ça vous scotche une lady. C'est là que je vous confesse une grande fascination pour les plans séquence, et plus il y a de monde plus j'adore. Là c'est juste mon idéal de plan séquence, en fait. Et deux à la suite. Impec', quoi.

Et puis au niveau des personnages, on tient quand même du bon drama, et j'irai même jusqu'à dire, du très bon drama. On a le temps d'explorer vraiment plein d'habitacles, avec des dynamiques différentes, des backgrounds différents, et si certains sont plus développés que d'autres, les concurrents de cette course incroyable sont tous très prenants tout de suite. Il n'y en a pas beaucoup dont on se contrefiche de savoir ce qui va leur arriver en cours de route (pun intended).
En la matière il y a deux genres de séries. Celles qui ont un héros autour duquel tourne la planète, et des seconds rôles qui ne sont là que parce qu'il fallait. La moitié du temps, je ne m'attache pas assez au héros pour avoir envie de savoir ce qu'il va lui arriver, et les personnages secondaires sont si secondaires, qu'il n'y a pas moyen non plus de reporter mon attention sur eux. Il y a donc l'autre genre de séries, qui même si elles ont un héros, parviennent à insuffler un peu d'âme dans d'autres personnages, et la moitié du temps, le héros ne me plaît pas forcément, mais je trouve mon content plus loin dans le fond. C'est exactement le cas ici où le tandem Nathan Fillion et Kristin Lehman m'indiffère quand même pas mal, mais où il y a de quoi faire avec, par exemple, la jeune maman, l'ex-taulard ou encore le tandem père/fille. Tous n'ont pas les mêmes faveurs des scénaristes mais ils prennent corps et ça fait du bien.
Du coup Drive fonctionne bien comme ensemble drama, même si de toute évidence il y a un héros qui va pas mal occuper de temps d'antenne.

La course est quand même une putain d'idée. Pardon pour le langage, mais merde, c'est original, c'est propice à un peu de mythologie, c'est un bon prétexte à donner des histoires passées et à venir aux compétiteurs... des jeux comme ça, il en faudrait plus dans les séries (là tout de suite, comme jeu s'étant sur plusieurs épisodes, je n'arrive à penser qu'à LIAR GAME). C'est en plus un concept qui aurait pu, qui aurait dû courir longtemps, parce qu'il y a tellement de compétiteurs que tu en élimines un, tu peux toujours en amener un autre sur le devant de la scène.

Je vais me risquer dans les comparaisons hasardeuses mais Drive aurait pu être un autre Lost. Comparaison à prendre comme venant de quelqu'un pour qui Lost n'est pas absolument une série qui a révolutionné la télévision, mais comme une série qui commençait avec du potentiel et de solides atouts, par contre (c'est déjà un compliment, juste pas aussi grand que si un fan de la série faisait le parallèle). Il y avait vraiment du potentiel.
Mais ce qui s'avère vite rédhibitoire, ce sont les effets spéciaux, très voyants et un peu trop nombreux dés qu'on prend la route (or c'est une série qui se passe quand même pas mal sur la route, tirez-en les conséquences...). Et je comprends que ça puisse refroidir. Je ne sais pas si c'est ça qui a motivé les audiences décevantes qui lui ont valu son annulation expéditive, je ne suis pas dans la tête des spectateurs américains, j'ignore ce qu'il y avait en face, je ne sais pas comment la série a été promue, rien. Tout ce que je sais, c'est que plus de 4 ans plus tard, c'est toujours autant du gâchis.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Drive de SeriesLive.

15 octobre 2011

Le blues du businessman

En ce moment, allez savoir ce que j'ai, j'ai envie de comédies. Pas d'incompréhension entre nous : j'aime bien avoir ma dose hebdomadaire de drama, et ne croyez pas que je ne me rue pas sur les épisodes de Homeland ou PanAm lorsqu'ils sortent, en fait j'ai même replongé dans The Good Wife, trop longtemps abandonnée, mais voilà, j'ai envie de comédies. Et les épisodes de Suburgatory ne sont pas diffusés en quotidienne, alors...

...Alors, j'ai ressorti mes vieilles cagoules. Et cet aprem, je me suis envoyé le pilote de According to Bex (j'avais même oublié que je l'avais, cette cagoule-là !), les deux premiers épisodes de Committed, dont je me suis rendue compte qu'elle me fait toujours autant rire (on pourrait qu'avec le temps et les comparaisons, je deviendrais blasée, mais non)... et le pilote de Jake in Progress.
On ne se connaissait pas à l'époque, et je n'ai encore jamais vraiment parlé de cette série, alors, tiens, vous savez quoi ? Pour changer des pilotes de toutes nouvelles séries en arrivage direct des USA, je vais vous causer de Jake in Progress. Et Boss ? Boss, une autre fois.

JakeinProgress
Mon souvenir de la série était, en toute honnêteté, assez flou. Ouais, en gros, je me souvenais de John Stamos, quoi.
Ce n'est pas difficile de s'en souvenir. En gros, John Stamos interprète John Stamos. Un rôle de composition, donc. Il doit avoir l'air charmant, charmeur, même, et... c'est à peu près tout. Mais on ne demande jamais plus à John Stamos, son sourire émail diamant et ses légères pattes d'oies suffisent. Il est ornemental, John Stamos, et dans le bon emploi (celui qui ne lui en demande pas trop), il ne fait pas honte à sa profession. On le met dans une série parce qu'il est agréable à regarder et qu'il ne joue pas mal ; normal, il ne joue pas. Mais au moins il n'est pas mauvais. Et il a ces yeux verts qui font craquer les femmes depuis pas loin de trois décennies, alors...

Donc non, Jake in Progress ne nous fait pas redécouvrir le génie comique méconnu qui se cache sous la peau hâlée de Stamos, c'est certain.

Pour autant le pilote n'en est pas moins agréable, et cela principalement en raison d'un acteur dont je ne comprends pas qu'il n'ait jamais eu son propre show, tant il éclaire systématiquement les scènes de chaque série dans laquelle il se pointe même temporairement : Rick Hoffman. Je me rappelle avoir détesté l'adorer dans The $treet il y a de cela 10 ans, et rien n'a changé depuis. Ce mec est énorme, et même s'il a de bonnes scènes à présent dans Suits, elles ne lui permettent jamais d'accéder à son plein potentiel. Le terme de "scene-stealer" a été inventé pour des gars comme lui, il n'arrête pas. Même quand il surjoue il est génial.
Lui aussi incarne souvent le même genre de personnages, mais il parvient à leur donner une énergie singulière qui fait que même quand ils ont comme point commun d'être des chieurs, on les apprécie à des degrés différents. On peut dire qu'il a une palette d'enfoiriture très subtile, en un sens. En tous cas ça fonctionne à tous les coups.

Hoffman est un peu la star du pilote : ce sont les scènes avec lui qui sont vraiment drôles, notamment quand il est dans sa cage.
Toute la première partie de l'épisode est de toute façon dénuée de toute forme d'humour, en particulier chaque fois qu'Ian Gomez (futur Cougar Town) ouvre la bouche.

Le concept de Jake in Progress, palpable dans cet épisode et perdu ensuite dans les méandres d'une jungle de post-its d'exécutifs, était à la base de montrer en temps quasi-réel le rendez-vous arrangé entre Jake, célibataire endurci, et Kylie, une romantique qui ne croit pas aux histoires d'un soir.
Et ce concept aurait pu marcher... avec un couple intéressant. C'est encore plus patent quand on regarde Committed le même jour : Marni et Nate ont une personnalité débordante (c'est le moins qu'on puisse dire), tandis que Jake et Kylie sont aussi plats que l'électroencéphalogramme d'un scénariste de Whitney (et, non, ceci n'est pas une vanne déguisée à l'encontre des oeufs au plat de Mädchen Amick). Ici, les deux personnages ont un passif (ils ont couché ensemble mais Jake, en bon baiseur en série qu'il est, ne s'en souvient pas), mais pour le reste, il n'y a pas de matière.
C'est sans doute parce qu'à la base, Jake in Progress n'ambitionnait pas d'être une comédie, mais plutôt une dramédie. N'empêche que ça laisse carrément froid de voir ces deux-là interagir.

Alors c'est pas plus mal, du coup, que le concept ait été abandonné ensuite. Ca ôte évidemment de l'originalité à la série qui se contente ensuite d'être "la série où John Stamos fait son John Stamos en attendant l'annulation" (et elle a mis plus de temps qu'attendu à arriver), permettant à l'acteur de faire ses yeux de cocker battu (non, pas n'importe quel chien battu, absolument un cocker) en nous chantant une version moderne du blues du businessman (trop d'argent, trop de top models...), mais au moins Jake in Progress n'est pas une suite de scènes sans intérêt interrompues ponctuellement par Hoffman pour éviter au spectateur de se pendre avec le câble de la télé. Il faut admettre que la série a échappé au pire pour aller se réfugier dans le passable de ce côté-là.

Mais c'est un pilote sympathique, cependant, parce que très rythmé, mais quand même un peu faible. Et puis comme je le disais, quand John Stamos fait son John Stamos, eh bah il bouge, il sourit, il minaude un peu, il fait je sais pas quoi, mais il occupe l'écran. Alors ça passe.
Wow, j'ai toute la première saison sur mes cagoules, dites-donc... Qu'est-ce que je fais, je me l'envoie quand même, ou...?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Jake in Progress de SeriesLive.

13 octobre 2011

Ça, pour être mort...

Pis personne ne me le rappellerait, hein. J'avais dit que je vous préparerais un post une fois le visionnage du pilote d'Un Homme mort passé, et...? Et j'ai oublié, et vous ne me l'avez pas rappelé. Je suis à deux doigts de penser qu'au fond de vous, vous n'aimez pas tant que ça Karine Vanasse de PanAm. Et du coup, vous descendez drôlement dans mon estime.
Mais je suis pas rancunière, alors voilà.

Comme prévu, Un Homme mort nous parle d'un type qui clamse. Bon là je vous spoile pas trop, mais dans les paragraphes suivants, si, alors décidez d'abord si vous voulez voir cette série avant de poursuivre votre lecture.
Sûr de sûr, hein ?
Ouais, prenez le temps de la réflexion, ça vaut mieux.
Bon, j'aime autant.

Parce que notre bonhomme, il ne meurt pas d'une crise cardiaque, il ne meurt même pas de coups de poignard répétés dans le dos (clin d'oeil, clin d'oeil), et de vous à moi, les armes à feu, c'est cliché. Non. Notre homme meurt pour finir comme ça :

PrenezSonPoulsAuCasOu
Et là vous sentez qu'Un Homme mort est quand même plus glauque que vous ne l'auriez cru. Mais je vous rassure, vous ne seriez pas le premier à penser d'emblée que les séries québécoises sont complètement inoffensives, j'ai remarqué cette propension chez plusieurs de mes interlocuteurs, bien que n'ayant pas encore totalement déterminé d'où elle provient.
En tous cas, comme le dit la blague : "c'est le suicide le plus atroce que j'aie jamais vu".

Mais le pilote ne se borne pas à l'enquête autour de la mort de ce type, retrouvé en trois morceaux dans un appartement à louer, son portefeuille permettant de l'identifier à côté de lui. En fait, loin de là.
Le pilote commence avec un homme qui apprend qu'il va mourir. Que son foie l'a lâché, c'est fini.
Le pilote continue avec une jeune femme qui est depuis 3 mois dans sa banque et qui stresse un peu d'être convoquée par le PDG.
Le pilote prend en fait un malin plaisir à ne pas beaucoup nous parler de cet homme mort.

Les premières dix minutes sont donc, naturellement, introductives, mais exposées à un rythme d'enfer, souligné par une réalisation qui cherche à tout prix à dynamiser les séquences, les dialogues, et les présentations des personnages. Parfois c'est un peu trop : effets sonores, passage au noir et blanc, plans monochromes rouges, avance rapide, image en pause, ralenti, split-screen, musique quasi-constante... la panoplie complète de tout ce qu'il est possible de faire à moindre frais pour que ça ait l'air de bouger non-stop.

Des "gentils", des "méchants", des "gens dont il faut se méfier", commencent à émerger lentement, et il ne faut probablement pas s'y fier. Pendant ce temps, l'homme qui apprend qu'il va mourir, qui est flic, enquête sur la mort pas vraiment accidentelle de notre défunt, et que notre jolie banquière apprend qu'elle a été nommée vice-présidente, mais très vite, elle commence à se demander où est passé Michel, l'un de ses amis, qui ne donne pas signe de vie et lui a au contraire fait parvenir un colis étrange. Or, les bouts de cadavre s'appellent précisément Michel...

Où va nous mener ce pilote rempli jusqu'à ras bord ? C'est une bonne question. Rien que dans le pilote, il y a déjà deux morts, au moins un suspect, une héroïne au profil d'oie blanche mais qui se comporte elle-même de façon suspecte (genre je planque des preuves, je prends la fuite quand je découvre un cadavre...), et en arrière-plan, des thèmes autour du comportement des banques, des entreprises vis-à-vis des banques, des connivences à tous les niveaux, etc...
On a un peu une impression de fouillis, que j'ai essayé de retranscrire au mieux dans ce post ; certaines scènes sont meilleures que d'autres (l'appel de notre héroïne à la police étant la seule totalement risible, le reste étant plutôt bien troussé en dépit de la surcharge d'effets mentionnée plus haut), mais on a l'impression de tenir un divertissement à la fois trépidant, dense, et adulte, sans pour autant vouloir taper dans l'élitiste et le "trop" haut de gamme.
A poursuivre, donc, pour voir comment l'affaire se poursuit.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Un Homme mort de SeriesLive.

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17 septembre 2011

How does that make you feel ?

Même quand aucun pilote n'a été diffusé dans les 12 dernières heures, j'arrive encore à trouver des sujets de conversation, et pas uniquement parce que je repousse les posts sur Whitney et Free Agents (US), puisque sauf erreur de ma part ce sont les deux pilotes déjà sortis que je n'ai pas encore traités ici. C'est que, la rentrée, ça ne se passe pas seulement aux USA, après tout ! Et au Canada, une très sympathique dramédie vient de faire ses débuts, alors avant de m'attaquer à Whitney... je veux dire, au post sur Whitney, mon clavier a fourché... je vais faire un détour par nos amis de CBC.

Il y au un truc qui en comédie, est hyper risqué, c'est la thérapie (et l'échec qualitatif, à mes yeux en tous cas, de Web Therapy ou Head Case en est la preuve, sans compter qu'en dehors du cast de la série, encore que, je dois être la seule à me souvenir du pilote de The Trouble with Normal). Parce que c'est limite trop facile de rire de gens étiquetés dés le départ comme "fous" d'une part, et parce que, dés qu'on touche à un truc un chouilla sensible, bah on n'a plus envie d'en rire, aussi. Pourtant Michael: Tuesdays and Thursdays y parvient avec beaucoup de talent, sans doute parce que c'est une dramédie et donc qu'elle s'autorise des moments moins tournés vers l'hilarité.

MichaelTuesdaysandThursdays

Si la scène d'intro nous montre une jolie séance de thérapie à la fois drôle et touchante, le générique nous met toutefois immédiatement au parfum : la série est focalisée sur le point de vue du psy. Cela nous permet de voir toutes les sances, le mardi et le jeudi donc ; et puis on voit aussi tout le reste, et notamment la raison pour laquelle il travaille pendant 15 ans avec Michael un homme atteint d'une névrose effectivement bien ancrée. Car notre psy, David, ambitionne d'écrire un "self-help book" en se basant sur les méthodes qu'il expérimente sur Michael, et qui relèvent autant de la parole que d'exercices pratiques sur le terrain (ce qui d'ailleurs nous donne une très jolie scène). Sauf que naturellement, Michael n'est pas au courant, lui essaye simplement d'avancer et de gérer une névrose qui s'avère parfois quasiment handicapante.

Patient et composé devant Michael, David nous révèle également, hors-séance, des fragilités qui nous seraient invisibles sinon. Et là on est dans une méthode assez intéressante, qui n'est pas sans rappeler celle employée par In Treatment : le faire parler à un tiers. Ce tiers, ce ne sera pas son propre thérapeute mais son éditrice, une femme qui elle aussi n'est pas complètement nette (mais en fait, tout le monde dans l'univers de Michael: Tuesdays and Thursdays est un peu barré et d'ailleurs ça fait bien plaisir qu'il n'y ait pas de personnage pour se poser en repère de la "normalité") qui veut absolument qu'il lui parle de lui, de choses persos, et soyons honnêtes on n'est pas très surpris de voir la réaction de David au bout de plusieurs tentatives de son éditrice pour le faire causer.

Comme la directrice de la maison d'édition l'indique à David (celui-ci essayant de tourner son livre en un journal de son expérience avec Michael, ce qui n'est pas le deal de départ) : il ne vaut que grâce aux étrangetés de Michael. C'est vrai narrativement aussi car c'est dans les scènes avec Michael qu'il y a le plus d'intérêt, de par les échanges, souvent rapides et assez bien sentis, Michael n'étant pas du tout contrôlé par son psy, auquel il rabattra le caquet à un moment avec plus d'assurance qu'on ne l'aurait cru capable de produire.
Pourtant, le voir patauger gentillement dans sa vie perso (rien qui fasse de lui un cas pour la science) permet à David de devenir plus appréciable pour le spectateur. En chroniquant ainsi ses préoccupations, assez terre-à-terre finalement, on lui ajoute une dimension nécessaire et en même temps on relativise les échanges avec Michael. Je crois que c'est la première fois devant une série avec un psy que je me dis sincèrement que le psy devrait aussi expérimenter certains de ses conseils sur lui-même !

Ce qui est intéressant, enfin, dans Michael: Tuesdays and Thursdays, c'est la relation qui se développe entre les deux hommes, et qui en fait ne date pas du pilote : David vient parfois aider Michael quand l'une de ses névroses l'empêche d'avancer dans la vie, se comportant alors plus comme un ami. Mais David a aussi besoin du regard de Michael, et s'attache à lui un peu comme à un enfant. J'avoue que j'imagine déjà ce que ça donnera quand ces deux-là devront cesser les séances (après tout, au départ, David avait proposé à Michael de travailler avec lui 15 ans, et là on y est). L'air de rien, dans la vie de David, la seule constante actuellement, c'est la venue de Michael deux fois par semaine. Il est en train de lui apprendre à être indépendant mais je ne sais pas à quel point lui peut se passer de son "patient", plutôt son protégé.
Michael commence d'ailleurs à se demander combien de temps durera cette thérapie, signe en général que l'oiseau n'est pas loin de quitter le nid. Ce sera une déchirure à la fois touchante et avec un grand potentiel humoristique, en tous cas gauche, maladroit et embarrassant, ce qui est le style d'humour choisi par la série.

Personnellement, Michael: Tuesdays and Thursdays est une comédie qu'effectivement j'apprécierais bien de voir le mardi ET le jeudi ; mais il faudra se contenter d'un épisode par semaine...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche... euh... nan mais j'ai pas fini mon déménagement je vous ferai dire.

16 septembre 2011

Amitié israélo-américaine

Pourquoi il ne faut surtout pas dire que Homeland est le remake de Hatufim, mais plutôt une adaptation ? Quand on compare de pilote à pilote, ce que je m'apprête à faire, c'est assez net. On peut sentir les idées qui ont plu dans le pilote d'origine, et qui ont été réemployées, parfois sans la moindre envie de les transformer. Et puis on peut sentir celles qui n'appartiennent qu'à Homeland. Hélas, cent fois hélas, il y a peu de chances pour que Hatufim soit un jour diffusée là où vous puissiez la voir (et dans une langue que nous comprenions tous), bien que je sois intimement persuadée que la série collerait parfaitement à la ligne d'arte voire de France 2 ; et a contrario de Mesudarim, impossible de trouver de DVD avec des sous-titres anglais.
Alors, le mieux que je peux vous proposer, c'est un petit post comparatif, avec ce que j'ai vu, et le peu que j'ai compris. Mais à force de regarder des pilotes dans des langues que je ne parle pas, je réalise que les dialogues ne sont pas toujours si indispensables que ça. Mais c'est un autre sujet pour un autre post...

Du coup, si vous n'avez pas encore regardé le pilote de Homeland (genre si vous attendez la diffusion parce que, je ne sais pour quelle raison, vous vous méfiez des preairs, ce qui à mon avis peut se comprendre sauf dans le cas de Showtime où ils se sont toujours avérés fiables), ne lisez pas ce post, filez, chais pas moi, allez commenter les précédents, regardez le pilote de Whitney même, si vous vous détestez, mais ne venez pas vous prendre bêtement des spoilers !

L'héritage de Hatufim, on le retrouve dans Homeland dans la façon de ramener le soldat au pays, même si les conditions de ce retour sont loin d'être les mêmes.

Dans ce qui restera comme l'une des meilleures scènes d'introduction que j'aie pu voir de toute ma carrière de téléphage, Hatufim commence en effet dans le silence, alors que les deux camps négocient, chacun dans une chambre d'hôtel, dans le secret, les conditions de libérations des soldats/prisonniers. Pas d'héroïsme ici comme Homeland, qui préfère capturer la scène de la libération du prisonnier par d'autres soldats, le découvrant lors de l'assaut d'un repère ennemi. Le conflit tel que le vivent les USA est forcé moins larvé qu'en Israël, et ça s'explique par des tonnes de raisons, mais on perd largement en subtilité dans la démarche. Et il est tout aussi émouvant d'assister à cette rencontre silencieuse (suivie d'une embarrassante scène dans le couloir de l'hôtel) que de découvrir un Américain dans les décombres d'une planque. En fait, Hatufim refuse de montrer l'état dans lequel les prisonniers sont retrouvés, et je crois que c'est aussi une précision qui a son importance.

HatufimHomeland_Liberation_2 HatufimHomeland_Liberation_1

Alors quel est donc cet héritage dont je parlais ? Il se retrouve essentiellement dans la façon dont les soldats, retournés à la vie civile qu'ils avaient quitté depuis plusieurs années (17 pour Hatufim, 9 pour Homeland, là encore ça s'explique historiquement), retrouvent leur famille. En fait, tout y est, dans les moindres détails. La seule différence, c'est qu'au lieu de suivre trois familles et deux ex-prisonniers, dans la version américaine on n'en suit qu'une, et forcément, comme je vous le disais lorsque j'ai parlé pour la première fois du pilote de Homeland, ça finit par faire un peu cliché puisqu'on retrouve VRAIMENT tous les éléments de Hatufim : l'épouse qui a repris sa vie avec un autre homme (qui évidemment est un proche du soldat ex-détenu), le fils qu'il n'a jamais connu, la mère qui est morte pendant qu'il était en captivité, le soldat qui n'est pas revenu et sur lequel la famille se pose des questions... Forcément, quand on condense les intrigues d'autant de personnages, ça finit par faire beaucoup. Si je ne savais pas que tous ces éléments se retrouvent, scène pour scène (comme la terrible, terrrrrrible poignée de main du fils à son père), dans Hatufim, j'accuserais Homeland de donner dans l'exagération. Mais en fait j'y vois plutôt un magnifique hommage à ce que tout ce que le pilote de la série israélienne est capable de faire passer (et sans parler hébreu, la scène de l'aéroport, je vous jure que j'étais en larmes en la voyant dans la version originale ; la version américaine ne démérite pas, d'ailleurs, sur ce passage).

Petit clin d'oeil : je n'ai pu réprimer un sourire en voyant la robe rouge. Elle m'était apparue comme très symbolique dans le pilote de Hatufim (essentiellement parce qu'il est visuellement très léché, avec beaucoup de couleurs oppressantes et froides, et que le rouge tranchait énormément dans cette ambiance), et j'ai beaucoup apprécié de voir l'épouse revêtir une robe presque identique dans Homeland.

HatufimHomeland_LadyinRed_2 HatufimHomeland_LadyinRed_1

Tout le long du pilote, Homeland va décider de traiter le côté émotionnel avec une grande fidélité au pilote original, s'autorisant tout au plus d'aller plus loin dans la scène de la première nuit, absolument poignante aux États-Unis, et largement plus soft dans le pilote de Hatufim qui, sans éluder la question sexuelle, oriente sa conclusion différemment, mais avec le même ton pessimiste.
Visiblement, la partie "drama" a plu à la prod américaine dans la série originale, plus que les enjeux politiques (on retrouve dans Homeland la conférence de presse de Hatufim, sauf que cette fois le soldat miraculé est présent devant les caméras, ce qui n'est pas le cas dans le pilote israélien).

Surtout que la plus grande différence est dans l'obstination de Homeland à vouloir s'intéresser à autre chose que ce retour, preuve que le drama, ça ne lui suffit pas. Et c'est à la fois la plus grande déception de ce pilote, et sa plus grande promesse, car c'est là que la série s'éloigne du support d'origine, et bâti sa propre mythologie. Le personnage de Carrie n'existe absolument pas dans le pilote de la série israélienne, et je doute sincèrement qu'il apparaisse par la suite, ou s'il le fait, certainement pas à un tel degré. Entièrement neuf, ce personnage est très bien construit dans Homeland mais incarne l'obsession de la série pour les complots et le terrorisme. Je n'ai pas vu la suite de la série Hatufim (même pour une folle pour moi qui regarde des pilotes dont elle ne comprend pas les dialogues, ça semblait exagéré d'aller plus loin) mais de toute évidence ce n'est pas le propos de la série, qui voulait surtout explorer le traumatisme des familles, des ex-prisonniers, et essayer de reconstituer la captivité de ceux-ci pour comprendre ce qu'ils avaient vécu (la mort d'un des soldats captifs étant l'outil pour le faire). Mais Homeland est en cela très américaine qu'elle veut absolument sauver quelque chose, pas simplement fouiller le passer pour comprendre ce qui s'est passé. On a également un collègue décédé mais le pilote met tout de suite les choses au point en dévoilant vers la fin que c'est le soldat qui a tué son ami et partenaire. Je pense que, si Hatufim arrive peut-être à cette conclusion par la suite de son intrigue (ce que je crois au vu du pilote), l'idée n'est pas d'employer ce crime comme une preuve de trahison mais plutôt d'explorer l'horreur vécue, les dilemmes moraux endurés pour la survie, ce genre de choses.

Mais comme je l'ai dit, c'est cette différence qui déterminera aussi la grandeur de Homeland, et parce que pour le moment, la série est bien écrite, bien filmée et bien interprétée, je crois qu'il est possible que cet axe si américain de l'intrigue donne quelque chose d'intéressant. Et vu que j'ai réellement eu un coup de coeur pour ce pilote, le premier en cette rentrée, je n'aurai aucun problème à le vérifier pendant la saison.
Simplement, je crois que, aussi étrange que cela puisse paraître vu les circonstances... j'avais encore plus aimé le pilote de Hatufim, pour son registre plus ouvertement dramatique.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hatufim et la fiche Homeland de SeriesLive.

9 septembre 2011

A sense of community

ASenseofCommunity

C'est sûr qu'à mes yeux, rien ne remplacera jamais la première saison de Friday Night Lights.
De la même façon que j'éprouve une nostalgie mordante pour Nine dans Doctor Who, il m'est arrivé pendant les saisons ultérieures d'avoir l'impression de regarder une autre série, et d'avoir envie régulière de revenir aux inédits de la série dont j'était initialement tombée amoureuse, avant de réaliser qu'en réalité, il s'agissait de la même. Cette nostalgie, plus ou moins forte selon les difficultés de Friday Night Lights à exister au fil des saisons, ne m'a pas quittée jusqu'au final, mais j'ai tout de même apprécié le mois que j'ai passé à Dillon.
C'est une belle histoire que je m'apprête à vous raconter. Celle d'une série qui ne m'aura pas toujours séduite, mais à laquelle je suis revenue avec plaisir, fidélité et émotion.

Il faut dire que la première saison était d'une rare perfection et, pour moi qui réfléchis rarement en termes de "saisons", mais plutôt par arcs narratifs (dans le sens où je suis capable de dire que tel arc était bon, mais je ne me souviens pas souvent à quelle saison il appartenait et, en général, je m'en contrefiche), c'était assez criant pour ne pas être oublié pendant les saisons suivantes.

La première saison de Friday Night Lights retranscrivait avec une précision rare le sentiment de "communauté", une valeur américaine très forte mais qu'il est parfois difficile de ressentir de notre côté de l'Atlantique où le terme ne désigne pas vraiment la même chose.
Soudée autour du football et surtout de l'équipe des Panthers, la communauté de Dillon, c'était un coeur qui bat, au centre, et des vies qui s'épanouissaient, autour. Chacun vivait au rythme de cette communauté, et le sentiment d'appartenance était fort : au Texas, à la ville de Dillon, à l'équipe de foot. Ce sentiment se voyait renforcé par la tragédie du pilote, mais il était présent bien avant.

Les personnages semblaient tous interconnectés, même quand en réalité ils n'avaient pas, ou très peu, de réelles interactions à l'écran, comme s'ils formaient les mailles d'une même armure contre le reste du monde, et à travers lui les équipes concurrentes. A l'échelle de la ville, et au niveau de chacun, il y avait un lien invisible qui s'exprimait parfois un peu plus explicitement, comme Tami organisant un gigantesque barbecue pour l'équipe, ou la ville fermant entièrement boutique le temps des matches. Il y avait quelque chose de grisant dans ce sentiment d'appartenance, qui certes, montrait aussi comme la population de la ville s'auto-galvanisait autour de son équipe (ce qui pouvait me sembler vain dans un premier temps, avant d'être prise dans cette communauté où les individus sont si enclins à ne faire qu'un autour de choses aussi futiles qu'un ballon), mais renvoyait irrémédiablement la confortable sensation d'une grande chaleur humaine.
Les saisons suivantes se détacheront progressivement de cette incroyablement puissante communauté, pour se diriger vers un ensemble show plus classique, où chacun suit sa voie, ses intrigues et ses problèmes, mais avec une plus grande indépendance vis-à-vis de ladite communauté, qui n'intervient plus qu'assez rarement. La puissance de la communauté devient alors uniquement une source d'inquiétude voire d'antagonisme, comme quand Tami devient la cible des parents conservateurs dans la saison 4 (un thème par ailleurs traité avec une infinie délicatesse, comme la plupart des sujets sensibles sur lesquels la série pose rarement un jugement définitif).

Pourtant dés la première saison, Friday Night Lights présentait des défauts dont elle ne s'est jamais départie, et notamment la curieuse habitude de commencer des histoires qu'elle n'avait pas l'intention de finir. Au fil des saisons, un nombre assez incroyable d'intrigues va ainsi ne jamais trouver de conclusion ni même de porte de sortie. Parmi les plus flagrantes, on compte évidemment des axes empruntés pendant la tristement "fameuse" deuxième saison, à l'instar de la direction que prend Lyla spirituellement, mais c'est quelque chose qui ne sera jamais corrigé ensuite. La série montre des personnages qui soudainement, ont changé de voie, de sentiment ou d'occupation, sans aucune forme d'explication, et c'est parfois un peu déroutant quand on s'intéressait à cet axe et non à celui que les scénaristes ont choisi de faire aboutir. Il faut dire que ce même sentiment de communauté que j'appréciais tant dans la première saison implique une distribution pléthorique, et que tout le monde ne peut pas avoir droit à une intrigue finement fouillée ; mais dans ce cas j'aurais tendance à dire qu'il ne fallait pas commencer ce qu'on n'avait pas l'intention de finir. C'est regrettable dans les nombreux cas où des personnages secondaires se voyaient offrir une occasion de s'épaissir (à l'instar de la relation de Buddy avec ses deux plus jeunes enfants, ou la tragique disparition du jeune Santiago, méchamment Kelleyrisé et qui aurait pourtant si bien trouvé sa place plus tard dans la série), mais il faut bien faire avec et, admettons-le, au fil des ans, les scénaristes ont fini par n'avoir d'yeux que pour le Coach et Tami Taylor, oubliant jusqu'à donner à certains personnages le moindre mot de la fin, comme ce pauvre Landry, rappatrié à Dillon uniquement pour donner un conseil à Matt, et dont on n'a aucune idée de ce qu'il est devenu après le lycée.

Mais c'est aussi le couple Taylor qui offre les meilleurs moments de Friday Night Lights et je dois dire que là-dessus, j'avais entendu pas mal de choses, et je n'ai jamais été déçue (ce qui est pourtant un risque quand on entend autant de louanges). En fait, plus la communauté s'éloigne, plus le couple prend ses aises dans les intrigues, ce qui est une honnête compensation.

Parfaitement incarné, parfaitement écrit aussi, le couple Taylor fonctionne admirablement bien, et c'est le moins endommagé par les problèmes d'intrigues qui ne se concluent pas, même si ça lui arrive aussi ponctuellement.
Avec eux, on passe du "macro" au "micro", en pénétrant totalement dans leur intimité. Les scènes dans la chambre, la salle-de-bains, la cuisine, prennent un tout autre sens et revêtent un caractère presque naturel ; séparément, les acteurs semblent parfois rigides et ont même tendance à s'auto-caricaturer, mais ensemble, ils font des étincelles. Le fait que les personnages soient écrits pour offrir une énorme dichotomie entre leur rôle "public" et leur rôle dans le couple aide aussi énormément : au lycée, Tami est du genre conciliante, elle écoute et conseille, à la maison elle a tendance à insister et se montrer plus autoritaire ; à l'inverse, Eric est inflexible sur son terrain qu'il mène à la baguette en hurlant sur tout ce qui ne bouge pas comme il l'entend, sur un mode quasi-militaire, quand à la maison, il passe son temps à chercher l'assentiment de sa femme et est, pour ainsi dire, un peu dominé par elle (et tout-à-fait conscient de ce fait d'ailleurs).

Avec le temps, on prend aussi conscience de la puissance du football dans la vie de ses propres joueurs. Le sentiment d'appartenance à une équipe est progressivement remplacé par le sentiment d'accomplissement. Coach Taylor n'est pas seulement un faiseur de rois, c'est un faiseur d'hommes. Il est capable de transformer n'importe quel adolescent mal dégrossi en un personnage droit, à la fois obéissant et sûr de lui. Son oeuvre avec Matt Saracen n'est qu'un début ; on le verra par la suite prendre en charge des cas chaque fois plus complexes, disciplinant les rebelles et offrant un soutien aux plus perdus, ou parfois l'inverse. Sculpteur de caractères, il s'impose sans le savoir comme un sauveur d'âmes, un traceur d'avenir, et une valeur stable dans un monde en constant changement. C'est ce qu'il fait des Lions : il part de la glaise et en fait des rocs. Ce qui compte, c'est moins les victoires que remportent les gamins, que ce que les victoires font sur les gamins.

C'en est d'ailleurs presque dommage. Car si dans les premiers temps, la série suit presque scrupuleusement le planning des matches, nous faisant ressentir la fièvre du vendredi soir (et donc nous donnant l'illusion d'appartenir un peu à la communauté de Dillon), avec le temps, les rencontres sportives, voire même (quand la série est au plus mal) les entraînements, deviennent secondaires, au point que la montée d'adrénaline de la fin de la saison 5 est totalement mise de côté, précipitant plusieurs matches pourtant capitaux en un seul épisode. Friday Night Lights ne brille pas vraiment par son génie lorsqu'elle sacrifie sa moëlle épinière de la sorte. Il faut le reconnaître, depuis mon tout premier visionnage du pilote, c'était pourtant le match qui m'avait le plus captivée (en dépit de mon aversion pour le sport lui-même), et cet aspect sportif, s'il ne pouvait de toute évidence être le seul axe de la série, aurait mérité plus de soins à certains moments.

Mais au bout du compte, l'aventure est belle.

Et elle est belle, parce qu'elle est longue. Friday Night Lights, en dépit de ses défauts récurrents, et la seconde saison plus que faible, vaudrait bien moins si elle n'avait duré que le temps de sa pourtant parfaite première saison.
Ce qui est important, c'est aussi de voir les personnages grandir, évoluer, partir (bien que ce soit souvent un déchirement, même pour les personnages que je n'aimais pas forcément), et en voir d'autres tenter, avec plus ou moins de succès, d'en prendre le relai pour grandir, évoluer et partir à leur tour. C'est la loi de la série adolescente, et j'avoue que je préfère ce parti pris à celui de beaucoup de séries se préoccupant de la même tranche d'âge, mais choisissant de suivre ses personnages. En gardant, toujours, comme point d'attache, les yeux rivés sur Dillon et le couple adulte formé par les Taylor, Friday Night Lights chronique cette période avec tendresse, et offre un nouveau point de vue sur cette époque charnière, quand il faut préparer l'avenir, envisager l'université et/ou la vie de couple. Entre le Coach Taylor, qui forme le caractère de la plupart des personnages pour qu'ils deviennent adultes "dans leur tête", et Tami qui s'assure de leur transition matérielle vers le monde adulte, l'équilibre a été finement trouvé. L'avenir est une question récurrente, et un des thèmes les mieux traités par la série sur le long terme, sous toutes ses formes, n'offrant pas la réponse quasi-systématique de beaucoup d'autres séries, qui serait l'absolu d'une scolarité à l'université, et propose des alternatives intéressantes. Si j'étais adolescente, j'apprécierais beaucoup la façon dont Friday Night Lights me poserait ces questions, sans proposer de réponses fermées aux préoccupations de cette période.

En 5 saisons, Friday Night Lights offre une immense fresque sur une ville finalement très hétéroclite émotionnellement et socialement, où la seule constante est le changement. C'est parfois un peu difficile : lesdits changements sont à l'occasion brutaux, voire même difficiles à appréhender même au bout d'une saison. Pourtant, la plupart des relations entre les personnages s'impriment comme au fer rouge dans notre coeur, et on conserve à travers les années une tendresse pour certaines relations : celle qui lie Jason à Lyla, par exemple (Lyla a finalement fait le deuil de cet amour de highschool sweethearts plus vite que moi), ou celle, plus éloignée du mode amoureux, entre Becky et Tim, aussi ; pour n'en citer que deux.
Certaines choses devraient ne pas changer, mais elles changent tout de même et c'est la vie ; Friday Night Lights retranscrit avec une honnêteté immense ce genre de choses.

Après un mois passé à respirer l'air de Dillon, à écouter chanter les accents de ses habitants, à arpenter ses rues et s'asseoir dans ses fast foods, la séparation est difficile.

Pourtant, comme une nouvelle preuve de mon ambivalence vis-à-vis de la série, que j'ai aimée mais qui a tout de même su me déplaire plusieurs fois (comme expliqué ci-dessus), j'ai été un peu déçue par le final, et je n'étais pas fâchée que la série cesse ainsi de jouer avec mes attentes vis-à-vis des personnages et des intrigues.
Déjà, j'aurais arrêté la série 5mn plus tôt, avec le ballon en plein vol, même si ma frustration aurait été immense, je pense que ç'aurait donné une fin plus ouverte, plus poétique même. Et puis, certaines choses sont juste navrantes de banalité (aussi touchante que soit la phrase de Tim à Tara sur leur avenir, leur relation était éteinte depuis si longtemps, et si peu profonde pour ce que nous en avions vu, que je ne vois pas pourquoi ils en sont là en fin de série, alors que Landry est à quelques pas et qu'elle ne va même pas lui glisser un mot), ce qui est la seule chose que je ne peux pas pardonner à une série comme Friday Night Lights.

Mais je pense que j'ai compris ce qui liait de façon si intense les fans de la série. Le sentiment d'appartenance.
Nous sommes tous des enfants de Dillon à présent.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Friday Night Lights de SeriesLive.

25 août 2011

Série culte

CultFavorite

Laissez-moi insister sur l'importance de savoir qui m'a recommandé The Cult : le pilot était bien trop bon pour que je ne laisse cette bonne action impunie.
Apparemment, The Cult, dont j'ignorais jusqu'à l'existence voilà quelques jours, a coûté plusieurs millions de dollars et est ce qui se rapproche le plus d'une superproduction. Des comparaisons avec Lost ont été lancées sur plusieurs des sites que j'ai consultés ; dans ce cas, c'est un compliment pour Lost.

Le premier épisode a en effet de nombreux points en commun avec la fameuse série d'ABC, la plus évidente étant cette forêt sombre et moite dans laquelle se déroule la majorité de l'intrigue. Et puis, bien-sûr, il y a cette atmosphère de mystère, savamment entretenue par un scénario qui trouve le moyen à la fois d'aller très vite, et d'en dire le moins possible. Ainsi, tous les lieux communs qu'on aurait rencontrés dans une production moins scrupuleuse sont écartés : le héros, père de deux fils adultes (ou jeunes adultes, j'ai eu du mal à déterminer leur âge), et en moins de 10 minutes, il a déjà compris où étaient ses fils et que l'organisation qui les abrite est plus que suspecte, en plus de s'être déjà trouvé des compagnons d'infortune qui partagent une expérience similaire.
L'épisode aurait pu prendre le temps. Ca s'est vu dans d'autres fictions du même genre : je réalise qu'il y a un soucis, je me mets en quête de réponses, je découvre qu'il y a d'autres personnes dans mon cas sur internet, on met en place une expédition. Sans que ça ne ralentisse l'intrigue trop fortement, on aurait très bien pu imaginer que ce soit plus détaillé dans le pilote. C'est un épisode d'exposition, on ne le lui aurait pas reproché.

Pour autant, ce n'est pas l'extrême inverse : ces passages de l'intrigue ne sont pas passés sous silence pour accentuer l'effet de suspense, ni remplacés par des scènes d'action, bref, ce qu'une série américaine aurait été un peu tentée de faire, avouons-le, dans la majeure partie des cas. De la même façon, on voit également ce qui se passe à l'intérieur des murs du camps de cette étrange secte, c'est même ce qui nous éclaire sur sa nature car de l'extérieur, personne ne semble savoir de quoi il s'agit au juste. L'endoctrinement est explicitement montré sans chercher à nous faire nous demander ce qui se passe ou ce que le gourou peut vouloir. C'est vite évident et on ne cherche pas à maintenir artificiellement le mystère.

Le choix de The Cult est visiblement de ne pas perdre de temps dans les poncifs, et d'aller directement à son intrigue, sans nous prendre pour des benêts. La preuve en est : on comprend très bien ce qui se passe sans ça, en fin de compte.

Et du coup les faits sont là : l'intrigue avance rapidement. Sans que ce soit précipité néanmoins. Et on le remarque au fait que la donne change rapidement : au départ on avait un homme seul qui courait après ses fils qui étaient dans le camps. A la fin de l'épisode, plus rien de tout cela n'est vrai. Et les revirements de situation attendus (il y a probablement une taupe dans le groupe, les frères ne sont pas en sécurité dans le camps, on cache des choses...) sont vite exploités, au lieu de durer. C'est vraiment appréciable, et je ne suis pas sûr que le mérite en revienne uniquement au fait que The Cult soit bâti comme une mini-série.

C'est le genre d'expérience qui donne foi en la fiction télévisée. Parce qu'on a l'impression que la série se donne du mal pour faire quelque chose de personnel, au lieu de suivre, ce qui serait pourtant si commande, les codes éculés de son genre. Un thriller sombre avec une organisation mal intentionnée ? Ca semblait super facile de nous trimbaler un peu. Mais The Cult est réellement intelligente, et considère que ça nous conviendra très bien comme ça, sans jamais devenir pompeuse, en gardant une saine dose de questionnements et d'action, mais sans abuser jamais ni de l'un, ni de l'autre.

Le seul problème de The Cult, en somme, c'est qu'un épisode mette plusieurs jours à cagouler, ce qui est vraiment frustrant. Mais je pense pouvoir vivre avec cette frustration pour les épisodes restants, si c'est le prix à payer pour une aussi bonne série.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Cult de SeriesLive.

14 août 2011

Goosebumps

L'un des premiers films que j'aie vu et aimé (parce qu'entre nous, regarder Le Silence des Agneaux ou Elephant Man à 10 ans, ça ne marque pas les esprits dans le bon sens) était La Famille Addams. Et bien-sûr j'ai adoré le deuxième film dans la foulée.
Vous allez trouver ça idiot, mais à cause de mon adoration pour ces deux films, je n'ai jamais voulu regarder The Munsters. Pour moi, c'était une question de loyauté : j'étais pro-Addams, point barre. Jamais au point de m'enfiler les vieux épisodes, mais il n'empêche. Bon, ce n'était pas au point de militer ni rien, mais j'ai toujours passé mon tour devant l'opportunité de regarder cette série, pour cette raison.

Et puis, voyant l'insistance que Bryan Fuller met à adapter ce vieux sitcom pour le faire revenir à l'écran, j'ai quand même décidé de jeter un oeil à The Munsters.
Bryan Fuller. Hm. On se demande ce qui m'a convaincue.
Après deux épisodes de Friday Night Lights très forts en émotions, un pilote d'une vieille comédie rétro, ça ne pouvait pas faire de mal, après tout. J'allais regarder un truc un peu idiot pendant 20 mn et oublier le manche de pelle ensanglanté et la voiture empruntant la longue route sortant de Dillon sans me prendre la tête. C'est ce sur que quoi je comptais.

Munsters

Mais en réalité le pilote m'a vraiment plu. Bien-sûr ce n'est pas une comédie fulgurante et on retrouve pas mal de l'humour typique des sitcoms des années 60/70. En fait c'était moins niais que Ma Sorcière Bien-Aimée ou I Dream of Jeannie, par exemple. Bon, disons I Dream of Jeannie, parce que j'ai revu le pilote ya deux ou trois ans et qu'on peut décider que Ma Sorcière Bien-Aimée fait partie de ces séries que j'ai vues quand j'étais enfant et que j'en ai gardé un souvenir idéalisé, ça s'est déjà vu.

Le truc qui fait qu'aujourd'hui, la série a un peu vieilli, c'est essentiellement sa musique typique de ces années-là, et le jeu des acteurs. De ce côté-là il y a vraiment un côté oldies qui plaira à ceux qui, comme moi, aiment bien les vieilles séries, mais qui de toute évidence n'attirera pas un public qui estime que, hors l'humour des comédies modernes, point de salut (ce que personnellement j'ai tendance à trouver un brin borné, parce que si c'est drôle mais un peu vieillot, au moins c'est drôle quand même, et toutes les comédies modernes ne peuvent pas se vanter d'en faire autant, ne m'obligez pas à citer des noms).

Mais par contre, les dialogues sont bons. Et il y a de bonnes idées de gags. Personnellement j'ai ri franchement à trois ou quatre reprises, ce qui ne m'arrive pas souvent. Devant une série humoristiques, j'ai tendance à intérioriser le rire, je m'esclaffe rarement à gorge déployée, mais là j'ai explosé de rire trois ou quatre fois, ce qui en général est la preuve que je m'amuse vraiment et que, surtout, j'ai été surprise. Et finalement, la surprise dans l'humour, c'est devenu assez rare.

Il faut aussi admettre que, si on omet le grand-père (et pas juste parce que c'est un vampire, mais bien parce que l'acteur est plus porté sur le jeu physique auquel je réponds de façon plus variable qu'aux bonnes répliques), les acteurs sont plutôt bons, et en particulier les interprètes d'Herman et Lily qui offrent un tandem très sobre, pas du tout aussi caricatural que ce à quoi je m'attendais.
Les Munsters, à l'instar des Addams, ont ce grand naturel qui fait qu'ils n'ont pas vraiment l'impression d'être différents du commun des mortels, et ça peut être rendu de différentes façons dans une comédie. Là, ça reste très digne, ce qui prouve bien que toutes les vieilles comédies ne sont pas nécessairement grotesques, même quand elles partent évidemment du principe d'être regardables par toute la famille (là encore, assez peu de comédies aujourd'hui peuvent y prétendre ; et quand elles le prétendent, ce sont en général des séries Disney ou Nickelodeon que les parents regardent avec les enfants, et pas l'inverse, pour dire les choses pacifiquement).

Une bien sympathique expérience, qui maintenant me donne du carburant pour imaginer ce que Fuller peut vouloir en faire. D'autant qu'il a l'intention de ne pas en tirer une comédie (un pari risqué, mais je suppose qu'il ne doit plus s'imaginer mener une série au-delà d'une ou deux saisons maintenant...), mais par contre d'explorer un côté plus sombre, plus angoissant, et plus complexe, notamment en essayant de comprendre les origines de cette étonnante famille.
Ma foi, quand je regardais le pilote, je suis bien obligée d'admettre que je me suis demandé comment une goule pouvait être la fille d'un vampire et comment, de son union avec la créature de Frankenstein, était né un loup-garou. Et on est sûrs que Marilyn n'a pas été adoptée...? Que de mystères ! Je compte maintenant sur Fuller pour les éclaircir, et ça se trouve, je vais même bientôt regarder une série avec des vampires DE MON PLEIN GRE ! Si ce n'est cette année, ce sera pour la saison suivante, jamais deux sans trois ! Euh... sauf pour les séries de Fuller, il est vrai.

Et pour ceux qui manquent horriblement de culture : la fiche The Munsters de SeriesLive.

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