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ladytelephagy
29 octobre 2012

Fresh start

L'an dernier, à la rentrée, au rayon des séries de MTV, je regardais Death Valley. Ah ! C'était le bon temps... Cette année, MTV nous sort une série n'ayant rien de fantastique (au sens supernaturel du terme, j'entends) : Underemployed. Et soyons sincères, je ne suis pas dans la cible du tout.
Dans le cadre de notre désormais célèbre défi, whisperintherain publiera prochainement sa propre review, mais en attendant, voici la mienne.

Underemployed

Mon oeil traînait distraitement sur Twitter pendant que j'étais dans le métro, quand ma connexion a été interrompue. Drame quotidien. Mes yeux se sont alors arrêtés sur le dernier tweet qui avait bien voulu charger. Ce tweet disait que son auteur avait eu un coup de coeur pour Underemployed.
C'est là que j'ai réalisé le drame : un pilote US. Totalement accessible. Pas du tout regardé. Même pas cagoulé.
Mais qu'est-ce qui cloche chez moi ?! Je sais que je me traine une méchante crève pour la troisième semaine consécutive, m'enfin quand même ! Un pilote !

Je suis rentrée chez moi ventre à terre, et la première chose que j'ai faite en passant la porte, vous le devinez, a été de me procurer le pilote d'Undermployed.
Et puis il est resté quatre jours comme ça. Gros weekend, que voulez-vous.

Ce n'est finalement qu'hier que j'ai finalement regardé le pilote d'Underemployed. Je pourrais vous dire que c'est une grosse sensation de "tout ça pour ça" qui en a découlé, mais bien au contraire. J'ai adoré ce premier épisode.

Pourtant Underemployed ne semble pas vraiment avoir usé d'originalité. Son pitch rappelle par exemple énormément How to Make it in America, et, eh bien, c'est un peu un pilote de sinistre mémoire dans le coin. Le coup de la petite bande d'amis qui démarrent leur vie d'adulte dans la grande ville, apprenant au passage le sens des réalités, ça a été fait cent fois. Cent fois, vous dis-je.
La série commence donc alors que Sophie, Raviva, Daphne, Lou et Miles, finissent la fac et s'apprêtent à prendre le monde d'assaut. Chacun a ses rêves et ses espoirs ; enfin, quand on a à peine 20 ans, on appelle encore ça des projets. En tous cas, ils se voient déjà conquérir le monde, chacun dans son domaine, et conviennent que dans un an, ils se retrouveront et célèbreront ensemble leurs vies si réussies. C'est vraiment mignon, à cet âge-là. Le problème est évidemment qu'un an plus tard, la réalité s'est rappelée à leur bon souvenir, et leurs vies ne sont pas exactement telles qu'ils les avaient projetées. Mais fort heureusement, leur solide amitié ne les a jamais vraiment séparés (d'ailleurs, en-dehors d'un personnage, ils ont continué de se voir pendant l'année écoulée, deux d'entre eux vivent même en colocation), et ils peuvent se soutenir les uns les autres blah blah blah.

Et pourtant, Underemployed est capable d'être extrêmement sympathique à regarder. D'abord parce que plusieurs situations sont capables de sortir des clichés habituels, voire même, occasionnellement, de surprendre.
Ainsi, même si le principe de réalité est ce qu'il est, et les a empêchés de réussir à atteindre l'objectif qu'ils se sont fixés, nos amis rencontrent un sort variable. Autant Sophie, l'écrivain qui est certaine d'avoir en elle un immense roman, est vendeuse de donuts (c'était d'ailleurs une idée sympathique d'éviter un sort à la Diable s'habille en Prada, et lui faire prendre un boulot éloigné de ses talents), autant certains, comme Daphne, ont décroché un emploi dans le secteur qui l'intéresse mais à la condition d'être en stage non-rémunéré. Certains sont donc un peu plus près que d'autres de la "réussite" telles qu'ils l'ont définie au début de l'épisode. Au niveau des personnalités aussi, certains stéréotypes sont à la fois employés et renversés, et distribués en essayant de sortir de l'évidence, comme par exemple sur le sujet de l'homosexualité ou bien de la naïveté. Et évidemment, le personnage de Raviva nous promet une petite surprise, mais je vous laisse la découvrir car c'est avec délice que je l'ai laissée me prendre de court.

Mais l'atout numéro un d'Underemployed, c'est que, quel que soit le personnage, quels que soient le degré d'originalité de son intrigue ou les facettes de sa personnalité que nous découvrons dans cet épisode inaugural, tous les cinq sont très sympathiques.
Dans Underemployed, on aurait du mal à parler d'authenticité, tant certaines choses sont parfois exagérées, mais les personnages sont suffisamment charmants pour qu'on puisse en tous cas parler de fraîcheur. Ils sont attachants, ils fonctionnent bien en bande, la plupart sont intéressants de façon individuelle aussi, bref, ils sont plein d'énergie et donnent envie de passer un moment avec eux. On a tout de suite envie de se prendre d'affection pour eux.
Sophie et les autres ne sont pas les héros de Girls ; Underemployed emprunte des sujets sur une génération donnée qui sont intéressants, mais sans vouloir s'essayer au réalisme absolu pour les traiter. Il y a toujours des blagues, des grandes scènes de hugs collectifs, et quelques retournements de situation pas banals, à l'instar de Daphne qui négocie comme une reine son salaire (sauf que soyons honnêtes, personne dans la vraie vie ne ferait ça). Mais c'est pas grave. Toutes les séries n'ambitionnent pas d'être Girls, ça ne les empêche pas d'être une voix d'une génération. C'est clairement une fiction qui ne repousse aucune limite connue, aussi bien dans son thème que dans son traitement ; personne ne parlera d'un phénomène Underemployed.
Grâce à la façon qu'ont ces personnages d'exister, d'être pleins de vie, et de s'adorer les uns les autres, sans être absolument réaliste Underemployed aborde des choses assez peu évoquées à la télévision sur le passage à l'âge adulte, et ça fait illusion.

En fait, cette petite bande, armée uniquement de ses bonnes intentions, est avant tout chaleureuse. On ne veut pas vous inviter à vous interroger sur ce que c'est que d'appartenir à la même génération de jeunes qui entrent dans le monde adulte (ou consentent à faire légèrement semblant pour en réalité se consacrer à un matage soutenu de nombril), on veut vous inviter à faire le chemin avec eux, et parce qu'ils se soutiennent les uns les autres pendant la transition, que vous les souteniez aussi (ou même qu'ils vous soutiennent un peu si vous avez besoin d'une série pour ça ; dés fois que dans la grande ville vous n'ayez pas, vous, quatre copains pour le faire). Underemployed est une aventure un peu idéaliste sur des personnages un peu idéalistes. Même quand ils font des concessions, temporaires ou non, c'est en gardant leurs étoiles dans les yeux, et dans la bonne humeur, et ça fait sûrement chaud au coeur de voir ça, quand bien même ce n'est pas très réaliste ou authentique.
Mais Underemployed offre des situations et surtout des personnages d'une grande fraîcheur, efficaces en diable pour vous mettre un sourire aux lèvres quand bien même on y parle de convictions piétinées et de potentiel contrarié, à un point tel qu'une vieille conne telle que moi qui a passé le cap de ces changements est capable de trouver tout cela charmant. Ou peut-être à cause de ça, je sais pas en fait.

Alors du coup, je me suis dépêchée d'écrire ma review sur le pilote, parce que nom de nom, il faut que je regarde le deuxième épisode. Et celui-là, il ne va pas dormir quatre jours sur un coin de disque dur.
Je ne sais plus du tout qui a tweeté sur Underemployed il y a quelques jours. Qui que tu sois, je partage ton enthousiasme.

Challenge20122013

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23 octobre 2012

Le rire est ailleurs

A chacun ses méthodes. Lorsqu'il s'agit de vous parler d'un pilote, j'aime le faire aussi rapidement que possible après visionnage, et à la condition de n'avoir pas encore vu les épisodes suivants. Généralement, ça veut dire que si je n'ai pas pris le temps de vous parler d'un pilote que j'ai déjà vu, je n'ai donc pas vu la suite. C'est le cas par exemple pour Puberty Blues, que je tente de reviewer depuis quelques semaines maintenant, et dont je n'ai pas encore vu le deuxième épisode pour cette raison. Ma logique derrière cette règle personnelle (libre à chacun d'en penser qu'elle est absurde, évidemment) est que cela me permet de vous parler du pilote et juste lui, de ce que la série promet, de ce que la première impression produit. Je me réserve ensuite la possibilité d'écrire sur les épisodes suivants et/ou un bilan de saison, selon l'humeur et les choses à en dire, mais ce rituel des pilotes "nus" me semble précieux, à plus forte raison parce que je parle d'énormément de pilotes variés, souvent pour vous les faire découvrir s'ils sont exotiques, et que je ne pense pas que je parlerais correctement de la découverte potentielle que représentent certains épisodes si j'avais déjà en tête les développements qui suivent.
Le problème est que toute règle a ses exceptions. Dans le cas de The Neighbors, je partais sur la série avec un point de vue négatif, le pilote m'a laissée circonspecte, et j'ai fini par suivre les épisodes suivants sans avoir parlé du pilote dans ces colonnes, pour essayer de clarifier ma position à son sujet. Ce qui serait tout-à-fait acceptable, après tout (un cas de conscience similaire m'avait été posé par Girls, à un degré différent), s'il n'y avait pas le défi avec whisperintherain, consistant à reviewer chaque pilote. Même ceux pour lesquels on ne sait pas trop ce qu'on va dire.
Aujourd'hui est donc une exception : je vais vous parler d'un pilote que j'ai non seulement vu dés sa diffusion, il y a bien des lunes, mais pour lequel j'ai déjà suivi plusieurs épisodes. Mais, on l'a dit, j'aime bien réussir mes défis...

TheNeighbors

Le concept de The Neighbors augurait du pire comme du pire : des créatures étranges, qu'on confronte à notre bon mode de vie américain, et qui sont supposées nous faire rire avec un choc civilisationnel à peu de frais... Des idées comme ça, on en avait déjà vu quelques unes, et ça avait donné des horreurs du genre de Cavemen. C'est précisément avec cette idée bien arrêtée que j'avais lancé le pilote de The Neighbors, convaincue que le concept était mauvais jusqu'à la racine et qu'il ne pouvait rien en sortir de bon. A cela encore fallait-il ajouter le handicap Jami Gertz (si vous n'avez jamais vu Une Famille Presque Parfaite, vous ne pouvez pas comprendre l'ampleur de l'horreur), et, osons le dire parce qu'on y est tous quand même un peu réceptifs, aucun autre nom, derrière ou devant la camera, qui ne donne vraiment confiance.
Au temps pour mes espoirs de neutralité, envoyée ici au tapis.

Dans le fond, je crois que je m'étais convaincue à un moment, et allez savoir comment puisque je ne regarde aucun trailer, que The Neighbors serait une sorte de comédie grossière, maladroitement filmée en single camera mais reposant sur les réflexes des pires sitcoms en multi-camera, reprenant les clichés sur la vie d'une famille de banlieue, comme une façon nouvelle de filmer, je sais pas moi, disons According to Jim (si vous n'avez jamais vu According to Jim, vous ne pouvez pas comprendre l'ampleur de l'abomination).
Les premières images m'ont en réalité à peine détrompée. L'arrivée de ces étranges voisins sur Terre semblait caricaturale, et les blagues n'étaient pas très fines. L'arrivée de la famille humaine dans leur petit quartier résidentiel (sur un court de golf) ne répondait pas tellement plus à mes interrogations.

Pourtant, quelques choix ont commencé à me mettre dans de meilleures dispositions, progressivement. Le fait, d'abord, que l'identité secrète des voisins de l'étrange ne soit pas connue que des spectateurs, mais au contraire, rapidement dévoilée aux protagonistes humains. Voilà qui aurait, sans nul doute, été à l'origine de nombreux scénarios pénibles sur la nature réelle qui manque in extremis d'être découverte une semaine sur deux, ou, au contraire, les démonstrations d'ingéniosité des extraterrestres pour ruser et berner leurs voisins trop bêtes pour voir ce qui est sous leurs yeux. L'épisode inaugural tentera quelques plaisanteries sur le mode "ils doivent être Européens", mais la résolution rapide du mystère des origines du quartier coupera court à ces blagues éculées, par exemple.
Avantage corollaire, les humains ne sont donc, dans The Neighbors, pas des imbéciles : certes, la situation les effraie initialement, et à juste titre, leur faisant perdre temporairement leurs moyens, mais ils ne font pas complètement honte à leur espèce et font montre de facultés d'adaptations louables.

Les excentricités de ces voisins venus d'ailleurs sont parfois peu originales, je le maintiens, mais ce n'est pas lourd non plus et c'est ce qui présente des avantages certains.
Ainsi, ce qui va devenir un effet récurrent est souvent efficace : la communauté d'extraterrestres habitant l'enclave a tendance à être très soudée, et à se regrouper pour toutes sortes d'activités des plus anodines, comme dans ce pilote, venir souhaiter la bienvenue aux nouveaux-arrivants. Certains passages du pilote de The Neighbors ont presque des airs de Suburgatory (si vous n'avez pas vu Suburgatory, vous ne pouvez pas comprendre l'ampleur de la déception), dans la façon de mettre en place un univers à la fois résolument familier et un décalage loufoque tentant de passer pour une norme locale.

Finalement, l'épisode s'oriente vers une comédie mettant en scène deux couples, deux façons de fonctionner, qui vont sympathiser malgré tout, et que l'un de ces couples manque de sacrifier son dernier-né afin de pouvoir contacter la planète-mère n'est finalement qu'un à-côté. Rapidement, les hommes plaisantent entre eux, les femmes entre elles, dépassant leurs différences, se confrontant au regard de l'autre ; ça ne donne pas nécessairement des histoires foudroyantes, mais au moins les dialogues valent le coup, le ton souvent peu expressif ou lunaire des voisins accentuant l'absurde de certaines conversations.
The Neighbors n'est pas la catastrophe annoncée. Au stade du pilote, toutefois, ce n'est pas non plus une grande réussite. Sans être l'abomination que je craignais, la série manque d'énergie, et à plusieurs reprises, elle prouve aussi que son cast manque régulièrement de charisme, notamment chez les humains où personne ne se donne beaucoup de mal (porter le rôle de repère de la normalité n'aide évidemment pas ce phénomène). Il manque à The Neighbors quelque chose, une étincelle, qui provoque l'hilarité, et donc le coup de foudre ; on en est même très loin.
Difficile pour The Neighbors d'offrir quelque chose du niveau par exemple de Raising Hope, référence absolue des séries à l'humour increvable de ces dernières années (si vous n'avez pas vu Raising Hope, il faut vous y mettre).

Fort heureusement, avec le recul, et puisqu'une fois n'est pas coutume j'en ai au moment de rédiger cette review de pilote, il faut admettre que The Neighbors a quelques tours dans sa manche par la suite, y compris, ponctuellement, dans le domaine de l'émotion, et j'étais la première surprise. Sans être non plus extra-touchante (pardon), la série parvient à donner corps à des personnages pas tout-à-fait unidimensionnels et sympathiques. Quelques bonnes idées attendent les spectateurs patients par la suite, rattrapant des intrigues souvent peu motivantes sur le papier, mais relativement bien troussées (je pense par exemple à l'épisode dans lequel des amis du couple viennent les visiter dans leur nouveau voisinnage), montrant que, même s'il manque quelque chose à The Neighbors, ses auteurs tentent des choses et, parfois, les réussissent vraiment. Ce n'est pas la norme dans les épisodes diffusés jusqu'à présent, où beaucoup de scènes se regardent d'un air blasé, mais quand ça se produit, ça fait plaisir.

Clairement, The Neighbors n'est pas mon coup de coeur de la saison, loin s'en faut. Mais je crois que ce qui m'avait laissée certes rassurée, mais pas complètement convaincue à l'issue du pilote, en fin de compte : on s'y fait. On admet qu'on ne se tordra pas de rire. On admet aussi que ne pas se tordre de rire devant une comédie ne signifie pas qu'elle est nulle. The Neighbors ne nous prend pas pour des spectateurs auxquels il faudrait bourrer le mou avec des ingrédients, des gags et des personnages ridicules, et c'est toujours ça de pris. Après, je ne sais pas s'il faut vraiment laisser du temps à cette série, qui confirme dans ses épisodes suivants les mêmes mollesses, les même maladresses, que dans son pilote ; si ce dernier ne vous rebute pas après visionnage, sachez qu'il y a peu de chances pour que vous développiez une profonde aversion pour la série dans les épisodes qui suivent. En revanche, si vous êtes en quête d'un moment de drôlerie absolue, et que le pilote ne vous décroche pas même un rictus fatigué, changez de crèmerie.
Mais ça se trouve, sur Zabvron, les spectateurs sont pliés en quatre, on sait pas.

Challenge20122013

22 octobre 2012

C'est grave, docteur ?

En matière de téléphagie, une qualité essentielle est la résilience : ce n'est pas parce qu'un pilote et/ou une série sont mauvais, qu'il faut se laisser abattre et perdre tout espoir. D'autres pilotes, d'autres séries attendent, et seront mieux. Peut-être. Mais si on ne dépasse pas les mauvaises expériences, comment aller vers les bonnes ? Oui, la CW m'a maltraitée ce weekend avec le pilote de Beauty and the Beast, est-ce une raison pour snober un autre pilote ce soir ? Ca se trouve, il est bon !
whisperintherain connaîtra, à son tour, ce sentiment, et dés qu'il aura parlé de la série, vous trouverez au bas de ce post un lien vers sa propre review ; alors n'hésitez pas à revenir plus tard pour comparer notre capacité à nous remettre de nos traumatismes téléphagiques, dans l'espoir toujours de trouver mieux.
On appelle aussi ça de l'inconscience.

EmilyOwensMD

L'hôpital, c'est tout comme le lycée. Vous savez ce qui est également tout comme le lycée ?
Le lycée.

Ce n'est peut-être que moi, hein, mais si vous avez besoin de répéter pendant plus d'un tiers de votre pilote (via la voix-off de l'héroïne ET un cas rencontré) combien l'hôpital, c'est comme le lycée, peut-être qu'il faut arrêter les frais, peut-être que le concept n'est pas assez fort par lui-même, et surtout, peut-être qu'il faut arrêter de chercher à le vendre sur une cible si spécifique. Les adolescents (public de base de la CW même si avec des Arrow ou des Nikita, ça a tendance à se modifier) ont assez peu de chances de se sentir concernés par l'univers hospitalier. Ca ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas l'apprécier (combien d'entre eux regardent Grey's Anatomy, après tout ?), mais ça veut certainement dire que l'identification ne jouera pas. Alors il est inutile de mener une guerre perdue d'avance.

Pourtant, courageusement, Emily Owens, M.D. va s'acharner sur sa comparaison. L'hôpital c'est comme le lycée. Il y a des profs froids, des profs sympas, des bullies et des types sur lesquels on flashe. C'est comme le lycée ! Vos rapports avec vos parents conditionnent la façon dont vous travaillez. C'est comme le lycée ! Vous êtes là pour apprendre, mais vous êtes tellement certains de tout savoir que vous ne prêtez l'oreiller qu'en cas d'absolue nécessité. C'est comme le lycée, on vous dit !

J'ai un secret à vous confier sur le lycée : je l'ai quitté il y a 12 ans. Du coup, pour les séries médicales, je peux être dans la cible ; pour les séries adolescentes, pas tellement.
Oh naturellement, pour moi non plus l'identification n'est pas un pré-requis, loin de là. Mais c'était la seule option qui restait, alors qu'Emily Owens M.D. donnait également dans un autre genre qui m'attire peu : la comédie romantique. Si ça m'intéressait, je regarderais encore Grey's Anatomy, puisque la comparaison est difficile à ne pas faire.

Le problème d'Emily Owens M.D., c'est que la comparaison avec le lycée est la seule chose qui lui apporte vaguement de l'originalité.
Je ne sais pas pourquoi tant de séries optent pour un personnage central gauche, par exemple ; je comprends l'efficacité du procédé, il n'est d'ailleurs pas éloigné de celui qu'on évoquait avec TOKYO Airport et les séries japonaises à vocation professionnelle, mais il est tellement suremployé qu'à un moment il faut opter pour autre chose. On peut très bien trouver un personnage qui ne soit pas antipathique mais qui soit un peu sûr de lui, par exemple ; ce pilote tentera désespérément d'en mettre en place deux (également des personnages féminins, comme quoi rien n'est impossibles), mais ils sont bloqués dans la zone des personnages secondaires sur lesquels Emily peut s'appuyer pour avancer. On aimerait bien qu'elle s'assume un peu plus mais on n'est pas tombés dans la bonne série.
Peut-être que si, juste une fois, on suivait une Christina Yang ou une Cassandra Kopelson, on accepterait plus facilement de vivre perpétuellement dans le même univers, pourvu de le voir avec un regard nouveau. On pourrait explorer les fragilités du personnage, ses premières déconvenues, ses incontournables bourdes, mais on éviterait de proposer encore et toujours le même regard naïf, limite un peu gros bêta, sur l'univers médical et/ou amoureux, qui semble être devenu la norme dans tant de séries de ce type. Pas étonnant qu'à côté, j'ai moins de grief à formuler contre le personnage central de The Mob Doctor : quels que soient les défauts de la série, au moins son héroïne a des tripes et du répondant.

Enfin bon, on n'est jamais gagnants à comparer les navets entre eux, de toute façon. Clairement, Emily Owens M.D. voulait faire du Grey's Anatomy pour la CW, c'est très exactement ce qui a été fait, et c'est très exactement la raison pour laquelle la série n'avait aucune chance avec moi.

...Mais c'est pas grave ! Résilience. Demain est un autre pilote.
Challenge20122013

21 octobre 2012

Dans l'oeil de celui qui regarde

Il y a des jours où ce challenge avec whisperintherain commence à me courir sérieusement. Hasard ou coïncidence, c'est quand je dois m'envoyer le pilote d'un remake fait par la CW et comptant Kristin Kreuk au générique que j'attends le plus facilement les limites de ma patience. Allez comprendre. Autant vous prévenir, donc, j'étais de très mauvaise humeur quand j'ai lancé le pilote de Beauty and the Beast, et ça ne s'est pas arrangé ensuite ; ce post est donc là essentiellement pour remplir ma part du challenge, mais je n'ai éprouvé aucune sorte d'intérêt à le rédiger.
Du coup, si vous décidez de ne pas le lire, et de directement cliquer au bas de ce post pour atterrir chez l'ami whisper, bah je ne vous en veux pas du tout. Si j'avais pu, j'aurais fait pareil.
Mais voilà, j'aime bien aller au bout de mes défis.

Beauty

Mon Dieu que cette affiche est laide.
Non, je sais, ce n'est pas le propos de ce post, mais enfin, chaque fois que j'ai trouvé cette affiche quelque part, elle avait systématiquement ces traces de désaturation localement resaturée, ce qui fait comme des taches de vin sur les visages des deux héros, c'est juste ridicule. Vraiment, je ne comprends pas comment on peut être aussi mauvais avec Photoshop ; même moi qui ne suis pas un génie, j'arrive à faire mieux. Il y a des séries qui tendent le bâton pour se faire battre ; rien ne rattrape un peu le niveau dans Beauty and the Beast, c'est atroce.
Pardon pour ce bref intermède, mais vraiment, le niveau de foutage de gueule est tel que c'est difficile de ne pas râler.

Bon, alors, le pilote de Beauty and the Beast, donc. Je vous préviens ça va aller très vite, je ne l'ai pas vu en entier. Ah non hein, c'était hors de question ! Je suis peut-être masochiste, mais pas suicidaire ; à un moment il faut poser des limites, quoi. Sincèrement, c'est insupportable de devoir se cogner des horreurs pareilles. Quand je vois Beauty and the Beast, je préfère presque regarder un deuxième épisode de The New Normal, pour vous donner un ordre d'idée.

Peut-être qu'il y a une part de mauvaise foi de mon côté. Peut-être que, La Belle et la Bête faisant partie des toutes premières séries que j'ai regardées (et ce même si aujourd'hui mes souvenirs en sont plutôt flous, en-dehors du pilote que j'ai revu ces dernières années), j'avais un a priori négatif sur ce remake ; c'est même très problable. Mais ce qui n'arrange rien, c'est que ce même remake soit absolument pourri, que ses deux acteurs principaux se soient lancés dans un concours de transparence (on peut difficilement dire que Kristin Kreuk nous ait jamais ébahis, eh bien c'est pareil pour Jay Ryan qui n'a jamais été le point fort de Go Girls de son côté), et que l'intrigue soit molle au possible.

Tous les remakes ne sont pas coupables par définition, certains sont potables, il doit même y en avoir quelques uns de bons (aucun ne me vient à l'esprit là tout de suite, mais comme je l'ai dit, je suis de mauvaise humeur), mais il faut y mettre un tant soit peu du sien.
Beauty and the Beast n'était pas obligée de redire la même chose que son aînée, de la relation de Catherine et Vincent il y a 25 ans au monde incroyable des tunnels de New York, beaucoup d'éléments n'étaient pas obligés d'être conservés. Toute vieille conne nostalgique que je sois, je suis capable d'admettre que ce que j'ai aimé dans une série qui est remise au goût du jour, je ne le trouverai pas nécessairement dans sa nouvelle version. La nostalgie n'est de toute façon jamais vraiment comblée par un remake ; sur ma liste de Noël de cette année, il y aura l'intégrale de La Belle et la Bête, comme ça c'est réglé.
Mais cette nouvelle mouture avait l'obligation d'essayer de faire de son mieux pour apporter quelque chose qui donne envie de la regarder. Or, si ni l'intrigue, ni les protagonistes, ni le contexte n'ont d'intérêt, que reste-t-il ? Il reste une prétendue romance entre une jeune femme fade et la créature soi-disant pas très esthétique qui souhaite la protéger.

Alors parlons-en, de la romance. Vous le savez, je ne suis pas intéressée par 99% des romances en séries ou en films. Eh bien je crois que je comprends pourquoi quand je vois ce pilote : parce que, à l'instar de Beauty and the Beast, on n'a aucune idée de pourquoi les personnages s'aiment. Ils le font uniquement parce que ça s'est présenté comme ça, que les scénaristes avaient besoin d'une romance, et que vogue la galère.
Que peut bien aimer Vince chez sa dulcinée ? Bon, elle est belle, soit, admettons. Génial, ça doit lui faire plaisir à Catherine : tu fais du 34 et des mecs t'aggressent, DONC Vince tombe sous ton charme. Ca doit lui aller droit au coeur. Pire encore, Catherine n'est fascinée par Vince que pour une seule raison : il l'a sauvée ! On pourrait presque parler de reconnaissance du bas-ventre, pour un peu. Ils ne connaissent rien l'un de l'autre, mais juste parce qu'il s'est passé un truc il y a 9 ans, paf ! Allez, on va faire en sorte qu'ils soient attirés l'un par l'autre à leur corps défendant. Ce n'est pas romantique. Ce n'est même pas intéressant. C'est purement gadget. Il n'y a aucune forme d'émotion.
Mais si c'est pire ici, c'est parce que la Belle n'est même pas belle et que la Bête n'est même pas monstrueuse (comme 712 personnes avant moi l'auront sans doute dit). Où est l'enjeu ? Pourquoi la Bête ne vit-elle pas au grand jour ? Où est la dimension d'un amour impossible et/ou dépassant les limites de la société ? Pourquoi la Belle et la Bête ne prennent-elles pas un loft ensemble à Brooklyn ? Bon, je veux bien que les Américains ne connaissent pas Ribéri, mais franchement, il y a bien pire que Vince dans les rues de New York...

Alors, je n'ai jamais vu Twilight, je n'ai aucune intention de m'y mettre, mais Beauty and the Beast est exactement ce que j'imagine que Twilight doit être, à condition de l'accoupler avec un épisode des Experts.
Pardon pour cette surenchère d'images mentales d'une grande violence... mais pour vous exprimer mon dégoût, il fallait bien ça.

Challenge20122013

18 octobre 2012

Sans prendre de gants

Lorsqu'on commence une série, en règle générale, les premières images nous permettent de nous adapter : commencer un pilote, c'est comme se retrouver dans une pièce plongée dans le noir, et progressivement apprendre à deviner les contours des meubles à mesure que les yeux s'habituent. En règle générale, les premières épisodes d'un pilote sont là pour nous expliquer où on est, avec qui ; il peut y avoir de l'action, il peut y avoir de la simple description, il y a très souvent un mélange des deux, mais le point d'orgue, le moment-choc, s'il y en a un, n'intervient pas tout de suite. En règle générale, un pilote attend le générique, ou ce qui lui tient lieu de, pour vous river à votre siège, il estime qu'il a besoin de mettre un contexte avant de faire sa démonstration de force.
En règle générale.

Les premières images de Torka Aldrig Tårar Utan Handskar ("ne pas essuyer de larmes sans porter de gants") sont l'exception qui confirme la règle. La première image est plutôt atroce. Et par "plutôt", je veux dire "absolument". C'est l'image de la souffrance la plus extrême. Et les suivantes ne sont pas plus réconfortantes, autant être tout de suite clair là-dessus.
Pour prendre la mesure de cette ouverture d'épisode très dure, et comme je me doute que vous n'allez pas regarder Torka Aldrig Tårar Utan Handskar dans l'immédiat (même si apparemment d'aucuns bossent sur des sous-titres...), j'ai donc pris sur moi de vous mettre l'extrait en ligne : cliquez sur l'imagette et le lien cherra. Je précise que c'est une séquence dépourvue de dialogues, donc vous pouvez vous passer des sous-titres pour le moment.

TorkaAldrigTårarUtanHandskarPour ceux qui n'aiment pas Uploaded, miroir sur RapidShare.

On peut dire que cette séquence d'ouverture est une véritable profession de foi quant au ton de la série : non, rien ne nous sera épargné.

Je vous rassure, tout l'épisode ne ressemble pas à ça (ni au final de Corky), toutefois. Car le véritable inconvénient de Torka Aldrig Tårar Utan Handskar, c'est que cette séquence est suivie de flashbacks, car non, non même en Suède, vous n'éviterez pas les flashbacks. Car de cette situation dramatique, nous allons vouloir connaître les origines. Comment en est-on arrivés là ?
Eh bien, laissez-moi vous présenter deux garçons, Benjamin et Rasmus. Ils ont grandi dans les années 70 et les voilà, jeunes adultes, au début des années 80. Tous deux se cherchent, chacun à sa façon : Benjamin vit dans une famille stricte et rigoureuse, Rasmus, un peu moins. Benjamin découvre qu'il est homosexuel parce qu'on le lui révèle à un moment où il faisait tout pour ne pas y penser, Rasmus commence par aller vivre chez sa tante à Stockholm et essayer de fréquenter les lieux "gays" du moment. Benjamin est encore puceau, Rasmus apprend à jouer de son charme pour commencer à trouver des coups d'un soir. Et ils sont tous les deux là, dans la grande ville, et on sait qu'ils vont se rencontrer, et on devine. Mais ça prend du temps parce qu'on veut vous expliquer d'où il viennes et de comment ils en sont arrivés à accepter qui ils sont, dans une Suède qui a 30 ans de moins que celle que nous connaissons (un peu).

La maladie n'entre pas tout de suite dans leur vie. Ou si elle le fait, ils ne la voient pas (on aura à ce sujet une séquence qui tord le coeur, alors que Rasmus se donne à un type dont il ne s'effraye même pas qu'il ait des plaques sur le corps). Et c'est normal, c'est l'époque qui veut ça. J'ai lu que le premier Suédois à avoir succombé au SIDA était mort en 1983, la première personnalité suédoise à avoir admis avoir le SIDA l'avait fait en 1987 (rappelons que Rock Hudson est mort en 1985, et encore, les USA c'est loin), vous voyez le tableau.
Mais justement la série nous replonge dans le climat d'ignorance de l'époque, et le mot AIDS ne sera, sauf erreur de ma part, pas prononcé de tout l'épisode. Pas même dans la scène d'ouverture. C'est, à bien des égards, une période d'insouciance, et Torka Aldrig Tårar Utan Handskar va justement en profiter pour nous montrer qui sont les deux héros, comment ils se découvrent, se vivent, s'acceptent, l'un avec plus de mal que l'autre, avec ce que cela comporte de joies et de nervosité, mais jamais d'inquiétude. Ils sont jeunes et pensent avoir toute la vie devant eux, une vie dans laquelle ils cherchent leur équilibre...
C'est de cela dont il sera essentiellement question dans le premier épisode de la série. Le procédé a ses bons côtés, mais aussi ses lenteurs un peu bavardes, et j'avoue que même une adepte de la VOSTM (et une débutante en Suédois) comme moi a parfois dû faire une pause pour essayer de comprendre ce qui venait de se dire : les sous-titres seront vraiment les bienvenus.

Si la mini-série reprend la structure des romans de Jonas Gardell dont elle est l'adaptation, et apparemment c'est ce qui est prévu, le deuxième épisode devrait être autrement plus explicite sur le sujet de la maladie, et le troisième alors, n'en parlons pas. Pour le moment c'est difficile à définir, d'une part parce que la trilogie de romans n'est pas intégralement sortie (le premier opus est paru cet été, le second est prévu pour début 2013 et le troisième au printemps), et d'autre part, parce qu'elle n'est pas traduite. C'est d'ailleurs assez incroyable que SVT lui ait commandé à l'auteur une adaptation de sa propre trilogie alors que celle-ci n'est pas encore commercialisée en intégralité.

En tous cas il ne fait aucun doute que le sujet, bien que difficile, est bien traité. Même si on peut se dire que certaines choses sont un peu cliché (sauf que justement, si on se remet dans le contexte, elles ne l'étaient pas !), on reste dans une série dramatique puissante, réussie, et extrêmement touchante. Il faut aussi souligner la performance d'Adam Pålsson (Rasmus), qui est absolument fascinant, et mérite tous les Kristallen possibles et imaginables : rendez-vous est pris pour la prochaine cérémonie.

Mais, alors que deux de ses trois épisodes ont été diffusés à l'heure actuelle en Suède, je trouve que ce qui entoure la série est au moins aussi intéressant que la mini-série elle-même.
Songez donc : les scores d'audience des deux premiers épisodes sont presque aussi bons que ceux de l'autre succès suédois de 2012, je veux bien-sûr parler de 30° i Februari, puisque le premier épisode de Torka Aldrig Tårar Utan Handskar, diffusé le 8 octobre au soir, a réuni 1,24 million de spectateurs, et que l'épisode de ce lundi 15 n'a pas perdu grand monde, avec 1,21 million de fidèles. Ce qui signifie que ce premier épisodes n'a pas rebuté beaucoup de monde, a priori. Pour comparaison, le premier épisode de 30° grader i Februari avait démarré avec 1,45 million, finissant la saison pour 1,2 million également... mais avec un sujet bien plus mainstream. Rappelons que la Suède compte environ 9 millions d'habitants seulement !
Le plus surprenant, c'est donc que la série n'est pourtant pas à mettre devant toutes les paires d'yeux : on peut entre autres voir rien que dans ce pilote (certes brièvement, mais clairement) un penis en érection au cours de ce premier épisode, une scène de sexe (bon, planquée sous les couvertures), des séquences de racolage limite prostitution, plus bien-sûr la scène ci-dessus... et c'est du primetime ! Torka Aldrig Tårar Utan Handskar est diffusée le lundi à 21h !
Oui, en Suède, une série sur l'homosexualité peut faire aussi bien qu'un drama familial, sur une chaîne publique, et en primetime. Et toc. Je trouve que c'est une donnée très intéressante, qui présente un saisissant contraste avec les séries aux USA dont le thème est l'homosexualité, et qui, généralement, se contentent de raconter leurs histoires sur le câble, comme ça, discrètement, entre soi ; par exemple, il est difficile d'éviter la comparaison avec Angels in America, mais qui imagine Angels in America sur un network ? Certainement pas moi.
Avec tout ça, je suis d'ailleurs étonnée de n'avoir pas du tout vu la presse gay parler de ce phénomène (le site de Tetu, par exemple, ne sort aucun résultat ni pour le titre de la série, ni même pour l'écrivain et scénariste Jonas Gardell).

Cette mini-série, diffusée qui plus est à l'automne alors que généralement, les mini-séries de SVT sont diffusées au coeur de l'hiver (c'était par exemple le cas d'une autre série historique l'an dernier, Hinsehäxan), était un absolu pari. De A à Z. Et au final, malgré ses légers défauts, elle s'avère être immense.

La fiction scandinave a encore frappé, et c'est un méchant crochet du droit dans la mâchoire, avec ça.

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18 octobre 2012

Des tweets et du poulet

C'est une affaire entendue : whisperintherain et moi faisons le possible pour remporter le pari de cette saison, regarder et reviewer chaque pilote. Une mission qui a ses hauts et ses bas, on a pu le voir ensemble depuis deux mois et quelques que nous avons commencé, mais qui apporte aussi d'excellentes surprises (comme en témoigne mon planning téléphagique personnel, colonne "Canada"). Mais certains jours, il convient de se faire rappeler à l'ordre. C'est le cas de l'ami Toeman, qui m'a relancée au sujet de la mise à jour du Pilot Watch (je sais, je sais, je suis en-dessous de tout !) qui date d'il y a un bon mois, et qui ne prend pas en compte des dates pourtant mentionnées dans mes posts ou dans mes commentaires. Exemple : . Alors gloire en soit rendue, aujourd'hui, à Toeman, car si j'ai vu le pilote de The Strange Calls rapidement après sa diffusion, c'est en grande partie grâce à lui (il m'a même dit où le trouver). Et il l'a reviewé à la vitesse de l'éclair par-dessus le marché !
Voilà, lisez-moi ça, et puis moi pendant ce temps, je retourne me fouetter pour n'avoir pas encore écrit la review de Puberty Blues alors que la première saison est finie, ou de House Husbands alors que la saison touche à sa fin dimanche. Bad, bad lady !

TheStrangeCalls

The Strange Calls, mise en chantier pour la chaîne publique ABC2, est en effet un petit... ovni. La série fantastique est en effet conçue pour être multiplateforme, prenant avantage des réseaux sociaux et créant un univers sur le net qui offre un complément vis-à-vis des épisodes diffusés ; qui plus est, même si seulement 6 épisodes sont prévus pour la télévision, des webisodes sont apparemment également prévus.

Alors, au fait, ça parle de quoi ? Eh bien d'une petite bourgade bien tranquille, appelée Coolum, dans laquelle l'officier Banks (incarné par Toby Truslove, héros d'Outland un peu plus tôt cette année, qui a donc remplacé l'univers de la SF par le fantastique) est muté à son corps défendant à l'initiative de son père, haut gradé. Banks sera en charge, désormais, de la permanence nocturne de la police locale, dont les bureaux sont installés dans une vieille caravane (accessoirement c'est aussi là qu'il va être hébergé). Coolum a toutes les apparences du trou paumé, ce qui est difficile à avaler pour notre héros, mais quand vient la nuit, des évènements étranges s'y produisent. C'est en tous cas ce qui lui affirme un vieil homme qui s'est autoproclamé gardien des nuits de la ville, et qui a décidé d'emblée que Toby allait le suivre dans les passionnantes aventures qu'il vit en se lançant sur la piste des appels étranges reçus à la permanence.

Le pilote rappelle la structure et le ton de séries comme Eerie, Indiana, à la différence près que The Strange Calls ne cible pas uniquement le jeune public. Les évènements qui se déroulent à Coolum sont bizarres, cocasses, limite ridicules, mais totalement assumés en tant que tels.
C'est grâce aux deux personnages principaux que le pilote de The Strange Calls conserve en fait sa crédibilité. D'une part, on a Toby, qui outre le fait qu'il débarque à Coolum, a aussi une vie personnelle compliquée (sa copine n'est même pas venue lui faire ses adieux avant son départ pour sa nouvelle affectation, c'est son père qui l'a muté...), et qui endosse le costume de sceptique de la série. Il est plongé dans ce monde débile, et il le sait, que c'est absurde. Et il le dit. Cela évite du coup au spectateur de le faire, et ses excès (comme sa petite colère en cours d'épisode) permettent même de mettre cela sur le compte de son tempérament grognon, quand bien même on puisse comprendre que son nouveau poste ne l'enchante guère. Mais surtout, c'est le vieux Gregor qui donne à The Strange Calls toute sa saveur. Au terme du seul pilote, difficile de déterminer si ce vieux filou est réellement convaincu qu'il se passe des choses incroyables à Coolum... ou si tout simplement, il est en quête d'aventure et d'excitation. Ce vieil homme survolté (qui prétend avoir 47 ans, alors qu'il en fait 80 selon ce pisse-froid de Toby, et 65 selon moi qui suis nulle pour deviner l'âge des gens) est tout simplement ravi d'avoir un jeu ET un compagnon de jeu, les mystères de la vie nocturne de Coolum n'étant visiblement qu'un prétexte pour lui.
Et du coup, comme lui non plus ne prend pas vraiment tout cela au sérieux (point ici de dynamique Mulder et Scully), The Strange Calls ne se fait pas passer pour ce qu'elle n'est pas, et on s'amuse pendant une petite demi-heure des étrangetés de Coolum.

Alors, et côté interactivité, me direz-vous ? Eh bien, The Strange Calls se défend très bien.
D'abord parce qu'il y a un véritable parti-pris : celui de faire en sorte que ce qui se passe sur internet semble être le fait de Gregor. Ainsi, le site supposé officiel de la série est en fait son site personnel : la page "About" parle de lui, pas de la série, on y trouve un vlog qui est en fait une façon de regrouper les webisodes, et ainsi de suite.
Mais surtout, c'est le compte Twitter de Gregor qui réussit particulièrement bien cette entreprise, parce que l'utilisation de Twitter est totalement intégrée DANS l'épisode ! A plusieurs reprises, on le verra ainsi prendre des photos, soulignées par l'utilisation d'un petit effet sonore renforçant encore l'absurdité du moment... lesquelles sont postées pendant la diffusion sur le compte Twitter (les doutes de Gregor quant à l'orthographe d'un mot sont mentionnés à un passage de l'épisode ; je ne vous mets pas de lien, c'est spoiler) ; ou encore, dans les scènes où le personnage de Gregor n'apparait pas, on peut le voir interroger ses followers :

Evidemment, pour le public australien, cette interactivité joue beaucoup mieux son rôle que lorsque nous, pauvre téléphages français, devons attendre de cagouler l'épisode puis le regarder, probablement en soirée, en tous cas certainement pas un mardi à 21h30 heure locale ! Reste que cette initiative est fort bien employée, et que la réactivité du compte Twitter est impeccable : il ne s'agit pas juste de tweeter un message à l'heure dite, Gregor nous répond, nous follow, bref, il existe !
La dimension supplémentaire de ce compte Twitter est aussi que, le reste du temps, entre deux épisodes donc, Gregor solliloque sur diverses bizarreries qui piquent sa curiosité, permettant ainsi d'approfondir le personnage, ou en tous cas, d'aller plus loin dans la connaissance de ses centres d'intérêt ou son humour, sur lequel repose énormément la série, après tout.

Alors, si du point de vue de l'histoire à proprement parler, The Strange Calls n'a pas inventé la poule la poudre, et que son étrange intrigue fantastico-policière ne donne pas nécessairement dans un registre propre à provoquer le moindre frisson (et pourtant, je suis une grande peureuse), quand on regarde globalement ce qui se passe autour de la série, on finit par avoir un petit évènement bien de saison même si Halloween, en Australie, ça tombe... au printemps, divertissant et bien troussé.
The Strange Calls ne sera pas la série de l'année, donc, mais on s'en fiche : ça ne durera que 6 épisodes !

Allez hop, un pilote australien de fait. Plus que Puberty Blues, House Husbands, Jack Irish et... ouh, j'ai la tête qui tourne.


Challenge20122013

15 octobre 2012

See lady throw-up

Alors, on pensait que la rentrée c'était l'éclate ? whisperintherain et moi sommes au contraire en train de flirter avec la démence. Le problème, ce n'est pas tant de regarder TOUS les pilotes, aha, non. Ce n'est pas non plus de TOUS les reviewer, non. Ce n'est même pas d'essayer de concilier ce défi avec notre calendrier téléphagique normal, nan... Le pire, c'est de se cogner des bouses odieuses et de ne rien pouvoir y faire. Et comme on a déjà mis un joker sur The Rickey Smiley Show, à un moment, on ne peut plus y couper.
Sans transition, la review de See Dad Run.
Que, comme je suis toujours malade, je vais faire courte, aussi veuillez pardonner par avance ma flemmingite aiguë. Une pensée pour whisper (dont le post sera lié au bas de celui-ci comme c'est désormais la tradition) qui devra également passer par cet exercice.

SeeDadRun

SeeDadRun-Exorciste

...Merci de votre attention.

Challenge20122013

13 octobre 2012

The color of money

Suite de notre challenge sur les pilotes de la saison ; whisperintherain et moi nous trouvons tous deux dans la position où ce challenge ressemble au tonneau des Danaïdes, mais ça devrait finir par se tasser. Je crois. En tous cas cette semaine, deux pilotes de la CW nous attendaient et, eh bien, quand il faut y aller, il faut y aller.
Lançons-nous donc dans celui qui a la meilleure réputation des deux, avec Arrow. Comme toujours, la review de mon camarade whisper sera en lien au bas de ce post sitôt qu'elle sera rédigée.

Arrow

Il y a eu une époque où la télévision américaine regorgeait de séries policières, notamment des séries procédurales, et même si, de mon point de vue, ce ne fut pas forcément la meilleure décennie de l'histoire de la télévision (en particulier sur les networks), il faut quand même admettre que la télévision américaine avait quelque chose de réconfortant. C'est vrai, ça rassure de se dire que la police, le FBI et Dieu sait qui d'autre, veille sur la population, s'assurant avec le plus grand professionnalisme qu'aucun crime ne reste impuni, et que tout sera mis en oeuvre pour que la population puisse dormir sur ses deux oreilles. Il a beaucoup été dit que ces séries étaient une réaction de la télévision américaine au 11 Septembre, inspirant aux spectateurs et tout simplement aux citoyens désarçonnés par une attaque sur leur propre sol, un sentiment de protection : oui, on veille sur vous, oui, on remuera chaque pierre jusqu'à trouver les coupables, oui,  il y a une Justice et elle fera son travail.
Pas étonnant qu'il y ait aussi peu de nouveautés policières cette année aux USA. On a tourné cette page, il faut croire. Ainsi, Arrow rejoint Nikita et surtout, bien-sûr, Revenge, parmi les séries présentant des héros qui ne croient plus en rien, et certainement pas que quelqu'un veille sur eux.

Bien-sûr, les histoires de vengeance n'ont pas attendu les saisons récentes pour voir le jour ; les intrigues conspirationistes non plus. Et à vrai dire il est difficile de parler d'une tendance étant donné l'échantillon [encore] faible de séries employant ce nouveau point de vue. Parlons plutôt d'une petite famille qui s'agrandit, pour le moment.
Mais il ne peut être tout-à-fait une coïncidence que le pouvoir financier soit devenu le nouveau criminel contre lequel les institutions ne peuvent rien (institutions qui, dans ces séries, se font allègrement manipuler par les puissants, au lieu d'être corrompues par eux, c'est déjà ça). Alors, qui est-ce qu'il reste pour se charger de rétablir un semblance de justice ? Le héros. Et lui seul. Il apparait alors comme hautement ironique que sa couleur totem soit celle des biffetons. Il ne peut vraiment faire confiance à personne. Il met d'ailleurs une belle énergie à ne plus rien ressentir ; il ne peut pas se permettre d'avoir un défaut dans sa cuirasse. Il affiche une froideur un peu feinte qui n'est évident qu'une façade (il faut que le spectateur continue de s'attacher à lui), et poursuit son oeuvre en cachette.

Arrow est évidemment, en plus d'un personnage solitaire et revenchard, un superhéros issu de l'univers des comics ; il a donc tout un tas de propriétés typiques de ce genre de personnages à la Bruce Wayne, mettant sa propre fortune au service de son travail de rétablissement de la Justice (c'est à cette seule condition qu'il est tolérable d'avoir un héros riche), et bénéficiant d'une aura un peu mystérieuse qui excuse tous les raccourcis et les invraisemblances (le type revient sur le sol américain avec une énorme malle, dans un navire battant pavillon étranger, et celle-ci n'est jamais passée une fois au scanner ; mais bien-sûr).

Mais si Oliver, le protagoniste d'Arrow, est un peu un cliché ambulant, on s'en accomode très bien, parce que c'est aussi le genre qui veut ça, et qu'au moins, c'est bien fait.
Il faut dire que la série ne fait pas dans la demi-mesure. Ici, pas d'effets spéciaux cheap ou de petite phrase un peu trop cinglante pour être prise au sérieux. Presque pas. Le pilote rivalise aisément avec les production cinématographiques analogues (et il y en a), ce qui est encore plus louable pour un budget de télévision. Pour une série de superhéros, par définition bourrée d'action, le pilote d'Arrow s'en sort la tête haute, et c'est cette efficacité avant tout qui fait plaisir.

...A condition d'être friand du genre. Mais dans mon cas, quand si peu de choses me plaisent en général dans les séries d'action, j'avoue avoir eu du mal à trouver mon content sur le plan émotionnel (personnage emmuré dans le silence oblige) ou dramatique. Certes, l'histoire de l'île paraît prometteuse, et apparaît de façon suffisamment récurrente pendant cet épisode inaugural pour qu'on puisse espérer des flashbacks non seulement nombreux mais aussi intéressants, dans les prochains épisodes, mais j'avoue ne rien trouver ici qui pique ma curiosité, même sur ce terrain.

L'épisode, en toute objectivité, mérite probablement une bonne partie des louanges que je lis depuis sa diffusion, notamment via Twitter. Mais il ne me convainc pas à titre personnel, parce qu'Arrow n'est tout simplement pas une série faite pour moi, quand bien même je ne trouve pas grand'chose à lui reprocher (ou quand mes reproches relèvent d'un manque d'intérêt pour son genre). Mais je félicite la CW pour son succès critique et, apparemment, public, un fait suffisamment rare pour la chaîne pour être noté.

Challenge20122013

12 octobre 2012

Countrypolitan

Pour certains pilotes de notre challenge de la saison, il faut bien l'admettre, whisperintherain et moi trainons un peu la patte. "De quoi ? The Neighbors ? Oui, euh, plus tard, la review, hein, ya plus urgent". Et puis pour d'autres, il n'y a pas besoin de nous le dire deux fois. C'est en tous cas vrai pour moi ce soir, avec le pilote de Nashville.
Comme toujours, sitôt que whisper aura posté sa review, vous trouverez au bas de ce post un lien pour comparer nos deux points de vue... je serais surprise que sur cette série, il soit le même, d'ailleurs.

Nashville

Il manquait résolument une série sur l'industrie musicale à la télévision. Si cette série existe et que je l'ai loupée, n'hésitez pas à me le dire, mais là où il y avait des Action! et des Entourage pour le monde du cinéma, des Episodes ou des The Comeback pour la télévision, il nous manquait une fiction se déroulant dans le monde des labels et des concerts, de la même façon qu'un peu plus tôt cette année, Smash nous avait permis de pénétrer dans les coulisses de Broadway.
Oh, je ne dis pas que le sujet n'a jamais été abordé à la télévision, mais seulement au milieu d'une foule d'autres choses, je pense par exemple aux cas vus dans The L.A. Complex (plutôt dans le monde du rap) ou Single Ladies (dans l'univers du hip hop). Mais c'était en passant, au milieu de plein d'autres choses, et jamais avec l'idée de radiographier le milieu, mais surtout de suivre l'évolution d'un personnage, si possible au bas de l'échelle, et tentant de percer dans le milieu... mais entre autres choses, sa vie sentimentale prenant généralement le dessus, et l'aspect chorale des séries sus-mentionnées se faisant un devoir de noyer cette intrigue sous mille autres.

Alors imaginez ma surprise quand il s'est avéré qu'une telle série était en préparation, et qu'elle avait l'intention de se dérouler dans le milieu du seul genre musical que j'écoute en provenance des USA : la country ! On voudrait me séduire qu'on ne s'y prendrait pas mieux.

Et effectivement, Nashville est une véritable plongée, d'entrée de jeu, non seulement dans la vie des artistes qu'elle dépeint, mais aussi dans les bureaux du label inventé pour la série. Et c'est tout-à-fait le genre de choses que je voulais qu'une série fasse ! Dépasser la création de stars fictives pour réellement passer le milieu au crible, ne pas juste balancer des chansons mais vraiment nous dire comment on fait un album, ou comment on organise un concert. Le fait que ce soit dans le milieu de la country était un plus-produit évident pour moi, mais ça ne faisait pas tout. Je ne voulais pas simplement faire le plein de chansons à la fin d'un épisode, je voulais que le contexte soit exploité autant que possible. Nashville réussit très bien ce passage au microscope, à plus forte raison dés le pilote où il aurait été facile de ne pas tout de suite entrer dans les coulisses pas franchement sexy de la vie de son héroïne principale Rayna James, et de rester en surface.
Paradoxalement, là où Nashville me ravit le plus, c'est dans son utilisation de la musique. On l'entend, en définitive, assez peu : Nashville se fait un devoir d'être une série sur la musique et non une série musicale, c'est clair dans ses intentions d'entrée de jeu, et j'apprécie cette profession de foi qui consiste à ne pas tomber dans la facilité. Sur une échelle de Glee à Smash, je vais vous dire : Nashville, dans l'utilisation de la musique qui pourtant est son sujet, se situe à Smash+2, si vous me suivez. L'épisode se fait une règle de ne montrer aucune chanson entière, car on n'est pas là pour ça ; les chansons utilisées comme soundtrack pour les scènes relèvent plus du jingle que du product placement ; et quand on entend pour la première fois une chanson dans son intégralité, cela sert le scénario avant tout.
Nashville est comme les gens du Sud : elle ne triche pas, elle ne nous embobine pas. Elle ne veut pas que nous passions la journée à fredonner des chansons originales ou des reprises. Elle ne veut pas que, dans nos coeurs et/ou dans les bacs, Rayna remplace Reba, ou que Juliette remplace Taylor. Elle ne veut pas nous vendre des CD. Fair and square.

Evidemment, la tentation est grande, justement, pendant ce pilote, de chercher des ressemblances ; le jeu est un peu d'essayer de deviner si untel (ou plutôt unetelle) a été passé au vitriol à travers le portrait d'un personnage. C'est tout-à-fait volontaire et la séquence d'ouverture du pilote n'en fait absolument aucun mystère, dans le look de ses personnages (notamment celui de Juliette) comme dans la façon de présenter leur personnalité. Parfois, je soupçonne que connaître un peu la scène country me pousse même à lire un peu trop certaines correspondances (Deacon Claybourne, cette ressemblance avec Brad Paisley, c'est voulu ou...?), ce qui nuit finalement au plaisir de regarder de la fiction : il ne s'agirait pas de la réduire à une simple parodie. C'est un peu le danger... mais je crois que peu de spectateurs français courent ce risque !

La seule chose qui m'agace, c'est cette façon, déjà vue dans Smash, de miser sur l'opposition de deux femmes. En pratique, ça fonctionne parce que la rivalité n'est pas au sens le plus strict, et se double d'un conflit de générations. Sur le principe, ce côté catfight (magistralement illustré par leur première rencontre ; disons-le sans rougir : l'échange était très bon) me chiffonne un peu. Evidemment, comme dans la plupart des milieux musicaux, ce sont les femmes qui dominent la scène, et sont depuis des décennies sont des ambassadrices de leur courant musical, de leur maison de disques, d'une industrie ; il était donc quelque part assez évident de mettre deux femmes dos à dos. Mais les opposer systématiquement, même si cela a du sens dans le contexte, me semble un peu facile quand même. J'espère que Rayna et Juliette sauront évoluer à partir de cette position initiale par la suite, et nous offrir un peu plus que des jalousies féminines légèrement cliché.
Mais ces deux personnages sont si hauts en couleurs que c'en est tout de même un spectacle divertissant, à plus forte raison parce que les positions de chacune sont moins stéréotypées au départ que dans Smash : aucune n'est une ingénue naïve, aucune n'est une amère revancharde. D'ailleurs personne n'a de rêve de gloire, dans Nashville : seulement une carrière.
Et ainsi, chacune arrive avec sa personnalité explosive, et une idée bien arrêtée sur ce qu'elle vaut et ce qu'elle veut, et même si elle ne prend pas un départ, dans ce pilote, absolument mirobolant, Rayna ne se positionne ni comme une victime, ni même vraiment comme un underdog. Gloire en revient d'ailleurs à Connie Britton qui, même quand elle en fait un chouilla trop, parvient à insuffler énormément de dignité et de force à son personnage, et ne pas basculer dans la caricature. A l'inverse, Hayden Panettiere attendra la toute fin de l'épisode pour se décrisper un peu et offrir un peu de nuance, parce que le scénario l'y pousse (mais à l'impossible nul n'est tenu) ; la palette de réactions du personnage dépendra vraisemblablement de l'écriture et non de l'actrice, mais j'ai bon espoir d'arriver à un personnage un peu moins plaqué qu'à première vue.
De fait, mon agacement quant aux jalousies féminines a de grandes chances de s'estomper si les choses tournent bien.

En revanche, ce qui ne suscite chez moi aucune réaction d'hostilité, mais juste une vaste et tiède indifférence, c'est l'aspect politique. La mairie de Nashville, euh, bon, on s'excuse hein, mais à une époque où on a la mairie de Chicago sur une autre chaîne, on a un peu du mal à se passionner pour tout cela. Nashville ne tient pas du tout la comparaison avec les tractations de Boss et du coup je ne vois même pas pourquoi elle se frotte à pareils thèmes.
Ce qui en revanche pique mon intérêt, c'est le parallèle que cette situation politique crée entre Rayna et Juliette, qui finalement, toutes les deux, aimeraient couper les ponts avec un parent mais sont privées de cette possibilité, entre autres de par leur célébrité. C'est une idée intéressante, à plus forte raison parce qu'il est très rare qu'une femme de l'âge de Rayna soit, dans une série, placée dans une situation de ce genre avec ses parents (en général, les séries estiment qu'autour de 30 ans, ces choses sont réglées), et comme c'est un sujet qui me touche en partie (oui, enfin, vous savez, sans l'histoire de la célébrité !), je suis prête à m'accomoder des questions politiques flasques, si elles nous permettent d'étayer le côté familial de la question, qui recèle de mon point de vue un potentiel dramatique prometteur.

Au final, Nashville est à l'image de ce que j'aime dans la country : il ne s'agit pas que des mélodies (au fond, en-dehors de quelques hits mémorables, beaucoup de ballades se ressemblent un peu, notamment chez les artistes mineurs), ce sont les paroles qui font tout. Et c'est finalement ce que ce pilote accomplit, qui démontre que la forme n'est là que pour enjoliver le fond, mais pas le reléguer au second plan. Je place énormément d'espoirs dans les paroles de Nashville, et me délecterai donc des aléas de sa mélodie parfois peu originale, car j'ai l'impression qu'elle a plein de choses à dire. Il manquait simplement à ce pilote, très complet et chargé d'éléments d'exposition, de prendre le temps pour l'émotion, qui n'a pointé son nez mutin qu'en deux passages furtifs de l'épisode.
Mais si Nashville parvient à faire battre mon coeur au rythme des tourments de ses personnages, la série s'attachera mon indéfectible soutien.

Et d'ici la semaine prochaine, je sais déjà quoi écouter...

Challenge20122013

9 octobre 2012

Vol au-dessus d'un nid

Tandis que whisperintherain et moi tentons vaillamment de poursuivre notre mission de visionnage et de review des pilotes de la saison, devinez quoi ? Il continue de pleuvoir des pilotes... à torrents ! J'avoue que c'est d'ailleurs quelque chose que je n'avais pas prévu lorsqu'on a commencé ce challenge : à ce stade, il y a non seulement les pilotes à découvrir, mais aussi toutes les séries que je suis qui me prennent du temps. Or, paradoxe : si je regardais moins de pilotes, je suivrais probablement moins de séries !
Mais bon, en ne dormant pas du tout, je devrais m'en sortir. Passons donc à un nouveau pilote, celui d'une série britannique...

Cuckoo

On a tous fait le coup de ramener à la maison quelqu'un que nos parents désapprouvaient. Au moins une fois. Sauf si vous n'avez jamais ramené personne, évidemment, bon. Mais rarement avons-nous ramené quelqu'un d'aussi extrême que Cuckoo, l'étrange gaillard qui s'installe dans la vie de Ken et Lorna lorsque leur fille Rachel se marie (pas grand'chose à voir avec le film). Il faut dire qu'ils ont un peu été pris par surprise : Rachel part en vacances au soleil, et lorsqu'elle revient, elle a déjà la bague au doigt ! Or, de longues et passionnantes études attendaient leur petite surdouée, et ce n'était pas du tout "le plan".

La petite fille chérie est en effet revenue avec un type un peu louche, probablement un peu sale aussi, qui a pas mal bourlingué mais pas fait grand'chose de sa vie, qui pense avoir une vie spirituelle riche mais qui en revanche, de l'extérieur, ressemble quand même bigrement à un parasite fainéant, et prend en plus tout le monde de haut parce qu'il est convaincu que tout cela le rend supérieur aux gens "normaux".

A partir de ce pitch un peu convenu, je m'attendais à une comédie sympathique. Parce que le propre d'une comédie, pour nous faire rire, est de surprendre : soit grâce à ses répliques, soit grâce à ses situations.

Manque de chance, la surprise de Cuckoo ne viendra jamais. J'ai attendu tout l'épisode un retournement de situation qui n'est jamais venu. Et si les parents, passé l'effet de surprise, adoraient Cuckoo et commençaient à adopter son mode de pensée ? Et si au contraire, mis dans ce nouveau contexte, Cuckoo démontrait qu'il est plus qu'un cliché New Age et qu'il peut être un personnage fort, et intelligent ? Et si Rachel découvrait par elle-même que ce mariage est une erreur, et que la famille se retrouvait bloquée avec cet énergumène impossible à mettre dehors (par exemple, il ne reconnaît pas le concept de divorce) ? Il y avait plein de combinaisons de choses surprenantes, ouvrant à des gags variés, mais aucune n'a semblé vouloir se produire.
Chacun est bien dans son petit rôle soigneusement balisé, et personne ne sort des clous : le père est furieux, la mère se laisse embobiner, la fille est extatique, et le nouveau gendre est le boulet irresponsable qu'on imaginait. La série nous invite avec ce premier épisode à compatir à la douleur du père (incompris dans sa "tribu"), évidemment une pauvre victime de l'enthousiasme ambiant, qui voit sa fille chérie idolatrer un abruti, sa femme prendre leur parti, et de surcroit, ses finances être sévèrement plombées. Tout cela est vraiment trop peu engageant...

Evidemment, le léger twist de la fin du pilote pourrait laisser espérer un petit revirement dans la dynamique de la maison, à première vue, étant donné que Cuckoo a une sorte de sursaut de responsabilité. Mais devant ce premier épisode si peu drôle, si peu imaginatif, et si peu déluré (à la limite, si on l'avait vu du point de vue de Cuckoo...), j'avoue ne fonder que peu d'espoirs.
Tant pis ! J'ai pas mal de pilotes à rattraper encore, et ne pas m'encombrer avec une série telle que Cuckoo en cette rentrée ne me fera vraiment pas verser une larme. Et puis, comme je n'ai jamais vraiment été fan d'Adam Samberg (il a même réussi à me gâcher des Digital Shorts dans Saturday Night Live, quand même, vous voyez l'ironie...), c'est pas dommage !


Challenge20122013

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