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ladytelephagy
26 avril 2010

Plus légère après Gravity

Il est un fait communément admis que j'ai un goût particulier (euphémisme) en matière de célébrités masculines. Oh, je peux faire genre "je suis pas si tordue que ça" et vous dire que Christopher Meloni est ZE man, la définition de la virilité et tout le bazar, et ce sera vrai, et une fois passé le fait qu'il n'a qu'une vingtaine d'années de plus que moi, vous me trouverez à peu près raisonnable. Mais il y a aussi les fois où je vais vous confesser de but en blanc que l'un des amours de ma vie, c'est Eric Schaeffer. Que j'aime cet homme d'amour depuis des années et des années, bien qu'en étant consciente de faire partie d'une minorité de gens qui le connaissent, et plus encore, qui l'apprécient.
Tout a commencé avec Century City, bien qu'il n'y ait été qu'acteur et n'ait pas tellement apporté sa griffe aux épisodes... et déjà combien sommes-nous à avoir vu Century City ? Mais alors, quand il a créé Starved ? Oh mais merde alors, ce type est un Dieu ! Et combien sommes-nous à avoir regardé ET Century City, ET Starved ?

Alors quand aujourd'hui, agrippée à mon clavier tandis que je suis en larmes et en joie tout à la fois, je m'apprête à vous parler de ma nouvelle série préférée, Gravity, quelque part, je pense que vous avez tout compris sur la raison qui m'a poussée à regarder le pilote de cette nouvelle série. Ou plutôt... non, vous n'avez pas encore toutes les informations en main. Au départ, les raisons étaient les suivantes :
- il va y avoir un pilote. Bon, ça c'est normal, c'est la raison qui me fait regarder tout et n'importe quoi. Je veux dire que si un jour une série parvenait à accomplir la prouesse d'être diffusée sans avoir de premier épisode introduisant l'intrigue et les personnages, ce serait le seul cas où je n'aurais pas spontanément envie de la voir. Et encore, parce que lancer une série sans qu'elle n'ait de pilote, c'est une expérimentation qui pique ma curiosité. Non, sérieusement, le simple fait d'avoir un pilote rend n'importe quelle série éligible, c'est tout. Je suis pilotovore, on n'y peut rien.
- Eric Schaffer. Il parait que plein de gens ne l'aiment pas. Pour ceux qui savent de qui il s'agit. Moi franchement, je vais vous dire, je m'en fous. J'ai lu ce papier d'une nana qui est sortie avec lui une fois ou deux, qui le décrit à mi-chemin entre le pauvre type et le parfait petit enfoiré New-Yorkais, bah : même pas peur. Eric, je t'aime. Je t'aime parce que quelqu'un qui porte en lui une série comme Starved, c'est un mec que je ne peux qu'aimer. Et que tu aies rejoint le projet Gravity, c'est une preuve de plus que je t'aime. D'amour. Je m'en fiche de ce que disent tes ex. Elles n'ont rien compris. Un mec qui a Starved ou Gravity dans la tête, il faut pouvoir assurer en face, c'est tout, et c'est pas la première pétasse qui est équipée pour assumer une relation avec un type comme toi. Toutes les femmes ne sont pas à la hauteur. Moi, Eric, je le suis. Passe me voir à l'occasion, tu verras ! (PS : moi au moins, je ne te quitterai pas pour Conan O'Brien... enfin... on en rediscutera si ça se présente, disons)
- une série sur le suicide. Sur le suicide, quoi ! Là il en faut dans le pantalon, là franchement c'est de la télévision. Le suicide, merde ! Des gens qui veulent mourir, mais que par définition on peut pas faire mourir, parce qu'on les paye pour être là toute une saison ! Voilà bien un thème qui fait appel à la souche téléphagique en moi, la raison pour laquelle je continue de regarder des séries après en avoir vu pourtant des tonnes. Oh je peux aller tuer le temps devant un Caprica ou un Geomsa Princess, mais dans la vraie vie, ce que je veux, ce que je veux vraiment, c'est une série qui me chope les entrailles et me les extirpe douloureusement, sans chercher à me ménager, sans chercher à me dire "oh ma petite chérie, tu es sûre, tu préfèrerais pas une série où les enquêteurs ils pensent rien qu'à relever des empreintes et interroger des maris jaloux, tu es sûre, parce que ça je sais faire, hein, ça c'est pas dangereux pour toi", non, moi je veux des séries qui me parlent à moi de choses difficiles et douloureuses, et qu'on ne me prenne pas pour une demeurée ou, au mieux, une poupée de porcelaine. Je veux des séries qui abordent des sujets sur lesquels on ne peut pas reculer, une fois que tu t'es embarqué dedans, tu es obligé d'être honnête et de ne pas toujours faire dans le très propre. Des thèmes où il n'y a pas de zone de confort possible, voilà ce que j'attends de mes séries depuis toujours, depuis Rude Awakening, et l'équation Eric Scaheffer + suicide, c'était une garantie que j'allais en avoir pour mon argent.

Donc l'attente de Suicide for Dummies, de Failure to Fly et finalement de Gravity me rendait toute extatique.

Gravity

Et puis.
Et puis, il y a 19 jours, il s'est passé quelque chose. J'arrive d'ailleurs toujours pas à croire que ça ne fait que 19 jours, comme je n'arrivais pas à croire que ça n'en faisait que 12 ou que 5. La douleur est encore là comme si je l'avais appris hier. Un suicide ; dans la vraie vie, si je puis dire. Et après avoir passé plusieurs jours à me déconnecter de ma téléphagie, à n'y voir plus rien qui trouve du sens (merci pour vos conseils, j'ai d'ailleurs commencé la première saison de In Treatment, on en reparle bientôt), j'ai progressivement réalisé que j'étais dans une zone d'attente. Et que c'était Gravity la clé.
J'ai approché ma propre mort, deux fois. L'une plus sérieusement que l'autre, en toute sincérité. Mais j'avais perdu ce contact morbide avec le suicide, et j'avais besoin de Gravity pour "comprendre" ou en tous cas lancer la compréhension. Juste pour poser les questions qu'une bonne série sur un sujet grave pose immanquablement. Et moi-même, je me suis enfermée depuis 19 jours dans un cercle morbide où j'essayais de me mettre dans sa peau, et Gravity m'a servi à me libérer de ça parce que des personnages en parlent à ma place.

Le pilote de Gravity n'évite pas quelques clichés, mais je pense qu'une bonne partie sont conçus pour faire partie de son charme, de la même façon d'ailleurs que Starved n'était pas exempte de maladresses ponctuelles qui ne desservaient pas un instant la série.
Pour d'autres passages, avant même d'avoir lu que mener la série à l'écran avait pris 3 années, je peux sentir qu'il y a eu des concessions qui rendent le propos un tantinet plus mesuré que prévu. Gravity voulait parler du désir de mort et du désir de vie, qui existent en chacun mais qui, selon le moment, ne nous apparaissent pas toujours dans les mêmes proportions. Sa bande-annonce aux airs de feelgood movie, c'était une de ces concessions. Comme le personnage du flic qui m'apparait comme un ajout pour rentrer dans un certain moule télévisuel permettant à la série de voir le jour.

Mais quand on dépasse ces clichés et cette intrigue pseudo-policière (qui au final n'en sera peut-être même pas une...), on trouve dans Gravity toute l'honnêteté qu'on était en droit d'attendre sur le sujet.

C'était une telle épreuve et un tel soulagement de regarder Gravity. Loin de mes conneries de fantasmes sur Eric Schaeffer ou de mes tendances pilotovores, loin de toutes les raisons plus ou moins bonnes pour lesquelles on regarde une série au départ, Gravity, c'est juste la raison pour laquelle je regarde des séries, et c'est juste celle dont j'ai besoin maintenant.
Merci.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Gravity de SeriesLive.

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22 avril 2010

Schizo-interview

Après avoir regardé mardi soir le pilote de Romantically Challenged, et surtout, la nuit suivante, après avoir fait un cauchemar atroce où j'étais coincée dans la cafète de la série avec deux des acteurs de la série (véridique), j'ai compris que je ne pouvais pas rester sans rien faire.
Au départ, l'idée était de faire mon possible pour ne jamais y repenser, et ne même pas en faire de post mais, tout bien réfléchi, si je ne me moque pas de la bille de clown d'Alyssa Milano maintenant, ce n'est pas dans quelques semaines, quand la série sera annulée et oubliée à jamais, que je vais le faire.

Alors vous savez quoi ? Je vais pas m'esquinter à en dire du mal sur dix paragraphes incendiaires, je vais laisser Alyssa Milano, dans une interview avec elle-même, s'en charger à ma place.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Intellectually Challenged de SeriesLive.

14 avril 2010

Photographie musicale

C'était l'été. Je passais quelques jours dans la maison de campagne de mon tout premier petit ami, et, un après-midi, le dernier avant de rentrer je crois, je suis tombée par hasard sur ce documentaire sur la Nouvelle-Orléans. J'ai passé, oh je ne sais pas, trois quarts d'heure, peut-être une heure, fascinée, devant l'écran.
Maintenant, comprenez-moi bien : je n'en étais pas à ma première découverte télévisuelle de la ville. Vous parlez à quelqu'un qui a regardé Flic de mon cœur autant de fois qu'il lui était humainement possible de le faire pour quelqu'un qui, a) n'était pas forcément à la maison tous les après-midis devant France2, b) n'avait à l'époque aucun accès libre à un magnétoscope. J'aimais Remy, mais pas autant que j'aimais la Nouvelle-Orléans.

Pour ceux qui n'ont pas lu mes lamentations d'alors, vous n'aurez aucune peine à imaginer ma déception devant K-Ville. La seule chose en rapport avec cette série que j'accepte de revoir de temps à autres, c'est le générique. Et quelque part, voilà qui augurait déjà de ma réaction face à Treme.

Treme
It sounds like rebirth...!

Treme n'est que musique ! ...Ce qui peut être vu comme un avantage autant qu'un inconvénient, à vrai dire.
C'est un plaisir de chaque instant pour les oreilles, cette série. L'une des raisons qui me faisaient aimer la Nouvelle-Orléans sans jamais l'avoir vue (et hélas, je ne verrai jamais la Nouvelle-Orléans que j'ai toujours rêvé de visiter), si on omet l'architecture dans le quartier français, le bayou et la nourriture évidemment.

C'est aussi par son abondance de musique, étrangement, que Treme dévoile sa faiblesse la plus difficile à surmonter. Car au-delà de son ambiance musicalement enchanteresse et jouissive, ce qu'offre Treme, c'est un style quasi-documentaire dans le plus pur style d'une série de David Simon. Et ça, il faut aimer. Oh le style est léché, le casting impeccable et sobre, et il n'y a pas à dire, le mot d'ordre est "authenticité". Mais justement.

Parce que... et après ? Treme a finalement de quoi laisser circonspect. S'il n'y avait pas la musique ? S'il n'y avait pas l'omniprésence du label "couleur locale" ? Aimerais-je autant Treme ?

Il ne fait aucun doute que Treme est une excellente série, maîtrisée dans sa forme. Mais le pilote laisse un goût d'inachevé. La série s'attache à prendre le pouls de la ville et en vient à négliger ses personnages, alors que pourtant elle s'ingénie à les suivre à la trace pendant de longue séquences. C'est, paradoxalement, comme si ce pilote n'était pas assez long, et qu'on n'avait pas le temps de prendre la mesure des personnalités auxquelles on est censé s'attacher (un minimum). On laisse dans le flou des éléments qui nous permettraient de comprendre tout-à-fait le ressenti des personnages, parce qu'on ne nous donne pas assez d'éléments pour comprendre ce que chacun vit.

L'émotion est présente, mais on se borne à compatir superficiellement à cela. A la connivence avec le DJ épris de musique en dépit du bon sens, à la colère du vindicatif intellectuel défendant sa ville sinistrée avec véhémence, à la résistance de la patronne du restaurant qui manque de tout... Certains personnages semblent plus définis que d'autres : la barmaid à la recherche de son frère, le vieux pépé borné qui tient à se réinstaller en ville quoi qu'il en coûte. On comprend mieux les problématiques de ces personnages et vers quoi elles peuvent nous mener.

Comme souvent, le ton documentaire (et, je le répète, il est parfaitement maîtrisé) prend le pas chez Simon sur l'exploration dramatique. Ce qu'il fait, et c'est normal en tant que journaliste, c'est de la photographie, et c'est superbe.
Mais ce n'est pas ce que j'attends d'une série, fut-elle réalisée avec talent, et je me sens légèrement frustrée par ce choix. Je pense qu'il parle beaucoup plus à ceux qui se sentent personnellement touchés par le drame de Katrina et qui ont leur propre histoire à intercaler dans ces images et ces sons.

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Le pilote diffusé dans un bar de la Nouvelle-Orléans

De Treme, je ressors pourtant avec une bouffée d'espoir. J'ai eu l'impression d'assister à une trilogie ; The Corner, le désespoir d'une communauté condamnée ; The Wire, les sursauts d'une ville qui se débat pour ne pas succomber ; Treme, les efforts d'un quartier qui veut renaître malgré tout.

Trois photographies détaillées d'une certaine frange de la nation qui se bat sans avoir son mot à dire dans les médias. Mais que Treme sort du silence.
C'est très beau, mais ça ne marche pas pour moi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Treme de SeriesLive.

13 avril 2010

Tu seras une pop star ma fille

Voyons voir, que j'essaie de me souvenir... Que voulais-je devenir quand j'avais 14 ans ? Ce n'est pas si lointain, quand même ! Ça fait... bah... 14 ans. Bon. D'accord, ça commence peut-être quand même un peu à dater. Mais je n'ai pas encore la mémoire qui flanche ; pas trop. Et je n'ai pas souvenir d'avoir rêvé de devenir une pop star. Et, du plus loin que remontent mes souvenirs, ce n'était pas le cas de tous mes camarades. Oh bien-sûr, il y avait une ou deux princesses qui étaient certaines qu'un jour elles deviendraient célèbres ; mais d'ailleurs c'était le métier d'actrices qu'elles convoitaient. Mais pop star ? Non, je n'ai pas connu pareille épidémie de mon temps.
Pourtant aujourd'hui, à en croire les Hannah, les Sonny, les Ruby, et maintenant les Tori, on dirait vraiment que les gamines n'ont que ça en tête : chanter et devenir des stars. Et si à 16 ans, t'as pas encore ton agent et un ou deux contrats, t'as vraiment raté ta vie, apparemment.

Il y a quelques jours, alors que Caprica finissait son quart de dizième de centième de tiers de saison, commençait sur une autre chaîne la série Victorious, jeu de mot à la fois sur le nom de l'actrice principale Victoria Justice et du personnage qu'elle interprète Tori Vega (et sachant que So NoTORIous était déjà plus ou moins pris). Si je parle de Caprica, ce n'est pas juste à cause des hasards du calendrier, mais parce que les deux séries ont également un acteur en commun. Jetez un oeil ci-dessous, vous devriez vite reconnaître de qui il s'agit.

Victorious

Voilà donc notre Tori Vega, affublée comme il se doit d'une impossible frangine convaincue d'être de la graine de superstar, et qui mène une vie normale où il faut rendre son projet de physique en temps et en heure, et toute cette sorte de choses. Mais la frangine en question, qui comme il se doit est une petite poulette bonne à baffer (je n'ai jamais vu UNE série pour ados où la fratrie ne se comporte pas de façon insupportable), s'accapare l'attention de tout le monde parce qu'elle est sûre et certaine de savoir chanter. Mettons immédiatement fin au suspense : c'est faux (dans tous les sens du terme). Mais cela lui donne l'occasion de ramener à la maison Leon, un copain de classe qui comme elle fréquente une californienne école artistique, et qui va s'entendre à merveille avec Hannah Sonny Ruby Tori. Ca aura de l'importance pour la suite.
Tandis qu'ils préparent un numéro musical en vue d'un grand showcase de l'école (auquel évidemment des découvreurs de talent seront présents), numéro qui s'annonce comme une catastrophe évidemment, Hannah Sonny Ruby Tori et Leon fraternisent. Lorsqu'arrive le moment de la représentation et que comme par hasard la frangine décidément pas dégourdie s'est mise hors-jeu bêtement en ingérant des herbes chinoises douteuses, Leon exhorte Hannah Sonny Ruby Tori à la remplacer au pied levé, et naturellement, c'est un triomphe. Le directeur de l'école artistique propose donc à Hannah Sonny Ruby Tori d'intégrer l'école, sous les acclamations du public en délire qui est sous le charme de cette performance qui n'a même jamais été répétée, mais que voulez-vous, Hannah Sonny Ruby Tori a un don.

Voilà donc le point de départ de Victorious, petite teenagerie où, pour une fois, la future pop star l'est à son corps défendant, tout le monde lui découvrant un talent dont elle n'a jamais eu conscience et dont à vrai dire elle n'est pas certaine de vouloir. D'autant qu'en entrant dans l'école artistique de sa sœur, Hannah Sonny Ruby Tori a rendez-vous en terre inconnue et, croyez-moi, aucune tribu exotique ne saurait être aussi différente d'elle que tous ces jeunes convaincus (plus ou moins à raison) d'avoir une vocation artistique.

Victorious est une sorte de Fame sous acide pour pré-ados ; on n'y explore pas grand'chose, les numéros musicaux n'y sont pas légion, et les tenues bariolées (et, pour les filles, exagérément courtes) donnent plutôt l'impression d'avoir atterri dans un épisode de LazyTown. A première vue, le bilan est donc négatif : on a l'impression qu'une fois de plus, cette hystérie d'une demi-heure n'a pour objectif que préparer la pré-ado lambda à vider le porte-monnaie de ses parents, soit au bénéfice d'une nouvelle héroïne qui ne devrait pas tarder à sortir ses propres CD (Hannah Montana filant un mauvais coton), soit carrément en investissant si ce n'était encore fait dans d'onéreux cours de chant et de danse.

Pourtant, je ne serai pas aussi totalement négative vis-à-vis de Victorious que j'ai pu l'être (entre deux cris d'horreur) pour  Hannah Montana, Sonny with a Chance ou Ruby and the Rockits (je vous avoue que, quand je réalise que j'ai vu le pilote de toutes ces séries, je m'aperçois que mes tendances pilotovores ont depuis longtemps eu raison de ma santé mentale).
Tori est un personnage qui a beaucoup plus les pieds sur terre que la plupart de ses concurrentes, son incarnation par Victoria Justice y étant pour beaucoup. Pleine de doutes sur elle-même, d'un humour légèrement cynique, et d'une nature démontrant que toutes les ados n'ont pas nécessairement de l'eau entre les oreilles dans ce genre de série, Tori est un personnage plus facile à appréhender que la plupart des guignols qui peuplent les séries du genre. Je n'irai pas jusqu'à parler de réalisme, faut pas pousser, mais enfin, l'ensemble est à peu près décent.
Qui plus est, je suis bien obligée de reconnaître que le cours d'impro auquel on assiste vers la fin a du bon, voire même du mérite, ce qui tend à laisser penser que les scénaristes ont une fois ou deux mérité leur salaire.

Par contre, j'en reviens à ce que je disais en intro sur le message qui s'exprime dans le pilote de Victorious. Il est explicité vers la fin pour pousser Tori à accepter de rester dans l'école : que tu le veuilles ou non, tu seras une pop star ma fille, et de toutes façons la normalité c'est ennuyeux... comme si l'un était forcément l'alternative de l'autre. Être chanteuse, ou n'être personne.
Il y a aussi cet agaçant gimmick (Tori met son statut à jour sur un quelconque réseau social), et des personnages ahurissants de bêtise (le ventriloque, la future meilleure amie hystérique) qui nous rappellent qu'on est quand même très largement dans une production de seconde zone.

Mais si, par malheur, j'avais à la maison une gamine dans les 14 ans, je préfèrerais à tout prendre qu'elle idolâtre bêtement Tori que Hannah, Sonny ou Ruby.
Désolée, c'est le meilleur compliment que j'aie trouvé.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Victorious de SeriesLive.

3 avril 2010

Quoi de neuf docteur ? Rien.

Miami Medical, la série qui estime que c'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut se taire.

Il faut dire d'un autre côté que personne n'a de raison d'être tendre avec Miami Medical, alors que déjà cette saison, on a amplement eu le temps d'être déçu par Trauma et Three Rivers ; Miami Medical se situe justement à mi-chemin, ce qui ne joue évidemment pas en sa faveur. On y trouve des médecins (évidemment) de génie, des patients (évidemment) entre la vie et la mort, une structure (évidemment) haut de gamme. Les ingrédients sont éprouvés (au final c'est peut-être la patience du spectateur qui l'est un peu aussi...) et on a la sensation de les avoir vus cent fois être déclinés, ne serait-ce que ces derniers mois.

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Devant le pilote de Miami Medical, plusieurs questions se posent, la première étant : qu'est-ce qu'on en a à foutre que ça se passe à Miami ? Franchement. On parle d'une série dont les personnages principaux sont des traumatologues passant à peu près 50 heures par jour enfermés entre les 4 murs de l'hôpital pour y sauver des vies ; concrètement, ça se passerait n'importe où ailleurs, on ne verrait pas franchement la différence dans le cœur de la série, c'est-à-dire ses "intrigues" médicales. Ça n'a pas non plus de répercussion sur les cas rencontrés, du moins pour le moment. Le premier épisode commence par exemple... par une explosion au gaz. Quoi, ya du gaz qu'à Miami ? Non. Bon, alors ? Note : dans une interview, Jeffrey Lieber mentionne une attaque d'alligator pour un épisode à venir, ce qui serait parfait si les autres cas mentionnés n'étaient pas du plus haut banal...

Alors eh bien ça permet de faire de jolis cadrages qui font un peu années 90, et que personnellement je pensais éteints depuis la disparition d'Alerte à Malibu et autres Pacific Blue des écrans. Typiquement, en guise de transition, on a tout de coup des cartes postales de Miami : sa plage, ses bars, ses néons, ses jolies filles pas trop vêtues. Après ça allez défendre Miami Medical... J'exagère à peine ! Cela dit ce ne serait pas très honnête d'oublier de mentionner que situer l'hôpital à Miami permet aussi de jouer sur les couleurs (les mêmes que Les Experts Miami, mais souvent en plus pastel), offrant, il est vrai, un travail autrement plus soigné que Three Rivers et son agression visuelle permanente. Si ici on est dans le high tech, le moderne, le design, la plupart des prises de vue s'arrangent pour être un plaisir pour l'œil. Les vues de l'hôpital montrent un endroit au lignes épurées, claires, fait de courbes et de grands espaces vitrés. Là où Urgences montrait un service claustrophobe, sans fenêtre ou presque, avec comme unique ouverture sur le monde le sas d'entrée donnant sur le parking, Miami Medical est tout en lumière et presque totalement ouvert sur l'extérieur. C'est agréable, je ne le nie pas. Mais ça ne sert pas à grand'chose...

Le seul espoir de Miami Medical, c'est d'exploiter un filon trouvé dés les premières minutes du pilote, pourtant. En faisant un peu moins dans l'esthétique et le tape-à-l'œil (qui, s'ils n'étaient pas le seul atout de ce pilote, joueraient en sa faveur, en fait), et en se branchant un peu plus sur ces problématiques, la série pourrait devenir regardable. Je ne pense pas qu'elle le fera mais elle a pour l'instant la marge de manœuvre nécessaire pour redresser la barre.
Je veux bien-sûr parler de l'angle "pétage de plombs".

Assez rapidement en effet, le big boss (campé par Andre Braugher entre deux épisodes de Men of a Certain Age) lâche la rampe après avoir sauvé un patient in extremis, et se met lui-même définitivement hors-jeu après un strip tease en plein milieu du service. Inutile de dire qu'on ne s'attend pas à ce qu'il retrouve son poste dans l'immédiat. Une scène intéressante, où le rendu est impeccable sur l'espèce de blackout total qui semble s'installer en quelques secondes dans le cerveau de l'éminent médecin, tandis que ses jeunes subordonnés, encore admiratifs de sa performance médicale, assistent impuissants à la débandade.

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A la suite de cet incident, on a droit à une séquence décodage avec les deux nanas (qui esquissent une vague dynamique mentor/scarabée qu'il serait également bon de creuser), et elles nous apprennent que 60% des médecins travaillant en traumatologie abandonnent au cours des 5 premières années d'exercice. On sent que ces statistiques et leur manifestation via ce bon vieux docteur (qui avait largement plus que 5 années d'exercice au compteur) sont une inquiétude tangible, et le personnage de la blondinette va remettre de discrètes couches autour de ce sujet en deux autres points du pilote, ce qui est tout à l'honneur de ce dernier ; si Miami Medical se préoccupe d'approfondir vraiment cette question, on tiendra là un axe original pour une série médicale, et au potentiel dramatique puissant.

Hélas hélas, comme beaucoup de séries produites par Bruckheimer (sinon toutes), on sent que l'efficacité superficielle est plus importante que de vraies problématiques de fond du métier abordé, et qu'on est plus dans l'exercice de style qu'autre chose.
C'est un truc que je ne comprends pas avec les productions Bruckheimer : on a le pognon de bien faire, un cast très honorable (pour l'instant, Parilla est en sous-régime mais correcte, Harnois ne fait pas inutilement dans l'oie blanche, et Gooding est attachant bien que sous-employé), bref, toutes les cartes en main pour faire quelque chose de bien, mais on ne se contente jamais que d'obtenir un résultat "propre", et sans âme.

Après avoir tué le genre policier en l'abreuvant de séries passant totalement à côté de l'intérêt majeur du métier (soit la proximité) et en rendant dénué d'intérêt le traitement des enquêtes, voire en le rendant purement abstrait au bénéfice d'une production abordable par tous, Bruckheimer s'attaque cette fois aux séries médicales. N'y a-t-il donc rien de sacré à la télévision, Jerry ? C'est pas en crachant sur la tombe d'Urgences et son parti-pris politique, humain et social que tu vas t'octroyer sa succession, tu sais.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (lisez la fiche avant de ne plus rien en avoir à foutre... hop, trop tard) : la fiche Miami Medical de SeriesLive.

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29 mars 2010

Ascendant Caprica

Il est de notoriété publique que mon truc, c'est plutôt de parler de pilotes. D'abord à titre personnel, c'est une question de goût, puisque je suis pilotovore et ne m'en suis jamais cachée. Mais il me semble aussi que, ma démarche n'a jamais été de vous abreuver de reviews épisode par épisode (de toutes façons, si vous voulez lire un avis sur le dernier Desperate Housewives ou l'ultime saison de Lost, les adresses ne manquent pas), mais surtout de partager mon goût pour la curiosité téléphagique.
Et même si, au fil de mes visionnages, je partage bien volontiers quelques réflexions sur des épisodes plus tardifs, et si récemment j'ai lancé la rubrique To be continued... qui revient sur toute une saison (principalement parce que j'ai développé une certaine phobie de l'annulation due à une crise téléphagique), il est quand même assez rare que je vous fasse un post rédigé couvrant l'intégralité d'une saison. Fût-elle courte.

Pourtant c'est bien ce que je m'apprête à faire aujourd'hui à propos de Caprica.

Un petit mot sur "l'avant-Caprica" pour expliquer l'apparition de ce post atypique. Il faut pour cela remonter à Battlestar Galactica, série que j'adore et dont pourtant je n'ai toujours pas vu la dernière saison, vu que j'attends que ma frangine ait du temps pour la regarder et que je lui ai promis que je l'attendrais (peste, à l'époque elle s'est bien gardé de me dire que j'en avais pour plusieurs mois à faire le pied de grue). Alors, quand le pilote est sorti, je craignais un peu de m'y atteler ; le principe du prequel, c'est quand même bien de glisser tout un tas de sous-entendus sur l'univers qu'on connait déjà, mais n'ayant pas vu la fin de BSG, je risquais de ne pas saisir toutes les allusions et ça me contrariait beaucoup. Je bavais devant les affiches (qui auraient pu figurer dans ce post tant elles me semblaient alléchantes), mais je rongeais mon frein. Et pressais ma sœur pour accélérer le mouvement...

Plusieurs personnes m'ont toutefois assuré que je ne risquais pas grand'chose (sous-entendu : Caprica c'est vraiment bidon, ne crains pas une complication qui n'existerait que dans tes fantasmes de fan), alors me voilà à me lancer, tardivement mais qu'importe, dans la série, me disant qu'on peut difficilement imaginer moment plus idéal pour ce faire que le weekend pendant lequel SyFy programme une intégrale de la série pour gonfler les audiences du tout dernier épisode diffusé cette saison, sachant que pour la suite, il faudra maintenant attendre septembre.

Caprica, me voilà donc ! Ah, comme j'aime déjà ton look rétro des années 50 ! Comme ton personnage principal (middle-aged, roux...) me séduit par avance ! Et comme ton thème semble électrisant !

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Caprica ou le péché originel ? Miam !

Le pilote a pourtant de quoi surprendre. S'ouvrant sur une ambiance de teenagerie tape à l'œil (le club, le petit groupe de lycéens qui semble vouloir accomplir quelque chose de grand alors qu'ils sont... lycéens, les parents qui ne comprennent rien à rien), on a l'impression que Caprica a misé avant tout sur un rajeunissement de son public-cible. Impression qu'évidemment, l'attentat et les problématiques autour du deuil vont atténuer, mais quand même.

Le pilote offre aussi une très exaltante lecture des problèmes que pose la robotique (j'ai dans l'idée que si le Dr Daniel Graystone avait pu lire Asimov, on n'en serait pas là...). La question que pose la seconde moitié du pilote, sur la possibilité de ramener les êtres disparus par le biais de la technologie, est captivante ; elle est parfaitement mise en lumière par un dialogue entre Graystone et Adama pointant du doigt la bascule morale que le scientifique exécute sous le coup de la douleur (et peut-être aussi de l'avidité) :
"It's not natural ! No, it's wrong... it's an abomination !
- Well, define natural... These glasses help me to see, artificial limbs and organs help millions to live. You'd hardly call those aids natural, but I doubt you'd call them abominations.
- It's not what I mean and you know it.
- Ah... Huh-uh. You mean : "only the Gods have power over death". Well I reject that notion. I REJECT THAT NOTION ! And I'm guessing that you don't put too much stock in those ideas either. We have a chance to have our daughters back."
Cet échange pose les bases d'un vrai dilemme éthique qu'on était en droit d'attendre et de voir exploré dans la série. La confrontation de ces deux hommes qui, à partir des mêmes constatations, tirent des conclusions différentes sur le sens à donner leur à deuil, et donc à leur vie, n'était qu'une façon d'expliciter ce dilemme.

Ça, c'est le pilote. Un pilote souffrant encore de quelques défauts, mais dont on pouvait penser qu'ils disparaitraient. C'est pas comme si on avait affaire à des amateurs, non plus !

Mais au fur et à mesure que la série avance, ces questionnements sont balayés rapidement, voire carrément ignorés. Pas oubliés. Ignorés.
On peut pardonner à une série quand elle oublie d'emprunter un thème qu'elle avait commencé à raconter, c'est une erreur compréhensible, une étourderie qui peut coûter cher mais qui est humaine... mais le faire exprès alors qu'on a construit une grande partie du pilote dessus, non, ça ne se pardonne pas comme ça.

Les problématiques posées par le pilote sont vite laissés en stase totale. L'enfermement de Zoe dans le corps Cylon ? Une idée tordue mais qui pouvait donner quelque chose de bien. A travers ses trois identités (à partir de deux ou trois épisodes, le terme "trinité" s'est bien gardé d'être évoqué dans les résumés, ne parlons même pas dans les épisodes eux-mêmes), Zoe/U87 aurait pu explorer son humanité : une machine capable de ressentir des choses ? Voilà une thème de science-fiction intéressant et digne de la franchise BSG ! Mais au lieu de ça, Zoe va passer le plus clair de son temps à regarder tout ce qui se passe dans le labo avec un air constipé et les mains sur les hanches. Ne blâmons pas Alessandra Toressani pour cela, car dans les rares scènes où elle a la possibilité de s'exprimer, elle dresse le portrait d'une adolescente intelligente mais immature, vive et presqu'attachante. La faute en revient bel et bien au scénario qui, après avoir joué avec l'idée qu'on pourrait mettre l'avatar de la fille du Dr Moreau dans la créature mécanique créée par ce même savant, s'en désintéresse complètement, laissant la réalisation jouer avec les différents effets permettant de dire que Zoe est dans le corps de U87. Une fois. Deux fois. Trois fois. Cinquante fois par épisode s'il le faut.

Pendant ce temps, le monde virtuel qui au départ devait regrouper ce que l'humanité a de plus tordu et subversif, devient une autre façon de créer une cafète de sitcom pour que les personnages adolescents puissent se retrouver et s'exprimer loin de la censure parentale. Club hyper chic à la faune lookée, et progressivement, cadre plus calme (VIP room puis décors naturels), il pourrait avoir une signification dans la quête des personnages qui le fréquentent, mais y échoue lamentablement parce qu'il est sous exploité.
New Cap City, certainement l'endroit le plus sexy de toute la série par son univers extrêmement stylisé, ne s'en tire pas mieux. Comment cet appendice du V-world, censé représenter un jeu sans pitié, devient un trou béant scénaristique, je ne me l'expliquerai jamais. Voilà bien une intrigue qui ne mène à strictement rien. Elle ne définit ni les personnages qui y circulent, ni une thématique solide autour de laquelle la série pourrait prendre du sens.

Sur le plan de la religion (question centrale de la franchise s'il en est !), Caprica semble là aussi s'empêtrer dans les thèmes qu'elle a pourtant elle-même soulevés. On ne lui avait pourtant rien demandé ! Cette thématique lourde aurait pu être développée ultérieurement, en parallèle des progrès autour de la technologie Cylon (pour la défense des auteurs, il faut bien admettre que ladite technologie ne fait pas le moindre progrès à partir de la fin du pilote et ce, jusqu'au 9e épisode !), mais non, nous voilà dés le départ avec une chère sœur dans les bras, présentée comme forcément dangereuse car ayant de l'influence sur des adolescents, suivie de tout un mouvement monothéiste dont on a du mal à comprendre en quoi il est si minoritaire puisque plus la série avance, plus le nombre de personnages polythéistes se trouve en infériorité numérique. Et vas-y que je te brode sur la hiérarchie du STO, que je te rajoute une faction qui s'oppose à la bonne sœur (qui du coup n'est plus ni gentille, ni méchante, ni trouble, juste complètement lourdingue), tout ce petit monde se met des bâtons dans les roues et on en oublie ce qu'ils veulent, au juste. Sentiment désolant que de voir cet aspect s'évaporer à mesure que la saison progresse. Mais enfin Caprica, tu voulais parler de religion, d'extrémisme, d'endoctrinement... vas-y, fonce !

En fait, plus la série progresse, plus on a le sentiment que Caprica a deux type d'intrigues :
- celles qu'on développe parce qu'on a quelque chose à en dire, mais alors, ouh là, très, très lentement
- celles qu'on développe parce qu'on le peut, et croyez-moi on va délayer au maaaaaximum
Dans cette deuxième catégorie, on trouve des éléments qui semblent plus relever du plaisir des scénaristes que d'un réel fil rouge faisant partie du puzzle.

Et les scénaristes ont, c'est vrai, un univers à mettre en place. Tâche d'autant plus ardue qu'il faut à la fois que cet univers soit cohérent en lui-même, mais qu'en plus il s'inscrive dans la mythologie de Battlestar Galactica au détail près (parce que les fans connaissent toujours mieux la série que ceux qui l'écrivent, et qu'ils ne loupent aucune incohérence même mineure). Les intrigues du second type sont là pour étoffer cet univers, lui donner à la fois de la profondeur et insinuer qu'on y trouve des éléments constitutifs de la mythologie de la franchise. Mais le monde ainsi créé est si dense, et si attirant, que les scénaristes s'y perdent au lieu d'admettre que, bon, on va se contenter de ce qu'on en a déjà dit, et maintenant, on va essayer d'en tirer partie pour nos intrigues.

Mais voilà, le problème de Caprica, c'est ce phénomène de plus en plus courant et bordélique qui touche la télévision américaine, et conduit de nombreuses séries à être coupées en deux. Et qui a conduit à la création des posts To be continued..., alors attendez-vous à en trouver un dans quelques mois pour la série.
C'est un phénomène qui complique la vie des scénaristes qui travaillent sur des séries avec des arcs, parce qu'il faut en fait bâtir la série comme si elle avait deux saisons, une de 9 épisodes et une de 11 autres dans le cas qui nous préoccupe, au lieu de considérer que c'est une saison d'un seul tenant. Le cliffhanger de l'épisode 9 exprime bien ce problème, et en fait, tous les épisodes avant lui se heurtent à la difficulté d'installer un univers complexe tout en n'ayant pas tout dit dés le début. C'est un dilemme qui vaut bien celui de la robotique, et je le comprends.

Pourtant, voilà la vérité : entre le début et la fin de cette mini-saison, les personnages de Zoe, Daniel et Tamara n'ont pas avancé d'un iota ; Joseph, Amanda et Lacy expérimentent une descente aux enfers précipitée et assez peu cohérente qui relèvent uniquement du character development et pas du tout de la progression des intrigues ; sœur Clarice a prouvé son inutilité en tant que personnage dangereux pour l'équilibre des personnages principaux, supplantée par Vergis et Barnabus. La question de l'enquête terroriste est complètement passée au placard, conduisant à la disparition de l'agent Durham qui avait pourtant du potentiel.

Caprica_Entame
Jeune fille, maintenant que tu as entamé cette pomme, tu vas me faire le plaisir de la finir !

 C'est donc un travail très inégal, ne remplissant pas [encore] toutes ses promesses, et jouant un peu trop avec ses effets spéciaux, qu'offre cette première partie de saison. On y trouve des thèmes captivants, de bonnes questions, des personnages intéressants, mais il faut vraisemblablement une patience de bénédictin pour y trouver son compte, notamment quant à la stimulation intellectuelle qu'on est en droit d'en attendre.

Oh, c'est prometteur, certes. Mais "prometteur" est un terme que je préfère réserver à un pilote, pas à 7h30 de programme.
Puis-je suggérer qu'à l'automne, on fasse un peu moins joujou avec le potentiel de l'univers (et le potentiel des ordinateurs en post-prod), et qu'on s'attaque au nerf de la guerre ? Sinon, faudra pas venir se plaindre.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Caprica de SeriesLive.

24 mars 2010

Fils de...

Le preair de Sons of Tuscon ? Regardé, oui. Mémorisé... pas vraiment.
Je me rappelle vaguement m'être dit que beaucoup de critiques assassines l'étaient exagérément, et que ce n'était pas si terrible que ça. J'ai ri une ou deux fois, quand même, c'est pas si mal. Peut-être pas ri aux éclats, et je ne saurais me souvenir de ce qui m'avait fait rire, mais enfin, les faits sont là.

Alors me voilà, bien des lunes plus tard, devant la version définitive du pilote (quelques changements de casting ayant eu lieu dans l'intervalle), à me demander si Sons of Tuscon mérite le costard bien taillé que lui ont cousu main bien des blogueurs, pour ceux qui ont daigné lui accorder de l'attention. Ah, je comprends, Tyler Labine dans le rôle, c'est pas très sexy... mais j'ai quand même l'impression qu'il y a un gros biais de départ quant à cette série.

J'ai pourtant eu l'impression, en (re)découvrant ce pilote, de trouver, pas vraiment une série dans la lignée de l'humour de Malcolm (la série manque trop de fantaisie et de gadgets scénaristiques pour cela ; je comprends le rapprochement mais il ne se justifie que par des simplifications exagérées entre les deux séries), mais plus un univers à la My name is Earl. La scène chez la grand'mère, notamment, est du genre à rappeler cette Amérique bête, sale, méchante, et bourrée de petits tics bizarres (les écureuils dans le frigo, la collection de perruques...), qu'on aime dans la série du grand moustachu (pas Magnum ; l'autre moustachu) et qui ne font pas rire, mais plutôt amusent et provoquent une sorte d'émerveillement écœuré.

Sonsof

Mais c'est sûr, Sons of Tuscon est loin d'être la comédie messianique que nous attendons tous (l'attendons-nous, seulement ?) qui révolutionnerait notre menu téléphagique. Le pilote souffre d'un gros handicap, et qui réside précisément dans la scène que j'ai mentionnée plus haut : on cherche à y inclure des éléments dignes, dans le meilleur des cas, d'un opus tardif de Maman j'ai raté l'avion, avec un gros méchant tout bête et tout méchant qui vient casser du héros. On ne rit pas dans cette scène, non, on sourit juste quand elle est finie, parce qu'elle est finie. Ainsi, la comédie grosses tatanes s'incruste ponctuellement dans un épisode qui, sans cela, ne manque pas de charme.

A mes yeux, deux éléments de ce pilote me semble être des promesses porteuses d'espoir : d'une part, le personnage du garçon aîné. Le changement d'acteur a mené à un changement de personnage, le rendant un peu plus "précieux", et j'ai aimé cette variation, qui transforme les trois garçons en personnages plus variés, au lieu d'avoir le génie et les deux butors. Je ne me souvenais pas du passage où il dit que s'il devait être adopté, il choisirait une famille de célébrités, mais là c'était quasiment hilarant quand ça ne m'avait pas marquée la première fois. L'autre, c'est que jusqu'à présent, personne n'a essayé de nous sortir les violons pour montrer que les 3 garnements sont un peu tristes sans leurs parents, et que la relation avec leur papa de substitution va aussi leur apporter un petit quelque chose sur ce plan. Ça me semblait inévitable et pourtant, ça a pu être évité. Même sur la fin, quand l'épisode pourrait s'achever une petite scène mignonne, on finit sur une bourde, je préfère, sincèrement, que ça se passe comme ça.

J'y vois donc du potentiel pour une très bonne comédie, pourvu de se débarrasser de quelques mauvais réflexes, et, s'il venait à me rester 20mn de libres par semaine (ce qui en ce moment est très improbable mais ya pas le feu au lac), je pense que je lui donnerais encore une ou deux semaines pour se décider et s'épanouir dans un sens ou dans l'autre.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Sons of Tucson de SeriesLive.

23 mars 2010

L'ennemi sans visage

Il m'a fallu 15 à 20 minutes, au bas mot, pour faire taire cette petite voix qui dans ma tête, pendant le pilote de The Pacific, répétait en boucle "Band of Brothers, Band of Brothers, Band of Brothers"... et comment la faire taire plus vite, en effet, quand tout dans la production de cette nouvelle mini-série persiste à répéter les mêmes ingrédients : les témoignages de vétérans, la musique, le générique... les codes sont intégralement repris.
Dans un premier temps, c'est d'ailleurs assez gênant. D'où cette petite voix lancinante impossible à réduire au silence. Peut-être aurait-il tout simplement fallu assumer le côté spin-off de la chose ? D'autant qu'il est difficile d'oublier l'excellence de l'illustre aîné...

The Pacific met du temps à prendre ses marques et à s'en différencier. Le tournant est pris au moment du débarquement... Alors que le découragement du spectateur est à son comble, enfin, l'épisode offre un retournement inattendu et coupe le cordon. Nous y voilà enfin, il fallait attendre que les Marines aient posé le pied sur leur île du Pacifique.

ThePacific_pilot1

Et quelle île. Contrairement à Band of Brothers qui n'hésitait pas à frapper d'un grand coup avec une ambiance propre aux séries de guerre assez tôt dans le pilote, ici, The Pacific entretient une atmosphère oppressante pour les personnages (et donc pour le spectateur)...
L'ennemi est tout près, mais il semble aussi trop loin. Aucun contact. Un rendez-vous manqué avec l'action. Puis un autre. Et à chaque fois, la perte des rares repères qu'on peut avoir quand on est en guerre à des milliers de kilomètres de chez soi. Même quand ils se battent à quelques kilomètres de la côte, ils semblent invisibles, ces fichus Japs. On craint de les voir partout mais ils ne sont en fait nulle part. On voudrait apercevoir leur éclaireur, mais ce n'est que le vent dans les arbres.

Et quels arbres. The Pacific, c'est aussi, de façon totalement inattendue, une ode contemplative à la nature des îles du Pacifique. Ce qui remplace les filtres incroyables de Band of Brothers, c'est cette fascination authentique pour la verdure environnante. Plusieurs fois, les soldats se trouvent absorbés dans les images un peu hypnotiques que forment les arbres se balançant doucement dans le vent las qu'on imagine tiède et moite. Le tableau ne saurait être complet sans quelques cris d'animaux et d'oiseaux.
La nature semble pure, comme jamais touchée par l'homme, et c'est ce qui rend le voyage si angoissant, car cette nature en apparence vierge amplifie le sentiment de s'aventurer dans l'inconnu. C'est aussi ce qui rend les quelques images d'horreur, fugaces, comme les quelques soldats exécutés en plein milieu de la forêt. On a retrouvé le paradis perdu, et il faut pourtant s'attendre à subir la violence humaine à tout instant.
C'est l'une des grandes forces du pilote de The Pacific, sa plus belle preuve d'éloquence. C'est presque dommage de l'avoir bêtement explicité ensuite dans la lettre.

ThePacific_pilot2

L'explosion de violence sur la fin de l'épisode n'en devient, du coup, que plus terrible.
Jusque là, l'ennemi, c'étaient des injures raciales, des appareils, des ombres furtives qu'on pensait voir entre deux branches. Autant dire un ennemi sans visage. Pendant la scène de combat, aucun corps à corps, tout se fait à distance, chaque camps canardant l'autre au mieux en espérant éviter le combat.

Et puis vient cet homme, ce Japonais. C'est le premier dont on voit le visage. Et ce visage est marqué par la démission. Ce visage dit qu'il y en a marre de ces conneries. Ce visage est celui d'un humain complètement désemparé. C'est là que The Pacific sacrifie à ce qui est le passage obligé de toute série de guerre, l'instant suprême de doute, et le fait avec talent et poigne.

ThePacific_pilot3

La marge de manœuvre de cette mini-série, pour se distinguer réellement de celles qui l'ont précédée, est assez réduite. Mais même sans ça (et au vu de ce pilote, il n'est pas dit qu'on doive s'en passer), The Pacific est la promesse d'une fiction de guerre rondement menée, intelligente et tonitruante à la fois. Une série de guerre comme on les aime, quoi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Pacific de SeriesLive.

22 mars 2010

God, make me good... but still not yet

Il y a quelques heures, j'accueillais United States of Tara avec joie et frustration, voilà donc l'autre partie de la bonne nouvelle du mois : revoilà aussi Jackie ! Non seulement ces deux séries ont figuré parmi mes rares coups de cœur de 2009, mais les voilà à présent liées l'une à l'autre par les grilles de Showtime, dans lesquelles elles figurent l'une à la suite de l'autre cette saison. Je me sens gâtée. Je le prends comme un cadeau qui m'est fait personnellement. Ravie au plus haut point.

Contrairement à United States of Tara qui entame sa saison dans la précipitation, Nurse Jackie prend son temps. Le résumé de la première saison, qui s'étend au début de l'épisode sur plus de 2mn, est assez éloquent à ce sujet : rien n'est laissé à l'abandon, tout est replacé dans son contexte (ya juste l'histoire du rat que j'ai toujours pas comprise, mais si ça ne figure pas dans le résumé, c'est que vraiment c'était anecdotique !). De sorte que, si vraiment vous avez été négligent, voire stupide, au point de ne pas avoir regardé la première saison, vous avez ici tous, absolument tous les éléments qui l'ont constituée. Et ces 2mn montrent bien que ladite saison n'a pas manqué d'enjeux...

Alors nous y voilà, on prend ses marques progressivement. Jackie est toujours sur la défensive par rapport à Eddie, qu'elle ne voit plus mais qui semble la hanter (on apprend au cours de l'épisode qu'elle ne répond plus à ses appels, ce qui est d'autant plus étonnant que 1/ c'est lui qui était furieux à la fin de la 1e saison 2/ il est censé ne pas avoir son numéro de portable habituel, or Jackie n'a plus qu'un téléphone dans ce season premiere). On a toujours su qu'avec Eddie, c'était plus qu'une simple histoire de sexe, et qu'en parallèle Jackie n'a jamais cessé d'aimer son mari ; c'est l'occasion de le rappeler avec cette première scène à la plage.

Les choses reprennent aussi leur place à l'hôpital, évidemment : Coop est toujours un petit adolescent attardé, Zoey réfléchit au ralentit mais a toujours bon cœur, Ellie est cynique mais toujours aussi attachée à la famille de Jackie, etc... Comme attendu, Momo a disparu du paysage et il n'y sera fait mention que très rapidement, histoire de donner un semblant de justification ; Thor semble en bonne place pour lui succéder dans le rôle du type avec qui on discute dans la chapelle sans trop vouloir en dire.

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Cet épisode très lent est dans la même ligne éditoriale que le pilote : on n'est pas aux pièces, ya pas le feu, occupons-nous tranquillement de placer chaque personnage avant d'aller plus en avant. C'est un rythme que j'aime chez Nurse Jackie, et il n'empêche absolument pas des scènes à la fois hilarantes et bien senties, permettant de jouer sur les problématiques habituelles, et notamment le problème d'abus de Jackie.

Rien dans ce premier épisode ne bouleverse l'ordre établi... avant que n'intervienne, évidemment, la fin de l'épisode. Avec Nurse Jackie, on n'a jamais travaillé à la hâte, et la nouvelle saison est dans la plus pure continuité. Si vous vous attendez à un coup d'éclat incroyable, vous n'avez toujours rien compris à la série et son ton de chronique. Si vous voulez retrouver tout ce petit monde à la fois attachant et détestable là où vous l'avez laissé, alors le début de la seconde saison s'annonce comme les retrouvailles auxquelles vous rêviez.
Moi, en tous cas, je me suis sentie comme en famille.

C'est bon que tu sois de retour, Jackie. Allez, c'est bon, tout est prêt, on peut y aller.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Nurse Jackie de SeriesLive.

21 mars 2010

Re-United

Au bout de quasiment un an, j'avais perdu l'habitude : avec United States of Tara, les épisodes sont toujours trop courts. Ce qui s'avère être aussi bien une bonne chose qu'une mauvaise. Je me rappelle avoir ressenti cette même circonspection à la fin du pilote, mais elle avait disparu avec le temps... et la revoilà !

Il faut du temps pour renouer avec la famille Gregson, d'abord parce que, pour eux aussi, le temps a passé : Kate en a fini avec le lycée, la relation de Charmaine semble durer (je sais ! moi aussi j'ai fait cette tête incrédule !), et Tara n'a pas eu à céder la place depuis trois mois maintenant (elle a en effet repris son traitement). On essaye donc de se remettre dans le bain tout en reconstituant le puzzle. C'est un épisode d'exposition qu'on nous offre là, finalement, car peu de personnages ne sont à reprendre là où ils en étaient restés. Seuls Max, solide comme un rock, et Marshall, guère plus avancé sur ses questionnements amoureux, ne subissent aucun décalage horaire.

On a l'impression de rencontrer Tara pour la première fois pendant cet épisode : elle est euphorique, passe son temps à plaisanter, on la sent en pleine renaissance. Elle reprend possession de sa vie, c'est agréable à voir. On aimerait profiter plus de la vraie Tara avant que, irrémédiablement, elle ne se fasse ensevelir à nouveau. La petite famille n'a pas l'air plus habituée que nous. On sent Max encore sur ses gardes. Il a évidemment raison : la quasi-hystérie de Tara annonce, avant même qu'il ne se produise quoi que ce soit, que tout n'est pas parfait dans le meilleur des mondes.

Mais si ce season premiere est aussi l'occasion de créer un évènement perturbateur, le problème est qu'il intervient bien trop vite. Oh, on se doutait bien que la bande de Tara n'allait pas restée terrée dans son trou médicamenteux bien longtemps, simplement on a tout juste raccroché les wagons que le train repart déjà... Qui plus est, deux nouveaux personnages entrent en scène, et si on prend le temps de plutôt bien cerner l'un d'entre eux, l'autre ne trouve pas le temps de se montrer crédible.

Le résultat est assez perturbant ; l'élément déclencheur de l'intrigue de la saison 2 aurait aussi bien pu intervenir dans l'épisode suivant, personnellement je me serais sentie moins bousculée par cette équation à rallonge "mettons-nous au courant de ce qui se passe chez les Gregson"+"rencontrons les nouveaux"+"voyons les choses basculer"+"accueillons un alias perdu de vue". Ça fait beaucoup.

Et puis, je trouve assez étrange que plus personne ne fasse mention au passé de Tara. Comme si, en apprenant que ce n'était pas le viol qui avait allumé la mèche, on n'avait plus du tout envie de comprendre comment elle est tombée malade, si j'ose dire. C'est assez curieux, quand même, que n'avoir aucune réponse semble couper court à tout questionnement sur l'origine du mal.

On sent que, de nouveau, United States of Tara a envie de dire beaucoup de choses, que les idées se bousculent mais qu'elles n'ont pas toutes la place de s'exprimer correctement. Nul doute que les épisodes à venir permettront de prendre le temps de délayer les intrigues qui méritent d'être passées à la loupe, mais en attendant, le résultat est un peu frustrant.

Re_United

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche United States of Tara de SeriesLive.

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