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ladytelephagy
14 décembre 2011

VIP only

On a tous connu, notamment au collège, de ces adolscentes passionnées par les chevaux, passant tous leurs après-midis au centre équestre, parlant sans cesse de canassons et, naturellement, tapissant leur chambre de posters à l'effigie de futurs steaks. Vous l'aurez compris, je n'en faisais pas partie. Du tout. Mon intérêt pour ces bestioles s'est éteint lorsque j'ai arrêté de collectionner les Petits Poneys (mais il y avait des pégases et des licornes, quand même, c'était autre chose !).
Contrairement aux apparences, je n'ai rien contre les chevaux. Ce sont de belles créatures, je suppose, simplement je n'ai pas d'atomes crochus avec eux. Je ne me suis jamais passionnée pour le monde des courses et personne dans mon entourage proche ne s'y intéressant non plus, je n'ai jamais eu qu'un regard très lointain sur les courses de chevaux. Ce seraient des lévriers, ce serait la même chose, en fait.

En fait, c'est précisément la raison pour laquelle j'avais envie de tester le pilote de Luck : parce que je n'y connaissais rien. Et que la perspective de découvrir une série m'intéresse toujours plus quand il s'agit de découvrir aussi des univers qui n'ont rien à voir avec mon existence ; j'aime l'idée qu'on peut, bon, peut-être pas vivre par procuration, mais en tous cas essayer de se figurer ce que c'est que de vivre d'autres vies, dans des univers radicalement différents ; je recherche bien plus cela dans les séries que l'identification. Je ne suis pas une mère de famille ni avocate mais je regarde The Good Wife, je n'habite pas une banlieue chic mais je regarde Suburgatory, je n'ai pas envie de bébé mais je regarde Threesome, je ne deale pas mais je me lance dans un marathon Oz. Vous me dites qu'il y aura une série sur des geeks gay (Outland), une vieille fille dans la quarantaine qui ne s'intéresse pas aux relations amoureuses (Saigo Kara Nibanme no Koi), ou des courses de chevaux (Luck), je dis ok : ça n'a rien à voir avec ma propre vie, mais je ne demande qu'à voir ce que ces sujets peuvent me raconter.
Sauf que pur Luck, je ne me suis pas du tout sentie concernée même pendant l'épisode.

Je sais pas, c'était comme si j'étais pas invitée et qu'on me le faisait sentir. Comme si c'était pas mon monde et que la série n'avait pas l'intention de m'y faire entrer.
Comme je ne ressentais pas trop les enjeux dramatiques, j'ai commencé progressivement à me dire qu'en réalité je n'avais probablement pas tout compris. Je voyais le mec faire son comeback, l'autre pouponner un cheval avec à la fois espoir, nostalgie et amertume, et quatre aux tenter de gagner le gros lot, par exemple. C'était pas un problème. Mais j'arrivais pas à comprendre quand même : qu'est-ce qu'on attendait de moi, que je me demande si ça va marcher pour eux ? Très franchement je n'y arrivais pas parce que tout ce petit monde parlait à demi-mots de choses qui me dépassaient totalement. J'avais l'impression qu'il me faudrait aller procéder à des quantités de lectures pour comprendre ce qui tracassait l'un, ou l'autre. Et je me disais, au fur et à mesure que l'épisode avançait, que c'était beaucoup de devoirs pour une série. C'est à la série de vous faire entrer dans son monde, pas l'inverse ; de la même façon que ne pas connaître les romans de Game of Thrones n'a pas été un obstacle pour comprendre les intrigues, de la même façon que je n'ai jamais eu à me demander en quoi consiste le travail dans des pompes funèbres parce que Six feet Under n'a pas hésité à me l'expliquer, Luck aurait dû me donner envie de plonger dans les courses de chevaux sans que je passe par ce stade désagréable où je me sens étrangère à tout.
Au final, j'ai eu l'impression que ce qu'on attendait de moi, c'était de me demander qui allait gagner la course (et de verser une larme sur le cheval blessé), mais que pour le reste, si je ne ressentais pas de l'intérêt pour le vieux qui marmone à son cheval ou l'agent de sécurité qui voudrait une chance de jouer mais ne l'utilise pas, eh bien c'est tant pis pour moi.
J'aurais aimé que Luck me prenne par la main et me dise pourquoi, par exemple, ce cheval a été endormi au lieu d'être soigné. Comme tout le monde j'ai tressauté quand on a entendu ce craquement lugubre, mais je n'ai pas compris pourquoi ça condamnait le cheval, par exemple, et j'aurais voulu qu'on ne tienne pas pour évident que j'étais en mesure de le comprendre. Je ne connais rien aux courses mais je devrais avoir une chance de m'intéresser à la série, or on aurait dit que c'était tout ou rien.

OutofLuck
C'était vraiment très énervant, ces échanges qui semblaient vides de sens simplement parce que, bah oui, j'ai pas lu de la doc sur les courses de chevaux avant de regarder le pilote de Luck, et j'ai pas l'intention de le faire chaque fois que je regarde un pilote, parce que ce n'est pas mon boulot, c'est celui des scénaristes. D'accord le cast est immense, la réalisation puissante, et peut-être que les personnages sont intéressants, mais si on ne m'invite pas à entrer dans ce monde, c'est pas à moi de faire l'effort, et c'est au moins aussi important que les atouts de la série.

Alors au bout du compte, je ressors du visionnage de ce pilote avec énormément de frustration, parce que j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui pourrait être intéressant, une série solide sur un univers jusque là jamais exploré, avec un cast énorme, une réalisation au cordeau et, a priori, je suppose, de bonnes histoires, mais voilà, je suis pas invitée. Je suis peut-être totalement crétine (et cette théorie n'est pas à exclure). Je suis peut-être fatiguée en ce moment (c'est vrai aussi). Je suis peut-être obtuse. Ou peut-être que c'était un jour où j'étais moins concentrée sur le pilote et que je n'ai pas écouté aussi attentivement que je le devrais les dialogues qui étaient peut-être plus pédagogiques que je ne le dis (hantée que je suis par Black Mirror, ce n'est pas impossible). Mais en tous cas j'ai l'impression, avec cette mauvaise expérience, d'être passée à côté de quelque chose pendant le pilote. Et la première impression, qu'on le veuille ou non, compte. Je peux m'acharner et tenter quand même de suivre la série lorsqu'elle commencera réellement sa diffusion sur HBO, mais soyons honnête, c'est une histoire téléphagique qui commence quand même très mal. Et ça me déçoit parce que je pressens que ç'aurait au contraire pu être une aventure intéressante.

Mais voilà, Luck fait partie de ces séries dont je vais probablement entendre plus de bien que je ne pourrai jamais en penser, comme si ses spectateurs faisaient partie d'un club VIP dont je ne suis pas membre. Il y a des séries avec lesquelles on se dit juste qu'on n'a pas accroché, et c'est tout, et c'est pas grave, on peut pas tous aimer la même chose (True Blood ou Boardwalk Empire sont de ces séries-là), et puis il y en a, on sent même confusément qu'on aurait pu les aimer. Mais voilà, on n'y était pas invité.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Luck de SeriesLive.

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9 décembre 2011

Un presque bon moment à passer

Deux pilotes avec Anna Friel en une semaine. Soit trois fois plus que la dose maximale prescrite.
Après Neverland, voici maintenant l'occasion de tester Without You, une série en projet depuis quelques temps maintenant (souvenez-vous) et dont je n'avais même pas réalisé la diffusion avant de lire un tweet hier aprem dans ma timeline Twitter. D'ailleurs la fiche imdb n'a été mise à jour avec le titre définitif qu'après la diffusion du pilote hier soir, et n'apparait même pas dans la filmo d'Anna Friel.

WithoutYou

Anna, qui autant vous prévenir ne quittera même pas l'écran le temps d'une pause-pipi, est donc l'héroïne de cette mini-série dramatique qui commence lorsque son personnage, Ellie, perd son mari (Marc Warren, qui d'après mes calculs apparait dans 80% des séries britanniques) dans un accident de voiture. Jusque là tout va, euh, non, ça ne va pas bien mais c'est assez classique. Ellie passe donc par les phases habituelles du deuil dans une fiction : elle pleure, elle est choquée, elle discute avec le fantôme de son mari, la routine, quoi.
Sauf qu'Ellie a aussi appris qu'au moment de la mort de son mari, une femme était à ses côtés ; or, elle ne connaissait pas du tout cette femme. C'est là que l'intrigue démarre vraiment.

Parce qu'étrangement tout le monde dans son entourage est quand même super prompt à accepter la thèse selon laquelle le gentil mari la trompait avec la mystérieuse femme. Il faut dire que celle-ci est blonde et répond au nom de Milena, ce qui apparamment en Grande-Bretagne est le prénom qu'on donne à toutes les maîtresses.
Ce qui n'arrange rien, c'est que Milena était mariée, que son veuf a plutôt l'air furieux que triste, et qu'il refuse obstinément de se comporter comme un veuf, genre il pleure pas, il est pas choqué, et ma main à couper qu'il papote pas avec le fantôme de son épouse, non plus. Et ça c'est nécessairement suspect.

Avec ce petit côté obsessionnel qu'ont toutes les personnes dont un proche vient de mourir (peut-on le leur reprocher ?), Ellie va donc commencer à se poser des questions sur les circonstances du drame, d'autant qu'un juge a décrété que c'était un accident et que ce ne sont donc pas les autorités qui vont s'en charger. D'ailleurs je ne me doutais pas qu'il fallait réunir les témoins, les enquêteurs et les familles des victimes se retrouvent devant un juge qui prononce la mort accidentelle ; c'est une originalité du système britannique, je suppose, en tous cas c'était une scène un peu irréelle (et pas juste parce que tout d'un coup Ellie est en état de choc) pour moi qui pensais que le propre d'une mort par accident était qu'on n'avait pas besoin d'en passer par le processus judiciaire.

Dans la peau d'Ellie, Anna Friel n'est pas vraiment mauvaise. Mais il y a deux problèmes, et non des moindres : d'une part le déroulement de son deuil, dans la plus grande partie de l'épisode, est profondément cliché (avec ce qu'il faut de gens qui lui tapotent l'épaule et qui, dés qu'elle pleure, lui proposent de l'eau (wtf ?)), et de l'autre, le fait qu'Anna Friel n'est pas sympathique. Plus le temps passe plus je m'aperçois qu'en réalité Anna Friel n'est pas du tout sympathique, en fait, même quand elle est supposée l'être, elle a ce petit quelque chose d'irritant, de hautain et de fruste qui devient rebutant à la longue, et son omniprésence n'aide pas.
Ce n'est qu'à la toute fin de l'épisode qu'Ellie se sort de son côté pathétique/antipathique et se remue un peu.

Pourtant, on se doute bien qu'elle va découvrir quelque chose ; sa quête de vérité est trop méticuleuse, trop poussée, trop détaillée pour qu'elle ne donne rien, et elle va probablement passer les deux épisodes qu'il lui reste à découvrir que les choses sont plus complexes qu'il n'y parait ; Without You ne cherche pas vraiment, en réalité, à donner dans la surprise, de toute évidence (ce qui serait vraiment surprenant, ce serait que son mari se soit réellement tapé Milena et qu'elle se raconte des histoires). Les scènes supposées être "émouvantes" du pilote le prouvent, l'originalité n'est pas son fort. Mais ça se laisse regarder. A condition d'avoir pleinement conscience qu'on ne va, à aucun moment, se lier émotionnellement au personnage central, et que les autres ne sont pas là pour ça non plus.
On a connu des thrillers plus excitants, du coup, mais vu que Without You ne durera que trois épisodes, ce n'est pas gravissime...

Accessoirement, cela me rend encore plus admirative envers Pushing Daisies qui avait réussi à ne pas me rendre Anna Friel totalement antiphatique. Il y a définitivement quelque chose de magique dans cette série, ça se confirme.

Et pour ceux qui... hm. Bon.

8 décembre 2011

Go back to your life, I dare you

Vous est-il déjà arrivé de trouver un pilote trop bon ? Au point de sincèrement vous demander si vous allez regarder le deuxième épisode ?
Je ne vous parle pas d'une sensation de délice et de perfection telle que vous vous dites que jamais la suite ne pourra faire encore mieux que l'épisode que vous avez vu. Je vous parle d'un pilote dont la forme est impeccablement aboutie et pensée, permettant au fond de s'exprimer parfaitement... sauf que le message de l'épisode vous rend physiquement malade. C'est le cas pour le pilote de Black Mirror. Le commentaire est sans appel, la forme est implacable, la sensation de malaise est authentique. Une fois que vous l'avez vu, vous n'avez envie que de l'oublier ; il a été trop efficace.

Un drama qui vous prend aux tripes, pourtant, ça n'a rien de nouveau. Plus tôt en cette saison, Homeland ou Boss ont su y parvenir. Mais nous sentons-nous concerné par Homeland ou Boss ? Non. Parce que leur intrigue ne nous touche que parce que nous nous lions aux personnages et que nous nous plongeons dans l'intrigue. Mais combien des spectateurs de ces séries que j'ai prises en exemple travaillent réellement sur des questions de terrorisme ou une campagne électorale ? Une fois l'écran éteint, nous retournons à nos vies.
C'est une chose bien difficile à faire après avoir vu le pilote de Black Mirror. Parce que les héros du pilote de Black Mirror... c'est nous.

BlackMirror
A la fin de cet épisode, allumer une chaîne d'information, ou aller sur Twitter, n'a plus rien d'innocent (si tant est que...). Vous le faites uniquement avec la conscience aigue de votre part de curiosité malsaine, de voyeurisme, d'exhibitionnisme ; avec la douloureuse sensation que rien de ce que vous lirez ou verrez alors ne vous touchera plus vraiment parce que vous n'aurez fait que consommer une information, au mieux, ou des flux sans le moindre intérêt, la plupart du temps. Des mots, des sons, des gestes, que vous allez lire, écouter, observer, mais dont soudainement, à cause de Black Mirror, vous saisissez la vacuité.
A la fin de cet épisode, vous vous détestez parce que vous aussi vous auriez regardé la première video, twitté à son sujet, guetté les informations, et peut-être même regardé la deuxième video. Vous ne pouvez pas dire le contraire après avoir suivi plusieurs autres évènements de cette façon, l'expérience parle pour vous en tant que spectateur et utilisateur des réseaux sociaux et, à travers cela, en tant qu'être humain.

Il vous faut plusieurs heures pour admettre d'aller en faire un post sur un blog ; vous les passez à relativiser, à vous dire que ce n'est qu'une série, qu'un seul épisode de cette série d'ailleurs, qu'il serait ridicule de plaquer tout ce que vous aimez (découvrir des choses, partager ensuite, écrire...) simplement parce qu'un scénario a réussi à vous remettre en question. Et de toute façon, quelle est l'alternative ? Tout arrêter simplement parce que le pilote de Black Mirror a vu juste sur vous et les millions d'autres internautes de la planète ? Peut-on échapper à notre propre époque et tourner le dos à la société d'information ? Ou ne nous reste-t-il plus qu'à rejoindre les rangs de ceux qui consomment sans plus jamais prendre de recul, pris dans les flux de mots, de sons, de gestes, et accepter que nous sommes devenu cela, non pas à titre individuel mais en tant que civilisation ?

Miroirs obscurs, assurément. Mais quand c'était Martin qui en parlait, on le vivait quand même mieux.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Black Mirror de SeriesLive.

7 décembre 2011

Me and my shadow

Après deux semaines de fièvre, de mal de gorge, de toux, de maux de crâne, de courbatures, dans cet ordre PUIS dans le désordre, je suis obligée d'admettre que mes capacités de concentration sont devenues carrément aléatoires. Aussi, c'est avec un certain soulagement que j'ai reporté la plupart des mes autres activités (y compris les posts sur The Slap, plusieurs fois reportés déjà) à l'occasion de la diffusion de Neverland.
J'ai pratiqué le visionnage en deux fois, lundi et aujourd'hui, et je ne sais pas si ça signifie que mon état était préoccupant en début de semaine, mais j'ai trouvé le second épisode largement inférieur au premier.

Après l'image, j'aime autant vous prévenir, il va être difficile d'échapper aux spoilers, mais en même temps, comment faire autrement quand on parle d'une mini-série qui n'a duré que deux épisodes ?

Neverland-1

Pendant cette première partie, l'effet cheap typique de ces productions (le pénible Alice en était un frappant exemple) restait discret, essentiellement parce que le (long) passage historique permettait de limiter les dégâts : il y avait ainsi l'opportunité d'avoir des costumes et un monde éloigné du réel, ce qui est le but recherché par les séries Hallmark, sans avoir besoin de recourir excessivement au fantastique. C'était donc bien joué et, même si sur Neverland, les décors semblaient faits de polystyrène et de carton même quand ils avaient en réalité été imaginés par ordinateur, on continuait de bien le vivre parce qu'on était dans de bonnes conditions. Les Indiens étaient sympathiques, l'intrigue avait un bon rythme et les choses se passaient bien.

Et elles se passaient bien en raison d'une autre amélioration visible des pratiques Hallmark : une véritable intégration dans la tradition de science-fiction de SyFy, car oui, à une lointaine époque, SyFy donnait dans la SF, la vraie. Le premier chapitre de la mini-série avait réussi à faire de Neverland une véritable planète. Dans mon imaginaire et celui, je pense, de la plupart d'entre nous, Neverland était juste "un endroit", au mieux "un monde" ; un peu comme dans L'Histoire Sans Fin, sa nature fantastique lui permettant de n'avoir pas à se justifier de ses caractéristiques géographiques ou physiques. Neverland n'est pas un pays, ce n'est pas un point sur une carte, on y accède essentiellement en volant, mais ce n'est pas un astre ; il y a une raison à cela, Neverland est imaginée à l'origine comme l'équivalent d'un paradis pour les enfants, et personne n'irait demander de situer le paradis sur un mappemonde ou une carte du ciel. Neverland EST, c'est tout.
Neverland devient dans la mini-série du même nom une planète à la fois au centre et aux extrêmités de l'univers, et pourtant ça semble incroyablement cohérent avec l'univers de Barrie, et cohérent avec les exigences qu'on peut avoir envers SyFy. C'était un passage intéressant qui ouvrait la porte à une lecture intéressante de l'histoire de Peter Pan. Sans compter que l'utopie du Professeur Truc était intéressante, et une jolie métaphore sur la nécessité de cultiver son âme d'enfant pour faire évoluer l'humanité...

Si l'on cherchait un divertissement intéressant, merveilleux et sans complication, Neverland accomplissait sa mission avec brio lors de son premier épisode, donc.

On aimerait pouvoir en dire autant du second.
Déjà, l'utopie du Professeur Bidule est entièrement balayée, ce qui pose la question de savoir pourquoi l'angle avait été introduit dans le premier épisode. Mais ce n'est pas le pire, car le pire est à chercher dans les effets spéciaux. En fait, du moment où Peter apprend à voler, on comprend que la partie est perdue de ce côté, si tant est qu'elle ait vraiment été jouée ; on verra clairement les câbles qui lient le jeune acteur à au moins une reprise, et l'effet est si mal géré en général (le pauvre garçon se balance devant les acteurs auxquels il donne la réplique d'un air mal assuré) qu'on n'y croit pas un seul instant. Peut-être que je suis devenue une grande personne, et que c'est moi qui ne sais plus rêver, mais j'ai besoin d'un peu plus que ça dans une série fantastique, et arrivée en 2011, j'estime que nous avons atteint le niveau technologique permettant d'éviter les grues et les poulies, pour un résultat plus soigné.

A cela il faut ajouter les questions sur les relations entre Peter et son mentor James Hook, qui de plutôt touchantes dans la première partie deviennent une excuse pour pleurnicher et crier à tous bouts de champs ; c'est tellement hystérique que ça pourrait être un téléfilm français (oh la méchante) ! Sans compter que Hook passe son temps à vouloir sauver Peter, mais aussi à vouloir sauter la chef des pirates, mais quand même à vouloir sauver Peter, et on finit par avoir peur qu'il ne se trompe d'une lettre à un moment. Ma phrase ne fonctionnerait hélas pas si j'écrivais ce post en anglais.

Au bout d'environ 30 à 40 minutes, je ne regardais plus que d'un oeil et me concentrais plus sur le pain d'épices que sur l'intrigue. Peter passe son temps à être blessé et/ou frappé, mais l'animal semble increvable. Il va sans cesse à la confrontation avec Hook mais cela se fait sans panache. Aaya prend un air désolé/triste/inquiet/fatigué à intervalles réguliers. Les enfants perdus n'ont visiblement pas reçu une copie du scénario. Et il y a une araignée géante qui en fait est un scorpion. Normal.

Ce que l'on attend vraiment d'un prequel, ce sont les raisons qui font que les personnages sont tels qu'ils sont au moment de débuter l'histoire qu'on connait déjà. Neverland aurait pu arriver à quelque chose dans ce domaine, tout en offrant un univers complémentaire à l'oeuvre de Barrie de par son côté SF, si la mini-série avait suivi les pistes du premier épisode.
Mais le second n'est en fait qu'une longue salle d'attente pour nous conduire à l'affrontement final dans lequel, évidemment, Hook va perdre la main, et Peter va rester un enfant insouciant. Les tourments et les péripéties se montrent alors totalement cosmétiques, n'ajoutant rien qu'on n'ait déjà compris de longue date, et ne proposant rien de plus que l'affrontement final pour arriver à la situation que nous connaissons tous : Hook avec un crochet, Peter Pan sans son ombre, les Enfants Perdus vivant mille aventures à Neverland, etc...
La conclusion apportée sera d'ailleurs, comble du comble, assez brutale, presqu'un cliffhanger. De la part d'une fiction parfaitement écrite et conduite, cela aurait pu être intéressant (sous-entendant qu'il est temps pour l'histoire originale de prendre le relai), mais venant d'une mini-série déjà fort pourvue en défauts, cela n'aide pas à sortir du visionnage avec un avis positif.

Afin d'enfoncer un dernier clou dans le cercueil de Neverland, je me dois de parler des personnages féminins. Certes, la direction d'acteurs manque quelque peu de rigueur en général, mais concernant les personnages féminins c'est véritablement la cata. Q'orianka Kilcher, toute ravissante qu'elle soit, a une diction épouvantable et n'est pas aidée par le fait que son jeu ne lui permettrait d'obtenir que deux noms d'Indien : Face-de-Totem-Imperturbable et Douloureuse-Crise-de-Cystite. Ne parlons pas de l'inexpressive Clochette, campée par une jeune beauté constipée passée à la bombe de peinture argentée, pour passer à la pire coupable de toutes : Anna Friel. Ne croyez pas un instant que j'éprouve une quelconque affection pour elle : j'aimais bien Chuck, c'est un fait, mais c'est une actrice épouvantablement antipathique dont il émane quelque chose de mal dégrossi, limite vulgaire, en dépit de ses tentatives plus ou moins subtiles de passer pour une créature sensuelle et/ou mignonne selon les occasions (Neverland n'a été que l'occasion de la première possibilité, et encore). J'ai accueilli la mort de son personnage comme un soulagement parce qu'elle était irritante au possible. D'accord, les rôles féminins ne sont pas spécialement bien écrits (les rôles masculins le sont à peine plus), mais il y a un facteur aggravant dans le choix des interprètes et leur direction.
Cela dit, l'oeuvre de Barrie n'a jamais été idéale pour les personnages féminins, on peut donc dire qu'en cela Neverland s'est montrée fidèle à l'original !

Nan mais vous savez ce que je vais retenir de Neverland ? Le premier épisode. On va dire que ça s'arrêtait là. En fait, plus important encore, maintenant j'ai vraiment envie de revoir Hook. Deux décennies plus tard, voilà une oeuvre qui n'a pas vieilli. Bangerang !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Neverland de SeriesLive.

3 décembre 2011

Dilemme

Voilà plusieurs semaines que je suis en lutte avec moi-même au sujet de Hell on Wheels. La joute verbale donne à peu près ça :
"Vas-y, regarde le deuxième épisode !
- Nan.
- Pourquoi ?
- J'ai pas envie...
- T'es chiante... alors écris ton post sur le pilote dans ce cas !
- Nan.
- Pourquoi ?
- On sait jamais, des fois que je finisse par regarder le deuxième et que je change d'avis.
- Bon bah alors, regarde le deuxième épisode !
- Nan. J'ai pas envie.
- Alors écris ton putain de post.
- Nan."
Et ça peut durer des heures.
Il faut avouer que les torts sont partagés : je sais très bien que j'ai été particulièrement déçue par le pilote et que c'est ridicule de me pousser à regarder la suite dans ces conditions, mais en face, il faut dire que j'y mets de la mauvaise volonté et que dans ce cas j'ai qu'à écrire mon post sur le pilote. Mais rien à faire, je n'arrive pas à trouver un accord avec moi-même.

Le fond du problème, c'est que ce qui m'a irritée pendant le pilote est, finalement, assez superficiel. C'est le son. Quand l'entrepreneur et le parlementaire parlaient de pots de vin et que le bruit de fond est coupé chaque fois qu'ils parlaient, parce la prod a, je suppose, décidé de doubler cette partie-là en studio, ça m'a rendue dingue. Quand la blonde et son mec cartographe discutaient dans le champs et que la même chose s'est produite à nouveau, à peine quelques minutes plus tard, j'ai trépigné de rage. Même moi qui suis peu regardante niveau bande sonore j'ai trouvé ça anti-professionnel, ridicule, grossier et franchement insupportable. Si encore ces scènes ne duraient que quelques secondes, mais ce sont de longs échanges où la coupure régulière finit par avoir le même effet que des ongles sur un tableau. Le fait est que ça n'a pas lieu à chaque dialogue, mais ça a lieu suffisamment souvent pour avoir un effet répulsif.
Je m'en veux d'en vouloir au pilote de Hell on Wheels juste pour ça (ou presque). Mais d'un autre côté j'ai peine à croire que les mecs aient eu le culot de diffuser un pilote aussi mal ficelé techniquement, au point que même moi ça me heurte.

Après on est d'accord que l'histoire de vengeance ne m'a pas intéressée non plus. Mais il y a eu de bons moments et j'étais réellement assise au bord de mon fauteuil en regardant la scène de combat dans la forêt entre la blonde et l'indien, c'était une scène bien foutue qui m'a tenue en haleine et qui m'a forcée à désincruster mes doigts de mes accoudoirs ensuite.
Mais le reste m'a semblé copieusement bateau ; la partie qui m'intéressait le plus (les magouilles de notre entrepreneur) ayant été largement minoritaire dans l'épisode, et la conclusion de ce pilote étant relativement absurde (écoute mec, si tu fais pas confiance à ton contremaître, le mieux est encore de ne pas commettre de meurtre devant lui, non ?).

Colm
Alors je sais pas. Peut-être que je devrais donner une chance supplémentaire à Hell on Wheels au nom de Colm Meaney que j'aime beaucoup, de l'esthétique de la série qui est pas mal, de ce personnage féminin qui m'a presque donné envie de la suivre, de l'histoire de la reconstruction des chemins de fer, ou du plutôt bon générique... Ou peut-être que cet amateurisme dans la bande-son et cette intrigue centrale peu captivante sont autant de preuves indiquant que ça ne sert pas à grand'chose d'insister.
Ne prenez donc pas ce post pour une critique du pilote : je n'ai pas encore décidé si je regarde la suite.
Ou peut-être bien que si, en fait.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hell on Wheels de SeriesLive.

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24 novembre 2011

Le refuge

Qu'on ouvre un journal, qu'on passe une semaine au boulot, ou simplement qu'on se retrouve en butte à l'un des mille problèmes bénins mais cumulatifs du quotidien, on a souvent l'impression que le monde nous éprouve sans cesse par une insupportable complexité. Les nouvelles sont mauvaises, les débats sont incendiaires, les préoccupations du quotidien vont gorger les rangs des multiples problèmes de société qui semblent s'entasser à l'infini. Le monde est tellement complexe. Il n'est ni noir ni blanc, mais il comporte tant et tant de niveaux de gris. Il s'y passe des choses douloureuses, ou incompréhensibles, ou simplement insolubles. Les gens s'opposent. Les valeurs sont inconciliables. Les idées s'ignorent mutuellement. Le monde est fichtrement gris et terne et désagréable.

Je ne connais pas de meilleur remède à ce genre de vague à l'âme qu'un bon épisode. Et aujourd'hui, je ne connais pas de meilleur remède que le pilote de The Café, qui a débuté hier à la télévision britannique. Ou quand un coup de coeur anglais remplace l'autre.

The Café est tout ce qu'on peut espérer de paisible, de serein, et de doux. Et de bleu.

TheCafe
Son personnage central, Sarah, passe le plus clair de l'épisode assise dans le café auquel le titre de la série fait bien évidemment référence, plus absorbée dans la contemplation de la jetée que dans ses écrits - mais c'est comme ça que ça marche. C'est là qu'elle regarde le temps et les gens passer. C'est là qu'elle échange quelques mots avec sa mère, qui tient l'endroit, et sa grand-mère, dont la fonction principale est de s'assurer que le fauteuil près de la baie vitrée ne parte pas avec la prochaine marée tout en tricotant Dieu sait quoi. C'est là qu'elle salue ses proches, les visages familiers de cette petite ville où elle est venue se ressourcer, dans une forme de complicité affectueuse mais simple qui la lie aux amis d'enfance, aux amis des parents, aux visages venus cent fois se faire fourguer un muffin un peu sec au fil des années.

The Café est le monde du connu. L'inconnu est loin ; les douleurs et les tristesses ont été refoulées hors du champs de vision ; les questions et les problèmes ont été boutés par-delà le point d'horizon. Le temps s'égrenne simplement, dans une sorte de naïveté méditative. On ne fait pas semblant de ne pas avoir de problème en jouant les insouciants ; on les a simplement éliminés du quotidien, du moins en grande partie parce que les affaires du café ne vont pas fort. Mais rien ne semble grave. Rien ne semble terrible. Rien ne semble réellement important si ce n'est ajouter filer des muffins un peu secs et regarder le vent fouetter la jetée en attendant que passe un visage connu, un visage aimé, souvent les deux.

Les trois protagonistes s'échangent quelques petites piques sans méchanceté, se taquinent, se questionnent, dans la rondeur de leur café en forme de bulle, seul sur la jetée, sans vraiment se soucier de rien.
Il n'y a pas plus zen que le pilote de The Café, avec ses personnages absorbés dans leur quotidien d'une perfection en apparence assez quelconque. On croirait presque que tout est simple, devant le pilote de The Café, que le bonheur est à un muffin un peu sec de là où nous nous trouvons. Que suivre des yeux le trajet du petit train touristique de la côte suffit à oublier tout ce qui pourrait nous rendre la vie un peu compliquée. Que le ressac va emmener avec lui toutes les petites mesquineries et les disputes. Qu'au prochain véhicule qui se stationnera de l'autre côté des baies vitrées, apparaitra forcément un visage avenant et bien intentionné.
The Café, avec ses scènes douces, tendres, légèrement amères ou drôles par moments, mais toujours caressantes, se pose comme un véritable refuge télévisuel pour tous ceux qui veulent échapper aux nuances de gris du monde. J'y ai déjà réservé une table.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Café de SeriesLive.

22 novembre 2011

ThreeAWEsome

Contrairement à Death Valley qui s'est achevée sur un véritable chantage au renouvellement (à croire que Tim Healy et sa bande ont potassé les interviews de la bande à Life Unexpected, souvenez-vous, c'était il y a un an), Threesome s'est éteinte hier dans la douceur de son foyer, entouré de ses êtres chers ; de sa belle mort, en somme.
C'est une jolie fin de saison, non seulement sur le fond, mais aussi sur la forme, avec l'élégance de ne pas forcer la main à qui que ce soit pour un renouvellement. Et donc de le mériter totalement.

ThreeAWEsome
Threesome a, en l'espace de 7 épisodes, gagné de belles lettres de noblesse, en se montrant à la fois tendre et pétillante avec ses personnages.

Sans grande surprise, la grossesse d'Alice a été menée à terme. Sans grande surprise, nos trois zouaves l'ont vécue ensemble. Le concept de Threesome n'est pas de nous emmener vers l'inédit, le révolutionnaire et le surprenant, mais de nous raconter un joli parcours, celui de trois jeunes qui deviennent adultes... mais pas trop quand même, oh. Et la série n'hésite pas à les remettre à leur place, notamment avec la fin accordée à la mère d'Alice (je ne vous en dis pas plus, mais j'ai apprécié l'ironie du second épisode rétrospectivement). Sans faire de ses personnages des clowns que rien n'atteint ni ne vient contredire, elle a su en faire des personnages faillibles mais tout de même hilarants, profondément humains mais toujours prêts à faire les pitres. Regardez bien autour de vous, ce ne sont pas des qualités que l'on trouve si facilement.
Les personnages évolulent sans changer : ils grandissent, mais restent fidèles à eux-mêmes, leur envie de s'amuser, de plaisanter, de faire la fête... Threesome ne nous montre pas des personnages à qui, comme on dit, le plomb entre dans le crâne, et qu'on trouve souvent dans des histoires mélangeant immaturité et grossesse. Mais ils évoluent un peu tout de même. Pour une comédie de seulement 7 épisodes, la performance mérite d'être applaudie.

Puisqu'on parle de performance, notons que nous tenons là 3 excellents comédiens. Ca me donnerait presque des regrets d'avoir gravé ce pilote de The Clinic sans y jeter un oeil car Amy Huberman est craquante au possible, une véritable pile ; les garçons ne déméritent pas, avec un Stephen Wight incroyablement attachant, parfait dans son rôle très oscillatoire (il a la plus grande amplitude et la gère impeccablement), et Emun Eliott joue de sa force tranquille pour de temps à autres incarner un petit garçon adorable.
Le trio a une dynamique impeccable, un feeling irréprochable, une énergie inépuisable. On pourrait les regarder des heures se renvoyer la balle tant ils le font avec une facilité déconcertante. Ils sont parfaitement à l'aise dans tout ce que ces personnages implique, dans toutes les situations plus ou moins étranges qu'ils rencontrent, dans toutes les réparties mordantes qu'ils doivent sortir l'air de ne pas y toucher. Le jeu entre ces trois-là est d'une telle souplesse que si c'était un sport, ce serait la gymnastique rythmique et sportive. C'est juste beau à regarder, cette aisance, ces contorsions faites sans sourciller.

Ils sont énormément aidés par une écriture parfaite, drôle, rythmée, légère, bourrée de références, souvent coquine mais jamais vulgaire.

Du coup, même quand certains épisodes m'ont moins plu (sans aller jusqu'à dire qu'ils n'étaient pas bons, mais en tous cas ils l'étaient moins) principalement en raison de l'intrigue, ce qui s'est produit pour les 5 et 6e épisodes, la symbiose fonctionne, les dialogues pétillent, l'énergie est palpable. On trouve peu de comédies capables d'aussi facilement faire pardonner ses temps faibles.
Probablement parce que, si les éléments de comédie sont nombreux et impossibles à rater, la réelle tendresse qui émane de la situation et des personnages fait que l'émotion a également la part belle. Sans être une dramédie, la série se ménage parfaitement des moments d'émotions qui n'oublient jamais d'être drôles, et parvient à une somme très humaine d'échanges.

Partagé entre le rire et l'affection, le spectateur décidera probablement de ne pas se compliquer la vie : il pleurera tout le long, décidant au fil du visionnage s'il s'agit de larmes de rire, de joie, ou d'émotion ; sachant que cela peut varier d'une seconde à l'autre. Une bien jolie expérience en vérité.

Et si j'ai eu l'air un peu fâchée envers Death Valley en début de post, ne vous en faites pas : je considère toujours que c'était l'une des séries les plus fun de cette rentrée. Je ne consacrerai probablement pas de post à sa première (et unique ?) saison parce que ce n'est pas systématique en ces lieux et que j'ai été très émue par le final de Threesome, l'un des plus réussis que j'aie vus ces derniers mois, mais le coeur y est.
J'espère un renouvellement pour toutes les deux.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Threesome de SeriesLive. Et on en a parlé dans le podcast de vendredi !

21 novembre 2011

On air

Tiens, voilà une comédie dont on aurait pu parler dans le SeriesLive Show de vendredi si j'avais seulement su que cette série existait !
Enfin, websérie devenue série, plus précisément (mais parle-t-on vraiment des autres ?), puisque Goodnight Burbank a ainsi démarré sa carrière, avant d'être rachetée par HDNet qui apparemment est une chaîne du câble, je découvre comme vous hein.
Et qu'est-ce que ça vaut ? Bah...

GoodnightBurbank

C'est assez chiant, en fait.
Le sujet est pourtant sympathique : il s'agit de s'intéresser à une petite émission d'information en soirée à destination de la zone de Burbank qui se tourne... dans un garage (bah ouais, le studio a brûlé). Ou comment trouver une super bonne excuse pour tourner dans les mêmes conditions que les personnages, c'est-à-dire avec pour simple décor une toile verte pour les scènes en intérieur, et un parking pour les extérieurs.

Les personnages en question sont plutôt sympas : il y a les deux présentateurs, elle, une républicaine dure tendance xénophobe ("Ann Coulter avait raison"/"Sur quoi ?"/"Tout.") mais un peu stupide, lui, un journaliste plus libéral qui espère surtout bouger de cette petite station pourrie et qui ne supporte pas sa collègue ; il y a le producteur, qui comme tous les producteurs ment comme un arracheur de dents et qui a les siennes qui rayent le parquet ; mais il y a aussi le chef de plateau baba cool, la maquilleuse, une musulmane qui porte le voile mais qu'il faut ptet voir à pas prendre pour une demeurée, la journaliste atteinte du syndrome d'Asperger qui ne peut pas regarder les gens qu'elle interviewe dans les yeux, la technicienne complètement maladroite et illuminée...

Alors qu'est-ce qui cloche ? Les dialogues. Le rythme. Le déroulement de l'épisode dans sa totalité. Tout ce qui compte quand même un peu dans une comédie.

Si certains passages sont décents, le reste est surtout très embarrassant parce que les gags ne sont pas nouveaux, et que les dialogues manquent de mordant. Avec des personnages aussi hauts en couleur, on était en droit d'espérer quelque chose de plus barré. Peut-être que le problème vient de l'héritage de l'improvisation, qu'on peut sentir dans certaines interprétations et qui signifie probablement que le script laisse une grande liberté aux interprètes ; or, l'impro, en tous cas de mon point de vue, fonctionne très mal dans une série. Pour une émission de divertissement, sans aucun doute : les sketches sont souvent courts, il y a un public, on garde les mêmes recettes que pour un spectacle de théâtre, bref ça fonctionne. Mais là, ça tombe à plat. Ce sont un peu les mêmes problèmes que ceux que je me souviens avoir cru déceler dans Big Lake, en fait.
D'autant que Goodnight Burbank est tournée en single camera.
Donc problème de rythme, donc problème de dialogues, tout ça tout ça, ce sont des conséquences assez logiques.

Reste que l'idée n'est pas mauvaise, que les personnages sont sympathiques, et que j'aimerais voir ce que donne Goodnight Burbank dans quelques mois, en lui donnant le temps de mûrir. D'ailleurs il parait que la série a ensuite été retravaillée, ça pourrait valoir le coup d'y jeter un oeil pour voir si les défauts d'origine ont été gommés.
Je crois que j'avais vraiment envie de rire devant Goodnight Burbank, probablement parce que les coulisses d'une émission de télévision, fut-elle toute pourrie, c'est le genre de sujets qui m'attire. Alors je lui redonnerai probablement une autre chance si je tombe sur les "nouveaux" épisodes.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche... que j'ai pas encore faite.

20 novembre 2011

Par un prompt renfort

Aujourd'hui je mêle l'utile à l'utile puisque je poursuis sur ma semaine spéciale comédies, rapport au fait que j'ai bouffé de la comédie matin midi et soir pour préparer le dernier SeriesLive Show en date, et que je vous parle aussi d'une comédie du câble sud-coréen.
Pourquoi le câble sud-coréen ?
Parce que, mes amis, après de longs mois d'absence, la rubrique Séries du Monde accueille un tout nouvel article aujourd'hui :

Cenestpasdelatelvisioncoreenne-cable
Ce n'est pas de la télévision coréenne... c'est le câble !

Vu que j'étais un peu hors du coup en matière de séries coréennes (ça s'est vu d'ailleurs), me limitant à suivre les audiences depuis cet été parce que j'essaye de donner un coup de main pour les séries US et que du coup on peut pas être au four et au moulin, ça a été un vrai plaisir de me replonger dans les coulisses de la télévision sud-coréenne, surtout alors qu'elle va aborder de grands changements dans les prochaines semaines. C'est le genre de révolution qu'il est rare de pouvoir observer en direct tant de nombreux pays sont dans une situation de statu quo actuellement, les chaînes s'ajoutant et disparaissant des grilles sans que cela ne fasse de vagues.

Pour l'occasion, je vais donc vous infliger une mini-review de Kkotminam Ramyeongage, et si je peux promettre qu'elle sera courte (surtout venant de moi...), c'est pour une bonne raison : j'ai détesté.
En même temps, c'est normal, c'est une comédie romantique. Hélas tvN, la chaîne câblée qui en est à l'origine, a tout compris des mécanismes des séries des networks, et on en retrouve tous les travers horripilants, en particulier les acteurs qui surjouent (faudra que je m'essaye à une romance moins humoristique, pour voir si ça me réconcilie). Les chassés-croisés ne m'intéressent pas parce que j'ai toujours l'impression de savoir comment ça finit, même si de toute évidence je ne le sais pas.
J'avais cru comprendre cependant que l'humour de Kkotminam Ramyeongage était, sinon outrancier, au moins très accentué. Mais j'aurais préféré de l'humour drôle, à choisir. Les situations sont vues et revues, c'en est pénible.

Alors en conclusion (oui c'est déjà la conclusion, je crois que vous avez saisi l'idée directrice de toute façon), je dirais que la bonne nouvelle, c'est que le câble est capable du pire comme du meilleur, il ne faut pas en attendre un miracle. Mais qu'il y a toujours eu un public en Corée pour des séries du genre de Kkotminam Ramyeongage et que, ça explique ses audiences d'une part, et d'autre part, c'est un bon présage pour la suite des évènements. Ces derniers temps, vu mon humeur vis-à-vis de la majorité des séries coréennes (pas toutes, faut que je me pose pour vous reparler de White Christmas d'ailleurs), j'ai presque envie de dire que si la série ne m'a pas plu, alors ce sera une réussite dans son pays natal, mais déjà là je sens bien que je commence à être mauvaise langue.
Et surtout ce qui me met en joie, c'est qu'on va visiblement avoir énormément de choix à travers les chaînes qui apparaissent en cette fin d'année, qu'elles se prennent pour un network ou bien qu'elles cultivent leur particularité. Peut-être que les comédies de MBN vont me plaire. Ou les programmes de Channel A ou E Channel. Ou que je vais rester fidèle à tvN et OCN. On verra. Mais ce qui est génial, c'est qu'on va vraiment avoir une opportunité géniale de voir tout cela évoluer sous nos yeux.

Cet article est d'ailleurs aussi une bonne résolution : je me remets à suivre l'actu sud-coréenne de plus près. Ce serait trop bête de laisser passer cette opportunité d'observer toutes ces mutations.

19 novembre 2011

Viande d'élevage

"Oh bah allez, boude pas quoi. Allez, laisse pas tomber les comédies britanniques, c'est trop con".
Mon ange d'épaule est du genre insistant. Il me veut seulement du bien, mais il a tendance à me répéter la même chose pendant plusieurs jours jusqu'à obtenir gain de cause.

Allez, ange d'épaule, je sais bien, va, que je ne vais pas arrêter les comédies britanniques juste à cause de Life's too short, fais pas cette tête-là. Déjà parce que j'ai le final de Threesome à regarder lundi soir, ensuite parce que Miranda revient en février et que je suis faible, et pour finir, parce que si un pilote de comédie britannique me passe sous la main, je vais pas le bouder ne serait-ce que parce que c'est un pilote.
D'ailleurs ça fait deux semaines que j'ai commencé une comédie britannique que je regarde en dilettante, et j'ai l'intention d'aller jusqu'au bout de la saison. Et pour vous montrer que je suis pas rancunière, je vais vous parler du pilote, même si ça fait deux semaines que je l'ai vu. Ma review manque un peu de fraîcheur, mais bon.

FreshMeat
Mais en toute sincérité, Fresh Meat est plutôt une dramédie. Pour autant, elle est gorgée de moments absurdes, et d'autres qui font relativement sourire.

Fresh Meat est une curiosité pour moi. Mon expérience de la fac, et c'est le cas pour la plupart des étudiants français, n'a pas été celle de la vie en communauté, comme dans les pays anglo-saxons, avec ce que cela implique de relations largement documentées dans des séries comme GREEK. C'était plus le temps de l'indépendance que celle de la vie en groupe ; le premier studio plutôt que la colocation, en somme. Et du coup ça m'a toujours un peu fascinée, ce genre de passage à l'âge adulte qu'on fait aux côtés d'autres personnes, plutôt que seule.

Fresh Meat retranscrit bien l'esprit que je me figure être celui d'une maison que plusieurs jeunes étudiants se partagent. Il en ressort une saine impression de bordel ambiant, d'adolescents qui se prennent pour des grands. Les deux petits tourteraux, Josie et Howard, illustrent parfaitement cet exemple, ils sont dans la représentation et c'est ce qui est à l'origine de leur chassé-croisé amoureux. JP aussi, dans une moindre mesure, se donne un genre. Et puis bien-sûr, il y a Oregon dont on sent bien qu'elle cherche à se faire passer pour autre chose que la première de la classe qu'elle est malheureusement au plus profond d'elle-même.
On sent bien qu'on a expliqué à ces jeunes que la fac, c'était une expérience unique, et qu'ils tentent de la vivre à tout prix, même si ce n'est pas réellement ce dont ils ont envie.
La limite de la série est justement là-dedans. Parce que les personnages ne se connaissent pas encore et qu'ils peuvent encore à peu près faire se faire passer pour ce qu'ils veulent. Mais rapidement les dialogues où un personnage fait semblant d'être d'accord avec ce que vient de dire le précédent deviennent répétitifs. Le jeu des apparences doit à un moment évoluer vers quelque chose.

Les intrigues ne sont pas forcément captivantes ni originales, mais elles sont sympathiques, en-dehors des déboires amoureux qui, comme vous le savez maintenant, ont le don de venir à bout de ma patience très rapidement ; on s'amuse quand même un peu. Et puis pour 8 épisodes, autant aller jusqu'au bout de la saison, même si je suis à la bourre sur la diffusion qui s'est achevée cette semaine. Mais je continuerai tant que les situations ne me sembleront pas... avariées.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Fresh Meat de SeriesLive.

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