Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

ladytelephagy

31 octobre 2010

Dust storm

CircuitItinerant

Depuis une bonne décennie, je suis une grande amatrice de drames judiciaires. Si j'ai probablement toujours vu des séries de ce genre, la première que j'ai regardée attentivement était The Practice, diffusée par M6 pendant un temps. Quelques années plus tard, la confirmation s'est faite avec L.A.Law, découverte sur France 3 en deuxième ou troisième partie de soirée en 2000, peut-être 2001. Quelque chose a allumé mon intérêt pour ce genre et ne s'est plus jamais éteint ensuite, parce que la série judiciaire est, en quelque sorte, comme la science-fiction : on peut s'en servir pour parler d'absolument tout ce qui nous préoccupe.

Le problème c'est que bien souvent, ces séries sont justement préoccupées par des affaires bien spécifiques : des accusés de meurtre, souvent (bien que pas toujours, certes). C'est un reproche que j'adresse notamment à The Defenders que pour l'instant j'ai mise en pause, après trois épisodes vraisemblablement trop peu intéressés par les cas des "petites gens", pour se préoccuper d'affaires classiques. Je ne dis pas qu'il ne faut pas parler de ces thèmes, des problématiques morales qu'ils soulèvent, des enjeux dramatiques qu'ils permettent, mais enfin, on tourne parfois un peu en rond. Et puis, ça manque aussi un peu de proximité : combien de fois dans votre vie avez-vous été confrontés à un meurtre ? C'est finalement à rapprocher de mon problème avec les nombreuses séries d'enquêtes qui éclipsent le travail de proximité de la police en uniforme.

Du coup, quelle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai appris que le principe de The Circuit était le suivant : une cour itinérante qui s'aventure dans les zones reculées de l'Australie afin que la Justice puisse être accessible à tous. Déjà, je trouve cette idée remarquable : ce pitch évoque un certain idéal de Justice, proche du retour aux sources des fondements de la loi, et j'aime l'idée que le tribunal, à la télévision, ne serve pas seulement à développer de grandes idées mais aussi tout simplement à tout simplement dépeindre certaines réalités "ordinaires".

C'est donc avec un grand a priori positif que je me suis mise en quête du pilote de The Circuit, et sans l'aide de Sowey, que je remercie chaleureusement, j'y serais encore.
Mais rien n'était joué car, je vous l'ai déjà dit, la fiction australienne est rugueuse, c'est à la fois sa force et sa faiblesse, et cela peut parfois être rédhibitoire. Pour autant, la perspective de découvrir le fonctionnement de la Justice australienne, les problématiques intimement liées à la société aborigène, et les jolies photos de promo (même photoshoppées à outrance) ne laissaient pas le moindre doute sur le fait que je devais absolument voir le pilote.

Après un énigmatique message d'avertissement pour la spectatrice française et ignorante que je suis, voilà donc le pilote qui commence de façon assez conventionnelle sur l'arrivée d'un avocat, Drew Ellis, dans cette fameuse cour itinérante. Outre le montage... rugueux, mais définitivement incisif, cette partie est relativement classique. Mais agréable, je tiens à le souligner, car les protagonistes ont quelque chose de peu et de très accueillant.

Le nerf de la guerre, on va le découvrir une fois que le tribunal itinérant siège dans sa première ville. Et c'est là aussi qu'on va comprendre que The Circuit n'a rien de commun avec les séries judiciaires du moment. Dans The Circuit, les cas traités vont en effet du vol de bétail à l'ivresse sur la voie publique, en passant par les violences domestiques. Exit les affaires passionnantes, et c'est justement ce dont Ellis va faire l'expérience rapidement, non sans accuser le coup : le tribunal s'installe, les avocats prennent connaissance de leurs très nombreux dossiers, font en quelques minutes (s'ils sont débrouillards) la connaissance de leurs clients, défendent leur affaire en quelques phrases efficaces, et passent au suivant. Comme le dira Ellis, "ce n'est pas une cour, c'est une usine de saucisses", du travail à la chaîne où l'on n'a pas le temps de s'attarder sur les détails, il faut que quand la cour repart, tout le monde ait eu droit à son procès.

Non seulement il s'agit d'apporter la Justice là où elle n'est pas, afin qu'il n'existe pas de territoire dans le pays où chacun n'ait pas le droit et le devoir d'être mis devant la loi, mais en plus il s'agit de veiller à la vie de communautés qui sont non seulement éloignées géographiquement, mais aussi culturellement. La clientèle de ce tribunal du bush, ce sont des aborigènes, une population pauvre, avec les problèmes qui en découlent. Difficile par exemple de ne pas être touché par cet homme âgé qui n'a pas de quoi percevoir une aide pour des soins médicaux, qui se débrouille pour aller en ville en voiture alors qu'il ne devrait pas, et qui se retrouve devant un tribunal pour avoir conduit alors qu'il était dans l'incapacité de le faire.

Mais The Circuit n'est pas dans la commisération. L'avertissement adressé à Ellis est d'ailleurs clair : surtout, ne pas croire qu'il n'y a que des victimes, il y a aussi des ordures. Simplement, dans les circonstances si particulières de ce tribunal, il faut trouver l'énergie de distinguer les pourris des faibles, et surtout, ne pas se laisser bouffer par la misère qu'on voit défiler en un temps record chaque jour...

La fin de l'épisode propose un procès auquel il est porté un attention un peu plus soutenue, et qui présente un enjeu différent. Afin à la fois de montrer que Drew Ellis est un avocat passionné (et un brin idéaliste, ce qui est normal quand on s'engage dans pareille aventure mais qu'on n'en est qu'au début), mais aussi de creuser un peu plus la question des différences culturelles, sans compter le potentiel dramatique, l'histoire d'une jeune mère arrêtée pour possession de drogue fait l'objet de longues scènes. C'est extrêmement touchant, c'est incroyablement puissant, c'est superbement filmé (mes pieds ne touchaient plus terre lors du plan très court pendant lequel Ellis tente de chercher la solution à ce qui lui tord le cœur), c'est magistralement interprété, bref c'est un grand moment de drama judiciaire, sans perdre de vue les objectifs de la série.

Dire qu'il s'agit d'un pilote qui m'a convaincue relève de l'euphémisme. Mais deux coups de cœur en une semaine, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir le coup, je ne vous le cache pas ! Pendant que Bollywood Hero continuer de cagouler tranquillement, je suis donc sur le point d'enfourner un deuxième épisode de The Circuit...
C'était une fichtrement bonne semaine pour la téléphagie.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Circuit de SeriesLive.

Publicité
30 octobre 2010

Sur la piste

Surlapiste

Depuis quelques mois, j'aime la façon dont de plus en plus de rencontres téléphagiques se font. J'ai toujours dit que ce qui me plaisait probablement le moins sur SeriesLive, c'était le newsmaking. J'ai toujours été plus motivée pour le fichage que le newsmaking. Mais, consciente que les fiches restent invisibles s'il n'y pas de news, je m'y suis mise et depuis je fais de mon mieux. J'ai ce rituel depuis quelques mois d'aller chercher des news sur tous les continents (certaines sont plus faciles à trouver et/ou à comprendre, mais je tente d'aller voir toutes ma liste de sources au moins un jour sur deux), et j'ai réalisé que ça m'ouvrait en fait énormément d'horizons.
Pour découvrir une série, je connaissais depuis longtemps le bouche à oreilles, la lecture religieuse d'articles et d'ouvrages téléphagiques, ou encore simplement la surveillance des news écrites par d'autres. Je réalise depuis quelques temps qu'il y a un canal par lequel j'apprends l'existence de séries qui n'apparaissent pas par ces moyens habituels, et c'est le fait de m'acharner à chercher des news pour SeriesLive.

C'est souvent le cas avec les news portant sur des récompenses, j'ai remarqué, parce qu'il y a plein de séries à mentionner.
Évidemment la question ne se poserait pas si je faisais une news sur les Emmy Awards, où toutes les séries sont déjà dans la base de SeriesLive. Pour des récompenses étrangères, les fiches sont très souvent à faire. Et du coup, au lieu de simplement ajouter un lien dans la news, me voilà à faire des recherches afin de faire une fiche. Une fiche que je n'aurais sans doute pas faite sans la news. Vous voyez où je veux en venir ?

Le nombre de découvertes que je peux faire de cette façon, c'est incroyable. C'est presque l'idéal : au lieu de céder à la fièvre pilotovore d'une rentrée, ou aux sirènes de la promotion à coups de gourdins, je tombe tout simplement amoureuse d'un pitch. Comme ce devrait finalement toujours être le cas.

Car hélas, on ne voit pas toujours les séries qu'on fiche. C'est la loi du genre : ne serait-ce qu'à l'approche d'une rentrée, on fiche les séries avant que qui que ce soit ne les ait vues. Le pitch, c'est souvent tout ce qu'on a, avec une ou deux photos de promos à mesure que la date approche. Quand je fichais des séries américaines sur SeriesLive, j'en ai fiché pas mal que je n'avais jamais vues, au rythme des annonces de grilles ou, au contraire, pour les compléter. L'exemple qui me fait toujours sourire, c'est Reba, que j'ai fichée des années avant de la voir. Mais il y en a eu des tonnes ! Heureusement qu'on peut ensuite les éditer, les compléter, les corriger, pour leur permettre d'approcher au plus près la vérité une fois qu'on les a vues. Mais parfois, on ne peut même pas les voir et là, c'est du travail de recherche, de lecture, de traduction. C'est ce que j'aime dans le fichage : chercher l'exhaustivité (en étant sûr de ne jamais l'atteindre) et s'offrir du coup une cure téléphagique pleine d'enrichissements...
C'est encore plus vrai avec les séries étrangères évidemment, car il faut compter sur la disponibilité et/ou les sous-titrages, et certaines séries ne sont tout simplement jamais sous-titrées. J'en profite pour glisser un mot à tous ceux qui sont bilingues en danois, en polonais, en russe, en arabe, en portugais, en espagnol... mettez-vous au sous-titrage, pour le bien commun ! Faites tourner ! Ne gardez pas pour vous ce que vous comprenez ! Mais je digresse...

Alors quand je tombe sur un pitch qui me fait intérieurement fondre en larmes parce que l'idée est tout simplement parfaite à mes yeux, je me lance dans le fichage, et je pars ensuite en quête d'une cagoule, s'il le faut je cherche aussi les sous-titres, j'ameute les gens sur Twitter si nécessaire, et je passe des heures à cliquer partout où je peux... Parce que, vous comprenez, quand vous tombez sur une série qui s'est bien cachée mais dont vous avez le sentiment qu'elle vous correspondrait tout-à-fait... vous n'avez pas le droit de faire comme si vous en étiez toujours au point où vous ignoriez son existence.
Une fois qu'on sait qu'une bonne série existe, là-dehors, on ne peut plus faire marche arrière.

...Et c'est comme ça qu'a commencé mon histoire avec The Circuit.

29 octobre 2010

Et dire que c'était la ville de mon premier amour...

(je sais, je l'ai déjà faite, celle-là, mais que voulez-vous je m'en lasse pas)
Bon, le weekend va encore être chargé, mais je ne vous quitte pas sans mentionner The SeriesLive Show, dont un bonus a été posté aujourd'hui sur... toujours SeriesLive, évidemment.

TheSeriesLiveShow_MEA
The SeriesLive Show - Bonus : Caprica, c'est fini !

Personnellement je n'ai pas encore vu l'épisode de Caprica de cette semaine, mais savoir qu'il faudra attendre la Saint Glin Glin pour voir la suite a tendance à me bloquer plutôt qu'autre chose.
Comme quoi... on se plaint des networks et puis...

28 octobre 2010

Mere piya...

Il y a quelques temps, je faisais une news pour SeriesLive ; un acte aujourd'hui devenu en apparence anodin, je suppose. Ce n'était pourtant pas une news comme les autres puisqu'il s'agissait d'annoncer l'arrivée prochaine d'une série produite par Lorne Michaels (SNL), conçue par Fred Armisen (SNL) et où Kyle MacLachlan est amené à apparaitre régulièrement. A part à napper le tout de milkshake à la fraise, il n'y avait rien à ajouter, tout était dit pour attirer mon attention. On fera le bilan en 2011 si quelqu'un à la bonne idée de mettre la cagoule à disposition quelque part où je peux la trouver.
Ce jour-là, j'avais fait mes devoirs et découvert que la chaîne IFC n'en était pas à son coup d'essai, et qu'une mini-série du nom de Bollywood Hero avait vu le jour environ un an plus tôt. A la lecture du pitch, je m'étais dit qu'il faudrait y jeter un œil à l'occasion. Et puis j'étais retournée à ma trépidante série d'articles hebdomadaires.

Il y a quelques jours, je ne sais plus comment ni pourquoi, j'ai repensé à Bollywood Hero. Et si vous aviez l'impression que j'étais mal lunée cette semaine, et que j'avais été négative envers toutes les séries traitées, eh bien ça pourrait bien être la faute de Bollywood Hero dont le pilote est tout simplement mon coup de cœur du moment. Oui, une série avec Chris Kattan. On me l'aurait dit ya quelques semaines de ça, je ne l'aurais pas cru non plus, je vous rassure.

BollywoodHero

Voilà tout-à-fait le genre de série dont personne ne vous parle alors que c'est d'une part vraiment original, et d'autre part très, très sympa : dans Bollywood Hero, Chris Kattan (dans son propre rôle) sent bien que sa carrière tourne en rond, voire pire. Un ultime rôle débile et mineur dans une série cheap lui donne l'impulsion nécessaire à accepter la proposition d'un jeune réalisateur indien venu à Los Angeles afin de recruter une célébrité américaine pour son prochain film. Voilà Chris qui s'envole pour l'autre bout du monde, convaincu d'avoir décroché le rôle principal d'un long métrage qui va tout changer...

Le problème c'est que d'une part, Monty, le réalisateur, est un débutant, héritier d'un grand cinéaste indien qui n'a laissé que sa légende derrière lui, et d'autre part la productrice est la sœur de Monty, Priya, une femme au caractère bien trempé qui a vite compris que Chris Kattan (1m68, chétif, une tronche de traviole et essentiellement célèbre pour son personnage de Mango...) n'est pas exactement l'acteur dont on rêve pour un rôle d'enjeu masculin dans un film bollywoodien, où en plus il faut chanter et danser. Mais Chris s'accroche au projet. Alors qu'il était parti sur un coup de tête, il a envie de s'impliquer. Et le voilà en train d'essayer de devenir le rôle masculin dont tous les films bollywoodiens pourraient rêver. Pas gagné quand on a réussi à braquer la star féminine du film et que celle-ci refuse de tourner avec lui.

La partie qui se déroule à Los Angeles est assez classique pour une fiction se déroulant à Hollywood : Chris erre l'air malheureux dans les lieux typiques du gratin, accompagné de Maya Rudolph (elle aussi dans son propre rôle), et se confrontant à Keanu Reeves (jouant une version snob et orgueilleuse de lui-m... hm, dans son propre rôle aussi). La frustration monte de part et d'autre de l'écran parce qu'on sait très bien que l'essentiel du film n'est pas là, mais sans réel agacement, plus parce que la mise en place n'est pas très originale. On tolère néanmoins ces longueurs en découvrant Chris sous un jour très humain, parfois un peu colérique mais visiblement blessé par la trajectoire qu'a effectuée sa carrière.
Mais c'est évidemment le voyage en Inde qui fait tout l'intérêt de Bollywood Hero. N'espérez d'ailleurs pas une image idyllique de l'Inde : Chris découvre d'abord les rues peuplées et pauvres avant de découvrir les superbes studios et les grandes maisons de style. En fait, les décors de l'Inde sont un très bon reflet de ce que Kattan diffuse également : un bon équilibre entre l'image qu'on s'en ferait a priori, et une autre moins spectaculaire mais plus intime. Kattan s'ouvre, se laisse aller à une certaine vulnérabilité, et l'Inde fait la même chose en toile de fond.

On n'est bien-sûr pas dans le constat social, ce n'est pas le propos. Mais alors qu'on pourrait s'attendre à ce que Bollywood Hero ne soit qu'une comédie prenant pour prétexte l'univers des film indiens pour déconner à fond, on découvre au contraire, au fur et à mesure, une sorte de Lost in Translation indien sur fond de cinéma. Certaines scènes donnent vraiment l'oeil humide, à l'instar du passage de total désœuvrement de Chris qui vient de se faire virer du film par Priya, et dont la carte de crédit a été bloquée. Expulsé de son hôtel, errant dans les rues populaires de la ville, on le sent complètement abattu...
Et c'est là, au bout de, je ne sais pas, moi, 30 minutes peut-être ? Qu'intervient la toute première chanson de l'épisode. On ne l'attendait plus. On avait fait une croix dessus. Et c'est une excellente surprise parce qu'elle n'est pas tape à l'œil, s'intègre bien dans le passage, et n'est pas trop longue. Le deuxième grand moment musical viendra à la toute fin de l'épisode, soit une autre demi-heure plus tard, et sera beaucoup plus proche de ce qu'on attend d'un film bollywoodien, mais là aussi parfaitement liée à l'histoire.

On se retrouve avec une fiction qui ne cherche pas à vous faire croire que vous regardez un film bollywoodien, mais capable de reprendre les éléments de ce type de films avec beaucoup d'enthousiasme, et en se concentrant sur son histoire et son personnage central. Il en ressort quelque chose d'authentique, comme dirigé par la passion avant tout et non par l'envie de surfer sur une vague qui effectivement peut sembler légèrement opportuniste maintenant que Slumdog Millionnaire a ouvert la voie. Toute l'équipe et, à ma plus grande surprise, Chris Kattan le premier, est confondante de sincérité, sans mettre le divertissement de côté. On rit, on larmouche un peu, et à intervalles réguliers (mais espacés) on a une folle envie de danser. Tout ça avec une histoire sympathique même si légèrement cliché.

BollywoodHero_Cap_1 BollywoodHero_Cap_2 BollywoodHero_Cap_3

Moi qui n'avais pas beaucoup d'intérêt pour Chris Kattan, je le découvre sous un angle qui me le rend très sympathique. Son interaction avec le reste du cast transpire l'honnêteté, sa scène d'entrainement à la danse avec Beeji est drôle mais donne l'impression d'une vraie rencontre, il ne cherche pas à être comique (alors que ce serait facile pour lui), et globalement on a vraiment l'impression qu'il y a une vraie histoire en Kattan et l'Inde (n'oublions pas qu'il est l'un des créateurs de la série ainsi que le producteur exécutif). Ça fait donc vraiment plaisir à voir.

Dans ces conditions, vous imaginez bien qu'à l'heure où nous parlons, je suis déjà en train de cagouler la suite... il me reste seulement deux épisodes à découvrir, c'est presque de la torture. En attendant je n'ai pas manqué de me découper les deux passages musicaux principaux, et vous imaginez sans peine qu'ils sont en train de tourner en boucle en ce moment-même, me connaissant...
Bon, et vous savez quoi ? La télévision indies (et hindi, pour le coup), ça vaut vraiment le coup de tenter. Vivement Portlandia, tiens.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Bollywood Hero de SeriesLive.

27 octobre 2010

College girl

La meilleure comédie du moment. La comédie irrévérencieuse à voir. La série méconnue à voir absolument.
Ça va, j'ai compris, c'est bon. Au risque de me refaire un coup à la 30 Rock, je vais écouter tout le monde et envisager de donner une seconde chance à Community. Quoique... à la réflexion, c'est vous qui allez me dire si c'est une bonne idée.

Dois-je (re)regarder Community ?

Community

Les pour :
- c'est une comédie en single camera et je suis très réceptive à ces comédies-là (alors que je suis vite en overdose pour les sitcoms classiques)
- profitons que je regarde le numéro d'intro des derniers Emmy Awards en moyenne une fois par semaine pour enfourner aussi un épisode de Community (ce qui m'a aidé à me rappeler de l'existence-même de son acteur principal) dans la foulée. Tant que le visage m'est familier, disons.

Les contre :
- le plus gros obstacle, c'est surmonter l'impression négative que j'en ai gardée. Je ne suis même plus en mesure de pointer du doigt tel ou tel défaut, simplement rien que de penser à Community me met de mauvaise humeur. Comme si vraiment, ce jour-là, j'avais vu un navet du gabarit de Brothers ou Cavemen, vous voyez ?

Ai-je été trop expéditive lorsque j'ai décidé de me débarrasser du pilote de Community ? Aurais-je dû lui laisser plus de temps ? (même si, bon, hein) Ça, c'est à VOUS de me le dire.

EDIT : voir le post sur le pilote ici.

Publicité
27 octobre 2010

Chienne perdue sans collier

Aujourd'hui, c'est jeudi, et jeudi, c'est Canada. Ah zut ça rime pas. Bon tant mieux, vu que je n'avais pas l'intention d'en faire absolument un rendez-vous rigide (n'ayant pas la rigueur de Livia, par exemple), ça m'arrange, dans le fond. Mais pour le moment ça ne va pas m'empêcher de vous parler de Lost Girl, la série dont le pitch ne m'attirait pas, le casting non plus, et que je ne me suis pas précipitée pour regarder. Bah figurez-vous qu'il y en a qui bossent, ici !

Lost Girl, c'est donc l'histoire d'une succube (oï, ça commence mal) qui peut donc aspirer l'énergie des gens par le toucher, et qui ne s'en prive pas jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il existe toute une communauté d'autres créatures dotées de pouvoirs (ouhloulou mais qu'est-ce que je fais là, moi ?), divisée en deux clans, celui du bien et celui du mal, apprenant alors qu'elle va devoir choisir (où j'ai mis mon paracétamol, déjà ?).
De fait, dans la collection "je regardes des séries dont le pitch tient sur du papier à cigarettes", ça se posait là. Et vu l'ambiance vaguement fantastique, après une semaine Merlin, ce n'était pas vraiment le plein dépaysement.

LostGirl

En fait, Lost Girl serait plutôt à rapprocher de Mutant X de par son utilisation perverse du scénario : yen a un parce qu'il le faut, mais on n'a pas prévu de s'en servir. L'idée c'est surtout de faire en sorte que le pilote pivote autour de deux axes : d'une part le fait que Bo, l'héroïne, est capable de faire ce qu'elle veut des gens qu'elle touche (et le potentiel d'intrigues et scènes pseudo-sexy qui en découle), et d'autre part, de l'action. Tout ça avec un peu de magie parce que c'est toujours plus facile de faire passer la médiocrité avec de la magie depuis que Charmed a ouvert la voie.

Forte de cette ascendance particulièrement pauvre intellectuellement, mais sur laquelle il n'y a pas le moindre doute quant à son attrait sur les spectateurs les plus influençables (ceux-là mêmes que je tente désespérément de protéger de la faillite intellectuelle dés que je le peux), Lost Girl s'aventure donc là où toutes les séries de la fin des années 90 et du début des années 2000 sont allées, et en fait des tonnes en plus, à grand renfort de phrases se voulant mordantes et drôles, et démontrant surtout qu'il y a définitivement des gens qui regardent trop Les Experts Miami.

Au milieu de tout ça, difficile d'avoir de l'intérêt pour l'univers des fae, d'autant qu'on nous plonge dedans sans vraiment chercher à nous y intéresser. Ça fait un peu "ce sont des gens qui ont des pouvoirs, ça va quoi, on va pas y passer la nuit !", alors que construire un peu la mythologie permettrait de conserver l'illusion qu'il y a un enjeu dans cette lutte du bien contre le mal. Mais l'idée n'est pas, rappelons-le, de ne surtout pas trop insister sur le côte "histoire", mais seulement sur le résultat final, c'est-à-dire un divertissement sans intérêt mais qui bouge et qui fait du bruit.

Vous voulez vous abrutir ? Très bien, à votre guise, une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal. Regardez donc Lost Girl ! Mais avec toutes les bonnes séries qu'il y a là-dehors, faites-moi au moins le plaisir de compenser avec, je sais pas moi, mettons, un épisode de Atami no Sousakan, par exemple.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lost Girl de SeriesLive.

27 octobre 2010

Poudre de Merlinpinpin

Vos réactions ont été plutôt tièdes, mais tout de même nombreuses. Du coup, même si vous n'étiez pas forcément super encourageants, j'ai décidé de jeter un œil au pilote de Merlin, juste histoire de ne pas mourir idiote quand vous étiez si nombreux à avoir vu la série.

Merlinclique

En fait, j'ai même fait une incroyable découverte : un épisode de Merlin s'assortit à la perfection avec mon visionnage matinal d'un épisode ou deux dans le train (hélas souvent 2 en temps de grèves...). Et comme il y a 5 jours dans une semaine travaillée, l'air de rien, je me suis quand même enfilé 5 épisodes de Merlin depuis qu'on en a parlé ! La téléphagie est décidément quelque chose de bien imprévisible...

Et c'était tout comme vous m'aviez dit (comme quoi, on n'est pas forcément déçus quand on entend beaucoup de choses sur une série...!) : les intrigues répétitives, le character development inexistant, le personnage central charmant, la virile histoire d'amitié avec Arthur... Bref un truc sympatoche et franchement pas intellectuel, mais qui divertit. Parfait quand on a toutes les deux minutes les portes du train qui s'ouvrent et se ferment sur fond de sonnerie stridente et de pas pressés vers la sortie.

La série n'est (vraiment) pas exempte de défauts. Les effets spéciaux sont à mourir de rire, j'avais plus vu ça depuis, je sais pas, Xena au moins, et c'était dans les années 90 donc il y avait des circonstances atténuantes.
Mais surtout, il y a ce que j'ai pris l'habitude d'appeler le "prétexte de la mort", déjà parce que l'expression me plait, et surtout parce que dans les 2 premières minutes de l'épisode, il va y avoir un prétexte débile pour que quelqu'un soit à deux doigts de trépasser dans l'épisode. S'il faut brusquement inventer un père à un protagoniste alors qu'il n'a aucune autre utilité que de devenir la victime de la semaine, c'est pas grave, vogue la galère ! S'il faut inventer un personnage machiavélique sorti du néant pour l'y faire retourner au bout de 45 minutes, c'est pas grave, balance ce que t'as ! Et puis, cntractuellement, le dragon a droit à une apparition par épisode, en général sans la moindre utilité, pour parler par énigmes et s'envoler d'un air narquois (dans le monde de Merlin, les dragons sont des salopards), laissant son interlocuteur s'égosiller à la lueur d'une torche avec le désespoir de l'imbécile qui n'a pas compris et qui n'a certainement pas demandé à la bonne personne, mais que ça n'empêchera pas de revenir la semaine suivante refaire le même cirque, comme dans une espèce de relation sado-masochiste. Et puis, il y a aussi le fait que jamais au grand jamais un personnage malfaisant ne dévoilera ses intentions. La sorcière qui a droit à DEUX épisodes (un record) sur les cinq que j'ai vus, par exemple, on sait pas ce qu'elle veut et on s'en fout, elle est juste là pour dresser des obstacles de la semaine, avec un péril de la semaine qui donne lieu à un "prétexte de la mort". Tout-au-plus Gaius se fendra-t-il d'un pseudo-cliffhangerisant "mais on devrait peut-être lui dire", mais on sait très bien que les scénaristes n'ont pas la plus petite idée de ce dont il s'agit, sans quoi ils nous donneraient au moins de quoi vraiment nous demander de quoi il s'agit.
On n'est pas là pour se poser des questions, on n'est pas là pour exiger de la qualité, et on n'est même pas là pour des intrigues cohérentes et/ou feuilletonnantes, non, vous avez voulu de la magie, vous avez voulu un héros au grands yeux bleus, c'est ce que vous aurez et rien de plus.

Pour autant, on s'en fiche, car d'une part ça fait du bien d'avoir un personnage qui n'a aucune envie de sacrifier à l'adage "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", surtout parce qu'il y a quelque chose de vraiment moderne dans la façon d'aborder la série pseudo-historique dans le ton des dialogues, qui dans leurs meilleurs moments sont badins, amusants et rythmés. Franchement, sur une échelle intellectuelle allant de 0 à 10 (10 étant Rubicon et 0 étant la trépanation en regardant Smallville), Merlin se situe pile sur la moyenne, surtout pas plus, et pas moins en tous cas, et au moins on sait pour quoi on signe quand on commence, on n'est pas pris en traitre.
Cette semaine, ma série du train n'est plus Merlin, j'estime avoir fait le tour du sujet après ces 5 épisodes, mais c'est quand même pas mal pour une série qui ne m'enthousiasme pas plus que ça. Nan, c'est pas mal du tout, même...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Merlin de SeriesLive.

26 octobre 2010

Un bluff historique

C'est malheureusement toujours un peu comme ça : le buzz augmente sur une série, j'en entends beaucoup de bien lorsqu'elle sort, les reviews positives se bousculent, et, dans la crainte d'être déçue, je reporte le visionnage du pilote aux calendes grecques. Résultat des courses : quand je m'y mets, je suis déjà archi-convaincue que ça ne va pas être si bien que ça, rapport au fait que tout le monde répète depuis plusieurs semaines que c'est bien.
Chais pas si vous suivez l'truc...
Voilà donc la raison pour laquelle je dis et je redis : arrêtez avec votre promo, votre bouche-à-oreilles, vos posts et tweets dithyrambiques, arrêtez, ça ne marche pas si bien que vous le pensez. Pas avec moi en tous cas. En fait, vous obtenez même l'effet inverse de celui recherché. Vraiment, arrêtez.

Donc quand j'ai fini par me lancer Boardwalk Empire, j'en étais une fois de plus là, consciente que tout le monde trouvait que c'était énorme, et splendide, et incroyable, et Dieu sait quoi d'autre, et consciente aussi que lire tout ça, et entendre parler de la série depuis des mois comme une espèce de bruit de fond, comme un acouphène téléphagique, ça n'allait pas vraiment m'aider à être dans de bonnes dispositions, sachant ma vision forcément influencée par tout ça. Certains jours je voudrais juste être coupée du monde pour découvrir de nouvelles séries.

Mais ceci n'est pas un post sur Boardwalk Empire. Pas vraiment. Il viendra plus tard... s'il vient d'ailleurs. Non, je voudrais ici pointer du doigt ce que je pense être la raison de tout ce fol enthousiasme devant la série et son univers qu'on me présente depuis des lustres comme incroyablement superbe, ou superbement incroyable c'est au choix. Loin d'être doté d'une réalisation originale, Boardwalk Empire a surtout une énorme avantage, et c'est celui-ci :

BluffHistorique

Désormais, le monde téléphagique est changé. Désormais, si une série se pique d'aller se dérouler dans le passé, avec des chapeaux et des belles robes, des femmes bien maquillées et surtout, ah surtout, n'oublions pas les vieilles voitures et les cigarettes, ça y est, elle est marquée du sceau de la réussite.
C'est l'héritage Mad Men.

Ce n'est pas vraiment que nous sommes nostalgiques d'une époque révolue. Pas vraiment. Voulons-nous vraiment d'une société machiste ? Quelques irréductibles zemmouriens, sans doute, mais guère plus. Ce n'est pas de la nostalgie. C'est juste que nous ressentons un grand confort à retourner dans des époques révolues qui s'offriraient à nous dans un luxe de détails parfaitement maîtrisés, des grands évènements historiques à la moindre coupe de cheveux. Nous voulons nous replonger dans une époque qui nous semble, certes, glamour sous un certain angle, grâce au soin infini porté par les stylistes à l'apparence de chaque protagoniste savamment looké, parce qu'elle nous semble rassurante. L'époque est clairement définie par des codes qui lui donnent ses limites, et actuellement, notre époque nous semble tellement floue et insaisissable que nous avons terriblement besoin de connaître les limites du monde.
Le reste n'est que folklore. Nous voulons simplement un monde facile à aborder, et dans lequel nous retrouverions tous les signaux qui nous disent que ce monde est tel qu'il est, sans grande nuance, sans zone grise. Nous voulons nos séries en noir et blanc.

Quand j'étais adolescente, je me suis prise de passion pour la Prohibition. Appelez-ça un transfert si vous voulez. Soudain c'était le monde le plus séduisant possible dans lequel trainer mes rêveries et mon imagination, et je vous fais grâce de toutes les histoires que j'ai alors inventées de façon plus ou moins abouties sur cet univers qui me permettait, oh ironie, d'échapper à ma propre Prohibition.
Mais il y a eu Mad Men. Et il y a maintenant Boardwalk Empire. Et désormais j'ai l'impression que si une série est capable de donner l'impression d'être exacte historiquement (et peu importe qu'elle ne le soit pas), alors elle trouvera son public, elle trouvera le moyen de combler les spectateurs en leur donnant les clés d'un monde ni trop lointain ni trop proche qui les accueillera une heure par semaine.

Faites une série historique, fendez-vous de tous les détails possibles et imaginables pour lui donner un air authentique (réalité historique ou décorateurs et stylistes de génie, vous avez le choix des armes), et vous obtiendrez la promo, le bouche-à-oreilles, les posts et tweets dithyrambiques.

Je suis, définitivement, irrémédiablement, fâchée avec la fiction historique à cet égard. Je n'arrive tout simplement pas à apprécier une série historique simplement parce qu'elle est historique, il me faut bien plus. Peut-être parce que j'aime regarder ce qui se passe dans la zone grise. C'est plus... grisant.

25 octobre 2010

Désolé, on ferme

Devinez ce que j'ai regardé hier. Allez-y, devinez... C'est une série qu'a priori personne ne m'imagine regarder. Vous trouverez jamais. Mais essayez quand même.
Bon, vous donnez votre langue au chat ?
Une série française ! Vous l'aviez pas vue venir celle-là, hein ? Ça doit m'arriver une fois l'an, eh bah voilà, c'était hier.

Nan mais une fois de temps en temps, pour se mettre au niveau, c'est bien nécessaire, quand même. Et puis, après plusieurs incursions dans le domaine britannique (ma bête noire), sur lesquelles je ne manquerai pas de revenir d'ailleurs, je n'en étais plus à une traversée de la Manche près. Pis bon, à Scénaristes en Séries, j'ai vu un peu de fiction française, alors fallait bien que j'en profite tant que je n'étais pas encore trop prise de nausées. Sérieusement les gars, c'était une opportunité comme il n'y en a pas beaucoup dans une carrière téléphagique : j'avais envie de regarder cette série. Fallait pas laisser gâcher...
Donc me voilà devant Maison Close (oui paske j'allais quand même pas regarder une série de TFHein) en me disant que allez hop, tout le monde en parle, en bien comme en mal, je vais quand même y glisser un œil.

La bonne nouvelle c'est que Maison Close n'est pas une mauvaise série. La mauvaise, c'est que ce n'est pas une bonne série non plus.

Parce que ne nous voilons pas la face : c'est avant tout un jeu sur la forme qu'on nous propose ici. Je n'ai rien contre l'esthétisme, bien au contraire. Mais j'attends qu'il s'accompagne d'un propos, qu'il le souligne, quelque chose. Ici, une fois qu'on a compris le pitch (formidablement synthétisé dans le slogan de la série : "les hommes rêvent d'y entrer, elles se battent pour en sortir"), on a plus ou moins fait le tour de la question, quand même. OK, elles sont prisonnières, alors quoi ? Faire toute une série sur l'enfermement dans une maison close ? Je ne suis pas convaincue.
Reste donc pour se divertir un ou deux nichons qui frétillent, et surtout un tas de scènes, de plans et de dialogues pensés pour faire vrai, pour montrer qu'on a fait un truc, pardon pour le jeu de mot, léché... mais quand même un peu creux.

Je ne dis pas que la problématique n'est pas bonne. Ce n'est pas ça mon soucis, même. C'est qu'on a l'impression à en voir ce pilote que la question posée suffit, et qu'elle sert simplement de prétexte à voir s'ébattre les personnages dans les limites imposées par ce sujet de l'enfermement. La petite jouvencelle enfermée par malice et cupidité qui se trouve prise dans le piège qu'elle n'a pas vu venir, la vétérante enfermée par jalousie alors qu'elle pensait avoir une porte sortie après des années de service... Je vois le pilote et j'ai le sentiment d'avoir déjà fait le tour de la question, finalement.

Le pilote n'est pas dans la gratuité. Il y a, bien-sûr, des scènes plus corsées que la moyenne, sans quoi la série perdrait sa crédibilité plus vite que d'autres ne perdent leur virginité. C'était à prévoir. Mais même si les scènes explicites ne sont vraiment pas explicites à moitié, elles restent quand même assez peu nombreuses et s'intègrent relativement bien à l'intrigue, sans chercher à nous montrer du cuissot juste pour le sport. Mais ça, c'est le pilote. Il a une vraie intrigue à montrer. Comment la jalousie de Hortense va briser les espoirs de Véra, comment Rose se trouve prise par les murs du Paradis ; je ne vois pas ce qu'on peut en faire si c'est déjà dit... si ce n'est justement montré du cul pour expliciter le calvaire de l'enfermement de ces femmes (ce qui manque quand même un peu à ce premier épisode).
Du coup, Maison Close semble, à ce stade, tout faire à l'envers. Au lieu de commencer par bien nous présenter les personnages, leur souffrance, leurs problématique, leur lutte vers la sortie, on commence par nous remettre tout ce petit monde dans la maison comme si ces intrigues avaient déjà trouvé leur point final, et on nous laisse penser qu'on va se contenter d'explorer la conséquence de cet enfermement. Un peu comme si les pensionnaires du lupanar avaient attendu la fin du pilote pour en ressentir les effets...

En tant que pilotovore diplômée, je proteste : un pilote doit donner envie ! Ouvrir des portes (pardon), lancer des intrigues, créer du remue-ménage, remuer ce qui dormait jusque là et donner la sensation qu'il y a des développements à venir. Or là c'est tout le contraire, le pilote de Maison Close s'ingénie à nous prouver par a+b que de toute façon, c'est tout vu, les portes sont fermées, on ne peut pas partir. Mais, euh ! C'était votre problématique essentielle et vous la fichez déjà par terre ? Mais que va-t-il donc vous rester ensuite si vous fermez les portes même pour le spectateur ? La crudité de vos scènes ?
C'est totalement contre-productif. L'écueil que vous avez plutôt bien réussi à éviter dans le pilote va devenir votre seule source d'intérêt par la suite ? C'est désolant.

Alors voilà, alors d'accord, eh bah c'est bien : d'un côté on demande au spectateur français de s'intéresser à la fiction française, et de l'autre, on l'envoie paître quand un sujet l'intéresse. C'est pourtant sur cette base qu'il est venu vous voir, non ? J'vous jure, on n'est pas aidés, hein.
Nan mais, finalement, je devrais ptet donner une deuxième chance à Maison Close. En tant que métaphore sur le rapport entre la fiction française et ses spectateurs...

MaisonClose

Et pour ceux qui... ah bah non quoi, je vais pas commencer à faire aussi les fiches des séries françaises, zut à la fin, j'ai une réputation quand même !
EDIT : bon. Je vois ce que c'est. Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Maison Close de SeriesLive.

24 octobre 2010

Can you keep a secret ?

Douce ironie du sort : la nouveauté nippone pour laquelle j'avais le plus d'appréhension est également celle que j'ai regardée en premier cette saison. Bon, d'un côté, vous me direz, au moins maintenant c'est fait, je suis tranquille. Mais quand même, c'est un pari un peu risqué...
Me voilà donc devant le pilote de Himitsu et, comme je sais que votre curiosité a été piquée (au moins pour quelques uns d'entre vous) depuis que j'ai commencé à en parler, eh bien je me suis dit que je n'allais pas garder mes impressions pour moi. Comme si c'était mon genre de toute façon...

Himitsu

Himitsu, c'est donc cette série au concept étrange (tirée d'un roman ayant déjà fait l'objet d'une adaptation ciné) qui nous parle d'une mère et sa fille qui, prises dans un accident de bus, sont entre la vie et la mort. Lorsque la mère meurt, son esprit semble s'être incarné dans sa fille... On imagine aisément le potentiel d'une telle intrigue quand on sait que le père reste seul face à cet étrange personnage qu'il aime comme une épouse, mais voit comme une fille.
C'était un principe franchement dérangeant, mais bon, à bien y réfléchir, c'était peut-être aussi une façon de voir le sujet avec les yeux des Japonais, loin de notre culture judéo-chrétienne. Une expérience à tenter, de la même façon que 14 Sai no Haha (également avec Mirai Shida) était rafraîchissant sur l'éternel thème de la grossesse adolescente, ou que Gyne offrait un point de vue différent sur plusieurs sujets d'éthique médicale. Ne jamais sous-estimer le pouvoir d'une série étrangère pour vous faire comprendre que vous aviez plus d'œillères que vous ne le pensiez ! Je me tue à vous le dire...

Sauf que déjà, sur le plan de la réalisation, je suis bien obligée d'avouer que Himitsu est une grosse déception. C'est franchement scolaire, voire carrément mauvais, c'est fait sans grande imagination, et si le scénario ne poussait pas pendant une scène ou deux, c'en serait franchement pénible. On tenait un sujet qui permettait pas mal de choses, mais la caméra se refuse obstinément au moindre effort. Il faut dire que la plupart des scènes ne sont pas servies avec beaucoup plus d'entrain par Sasaki Kuranosuke, certainement l'acteur le plus transparent du moment à la télévision nippone (il suffit de voir sa monolithique prestation dans Hanchou dont on parlait il y a peu), qui prouve en plusieurs points qu'il n'a aucune idée de comment aborder son rôle, et fait donc n'importe quoi (ne retranscrivant pas un instant le doute que toute personne sensée devrait éprouver, au moins pendant un quart de seconde, devant les affirmations de sa fille se proclamant être la réincarnation de son épouse). Le sort qu'il fait à la scène la plus tragique de l'épisode est à ce titre parlant, mais pire encore, il gâche totalement la scène-clé de l'intrigue. Bref, c'est un tout, mais un tout fade. Et si Mirai Shida s'en tire à peu près bien, ce n'est vraiment pas parce qu'on l'y aide, croyez-moi.

Bref, c'est franchement bancal sur bien des points. Dommage, parce que le scénario a bien besoin d'une pichenette dans un sens ou dans l'autre, et que visiblement il ne faut pas compter sur la réalisation pour la lui donner. Soit la série veut verser dans le sirupeux (et elle a quelques éléments qui le permettent, déjà...), soit elle veut être dérangeante (et elle le peut encore... pour le moment), mais à un moment il faudra choisir car s'il y a bien deux tons qui ne peuvent cohabiter dans une même série, c'est bien ceux-là. Le pilote offre quelques bonnes idées (dont une très bonne scène, totalement surprenante pour le spectateur occidental, où les familles des victimes sont réunies pour parler dédommagement... et qui contre toute attente s'avère être la scène la plus touchante de tout l'épisode), mais globalement il y a aussi beaucoup de remplissage, et un grand nombre de scènes dont on a l'impression qu'elles sont là parce qu'il le fallait, parce que c'était dans le cahier des charges, parce que sinon la ménagère moyenne ne comprendrait pas... et c'est terriblement dommage.

A ce stade, deux chemins s'ouvrent donc devant Himitsu. Au stade du pilote, rien n'est joué ; on peut partir sur un triangle amoureux (et même pas celui que vous pensez), ou sur une énigme dérangeante. Les paris sont ouverts... Quant à savoir si oui ou non, papa et maman vont consommer leur amour après la réincarnation, qui est franchement la question qu'on se pose tous, le trailer de fin de pilote nous indique que cette question épineuse sera résolue au prochain épisode. C'est vous dire à quel point les problématiques de la série ne sont que tout juste effleurées dans le premier épisode...
Je donnerai donc un épisode supplémentaire à Himitsu pour se décider. Car si je l'autorise à me choquer, voire même me donner envie de vomir... je lui interdis de m'ennuyer. La voilà prévenue.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Himitsu de SeriesLive.

Publicité
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité