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ladytelephagy

3 octobre 2011

Il ne peut y en avoir qu'un

A chaque saison, il y en a une.
Vous vous souvenez certainement de vos années de lycée (... si vous n'y êtes plus), quand venait ce jour de l'année où un prof, un surveillant ou un membre de l'administration, excédé, tentait de rétablir l'ordre dans le chaos en vous culpabilisant un peu, et en lâchant cette phrase : "de toutes les classes que j'ai eues, vous êtes la pire". Et bizarrement, l'année suivante, un prof, un surveillant ou un membre de l'administration lançait cette même phrase dans un effort désespéré d'en appeler à votre raison. Vous aviez fini par croire (mais avec un certain je-m'en-foutisme) que chaque année, les classes étaient plus dures. Et que la classe qui repoussait les limites de l'horreur, c'était immanquablement la vôtre.
Eh bien en télévision c'est pareil. A chaque saison, il y a la série indisciplinée qui refuse obstinément d'être regardable, la mauvaise élève, celle qu'on va pointer du doigt chaque fois qu'on voudra expliquer qu'avant, les séries étaient plus sympathiques et que maintenant, à chaque rentrée, c'est pire. Mais la vérité c'est que ce n'est pas pire. C'est juste que le pire des élèves semble toujours nous mener au bord de nos limites nerveuses.

Jusqu'à présent je pensais en toute bonne foi que cette série était Whitney. C'était avant de découvrir le pilote de How to be a Gentleman. Enfin, pilote... les 15 premières minutes.
Car à chaque saison, il y en a une : une série dont on n'arrive même pas à finir le pilote tellement c'est mauvais.

Pourtant j'aimais bien la séquence qui ouvrait l'épisode, totalement dénuée de rires, plutôt rigolote et assez bon enfant. J'aimais que le héros soit ce petit mecton classe et poli, même si on se doutait bien que ça ne pouvait pas durer, pour son bien. Pour rester sur une bonne impression, j'aurais tout simplement dû m'en tenir à cette séquence.
Finalement, pour Whitney, au moins, j'ai réussi à regarder tout le pilote ; Chris D'Elia et ses vannes envers l'héroïne m'ont aidée à tenir, d'une part, et puis, au moins, en regardant le pilote en entier, j'étais sûre d'être d'avoir ma conscience pour moi lorsque je commencerais à méchamment lyncher l'épisode sur Twitter et ce blog.

HowtobeaFailure

Chris D'Elia n'apparait pas dans How to be a Gentleman mais même lui ne saurait sauver cet épouvantable sitcom sans humour. Très vite, le mecton poli et charmant devient un loser, quasiment un gros geek, comme si cet homme courtois et éduqué était incapable d'avoir la moindre vie sociale. Ridiculement extrême.
J'ai très exactement coupé l'épisode quand le coach de gym a commencé à boire le lait au goulot : premièrement j'ai eu une subite envie de milkshake, et surtout, c'était un autre cliché : on peut être viril sans être un porc sans éducation.
Tout cela en tentant de définir ce qu'est (ou devrait être) "l'homme", comme s'il y avait UNE façon d'être un homme, ce qui est aussi ridicule et sexiste que de prétendre qu'il y a "la femme". Rarement une série sexiste aura fait du tort aux hommes, mais voilà, on y est. On a l'égalité ; vous êtes contents, messieurs ?

Donc voilà, profitez bien de ce post, c'est le seul qui traitera de cette série, je n'approfondirai pas la question alors que j'en ai eu le courage avec Whitney.
Puisqu'il faut choisir, à mots doux je peux le dire, sans contrefaçon... How to be a Gentleman était le plus con.
Quand je pense que j'ai fait l'impasse sur le 2e épisode de Harry's Law pour ça.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche How to be a Gentleman de SeriesLive.

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2 octobre 2011

The Stepford Moms

Subs

Depuis sa diffusion, j'ai déjà vu le pilote de Suburgatory quatre fois. Oui, quatre. Autant vous dire que je le connais par coeur. Pourquoi tant de visionnages ? Une partie de l'explication tient aux circonstances : des trajets en train à faire, du temps passé dans un (ex-)appartement dénué de toute autre forme de divertissement que mon smartphone, etc... Une autre tient dans une raison toute simple : ce pilote est BON.
EDIT : en fait cinq fois parce que j'ai fait les captures pour ce post sans ressentir même l'envie d'utiliser l'avance rapide.

J'ai peut-être la mémoire courte, mais cette saison, je n'avais pas encore autant ri devant un pilote (j'ai dit "devant un pilote", car si j'avais dit "d'un pilote", là naturellement la palme reviendrait à Whitney) (oui j'ai l'intention de tirer à vue sur cette série jusqu'à ce qu'elle soit retirée de l'antenne, et au vu du deuxième épisode, que sincèrement je ne pensais pas que NBC aurait l'audace de diffuser, j'ai largement matière à le faire) (pourquoi avoir regardé un autre épisode ? Eh bien, trajets en train, ex-appart, tout ça). A gorge déployée. De ce rire que je ne réprime plus depuis bien longtemps, parce qu'il est trop rare, et qui traduit un réel plaisir devant ce que je vois, en dépit d'un sujet qu'on pensait connaitre, d'une technique de narration (l'ado futée) pas spécialement innovante, et d'une réalisation colorée qui peut sembler la décrédibiliser, mais participe en réalité à sa démarche.

Suburgatory-PassiveAgressive
La vie de banlieue, cet étrange territoire qui recouvre un univers fondamentalement différent aux Etats-Unis que ce qu'évoque le terme "banlieue" en France, on pensait qu'on connaissait, parce qu'on avait tous vu Desperate Housewives. Mais même les jours où Desperate Housewives prenait du recul sur cet univers, elle n'en riait jamais tout-à-fait ; Suburgatory s'en charge sans mettre la main à la fiole de vitriol.

La série a réussi à trouver un sujet dont elle peut tirer à la fois de la tendresse et du rire. Ce n'est pas donné à toutes les comédies (plus les épisodes avancent, plus Up All Night semble s'être obligée à choisir entre les deux pour ne garder que les gags et abandonner la tendresse ; dommage, c'est l'équilibre qui me plaisait dans le pilote). Notre petite comédie en extirpe des scènes absolument absurdes, comme la nana qui tombe dans la piscine et ne cille même pas, l'oeil rivé sur son portable, ou les alignements de voisins parfaitement alternés homme/femme arrosant leur pelouse. Mais ces séquences ne sont pas des manifestes, ni une critique virulente, juste l'envie de plaisanter à partir d'un postulat qui le lui permet, celui d'un monde superficiel avec des codes étranges. Il s'en dégage une bizarrerie proche de celle de l'univers d'Eureka (pour moi qui n'en ai vu que les premiers épisodes, du moins), à la fois azimutée et constituée de petites touches pas trop appuyées, dépassant le cadre du registre comique ou toonesque pour aller quasiment se loger dans le fantastique par moments.
C'est que, Suburgatory, qui pourrait probablement être jugée "gentillette" si l'on n'y prenait garde, a décidé de rire de son sujet, mais pas de s'en moquer. Elle le fait avec beaucoup de coeur et un brin de fantaisie, mais jamais méchanceté, et le recul que prend son héroïne n'est jamais agressif ; parce que la série, un peu à la façon d'Outsourced, veut juste rire dans une ambiance bon enfant des petites absurdités (presque) ordinaires de la vie de banlieue, et pas prouver quoi que ce soit, surtout pas qu'elle a du mordant (comme le prouve le petit tacle sans conséquence à Glee). Elle ne cherche pas à prouver qu'elle peut s'attaquer à un sujet, elle veut juste montrer qu'elle sait le décortiquer et en extraire des scènes qui peuvent faire rire tout le monde.
Et dans un univers télévisuel où de moins en moins de comédies sont regardables par toute la famille sans que les plus âgés n'aient envie de se pendre devant la bêtise des gags, ou que les plus jeunes ne comprennent aucune plaisanterie, c'est une exception qui mérite d'être saluée.

Avec son héroïne charmante aux expressions rappelant Emma Stone et son increvable énergie versatile, son paternel tout sauf abruti capable de lui tenir la dragée haute à l'occasion, la maternelle poupée Barbie plutôt futée et franchement sympa malgré ses airs cruches (Cheryl Hines est délicieuse dans son rôle, et m'est enfin rendue sympathique après un pénible In the Motherhood dont je fais encore des cauchemars), la voisine d'en face qui vit sur sa pelouse, et l'inénarrable petite camarade boulotte qui souffre plus encore que l'héroïne, Suburgatory offre aussi une palette de personnages sympathiques et drôles à la fois, capables d'être attachants mais aussi très drôles.

Ainsi, il y avait des scènes incontestablement hilarantes...

Suburgatory-1 Suburgatory-2 Suburgatory-3

... mais je crois que le passage où je me tords le plus de rire, c'est devant l'expression de douleur muette de Lisa. IM-PAY-A-BLEUH.

Suburgatory-NoComment

Il y a des choses que je ne trouve pas forcément épatantes (la serveuse pot-de-colle, par exemple, ou le peu de présence d'Ana Gasteyer même si je pense que la voir toujours en train d'arroser son jardin forme aussi un excellent gag récurrent au long du pilote, mais il n'a pas vocation à perdurer au-delà je pense), cependant il ressort de ce premier épisode l'envie de faire quelque chose d'équilibré entre une certaine impertinence et l'envie de se réunir convivialement autour d'une comédie qui n'attaque personne, mais sait rire tout de même.
Je veux bien regarder encore un peu Up All Night ou 2 Broke Girls cette saison, mais mon coup de coeur dans le domaine des comédies, c'est définitivement Suburgatory. J'apprendrai donc à prononcer ce titre à peu près correctement. Enfin, j'espère...
Maintenant la seule chose qui manque à Suburgatory pour être ma comédie préférée de tout l'univers cette saison, c'est d'avoir un vrai générique.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Suburgatory de SeriesLive.

1 octobre 2011

The bitter taste of freedom

LorelaiEmilyMontage : Top 5 Emily/Lorelai fight scenes

Certains jours, il m'est juste impossible d'écrire pour ce blog.
Ce sont les jours où justement, cela me ferait le plus grand bien de soit me plonger dans des fictions qui s'efforcent de me changer les idées, soit de me plonger dans des fictions où je trouverais une certaine résonnance. Mais peut-être que si je n'arrive pas à écrire aujourd'hui pour ce blog, c'est entre autres parce que s'est réveillée en moi la conscience aigue, consciencieusement enfouie sous des centaines d'heures de visionnages variés, qu'il n'y a pas de série où trouver une totale résonnance. C'est sans doute pour cela que je ne m'identifie jamais totalement.
Et c'est sans doute pour cela qu'il n'y a pas vraiment de post ici ce soir, et que je vous prie d'accepter mes excuses pour l'étrange post d'aujourd'hui. Mais étrangement, j'avais besoin de dire que je n'arrive à rien dire.

30 septembre 2011

A thank you note

On a tous vu passer, en particulier si on est sur Twitter, des articles s'inquiétant plus ou moins (selon les auteurs et leurs convictions) du nombre de scénaristes de sexe féminin, de séries avec un personnage central de sexe féminin, et dans ce cas s'agit-il de personnages de sexe féminin forts, etc., dans les séries. Je vais être honnête avec vous : je ne les ai pas lus. Volontairement. J'en ai lu un il y a quelques mois, années peut-être, qui en gros tirait la sonnette d'alarme parce que, attention, il n'y a presque plus que des hommes qui écrivent, et quand des femmes écrivent c'est uniquement pour des séries de gonzesses et/ou pour ados, et je me souviens en essence m'être surprise à secouer la tête vigoureusement, en me disant qu'il n'y avait pire sexiste que certains féministes enragés.
Comme si être UNE scénariste faisait écrire différemment de si on est UN scénariste. Personnellement, 90% des histoires que j'écris s'intéressent avant tout à des personnages masculins ou à des ensemble shows mixtes. C'est une question de choix personnel et certainement pas de sexe que d'écrire sur quelque chose en particulier. Après, moi j'écris pour le plaisir et pas parce qu'on me paye pour le faire, et forcément c'est à prendre dans cette limite, c'est sûr ; peut-être que la réalité des choses c'est qu'on embauche plus facilement une femme pour écrire pour un show de la gamme de Desperate Housewives même si elle rêverait d'écrire un truc genre Oz. Mais dans ce cas le problème vient des exécutifs, pas des scénaristes, et je doute que leur opinion change grâce à un article de Jezebel ou autre.

C'est comme cette règle de Bechdel, ça me fait hurler tant c'est ridicule. Comme si pour se faire valider en tant qu'être indépendant, une femme devait faire abstraction des hommes. Ca ne représente jamais qu'environ 50% des êtres humains qu'elle rencontre dans sa vie, hein. Sans compter que si une femme parle avec une autre femme, elle ne sortira pour autant pas des stéréotypes liés à son genre, au contraire : plus une femme parle avec une autre femme, plus on est sûrs que, si elle ne parle pas d'hommes, elle parle d'enfants ou de fringues. Dans les fictions, ça n'est pas très différent.

Bref, on peut difficilement dire que je sois une féministe engagée. J'ai juste mes moments, quand certaines choses me chatouillent ou m'émeuvent. Parfois parce que je suis une femme. Parfois juste parce que je suis.

Et en cette rentrée, quelque chose m'a émue. La semaine dernière, déjà, j'évoquais dans le pilote de The Playboy Club une potentielle galerie de portraits de femmes, et de femmes dans les années 60, ce qui a forcément un sens particulier. Et pourtant, The Playboy Club est une série créée par un homme, Chad Hodge. Quant à PanAm, elle a été créée par un homme, Jack Orman. Pourtant, cela faisait bien longtemps qu'aucune série n'avait si joliment parlé de femmes, et en voici deux pour nous raconter l'histoire de jeunes femmes qui, en cherchant simplement à faire ce qui leur plait et leur convient dans un univers où ce qu'on attend d'elle est très limité, vont faire progresser toutes les femmes.

C'est en particulier devant PanAm (qui, comme je l'expliquais dans ma review du pilote, est plus explicite à ce sujet) que tout d'un coup j'ai eu cette révélation que, si des femmes comme Kate ou Laura n'avaient pas existé, je ne serais pas en train de regarder ce pilote dans mon nouvel appartement, pour lequel j'ai signé seule, pour lequel je prends des décisions seule, pour lequel j'ai fait une partie du déménagement seule, pour lequel je paye seule, moi, une célibataire de 30 ans. Il y a eu cet instant où j'ai vu les filles partir dans leur décapotable et où j'ai regardé autour de moi, en me disant subitement que parce que des femmes comme ça ont pris le risque de tout mettre derrière elles pour faire ce qui les rend heureuses, je n'ai pas à me poser la question de si moi, je peux le faire.
Devant des scènes comme celles-là, je regrette presque de ne pas être féministe tant j'ai l'impression d'avoir le vent dans le dos, d'être fière, d'être redevable. Je ne regrette pas de ne pas me passionner pour le débat Madame/Mademoiselle (en même temps on parle de quelqu'un qui n'a eu aucun problème à dire spontanément qu'elle avait 30 ans... depuis qu'elle en a 26 ou 27, et alors qu'elle en a actuellement 29, mais qui n'a aussi aucune envie de se marier, et qui entend donc indifféremment des deux tout le temps et se contrefous de savoir quel âge on lui donne, quel statut marital on lui donne, etc.), mais je regrette presque de ne pas me sentir plus solidaire de certaines de mes semblables qui ont toujours envie de changer quelque chose.

FreeLikeaGirl

Pour revenir aux séries, je crois que c'est aussi quelque chose qui me plait que de me dire que je ne vais pas y chercher, jamais, une conviction politique ou sociale, avec la quelconque envie d'y voir se réfléter mes propres convictions politiques ou sociales. Je sais ce que je pense de la peine de mort, par exemple, et si je regarde une série pro- ou anti-, ce sera parce que j'espère un sujet porteur de thèmes intéressants et de bon drama, pas pour valider ma propre perception des choses (sur ce thème, mon épisode préféré est celui de L'Esprit de l'Amérique, dans The Practice, qui bien que finissant sur une hésitation, propose des points de vue suffisamment différents). Mais je suis contente quand une série, qu'elle soit pro- ou anti-, me permet d'être émue sur un sujet à propos duquel je ne me posais plus tellement de questions ; le féminisme en est un. Je mène ma vie sans militer, et soudain je réalise que certains combats me touchent personnellement, parce que j'en profite aujourd'hui avec un délice dont vous n'avez pas fini de m'entendre me vanter vu la lune de miel que je vis avec mon nouvel appart.

Alors je voulais consacrer ce post du vendredi à ça, à remercier les femmes qui ont fait les efforts qui à moi, semblent aujourd'hui couler de sources. Et surtout, parce que c'est un blog téléphagique, à remercier les hommes qui ont créé des séries qui me rafraîchissent un peu la mémoire. Chad, Jack, merci. Dans quelques semaines j'aurai peut-être un coup de coeur pour une série qui n'aura rien à voir, American Horror Story, ou Grimm, ou Runaway, ou une série à laquelle je ne m'attends même pas, et je me sentirais moins proche de tout cela, sans doute. Mais ce que j'ai ressenti en cette rentrée, je vous le dois quand même un peu. Merci pour The Playboy Club et PanAm.

D'ailleurs puisqu'on en parle, et pas uniquement pour la raison évoquée dans ce post : quand est-ce qu'on a la suite de PanAm ? Une semaine, ça commence à être long. Et je crois bien que je suis sous le charme...

29 septembre 2011

Le petit dinosaure et le wall-e des merveilles

TerraNova

Quand j'étais petite, Spielberg, c'était un nom qui en jetait. Ca évoquait de grandes productions intelligentes mais sans être rébarbatives, de grands films devenus des classiques (même si je n'en avais pas vu la plupart), et un goût certain pour les effets spéciaux qui ont l'air naturels (par opposition à ce que peut évoquer le nom de Michael Bay). Du bon divertissement.
Quand j'étais adolescente, Spielberg, c'était un nom qui inspirait le plus grand respect. C'était Band of Brothers. C'était la grâce et le chaos tout à la fois. C'était la marque de l'excellence. Et dans une moindre mesure, il n'y a pas si longtemps, cette excellence se retrouvait dans The Pacific.
En 2011, Spielberg est un nom creux.

Quand il est associé à une série, on dirait qu'il n'y a plus rien à en attendre. Bien-sûr, quand son nom est associé à un projet, ce n'est pas toujours au même titre, objectivement je le sais bien, mais normalement on s'attendrait à ce qu'il cherche à produire quelque chose d'aussi bon que s'il le réalisait lui-même, parce qu'il a une réputation à maintenir. Mais non. Après Falling Skies, voilà Terra Nova. Et les mots me manquent pour vous exprimer combien je suis déçue par quelqu'un en qui j'avais confiance.

Ce qui s'est passé, c'est que déjà, j'ai adoré l'univers du début du pilote. Je n'étais même pas certaine de voir de quel monde les humains de Terra Nova arriveraient, et j'ai découvert un endroit noyé dans le chaos, certes caricatural en ces temps où plus personne ne recule devant des scénarios catastrophe pour le futur de notre planète, mais définitivement porteur de sujets que j'aimerais un jour voir une série aborder (PS : il est question d'adapter à nouveau du Asimov pour le cinéma ; les enfants, c'est pour la télévision qu'il faut l'envisager !). Rien que la question de minimiser la population de toute la planète est intéressante (rappelez-vous, j'ai déjà évoqué des sujets similaires), ce serait captivant plutôt que d'en faire un vulgaire prétexte qui sera balayé au bout de quelques minutes de pilote. Mais bon, pendant ce temps je me dis qu'il n'y a toujours pas de série qui fasse ce que j'écris avant que qui que ce soit ne le lise, alors c'est tout bon pour moi dans le fond.
Enfin voilà, grosse déception finalement parce que l'univers de Terra Nova qui m'a plu, c'est celui que les personnages quittent. Mais d'ici à ce qu'une chaîne ait le courage de ne pas forcément tomber dans le message d'espoir sur l'avenir, et de nous montrer une série d'anticipation où on soit dans la merde et où, plutôt que de fuir les problèmes, il faille les gérer, c'est pas demain la veille.

L'autre gros problème de ce pilote, c'est que chaque fois qu'il y est question de dinosaures, on a l'impression que le script de la scène a été pompé dans le premier Jurassic Park (j'ai même pas vu les suivants), accouchement du triceratops en moins, mais patience, c'est une série après tout. Les gentils herbivores à qui on donne à manger, le vilain carnassier qui s'attaque aux gens dans la voiture, c'est INSUPPORTABLE. Et la promo qui disait qu'on n'avait jamais rien vu de pareil, eh bah, manquent pas de toupet les marketeux de la FOX.
C'est tellement vu et revu que moi, la scène de la bagnole (la scène inteeeeeeerminable de la bagnole, devrais-je dire), je l'ai regardée en mangeant et vous pouvez-me croire, pas un instant je n'ai eu la fourchette en suspens. Terra Nova, la première série d'action et de suspense avec laquelle les cardiaques ne risquent rien ! C'est pas avec des scènes qu'on a l'impression de connaître par coeur qu'on va se mettre en émois...

Les gens qui avaient regardé les promos de Terra Nova et suivi le projet semblaient surtout craindre un côté trop gentillet, trop familial. C'est vrai qu'il y a deux personnages franchement chiants (les deux filles : l'une parce qu'elle n'est là qu'à titre de prétexte, on l'a dit, et l'autre parce que son super-cerveau n'aura de l'intérêt que plus tard dans la série, je le sens bien comme ça, et qu'en attendant il va falloir se la taper quand même), mais tout à fait entre nous, s'il y avait une meilleure alchimie dans le cast, à commencer par les parents, ça ne serait pas tellement un problème. Mais comme de toute façon leur dynamique est vite balayée d'un revers de la main derrière des histoires clichés (voir aussi : adolescent récalcitrant), on n'aura pas le temps d'apprécier le fait que cette famille est unique et qu'il y a une bonne raison de la suivre.
On va vite découvrir que les personnages ne cherchent pas à sortir de la caricature, aucun. C'est vrai pour notre petite famille et pour les autres. C'est assez assomant, dans l'ensemble. Et du coup la série n'est pas vraiment gentillette, pas autant que les personnes dont j'avais lu les réactions semblaient le craindre, mais ça reste très unidimensionnel. Evidemment, ce n'est qu'un pilote (il faudrait mettre ce disclaimer chaque fois qu'on parle d'un pilote même si ça devrait tomber sous le sens), cela dit on a vite le sentiment que la série ne se cherche pas du tout de ce côté-là, de la même façon que le ton de Falling Skies était très similaire et n'a jamais eu l'envie ensuite d'aller vers quelque chose de plus complexe et développé. Il faudra vraisemblablement en faire notre deuil : il n'y a guère de place pour la nuance dans les personnages qui peuplent ces séries.

Parce qu'il faut bien vivre, Terra Nova introduit rapidement une petite mythologie avec les Sixers, ce groupe dissident qui ne va pas manquer de venir foutre le bordel du côté de Terra Nova, et ce dés le pilote. Le problème ce n'est pas que cette mythologie soit introduite dés le pilote (surtout vu qu'il a une durée double), c'est qu'elle soit aussi développée pendant la seconde partie alors qu'on méritait un meilleur traitement. Les spectateurs étaient en droit d'avoir leur content d'installation, de visites, et pourquoi pas, d'initiation avec les filles quand elle vont à la journée d'orientation (mais les scénaristes eux-mêmes reconnaissent que ce sont des boulets vu qu'à chaque fois qu'il se passe quelque chose, elles ne sont pas dans le coup), pour comprendre comment fonctionne Terra Nova, comment les gens y vivent, comment la colonie fait pour s'agrandir, etc... D'ailleurs un truc tout bête mais, est-ce réellement une colonie ? Je n'ai pas bien compris leurs objectifs : les gens qui sont envoyés dans le passé, ils sont supposés faire quoi ? Se multiplier ou pas ? Comment ils espèrent faire venir les milliards d'autres êtres humains à ce rythme ? EN 7 ans, il n'y a eu que 10 missions ? Mais euh, je sais pas, ça les panique pas un peu ?

Bon et tant qu'on en est à poser des questions... J'ai compris l'histoire des timestreams (même si la réponse à cette question a tardé à être explicitée), mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi avoir choisi de revenir 65 millions d'années en arrière. Je veux dire, oh, les mecs, vous le saviez qu'il y avait des dinosaures à l'époque, non ? Vous pouviez pas préférer les origines de l'Homme, tout simplement, une fois que les grands lézards avaient débarrassé le plancher ? C'était quand même plus tranquilou.
Réflexion faite, ça a peut-être été dit à un moment où je finissais mes pâtes, absorbée dans la contemplation de ma sauce à la tomate faite maison. C'était tellement captivant, ce pilote...

Enfin bon, pour le moment, je ne suis pas convaincue par cette fable écologique avec des morceaux de gros monstres dentu dedans (un peu comme si Jurassic Park s'était invité chez Wall-e), mais un peu à la façon de Falling Skies, j'ai envie de voir ce que ça va donner parce qu'il peut y avoir un ou deux thèmes intéressants s'ils sont biens développés (ils ne le seront pas, et ce sera tant pis pour moi, mais je DOIS le vérifier par moi-même). Ce ne sont pas forcément les aspects que je redoutais le plus qui se sont avérés plombants, mais plutôt l'impression que derrière les moyens colossaux, il n'y a pas beaucoup d'âme. Encore et toujours le même problème des mecs qui, parce qu'ils ont plein de fric pour s'en donner à coeur joie sur la forme (et je le leur concède, pour l'instant ça a plutôt de la gueule), pensent qu'ils sont dispensés de construire quelque chose de vraiment puissant sur le fond.
Je conçois qu'on donne dans le "grand public", mais il fut un temps où il n'était pas impossible de proposer plusieurs niveaux de lecture pour que tout le monde ait son content. C'est aujourd'hui devenu rare, et les deux séries accolées au nom de Spielberg cette année l'ont prouvé.
En 2012 viendra l'heure de Smash. Avec un peu de bol, il va se resaisir. Mais si, vous allez voir. Il faut y croire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Terra Nova de SeriesLive.

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28 septembre 2011

If it ain't broke, don't fix it

Il est rare que j'écrive sur un season premiere ; d'abord parce que mon suivi de la reprise des séries est très fluctuant (j'ai souvent, ces dernières années, et sans vraiment y penser, pris le pli de ne pas forcément revenir pour la saison 2 même quand j'avais suivi avec plaisir la 1e), et ensuite parce que comme je ne fais pas de review par épisode, ça ne sert pas à grand'chose de parler du lancement de la saison quand il y a relativement peu de chances que je traite de la suite. Mais là je suis trop en colère, et comme, d'après le peu de choses que j'ai lues sur Twitter en dépit de la finalisation de mon déménagement cette semaine, j'ai l'impression que je suis la seule, j'ai décidé de quand même vous en toucher deux mots.

HarrysBroken
La première saison de Harry's Law avait des défauts. Là tout de suite je ne saurais plus trop les citer parce que, bon, déjà ça fait un bail, et surtout j'ai essentiellement retenu les qualités. C'est une bonne chose, n'est-ce pas ? Je me rappelle surtout l'impression assez persistante d'une grande irrégularité dans la qualité des épisodes : certains pouvaient être très puissants et d'autres relativement anecdotiques. Mon soucis était plutôt dans la façon de traiter les sujets que dans les sujets eux-mêmes, parce qu'à vrai dire, j'étais contente de ce qu'essayait de faire Harry's Law avec son personnage retors, son milieu peu sexy, ses avocats pas vraiment impressionnants en apparence, mais étrangement soudés, ses bureaux moches, même, bref, son postulat anti-Ally McBeal. J'en avais touché deux mots à la mi-saison. C'était pas toujours bon, mais c'était courageux, pour du Kelley, parce que quand un type qui a quasiment fait de sa pratique un genre télévisuel commence à varier de la recette qui fonctionne si bien pour lui et prend des risques, même à tâtons, eh bah ça fait plaisir.

Reprise il y a quelques jours. Grosse déception. Un ascenseur a poussé dans la boutique de chaussures, non attendez, un étage rempli de juristes a poussé au-desssus de la boutique de chaussures, et en fait, maintenant, à quelques nuances près (Harry n'a pas perdu 80kg... et vu que c'est une série Kelley, elle aurait même dû en avoir perdu une bonne centaine), on a perdu tout ce qui faisait le charme de la série initialement.

La connivence entre Harry et Tommy ? Pfiout, fini. Ils emménagent ensemble (pourquoi d'ailleurs ?) pour partager des bureaux où ils ne se parlent plus. Harry n'a plus de réplique qui fait mouche en dépit de sa faculté à mécomprendre ses affaires parce qu'elle vient d'un autre monde, d'ailleurs ptet que finalement elle était plus vive quand elle n'était pas si à l'aise et sûre d'elle, étrangement, et Adam, quelqu'un s'intéresse à Adam, non personne, et puis un personnage ne vient que pour donner l'heure, un autre a été Kelleyrisé (mais je pensais qu'il reviendrait en guest ?!), et une autre apparait et on l'aime pas parce qu'elle ne fait rien pour ça et qu'elle a une intrigue à la con, et euh au fait, pourquoi le bureau ressemble autant au cabinet Cage & Fish déjà ? Même le générique semble avoir subi un changement "mineur mais significatif" avec la disparition du flingue.
Je regardais l'épisode et j'étais larguée. Je suis vraiment en train de regarder une série que j'aimais bien ? Là tout de suite je ne suis plus très sûre. Suis-je revenue à une série que j'avais commencé à suivre, ou en ai-je entamé une autre ? Un spin-off, éventuellement, mais guère plus.

La première saison était inégale ? Jamais elle ne m'a semblé être aussi décevante même dans ses moins bons passages. Désormais, on fait comme si Harry's Law était une série légale ordinaire, dans un cabinet cossu (d'où vient tout cet argent, Tommy seulement ?), une série comme n'importe quelle autre, une série que je ne voulais pas suivre. Je voulais Harry's Law. Je me sens trahie.
J'accepte les changements quand ils sont une évolution. Pas quand ils sont une remise en cause de tout ce qui faisait la particularité de la série. Si le deuxième épisode poursuit sur cette lancée, je considèrerai que Harry's Law s'est elle-même Kelleyrisée, et je passerai la main.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Harry's Law de SeriesLive.

27 septembre 2011

Post oublié

Croyez-le ou non mais j'ai bien failli oublier de rédiger mon post sur le pilote d'Unforgettable, puisque Scarlatiine et moi avons un deal : elle regarde tous les pilotes de la rentrée à la condition que j'écrive sur chacun d'entre eux.
J'aurais fait exprès d'oublier que j'aurais pas pu (et pour cause), ça ne s'invente tout simplement pas. Et ça tombe bien parce qu'Unforgettable n'invente rien non plus. Ooooh que non.

Bon alors, que vais-je en dire ?

UnforgettableOuPresque
J'hésite.
Est-ce que je me mets en colère ? La, maintenant, tout de suite, de voir un de ces procedurals à la con comme on a eu Past Life, ou chais plus quels autres, je les oublie aussi vite qu'ils sont annulés de toute façon ? Est-ce que je me révolte contre cette impression de bouffer toujours les mêmes histoires, toujours les mêmes personnages, toujours les mêmes effets à la con ? Est-ce que je me lève d'un air obstiné pour dire que si c'est comme ça, eh bah je préfère encore regarder Whitney ? Vous savez, un long paragraphe furieux où j'exagère juste un peu ?
Ou bien est-ce que j'opte pour le mépris ? Vous savez, quand j'utilise tout un tas de métaphores et de comparaisons cinglantes pour vous faire comprendre que je n'ai que du dégoût à offrir à une pareille production froide et sans saveur ?
Ce que je peux aussi faire, c'est simplement en rire. Mais est-ce que j'arriverais à en rire ? Est-ce que je ne suis pas trop fatiguée pour en rire ? J'étais encore capable d'en rire il y a quelques années. Mon humour n'aura pas survécu à ce genre assomant.

En tous cas ce post ne pourra pas être positif, tenez-vous le pour dit. Je n'ai pas encore le plan dans ma tête mais le ton sera négatif, ça c'est sûr.
Peut-être un peu moqueur, aussi, parce qu'à force de mincir ET de se faire gonfler les lèvres, certaines actrices ne ressemblent plus à rien.

Ah, il faut absolument que je case cette pensée qui m'est venue pendant le pilote : la série est composée au bon tiers de scènes pendant lesquelles l'héroïne... se souvient. Alors autant dans la ruelle, bon, ça faisait son petit effet, la reconstitution, tout ça ; autant la tête d'ahurie constipée au diner, bof. Et alors ? Moi aussi j'arrive à me souvenir d'avoir passé une nuit avec un de mes ex. Manquerait plus que ça encore. Et je fais pas de l'hypermnésie pour autant.
Faudra aussi mentionner que je tire mon chapeau à la bonne femme qui a une telle mémoire qu'ELLE SE VOIT DANS SES SOUVENIRS avec un regard extérieur. Trop. Fort. Ca par contre je sais pas le faire.

Faudrait que je pense aussi, à un moment de mon post, à parler des scènes débiles dans la forêt. Au stade du pilote on est déjà complètement sûrs que c'est l'héroine qui a tué sa frangine, déjà, et franchement personne ne frémit. Si au moins yavait une bonne ambiance... ouais, penser à mentionner qu'avec une forêt et de la neige, le minimum serait d'avoir un peu les jetons.

Et sinon, quoi d'autre ? Ah, penser à mentionner d'autres séries, pour orienter les lecteurs vers des trucs qui valent le coup d'être vus ou simplement pour parler de quelque chose de moins désagréable.
Pis je crois que j'aurai fait le tour.

Non, vraiment, c'est tout. Et maintenant j'ai envie de revoir le final de Will & Grace.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Unforgettable de SeriesLive.

26 septembre 2011

PanAm sera toujours PanAm

PanAm

Il y a quelques jours, je vous disais que The Playboy Club n'était pas si mal et que, pourvu de mettre ses exigences d'excellence de côté, on pouvait passer un bon moment à apprécier son folklore et son ambiance rétro.
Je m'apprête aujourd'hui à vous dire que pour les exigences d'excellence, sans brader le folklore et l'ambiance rétro, PanAm a parfaitement réussi. Si je devais absolument choisir entre les deux (ce qui, Dieu merci, ne se produira pas), c'est PanAm qui l'emporterait haut la main.
Pourtant le pilote n'est pas exempt de défauts.

Musicalement, par exemple, c'était assez dérangeant d'avoir cette musique dramatisante dés qu'il se passe un truc pour souligner exagérément que ohlala elle va être en retard, ohlala c'est le premier vol, etc... Les chansons d'époque, même en surnombre, ça ne me dérange pas, mais la musique tirée d'un mélodrame, ça, ça m'obstrue vite les conduits auditifs. Ce serait pas mal que la prod se calme un peu de ce côté-là.
Plus vicieux : les flashbacks. Je suis obligée d'admettre qu'un épisode se déroulant intégralement dans le huis clos d'un appareil serait forcément un peu étouffant (ce procédé pourra être utilisé à l'occasion, par exemple quand, et non si, un épisode implique des turbulances inquiétantes ou un grave incident à bord ; je compte sur la prod de PanAm pour jouer avec cet outil au besoin), en revanche le principe du flashback est tellement usé ces dernières années qu'au deuxième, je poussais déjà des soupirs frustrés. Non qu'ils soient inutiles, au contraire, et pas que narrativement : ils permettent de très bien présenter les personnages, de souligner leur background mais aussi quelques unes des réalités du métier des personnages, et le passage à Rome comme celui à Cuba avaient tous les deux, par exemple, une bonne dynamique, bien que pour des raisons diamétralement opposées. Le problème c'est peut-être juste de trouver un équilibre pour ne pas nous noyer sous les flashbacks, mais cet équilibre ne devrait pas être trop difficile à trouver. De ce côté-là j'ai confiance.
Pour finir, ma relation d'amour-haine avec Christina Ricci connait un nouveau rebondissement : d'un côté j'étais contente de la retrouver au début de l'épisode, elle semblait être un personnage un peu électron libre, mais au fil de l'épisode, son jeu m'a semblé d'autant plus caricatural que son personnage s'affadissait. Ma chérie, je te rappelle que le nom en premier sur le générique qui n'existe pas encore, c'est le tien, essaye de mériter le statut de "nana la plus célèbre du cast" s'il-te-plait.

Maintenant qu'on a passé la partie la moins agréable, laissez-moi vous dire pourquoi j'ai un petit faible pour les chapeaux bleus plutôt que les oreilles de lapin (bien que je sois décidée à regarder les deux pour le moment).
PanAm réussit là où The Playboy Club n'a pas vraiment su installer ses intrigues complémentaires. Parce qu'à la base, on a le même principe : prendre un outil à former les femmes dans les années 60, à la fois pour les conformer à un fantasme de la société de consommation et pour leur permettre de prendre leur indépendance. Sauf qu'aucune des deux séries ne se contente de cela : la vie au sein de cette institution.
Il faut donc des intrigues à suspense pour faire revenir les spectateurs : The Playboy Club a choisi un meurtre, la mafia, des jalousies. Un choix correct, je le répète. Mais PanAm a fait mieux et a décidé de se tourner vers l'espionnage. Beaucoup moins cliché, surtout dans le contexte des "petites mains" : d'ordinaire, les espions à la télévision sont ceux qui font les opérations. Ici, on a droit à quelqu'un qui participe (ou pense participer ?) à des missions d'espionnage, mais qui ne fait pas de grande mission, de chose incroyable. C'est sans doute ce qu'il y a de plus fascinant dans l'espionnage et, qui plus est, ça s'inscrit incroyablement bien dans l'époque, avec la Guerre Froide, tandis que le thème de la mafia est commun à de nombreuses époques, et donc plus passe-partout.

Les intrigues personnelles des hôtesses (et de l'un des pilotes) sont assez peu originales pour le moment : celle qui a eu une aventure avec un homme marié, celle qui a pris son indépendance contre la volonté de sa famille (les hôtesses de l'air ne sont pas mieux considérées par leurs proches que si elles étaient des Bunnies), celle qui a une histoire avec un autre employé de PanAm... De ce côté-là, le match est nul même si PanAm parvient à fournir un peu plus de fond avec des intrigues tout aussi peu développées que The Playboy Club.
Le discours sur l'indépendance des femmes est plus significatif, plus explicite ici, grâce à l'intrigue de l'une des hôtesses, et parce que, tout simplement, un personnage leur rend hommage à la fin de l'épisode :

"They don't know that they're a new breed of women".

Je trouve très belle cette réplique qui nous invite à regarder des femmes être dans le rôle prévu pour elle par la société (elles peuvent être hôtesses de PanAm jusqu'à leur mariage OU leurs 32 ans, ce qui vient en premier), mais qui vont tout de même évoluer sous nos yeux en des femmes indépendantes et faire la révolution à leur façon. Peut-être un peu plus discrètement que des Bunnies, mais qui vont faire la révolution tout de même. Et qui ont déjà commencé. Mais qui ne le savent pas.
Alors bon, bien-sûr c'est plus facile d'admirer des femmes qui se libèrent sans porter une queue en peluche et des décolletés plongeants. Mais quand même, il est plaisant de voir combien ce thème est bien abordé dés le pilote.

Et puis, il y a le folklore. Le fantasme de l'hôtesse de l'air, d'une part, vivant chez bien des hommes mais aussi des femmes (pour les raisons énoncées plus haut). Et le fantasme PanAm. C'est l'incarnation de toute une partie de cette époque, une formidable façon de cultiver l'esprit d'entreprise des années 60, quand PanAm en était déjà à rêver d'emmener ses voyageurs sur la lune, de proposer le service le plus luxueux des airs, et d'entrainer des cohortes de jeunes gens à devenir l'élite de l'aéronautique. Cet aspect-là (qui rappellera aux spectateurs nipponophiles ce qu'on a pu observer dans Attention Please, suivez les tags pour en savoir plus) n'est pour le moment qu'à moitié développé mais la série a tout son temps pour revenir dessus, surtout si elle s'accroche à ses flashbacks ; je suis spécialement intéressée par la formation tant des hôtesses que des pilotes, et j'espère qu'on en saura plus via au moins un personnage. Personnellement je connais moins le mythe de PanAm que je ne connais celui de Playboy, mais le peu que j'en sais rend les choses excitantes de ce point de vue quand même, tant il est évident que ces jeunes gens sortent d'un moule à façonner l'excellence dont il me tarde de connaître les moindres détails, fussent-ils mieux connus du spectateur américain, forcément plus au fait de la légende.

Donc oui, le pilote de PanAm est une réussite, sans conteste. L'épisode ne perd pas son temps, sans pour autant partir dans tous les sens, il y a une véritable mythologie de la marque qui se dessine, des personnages potentiellement bons à développer. Les quelques égarements (musique, flashbacks) peuvent être atténués sinon corrigés facilement. Le cast est plutôt solide, la porte est ouverte à de nombreux guests, et ce sera facile de jouer avec la formule pour des stand-alones intéressants, originaux et/ou exotiques.
Il y a beaucoup de potentiel dans ce pilote. Tellement, que pour un peu, je regretterais presque que ce blog ne soit pas bleu. En tous cas et à défaut, mes cagoules seront définitivement, cette saison, aux couleurs de PanAm.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche PanAm de SeriesLive.

25 septembre 2011

Passer de FNL à The Good Wife, puis à ça, quelle déchéance...

HartofDixie

Rarement une photo de promo aura-t-elle aussi bien représenté une série que celle de Hart of Dixie. C'est exactement la position dans laquelle j'ai regardé l'épisode, affligée et obligée de soutenir ma tête pour ne pas m'endormir, et j'avais une grande envie de faire mes valises. Même le slogan est assez révélateur de ce que j'ai pensé du pilote...

Bon, je crois que c'est assez clair, je vais tirer à boulets rouges sur cette pénible série. Principale coupable : Rachel Bilson. Je n'ai vu The OC qu'en VF mais je commence à penser énormément de bien de la comédienne de doublage qui a réussi à insuffler un semblant de personnalité dans la façon dont la pauvre fille récite platement ses répliques. En fait ptet même que j'aurais dû attendre la VF de Hart of Dixie, pour bien faire.
On devrait tout de suite être du côté de Zoe, vis-à-vis de sa mère, vis-à-vis de ceux qui ne veulent pas d'elle... au contraire, on est d'accord avec tout ce petit monde, elle est insupportable et nous non plus, on ne veut pas d'elle. Le personnage est supposé être snob ? Il est surtout méprisant, et notre jeune docteur semble un peu s'en foutre de tout. Elle est venue parce que, bon, elle pouvait pas faire mieux, mais Bilson n'y croit pas elle-même et incarne son personnage de façon à nous faire sentir que même elle est là contre son gré. J'ai rarement vu quelqu'un mettre autant d'application à repousser les spectateurs autant que les personnages. C'est un miracle qu'il n'y ait personne pour lui retourner une baffe.

Ah, si seulement il n'y avait que le talent troublant de Rachel Bilson pour rendre une héroïne supposée craquante complètement antipathique... Or, non, les scénaristes en font autant avec leurs intrigues. Cette histoire de triangle amoureux, par exemple. Genre la nana est là depuis moins de 24h mais elle craque déjà pour un type qui BIEN-SUR est fiancé, mais elle trouve le moyen de flirter avec un autre gars après s'être mise minable avec un carton de vin blanc. Et devinez pourquoi son papa ne lui parlait pas et pourquoi sa maman veut à tout prix la décourager de devenir médecin ? Et pourquoi on lui a légué la moitié d'un cabinet médical ? On dirait que les scénariste ont une check-list de clichés et qu'ils s'embourbent dans les stéréotypes les uns après les autres, n'ayant pas le coeur de trouver leurs propres histoires.
Et quand il y a un truc vaguement original (une intrigue médicale, en plus), c'est fait sans la moindre émotion. Et là-dessus arrive Bilson qui a l'air de vouloir exprimer l'envie d'être partout ailleurs sauf ici. T'en fais pas ma grande, de mon côté de l'écran c'était la même.

Un pilote désagréable au possible, poussif, sans intérêt, sans émotion, sans rien d'autre que l'impression que même quand j'essaye de regarder une série de la CW sans a priori négatif, il faut absolument que celui-ci se charge de me convaincre que tout ce qui vient de cette chaîne est détestable, pour une raison ou une autre. Le SEUL truc qui ne m'a pas déplu dans Hart of Dixie, c'est la musique, et encore, je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle m'a plu parce que c'est cliché et plaqué. C'est insupportable. Ya rien à sauver.
Dire que j'ai reporté mon visionnage du premier SNL de la saison pour ça.

Ah, et c'est quoi ce prénom ? LEMON ?!

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (mais je n'irais pas jusqu'à le leur reprocher dans ce cas précis) : la fiche Hart of Dixie de SeriesLive.

25 septembre 2011

Doué d'intelligence

Gifted

Juste quand je commençais à me dire que la saison manquait de vrai dramas, A Gifted Man est apparu. A point nommé parce qu'en plus j'avais besoin de regarder quelque chose d'un peu touchant.
Pour l'instant, on n'a pas encore atteint le point où je me dis que j'ai trouvé ma série de l'année, celle sur laquelle je pourrai compter pour m'émouvoir et me permettre de verser une obole salée à chaque épisode (car ne nous mentons pas, c'est ce que je cherchais en lançant le pilote), mais A Gifted Man connait un bon début avec cet épisode inaugural, assez conventionnel étant donné le sujet.

Il faut dire que Patrick Wilson parvient dés ses premières scènes à rendre son personnage à la fois antipathique et extrêmement touchant. Ce n'est pas simplement un connard caractériel du genre de Dr House, avec un petit côté faillible pour le rendre appréciable par les spectateurs et les membres de son entourage les plus patients, mais un personnage réellement humain. J'ai apprécié sa lucidité (explicitée par un échange avec sa patiente, une jeune tenniswoman) quant à la raison pour laquelle il est relativement fermé au contact humain ; mais dans le même temps, savoir qu'il a un ami, et surtout le voir aussi joyeux avec son ex, le rendent moins caricatural qu'un House, justement. Le personnage a une carapace, mais ce n'est pas une forteresse inviolable, et surtout pas quelque chose qu'il feint en dissimulant la moindre émotion derrière le sarcasme ou des insultes. C'est plus facile de se lier à lui qu'à tous ces types antipathiques qu'on a vu fleurir dans les séries il y a quelques années parce qu'ils étaient totalement déconnectés de leurs émotions 80% du temps, et qu'on était supposés les aimer pour les rares 20% restants.

Et justement, c'est une jolie relation que Michael entretient avec son ex-femme Anna. Ils ne se sont pas parlé depuis 10 ans mais son affection est sincère et tangible et leurs retrouvailles sont réellement joyeuses et touchantes. La douceur d'Anna peut sembler un tout petit peu exagérée, mais leurs premières scènes ensemble sont vraiment bonnes, ils ont une bonne énergie ensemble. Cela augure de bonnes scènes par la suite.

A Gifted Man fait aussi un bon travail en mettant en avant aussi bien le côté rationnel que l'inévitable côté surnaturel de son sujet, le personnage de Michael Holt tentant de trouver un équilibre entre les deux, et ce n'est probablement qu'un début. Il cherche une explication scientifique mais il accepte aussi l'autre explication, au lieu d'être borné et passer tout le pilote à refuser l'évidence. Ca nous le rend sympathique, et c'est plus facile de le suivre que s'il s'obstinait bêtement à camper sur ses positions, ou s'il se convertissait tout de suite à l'idée qu'un fantôme est en train de le visiter. Sa résistance à cette étrange nouvelle donnée dans sa vie est naturelle, mais elle ne fait pas obstacle à l'évolution des choses, notamment avec la scène "d'extraction" qui m'a semblée intéressante parce que, cette fois, il y a résiste pour une autre raison que son envie de rester rationnel.

Tout le principe d'A Gifted Man est, naturellement, de nous monter le Dr Holt commençant à travailler pour d'autres patients que ceux qui peuvent payer ses honoraires exorbibants, mais là encore, on n'a pas affaire à un médecin au coeur de pierre qui va refuser d'aider obstinément et à qui il faudra forcer la main pour lui apprendre à être généreux. Il ne fait pas vraiment d'histoires quand Anna lui suggère que la clinique va prendre en charge gratuitement les patients qu'il a ramenés, sans vraiment y réfléchir, de la clinique gratuite. En gros j'ai l'impression que sa leçon n'est pas celle du riche médecin qui va s'ouvrir aux problèmes du monde, que peut-être il méconnait mais qu'il n'insiste pas pour ignorer. C'est plutôt une aventure humaine qui l'attend, qu'une aventure sociale. Même si je serai contente de regarder cette aventure humaine se dérouler au fil des intrigues sociales qui ne vont pas manquer d'apparaitre dés qu'il devra se repointer dans la clinique gratuite.

La réplique qui m'a frappée, dans ce pilote, est celle que lance Holt après qu'Anna lui ait dit qu'elle était heureuse de le voir heureux. Sans amertume, il répond simplement : "qui a dit que j'étais heureux ?", et ce n'est même pas comme s'il le réalisait à cette instant, il en est conscient et semble décidé à s'en accomoder. C'est cette lucidité qui me donne bon espoir pour la suite parce que notre héros ne va pas se transformer contre son gré grâce à l'intervention d'Anna, il ne va pas découvrir qu'il est malheureux, il y a quelque chose d'infiniment nuancé dans la façon dont il considère sa façon de vivre, quelque chose de plus touchant que tous ces types à qui il faut absolument enfoncer dans le crâne qu'ils sont malheureux pour qu'ils le réalisent et se acceptent qu'on les change. Michael Holt semble ouvert au changement, et en même temps il est à l'aise avec son manque de bonheur. Pour moi, c'est le signe d'un parcours qui pourra être intéressant à suivre.

Je dis souvent qu'un pilote est déterminant pour moi. Que si le pilote ne me plait pas, je tourne les talons sans regret. Mais que cependant, je n'attends pas d'un pilote qu'il soit parfait, mais qu'il montre du potentiel ; je n'exige pas le coup de foudre en 45mn pour poursuivre une série.
A Gifted Man est exactement ça : un premier épisode bourré de potentiel. Le personnage central est bon, il a une bonne dynamique avec son fantôme, la série est construite de façon à éviter la caricature. Le pilote n'est pas parfait, manque peut-être un peu d'émotions là où on s'attendrait à ce qu'il y en ait, propose un personnage secondaire un peu irritant avec la frangine et son fils à problèmes (j'ai adoré le moment où elle lui dit que la seule fois où il ne s'est pas comporté en enflure, c'était quand il était avec Anna ; eh connasse, l'enflure vient de te payer ton loyer !) bien que j'aie apprécié qu'elle ne se montre pas sceptique, l'infirmière ou chais pas quoi qui surprend à deux reprises Holt en train de parler seule me semble être un futur élément perturbateur prévisible... Mais en tous cas j'ai aimé ce que j'ai vu et je serai de la partie.
On va être honnêtes, pour le moment, des séries que j'ai réellement envie de poursuivre après le pilote, il n'y en a pas non plus eu des tonnes en cette rentrée. Mais je vous l'accorde, il y a encore pas mal de séries qui doivent démarrer.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche A Gifted Man de SeriesLive.

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