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ladytelephagy

22 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x01, the blame game

Quarante-huit heures n'étaient pas de trop pour se remettre de l'épisode précédent, mais d'un autre côté, comment résister à l'appel du season premiere quand tant de choses nous ont laissé en suspens ? Retour donc dans l'univers claustro de notre Ozmarathon, où les réponses que nous attendons vont nous être livrées au compte-goutte...

Ozmarathon-2x01

Et l'épisode commence justement alors que la lumière n'a pas été rétablie à Oswald, du moins c'est ce qu'il semble, et que la prise d'assaut est finie. Il s'agit maintenant, dans une lumière rare et étouffante, de gérer les blessés, les morts, et surtout : les autres. Entassés dans les cellules "classiques" d'Oswald, les prisonniers d'Em City vivent une grosse retombée d'adrénaline. Les meneurs, à savoir Adebisi, O'Reily et Saïd, sont dépêchés vers des cellules d'isolement ; blessé, Alvarez est à l'infirmerie qui déborde de patients. On met du temps avant de comprendre que Scott Ross est mort.
En fait, dans la pénombre, j'étais plutôt en train d'essayer de dévisager chaque silhouette furtive pour savoir qui avait survécu. Rebadow ? Oh mon Dieu, Rebadow va bien. Beecher ? J'ai beau le savoir, j'étais tout de même inquiète. Oh, Augustus, mon grand, tu tiens encore sur tes roulettes, tout va bien ! Et ce visage, je n'ai pas vu, qui était-ce ? Je le connais ? Et les cadavres, peut-on voir le visage des cadavres ?

C'est une ambiance de siège, de guerre même ; ça m'a rappelé certaines scènes de SPACE 2063 d'ailleurs (ça m'a aussi rappelé que mon dernier marathon commence à dater, mais euh, bon, bref). C'est simplement un mélange de panique, de peur, de confusion.

Ce moment ne durera, toutefois, pas plus d'une dizaine de minutes. Le gouverneur Devlin, qui naturellement n'a pas été blessé dans la bataille (quoi, on peut rêver non ?), se dépêche de mettre en place une commission pour valider sa décision et avoir une excuse pour punir encore plus de prisonniers. Alvah Case est dépêché pour présider cette commission, Devlin lui faisant miroiter une nomination fabuleuse s'il conclut dans le bon sens. Manque de chance, Case est un homme droit, je sais, ça choque toujours un peu quand ces choses se produisent à Oz, et il est décidé à poursuivre son enquête avec impartialité. C'est un peu dommage, d'ailleurs : ce personnage si peu ambigu a de quoi déstabiliser un peu : il est intelligent, patient, pédagogue, juste, persistant... on en vient à vouloir lui prêter des motivations peu nobles tant il est trop parfait. A l'image de l'inspecteur Columbo, il va poser ses questions, inlassablement, petit-à-petit, sans bousculer personne. Le montage des différents témoignages qu'il obtient est d'ailleurs particulièrement efficace à ce titre, montrant à la fois les points de vue si variés des protagonistes, et la façon dont progressivement le puzzle se met en place.

Non qu'il y ait réellement du suspense. En ce qui me concerne, Scott Ross n'est pas une grande perte et je m'intéressais assez peu à la personne qui nous avait débarrassé de lui. Mais c'est l'occasion de parler de culpabilité, ironiquement pour la première fois dans la série, ainsi que du sentiment de responsabilité, et c'était un thème intéressant pour ce retour à Oz. L'enquête suivra son cours en nous dévoilant le coupable de la mort de Ross, ce qui en soi n'était pas une grosse surprise vu les réactions du coupable tout au long de l'épisode, mais sans doute avions-nous besoin de ce relâchement de tension, et de ce retour à quelque chose de plus serein, plus cérébral, plus méthodique.

Encore que. Ne croyez pas que la prison d'Oswald soit devenue le pays des Bisounours. Dans l'après-coup, certains personnages se révèlent plus attachants que prévu : Hill, d'abord, dans sa persistance à vouloir prendre des nouvelles de Jackson et Dobbins (hélas, notre violonceliste a suivi le destin de son violoncelle) et d'un peu tout le monde en général ; Adebisi et Wangler, tous les deux en désintox de fait brutale, Adebisi étant en particulier touchant dans la façon dont il s'enfonce dans son statut d'animal à la dérive (vous ne me verrez sans doute pas dire ça souvent), le père Mukada, qui s'est salement endurci depuis l'émeute et qui semble avoir perdu la naïveté qu'on lui reprochait dans l'épisode précédent, ce qui, quelque part, me brise le coeur, et surtout, j'ai été frappée par Kareem Saïd.
Je crois que c'est la première fois qu'il avait l'air réellement enfermé. Jusqu'à présent, à Em City, il avait l'air d'être assez libre dans sa tête, comme s'il n'était pas vraiment en prison ; là, le visage abimé, recroquevillé dans sa cellule d'isolation, il m'a fait pitié. Que cet homme capable de mener d'autres détenus par un claquement de doigts, cet homme qui semblait toujours si assuré, ait l'air d'un simple prisonnier comme les autres, ça m'a fait un coup, dites donc. Il avait perdu de sa superbe. Il avait perdu son charisme. Et j'ai eu l'impression qu'il avait même perdu sa confiance en sa cause, sa façon de répéter son laïus politique sonnait faux.

Et puis il y a le problème Beecher. Il a pété un câble, on le savait, mais quoi qu'il fasse maintenant on ne peut plus s'ôter de l'idée que l'homme est brisé à jamais. En même temps, difficile de lui en vouloir, quand il arrache, dans un geste qui m'a moi-même fait hurler d'horreur (je n'imagine même pas si j'étais un homme) le gland de Robson qui voulait obtenir de lui une pipe, on n'arrive pas à le lui reprocher. Et quand, plus tard, il explique à Case qu'il veut se remettre sur le droit chemin, on se doute qu'il est encore trop déranger pour vraiment penser ce qu'il dit, que c'est un homme qui est probablement changé à vie de toute façon. On ne regardera plus jamais Beecher de la même manière. Lui, ce n'est pas l'émeute qui l'a changé. Mais quand il a dit qu'il avait autrefois été avocat, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un pincement au coeur.
Pourtant, c'est ainsi qu'il est devenu l'un des personnages les plus fascinants de la prison...

A la fin de l'enquête, c'est le propos politique d'Oz qui revient. Devlin est coupable, indirectement, de ce qu'il est passé ; mais la commission ne condamnera publiquement personne. Et à travers l'ultime confrontation entre Case et Devlin, on comprend que c'est probablement le début d'une autre trame politique (même si personnellement je ne m'en souvenais plus).

Ce sera difficile de faire comme si personne n'était traumatisé, mais pourtant, personne n'a été officiellement reconnu coupable du moindre tort : comme le souligne Augustus Hill, notre coryphée préféré, c'est un peu comme si rien de mal n'avait eu lieu. Un paradoxe intenable. Au fond, ce retour de la série pour une nouvelle saison nous dit à la fois de faire table rase de la précédente (les enjeux sont largement différents) et de faire comme si de rien n'était (yeah, right). C'est une sacrée gageure pour cette nouvelle saison ; dans mes souvenirs, certains éléments plus déplaisants étaient introduits pour cette raison paradoxale, et je ne les avais pas tous aimés. On verra bien.

Un dernier mot, toutefois, sur certains acteurs. Je voyais Beecher en isolation en train de tenir ses propos désarticulés à Case (il commence à avoir l'habitude, pauvre diable) et je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que j'avais connu Tergesen dans Code Lisa, et qu'à l'époque il était tellement binaire. Et puis là, le voir tenir l'épisode comme le ferait le géant Atlas, c'était vraiment renversant. J'ai souvent du mal à savoir si le mérite en revient à l'acteur ou à l'écriture dans ce genre de cas ; probablement les deux en l'occurrence, mais ça me rend encore plus admirative devant la performance.
Et puis, dans un registre moins sérieux, c'était amusant d'assister à un clin d'oeil involontaire que de voir que l'officier Wittlesey avait récupéré l'arme de l'officier Heim, et que, sans avoir de scène ensemble, deux des futurs interprètes de Nurse Jackie étaient liés dans cet épisode d'Oz.

Maintenant que le "retour à la normale" est décrété, on va pouvoir, enfin, revenir entre les murs d'Em City. Et je ne vous cache pas que j'ai hâte...

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21 décembre 2011

[DL] Reed between the Lines

Après avoir regardé le final de Reed between the Lines, ce qui, oui, sous-entend que j'ai regardé toute la première saison de cette comédie de BET (je suis la première surprise vu le peu d'antécédents que j'avais en la matière jusque là), je suis parvenue à plusieurs conclusions. La première, c'est que trois épisodes d'un coup c'est trop, quand même. Surtout quand ils ne constituent pas un final mais bien trois intrigues indépendantes. La seconde, c'est que justement, la série a l'air d'avoir été renouvelée pour une deuxième saison, et ça c'est quand même bien sympa. La troisième, c'est qu'on n'a quand même pas tant de comédies de ce genre à la télévision ces dernières années, et que même si parfois, Reed between the Lines se laissait aller à des histoires un peu trop politiquement correctes, globalement ça restait regardable par toute la famille sans overdose de bons sentiments, parce qu'elle a très vite su trouver son ton ; je vous ai déjà entretenus du sentiment de naturel qui en découle globalement, ne m'obligez pas à le répéter.

ReedbetweentheLines
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Alors, bon, ce n'est pas forcément le générique le plus ébouriffant de la planète, moi-même si je ne connaissais pas la série je le trouverais probablement rebutant, mais je voulais marquer le coup pour dire au revoir à la famille Reed, que j'ai trouvé si saine, si charmante, si vibrante.
Mais je suis certainement partiale : je n'ai jamais caché mon goût pour la science-fiction.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Reed between the Lines de SeriesLive.

20 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x08, you animals

Tout ceux qui suivent notre Ozmarathon, une fois parvenus au final de la première saison, passeront probablement par un stade similaire à un état de choc ; le contraire semble impossible.

A l'heure où je tape ces mots, j'ai une méchante envie de vomir, par exemple ; seuls Oz et le roman Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants sont capables de déclencher pareille réaction physique à une "simple" oeuvre de fiction.
Alors je ne sais pas. Là tout de suite, tandis que je tente de respirer calmement et que je sens bien que j'ai les nerfs en pagaille, j'ai l'impression que je me suis sérieusement ramollie, que je l'ai vécu plus mal que la fois précédente, et la fois d'avant, et même la toute première fois. Je suis peut-être fatiguée. Je suis peut-être plus sensible que d'habitude. Ou bien peut-être que chaque fois que je regarde le final de la première saison de Oz, j'ai envie d'agripper tout ce qui bouge en hurlant de terreur, mais que je l'oublie en me disant que j'avais probablement mieux pris la fois d'avant. Là, je suis dans tous mes états, ce qui est précisément ce que j'étais venue chercher dans ce marathon si on y pense, on ne revient pas à Oz sans une petite pointe de masochisme, mais ce qui n'est tout de même pas la configuration idéale pour écrire une review.
Défi relevé.

Mais il est impossible pour moi, ce soir, après pareil visionnage, de vous sortir un compte-rendu circonstancié de mes impressions personnage par personnage, axe par axe, chapitre par chapitre. Je suis, à l'image d'Em City, bien trop en état de siège pour pouvoir penser posément de la sorte...

Ozmarathon-1x08

On y est donc. On le savait depuis le pilote que la tension montait. On a senti chaque petite barrière tomber, une à une, c'était prégnant, quasiment à chaque épisode un peu plus. La colère était palpable et les digues se rompaient une à une. Tout était en place pour l'apocalyspe. Les signaux ont été nombreux, les avertissements, les prophéties auto-réalisatrices, les mises en garde, et pourtant Em City sombre, implacablement. Le désespoir est total.

Et il est total parce qu'en retirant, une à une, les petites poussières d'humanité dans les prisons de verre d'Em City, en aspirant leur âme un peu plus à chaque interdiction, l'administration a fait de ses prisonniers des animaux. Alors, les animaux ont agi comme tel.
A bien y réfléchir, il y a des quantités de choses que nous avons vues se dérouler pendant la saison, que nous avons tenues pour acquises, si ce n'est normales. Tenez, par exemple, plusieurs personnages ont été jetés en isolation, et pas un de nous, dans nos commentaires au cours de ce marathon, n'a relevé la dégradation que cela représentait pour eux d'être non pas enfermés seuls, mais d'être enfermés seuls ET NUS. Comme des animaux. Et à chaque petite humiliation, c'est l'animal qui se révèle, et c'est normal, que pourrait-il en ressortir d'autre ? Beecher en est la preuve vivante, atroce, la révélation que la prison prend des criminels, et les transforme en bêtes. Alvarez soulignera indirectement ces dégradations permanentes en tendant un seau aux ex-gardiens devenus otages. Ils ont tous été rabaissés au stade d'animal, on ne peut attendre d'eux qu'ils se comportent totalement en êtres humains.

Ce n'est pas vraiment la faute d'Em City. Ce n'est pas la faute d'Oz. C'est la faute du système. Si notre idéaliste McManus avait pu partir sur une île et créer sa prison de rêve, loin des médias, loin de la hiérarchie, loin de l'opinion publique, et des interactions entre cette trinité du chaos, peut-être, je dis bien peut-être que son expérience aurait eu une chance. A condition d'écouter les prisonniers qui lui parlaient vraiment, à condition de laisser sa queue à l'entrée, à condition de ne pas être un petit employé frustré. Oui, dans d'autres conditions, peut-être.
Mais la messe était dite dés le début, du moment où il a eu à répondre devant un politicien de ses décisions, du moment où les journalistes ont commencé à camper devant la prison, et implicitement quand le reste des citoyens, les "bons" citoyens, a commencé à regarder ce cirque.

Alors, le final de la première saison, bien plus que l'épisode précédent qui en portait pourtant le titre, c'est véritablement la ferme des animaux, sans ferme à exploiter. C'est sa majesté des mouches, sans l'ombre d'un palmier. C'est la préhistoire, mais entre quatre murs dont deux de verre. Quelles que soient les exigences des prisonniers, ils n'échapperont jamais à cette vérité : ils sont des animaux parqués dans Em City. Ils ont peut-être pris possession de l'espace, mais il est confiné. Ils n'ont peut-être plus de surveillants, mais ils n'ont pas la liberté. Et surtout, ils y sont ensemble.

Certains personnages s'accrochent désespérément à leur humanité, du moins ce qu'il en reste. Ce sont ceux pour lesquels on se fait le plus de soucis : Rebadow, Hill, Alvarez... Plus que jamais, la moindre hésitation, le moindre scrupule, peuvent les mener à leur perte.
La prison n'appartient pas à ceux qui préservent leur âme, pendant l'émeute. Elle n'appartient pas non plus aux animaux : les animaux ne possèdent rien, après tout. Elle appartient aux rares prisonniers d'Em City qui ont la faculté de garder la tête froide. Et on sait très bien de qui il s'agit : Kareem Saïd, Ryan O'Reily, peut-être Scott Ross. Vern Schillinger, aussi, dans un bon jour, sauf que celui-ci est sous le coup d'une terrible révélation personnelle : il a besoin de sa libération sous parole pour sauver ses fils de la drogue. Il ne reste donc bel et bien que Saïd et O'Reily, vaguement Ross bien qu'il ne se soit jamais imposé jusque là comme autre chose qu'un conspirateur, et ils vont tenter d'organiser le chaos et gérer les égarements du reste du bétail, les bêtes déchaînées qui piétineront tout même si ça doit les conduire à leur perte, tel le colosse Adebisi dont l'addiction est l'argile. Leurs tentatives de se concerter en bonne intelligence sont vouées à l'échec d'emblée. Leur révolte est le fruit de la colère mais ses conséquences n'ont, pour la même raison, pas totalement été mesurées. Les émeutiers n'ont aucune carte dans leur jeu...

Dans l'épisode, l'émeute ne dure en elle-même qu'une dizaine de minutes avant de passer à ses conséquences. Mais dés cet instant où tout bascule, il est très clair que plus rien ne sera jamais comme avant, que chacun prend le risque de mourir tant que de tuer (certains avec les mains plus propres que d'autres, cependant, pas vrai Saïd ?), et qu'il n'y a pas de retour possible.
Et aussi sûrement que l'émeute était prévisible, que dis-je, était prévue, dés le pilote, son issue est tristement écrite d'avance. Comme le parfait petit connard qu'il est, Devlin ne pense qu'à son image dans les médias, à la posture qu'il doit tenir sans même préter attention aux demandes des prisonniers, à la réaction marquante et pro-active qu'il doit absolument lancer dés que possible. Et il donne l'assaut.

Il donne l'assaut.
Je ne sais pas si vous mesurez bien la portée de cet acte avant de le voir se dérouler sous vos yeux. Moi-même je l'ai déjà vu plusieurs fois et je ne m'y suis toujours pas faite.

Le sort de chacun reste une inconnue à la fin de ce final sinistre. Ce n'est qu'en saison 2 que nous saurons l'ampleur de la boucherie.
Le plus fou, c'est qu'il me tarderait presque d'y être. Et de me remettre à Capadocia, accessoirement.

18 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x07, la dernière seconde

Le marathon continue ; Whisper et moi-même avons été rejoints par Aurore et LL qui suivent également notre Ozmarathon (avec un léger différé pour le moment), et désormais tous les rouages sont bien huilés. Tout est prêt pour le grand final de la saison.
Tic tac. Le compteur est en marche. Plus qu'un épisode.

Ozmarathon-1x07

Tic tac. La bombe à retardement Beecher a enfin explosé. C'est le moment que j'ai attendu pendant 6 épisodes, et je n'étais même pas convaincue qu'il ait réellement été déclenché lors de l'épisode précédent. Le passage à l'acte est venu avant la prise de conscience, en réalité : Beecher, mis en isolement pour son agression envers Schillinger, se révèle enfin à lui-même. Je ne sais pas s'il découvre, comme le prétend le monologue d'Augustus Hill (un peu en petite forme dans sa cage, d'ailleurs), sa nature profonde, mais en tous cas il fait définitivement peau neuve. Son acte si symbolique de détruire ses lunettes l'est à bien des égards : bien-sûr, il brise ce qui le liait à son ancienne identité, frêle et intellectuelle, mais le fait que ce soit le verre qu'il mettait devant ses yeux renvoie aussi à la nature-même de son agression sur son tortionnaire. Toujours est-il qu'on a enfin franchi le pas, celui où Beecher n'est plus une simple victime d'Em City et du système carcéral, il est enfin entré dans la chaîne alimentaire. Et c'est avec panache qu'il va aller clouer un dernier clou au cercueil de l'ancien Beecher en laissant, à la fin de l'épisode, toute liberté à sa colère et son ras-le-bol. Beecher déborde. Beecher n'est pas le seul...

Tic tac. O'Reily et son compère Adebisi continuent d'attendre que le vieux Schibetta casse enfin sa pipe. Confetti de verre après confetti de verre, ils guettent les signes, lui servant son plateau tout sourire, faisant mine d'accommoder le moindre de ses désirs, tapis dans l'ombre en attendant qu'enfin le réseau de drogue de l'Italien soit à eux. Ils ont tout leur temps, mais ils ont hâte. Alors en attendant, ils sont comme des enfants impatients, ils tournent dans tous les sens et cassent les couilles de tout le monde, y compris Kareem Saïd qui a pourtant ses propres problèmes.

Tic tac. Saïd revient en effet d'entre les morts : il a survécu à sa crise cardiaque. Et il revient habité d'une rare colère, qu'il dirige contre celui qui a bien failli le laisser crever la bouche ouverte dans sa cellule. Je n'ai toujours pas retenu le nom dudit traître, mais ce n'est pas grave : après avoir été mis au ban de la communauté musulmane d'Em City, ce dernier, abandonné par les siens (et donc, pense-t-il par une étrange association d'idée, mais il est vrai que je suis athée) par son Dieu, va se suicider dans sa cellule hors des vitres d'Em City. Le pouvoir de Saïd sur sa communauté, mais aussi sur tous les prisonniers de la prison, s'étend, s'étend, s'étend... La scène des petites cuillers au réfectoire le montre gorgé du même orgueil qu'il reprochait quelques instants plus tôt à McManus, celui d'avoir droit de vie et de mort sur les prisonniers au nom d'un idéal devenu illusion de grandeur. On peut presque lire dans ses yeux la soif exponentielle de puissance que cela nourrit, les idées qu'il se fait sur la façon dont il pourrait conduire ces hommes. Vers quoi ? On n'entrera pas dans la tête de Kareem Saïd à ce point, et les scénaristes ne nous laissent que les rumeurs pour alimenter notre imagination. Mais une chose est sûre, Saïd n'est pas homme à refuser de mener les autres et à faire preuve d'humilité. Et c'est un homme dont la colère a, depuis son arrivée à Oswald, été décuplée, pas toujours pour les raisons qu'il brandit. Pas sûr que ce grand pouvoir implique des responsabilités qu'il puisse tenir.

Tic tac. Impressionné par les discours de Kareem Saïd, dont la rhétorique mais aussi le charisme naturel, ainsi que maintenant le pouvoir d'emprise sur la colère de ses co-détenus, ont sans cesse plus d'effets, le pauvre Groves déclenche d'apocalypse sans le vouloir. Il pensait que le mieux, c'était de tuer Leo Glynn, dans une logique qui n'appartient qu'à lui. Il tuera dans sa précipitation un gardien, déclenchant la violence chez le personnel de la prison.
C'est, entre parenthèses, une suite de scènes sur la peine de mort qui avaient manqué au 4e épisode, et l'erreur est parfaitement réparée avec les demi-remords d'un Groves totalement perdu, l'intervention de la mère de la victime, l'exécution à la fois déchirante pour le prisonnier et pour les bourreaux, l'installation du doute, les regrets de Mukada, l'intervention une fois de plus brutale du gouverneur Devlin... C'était une très belle mort, l'une des plus belles pour le moment. Le dernier rayon de soleil, à bien des égards.

Tic tac. Suite à ce meurtre, la descente aux Enfers de la prison est généralisée, personne ou presque ne sera épargné. Les actes de brutalité se succèdent, à un rythme qui vient embrouiller notre impression du temps qui passe entre les murs d'Oswald, et les gardiens sont sanctionnés les uns après les autres, sans effet. Il faut que la frustration s'exprime, que la colère trouve un dérivatif, que la violence subie soit rendue, et la direction de la prison ne peut rien contre cela. Comme l'expliquera à demi-mots Burrano, ce n'est pas quelque chose qu'on peut empêcher ni même sanctionner ; le sous-entendu, c'est que la rage du personnel, pour l'instant, ne se retourne que contre les prisonniers... et que c'est un moindre mal.

Tic tac. McManus a perdu le contrôle. Glynn le force à organiser un "shakedown", une fouille approfondie d'Em City. Il ne peut rien en sortir de bon, et la quantité de substances prohibées et d'objets dangereux saisis le prouve. Il a perdu le contrôle, si tant est qu'il l'ait jamais eu, et punir ses petits rats de laboratoire n'y peut plus rien (d'ailleurs quelques minutes plus tard, on les verra tout de même regarder la télé, c'est dire si ses sermons sont sans effet). Ils lui ont définitivement échappé. Il ne s'est même pas aperçu qu'il a introduit, en suspendant les gardiens trop violents, un loup dans la bergerie, en laissant entrer à Em City des gardiens peu expérimentés, et ayant des connexions avec certains prisonniers. Comment cela pourrait-il bien finir ? C'est impossible.

Tic tac. Ils ont mis 7 épisodes à se mettre, lentement, inexorablement en place. Les acteurs sont désormais prêts pour leur grande tragédie. C'était le dernier souffle, le silence d'un temps, juste avant la grande symphonie.

Tic tac... BOOM !

18 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x06, mind over matter

A la lumière de ce marathon, il apparait que, contrairement à ce que je pensais, sans mes souvenirs brumeux de téléphage honteuse qui ne s'est jamais envoyé les épisodes sous la forme d'une intégrale, Oz ne se contente pas de reposer sur la structure 1 épisode = 1 thème.
Après avoir posé les bases, la série a embrayé, c'est encore plus visible avec ce 6e épisode, sur une structure qui superpose un nouveau thème à ceux déjà étudiés, une heure après l'autre. C'est vraiment fascinant de la voir utiliser ses sujets précédents comme autant de jalons pour marquer la progression de sa réflexion.

Ozmarathon-1x06

Car après la mort et la drogue, on va donc parler de santé. Ou plutôt absence de, contexte oblige, puisque la prison d'Oswald est à la fois un endroit où on vit dangereusement (l'aggression de Rebadow d'entrée de jeu le prouve bien) et où on vit, tout simplement, ce qui implique inexorablement vieillesse et/ou maladie.

Mais d'abord, voyons un peu où nous en sommes avec Beecher. A mon grand désarroi, son axe a régressé : de la fin de l'épisode précédent, il occupe cette fois le milieu. Pour moi, la position de l'intrigue de Beecher est assez représentative de son intérêt : on est revenus à un stade assez décevant où Beecher prolonge sa descente aux Enfers, alors qu'un peu plus tôt il avait donné des signes de rébellion (même moyennement couronnés d'effet).  Évidemment, loin de moi l'idée de dire qu'il est docile dans cet épisode, au contraire on marque un tournant, mais son coup de sang contre Schillinger est dû plutôt à la drogue et à une impulsion, qu'à une réelle prise de conscience et une progression psychologique. Comme le fait très bien observer Sister Pete, il ne contrôle plus rien, il ne s'appartient plus, il est victime perpétuellement du sens du courant. J'avais eu le sentiment précédemment qu'on affleurait la prise de conscience mais on n'y est pas du tout. En fait, ici, c'est plutôt l'animal qui est lâché, au contraire.
En réalité je suis déçue, car Beecher est un personnage intelligent et attachant, mais pour le moment il a surtout l'air de passer par tous les stades "normaux" du personnage qui arrive en prison et qui subit tous les clichés du genre. La première fois qu'il a traversé l'écran en drag, dans une version défaite de son déguisement de l'épisode précédent, j'ai laissé échapper un coup de sifflet atterré, du genre "ouh, il a morflé", mais la suite des évènements n'était plus aussi impressionnante. Je crois que je suis tout simplement impatiente de le voir se prendre en main, mais c'est normal, je suppose, qu'on assiste à sa déchéance d'abord, remords inclus. Simplement ce n'est vraiment pas une intrigue qui me captive, même si elle est fondamentale pour ses évolutions futures.

Bon, cela étant posé, on va passer à mes personnages favoris. Rebadow, d'abord, qui commence à avoir des envies d'évasion. C'est à la fois amer et drôle de le voir ainsi espérer passer du temps dehors avant de mourir, parce qu'évidemment, avec sa tête inoffensive, Rebadow fait un peu rire quand il dit qu'il va s'évader, mais d'un autre côté, quand il essaye, eh bien ça fait mal au coeur de le voir échouer. Je constate d'ailleurs que Groves est vraiment un chic type, heureusement qu'il est enfermé pour un motif complètement barge parce que sinon il se ferait manger tout cru ; heureusement, tout le monde a peur que ce soit le contraire. Sa réputation le sauve, en fait. Enfin, sauf quand il s'agit du dentiste... Une scène proprement hilarante d'ailleurs.
Alvarez, ensuite, commence à sortir un peu de son intrigue de bébé, ce qui fait du bien car même si c'est une histoire bien menée, on commençait l'air de rien à en faire le tour. Alors juste à temps, on repart à l'autre bout de son arbre généalogique, ce qui offre des scènes solides, dont une, touchante, où son père et lui donnent le bain au grand-père (j'ai un truc avec les vieux qu'on torche, je crois, parce que le même type de scène dans la dernière saison de Sex & the City me tire des larmes aussi). Sa discussion avec Sister Peter Marie est d'ailleurs une bonne façon de saisir ce qui se passe dans sa tête quant à son futur. Il est intéressant de noter qu'il n'a pas cette conversation avec le père Mukada, et je trouve ça assez clair sur l'impact que ce dernier a, dans les faits, sur les prisonniers ; ou plutôt l'impact qu'il n'a pas. Mukada était là pendant toute l'histoire du bébé, et pourtant ce n'est pas à lui qu'Alvarez va confier sa vision bouchée de l'avenir... il faudrait que le ptit père Ray se réveille, sa transparence ne rend service à personne.

Dernier et non des moindres de mes personnages favoris à l'oeuvre dans cet épisode : Ryan O'Riley. Cette crevure a encore trouvé un moyen de pactiser avec encore plus de monde pour avoir encore plus les miches au chaud, tout en grapillant encore un peu de pouvoir. Ce mec est définitivement mon héros !
Après avoir bien léché le c*l du vieux Schibetta, obtenant ainsi la direction des cuisines, il va donc lui planter un poignard dans le dos sans même sourciller, en s'alliant à Adebisi. Ce dernier n'est pas une flèche, mais il a vite compris que s'allier à Ryan était dans son intérêt. C'est vraiment un tandem qui marche du feu de Dieu, parce que ni l'un ni l'autre n'ont la plus petite parcelle de conscience pour les empêcher de faire du mal. Oswald leur appartient, pour tout dire.
En contrepartie c'était une bonne idée de voir Ryan s'entretenir avec Sister Pete (encore elle), pour expliquer pourquoi il fait tout ça. A mon sens, c'était palpable depuis le début qu'O'Riley n'a pas le vice dans la peau (il a quand même une étonnante facilité à trouver des moyens tordus de tuer les gens, on peut pas lui retirer ça, mais enfin c'est pas par méchanceté), il veut juste s'en tirer à moindre frais. Mais ça va mieux en le disant, et expliciter son envie de vivre, au milieu de tous ces morts et tous ces problèmes de santé, c'était même une sorte de petit rayon de soleil. On le savait déjà humain, mais le voir évoquer les voyages qu'il pourrait faire avec Sister Pete était réellement touchant. Mon ptit Ryan, tant que tu te débrouilles aussi bien, ça va, mais malheureusement il y a certains impondérables que même le meilleur des comploteurs ne peut pas éviter...

Le prix de l'intrigue la moins intéressante de l'épisode revient au joueur de basket professionnel (j'ai même pas retenu son nom) qui rejoint la prison. Déjà j'ai pas compris, au vu de la reconstitution, comment il a pu être jugé de viol, mais en plus, son personnage est, pour le moment, sans intérêt, si ce n'est qu'il déclenche chez Hill une très mauvaise réponse. Jusqu'au dernier moment j'ai espéré que Hill ait le courage de s'éloigner de l'influence du sportif, mais non.

En tous cas l'épisode, à travers la maladie et la santé, est là pour nous parler de notre rapport au corps. C'est quelque chose qui m'a rendue mal à l'aise parce que, bon, déjà à titre perso, et ensuite parce que le rapport au corps était plus exploré pendant les commentaires de Hill que par les images. Rebadow, par exemple, ouvre l'épisode en atterrissant à l'hôpital mais la vérité, c'est que sa santé ne le préoccupe pas vraiment. Le grand-père d'Alvarez, pour des raisons évidentes, ne se plaint pas non plus de son état de santé. L'affaire du dentiste n'est là qu'à titre de comic relief. Le plus dingue, c'est que toute l'histoire de Beecher depuis que ce dernier a commencé à consommer de la drogue consiste à le voir poursuivre un détachement de son propre corps, pour des raisons évidentes. Naturellement, la scène de rêve/trip de Hill est entièrement dédiée, au propre comme au figuré, à le voir sortir de sa condition physique. Enfin, Kareem Saïd a passé tout l'épisode à faire semblant d'avoir un esprit plus fort que la matière, et il faudra attendre la toute fin dudit épisode pour qu'il découvre que ça ne marche pas comme ça (après, une fois de plus, un entretien avec Sister Pete, décidément très en forme dans cet épisode, mais par contre, peut-être pas aussi convaincante qu'elle le souhaiterait).
Alors du coup, j'étais plus intéressée par le fait que McManus et Glynn se retrouvent au gymnase de la prison (déjà parce que c'est quand même incongru qu'ils utilisent l'équipement de la prison, et ensuite parce que c'est pas vraiment les gars qu'on se figure être les plus attentifs à leur physique...), et j'aurais pensé qu'on verrait aussi des gars comme Adebisi prendre soin de leurs biceps. Il y a cet autre versant du rapport au corps qui n'était pas évoqué, et du coup ça m'a laissé un goût un peu amer sur l'épisode. Peut-être tout simplement que le thème du discours de Hill n'était pas entièrement en adéquation avec les intrigues en cours, parlant du fait que le corps et l'esprit ne font qu'un pendant qu'on voyait surtout les personnages s'efforcer de fuir leur corps, je ne sais pas.

Mais comme dernière note positive, je voudrais insister sur le fait qu'on aura assisté dans cet épisode à deux scènes marquantes du point de vue des dialogues, aussi : le fameux laïus d'Augustus Hill expliquant que sa nouvelle addiction est de rester clean (que justement j'évoquais dans le post précédent), et un excellent dialogue entre le directeur Glynn, Sister Peter Marie et le père Mukada, sur les vieux en prison, plutôt du côté de l'humour cette fois, mais apportant aussi un aperçu des échanges en coulisses, moins guindé que lors de leurs réunions, et plus sincère, aussi (Glynn trouvant même le moyen de faire une blague sur sa belle-mère). C'étaient deux séquences dont je me rappelais avec une grande précision, et j'ai été contente de les retrouver. L'un dans l'autre, un bon épisode, mais peut-être un peu maldroit par moment.

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17 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x05, addicted to you

On a presque passé 24h sans parler de notre Ozmarathon, ce qui est sûrement un record vu la voracité avec laquelle nous allons passer le weekend... Et ça tombe bien de réattaquer avec ce 5e épisode, parce que la série est certainement ici au mieux de sa forme.

Ozmarathon-1x05

La drogue. Sujet important dans la série s'il en est, mais l'épisode ne va pas se limiter à ce problème, puisqu'il sera question de l'addiction sous un maximum de ses formes, certaines plus insidieuses que d'autres. Certaines nous concernant plus directement que d'autres. Et vous le savez, sur ce blog, l'addiction a toujours eu une place de choix, comme le prouve l'importance de Rude Awakening dans ces colonnes, notamment.

Preuve de l'évolution de Beecher dans l'épisode précédent, ce n'est pas lui qui va ouvrir l'épisode. Il va au contraire le clore, alors qu'il paye le prix de ses tentatives d'indépendance vis-à-vis de Schillinger, qui n'allait pas laisser pareils embryons d'affront passer. La connivence avec O'Reily est également plus présente, même si elle se borne à partager de la drogue avec lui, mais c'est déjà pas mal. Mais surtout, c'est sa relation avec Sister Pete qui prend de l'ampleur, et ça me fait plaisir parce que j'ai de bons souvenirs de leurs échanges, et l'attention qu'elle lui porte est touchante. Elle ne l'a jamais dorlotté jusqu'à présent, elle n'a jamais fait preuve de favoritisme, mais elle sait qu'il n'est pas comme les autres et elle ne veut pas qu'il dérape. Ses tentatives sont ce qu'elles sont : du raccommodage. Sister Peter Marie ne résout pas le coeur des problèmes de notre blondinet avocat, mais elle a le mérite de le traiter encore en humain, et il n'y a plus grand'monde à Oswald pour lui offrir autant. C'est vraiment quelque chose que j'apprécie de voir, quand le personnel se lie aux prisonniers.

Et puis, il y a le personnel qui se lie au personnel... On a vu dans l'épisode précédent une scène assez déplaisante de sexe sans âme entre McManus et Wittlesey, visiblement celui-ci s'est déjà attaché, vu qu'il fait des déclarations d'amour à la surveillante. Problème : celle-ci a des préoccupations bien plus terre à terre, et surtout, quand le pot aux roses est découvert par les autres employés de la prison (et en premier lieu cette enflure de Healy qui s'est jusque là fait remarquer par son absence de scrupules), elle rompt avec lui.
C'est l'occasion d'explorer l'addiction de McManus : il est accro au pouvoir qu'il pense avoir dans sa prison (pas de chance, il va s'apercevoir que Glynn lui a fait un bébé dans le dos), il est accro à l'attention que lui portent les femmes (on le voit à la rapidité avec laquelle il s'est impliqué dans sa relation avec le Dr Nathan et maintenant à la façon dont il veut déjà rencontrer la fille de Wittlesey), et il est accro, on le verra en toute fin d'épisode, à la marijuana... en dernier recours. Une douce ironie qui vient souligner l'absurdité du combat contre la drogue qu'il mène à l'intérieur des murs d'Em City, mais qui est aussi la triste conclusion à son impuissance dans les autres domaines de sa vie.

Du côté des autres séquelles de l'épisode précédent, on a une intrigue un peu décevante, qui vient expliquer l'évanouissement de Kareem Saïd. Apparemment il fait de l'hypertension, le pauvre petit... Quand on compare à d'autres cas médicaux passés (ou futurs) de la série, ça fait un peu ricaner. Je ne le prends probablement pas assez au sérieux mais il semblait assez anodin qu'il décide de ne pas prendre de médicaments et se paye du coup ce qui a l'air d'être une mauvaise migraine. Son échange avec Rebadow (l'un de mes personnages favoris, d'ailleurs) était intéressant, en cela que sa perfection s'effritait, et que sa réaction à la mort de Keane était joliment étudiée, mieux que dans l'épisode de l'exécution lui-même d'ailleurs. Mais globalement, qu'il refuse de prendre les médicaments qui n'ont pas l'air d'avoir beaucoup d'avantages vu le peu de gravité apparent de sa maladie, ça n'était pas très impactant pour le spectateur ; la tentative reste toutefois louable pour nous rappeler que les médicaments peuvent aussi être des drogues (le vocabulaire anglais favorisant ce rapprochement). Mais en tous cas, je m'attendais à quelque chose de plus frappant que cette hypertension. Il y avait donc une raison pour laquelle je ne me souvenais pas de cette intrigue : elle est vraisemblablement mineure dans tous les sens du terme.

Les magouilles au coeur d'Em City continuent de plus belle. Schibetta, affaibli par McManus qui a transféré tous les Italiens du bloc, se tourne vers les Blacks pour avoir de l'aide sur le trafic de drogue. La conséquence directe est qu'une nouvelle tête va tomber à la tête des Blacks, faisant de la place, enfin, pour Adebisi. La noirceur (pun not intended) de ce personnage m'a toujours fascinée et j'apprécie de voir monter, lentement mais sûrement, cette brute dans l'échelle sociale d'Em City. Son pacte avec Schibetta était à la fois drôle et intéressant, et prenait encore plus de valeur sous l'oeil attentif de cette belette d'O'Reily.
Ce dernier a d'ailleurs droit à de courtes, mais excellentes scènes, que ce soit lorsqu'il tente de prendre part aux combines de Schibetta, ou quand il finit par planter Healy. Comme d'habitude, cette raclure a réussi son coup sur tous les tableaux, et j'ai eu du mal à me retenir d'applaudir la façon qu'il a eue de satisfaire aux exigences de tout le monde autour de lui. Si je me trouvais en prison, je voudrais Ryan dans mon camps. Pour finir, c'était une courte mais superbe performance que nous offrait Dean Winters quand O'Reily est envoyé au trou (un petit prix à payer pour avoir réussi tout le reste).

Parmi les axes secondaires, on continue de suivre le puppy Alvarez, qui, partageant sa cellule avec Groves, va découvrir que son compagnon d'infortune a plus de ressource qu'il ne le pensait ; sur une note plus sérieuse, au final, le bad trip d'Alvarez est aussi déchirant que le sont la plupart de ses intrigues à ce jour.
Les trois personnages introduits dans l'épisode sont assez peu intéressants au présent, mais j'ai aimé leur reconstitution. Ce sont, il faut le dire, souvent de bonnes scènes, que la série réussit presque toujours, mais la première, l'incendie criminel, était savoureuse de par sa bonhommie insouciante, et la seconde était réussie, de par son ambiance évidemment rétro (elle se déroule en 45). La troisième, celle de Ross, était moins intéressante aussi bien par la forme que le fond, mais en échange le personnage fait partie des axes qui exigent probablement du temps pour prendre de l'intérêt. Prendre Wittlesey au piège de l'un des trafics internes de la prison (les cigarettes, puisque ce con de Devlin a interdit même ça) est sans aucun doute une bombe à retardement qui ne nécessitait pas d'être plus explorée dés l'introduction de l'intrigue, et le protagoniste servant de déclencheur probablement non plus.

Parmi les répliques marquantes d'Oz sur l'addiction, il y en a une autre qui m'avait marquée que les (excellentes) réflexions sur la drogue que tient Hill dans cet épisode. Globalement, repenser à cette réplique (sur le fait que l'addiction de Hill, maintenant, c'était de rester clean) ou retrouver des éléments aussi géniaux de la série (la politique interne, le mitard, qui toujours l'occasion d'excellentes scènes, comme ce sera le cas plus tard avec Alvarez) m'a plongé dans une certaine forme de nostalgie qui ravive l'intérêt que j'éprouve envers la série, étrangement. Vivement la suite ! Je crois que je suis accro...

16 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x04, en attendant la mort

Le marathon se poursuit mais, contrairement à l'épisode visionné pendant la nuit dernière, on ne peut pas dire qu'on se marre...

Oz nous entraine cette fois dans une sorte de mélange de deux des thèmes précédemment évoqués : la religion et la mort. Bien-sûr il ne s'agit pas, dés le 4e épisode, de se lancer dans une redite, mais plus d'aborder ces deux sujets sous l'angle évidemment particulier de la peine de mort. Des fois que vous doutiez encore qu'Oz soit un manifeste politique...

Ozmarathon-1x04

Le problème c'est que, pour la première fois depuis le début de ce marathon, je ne ressors pas de l'épisode avec une impression positive, au sens où l'épisode ne m'a pas paru aussi fort qu'il aurait dû l'être.

D'une façon ou d'une autre, on n'a pas le droit de parler de peine de mort sans remuer tripes et boyaux du spectateurs. On a le droit d'être pour (mais qui oserait ?), on a le droit d'être contre, on a le droit de vouloir montrer des points de vue différents, on a le droit de jouer sur les émotions, on a le droit de se baser sur un discours intellectuel ; à mon sens les meilleurs épisodes sur le sujet parviennent à faire tout cela en même temps (je vais donc citer à nouveau L'Esprit de l'Amérique de The Practice, qui en est l'exemple le plus réussi). Ce qu'on n'a pas le droit de faire, c'est rater son coup. Ca a tendance à me mettre très en colère.
Jefferson Keane est donc condamné à mort, sans surprise vu que cette enflure de Devlin ne vit que pour sa politique démagogique et son temps de parole dans les médias, et qu'il a rétabli la peine de mort dans l'épisode précédent. Le problème qui se pose, c'est qu'à peu près tous les "proches" de Keane en prison sont travaillés par cette perspective... mais pas lui. Ainsi, le père Mukada (qui gagne ainsi un tout petit peu en épaisseur), Sister Pete, Kareem Saïd, Tobias Beecher, mais aussi dans une moindre mesure Tim McManus et Leo Glynn, vont tenter de vivre ce bouleversement du mieux possible. On ne peut pas dire qu'ils gèrent tous très bien l'évènement.

Comme c'est désormais la tradition, le premier tiers de l'épisode tourne autour de Beecher, qui commence à un peu moins subir la prison, et se retrouve une vocation d'avocat ; il n'est peut-être plus membre du Barreau mais son sens de la Justice renait de ses cendres, et il essaye désespérément de sauver Keane, osant défier Schillinger (même brièvement, c'est quand même une victoire) et prenant de la distance avec O'Reily. La tentative échouera mais force est de constater que Beecher évolue de façon splendide.
Du côté des religieux, la scène qu'on attendait tous, enfin moi en tous cas, c'était celle qui nous permettrait de voir les nuances entre le père Mukada et Sister Peter Marie ; on devinait qu'ils auraient des différences de point de vue, ça fait du bien de les explorer. Sister Pete veut protester contre la peine de mort, et démissionne/se fait virer ; Ray Mukada est quant à lui plus docile et décide d'accompagner les prisonniers au bout de leur voyage, quoi qu'il lui en coûte. Il devra faire face à un autre décès pendant l'épisode, celui du petit garçon d'Alvarez, dans une scène légèrement over the top mais tout de même très émouvante. Kareem Saïd, s'il accompagne Keane, est rapidement mis hors-jeu par une sorte d'attaque cérébrale sur laquelle on attend d'avoir plus d'informations pour savoir que faire de cet évènement ; il reste relativement en retrait pendant l'épisode, et contrairement à ses habitudes, ne tente pas d'interférer, se limitant à un rôle strictement religieux. Cela fait un joli écho à la mission similaire que s'est fixée Mukada.

La réaction la plus surprenante vient probablement de notre crevette McManus. En quatre épisodes à peine, il s'est quand même envoyé déjà deux autres employées de la prison ! La séquence pendant laquelle il se tape la surveillante Wittlesey fait partie de celles qui renvoient au mélange sexe/mort de l'épisode 2 le plus explicitement. Il n'y a aucune sensualité dans leur copulation, et la rapidité avec laquelle ces deux-là décident de s'envoyer en l'air montre bien qu'il s'agit plus d'un réflexe désespéré, vu le contexte, que d'un véritable désir sexuel.

Dans tout ça, on peine à trouver de l'intérêt à l'intrigue Keane elle-même qui finit de façon assez fade... pour passer aussi sec à une autre intrigue de peine de mort. Et c'est de là que vient ma déception vis-à-vis de l'épisode. Personnellement j'avais totalement oublié Richard L'Italien et sa petite tactique perverse pour tenter de gagner du temps. Probablement parce que la première fois, j'avais dû tout autant n'en avoir rien à battre. Rarement Oz aura introduit un personnage "redshirt" avec aussi peu de panache. La série connaitra beaucoup de personnages de passage, mais je ne me souviens pas que l'un d'entre eux ait fait l'objet d'aussi peu de soin dans la pénible introduction comme au moment de l'élimination. Richard manque cruellement de perversion, qui aurait été une excellente façon d'explorer les réactions de Mukada ; on sent que celui-ci vit une sorte de culpabilité de ne pas se sentir totalement triste pour l'étouffeur en série, mais Richard est, à la vérité, un gros con. Personne ne se sentirait coupable à cause de lui ; alors que s'il avait été plus ambivalent, un peu plus malade peut-être, on aurait mieux compris l'ambivalence de Mukada lui-même vis-à-vis de la perspective de la peine de mort. L'exécution de L'Italien apparait en plus comme assez vaine, la scène manque de force, on n'est ni désolé ni satisfait, en somme, émotionnellement, on n'a pas vraiment réagi. Peut-être que j'ai loupé l'intérêt de ce passage, pour moi il était déterminant pour montrer que Mukada voulait aider les condamnés et avoir pitié d'eux, quitte à s'apercevoir parfois que tous ne le méritaient pas, mais peut-être que ce n'était pas vraiment ça le propos, auquel cas je ne sais pas de quoi il s'est agi.
Quant au discours final de Hill, il était sans doute joli sur le papier, mais il a fini par apparaitre comme exagérément moralisateur et sirupeux à la fin de l'épisode. La citation aurait certainement dû intervenir beaucoup plus tôt dans l'épisode pour atteindre sa puissance maximale, mais c'était néanmoins une bonne trouvaille, simplement pas aussi bien employée qu'elle n'aurait pu l'être.

Un petit mot sur le directeur Glynn, pour finir. C'est un personnage actuellement très en retrait, ce qui est une force quand on y pense. Il a finalement assez peu de scènes, mais je trouve assez remarquable sa détermination à essayer d'être, sinon juste, au moins neutre (même si pendant la conférence de presse de Devlin, il a un peu de mal à conserver son tempérament suisse). C'est un personnage assez subtil et ça me plait énormément dans une série où la plupart des personnages sont quand même assez transparents quant à leurs motivations.

Je suis probablement un peu dûre vis-à-vis de ce quatrième épisode. Je ne lui au pourtant pas trouvé que des défauts, et j'ai notamment aimé la scène pendant laquelle ce rat de Ryan O'Riley parvient à piéger le second de Schibetta tout en allant prendre sa place d'un air docile. Quelle enflure. Je l'adore. De la même façon, Beecher se rapprochant encore un peu de Rebadow, et faisant équipe avec lui pour découvrir la vérité sur le meurtre de Martinez, avec la complicité de ce tordu de Groves, c'était à la fois drôle, touchant et intéressant sur la façon dont ces outsiders se lient, formant une nouvelle sorte de clan entre les murs d'Oswald. Enfin, les nouvelles scènes impliquant l'intrigue autour du frère de Keane étaient plutôt bien vues, avec l'avantage de ne pas être trop lourdes vu qu'avec la mort de Keane, on ne les approfondira probablement pas.

Il est bon de noter que l'épisode est moins pesant, aussi, parce que l'atmosphère de ras-le-bol des prisonniers est moins palpable. C'est sans doute l'axe qui me captive le plus dans cette saison, et j'ai hâte qu'on y revienne. Ca ne fera pas un pli, je vais donc ne pas en vouloir à Oz pour ce petit contretemps. D'autant que des exécutions émouvantes, si ma mémoire ne me trahit pas, on aura l'occasion d'en voir à l'avenir...

15 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x03, Dieu m'a donné la foi

Notre marathon continue donc et, si jamais vous avez envie de nous rejoindre, il n'est pas trop tard !

Après deux premiers épisodes oppressants, Oz s'offre une récréation. Une récréation à la Oz, toutefois : il n'est pas question de se taper un gros délire, mais seulement de relâcher un peu de pression, et encore, certainement pas pendant tout l'épisode.

Ozmarathon-1x03

La structure de l'épisode commence d'une façon qui nous est désormais familière : on prend le pouls de Beecher avant d'embrayer sur quelque chose d'autre. Mais, alors qu'on pourrait craindre que notre avocat propre sur lui s'est enfermé dans un cycle macabre de domination, on va découvrir que Beecher commence à se trouver des moyens de s'évader. Pour le moment ceux-ci ne sont pas la clé de ses problèmes (dont on va d'ailleurs apprendre qu'ils ont empiré après la visite conjugale de l'épisode précédent, puisque sa femme demande le divorce), mais ils lui offrent la possibilité d'échapper à Schillinger qui en est tout décontenancé, à croire que ses prags précédents ne lui ont jamais fait un petit coup de révolte. Cette échappatoire est d'ailleurs assez littérale puisqu'il s'agit de fumer un pétard avec O'Reily, ce qui a pour conséquence sur Beecher à la fois de ranimer sa foi éteinte, et de le faire sincèrement sourire pour la première fois depuis qu'il est pris entre les murs d'Oz.

O'Reily, justement, s'impose comme l'homme de toutes les situations. C'est, on le voit bien, à la fois un observateur attentif, un manipulateur relativement fin, et un petit combinard qui survit essentiellement parce qu'il est prêt à faire copain-copain avec tout le monde, pourvu d'avoir son petit cul à l'abri. Ryan est un personnage que j'ai toujours apprécié, notamment parce que la force brute, il laisse ça aux autres, et ne s'en sert qu'indirectement. C'est un lécheur, un hypocrite, un calculateur, et souvent un lâche, mais il a quelque chose d'éminemment sympathique de par toutes ses magouilles. Et on le voit bien, il tisse sa toile ici avec beaucoup d'aisance. Il est du côté de tout le monde... principalement parce que comme ça il n'a personne contre lui, mais aussi parce que quand il a besoin de se débarrasser de quelqu'un, il n'hésite pas à balancer les petits copains. Il a l'amitié très volatile, O'Reily...
L'autre homme de la situation à Em City, c'est définitivement Kareem Saïd, le leader charismatique des musulmans. Et à la vue de cet épisode, ma fascination envers ce personnage est revenue, aussi forte qu'au premier jour : Saïd est un beau parleur, un homme qui manipule les mots et donc les âmes, avec une conscience plus ou moins variable de la perversion qui se cache derrière son jonglage verbal ; la plupart du temps, ses intentions sont nobles mais il a la langue si habile qu'on ne peut s'empêcher de le redouter un peu. il pourrait faire absolument ce qu'il veut de ses hommes, et il en est conscient bien qu'il ne s'en serve pas et qu'il continue, patiemment, à essayer de ramener dans le droit chemin toujours plus de brebis égarées. Le problème c'est que ses paroles relèvent aussi d'une forme d'endoctrinement. Ca ne marche pas toujours, comme le prouvera sa tentative avortée de prendre le jeune Kenny sous son aile, mais force est d'admettre que son pouvoir est immense sur les esprits. La meilleure preuve, c'est qu'il n'est dans les murs que depuis quelques semaines, et il est déjà convoqué, aux côtés de Schibetta et Keane, dans le bureau du directeur Glynn pour participer aux discussions menées afin de préserver la quiétude d'Oswald.

Saïd n'est pas le seul homme de foi à prendre la parole dans l'épisode. Outre Sister Peter Marie, qui malheureusement ne trouvera pas auprès de Beecher le même genre d'écho que Saïd auprès de Keane, on a aussi l'opportunité de découvrir un peu plus en avant le père Mukasa, un homme parfois un peu transparent mais donc le rôle est primordial au sein de la prison. Entre les messes hebdomadaires et l'organisation d'un confessionnal, c'est un saint homme bien occupé.
Vous l'aurez compris, la religion, la foi, la perte de celle-ci, et Dieu, sont au centre de cet épisode. Un épisode qui, pourtant, est certainement le plus léger à ce jour.

Absolument chaque fois que Hill joue les narrateurs, il le fait avec un ton rieur, un air goguenard et énormément de moquerie. Dieu est partout, mais il n'y a plus grand monde à Oz pour croire en lui, et certainement pas notre philosophe handicapé, dont le langage devient encore plus familier que d'ordinaire, plus sarcastique encore qu'à l'accoutumée. La cellule hors du temps, de l'espace et de la gravité d'où il nous parle va même jusqu'à se parer de couleur, ajoutant à l'atmosphère étrangement légère d'un grand nombre de ses interventions.
Et c'est normal. Le sujet est tellement sensible que le traiter trop sérieusement aurait vite conduit à l'indigestion. Cela montre aussi bien que, même si les hommes (et femmes) du culte s'expriment énormément dans l'épisode, la majorité des prisonniers ne les prennent pas au sérieux, à l'instar des insupportables suprémacistes qui singent les prières musulmanes. La religion est l'objet de tensions entre les abstinents et les consommateurs de drogue, également, et ne pas le traiter par l'absurde aurait été franchement pesant.

Malgré tout, ce troisième épisode ne vire pas à la bouffonerie. C'est même l'occasion de passages franchement émouvants, à l'instar des tentatives, visiblement sincères, de Saïd pour aider Jefferson et Kenny, ou de ce cher Alvarez (l'un de mes chouchous de la première heure, n'ayons pas peur des mots) qui a découvert brutalement que la grossesse de sa copine, qu'il traitait par-dessus la jambe à peine un épisode plus tôt, l'a transformé. Et à quel point.

Comme toujours, Oz ne saurait se contenter "simplement" d'introduire et approfondir sans cesse ses personnages, perfectionner la toile de leurs relations, poursuivre ses questionnements sur la nature humaine et développer ses intrigues dramatiques. Pour une série telle qu'Oz, c'est uniquement le minimum syndical.

La critique politique s'accentue donc, ouvertement, à l'occasion de l'arrivée du gouverneur Devlin dans les locaux, suite à l'escalade de violence qui a commencé avec Dino Ortolani. L'air de rien, et en à peine trois épisodes, il est vrai que les meurtres se sont succédés à un rythme effreiné : l'euthanasie de Sanchez, la crémation de Dino Ortolani, l'exécution de Johnny Post, et enfin, la mort d'un dénommé Martinez lorsque Keane se défend comme il peut dans un piège qui lui a été tendu. Et c'est sans compter l'aggression du frère de Keane et les mille autres "mini" actes de violence. On peut comprendre que ça puisse vriller les nerfs de McManus, Glynn, et Devlin !
Placée sous surveillance policière accrue, la prison d'Oswald est donc officiellement en état d'alerte, et en parallèle, une enquête est menée pour comprendre comment cela a pu se produire. Et pour une raison que j'ignore, c'est le quasi-évangélique McManus qui est suspecté, ce qui confine à l'absurde alors que tant de gardes pourraient être soupçonnés de connivence avec les prisonniers ; quel serait le motif de McManus pour favoriser ce bain de sang, après tout ? C'est quand même bien "son" Em City qui est en première ligne dans cette affaire... Toujours est-il que la confrontation des trois (McManus, Glynn et Devlin) offre une savoureuse scène aux accents de manifeste politique. Explicitement, et c'est la première fois que c'est aussi clair, le message de l'épisode est que le tout-répressif est ridicule, et jusque là la politique du gouverneur Devlin a vraiment joué uniquement cette carte. A l'interdiction des cigarettes et la fin des visites conjugales, il faut en effet ajouter le rétablissement de la peine de mort.
Avec tous ces éléments en main et la tension qui monte, la même menace, encore et toujours, plane au-dessus des têtes, mais Devlin ne veut rien entendre. A ce stade, il est devenu impossible, pourtant, d'ignorer qu'on est entrés dans une spirale incontrôlable.

Alors, même quand Oz est décidée à se faire plus légère, elle ne perd donc pas de vue un seul instant ses thèmes les plus sombres. L'épisode s'achève d'ailleurs avec une scène de mutilation littéralement déchirante...

14 décembre 2011

[#Ozmarathon] 1x02, down and dirty

Cette fois, on est vraiment lancés !
Une fois qu'on regarde le deuxième épisode, on sait que le marathon commence vraiment. Mais ne vous en faites pas, il est encore temps de nous rejoindre, Whisper et moi, dans notre marathon Oz en simultané, et d'ailleurs je crois savoir que certains d'entre vous le feront dans les prochains jours. Alors n'hésitez pas à venir discuter de chaque épisode dans les commentaires, avec nous ! Plus on est de fous, hein...

Ozmarathon-1x02

Le plus surprenant avec cet épisode (que, je l'avoue, je connais moins bien que d'autres) est que finalement il a été plus dérangeant que le premier. On s'attendait évidemment à ce qu'il parle des conséquences de la mort d'Ortolani, et donc de vengeance et de deuil, mais viennent aussi s'y mêler de très nombreuses réflexions sur le sexe et l'amour. Un cocktail qui est cohérent, comme le prouvera l'épisode (avec notamment les interventions de Hill, plus nombreuses que dans le pilote), mais qui prend tout de même au dépourvu.

Une fois encore, l'épisode fait mine de s'intéresser à notre petit nouveau, Beecher, avant de le délaisser pour s'occuper d'autres personnages. Après avoir exploré l'emprise de Schillinger sur Beecher (qui est le seul dont on suggère la vie sexuelle au lieu de la montrer, aussi bien lorsqu'il s'agit de sous-entendre les viols de Schillinger que la visite conjugale avec son épouse), l'épisode passe donc à Augustus Hill, Jefferson Keane et Nino Schibetta. L'occasion d'ailleurs d'en apprendre plus non seulement sur leur vie maritale/sexuelle, mais aussi sur le motif de leur emprisonnement, élargissant ainsi progressivement notre connaissance des dynamiques d'Em City.

Hill et Keane tentent chacun de gérer une relation amoureuse avec une femme qui vit en-dehors de la prison, et n'ont pour ce faire que les visites conjugales... qui vont être supprimées sur décision du gouverneur. C'est, à l'instar des cigarettes dans le pilote, un affront supplémentaire à leur humanité, qui exacerbe les frustrations au sein de la prison.
Hill a ainsi l'occasion d'approfondir la question de son handicap, prenant figure humaine au lieu d'être simplement notre narrateur, et Keane, qui cherche désespérément à épouser sa copine, s'implique quant à lui dans la cuisine politique interne d'Em City en se tournant vers Kareem Saïd dont le pouvoir est, visiblement, bien grand. Mais ne l'avait-il pas prédit dés son arrivée ? Schibetta doit, quant à lui, faire face d'abord à la famille de Dino Ortolani, à laquelle il promet vengeance, puis au décès de sa propre épouse ; son intrigue est moins portée sur le sexe que les autres mais constitue l'une des facettes d'un même sujet, de toute évidence.
Accessoirement, la vie personnelle de plusieurs employés de la prison (McManus, la gardienne Wittlesey... et par déduction Sister Pete et le Père Mukasa) est également évoquée, offrant une conclusion glaciale : ce n'est pas mieux du côté de ceux qui sont libres.

Le gouverneur Devlin fait donc sa première apparition sur les écrans : ceux des télévisions du quartier d'Em City, alors qu'il annonce devant un parterre de journalistes la fin des "privilèges" que constituent les visite conjugales, sous prétexte d'économies. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai déjà vu la première saison, mais on a l'impression d'assister à la mise en route de rouages que rien ne pourra arrêter, et qui mènent droit dans le mur. Mais tout le monde est trop pris à la gorge pour s'en apercevoir.

En environ deux heures de télévision, on peut être sûrs d'une chose à propos d'Oz : la série ne nous épargnera rien. C'est une certitude ) la fois excitante et glaciale. Son principe est, après tout, d'être "réaliste", ce qui passe par des images assez brutes. On le savait pour la violence, on va donc apprendre qu'il en est de même pour le sexe. Les termes sont crus, les corps sont nus, et rien ne sera enjolivé ni esthétisé, ou quand ce le sera, ce sera toujours avec une forme de contrepartie un peu dérangeante tout de même, comme la vision bleutée du corps nu, visiblement disloqué, d'Augustus Hill gisant à côté des voitures de police.

Du coup, on en vient à quelque chose de fondamental dans la série : les prestations des acteurs. Se montrer nu à l'écran n'a rien de nouveau, mais Oz demande plus que simplement dévoiler une fesse avec un joli éclairage ; la série exige de ses acteurs un abandon total de leurs limites, et cela transparait à l'écran pour servir au mieux l'expression de la sexualité des personnages, ici au coeur de l'épisode. Sans jamais ne serait-ce qu'effleurer la vulgarité, les scènes se proposent de montrer les choses "telles qu'elles sont", en tous cas telles qu'on imagine aisément qu'elles le sont, et l'implication totale des acteurs est visible. Il donnent l'impression d'avoir abandonné exactement ce que leur personnage a laissé derrière lui, comme le prouvent les humiliantes fouilles au corps qui jalonnent l'épisode.
L'impression de malaise ne vient pas tant du fait qu'on parle de sexe (ce n'est certainement pas la dernière fois dans la série, et d'ailleurs même pas la première puisque c'est ce qui a indirectement causé la perte d'Ortolani), ni qu'on mélange ce thème à celui de la mort, mais bien au fait que la nudité dépasse celle de la seule chair. Cela m'impressionne d'autant plus que les acteurs capables de délivrer autant sont rares, et qu'il y en a une concentration incroyable dans une seule et même série.

Je ne saurais pas faire fi de mes limites pour un rôle comme ils le font, mais j'ai clairement envie de m'abimer plus encore dans le suivi des épisodes, car ce qu'ils transmettent ainsi est précieux pour donner de la texture, j'allais dire du corps, à Oz.

14 décembre 2011

VIP only

On a tous connu, notamment au collège, de ces adolscentes passionnées par les chevaux, passant tous leurs après-midis au centre équestre, parlant sans cesse de canassons et, naturellement, tapissant leur chambre de posters à l'effigie de futurs steaks. Vous l'aurez compris, je n'en faisais pas partie. Du tout. Mon intérêt pour ces bestioles s'est éteint lorsque j'ai arrêté de collectionner les Petits Poneys (mais il y avait des pégases et des licornes, quand même, c'était autre chose !).
Contrairement aux apparences, je n'ai rien contre les chevaux. Ce sont de belles créatures, je suppose, simplement je n'ai pas d'atomes crochus avec eux. Je ne me suis jamais passionnée pour le monde des courses et personne dans mon entourage proche ne s'y intéressant non plus, je n'ai jamais eu qu'un regard très lointain sur les courses de chevaux. Ce seraient des lévriers, ce serait la même chose, en fait.

En fait, c'est précisément la raison pour laquelle j'avais envie de tester le pilote de Luck : parce que je n'y connaissais rien. Et que la perspective de découvrir une série m'intéresse toujours plus quand il s'agit de découvrir aussi des univers qui n'ont rien à voir avec mon existence ; j'aime l'idée qu'on peut, bon, peut-être pas vivre par procuration, mais en tous cas essayer de se figurer ce que c'est que de vivre d'autres vies, dans des univers radicalement différents ; je recherche bien plus cela dans les séries que l'identification. Je ne suis pas une mère de famille ni avocate mais je regarde The Good Wife, je n'habite pas une banlieue chic mais je regarde Suburgatory, je n'ai pas envie de bébé mais je regarde Threesome, je ne deale pas mais je me lance dans un marathon Oz. Vous me dites qu'il y aura une série sur des geeks gay (Outland), une vieille fille dans la quarantaine qui ne s'intéresse pas aux relations amoureuses (Saigo Kara Nibanme no Koi), ou des courses de chevaux (Luck), je dis ok : ça n'a rien à voir avec ma propre vie, mais je ne demande qu'à voir ce que ces sujets peuvent me raconter.
Sauf que pur Luck, je ne me suis pas du tout sentie concernée même pendant l'épisode.

Je sais pas, c'était comme si j'étais pas invitée et qu'on me le faisait sentir. Comme si c'était pas mon monde et que la série n'avait pas l'intention de m'y faire entrer.
Comme je ne ressentais pas trop les enjeux dramatiques, j'ai commencé progressivement à me dire qu'en réalité je n'avais probablement pas tout compris. Je voyais le mec faire son comeback, l'autre pouponner un cheval avec à la fois espoir, nostalgie et amertume, et quatre aux tenter de gagner le gros lot, par exemple. C'était pas un problème. Mais j'arrivais pas à comprendre quand même : qu'est-ce qu'on attendait de moi, que je me demande si ça va marcher pour eux ? Très franchement je n'y arrivais pas parce que tout ce petit monde parlait à demi-mots de choses qui me dépassaient totalement. J'avais l'impression qu'il me faudrait aller procéder à des quantités de lectures pour comprendre ce qui tracassait l'un, ou l'autre. Et je me disais, au fur et à mesure que l'épisode avançait, que c'était beaucoup de devoirs pour une série. C'est à la série de vous faire entrer dans son monde, pas l'inverse ; de la même façon que ne pas connaître les romans de Game of Thrones n'a pas été un obstacle pour comprendre les intrigues, de la même façon que je n'ai jamais eu à me demander en quoi consiste le travail dans des pompes funèbres parce que Six feet Under n'a pas hésité à me l'expliquer, Luck aurait dû me donner envie de plonger dans les courses de chevaux sans que je passe par ce stade désagréable où je me sens étrangère à tout.
Au final, j'ai eu l'impression que ce qu'on attendait de moi, c'était de me demander qui allait gagner la course (et de verser une larme sur le cheval blessé), mais que pour le reste, si je ne ressentais pas de l'intérêt pour le vieux qui marmone à son cheval ou l'agent de sécurité qui voudrait une chance de jouer mais ne l'utilise pas, eh bien c'est tant pis pour moi.
J'aurais aimé que Luck me prenne par la main et me dise pourquoi, par exemple, ce cheval a été endormi au lieu d'être soigné. Comme tout le monde j'ai tressauté quand on a entendu ce craquement lugubre, mais je n'ai pas compris pourquoi ça condamnait le cheval, par exemple, et j'aurais voulu qu'on ne tienne pas pour évident que j'étais en mesure de le comprendre. Je ne connais rien aux courses mais je devrais avoir une chance de m'intéresser à la série, or on aurait dit que c'était tout ou rien.

OutofLuck
C'était vraiment très énervant, ces échanges qui semblaient vides de sens simplement parce que, bah oui, j'ai pas lu de la doc sur les courses de chevaux avant de regarder le pilote de Luck, et j'ai pas l'intention de le faire chaque fois que je regarde un pilote, parce que ce n'est pas mon boulot, c'est celui des scénaristes. D'accord le cast est immense, la réalisation puissante, et peut-être que les personnages sont intéressants, mais si on ne m'invite pas à entrer dans ce monde, c'est pas à moi de faire l'effort, et c'est au moins aussi important que les atouts de la série.

Alors au bout du compte, je ressors du visionnage de ce pilote avec énormément de frustration, parce que j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui pourrait être intéressant, une série solide sur un univers jusque là jamais exploré, avec un cast énorme, une réalisation au cordeau et, a priori, je suppose, de bonnes histoires, mais voilà, je suis pas invitée. Je suis peut-être totalement crétine (et cette théorie n'est pas à exclure). Je suis peut-être fatiguée en ce moment (c'est vrai aussi). Je suis peut-être obtuse. Ou peut-être que c'était un jour où j'étais moins concentrée sur le pilote et que je n'ai pas écouté aussi attentivement que je le devrais les dialogues qui étaient peut-être plus pédagogiques que je ne le dis (hantée que je suis par Black Mirror, ce n'est pas impossible). Mais en tous cas j'ai l'impression, avec cette mauvaise expérience, d'être passée à côté de quelque chose pendant le pilote. Et la première impression, qu'on le veuille ou non, compte. Je peux m'acharner et tenter quand même de suivre la série lorsqu'elle commencera réellement sa diffusion sur HBO, mais soyons honnête, c'est une histoire téléphagique qui commence quand même très mal. Et ça me déçoit parce que je pressens que ç'aurait au contraire pu être une aventure intéressante.

Mais voilà, Luck fait partie de ces séries dont je vais probablement entendre plus de bien que je ne pourrai jamais en penser, comme si ses spectateurs faisaient partie d'un club VIP dont je ne suis pas membre. Il y a des séries avec lesquelles on se dit juste qu'on n'a pas accroché, et c'est tout, et c'est pas grave, on peut pas tous aimer la même chose (True Blood ou Boardwalk Empire sont de ces séries-là), et puis il y en a, on sent même confusément qu'on aurait pu les aimer. Mais voilà, on n'y était pas invité.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Luck de SeriesLive.

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