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ladytelephagy

1 janvier 2012

Quit being a wussy

La semaine dernière, quasiment tout le monde au boulot avait pris sa semaine. Après avoir souffert une saine période de temps à supplier le téléphone de sonner, j'ai fini par ramener mon propre équipement. Résultat, je me suis lancée dans une nouvelle intégrale de Titus, et le premier qui dit qu'il n'est pas innocent de se relancer dans la série alors que je passais pour la première fois les fêtes de fin d'année sans adresser la parole à mes parents... eh bien, euh, devrait envisager des études en psychologie, c'est bien vu.

Ca fait donc moins d'une semaine et j'ai presque fini la saison 3. Bien bien bien.

Titus

La différence c'est que cette fois (et je ne m'explique pas avoir autant trainé pour le faire), je me suis aussi envoyé deux spectacles de stand-up de Christopher Titus que j'ai trouvés en video (j'avoue que le stand-up au format audio ne me provoque pas d'élan naturel même si ça m'arrive en désespoir de cause, parfois). On peut le dire, je suis dans l'une de ces phases monomaniaques, en gros (même si il y a évidemment, ces derniers jours l'ont prouvé, encore de la place dans mon coeur pour le Ozmarathon).

Car dans le fond, rien ne respecte plus l'esprit de fêtes de fin d'année que de la maltraitance parentale et des souvenirs traumatiques, non ?

Alors si jamais vous avez envie de tenter l'aventure aussi, j'en profite pour vous rappeler qu'il y a eu un post La preuve par trois (donc avec des choses cliquables) sur le pilote il y a fort longtemps. Si vous n'êtes pas un wussy, vous tenterez le coup.
Ah et, au fait... bonne année !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Titus de SeriesLive.

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31 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x08, des possédés

La première saison de notre Ozmarathon s'était achevée dans un concert de scènes choc, associées à un rush d'adrénaline qui avaient de quoi laisser le spectateur vidé. Ca n'a d'ailleurs pas manqué.
L'option choisie pour clore la deuxième saison est bien différente. Mais pas moins bonne, cependant...

Ozmarathon-2x08

Pendant la première saison, Oz avait joué de son intelligence, son goût pour les dynamiques de groupe, et son extrême soif de manigances secrètes pour nous offrir un final bluffant ayant pour vocation de rester dans les mémoires (dussent-elles atténuer le choc des souvenirs pour réussir à survivre).
La deuxième saison avait, dés le début, décidé de calmer le jeu du côté des tractations entre factions. L'idée était que désormais, c'était du chacun pour soi et Dieu, s'il s'aventure à Oswald, pour tous. La saison n'a parlé que de ça après tout : des intrigues personnelles.

Cela s'est vu avec la désertion de Ryan O'Reily, notamment, qui a eu vite fait de basculer dans une intrigue personnelle plutôt que de continuer à intriguer comme jadis ; ses activités sont réduites au minimum syndical et, si cela peut par occasions décevoir, l'idée est géniale. En désinvestissant O'Reily de la plupart des combines à l'intérieur d'Em City, on s'assure que les manigances y sont réduites à leur plus simple expression. Tout simplement parce que Ryan est un sacré fouteur de merde !
Son intrigue relative à sa passion pour le docteur Nathan n'a pas toujours été parfaite ; parfois extrême, elle n'a en tous cas jamais connu les longueurs de certaines autres histoires de la saison, et surtout, elle a permis de faire de la place pour un réel renouvellement du ton de la série.

Qui dit une bascule vers une plus grande dramatisation dit que certains personnages sont désignés victimes. Pas forcément de façon définitive mais au moins pour le plus clair de la saison. Ce sont un peu toujours les mêmes, mais ils portent si bien la douleur : Beecher, Alvarez... On ressent une grande tendresse envers eux et en même temps, on n'attend rien d'autre de leur part que de subir toujours plus. Le spectateur est sadique et brutal, dans le fond, même s'il apprécie ce genre de personnage, il lui veut du mal, et il veut que ce soit énorme.
Beecher aura eu toute la saison pour être le porte-drapeau de cette tendance. Totalement dérangé en début de saison (on parle d'un mec qui a arraché le bout de pénis d'un co-détenu ; je vous l'accorde, c'est l'autre qui avait commencé, mais quand même), il cherche tant bien que mal son équilibre, ignorant totalement que l'impression qu'il a de pouvoir être délesté des horreurs de Schillinger n'est que tromperie. S'il y a bien manigance dans son intrigue, ce n'est pas pour prendre le pouvoir à Oz, régner sur un business ou afficher une quelconque supériorité de clan, mais uniquement par vengeance, celle de Schillinger par l'intermédiaire de Chris Keller. On l'a dit, c'est cruellement intelligent, la progression est fascinante et pourtant, même si on admire, dans le fond, les manipulations opérées par le co-détenu de Beecher sur ce dernier, impossible de chasser l'épouvantable idée que tout est inéluctable et que les conséquences seront forcément terribles.
De la même façon, Alvarez tente de s'affirmer en tant que leader des Latinos, mais son style ne plait guère aux brutes sans finesse qu'il est supposé diriger. Son éviction de la tête du clan a cela de paradoxal qu'elle est à la fois soudaine et inexpliquée... et diablement cohérente. La descente aux Enfers de Miguel pendant cet épisode final fait, probablement, partie des choses les plus meurtrissantes qu'il nous a été donné de voir pendant la saison, et je ne parle pas que du cri d'horreur que j'ai poussé au beau milieu de la nuit en entendant les hurlements de douleur du gardien énucléé, mais bien de l'éprouvante scène claustro, lorsqu'Alvarez est jeté au cachot et nous fait une terrible crise d'angoisse à vous retourner les tripes.
La vérité, c'est que nous aimons Alvarez en victime, parce que lorsqu'il souffre, lui comme Beecher qui connait également un autre genre de torture atroce, nous avons du grand spectacle, des scènes incroyablement fortes, des personnages qui se révèlent à eux-mêmes. Il suffit de voir comment la relation entre Mukada et Alvarez fonctionne bien dans cette configuration, pour comprendre que nous avons besoin de ces scènes atroces.

A Beecher qui perd l'usage de ses membres et, pire encore, comprend qu'il a perdu l'amour qu'il venait de trouver, à Alvarez qui est isolé et plongé dans ses pires terreurs d'enfermement, il faut ajouter d'autres privations encore, d'autres sacrifices.

Ainsi, alors qu'Adebisi, au terme de deux saisons de comportements erratiques, semblait avoir trouvé un semblant de spiritualité lui permettant de tenir le bon bout, est brisé, privé de ses racines, du père spirituel qu'il venait de rencontrer. En voilà encore un dont le câble a lâché. C'est l'esprit qu'il a perdu, le pauvre, alors qu'il avait trouvé une façon de se sublimer en quelques épisodes.
Pire encore, c'est tout simplement d'un espoir de rédemption qui est confisqué au pédophile Robert Sippel. La sentence est appliquée par des personnages qui sont loin d'être moralement irréprochables, mais elle sera claire : certains crimes ne peuvent être expiés. Sippel, introduit très tard dans la saison, n'est pas une intrigue centrale de la saison, mais nul doute que je n'ai pas été la seule à serrer les dents à m'en faire péter l'émail pour éviter d'agoniser devant mon écran. Il est, cependant, représentatif de la volonté de ce dernier épisode de partir "en fanfare", avec des scènes choquantes et un propos dévastateur de pessimisme.

A côté, Ryan O'Riley semble quasiment s'en tirer la tête haute. Si on compte, son corps est sur la voie de la guérison, il a obtenu gain de cause en faisant déménager Cyril à Em City, et ayant renoué avec les Italiens comme un parfait petit rat qu'il est, il est de retour aux affaires. Que pourrait-il bien manquer à Ryan, après tout ? L'amour ? Oui, l'amour. Mais surtout, sa conscience. La culpabilité le ronge, et il importe peu qu'il ne se repente pas d'avoir commandité l'assassinat du mari de Gloria, en réalité. Son véritable fardeau, c'est Cyril, dont il veut porter la responsabilité. Il fera un sacrifice incroyable en acceptant de rester en prison des années de plus afin de pouvoir continuer à veiller sur son frérot. Les obsessions amoureuses n'auront finalement qu'été un prétexte pour conduire le personnage toujours plus loin sur la corde raide tendue entre son goût pour la compromission et son sens de la loyauté.

Enfin, un autre prisonnier sacrifie sa liberté. Kareem Saïd se le devait avant tout à lui-même. Il avait fait tant de compromis, mis tant de fois son ego en avant au détriment de ceux qui lui confiaient leur destin, qu'il avait besoin de sacrifier quelque chose de cher. Ce sera la liberté, donc, alors qu'avec panache, une ultime fois, il fait la bravache devant les cameras pour refuser la grâce du gouverneur Devlin. Ce dernier, dépeint sans une once de nuance pendant toute la saison (et la précédente, accessoirement) comme la pire des ordures marchant libre sur la surface de la Terre, est l'ennemi à abattre, au moins médiatiquement, et c'est Saïd qui lui donne le coup de grâce avec la bénédiction silencieuse de McManus. L'ego de Kareem Saïd n'en sort pas plus humble, mais l'homme a, au moins, pris sur lui, juste une fois, pour que ce soit lui qui paye les conséquences de sa lutte pour la "cause".

Cette saison, tous, ou presque, ont pris cher. Malgré le tempérament plus inflexible de McManus, il est clair que la réhabilitation des prisonniers en vue de leur libération future est un échec ; la violence n'a pas été supprimée, elle s'accompagne même désormais d'une réelle maltraitance psychologique tant des prisonniers entre eux que des gardiens, toujours plus impliqués et certainement pas en bien. Le système fabrique de la privation qui dépasse celle de la liberté... elle soumet les hommes non pas à une discipline, non pas à des règles sociales, mais à la loi du plus fort. Et le plus fort, qu'il soit l'administration carcérale, un co-détenu, ou soi-même n'éprouve jamais de pitié...
Chacun y laisse donc forcément un peu de sa santé mentale.

Le seul véritable inconvénient de cette seconde saison d'Oz, c'est sa brièveté. Si 8 épisodes étaient tout-à-fait raisonnables pour l'objectif de la première saison, avec sa politique interne, sa politique externe, et ses sujets choc, la seconde, plus axée sur le dramatis personæ, a parfois manqué de temps pour explorer certaines choses ; il est également arrivé qu'elle en explore d'autres trop longuement, on l'a vu notamment avec Glynn ou Sister Peter Marie. Avec les nombreux changements instaurés, les interventions de Hill ont eu du mal à s'adapter ; cependant, pour cet ultime épisode, Augustus est revenu en très grande forme, ce qui laisse penser que l'équilibre est possible.

D'ailleurs c'est avec Augustus que la saison s'achève, alors que notre homme, qui depuis plusieurs épisodes semble obsédé par l'idée de s'échapper (un peu curieux après le discours qu'il avait adressé à Kareem Saïd d'ailleurs), a fini par se trouver une porte de sortie.
Ou bien ?

Réponse l'an prochain.

31 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x07, sympathy for the devil

Il arrive que, lors de cet excellent #Ozmarathon, on rencontre quelques turbulences. L'épisode précédent en est l'illustration, même une série de ce calibre ne peut pas tout le temps être excellente. Et parfois, même, elle n'est pas bonne, c'est la vie.
Fort heureusement, il s'agit là d'une exception, et d'ailleurs dés ce nouvel épisode, la série revient en grande forme, alors ne perdons pas de temps !

Ozmarathon-2x07

La première raison pour laquelle cet épisode me plait autant, c'est qu'il voit l'introduction de deux personnages excellents. Le vieux Nappa, qui, enfin, nous prouve que les auteurs ont réussi à trouver quelqu'un pour prendre dignement la place de Nino Schibetta à la tête des Ritals, et Jaz Hoyt, pour lequel j'ai toujours eu un petit faible (et je continuerai d'ignorer soigneusement la suite de la carrière de son interprète pourtant si sympathique). Ces deux personnages sont un régal et ce, dés leur épisode d'arrivée, et ça c'est quand même de l'or en barre.

Un autre personnage qui est introduit dans cet épisode est Sippel, pas franchement le genre de personnage dont on a envie de se souvenir en revanche. Il n'est pas là pour rester et on sent que son intrigue, passagère, n'a pas vocation à rester dans les annales, notamment parce que personne n'a voulu se risquer à filmer une quelconque scène d'illustration pour son crime. On a connu Oz moins timoré devant les sujets difficiles. Quoi qu'il en soit, c'est l'occasion de se rappeler qu'il y a bel et bien deux religieux officiels à Oswald, et que Sister Peter Marie n'est pas seule à porter ce genre de, hm, croix. Le ptit père Mukada se voit donc pris dans ses contradictions habituelles, entre sa droiture imperturbable due à son extrême sensibilité (j'ai bien cru qu'il allait nous déballer un abus sexuel dans son enfance, comme quoi il faut se méfier de ses souvenirs quand on aborde un revisionnage comme celui-là), et le fait que, bon, difficile d'éviter d'être humain quand on a décidé d'être prêtre, du coup on a droit à l'une de ces scènes dont Ray a le secret, il fait un truc à contre-coeur parce qu'il ne peut pas s'empêcher de tendre la main mais ça lui fait quand même un peu mal de reconnaître qu'il a une grande faculté de pardon. J'aurais vraiment imaginé une autre conclusion, pas forcément sur sa propre enfance d'ailleurs, pourquoi pas sur celle d'un ancien paroissien ou que sais-je, je dois avouer que ça m'a laissée légèrement sur ma faim même si en soi, l'intrigue n'est pas mauvaise, juste répétitive dans le schéma de Mukada.

Mais cela nous sert finalement à nous plonger dans le sujet de l'épisode, bien mieux que les monologues. Le laïus d'Augustus Hill est d'ailleurs complètement à côté de la plaque : il mélange tout, humains, animaux, comportement "naturel" ou pas... et finit par ne plus rien dire. En réalité, c'est de trouver du bien dans le mal et du mal dans le bien que l'épisode s'agit. Tout simplement.

Ainsi, alors que le pauvre Cyril O'Reily aurait pu trouver un refuge auprès de son frère à Oswald, et être à nouveau uni avec lui, l'intrigue de notre petit Irlandais va être absolument déchirante. A ce stade je pense qu'on est tous d'accord pour dire que chaque fois que Cyril apparait, les paroles "Oui je veux être un bisou, oh j'en veux plein dans le cou, un nounours, oh doux comme de la mousse, un Bisounours" nous viennent immédiatement à l'esprit. Aussi, quel n'est pas le choc que de voir Vern Schillinger violer ce pauvre garçon en lui mentant comme un arracheur de dent... juste pour que Cyril aille ensuite dire à son frère, à la cantine, qu'il a fait une BETISE ! Mais arrache-moi le coeur avec les dents, ça fera moins mal ! Quelle horreur. Pire encore, Ryan, qui paye à sa façon pour le meurtre du mari du Dr Nathan, est privé par McManus, inflexible, de toute possibilité de tirer son frère de là. Je pensais qu'au moins McManus refuserait par devant à Ryan mais irait arranger la situation de Cyril ensuite, rien du tout. C'est atroce.
La seule bonne nouvelle c'est que pendant ce temps-là, Ryan déconne un peu moins avec son histoire d'amour unilatérale, et ça c'est cadeau.

En parlant de frontières floues entre le bien et le mal, l'intrigue la plus impressionante de l'épisode est celle d'Adebisi. Ca fait un ou deux épisodes qu'il est rendu, bon, pas humain, faut peut-être pas exagérer, mais en tous cas intéressant, touchant même, et, éventuellement... sympathique ? On osait à peine y croire mais cette fois, on ne peut échapper à l'évidence : Adebisi est un pauvre hère qu'on ne peut pas détester. Pas juste parce qu'il est fort, pas juste parce qu'il est charismatique, pas juste parce qu'il est parfois très drôle, (pas juste parce qu'il n'est pas du tout pudique, hein les filles), mais bien parce qu'il est réellement émouvant.
L'intrigue avec Shirley Bellinger fait, comme anticipé, des étincelles. C'était encore mieux/pire que dans mes souvenirs. Oh ce regard, lorsqu'elle découvre que "Simon" est en réalité un Black ! Schillinger, Bellinger... étymologiquement on aurait presque dû s'en douter, mais voilà, on voulait y croire, au moins un peu, et rien du tout.
Mais au lieu de s'arrêter à cet amour blessé, l'épisode décidé d'aller plus loin. L'étrange petit vieillard qui a décidé de veiller sur Adebisi est intrigant, son pouvoir étonne, la scène surréaliste d'hallucination déstabilise... mais au bout du compte, on découvre un Adebisi qui, à sa façon, est en train de chercher en lui-même une forme de rédemption après avoir touché le fond.

Cette rédemption, contrairement à beaucoup d'instants de grâce dans la série, va même se poursuivre et se propager. Lorsque Rebadow apprend que son petit-fils, qu'il n'a jamais vu, est frappé de leucémie, il est au désespoir. Rien que de les voir, d'ailleurs, ouvrir leurs lettres ensemble autour d'une table, avait déjà commencé à m'émouvoir. Qu'en plus ce bon Jaz Hoyt décide de lui-même d'amener la question sur le tapis pendant les "conseils" d'Em City, c'était incroyable.
Et pourtant ce n'était rien comparé à l'élan de générosité d'absolument chaque clan, chaque leader. Chacun y va de son petit mot, sa petite phrase pour dire qu'il comprend, un peu, en quelque sorte. Pour un quartier d'Oswald qui traitait si mal ses petits vieux il y a une saison de ça, cette fois c'est touchant de voir que chacun a envie d'être gentil avec Rebadow. Je n'ai jamais caché avoir énormément de sympathie envers lui, d'autant qu'il est plus troublé qu'à l'accoutumée avec toutes ces histoires de galerie, et ça m'a infiniment touchée. Là encore, Oz a trouvé du bien au milieu du mal.

Une intrigue pour le moment mineure, mais qui m'a aussi touchée, est celle d'Alvarez. Le puppy d'Em City cherche désespérément l'approbation de son maître, et en essayant de lui plaire, il s'aperçoit qu'il vient, de lui-même, de se mettre dans un embarras pas possible. Certainement, Alvarez est satisfait d'être débarrassé de ses responsabilités de leader, mais le tribut à payer pour ne pas être abandonné, attaché à un arbre en bord de route, est hors de prix. On le voit rouler des mécaniques d'un côté, mais supplier son père de l'aider à trouver une solution. Hélas, le générique nous spoile depuis le début de la saison sur le sort du gardien en question, mais reste à savoir comment Alvarez va survivre à cette nouvelle épreuve. Avouez, on aime bien qu'il lui arrive toutes les crasses du monde.

De la même façon, que le saint homme Kareem Saïd soit mis face à ses plus noirs côtés par Beecher fait un bien fou. On ne le déteste pas, Saïd, on sait que son problème, ce ne sont pas les intentions, seulement l'ego, mais pour la première fois quelqu'un a réussi à lui river son clou et ça, c'est un changement intéressant. Et si la vraie cause de Saïd, c'était lui-même ? Eh bien dans ce cas, il faudrait qu'il parvienne à se sauver...

Pour cet épisode, Beecher est en retrait, on sait simplement qu'il continue de boire. Une pause bienvenue après avoir assister à la progression sadique de Keller, totalement absent de l'épisode.
On aura également l'occasion d'apprécier la dureté de McManus alors qu'il tente d'être en paix avec sa conscience, quitte à faire énormément de mal à Wittlesey. Personne n'ira la plaindre, d'ailleurs je ne comprends pas qu'il lui ait fallu tant de temps pour comprendre le dégoût de McManus à son égard.

La conclusion de cet épisode, c'est que finalement, on ne déteste plus grand'monde à Em City : les personnages pervers, les épisodes récents l'ont prouvé, nous fascinent par leur intelligence, et quand ils sont sur le point d'aller trop loin, le scénario fait ressortir leur nuance, leur fragilité, leur sensibilité. Ajoutez à ça des personnages qui excellent dans le rôle de victime (NOUS faisant passer pour des sadiques), et vous comprenez à quel point les notions de bien et de mal deviennent floues devant la série...

30 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x06, bedbugs

On a parlé de l'amour familial, de façon plus ou moins détournée, dans l'épisode d'hier, cette fois il est l'heure d'attaquer les choses sérieuses. Des mois et des mois après avoir parlé de sexe, il sera donc question d'amour. Parce que visiblement, Oz est pris de la maladie d'amour, et l'épidémie est rapide...

Ozmarathon-2x06

Manque de chance, la connexion du "thème" de l'épisode avec un grand nombre d'intrigue est quasi-inexistante, même en cherchant du côté de la métaphore. Ainsi, la conclusion de l'intrigue Saïd/Schillinger se dégonfle ; idem pour celle de Sister Peter Marie qui se finit sur un grand air de "tout ça pour ça". Alvarez s'installait à peine dans son rôle de caïd en chef que déjà son statut lui est ravi (et sans grande explication, juste vite fait en passant). La lutte entre Adebisi et Schibetta junior trouve une conclusion simpliste (cohérente, certes, mais simpliste). Quant à l'affaire autour de Devlin, ça n'avait strictement rien à voir avec l'amour et il s'est simplement agi de lui faire encore avoir le dessus sur tout le monde (oh, ou alors, peut-être que c'était une métaphore pour dire qu'il avait entubé tout le monde ?). Bref, le thème choisi par Hill dans ses solliloques est franchement focalisé sur quelques intrigues de l'épisode seulement.
Ce qui tombe bien car ce sont les meilleures !

A commencer par la belle Shirley Bellinger qui s'est trouvé un admirateur secret ; sa nymphomanie étant établie, elle signe un chèque en blanc sitôt qu'elle trouve un message d'amour anonyme dans son déjeuner. La scène est mignonne, quelque part : cet échange de missives fait sourire. Mais connaissant les deux protagonistes de cette jolie love story, on a un goût amer dans la bouche. Bellinger est quand même sacrément dérangée, et Adebisi... Adebisi viole Schibetta dans ce même épisode juste pour lui prouver qu'il l'a vaincu, quoi. Ne m'obligez pas à réciter tout son CV, il a fait ses preuves. D'ailleurs dans sa méchanceté proverbiale et sa violence légendaire, Adebisi est plus attachant lorsqu'il se bat bravement dans sa cuisine pour défendre sa vie, que lorsqu'il dissimule un billet doux de Princesse Salope dans son bonnet. La romance n'en est qu'à ses balbutiements mais elle s'annonce déjà prometteuse, essentiellement parce que depuis son arrivée, Bellinger a eu tout loisir d'être dépeinte comme la pire des raclures perverses, et que ces deux-là... mon Dieu, ils sont faits l'un pour l'autre, en fait. Ce sera sympathique surtout si mes souvenirs ne me trompent pas, on ne devrait pas être déçus par la confrontation !!!

Mais il y a encore plus allumé, et je veux bien-sûr parler de Ryan O'Reily qui a complètement pété une durite. Voilà, on l'a perdu, c'est foutu. Quand l'inévitable se produit, que son frangin Cyril se fait prendre et confesse (évidemment, c'était Cyril, à quoi s'attendre d'autre ?), et que la vérité parvient aux oreilles du Dr Nathan, celle-ci vient le confronter et cet abruti, c'est donc vrai que l'amour rend les garçons complètement cons, ne cherche même pas à s'expliquer. C'est tellement évident pour lui que c'en devient effrayant. Vivement qu'il en finisse avec la chimio, moi je vous le dis. Rien que la façon dont il renvoie (littéralement) sa femme Shannon, ça envoie du lourd !
Ryan, je peux pas cautionner, merde. Ta femme a été jusqu'à menacer un médecin pour toi, si c'est pas de l'amour je sais pas ce que c'est, et toi tu la laisses en plan, pas cool mec. L'ironie du sort c'est que tu la quittes précisément pour ce médecin.
A mon sens on a sauté le requin en matière d'intrigues tordues pour O'Reily. Un retour à la "normale" est envisageable mais faut que les scénaristes arrêtent de fumer du crack et intègrent le programme de sobriété de Sister Peter Marie.

Tiens bah, en parlant de sobriété. Le coup de génie de l'épisode, c'est l'intrigue de Beecher. OK, maintenant avec lui je m'éclate vraiment, même si le pauvre déguste quand même salement. Entre sa relation avec ses enfants qui le travaille (certes aidé par Chris Keller), sa sobriété qui est mise en danger (merci Chris Keller), et ses questionnements sexuels (le coupable est tout désigné...), le pauvre morfle à fond, et pendant ce temps, Schillinger piaffe d'impatience. Visiblement le plan de ce dernier, d'ailleurs, n'a pas toujours été de viser le coeur, mais surtout de s'attaquer au self-control de son pire ennemi ; une fois plus Chris Keller domine l'univers en prouvant qu'il a parfaitement compris où il menait Beecher, et confirme que lui, par contre, a bel et bien l'intention de le séduire. Pour mieux l'écraser ensuite.
Pendant toutes ces séquences, on n'en peut plus. Beecher, fais pas le con, il fait exprès de te frôler. Beecher, tu fais chier mec, essaye de prendre ta douche tout seul de temps en temps. Beecher, ouvre les yeux, comme par hasard il se fritte avec Vern quand tu entres dans la salle de gym. Beecher, écoute merde, vide cet alcool dans l'évier, joue pas au con !!!
En vain, hélas. La jouissance perverse que provoque l'intelligence aigüe de Keller n'a d'égale que la terreur d'assister à une nouvelle descente aux Enfers pour Beecher. Et cette fois il ne le sent même pas arriver. Ca va faire mal, Toby, très très mal...

Heureusement que ces trois intrigues nous agitent un peu parce que ce qui est sûr, c'est que pour le reste, on s'emmerde grave. Je n'ai aucune honte à dire que cet épisode m'a, par plusieurs fois, ennuyée. Il a manqué de substance, de cohérence et même d'images choc (ce qui est un pis-aller et j'en suis consciente, mais vaut mieux ça que rien justement). Aussi n'ai-je pas honte d'en finir, déjà, avec ma review. Nan, limite j'ai envie de bouder. Que ferait-on sans le génie machiavélique de Keller, je me le demande ?

30 décembre 2011

Dodging the bullet

L'autre jour, je ne sais plus où je flânais précisément, mais il s'agissait en gros de la page IMDb d'une série qui n'avait finalement jamais été retenue. Dans les commentaires, quelqu'un posait LA question qui me hante depuis bien longtemps maintenant, à savoir : qu'advient-il du pilote de cette série une fois que le couperet est tombé, et un autre contributeur répondait... attention, les âmes sensibles vont avoir un choc : rien. L'épisode est détruit.
Faisons une pause pour que tout le monde reprenne possession de lui-même.
Moi-même ça m'a demandé quelques minutes, je ne vous le cache pas. J'ai été prise d'un vertige renversant en pensant à tous ces pilotes détruits, introuvables, à jamais disparus, inaccessibles. Du travail pour rien. Jamais de postérité. C'est d'une brutalité qui me donnerait quasiment envie de pleurer, et par quasiment je veux dire que c'est sûr et certain et que je ne refuse pas qu'on me passe un mouchoir, merci.

Dans ces colonnes, les pilotes de type "unsold" ont souvent eu droit à une jolie place, parce que, eh bien, j'aime les pilotes, j'aime les découvertes, et que je ressens un sentiment de perte même quand une série que je ne regardais qu'en dilettante est annulée au bout de 15 ans alors, bon, coeur brisé pour coeur brisé, autant tenter des séries qui n'auront jamais dépassé le stade du pilote. Ainsi, des séries ont été évoquées ici, et je vais les mentionner à nouveau pour que vous puissiez tirer partie des tags : Pretty Handsome, Faceless, Nikki & Nora, Babylon Fields, Prodigy... J'en oublie sans doute. Et j'aimerais pouvoir mettre The Miraculous Year dans cette liste (ah c'était ptet sur cette fiche IMDb que j'étais, tiens, puisqu'on en parle).
La plupart du temps, je regarde ces pilotes invendus parce que, bon, déjà c'est pas poli de refuser un pilote, vous connaissez ma ligne de conduite à ce sujet, ensuite parce que toute découverte est toujours bonne à prendre, qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant à trouver dans un pilote et ce même (surtout ?) s'il n'y a pas eu suite, mais aussi parce qu'il faut quand même bien admettre que ça fait toujours plaisir de faire une belle prise, et les pilotes que nous ne sommes pas supposés voir, c'est un de ces trésors cachés qui font aussi du bien à l'ego du téléphage. Soyons honnêtes, hein, il y a une part de "moi je fais partie de la minorité qui a vu" qui fait plaisir ; je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je me gâche ce plaisir en venant ensuite vous en faire des posts et vous inciter à regarder aussi, héhé...! Je ne suis sans doute pas assez élitiste à mon goût.

Enfin voilà, tout ça pour dire que le pilote de série non-commandée, c'est un plaisir sur lequel je ne crache pas, jamais. Aussi quelle n'était pas ma surprise de voir la "publicité" autour de 17th Precinct, y compris sur The Hollywood Reporter. La façon dont ce pilote a mystérieusement échappé à la destruction puis, encore plus mystérieusement, trouvé le chemin du streaming puis, mystérieusement toujours, été évoqué par des sites qui d'ordinaires sont suffisamment "sérieux" pour ne pas parler d'épisodes leakés à tous bouts de champs, ça m'a surprise. Je trouve ça intrigant. Comprenez que j'ai de sérieux soupçons quant à la finalité de cette étrange apparition sur internet, dans la joie et l'allégresse de tous, y compris ceux qui d'ordinaire font mine de ne pas avoir remarqué que des videos de ce genre se promènent sur internet. En un mot comme en cent, il me semble que, quelque part, quelqu'un vient de nous donner une opportunité. Petite, fragile, intangible, sans doute. Mais une opportunité. A nous d'être nombreux à nous en servir.

...Si toutefois cela en vaut la peine. On en vient donc à l'objet de mon post : que vaut le pilote de 17th Precinct ?

17thPrecinct
Si vous êtes un lecteur régulier de ce blog, vous n'ignorez pas que j'ai pris les séries poulardières en grippe il y a plusieurs saisons maintenant. Depuis Les Experts, on a eu le temps de faire trois fois le tour de la question à cloche-pied. Chaque année on a droit à une, deux, trois séries policières procédurales où le héros est un enquêteur-pas-comme-les-autres-qui-a-une-faculté-particulière-pour-résoudre-les-enquêtes, ce qui fait que finalement, ils deviennent tous des enquêteurs comme les autres. On a parfois des pitches plus originaux, ponctuellement, et même de temps à autres des séries policières non-procédurales genre Southland, mais l'impression d'overdose est bel et bien présente et je ne pardonne plus rien depuis environ 5 ans dans le domaine.
Qui plus est, même si j'ai énormément apprécié Battlestar Galactica (je devrais me faire un marathon, tiens, ça me permettrait d'enfin voir la fin), je n'ai pas de tendresse particulière envers ses acteurs. Je suis contente quand je les vois, mais je ne les suis pas absolument. Idem pour Ron D. Moore que je n'en suis pas à considérer comme un Dieu vivant. David E. Kelley, là, d'accord, mais Moore...

Ce qu'il y a de bien quand on ne part pas avec un a priori positif, c'est que ça laisse plein de place aux bonnes surprises.

Le pilote de 17th Precinct commence pourtant assez mollement. Un crime, du sang, l'impression d'avoir mis les pieds dans un procedural comme tant d'autres. Arrivent alors nos deux enquêteurs (James Callis et Jamie Bamber), et la série s'amuse alors avec ses effets spéciaux. Un sourcil levé, l'autre froncé, on attend sans trop savoir sur quel pied danser comment cette histoire de magie ne va pas complètement tout gâcher. Il faut quand même voir que les mecs peuvent reconstituer le déroulement du crime dés les premières minutes du pilote, donc ça laisse circonspect dans un premier temps. La chose n'est pas facile à gérer, mais elle est brillante en réalité. Car quand arrive l'équivalent du coroner dans le monde de 17th Precinct, et que Tricia Helfer se la joue mi-Charmed, mi-Pushing Daisies (croisement contre nature s'il en est, pourtant), on découvre que la richesse de l'univers de cette série va justement lui permettre de respirer vis-à-vis des codes du procedural, tout en profitant de la popularité du genre.
Par-dessus le marché, outre les trois transfuges de Battlestar Galactica, on va retrouver Eamonn Walker (Oz !) dans la peau d'un commissaire de police doté d'un don de vision, Stockard Channing (évidemment restée dans les mémoires téléphagiques pour A la Maison Blanche) dans le rôle d'une vétérante qui va devoir prendre en charge une jeune recrue particulièrement prometteuse incarnée par Matt Long (The Deep End)... Le casting est précieux, les idées excellentes se succèdent. Elles parviennent à mêler à la fois des éléments conventionnels de la série policière telle qu'on en a bouffé ces dernières années, tout en apportant définitivement d'excellents twists. Mais attendez, n'allons pas trop vite. Il va se passer plusieurs minutes pendant lesquelles le pilote va lentement établir chaque personnage, sans trop en dire toutefois. C'est un passage un peu lassant car on va vite comprendre que l'intérêt de la série ne réside que très partiellement dans ses personnages.

C'est une fois tous ces personnages introduits que la bascule s'opère véritablement. On entre alors dans ce monde étrange grâce à l'instauration simple, rapide, mais nette, d'une véritable mythologie, tout en donnant l'opportunité à "l'enquête du jour", ainsi qu'à "l'enquête secondaire" (toutes deux des classiques de la structure d'une série procédurale), de dévoiler les étrangetés de l'univers de 17th Precinct. Les deux affaires utilisent, sans être trop tape-à-l'oeil, les propriétés de ce monde où toute chose est régie par la magie.
On comprend que le fonctionnement de la vie de chacun, au quotidien, est différente, à Excelsior (c'est le nom de la ville, ç'aurait donné un bien meilleur titre de série d'ailleurs). Il y a quelque chose d'assez mystique, d'ailleurs, dans la façon dont la magie est perçue à la fois comme utile et sacrée ; c'est presque animiste et cela se ressent sans être trop explicité, avec énormément de subtilité. Petit-à-petit, on commence à prendre la mesure des rouages de cet univers où la magie est à la fois quelque chose en quoi l'on croit, et que l'on utilise. Et on comprend que les valeurs de cette société s'en trouvent modifiées (comme l'indique les verdicts des procès montrés ou mentionnés dans l'épisode). Ce n'est pas juste une façon de dire, "ah ouais, pour changer on va faire de la magie", il y a réellement une sorte d'éco-système qui se construit pendant ce pilote.

Quand on pensait avoir plutôt bien pris ses repères dans l'univers de 17th Precinct, c'est là qu'on est frappé par un ultime retournement de situation, fou, incroyable, puissant, et terriblement cohérent avec ce que nous dit le pilote depuis ses premières images, pourtant. La mythologie, lentement mise en place par le truchement du personnage d'Eamonn Walker, commence à prendre un sens différent, déjà. On regarde Matt Long avec des étoiles dans les yeux (et pas uniquement en raison de la couleur de ses pupilles) et on attend de grandes choses de Stockard Channing.

Soudain, là, à cet instant, le souffle coupé, on se rappelle que 17th Precinct est un pilote "unsold".
Je ne nierai pas qu'il y a une part de frustration à l'issue du visionnage de ce pilote. Mais il y a une part de satisfaction intense à l'idée d'avoir vu un pilote plus que solide. Pas génial, mais carrément bon, quand même.

On ne m'ôtera pas de l'idée, pas avant un bon moment en tous cas (le temps me donnera tort, ou raison, ou tort), que la sortie de ce pilote, à un moment où plein de monde peut le voir, sur des sites de streaming où il pourrait être retiré et où il ne l'est pas, repris par des sites d'information sur le milieu de l'audiovisuel sans la moindre protestation des ayant-droit, a une raison d'être.
Peut-être que 17th Precinct a encore une chance d'éviter la mise à mort. Peut-être que nous pouvons nous aussi exercer un petit tour de magie. Peut-être que cette fois, nous avons ce pouvoir. Juste peut-être.
Pour certains pilotes "unsold", l'effort n'en vaut pas la peine. L'espoir n'a pas lieu d'être entretenu. Mais j'ai aimé le pilote de 17th Precinct et je ne pense pas être la seule. Et si vous le regardez, il ya de grandes chances pour que vous l'aimiez. Pour que vous en parliez. Pour que vous twittiez quelque chose à l'intention de @nbc. Pour que... Qui peut dire ? Un monde où la magie existe... ça en fait, des possibilités.

Et pour ceux qui... Eh bah non. Du coup.

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29 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x05, les liens du sang

Contrairement aux apparences sur ce blog, poursuivre un Ozmarathon ne m'empêche nullement de regarder d'autres choses. Par un curieux hasard, il s'avère que depuis trois jours, je me refais une intégrale de Titus, et que, pour je ne sais quelle raison, pour la première fois, j'ai décidé de tenter ce matin l'un des spectacles de stand-up de Christopher Titus, Norman Rockwell is bleeding, qui reprend en grande partie des textes issus de la série Titus, et où il est question d'enfance détruite, de parents alcooliques ou suicidaires, de relations amoureuses violentes...
Par un curieux hasard, donc, il fallait que notre Ozmarathon tombe le même jour sur un épisode portant sur la famille et l'amour au sens large. Ca ne s'invente pas.

Ozmarathon-2x05
Une fois n'est pas coutume, c'est avec les interventions d'Augustus Hill que je veux commencer. Depuis le début de la saison 2, ses interventions ont semblé moins ancrées dans les intrigues de la série. Le rapport avec ces dernières existait, bien-sûr, mais de façon plus lointaine. Ce n'était pas toujours un mal : ses interventions, détachées du simple commentaire, prenaient une dimension universelle, plus profonde. Presque des axes à part entière. Ici, cette configuration eest sublimée tout en se réconciliant avec sa vocation première, le commentaire des intrigues "réelles" ; là où très peu des histoires de l'épisode vont explicitement tourner autour de la famille (et de ses séquelles), se contentant bien souvent de les mentionner au sein d'une histoire plus complexe, Hill va leur donner du liant, en rappelant que derrière ce qui se dit et se fait, se trame effectivement quelque chose qui a un rapport avec la famille, ou l'amour que peuvent procurer des liens similaires. Mais dans le même temps, la mise en scène outrancière des monologues de Hill, son surjeu et la thématique familiale, telle que jamais encore abordée dans la série, en font réellement une thématique à part, parce qu'extrême, de l'épisode. Je pensais d'ailleurs que c'était dans cet épisode que j'allais retrouver l'une des répliques qui m'a le plus marquée dans Oz (trop longue pour que je la reproduise ici, mais qui en substance rappelait qu'il est facile d'expliquer son comportement parce qu'on a, par exemple, été battu quand on était enfant, et de se décharger ainsi de ses responsabilités). Preuve que même avec tout ça, on est loin d'avoir vidé l'abcès.

Alors ces histoires de famille, quelles sont-elles, au juste ?
On a d'un côté ce qui semble être la conclusion de l'affaire Poet. Jusqu'à la fin, on aura d'ailleurs retenu notre souffle : va-t-il ou ne va-t-il pas réussir à partir ? La jalousie de Wangler me faisait redouter qu'il se prenne un coup de poignard si près du but... Oh mon Dieu, qu'au moins un d'entre eux puisse s'en tirer, d'accord ? Pitié, on en a tous besoin, à ce stade. Et effectivement, Poet s'en va, disparait, s'échappe, la poésie l'a libéré. C'est une belle image qui inspire le petit Wangler qui (et c'est là qu'on s'y retrouve) commence à se dire qu'il a sacrément déçu maman pendant toutes ces années, et qu'il est temps de se remettre dans le droit chemin. Venant de quasiment n'importe quel personnage, ce serait un peu gros ; mais Kid Wangler, lui, est entré en prison à 16 ans, il a encore ses grands yeux de Bambi, et du coup ça marche du feu de Dieu de voir qu'il est tout triste de ne pas aller à sa cérémonie de remise de diplômes parce qu'il a merdé une fois de trop aux yeux de McManus.
Mais comme je l'ai dit, la famille ne sera pas le focus de cette intrigue pour autant. Car McManus, justement, va intercepté cette histoire pour nous ramener dans le domaine politique. Cette enflure de Devlin, qui pour une raison qu'on ne s'explique pas, parvient à sortir d'Oswald en un seul morceau à chaque fois qu'il s'y présente, a décidé de couper les crédits du programme éducatif... au profit du tout répressif, à savoir l'embauche de nouveaux gardiens. Plus clair quant au propos politique d'Oz, on ne peut pas, hein. McManus pense le piéger en l'affichant devant les médias venus à la cérémonie de diplômes, mais manque de chance, Oz, ce n'est pas juste un manifeste politique sur l'administration carcérale, c'est une fiction qui se veut la moins idéaliste possible y compris en politique, et on comprend vite que les efforts de McManus ne seront pas récompensés, et que Devlin est, en l'état actuel des choses, toujours tout-puissant même quand il essuie un petit échec... Brutal.

Après cette jolie interception de McManus, retour aux affaires familiales. Car le départ de Poet signifie aussi autre chose : Kareem Saïd a de nouveau perdu son joli étendard tout neuf. Et alors que, une fois n'est pas coutume, il ne cherche pas à trouver une autre tête de gondole pour sa cause, voilà qu'il en vient une qui se présente d'elle-même... Schillinger ! Inutile de dire que ces deux-là sont comme l'eau et l'huile, et pourtant, ils ont tous les deux quelque chose à tirer d'une collaboration sur le cas judiciaire de Schillinger. Pendant que Kareem pourra en tirer une immense gloire qui l'auréolera tout comme il aime (confirmant qu'il emprunte une pente savonneuse, et n'a pas tiré les conséquences de l'émeute comme l'a fait McManus), Schillinger pourra ainsi, ce n'est pas mentionné dans l'épisode mais on nous l'a suffisamment répété lors des précédents, se mettre en quête de ses fils. Voyez, la famille n'est jamais loin.

Vous pensiez qu'on en avait fini avec McManus ? Eh bien non. Le revoilà en train de fouiller sa mémoire pour repenser à l'émeute. C'est qu'on commençait presque à l'oublier, cette émeute, au prétexte qu'elle s'est déroulée voilà plus d'un an, sauf que ce n'était que 6 épisodes plus tôt ; du coup ça fait du bien d'en reparler quand même un peu. Et en l'occurrence, c'est le cas Scott Ross qui l'intrigue, du fait des accusations de Schillinger envers Diane Wittlesey (tout est bel et bien lié, en l'occurrences). Cela va le conduire à choisir entre une famille potentielle (Diane veut, enfin, lui présenter sa fille... ça ne fait qu'une saison qu'il lui a offert de le faire, après tout, hein, faut pas s'affoler) et sa véritable famille, Em City. En l'occurrence, vu que McManus ne pense plus avec son gourdin, le choix est assez évident, et cela nous conforte dans l'impression qu'il a vraiment repris les choses en main dans tous les domaines de sa vie. Entre nous soit dit, cela confirme aussi la croyance populaire selon laquelle une femme ne s'intéresse à vous que quand vous commencez à l'ignorer et être froid avec elle.

Leo Glynn fait d'ailleurs le même choix. On a ENFIN la conclusion de cette sordide affaire de chantage qu'on devait tolérer depuis plusieurs épisodes, et on arrive à quelque chose de bien plus ridicule qu'espéré ; je pensais que ç'allait avoir un rapport avec le viol de sa fille (même si chronologiquement ça ne collait pas nécessairement mais bon), et là on nous sort du bois un personnage dont on n'a jamais entendu parler, le frère de Glynn, qui se serait rendu coupable de meurtre. Personnellement, j'ai trouvé l'histoire en elle-même bateau, le laïus de Glynn (le directeur) à Glynn (le futur taulard) était assez classique, mais au moins on en a fini avec ces messes basses et je dis tant mieux. Si par-dessus le marché, le frère Glynn intègre réellement Oz voire Em City, ça peut donner une intrigue intéressante. Sinon, bon débarras et n'y revenons plus. Plus jamais.

De la même façon, ah merveille, enfin on en sait plus sur Sister Peter Marie et le prisonnier atteint de monosyllabie aigüe. Je dis plus, mais l'intrigue n'est pas finie. On a surtout la confirmation que, oui, c'est bien du défunt mari de Sister Pete qu'il est question, ça ne fait jamais que deux épisodes qu'on nous l'avait suggéré, mais au moins c'est fait. J'apprécie cependant que, pour une fois, la chère soeur ne capte pas trop vite ; elle a eu la mauvaise manie jusque là de toujours tout percevoir, tout comprendre, tout discuter franchement ; on la verra d'ailleurs exercer à nouveau sa magie sur l'affaire O'Reily (j'y reviens, n'en doutez pas), et c'est sympathique qu'elle ait l'air de buter, mais que l'intrigue, elle, avance un peu. Un peu seulement, mais c'est toujours bon à prendre. L'essentiel c'est quand même que mes plaintes aient été entendues (je suis consciente du paradoxe temporel qu'implique cette phrase).

Ah ! On en vient aux choses sérieuses. Une petite scène brève mais intéressante nous amène à nous intéresser encore un peu plus à cette étrange Shirley Bellinger. Elle est toujours aussi effrayante. Cette fois elle parle un peu, de cette voix exagérément douce et minaudande et vulnérable qu'on ne parvient pas à croire même si on aimerait bien (elle apparait en fait comme une caricature de femme, et n'en a pas besoin dans un milieu où la plupart des femmes font tout pour gommer leur vulnérabilité). Et surtout, elle entreprend le pauvre Père Mukada... Elle n'est d'ailleurs pas très fine : dés qu'il était apparu devant sa cellule, on sentait bien qu'elle était en terrain conquis mais, trop prompte, elle l'a effrayé. En tous cas on a un nouvel aperçu, non seulement de sa nymphomanie qui se confirme, mais aussi de son étrange disposition mentale. Est-elle réellement convaincue que la mort de son enfant est accidentelle, ou est-elle tordue au point de mentir même dans le couloir de la mort ? Bellinger, c'est mauvais pour ma santé, mais tu me fascines...

Je déclare que la 2e meilleure intrigue de cet épisode est celle consacrée à Beecher. Ce n'est pas sans une bonne dose de perversion que la caméra suit, subtilement mais assez clairement, comment Chris Keller tisse sa toile. Il est devenu en quelques semaines un camarade de chambrée, puis un pote, puis le meilleur ami de Beecher, et rien que pour ça, Keller est mon héros. Son intelligence est assez fine, et on le voit magnifiquement bien dans sa façon de mener le combat de lutte (mon Dieu, peut-on faire plus gay ?!), à coup de "je perds un round pour te faire plaisir" et de "il fait chaud non ?", l'air de rien, sous l'oeil (oui, un seul, forcément) amusé et attentif de Schillinger.
Keller a senti qu'il avait vaincu lorsque McManus (décidément au top de sa forme) est venu annoncer une nouvelle à Beecher : ce dernier a laissé Keller assister à l'entretien sans hésiter. Là, on a tous, je pense, senti que Keller avait atteint sa cible, à la fois avec une certaine délectation (et en l'absence des filouteries de Ryan O'Reily, ça fait du bien d'avoir ce genre de manigances à observer) et avec horreur, car Beecher n'a même pas senti le piège se refermer sur lui.
Mais qu'en plus Schillinger ait fait tuer la femme de Beecher (enfin c'est ce que je suppose mais j'ai des souvenirs, hm, fumeux, de cette part de l'intrigue), c'est tout simplement brillant. Et terrible. Et brillant. On n'en peut plus, c'est trop bon, oh oui encore, bande de salauds !
Et donc, on en revient à la famille une fois de plus : la famille qu'on se crée entre les murs d'Oswald (en l'occurrence, Beecher adoptant rapidement Keller sans savoir que ce dernier n'est là que pour mordre la main qui le nourrit), et celle qu'on a laisséee en-dehors. Le "suicide" de l'épouse de Beecher est prétexte à ramener ses enfants et sa belle-mère, dans une scène poignante où le prisonnier refuse de lui-même d'aller voir ses enfants pour ne pas ajouter à leur traumatisme. C'était une bonne façon de nous rappeler quels sont les rapports des détenus avec ceux restés dehors, mais aussi une nouvelle façon pour Beecher de s'isoler encore un peu, le rendant plus vulnérable au coup qui ne manquera pas de tomber quand Keller va lui dévoiler ses réelles motivations...

Bon. Bien bien bien. Allez, c'est pas le tout, venons-en au plus important, LA meilleure intrigue de l'épisode de par son déroulement.
Parce qu'avec tout ça, on n'a pas encore parlé de Ryan O'Reily, et je me demande bien comment envisager d'écrire un post sur Oz sans mentionner Ryan O'Reily. Sa santé lui cause moins de soucis mais, des tourments de son sein droit, on est passé à ceux de son sein gauche : son obsession pour le Dr Nate va grandissant, au point de la harceler sans même avoir à l'approcher ("l'appel vient de l'intérieur de la prison, mwahaha !"). Malgré un fort à propos rappel de McManus (encore lui) sur le fait que, hé ho, mon ptit Ryan, elle est mariée je te rappelle et au fait toi aussi, rien à faire, notre Irlandais ne parvient pas à se faire à l'idée que le docteur Nathan ne l'aime pas, ni à se l'ôter de la tête. Et c'est vrai qu'elle ne semble pas s'être convaincue elle-même de ne pas être intéressée par lui, pour être tout-à-fait sincère.
Et là, on assiste à une intrigue comme Oz sait les traiter avec brio. On pense ce qu'on veut de cette romance carcérale (personnellement je suis de l'avis d'Alvarez : l'amour, à Oz, ce n'est pas sain), mais en tous cas elle ne stagne pas. Elle a été établie sans précipitation, mais on ne va pas nous jouer les violons 712 ans ; ainsi, le rappel de McManus n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, mais hélas les conséquences ne sont pas celles qu'il espérait : McManus a en fait, sans le vouloir, donné l'idée à Ryan d'éliminer le mari de Gloria Nathan avant la fin de l'épisode ! L'occasion de surcroit d'impliquer son frère Cyril (il nous manquait déjà). Bref, en termes de lien du sang, on fait difficilement mieux

Bon alors, j'ai l'air de déconner, mais l'air de rien cet épisode m'en a foutu un coup. C'était même pire avec le ton goguenard de Hill dans son berceau. J'espère que le suivant me mettra moins mal à l'aise.
Et en même temps, pour quelle autre raison regarder Oz que l'envie masochiste d'être mal à l'aise à cause d'une série intelligente ?

28 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x04, fatal attraction

Alors que notre Ozmarathon se poursuit et que nous sommes toujours plus nombreux à le suivre de façon synchronisée (alors d'accord, c'est pas la partie la plus facile à organiser, mais c'est sacrément convivial et sympathique comme expérience), nous attaquons une partie de la série qui pour moi est mythique, puisque comme je le disais récemment, j'ai en fait découvert la série au moment de la diffusion de la saison 2 sur Série Club. Alors forcément, pour moi, ces épisodes sont cultissimes, et l'arrivée de Chris Meloni n'y est d'ailleurs pas étrangère. Mais procédons par ordre, voulez-vous ?

Ozmarathon-2x04

Car je vais commencer plutôt par les questions qui fâchent. Certes, dans cet épisode, on ne nous en a pas remis une couche avec le petit mystère "mais qu'a donc Schibetta Junior contre le directeur Glynn" (et j'en suis particulièrement reconnaissante), mais on nous ramène une autre sorte de petit mystère à la con, et de vous à moi, ce genre de pratiques m'énervent. On le verra une fois de plus à la fin de l'épisode, les cachotteries, ce n'est pas un truc dans lequel Oz se complait d'ordinaire : ses personnages ont tendance à afficher leurs motivations clairement, au moins au spectateur, et globalement on n'a pas d'axe à suspense, ou rarement, qui nous force à nous demander ce que signifie telle ou telle parole. La série brille, en fait, par son sens de l'immédiat, y compris dans sa réflexion, où il s'agit plus de montrer un cheminement pour nous conduire à penser aux même thèmes, que de nous forcer à nous creuser pour connaître la signification cachée de tel ou tel évènement, mais plutôt sa portée aussi bien morale, philosophique, qu'évidemment dramatique pour les personnages concernés.
Pour moi, ce n'est tout simplement pas la vocation de la série que de faire durer un mystère, et en l'occurrence, l'étrange prisonnier qui s'exprime par devinettes me tape sur les nerfs alors que sa première scène, dans l'épisode précédent, était brève. Mais la seconde n'en est que la longue et douloureuse répétition, et c'est là que le bât blesse. Si, comme cela a été insinué lors de l'épisode précédent, c'est en lien avec le passé personnel de Sister Peter Marie, pourquoi pas ? J'avoue que je ne me souviens pas de cette intrigue (elle a dû m'agacer aussi la première fois) et que je suis ouverte à l'idée qu'elle soit liée à l'époux que la bonne soeur avant qu'elle n'entre dans les ordres. Mais ça dure et c'est pour moi insupportable de lenteur.

Surtout quand il se passe tant d'autres choses par ailleurs. Et une grande partie de l'épisode est justement foisonnante, même si on en revient de façon cyclique à Kareem Saïd en fin de compte.
Nous voilà donc au moment tant redouté (et voyez comme ça n'a pas trainé), alors que Hill passe en commission dans l'espoir que le verdict de son procès soit invalidé. Kareem Saïd l'y représente avec fougue mais, hélas, il lui manque la compétence (ainsi que les moyens technique d'enquêter sur certains aspects de l'affaire) pour briller. Résultat, on a une très jolie mais triste conclusion, avec Augustus Hill qui finit par dire à Saïd qu'Oz, c'est chez lui. C'était touchant. Et ça contribuait à appuyer l'idée que Hill et la prison ne font qu'un, ce qui donne plus de pouvoir encore à ses attributions de narrateur ; j'aime le côté fusionnel que cela dévoilait, bien que pudiquement, entre Augustus et la prison. Qu'il voie ses espoirs brisés n'était rien face à la confession de son attachement à Oz, c'était plus que de la résignation (ce qu'on aurait tiré de tout autre personnage dans la même situation) et du coup c'était vraiment une belle scène.
Et alors qu'on pensait qu'on allait changer de sujet, comme c'est souvent le cas dans Oz où les épisodes sont divisés en intrigue se chevauchant peu, on reste en fait dans le sillon de Kareem Saïd. L'Enfer est réellement pavé de bonnes intentions, puisqu'après avoir échoué à faire d'Augustus Hill le porte-drapeau de sa cause (celui-ci ayant révélé préférer être un vulgaire être humain...), il se tourne vers un homme plus fragile, amateur de concepts brumeux et de grandes phrases... j'ai nommé le Poet. Poet est présent depuis le tout début de la série, j'ai encore en mémoire son excellent poème sur les cigarettes, et j'avais été impressionnée par sa façon de composer ses poèmes. En bref, un personnage qui, comme beaucoup d'autres à Em City, fait partie des visages que l'on connaît, et qui prend maintenant assez naturellement une position plus centrale dans les épisodes. Poet, donc, a accepté l'aide de McManus, et apprend à véritablement lire et écrire ce qui est déjà une démarche fascinante en soi. McManus a même entrepris d'enregistrer ses poèmes pour l'aider à se faire éditer, mais Kareem Saïd (confirmant ainsi qu'il est effectivement diablement égocentrique, si jamais nous l'avions oublié) se mèle de tout et décide de faire de Poet son nouveau projet. Et il a même réussi à trouver cette fois une victime plus consentante que ne l'était Hill. En voyant Poet se faire manipuler ainsi, tant par Saïd que par sa passion pour la coke, on ne peut qu'éprouver la crainte que le talent de Poet finisse comme celui de Dobbins...

L'intrigue sur les coulisses du pouvoir à Em City fait plaisir à voir, dans cet épisode. Alors qu'O'Reily est toujours occupé par sa santé (on va y revenir), Adebisi et Schibetta Junior sont livrés l'un à l'autre, et une chose est sûre, sans Ryan pour faire tampon, ça ne marche pas. Et ça fait un bon petit changement, car au lieu d'avoir Adebisi et le rat irlandais en train de comploter dans un coin, on a une toute nouvelle dynamique qui se met en place, tout en étant parfaitement cohérente avec le début de la saison. Ainsi, Adebisi et Schibetta vont tous les deux tenter de faire appel à Alvarez l'un pour buter l'autre, et vont, dans une excellente scène, s'observer mutuellement en attendant de pouvoir éliminer l'autre. Ce qui est brillant, c'est qu'en plus de ce bras de fer silencieux, se joue aussi autre chose : Alvarez est vraiment sous son meilleur jour. Juste quand on commençait à le trouver inoffensif et mignon (au sens "puppy" du terme) et tout ce qu'on veut, le voilà en train de faire montre d'une intelligence fulgurante dans ce qui se trame. Oui, il va juste attendre que les deux forces en puissance s'annulent, plutôt qu'intervenir pour de bêtes questions de fierté ou de cupidité... Sa réaction était vraiment brillante. On ne voit peut-être jamais Alvarez sous un jour qui soit en sa défaveur, mais en même temps, on le montre sous un angle moins vulnérable que depuis son arrivée, il assume vraiment son rôle de leader des Latinos, et ça fait plaisir à voir. Ca va swinguer !

Evidemment, pour nombre d'entre nous, moi y compris je ne vous le cache pas, l'évènement de l'épisode, en attendant, c'est quand même l'arrivée de Chris Keller, incarné par un Chris Meloni relativement en forme physiquement, mais nous offrant pour le moment un personnage peu incarné (ça viendra, sans vouloir vous spoiler) qui pique même des expressions faciales à McManus.
Mais le plus important reste que le personnage est déjà délicieux, simplement par la façon dont il est écrit. Pervers d'entrée de jeu, mais pas pour les raisons qu'on croit, on le voit jeter un coup d'oeil à Beecher avant d'attaquer Mack, on le sent à l'affût de ce que fait Beecher, et la révélation finale de l'épisode, si elle n'est pas bluffante pour qui a vu cet épisodes et les suivants, a le mérite de coller tout de même une belle mandale au spectateur qui n'en attendait pas tant, surtout étant donné le subtext érotique de plusieurs scènes. L'idée était de nous conduire sur une autre piste pour pouvoir mieux nous surprendre, mais sans attendre trop longtemps. Cela participe à mettre le spectateur dans la confidence sans chercher à faire durer l'intrigue et c'est précisément l'une des qualités que j'apprécie dans la série. L'idée n'est pas de semer le doute sur ce que veut Keller : à la fin de l'épisode, ce sera dévoilé, et on commence maintenant à trembler pour Beecher. C'est bien plus excitant !

En parlant d'excitation, mais d'un tout autre ordre, je dois admettre qu'Oz, bien plus qu'à ses débuts, sombre ponctuellement dans une forme de gratuité. Je suis une femme et donc je ne vais pas me plaindre, mais quand même, ça faisait beaucoup de scènes de douche pour un seul épisode. La série est en cela fidèle à sa réputation et ne se prive de rien, ni des gros mots les plus odieux (on avait l'impression de palper une certaine jouissance à répéter le terme "cunt" pourtant honni aux USA) ni les scènes de nudité les plus crues (ya que moi qui ai repéré le grain de beauté géant ? Vraiment ? Oh ne me faites pas croire que je suis la seule à regarder là pendant les scènes de douche...). Si parfois cela sert la violence ou la vulnérabilité d'une intrigue ou d'un personnage, c'est bien, mais parfois, cela semble un peu outrancier et je le regrette. Enfin, juste un court instant, pour avoir ma conscience pour moi, et ensuite je profite du spectacle, hein, c'est pas poli de refuser.

O'Reily, par exemple, se montrant torse nu dés qu'il fait des avances au Dr Nathan, est assez symptômatique du problème. On a une relation qui pourrait être intéressante, un personnage qui l'a toujours été, mais l'esprit de l'intringue est diminué par la volonté d'ajouter de la peau dans les scènes. C'était pourtant intéressant de le voir se rapprocher du Dr Nate après avoir dit tant de belles choses sur sa relation avec son épouse ; cela, bien plus, aurait mérité d'être exploré, plutôt que de voir Nate pratiquer le palper-rouler sur le torse de Ryan.
En revanche, j'ai énormément aimé les difficultés de ce dernier à revenir à Em City. Sans même que soit évoqué son cancer du sein, on sent que, conformément à sa prédiction, la moindre trace de faiblesse est retenue contre lui. Connaissant Ryan, ce sera un pouvoir qu'il lui faudra reconquérir ultérieurement, et j'ai déjà hâte.

Pour finir, mon vrai regret, pour cet épisode, est le peu de cas qu'on fera de Hanlon, un prisonnier que je trouve sympathique sans trop savoir pourquoi, peut-être parce que pour la première fois on a un vrai gay sur le devant de la scène et que je le trouve très équilibré (par opposition aux folasses qui trainent dans le fond des épisodes régulièrement, où aux prisonniers qui deviennent gays à l'insu de leur plein gré, pour dire les choses gentillement). J'ai aimé qu'il tienne tête aux Aryens, et la façon dont il l'avait fait. Quand il a été envoyé au trou (on voit vachement le mitard depuis quelques épisodes, c'était pas à ce point au début de la saison 1), et qu'il a reçu la visite d'un gardien aryen, j'ai réellement pensé que son intrigue allait trouver une conclusion plus satisfaisante, en cela qu'il allait tenter de dénoncer le garde, ou autre chose. Là, on dirait que son sort est scellé. Je suis à peu près convaincue, du fait des quelques souvenirs que j'en ai, que c'est le cas, et ça me rend triste, même si je sais qu'on n'a pas fini pour autant de le voir (après tout, il y a quelqu'un qui l'attend dans le couloir de la mort, non ?). Mais c'était vraiment dommage de l'utiliser comme fusible de cette façon. Pauvre Hanlon, je t'aimais bien, mais tu étais l'équivalent du redshirt dans cet épisode...

Car évidemment, la tension monte autour de Shirley Bellinger. Façon de parler puisque la créature n'a toujours pas dit un mot, mais on en apprend plus à son sujet (notamment avec une scène de reconstitution effarante de calme, et d'une froide violence), et on sait déjà qu'elle va se comporter en nympho dans la prison, ce qui, vu la tonalité générale de l'épisode, est plutôt bon à savoir. En bref, le peu qu'on sait d'elle est désarmant, et pourtant on a du mal à ressentir autre chose que de la fascination. Ca doit être cette lumière qu'elle a dans les yeux...

26 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x03, les grands hommes

Après un weekend de relâche (le prochain promet d'ailleurs d'être du même genre), revoilà notre Ozmarathon avec un nouvel épisode de la 2e saison. L'occasion de voir apparaitre des visages féminins, pour changer (mais après tout, derrière chaque grand homme...), mais pas seulement.

Ozmarathon-2x03

Avec ce nouvel épisode, c'est plus l'impression que la saison a trouvé son rythme de croisière qui domine, plutôt que la sensation, pourtant récurrente jusque là, de se prendre des baffes à répétition. Mais vous savez quoi ? On ne peut pas toujours se prendre des morniffles dans la gueule. Oh bordel ça me rappelle que j'ai jamais posté mes dernières reviews de The Slap !

On commence, comme c'est désormais la tradition, par l'intrigue la plus faible de l'épisode, autour de la fille de Glynn. Dans l'épisode précédent, elle servait avant tout de prétexte à noircir un peu le portrait jusque là trop parfait de notre directeur, ainsi qu'à faire passer, une fois de plus, Alvarez pour un pauvre chiot (un domaine dans lequel, il faut le reconnaître, il excelle). Ici, la continuité de l'intrigue n'est nourrie que par une idée : ramener sur le devant de la scène la relation compliquée entre ce même Alvarez et le père Mukada. En clair, on n'en a pas grand'chose à faire que la fille de Glynn ait été violée, le sujet n'est ramené sur la table que pour que Miguel soit protégé par Ray Mukada, dans une scène qui propose un cruel négatif à celle de l'émeute, quand Alvarez n'avait pas bougé le petit doigt pour l'écclésiastique. Voilà, c'est tout. Pour le reste, la petite vendetta de Glynn est sans conséquence, sa confrontation avec le fiston Schibetta est toujours aussi vide de toute substance, se contentant de rappeler que Glynn a une dette envers les Italiens (ce n'est pourtant pas dans les habitudes d'Oz de faire trainer ce genre de mystère bien longtemps), et même la scène finale à l'hôpital n'avait rien d'émouvant. Mais on ne me verra jamais me plaindre de la présence d'Alvarez à l'écran, alors soit.

Une intrigue relativement intéressante, mais pas forcément épatante, est celle d'Augustus Hill. Lui aussi est de ces prisonniers dont les intrigues les montrent toujours comme des coeurs qui saignent, et on aimerait bien que Hill soit un peu plus badass, surtout quand il sait être si charismatique dans ses attributions de narrateur (même si évidemment on peut arguer que ce n'est pas vraiment Augustus Hill qui commente les épisodes). Le voilà donc avec un maigrichon espoir de libération, et il s'en remet pour cela à Kareem Saïd.
Ah, Kareem, à nouveau en très grande forme à ce que je vois. Il a fait profil bas juste assez longtemps pour avoir l'impression de s'être racheté une conduite, et le revoilà de nouveau avec sa folie des grandeurs. Cette fois il veut utiliser le système judiciaire pour le détruire ; comme c'est une bien grande tâche, il utilise l'affaire de Hill pour sa petite vendetta contre la Justice, mais il ne remporte pas le succès escompté. Surprise, là où on pensait que l'intrigue se rapporterait essentiellement à ses éternelles prêches contre la société et sa machine à broyer du Noir, il s'avère que Kareem va être trahi par la seule chose dont on ne l'entend jamais parler : sa vie privée. Le sagouin se tapait quand même Melina Kanakaredes.

Pour nous rappeler les bonnes résolutions de McManus, on a ensuite droit à la rapide réintroduction de Diane Wittlesey en milieu sauvage. Il lui file un vent magistral (elle s'était pourtant faite toute jolie pour lui), preuve qu'il a toujours ses burnes avec lui. Après ce petit intermède, finalement plus amusant qu'autre chose, on revient à sa mission, plus sérieuse, de vouloir travailler sur la réinsertion de ses petits protégés.
C'est l'occasion, sans doute pour la première fois de la série, de nous montrer Kenny Wangler comme autre chose qu'un suiveur sans saveur ; on se prend réellement d'affection pour le petit bonhomme, guettant ses progrès en lecture, espérant secrètement qu'il se tienne à ses nouveaux engagements, priant pour qu'il ne cède pas aux pressions de cette brute épaisse (et jalouse) d'Adebisi. Quand vient la confrontation entre wangler et McManus, la tension est à son comble, chargée d'une forte implication émotionnelle tant de la part de McManus, que du spectateur. On en est presque rendus à supplier, de notre côté de l'écran, que Kenny fasse le bon choix. Vas-y Kenny, ne foire pas tout, pas maintenant...

Et puis il y a O'Reily. Ce ne sera une surprise pour personne que de m'entendre dire que j'ai adoré tout ce qui se rapportait à lui. Déjà parce que sa si romantique histoire d'amour avec sa femme a quelque chose d'incroyablement authentique. On l'a déjà entendu se vanter que personne ne toucherait à son derrière en prison, on comprend maintenant, à demi-mot, que c'est moitié pour éviter le viol, moitié pour éviter de tromper sa femme à nouveau. Il y a quelque chose de terriblement Bonnie & Clyde dans la relation que les deux époux ont ensemble, à la fois brutal, réaliste, et passionné, qui impressionne. Moi aussi, si j'étais en prison et que j'avais un truc comme ça qui m'attende dehors, je pilerais probablement du verre pour survivre. Certes, depuis qu'il doit se soucier de son cancer du sein, Ryan ne se préoccupe plus trop d'être dans les petits papiers des rois de la prison (normal, il ne quitte plus le quartier médical), mais ça reste effroyablement fidèle au personnage tel qu'on le connait.
Accessoirement, on a droit à un joli rapprochement avec le Dr Nate, ce qui est toujours ça de pris. L'occasion d'ailleurs d'une série de scènes effroyables, dénonçant en filigrane la gestion des frais de santé des prisonniers, et mettant le Dr Nathan dans une épouvantable situation vis-à-vis d'O'Reily qu'elle soutient du mieux qu'elle peut. A l'instar du ptit père Mukada pour Alvarez, ou de Sister Pete pour Beecher, il semblerait qu'O'Reily ait trouvé son ange rédempteur dans le médecin de la prison.
Je n'ai pas pu m'empêcher, enfin, d'exploser de joie en retrouvant Cyril. Comme de plus en plus souvent, Ryan était très touchant, mais je dois avouer que j'ai toujours trouvé Cyril adorable, il est, un peu comme l'était Groves, le genre de personnage un peu retardé mais surtout très enfantin, qui offre de belles scènes dans un contexte carcéral comme celui d'Oz. Vivement qu'on te revoie, petit frère, j'adore la moindre des choses dont je me souviens à ton propos.

Bon. Je sais que normalement, on dit que le meilleur vient à la fin, mais avec Vern, on se fait brutalement chier. Evidemment la série ne peut pas éviter de mentionner les conséquences de ses actions précédentes, et notamment ce, oh, tout petit détail, quand il a voulu engager Wittlesey pour assassiner Beecher, ce genre de broutilles. Mais les conséquences sont tellement peu intéressantes que ça ne méritait certainement pas de nous occuper une si grande partie de l'épisode. Même Beecher est un peu en boucle, d'ailleurs. Vivement que cela évolue, comme ça ne manquera pas de le faire.

AH MAIS SI ! Je sais pourquoi le meilleur vient à la fin ! Shirley Bellinger fait son apparition à la toute fin de l'épisode. Un grand moment de froid dans le dos, cette petite chose en chaussures et chaussettes blanches qui a tué son enfant, et atterrit dans le couloir de la mort. J'ai d'excellents souvenirs de Kathryn Erbe dans ce rôle (bien plus que dans tous les L&O: Criminal Intent réunis) et je suis ravie de la retrouver enfin.

Hélas pour le speech d'Augustus Hill, ce n'était pas forcément l'épisode le plus mémorable à ce jour, mais plus j'y repense, plus il tient de merveilleuses promesses que les suivants se feront une joie de tenir. LA SUITE !

24 décembre 2011

[#Ozmarathon] 2x02, turn the cards slowly

On savait que la donne allait changer en entamant la deuxième saison de notre Ozmarathon. On n'avait pas idée à quel point, cependant, tant tout change entre le season premier et ce nouvel épisode.

Ce qui m'a marquée, cependant, c'est qu'au fur et à mesure que tant de dialogues que je connaissais par coeur s'accumulaient à l'écran, j'ai réalisé que cet épisode est le tout premier que j'ai découvert de la série, lorsque l'une de mes amies de l'époque m'enregistrait des épisodes au hasard sur le câble et que je découvrais des séries en les prenant, alors, en cours de route. C'est comme ça que ma passion pour les pilotes est née, d'ailleurs.
Alors je vous l'avoue, à bien des égards, c'était un épisode important.

Ozmarathon-2x02

Mais disons les choses comme elles sont : il a de quoi surprendre. En effet, près d'une année s'est écoulée depuis le season premiere, un choix peu courant mais qui est très cohérent avec l'univers complexe de la série, peu amateur de facilités scénaristiques. J'ignore comment cette saison s'est goupillée en coulisses, si c'était volontaire ou dû à un quelconque impondérable, mais dans tous les cas, même si la décision surprend, sa mise en oeuvre ne choque pas du tout.
On retrouve donc notre McManus revenir à sa console centrale, et rallumer les néons d'Em City d'un air décidé pour tout reprendre à zéro.

C'est que, McManus aussi a fait peau neuve. Il a l'air moins au bout du bout, déjà. C'est définitivement un homme résolu, surtout, qui a mis sa petitesse de côté, qui cherche la rédemption. On ne sait que trop bien de quoi de quoi il s'accuse, mais visiblement, le temps de l'auto-flagellation est fini pour lui. Il fait preuve d'une tenacité et d'une énergie obstinée qu'on ne lui connaissait pas vraiment. L'ancien Tim McManus était un être médiocre, un idéaliste qui avait dû s'asseoir sur ses convictions, un fonctionnaire mal embouché qui avait perdu toute vision, un homme qui s'accrochait aux femmes pour de mauvaises raisons ; le nouveau est un modèle plus robuste, plus têtu, plus bosseur, et visiblement, moins dirigé par son besoin impérieux d'exister à travers sa queue. Il impressionne par sa faculté à ne plus baisser la tête comme si souvent (sa façon de revenir à la charge auprès de Saïd le montre bien), par son envie dévorante de vraiment changer la façon dont "sa" prison va fonctionner et modeler l'univers carcéral dont il rêvait depuis si longtemps ; il ne s'arrête plus aux règles, aux codes, et on le sent moins fragile face à Wittlesey, aussi. Il veut changer véritablement la donne.
D'ailleurs, sa façon de prendre en charge le petit Wangler et de se pencher sur la frange éducative de sa prison, c'était une façon intelligente de nous montrer qu'il avait vraiment réfléchi à son projet. Effectivement, les discussions avec Glynn ont été longues pour pouvoir rouvrir l'endroit, ça semble évident au bout de 11 mois d'attente, mais elles ont été menées avec une vraie idée derrière la tête, et pas juste parce que l'orgueil de McManus lui dictait de préserver son bébé comme on a pu le sentir dans la première saison. Bien-sûr, il joue toujours à Dieu d'une certaine façon, mais on le sent animé, dans tous les sens du terme.
En gros, on a une méchante envie de lui taper l'épaule d'un geste d'encouragement.

Et alors, cette redistribution de la donne, elle ressemble à quoi ? Eh bien pour commencer, Em City se voit dotée d'un système de quotas. Autant du point de vue de la dynamique des personnages que sur le fond, cette mesure a énormément de sens : il est évident, quand on se remémore les scènes de prières des musulmans dans la première saison, que ces derniers étaient en surnombre, par exemple. Vu le peu de confiance accordée à Kareem Saïd, c'était un peu aberrant, et on réalise maintenant que cette volonté d'établir des groupes clairs, avec une population de 4 représentants par groupe, est infiniment plus sage. Et puis surtout, elle permet de tout de suite bien montrer les forces en présence, et ça, le début de l'épisode s'en charge admirablement bien, chacun s'épiant depuis son coin vitré d'Oz en se promettant qu'il aura le dessus sur le voisin. Mais ce qui est certain, vu que la population d'un groupe restera stable, c'est que cette domination ne s'obtiendra pas par le nombre. Ca ouvre la voie à des perspectives intéressantes.
Ces clans existaient plus ou moins déjà, mais ce qui est intéressant, c'est leur officialisation, avec notamment la formation d'un conseil réfléchissant avec McManus à des décisions pour Em City (preuve qu'il a appris quelque chose de l'émeute, héhé), notamment du côté des Irlandais ce qui donne une véritable marge de manoeuvre à Ryan O'Reily qui a désormais son propre groupe (rouquin inclus !), et surtout, la création d'une mini-bande d'outsiders incluant Hill, Rebadow et Beecher, ainsi qu'un "nouveau", Busmalis, qui en trois phrases s'annonce déjà comme un très prometteur remplaçant pour l'extravagant et (étrangement) regretté Groves.
La hiérarchie qui se met en place ainsi est très lisible, et soulignée par notre inénarrable Schillinger qui va lentement descendre toute l'échelle sociale d'Em City pour trouver quelqu'un prêt à lui rendre un service.

Ce service n'est nul autre que le meurtre de Beecher ! Eh oui, la corrida commence : ces deux-là ne pourront plus jamais cohabiter dans le même quartier de la prison, c'est sûr, et pourtant voilà que McManus a décidé de tenter le coup. Car si Beecher semble avoir mis de l'eau dans son vin, on repère immédiatement qu'en présence de Schillinger, il n'est quand même pas franchement clair, qu'il a ce petit transistor pété qui lui fait des court-circuits, c'est plus fort que lui, et c'est imparable, ça va donner lieu à des rapports de force dantesques. Le bras de fer indirect entre ceux deux-là dans l'épisode est magnifique : entre Beecher qui joue vraisemblablement avec les nerfs de son ex-tortionnaire, et celui-ci qui cherche absolument à s'en débarrasser sans se salir les mains, la partie est serrée. On se doute que, même si Vern a été mis en échec pour cette fois, ce n'était pas la dernière partie jouée. La conclusion de Beecher est d'ailleurs assez désarmante, parce qu'elle traduit à quel point désormais, il se fiche des conséquences de ses actes, même s'il a repris le contrôle de ceux-ci.

Une autre confrontation indirecte est celle, pour des motifs bien différents, entre Leo Glynn et Miguel Alvarez. C'était d'ailleurs le moment idéal pour, enfin, nous montrer un directeur Glynn moins parfait, moins droit, moins juste, moins réfléchi enfin, qu'à l'ordinaire. Il s'en prend à Alvarez pour les mauvaises raisons, de façon répétée, et c'est une chance qu'il se soit attaqué plutôt à lui qu'à certaines autres brutes de la prison, qui auraient été bien moins patientes avec cette injustice ; il a du flair, quelque part, de se lâcher avec notre chiot hispano plutôt qu'avec quelqu'un qui se serait rebiffé méchamment, plus vite, plus violemment, et peut-être même contre la pauvre petite secrétaire de Glynn à qui pourtant ça pendait au nez.
Certes, on n'a pas trop de mal à deviner ce qui ne va pas chez Glynn, avant même qu'il n'explique la situation à Sister Peter Marie, ce qui rend les choses un peu transparentes, mais la façon dont l'intrigue est traitée (avec, qui plus est, une excellente scène dans le bureau du directeur pendant laquelle Alvarez sent l'exaspération monter) est efficace.

Un angle que j'attendais beaucoup, c'était celui autour d'O'Reily. Je n'ai jamais caché que c'était l'un de mes personnages préférés...
D'abord, il y a toute l'intrigue autour du fils de Nino Schibetta (eh oui, le revoilà !) qui tente de prendre le contrôle de la cuisine à peine arrivé à Oswald ; on se demande d'ailleurs bien ce que ce petit enfoiré a contre Glynn pour avoir autant de levier sur lui, mais passons. En tous cas c'est absolument succulent, notamment parce qu'Adebisi est parfait avec son rat en broche (ah, mais Adebisi, du moment où O'Reily est entré aux cuisine, il y a toujours eu un rat !), et qu'en plus on a le plaisir, pour moi incomparable, de voir O'Reily refaire sa parade du petit travailleur docile qui vient lécher les pompes du nouveau maître de la maison, proposant ses services avec son sourire d'hypocrite, et là moi, je dois dire, je me régale, mais quelle salope ce Ryan, de vendre Adebisi sans même y songer deux fois !
Naturellement, le plus touchant, c'est que Ryan O'Reily, maître ès trahison, soit trahi par son propre corps. L'ironie suprême, quand même. Et la maladie frappe comme lui le ferait : avec beaucoup de perversion. Ryan se récupère donc un cancer du sein, ce qui donnera lieu à l'une des répliques de l'épisode qui m'avait le plus marquée ("I don't got any breasts, I got a chest !" avec son petit phrasé chuintant...) et à une scène dans laquelle, pour la première fois, il va se montrer vulnérable, ce qui n'est pas de trop tant il a magnifiquement bien mené sa barque jusqu'à présent, comme lui-même le souligne face au docteur Nathan. Un axe que j'ai hâte de pouvoir suivre à nouveau...

Les intrigues d'Alvarez et O'Reily seront aussi l'occasion de voir qu'un autre personnage de la série s'est acheté des burnes pendant l'année de pause d'Em City : le père Mukada. Avec son blouson de cuir et surtout, son regard durci, le petit père est devenu plus complexe. C'est toujours un religieux, il a toujours cette gentillesse sur lui qui est, eh bien, partie intégrante de son job n'est-ce pas, mais il est clair qu'il y a quelque chose qui a changé chez lui, aussi bien quand il coupe court à la tentative de Miguel de s'expliquer sur l'émeute, que quand il décide de parler d'homme à homme à Ryan. J'aime bien ce changement en lui, il est à la fois subtil et bien perceptible, il fait suite à la façon dont il a expliqué son expérience dans l'épisode précédent.
A l'inverse, Sister Pete est fidèle à elle-même, elle comprend tout, elle voit tout, elle parle de tout, elle est géniale mais j'aimerais qu'elle se calme un tout petit peu et qu'elle nous offre, à son tour, quelque chose d'un peu moins monochrome, même si franchement elle a un bagout incroyable et qu'elle apporte résolument de la vie à ce petit univers gris.

A travers ces intrigues, et bien-sûr à travers la chronique sordide de l'extinction des Aztèques que nous offre Hill dans sa loge de verre, cet épisode nous montre clairement qu'on va passer d'un univers à l'autre, qu'on est dans une transition, une mue, un déchirement qui doit conduire à quelque chose de nouveau. C'est un terrain glissant : pas toujours facile d'apporter des changements aussi radicaux dans une série. Mais quand on s'appelle Oz, on n'a peur de rien, on fonce et... ça donne une excellent épisode comme celui-ci, parfait en tous points.

23 décembre 2011

Home away from home

Eh bien voilà. The Café s'est conclue... sans vraie conclusion, d'ailleurs. D'une façon qui lui ressemblait bien, finalement. Difficile de vous dire combien cette séparation m'est difficile. Ces derniers mois, je me suis attachée à des séries assez variées, mais jamais à ce point ; en fait c'est un peu toujours le cas, mes découvertes téléphagiques sont souvent les unes aux antipodes des autres et c'est ce que je recherche d'ailleurs, mais je crois que The Café faisait vraiment figure d'ovni dans le paysage.

LeavingTheCafe
Imaginez un peu. Des accents imbitables. Une série sans histoire ni fil rouge. Seulement 6 épisodes. Et surtout, ce ton contemplatif, et cette ambiance si banale...

Mes lectures comme certains de mes contacts sur Twitter ont souligné les liens de parenté entre The Café et The Royle Family. Je vous avoue qu'après avoir vu le premier épisode de The Royle Family, j'ai quand même du mal à trouver le point commun. Nan, si, évidemment, il y en a, mais disons que ce n'est pas ce qui a fait que je me suis attachée à The Café. Il manquait dramatiquement au pilote de The Royle Family l'atmosphère de rêverie, l'atmosphère de convivialité... ce petit truc qui fait que je me suis tout de suite sentie au chaud avec The Café, que j'ai voulu m'y installer semaine après semaine et regarder moi aussi la vie des gens se dérouler tranquillement, presque l'air de rien.
C'était vraiment une expérience que je n'ai pas retrouvée avec The Royle Family. L'impression d'être à la fois hors du temps et dans la vraie vie, de partager réellement des joies et des peines, le quotidien, d'avoir rendez-vous avec une communauté accueillante, même si personne n'avait rien de spécial et qu'il ne leur arrivait rien de spécial. J'ignore ce que cela dit de moi, mais le rythme lent des épisodes, les dialogues à la fois tendres et anodins, les personnages anonymes et tellement proches...

Non, The Café n'est pas très excitante à première vue, elle n'a pas les fameux "enjeux" qui sont devenus si importants de nos jours aux yeux des spectateurs affamés de sensationnel, c'est juste le fil de la vie de quelques personnages qui se déroule sous nos yeux. Un endroit où on se sent dorlotté, où rien de mal ne peut arriver, où en fait rien n'arrive vraiment si on veut pousser un peu, où on peut juste mettre l'univers en pause et savourer le moment en bonne compagnie.
J'étais bien, à Weston-super-Mare. J'étais vraiment bien, vous savez. Je voudrais y rester. En fait, je vous avoue que j'ai même commencé à regarder comment je pourrais y aller vraiment...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Café de SeriesLive.

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