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ladytelephagy

13 juin 2012

Emmy wonderland

Cycliquement, ça me prend. Soudain j'ai une furieuse envie de regarder les Emmy Awards.

C'est que j'adore les Emmy Awards, comme vous n'êtes pas sans le savoir.
Il s'agit en effet d'une véritable passion, qui a été largement documentée et expliquée dans ces colonnes, notamment ici et , ou plus récemment par-là. En fait, si vous avez manqué ces posts, leur lecture est un excellent complément à ce que je m'aprête à vous raconter. Je dis ça comme ça, hein.

Pour moi, c'est vraiment un moment de plaisir, et il m'est souvent arrivé de revoir de "vieilles" cérémonies juste pour le fun, évidemment dans la limite des stocks disponibles parce que ça, hélas, on ne peut pas l'acheter en DVD (au passage, j'ai beau regretter cet état de fait, je ne suis pas vraiment surprise par l'absence d'édition à des fins commerciales, ce serait probablement un casse-tête un peu ruineux vu le peu de bénéfice engendré).
M'envoyer une cérémonie des Emmy Awards alors que ce n'est pas la période des Emmy Awards est en fait quelque chose que je faisais même beaucoup plus souvent avant. Je veux dire, sérieusement, même à raison d'un post par jour, je n'ai pas le temps de vous raconter tout ce que je vois, et je n'ai même pas le temps de regarder tout ce que je veux non plus ; alors insérer une cérémonie de 3h là-dedans devient un peu compliqué quand j'étends ma consommation de séries à TOUTE la planète. Croyez-moi quand j'affirme que ce sacrifice ne se fait pas sans un pincement de coeur.

Alors, puisque j'avais quelques heures devant moi en fin d'après-midi, je me suis lancée dans des fouilles archéologiques pour retrouver mon CD de la cérémonie de 2006, qui est ma seconde préférée après celle de 2002, que j'ai en VHS et que je ne peux donc plus regarder, mais qui est introuvable en intégralité sur la toile alors on fait comme on peut. D'ailleurs si internet est bien fait, l'un de vous en commentaire va me filer un lien en me disant sèchement que je ne sais vraiment pas chercher.
La première des constatations, tragique, a été de m'apercevoir que le CD avec les Emmy Awards de 2006 ne fonctionne plus. Je pense que ç'aurait une plus grande espérance de vie, ces machins, zut alors.
La seconde a été, de rage, de dépit et de frustration, d'aller me découper tous les numéros d'ouverture des Emmys auxquels j'ai encore bel et bien accès dans ma réserve et d'ensuite les regarder en boucle. Ca m'a bien détendue.
Ils tournent toujours sur mon ordinateur alors que je rédige ce post. Je pense que les voisins en ont au minimum pour la soirée à m'entendre applaudir Neil Patrick Harris. Mais c'est une simple estimation ; à leur place je ne fonderais pas trop d'espoir avant la fin de la semaine.

EmmyWonderland

Bon, l'idée de ce post n'est pas tant de vous détailler mon délice chaque fois que la video suivante sur ma playlist aléatoire démarre, mais plutôt d'essayer de comprendre pourquoi je suis dans cet état-là, précisément, en ce moment.

La première des choses à savoir, c'est que je raffole d'absolument tout ce qui est lié aux Emmy Awards. La cérémonie est l'accomplissement de semaines, que dis-je ? De mois pendant lesquels lentement mais sûrement je guette les signes annonciateurs qui me confirment que la date se rapproche. Ce qui veut dire que si je suis intéressée par la soirée elle-même, naturellement, tous les épi-phénomènes ont tendance à piquer ma curiosité.

En ce moment, vote oblige, ce sont les différentes bannières affichées sur les sites (à l'instar de Deadline) qui murmurent le doux nom des Emmys à mon oreille une bonne douzaine de fois par jour. Comment voulez-vous résister ?
Quand je commence à voir ces promos quémandant des votes, je ressens un peu la même chose qu'un enfant qui découvre que les rues ont été pourvues de guirlandes en novembre, et qui en conclut que cela signifie que la soirée tant attendue est un toute petit peu plus à portée de clic. Bien souvent, ces photos n'ont guère plus d'intérêt qu'un simple poster promotionnel, voire même moins encore, et il n'y a pas de quoi s'électriser simplement parce que les mots "For your Emmy consideration" (ou les variations possibles à partir de là) s'affichent sur mon écran d'ordinateur. Et pourtant, c'est bel et bien le cas, tout simplement parce que cela indique qu'on est passés dans un stade concret de la préparation de la soirée.
Il n'est même pas nécessaire à mes yeux que ces promos portent sur des séries que j'aime et/ou que je regarde. Au contraire, l'un de mes plaisirs lorsqu'il s'agit des Emmy Awards est de prendre ce rendez-vous annuel comme une célébration globale de la télévision et de ses richesses.
Je garde toujours quelque part dans mon coeur l'émotion vive que j'ai ressentie la première fois que j'ai vu un extrait de l'épisode On the beach lors de la cérémonie diffusée par Série Club en 2002, pendant que défilait la liste des épisodes nommés dans une catégorie. A l'époque je n'avais pas encore vu l'épisode et j'ai été frappée par la puissance qui se dégageait pendant cette poignée de secondes. Les Emmy Awards sont l'opportunité de ressentir le même genre de révélation, peut-être, si on a de la chance. C'est pourquoi je suis contente que chaque série ait sa chance dans ces promotions mendiant la plus petite nomination, pourvu de faire preuve d'un minimum de réalisme (parce qu'il faut pas pousser, quoi, un Emmy ça ne se gagne pas avec un simple regard de velours).

ForYourConsideration-BreakingBad

D'après le calendrier fourni par le site de l'Academy of Television Arts & Sciences, le premier volet des votes s'achève à la fin du mois, et conduira à l'annonce des nominations à la mi-juillet. Là encore, j'adore suivre les nominations.
Jusque là je n'en ai jamais eu la possibilité, mais j'espère bien un jour pouvoir regarder leur annonce en live également, de la même façon que pour la première fois j'avais pu regarder la cérémonie en direct à l'automne dernier. Je suis à peu près convaincu que l'énumération de ces nominations n'a rien de commun avec le grand évènement dont je suis si familière, tant par la durée que la sophistication du "show", mais c'est vraiment une énergie que je voudrais pouvoir capter moi-même plutôt que simplement lire les compte-rendus ou voir éventuellement les extraits en ligne.
Je me demanderai toujours comment les professionnels nommés (ou non) réagissent à cette annonce, dans l'intimité de leur writer's room ou leur salon. Ma foi, il y a et il y aura toujours des limites à l'expérience qu'on peut faire des Emmy Awards, hélas.

Vous le voyez, je tiens les Emmy Awards en très haute estime. Ce qui est encore plus intéressant dans ma dévotion envers la cérémonie, c'est qu'elle lui est entièrement particulière.

Il est bon de noter que j'apprécie les cérémonies de récompenses en général ; comme chaque année d'ailleurs, les Tony Awards m'ont rappelé voilà quelques jours combien le théâtre est difficile d'accès dés que se pose la question de la géographie. Je ne saurai que vous conseiller de jeter au moins un coup d'oeil au numéro d'ouverture de cette année, tant qu'on en est à parler retransmissions télévisées.
Mais si je suis relativement bon public pour cette soirée et quelques autres, c'est de façon plus superficielle : j'attends simplement un show, et de repérer des visages connus. Il n'y a pas la même résonnance émotionnelle que pour les Emmy Awards dont j'ai pu parler dans des posts antérieurs.
Plus étonnant, je me tamponne royalement le coquillard de la cérémonie des Oscars. Je crois bien que cette année, avec la victoire de The Artist, était la première fois que j'ai regardé des acceptance speeches sur Youtube, et encore, deux ou trois, guère plus ; et je n'ai pas considéré un seul instant de regarder la cérémonie dans son intégralité. Mais bon, il n'est plus à prouver que mon attraction pour le cinéma est très, très relative.
Pire encore, je n'éprouve pas du tout la même chose que pour les Emmys lorsqu'il s'agit des Golden Globes, qui pourtant proposent des prix relatifs à la télévision. Mais il faut dire que je ne ressens pas du tout la même ambiance pendant cette soirée qui a le culot de se dérouler devant un parterre de convives attablés à un dîner ! Je ne plaisante pas, c'est vraiment l'un de mes problèmes avec les Golden Globes. Plus généralement, ces statuettes sont remises sur la base des votes de journalistes ; or à mes yeux une récompense n'a de prix que si elle est remise par vos pairs.
Je suis affreusement élitiste, vous le voyez, derrière mes yeux remplis d'étoiles à la simple mention des Emmy Awards.

En réalité, c'est même pire que ça puisque je ne regarde pas les Daytime Emmy Awards non plus (il faut dire que je ne regarde aucune série américaine diffusée en daytime, alors forcément), ce qui est je dois le dire une cérémonie qui pique ma curiosité mais que je ne suis pas sûre d'avoir la patience de regarder plusieurs heures d'affilées. Mais un peu de la même façon que je l'ai fait pour beaucoup d'autres choses par le passé, quelque chose me dit que ce petit blocage ne durera pas forcément. Un jour, la curiosité l'emportera...

Oui, les Emmy Awards sont la meilleure période de l'année, le grand évènement téléphagique auquel je suis fidèle, année après année. Et chaque année un peu plus, à vrai dire, l'ère de l'hyper-information aidant : notre accès aux tenants et aboutissants de cette cérémonie s'élargit constamment. Il est loin le temps où Série Club était ma seule source pour avoir accès à la cérémonie... Que de chemin parcouru en 10 ans de lune de miel sans cesse plus intense avec cette soirée exceptionnelle si cher à mon coeur !

...L'année dernière, j'avais essayé de partager mon enthousiasme pour l'évènement à travers des anecdotes sur l'histoire des Emmy Awards, que vous pouvez retrouver sur SeriesLive.

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Vous vous en doutez, je vous reparlerai encore de nombreuses fois de cette cérémonie. Par exemple quand j'aurai trouvé une copie de l'émission de 2002 ?
C'est pas grave. Il fallait que je le tente...

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12 juin 2012

Series finally

Ah, nous y voilà ! Enfin ! Bunheads a démarré hier soir sur ABC Family, et vous savez ce que ça veut dire ? Qu'il reste moins d'une semaine avant un épisode inédit !!!

Bunheads-Finally

Je ne prétends avoir aucune sorte d'expertise en marketing, donc je me contente de juger en tant que spectatrice, mais cette histoire de balancer les pilotes en ligne par des canaux légaux plusieurs semaines par avance (une pratique qui tend à s'étendre à de plus en plus de séries depuis quelques années), ça me semble encore très perfectible.

Dans l'hypothèse où vous avez aimé le pilote (et c'est évidemment à souhaiter), vous vous retrouvez dans la situation intenable de devoir patienter plusieurs semaines jusqu'à la diffusion du series premiere sur la chaîne. Je suppose que l'idée est de faire monter le buzz en encourageant les reviews (sans compter évidemment l'activité sur les réseaux sociaux), mais on est en droit de se demander où est la gratification pour le fan ainsi nouvellement créé, qui, frustré, se retrouve à attendre plusieurs semaines... une pure et simple rediffusion.
Et on a déjà établi que c'était le mal.

Sauf que j'y repensais dans le cas de Bunheads parce que ce procédé, qui me met en rage, n'a pourtant rien de différent d'une autre démarche, en pratique.
Je suis la première à me ruer sur un preair, à plus forte raison pour avoir la joie de faire l'exercice de comparaison avec le "véritable" pilote ensuite (ainsi j'ai attentivement regardé les deux versions de Bunheads et suis en mesure, pas moins de 7 visionnages plus tard, d'attester avec la plus grande autorité qu'il n'existe aucune différence !). Chaque été je me mets en chasse du plus petit leak, fût-il parfois relativement consensuel, et je garde un tendre souvenir de nombreuses séries que j'ai commencées de la sorte (pas toutes, puisqu'à l'instar de True Blood, il est des séries pour lesquelles on ne peut contraindre mon enthousiasme).
Incidemment je commence à peu près maintenant à organiser ce genre de chasse (vous savez : quand les compteurs des disques durs commencent à s'éclaircir ?), donc là on peut dire que je suis au coeur de la question. Et ça ne me dérange pas le moins du monde, j'y prends au contraire le même plaisir que quand je me mets dans la tête de dégoter un pilote unsold, par exemple, ou que je décide de me bloquer deux heures pour trouver le premier épisode d'une série obscure diffusée il y a plus d'une décennie (cet aprem c'était Citizen Baines, par exemple, et d'ailleurs l'appel est lancé, au passage, parce que j'ai échoué lamentablement dans ma quête).

Mais qu'une chaîne décide de sortir légalement le premier épisode plusieurs semaines par avance, et je le vis très mal. Il faut dire que je suis assez peu réceptive au concept de patience en général (mais peut-être l'aviez-vous remarqué).
Quelque part dans mon esprit tordu, je pense que je le prends comme un affront parce qu'il me semble qu'on fait exprès de m'exciter, pour ensuite me laisser dans la plus totale frustration. Ca doit être quelque chose de cet ordre-là.

Pourtant dans les faits, les résultats sont les mêmes.
C'est même pire pour un preair, qui souvent est séparé d'un mois minimum de la date de lancement, plus souvent deux et plus (je me rappelle encore du preair de Pushing Daisies, c'était un soir de juillet, que de souvenirs... or le series premiere a été diffusé par ABC en octobre, et vous ne m'aviez pas entendue me plaindre, ou si peu) ; les chaînes sont attentives à ne pas laisser une trop grande période d'attente entre leur diffusion sur internet et celle sur leur antenne, donc au final, l'avantage leur revient, quelque part.
Mais voilà, émotionnellement, si je puis dire, on n'aboutit pas au même résultat. Je n'en garde pas rancune envers les séries concernées pour si peu (je maintiens par exemple que House of Lies a été l'une des meilleures séries du début de l'année), mais le procédé me heurte quand même.

Devoir attendre près d'un mois entre le pilote et le second épisode, ça va quand c'est moi qui en fais le choix, mais quand c'est la chaîne qui me l'impose, ça ne prend pas encore totalement. Il est probable que l'impression d'avoir réussi à "filouter" le système participe à la sensation d'accomplir une mini-victoire (de salon, on est bien d'accord), quand l'autre me met dans une position inconfortable de proie d'une opération qui attend de moi que je fasse la promo d'une série à la place de ceux qui devraient faire la promo de la série.
Tout est une question de point de vue, en somme. Mais il est certain que cette méthode n'a pour l'instant pas que des avantages, du point de vue du spectateur, qui se sent un peu comme une blogueuse mode ou beauté à qui on envoie des échantillons. Ne ressent-il pas comme une obligation de se faire le champion de sa découverte ?

En-dehors de ces considérations, je me demande si cette manoeuvre a jusqu'à présent eu beaucoup de succès du point de vue des chaînes. Si quelqu'un a de la lecture à me suggérer depuis le sujet, je ne demande qu'à chausser mes lunettes et me pencher sur la question. Peut-être que si j'avais l'impression que ça fait une différence, je le vivrais différemment...

11 juin 2012

So long

Chose promise, chose due, j'ai donné une nouvelle chance à Longmire. Je passe rapidement sur la déception qui a suivi la découverte de l'absence d'un générique (sérieusement, quand sortira-t-on de cette mode ridicule ? Comment est-il possible que tant de producteurs n'aient toujours pas recouvré leurs esprits et réalisé ce que peut faire un bon générique pour une série médiocre ?), pour m'étendre sur les pistes que je surveillais en particulier à l'issue du pilote.

Longmire-Second

Déjà, l'entrée en matière digne du plus cliché des épisodes des Experts, c'était mal barré. La découverte d'un corps s'est fait avec encore moins d'élégance que dans le premier épisode. En fait on réalise vite que la quasi-totalité de l'épisode, en-dehors de 2 à 3mn maximum, est consacrée à l'enquête, ce qui a tendance à refroidir.
Ainsi non seulement l'exposition est finie et bien finie, mais les pistes montrées dans l'épisode inaugural sont copieusement ignorées.

La rivalité avec Connally, notamment, est mise à l'arrière-plan. C'est une grosse déception parce que non seulement ça permettait d'avoir une intrigue sortant du format procédural, mais en plus il était intéressant d'assister à cette campagne pseudo-politique dans un petit patelin perdu, loin des habituelles élections qu'on a déjà vues être racontées pendant de longs épisodes, voire de longues saisons. Longmire refuse nettement, dans ce nouvel épisode, d'avancer sur ce terrain, même si le trailer annonçant l'épisode suivant semble y faire légèrement plus référence. Ce qui est certain en tous cas, c'est qu'il est hors de question de traiter cet angle plus dramatique que policier de façon prioritaire. Le procedural l'emporte, et c'est un véritable inconvénient à mes yeux. On a bien trop soupé de séries de ce genre pour que j'accepte de m'en cogner une de plus, surtout si elle fait si peu d'effort.

L'amitié avec Henry est elle aussi largement mise de côté. C'était plus prévisible, par rapport. Cette amitié étant ancienne, et visiblement inébranlable, il n'y avait pas de raison pour qu'elle occupe le devant de la scène chaque semaine. Dans cet épisode, elle est majoritairement employée en tant qu'outil pour les investigations du Shériff Longmire, d'une part dans son enquête professionnelle, et d'autre part pour ses interrogations personnelles vis-à-vis des relations de sa fille. Clairement, Henry est plus un informateur qu'autre chose, un petit gadget scénaristique qui ne donne pas toujours les renseignements cherchés de façon litérale, mais qui permet à l'intrigue de progresser tout de même.
D'ailleurs on notera que les conflits avec la réserve indienne ont totalement été mis de côté cette fois-ci, au profit d'un passage par la communauté Amish (guère plus accueillante, avouons-le). Il faut croire que ce n'était qu'un prétexte et non un véritable axe de la série.

Tout n'est pas à jeter dans Longmire, cependant.
Déjà parce que la blessure de son héros se manifeste de façon plutôt intéressante, même si très rare dans ce second épisode qui n'en fera mention que sur la fin.
Et puis surtout, et d'une façon plus générale, je ne suis pas restée insensible à la façon dont le héros semble porter le deuil de ceux sur lesquels il enquête. La tristesse du personnage m'a semblé plus palpable, plus permanente que dans le pilote. Une attention soutenue est également accordée à la façon dont les différents protagonistes réagissent à l'annonce d'un décès. J'ai mentionné plus haut Les Experts, mais c'est quelque chose que ce procedural n'a à mes yeux jamais réussi à faire : maintenir une forme d'émotion au long des enquêtes. Parce que le personnage est lui-même brisé par son veuvage, il est plus attentif à ses choses-là et j'ai trouvé ces différentes scènes très réussies. La série n'a pas peur de prendre le temps de montrer cette part-là des enquêtes, et je trouve ce choix plutôt courageux. Il ne fait aucun doute que si je devais poursuivre Longmire, cet ingrédient serait l'élement majeur de ma persévérance.

Mais à l'heure actuelle, je ne suis pas trop sûre de continuer. J'ai beau être particulièrement réceptive à la façon dont Longmire s'attache à tirer une émotion véritable de ses affaires, les affaires elles-mêmes ne revêtent pas grand intérêt. Pire encore, Katee Sackhoff nous gratifie dans ce second épisode d'une très gratuite scène dans un club de strip tease (ah, tous mes lecteurs de sexe masculin viennent de lancer le cagoulage de l'épisode ; bon, ça aura au moins servi à ça...) qui n'apporte strictement rien à l'intrigue si ce n'est quelques regards lubriques de vieux spectateurs qui commençaient à roupiller devant l'enquête.

Au bout du compte, le véritable point fort de cet épisode, c'est que je regrette infiniment qu'aucun drama ne nous ait emmené en terre Amish durablement jusqu'à aujourd'hui. Je crois notamment que le rite de rumspringa (déjà mentionné ponctuellement dans plusieurs fictions, mais c'est la première fois que j'en mémorise le nom) ferait un bon sujet de mini-série. Et puis, si c'est possible pour les Mormons, ça devrait l'être aussi pour les Amish, non ? Je doute qu'il y ait grand'chose à attendre de Banshee étant donné son pitch sur le sujet, mais ce deuxième épisode de Longmire m'aura au moins permis d'attendre avec juste un degré d'impatience supplémentaire le lancement de la série d'Alan Ball... Ce qui, en soi, est déjà un exploit. On fait avec ce qu'on a.

10 juin 2012

Rien à sauver

Le défi était grand, en entendant parler pour la première fois de Saving Hope, de ne pas faire de rapprochement avec Grey's Anatomy. Personnellement je n'ai jamais réussi à m'ôter de la tête combien il ne pouvait être un hasard que des histoires de coeur se déroulent dans un hôpital ; le twist du personnage en état de locked-in syndrome étant à mes yeux plus un point de vue qu'un véritable axe narratif. Sans compter que j'ai toujours trouvé un petit air de ressemblance entre Durance et Pompeo.
C'est le problème que j'ai quand je suis un projet depuis longtemps : je forme des idées préconçues à son sujet. Vous comprenez mieux pourquoi j'essaye de me tenir à distance de ce genre de choses, à présent !

Alors du coup, le pilote de Saving Hope n'était pas franchement celui que j'attendais le plus cet été. Mais c'était un pilote, alors... ce qui devait arriver, arriva.

SavingHope

Le problème c'est que Saving Hope a l'air de vouloir faire son maximum pour me détromper, sans vraiment trop savoir comment faire.

Et ça se voit dés l'entrée en matière du pilote, qui après nous avoir montré l'accident qui va plonger l'un de ses personnages centraux dans le coma et l'autre dans la tourmente, décide de faire marche arrière pour nous ramener 12 heures plus tôt, dans une sorte de compte à rebours avant... avant ce qu'on a déjà vu, et plus encore. Si encore la scène d'ouverture de Saving Hope s'était contentée de montrer le début de l'accident de voiture, sans nous dire tout de suite qui en réchappait indemne ou pas, bon, passe encore (quoique très franchement, combien de téléspectateurs se calent les fesses devant le pilote d'une série sans en connaître au minimum le pitch ?).
Mais là où est le suspense ? En admettant que parfois, ce retour en arrière ait encore une utilité véritable au-delà de son aspect gadget (et après tout ça se produit encore), à quoi cette petite boucle narrative est-elle supposée servir à Saving Hope en particulier ? Qu'est-ce qui empêchait de raconter le déroulement des choses dans leur chronologie réelle ? Non seulement le rewind est un outil totalement suremployé dans de nombreux pilotes, mais en plus dans celui-ci, il n'apporte rien du tout, ni d'un point de vue émotionnel, ni d'un point de vue narratif.

Qui plus est, après que l'héroïne principale se trouve prise dans une telle zone de turbulences, il devient impossible de s'intéresser aux cas médicaux. D'un autre côté, vous me direz qu'ils n'ont rien de captivant ; mais de toute manière je ne suis pas sûre qu'on puisse encore beaucoup innover, après 15 années d'Urgences, dans le domaine. Le véritable problème c'est que chaque fois qu'Alex s'approche d'un patient, ou même de son ex, qui bien évidemment est réintroduit en grandes pompes dans sa vie, on a envie de lui hurler qu'elle a quand même d'autres choses dont se préoccuper.

Pendant ce temps, son cher et tendre, Charlie, arpente les couloirs de l'hôpital en nous affligeant d'une voix-off qui, là aussi, est un procédé suremployé dont on a déjà bien soupé ces dernières années. On ne peut pas dire qu'il apporte quoi que ce soit aux intrigues, que ce soit lorsqu'il rencontre un patient décédé dans un couloir ou bien lorsqu'il commente l'aspect professionnel du métier de chirurgien, exactement comme un certain docteur Grey de notre connaissance (oh, c'est donc là que se loge l'originalité, ce n'est pas la nana qui officie comme narratrice ! Brillant ! Révolutionnaire !).

Pour beaucoup de séries nord-américaines, on a tendance à aborder le pilote en ayant, plus ou moins consciemment, la curiosité de savoir comment le pitch peut être étiré sur plusieurs saisons, parce que nous avons été éduqués à penser qu'une série se doit de se prolonger sur le très long terme. Les networks ont d'ailleurs la fâcheuse manie de ne pas savoir lâcher un succès et à le faire artificiellement durer en raison des exacts même réflexes. Je trouve souvent que c'est un tort, peut-être en raison d'une déformation due à de nombreuses séries asiatiques n'ayant vécu qu'une saison et ne s'en portant pas plus mal.
Ici, la question n'est pourtant même pas de définir comment Saving Hope peut durer plusieurs saisons. Dans le cas ici présent, la problématique est pire encore : même avec l'aide de la bande-annonce de l'épisode suivant, j'ai du mal à me figurer comment tout cela peut nous tenir pendant 13 épisodes. Toute une saison comme ça ?
En faisant abstraction de l'omniprésence des filtres de couleur (que ne renieraient pas les célèbres séries produites par Bruckheimer), de l'effet de lens flare permanent (et réellement aveuglant de mon point de vue, j'en arrivais à regarder certaines scènes en plissant les yeux), et des intrigues médicales vides, que reste-t-il à Saving Hope qui justifie de tenir l'antenne pas moins de 13 semaines ? Comment jouer sur le pathos suffisamment longtemps sans perdre ses derniers lambeaux de crédibilité ?

Alors, à part le plaisir de retrouver Michael Shanks à l'écran, il n'y a pas la moindre bonne raison pour poursuivre Saving Hope au-delà du pilote... A moins de vraiment avoir très peu d'estime de soi, et d'estimer que regarder une série qui ne fonctionne que par l'utilisation de poncifs soit divertissant, auquel cas je ne peux plus rien pour vous.

9 juin 2012

La bonne cuisine française

 

Laissez-moi essayer de faire le calcul. Voyons, c'était quand la dernière fois que j'ai regardé toute une saison d'une série française ? Je me rappelle vaguement de m'être fai une intégrale en 1952... après... Bah après, un gros blanc ; pas mal de pilotes mais sans plus... et évidemment cette année, il y a eu les deux premières saisons du Visiteur du Futur et l'intégrale de Hénaut Président. A part ça... à part ça, pas des masses, non.
Mais je fais des efforts ! J'essaye vraiment de vivre "ma prochaine grande aventure" avec la télévision française ! Je me suis même cogné une demi-saison de Workingirls, ça veut dire quelque chose, non ?

Là, ça m'a pris quelques jours, et parfois un peu de courage, mais j'ai été au bout de la première saison de Kaboul Kitchen.

KaboulKitchen

Avec les premiers épisodes, je l'avoue, j'ai eu un peu de mal. Principalement parce que j'ai été déçue : le sujet choisi par Kaboul Kitchen était bon, ainsi que le choix du format dramédie. Sauf que ce choix n'était pas trop assumé dans un premier temps, prenant un peu les choses à la rigolade et sans vraiment exploiter l'ambiguité du lieu. Le Kaboul Kitchen se présente avant tout comme un lieu de débauche où on peut tout prendre à la légère, où les locaux sont un peu faciles à manipuler, et où très franchement, seul un Français trouverait à râler dans de telles conditions. Il faut attendre une bonne moitié de saison, minimum, pour que le danger commence à être tangible. Or, ce n'est que dans la configuration d'un contexte angoissant que l'humour de Kaboul Kitchen peut réellement fonctionner, et sortir de la caricature.

Cette dernière est d'autant plus difficile à accepter qu'en-dehors du personnage (très) secondaire de Sayed, il n'existe pas vraiment d'Afghan qui se pose comme un protagoniste sérieux de l'histoire. Les autres sont soit complètement serviles et idiots (comme le petit Habib), soit des gros lourds qui ne pensent qu'avec les armes et l'argent (le général Amanullah, qui ironiquement sera le seul à pointer du doigt les a priori des Français : "Vous les Occidentaux, vous venez ici avec du folklore plein la tête ; vous vous dites que nous les Afghans, on est un peuple archaïque, fier, sanguinaire... et dés qu'il y a un problème, on sort le couteau dans la gorge, et deux balles dans la tête"... et qui sera l'exacte incarnation de cet archétype), ou bien simplement des personnes portées sur la religion mais dont les convictions sont toujours négociables (les gens du quartier, mais aussi le personnel du Kaboul Kitchen). Il y a donc quelques relents de colonialisme dans cette façon de mettre toujours les Blancs dans le rôle des gens finauds, et c'est un peu dérangeant ; même sous couvert de l'humour, il y a quand même des choses qui méritent de sortir du stéréotype.

Le bon côté, c'est que même si Jacky s'en met sans cesse plein les poches, son cynisme lui permet d'écorcher un peu l'Occidental convaincu d'être en pays conquis. C'est également le rôle de sa fille Sophie, qui débarque avec des idéaux plein la tête (et également la ferme intention de faire chier son paternel) et qui va découvrir le monde des ONG, c'est pas non plus la panacée. A Kaboul, tout le monde doit être prêt à faire de petits arrangements avec la vérité, à négocier pour vivre à peu près tranquille, et à accepter les concessions sur les grands principes.

La relation entre Jacky et Sophie met d'ailleurs du temps à prendre de la consistance ; ils passeront les premiers épisodes à se croiser uniquement pour croiser le fer vite fait, puis repartiront chacun de leur côté. Là encore, la première saison de Kaboul Kitchen met du temps avant d'exploiter correctement son tandem central. Elle parvient à le faire juste à temps pour ne pas totalement décrédibiliser son final, mais ça s'est vraiment joué de peu.
On a d'ailleurs l'impression que la série ne sait pas trop où elle va de son côté, et que finalement, lier les deux personnages l'un à l'autre aussi peu que possible l'arrange dans une certaine mesure. D'abord ils s'engueulent, ensuite font la trêve, pour que la mère de Sophie (et ex de Jacky) débarque tout d'un coup... on ne sait pas trop si c'est du lard ou du cochon, pardonnez-moi l'expression. Il manque peut-être quelques réelles scènes de tendresse, un peu de finesse en somme, dans ce monde de brutes. Mais l'émotion n'est pas le fort de Kaboul Kitchen, c'est net.

KaboulKitchen-Jacky

Il n'y a pas photo : le héros de Kaboul Kitchen, c'est Jacky, interprété par Gilbert Melki. Il incarne parfaitement l'expatrié français sûr de lui mais râleur quand même, peut-être même un peu par principe parfois. D'ailleurs, le jeu de Melki, c'est 90% de grognements, mais c'est à vrai dire ce qui donne aussi tout son sel au personnage. En dépit de l'omniprésence du personnage (et du charisme de l'acteur, difficile à ignorer), la série parvient progressivement à mettre en place un véritable ensemble, qui fonctionne plutôt bien, même si l'équilibre entre les personnages met un peu de temps à s'établir. Ainsi, le photographe Damien, qui au début semble n'être qu'un second rôle à vocation de comic relief, prend tardivement de la consistance, là où Axel ne prend jamais totalement l'essor qu'il aurait dû, de par sa place auprès des personnages de Jacky et de Sophie, mais aussi du général qui devient un véritable pilier de la série.

L'avant-dernier épisode est à mon avis le plus réussi. C'est celui qui tire le mieux parti du contexte de l'Afghanistan et qui, en même temps, propose de vraies scènes drôles, voire hilarantes, sans délaisser ses personnages. La fin de saison est en revanche un véritable chantage au renouvellement, avec quelques ficelles un peu grossières pour laisser le spectateur au bord de son siège.

La série a encore quelques défauts bien français, notamment dans les dialogues ou dans les crises d'hystérie ponctuelles, de véritables cancers pour la fiction frenchie pour lesquels, là non plus, on n'a pas trouvé de remède à l'heure actuelle. Il m'est encore difficile de regarder une série française comme une série tout court (et c'est un phénomène que je n'ai réussi à expérimenter qu'une seule fois avec un film français à ce jour), mais globalement, je me suis relativement amusée avec Kaboul Kitchen, dont la mission, offrir une véritable dramédie française avec un sujet culotté, se remplit donc tant bien que mal. Il m'a semblé clair que la série avait besoin de temps pour trouver la bonne tonalité, elle l'a pris, elle a parfois erré, mais j'ai bon espoir pour la saison 2 maintenant que ces expérimentations sont passées. Je serai au rendez-vous, et je pense même incorporer le DVD à mon planning d'acquisitions. De mon point de vue, ça en dit long...

Ce post étain programmé à l'avance, faites semblant de rien, on se retrouve demain pour un post de première fraîcheur.

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8 juin 2012

Une époque formidable

On vit une époque formidable, non ? Bon alors évidemment, la musique est pourrie (du moins c'est ce que vous répètent vos parents et quelques autres aigris), la mode est moins exubérante, ce genre de choses, bon. N'y revenons pas, ça plus les histoires de crises économiques mondiales, c'est clair, il y a des inconvénients. Mais à part ça ?
A part ça c'est formidable ! On vit à une époque où téléphagiquement, les télévisions de la planète échangent comme jamais ! Outre les co-productions qui font florès, outre les séries qui se font, se défont et surtout se refont d'un pays à l'autre... on a surtout la possibilité de vivre dans un monde de perméabilité totale. Et ça c'est une chance !

Tenez, prenez un exemple. Les séries pour ados, mettons.
Totalement au hasard.

Le boom est né aux USA, où Disney lancé un modèle de produits basés sur un concept, l'ado qui chante. Résultat : Hannah Montana en 2006. Ah on en a bouffé. Mais n'empêche ! Le sitcom pour la jeunesse faisait ainsi son grand retour sur le devant de la scène, après avoir été un peu relégué au second rang par les primetime soaps hebdomadaires et assimilés qui avaient été si populaires depuis Beverly Hills.
Mais de par la perméabilité des écrans internationaux, qu'est-ce qui s'est passé ? Plein de séries vaguement musicales d'une demi-heure sont nées un peu partout ! Pourquoi ? Parce que le business c'est le business, et que la cupidité n'a pas de nationalité. Et c'est comme ça qu'en Argentine, la société de production Ideas del Sur d'est dit : ah tiens, si je lançais moi aussi une héroïne avec des penchants vaguements musicaux ? Et c'est ainsi qu'est née Patito Feo un an plus tard. Sauf qu'on était en Argentine et que du coup cette série a été diffusée au format telenovela ; en quotidienne, donc, et sur un format de 45mn. D'ailleurs la branche latino-américaine de Disney ne s'y est pas trompée, et a ensuite fait main basse sur cette série pour la diffuser sur tout le continent sud-américain. Mission accomplie.
Il y en a eu plein d'autres qui ont suivi, comme les vénézuéliennes Isa TKM ou plus récemment Grachi, chez la concurrence, Nickelodeon Latinamerica. Et ça a fait un carton. De son côté, MTV Latinamerica a flairé le truc et a lancé également des telenovelas pour ados, genre Niñas Mal.

Tout ça commençait à tellement bien marcher, en fait, qu'au lieu de garder les histoires de chansons, mettons, qui avaient permis à la recette de s'exporter et d'inspirer de nouvelles tendances, c'est le format qui a commencé à voyager, plutôt que le pitch. Et c'est comme ça qu'à peu près à l'autre bout de la planète, la série fantastique Het Huis Anubis voyait le jour sur les écrans de Nickelodeon en Belgique et aux Pays-Bas, également au format telenovela.
Et là encore ça a bien marché. Alors qu'est-ce qui s'est passé ? Pas bête, Nickelodeon a repris son format et l'a adapté pour son marché allemand, et puis pour son marché nord-américain tant qu'on y était, et ça a donné notamment House of Anubis. Et ça a plutôt bien marché.

Mais mieux encore, vous savez ce qui s'est passé ensuite ? D'autres diffuseurs américains ont commencé à être intéressés par le format telenovela pour la jeunesse. Ma foi, si ça marche pour Nickelodeon, pourquoi pas moi ?
Et puis des telenovelas pour les ados, après tout, il fallait y penser ! C'est tellement moins risqué que des telenovelas pour le public adulte, qui est moins ouvert aux changements de format et qui a ses petites habitudes... sans compter les exigences en termes de narration et de production value (tandis qu'une telenovela pour ados, ça coûte pas très cher à faire). Alors plusieurs chaînes à destination du public adolescent ont commencé à faire leur marché parmi les telenovelas de la planète : ABC Family a acheté les droits de La Pecera de Eva (bon pour l'instant on n'a pas des masses de nouvelles), Telemundo a décidé d'adapter Fisica o Quimica... et même des séries préexistantes se sont adaptées, comme Degrassi.

Alors, que ce mois-ci, nick@nite décide de lancer son propre primetime soap, intitulé Hollywood Heights (elle-même une adaptation d'une telenovela de Televisa), avec l'espoir de le diffuser en quotidienne les soirs de semaine, ce n'est pas très étonnant. Je vous le disais, on vit une époque formidable. Bah si. Vous êtes bien obligés de le reconnaitre.
Si les épidémies se transmettaient et mutaient aussi facilement que les séries, on serait dans la merde, par contre, ça je le reconnais.

HollywoodHeights

Hollywood Heights ne démarrera que dans une dizaine de jours sur la chaîne, mais nick@nite propose déjà le premier épisode via iTunes depuis lundi, et évidemment il n'a pas fallu attendre longtemps avant de pouvoir trouver ce pilote un peu partout.

Et effectivement, sans aucune équivoque, on est en présence ici d'une série tournée exactement dans les conditions d'une telenovela. La réalisation est à ce titre parlante ; la vraie chance qu'on a dans le cas de Hollywood Heights, c'est qu'il n'y a pas de doublage pourri.
Pour le reste, tout est similaire, ce qui veut dire qu'on est quand même dans quelque chose de plus haut de gamme qu'un sitcom pour ados en classique multi-camera. Ici il donc est clair que la production est dans la tranche haute de ce qu'on propose aux ados sur une chaîne comme Nickelodeon (avec laquelle teen@nite partage son antenne), avec un budget forcément serré qui ne permet pas d'atteindre le niveau de "raffinement" d'une production hebdomadaire (visible par exemple sur The CW ou ABC Family), mais sans avoir à rougir du résultat final.
Si ce n'était pour quelques acteurs franchement médiocres (essentiellement dans des rôles secondaires, genre les parents), l'épisode pourrait même faire illusion la majeure partie du temps.

Ce n'est d'ailleurs pas très étonnant. Derrière Hollywood Heights, il y a un véritable savoir-faire : la série est co-produite par Televisa (qui abritait la série d'origine), et des habitués du soaps à l'américaine sont aux commandes de la série : Jill Farren Phelps (dont la carrière recouvre près de 30 années d'expérience dans divers soaps de Santa Barbara à General Hospital, en passant par One Life to Live), titulaire de pas moins de 6 Emmy Awards, est présente en tant que productrice, et Josh Griffith comme head writer (outre la co-création de perles comme Sunset Beach, il peut justifier de 25 ans d'expérience dans diverses équipes de soaps). Plus intéressant encore, on trouve également à la co-production Hisham Abed, qui a travaillé sur de la télé réalité comme The Hills et son spin-off The City.
Ce mélange est une excellente idée, puisque cela permet de ne pas perdre de vue tant le format d'origine que le public de destination, a priori peu habitué aux telenovelas. A ce titre, la quête d'un produit plutôt actuel, sans trop vouloir faire djeunz, mais ne trahissant pas les recettes du succès qui ont présidé au choix du format telenovela, est palpable en permanence pendant l'épisode.

L'histoire est plutôt classique, et en l'occurrence la production a vraiment mis toutes les chances de son côté, sur le fond comme la forme : ici non seulement le format telenovela a été conservé, mais l'aspect musical a aussi été incorporé à l'intrigue qui, comme beaucoup avant elle (et pour cause !), semble plutôt être la réalisation d'un fantasme d'adolescente qu'un scénario à proprement parler. On me dirait que c'est adapté d'une fanfiction écrite par une ado en fleur de 14 ans que ça ne m'arracherait pas le moindre soubresaut de sourcil.
La petite adolescente qui chante timidement dans son coin et est folle amoureuse du chanteur du moment va se retrouver à son concert et le rencontrer pour de vrai, tandis que fort opportunément la petite amie dudit chanteur est écartée lentement... Il y a assez peu de suspense. On n'est pas venus pour ça, en même temps.

Car quand on lance le pilote de Hollywood Heights, on sait pour quoi on signe. Il ne s'agit pas d'innover, c'est d'ailleurs rarement le cas en matière de télévision pour adolescents de toute manière, mais bien de trouver une nouvelle façon de raconter des histoires qui sont, de toute évidence, universelles. La marge de manoeuvre est offerte par le format et non l'histoire.
Ne reste plus qu'à voir si le public ciblé accrochera à l'idée de se rendre tous les jours à 21h devant son soap qui ne dit pas son nom trop fort.

Et puis, de façon plus générale, cela rend d'autant plus amusant à observer la prochaine transformation des séries pour ados, d'ici une demi-douzaine d'années, et par où elle va passer ! On vit une époque formidable, faite de métissage télévisuel constant... on n'est juste pas obligés de tout aimer, mais ça n'en est pas moins fascinant.

8 juin 2012

To be continued... Suits

L'autre jour, j'ai jeté un oeil à mes prochains posts To be continued..., et le constat a été tragique. Je veux pas vous spoiler mais après le dernier en date, force était de constater que ça n'était pas en train de s'arranger. Du coup je me suis prise par la main, et j'ai décidé d'ajouter à ma liste un petit récapitulatif sur Suits, qui reprend la semaine prochaine.

Ce n'est pas la série du siècle, évidemment, mais enfin, c'est mieux que la série qui l'a précédée dans cette rubrique... et que celle qui suivra. Les temps sont durs, mes amis, voilà la vérité.

Mais d'un autre côté, Suits est une petite série légale bien sympathique, clairement dans la moyenne haute des séries estivales d'USA Network. Je considère de toute façon qu'un legal drama n'a pas de raison d'être s'il n'est pas intelligent, et Suits sait l'être bien souvent, ainsi que sympathique, humain et léger.
En gros c'est une série très, très sympa à laquelle on a affaire ici, alors on va essayer de se remettre dans le bain, ok ? Le contraire serait trop bête. Procédons donc, comme il est de coutume, selon l'équation 1 épisodes = 1 capture = 1 phrase...

Suits - 1x01
1x01 - C'est une belle bromance qui commence dans cette suite d'hôtel...

Suits - 1x02
1x02 - Le problème, c'est justement quand Harvey est impliqué émotionnellement dans une affaire !

Suits - 1x03
1x03 - La naissance (au forceps) d'un PDG.

Suits - 1x04
1x04 - Ils sont beaux, nos jeunes mariés...

Suits - 1x05
1x05 - Adieu Trevor ?

Suits - 1x06
1x06 - Rachel est-elle en passe de découvrir le pot-aux-roses ?

Suits - 1x07
1x07 - Toute la question est de savoir quel genre d'avocat est Mike (celui qui perd, apparemment).

Suits - 1x08
1x08 - Une autre journée au boulot, oh, vous savez, la routine : une affaire gagnée, un diplôme falsifié, un témoin tué par un avocat...

Suits - 1x09
1x09 - Harvey et Travis, où comment sortir le double-décimètre de façon un peu plus raffinée que la moyenne.

Suits - 1x10
1x10 - Question : l'un de ces hommes n'a pas menti sur son CV, lequel ?

Suits - 1x11
1x11 - Réponse : aucun.

Suits - 1x12
1x12 - Comme le chiendent.

Comme vous le savez, j'ai toujours eu un faible pour les avocats, alors je serai devant cette deuxième saison, qui d'ailleurs s'annonce légèrement plus longue.
D'ailleurs, vous avez dorénavant toutes les cartes en main pour vous rafraîchir la mémoire sur les épisodes de l'été dernier, alors pourquoi vous priver d'en faire autant ?

7 juin 2012

Un peu d'Éire frais

"The riskier the road, the greater the profit". Ce n'est pas moi qui le dis mais la sagesse populaire ferengi, qui ne me sort jamais totalement de l'esprit lorsque je fais mes emplettes en matière de séries. Et en l'occurrence, ça s'est toujours avéré vrai : prendre des risques, en téléphagie, est en général la meilleure façon de faire de formidables découvertes.
C'est ainsi que je n'ai pas vraiment hésité à m'acheter l'intégrale de The Clinic sans en avoir jamais vu une seule image. Plusieurs saisons d'un coup, ça pourrait faire réfléchir, mais vous allez le voir, le rendez-vous avec la série avait été trop souvent manqué pour que je laisse échapper cette opportunité.
Là, je viens de regarder le pilote et je confirme : le risque valait le coup.

TheClinic-Logo

Née à l'automne 2003 (cette date aura de l'importance ultérieurement, notez-la bien), The Clinic est une série dramatique et médicale irlandaise qui a duré sept saisons sur rté. En toute sincérité, la première fois que j'ai découvert son existence, j'étais en train de lutter pour trouver des séries irlandaises sur la toile, et je ne l'avais pas du tout dans ma ligne de mire, dont la cible était plutôt Raw. Comme souvent, j'ai relevé son nom et son matricule, puis suis revenue à l'objet de ma quête ; de ce côté-là j'avoue faire chou blanc depuis de nombreux mois maintenant, et les DVD de Raw sont devenus introuvables y compris via la boutique de la chaîne publique irlandaise. Bon.
Quelques mois plus tard, j'étais dans une période de fichage sur SeriesLive j'imagine, et je tombe sur le nom de cette série dans mes listings, notamment de par sa plutôt bonne réputation dans son pays natal. Comme souvent dans ces cas-là, je me suis mise en quête d'un pilote, sauf que ça a mis du temps à se réaliser, et quand ça s'est fait, j'étais passée à autre chose et j'ai décidé de le regarder "plus tard". Plus tard, chez moi, ça peut être dans une heure ou au prochain semestre, soyons clairs. Bon.
Plusieurs semaines passent et, alors que j'étais devant Threesome, je suis tombée sous le charme d'Amy Huberman (mais sincèrement, comment ne pas ?). Et là paf, ça me revient : elle était au générique de The Clinic ! Je ressort donc mes archives et extirpe le pilote de The Clinic de sa torpeur... avant de découvrir qu'il était corrompu et qu'en fait ce fichu fichier n'a jamais été lisible. Bon.
C'est donc vers la fin de l'année 2011 que finalement, je me suis prise par la main et que j'ai été voir où les choses se situaient côté DVD. Tout a un prix psychologique, n'est-ce pas ? Et vous connaissez l'attachement que j'ai pour les pilotes. Alors, si le prix n'est pas déraisonnable, pourquoi ne pas tenter de faire l'acquisition de la première saison d'une série qu'on ne parvient pas à découvrir autrement, hein ? J'ai joué avec l'idée pendant quelques temps, surveillant plusieurs sites dont celui de rté.
Puis est venu Noël. Et à ma grande surprise, les saisons 1 et 2 de The Clinic, si elles apparaissaient dans certains catalogues en ligne, restaient assez chères... en comparaison avec l'intégrale, mise en promotion par rté pour les fêtes de fin d'année. Alors j'ai dit banco. Si acheter 7 saisons d'une série coûte moins cher que d'en acheter uniquement 1 saison, pourquoi se priver ? Combien de fois dans ma vie je vais avoir une opportunité pareille ? Bon alors avec mes histoires de carte bancaire, ça a pris plus de temps que je ne le pensais, j'ai bien cru que rté allait remonter le prix de ses coffrets... mais non. Donc nous y voilà, j'ai chez moi l'intégrale de The Clinic depuis la semaine dernière.

TheClinic-Entree

Du point de vue pitch, parce qu'on est quand même aussi un peu là pour ça, The Clinic n'est pas vraiment révolutionnaire. La série se déroule dans une petite clinique privée de Dublin, dirigée par les docteurs Ed et Cathy Costello, un couple marié qui vit dans la demeure qui abrite également la clinique. La Clarence Street Clinic a été cédée au couple par un ancien médecin, le Dr Fleming, aujourd'hui décédé ; la veuve du Dr Fleming vit d'ailleurs toujours dans un petit appartement à l'entresol de la clinique. Outre ces habitations, la clinique abrite également le cabinet de gynécologie d'Ed Costello, la consultation de médecine générale de Cathy Costello, mais également le cabinet du thérapeute Patrick Murray, celui de Susie Cassidy l'homéopathe, celui de la kiné Keelin Geraghty, plus la réception qui concernent deux postes à plein temps (la froide Fiona, qui fait partie des murs, et Áine, qu'il faut prononcer Onia, sur le point de partir en congés maternité), ainsi que le bureau du comptable Brendan Davenport et celui de l'infirmier Alex Walsh. Ouf ! Non attendez, à cela encore faut-il ajouter une femme de ménage et normalement, si je n'ai oublié personne, on a là un aperçu assez complet du personnel de la clinique.

Mais contrairement aux apparences, la Clarence Street Clinic n'est pas un lieu haut de gamme et spacieux ; c'est au contraire un pavillon assez grand s'il n'était qu'une habitation, mais qui, dans sa configuration professionnelle, n'est pas vraiment adapté à autant d'allées et venues. Tout le monde semble entassé en permanence sur plusieurs niveaux et dans des conditions pas franchement high tech ; il n'y a par exemple qu'une salle de chirurgie pour tout ce petit monde. Qui plus est, l'affaire n'est en réalité pas vraiment rentable, et la série s'ouvre alors que les comptes sont vraiment au plus juste.

C'est la raison pour laquelle Cathy Costello, qui est visiblement plus investie dans la gestion de la clinique que son mari, tient à faire entrer un nouveau spécialiste dans la clinique, un chirurgien plastique britannique, Dan Woodhouse, dont les honoraires devraient renflouer les caisses. Elle a également recruté sa lointaine cousine Daisy pour effectuer le remplacement d'Áine à la réception. Inutile de dire que ce n'est pas aujourd'hui que l'escalier exigu de la clinique va désemplir.

TheClinic-Ed

De toute évidence, ce sont ici les docteurs Costello qui sont les personnages centraux du pilote de The Clinic, et notamment Ed Costello qui est respecté et aimé de tous ; d'ailleurs, c'est ici son anniversaire. Mais l'épisode fonctionne réellement sur le principe de la chorale et il est tout-à-fait possible que la suite de la série s'écarte de lui à l'occasion pour prendre un autre focus, ponctuellement ou durablement ; en l'état actuel des choses ça n'est pas du tout impossible.
En tous cas très vite tout ce petit monde, dans cette ruche un peu datée qu'est la clinique, devient très sympathique.

Dés le pilote j'avoue avoir un faible pour Ed Costello. Il n'est pas seulement roux et irlandais, n'allez pas croire que ce soit simplement ça (mais c'est sûr que ça ne gâche rien), il est aussi un personnage facile à prendre en affection. Dans cet épisode inaugural, il va notamment avoir deux patients : l'un qui est un jeune accro aux médicaments qui a cambriolé la clinique, et qu'il va tenter de persuader d'entrer en cure de désintoxication, et l'autre est un couple venu le consulter en raison d'un problème d'infertilité. Dans cette seconde affaire, il sera mis face à un dilemme qu'il va gérer sans en faire des tonnes, mais avec sérieux et dévouement.
Au privé, c'est aussi un homme qui semble toujours d'humeur égale, qui a facilement un mot gentil pour ses employés, et qui est plutôt facile à vivre, surtout en comparaison avec son épouse Cathy qui est un tout petit peu plus coincée que lui (mais on l'a vu, c'est aussi parce qu'elle a pris en charge un nombre non négligeable de missions administratives).
Au bout du compte, Ed Costello n'est pas seulement un chouette gars : c'est aussi le genre de médecin dont vous apprécieriez la discrétion, la patience et l'attention aiguë pour le versant humain de sa profession. Et la rousseur. Non ? Que moi ? Pas grave.

L'introduction des autres personnages se fait de façon variable : longue pour certains, brève voire même déjà ancrée dans des intrigues pour d'autres. C'est ainsi le cas de Susie, dont nous faisons la connaissance alors qu'elle vient de passer la nuit avec un inconnu, un britannique qui vient d'arriver en ville... Les fidèles de Grey's Anatomy auront par la suite l'occasion de vite connecter les points entre eux et comprendre quelle intrigue attend notre homéopathe, cependant l'épisode a l'intelligence d'en jouer au lieu de jouer l'effet de surprise ridicule : Susie ne croisera pas le nouveau chirurgien esthétique de tout l'épisode, chacun menant sa petite vie sans se douter de rien, et surtout pas qu'ils vont bientôt travailler côte à côte ; il est cependant bon de noter que The Clinic est née avant Grey's Anatomy, et que cette ressemblance n'est en rien un emprunt à la fameuse série médicale américaine. Mais force est de constater que le fonctionnement de The Clinic rappellera aussi un peu, de façon éloignée, celui de Private Practice. Sans en avoir l'arrière-goût soapesque ni l'ambition de faire du grand spectacle (les intrigues médicales de la Clarence Street Clinic n'ont rien d'aussi exaltant, à première vue, que celles de l'imposant Seattle Grace, par exemple), The Clinic a donc tout ce qu'il faut pour plaire à un public qui apprécierait ces séries mais serait à la recherche d'un ton bien personnel et non d'un ersatz.

TheClinic-Fiona

Pourtant, très vite The Clinic parvient à trouver une identité propre, entre autres grâce à une intrigue très intéressante. On l'a dit, Ed Costello est apprécié par toute l'équipe de la clinique... et c'est bien ça le problème. Car la réceptionniste Fiona a développé à son encontre une obsession assez malsaine. Elle s'est mise dans la tête qu'elle vivait une liaison avec son patron...

Le pilote sera ainsi l'occasion pour elle de s'entretenir longuement avec le thérapeute de la clinique, auquel elle a été recommandée, et d'assister à un entretien où elle semble se confier sur sa relation avec Ed, le rapport de celui-ci avec son épouse dont à l'entendre il serait sur le point de divorcer, mais aussi de sa solitude. Le portrait est finalement assez terrifiant tant il est en décalage avec ce que l'on peut voir de sa place au sein du cabinet. Bien-sûr, avoir une psychopathe au cabinet est une intrigue qu'on voit aussi bien dans un thriller que dans un soap, mais son traitement est tel que pour le moment, on le prend avec sérieux, voire même avec un petit frisson dans le dos...

L'un des autres points forts des bases que pose The Clinic, c'est aussi ce personnage de vieille dame légèrement encombrante, la veuve Fleming, dont il est entendu qu'elle est là pour rester, même si c'est en dépit du bon sens, au nom du bon vieux temps et du respect dû à feu le docteur Fleming. Ses relations avec les deux docteurs Costello ne sont clairement pas les mêmes ; Ed partage avec elle une certaine tendresse, quand Cathy semble réaliser à quel point elle prend de la place (et fait occasionnellement des boulettes), devenant presque une charge pour le personnel de la clinique. Si cet aspect est développé, cela peut donner une intrigue sur la vieillesse, mais aussi une relation très touchante sur le long terme, et je confesse que c'est l'un des axes qui, derrière ses ressorts parfois tragi-comiques (sans jamais virer au bouffonesque, car l'humour occasionnel de la série reste subtil), peut ouvrir des perspectives vraiment efficaces d'un point de vue dramatique.

Plus généralement, ce premier épisode pose les bases d'un lieu confiné et foisonnant de personnalités variées, avec un don véritable pour les scènes de groupe qui respirent l'énergie et la sincérité. Le poste d'accueil de la Clarence Street Clinic s'impose d'ailleurs vite comme un point névralgique de la série, où se croisent à la fois les praticiens et les patients, dans une sorte de chaos banalisé dont seule Daisy, nouvelle arrivée, semble saisir le ballet frénétique.

On en arrive donc au moment où je vous parle du DVD de The Clinic. Sur le site de rté, on peut actuellement le trouver à 14,99€ ; avec les frais de port, cela nous donne 23,99€. Pour 7 saisons, c'est éminemment raisonnable, je vous le disais. Le coffret a été commandé par mes soins le 23 mai ; le 24 il était mis dans l'avion (c'est pas juste le mail de suivi de rté qui le dit mais le cachet de la poste irlandaise) et le 31, il m'attendait dans ma boîte aux lettres. Je sais pas si c'est parce que je suis habituée à la commande de coffrets australiens, mais ça m'a semblé un plutôt bon délai !!!
Cependant, deux choses sont à noter. D'abord, que le coffret DVD n'est franchement pas sexy. Pour tout vous dire, les DVD sont disposés dans une sorte de livre constitué de pochettes en cartons reliées sur lesquelles les profils des différents personnages de la série sont affichés ; le package est minimaliste, donc, pour ne pas dire un peu cheap. Mais d'un autre côté, impossible pour les CD de se balader dans la boîte comme ça m'est parfois arrivé, et aucun risque de péter le plastique ! (oui j'ai décidé de voir le verre à moitié plein)
Qui plus est, la série ne dispose d'absolument aucun sous-titre, pas même anglais ; il faut se dire que ça aide à se forger une oreille pour les accents ? Ah, et pas de bonus non plus, mais personnellement je les regarde rarement. Après tout j'ai envie de dire qu'il y a une question de rapport qualité-prix, mais je vous laisse seuls juges, comme d'habitude, je ne fais que vous apporter les éléments.

J'espère en tous cas avoir pu vous faire partager un peu de ma découverte. Si certains parmi vous sont intéressés, j'ai, hm, conservé le premier épisode, et je peux donc, hm, entre autres, vous proposer le générique. Entre autres. Si vous me suivez...
En tous cas je me dis que j'ai fait une plutôt bonne affaire, et à raison d'un épisode par-ci par-là (The Clinic en compte 66 au total), ça peut faire une fin de journée plutôt agréable, dans un univers à la fois confortable de par son pitch assez classique, et son univers un peu plus intimiste que beaucoup de séries médicales américaines que j'ai pu voir à ce jour. Expérience concluante. La sagesse ferengi l'emportera décidément toujours.

6 juin 2012

Difficile à justifier

On aurait pu espérer que du Kentucky au Wyoming, il n'y aurait pas loin (au moins téléphagiquement parlant).
Eh bien non, Longmire n'est pas un nouveau Justified. Loin de là. Les comparaisons sont difficiles à éviter, et pourtant elles se font systématiquement au détriment de la nouveauté d'A&E, qui peine à s'installer dans un paysage audiovisuel auquel elle n'a rien à apporter.

Ce n'est pas que le pilote soit mauvais. C'est simplement qu'il n'est pas bon ; et on ne peut pas se permettre de ne pas être bon quand la concurrence a déjà réussi à faire cent fois mieux.

Longmire-Pilote

Le plus gros tort de la série vient de son format (forcément) policier. Or l'enquête de ce premier épisode n'est pas très originale, voire même franchement stérile, à un tel point qu'on ne voit pas trop comment cet angle de la série pourrait s'arranger avec le temps. Les éléments de l'enquête sont, à dessein, disséminés avec une lenteur insoutenable, pour éviter que la résolution ne se fasse trop vite, et ainsi légitimer la durée de l'épisode, au lieu de l'exploiter.
Alors soit, Longmire ne veut pas jouer sur une dominante policière, c'est tout-à-fait respectable et ce n'est pas moi qui la blâmerai. Mais qu'en est-il du reste ?

C'est là que se logent les bons points de ce pilote. Grâce à cette affaire dépourvue de tout intérêt précédemment évoquée, Longmire parvient tout de même à donner la substance de son contexte, et en tirer quelques qualités qui lui évitent le ravin.

Ainsi, le personnage de Walt Longmire, s'il est assez classique dans son comportement de cow boy solitaire qui estime que les actions sont plus parlantes que les mots, possède une blessure qui le rend, à défaut de sympathique, au moins intéressant, à plus forte raison lorsque cette blessure s'exprime dans des moments inappropriés.
La mort sur laquelle il travaille permet également d'apprendre à connaître les forces en puissance, avec la réserve indienne d'un côté, et l'ennemi intérieur que représente Connally, l'un des membres de sa propre équipe. De la même façon, son amitié avec l'Indien Henry Standing Bear est l'occasion de quelques interactions qui ne sont pas dénuées d'intérêt.

Le problème est tout justement là, dans le fait que rien ne vous tirera de rire narquois en vous disant que vous êtes tombés sur une grosse bouse ; mais comment prendre au sérieux Longmire quand tant de choses semblent n'être que le recyclage d'ingrédients qu'on connaît si bien ? La série n'a aucune forme d'originalité à apporter aux thèmes cent fois vus et revus, et qui justement ont trouvé une nouvelle jeunesse avec Justified.
Les dialogues pas trop mauvais, la réalisation pas trop mauvaise, le cast pas trop mauvais, tout ça ne donne pas très envie de poursuivre, et pourtant bien malin celui qui trouvera un reproche concret à formuler à la série.

Le seul espoir de Longmire est probablement d'emprunter une route aussi feuilletonnante que possible, étant donné les éléments installés dans cet épisode inaugural.
Mais à ce stade, difficile de déterminer à ce stade si la série penchera plutôt du côté procédural, ou tirera partie des pistes lancées pour en faire le coeur de son intrigue. Ou pire, si elle décidera de s'en servir comme d'un pseudo-fil rouge, comme il est si tentant de le faire pour beaucoup de séries, à plus forte raison si elles sont diffusées pendant la période estivale, réputée (à tort ou à raison) d'une exigence inférieure.

Longmire n'entrera pas dans les annales, c'est sûr, mais il ne tient qu'à elle d'éviter de faire mourir son public d'ennui en accentuant son côté dramatique. Pari lancé, je tenterai au moins le deuxième épisode avant de déterminer quel sort lui réserver. Mais au-delà, si elle poursuit sur cette lancée sans corriger le tir, continuer à regarder la série va devenir difficile à expliquer.

5 juin 2012

Le bénéfice du doute

SuiteiYuuzai

Chaque année, WOWOW nous gratifie d'excellentes séries, et pourtant à chaque fois, peut-être de par leur brièveté, je fais l'impasse sur des posts de bilan sur ces dorama d'exception. Eh bien pas cette fois !
Certes, Suitei Yuuzai me tentait moins, cette saison, que Tsumi to Batsu (pour laquelle apparemment les sous-titres ne sont pas à espérer dans un avenir immédiat). Mais après tout, certaines des séries que j'attendais se sont révélées décevantes, à l'instar de Kaeru no Oujosama puis, au bout de quelques épisodes, Cleopatra na Onnatachi (on y reviendra, soyez-en sûrs), alors pourquoi s'arrêter à des idées préconçues ?

D'autant qu'en plus de sa diffusion sur WOWOW (un gage de qualité s'il en est), Suitei Yuuzai est un drame dense, doté de nombreuses qualités, et exploitant son sujet sous tous les angles possibles, égratignant au passage les mondes médiatique, politique, et judiciaire. Tout le monde en prend pour son grade dans cette affaire, et la série s'attache à ne rien oublier.

Tout commence voilà 12 ans, lorsqu'une petite fille est assassinée. Le principal suspect de l'époque, Yoshio Shinozuka, est rapidement arrêté, puis poursuivi et enfin condamné à une sentence à vie. Mais voilà qu'après 12 années d'emprisonnement, il est libéré après que des tests ADN l'innocentent. Shinozuka, qui a maintes fois répété son innocence avant de finir par avouer ce crime pendant son long interrogatoire, est ainsi réhabilité aux yeux du monde.
Une nouvelle qui choque le journaliste Seiji Kayama, aujourd'hui reporter de guerre mais qui à l'époque avait couvert l'affaire en détails ; en particulier, lorsqu'il avait appris que la police suspectait Shinozuka, il avait enquêté sur lui et publié un article l'incriminant, qui détaillait son profil et ses motifs ; peu de temps après la publication de cet article, la police avait procédé à l'arrestation de Shinozuka, et Kayama a longtemps pensé qu'il avait joué un rôle dans le bon déroulement de la Justice. Avec la libération de Shinozuka, notre journaliste estime donc qu'il a une part de responsabilité dans son incarcération injustifiée.

Toutefois Suitei Yuuzai fait bien plus qu'aborder uniquement ces deux points de vue, puisque comme je le disais, plusieurs sphères vont être impliquées dans cette affaire.
Ainsi, la libération de Shinozuka prouvant qu'il y a eu erreur de la part des services de police, les responsables de la police métropolitaine sont  contraints d'aller faire des excuses publiques à l'ex-prisonnier, devant un parterre de journalistes. Ecarté de ces excuses par son supérieur, l'inspecteur Asada, qui avait mené l'enquête 12 ans plus tôt, est un peu mis sur la touche, mais reste déterminé à reprendre l'enquête pour trouver le véritable coupable. Il va vite découvrir que sa hiérarchie, plus que le couvrir lui, couvre plutôt toute une partie de la vérité, et l'empêche autant que faire se peut de pousser ses investigations.
Par-dessus le marché, la libération de Shinozuka se produit alors que les élections pour la chambre des représentants n'est plus très loin, et la récupération politique ne se fait pas attendre. Un politicien du parti démocrate, en particulier, nommé Kuribashi, se dépêche non seulement de s'afficher publiquement avec le héros du moment, mais s'immisce aussi dans son retour à la vie civile. Notamment, Kuribashi tente de s'afficher également avec la fille de Shinozuka, encore jeune au moment des faits mais qui a refait sa vie, et même changé de nom, et voulait pourtant mettre tout ça derrière elle.
Cette implication du monde politique et médiatique, une femme l'a voulue : il s'agit de Youko Ishihara, l'avocate qui a mené et gagné l'appel de Shinozuka. Car ce n'est pas tant l'innocence de son client qui l'a convaincue de mener cette affaire, que la perspective de devenir l'avocate la plus en vue du pays. Manipulant les médias (elle les convoque à de multiples conférences de presse mais les musèle avec des menaces de poursuites si le moindre mot lui déplait) avec brio, elle tente de tirer partie de la situation au mieux pour elle-même, avant de prendre en compte le bien-être de son client qui ne représente à ses yeux qu'un moyen.

Dans tout cela, il serait un peu facile d'oublier la famille de la petite victime. Douze années n'ont pas suffi pour que les parents et la grande soeur de la petite Tomoko guérissent des souffrances d'alors. Ils ont dû faire leur deuil en dépit de la police, des médias, et désormais, alors que Shinozuka est érigé en victime par les médias, leur souffrance est totalement mise de côté. C'est pourquoi la soeur aînée, Hiroko, prend contact avec le journaliste Kayama, bien décidée à l'accompagner alors qu'il tente d'écrire un nouvel article.

Car Seiji Kayama, comme beaucoup dans cette affaire, est rongé par la culpabilité. Suitei Yuuzai permet de prendre du recul sur ce qui s'est passé voilà 12 ans, et s'attache longuement à explorer le sentiment de culpabilité de plusieurs des acteurs de ce "drame après le drame" ; dans un monde où tout le monde a oublié la présomption d'innocence (c'est d'ailleurs la traduction du titre : "présumé coupable"), le sentiment culpabilité règne. Ô ironie.

Et pourtant, cette culpabilité n'est pas forcément équitablement répartie.
Ainsi, simple journaliste, Kayama n'a fait que son travail, explorant le profil et les motifs d'un homme qui était déjà suspecté avant son article ; d'ailleurs rien n'indique que la police n'aurait pas arrêté Shinozuka de toute façon. A l'inverse, le juge qui a traité l'affaire ne ressent aucune forme de culpabilité : pour lui, il a fait son travail sur les bases des preuves à l'époque (les tests ADN n'étaient-ils pas moins fiables voilà 12 ans ? Comment savoir que celui qui avait été présenté devant sa cour était un faux-positif ?) et n'a rien à se reprocher... même s'il a pris 12 années de sa vie à un homme.

Si l'incarcération de Shinozuka était à l'époque l'objet d'un cirque médiatique, malheureusement, les médias ne semblent pas retenir la leçon. Suitei Yuuzai ne cache pas sa désapprobation de l'omniprésence des journalistes, des caméras et des micros ; ils sont partout, à la sortie des maisons, des lieux de travail, bousculant tout le monde, harcelant les gens de question. Les tabloids se remplissent d'images dés que l'occasion s'en présente, même si cela n'apporte rien à l'affaire, simplement parce que c'est le sujet du moment.
Pourtant on ne peut pas dire qu'ils manquent d'information : Ishihara les nourrit de conférences de presse dés la libération de son client, y compris en direct, mais ce n'est pas assez. Ce n'est jamais assez. Il faut entretenir l'histoire.
Même Kayama, tout honteux qu'il soit, plutôt que de faire profil bas décide d'écrire un autre article, espérant à la fois prouver l'innocence de Shinozaki comme il en avait prouvé la culpabilité (démarche dont le degré d'objectivité est ouvert au débat...), mais aussi découvrir la vérité dans son ensemble. Il faudra l'insistance de Hiroko, la soeur de la victime, pour qu'il prenne en compte les ressentis de personnes bien plus diverses.

Si vous attendez de Suitei Yuuzai qu'elle soit un palpitant thriller dans lequel l'enquête pour trouver le véritable meurtrier de Tomoko vous tient en haleine pendant 5 épisodes, vous vous êtes trompés de série. L'enquête n'est pas du tout au coeur de l'intrigue, et c'est bien la raison pour laquelle elle piétine autant, nous poussant à d'ailleurs fabriquer, dans un premier temps, nous-mêmes les fausses pistes auxquelles pourtant elle ne fait pas du tout allusion. Et si Shinozuka était réellement le criminel ? Qui est le mystérieux Katsuragi, un témoin ou un acteur de la tragédie ?
Mais ce n'est pas le but de la série. Les portraits se succèdent, bien au-delà de ces personnages déjà nombreux que je vous ai présentés. Car si la libération de Shinozuka est l'épicentre d'un nouveau séisme, de nombreux personnages en sont encore au point de ressentir les répliques du bouleversement qui a eu lieu 12 ans plus tôt. Le concept de Suitei Yuuzai est vraiment d'essayer d'explorer le plus de points de vue possible.

SuiteiYuuzai-Portraits

Et du coup Suitei Yuuzai a le défaut de ses qualités.
En voulant couvrir tant d'angles sur un même sujet, la série finit par se montrer trop froide. Etrangement, l'objectivité qui fait défaut au personnage du journaliste Kayama, le spectateur finit par la faire sienne de par la multiplicité des points de vue. Pour cette raison, les scènes supposées être émouvantes ne le sont plus, parce qu'on a pris l'habitude de se mettre dans la peau d'un peu tous les personnages. La série adopte de nombreux thèmes traités dans Aishiteru ~Kaiyou~, notamment, sur le deuil d'un enfant, et la question de la responsabilité, mais échoue à lui arriver à la cheville dans le registre affectif.
Pire encore, quand la série tente de corriger ce défaut, notamment dans l'ultime épisode, cela se fait de façon presque grotesque (le presque ayant son importance, mais de peu), confirmant que la vocation de la série était ailleurs, et qu'elle aurait été bien avisée de s'en tenir là.

La conséquence de cet inconvénient, c'est que la résolution de l'enquête, puisqu'il fallait bien lui en donner une (même alors qu'elle n'était pas au coeur de la plupart des épisodes), si elle fait sens, manque de panache. La série démontrait assez bien la façon dont fonctionnent et se croisent les sphères médiatique, politique, et judiciaire, mais finit par ramener les choses à une explication triviale. Evidemment je ne veux pas trop vous en dire, mais on peut trouver que cela manque de courage ; c'est également vrai pour l'avocate qui se débine un peu, narrativement et littéralement.

Un mot sur le cast, aussi. Je ne sais pas si c'est ma mémoire qui me fait défaut, mais Touru Nakamura, vu déjà dans Soratobu Tire sur la même chaîne, est très décevant dans le rôle du journaliste gonflé de culpabilité, ayant tendance à surjouer la "bravitude" (on ne saurait l'appeler autrement). Occasionnellement, Jinnai Takanori, pourtant bon acteur en général comme en particulier, cède à un défaut similaire dans ses habits d'inspecteur Asada. Jun Kunimura est quant à lui impeccable de bout en bout, ce qui est d'autant plus honorable que le rôle de Shinozuka est parfois légèrement ingrat. Les vraies bonnes surprises sont à chercher parmi les rôles féminins : un peu Hitomi Kuroki, mais surtout les jeunes actrices Mimura et Yuika Motokariya, qui apportent un véritable plus aux scènes qu'elles honorent de leur présence. Un peu comme la série elle-même, le cast est donc assez irrégulier, mais capable aussi du meilleur.

Alors, au final, Suitei Yuuzai est un dorama qui atteint son but avec brio dés qu'il exploite son thème initial de la culpabilité, et quand il se préoccupe de faire en sorte que des mondes différents réfléchissent leur image les uns sur les autres à la façon de miroires. Mais quand il s'agit de s'écarter de ces thèmes pour donner dans le pathos, ou simplement résoudre l'énigme qu'elle a posée, la série ne se montre pas plus convaincante que le premier dorama de network nippon venu. Ce qui n'est pas si mal, mais en-dessous de ce qu'on pouvait attendre d'une série avec un si bon pedigree, et surtout de bons ingrédients.

Sans être totalement décevante, Suitei Yuuzai n'atteint pas totalement le potentiel qui était le sien. Mais pour un "investissement" de 5 épisodes, ce n'est pas si grave, et mérite quand même le détour, car après tout, même si la série ne remplit pas toute sa part du contrat, elle pose suffisamment de questions sur le traitement des affaires hautement médiatiques pour piquer la curiosité du spectateur et lui donner des pistes de réflexion intéressantes.
Et si ça, c'est le pire qu'on puisse tirer d'une série, on s'en sort déjà franchement bien, non ?

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