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ladytelephagy

21 août 2012

Exporting Ducon

SemaineRusse

En matière de documentaires, je ne me réclame d'aucune expertise. J'en ai vu quelques uns, bien-sûr, mais de là à dire que je peux en disserter aussi librement que de séries, ou même de films, mettons, il y a un pas que je ne peux pas franchir. Qu'est-ce qui fait un bon documentaire, par exemple ? Je ne suis pas certaine de savoir le dire.
Par contre, je suis capable de pointer du doigt avec précision ce qui fait un mauvais documentaire : l'absence d'honnêteté intellectuelle.
Et dans le cas du documentaire Exporting Raymond, cela ne fait en tous cas aucun doute, l'honnêteté intellectuelle est aux abonnés absents.

Pourtant, le principe d'Exporting Raymond était hautement intéressant, voire même éminemment informatif pour nous autres téléphages qui nous intéressons à la fois à la machine américaine qui produit des sitcoms depuis que le monde est monde (ou au moins depuis I Love Lucy), et qui aimons comprendre la façon dont les autres pays font fonctionner leur propre industrie. L'idée était de suivre Philip Rosenthal lorsqu'il part pour la Russie afin de travailler sur une adaptation locale de Tout le monde aime Raymond.
Le documentaire commence alors que Rosenthal, créateur de la série originale et qui l'a accompagnée tout le temps de sa diffusion, est invité à apporter son savoir-faire à l'équipe russe ; le projet d'adaptation de Tout le monde aime Raymond est, nous explique-t-on, à l'étude depuis 2 ans déjà, et on aborde alors la partie "concrète".

Aussi commence-t-il par se rendre dans la maison familiale de ses parents (celle qui a inspiré plusieurs scénarios de la série américaine), afin non seulement de nous présenter ceux à qui on doit indirectement la série (on n'est pas dans un documentaire sur les origines de Tout le monde aime Raymond, mais pourquoi pas), mais aussi de poser immédiatement plusieurs thèmes qu'il va faire revenir cycliquement dans son commentaire : l'état politique et social de la Russie aujourd'hui. Sont donc très vite brandis de bon gros clichés, dés les premières minutes du documentaire et avant même d'avoir posé un pied à Moscou, fleurant bon les restes avariés de Guerre Froide ; ou alors les Rosenthal ne regardent que Fox News, au choix. Voilà une bien mauvaise façon de commencer cette expérience.
Les préjugés négatifs ne quitteront ni Philip Rosenthal, ni, par extension, Exporting Raymond, et ce défaut entâchera l'ensemble du film, à divers degrés. Convaincu (ou faisant mine de l'être) qu'il peut être enlevé à tout moment par la mafia russe, qu'être empoisonné au polonium comme Alexandre Litvinenko lui pend au nez, ou tout simplement que la Russie vit encore à l'ère soviétique, il apportera un regard extrêmement peu complaisant, et c'est un euphémisme, sur l'endroit où il est supposé emmener son public pour suivre une aventure qu'on aurait pu supposer être positive pour lui (les Russes auraient pu ne pas faire appel au créateur original, après tout, et se contenter d'acheter les droits et/ou les scripts).

Qui plus est, après avoir sans doute un peu trop regardé de télé réalité, Rosenthal (qui est également le réalisateur de ce documentaire) décide de tout mettre en scène afin de créer des péripéties artificielles. Ainsi, dés son arrivée à l'aéroport, il a décidé que son chauffeur et garde du corps était un homme bizarre et mystérieux ; lorsque ce dernier presse le pas pour aller à la voiture, Rosenthal se fige sur place et, musique à l'appui, se met en situation de désespoir comme s'il avait été abandonné. Ou encore, le chauffeur sort de la voiture pour payer le parking ; Rosenthal commente alors qu'il pourrait être enlevé là, maintenant, pendant qu'il est seul dans la voiture. Il a juste le cameraman et le perchiste à ses côtés, et la caméra tourne... effectivement, le moment est idéal pour l'enlèvement d'un scénariste de sitcom. Tout sera à l'avenant.

ExportingRaymond

Heureusement, Exporting Raymond n'est pas qu'une illustration de l'esprit de certains touristes en territoire étranger, il s'agit aussi de télévision, et c'est bien la raison pour laquelle nous sommes ici.

Mais comme je vous disais, cette mentalité s'infiltre dans les questions télévisuelles. Ainsi, la première réunion avec l'équipe de la série russe (dont le nom de projet est, selon Rosenthal, Everybody loves Kostya) se fera dans le même état d'esprit, et c'est très représentatif de la quasi-intégralité des rapports que l'Américain entretiendra avec les professionnels russes. Invité à dresser dans les grandes lignes, devant les différents responsables, l'esprit de la série (dont on aurait pu penser que l'équipe déjà recrutée pour le projet russe serait un brin informée en amont), Rosenthal se trouve une victime toute désignée en la personne de la styliste : surmaquillée, habillée de façon voyante, et visiblement dérangée par l'idée qu'on veut faire une série au look réaliste, il décide de mettre en scène leurs quelques interactions comme un conflit grave. De cette façon, Rosenthal peut se faire passer pour un grand incompris. Il est aidé en cela par le fait qu'on a rarement droit à des traductions extensives de ce que disent ses interlocuteurs (il y a une interprète mais elle est souvent inaudible), et du coup, les arguments de la styliste se perdent dans le brouhaha ambiant. Ce sera mis en scène (à grand renfort de gros plans sur le visage surmaquillé) de façon à montrer que Rosenthal n'obtient aucune réponse de son interlocutrice, mais juste une obstination qu'il ressent comme un rejet de son expertise.

La victimisation est en effet le ressort principal d'Exporting Raymond. Chaque fois qu'il sera contredit, Rosenthal se mettra dans la position de celui qui veut bien faire et qui bute face à un mur, contre des interlocuteurs successifs qui veulent tout faire en dépit du bon sens.

Philip Rosenthal voit son arrivée au sein de l'équipe de la série russe comme une sorte de mission d'évangélisation : il veut leur apprendre leur boulot, il est celui qui sait. Il ne fait nul doute, évidemment, que Rosenthal sait de quoi il parle ; Tout le monde aime Raymond est une série qui a prouvé son succès aux USA comme à l'international, et l'homme lui-même connait son job et possède son sujet sur le bout des doigts. Mais il oublie un petit détail : il s'agit d'une adaptation, pas d'une suite de sa série.
A son arrivée dans les bureaux de STS, on lui présente immédiatement, et avec fierté, une affiche de Maia Prekrasnaia Niania : le premier sitcom russe, et un succès immense qui a ouvert la porte, lui dit-on, aux autres adaptations internationales. Ce qu'on ne lui précise pas à ce moment-là, c'est que c'est aussi grâce au succès de ce remake que la Russie en a vu germer plusieurs autres, comme Sсhastlivy Vmiestie (adaptation de Mariés, Deux Enfants) ; ces sitcoms russes seront évoqués plus tard, uniquement quand Rosenthal veut montrer que Tout le monde aime Raymond est une série nécessitant de la subtilité et du réalisme, absents dans le travail d'adaptation auquel il assiste, et, en filigrane, inexistants dans les adaptations déjà réalisées. Il est donc bien conscient que les Russes (notamment chez STS) n'en sont pas à leur premier remake de sitcom, mais ne prend pas ce fait en compte, et traite ses collègues locaux comme des gens à qui il faudrait tout apprendre.
Plusieurs fois au cours de son aventure russe, Rosenthal fera passer l'équipe de STS pour une bande d'incompétents voire d'abrutis bornés.

Le fait est qu'à aucun moment je ne conteste que les remakes russes de sitcom américains soient ratés. J'ai même eu l'occasion plusieurs fois d'aborder le sujet dans ces colonnes. Si vous aimez avec passion un sitcom américain et que vous en regardez l'adaptation russe, vous pourriez bien en perdre le goût de vivre, ou au moins une bonne partie de votre foi en l'humanité. J'ai fait cette expérience moi-même avec Maia Prekrasnaia Niania et je ne la recommande pas même à... tenez, même pas à Whitney Cummings ! Oui c'est à ce point...
Donc évidemment, pour nous qui sommes habitués à voir énormément de sitcoms américains (même quand ils sont doublés), les remakes russes relèvent du sacrilège ou de l'incitation à la violence. Il n'empêche : ces sitcoms fonctionnent dans leur pays d'origine, quoi que nous en pensions sur un plan qualitatif. Ainsi, Maia Prekrasnaia Niania, en singeant la version originale, a duré plus longtemps qu'Une Nounou d'Enfer, et a été un énorme succès d'audience. Quoi qu'on pense du jeu de son interprète principale, mettons, des personnages caricaturaux ou des vêtements criards (oui, plus criards que dans la série américaine des années 90 !), le résultat est là.

Le véritable intérêt d'Exporting Raymond, car il y en a un et à plus forte raison dans le cadre de notre semaine russe, est d'avoir un bref aperçu de la façon dont les séries sont fabriquées en Russie, ou tout du moins dans le cas des sitcoms.

Ainsi, on assiste à la façon dont est organisé le casting. Ca m'a semblé assez significatif qu'on semble commencer à s'intéresser à la distrubution alors que le décor commence également à être monté, renforçant l'impression que l'aspect créatif des choses se passait de façon assez expéditive. Les acteurs auditionnent, fait intéressant, avec le costume et maquillage qui sera celui de leur personnage s'ils viennent à décrocher le rôle. On comprend bien que la pensée sous-jacente est de passer par un minimum de travail de conception et d'obtenir un produit clé en main : l'acteur est déjà prêt, on l'a embauché parce qu'il avait littéralement la tête de l'emploi, il n'a rien à travailler, pas de réflexion autour d'un éventuel relookage. C'est un détail assez parlant.
Je ne suis qu'à moitié convaincue par les péripéties narrées par le documentaire sur la façon dont on impose à Rosenthal des acteurs ne ressemblant absolument pas aux originaux, quand c'est, au contraire, très souvent, la première chose qu'on peut noter dans de nombreuses adaptations de sitcoms US. Mais admettons.
Que cet élément soit, comme d'autres, exagéré (et la démarche de Rosenthal porte du discrédit, par ricochet, sur d'autres éléments de ce documentaire), ou qu'au contraire il soit réaliste, souligne néanmoins combien la chaîne russe est peu intéressée par l'aventure télévisuelle, et ne cherche qu'à répliquer des recettes. Les recettes de STS diffèrent peut-être de celles qu'a connues Philip Rosenthal aux USA, mais l'essence est bien la même : faire en sorte que les choses fonctionnent rapidement. N'est-ce pas là, finalement, la motivation première derrière un remake ? Exporting Raymond dépeint finalement assez bien cet état d'esprit. Il n'apporte pas forcément l'éclairage le plus positif qui soit sur la télévision internationale, et russe en particulier, mais le documentaire explicite bien les mécanismes derrière la volonté d'adapter une série comme Tout le monde aime Raymond. Il s'agit d'être efficace et rentable, parce que c'est la définition d'un projet de remake.
On s'en doute un peu, mais ce n'est pas plus mal d'y assister par nous-mêmes.

En revanche les quelques éléments qu'on obtient sur les scénaristes eux-mêmes ont de quoi faire rouler les yeux sur la table. Non seulement les scénaristes du projet n'ont jamais vu la série originale (ils la découvrent, circonspects, avec Reosenthal qui tente de leur expliquer des gags... oui, cette idée aura le succès que vous imaginez), mais en plus ils travaillent sur plusieurs séries en même temps, et par en même temps, je veux dire le même jour (ou plutôt, la même nuit), comme d'autres cumulent un job au fast food et leurs études. D'ailleurs tous sont très jeunes (à vue de nez pendant la séquence dans la writer's room, personne n'a plus de 30 ans), et, problème supplémentaire que va découvrir Philip Rosenthal, ils sont célibataires ; alors forcément, pour écrire l'adaptation d'une série comme Tout le monde aime Raymond...
Qui plus est, ces scénaristes ne sont pas rompus aux sitcoms : ils viennent bien souvent des soaps et telenovelas, et sont recrutés parce que c'est le même format d'une demi-heure, et que la chaîne pioche dans son pool d'auteurs sans trop regarder les détails.

C'est une idée intéressante qui mériterait d'ailleurs d'être développée. Comme les productions telles que celle-ci se font en in-house (d'après ce que je sais, il existe des sociétés de production indépendantes en Russie ; le système in-house touche essentiellement les soaps, telenovelas et sitcoms), et que le projet n'a pas été pitché, mais simplement acheté à l'étranger, tout compte fait, la question du recrutement de scénaristes revêt forcément un visage différent du fonctionnement à l'américaine que nous connaissons mieux.
Rosenthal est effaré : pour lui, écrire un soap et un sitcom, ce n'est pas du tout la même chose ; le fait que les deux durent une demi-heure ne devrait pas être un critère. Je le rejoins : l'humour, c'est un métier. On n'écrit pas de la comédie au hasard. Et cela explique sans doute l'esprit un peu "fonctionnaire" des scénaristes qui écrivent des blagues à la chaîne mais dans lequelles ils ne cherchent pas l'humour, juste le mécanisme (on le voit dans Exporting Raymond, les scénaristes écrivent des scènes qu'eux-mêmes ne trouvent pas drôles !).
Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander comment un pays qui jusque là n'avait pas d'auteurs de télévision humoristique (rapport au fait qu'avant Maia Prekrasnaia Niania en 2004, il n'y avait pas de sitcom) peut faire pour trouver ses auteurs de comédie, à plus forte raison dans un système in-house. Il faut bien commencer quelque part. Et ce, dans des conditions qui laissent assez peu de place à l'initiative et aux projets personnels, ce qui est le propre du in-house.

D'une façon générale, qu'il s'agisse des auteurs ou des acteurs, l'investissement en temps est minime, on le voit bien, et c'est symptômatique d'un système : les épisodes sont peu voire pas lus par le cast en amont du tournage, et on limite le nombre de prises autant que possible.

Lorsque le pilote est tourné, au prix de bien des sacrifices de Rosenthal et après son insistance à introduire un public pendant l'enregistrement, les acteurs font une prise 9 fois, ce qui semble peu courant. Ca explique bien des choses et je le crois volontiers.
Notons au passage que le public présent ne rit pas, et qu'il n'est d'ailleurs pas encouragé à le faire : "ça perturberait le son", explique-t-on à Rosenthal, avec lequel pour une fois on peut compatir ! La requête d'avoir un public n'a pas du tout été comprise par l'équipe russe, vraisemblablement habituée au son "pur" et "parfait" des rires enregistrés ajoutés en post-synchro.

Si le documentaire laisse assez peu de place au questionnement, on peut, en tant que téléphages curieux, se demander si ces automatismes acquis en moins d'une décennie sont forcément mauvais. Non seulement parce que, de toute évidence, le public russe y trouve visiblement son compte, on l'a dit, mais aussi, tout simplement, parce qu'il est permis d'interroger la formule du sitcom.
En Russie où le sitcom est jeune, pourquoi devrait-on le "corriger" pour y inclure des rires "réels" du public ? Le problème de l'adaptation russe d'un sitcom vient-il de cet artifice ? Pourquoi le sitcom russe n'évoluerait-il pas, alors que la série pour ado, elle, le peut ? Il n'y a rien de sacré, et surtout, rien d'immuable. Peut-être que les rires enregistrés nous rebutent parce que nous avons appris à y être allergiques, mais qu'ils ont aussi leurs mérites.
Ce ne sont que des pistes de réflexion, bien-sûr, et ce sera à chacun de placer son curseur. N'hésitez pas à contribuer au débat en commentaire, d'ailleurs.

Mais dans tout cela, on peut se demander à quel point la présence de Rosenthal trouble le travail d'appropriation. Et il est nécessaire, car l'adaptation sans l'appropriation conduit à un produit dont les spectateurs non plus ne vont pas s'emparer. Quand bien même Rosenthal a, à lui seul, autant d'expérience en matière de sitcom que l'industrie télévisuelle russe toute entière, il faut prendre cette question en compte.
Comment espérer que Everybody loves Kostya soit la copie confirme de Tout le monde aime Raymond ? On n'est pas dans le même pays, les différences s'expliquent pour des tas de raisons. Doivent-elles forcément toutes s'estomper ? Le combat que mène Philip Rosenthal (bien que de façon caricaturale) s'explique de son point de vue d'Américain travaillant dans un contexte américain, mais en Russie, tout ce qu'il voit comme une amélioration n'en est pas forcément une ; parfois, une différence n'est pas connotée qualitativement, c'est juste une différence.

Hélas, plutôt que de mettre le doigt sur ces différences et de les interroger, quitte à préférer tout de même, au bout du compte, le modèle qu'il connait, Philip Rosenthal aura pourtant fait le choix de mettre en scène un choc des cultures n'ayant pas grand'chose à voir avec le monde de la télévision, comme le montre son obstination à vouloir pourchasser son ancien chauffeur lors de sa seconde visite en Russie.

En revanche, sa conclusion est, au vu du contenu d'Exporting Raymond, assez bien sentie sur l'expérience d'adaptation de remake. Je n'en dis pas plus et vous laisse découvrir son mot de la fin, peut-être aurez-vous envie de tester vous-même ce documentaire, en dépit de ses défauts. On se demande simplement comment il en arrive à cette conclusion.
Il faut, probablement, prendre du recul sur le spectacle que tente de fournir Rosenthal, pour apprécier les qualités logées dans Exporting Raymond.

Voroniny_Promo

Et, au fait... finalement, qu'a donné ce projet ?
Eh bien, sur STS, Voroniny (puisque c'est finalement le titre qu'a pris la série) en est actuellement à 10 saisons, soit plus de 200 épisodes depuis son lancement en novembre 2009. Le tournage de la 11e saison, démarré début août, devrait aboutir à une diffusion avant la fin 2012. Rappelons aussi que, plus tôt cette année, l'acteur Boris Klyuiev (qui interprète le grand-père) a remporté un prix lors des TEFI 2011.

D'ailleurs, demain, toujours dans l'esprit de notre semaine russe, je vous proposerai justement une review du pilote de Voroniny, histoire de juger par nous-mêmes...

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20 août 2012

Destination Russie

SemaineRusse

Il y a des pays qui, pour la téléphage curieuse que je suis, sont étrangement faciles d'accès. Tenez : je ne parle pas un mot d'espagnol, mais rien n'est plus facile que de savoir ce qui se passe sur les télévisions de nos voisins du Sud. Vous allez me dire : il y a la question de la proximité géographique ; admettons que ce soit le cas. Comment expliquer alors que ce ne soit pas le cas de l'Italie, qui me reste encore bien mystérieuse, de façon générale, en termes de fonctionnement, de grilles, comme de séries elles-mêmes ?
Parfois je m'aperçois que je n'ai rien lu sur un pays pendant des mois, et je me dis que ce n'est pas normal que je sois capable de lister avec précision les séries australiennes ou japonaises actuellement à l'antenne, mais que je ne sois pas au fait d'un seul évènement télévisuel au Maroc ou au Vénézuéla.
Ou en Russie.

Les raisons qui font que tous les pays ne sont pas égaux sont multiples, et ne sont pas nécessairement à mettre au compte de la barrière linguistique.
Mais ce problème est réel et l'accès aux séries russes est, déjà, au départ, limité par la rareté des sous-titres anglophones ou francophones.

Il y a d'abord, ne nous mentons pas, une part d'inclination personnelle : la [mauvaise] réputation des séries russes n'est pas toujours usurpée, et quelques mauvaises expériences ont tôt fait de sceller le destin téléphagique de quelques contrées dans nos esprits. Lorsque j'avais entamé mon tour du monde, pendant l'été 2010, à raison d'un pays par semaine, il y avait eu énormément de bonnes surprises... et quelques rares exceptions franchement négatives. La Russie en avait fait partie. Il m'est très difficile d'encourager qui que ce soit à se lancer dans les productions de ce pays, quand moi-même, souffrant pourtant moins de la barrière de la langue qu'avec, disons, l'hébreu ou le portugais, j'y vais à reculons.

Et puis il y a un véritable problème de sources. A l'instar de nombreux pays de langue arabe, par exemple, la Russie garde jalousement ses trésors pour elle. Là où on lit régulièrement des annonces de co-productions internationales, de mises sur le marché de nouveaux formats, ou tout simplement de communiqués sur une nouvelle production, la télévision russe reste énormement dans son entre-soi, et permet assez peu aux intervenants extérieurs de trouver une porte d'entrée, au moins pour se renseigner, si ce n'est pour tenter de la regarder. La seule solution qui existe à l'heure actuelle est de taper, un peu au pif, dans les très, très nombreux sites et forums de cagoulage russes, qui permettent d'accéder de façon brute à des épisodes très facilement. Le problème c'est que, même quand on réussit à éviter les liens, majoritaires, qui concernent la télévision américaine, on ne tombe pas forcément sur des séries d'une folle qualité, et les chances de tomber sur un remake sont élevées (on a d'ailleurs pu en évoquer de nouveaux il y a quelques jours dans notre dernier world tour en date). Et surtout, pour se renseigner en amont sur la mise en chantier de ces séries, sur leur renouvellement, ou plus simplement sur la façon dont les chaînes fonctionnent, c'est encore la galère.

Ca changera peut-être. On vit une époque où les marchés télévisuels vont vers la perméabilité, après tout... Mais pour l'instant, en-dehors des sites de téléchargement ou de ceux qui parlent uniquement de télévision américaine (un grand fléau quand on cherche des sites étrangers sur les séries, soit dit en passant), pas facile-facile.

En bref, tout cela renvoie de la télévision russe une image assez peu reluisante. Entre les remakes un peu pourris, les séries faciles à dénicher mais n'appartenant pas forcément au haut du panier, et le mutisme général de la télévision russe, il n'est pas facile d'en saisir ni les bons côtés, ni tout simplement la réalité, dans une vue d'ensemble.

Alors cette semaine, vous et moi, on va essayer d'avancer un peu sur le sujet. Je vous invite à une semaine entière consacrée à la télévision russe, à compter d'aujourd'hui ! Je suis sûre qu'on va découvrir plein de choses, tous ensemble, qu'on va apprendre des informations précieuses sur les séries russes, et qu'on va s'ouvrir un peu plus à la possibilité que tout n'y est pas nécessairement peu reluisant.

Pour être tout-à-fait honnête, les mêmes raisons qui m'ont poussée à lancer cette semaine russe sont les raisons qui m'ont fait la redouter. Pour moi c'est un mini-challenge, l'air de rien, parce que je n'étais pas sûre d'avoir quelque chose à en dire pendant 7 jours.
Et puis j'ai commencé à y réfléchir en mettant mes a priori de côté, et j'ai réalisé que j'en avais beaucoup. Cela a confirmé l'utilité de passer cette semaine téléphagique en Russie !

Tenez, j'ai l'impression de ne rien avoir vu de la télévision russe, mais c'est faux !
Rien qu'à l'occasion de mon premier post sur la Russie, en 2010, j'avais déjà testé plusieurs pilotes ! Et depuis, j'en ai vu quelques autres encore, et il m'est même arrivé d'en parler ici. Pourquoi suis-je si négative ?

Par exemple, j'ai déjà pu évoquer (je le vois à mes tags) la série Shkola. Cette série, dont le titre se traduit tout simplement par "école", est tournée à la façon d'un faux-documentaire dans un lycée (spectateurs de M6, vous avez assisté à quelque chose de similaire avec Le Lycée), mais elle dépeint une réalité qui, pour de nombreuses associations religieuses ou de parents, était exagérée, voire outrageuse.
Le comportement de certains personnages été l'objet de nombreuses réactions, notamment sur le plan de la violence décrite, et pire encore, la promiscuité sexuelle dépeinte dans la série relevait du scandaleux. A la télévision russe, pour autant que je sache, on n'avais jamais montré des adolescents comme ça, et on ne leur avait pas parlé comme ça non plus. Pas sûre que depuis on l'ait refait, d'ailleurs.
D'une durée de seulement une saison (sa créatrice et réalisatrice estimant que tout avait été dit), Shkola parvient pourtant, à plus forte raison pour le téléphage français, à saisir quelque chose d'universel et de tangible sur la réalité de l'adolescence et ses recherches d'excès, loin de l'univers romancé qui est dépeint de dans nombreuses séries que nous connaissons, toutes origines confondues.
Il y a pourtant, en dépit de la bonne distribution de Shkola (le cast est ici, comme souvent dans ce genre d'expérimentations, primordial), quelques séquences du pilote qui rappellent plutôt les travers de la télé réalité ; vous pouvez d'ailleurs voir par vous-mêmes, dans les deux bande-annonces ci-dessous, que tous les personnages ne sont pas égaux devant l'intention de réalisme qu'avance la série.
Mais en dépit de sa forme un peu brute, Shkola parvient, sans peine, à se hisser au niveau des productions adolescentes qui méritent le coup d'oeil. Accessoirement, la seconde bande-annonce devrait aussi vous rappeler quelque chose de la série estonienne Klass: Elu Pärast qu'on a déjà pu évoquer.

C'est la preuve que la Russie peut dont produire des séries adolescentes qui ne sont pas toutes dans la même veine que Zakrytaia Shkola, adaptation russe de la série espagnole El Internado, et qui remporte un fort succès actuellement. Lancée en avril 2011, la version russe en est aujourd'hui à sa 4e saison sur STS ! Mais évidemment, ce ne sont ni les mêmes recettes, ni le même objectif... et là on retombe dans les clichés habituels.

C'est du côté des comédies, on l'a déjà évoqué à plusieurs reprises, que se trouve probablement l'un des plus gros boulets de la télévision russe : Maia Prekrasnaia Niania, Kak ia Vstretil Vashu Mamu et autres Svetofor, toutes déjà évoquées dans ces colonnes (il suffit de suivre les tags), sont quelques adaptations parmi tant d'autres qui nous rappellent que depuis un peu moins d'une décennie, la Russie s'est découvert une vocation de papier-calque.
Pourtant, des séries inédites comme Vosmidesiatye , au pilote duquel j'avais consacré tout un post plus tôt cette année, ou Interny, sont aussi là pour nous rappeler que la créativité n'est pas tout-à-fait morte du côté des comédies russes, même si elle semble parfois vivre sous respirateur.
De toute évidence, Interny est inspirée par Scrubs, mais elle n'en est pas une adaptation littérale, loin de là. Au lieu de prendre pour héros l'un des internes, la série s'est visiblement enthousiasmée pour le personnage le plus cynique du lot (son Dr Cox s'appelle le Dr Bykov), prenant un malin plaisir à le voir torturer les 4 internes qu'il compte dans son service. Les gags sont parfois un peu moins subtils (l'avantage c'est que même avec mon russe au rabais, je les comprends !) mais le pilote dégage sa propre énergie. Peut-être qu'Interny est aussi, sans forcément le savoir, une lointaine cousine de Childrens Hospital, finalement. Qui plus est, avec cette série, la chaîne TNT a fait l'effort, statistiquement et surtout qualitativement rare à la télévision russe, de commander une comédie en single camera, et rien que cette initiative mérite le coup d'oeil, tant le procédé reste mal maîtrisé en général (il suffit pour s'en convaincre d'avoir jeté un oeil à la série douannière Pristavy).

On en parle peu, y compris ici, mais la Russie a aussi un contingent impressionant de soaps et telenovelas, comme Obroutchalnoie Kolcho, ou Serdce Marii.
De la première, je vous ai déjà brièvement parlé à l'occasion des TEFI, mais de Serdce Marii, encore jamais apparemment. Diffusée à l'automne 2011, la série commence par nous montrer deux femmes : l'une, Anna, souffre terriblement de ce qu'on prendra être une crise cardiaque, l'autre, Marie, vient d'avoir un accident. Chacune est accompagnée par son mari à l'hôpital et, curieusement, on ne saisit pas immédiatement le lien qui sera fait entre les deux, alors que c'est aussi évident que la trame scénaristique d'un scénario de Lifetime. Le pilote va ainsi assister sur les douleurs de la première, et l'inquiétude de son entourage. Tandis que la seconde, dont le pronostic vital est engagé, sera finalement à l'écran de manière uniquement détournée. En effet, pendant qu'il s'inquiète, son mari Matvei se perd dans leurs souvenirs communs... mais quand la deuxième femme décède, devinez à qui va son coeur ?
En dépit des clichés que cela représente, Serdce Marii (littéralement, "le coeur de Marie", mais c'est aussi une référence biblique) parvient, avec son premier épisode, à tout de suite dépeindre de façon très tendre la relation qu'a Matvei avec Marie ; cette dernière est un personnage d'un grand naturel (en particulier sachant qu'on est dans une telenovela) qui respire la joie de vivre, expansif et drôle. Anna, de son côté, sans doute de par la maladie un peu aussi, est un peu plus discrète, son petit visage masquant une souffrance dont elle semble s'excuser... Evidemment, la greffe de coeur aura un sens très symbolique : comme souvent dans les fictions parlant de ce sujet, on aime suggérer que l'organe est porteur de tout ou partie de la personnalité du défunt. Et tandis qu'Anna s'éloigne de celui qui l'aime et qui l'a accompagnée dans ses heures les plus difficiles, elle tombe progressivement amoureuse de Mavei, rencontré par hasard, et voit son propre comportement changer. Mais est-ce la greffe, ou le greffon, qui en est la cause ?
Le plus surprenant, c'est probablement de constater le soin apporté, côté réalisation, casting, et production values en général, à une telenovela telle que Serdce Marii. C'est, contre toute attente, le genre de fiction qui fait envie quand il s'agit de fiction russe, parce que cela se rapproche assez près de nos standards, à nous qui sommes habitués aux séries américaines, notamment. Quoi qu'on pense du sujet, Serdce Marii a les qualités d'une production solide.

Et puis, pour finir, il y a déjà eu des surprises moins conventionnelles, comme la série russe de la franchise Law & Order, intitulée Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany, supervisée à son lancement par nul autre que Dick Wolf ; ou plus atypique encore, la série Tcherkizona. Des séries uniques en leur genre sur le territoire russe. On abordera l'une et l'autre au cours de cette semaine, d'ailleurs, avec quelques autres, à l'instar de Nebesniy Soud.

Des séries que j'ai (parfois) évoquées, mais rarement approfondies dans ces colonnes. Une erreur qui sera partiellement réparée cette semaine, même si on n'aura pas le temps de parler de tout le monde. Voyez : finalement, cette semaine russe va à peine suffire !
Maintenant vous comprenez mieux pourquoi pendant ces 7 jours, je vous emmène avec moi, il y a beaucoup à faire. Et j'en suis sûre : on va certainement avoir des surprises !

18 août 2012

Une bonne affaire ?

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Après deux pilotes de format court (l'un d'une dramédie, l'autre d'une merde honteuse), cette fois nous nous attaquons au premier drama de la saison et, eh bien, on avait à peu près une chance sur deux que ça tombe sur une série policière : voici donc venue l'heure de Major Crimes.
Cela va sans dire, mais ça va quand même mieux en le disant : comme toujours, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote de Major Crimes de whisper, et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote, que ce pilote nous ait fait le même effet ou non...

MajorCrimes

"Allez on avance, on regarde : des affaires comme ça, faut pas laisser passer ! Il est frais le pilote, il est frais !"

Je ne suis pas trop habituée à faire mon marché chez TNT. Il y a, en définitive, très très peu de séries de la chaîne que je regarde, à plus forte raison depuis la disparition de Men of a Certain Age. En-dehors de la récupération de Soutland (que je me suis promise de reprendre un jour), la chaîne n'a rien accompli qui me donne envie d'ouvrir mon porte-monnaie. Mais comme tout le monde, je suis attentive aux économies, et réceptive aux soldes : les temps sont durs. Et si le stand a priori peu attirant de TNT comporte quelques bonnes affaires à faire, autant ne pas passer à côté. Jetons donc un oeil à la camelotte...

"On se laisse tenter, oui Madame, approchez ! Ah ça c'est de la qualité, ça a fait ses preuves ! Un produit qui se vend tout seul depuis 7 ans, et pas une réclamation !"

Je suis un peu snob, dans le fond : je n'aime pas acheter d'occasion. Or j'ai un peu l'impression que ce produit, tout neuf qu'il soit, est un peu usé. Ca se sent à la finition : en utilisant exactement la même chaîne de montage que The Closer, ce pilote de Major Crimes est un procedural de plus, avec une enquête, un tour dans le labo de la police scientifique, une épiphanie soudaine, et une résolution bouclée en 45mn, main d'oeuvre comprise.
On ne peut même pas prétendre que l'emballage a changé, ce n'est pas le cas. Tout juste si le logo et la mascotte de la marque ont opéré un petit redesign, sans plus.
Bien-sûr, le phrasé étonnamment lent de Mary McDonnell (je ne me rappelais pas qu'elle soupesait ses mots à ce point dans Battlestar Galactica, mais ce n'est pas le moment de me lancer dans une intégrale !) a des vertus calmantes, et sa présence incroyable fait énormément pour couper toute envie de reposer immédiatement le produit sur l'étal, pour d'avancer au stand suivant sans plus tarder. Mais si cet atout, sur le moment, incite à la patience, impossible de ne pas remarquer qu'il est avant tout un cache-misère. Il y a tromperie sur la marchandise...

"Et ce pilote, Madame, il n'est pas à une saison complète, pas à 13 épisodes, non Madame, pour vous, ce sera 10 épisodes !"

Mais dans cet étalage de commerce télévisuel classique, ce qui me choque le plus, c'est certainement le marchandage.
Idéologiquement, Major Crimes est même aux limites du honteux. On n'y trouve aucun débat, aucune confrontation d'idées sur le thème des "deals" offerts aux criminels. C'est un fait imposé : on vous dit que le produit est neuf parce qu'on a ajouté l'option "compromis avec le D.A.", mais en réalité, c'est un cache-misère. Qu'est-ce qui justifie la ristourne de peine offerte au coupable de ce pilote ? Pas grand'chose.
Personne dans Major Crimes n'essaye d'expliquer pourquoi cette "nouvelle" série a décidé de s'orienter non vers la confession, mais vers le compromis. C'est l'alibi de la production pour pouvoir vendre le produit un peu plus longtemps, et l'épisode n'ira jamais chercher plus loin. Ni argument explicitant pourquoi "la peine de mort coûte plus à l'Etat que la prison à vie", ni explication contraire de la part de vieux flic (déjà bien tourné en ridicule dans le reste de l'épisode pour son obstination bornée) qui justifierait sa colère face à ce nouveau procédé. Alors que la peine de mort est, visiblement, au coeur de ce changement de politique des services de L.A., la question est abordée comme n'importe quel autre prétexte de scénario.
Même en ayant l'opportunité d'avoir un véritable cachet, de la profondeur et un propos : en somme, un plus-produit ; Major Crimes refuse d'être autre chose qu'une déclinaison parmi tant d'autres d'une formule qui est survendue par les chaînes américaines depuis maintenant une douzaine d'années.

"Ah, on est dure en affaires, hein ? On vous la fait pas à vous ! Allez, adjugé à la petite dame ! Ce sera parfait à regarder en pleine canicule !"

Non, vous savez quoi ? Même à ce prix-là, ça vaut pas le coup.

Challenge20122013

18 août 2012

Eternel commencement

On dit que "loin des yeux, loin du coeur". Ce n'est pas toujours vrai en matière de téléphagie.
Ainsi, il y a des séries auxquelles je pense très souvent ; mettons, au moins une fois par mois ce qui, vu le nombre de séries que je vois passer, visionnages, tests de pilotes et lecture de news inclus, est plus significatif qu'il n'y parait. Et en général j'y pense en ces termes : "rha, faudra que je prenne le temps de me faire un marathon, un de ces jours". The Starter Wife est de ces séries-là, et inutile de dire que le marathon Will & Grace, pendant l'été 2010, et le visionnage de Smash, cette année, n'ont rien arrangé à notre affaire. C'est le Messing effect.

Alors, pendant que je n'avais plus internet chez moi, et profitant que les DVD étaient à un prix ridicule, j'ai décidé de me faire une intégrale.

TheStarterWife-Promo

Le ton de la mini-série est léger mais pas à l'extrême, parfait pour l'été ; permettant très vite, de surcroît, de s'attacher à Molly Kagan (interprétée par Debra Messing, donc), personnage sympathique par excellence qui est grandement aidé par le fait que son mari Kenny est incarné par Peter Jacobson, l'empaffé parfait.
En fait, j'avais oublié à quel point j'adorais The Starter Wife en redécouvrant le pilote, que je n'avais pas revu depuis sa diffusion initiale, voilà donc 5 ans. Entre nous, je suis à peu près sûre de l'avoir aimé encore plus cette fois-ci. Est-ce parce que les personnages m'étaient, dans le fond, déjà un peu familiers ? Toujours est-il qu'il m'a semblé ressentir très tôt l'impression d'amitié sincère entre ces personnages.

Il y a dans l'entourage de Molly des personnalités qui s'imposent immédiatement comme extrêmement fortes.
Cricket, d'abord, la meilleure amie, la confidente, qui soudain doit mettre de la distance avec Molly parce que son mari a besoin de rester en bons termes avec Kenny. Leur relation, à la fois sincère et abimée par le divorce des Kagan, n'est pas tellement exploitée ; pour des raisons évidentes, peu de scènes mettront Molly et Cricket dans une situation commune au début de la mini-série, montrant ainsi plutôt ce qui les sépare que ce qui devrait les réunir. Mais dés que les deux femmes partagent quelques instants, leur amitié est palpable.
A côté, Joan l'alcoolique et surtout Rodney le gay flamboyant font figure de seconds rôles, bien qu'étant plus présents à l'écran. Joan, visiblement plus âgée que le reste de la bande, et occupée par la cure de désintox forcée où l'a inscrite son mari Pappy, est du genre un peu acariâtre, sarcastique et tête de mule, mais Judy Davis nous offre de grandes scènes lors des séances de thérapie où son personnage ment comme un arracheur de dent.
Rodney, qui doit sa plastique parfaite à Chris Diamantopoulos, est plutôt le soutien inconditionnel de tout un chacun, l'ami gay indeffectible, un peu idéalisé, qui est là pour faire des blagues, servir des cocktails et parler des extravagantes demeures de stars qu'il redécore quand on veut se changer les idées. Mais son lien avec Molly et Joan est tangible (un peu moins dans le cas de Cricket), et du coup ça fonctionne quand même.

En-dehors de ces personnages se dirigeant généralement vers le cap de la quarantaine (sauf dans le cas de Joan qui l'a visiblement franchi il y a un bout de temps), la mini-série aborde aussi le contexte dans lequel les personnages évoluent : la haute-société de l'industrie cinématographique.
Et il faut admettre que, dans sa façon de décrire l'univers hollywoodien, The Starter Wife met relativement souvent dans le mille (ou ce qui semble être le mille pour quelqu'un qui n'a jamais vécu dans ce milieu). L'idée est de mettre l'accent non pas sur le glamour, mais l'absurdité de ce glamour, une nuance qui permet à la fois à la mini-série d'être dans la débauche de soleil, de belles demeures, de grandes fêtes et de tenues de grand couturier, et de prendre tout ça avec détachement voire même, parfois, sarcasme.
Molly a navigué pendant des années dans cet univers dont désormais elle est exclue, simplement parce que son mari a décidé de demander le divorce ; si les épisodes mettent assez peu en avant, finalement, ce que représente le concept de "starter wife" (la femme avec laquelle on a démarré dans la vie, qui a essuyé les plâtres, mais avec qui on n'a pas l'intention de la finir), en revanche le thème de la mise au ban est parfaitement intégré aux histoires.

Désoeuvrée, Molly va se tourner vers Lou, le patron de Kenny, un producteur surpuissant à Hollywood qui fait partie des rares à ne pas lui tourner le dos, voire même à manifester un intérêt sincère envers elle.
Ce qui fonctionne immédiatement, c'est que Molly et Lou sont sur la même longueur d'ondes, probablement parce que Debra Messing et Joe Mantegna sont exactement sur le même registre. Leurs scènes à l'écran font des étincelles. Et puis, ce personnage de producteur au bout du bout, qui n'en peut plus d'être si puissant qu'il se sent aussi étranger à Hollywood que peut l'être, malgré elle, Molly, est diablement efficace, et sort des poncifs sur les producteurs tel que celui que nous sert Kenny (et qu'on peut retrouver avec Peter Dragon dans Action!). Lou est, avant d'être le mec le plus important de toute la Californie, un être humain, chose que tout son entourage a oublié. Quand il dit qu'il aimerait qu'on oublie son anniversaire au lieu de lui envoyer des cadeaux fastes mais impersonnels juste pour cirer ses pompes, il est magnifique. Il faudrait, à n'en pas douter, plus de personnages comme Lou dans les séries parlant du monde hollywoodien.

Les premiers épisodes vont montrer comme Molly, qui est démolie par la séparation d'avec son mari (essentiellement parce qu'elle ne l'a pas vue venir et qu'elle l'a apprise alors qu'il l'a appelée au beau milieu de la nuit pour la prévenir), tente de se retrouver, à la fois en tant qu'être humain et que femme. De ce côté-là, Messing donne d'ailleurs vraiment le meilleur d'elle-même. La séquence dans la salle de bains, par exemple, pendant laquelle elle se redécouvre, n'a rien à envier à celle du pilote de Cougar Town dans lequel Courteney Cox fait l'inventaire de ses preuves de vieillesse.
Comme toujours, Debra Messing apporte un regard tendre, mais jamais emprunt de sentimentalisme, à son personnage ; même pathétique elle reste toujours touchante, et même touchante, elle ne sombre jamais dans les violons. La voix-off de Molly est d'ailleurs plus conçue comme l'expression de ses monologues intérieurs, que pour décrypter la narration des épisodes ; le personnage est dans une quête, il cherche une identité qu'il a perdue lorsqu'il s'est marié, et c'est ce que tente de décrire la mini-série The Starter Wife. Au-delà du monde hollywoodien, c'est une vraie série sur le divorce.

Plus tard, et notamment une fois les surprises de Lou passées, la mini-série The Starter Wife mettra plutôt l'accent sur les amours de Molly, avec Sam, un séduisant clochard brisé par la mort qu'il a provoquée voilà quelques années, et qui n'a rien de commun avec l'univers tape-à-l'oeil dans lequel Molly évolue. Les questionnements amoureux, s'ils ont (en particulier à mes yeux) assez peu d'intérêt, ont tout de même le mérite de ne pas être totalement abrutissants.

Mais la bonne idée de The Starter Wife, c'est aussi de ménager quelques séquences impromptues totalement déjantées, comme le début du pilote qui nous montre toute la petite bande plongée dans l'univers du Magicien d'Oz, un vrai bonheur fait de métaphores parfaites sur la mariage, le divorce, ou plus rarement la vie hollywoodienne.

TheStarterWife-Fantasy

Lorsque le second DVD de la mini-série est parvenu à son terme, j'étais à la fois ravie et fâchée. Je venais de me rendre compte qu'en fait, je m'étais arrêtée là et n'avais jamais vu la suite. Ca tombait donc super bien : j'avais également commandé la première saison ! Alors j'ai rempilé.

C'est donc à ce moment-là que j'ai déchanté. La première saison de The Starter Wife n'a rien à voir avec la mini-série du même nom.

Déjà parce que les changements de casting sont énormes. Evidemment, on devine qu'entre la mini-série et la première saison, les acteurs concernés avaient de nouveaux engagements et qu'il n'ont pu revenir à The Starter Wife, mais ça n'empêche pas que ça fait barrage lorsqu'on commence les nouveaux épisodes.
Il y a d'abord Miranda Otto, ici kelleyrisée alors que son amitié, sa présence, avaient formé un axe assez important de la mini-série. Qui plus est, vu l'esprit de franche camaraderie "adulte" (par opposition aux amitiés d'adolescents attardés à la Friends ou New Girl) qui régnait précédemment, c'est une véritable perte qui affaiblit énormément la structure de la série ; mais on va y revenir plus tard. Le problème touche aussi des personnages moins importants, du genre de Lavender ; la jeune femme, incarnée par la toujours parfaite Anika Noni Rose (partie entretemps sous le ciel du Botswana pour tourner The No. 1 Ladies' Detective Agency), apportait une vraie force à la mini-série, et ne sera remplacée que sur le point de vue des quotas (avec l'apparition de Liz) mais pas du tout pour ce qui est de l'aspect plus pragmatique du personnage, vu que Lavender était la seule à avoir les pieds sur terre.
Le SDF Sam a également été écarté ; c'est expliqué en 10 secondes au début du premier épisode de la saison, et point barre. Tout juste s'il y est fait mention ensuite : plus tard, quand Molly pense à son bagage amoureux et qu'un homme en caleçon rouge apparait, le visage un peu masqué, dans une séquence fantasmée, ce sera la dernière fois que sera mentionné celui dont elle était pourtant follement amoureuse pendant la mini-série. C'est tout, merci Sam, et à la revoyure. Un peu brutal, non ?!

On peut aussi observer des remaniements de distribution qui, s'ils s'expliquent, n'en sont pas moins difficiles à avaler. Le plus gros d'entre eux : adieu Peter Jacobson. L'épouvantable époux de Molly prend désormais les traits de David Alan Basche, dont on jurerait qu'il a 10 ans de moins, et qui change totalement le rôle : de pauvre connard, Kenny devient juste un type un peu paumé, limite attendrissant.
Cela à dessein, d'ailleurs. Car dans cette saison, qui fait des affaires amoureuses de Molly l'une de ses priorités, l'héroïne rencontre Zach, un nouvel homme dont elle s'éprend, mais ne parvient pas vraiment à mettre son mari Kenny de côté (elle y avait pourtant fort bien réussi dans la mini-série). Devenu plus séduisant dans cette saison, le personnage de l'ex ne choque plus vraiment comme enjeu amoureux potentiel : il est séduisant, après tout, avec sa mine déconfite et ses manières un peu automatiques de s'imposer à Molly parce qu'ils sont habitués l'un à l'autre. C'est un tort : en réalité, c'est très difficile à avaler quand on vient de voir la mini-série, mais le nouvel acteur permet d'avoir l'impression d'avoir un nouveau personnage. Kenny se transfigure, et n'a de commun avec le personnage de la mini-série qu'une chose : il a un passé avec Molly, qui ne demande qu'à redevenir futur.

Dans sa quête d'elle-même, Molly se montre également moins touchante. Certes, elle essaye comme elle peut de s'affirmer par l'écriture. Mais tout a changé, comme pour devenir plus "bankable". Ainsi, dans la mini-série, Molly écrivait-elle des livres pour enfants ; mais ici, son projet est bien différent. Sans vouloir trop en dire, on ne peut qu'admirer l'ironie que prend la carrière de Molly dans l'écriture. Il faut voir sa réunion avec des producteurs (dont David Shatraw, ex-Tommy de Titus, bien atteint par le poids des ans et des kebabs) pour comprendre à quel point la série a changé. Au lieu de permettre à Molly de prendre le contrôle de sa vie, sa carrière d'auteur symbolise son retour en grâce dans la société hollywoodienne.
Ce phénomène se ressent aussi de par l'utilisation très lourde des soliloques, Molly devenant une narratrice plus classique, et ses monologues  n'apportant pas beaucoup de valeur ajoutée aux épisodes.

L'esprit des séquences fantasmées a, pour finir, totalement changé. Désormais ces scènes sont systématisées, et reprennent de façon assez peu imaginative des standards de la culture cinématographique, à l'instar de la scène du décroisage de jambes de Basic Instinct (qui compte probablement parmi les scènes les plus référencées de l'histoire, non ? Allons donc, songez qu'il y en avait déjà une parodie dans Une Nounou d'Enfer !) ou la scène de fin de Casablanca. L'exercice de style n'a pas de tort sur le principe, mais en répétant, épisode après épisode (et presque systématiquement dans la scène d'ouverture), la même figure imposée, The Starter Wife perd énormément de son charme fantasiste.

TheStarterWife-BasicInstinctLa saison de The Starter Wife était condamnée AVANT que Cibrian ne se pointe, c'est dire.

Et puis les intrigues de cette saison sont un peu aléatoires. Il n'y a pas de plan : les réorientations en cours de route sont fréquentes et touchent à peu près tout le monde.

Ainsi, Joan commence à travailler dans le centre de désintoxication où elle avait fait sa cure avortée ; une mission intéressante, qui l'amène à faire des changements dans sa vie. Mais ces changements, non-assumés scénaristiquement, connaissent des rebondissements parfaitement inutiles. Les deux derniers épisodes tourneront même la chose à la caricature, ce qui fait que la crise de la, hm, disons cinquantaine, de Joan, est totalement tournée en ridicule alors qu'elle avait commencé sous des auspices plutôt favorables.
Le nouveau personnage de Liz s'avère quant à lui totalement stérile. Les intrigues sont encore plus changeantes le concernant et ça vire franchement au soap de bas étage. Et comme dans tous les soaps de bas étages, l'amitié avec les personnages principaux finit par sembler être un prétexte, quand le reste du temps, les personnages blacks restent entre eux.
Le seul à tirer convenablement son épingle du jeu est Rodney. Il s'est trouvé une belle intrigue, quoi que pas forcément très approfondie quand les tribulations de Molly prennent trop de place, dans son histoire pourtant assez cliché avec l'acteur de films d'action Felix qui refuse de sortir du placard, afin de ne pas endommager sa carrière (une histoire qui avait été vue dans Action!, mais cette comédie n'avait pas pour vocation de prendre le sujet au sérieux). Même si dans sa valse hésitation, Rodney va longtemps nous faire mariner, le personnage n'en est pas moins touchant et les développements qui le concernent lui donnent plus d'épaisseur que dans la mini-série. Avec ce character development réussi, Rodney devient le personnage qui aura le plus évolué entre la mini-série et la saison, et probablement l'un des plus attachants.

Mais en choisissant de donner plus de gravité à des personnages comme Joan et Rodney, et en accordant également du temps à ce nouveau personnage de Liz, The Starter Wife met ici l'accent sur l'éclatement entre les personnages. Leurs scènes ensemble démontrent une parfaite alchimie ; Rodney et Molly, en particulier, sont extrêmement attachants. Mais le problème c'est que l'atmosphère qui régnait dans la mini-série a totalement disparu. A ce problème narratif, il faut encore ajouter un autre plus circonstanciel : au lieu de se retrouver toujours au même endroit (dans la mini-série, il s'agissait de la maison sur la plage de Joan, habitée le temps de l'été par Molly et sa fille, mais aussi Lavender et sa mère, Joan à son retour de cure, Rodney, et même occasionnellement Sam), les personnages mènent ici chacun leur vie. La nouvelle maison de Molly est très présente, mais les autres n'y viennent quasiment jamais. L'absence d'un décor commun pour les tourments séparés de chacun n'aide pas cette impression d'éclatement, donc.

Alors au final, cette intégrale de The Starter Wife, une déception ? Bah pas vraiment... mais je suis bien forcée de reconnaître que finalement la mini-série se suffit à elle-même, à plus forte raison si on veut rester sur une bonne impression.
Et puis, 16 épisodes en compagnie de Debra Messing, franchement, il y a pire, et elle reste lumineuse, charmante et adorable de bout en bout, se donnant à fond pour les scènes fantasmées (la voir grimée en Lara Croft sera probablement l'un de mes meilleurs souvenirs de l'été, surtout quand on connait la taille de soustale de Messing, qui n'a jamais fait de mystère de ce côté-là) et parvenant toujours, malgré tout, à rester la Debra Messing que l'on aime.
Enfin je sais pas pour vous, mais moi oui. Alors non, pas de regret.

Mais il y a des chances pour que mon DVD de la saison prenne quand même un peu la poussière sur le long terme...

17 août 2012

To be continued... Boss

Ce soir. C'est ce soir que revient l'une des meilleures séries de 2011 ! Ca ne se voit pas forcément, là, comme ça, mais j'ai du mal à contenir mon enthousiasme. Bon, je trouve un peu étrange de commencer la diffusion de la deuxième saison de Boss en août, mais en-dehors de ça, vraiment je suis extatique. Vous n'avez pas idée. Boss !

Alors forcément, je me suis dit que j'allais vous proposer un post To be continued... histoire de se remettre dans le bain. Le concept ne change pas, il s'agit toujours de tenter de résumer chaque épisode à l'aide d'une capture et d'une phrase, pas plus. Parce que ça a beau être une grande série, ça fait quand même huit mois que la diffusion s'était interrompue, et ça ne peut pas faire de mal de se remettre un peu les idées en place.
Suivez-moi, aujourd'hui, direction Chicago...

BossUS - 1x01
1x01 - Ou quand l'homme le plus puissant de la 3e ville la plus puissante des USA apprend qu'il peut tout garder sous contrôle, sauf son corps.

BossUS - 1x02
1x02 - Comme une fenêtre sur le futur...

BossUS - 1x03
1x03 -
Le scoop a un arrière-goût de jus d'orange.

BossUS - 1x04
1x04 - Oh-mon-Dieu elle a un coeur.

BossUS - 1x05
1x05 - Hélas pour le maire Kane, certaines choses ne sont pas de simples hallucinations.

BossUS - 1x06
1x06 - Pas le moment de flancher, Kitty, les choses n'ont jamais été aussi mal barrées.

BossUS - 1x07
1x07 - Pour pouvoir renaître de ses cendres, le phénix joue les pompiers pyromanes...

BossUS - 1x08
1x08 - Un dernier épisode comme une expédition punitive d'une heure.

Quand je regarde Boss, j'ai un peu l'impression d'emmener du boulot à la maison, et pourtant ça me plaît : allez comprendre. Il y a, probablement, une part de masochisme à attendre avec impatience le retour d'une série qui n'aura jamais accordé une minute de répit à ses spectateurs, et ne fera rien, de surcroît, pour arranger leur cynisme politique, voire leur écoeurement.
Mais vous me connaissez, j'aime qu'une série me torture lentement, presqu'imperceptiblement, avant de m'en prendre plein la poire juste quand je pense avoir acquis des certitudes. Du coup, inutile de vous préciser que je sais déjà quelle sera la première chose que je ferai demain en me levant... Et vous ?

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16 août 2012

lady's world tour - Escale n°14

-- World Tour --

Il s'agit de ne pas mollir !
Maintenant que vous vous êtes remis dans le bain (et moi avec) de l'actualité télévisuelle internationale, on va donc ne pas se décourager en si bon chemin. Amis téléphages, en route vers un nouveau tour du monde ! Si tout se passe bien et que je ne bavarde pas trop, ça devrait être un peu plus court que la dernière f-... oui enfin, vous n'êtes pas dupes, alors j'arrête d'essayer de vous raconter des bobards.

M'appuyant sur les quelques retours reçus la semaine dernière, j'ai décidé d'adopter la nouvelle mise en forme alphabétique et par pays. Mais comme toujours, cette rubrique est la vôtre, alors n'hésitez pas à me faire part de vos préférences. D'ailleurs, vous qui aimez bien l'Irlande, vous allez voir, j'ai pensé à vous dans ce nouveau world tour...

Pastewka

- ALLEMAGNE :

* Sur Das Erste, il existe une case horaire entièrement dédiée, tout au long de l'année, aux séries policières : Heiter bis tödlich ("souvent fatal"). La case, qui est apparue en octobre dernier les jeudis à 18h50, a déjà accueilli plusieurs séries, parmi lesquelles Hubert & Staller ou München 7, qu'on a déjà pu évoquer. Ainsi, certaines séries policières trouvent ici un créneau appropriété (München 7 existait depuis 2004), quand d'autres y trouvent le créneau parfait pour débuter (c'était le cas de Hubert & Staller en novembre). D'ailleurs à la rentrée, une nouvelle série démarrera dans la case le 20 septembre, Fuchs und Ganz, tournée depuis l'été 2011 et qui attendait patiemment son heure. Das Erste ne s'arrête pas en si bon chemin et a déjà mis en chantier le tournage des prochaines séries de la case, avec Zwischen den Zeilen, dans laquelle deux journalistes totalement différents font équipe. Un concept qui n'a rien de très novateur (ce n'est pas l'objectif de la case), et qui devrait apparaitre sur les écrans allemands au printemps 2013.
* Et la rentrée allemande bat décidémment son plein puisque la comédie Pastewka revient le 21 septembre sur Sat.1 ! La série, inspirée par le concept de Curb your Enthusiasm, met en scène le comédien Bastian Pastewka dans son propre rôle ; la grosse différence étant que l'improvisation est quasi-absente de la série allemande. Diffusée depuis novembre 2005, la série aborde ainsi sa 6e saison cette année, comportant comme la précédente 10 épisodes. La chaîne Sat.1 fera également débuter une nouvelle dramédie médicale dans laquelle deux chirurgiens se disputent tout en se tournant autour, Auf Herz und Nieren, le 17 septembre, que vous retrouverez évidemment dans le Pilot Watch.

SosMiHombre

- ARGENTINE :

* Alors ça, c'est une chouette initiative ! Masashi Mizukami, l'ambassadeur du Japon en Argentine a apporté dans ses valises de bien beaux cadeaux pour la rentrée : de nouveaux équipements pour la chaîne publique, Canal7, afin de célébrer la longue amitié entre les deux pays. Bon, c'est pas non plus venu comme une envie de pisser à l'ambassadeur, hein : en 2010, les deux pays avaient signé un accord de coopération, dont le don n'en est que la partie la plus visible ; des documentaires et émissions éducatives doivent également être produits dans les deux langues. Pour rappel, l'Argentine a adopté en 2009 les normes japonaises pour tout ce qui concerne le numérique, et l'aide technologique du Japon lui permet de sortir aussi vite que possible de l'ère analogique. L'histoire ne précise pas ce que le Japon peut y gagner...
* Rentrée un peu anticipée pour El Trece, qui a décidé de lancer une nouvelle série dés mardi prochain. Le 21 août à 21h30 débutera donc la série Sos mi hombre (en photo ci-dessus) écrite par Leandro Calderone, une romance qui met en scène un ancien boxeur à la retraite qui, pour gagner sa vie et obtenir la garde de son fils, est devenu pompier. Il va rencontrer une médecin très aisé et engagée dans le bénévolat, qui va, vous vous en doutez, changer sa vie à bien des égards. Le tournage est tout récent (il a débuté à la fin juin !) et a commencé dans la chaleur... puisque la première scène tournée, celle de la rencontre entre les deux personnages principaux, était un incendie !

HouseHusbands

- AUSTRALIE :

* Vous pensiez qu'en ce mois d'août, avec pas moins de 3 nouvelles séries, l'Australie ne chômait pas. Vous n'aviez rien vu. Nine commence à diffuser des promos pour la série House Husbands... et ces bande-annonces portent la mention "prochainement" ! La série, initialement présentée comme une dramédie et à présent comme un drama à part entière, s'intéresse à 4 pères au foyer, dont un gay, qui découvrent les joies quotidiennes procurées par l'éducation de leurs enfants. La série comporte au générique Gary Sweet (Rescue: Special Ops), Rhys Muldoon (Lockie Leonard), Gyton Grantley (Underbelly et East West 101) et Firass Dirani (East West 101 ou plus récemment The Straits). En tout, 10 épisodes d'une heure sont prévus pour ce qui ressemble à vue de nez à la réponse australienne à Modern Family...
* Malgré les nouveautés qui nous tombent dessus, les séries déjà bien ancrées dans les grilles australiennes ne tombent pas en désamour pour autant. La preuve, Winners & Losers vient d'être renouvelée pour une troisième saison ! Nos quatre héroïnes seront toutes de retour, avec évidemment quelques ajustements pour les seconds rôles. Ce sont donc au total 4 séries dramatiques qui sont produites en in-house par le network australien (3 d'entre elles étant l'oeuvre de Bevan Lee, puisqu'il faudra bientôt compter la nouveauté A Place to Call Home), et ce n'est pas prêt de se calmer !
* Parlons audiences maintenant. Vous savez tous que Puberty Blues a démarré hier (et vous avez intérêt à y jeter un oeil !), eh bien voilà les résultats : 925 000 spectateurs pour le premier épisode, un résultat plutôt positif (sans en faire un énorme hit). La série n'a pas dominé la case horaire, puisque The Amazing Race Australia l'a emporté de peu avec 976 000 spectateurs, mais Ten est très satisfaite, d'autant que le retour sur les réseaux sociaux est excellent et que la série est seconde sur les tranches démographiques 6-39, 18-49, et 25-54 ans. Une bonne nouvelle dont Ten avait bien besoin, après avoir passé les derniers jours dans la tourmente. Ainsi, plus tôt cette semaine, c'est Underbelly: Badness qui avait dominé la grille sur Nine, avec un excellentissime démarrage : 1,78 million de spectateurs pour le pilote, laissant Ten loin derrière avec à peine 304 000 spectateurs pour sa nouvelle émission de télé-réalité Everybody dance now.
* Enfin, pour ceux qui n'auraient pas relevé quand j'en ai parlé sur Twitter, les séries australiennes Rake et Lowdown reviennent chacune pour une seconde saison le 6 septembre prochain !

RedeGlobo

- BRESIL :

* La télévision terrestre a encore quelques bonnes années devant elle avant de disparaitre du Brésil. A l'origine, le plan du Gouvernement était que le tout-numérique serait instauré en 2016. Actuellement, l'infrastructure permettant de recevoir Globo en numérique touche 50% des foyers brésiliens, un nombre qui devrait atteindre 70% pour la Coupe du Monde de Football de 2014 qui se déroulera au Brésil. Mais les deux années suivantes ne devraient pas être suffisantes pour couvrir les autres territoires, souvent situés dans des zones moins peuplées et/ou accessibles. Il reste toujours la possibilité d'être accessible via le satellite, mais Globo, leader des chaînes gratuites, ne veut envisager cette solution qu'en dernier recours. Du coup, le tout-numérique au Brésil, ça pourrait être carrément à l'horizon 2020.

BombGirls-Reelz

- CANADA anglophone :

* Les filles de Bomb Girls préparent leur grand retour ! La deuxième saison de la série est en effet entrée en production un peu plus tôt ce mois-ci, et le tournage se poursuivra jusqu'à la mi-décembre environ. On l'avait évoqué il y a plusieurs mois, mais vous avez dormi depuis, alors je me permets de souligner que cette nouvelle saison comptera 12 épisodes, contre 6 pour la première saison ; l'acteur Michael Seater (Derek) rejoint le cast pour cette occasion. Pour note, Bomb Girls sera diffusée à partir du 11 septembre par ReelzChannel aux USA.

LanceetCompte

- CANADA francophone :

* On n'en finit pas de parler de rentrée, avec cette fois les ondes québécoises. On n'a pas encore la date exacte, mais Radio-Canada devrait faire débuter Unité 9, son nouveau téléroman se déroulant dans une prison pour femmes, le mardi soir à 20h dans le courant du mois de septembre ; 25 épisodes sont commandés pour le moment. Même chose pour la comédie Adam & Eve dont on parlait la semaine dernière, et qui ne devrait donc plus tarder à débuter.
* La série Lance et compte (ci-dessus en photo), véritable institution de la télévision québécoise, fera également son retour. La série s'était interrompue après sa 7e saison, faisant place à un film sorti à la toute fin de l'année 2010. Et puis, la 8e saison avait été mise en chantier, et depuis, plus rien. La voilà donc, cette nouvelle saison, sous le nom Lance et compte : La déchirure, permettant aux spectateurs canadiens de renouer avec leur équipe de hockey sur glace préférée, qui reprend du service un an après un tragique accident de bus qui a coûté la vie à certains d'entre eux...

Separados

- CHILI :

* La semaine dernière, El Reemplazante, une série en 12 épisodes commandée par TVN, a achevé son tournage. La série met en scène Iván Álvarez de Araya dans le rôle de Carlos, un exécutif d'une grande société financière qui, crise aidant, se retrouve à la rue lorsque celle-ci fait faillite. Il décide donc de se partir se ressourcer dans la maison de son enfance, et c'est là qu'on lui apprend qu'un poste lui tend les bras : prof dans son ancien lycée un peu défavorisé. L'originalité de la série, c'est que les jeunes interprétant les lycéens ne sont pas des professionnels, et ont participé à un atelier avant de tourner la série. Par contre, on n'a pas encore de date de diffusion, mais gardons l'oeil ouvert...
* Qui se souvient qu'on a parlé de Reserva de Familia, l'adaptation chilienne de la série espagnole Gran Reserva ? C'est bien. Mais j'espère que vous ne vous êtes pas trop attachés, car la nocturna touche lentement mais sûrement à sa fin. TVN a en effet lancé ce mardi le tournage de la série qui doit en prendre le relai, Separados. C'est notre photo ci-dessus est c'est aussi une nouvelle dramédie dans laquelle nous pourrons suivre cinq divorcés qui tentent de refaire leur vie. Tous sont installés dans la maison dont Pedro (incarné par Jorge Zabaleta), le personnage principal qui vient de plaquer son boulot et sa femme insupportable, a hérité. Avec cette nouvelle production, TVN décroche aussi un record : elle est la chaîne qui, en 2012, aura acheté le plus de fictions originales.
* Pour finir, la série Profugos, produite pour HBO Latino, a eu l'honneur d'une projection aux USA à l'occasion de l'International Latino Film Festival de New York. La chose n'est pas courante et mérite d'être saluée, en particulier parce qu'elle était suivie d'un panel entre le réalisateur Alberto Ferraras et l'acteur Francisco Reyes, qui se sont livrés à une interview mutuelle devant les festivaliers. Une pause sympathique pour l'équipe qui tourne actuellement la seconde saison...

SARFT

- CHINE :

* J'ai un vrai problème de sources avec la Chine. Chaque fois que je tombe sur des news, ce sont de sombres histoires de censure, c'est d'un triste... Aujourd'hui ne fait hélas pas exception, avec de nouvelles directives émises par la SARFT, l'autorité de régulations de l'audiovisuel chinois. Les nouvelles séries devront ainsi répondre à des impératifs tels que : une série devra clairement identifier les gentils d'une part et les ennemis de la révolution d'autre part ; une série ne devra pas insister sur les conflits familiaux ; une série ne fera pas de plaisanterie sur l'Histoire ; une série ayant pour thème l'entreprise ou l'économie devra véhiculer des valeurs positives... Ces nouvelles "recommandations" interdisent également, dorénavant, les adaptations de jeux videos... ou les remakes de séries étrangères. Et là, bon, j'avoue que j'ai presque envie de recommander à certains pays de s'en inspirer, qu'en dites-vous ?
En tous cas il se murmure qu'avec les restrictions imposées en décembre dernier sur les thèmes des séries de primetime (auxquelles viennent donc s'ajouter ces nouvelles trouvailles), l'industrie de la fiction chinoise pourrait produire cette année seulement un tiers environ de ce qui a été produit en 2011, de nombreux projets n'ayant pas reçu de feu vert par la SARFT, notamment lorsqu'ils impliquaient des intrigues de palace (horreur !), des voyages dans le temps (c'est mal !) ou encore des séries policières (...mais comment les blâmer ?). D'après EntGroup, un cabinet média basé à Pékin, 30 000 épisodes de séries ont reçu une autorisation en 2011, contre 14 000 cette année pour le moment. Les webséries, qui ne sont pas touchées par les restrictions de la SARFT, sont soupçonnées de connaître un boom dans les prochaines années en réponse à ce phénomène.

Matador

- DANEMARK :

* Vous savez quand je suis toute contente de dénicher une nouvelle récompense télévisuelle à laquelle m'intéresser ? Eh bien, cette année, les TvPrisen danois vont être un petit peu moins sympathiques... Le groupe SBS a en effet décidé de ne soumettre aucune série et de ne tout simplement pas participer à la cérémonie, qui se déroule dans le cadre du TvFestival de Copenhague, qui s'ouvrait aujourd'hui. Il ne s'agit pas simplement de refuser les statuettes : subventionner ce festival a un coût, que le groupe a décidé de ne plus assumer, laissant à DR et TV2 tout loisir de signer des chèques si ça les amuse. Cette année, l'invité d'honneur du TvFestival est HBO : la projection de The Newsroom a en effet servi d'avant-goût, hier soir, à l'évènement, et un panel HBO: King Of Drama était organisé cet après-midi ; enfin, une rencontre avec Alan Poul est prévue demain. Aucun employé de SBS ne sera présent ni pendant les différents panels et ateliers, ni au moment de la cérémonie demain soir. Insérez ici les "ooooh" navrés.
* Sur un ton moins sérieux, vous ne pouvez pas ignorer l'existence de la série historique Matador, la mère de toutes les séries danoises qui, en 1978, était devenue un véritable phénomène. Alors voici une petite information qui vous donnera le sourire. La semaine prochaine, Matador entamera une nouvelle rediffusion sur DR1 (pour contrer The Voice sur TV2) ; la précédente rediffusion, il y a 6 ans, avait réuni en effet 1,5 millions de spectateurs en moyenne chaque semaine. Eh bien, pourtant, les DVD de Matador (en version remasterisée avec grand soin) se sont écoulés à ce jour à 3,6 millions d'exemplaires, et il a passé 112 semaines au total dans le Top20 des DVD les plus vendus du pays depuis leur sortie en 2009 ! Et les Danois continuent de réclamer des rediffs quand même ! Touchant, non ?

PolseresVermelles

- ESPAGNE :

* En cette période estivale un peu creuse, c'est une série pas comme les autres qui emporte l'adhésion du public le lundi soir. Antena3 diffuse en effet en ce moment Polseres Vermelles (sous le titre Pulseras Rojas), une série en 13 épisodes d'abord vue sur la chaîne catalane TV3 au printemps 2011 (et qui avait rassemblé un demi-million de spectateurs). La série s'intéresse à l'aile pédiatrique d'un hôpital, dans laquelle plusieurs enfants et adolescents se rencontrent et se lient d'amitié. La série est inspirée par l'expérience de son créateur, Albert Espinosa, entré à 14 ans dans un service similaire et sorti seulement 10 années plus tard, et qui souhaitait dépeindre la vie à l'hôpital non pas du point de vue (souvent pessimiste) des professionnels, mais de celui des patients. Il était à un moment question que la série soit adaptée pour les USA par Martha Kauffman mais ça fait quelques temps qu'on n'a plus entendu parler du projet Red Band Society. En tous cas, c'est la série du moment en Espagne, et pour cause : lundi sur Antena3, elle a réussi à dominer toute la case horaire. Et pourtant en face, il y avait Kill Bill sur Cuatro, par exemple. C'est aussi la première fois depuis 1994 qu'une série catalane trouve le chemin d'une diffusion nationale... Ah et, le mois dernier, une deuxième saison a été mise en chantier. Voilà voilà. Et sinon, Martha, toujours pas envie de se hâter ?

Ramayan

- INDE :

*Ah, on n'avait pas encore parlé de l'Inde ce mois-ci ! On va même parler religion, et plus précisément du Ramayana, un poème épique de plus de 24 000 vers, fondamental dans la religion hindoue. Son héros est Rama, un prince qui, afin de se conformer aux principes de sa religion, abandonne trône et fortune pour s'exiler. Cette histoire incontournable de la culture indienne a déjà fait l'objet d'une série en 1987, diffusée par la chaîne publique Doordashan, Ramayan, avant qu'Imagine TV ne sorte une nouvelle adaptation en 2008, sous le même titre. Cette fois c'est Zee TV qui a décidé de lancer une nouvelle mouture ce dimanche 12 août, toujours sous le titre Ramayan, mais avec un twist : elle a accordé à la chaîne publique Doordashan la possibilité d'un simulcast des épisodes. Doordashan peut ainsi diffuser le dimanche matin une série Zee sans jouer aucun rôle dans la conception, et c'est tout bénef ! Quant à Zee TV, sa stratégie est de toute évidence de toucher des publics très différents et d'élargir la cible des séries. C'est la première fois qu'une série est diffusée en parallèle sur une chaîne privée du satellite et la chaîne nationale publique ; une initiative d'autant plus intéressante que c'est aussi la première fois que les ingrédients sont réunis pour tester son accueil par le public via les réseaux sociaux. Joli clin d'oeil, c'est la petite-fille de Ramanand Sagar, le créateur original de la série, qui est aux commandes de cette nouvelle saga.

MrsBrownsBoys-Yellow

- IRLANDE :

* S'il y a bien une comédie irlandaise que vous devez connaître, c'est Mrs. Brown's Boys, la série qui casse la barraque outre-Manche. Brendan O'Carroll, qui incarne la vieille dame, vient de signer pour une adaptation de la série en... jeu télévisé ! C'est BBC One qui pourrait accueillir ce jeu dans lequel des candidats, répartis en deux équipes, et avec l'aide de célébrités diverses (venues du monde de la télévision, du cinéma, de la musique et sur sport), devront répondre à un quiz présenté par Mrs Brown. Un pilote est actuellement tourné pour tester le concept ; il ne sera pas diffusé, mais devrait conduire à une émission dés le début de l'année 2013. Pendant ce temps, la troisième saison de Mrs. Brown's Boys est attendue pour février prochain sur rté.

IlCommissarioNardone

- ITALIE :

* Tiens, et l'Italie ? On n'a pas encore parlé de l'Italie depuis le retour des world tours. Permettez que je répare immédiatement cet oubli en vous parlant de l'une des séries de la rentrée sur Rai Uno, Il Commissario Nardone. Il s'agit, vous l'aurez peut-être deviné, d'une sére policière mettant en scène un flic s'intéressant aux ripoux de la police milanaise, dans les années 50. La saison de 6 épisodes est prête depuis presque 2 ans maintenant, sans trop de raison (d'après la chaîne, toutes les cases fictions "étaient déjà prises"...), et n'attendait plus qu'une date de diffusion ; celle-ci est enfin fixée au 6 septembre prochain. Et ça, c'est la bande-annonce.

OnenoKanatani

- JAPON :

* Toujours en préparation de l'automne, la nouvelle saison de WOWOW se profile. D'abord avec une mini-série en deux épisodes, One no Kanata ni (ci-dessus). Il y sera question d'un crash d'avion survenu le 12 août 1985, dans lequel 520 passagers et membres d'équipages trouvent la mort. Un jeune garçon dont les parents étaient à bord doit donc se reconstruire après la catastrophe ; la mini-série sera diffusée les 7 et 14 octobre. Puis viendra Hitori Shizuka, qui prendra la relève le 21 octobre, et consistera, en 6 épisodes, en une intrigue policière autour d'une jeune femme impliquée dans pas moins de 5 meurtres au long de sa vie. On la suivra donc de son adolescence à l'âge adulte, pendant tout le temps où elle a la police sur les talons. Deux idées intéressantes et qui, a priori, changent un peu des thrillers politico-juridico-socio-économiques de la chaîne câblée. Oh mais, on aura l'occasion, bien-sûr, de faire un point sur les nouveautés de la saison nippone l'heure venue, n'en doutez pas.
* C'est qui le maître incontesté du dorama ? C'est ce bon vieux Takuya Kimura, toujours fidèle au poste, qui nous revient cet automne dans une nouvelle série : PRICELESS. L'occasion pour lui d'un retour dans la case de 21h le lundi (surnommée "getsuku") où on ne l'avait plus vu depuis l'échec de Tsuki ni Koibito en 2010. Dans PRICELESS, notre golden boy passera d'une vie confortable à la pauvreté la plus totale lorsqu'il sera viré de son boulot pour une faute qu'il n'a pas commise. En se rapprochant d'enfants des rues qui lui apprennent à survivre sans argent, il réalisera qu'il y a certaines choses qui ne s'achètent pas... Bah voyons.

EstadodeGracia

- MEXIQUE :

* Ah, elle m'avait échappé la semaine dernière, celle-là. Le 1er août dernier, Once TV a lancé une nouvelle série appelée Estado de Gracia (et c'est la promo ci-dessus). Diffusée à 23h30, la série compte 13 épisodes qui mettront en scène une membre du congrès, Julieta Toscano, qui envisage de déposer un projet de loi pour légaliser les drogues, pensant qu'il sera ainsi plus simple de lutter contre ce fléau. A partir du dépôt de ce projet de loi, la vie professionnelle et personnelle de l'élue va changer, mais va aussi permettre à de nombreux personnages venus de divers milieux de se croiser et d'apporter leur point de vue sur le sujet. Collusion entre les trafiquants et les politiques, rôle des médias, tout doit y passer. Un sujet déjà intéressant à la base, mais au Mexique...
* A noter que Once TV a également dans ses manches une nouvelle série, Paramedicos, qui démarrera à la fin du mois, et qui raconte les incroyables aventures (inspirées d'histoires vraies) des ambulanciers mexicains. Voici la bande-annonce, où l'on peut repérer que la Croix Rouge a participé au financement de la série, et ça se sent. Rha, ces Mexicains alors, ils n'apprendront donc jamais ? La débâcle El Equipo ne leur aura donc rien appris ?

VanGogh

- PAYS-BAS :

* Ned1 diffusera en janvier 2013 une mini-série intitulée Een Huis Voor Vincent ("une maison pour Vincent"). Ses quatre épisodes parleront non seulement de l'ariste mais aussi de son neveu Vincent Willem van Gogh qui, 70 ans après la mort du peintre, héritera de son oeuvre et créera la collection Van Gogh dans les années 60. C'est Peter Blok, qui incarnait le nouveau psy dans la deuxième saison de In Therapie (la version néerlandaise était en effet un peu différente) qui est pressenti pour le rôle principal. Ca va être dur de faire aussi bien que Tony Curran, mais allez, défi relevé !
* De son côté, la chaîne privée SBS6 lancera le 29 août une nouvelle série intitulée Dokter Tinus, qui suit l'installation d'un médecin de la ville alors qu'il reprend un cabinet dans une petite ville de prov-... ça vous rappelle quelque chose ? C'est normal, ce n'est que l'une des nombreuses adaptations de la série britannique Doc Martin (rappelez-vous, on a eu la nôtre aussi). Sans plus attendre, la bande-annonce :

Lekarze

- POLOGNE :

* De toutes les chaînes qui préparent la rentrée de cet automne, en voilà une qui n'était pas trop motivée. TVN n'a décidé de proposer qu'une seule nouvelle série en ce mois de septembre : Lekarze. Cela faisait 13 ans qu'aucune chaîne n'avait lancé de série médicale en Pologne (mais Na dobre i na złe, lancée en 1999, est encore à l'antenne, alors ça va). TVN proposera d'autres séries, évidemment, mais ce seront donc surtout des retours, à l'instar de la série légale Prawa Agaty, le soap Na Wspólnej, ou la troisième saison du soap Julia.
* Le 6 septembre, Polsat lancera une nouvelle série également, Przyjaciółki, un titre qui peut se traduire par "amies". L'histoire sera celle de quatre amies qui se retrouvent à l'occasion d'une réunion d'anciennes élèves, et qui renouent alors. Le concept n'est pas sans rappeler celui de Winners & Losers (la loterie en moins), et voici la bande-annonce pour le confirmer :

JiznnaMars

- RUSSIE :

* En matière de remakes, notamment en Russie, on a déjà pu évoquer pas mal de choses. Mais en général, c'étaient surtout de sitcoms US qu'il s'agissait. La première chaîne du pays, Perviy Canal, s'est pourtant lancée voilà quelques années dans un projet un peu différent : adapter des dramas d'un heure. Son coup d'essai a été avec une adaptation de Prison Break, lancée à la rentrée automnale 2010. Après avoir annoncé à l'automne 2011 la mise en chantier d'une adaptation de Life On Mars, dont vous pouvez voir le logo pour la diffusion russe ci-dessus (le remake sera diffusé sous le titre Tiomnaia Storana Luny, "la face cachée de la lune", dont pour l'instant les spectateurs russes n'ont pas encore pu tester la qualité), voilà à présent que la première chaîne s'attaque à la série Day Break, dont elle vient d'annoncer qu'elle avait bien l'intention de l'adapter également. On aura l'occasion, soyez-en sûrs, de reparler de cas un peu particulier des remakes de Perviy Kanal. En attendant, on peut se poser la question : sur quoi la chaîne s'appuie-t-elle pour choisir les séries à adapter ? On ne peut pas dire que Day Break soit d'une grande longévité...

GrandPrixF1

- SUEDE :

* A peine née, déjà pleine de projets ! La nouvelle société de production NICE Drama (qui n'a pour le moment rien sorti et n'a que quelques mois d'existence) a déjà plusieurs films et séries en préparation. Evidemment, ce sont les séries qui nous intéressent. D'abord, il s'agit d'adapter la trilogie de thrillers de Kristina Ohlsson, en 6 épisodes de 45 minutes, pouvant également être montrés sous la forme de 3 films de 90 minutes (le premier volet est par exemple susceptible de sortir en salles en Suède). Le tournage commencerait l'année prochaine, donc on n'y est pas encore. D'autre part, un drama familial en 10 épisodes est également à l'étude, Waldemars, qui suit les retrouvailles d'un frère et une soeur qui réapprennent à se connaître après le décès de leur mère, qui les ramène dans l'archipel Åland. Mais le projet le plus ambitieux est probablement Grand Prix, une série tournée en anglais prenant pour contexte le monde des circuits automobiles dans les années 70 ; la série serait co-produite en effet par BBC Worldwide, pour une addition de 2 millions de livres par épisode. Pour mémoire, c'est aussi chez NICE Drama qu'on prépare une adaptation du roman français Le dernier lapon, ainsi que le polar en 6 épisodes Midnight Sun/Jour polaire, dont Ulf Ryberg pourrait bien devenir le scénariste...

MasamiNagasawa

- TAIWAN :

* La semaine dernière, on a parlé d'un nouveau dorama pour Masami Nagasawa (ci-dessus), la série japonaise Koukou Nyuushi. Eh bien la jeune femme ne chôme pas puisqu'elle va s'envoler vers Taiwan où, pendant 4 mois, elle tournera intégralement en mandarin dans une adaptation du manga Chocolat. La série devrait être diffusée à Taiwan dans le courant de l'été 2013, avant d'être reprise dans une dizaine de pays d'Asie, dont le Japon, la Corée du Sud et même la Chine ! Ce sont en tout 13 épisodes de 90 minutes qui sont au programme. Un challenge d'autant plus important qu'il y a encore quelques mois, Nagasawa ne parlait pas un traitre mot de mandarin...

MuhtesemYuzyil-Orage

- TURQUIE :

* Si vous vous demandez ce qu'il advient de la série à succès Muhtesem Yüzyil, ne vous en faites pas : tout va bien ! Même si pendant un temps, son avenir a été incertain (sa créatrice, Meral Okay, est décédée au printemps), la préparation de la troisième saison bat aujourd'hui son plein alors que la diffusion devrait reprendre à l'automne. Un "nouveau" personnage, en particulier, le prince Mustafa, devrait faire son apparition et rendre les choses encore plus compliquées dans le harem de notre bon roi. Je mets "nouveau" entre parenthèses car le personnage est en réalité présent depuis le pilote, simplement jusque là, il n'était qu'un enfant. Interprété par un jeune acteur qui intègre la distribution, le rôle devrait prendre une nouvelle envergure alors que les années passent.
* Enfin, juste un petit mot pour signaler que TNT, cousine turque de la chaîne du même nom aux USA, devient dorénavant TV2, le groupe américaine ayant décidé de s'en retirer totalement. Pour se souvenir de ce changement, voilà une petite video sur le nouvel habillage :

MundoFox

- USA comme toi :

* Ca y est ! Une nouvelle chaîne hispanique est née aux Etats-Unis, elle s'appelle MundoFOX et elle pèse déjà plusieurs millions de dollars ! La chaîne, dont le slogan est "Americano como tu" ("américain comme toi", vive l'ambivalence !) a été mise en place grâce à l'entraide entre FOX et la chaîne colombienne RCN. Cela explique donc que plusieurs séries de la chaîne sud-américaine se retrouvent dans les grilles de MundoFOX dés le lancement de celle-ci, dont la narconovela El Capo, ou la série pour ados Kdabra. De nombreuses séries du catalogue FOX, diffusée évidemment en espagnol, sont également au programme, telles que Touch, Bones ou Futurama.

Selfridges

- MONDE :

* Le projet d'ITV, Mr. Selfridge, s'intéressant au fondateur des grands magasins britanniques Selfridges, nés en 1909, vient de gagner des partenaires. La série de 10 épisodes d'une heure s'offre dorénavant la participation financière de Seven en Australie, SVT en Suède et yes en Israël ; PBS devrait également diffuser la série dans le cadre de son créneau Masterpiece.
* Et puis évidemment, vous n'avez pas pu échapper à la nouvelle : Netflix va s'installer en Scandinavie. Il s'avère d'ailleurs que l'initiative est plutôt bien reçue par la concurrence, puisque le service de VOD Voddler, également basé dans la région, a fait savoir qu'il espérait que cette alternative supplémentaire aide les consommateurs à se détourner du téléchargement illégal : "pour nous, la vraie concurrence, c'est le piratage", a-t-on déclaré chez Voddler. Bon ! Mais en France, on n'a toujours pas Netflix, alors...

Allez, une fois n'est pas coutume, je vais finir sur la fiction française ! Eh oui, la série Bref va en effet être diffusée au Québec sur la chaîne addik TV. Les 10 premiers épisodes (sur 82 au total) ont été mis à disposition des internautes sur le service de VOD Vidéotron mardi, à la suite de quoi de nouveaux épisodes seront ajoutés à raison d'un par jour du lundi au jeudi, jusqu'en décembre. addik TV prendra le relai à partir du 27 août, diffusant un épisode par semaine, du lundi au vendredi, à 20h puis à nouveau à 22h. Bref, cocorico.

Et si vous avez aimé voyager aujourd'hui, restez dans le coin, je vous prépare une semaine spéciale dés lundi, en l'honneur du retour d'internet dans mon domicile ! Eh oui c'est tout frais, ça date de ce soir.
D'ailleurs, les posts quotidiens vont reprendre, alors attachez votre ceinture, je ne vous attendrai pas.

14 août 2012

Anemic Practice

Vous le savez désormais, en cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. C'est donc la suite de cette grande aventure et, à la fin de ce post, vous trouverez bien évidemment un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote de whisper (je l'ajouterai lorsqu'il l'aura rédigée ; nous ne les posterons pas nécessairement de façon absolument simultanée), et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote... Aujourd'hui, c'est le pilote d'Animal Practice que je me propose de passer en revue.

AnimalPractice

Et je pense pouvoir dire avec la plus grande certitude que je n'avais plus autant pas-ri depuis Work It. Du coup, je salue la performance, parce que c'est pas donné à tout le monde de tomber à ce niveau.

Comme dans toute grande comédie, le coup de génie vient du cast. On parle quand même d'une série dans laquelle Tyler Labine est embauché et où il parvient à ne pas être l'acteur le plus nul de la distribution ; ça force le respect. Mais plus encore : on dira ce qu'on voudra de Justin Kirk (moi, ma maman m'a appris que si on n'a rien de gentil à dire, il vaut mieux se taire ; d'un autre côté à quoi ça servirait d'avoir un blog, c'est vrai), mais dans le cast, on compte UNE véritable réussite, le symbole de tout ce qui fait que les casting directors méritent leur salaire au centuple : Dr Rizzo le singe.

Avoir pensé au singe, c'est vraiment brillant. Sans lui, Animal Practice serait un fiasco total, et vaudrait un Brothers ou un Cavemen... mais avec, wow ! Là ça deviendrait presque drôle. Je vous dis, c'est littéralement du niveau de Work It, étant donné que le singe est interprété par une femelle capucin ! Imaginez le travail de composition qu'il y a derrière.
D'accord, les gags avec le singe ont été vus cent fois, et à la place du capucin, j'en toucherais deux mots à mon agent parce qu'il y a du typecasting là-dessous, mais enfin, admettons-le, ce sont les seules fois où on n'a pas envie de descendre dans les locaux de NBC avec du gaz sarin.

Donc, je récapitule : les gags sont convenus, en plus d'être atroces ; l'intrigue est famélique ; le contexte n'a rien de drôle a priori et confirme cette intuition pendant l'épisode ; et pour finir le cast est à la ramasse. Même les 10 tonnes de mascara et les battements de cils de Joanna Garcia n'y peuvent rien, c'est foutu.
Vous comprendrez que dans ces conditions, je ne vais pas y passer la nuit : Animal Practice, l'une des ignobles bouses de la saison, point barre.
Oh, ce ne sera sans doute pas la seule. Ne doutez pas qu'un sort à peine plus enviable leur sera réservé, en temps voulu, ici même.

...Pendant ce temps, j'imagine que, quelque part, Amy Huberman rit sous cape d'avoir réussi à échapper aux griffes d'Animal Practice. Well done.

Challenge20122013

13 août 2012

Famous in a small town

L'an dernier, au printemps, j'avais subitement entamé un marathon Gilmore Girls. Je ne me souviens pas trop comment j'en étais arrivée là (les voies de la téléphagie sont impénétrables...) mais je sais que je m'étais arrêtée à la fin de la saison 3, tout simplement parce que je n'avais pas les DVD pour aller plus loin. J'ai acheté la saison 4, et le temps que je mette la main dessus, c'était fini, j'étais passée à autre chose, comme ça m'arrive si souvent. Si vous en doutez, matez donc les posts où je parle de mon intégrale de Jack & Bobby, tiens.

Mais là, pas d'internet, un nouveau boulot assez prenant (euphémisme), et l'été, étaient trois facteurs favorisant un marathon lorgnant vers l'intégrale pour une série pas trop chiante, pas trop exigeante, mais quand même attachante. Le choix a été vite fait. C'est là que j'ai réalisé que je n'avais jamais achevé mon parcours avec Gilmore Girls, qui avait pourtant commencé lors de la diffusion de la première saison par France2. Il y a dix ans...
L'erreur est à présent réparée, donc, et voici à présent mon bilan de la série. Ce qui implique, vous l'aurez compris, que malgré tous mes efforts, des spoilers vont forcément s'y trouver. Surtout que vous vous apprêtez probablement à lire le post le plus long de l'histoire de ce blog (mais peut-être m'apporterez-vous la preuve du contraire !).

FamousinaSmallTown

L'histoire de Gilmore Girls, tout téléphage la connait (ou devrait la connaitre) : celle de Lorelai Gilmore, une femme qui a eu à l'âge de 16 ans une fille surnommée Rory, et qui est très proche d'elle. La série commence, et ce ne peut être un hasard, précisément quand Rory atteint l'âge fatidique qu'avait sa mère quand elle l'a eue. Et alors que Rory s'apprête à intégrer Chilton, un lycée privé prestigieux qui lui ouvre les portes d'études supérieures brillantes auxquelles elle aspire, Lorelai se voit contrainte d'aller demander de l'aide financière à ses riches parents, qu'elle a jusque là tenus à une plus que respectable distance.

Dés les premiers épisodes, l'esprit de la série est clair, et consiste en deux niveaux.
Il s'agit de travailler à la fois sur le tandem Lorelai/Rory et de montrer combien la mère et la fille sont copines comme cochon, en dépit du passé houleux qui a présidé à la naissance de Rory (chose que souligneront les grands-parents Gilmore régulièrement), que de dessiner le contour d'un ensemble show gigantesque situé dans une "petite bourgade" (un panneau nous apprend que Stars Hollow compte en fait 9000 et quelques habitants, mais la série se comportera pendant presque toute sa durée comme si ce chiffre se mesurait en quelques centaines à peine). Les destins des différents visages familiers de Stars Hollow se mêleront, parfois avec insistance, à l'évolution du couple Lorelai/Rory.

Cette dynamique double va se révéler fort utile, parce qu'il s'avère que Gilmore Girls est une série sans enjeu ni objectif. On peut le vivre comme un défaut mais c'est un choix qui est pleinement assumé, après tout, alors autant prendre les choses du bon côté.
Gilmore Girls ne fonctionne pas, jamais, avec un horizon précis.
Quand une saison commence, par exemple, elle ne pose jamais d'objectif à long terme pour ses protagonistes. La série ne les mettra jamais dans une situation indélicate à résoudre avant la fin de la saison, par exemple, ou ne posera jamais un axe qui nécessite de se développer dans un but affiché. Tout dans Gilmore Girls respire au même rythme que vit Stars Hollow ; il n'y a pas de pression, pas d'impératif ; la vie se déroule et on est invités à la suivre, tranquillement, mais on ne regarde pas cette série-là pour autre chose, et surtout pas pour les sensations fortes. Les cliffhangers sont réservés aux fins de saisons (quoique toutes ne soient pas égales devant ce procédé), et encore, pas vraiment avec des retournements de situation trop importants, seulement avec des points de suspension et/ou d'interrogation. Il peut se passer énormément de temps dans une saison sans que rien de précis ne se passe, mais sans que l'on s'ennuie pour autant : on suit juste le quotidien des personnages, sans pour autant les soumettre à mille tourments.
La vie, quoi. Pas vraiment ennuyeuse, seulement normale. On en oublierait presque, de nos jours, ce que c'est que de suivre ce genre de chronique, tant les spectateurs sont habitués à la recherche du frisson à travers des séries sensationnelles, ou ambitionnant de nous mettre la tête à l'envers avec des énigmes et des effets spéciaux et des surprises.
Et il s'avère qu'il n'est pas si difficile d'arrêter de presser le pas, et d'apprendre à apprécier de prendre le temps de vivre à Stars Hollow.

Ce rythme des intrigues est d'autant plus saisissant qu'il oppose un contraste total avec le rythme des épisodes.
Gilmore Girls est en effet célèbre pour ses dialogues échevelés, débités à 100 à l'heure par des actrices qui semblent le plus souvent en apnée totale. Les dialogues qui ont fait sa réputation et son succès offrent le parfait antidote à toute sensation potentielle d'ennui ; même quand il ne se passe rien, il se dit tant !
Et il ne se dit pas du vide, non plus. Gilmore Girls ne cherche pas à brasser de l'air ; la série passe énormément de ce temps bavard à explorer ses thèmes principaux. Simplement, évoquer ces thèmes ne signifie pas, dans le cas de cette série, bâtir des intrigues complexes ou développées, mais simplement creuser le sujet avec tendresse.

Alors ces deux grands thèmes principaux, quels sont-ils ?

GilmoreGirlsDinner

Eh bien d'abord, Gilmore Girls s'intéresse de toute évidence à la famille. Ce n'est pas pour rien que la série a vu le jour grâce au Family Friendly Programming Forum (aujourd'hui devenu Alliance for Family Entertainment), car il s'agit ici d'observer le sujet sous tous les angles, grâce au traumatisme familial qu'a été la conception un rien trop rapide de la petite Rory. L'évènement date d'il y a près de 16 ans quand commence le pilote, et pourtant, il n'a toujours pas cicatrisé, et provoque des regrets et des rancoeurs, tous ravivés par la requête financière de Lorelai.
Le pilote va ainsi semer la graine des fameux "dîners du vendredi soir", une manne de scénarios futurs qui sera exploitée pendant la quasi-totalité des 7 saisons sous une forme ou une autre : en échange du prêt de la somme nécessaire à faire entrer Rory au lycée Chilton, la mère de Lorelai, Emily, impose un dîner hebdomadaire obligatoire. Sauf que ce dîner est avant tout un enjeu de pouvoir, l'aboutissement d'un bras de fer qui a duré 16 années, et que les deux parties (Lorelai et Rory d'un côté, Emily et Richard de l'autre) ne sont pas proches du tout. L'occasion de nombreuses situations gênées, mais aussi et surtout de clash copieux. Les évènements d'il y a 16 ans n'ont jamais été résolus, si tant est qu'ils puissent l'être, et chacun porte en lui, à sa façon, le poids qui en résulte. De fait, au ressentiment d'Emily et Richard, qui ont l'impression (justifiée) de ne pas connaître leur petite-fille, et qui ont gardé le goût amer de l'affront infligé par Lorelai, s'oppose la rancune de cette dernière qui n'a jamais vraiment digéré la façon dont ses parents l'ont traitée alors qu'elle était enfant, puis adolescente, puis adolescente enceinte. Et bien souvent, au milieu de tout ça, lors de ces rendez-vous hebdomadaires inévitables, c'est Rory qui, du haut de ses 16 ans, est contrainte d'arbitrer.

A travers cette confrontation de deux générations se dessine, en réalité, l'exploration de deux façons d'être parents, et notamment d'être mère. Emily et Richard Gilmore sont des gens très aisés, éduqués avec une certaine vision des choses, et qui ont fait preuve d'une grande fermeté avec Lorelai qu'elle n'a jamais bien tolérée. A côté de ça, Lorelai et Rory sont incroyablement complices, se comportant régulièrement plus comme des amies voire des colocataires, que comme une mère et sa fille. Le propos de Gilmore Girls n'est à aucun moment de tenter de donner raison à l'un plus qu'à l'autre ; dans l'ensemble, l'équilibre est bien respecté, montrant les carences comme les avantages des deux modes d'éducation.
Ainsi, Lorelai est la confidente, la comparse de sa fille. Mais elle est aussi tellement convaincue d'être la meilleure amie de sa fille qu'il lui est parfois difficile d'imposer son autorité de mère ; elle est également dans une relation plus fusionnelle qui parfois l'empêche d'être très objective dans beaucoup de ses réactions. A côté de ça, Emily est une mère au regard critique et acerbe, considérant qu'elle agit pour le bien de sa progéniture, que cela plaise à cette dernière ou non. Mais cette façon de faire parfois brusque, pour ne pas dire castratrice, s'accompagne d'une immense générosité qui ne demande souvent qu'à s'exprimer, et d'un enthousiasme sans borne pour toute mondanité qui puisse permettre de se créer un réseau propice à l'élévation sociale. Emily n'est peut-être pas chaleureuse ou marrante comme Lorelai, mais on peut compter sur elle pour progresser dans la vie. Pourvu de suivre ses règles du jeu...
Les blessures jamais cicatrisées, dues aux circonstances entourant la naissance de Rory, sont exacerbées par le fait que non seulement Lorelai a refusé d'épouser le père de sa fille, mais en plus, elle s'est enfuie et a décidé de se débrouiller toute seule. C'est de toute évidence un acte qui a été perçu par Emily et Richard comme une rébellion contre leurs principes, mais aussi comme un désaveu de leurs choix éducatifs, et de tout leur mode de vie. Lorelai, se sentant étouffée par une vie faste qui ne correspondait pas à son caractère farfelu, a brisé ses chaînes, et, par la même occasion, le coeur de ses parents. Un épisode plutôt réussi nous offrira l'incontournable série de flashbacks permettant de revenir au moment précis où Emily et Richard d'un côté, et Lorelai de l'autre, ont vécu une cassure que rien ne pourra jamais réparer, alors que la jeune fille laissait un mot à ses parents expliquant qu'elle et son bébé avaient quitté la maison. Cet acte fondateur montre bien comment la mère et la fille ont définitivement perdu quelque chose à ce moment-là, qu'elles passeront toute leur vie à reprocher à l'autre.

A leur façon, les quatre Gilmore sont donc, à cause de cette histoire de dîners hebdomadaires, une famille recomposée. De leur façon de s'accrocher en quasi-permanence à leurs expérimentations de rapprochement, Gilmore Girls va rester attentive pendant une grande partie de son parcours à la façon dont cette "famille malgré elle" fonctionne tant bien que mal, avec quelques jours avec et beaucoup de jours sans, mais quand même. Lorelai Gilmore va notamment réaliser que, ses parents, elle ne peut vraiment pas vivre avec, mais elle ne peut pas tout-à-fait vivre sans, d'autant que Rory s'entend à merveille avec eux. Un rapport qu'occasionnellement Lorelai jalouse, en partie parce qu'elle voudrait se réserver l'affection exclusive de sa fille, en partie parce qu'elle n'aura jamais cette relation-là avec eux.

Mais bien que passant, presque littéralement, chaque semaine dans la salle à manger d'Emily et Richard Gilmore, la série s'attache à aborder son sujet de la famille sous bien d'autres angles. Ainsi sa plus grande réussite à mes yeux est la relation mère-fille (encore une) de la famille Kim. En effet, Lane Kim est la meilleure amie de Rory, et sa relation à sa mère ("Madame Kim", qui semble être née sans prénom et uniquement avec un titre) est totalement différente de celles que nous voyons à l'écran. Lane et Madame Kim ont quelque chose qui s'approche de ce qu'on imagine que la relation Lorelai/Emily a pu être il y a de cela 16 années. Lane, passionnée de rock et amatrice de junk food, est obligée de cacher à sa mère, protestante fervente et obsédée par la nourriture "saine" (en fait une végétarienne dans la VO), ses véritables penchants. Une bonne et large moitié de la série nous offrira l'opportunité de voir Lane bâtir son univers personnel en cachette, que ce soit au sens propre (elle cache ses CD sous le plancher de sa chambre) comme au figuré (Lane échaffaudant souvent un scénario improbable pour échapper à la vigilance de sa mère et grapiller quelques miettes de liberté). Longtemps incapable de s'affirmer, brimée autant par sa mère ultra-sévère et austère, que par elle-même, par crainte de se trahir et se faire engueuler, Lane est l'incarnation de tout ce que Lorelai reproche à sa propre enfance, de la sensation d'étouffement à la négation de sa personnalité réelle. Mais, chose que Lorelai n'a jamais réellement accomplie, Lane va finir par se prendre en main. Après quelques tentatives d'affirmation ratées (comme une épique coloration de cheveux violette qui n'aura duré que 5mn), Lane finira par jouer cartes sur table avec Madame Kim, dans ce qui reste certainement comme l'une des plus belles confrontations mère-fille de cette série qui en comporte pourtant quelques unes. Mais en montrant son attachement à un certain nombre de valeurs maternelles, et avec énormément de patience, Lane finira par se tailler une mère sur mesure, et Madame Kim finira par lâcher un peu la bride au fruit de ses entrailles. Si bien que c'est cette même Madame Kim qui finira par organiser une tournée pour le groupe de rock de sa fille, par exemple ! On apprendra même que Madame Kim elle-même était une sacrée rebelle en son temps...

Le tandem Lane/Madame Kim est de façon constante un rendez-vous plein d'émotion, très honnête, sur les relations mère-fille ; parfois c'est un même rendez-vous qui est raté pour Lorelai/Emily, tant leurs interactions semblent abuser des prises de bec, et trop rarement faire progresser leur relation ; il est sans doute trop tard pour elles, dans le fond. Mais sur un même sujet, ces deux développements différents forment une grande richesse.

Enfin, Gilmore Girls met également un point d'honneur à parler de parents "atypiques". Pour une série conçue comme était familiale, les parents célibataires (Lorelai bien-sûr, mais aussi Madame Kim, Luke...) ou sur lesquels on ne miserait pas forcément sa chemise (la tête-en-l'air Sookie, Liz...) sont légion. Plus tard, même Lane et son petit-ami, pourtant peu destinés dans l'imaginaire collectif à pouponner, de par leur jeune âge ou leur appartenance à un groupe de rock, se verront mis au pied du mur et interrogeront une fois de plus le statut de parent. Quand aux parents dont on entend plus parler que l'on ne les voit, ils n'ont pas tellement plus le beau rôle, qu'il s'agisse des parents de Paris Geller (qui semblent passer leur temps soit à divorcer, soit à avoir des problèmes avec le fisc) ou du père de Logan Huntzberger, tyrannique, manipulateur et égocentrique. Emily et Richard Gilmore sont à vrai dire les seuls parents "normaux" de la série, répondant parfaitement aux critères promus dans la société ou les médias, mais ils ne sont jamais posés comme le modèle à suivre pour autant par la série.
Rarement une série aura passé autant de temps à chercher la formule "parfaite" de la parentalité. Elle n'existe pas, bien-sûr. Mais Gilmore Girls l'aura vraiment cherchée dans tous les recoins. L'éducation et les rapports parents-enfants sont donc l'un des centres névralgiques de nombre de ses épisodes.

GilmoreGirlsGraduation

Mais dans Gilmore Girls, l'éducation est aussi à prendre au sens plus large. Et la série se fait un devoir d'émailler ses dialogues de références nombreuses et denses. Musique, cinéma, télévision mais aussi littérature, tout y passe. La série requiert une attention de chaque instant, non seulement pendant ses épisodes, mais aussi au-dehors, pour comprendre les dialogues. Si vous ne connaissez aucun nom d'auteur classique russe, que vous n'avez vu aucun film en noir et blanc, et que vous n'êtes pas incollable sur les bacs des disquaires spécialisés dans le rock, Gilmore Girls va nécessiter plusieurs heures de rattrapage sur Google et/ou Wikipedia.

On peut s'interroger sur la façon dont Lorelai, justement, a acquis cette popculture dont elle orne en moyenne une phrase sur dix. Elevée dans un milieu strict (et où il n'est pas certain que son accès à la télévision ou à la musique ait été encouragé !), il ne fait aucun doute que Lorelai a entamé sa découverte culturelle du monde après son départ de chez ses parents. Sa tradition des soirées cinéma avec sa fille, par exemple, montre combien elle a besoin de rattraper le temps perdu ; dans ces instants-là, elle redevient adolescente, non seulement parce que ça lui permet de faire la fofolle avec Rory, mais aussi, voire surtout, parce qu'elle récupère un peu des découvertes culturelles qu'elle aurait aimé faire alors. Mais cela implique que le rattrapage culturel de Lorelai a participé, en partie, à l'éducation culturelle de Rory, lui ouvrant l'esprit et lui donnant l'esprit curieux qui la caractérise. Un mal pour un bien, donc.
Plus largement, Gilmore Girls est l'une des rares séries à mettre autant d'importance sur la notion d'éducation intellectuelle. La série pourrait se contenter d'utiliser l'entrée de Rory à Chilton (et, plus tard, à l'université) comme un prétexte pour sa radiographie familiale, mais elle exploite au contraire ce contexte pour montrer comment l'esprit de Rory se nourrit de ses études, de ses lectures, de ses visionnages, pour s'enrichir. En cela, avec ses 7 saisons, Gilmore Girls a accompli ce que Jack & Bobby n'a pas eu le temps de faire, à savoir montrer comment un enfant se transforme en adulte (très) intelligent, curieux du monde, et capable d'accomplir de grandes choses intellectuellement.

L'obsession de tout le clan Gilmore, toutes générations confondues, pour les études, et notamment les études universitaires, montre combien la série met un point d'honneur à présenter cette progression comme une chance de se développer. La fac n'est pas juste traitée comme une expérience à vivre (GREEK), un rite de passage nécessaire pour accéder à l'âge adulte (Felicity), ou simplement une passerelle vers la vie professionnelle (Friday Night Lights), c'est une période clairement dépeinte comme un enrichissement personnel, une chance, une opportunité de progresser en tant que personne, pour soi-même. Certes on y prépare un avenir, mais Gilmore Girls n'en fait son objectif ultime que dans sa toute dernière ligne droite, quand Rory se demande (sans doute pour la première fois), à l'issue de son diplôme, ce qu'il va advenir d'elle après avoir suivi le parcours qu'elle s'était tracé. En-dehors de ça, l'université n'est pas un moyen, c'est longtemps un but, et noble, par-dessus le marché. Lorsque dans la saison 2, Lorelai et Rory s'embarquent dans un road trip qui les conduit à visiter Harvard, ce qui frappe, c'est que non seulement elles rêvent toutes les deux d'une vie d'étudiante un peu fantasmée pour Rory plus que de toute autre chose, mais surtout qu'elles y favorisent avant tout l'éveil culturel qui pourra alors être vécu ; la bibliothèque, les cours en amphi, sont ce qui fascine le plus Rory (Lorelai étant plus impressionnée par le côté social et festif).

La série mettra également un point d'honneur à rappeler en de nombreuses occasions l'importance des études même pour les adultes. Ainsi, Lorelai, qui a quitté le lycée de façon anticipée, reprend 16 ans plus tard ses études dans le commerce, afin d'ouvrir avec Sookie sa propre auberge. Cet élément, rappelé plusieurs fois au cours des premières saisons, atteint son point culminant avec la remise de diplômes de Lorelai, un grand moment d'émotion mais aussi de fierté. A l'inverse, Emily confiera vers la fin de la série qu'elle n'a suivi ses études d'histoires que par acquis de conscience social, mais qu'elle s'est toujours destinée à la vie de femme au foyer, et que cette existence a ses limites. Au long des 7 saisons, Emily aura en effet souvent exprimé, de façon fugace mais non moins tangible, ses regrets de n'être qu'une "épouse de", de vivre au rythme de la carrière de son mari, et de n'avoir rien accompli par elle-même (sous-entendu "professionnellement").
Gilmore Girls rappelle ainsi en permanence l'importance qu'elle voue à l'éducation, à tous les âges de la vie.

GilmoreGirlsLorelai

Autour de ces deux grands thèmes viennent se greffer tout un tas de petites histoires destinées à faire s'animer ces problématiques. Aux confrontations familiales et découvertes intellectuelles viennent donc s'ajouter les tracas de la vie quotidienne, les problèmes d'argent, et, surtout, les histoires d'amour.
Et là je m'apprête à devenir un tantinet désagréable.
D'abord parce que Gilmore Girls nous sert en plusieurs occasions une soupe assez détestable lorsqu'il s'agit des amours de ses deux héroïnes. Si Rory parvient encore à nous faire vivre ses tribulations sans trop nous agacer (bien que ça se produise, mais j'ai mis ça sur le compte de mon allergie aux histoires de romance), Lorelai est parfaitement incapable de nous donner satisfaction dans ce domaine.

Ecoutez, c'est bien simple : on dit parfois qu'il faudrait délivrer un permis à certaines personnes pour décider de leur capacité à avoir des enfants. Eh bien dans le cas de Lorelai Gilmore, il faudrait qu'il existe un permis de pratiquer les relations amoureuses. Et il faudrait le lui retirer. Elle est insupportable. Inconstante. Immature. C'est très pénible.
Emotionnellement, Lorelai est restée bloquée à l'âge de 16 ans. C'est parfait pour se faire des soirées pyjama avec Rory, mais quand il s'agit d'hommes, c'est la Bérézina. On peut comprendre que sur le plan affectif, Lorelai n'ait jamais vraiment mûri : elle a dû se prendre en charge à 16 ans, avec un bébé qui plus est, et de toute façon on ne peut pas dire que ses parents aient été très affectueux. Son immaturité s'explique, donc, par le fait qu'elle avait franchement autre chose à penser que de mûrir sur ce point, mais elle n'en reste pas moins détestable dans ses relations amoureuses. Elle va ainsi passer le plus clair de son temps à appeler de tous ses voeux quelque chose qui, lorsqu'il va se concrétiser, va la faire fuir en courant. On doit ses oscillations des trois dernières saison à ce phénomène, notamment, et très sincèrement, on voit mal comment cela pourrait ne pas se poursuivre au-delà du series finale. Egocentrique au possible, elle va ainsi plusieurs fois infliger de sérieuses déceptions à son entourage masculin, qu'elle attire sournoisement, avant de les décevoir brutalement une fois qu'elle s'est bien assurée d'avoir leur entière dévotion. Qu'une femme comme Lorelai n'ait jusque là reçu aucun coup de couteau par un homme excédé est pour moi une source infinie d'étonnement.
C'est d'ailleurs assez fou parce que, si en tant que mère, Lorelai ferait rêver plus d'un spectateur adolescent, passant aisément pour une mère idéale (bien qu'imparfaite), dés qu'il s'agit du sexe fort, elle devient le parfait exemple à ne pas suivre.

La première saison passait encore : les hésitations de Lorelai à sortir avec un prof de Rory se comprenaient assez facilement, et on pouvait y attribuer son instinct maternel surdéveloppé; dû à la relation fusionnelle qu'elle entretient avec sa fille. C'est quand elle plaque ce pauvre Max devant l'autel, au début de la saison 2, qu'on commence à comprendre qu'il y a un truc qui ne tourne pas rond chez elle. On n'a encore rien vu. La pauvre est d'une indécision qui confine au pathologique. C'est aussi une femme très exigeante affectivement (elle a, après tout, un lourd manque à combler), mais qui en parallèle est éprise de liberté et d'indépendance ; qui plus est, elle souffre d'une peur panique de l'engagement, un paradoxe terrible qui la plonge dans de multiples situations pénibles pour tout le monde.
Qu'il s'agisse de Max, de Jason, de son jeu du chat et de la souris avec Luke, ou de sa longue histoire on/off avec Christopher (le père de Rory)... Lorelai est une mante religieuse d'un genre un peu à part, qui a l'originalité de se blesser elle-même lorsqu'elle arrache la tête de sa proie. Vraiment, il faut lui retirer son permis de séduire, à cette femme ! Elle fait du tort à tout le monde, y compris souvent sa fille (que naturellement elle ne parvient, en dépit de ses efforts, jamais totalement à protéger d'elle-même), ce qui est une contradiction supplémentaire qui aura parfois de difficiles conséquences.

Le problème de Lorelai réside peut-être dans le fait que sa conception des relations hommes/femmes soit assez confuse, fruit de deux modes de pensée contradictoires. Comme beaucoup de femmes indépendantes, elle a été éduquée dans une certaine idée du rôle de chacun dans un couple, et considère de surcroit le mariage comme une fin en soi ; mais en même temps, elle n'hésite pas en plusieurs occasions à rappeler combien elle est satisfaite de la façon dont elle mène sa vie, et ses velléités d'autonomie ne se bornent évidemment pas à ses rapports avec ses parents. Du coup, et c'est symptômatique de bien des femmes dans son cas, elle se retrouve à la fois avec un idéal de conte de fées dans la tête, et la conviction de très bien vivre en solo, ce qui ne fait que compliquer l'évolution de ses rapports avec les hommes. On verra d'ailleurs combien son insistance à épouser Luke sera immédiatement contredite par la façon dont elle gère son mariage avec Christopher : pressée d'avoir la bague au doigt, mais incapable de faire de la place à un homme sur le plan des décisions.
Alors, lorsque Lorelai Gilmore nous fait une fois de plus le coup du "un pas en avant, deux pas en arrière", dans les deux dernières saisons (mais de façon accélérée), il parait difficile de rester optimiste pour elle. Lorelai s'enflamme aussi vite qu'elle s'enfuit ; elle voudrait croire à une passion dévorante mais il lui suffit souvent d'un rien pour se détourner d'un homme (cela se verra également avec Max, pour lequel elle cesse, du jour au lendemain, d'avoir des sentiments, simplement parce qu'elle apprend que Rory approuve). C'est à se demander comment Rory peut mener une vie amoureuse si stable quand son modèle est d'une folle inconstance permanente.

Du coup, plus la série progresse, plus les questionnements amoureux de Lorelai exaspèrent, d'autant qu'ils se répètent toujours sur les bases d'un même schéma.
Mais cela souligne l'un des plus grands défauts de la série : la quasi-absence de character development. C'est une constante pour tous les personnages (bizarrement, c'est Madame Kim qui apparait comme la plus frappante exception à cette règle), mais hélas pour ceux dont les défauts agacent, à l'instar de Lorelai, cela devient un véritable handicap.

Et puis, il y a autre chose. L'inconvénient du système narratif "pépère" de Gilmore Girls que j'évoquais plus haut (car il fallait bien qu'il y en ait un), outre qu'il exige du spectateur de ne pas attendre de montagnes russes ni d'intrigues aussi raffinées que peuvent l'être les dialogues, est qu'il renvoie bien souvent l'impression que les histoires des épisodes sont jouées au dés.
Comme il n'y a clairement pas de plans sur le long terme (genre "avant la fin de la saison, Lorelai devra ouvrir sa propre auberge", mettons), les choses peuvent être parfois très très longues à évoluer, parce que, bah, si le chiffre n'est pas sorti, on ne traitera pas l'intrigue pendant plusieurs épisodes de suite, voire même toute une saison. Je prends cet exemple d'auberge parce que c'est certainement l'exemple le plus agaçant : au début de la saison 2, Lorelai et Sookie s'empressent de remettre ce projet sur la table (il est évoqué dés les premières heures de la série), mais il n'aboutira pas de toute la saison parce que, eh bien... les Palladino n'étaient pas d'humeur, probablement.

Eh oui, l'aspect chronique a ses bons côtés, mais il vaut mieux parfois ne pas en abuser, et quand même se fixer un ou deux points sur l'horizon pour garder le cap, même si ce ne sont pas de grands évènements et qu'on préserve un semblant de statu quo.

GilmoreGirlsCorneroftheWorld

Comme Lorelai, Gilmore Girls est le pur produit de son époque. Une époque de transition, le tournant des années 2000...

Stars Hollow est par exemple un petit bled sans histoire, comme issu d'une carte postale, à un tel point qu'il semble sorti tout droit d'une version idyllique des années 50.
Les plus grosses contrariétés qu'on y connait correspondent à l'apparition du feu rouge devant chez Luke (oui, au singulier) ou au fait que la buvette de la fête du printemps a été remplacée par un labyrinthe de paille. Que des vraies préoccupations, donc. Typique de l'esprit "small town", la ville est un endroit où en apparence tout le monde se connait, où l'on fréquente la brasserie du coin tous les jours parce que les prix sont ridiculement accessibles, où tout le monde fait partie de la middle-class (même si pour cela, à l'instar de Kirk, il faut cumuler une trentaine de petits jobs) et où l'esprit de communauté règne en maître. Accessoirement, on notera qu'à Stars Hollow, la plupart des visages sont blancs, que les blagues sexistes et/ou homophobes n'offensent jamais personne, et que peindre une silhouette sur le trottoir et voler un nain de jardin provoquent des soulèvements de foule indignée par la délinquance.
Typique de l'esprit "small town", donc. Et c'est après tout une part de la réalité américaine.

Mais à Stars Hollow, on est aussi globalement réfractaire au progrès. Celui qui personnifie le plus le progrès est Taylor Doose, qui cherche toujours à apporter à la ville une innovation ou une autre (un évènement, un gadget pour la voirie, etc.), mais en parallèle, c'est certainement l'un des personnages les plus ouvertement conservateurs de la série, n'hésitant pas à afficher très clairement et de façon cinglante sa désapprobation de certains comportements de ses concitoyens, et se posant en grand juge de la moralité à Stars Hollow, notamment grâce au code de la ville qu'il connait à la virgule près.
Ironiquement, c'est grâce à ce personnage plein de paradoxe que l'on peut observer les manifestations de conservatisme de beaucoup des habitants de la ville, dont l'état d'esprit en règle générale est "if it ain't broke, don't fix it", et qui accueillent avec un enthousiasme pour le moins modéré les idées de Taylor, devenu objet de moquerie. Plus encore, c'est à cause de ces mêmes idées que le plus grand allergique au progrès, Luke Danes, se dévoile dans toute sa splendeur.
Luke n'aime pas les travaux. Luke n'aime pas les magasins. Luke n'aime pas le tourisme. Luke n'aime pas les clients. Luke n'aime pas les téléphones portables. Luke n'aime pas se servir de son téléphone fixe. Luke n'aime pas les évènements organisés à Stars Hollow. Luke est un Schtroumpf Grognon.

Plus important, Lorelai elle-même se montre souvent assez peu intéressée par le progrès, notamment technologique. Elle ne se rend aux réunions de la ville que pour se moquer de Taylor Doose, par exemple. Plus inquiétant, elle refuse l'installation de l'ADSL que veut lui offrir sa mère pour aider Rory dans ses études, au prétexte qu'une connexion lente est plus propice à se détendre ou prendre un snack pendant une recherche ce qui semble un peu borné pour quelqu'un qui attache tant d'importance au cursus de sa progéniture. Au début de la série, Lorelai n'a d'abord pas de portable, puis un vieux truc tout moche qu'elle réserve aux urgences, avant de finir par se mettre au portable à peu près en même temps que Rory. Pour un personnage présenté comme étant épris d'indépendance, Lorelai est bigrement de l'arrière-garde. Elle a peut-être une conception féministe de son existence (du moins le prétend-elle quand Rory ambitionne de cuisiner pour son petit ami, mais elle n'a aucun problème avec la perspective de lui inculquer qu'une fille aime forcément le rose), mais c'est un féminisme adapté au milieu provincial de Stars Hollow, où l'on chérit quand même avec passion l'absence de changement visible.

Gilmore Girls est à l'image de cet état d'esprit. Tout en voulant nous montrer une nouvelle vision de la famille, libérée des schémas traditionnels, et capable de réussir aussi bien (sinon mieux) à former des adultes sains et capables d'apporter leur contribution au monde, la série s'enferme dans un esprit un peu réactionnaire à bien des égards, véhiculant parfois l'idée que le changement n'est bon que pour les personnes, et pas pour la communauté (et donc la société). Dans son refus de s'ouvrir sur le monde extérieur, comme en témoignent encore les difficultés de Christopher à se faire aimer des habitants de Stars Hollow pendant la dernière saison, Gilmore Girls dépeint un monde qui oppose une grande force de résistance au changement, au progrès et à la moindre intervention extérieure, où l'entre soi est la règle. Lorsque des changements viennent à se produire, on les accepte, on les adopte, bien-sûr, mais enfin, pas sans râler un peu dans le studio de Miss Patty ou au comptoir de Chez Luke.

La seule à embrasser le changement, à aller vers les autres et à toujours tenter d'aller plus loin, c'est Rory.

GilmoreGirlsRory

Pour toutes ces raisons, la vraie héroïne de Gilmore Girls est Rory.

Elle n'est pas parfaite, mais elle est certainement ce qui s'en approche le plus, et cela, tout en comptant probablement parmi les personnages les plus adorables de l'histoire, aimée par tous, quel que soit le contexte. A Stars Hollow, évidemment, dont elle est l'enfant chérie et, comme le résume assez bien Lorelai (même si son monologue à Dean est teinté d'une fierté maternelle un rien exacerbée), un peu la protégée de tout un chacun ; à Hartford, où ses grands-parents la tiennent en très haute opinion quand bien même ils ne la connaissent pas très bien (ils vont vite former d'elle une image un rien idéalisée) ; à Chilton, où même sa pire ennemie devient sa plus grande copine et où les ennemies deviennent des camarades ; dans la haute-société du Connecticut où elle fera une entrée couverte d'éloges ; à la fac où elle n'a que des expériences positives, y compris en tant que rédactrice en chef ferme et implacable du Daily News ; et même lors de ses expériences professionnelles ! Existe-t-il un univers quelque part où Rory n'est pas aimée ? Une dimension parallèle, quelque chose ? Ca semble inconcevable. Mieux que Raymond : tout le monde aime Rory.

Même le spectateur est incapable de ne pas s'absorber dans la contemplation de ses immenses pupilles, qui feraient passer un chiot pour une créature de l'Enfer. On pardonne tout à Rory, même le moins glorieux, comme les derniers rebondissements de son histoire avec Dean.
Tout en étant le pur produit de son éducation, partagée en frivolité et passion pour les stimulations intellectuelles, Rory dépasse tout ce que peuvent représenter les deux ou trois générations de Gilmore avant elle. A ce stade c'est presque de l'eugénisme tant elle semble avoir pris uniquement le meilleur de ses parents et grands-parents. Eduquée, encadrée, surveillée afin d'être la meilleure personne possible, sensée (bien plus que sa mère), spirituelle, cultivée, drôle, élégante, parfaite lorsqu'il s'agit des bonnes manières, toujours d'humeur égale, et pour finir gentille avec absolument tout le monde, Rory est l'aboutissement du travail de sa famille, d'efforts conjoints (bien que pas forcément concertés) pour obtenir le meilleur d'elle-même, une promesse tenue.La charmante créature pourrait aussi bien devenir terroriste qu'on continuerait de lui attacher des rubans dans les cheveux et qu'on lui offrirait les clés de Stars Hollow sans sourciller.
Même dans ses pires heures (à l'instar de sa volonté d'arrêter les études), Rory reste une personne qui ne peut que susciter l'admiration, pour elle-même et pour le travail accompli par chacun pour polir ce diamant brut.

C'est précisément parce qu'elle allie toute ces qualités, qu'elle personnifie le meilleur de la lignée Gilmore, qu'elle s'attire la sympathie de quiconque la rencontre (même si parfois cela requiert de la patience de son côté), et qu'elle incarne un parfait mélange entre popculture et éducation raffinée, que Rory est une héroïne si appropriée. Les scénaristes successifs s'en rendent bien compte à mesure que le personnage grandit, laissant les questionnements amoureux stériles aux intrigues de Lorelai, et se captivant pour les tribulations de Rory, toujours mise en lumière pour être à son avantage, sans jamais se montrer prétentieusement supérieure. Et dans une série qui fait si peu de cas du character development, il est saisissant de constater que le personnage de Rory n'évolue quasiment pas, mais que c'est certainement celui pour lequel cela pose le moins de problèmes ; constamment cohérente avec elle-même, Rory grandit sous nos yeux même si elle ne change pas, et s'attache notre dévotion quoi qu'elle fasse. Peu de séries parviennent à un tel résultat, à plus forte raison parce qu'une si grande partie de la série est dédiée à sa croissance et son entrée dans le monde adulte.

Mais il faut dire que Rory a sans doute toujours été adulte, en tous cas plus que Lorelai ne l'est bien souvent. Combien de fois arrive-t-il à la jeune fille de gronder sa mère pour ses bêtises et ses mauvais choix ? Combien de fois soutiendra-t-elle sa mère lors d'un moment difficile ? Nul doute que la relation fusionnelle avec cette femme-enfant qu'est Lorelai a poussé Rory à adopter un point de vue mature sur pas mal de choses. D'ailleurs, sur les 7 saisons de la série, c'est l'adolescente puis la jeune femme qui saura entretenir des relations amoureuses à plus long terme, s'adapter le mieux aux contraintes successivement imposées par Emily et Richard Gilmore, ou encore se faire la voix de la raison. Les rôles sont quasiment inversés dans Gilmore Girls : la fille a plus de plomb dans la cervelle que la mère, même quand elle a la moitié de son âge.

Alors forcément, la conclusion de la série laisse un peu sur sa faim. Même si l'on ne se fait pas de soucis pour le futur de Rory, qu'on la soupçonne d'être à même de réussir sa carrière et, à terme, sa vie amoureuse, on aimerait bien avoir une fin un peu moins ouverte la concernant. Mais il est significatif que Gilmore Girls ait décidé de se conclure si différemment pour la mère et la fille. Là où Lorelai continue son cycle absurde avec Luke (laissant assez peu de place au suspense quant à l'avenir de cette lumineuse idée de revenir dans sa vie), Rory se voit séparée de Logan, et peut toute entière aller de l'avant dans tous les domaines. Là où Lorelai n'est que stagnation, Rory, une fois de plus, est élancée vers l'avenir.
Comme souvent, des rumeurs de film existent au sujet de Gilmore Girls. Si cela pouvait se faire, et que Lauren Graham était trop prise, que la production ne s'inquiète pas : je soupçonne que la plupart des spectateurs s'intéressent bien plus au grandiose avenir de Rory Gilmore qu'aux éternels tâtonnements romantiques de sa mère. C'est du moins mon cas, et je vous avoue qu'avoir, pour la première fois, une vision d'ensemble de la série, a changé mon point de vue sur ces deux personnages pourtant indissociables ; lorsque j'avais la découvert la série avec la saison 1, j'avais vingt ans et regardais Lorelai avec des étoiles dans les yeux...

C'était chouette de passer l'été avec les Gilmore, malgré tout.
Même avec ses défauts, Gilmore Girls est une série paisible et tendre, amusante sans jamais être inconséquente, et suffisamment riche de ses multiples personnages, pour offrir une expérience complète, loin des clichés sur les séries familiales simplistes et bêtifiantes. Ce ne sera jamais la série qui a révolutionné la télévision, mais elle ne lui fait pas honte, loin de là. Et je ne suis pas fâchée désormais de posséder l'intégrale... d'autant que la semaine dernière, j'ai fait découvrir le pilote à ma frangine, qui m'a derechef emprunté la première saison... la légende continue.

10 août 2012

Leave me breathless

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Avec la diffusion de Go On cette semaine, le coup d'envoi officiel de ce challenge est donné, et nous allons donc nous livrer à cet exercice avec la plus grande application, et autant de régularité que possible. Surtout étant donné les circonstances, puisqu'internet n'a toujours pas été rétabli chez moi.
Du coup, à la fin de ce post, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote de Go On de whisper (je l'ajouterai lorsqu'il l'aura rédigée ; nous ne les posterons pas nécessairement de façon absolument simultanée), et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote, que ce pilote nous ait fait le même effet ou non. Restez donc à l'affût, car sur nos deux blogs, la saison 2012-2013 va être traitée de façon exhaustive !

GoOn-OnAir

Il existe deux sortes de [bons] acteurs dans mon esprit : les "caméléons" et les "nuancés". A titre d'exemple, Lee Pace est un caméléon (il peut même devenir une femme si on le lui demande gentillement). Au contraire, Matthew Perry est du style nuancé : il semble toujours avoir le même personnage, et son travail est d'apporter de fines et subtiles touches de nuance, comme un peintre repasse encore et encore sur le même tableau et rajoute des couches de peinture pour en détailler la texture ou la couleur du ciel.
Les nuancés donnent souvent l'impression de s'interpréter eux-mêmes, et parfois c'est, après tout, peut-être vrai. Peut-être qu'ils ne veulent ou ne peuvent pas dépasser les limites de leur propre nature, et que pour eux, le métier d'acteur, c'est aller chercher dans leur rôle une occasion de se mettre à nu. Les nuancés sont d'ailleurs beaucoup plus enclins que les caméléons à créer des rôles pour eux-mêmes. Ils cherchent à s'explorer avant tout, ils ne sont pas dans une recherche d'altérité. Le choix n'est plus ni moins noble que d'aller se trouver un personnage radicalement différent de soi-même (et/ou du personnage précédent), et d'aller dénicher en soi de quoi devenir cette personne ; il participe simplement d'une démarche totalement différente.

Depuis qu'il a fait sien le personnage de Chandler Bing, Matthew Perry s'est en tous cas trouvé une image dans laquelle on a pu le retrouver de façon assez constante, de ses apparitions dans A la Maison Blanche à son rôle dans Mr Sunshine, en passant par ses rôles dans des longs-métrages. J'ai peut-être loupé l'exception qui confirme la règle, mais il y a quelque chose de brisé en Matthew Perry qu'il n'a pas peur d'incarner encore et encore dans ses personnages, et surtout, quelque chose dont il n'a pas peur de rire. Matthew Perry est de ces acteurs qui aiment appuyer là où ils ont mal pour que le public rient de leurs grimaces, plutôt que de donner le change. J'admire et je respecte énormément ça, cette sincérité apparente, c'est le genre d'élément qui fait que j'adore Rude Awakening ou Titus, d'ailleurs ; et la liste n'est pas exhaustive.
C'est une démarche faite de cohérence et d'authenticité, qui élimine la distance entre l'artiste et le spectateur (que cet artiste soit acteur ou scénariste, d'ailleurs), et les met à pied d'égalité de façon humaine, incitant le spectateur lui-même à laisser tomber ses défenses et devenir, à son tour, vulnérable.

Alors regarder Go On, cela va sans dire, c'est forcément regarder un peu plus Matthew Perry que Ryan King, son personnage. Les personnages des acteurs dits nuancés"sont toujours un peu plus transparents : on regarde au travers d'eux en guettant le moment où on verra passer la silhouette de l'acteur. On se figure toujours qu'on connait mieux les acteurs nuancés que les caméléons. A tort ou à raison, d'ailleurs ; qui peut dire ?
Et lorsque l'on repère Matthew Perry dans Go On, on a du mal à ne pas penser à Chandler Bing, Matt Albie ou Ben Donovan, pour exactement les raisons que je viens d'énoncer.

Mais regarder le pilote de Go On est aussi une façon de découvrir une nouvelle nuance de la palette, et à travers elle, un Matthew Perry qui va mieux. Il est mieux dans son corps, d'abord : sa présence est moins figée, plus légère ; il bouge plus, il a une gestuelle moins engoncée. Mais surtout, son personnage est moins lourd, lui aussi. Certes, Ryan King est un homme cassé (un de plus), qui a perdu sa femme il y a un mois à peine, et qui ne veut qu'une chose, reprendre son boulot de présentateur d'une émission de radio sportive pour aller de l'avant. Mais il ne porte pas son poids comme une nature, et cela se sent dans la façon qu'il a non seulement de s'accrocher au sport, que dans l'esprit de compétition dont il fait preuve.

Go On nous parle d'un homme qui refuse depuis un mois de faire son deuil. Et nous parle donc, de façon plutôt délicate, de deuil quand même, là où on peut dire que Bunheads (pour ce que j'en ai vu, j'ai dû faire une pause à cause de cette histoire de connexion) décide de mettre les pieds dans le plat sans détour et d'aborder la question très frontalement, notamment dans le second épisode, où les choses sont très directes. C'est une façon différente mais pourtant très intéressante d'aborder le sujet : Ryan veut éviter d'interroger son deuil mais, parce que son entourage professionnel estime que ce n'est pas sain, il y est contraint. Plus tard dans l'épisode c'est lui-même qui va s'y contraindre, d'ailleurs. Et finalement c'est un angle sous lequel aborder le deuil qui, tout en traitant un sujet difficile, permet à la fois sincérité et humour, et d'éviter toute pesanteur ; Go On est à ce titre plus une dramédie qu'une comédie, en dépit des gesticulations Matthewperriennes qu'on y trouve.

Comme quelques unes des plus grandes dramédies de l'histoire de la télévision, Go On allie donc gravité et attitude positive. Son personnage central n'est pas un triste sire, il ne nous fait pas rire malgré lui : il nous fait rire parce que lui-même a envie de rire, alors même qu'il a du mal à le faire. Le procédé est incroyablement cathartique. Ce genre de choses fait toute la valeur du travail d'acteur de Matthew Perry, c'est une nuance délicate par rapport au Matthew Perry qu'on a fréquenté (brièvement) dans Mr Sunshine, mettons. Les deux personnages sont incroyablement proches et pourtant, ce qu'ils inspirent est très différent.

C'est, d'emblée, une grande richesse pour Go On que d'avoir ce personnage à la fois tragique et léger. Mais la force supplémentaire de ce pilote tient dans la (très abondante) galerie de portraits, même si elle n'est pour le moment pas appréciable dans les détails, qu'offre le groupe de parole que Ryan King intègre. Sur le thème, plus large, de la perte et de l'abandon, divers profils se dessinent, jamais totalement tragiques, mais confinant rarement au clownesque (à l'exception d'un patient peut-être un peu caricatural, mais pas totalement antipathique, Mr K, et qui peut également avoir du potentiel lorsqu'on aura dépassé la première impression), avec un sens de l'équilibre qui permet de rire sans trouver qu'on est de mauvais goût, ni que la série l'est.
La loufoquerie ne cède jamais la place à la facilité, permettant à l'émotion d'être toujours un peu présente, sans que pour autant ce soient les grandes eaux en permanence.

Alors bien-sûr, il manque peut-être au pilote de Go On quelques petites choses pour pouvoir être qualifié de coup de coeur, notamment parce que Laura Benanti (à cause de laquelle il est difficile de ne pas penser à Starved, et d'ailleurs voilà une autre série à ajouter à la liste ci-dessus) et Matthew Perry mettent énormément de temps à trouver leur alchimie, et qu'on craint assez rapidement, de surcroit, que celle-ci ne se transforme en intrigue amoureuse de type will-they-or-won't-they.
Mais il se dégage de ce premier épisode une intensité qu'on n'est plus habitués à trouver sur une dramédie de network ; je crois d'autre part que la série a aussi hérité d'un petit quelque chose proche de l'esprit de Community, en cela qu'elle pourrait trouver le succès en piochant dans les profils névrosés des personnages loufoques qu'elle a mis en place. Ca se sent bien dans la scène de la compétition (ainsi évidemment qu'à la toute fin) : il y a du potentiel pour une série très libératrice, dans l'émotion comme dans le rire, et c'est plutôt bon signe pour son avenir.

En ce qui me concerne, ce premier pilote de la saison m'a vraiment mise de bonne humeur ; je serai ravie de surveiller l'évolution des épisodes suivants, pour voir si les qualités que j'y ai perçues ne faiblissent pas. Si Go On tient bien la direction qu'elle s'est fixée avec ce pilote, on pourrait bien tenir la meilleure dramédie de network depuis plusieurs années ; et par-dessus le marché, une excellente opportunité de tenir compagnie à Matthew Perry pendant toute une saison, ou plus. Rien ne me ferait plus plaisir que d'avoir l'illusion de comprendre et partager quelques blessures avec lui de cette façon...

Challenge20122013

8 août 2012

lady's world tour - Escale n°13

WorldTour-600

Après plusieurs interminables mois (ah bon ? quelques semaines seulement ? si vous le dites...) de déconnexion, il faut bien avouer que j'avais un peu perdu de vue l'actualité des séries de la planète, à plus forte raison parce que juste avant d'être déconnectée, je venais de commencer un boulot très prenant et que, euh, enfin chuis pas là pour raconter ma vie, quoi. Bref. Donc ça faisait des lustres.
Du coup, je vous avoue que je suis un peu à la ramasse du côté de l'actu téléphagique mondiale de cet été, et je me suis dit que mes lectures de rattrapage vous profiteraient autant qu'à moi ; vous me connaissez, je suis partageuse.

Voici donc, alors que ces histoires de connexion ne devraient plus trop durer, une sorte de mega world tour, où je vais tenter de me remettre à jour, et vous aussi par la même occasion. Inutile de dire que l'exhaustivité est impossible, depuis le temps (à plus forte raison parce que je n'ai pas les outils pour préparer le post que j'espérais rédiger pour le Ramadan cette année ; oui, j'ai rédigé ce post récapitulatif au boulot, même pas honte), mais on va essayer de s'en approcher au plus près ! A contrario, il se peut que certaines de ces informations ne soient pas inédites pour vous qui aviez accès à internet pendant tout ce temps : dans le doute, je me suis dit qu'il valait mieux trop que pas assez.
Mais du coup, hm, autant vous prévenir : ce post pourrait bien être copieux. Alors assurez-vous d'avoir de quoi vous hydrater à portée de main, ça m'ennuierait que vous me fassiez un malaise en pleine lecture. Surtout que ce serait dommage de louper la fin.
Note : dans un souci d'équité, les pays sont exceptionnellement triés par ordre alphabétique.

Intersexions

- AFRIQUE DU SUD :

* M-Net a décidé de ne pas renouveler l'un de ses plus récents soapies, The Wild. La série n'aura donc pas de troisième saison, mais cela ne signifie pas qu'elle disparaitra immédiatement des écrans : sa seconde saison doit s'achever en mars 2013 ! Contrairement à beaucoup de soaps tournés en studio, les prises de vues de The Wild étaient faites sur le terrain, pour cette série se déroulant dans un complexe hôtelier situé en pleine nature, où se croisaient trois familles aux relations peu amicales mais obligées de se côtoyer pour le bien de l'établissement. Du coup, The Wild était un peu chère à produire, surtout quand on sait que chaque saison durait une année pleine ; l'investissement était un peu trop copieux pour M-Net au regard des audiences certes stables, mais trop faibles. Un problème que M-Net avait tenté de contourner : à l'origine, la série était diffusée à 18h sur M-Net ainsi que sur le satellite (chaîne M-Net HD), mais dans l'espoir de capter l'attention de plus de monde, la diffusion de The Wild sur le satellite avait été décalée d'une heure. Hélas toujours sans effet. Finalement, un évènement totalement indépendant a poussé la chaîne à prendre sa décision en plein milieu du mois d'août (4 mois seulement après le lancement de cette nouvelle saison), quand elle a appris que le terrain sur lequel la série est tournée allait subir des réaménagements. La chaîne s'est donc saisie de cette nouvelle tuile pour arrêter les frais.
* Il vous souvient peut-être d'Intersexions, cette série anthologique lancée en 2010 par la chaîne publique SABC1, qui mettait en scène une chaîne de personnages qui se trouvaient confrontés de diverses façons avec le virus du SIDA ; Intersexions était en partie subventionnée par l'institut John Hopkins South Africa, afin d'attirer l'attention sur les problèmes liés au SIDA ("it's not who you sleep with, it's who they've slept with" était son slogan). Encensée tant pour sa mise en images que son propos, la série avait en plus été un succès d'audience (les rediffusions attirant autant de spectateurs que les inédits), et avait également récolté plusieurs récompenses. Annoncée en novembre dernier, la seconde saison met pourtant un peu de temps à se mettre en place. Il faut dire que la production a décidé de tirer partie de l'enthousiasme du public pour poursuivre sa mission de prévention, et avait du coup demandé aux spectateurs d'envoyer leurs propres anecdotes (quelques coffrets DVD étaient à la clé). Etape suivante : la production d'Intersexions a tenu samedi dernier de gigantesques auditions afin de trouver les interprètes des personnages du nouveau volet de l'anthologie. L'idée est d'essayer de préserver l'esprit d'authenticité qui a fait le succès initial de cette série pas comme les autres... Intersexions va donc encore mettre un peu de temps à revenir sur les écrans de SABC, mais ça devrait en valoir la peine.

AddaFriend

- ALLEMAGNE :

* Devinez qui nous prépare un remake ? Eh bien pas la Russie, pour une fois, mais l'Allemagne, où RTL a décidé de lancer une adaptation de la série espagnole El Internado. Il s'agit donc, après L'Internat et Zakrytaia Shkola, de la troisième adaptation de la série fantastique adolescente, qui devrait porter le titre assez transparent de Internat.
* On a appris voilà en début de semaine le décès de l'actrice Silvia Seidel à l'âge de 42 ans. En 1987, à l'âge de 17 ans à peine, elle avait marqué les mémoires dans une série diffusée à Noël, Anna, dont le succès avait été foudroyant, attirant plus de 12 millions de spectateurs lors de la diffusion de ses 6 épisodes.Un film sorti en salles lui a également donné suite l'année suivante. S'intéressant à la carrière professionnelle d'une jeune danseuse ainsi qu'à sa vie personnelle, Anna avait suscité un tel enthousiasme qu'on la disait responsable du boom des cours de danse à la fin des années 80. Les causes du décès de l'actrice ne sont pas connues, mais le suicide n'est pas exclu. Ces dernières années, Silvia Seidel était cantonnée aux apparitions en guest dans quelques films et séries, dont les procedurals SOKO Leipzig ou Die Rosenheim-Cops.
* La rentrée, ça se passe aussi en Allemagne, et voici quelques unes des séries policières qui reviennent pour une nouvelle saison à l'automne : Alerte Cobra (saison 17 - 6 septembre), Hubert & Staller (saison 2 - 19 septembre), Notruf Hafenkante (saison 7 - 20 septembre), Flemming (saison 2 - 14 septembre), München 7 (saison 4 - 12 octobre)... M'est avis que l'Allemagne devrait fort bien réussir à se remettre de l'annulation d'une série de la franchise Les Experts !
* Pour finir, vous noterez que le Pilot Watch de la colonne de droite s'est enrichi de plusieurs nouvelles séries allemandes de la rentrée, dont la première série originale de TNT Serie, intitulée Add a Friend, dans laquelle un homme qui a un simple accident de voiture qui le bloque à l'hôpital se lie d'amitié avec plusieurs personnes via internet, y compris sa petite amie du lycée qu'il retrouve par hasard, et ces personnes finissent par devenir ses amis et conseillers au quotidien ; 10 épisodes sont prévus au total.

Ezel

- ARMENIE :

* Je ne vous apprends rien en disant que la Turquie et l'Arménie ne sont pas en super bons termes... voici pour le prouver une anecdote un peu triste qui montre que les séries posent parfois encore des problèmes diplomatiques entre ces deux pays. Bien consciente des frictions entre les deux pays, la chaîne arménienne Shant TV, bien que très intéressée par la série turque Ezel, a décidé de ne pas la diffuser sur son antenne. A la place, la chaîne a préféré faire l'acquisition des scripts en cachette, et ainsi faire passer sa production pour une série originale (100% arménienne, mais, surtout, 0% turque). La chaîne arménienne refuse de reconnaître publiquement qu'il s'agit d'une adaptation, et craint que si elle n'admette avoir acheté le format turc pour l'adapter, elle fasse l'objet d'un boycott dans son propre pays...

Tangle-580

- AUSTRALIE :
* La série du câble Tangle (photo ci-dessus) vit des heures d'incertitude, alors qu'une nouvelle saison est très peu probable. La saison 3 s'est achevée fin avril, mais la production n'a toujours aucune nouvelle d'une éventuelle saison 4, et plus le temps passe, plus cela semble peu probable.
* La série Tricky Business également a peu de chances de revenir pour une seconde saison. Pour l'instant rien n'a été officialisé, mais c'est quand même arrivé au point où les acteurs de la série eux-mêmes signent une pétition de fans. Ca sent donc également le sapin.
* Les nouvelles sont en revanche assez bonnes pour Offspring qui vient de gagner 2 saisons d'un coup, comportant 13 épisodes chacune. Mais c'est pas très joli de se vanter.
* Rachel Griffiths semble vraiment vouloir revenir à une carrière australienne ; après son apparition dans la première saison de Rake, l'actrice de Six Feet Under et Brothers & Sisters est confirmée pour le sequel de Paper Giants: The Birth of Cleo, lequel s'appellera Paper Giants: Magazine Wars, ce qui va me simplifier la vie pour les tags. La mini-série mettra en scène deux éditrices, Nene King et Dulcie Boling, à la fin des années 80 ; et Rob Carlton, déjà présent dans la première mini-série, retrouvera son rôle de Kerry Packer qui lui a attiré dans de compliments, dont les miens. Le tournage commence le 13 août.
* La chaîne publique SBS a annoncé la mise en chantier de Better Man, une mini-série basée sur la vie de Van Tuong Nguyen, un Australien condamné à mort à Singapour pour une affaire de drogue. Les 4 épisodes seront tournés à partir d'octobre en Australie et au Vietnam, en vue d'une diffusion courant 2013, marquant ainsi le retour des séries dramatiques sur la chaîne après 3 années de règne sans partage des comédies à la Housos.
* Nine semble avoir, de son côté, l'intention de produire des dramas bien plus souvent. La chaîne a annoncé plusieurs projets : un remake de La Vengeance aux Deux Visages (dont le titre original est Return to Eden) en 3 parties, une nouvelle série de la franchise Underbelly s'intéressant à Squizzy Taylor, un criminel ayant sévi en 1915, et enfin, Gallipoli, un nouveau drama produit par John Edwards à l'occasion du centenaire de la Première Guerre Mondiale, qui retrace la bataille du même nom, et qui devrait être diffusé en 2015.
* En parlant de Gallipoli, cette nouvelle série ainsi que la seconde saison de Miss Fisher's Muder Mysteries, Better Man et le drama carcéral Wentworth, ont toutes obtenu des subventions de Screen Australia. C'est également le cas de trois séries pour la jeunesse : Sam Fox pour Ten Network, une série d'aventure, The Lost Boys pour ABC, et The Worst Year of My Life - Again!, une dramédie également destinée à ABC. En tout, plus de 73 millions de dollars australiens sont dédiés à produire 66 heures de télévision. Mais quand on aime...
* Le film Kath and Kimderella, qui doit sortir sur les écrans australiens en septembre, sera appuyé par une rediffusion de Kath & Kim. Jusque là on ne s'excite pas tellement, mais ce qui est intéressant c'est que les acteurs de la série vont filmer divers messages d'introduction afin de présenter ces rediffusions. On ne parle pas d'épisodes inédits, mais c'est déjà un petit quelque chose qui fera plaisir aux fans.
* Notre page casting, maintenant. D'abord pour le drama A Place to call Home : Noni Hazlehurst (City Homicide), Brett Climo (All Saints), Marta Dusseldorp (Crownies et prochainement Jack Irish) seront les figures de proue de la série, accompagnés par plein d'acteurs méconnus. Le drama, écrit par Bevan Lee (créateur de Packed to the Rafters et de Winners & Losers) se situera dans les années 50 ; il a été annoncé qu'il serait diffusé en 2012 sur Seven, et vu qu'on est déjà en août, l'attente ne devrait plus être trop longue... De son côté, la série d'ABC The Time of our Lives aura un casting blindé de têtes connues, telles que l'incontournable Claudia Karvan (présente dans une série australienne sur deux ces derniers temps !), mais aussi Justine Clarke (Woodley, Tangle), Shane Jacobson, William McInnes, et Stephen Curry. L'un des rôles principaux a également été offert à la débutante Michelle Vergara Moore, jusque là reléguée à des rôles secondaires voire tertiaires. La série est écrite par Amanda Higgs (co-créatrice de The Secret Life of Us) et Judi McCrossin, et s'intéressera à la trépidante famille Tivoli.
* Pour finir, vous aurez remarqué dans le Pilot Watch que des dates se sont ajoutées pour le lancement de la diffusion de Puberty Blues (enfin !!!), Howzat! et Underbelly: Badness pas plus tard que ce mois-ci. Ya de la review dans l'air.

Hotel13

- BELGIQUE :

* Votre oeil de lynx l'aura remarqué avant que je ne le souligne, mais le Pilot Watch comporte désormais une date pour le lancement de Hotel 13, une série pour la jeunesse que l'on doit à Studio 100, c'est-à-dire la même équipe que celle qui a offert au monde la série Het Huis Anubis ; vous pouvez d'ailleurs lire le fabuleux destin de Het Huis Anubis dans ce post sur les telenovelas pour ados. Comme son aînée, Hotel 13 comportera des épisodes de 12 minutes chacun, avec une commande initiale de 120 épisodes. L'idée est évidemment qu'en dépit de son format de telenovela, elle soit potentiellement renouvelable à volonté, et exportable aussi si quelqu'un en veut. Cette nouvelle série a été tournée en Belgique au printemps, mais elle est en priorité destinée à Nickelodeon Deutschland (disponible en Allemagne, Suisse et Autriche), et donc tournée dans la langue de Goethe. La série se déroule dans un hôtel de la côte, alors que 6 jeunes s'y rencontrent pendant leur job ou stage d'été, qui à la réception, qui en cuisine. Mais l'ambiance Club Med tourne bien vite au vinaigre quand leur parvient un mystérieux message les encourageant à chercher la chambre n°13. Sauf qu'aucune chambre ne porte ce numéro... Il est déjà prévu que Hotel 13 soit doublée en danois et en suédois pour les marchés correspondants, et comme toujours, la production est ouverte à la perspective de tourner dans les mêmes locaux une adaptation pour un autre marché (Studio 100 l'avait déjà fait pour Het Huis Anubis, dont la version américaine House of Anubis est logée dans les mêmes décors que la version originale ; d'ailleurs House of Anubis a été renouvelée au printemps pour une troisième saison, ce qui prouve les vertus du modèle). L'ironie du sort, c'est que pour le moment, les spectateurs belges n'ont pas accès à Hotel 13, pourtant créée et tournée dans leur pays.

FDP

- BRESIL :

* Maintenant que Preamar s'est achevée, HBO Latinoamerica est bien obligée de passer à une nouvelle série, et il faut dire qu'elle a plus d'un tour dans sa manche pour nous régaler. L'heure est donc venue pour la série brésilienne FDP (pour "filho de puta" ; du coup, pour la diffusion en territoire hispanophone, la série s'appelle HDP) de faire ses débuts ; elle sera lancée le dimanche 26 août prochain dans tous les pays d'Amérique du Sud où HBO est présent. L'histoire est celle d'un arbitre de football antipathique qui n'a qu'un objectif en tête : siffler le coup d'envoi de la finale de la Coupe du Monde. Le problème c'est que tandis qu'il essaye d'atteindre ce but, sa vie familiale est en décomposition (sa femme l'a plaqué, emmenant leur fils). Naturellement, des stars du foot brésilien feront leur apparition en guest lors des épisodes, ce qui devrait ravir les, euh... eh bien, ya des experts en ligue brésilienne dans les parages ?

WorldWithoutEnd

- CANADA anglophone :

* Les séries Saving Hope et The Listener ont été renouvelées pour une nouvelle saison chacune par CTV. La chaîne a également commandé un pilote pour Satisfaction, une comédie écrite par Tim McAuliffe (Up All Night) centrée sur une couple dans la vingtaine et leur ami nouvellement célibataire (le couple finit par être un peu jaloux de sa nouvelle liberté), ainsi que pour Spun Out, un sitcom dans lequel un écrivain qui a raté sa carrière finit dans une compagnie de relations publiques. Il s'agit des premières commandes en matière de comédie pour CTV depuis l'annulation de Dan for Mayor et Hiccups :  ouf, le Canada envisage à nouveau de rire.
* CBC a de son côté décidé fin juillet de commander trois pilotes : une adaptation anglophone de la série québécoise 19-2 (l'original avait l'avantage de compter Claude Legault au casting, qu'exceptionnellement je ne mets pas en photo mais vous ne perdez rien pour attendre), un autre drama du nom de Port Hope, où une scénariste de Heartland nous emmène dans une ferme de l'Ontario où l'on soigne et recueille les animaux blessés (Daktari au Canada, en gros), et la comédie The Khouris, également écrite par Tim McAuliffe (!), qui s'intéresse à une famille d'immigrants menée par un patriarche de droite... Il doit forcément y avoir quelque chose de drôle dans ce dernier pitch, mais je ne l'ai pas saisi.
* La troisième saison de Lost Girl, sur Showcase, se prépare à accueillir le temps d'un épisode l'actrice Linda Hamilton. L'actrice de La Belle et la Bête et de Terminator incarnera une tueuse dans cette nouvelle saison, qui devrait arriver sur les écrans pendant l'hiver 2013. Elle rejoint donc Rachel Skarsten (Birds of Prey et, peut-être un jour si on la voit, la série Transporter: The Series) qui a obtenu un rôle récurrent dans la nouvelle saison un peu plus tôt cette année.
* Attention, attention, si vous regardez Flashpoint, ne manquez pas le lancement de la cinquième et ultime saison de la série, le 27 septembre prochain à 22h sur CTV. Il n'y aura pas de seconde chance ! A part, euh, oui, lors de la diffusion aux USA, mais vous voyez ce que je veux dire.
* Amis téléphages, vous remarquerez pour finir que le Pilot Watch de la colonne de droite s'est enrichi d'une date début septembre pour la diffusion canadienne de World Without End, mini-série faisant suite aux Pilliers de la Terre. A ma connaissance, de tous les pays participant à cette co-production, c'est le premier à fixer une date ferme pour la diffusion de cette suite.

LesBobos

- CANADA francophone :

* En septembre devrait démarrer Adam et Eve, une comédie d'une demi-heure en 13 épisodes qui raconte l'histoire d'un couple à travers trois époques de sa vie commune : à 25, 45 et 80 ans. Mais outre l'idée de montrer le même couple à différents âges, le concept va plus loin, et choisit d'imposer une unité de lieu (un duplex dans lequel ils sont installés lorsqu'ils se sont mis ensemble) et de temps (par une sorte de paradoxe temporel, le couple vit perpétuellement en 2012), afin de ne suivre que le couple et de ne pas chercher à le placer dans un contexte historique ou social précis. La série devrait donc être plutôt originale !
* Et les plus nostalgiques de la comédie Le coeur a ses raisons l'auront remarqué, outre la photo ci-dessus, dans le Pilot Watch s'est ajoutée la nouvelle série avec Marc Labrèche et Anne Dorval dont on a discuté au printemps, j'ai nommé Les Bobos ! C'est pas que j'ai hâte, mais... Quoi ? Vous aussi ? Allez, voilà la bande-annonce !

Exposos

- COLOMBIE :

* Pendant l'été 2011, Sony Pictures Television et Caracol avaient signé un accord de production ; un an plus tard, les deux sociétés se sont enfin entendues sur les modalités de leur premier projet. Il s'agira d'une telenovela intitulée La Hipocondríaca, dont le tournage devrait commencer en octobre. L'histoire est celle d'une jeune femme hypocondiaque (mais vous l'aviez deviné) qui rencontre un séduisant médecin. Sauf qu'apparemment, il présente mieux qu'il ne diagnostique, puisqu'il lui affirme qu'elle a une maladie incurable et qu'il ne lui reste plus que 6 mois à vivre... Ca n'a pas l'air comme ça, mais les deux sociétés nous affirment que la série sera aussi drôle qu'elle pourra être triste ; espérons-le, parce qu'avec 120 épisodes d'une heure, il vaut mieux ne pas pousser ses spectatrices dans la dépression.
* Fox Telecolombia, vous le savez, est particulièrement dynamique ces dernières années : outre le fait que ses studios accueillent régulièrement la production de fictions étasuniennes (genre Mental ou plus récemment Burn Notice), la société de production tente de s'approcher du modèle américain pour ses fictions, à l'instar de Lynch dont on a déjà pu parler. Pourtant il était un genre auquel elle ne s'était pas encore frottée : l'humour. C'est maintenant chose faite avec la mise en production d'Exposos (photo ci-dessus), sa première comédie en espagnol. La série repose sur un concept que ne renierait pas Fran Drescher, puisqu'un couple fraîchement divorcé continue de cohabiter après la séparation ; en tout 13 épisodes d'une heure sont prévus, et le tournage a commencé le mois dernier à Bogota, en vue d'une diffusion au début de l'année 2013 sur les chaînes FOX d'Amérique latine. Ce sont les Argentins Susana Cardozo et Pablo Lago, auteurs de la telenovela au succès fracassant Lalola, qui s'occupent du scénario de cette comédie qui dit s'inspirer du ton de Modern Family ; les rôles principaux sont incarnés par Roselyn Sanchez (FBI: Portés Disparus) et Carlos Espejel.

RuzaVjetrova

- CROATIE :

* Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Ruža Vjetrova était la toute première série originale d'une heure diffusée en quotidienne par RTL Hvratska (qui, vous l'aurez compris, est la branche croatienne du groupe RTL), lancée pendant l'été 2011 à 20h. Après des débuts difficiles, puisque les premiers épisodes n'ont obtenu que 7,9% des parts de marché, la série s'est progressivement attiré un public fidèle, et a fini sa saison, en juin dernier, avec près de 30% de parts de marché. Un joli résultat qui a poussé la chaîne à renouveler la série et sa formule novatrice (elle est calquée sur le format telenovela, avec une intrigue bouclée en fin de saison, mais renouvelable à volonté) ; le tournage a repris à la mi-juillet pour que la seconde saison soit prête à être lancée courant septembre.

Rita

- DANEMARK :

* La dramédie Rita, qui a remporté une Nymphe d'Or à Monte Carlo, a été renouvelée pour une deuxième saison (bon, ça date de fin juin/début juillet, cette news, mais comme je l'ai dit j'étais un chouilla occupée à ce moment-là). Ce n'est pas vraiment une surprise : bonnes audiences, bien reçue par la critique, la série s'est plutôt bien vendue à l'étranger pendant le MIPCOM et s'est déjà fait remarquer lors de divers festivals. Alors quand ça marche bien sur le marché national comme à l'étranger, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? 8 nouveaux épisodes ont été commandés, et le tournage devrait reprendre en octobre, probablement en vue d'une diffusion au printemps 2013, comme ça avait été le cas pour la première saison. Il est bon de noter que c'est la première fois au Danemark qu'une série non-policière remporte une adhésion de cette ampleur, et je ne vous cache pas mon soulagement à l'idée que bientôt, la Scandinavie pourrait bien exporter massivement autre chose que du poulet...

Omar

- EGYPTE :

* Chaque année, pendant le Ramadan, il y a au moins une série pour hérisser le poil des plus conservateurs, et c'est un peu compréhensible quand on sait à quel point la période est synonyme de respect pour les traditions. C'est une série égyptienne qui cet été semble avoir secoué le monde musulman, alors que la chaîne saoudienne MBC a décidé de diffuser Omar, un biopic sur Omar Ibn Al Khattab, un calife puissant et un proche de Mahommet. Vous savez sans doute que l'Islam interdit toute forme d'idolâtrie d'Allah, et qu'il est communément admis que les représentations de figures religieuses importantes sont plus que découragées (bien qu'apparemment ce ne soit pas explicitement interdit dans le Coran, mais je ne suis pas experte) ; eh bien la question s'est posée de savoir s'il était acceptable qu'un proche du prophète soit incarné à l'écran. Les avis étaient partagés, et des réclamations ont été envoyées à la chaîne ; MBC n'a cependant pas plié sous les demandes de déprogrammation et Omar a pu entamer sa diffusion normalement pendant la plus importante période télévisuelle du monde arabe. Tant mieux parce que la production de cette série a coûté l'équivalent de 40 millions d'euros, et a duré trois ans, décrochant le record actuel en matière de budget pour une série dans le monde arabe. C'est vrai que quand on en arrive là, on n'a pas trop envie d'enterrer des inédits.

Fragiles

- ESPAGNE :

* Telecinco a lancé le 2 août dernier une nouvelle série intitulée Frágiles, dans laquelle un physiothérapeute un peu atypique prend aussi en compte les blessures émotionnelles de ses patients pour les soigner ; dans chaque épisode, il traite un patient lors d'une intrigue bouclée à la fin des 90 minutes, et deux autres dont le traitement s'étend sur plusieurs épisodes, le tout avec une bonne dose d'attitude positive (même quand les cas le touchent de près). La première soirée, pendant laquelle les deux premiers épisodes ont été diffusés, a rassemblé 14,2% puis 17,5% de parts d'audience, des résultats supérieurs à ceux de la série médicale Hospital Central qui occupait précédemment la case. Au total, 8 épisodes sont prévus pour la première saison. Et en plus, les critiques ont l'air bonnes !
* Au rayon casting, la seconde saison de la comédie Con el culo al aire se prépare pour La 1, et trois nouveaux personnages au moins devraient rejoindre la série, interprétés par Janfri Topera (Plaza de España, jolie référence en matière de comédie pourrie), Ana Wagener (ex-Hospital Central et surtout doubleuse espagnole de Felicity Huffman), et Javier Antón, un acteur basque.
* Sachez que le projet de fusion entre laSexta et Antena3 connait un nouveau rebondissement. Espéré depuis de longues années, ce mouvement, qui créerait le 2e plus grand groupe audiovisuel du pays et regrouperait environ 25% des parts du marché télévisuel espagnol, est un feuilleton qui n'a rien à envier à une série fleuve, puisque laSexta avait annoncé récemment ne plus être intéressée par la fusion (en fait plutôt une absorption) et chercher un autre acquéreur. La question sera étudiée par le Gouvernement espagnol, qui espère bien donner un coup de main à cette opération qui traine depuis 2009 déjà. Le conseil des ministres rendra son avis d'ici la fin août sur les termes énoncés par la commission de la concurrence, ce qui devrait effectivement trancher une bonne foi pour toutes les conditions du phagocytage de laSexta, s'il doit se faire.
* On a déjà eu l'occasion de discuter des problèmes de liquidités de la chaîne publique TVE. Les chiffres officiels sont tombés : la chaîne a perdu 29 millions d'euros pendant l'année 2011. Inutile de préciser que l'heure n'est pas aux investissements dans la fiction, ce qui explique que les décors de la fiction historique Isabel, un projet ambitieux et donc onéreux, aient été démontés le mois dernier, sabrant par-là même l'avenir de la série. La société de production ne pouvait continuer à entretenir les décors plus longtemps, alors que la chaîne avait dit réfléchir à l'avenir de la série. Les 13 premiers épisodes de la première saison d'Isabel ont été tournés, mais toujours pas diffusés par TVE qui apparemment n'en a plus les moyens ; à l'heure actuelle, le pilote de la série a été projeté deux fois en festival, et le reste croupit dans un tiroir.
* De la même façon, toujours pour TVE, la production d'Amar en tiempos revueltos a décidé de ne plus produire d'épisode inédit (quelques épisodes déjà tournés devraient cependant pouvoir être diffusés à la rentrée), et réfléchirait à un spin-off pour Antena3 qui elle, peut payer ses commandes. Quant à TVE, elle a réussi à commander un sitcom, intitulée Estamos Okupa2, qui devrait débuter en septembre, en tandem avec la nouvelle saison de Gran Reserva appremment réglée de longue date. Pas de nouvelles en revanche du plus grand succès de la chaîne, la série Aguila Roja, ni de la série policière Los misterios de Laura, toutes deux pour le moment en stand-by, le temps pour TVE de casser son cochon-tirelire ; les deux séries, qui effectuent quelques unes des meilleures audiences de la chaîne, pourraient facilement trouver repreneur, mais la chaîne publique refuse de se séparer des droits. Voie sans issue.
* Pour finir, il nous manque pour le moment une date exacte de lancement, mais Antena3 commence à diffuser des bande-annonces pour Imperium, le spin-off de Hispania. Quant à l'adaptation espagnole de Ghost Whisperer, intitulé El Don de Alba, elle devrait démarrer au cours du mois de septembre, cette fois sur Telecinco. Et, oui, rassurez-vous, j'ai la bande-annonce, j'allais pas vous laisser comme ça.

- GRECE :

* Où quand la grille de télévision relève plus de questions idéologiques, que de télévision à proprement parler. L'extrême-droite grecque (la sinistrement fameuse "Aube dorée" néo-nazie) a lancé il y a quelques jours un appel au boycott des séries turques, et par la même occasion, à un boycott des publicités apparaissant pendant la diffusion de ces mêmes séries turques. D'après le leader du parti, Nikolaos Michaloliakos, non seulement la diffusion de ces séries serait une "honte" capable de détruire l'exception culturelle grecque, mais en plus, l'amitié entre la Grèce et la Turquie irait à l'encontre du bien-être du peuple grec ; l'homme politique a affirmé son intention de lancer un débat au Parlement sur une potentielle interdiction de diffusion. Le pauvre aurait des sueurs froides à la lecture de ce post ; une grosse pensée pour toi lors de la rédaction de ces news internationales, Nikolaos.

NewYork

- ISRAEL :

* La série New York, dans laquelle le fils d'une famille criminelle s'exile dans la grosse pomme et s'aperçoit que sa famille a mis un prix sur sa tête (du moins, jusqu'à ce que la proie devienne chasseur...), reviendra pour une seconde saison sur la chaîne câblée yes drama. La première saison, qui comptait 50 épisodes de 45 minutes chacun, a été diffusée en quotidienne et a recueilli un fort succès. Voici la bande-annonce en anglais (et sous-titres anglais pour les dialogues en hébreu) :

* Le 17 juillet dernier a démarré, également sur la chaîne câblée yes drama, une nouvelle série répondant au nom de Shvita ("grève"). Ce drame social s'intéresse à des ouvriers qui tentent de se syndiquer, mais qui rencontrent une telle hostilité de la part de leur direction que les évènements s'enveniment, et qu'ils finissent par se mettre en grève et se retrancher dans l'usine dans une tentative désespérée d'attirer l'attention sur leurs difficultés. On y retrouve dans les rôles principaux Zohar Liba, Amos Tamam et Shalom Michaelshwilli, lesquels ont tous un point commun : ils ont interprété un rôle (bien que d'importance variable) dans la série à succès Asfur. Hasard du calendrier, la semaine-même où la série a débuté, un vétéran israélien, Moshe Silman, s'est immolé, afin de souligner l'abandon dont il se sentait victime par l'Etat ; une coïncidence qui n'a fait que souligner à quel point Shvita était d'une cruelle actualité, et qui a participé aux excellentes critiques sur la série.

YuukiAmami

- JAPON :

* Comme souvent, la NHK est un peu décalée par rapport à la saison nippone classique, et fera commencer dans quelques semaines, alors que la saison estivale touche à sa fin, le dorama Makete, Katsu, une série historique sur le Premier ministre japonais Shigeru Yoshida. Mais ça on le savait, puisqu'on avait évoqué la série dans le récap de la saison estivale japonaise. Mais ! Fait que jusque là j'ignorais, l'acteur britannique David Morse devrait y incarner le rôle du Général MacArthur ! Ce n'est pas tous les jours qu'une série nippone s'offre un guest occidental de ce gabarit.
* Souvenez-vous, nous en parlions au printemps : l'auteur Kankurou Kudou, jusque là peu habitué aux soaps (on lui doit par exemple Kisarazu Cat's Eye ou Unubore Deka), est en charge du prochain asadora de la NHK. La dernière fois, on n'en avait pas le titre, mais maintenant que son actrice principale est castée, on en sait un peu plus : Amachan commencera en avril prochain pour prendre la relève de Jun to Ai, et c'est la jeune comédienne Rena Nounen qui incarnera le rôle éponyme, après avoir été choisie parmi plus de 1900 candidates. Jusque là, elle s'est contentée d'apparaitre dans des petits rôles au cinéma. Le tournage des 156 épisodes démarrera en octobre prochain.
* On dirait qu'il y a du mouvement sur le câble et le satellite nippons. Les chaînes Toei Channel et Family Gekijou ont en effet décidé de lancer deux remakes de séries majeures des années 70 et 80 (un peu comme TNT avec Dallas), à l'époque où le modèle japonais actuel n'était pas encore né et que les séries suivaient le format américain de renouvellement sur plusieurs saisons. La première est Tokusou Saizensen, une série de détectives née en 1977 et qui a duré 508 épisodes, et la seconde est Playgirl, une série d'action un peu sexy née en 1969 qui n'a connu "que" 276 épisodes. Leurs nouvelles versions respectives garderont le même nom, accolant simplement "2012" au titre, et feront l'objet d'un crossover diffusé quelque part au mois de décembre. A noter que la scénariste de Tokusou Saizensen 2012, Hideka Nagasawa, a déjà signé 100 épisodes de la série originale.
* Vous vous rappelez peut-être de la série familiale Wataru Seken wa Oni Bakari, qui s'est achevée en septembre dernier sur TBS au bout de 10 saisons étendues sur 21 années. Eh bien elle n'est pas encore tout-à-fait partie. Elle reviendra pour une mini-série en deux parties, les 17 et 24 août prochains. Les demandes ont apparemment afflué pour faire revenir la petite famille de cette longue chronique, et il n'est à l'heure actuelle pas exclu que ce bref retour conduise à quelque chose de plus durable ensuite...
* Yuuki Amami, en photo ci-dessus, a une nouvelle série en vue, et Dieu merci ce n'est pas une comédie musicale ! Il s'agit d'une mini-série en deux épisodes intitulée Onna Nobunaga, qui revisite l'histoire. Dans cette version imaginaire du passé, le seigneur Nobuhide Oda n'a pas eu un fils du nom de Nobunaga Oda, mais une fille (incarnée, donc, par Yuuki Amami). Nobunaga Oda aurait-elle eu une destinée différente ? C'est la question que posait un roman paru en 2006 dont cette mini-série est l'adaptation. Réponse à la fin de l'année, même si pour l'instant aucune date de diffusion précise n'a été fixée par Fuji TV.
* Mais avant cela, viendra la saison automnale nippone, qui comme c'est la tradition commencera début octobre. Quelques projets commencent à se dévoiler, parmi lesquels Soko wo Nantoka, destinée à la chaîne satellite NHK BS Premium, dans laquelle une ancienne hôtesse de club devient avocate dans une firme très modeste (Danni Lowinski, sors de ce corps !), utilisant ses contacts venus de son ancienne vie pour essayer de progresser dans la vie.
* Pendant ce temps, TBS prépare MONSTERS, une série d'enquête mettant en scène les acteurs/chanteurs Shingo Katori et Tomohisa Yamashita, dans ce qui semble destiné à reposer sur la structure des opposés qui se complètent ; la série est destinée à la case du dimanche à 21h.
* Du côté de Fuji TV, on a misé sur un trio de stars pour la série du mardi à 22h. Elle ne porte pas de titre, mais le générique n'en est pas moins alléchant : Hiroshi Abe (donc la carrière est longue comme le bras), Tomoko Yamaguchi et Aoi Miyazaki se disputent en effet le haut de l'affiche. Dans cette série mystérieuse, le couple formé par les quarantenaires Abe et Yamaguchi connaitra une crise grave et déchirante, qui sera exacerbée par l'apparition d'une mystérieuse jeune femme qui commencera à manipuler notre homme... Je ne sais pas pour vous mais ça rappelle énormément Utsukushii Rinjin. L'écriture comme la réalisation seront aux mains du cinéaste Hirokazu Koreeda. Le scénario est pour l'instant volontairement brumeux, le titre tenu secret, bref, comprenez que Fuji TV a l'intention de faire monter la sauce progressivement, et donc qu'elle considère que c'est son meilleur placement de la saison. Ce qu'on s'empressera de vérifier en temps voulu !
* Même chaîne, autres ambitions : Fuji TV prévoit enfin une série pour le samedi à 23h10 intitulée Koukou Nyuushi, et s'intéressera à la journée précédant un examen d'entrée au lycée (le juken), ainsi que la journée d'après. Un concept intéressant qui devrait également être l'occasion d'une intrigue proche du thriller, alors que l'examen d'un lycée important semble sur le point d'être perturbé par des évènements étranges. On y retrouvera l'actrice Masami Nagasawa (Last Friends, GOLD...) qui y interprétera une prof d'anglais, ainsi que Nao Minamisawa, Nakao Akiyoshi, Hidenori Tokuyama et Shigeru Saiki.

LaCQ

- MEXIQUE :

* La telenovela pour ados, vous le savez, l'essayer c'est l'adopter. Et même si MTV y est venue un peu plus tard que les autres (notamment par rapport à Nickelodeon qui s'est taillé la part du lion avec Grachi et consorts), elle ne saurait plus s'en passer, après le succès de Niñas Mal puis Popland. La preuve, le 3 septembre prochain, MTV Latin America fera débuter une nouvelle série, Último Año (désormais ajoutée au Pilot Watch). Tourné au Mexique, il s'agira d'un thriller de 70 épisodes qui nous plongera dans l'univers de lycéens très riches. Et, chose décidément très fréquente aujourd'hui, j'ai effectivement une bande-annonce pour vous, mais... elle ne vous apprendra pas grand'chose sur la trame de l'intrigue !

* De son côté, Televisa ne laisse pas sa part au chien, et a produit La CQ, une série pour adolescents qui a débuté lundi à 20h sur Cartoon Network dans plusieurs pays d'Amérique latine. C'est la première fois que la branche hispanophone de Cartoon Network se lance dans une série "live" originale. La comédie suit les aventures d'un groupe d'ados étudiant dans un établissement appelé Constantino Quijano (d'où les initiales "CQ") et ressemble assez, comme le montre la photo ci-dessus, aux comédies colorées à la Disney ou Nickelodeon qui ont pu naître aux USA.

DAG_saison2

- NORVEGE :

* Profitant de l'accalmie de l'été, les Komiprisen, récompensant les talents comiques norvégiens, seront remis le 25 août prochain. Evidemment, il y a des catégories télévisuelles, sans quoi je ne vous en parlerais pas. Ainsi, la dramédie DAG tire deux nominations (meilleure performance humoristique, et meilleur artiste masculin pour Atle Antonsen) et Lilyhammer n'en a qu'une (meilleure performance humorisitique également), les autres nominations allant généralement à des émissions à sketches et autres spectacles de non-fiction. Enfin, ce qui m'intrigue, c'est qu'avec tout ça (et à plus forte raison parce que DAG raffle déjà la mise aux Gullruten), je n'ai toujours trouvé aucune trace d'un renouvellement pour DAG (photo ci-dessus) pour une 3e saison. Curieux.

Moordvrouw

- PAYS-BAS :

* Peut-être vous souvenez-vous avoir entendu parler de la scandaleuse série Feuten dans ces colonnes. Si c'est le cas, l'annonce d'une nouvelle série de la même chaîne, BNN, destinée aux ados et jeunes adultes sans les prendre pour des amibes, pourrait bien vous mettre l'eau à la bouche : Smeris, une série dans laquelle deux flics que tout oppose font la paire contre leur volonté ; mais lorsqu'ils déclenchent par erreur une guerre des gangs, ils vont devoir accepter de travailler ensemble pour rétablir une semblant de quiétude dans les environs... Pas d'affolement, la diffusion de cette série n'est pas prévue avant 2014.
* Qualifiée de version masculine de Gooische Vrouwen (Jardins Secrets lors de sa diffusion en France), la nouvelle série de RTL4, Divorced, fait son chemin. Après son tournage au printemps, la série serait envisagée dans la grille de rentrée de la chaîne, même si aucune date ne semble arrêtée pour le moment. Il faut dire que cette dramédie, destinée à suivre la trajectoire de trois hommes divorcés alors qu'ils doivent composer avec leur nouvelle situation familiale, et qui s'installent ensemble pour mieux gérer la transition, est signée par l'équipe de Gooische Vrouwen, justement. Pas de date non plus pour le remake des Craquantes, également annoncé par RTL4, ou le biopic Achter het Raam, qui ne semblent pas prêts pour la rentrée. Mais je vous tiens au courant.
* RTL vient également de confirmer la commande d'une deuxième saison pour Moordvrouw, une série policière dont vous pouvez voir la photo ci-dessus, et lancée en janvier dernier après près de 2 années de confinement dans un fond de tiroir. Finalement, on dirait bien que la chance de la série a tourné, puisque, forte de ses audiences convaincantes, la série reviendra aux alentours de février 2013 pour 10 nouveaux épisodes. Quand on sait que la première saison a été produite courant 2009, ça va leur faire drôle de revenir bosser sur une nouvelle saison après tout ce temps...
* La chaîne éen aussi prépare sa grille pour la nouvelle saison, et a annoncé ses prochaines séries. De Vijfhoek sera un drama se déroulant dans un quartier de Bruxelles, et suivant la vie d'étudiants habitant un endroit cosmopolite où l'on parle néerlandais mais aussi français ; ils mènent tranquillement leur existence sans se préoccuper d'un projet de reconstruction du quartier, jusqu'à ce que le projet menace leur mode de vie... Ensuite, en décembre, la chaîne proposera Wolven, une série procédurale où les enquêteurs, une fois n'est pas coutume, se pencheront sur des affaires de fraude et de corruption. Sur un thème similaire, en décembre aussi, Salamander, écrite par Ward Hulselmans (scénariste de la série Witse), sera une série à mi-chemin entre la politique et le thriller, qui débute lorsque la panique s'empare des puissants après une série de cambriolage visant exclusivement leurs plus sophistiqués coffre-forts. Sauf que ceux-ci ne sont pas ouverts, non ; ils sont subtilisés ! Et avec eux, les documents parfois compromettants de hauts dignitaires de la politique et de la finance locale. Ne vous inquiétez pas si vous avez peur de ne pas garder tout le calendrier en mémoire ! Les dates appropriées ont été ajoutées au Pilot Watch dans la colonne de droite.
* Enfin, un rapide coup d'oeil à ce qui se passera sur les chaînes publiques. Nederland 3 (alias Ned3 pour les intimes) diffusera la deuxième saison de Penoza dans le courant du mois de novembre, c'est-à-dire que la diffusion devrait s'achever pile quand Red Widow débutera à la mideason américaine. De son côté, Ned2 proposera en septembre la nouvelle série De Geheimen van Barslet, une série mystérieuse se déroulant dans la bourgade tranquille de Barslet. Tranquille, vraiment ? Car dans cet étrange endroit, des miracles comme d'inexplicables tragédies peuvent se produire... Et si vous voulez y jeter un oeil, j'ai même une bande-annonce pour vous.

SilaWyzsza

- POLOGNE :

* Puisque Galeria, le nouveau soap de TVP1, n'a pas réussi à attirer l'attention des spectatrices (résumé des épisodes précédents ici), la chaîne devait trouver absolument une nouvelle idée pour prendre la relève après son annulation. TVP1 a donc lancé un immense concours, dégoté plus de 50 projets, et choisi celui qui lui semblait le plus prometteur pour sauver sa case horaire sinistrée par l'annulation de Plebanię. C'est Wszystko Przed Nami qui l'a emporté, une histoire dans laquelle un bâtiment historique de Lublin, abritant aussi bien un cabinet d'avocats qu'une auberge de jeunesse, sert de décor aux intrigues soapesques voulues "réalistes mais positives". Le tournage a lieu cet été en vue d'une diffusion en septembre.
* TVP prévoit également dans sa grille de rentrée une nouvelle série, Siła Wyższa (en photo), une comédie en 13 épisodes en single camera, se déroulant dans un monastère franciscain installé à côté d'un monastère bouddhiste. Les deux communautés se retrouvent en "concurrence" pour secourir les âmes locales...
* A l'occasion du Festival du Film comique de Lubomierz, qui doit se tenir demain, le prix de la meilleure série polonaise comique doit être décerné. Sont en lice : Rodzinka.pl (remake actuellement dans sa 3e saison de la série québécoise Les Parent), Ranczo (dont la 7e saison doit commencer au printemps) et le sitcom Świat Według Kiepskich (une série sur une famille dysfonctionnelle similaire aux Bundy de Mariés, Deux Enfants, et à l'antenne depuis 1999).

HBORussia

- RUSSIE :

* Après l'Amérique du Sud, l'Europe Centrale et les Pays-Bas, HBO a décidé de s'implanter en Russie. Les choses devraient aller même assez vite, puisque HBO Russia pourrait voir le jour avant la fin de l'année 2012. Mais une bonne nouvelle ne vient jamais seule : cette nouvelle chaîne serait d'emblée développée en partenariat avec Amedia, une société de production de fictions (elle produit actuellement l'adaptation à succès Zakrytaia Shkola). Rappelons que toutes les implantations internationales de HBO ne sont pas égales devant le phénomène des productions locales : en Amérique du Sud, cela fait plusieurs années que HBO Latino produit de [très bonnes] séries de façon constante (il faut dire que c'est un peu de la triche puisque plusieurs pays peuvent successivement fournir une fiction à la chaîne), tandis que HBO Central Europe n'a pour le moment produit que des remakes de BeTipul (en Roumanie, Tchékoslovaquie, Serbie et Slovénie), tout comme HBO Nederland. Une adaptation polonaise de la série israéelienne HaEmet HaEroma serait à l'étude, mais ça s'arrête là. Quant à HBO Canada, elle diffuse quelques fictions, à l'instar de Call Me Fitz ou The Yard, mais son cas est particulier puisque HBO Canada est en fait la dénomination regroupant deux chaînes câblées, The Movie Network (accessible dans l'est du pays...) et Movie Central (...à l'ouest), et que les deux chaînes coproduisent leurs séries originales. Les autres branches de HBO dans le monde, notamment en Asie, ne produisent aucun contenu original, et se contentent de diffuser les séries américaines du catalogue. Ce serait donc une sacrée fichue bonne nouvelle si HBO Russia pouvait d'emblée démarrer son existence avec un ou deux projets de séries !

JonasGardell

- SUEDE :

* Durant l'automne, SVT devrait diffuser une mini-série adaptée de Torka aldrig tårar utan handskar ("ne pas essuyer ses larmes sans porter de gants"), un roman de Jonas Gardell paru ce mois-ci sur le thème du SIDA dans les années 80. Le roman est le premier volet d'une trilogie dont les deux opus suivants devraient sortir d'ici l'été 2013, mais sont apparemment déjà écrits ; chaque volet a une thématique : d'abord l'amour, puis la maladie, et enfin la mort. "Ce n'est pas un texte sur l'homosexualité, c'est plutôt un livre sur notre histoire en tant qu'homosexuels", explique Gardell, qui s'est inspiré de son expérience à Stockholm pour retracer la façon dont le virus avait été perçu en Suède au moment de son apparition. La mini-série devrait aborder les trois thématiques, bien que seul un roman soit publié au moment de sa diffusion. Auteur, activiste mais aussi comédien de stand-up, Gardell a déjà vu plusieurs de ses écrits être adaptés en mini-série, comme En Komikers Uppväxt en 1992 ou De Halvt Dolda en 2009.

ASfur

- USA (mais qui louche sur la copie des voisins) :

* Il a été confirmé que le remake de la série israélienne Asfur (photo ci-dessus) était en bonne voie. En novembre dernier, John Wells avait acquis les droits de cette série à succès dans laquelle un groupe de copains, squattant une vieux dépôt de bus abandonné, tente de gagner de l'argent afin de ne pas être délogé par la municipalité, qui a mis en vente le terrain. L'adaptation de cette série, qui a fait les beaux jours du câble israélien pendant deux saisons (un total de 70 épisodes) diffusées en quotidienne, est désormais en développement pour FOX.
* On savait de longue date que c'était en projet : le remake américain de Bron/Broen se fera sur FX ; le feu vert a été donné pour un pilote. Rappelons qu'une deuxième saison de cette co-production entre le Danemark et la Suède est en cours, et qu'une adaptation est également prévue entre le Grande-Bretagne et la France. Dans la version US, le lien devrait se faire entre les USA et le Mexique, ce qui promet un fossé culturel bien plus ample que dans la série originale.
* Au royaume des bonnes idées, c'est A&E qui siège sur le trône : de toutes les adaptations stupides, celle-ci est probablement la plus futée, puisque la chaîne a confirmé la commande d'un pilote pour un remake de la série danoise Den Som Draeber. Mais oui ! Une série qui a été critiquée âprement, dont les audiences ont dégringolé et dont on a annulé la commande de la deuxième saison alors qu'elle avait déjà été passée, c'est super prometteur ! Quel exemple à suivre, forcément ça fait envie. Pis à l'heure de l'annulation de The Killing par AMC, ça relève vraiment de l'idée de génie, tiens. 

KurtlarVadisi

- YEMEN :

* Emoi après les atrocités commises par un Yéménite ayant juste un peu trop regardé la série turque Kurtlar Vadisi, une série turque lancée en 2003 sur SHOW et reprise deux ans plus tard par Kanal D, et qui a également donné naissance à des films. Kurtlar Vadisi s'intéresse à des opérations d'infiltration dans les milieux de la mafia ou du terrorisme ; violents aussi bien visuellement qu'idéologiquement (notamment imprégnés par un fort anti-sémitisme), la série, ses spin-offs et ses films ont plusieurs fois fait l'objet d'une forte polémique, son deuxième spin-off Kurtlar Vadisi: Terör étant même interdit de diffusion en Turquie (un seul épisode a réussi à être montré) et la déclinaison Kurtlar Vadisi: Filistin en Palestine (photo ci-dessus) n'ayant pas manqué d'attirer des réactions internationales. Dans le cas qui nous occupe, notre yéménite trentenaire a exécuté 4 hommes et 1 femmes, s'est retranché avec des armes et a fini, une fois à cours de munitions, par se rendre en expliquant ses actes par une volonté de copier ce qui s'était passé dans la série. Il y a résolument des fous partout, mais du coup cela a relancé l'éternel débat sur la violence à la télévision, et à plus forte raison à la télévision yéménite. Les autorités semblent pointer du doigt les importations turques, considérées entre autres "trop libérales" et "propres à détruire la jeunesse yéménite".

SeoulInternationalDramaAwards

- MONDE :

* Finissons avec ce que j'aime certainement le plus dans ce job : les nominations pour une récompense télévisuelle, ici les Seoul International Drama Awards. Regardez-moi ça comme c'est beau !
Dans la catégorie mini-série, sont nommées la saison 2 de Shinya Shokudou et celle de JIN, Boardwalk Empire, les séries françaises Kaboul Kitchen et Clash, le biopic russe Fiodor Dostoievski, la coproduction russe/ukraininenne Ballada o Bombere, la britannique Great Expectations, la saison 2 de Luther et... la saison 2 de Sherlock. A mon sens, c'est plié, mais bon, on sait jamais.
Du côté des séries au (parfois très) long cours, sont nommées : les coréennes The King 2 Hearts, BrainHaereul Poomeun Dal, Gongjooeui Namja, Cheonileui Yaksook et Ppurigipeun Namu, les turques Ezel et Fatmagülün suçu ne?, la colombienne La Promesa, l'américano-canadienne The Firm, et Gran Reserva, ainsi qu'une série chinoise dont j'ai été infichue de trouver le titre original, et dont le titre international est Home of People's Hearts. Dans tous les cas, les Coréens ont de toute évidence une longueur d'avance.
Outre ces nominations, il est possible de voter en ligne pour les prix du public, qui dispense beaucoup plus de choix dans chaque catégorie, dont par exemple l'irlandaise Love/Hate, l'islandaise Heimsendir, la norvégienne Hotel Caesar, l'américaine Castle, l'australienne Jack Irish (WTF ?! Qui peut voter en connaissance de cause pour ça, j'ai loupé la diffusion ou quoi ?!), la néo-zélandaise The Almighty Johnsons, l'argentine Graduados, l'espagnole Gran Hotel, l'égyptienne Lahazat Harega, la française Vous les femmes (que personnellement je ne connaissais pas), et bien bien d'autres. Les résultats seront annoncés le 30 août prochain.
Allez jeter un oeil, c'est assez incroyable, ça vient de quasiment partout (certains pays ont présenté beaucoup de séries, d'autres... moins), ça donne plein d'idées et d'envies, c'est délicieux, mon planning téléphagique vient de prendre 10kg.

* Au prochain épisode, on devrait avoir la liste des nominations pour le Festival de la fiction TV de La Rochelle : les nommés seront annoncés le 22 août prochain ; pour le moment, grâce à des indiscrétions sur les sites québécois, je sais juste que la série Vertiges a été nommée dans une catégorie internationale. Dans tous les cas, résultats le 12 septembre.

TheSpiral-logo

- EUROPE :

* Pour terminer, je l'avais tweeté (certes tardivement) mais ça ne fait pas de mal de le répéter, en particulier si vous ne me suivez pas encore sur Twitter : contrairement à ce qui avait initialement été avancé, arte va finalement bel et bien diffuser, à compter du 3 septembre, la série The Spiral en même temps que les autres pays européens qui ont coopéré sur le projet.
Rappelons pour ceux qui ont la flemme de relire les anciens posts que The Spiral (développée sous le nom de The Artists) est une série co-produite par Canvas en Belgique, TV3 au Danemark, YLE en Finlande, NRK en Norvège, Vara aux Pays-Bas, et SVT en Suède ; chaque chaîne apportant non seulement une partie des finances, mais aussi un ou plusieurs acteurs pour jouer l'un des rôles principaux dans cette série auto-proclamée "expérimentale".
Les acteurs sont : Viktoria Winge (Koselig Med Peis) pour la Norvège, Tuva Novotny (183 Dagar, DAG) et Donald Högberg pour la Suède, Tommi Korpela et Elmer Bäck pour la Finlande, Thure Lindhardt (Blekingegade) et Paw Henriksen pour le Danemark, Teun Luijkx pour les Pays-Bas, et enfin, Thomas Ryckewaert, Johan Van Assche, Johan Leysen et Lien Van De Kelder pour la Belgique.
Toutes les chaînes diffuseront en même temps les épisodes de cette série interactive, les spectateurs participant à l'intrigue pour essayer d'en démêler les fils.
Mais attention : le jeu interactif commence en amont de la diffusion, alors rendez-vous est donné dés le 21 août sur le site international de la série pour voir de quoi il retourne... Tout cela est de plus en plus excitant, vous ne trouvez pas ?

Pour patienter encore un peu, voilà la bande-annonce en anglais :

Voilà, c'est tout ! (dit-elle en dépit de son syndrome du canal carpien)

Tant que j'en suis aux effets d'annonce : dorénavant, les world tours seront repris par le fil actu du site Annuséries (avec un léger différé, les inédits sont toujours ici), donc n'arrêtez pas de venir me voir, mais sachez que ce récap' planétaire que je vous prépare sera désormais aussi publié là-bas, pour le plus grand plaisir de leurs visiteurs qui peuvent déjà y entendre parler de la Grand-Bretagne, du Canada ou de l'Australie, et qu'avec un peu de chance, on va intéresser à encore plus de séries méconnues sous nos latitudes ! Plus on est de fous...
Vous y trouverez également la bannière utilisée en début de post, pour plus de visibilité.

Alors, même en tenant compte de ce qui a inévitablement été oublié, admettez-le : que tout ça est BON !!!
Où vont vos préférences ? Dites-moi, je veux tout savoir !
Et puisque je vous tiens, n'hésitez pas à me dire : en fait c'est mieux avec sous cette forme compacte et alphabétique, les world tours, ou on continue comme avant ? Comme d'habitude, ce sont vos retours qui me permettent de vous tailler une rubrique sur mesure ! Et si vous remarquez une video qui ne marche pas, signalez-le moi...

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