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ladytelephagy

28 août 2012

[DL] Kathmandu

Eh non, ce n'est pas aujourd'hui que je vais vous proposer le générique d'une série népalaise, bien que, croyez-moi, je ne rêve que de ça. Bon peut-être pas que de ça mais vous saisissez l'idée.
Non, Kathmandu est une série israélienne, mais elle se déroule effectivement au Népal, où viennent d'arriver ses deux héros, un jeune couple de juifs orthodoxes "chabad" qui accomplissent leur shlichut, une période dédiée à des missions religieuses (souvent à l'étranger) afin de consolider sa foi. Ils sont, par un concours de circonstances, envoyés à Katmandou, où ils sont supposés se tenir à disposition spirituelle des juifs qui passent par là sur leur chemin vers l'Himalaya. Manque de chance, ils atterrissent deux jours avant le Seder de Pessah, ce qui complique encore leur arrivée dans ce nouveau pays.

Shmulik et Mushkie, ce sont leurs noms, sont arrivés à Katmandou à leur corps défendant (Shmulik n'y était pas opposé quand on le leur a annoncé, Mushkie y était plus réticente et a plus de mal à s'adapter en dépit de sa bonne volonté). Ils font leur shlichut sur recommandation de leur rabbi, donc de leur plein gré, mais la destination leur a été imposée au dernier moment alors qu'ils faisaient leurs bagages en pensant partir pour la Belgique.
Pour le jeune couple, il s'agit donc d'un défi dont ils n'avaient pas pris la mesure, mais c'est aussi l'occasion pour eux de découvrir une autre culture... et puis, être à des milliers de kilomètres de tous ceux qu'on connait, pour un jeune couple, c'est forcément une aventure !
Pour Shmulik et Mushkie, ce sera aussi l'occasion de rencontrer différentes personnes de passage : un adepte du new-age, un randonneur complètement stone, un Israëlien qui refuse de parler hébreu ("j'aime la langue, simplement je n'aime pas toujours ceux qui la parlent"), ou encore une femme partie dans les montagnes népalaises à la recherche de sa soeur qui a disparu.

Le tournage de Kathmandu comprenait deux mois au Népal, et la série est tournée à la fois en hébreu et en anglais ; on sent dans ce pilote qu'il y a une véritable envie de dépeindre un pays de façon réaliste, sans en laisser échapper la beauté. En cela, la démarche de Kathmandu m'a un peu rappelée celle de la série suédoise 30° i Februari (même si la série israélienne s'oriente par moments vers la dramédie). La démarche spirituelle, sans être la même dans les deux séries, ramène en tous cas à l'idée d'un voyage qui dépasse le simple kilométrage...

Les retours sont apparemment bons de la part de la communauté chabad, qui trouve que son mode de vie est plutôt bien rendu à l'écran, et la série a su trouver un public plus large, sur Reshet qui la diffuse, démontrant qu'il n'est pas besoin de faire partie de ce courant religieux pour apprécier la série. Et en effet, le pilote de Kathmandu, à mon avis, est assez universel, même si la fin de l'épisode était un peu exagérée (ne parvenant pas à entrer dans le bâtiment où on les a installés, Shmulik et Mushkie escaladent le mur de la propriété et se font emprisonner pour tentative de cambriolage) et conduit à un axe qui a l'air de vouloir se prolonger.
Comme 30° i Februari, l'avantage de Kathmandu est qu'elle est bilingue et comporte de nombreux dialogues en anglais (certes avec un accent népalais à couper au couteau) et se montre assez accessible pourvu de parler l'anglais. Du coup j'hésite presque à regarder la suite, je me tâte encore ; le problème étant plus mon planning de visionnage que la qualité de la série.

Bon, maintenant que les présentations sont faites, permettez que je vous propose le générique de Kathmandu ! Un petit clic et il est à vous...

Kathmandu
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Pour ce qui est du générique à proprement parler, j'ai le sentiment qu'on y retrouve assez bien la sensation de désorientation de ses personnages, la dimension de rituel religieux, mais aussi un petit côté "auberge espagnole" à travers tous ces personnages si différents qui, loooin de tout, vous rencontrer des inconnus et sans doute aussi eux-mêmes...
La musique est rapide, le montage très efficace, et j'aime bien le contraste qui a été trouvé entre les rues un peu sales, en tout cas grises, et la lumière qui émane des plans sur les montagnes. Comportant de nombreux extraits des épisodes, le générique fonctionne également comme une très bonne bande-annonce augurant d'évènements à venir (ce petit pont de cordes au-dessus du vide, par exemple, il promet !).

Si tout cela vous a mis l'eau à la bouche et que vous voulez tenter l'aventure, vous pouvez trouver l'intégrale de Kathmandu en streaming sur le site de la chaîne. En effet, et si je ne me suis pas trompée (je maîtrise encore assez mal l'hébreu, je ne vous le cache pas), le treizième et dernier épisode a été diffusé hier.

Ah et j'en profite pour mentionner que j'ai reçu hier mon intégrale des trois saisons de Srugim, et que je compte m'y attaquer dans le courant de l'automne (je vais simplement laisser passer la grosse vague de pilotes de la rentrée histoire d'aborder la série sereinement). On va donc reparler très bientôt de séries israéliennes dans ces colonnes !

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27 août 2012

She kills Copper

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. C'est l'occasion de tester la première série originale de BBC America, Copper, à l'affiche de laquelle on trouve des noms aussi peu anodins que Tom Fontana ou Barry Levinson. Tout un programme.
Comme c'est désormais la tradition, à la fin de ce post, vous trouverez le logo de ce défi, sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote de Copper écrite par whisper (sitôt qu'elle sera en ligne), et ainsi lire nos deux avis sur ce même épisode.

Copper

Parfois, quand je m'attaque à la rédaction d'un post, je m'imagine quelle est votre réaction en l'abordant. Peut-être que certains d'entre vous commencent la lecture en se disant : "ah, voyons ce qu'elle en a pensé"... et j'aime, en prévision de ces circonstances, attendre la fin de mon post avant de délivrer une conclusion. Je sème des éléments positifs, avance des arguments négatifs, tant et si bien qu'il faut lire les derniers paragraphes pour connaître mon opinion définitive sur un pilote. Une fois de temps en temps, écrire ma review sous forme de jeu de piste m'amuse, que voulez-vous.
Ce ne sera pas le cas aujourd'hui. Non, aucun suspense, alors que mon post commence ainsi :

Je voulais vraiment aimer Copper.

Voilà, tout est dit, vous pouvez rentrer chez vous.
Levinson et Fontana, c'était l'équipe de la série Oz. Deux noms qui, mis ensemble, envoyaient de la magie téléphagique. J'avais cessé de croire à leurs talents en solo (notamment après que Fontana nous ait pondu Borgia), mais j'espérais qu'en travaillant à nouveau en duo, ils seraient capable de produire de la fiction de qualité.
Mais il n'y avait pas que ça. Le contexte historique de Copper me plaisait, et quand on sait que je n'aime pas trop les séries historiques, ni même ne suis captivée par l'Histoire, ça n'était pas anodin. Un peu de la même façon que sur le papier, Hell on Wheels m'avait séduite (là aussi ce fut d'ailleurs une sacrée déconfiture), le décor new-yorkais de Copper me faisait rêver. J'aime quand une fiction s'intéresse aux vagues d'immigration aux Etats-Unis, je me rappelle avoir dévoré la mini-série Ellis Island quand j'étais plus jeune par exemple, ça me fascine, il y a un côté typiquement rêve américain (avec tout ce que cela inclut de rêves déçus !) et de cosmopolite qui me ravit. Et puis, pour être également amatrice de séries policières en uniforme, notamment à New York (je vous dois d'ailleurs un bilan de NYC 22 mais, je viens de retrouver le net, alors ça va me demander un peu de temps pour boucler tous mes rattrapages), la perspective de voir comment la communauté irlandaise et la police métropolitaine se sont liées avait quelque chose d'excitant.

C'étaient d'ailleurs les seuls éléments que j'avais : le duo Levinson/Fontana, et le contexte historique. Comme c'est mon habitude, afin de garder la découverte pour le pilote, j'avais évité les affiches, les trailers, et même la page Wikipedia, histoire de vraiment prendre la série comme elle viendrait. Mais j'avais en tous cas envie de me mettre devant le pilote, ça c'est sûr.

Alors du coup, je dois dire que j'ai eu du mal à réprimer des grognements de mécontentement devant le pilote de Copper, déjà parce que l'écriture n'a rien de l'intelligence de Oz, mais ça à la rigueur, j'aurais dû savoir que c'était trop en demander, et surtout, oh oui, surtout : ce n'est qu'une putain de série policière à la con comme on en a déjà cent à la télé.
Et à mesure qu'on avançait, je me mettais un peu plus en colère (et je jurais un peu plus comme un charretier). Les problèmes avec la hiérarchie, la visite chez le médecin légiste : on a eu droit à la totale des clichés de la série policière moderne. D'accord, à l'issue de ce pilote, il est clair que la série s'oriente vers quelque chose d'un peu feuilletonnant, et pas versun bête procedural. Mais ça ne sauve pas les meubles pour autant. L'objet de mon ire, ce n'est pas les procedurals (ou disons, pas seulement), c'est aussi que les enquêtes policières, même menées sur plusieurs épisodes à la Forbrydelsen (ou feu The Killing) et Bron/Broen, eh bah yen ras le képi, c'est plus tolérable. Si vous n'avez rien de nouveau à raconter, alors dans ce cas-là ne racontez rien du tout.
Et tout cela avec un manque de finesse insultant. Que celui qui, à mi-parcours de l'enquête, n'a pas déjà deviné qui est le meurtrier de la petite victime de ce pilote, se déclare immédiatement : il faut absolument se cotiser pour lui acheter un cerveau. L'intrigue est visible comme le nez au milieu du visage et délayée sans raison, simplement parce que nom d'un chien, il faut que l'épisode dure 43 minutes, même si en réalité 20 minutes suffisent.
Il existe encore, même après une douzaine d'années d'invasion de poulet, des séries capables de nous surprendre, nous émouvoir ou nous captiver, tout en proposant des enquêtes et/ou des mystères. C'est le cas de Sherlock qui y parvient formidablement, avec un talent sans pareil pour jouer les prestidigitateurs et nous offrir des intrigues ayant l'air complexes ; même quand elles ne le sont pas, les éléments sont maniés de telle façon qu'on y voit que du feu, et à vrai dire, on s'auto-convainc même d'être aussi intelligents que Sherlock Holmes. Mais rien de tout ça ici, alors que Copper est dans l'indigence la plus totale, non seulement sur le fond de notre affaire que sur la façon dont elle est menée par son héros.

Mais le pire, je crois que c'est justement la façon dont Copper nous sert son exposition en pensant dur comme fer qu'il suffit d'avoir des décors (ou l'illusion de décor) épatants, des figurants en hâillons et des pubs irlandais où on chante en agrippant sa pinte de bière, pour planter le décor. La présentation du personnage central, le capitaine Corcoran, est une compilation des plus abrutissants clichés qui soient. Pour le rendre, je suppose, un peu plus abordable, on lui a inventé une femme qui a mystérieusement disparu, par exemple ; on imagine que ça doit un peu le travailler, surtout que ça ne fait que deux mois, au lieu de ça il se tape la moins excitante de toutes les prostituées du bidonville de Five Points, qui est son attitrée. Et quand un personnage essaye d'interroger la raison de cette préférence, il se fait renvoyer dans les cordes, laissant le spectateur sans la moindre explication. Ecoutez, on vous dit qu'il est tout triste, mais prenez-le pour argent comptant et arrêtez de poser des questions, quoi !
Les scènes d'exposition de Copper sont toutes dans cet esprit. On s'y hâte de mettre les choses en place en les tenant comme évidentes. Ce sont des clichés éculés dont on n'a même pas l'impression que les scénaristes ont l'intention de les développer. Les personnages n'ont qu'une dimension (quand ils ont une dimension tout court, parce que le meilleur ami de Corcoran n'existe que parce qu'il a un oeil en verre) et ne sont là que pour jalonner l'intrigue policière vue et revue d'avance.

Alors dans mon dernier paragraphe, il n'y aura aucune sorte de surprise, pas aujourd'hui. Il n'y aura que de la colère. Je pensais que ce qui avait encouragé BBC America à se lancer dans la production de séries, c'était afin de profiter du succès grandissant des séries britanniques outre-Atlantique (un succès qu'elle avait en plus dû partager avec PBS, diffuseur aux USA de séries comme Downton Abbey), pour imposer la marque BBC sur le territoire américain. Même produite sur le sol US, une série de BBC America aurait dû répondre à ces standards, non ? Au lieu de ça, BBC America nous a fait du CBS, mais du CBS vaguement câblé parce que faire une série historique, ça donne l'impression d'être sérieux et ambitieux. Eh bien non. Pas du tout.
Et le pilote de Copper est certainement la déception la plus rageante parce qu'on ne comprend pas ce qui a pu clocher, entre BBC America qui aurait quand même pu s'appuyer sur le savoir-faire des grandes soeurs britanniques, Levinson et Fontana qui sont supposés connaître leur boulot, et le contexte historique absolument unique qui donnait une longueur d'avance à la série. Avec toutes les cartes en main, Copper a quand même trouvé le moyen d'échouer lamentablement.

Challenge20122013

26 août 2012

Quand la réalité dépasse les fictions

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d'un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Mais notre défi ne se cantonne pas à la saison américaine, loin de là, et aujourd'hui, nous nous dirigeons vers l'Australie, avec la nouvelle série de la franchise Underbelly.
Naturellement, à la fin de ce post, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote d'Underbelly: Badness de whisper, et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote.

UnderbellyBadness

Mais d'abord, laissez-moi commencer par un aveu : je n'ai jamais regardé un seul épisode de la franchise Underbelly en entier. Ca peut surprendre venant de quelqu'un qui peut affirmer regarder 95% des pilotes australiens diffusés ces deux dernières années et qui tente quand l'occasion se présente de rattraper au maximum son retard sur les années précédentes, mais les faits sont là. Je connais l'excellente réputation de la franchise, je sais bien qu'il sort des nouvelles saisons régulièrement, j'écris même à leur sujet (comme ça a pu être le cas pour Underbelly: Razor ou Underbelly: Land of the Long Green Cloud dans ces colonnes), mais rien à faire, une fois que je me retrouve devant l'un des pilotes de cette franchise, peu importe lequel : je freine des quatre fers. Je regarde les premières minutes à la grande rigueur (le temps de découper un générique, en gros), et encore. Je n'ai rien contre le principe, le cast des séries me semble à chaque fois plutôt prometteur, mais quand ça veut pas, ça veut pas.
Alors, c'était une grande première, ce pilote d'Underbelly: Badness, et je tiens à remercier whisperintherain parce que, sans ce défi et s'il ne m'avait pas confirmé qu'il était prêt à inclure les pilotes australiens dans celui-ci, j'aurais sans doute encore fait machine arrière au dernier moment. C'est une chose précieuse que la motivation mutuelle entre deux téléphages, et j'espère pouvoir, au long de notre expérience, pouvoir lui rendre la pareille.

Comme toutes les séries de la franchise, Underbelly: Badness est inspirée par des faits réels ; ici, les évènements de cette nouvelle série se déroulent entre 2001 et 2012. Inutile de dire que pour le dépaysement chronologique, on n'a pas frappé à la bonne porte, et que si vous vouliez de l'historique, il fallait regarder Underbelly: Razor. Personnellement ce n'est pas un problème pour moi, et je le vois plus comme un retour aux sources vis-à-vis de la première franchise qui se déroulait à peu près à la même période, mais je peux comprendre que ça déçoive légèrement après ce que nous ont offert les derniers opus en termes de voyage dans le temps.

Pour vous consoler, dites-vous qu'Underbelly: Badness, c'est un peu Underbelly: Dexter.
Notre criminel cette année est Anthony Perish, surnommé Rooster, condamné le 13 avril dernier à une peine de 18 ans pour avoir commandité le meurtre de Terry Falconer.
Voilà l'histoire telle qu'elle s'est produite : Falconer, qui à l'époque purgeait la fin d'une peine de prison pour trafic de drogue, assorti d'une autorisation de sortie afin de travailler, était selon Perish la personne qui avait torturé et exécuté ses grands-parents en 1993 ; le kidnapping puis le meurtre de Falconer relevaient donc plus du règlement de comptes et de la vengeance, que de la violence gratuite.
Mais ce sont les méthodes de Perish qui attirent l'attention : après avoir fait enlever Falconer, il l'avait laissé mourir d'asphyxie enfermé dans une malle en métal, avant de se débarrasser du corps par petits morceaux emballés individuellement dans des sacs poubelle lestés, et jetés dans un cours d'eau. Et, au passage, oui, vous assisterez à cette séquence de découpage pendant le pilote. Du Dexter, vous dis-je.

Comment Perish a-t-il pu réaliser cette vaste entreprise si bien organisée ? C'est que, voyez-vous, avec son frère Andrew, Rooster avait en réalité monté une petite entreprise qui ne connaissait pas la crise, et était également à l'origine d'une douzaine d'autres meurtres, sans compter le fait que les frères Perish étaient également fabricants et trafiquants de drogue. Donc c'est aussi un peu Underbelly: Breaking Bad.

Le plus fort dans tout ça, c'est qu'au moment du meurtre de Falconer, en novembre 2001, personne ne connaissait l'existence de Rooster Perish. Et par "personne", je ne veux pas dire "personne dans les services de police", non, absolument aucune trace de l'existence de ce type nulle part. Alors qu'il était l'un des criminels les plus dangereux du secteur, qu'il avait un labo (non-mobile !) de confection de drogue, et qu'il faisait même peur aux gangs de bikies locaux, depuis plusieurs années ; oui, c'est aussi un peu Underbelly: Bikie Wars. Alors forcément, la police était un peu sur le c*l. Et accessoirement, ça explique que l'enquête sur Perish ait duré si longtemps, l'une des plus longues d'Australie, en fait.

Dans l'ensemble, Underbelly: Badness, bien qu'elle ait des aspects excessifs, n'a pas l'air d'être une mauvaise série au vu de ce pilote. La prestation de Jonathan LaPaglia est par exemple plutôt solide (même si en-dessous de celle offerte dans The Slap), et la scène d'ouverture, dans un excellent face-à-face avec Matt Nable (dans le rôle de Gary Jubelin, le flic qui a enquêté sur Perish pendant des années avant de réussir à le coincer), atteint parfaitement son objectif de mettre face à face un être malfaisant et un autre d'une grande droiture.
En voulant insister sur la "mauvaiseté" du personnage d'Anthony Perish (ce qui par ricochets insiste sur le fait que pas âme qui vive à la police ne connaisse son existence), le pilote a tendance à en faire un peu trop. C'est un peu aussi la faute de la voix-off (celle de Caroline Craig, qui signe toutes les voix-off de la franchise) qui a un ton quasi-documentaire. Ca accentue le contraste.
C'est peut-être justement là que le bât blesse : si vous ne saviez pas qu'il s'agit de faits réels, vous trouveriez que c'est trop, que c'est caricatural, que c'est cliché. Que chacun est bien dans son rôle, que chaque chose est parfaitement à sa place. Qu'il ne reste aux 7 épisodes restants (c'est la série la plus courte de la franchise Underbelly) qu'à nous expliquer comment Jubelin a remonté la piste, mais qu'aucun personnage ne nous réserve de surprise, et donc d'émotion.
La réalité est parfois bien mauvaise scénariste.

A ce stade, je n'ai pas encore décidé si j'allais suivre Underbelly: Badness jusqu'au bout de sa saison.
D'un côté, 8 épisodes, c'est un engagement assez minime. Mais je serais bien malhonnête avec vous si je vous laissais croire que j'ai vu dans ce pilote quoi que ce soit qui me donne envie de lancer un autre épisode, si ce n'est le sentiment de culpabilité de ne pas adhérer à une franchise qui, depuis 5 ans, représente pour beaucoup la fine fleur de la fiction australienne. Si j'avais envie de ménager du temps dans mon planning téléphagique pour une série australienne constituant un court engagement, je préfèrerais me faire une nouvelle fois une intégrale de Cloudstreet, plutôt que de me taper une enquête en milieu criminel jalonnée de prostituées et de bikers.
Maintenant que j'ai vu mon premier pilote de la franchise, je ressens une grosse impression de "tout ça pour ça". Ce qui est idiot : rien ne dit qu'Underbelly: Badness soit représentative. Ca se trouve, elle est moins bonne que les précédentes. Il n'y a qu'une façon de le savoir. Mais après des années à entendre parler de cette franchise, vraiment, je me dis que la fiction australienne mérite d'être connue internationalement pour autre chose que ça (heureusement, l'une des prochaines étapes de notre défi nous emmènera vers Puberty Blues !).

D'ailleurs ça fait un bout de temps qu'on n'a plus entendu parler des projets de Starz pour installer la franchise aux USA, et avec le recul, je me dis que ce n'est pas plus mal.
Underbelly: CSI, non merci.

Challenge20122013

26 août 2012

Perspectives d'avenir

SemaineRusse

Eh oui, c'est déjà le dernier jour de notre semaine consacrée aux séries russes ! C'est finalement passé très vite.
Mais avant que ce blog ne retrouve un programme "normal" (c'est-à-dire moins thématique), je voulais vous parler des prochaines séries qui seront diffusées par les principales chaînes nationales russes. Parce que parler de séries appartenant au passé (et/ou parlant de lui) c'est une chose, mais c'est quand même le propre de la téléphagie que de se tourner vers l'avenir !

La Russie elle aussi quelques projets à l'horizon pour les prochaines semaines, que je vous propose de découvrir avec moi en ce dimanche soir.

Kulinar

Pour commencer, il y a d'abord Kulinar. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, il ne s'agit pas d'une fiction sur l'univers de la gastronomie mais d'une série policière dans laquelle Felix Maline, un chic type qui habite une petite bourgade, passe pour une mec sans histoire, divorcé, père d'un petit garçon, féru de cuisine... Sauf que l'ami Felix travaille secrètement pour le ministère de l'Intérieur, au bureau des investigations et des interventions. Il s'est fait une spécialité de toujours préparer minutieusement ses dossiers, auxquels d'ailleurs il donne toujours des noms de codes issus de l'univers de la cuisine, ce qui justement lui vaut le surnom de "Kulinar".
Créée par Michal Makarenko et Andrei Ivanov (également réalisateurs), Kulinar a déjà été diffusée en Ukraine au printemps dernier, et compte un total de 20 épisodes. La série commence le 2 septembre sur REN TV.

De son côté, NTV projette de fêter en fanfarre le bi-centenaire de 1812 les 1er et 2 septembre prochains. Hein ? Quoi, il s'est passé quoi en 1812 ? Eh bien Napoléon a planté l'une de ses plus célèbres campagnes : c'est la retraite de Russie. Et ça, c'est un grand motif de fierté nationale, et donc l'occasion de nous sortir une série historique sur la question : Otetchestvenaia. Velikaia ; on y retrouvera l'un des acteurs principaux des deux saisons de la série Pabieg (c'est l'adaptation de Prison Break dont on parlait dans un world tour récent). La mini-série en deux épisodes sera présentée dans le cadre d'une soirée d'information, au cours de laquelle, encadrée par des explications du journaliste Alexei Pivovarov, elle ressemblera plus à un docu-fiction qu'à une série à part entière.

NTV diffusera également à compter du 15 septembre la série Karpov, une série policière sur un flic qui est mis en retraite forcée mais qui n'a pas assez d'argent pour vivre. Il s'engage alors comme agent de sécurité pour un entrepôt, un boulot pas très reluisant, mais il découvre que son expérience de flic peut lui permettre de trouver des criminels avant même qu'ils ne s'en prennent à l'entrepôt qui lui a été confié... En tout, 32 épisodes sont prévus pour cette série policière. Et, une fois n'est pas coutume, les Ukrainiens ne découvriront pas la série avec énormément d'avance puisqu'elle ne sera lancée en Ukraine que le 3 septembre. Bon, mais avec de l'avance quand même, vous le voyez. Faudra d'ailleurs que je tente d'élucider ce mystère récurrent à l'occasion.

Enfin, un drama legal est également au programme de NTV, intitulé Petrovitch, du nom évidemment de son héros, un procureur qui, euh... nan, juste ça apparemment. C'est pas un procureur avec des tics ou un trait particulier, il est procureur et apparemment ça suffit. En tous cas, devinez quoi, j'ai même une bande-annonce pour vous, et elle dure 3 minutes, excusez du peu !

NTV lancera également la 12e saison de la série policière Ulitsy Razbityr Fonari, une série assez classique lancée en 1998 et se déroulant dans un commissariat où l'on traite essentiellement les homicides.

Rossiya 1 n'est pas en reste ; la chaîne a dans ses manches un projet d'adaptation du roman Jizn i Soudba (Vie et Destin), une immense fresque souvent comparée à Guerre et Paix, s'intéressant à la bataille de Stalingrad. Ce projet très secret (les décors reconstituant les années 40 ont été intégralement construits dans des souterrains) n'a pas encore de date de lancement, mais il serait prévu pour l'automne quand même d'après ce que je lis.

ZemskyDoktor

Toujours sur Rossiya, les spectateurs russes ont pu retrouver Zemky Doktor, une "série" médicale. On y suit Olga Samoilova, une chirurgienne à la carrière prometteuse qui, à la mort de son mari, décide de plaquer sa vie citadine et de s'installer dans un cabinet à la campagne pour recommencer sa vie à zéro. Zemky Doktor n'est pas exactement une série : à l'origine, c'était un téléfilm diffusé en 2010, et qui, à la surprise générale, avait rencontré un grand succès. Rossiya vait donc décidé d'y apporter une suite. Rossiya a commencé par une rediffusion la semaine dernière, avant de proposer les aventures inédites du docteur Samoilova.

Sur Perviy Kanal, une mini-série de 8 épisodes devrait bientôt commencer, intitulée Uravnenie so Vsiemi. Dans ce drame, une mère de famille décide de se dénoncer à la place de son fils qui, conduisant en état d'ivresse alors qu'il enterrait sa vie de célibataire, a perdu le contrôle de sa voiture. Tandis que son fils, grâce à son sacrifice, peut poursuivre sa vie et notamment se marier, l'héroïne est jetée en prison et fait le dur apprentissage de la vie derrière les barreaux. Le tournage d'Uravnenie so Vsiemi, réalisé par Rauf Kubayev, a nécessité la construction d'une prison complète dans les locaux d'une base militaire abandonnée.

Et puis, je suis tombée complètement par hasard sur une annonce sur les nouveautés de la chaîne satellite Mat i Ditia, dédiée aux mamans (et à leurs enfants, si on en croit son nom), et qui proposera plusieurs soaps étrangers mais aussi une comédie originale, Diet Life (Дети Лайф, "diet" étant le mot russe pour "enfant", rien à voir avec les régimes), une série à sketches. Diet Life explorera des thèmes bien connus par les parents et notamment les jeunes parents, comme le recrutement d'une nouvelle nounou, les mères qui comparent leur bébé, ou les engueulades de couple à cause des enfants. Originalité supplémentaire, la chaîne propose à ses spectatrices de postuler pour figurer dans des sketches de la série, et/ou pour soumettre des anecdotes dont les scénaristes pourraient s'inspirer. Des morceaux d'épisodes sont déjà en ligne sur le site de Mat i Ditia, où l'on constate qu'une fois de plus l'écueil des rires enregistrés n'a pas été évité.

Alors voilà, notre semaine russe est donc finie. Si vous avez peur d'avoir loupé une partie de cette semaine à thème (notamment parce que d'autres articles sont venus s'intercaler), voici un récaptilatif des posts de cette semaine pas comme les autres :
- Destination Russie, avec quelques repères,
- Exporting Ducon, sur le documentaire de Philip Rosenthal suivant son aventure au coeur des remakes russes de sitcoms US,
- Nos voisins les Voronine, l'occasion de faire un petite exercice de comparaison entre un épisode de sitcom russe et l'original américain,
- [DL] Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany, un petit générique d'une des séries russes de la franchise Law & Order,
- Jugement dernier, une review d'un des rares pilotes de série russe ayant des sous-titres en Français,
- et It's all just a little bit of history repeating, un tour d'horizon sur les très, très nombreuses séries historiques russes.

Et malgré tout ça, il reste encore beaucoup à dire, je m'en aperçois à présent.
Mais même si j'aurais voulu prendre le temps de vous parler de plein d'autres choses encore (vous faire une review sur la très énigmantique Tcherkizona, par exemple, ou approfondir la question des adaptations, mais plutôt du côté drama, je suis d'ailleurs tombée sur une très intéressante interview à propos de Pabieg dont on aurait pu discuter), je trouve qu'on a quand même appris plein de nouvelles données sur la télévision russe. Elle nous est juste un peu moins méconnue aujourd'hui qu'il y a une semaine, et c'est déjà un pas en avant !

Alors voilà, j'espère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à commenter les posts qui vous intéressés, et plus généralement, à me donner vos impressions sur cette semaine thématique. Si je vous sens intéressés, j'en organiserai d'autres pour voyager vers d'autres pays une prochaine fois !

25 août 2012

It's all just a little bit of history repeating

SemaineRusse

Imaginez, bon, je sais pas, moi : disons, une blogueuse spécialisée dans les séries de la planète, mais qui ne parlerait pas souvent de la Russie. C'est un tort, mais ça arrive. Bien. Maintenant imaginez que, par une regrettable coïncidence, cette même blogueuse ne soit pas vraiment portée sur les séries historiques...
Naturellement, c'est là une éventualité totalement hypothétique ; mais elle expliquerait plutôt bien pourquoi jusque là, vous avez très peu entendu parler dans ces colonnes (ou les quelques autres où il m'est arrivé de sévir) de séries historiques russes. C'est un tort que je m'apprête aujourd'hui à corriger alors que je vous ai concocté, pour l'avant-dernier jour de notre semaine russe (eh oui, déjà), une petite rétrospective de fond sur les rapports étroits que la télévision russe (et à plus forte raison, la télévision soviétique) entretient avec les livres d'Histoire.

Il faut commencer par préciser qu'en Russie, plus que dans la plupart des pays, le cinéma et la télévision ont toujours été très proches. Au lieu d'être le parent pauvre de l'audiovisuel, la télévision a rapidement bénéficié de moyens similaires à ceux consacrés jusqu'alors au grand écran... parce qu'elle était publique et parce qu'elle dépendait donc d'un gouvernement qui avait besoin d'imposer la parole officielle sur un très large territoire (et si possible jusque dans chaque salon).
En fait, lorsque la télévision commence à se développer en Russie, les premières fictions télé ne sont pas des séries produites selon les spécificités de ce medium ; à la place, ce sont des films de plusieurs heures, découpés en plusieurs tranches. Ecrits d'un seul tenant, ces téléfilms un peu à part ne prennent pas en compte, comme aujourd'hui, les propriétés d'un visionnage en plusieurs fois (avec la structure d'un épisode), mais constituent une grande fresque coupée brutalement au bout d'1h30, et pour laquelle il faut revenir à la même heure un autre soir pour reprendre le fil. Si sur le plan de l'écriture, la télévision doit donc tout au cinéma, c'est aussi le cas pour les budgets et pour tout un contigent de professionnels du cinéma qui ont été encouragés à travailler pour le petit écran.

Or, le cinéma russe est lui-même proche de la littérature russe, principalement classique ; une littérature nationale qui, comme chacun sait, est très riche.
Les adaptations de grands romans sont nombreuses, souvent couronnées de succès, et il y a un savoir-faire en la matière qui s'est peaufiné depuis les balbutiements du cinéma russes ; à l'instar d'Anna Karenine, adaptée sur grand écran en Russie sous la forme de film muet en 1911 et 1914, puis de façon plus bavarde en 1935 et 1953. La télévision n'a à cette époque pas encore de fresque à proposer sur les petits écrans, mais les spectateurs russes sont déjà bien habitués à voir ces grands classiques (pas forcément à la portée du premier lecteur venu) adaptés par des scénaristes et incarnés par des acteurs. Qui plus est, alors qu'il est si difficile, dans l'après-Guerre, pour les auteurs, de passer le cap de la censure, se tourner vers les classiques littéraires approuvés de longue date par le Gouvernement soviétique est une solution plus simple.

Alors quand la télévision se met à produire de véritable séries, il n'est que naturel qu'une bonne part d'entre elles soient également tournées vers le passé, non seulement en raison de l'idéologie politique du moment (je vous en touche un mot plus bas dans ce post), mais aussi parce que c'est ce que les films ont toujours fait.
Depuis lors, les liens qu'entretient la télévision avec l'Histoire russe ne se sont jamais vraiment distendus, et vous allez voir que les plus grands tournants de la fiction russe ont bien souvent été marqués par des period dramas.

Alors évidemment, il y a d'une part les adaptations de romans, et elles sont nombreuses, même encore aujourd'hui. Mais les sérries historiques ne se cantonnent pas à des adaptations, et c'est aussi, voire surtout, de ces séries historiques-là que je vous propose de parler aujourd'hui.

BednaiaNastya

Ce n'est, par exemple, pas vraiment une surprise si je vous dis que la toute première telenovela russe, Bednaia Nastya, est justement une série historique.
Là où copier purement et simplement les recettes des telenovelas sud-américaines modernes aurait pu suffire, la série est plutôt inspirée par le succès international de la telenovela brésilienne Escrava Isaura (première telenovela diffusée en Union Soviétique dans les années 70), au concept similaire : prendre un contexte historique propre à la romance, insérer une héroïne qui commence bien mal dans la vie, et lui faire rencontrer le prince charmant...
Située au 19e siècle, Bednaia Nastya est l'histoire d'une charmante créature, Anastasia, née de l'union pas franchement consacrée d'un Prince russe et d'une servante ; elle est confiée à la garde du Baron Korf, un ami de son père, qui l'élève en secret. Le fils de notre Baron, Vladimir, a donc grandi avec elle mais ne la voit pas vraiment d'un bon oeil dans la maisonnée. Arrivée à l'âge adulte (où évidemment elle est devenue une belle blonde d'une grande innocence ; c'est une telenovela), Nastya, c'est son surnom, va faire son entrée dans la haute société de Saint-Pétersbourg et découvrir les nombreuses turpitudes de la vie de l'élite, entre mensonges, trahisons, et même meurtre à l'occasion. Diffusée en 2004, la série s'impose vite comme un véritable phénomène ; elle est ensuite vendue dans de nombreux pays, dont la Chine.

Entre les costumes, les décors somptueux des intérieurs, les tournages extérieurs on location, et tout le reste, les 127 épisodes de Bednaia Nastya coûteront la bagatelle d'environ 11,8 millions de dollars, un record. Pas étonnant qu'en dépit du succès national comme international de la série, la chaîne STS ait hésité à investir dans une suite, bien que celle-ci avait été annoncée rapidement. Prématurément sans doute.

Pour la "petite histoire" (si vous me pardonnez ce jeu de mots), Bednaia Nastya sera également la première série produite par la société Amedia. Amedia, mais si, vous connaissez ! C'est la même boîte de production qui a ensuite produit les immenses séries à succès Maia Prekrasnaia Niania, ou Zakrytaia Shkola... et qui est également en partenariat avec HBO pour installer la chaîne en Russie.

Ce premier succès ouvrira la voie à plusieurs autres ; la seconde telenovela russe, Adioutanty Lioubvi, sera située dans un contexte similaire, dans laquelle un couple qui s'aime est séparé par une mère ambitieuse, qui marie sa fille à un Comte, tandis que l'homme qu'elle aime s'enrôle au service du tsar....
Des séries comme Bednaia Nastya renvoient une image idéalisée du passé, bien-sûr : on y verse plutôt dans la crinoline, et pas trop dans l'interrogation sociale sur ce que c'était que de vivre sous le règne des tsars, par exemple. Parfaites héritières d'Anna Karenine (qui est, ironiquement, l'un des rares grands romans russes à n'avoir pas été adapté pour la télévision dans son pays natal), de nombreuses séries russes romantiques s'inspirent des tourments sentimentaux, des intrigues des puissants, ou des drames humains.
La reconstitution est là pour sublimer ces histoires, les placer dans un contexte qui fait rêver, et qui en appelle à une certaine nostalgie. Mais ce n'est pas le seul type de séries historiques qui passionne la Russie.

Krepost

Une conséquence de la passion de la télévision russe pour l'Histoire, c'est que la télévision (comme le cinéma, d'ailleurs) propose de très, très nombreuses séries de guerre ; et le phénomène n'est pas récent, loin de là. Il faut dire que l'Histoire russe regorge de batailles, de conquêtes et de guerres civiles propres à alimenter à l'envi ce courant, et que c'est en plus l'occasion de glisser un peu de patriotisme dans une série.

Krepost, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler à l'occasion des TEFI 2011, remplit parfaitement tous les offices d'une série de guerre. La mini-série, qui est en fait une version re-montée et prolongée du film Brestkaia Krepost, s'attarde sur le siège de la forteresse de Brest, qui a duré une semaine en 1941. Krepost s'ouvre sur deux éléments narratifs plutôt classiques, mais efficaces : des images d'archives (qui reviendront ponctuellement au cours de la série), d'abord, et surtout, un survivant de la prise de la forteresse qui raconte à son petit-fils ce qu'il a vécu pendant la bataille, à l'occasion d'une visite du memorial aujourd'hui situé dans les murs de la forteresse (et accessoirement, la direction du musée a participé à la vérification de la véracité des faits historiques égrennés dans la série).
A la suite de cette introduction, le pilote nous propose le traditionnel avant/après : la vie au fort, lequel fonctionne comme une petite ville de garnison pour l'instant assez peu concernée par la guerre, et qui prospère dans l'insouciance ; puis, avec l'arrivée de l'armée allemande, la bataille elle-même. Si l'on ne trouve dans ces ingrédients que rien de très classique, en revanche il faut admettre que la réalisation est plus que solide, et efficace en diable. Brestkaia Krepost est un film ambitieux dont on sent qu'il a bénéficié d'un budget conséquent.

Même quand on sait comment ça finit, ce qui est le propre d'une fiction sur une bataille historique, impossible de ne pas se tordre d'inquiétude pour les personnages et notamment Sacha, jeune héros de Krepost. Loin de présenter les Russes en vainqueurs évidents (phénomène auquel on peut, par exemple, assister dans la très patriotique Band of Brothers, où en dépit des pertes et des souffrances il ne fait aucun doute dés le départ que la Easy Company est faite de héros), Krepost s'attache à d'abord penser à l'armée russe comme à des victimes innocentes, puis à des underdogs. C'est quelque chose que la série accomplit notamment grâce à sa figure centrale, Sacha, un cadet qui n'a même pas encore atteint l'âge d'avoir du poil au menton, et qui porte sur l'assaut de la forteresse un regard perdu et dévasté... mais qui va bien être obligé de participer à la bataille, et ainsi devenir un héros, bien que malgré lui.
La technique est éprouvée, et elle fonctionne, à plus forte raison parce qu'Alexandr Kott, le réalisateur, a l'oeil pour saisir aussi bien des images très tendres que les pires horreurs. C'est d'ailleurs un goût pour le drame qui est très russe, qui provient, là encore, de la littérature classique.

On dit que l'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Mais on n'est même pas obligés de décrire une période où l'on est vraiment le vainqueur pour faire une série à la gloire de la nation... et quoi de mieux pour (ré)écrire l'Histoire que d'utiliser la fiction ? C'est après tout une méthode de propagande qui a fait depuis longtemps ses preuves. Par exemple, vous vous rappelez sans doute qu'on a déjà évoqué Vyzyvaem Ogon na Sebya, qui était à la fois la première série diffusée à la télévision soviétique, et un hymne à la gloire des actions de Résistance d'une jeune femme qui monte une cellule afin de saboter l'aviation de l'occupant allemand...

Le plus fort, c'est qu'il n'est pas non plus nécessaire, pour une série de guerre, de montrer à l'écran des images de bataille au front. Par exemple, la mini-série Kursanty s'intéresse à 5 cadets recrutés par une école d'artillerie en 1942, et suit leur préparation de trois mois avant de partir pour la bataille de Stalingrad... qu'on ne verra donc pas.
A la place, la série s'intéresse à la notion de "chair à canon" : ayant inconsciemment intégré le fait qu'ils ont de grandes chances de ne jamais revenir, nos héros vont donc vivre au maximum leurs derniers mois de liberté. A noter que des DVD de cette série sont apparemment sortis aux USA, sous le titre The Cadets, et avec sous-titres donc. Je vous tiens au courant dés que j'ai mis la main dessus, on en reparlera si le coeur vous en dit.

PiotrPerviyZavieschanie

L'autre grande répercussion de la passion russe pour l'Histoire sur petit ou grand écran, c'est le nombre de biopics proposés chaque année aux spectateurs, et à plus forte raison, des biopics de personnalités politiques.
C'est sans doute ce qui pose le plus de questions, à l'heure où la parole officielle est encore très voire trop présente dans les médias russes.

On l'a dit, se tourner vers un passé lointain est une solution régulièrement adoptée par la télévision russe. On peut à titre d'exemple citer Piotr Perviy. Zavieschanie (ci-dessus), un biopic sur Pierre Ier, alias Pierre le Grand, diffusé par Rossiya 1 au printemps 2011. Comme son titre l'annonce (zaviet signifie "le testament"), la mini-série retrace les dernières années de son règne : sentant la fin proche, le tsar tente de construire sa légende, mais aussi de préparer sa succession. Délaissé par ses compagnons les plus fidèles qui commencent à préparer leur reconversion auprès du futur monarque, il ne trouve de loyauté qu'auprès d'une belle jeune femme qu'il n'aura pas le temps d'épouser avant sa mort, en 1725. La série a coûté plus de 2,7 millions de dollars... pour moins de 4h de programme !

Mais évidemment, les séries historiques russes peuvent aussi se prendre de passion pour une Histoire plus récente, et notamment le 20e siècle, qui a donné énormément de personnalités historiques d'importance, à plus forte raison quand on a un message politique à faire passer. Ainsi, Deviat Jiznei Nestora Makhno est l'adaptation d'une biographie de Nestor Makhno, une figure de l'insurrection ukrainienne, en 1918, par exemple ; d'une façon générale, un nombre important de séries s'intéresse aux deux Guerres mondiales, plus rarement à l'entre-deux guerres.

La Guerre Froide a également fourni autant sinon plus de sujets à la télévision russe, qu'à la télévision américaine, comme par exemple la série d'action KGB v Smokingie, une série d'espionnage de 2005 située dans les années 70, dans laquelle une employée du KGB est envoyée en mission, intervenant sur des opérations du Mossad ou de la CIA. La série dure pendant une saison de 16 épisodes sur la chaîne REN.

Car naturellement, inutile de s'attacher à prendre pour héros une personne ayant réellement existé : il suffit d'inventer une fiction dans laquelle le héros croisera de grandes figures de l'Histoire, ou assistera à des évènements importants. On peut par exemple (mais cette liste, vous le devinez, n'aura vraiment rien d'exhaustif) mentionner Ruskiy Perevod, une mini-série en 8 épisodes diffusée en 2007, dans laquelle un jeune étudiant en langues orientales devient un interprète pour le ministère de la Défense, et est envoyé au Yémen. Couvrant la période de 1984 à 1991, la série plonge son héros dans le Yémen marxiste alors en pleine tentative de réunification, avant de l'envoyer en Libye.

Et puis, pour finir, la série historique, c'est un fait universel, se mêle facilement à certains genres, et c'est quand même bien pratique... surtout quand ces genres sont le policier, le judiciaire, et assimilés ! Ainsi, Jizn i Prikliouchenia Mishki Yaponchika (photo ci-dessous), dont les 12 premiers épisodes ont été diffusés fin 2011, qui s'intéresse à une sorte de Robin des Bois sévissant à Odessa en 1917. Plus qu'un gangster, un gentleman, Mishka Yaponchik a vraiment existé, et faisait de ses braquages et cambriolages de véritables performances d'artiste, avec des scénarios complexes. Il a règné pendant 3 années sur Odessa avant que l'Armée rouge ne s'empare de la ville et qu'il ne devienne révolutionnaire.

JizniPriklioucheniaMishkiYaponchika

On pourrait continuer longtemps à lancer des exemples, évidemment. Comme je le disais, l'Histoire russe est abondante, et tout aussi abondamment documentée par de nombreux romanciers, biographes et historiens.

Pour nous, spectateurs occidentaux qui avons grandi avec des fictions françaises, britanniques ou américaines, les différentes séries historiques russes revêtent d'ailleurs un intérêt supplémentaire : nous avons rarement eu l'opportunité d'adopter, même temporairement, le point de vue russe sur de nombreux évènements de l'Histoire, des campagnes de Napoléon à la Guerre Froide, en passant par la Seconde Guerre Mondiale.
Les rares occasions se sont généralement présentées à nous via des fictions occidentales, ou, plus rarement, des co-productions avec la Russie. En 2007, c'était le cas de War & Peace, adaptation de l'incontournable roman éponyme de Tolstoi, et résultant d'un partenariat franco-italo-allemand. Les 4 épisodes ont apparemment été diffusés sur France 2. Mais c'est plus l'exception que la règle, et les Russes sont, finalement, un de ces nombreux peuples dont nous connaissons mal l'Histoire.

Espérons qu'avec le temps (et peut-être un petit peu cet article ?), il sera plus facile d'accéder aux très nombreuses séries historiques produites chaque année par la Russie... j'espère en tous cas que cette balade vous aura plu.
On se retrouve demain pour la dernière journée de notre semaine russe, ne manquez cela sous aucun prétexte !

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24 août 2012

Jugement dernier

SemaineRusse

Nous avons passé une bonne partie de cette semaine russe, pour le moment, à aborder le lien que la fiction nationale entretient avec les séries occidentales. Pour changer un peu de disque et voir ce que la Russie peut aussi apporter d'original, j'ai suivi la recommandation de Livia, et ai testé le pilote de la mini-série Nebesniy Soud.

Diffusée en 2011, la série est un petit ovni dans une production télévisuelle souvent passionnée par le réalisme (on reviendra sur ce point avant la fin de la semaine), de part à la fois sa volonté de partit d'un contexte fantastique, mais aussi dans son choix de réalisation. Celui qu'on doit remercier pour ce souffle d'air frais, c'est Alena Zvantsova, qui est à la fois le scénariste et le réalisateur de ces 4 épisodes totalement à part.
Mais d'abord, un mot sur lui avant de parler de ce pilote : après avoir commencé sa carrière à la fin des années 90 en tant que comédien, obtenant un petit rôle dans le sitcom Klubnichka, il s'est en effet pris de passion pour la télévision où progressivement il s'est fait une place en tant que scénariste s'intéressant à tout. Ainsi, avant de créer Nebesniy Soud, il avait créé de nombreuses séries, comme Molodoi Volkodav, une série d'heroic fantasy servant de prequel à un des films russes les plus coûteux de l'histoire,Volkodav iz Roda Serykh Psov ; Doktor Tyrsa, une série médicale située dans le milieu du sport de haut niveau ; ou encore Klissa, une mini-série de 4 épisodes sortie l'année précédant Nebesniy Soud, un drame disséquant une relation adultère. Zvantsova est un touche-à-tout, donc, dont on pouvait absolument tout attendre.
Et tout, c'est très précisément ce qu'il nous offre avec Nebesniy Soud.

Le pilote de cette mini-série a tout simplement tout pour plaire (et en particulier, pour me plaire). D'abord, c'est une série sur la mort, et plus encore, sur la vie après la mort, ce qui est forcément fascinant. C'est aussi une série fantastique avec des éléments très oniriques, et c'est toujours un ingrédient plaisant. Pour finir, c'est un drama légal, et vous savez combien je suis férue de ce genre de choses.
Alors du coup, Nebesniy Soud est forcément atypique.

L'épisode commence pourtant de façon un peu étrange, alors qu'un homme accouche d'une douloureuse déclaration d'amour dont on a l'impression qu'elle lui arrache les tripes plutôt qu'elle ne le transporte ; cette déclaration s'assortit d'une demi-demande en mariage à une femme qui n'a elle-même pas l'air totalement convaincue qu'il s'agisse d'une bonne idée. Le comportement de la femme s'explique très vite : voilà deux ans qu'elle a apparemment perdu son mari, et elle n'est visiblement pas tout-à-fait remise. Cela explique, par ricochets, la torture de son soupirant, qui sent visiblement qu'il lui faudra beaucoup d'efforts pour la convaincre.
Ce n'est qu'en sortant de l'appartement de sa peut-être fiancée (si elle accepte ce soir au dîner la demande définitive et officielle) que notre homme... meurt brutalement en tombant dans une bouche d'égoûts ouverte. Une mort ingrate, mais qui ne nous attriste pas.
Pourquoi ? Parce que même pendant sa déclaration, notre homme a trouvé le moyen de lancer des mimiques narquoises à la photo du défunt mari de la femme qu'il aime, et qu'en ce moment précis, il trouve autant d'énergie à narguer le portrait d'un mort, ne joue pas en sa faveur.

Nous ne le savons pas mais nous avons déjà commencé à participer au procès de cet homme, prénommé Nikita. Car en effet, une fois mort, comme tout un chacun, il va se diriger vers le tribunal céleste qui décidera de son sort : la zone de "repos" ou la zone de "réflexion". Inutile de préciser qu'il s'agit là de doux euphémismes, mais c'est là que Nebesniy Soud fait fort : en introduisant immédiatement un vocabulaire propre, permettant d'installer son univers, mais aussi en s'affranchissant rapidement de la question religieuse pour s'élever vers un discours aussi universel que possible.
Nous sommes donc, tous, jugés après notre mort, et nous sommes tous, le temps de cette mini-série, placés dans le boxe du jury. A nous de décider, de regarder les faits, d'entendre les plaidoiries...
Nebesniy Soud a en effet d'excellentes plaidoiries, et c'est la marque des meilleurs legal dramas. Pour cela, elle nous propose deux personnages, le procureur Andrei, un homme maussade et meurtri, et, passez-moi l'expression, raide comme la Justice ; et l'avocat de la défense Beniamin, un bon vivant aimant les effets de manche et la dérision. Tous les deux ne pourraient pas être plus différents, et c'est peut-être la raison pour laquelle ils sont amis, de ce genre d'amitié qui vous fait apprécier les silences de l'autre mais qui vous permet de vous quereller gentillement quand l'un ou l'autre ouvre la bouche.
Le tandem fait des merveilles pour nous introduire au milieu judiciaire un peu particulier de la série, nous en dévoilant les coulisses. Ainsi, Andrei rendra visite au cours de l'épisode à Morpheia, qui règne sur l'inconscient des gens ; plus tard, c'est Beniamin qui s'offrira un petit voyage sur Terre dans un corps d'emprunt. Il faut aussi compter sur un autre personnage pour soulever les jupes de la Justice céleste et nous faire voir en-dessous, une greffière au grand coeur, chargée d'accueillir les nouveaux arrivants. Ce petit monde se connaît : on ne va jamais très loin dans les couloirs du Palais de Justice, on boit dans le même bar qui vend littéralement des illusions au goût amer, et on vit de connivence autour de dossiers pourtant parfois difficiles.

Et pour cause : il faut décider du sort des gens en se basant sur leurs actions, ce qui implique en général de partir de leur toute dernière action avant de mourir. On devine que c'est un moment souvent décisif...

NebesniySoud

Nebesniy Soud fait pourtant plus qu'utiliser la mort de Nikita comme prétexte pour nous dévoiler le fonctionnement du système judiciaire céleste. Une vraie dramatisation vient s'ajouter à son dossier : le procureur Andrei n'est autre que le défunt mari de la femme que Nikita voulait épouser. Le procès est donc loin d'être anecdotique, il a valeur de véritable tragédie grecque (enfin, russe...) alors qu'Andrei et Beniamin discutent du procès non seulement à titre professionnel que privé, qu'Andrei s'acharne sur le dossier de Nikita, ou encore que l'audience aboutit à une glaçante confrontation...
Sans aucun doute possible, la mini-série met en place de grands moments dramatiques puissants, dont le pilote (seul épisode traduit pour le moment, sauf erreur, et par, il faut le noter, une équipe francophone de subfactory) donne déjà de saisissants aperçus. Difficile de retenir une larme quand Andrei, accablé, voit le témoin de la défense entrer dans le tribunal, par exemple...

Originale, passionnante, émouvante, et intelligente, Nebesniy Soud n'est pas une série "mainstream" que le public russe dévore (et pour cause, pour le moment elle n'a été diffusée qu'en Ukraine), et a toutes les qualités de la série méconnue sur laquelle public téléphage est ravi de mettre la main, au risque d'en tirer des généralités sur la fiction russe. Mais qu'importe l'illusion de flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...

23 août 2012

[DL] Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany

SemaineRusse

Les journées précédentes de notre semaine russe ont été chargées ! Si vous n'avez pas encore jeté un oeil à notre semaine d'étude de la télévision russe, alors voici, à mi-parcours, ce qui s'est passé dans les épisodes précédents :
- bah, déjà, on a fait les présentations dans une lettre d'intention,
- ensuite, on a regardé un documentaire sur un showrunner américain qui va bosser sur l'adaptation de sa série en Russie,
- et puis, tant qu'on était là, on a testé le pilote de l'adaptation en question.
La problématique récurrente, vous le voyez, aura été la question de l'adaptation et du remake. Alors aujourd'hui, prenons une courte pause pour parler un peu d'autre chose : l'implantation d'une franchise télévisuelle mondialement connue.

Cette franchise, c'est celle de Law & Order, la série procédurale de Dick Wolf mêlant, eh bien, un versant policier et un versant judiciaire. Vous n'êtes pas sans savoir que certains pays ont eu droit à leur version de la fameuse série : en France, d'abord (et quand la France est la première à faire quelque chose, il faut le dire) avec Paris Enquêtes criminelles, orientée vers l'esprit de New York Section Criminelle, mais aussi la Grande-Bretagne avec Law & Order: UK, tout simplement, et... la Russie, donc. Ah, ça, vous le saviez peut-être un peu moins.

En 2007 naissait ainsi Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany, s'inspirant plutôt du concept de New York Unité Spéciale, mais sans en reprendre les scénarios. L'idée est, comme pour les autres versions internationales, de favoriser l'aspect franchise, mais de permettre une adaptation conforme au système judiciaire de chaque pays, et la série a donc sa propre équipe de scénaristes qui, toujours en s'inspirant de faits réels, écrivent les scripts sur la base du canevas de la franchise. Après une commande initiale de 12 épisodes, Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany a trouvé le succès. Mieux encore, la même année, un spin-off a été lancé, Zakon i Porjadok: Prestupni Umiciel, qui trouve son origine plutôt du côté de New York Section Criminelle. La boucle est bouclée ! Les deux séries en sont à l'heure à actuelle à quatre saisons de diffusion chacune sur la chaîne privée NTV.

Mais comme aujourd'hui, on a dit qu'on faisait relâche, voyons plutôt le générique de Zakon i Porjadok: Odel Operativny Rasledovany ; un exercice de style sympathique qui, j'en suis sûre, vous amusera autant que moi, puisqu'il s'agit de jouer au jeu des 7 erreurs !

ZakoniPorjadok
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Avis personnel qui n'engage que moi, mais je trouve certaines photos présentées dans ce générique plus sensationnalistes que celles de la version américaine. Vous me direz ce que vous en pensez.

Le point de détail qui tue dans ce générique, c'est que si le  panneau de titre de fin de générique reprend (évidemment) les mêmes codes que celui de la franchise américaine, il est amusant de constater que les couleurs... représentent le drapeau russe ! Bien joué, non ?

22 août 2012

Septembre à la Rochelle...

Nouvelle parenthèse dans notre semaine russe, histoire de respirer un peu, et puis parce que je ne résiste pas à l'appel de la cérémonie de récompenses le soir au fond des bois.
Car comme je vous le disais il y a peu, aujourd'hui ont été rendues publiques les nominations pour les récompenses du Festival de la Fiction TV de La Rochelle (c'est quand même mieux que l'université d'été du PS...), et moi, c'est le genre de choses qui me fait craquer. On trouve toujours, dans les prix de ce type, des tonnes d'idées de séries pour lesquelles on a envie de creuser en tous sens afin de les découvrir. Armée de ma petite pelle et de ma petite pioche, vous pensez bien que je guettais celles-ci...

FestivalFictionTV

En tout, ce seront 13 prix qui seront remis ; évidemment, on ne va s'intéresser dans ces colonnes qu'aux séries (même si les téléfilms représentent une part non-négligeable de la sélection, un fait qui mérite d'être noté), l'occasion entre autres de prêter l'oreille à ce qui se passe du côté des séries françaises, à laquelle l'évènement fera comme toujours la part belle.

D'abord, voici les 6 fictions en compétition pour le prix de la meilleure Série :

DeuxFlicssurlesDocks Deux flics sur les docks
Une série policière avec Jean-Marc Barr et Bruno Solo, initialement diffusée par France 2 en novembre 2011. 
Detectives Détectives
Une série d'enquêtes de détectives privés, également diffusée par France 2 prochainement.
MaFemmeMaFilleMesDeuxEnfants Ma femme,  ma fille, mes deux bébés
Un unitaire devenu série avec Pascal Légitimus, dans lequel celui-ci, qui a déjà une grande fille sur le point de devenir à nouveau père, mais aussi grand-père.
MesAmisMesAmoursMesEmmerdes Mes amis, mes amours, mes emmerdes
Où six amis ont acheté une maison de vacances ensemble, où ils vivent ensemble les petites galères personnelles les uns et des autres. La série, diffusée par TFHein depuis 2009, en est apparemment à sa troisième saison.
Profilage Profilage
La série policière de la première chaîne, dont apparemment la quatrième saison est prévue pour le début 2013 sur les petits écrans.
TigerLily Tiger Lily
Une série dans laquelle un quatuor de rock féminin formé dans les années 80 qui, malgré l'âge et les changements dans la vie personnelle, se voient toujours en rockeuses rebelles.

Sur une note perso, en passant : comme souvent, je n'ai vu aucune de ces séries françaises, et j'avoue qu'à l'exception de Profilage je n'en avais même jamais entendu parler (peut-être Mes amis, mes amours, mes emmerdes mais je n'en mettrais pas ma main à couper). C'est dommage car je dois dire que Tiger Lily me ferait bien envie... malgré la présence de LIO. D'ailleurs, je m'aperçois que de toutes les séries en compétition dans cette catégorie, c'est d'ailleurs la seule qui sera projetée à la Rochelle mais dont on ignore quel épisode sera montré aux festivaliers. Je vais donc me mettre en quête du pilote histoire de me faire un avis.

Ensuite, ce sont 3 shortcoms qui sont sélectionnées pour le prix du meilleur Programme court :

LesLascars Les Lascars
Une comédie de Canal+ qui apparemment a été diffusée cet été (vous avez dû en parler pendant que je n'avais pas internet, n'hésitez pas à faire passer vos reviews en commentaire) et qui est adaptée de la série animée du même nom.
LaPetiteHistoire La petite histoire
Celle-ci m'est totalement inconnue ; on y trouve des petites histoires humoristiques sur les "coulisses" des plus grands évènements de notre Histoire.
ZAK ZAK
Une série humoristique diffusée par Orange cinéma séries qui suit la carrière d'un chanteur qui pense être l'avenir de la chanson française...

Je n'aurai jamais autant parlé de séries françaises dans un post ! Mais vous le savez, j'essaye de me réconcilier avec elles, et je dois dire qu'un festival comme celui-ci a l'avantage de fournir des pistes plus originales que les Kaboul Kitchen et autres Les Hommes de l'Ombre, dont j'ai l'impression qu'on nous a énormément parlé ces derniers mois.

Là où vous vous doutez bien que sur ce blog, on ouvre toutes grandes les esgourdes, c'est quand il s'agit de fiction internationale. Le festival a ainsi réuni 10 séries, qui ont en commun de toutes êtres des succès d'audience dans leur pays d'origine (une condition originale, vous en conviendrez, là où souvent les récompensent se basent uniquement sur la qualité), qui sont donc en compétition pour le prix de la meilleure fiction européenne et internationale.
Evidemment, vous connaissez la règle en ces lieux, pour ces séries je vous ai mis les titres originaux ; c'est quand même encore le mieux quand, poussé par la curiosité, on veut se renseigner à leur sujet... D'ailleurs plusieurs de ces séries ont déjà été évoquées en ces lieux, alors n'hésitez pas à user et abuser des tags pour en apprendre plus.

Overspel Overspel
Diffusée à l'automne 2011 par la chaîne néerlandaise Ned1, ce thriller en 12 épisodes dans laquelle une photographe amoureuse d'un procureur va découvrir les conflits d'intérêt dans lesquels celui-ci marine...
Expozitura Expozitura
Une fois n'est pas coutume, une série tchèque ! Il s'agit d'une série policière inspirée par de véritables affaires dans différents milieux relatifs au crime organisé, et nécessitant souvent des missions d'infiltration. Les 16 épisodes avaient été diffusées en 2008.
Lykke Lykke
Vous connaissez bien cette dramédie danoise, pour avoir régulièrement entendu parler d'elle dans ces colonnes ; elle traite de deux personnages (un frère et une soeur) dont l'un est dépressif, et l'autre travaille dans l'industrie pharmaceutique... notamment sur un problème d'antidépresseurs.
Hispania

Hispania
Là encore, cette série historique espagnole vous est familière. Sa présence en compétition tombe d'ailleurs à point nommé alors qu'Antena3 se prépare à diffuser prochainement son spin-off Imperium.

HitandMiss Hit & Miss
Cette série britannique avec Chloë Sevigny vient à peine d'être diffusée par Sky Atlantic cet été. On y découvre une tueuse à gages transsexuelle qui renoue avec le fils qu'elle a eu dans une vie précédente.
Instynkt Instynkt
Les 13 épisodes de cette série polonaise ont été diffusés en mars 2011, dans lesquels une enquêtrice s'aide de son instinct pour résoudre ses affaires. Le "plus produit" de la série réside dans son personnage central, une créature énigmatique au lourd passé, apparemment assez proche sur le papier de l'héroïne de Bron/Broen.
JohanFalk Johan Falk
Il s'agit d'une série de téléfilms policiers suédois (le premier date de 1999), certains sortis directement en DVD, dans lesquels un flic fait équipe avec un de ses anciens indics. De nouveaux épisodes sont d'ailleurs prévus à partir du 26 septembre.
Rossella Rossella
Cette romance italienne en 7 épisodes, diffusée sur la Rai en janvier 2011, s'intéresse à Rossella, la fille d'une famille influente de Gènes, au début du 19e siècle, qui se trouve partagée entre son fiancé, un homme riche auquel elle a été promise, et un autre bien moins fortuné mais dont elle est éprise.
VaterMuterMorder Vater, Muter, Mörder
Ce téléfilm allemand fait un peu figure d'exception dans cette sélection. On y étudie les conséquences, pour ses parents, d'un meurtre perpétré par un adolescent.
Vertige Vertige
Je vous le disais il y a quelques jours, ce thriller québécois (produit par la même équipe qu'Apparences) est également en lice. Dans cette mini-série, une femme plongée dans le coma depuis 3 mois ; certains de ses proches veulent la débrancher, d'autres non... Une bonne occasion de lever le voile sur certains secrets.

Mais ce qui se passe hors-compétition lors de ce festival est également digne d'intérêt. En effet, au lieu, comme tout le monde depuis deux ans environ, d'en appeler systématiquement à la fiction scandinave (eh, on ne peut pas leur reprocher d'avoir bon goût, en même temps), le Festival de la Fiction TV de La Rochelle fera la place à deux séries africaines. Ah ! Que c'est intéressant et original !
Les deux séries projetées seront Noces croisées, une comédie romantique qui nous vient du Burkina Faso, et Les Rois de Ségou, une série historique malienne (à noter que c'est la deuxième saison qui sera présentée au festival). Toutes les deux ont apparemment été diffusées sur TV5 Monde.
Voilà une initiative qui révèle une véritable volonté de faire découvrir des horizons différents et des séries méconnues, et les mots ne sont pas assez forts pour remercier les organisateurs du festival pour cette brillante idée.

Bon alors, évidemment, ce n'est pas tout, mais le festival s'étire du 12 au 16 septembre prochain, alors forcément, leur programme sera chargé. On se retrouvera d'ailleurs le mois prochain pour faire le tour du palmarès de ces récompenses.

Et en attendant, quelles sont les séries qui vous font envie ? Moi ça m'a donné plein d'idées, si j'avais pas de boulot, je prendrais le premier train pour La Rochelle, en septembre ! Cette série polonaise, par exemple, j'en ferais bien mon programme du weekend, tiens...

22 août 2012

Nos voisins les Voronine

SemaineRusse

Hier, nous avons parlé du développement de la série russe Voroniny... mais c'est resté assez théorique. Laissez-moi à présent passer à la phase pratique.

Il a été dit dans ces colonnes, en de maintes reprises, combien le remake de sitcom américain était une hérésie dont les coupables méritaient, à défaut de l'interdiction d'approcher un studio de télévision, rien moins que la peine capitale ; j'exagère à peine. Mais chaque série est un cas particulier et, avec une persistance qu'Einstein aurait probablement assimilée à de la folie, je tente régulièrement des pilotes de remakes étrangers de sitcoms américains parce que, eh bien, je suis masochiste, probablement.
Plusieurs de ces saligauds ont été évoqués dans ces colonnes, je ne vous refais pas la liste globale, mais en particulier, pour la Russie, quelques unes ont pu être évoquées, comme évidemment Maia Prekrasnaia Niania (pour Une Nounou d'Enfer), Maia Liubimaia Vedma (Ma Sorcière Bien-Aimée) ou Kak ia Vstretil Vashu Mamu (How I met your mother). On ne vous demandera pas plus de les prononcer que de les regarder, rassurez-vous !

Mais puisqu'hier, nous avons assisté aux tribulations de Philip Rosenthal alors qu'il allait travailler, aux côtés de l'équipe russe de la série, sur l'adaptation de Tout le monde aime Raymond, je me suis dit que c'était l'occasion en or de comparer le travail avant/pendant/après. C'est-à-dire, en connaissant la série d'origine, en voyant le documentaire Exporting Raymond, et maintenant, avec le pilote de Voroniny.
Pour commencer, je crois que chacun ici a vu au moins un épisode de Tout le monde aime Raymond, non ? Non ? Bon bah allez-y, je vous attends.
...
Donc maintenant, tout le monde a vu Raymond et nous avons tous les bases pour avoir cette discussion.

Comme expliqué dans Exporting Raymond, Philip Rosenthal a suggéré aux auteurs de ne pas commencer par adapter le pilote, mais de plutôt choisir, comme premier épisode pour la série russe, un scénario ultérieur. L'idée est donc de quand même piocher dans les scripts acquis par STS, ce qui signifie que cela reste conforme à l'esprit de la série, mais en rendant le scénario plus accessible au public russe.

La démarche peut surprendre, et en tant que téléphage, j'avoue que l'idée m'a un peu rebutée : un pilote a une raison d'être ! Et si on écrit un pilote correctement, normalement il n'est pas interchangeable avec n'importe quel autre épisode de la série. Le pilote est un exercice de style qui réclame une structure particulière ; l'exposition a son importance. C'est d'ailleurs bien pour ça que j'aime tant les pilotes.
Mais bien-sûr, après réflexion, je me suis dit : après tout, pourquoi pas ? dans le cadre d'une série non-feuilletonnante, c'est moins pénalisant.

Dans Exporting Raymond, Rosenthal suggère d'adapter en guise de pilote pour Voroniny l'épisode "Baggage" ; c'est un épisode de la 7e saison de Tout le monde aime Raymond dans lequel, en rentrant de weekend, le couple laisse une valise dans l'escalier, qui devient l'objet d'un bras de fer pendant des semaines, car aucun des deux ne veut prendre être celui qui rangera la valise.
Cela avait occasionné plusieurs discussions dans le documentaire, car les scénaristes russes ne comprenaient pas les gags ni la dynamique de couple qui était mise en lumière par cette petite situation absurde (l'histoire ne dit pas pourquoi personne n'a pensé à protester que, à des fins de réalisme, la série russe se déroulait dans un appartement... où il n'y a pas d'escalier, donc). Mais on était restés, en fin de documentaire, sur l'impression que c'était tout de même, après bien des explications, l'épisode retenu.
Pas du tout : l'épisode choisi finalement pour ce pilote russe n'est pas "Baggage", car le pilote de Voroniny est finalement l'adaptation de l'épisode "Your place or mine?", le 7e épisode de la 1e saison dans lequel une dispute entre les parents de Raymond pousse la mère de celui-ci à s'installer avec son fils et sa bru, au grand désespoir de cette dernière.

Voroniny

Force est de constater pourtant que, si le coeur de l'épisode est directement adapté, et de façon relativement litérale, ce n'est pas le cas de l'intro ni de l'outro qui ne sont pas présents dans "Your place or mine?". Ces gags indépendants (qu'on retrouve dans de nombreuses séries comiques, et qui est une figure de style que des séries comme Malcolm ont porté au rang d'art dans l'art) n'étant en effet pas liés à l'histoire de l'épisode, on peut ainsi les mélanger à volonté sans que cela n'ait aucune incidence.
Pour le spectateur russe, en fin de compte, la série Voroniny commence alors que Kostya (l'équivalent de Raymond) est devant la télé en train de manger des chocolats, et il n'en reste plus qu'un. Sa fille, débarque alors, repère le dernier chocolat, et espère le manger ; Kostya lui propose de jouer à cache-cache : si elle trouve la friandise, elle pourra la manger... mais en guise de cachette, pendant qu'elle ne regarde pas, il se dépêche de l'avaler goulûment lui-même tout en la guidant avec des "tu chauffes"/"tu refroidis" histoire de l'occuper pendant qu'il mâche. Sauf que, retournement de situation, finalement la petite découvre une boîte entière de chocolat, soigneusement cachée. C'est Vera, la femme de Kostya, qui l'avait mise là pour se les garder et que Kostya ne mange pas tout. Une amusante façon de dépeindre habilement la dynamique de la maisonnée ; mais les connaisseurs de Tout le monde aime Raymond auront remarqué que les grands-parents sont totalement absents de cette introduction, alors qu'ils sont au coeur de la série.
L'outro de l'épisode reprendra d'ailleurs ce petit gag en montrant Kostya dans la cuisine de ses parents, avec son père. Et devinez quoi, il ne reste plus qu'un chocolat ! Kostya essaye de le récupérer mais c'est son père qui le lui arrache des mains comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. De retour chez lui, Kostya veut se mettre devant la télé, mais la télécommande a disparu : c'est sa fille qui l'a planquée, et pendant qu'il cherche la télécommande, la petite lui assène des "tu chauffes"/"tu refroidis" narquois...
Nul doute que ces scènes doivent se retrouver dans l'un des 210 épisodes de la série originale (ou au moins dans les quelques dizaines de scripts achetés initialement par la chaîne russe), mais ils ont le mérite de brosser un portrait assez révélateur des dynamiques au sein de la famille, et de la "chaîne alimentaire" de cette petite tribu.

Bon, mais l'épisode lui-même, alors ? En-dehors de ces deux scènes, le déroulement de l'épisode est conforme à l'original américain dans le scénario, au moins dans la structure de l'histoire : les parents de Kostya se disputent, la mère emménage avec Kostya et Vera, commence à traiter Kostya comme s'il était un enfant et à récurer l'appartement de Vera de fond en comble, excédant celle-ci au point de faire son possible pour rabibocher le couple.
Il y a des différences dans le choix des scènes explicitant le déroulement du conflit : certaines scènes ont été écourtées, rendant les réactions de certains personnages plus unidimensionnelles. Ainsi, le soir de la dispute, Vera décide d'aller dîner avec le père de Kostya dans sa maison où elle le sait seul, afin de lui tenir compagnie (et implicitement d'échapper à sa belle-mère, ainsi que dans l'espoir de plaider pour une réconciliation). Dans la version américaine, la scène commence alors que Debra se régale parce que le père de Raymond mange de la junk food et que c'est quand même bien sympa ; même si ensuite le plat principal qu'il a cuisiné lui-même est une horreur. Dans la version russe, on attaque tout de suite le plat dégueulasse et l'expression écoeurée de Vera. Bon, ça apporte moins de complexité aux personnages et à leurs réactions, mais ça relève du détail, dans le fond. Pourquoi pas ? C'est un bon exemple d'appropriation, et du coup, dans le fond ça valait peut-être mieux qu'une adaptation au pied de la lettre.
Qui plus est, en choisissant de commencer par cettte histoire, Voroniny fait aussi un choix dans la façon dont il expose ses personnages : l'épisode, et donc la série, commence sur une dispute, qui montre les parents de Kostya comme des gens très sanguins. C'est notamment l'occasion pour le grand-père de passer pour un colérique, ce qu'il n'est pas exactement "en temps normal" (mais il n'y a pas encore de "en temps normal" pour le spectateur russe). On voit bien, en mettant cette scène en avant d'entrée de jeu, comment la perception des personnages est modifiée.

Mais le plus frappant dans ce pilote de Voroniny, en matière de différences avec l'original, c'est certainement le jeu des acteurs.
Que Philip Rosenthal se rassure : ses prières ont été entendues. Certes, les Russes semblent avoir eu du mal à se départir des rires enregistrés, qui hantent l'épisode (mais de façon moins insupportable que dans Maia Prekrasnaia Niania, qui hante encore mes nuits).
Mais on n'est pas du tout dans les singeries montrées dans Exporting Raymond sur le tournage de la série. Les acteurs russes font preuve d'un grand sens de la mesure, et en fait, à l'exception peut-être des grands-parents qui sont un peu plus expansifs (mais c'est aussi le rôle qui veut ça), ils sont au contraire d'une grande sobriété, tournant l'humour de la série en une festival de répliques pince-sans-rire.
Regarder l'épisode équivalent de Tout le monde aime Raymond renvoie, et c'est finalement une sacrée ironie, une solide impression de surjeu. En comparaison, la plupart des acteurs russes sont d'une grande sobriété, et en particulier l'interprète de Vera, Ekaterina Volkova, bien plus drôle et pourtant bien plus modérée que Patricia Heaton.
Et c'est finalement assez fascinant de voir comment ils incarnent les mêmes personnages, sans aucun doute possible, reconnaissables immédiatement, et répondant aux mêmes caractéristiques, tout en les rendant moins extrêmes, plus naturels.

Au final, il ressort de Voroniny l'impression troublante d'avoir assisté à une version moins théâtrale de Tout le monde aime Raymond. Pour moi qui n'aime pas la série d'origine, c'est un compliment, et pas des moindres, que d'avoir trouvé l'épisode pilote de cette adaptation convaincant, et pas du tout agaçant. L'absence de Ray Romano n'y est pas étrangère, mais n'est pas non plus la seule explication.
En tous cas, preuve est ainsi faite qu'un remake (a plus forte raison de sitcom américain) n'est pas forcément synonyme de merde honteuse ! Et ça, c'est quand même une sacrée bonne nouvelle, non ?

21 août 2012

Règne sans partage

Allez, on quitte temporairement la Russie (on y reviendra évidemment demain pour la suite de notre périple), et on se dirige ce matin vers le Danemark. On en parlait la semaine dernière, les TvPrisen ont eu lieu ce weekend, avec évidemment des statuettes à la clé. Et qui dit statuettes dit que lady est au rapport, prête à jeter un oeil aux séries danoises que les Danois ont eu envie de célébrer.

Nul doute qu'à l'heure où la Scandinavie (avec, en tête, le Danemark et la Suède) se forge une place de choix dans les grilles d'un nombre grandissant de chaînes, et donc dans les coeurs des spectateurs, nous pourrions trouver l'inspiration pour nos prochaines escapades nordiques...
Enfin, peut-être. Parce que vous allez vous rendre compte que finalement vous êtes devenus aussi doctes en séries danoises que les TvPrisen !

TvFestival

Remis, donc, à l'occasion du TvFestival qui se tenait en fin de semaine dernière à Copenhague, les TvPrisen concernaient cette année 27 prix au total. Comme souvent, la fiction n'y était pas la seule préoccupation, mais comme sur ce blog, on se concentre sur les séries, souffrez que je n'aborde pas les documentaires, émissions de télé réalité et autres programmes d'information.
Les TvPrisen existent depuis 1999, à l'initiative du groupe de télévision publique DR. S'y sont greffées les autres groupes : TV2, TV3 et SBS afin que l'évènement du TvFestival comme la cérémonie soient pluralistes. Rappelons que justement, cette année, SBS s'était retirée des festivités pour des raisons financières, et n'était donc pas en lice dans les différentes catégories.

* Meilleure photographie dans une série : Kim Høgh Mikkelsen pour Rita (TV2)
Etaient également nommée Lykke, Hjælp, det er JulBorgen et Ludvig og Julemanden.

* Meilleur montage dans une série : My Thordal  pour Borgen (DR1)
Etaient également nommées Lykke (deux fois) et Rita.

* Meilleure actrice de télévision : Sidse Babett Knudsen dans Borgen (DR1)
Les actrices nommées étaient également Birgitte Hjort Sørensen dans Borgen (DR1), Louise Mieritz dans Lykke (DR1), ainsi que Mille Dinensen et Sara Hjort Ditlevsen dans Rita (TV2).

* Meilleur acteur de télévision : Pilou Asbæk dans Borgen (DR1)
Les autres acteurs en lice étaient Carsten Bjørnlund dans Rita (TV2), Lars Brygmann et Rasmus Botoft dans Lykke (DR1), et enfin Ole Boisen (A-Klassen).

* Meilleure satire/comédie : A-Klassen (sur DR2), une comédie à sketches en 8 épisodes diffusée en mars dernier, s'intéressant à des chômeurs qui, afin de pouvoir toucher leurs prestations sociales, doivent accomplir une formation dans un centre de réorientation.
Les autres prétendantes au titre étaient Hjælp, det er jul (une série de Noël diffusée par DR2), Kristian, (une comédie inspirée par l'américaine Arrested Development et la danoise Klovn, et diffusée par TV2 Zulu), Livet i Nødsporet (sur TV2 Zulu) et Natholdet (un talkshow satirique, diffusé encore une fois par TV2).

Oh, mais attendez. Bien-sûr, j'ai gardé le prix le plus convoité pour la fin...

* Meilleure série dramatique : Borgen sur (DR1)
Etaient également nommées Limbo (série pour la jeunesse de DR Ramasjang), la dramédie Lykke (DR1), et Rita (TV2).

Borgen

Bon alors, bilan général. Eh bien, sur 27 prix au total, DR en a récupéré 16, et TV2 en a récolté 11... ce qui, les plus matheux d'entre vous l'auront compris, laisse 0 récompenses pour la chaîne TV3, co-organisateur un peu floué des TvPrisen. On comprend mieux pourquoi SBS a préféré se désengager de cet évènement... A titre de comparaison, l'an dernier, le palmarès avait donné 12 récompenses aux chaînes du groupe DR, 13 pour TV2, et 1 seule pour TV3 mais c'était quand même mieux que rien. On sent que les chaînes publiques se taillent donc une part grandissante dans le panorama télévisuel danois, reflétant bien, en cela, la politique soutenue de commandes de fictions ambitieuses que DR1 surtout, mais aussi DR2, peuvent avoir déployée récemment.

Quant au cas particulier des fictions... eh bien vous l'aurez compris, Borgen s'est taillé la part du lion. A noter que c'est la première fois dans l'histoire des TvPrisen qu'une fiction s'arroge le titre de meilleure séri
e dramatique deux années de suite, et il ne fait pas grand doute que la troisième saison de Borgen, qui devrait être diffusée prochainement sur DR1, pourrait même encore améliorer ce record l'an prochain, tant la série est couverte de louanges (à raison, faut-il le rappeler).

Et en guise de mot de la fin, rappelons que depuis aujourd'hui, la co-production suédo-dano-norvégo-finlando-néerlando-belgo-germano-française (ouf !) The Spiral est officiellement lancée sur internet, comme je vous l'annonçais voilà quelques jours. La chasse est ouverte !

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