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ladytelephagy

14 septembre 2012

Le prix à payer

Combien de fois par jour entendons-nous au moins une personne, qu'il s'agisse de l'un de nos contacts dans la communauté téléphagique ou de télambdas, décréter que "c'est toujours la même chose", que "l'originalité est morte", que "tout n'est plus que remakes et adaptations"...? Combien de fois, sincèrement ? Et on est d'accord ou pas avec ce type de constat, il n'empêche que nous avons tous, ne serait-ce qu'une fois, par fatigue, découragement ou tout simplement parce que nous étions dans une période creuse pendant laquelle nous n'avions pas forcément été attentifs à ce qui se passe dans le monde de la télévision, dit quelque chose dans ce genre.

Fort heureusement, j'ai une super nouvelle : ce sont rien que des conneries. Des séries originales, novatrices et intrigantes, il y en a des tonnes. J'espère parfois vous en faire découvrir une ou deux, à l'occasion d'un de mes posts quotidiens ou d'un autre. Aujourd'hui est, je le crois, l'un de ces jours. Pour tout vous dire, je ne m'étais plus autant amusée devant une série depuis...!!!
Depuis... bon, 4 jours, devant Srugim. Mais pas de la même façon, pas du tout.
En tous cas, aujourd'hui, je m'apprête à vous parler d'une série canadienne que je ne connaissais pas du tout il y a encore 24h, intitulée The Booth at the End.

TheBoothattheEnd-TheMan

Imaginez un diner. Le plus classique possible, avec les banquettes alignées, le jukebox qui murmure dans un coin, la serveuse qui passe de table en table pour resservir du café, la totale, quoi.
A la banquette du fond est assis un homme, l'air austère, et pas très bavard. Les gens qui entrent dans le diner viennent souvent à lui, s'installent à sa table, échangent quelques mots, parfois commandent un plat ou une boisson, puis partent. Quel est donc cet homme et que veulent ces gens ?

C'est justement ça, le propos de The Booth at the End : ce que veulent les gens. Ils ont en effet entendu que...? Et ils viennent confesser à l'homme ce qu'ils veulent en espérant qu'il exauce leur voeu. Mais les choses ne sont pas si simples : lorsqu'on veut quelque chose, il faut faire quelque chose pour l'obtenir. Chaque fois qu'une personne lui dit ce qu'elle souhaite dans la vie, ce dont elle a besoin, il leur confie une mission à accomplir. Ce n'est qu'à la condition que cette tâche soit menée à bien, et qu'il sache tous les détails de la préparation, que le voeu sera réalisé.
Mais l'homme étrange, qui n'a pas de nom, n'est pas un faiseur de miracles. C'est dans son mystérieux carnet (qu'il ouvre au hasard) qu'il trouve les missions à confier. Ce n'est pas lui qui décide. En fait il ne décide de rien. Il est juste leur interlocuteur, l'homme de main, en quelque sorte, de cet étrange carnet où il couche également noir sur blanc ce que lui disent ses visiteurs.

The Booth at the End est, vous l'aurez compris, une étrange série hors-norme. Déjà de par son format : les épisodes durent une demi-heure, mais sont en réalité constitués de petites vignettes qui durent environ deux à trois minutes ; chacune de ces vignettes suit une entrevue avec un personnage. Les personnages sont récurrents : ils peuvent passer plusieurs fois dans un même épisode, ou ne pas être vus pendant quelques épisodes d'affilée. Ainsi, en dépit du fait que son concept soit idéal pour une série d'anthologie, The Booth at the End est une série complètement feuilletonnante : non seulement il faut impérativement regarder les vignettes, et donc les épisodes, dans l'ordre chronologique, mais impossible de suivre un seul personnage (en cela, The Booth at the End diffère d'une série qui aurait pu être similaire, In Treatment).
Grâce à cette structure très efficace, The Booth at the End propose une incroyable dynamique qui fonctionne parfaitement, et se montre incroyablement envoûtante, alors qu'en réalité, la série se passe intégralement dans le diner.
Concept idéal pour une websérie, The Booth at the End est pourtant une série qui a été diffusée à la télévision canadienne (sur Citytv) ainsi que sur plusieurs chaînes FOX internationales (notamment en Israël, en fait c'est même en lisant une news sur sa diffusion dans ce pays que j'ai découvert son existence, oh douce ironie du sort), dont apparemment en France mais je n'ai pas trouvé les détails ; elle a également été mise à disposition, aux USA, par Hulu. En dépit de son découpage en épisodes d'une demi-heure, elle serait pourtant parfaitement acceptable sous la forme d'une diffusion découpée par vignettes, si jamais une chaîne se disait que short ne voulait pas nécessairement dire com.

Mais au-delà de sa forme, la série brille aussi, et surtout, par son contenu. Ecrite comme un thriller fantastique, The Booth at the End n'est pas sans rappeler les séries fantastiques à concept nippones, telles que The Quiz Show ou FACE MAKER, qu'on a déjà évoqué dans cette colonne (n'hésitez pas à cliquer sur les tags au bas de ce post, ça les châtouille mais ils aiment ça). Il y est avant tout question d'utiliser les outils fantastiques comme des leviers pour lever le voile sur la conscience humaine. Ainsi, se révélant incroyablement dense, profonde et captivante, The Booth at the End est aussi un incroyable thriller, une série dramatique émouvante, et une série sur l'horreur humaine dans toute sa splendeur.

Les personnages qui viennent voir l'homme mystérieux débarquent en effet pour une seule raison : on leur a dit qu'ils obtiendraient ainsi ce qu'ils souhaitent. Inutile de préciser que quand ils arrivent, ils ne comprennent pas tout de suite les règles du jeu. Par exemple, ce n'est pas l'homme qui "fait" que leur souhait se réalise : il est juste l'arbitre, en quelque sorte ; ils doivent venir à lui pour connaitre la chose à accomplir, pour reporter régulièrement sur l'avancement de leur mission, mais il n'intervient pas de quelque façon que ce soit en-dehors de ces règles. Cela occasionne énormément de frustration de la part des visiteurs de notre homme, qui pensent qu'ils peuvent négocier avec lui, voire même le forcer à arrêter le cours des choses. Ce à quoi il s'entêtera à leur répéter que ce sont eux qui remplissent la mission et font que le voeu se réalise ; s'ils veulent tout arrêter parce qu'ils ne s'en sentent pas capables, ils n'ont qu'à le faire... par contre ça signifie qu'ils n'auront pas ce qu'ils veulent. Evidemment, ce n'est pas facile à entendre pour ses interlocuteurs qui espéraient trouver en lui une solution.
Les cas qui lui sont présentés sont très variés au cours de ces deux saisons (la seconde date à peine du mois dernier). Une vieille femme veut que son mari soit guéri de son Alzheimer, un célibataire veut que la belle blonde en page centrale tombe amoureuse de lui, une jeune fille veut résoudre les problèmes d'argent de son père... La mission que le carnet trouve pour eux semble n'avoir aucun lien avec leur désir initial : la jeune fille doit aider quelqu'un qui est enfermé depuis de nombreuses années à sortir de chez lui, le célibataire doit protéger une petite fille pendant de longues semaines, la vieille dame doit faire exploser une bombe dans un lieu public.
Eh oui, pas de trip type Anges du Bonheur, les missions ne sont pas toujours faciles, et encore moins positives. Plutôt le contraire, en fait.

Car The Booth at the End se fait au contraire forte d'étudier les cas de conscience que cela soulève chez les différents visiteurs de la banquette. Les conversations avec notre homme sont toujours extrêmement profondes, intelligentes, et surtout d'un inconfort aigu, déplaisant. Ce père qui doit tuer une petite fille pour que son fils soit sauvé de sa leucémie trouvera-t-il la force de tuer la gamine de 4 ans qu'il a trouvée comme cible "parfaite" ? La bonne soeur qui a cessé d'entendre Dieu (on parle décidément beaucoup de lui sur ce blog ces derniers temps !) acceptera-t-elle de tomber enceinte afin de communier de nouveau avec Lui ?
Mais plus que l'idée, un peu karmique, qu'il faut donner pour recevoir, The Booth at the End fait aussi un épatant travail en liant certaines intrigues les unes aux autres. Pas toutes, heureusement, sans quoi cela pourrait paraître excessivement tordu. Mais suffisamment pour qu'on regarde parfois l'homme étrange avec effroi : puisqu'il sait que ces deux personnes vont se croiser, comment peut-il réussir à garder son calme ?
Il y a, toutefois, une certaine poésie dans la façon dont la série s'aventure sur le terrain des causes, des conséquences, et des réactions en chaîne, et dans la façon dont les épisodes lient, progressivement, certains Destins les uns aux autres. De ce côté-là il est absolument impossible de ne pas se laisser surprendre plusieurs fois.

La question de la responsabilité, mais aussi de l'identité, sont centrales dans une série comme celle-là. Les personnages se demanderont ainsi, à plusieurs reprises : qui suis-je pour faire ça ? Ou, plus terrifiant... qui suis-je pour ne pas le faire ?
Evidemment c'est aussi la question de la responsabilité de notre homme flegmatique qui se pose. D'abord parce qu'il est toujours un peu choquant de voir le visage de cet homme rester neutre en dépit des horreurs qui lui sont dites. Et puis parce que, avare de ses mots, il ne cherche jamais à laisser perdurer le trouble : il est prêt en permanence à clarifier les règles du jeu ("I don't like the rules", lui dira l'un de ses interlocuteurs... "Then don't play the game", lâchera l'homme comme une évidence innocente), à rappeler à chacun que tout peut être arrêté à tout moment, et qu'ils ont l'entier choix du moyen pour arriver à leurs fins. Et la différence est d'importance, car l'énoncé de leur mission est souvent bref, limite sybillin, et c'est leur propre interprétation qui sera parfois la cause des tourments des personnages. Mais ces tourments seront aussi l'occasion pour nous de plonger dans les ténèbres de l'âme humaine, et la série ne rate absolument aucune de ces plongées terrifiantes.
L'homme assis sur cette banquette est-il le Diable qui offre un pacte ? Une sorte d'intermédiaire avec Dieu ? Ou quelque chose d'autre... L'un des suppliciés lui lancera un acide "you're a monster", auquel il répondra placidement : "you might say I feed monsters". Ce qui est sans doute le plus glacial qu'on pouvait imaginer. Et dans le fond, voulons-nous vraiment percer son mystère ? Au fur et à mesure que la série avance, un autre face à face se profile, et il n'est pas non plus très joyeux...

Avec ses dialogues fins, intelligents et jamais dans la surenchère de mystère, ses personnages pléthoriques à la psyché complexe mais toujours captivante, et son personnage central qui, progressivement, prend de l'épaisseur en dépit de son mystère, The Booth at the End est une superbe expérience de fiction, qui se double, de surcroît, d'une intéressante initiative online. Ainsi, sur le site officiel de la série, vous avez accès à une intrigue totalement inédite, sous forme de jeu, pourvu de tenter, vous aussi, d'obtenir ce que vous voulez en échange d'une mission à remplir...

Alors ? A quel point voulez-vous ce que vous voulez ?

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13 septembre 2012

Sur écoute

Puisque vous savez déjà, pour fréquenter nos deux blogs, que whisperintherain et votre serviteur relevons pendant cette saison un défi, celui de regarder et reviewer tous les pilotes de la saison, je ne vous refais pas l'histoire. Cependant, ne sont pas seulement concernées les séries diffusées à l'étranger mais aussi, lorsque l'occasion s'en présente, les séries diffusées en France.
Et comme hier, Eurochannel diffusait le pilote d'une série scandinave, vous vous doutez bien que je n'ai pas manqué cette occasion...

NDA-Salassapitosopimus

Vous savez de quel pays on ne parle pas souvent ? ...Oui. Oui, aussi... Euh ouais, bon, ne me faites pas la liste, c'est trop déprimant. Entre les pays d'Afrique, du monde arabe, et tout ce qui se passe à l'Est et sur lequel j'ai pas la moindre visibilité (à part quelques échos du succès de séries turques, et notamment Muhtesem Yüzyil, dans des pays comme la Bulgarie ou la Slovaquie), franchement, j'ai parfois honte de prétendre que je m'intéresse aux séries du monde.
Un pays dont par exemple je vois peu de fictions (et sur lequel je lis peu de news, ce qui n'arrange rien à mon ignorance), c'est donc la Finlande. Fort heureusement, Eurochannel s'est lancé à mon secours et a diffusé hier soir le pilote de NDA - Salassapitosopimus (sous le titre francophone de Scandale sur la ligne, ne me lancez pas sur le sujet des traductions de titres de séries...), une mini-série en trois parties datant de 2005.

Ce thriller est l'occasion de se glisser dans les coulisses d'une grande compagnie qui fabrique des téléphones, Mälekä Mobile. Son dernier modèle portable est sur le point de sortir, mais à quelques heures du grand évènement, une information fuite : le portable serait extrêmement dangereux pour la santé. Une information qui tombe entre les mains d'un journaliste du quotidien Sanomat, Harri Immonen, qui a bien l'intention de rendre la chose publique.

Comment l'information a-t-elle fuité ?
L'épisode commence alors qu'un homme, excessivement crevé, s'arrête dans une station service, commande un café avant de péniblement reprendre la voiture... en ayant oublié sa mallette. Lorsqu'il s'en aperçoit, il fait immédiatement demi-tour, et récupère la précieuse mallette. Il ignore que la serveuse a eu le temps de jeter un coup d'oeil à l'intérieur pour en apprécier le contenu.
Ce contenu, ce sont des documents internes extrêmement sensibles qu'elle s'est empressée de vendre à Harri Immonen.
L'homme exténué, nous allons progressivement le comprendre, est responsable du service d'innovation technique de la firme Mälekä. Il s'appelle Timo Kovanen et quand il va réaliser ce qu'il s'est passé, il va être pris de remords, d'angoisse, de panique, même, et finira par se suicider pendant le pilote.

Bien qu'ayant commencé par suivre le personnage de Timo, NDA - Salassapitosopimus ne s'intéresse nullement à lui, car en réalité, l'héroïne de ce thriller sera Satu Rossi, une ancienne journaliste qui est désormais chargée de la communication et des relations avec la presse au sein de Mälekä, et qui, outre le fait qu'elle découvre le corps de Timo, est surtout celle qui est en première ligne dans la gestion de cette crise interne. Alors que la conférence de presse de lancement du nouveau téléphone a été reportée, elle est en effet chargée de faire taire Harri immonen, à plus forte raison parce qu'elle travaillait avec lui lorsqu'elle était encore journaliste, et qu'ils sont toujours amis à ce jour. Prise entre deux feux, Satu va donc essayer de comprendre cette affaire : elle ignore complètement le fond du dossier, comme par exemple le fait que Timo avait fait expertiser par une autorité indépendante la dangerosité du téléphone. De la même façon, elle ne sait pas que tout est fait pour faire pression sur la direction du Sanomat. Elle est maintenue dans une semi-ignorance, alors que sa hiérarchie de lui dit que ce qu'elle a besoin de savoir pour travailler.
Sa hiérarchie, c'est en fait Peter Stockman, un enfoiré de première qui ne ressent aucune forme d'émotion lorsqu'un de ses salariés se suicide, qui par contre aime énormément les "vérités officielles", et qui a chargé l'avocate de la compagnie d'aider à étouffer l'affaire par tous les moyens possibles. A la mort de Timo, il a immédiatement promu un technicien, Mikko Jääskeläinen, au poste de responsable, afin de vérifier les mesures de l'institut indépendant qui a pondu ce rapport déplaisant.
Pendant ce temps, Satu comprend que tout cela n'est pas bien clair. Elle était autrefois une bonne journaliste, peut-elle pourra-t-elle remettre son sens de l'investigation à profit ?

Pour une mini-série comptant à peine 3 épisodes, vous vous demandez peut-être pourquoi je me suis fendue d'un post sur le premier d'entre eux, quand il aurait sans doute été bien plus pratique d'attendre les deux suivants pour faire un bilan. Bon, déjà, il y avait ce défi, certes. Mais surtout : je n'ai aucune intention de regarder la suite.
Il faut dire que NDA - Salassapitosopimus (dont le titre signifie "accord de non-divulgation", autrement dit "clause de confidentialité") est assez décevante. S'il y a pas mal d'ingrédients solides, bien-sûr. La scène de début est par exemple très efficace, montre bien comment c'est un instant d'inattention d'un employé sur les rotules qui conduit à tout ce chaos. D'une façon générale, le cast est plutôt bon, l'histoire est plutôt solide, et la réalisation se défend.
Alors où est le malaise ? Dans le fait que tout cela est extrêmement prévisible. Difficile de se passionner pour cette histoire qui passe par absolument tous les clichés du genre. Peut-être qu'en changeant l'angle (se mettre du point de vue de Stockman, par exemple), on aurait obtenu un résultat différent, mettons. Mais la jeune femme (jolie, forcément jolie) qui ne sait pas ce qui se trame, qui est armées de bonnes intentions et qui se retrouve plongée dans une magouille pas super propre dont elle va tenter de dénouer les fils, c'est vu et revu.

Quant à la réalisation, si elle n'est pas mauvaise du tout, je l'ai dit, en revanche elle est extrêmement desservie par le look atrocement vieillot des décors et même des vêtements. Si toutes les sources n'indiquaient pas que la série a été tournée en 2004 et diffusée en 2005, je jurerais qu'elle est au moins de 10 ans plus vieille. Ce n'est pas que ce soit capital, mais ça n'aide pas tellement à prendre les choses au sérieux quand l'intrigue se passe dans le milieu de la haute technologie ! Le laboratoire où travaillent Timo, puis Mikko et l'équipe techniques de Mälekä, est d'une pauvreté déprimante : quelques tables, des ordinateurs, une cloison en plastoc et une vague barrière Playmobil pour faire genre c'est une zone restreinte... Il y a de quoi avoir les yeux qui roulent sur la table tant ils sont exorbités. Ce n'est qu'un élément aggravant, bien-sûr, car même en étant raffinée sur la forme, NDA - Salassapitosopimus aurait encore ses défauts. Mais ça ne joue pas en sa faveur.

Et puis, peut-être que le plus gênant, dans NDA - Salassapitosopimus, c'est que l'aspect thriller prime tant sur le reste. On pourrait parler, concrètement, de téléphones portables, de nocivité, de liberté de la presse, même, mais pas du tout. On évoquait encore hier (à travers De Vijfhoek) des séries de la chaîne japonaise WOWOW : celle-ci nous a offert ces dernières années des séries qui, sans toutes être parfaites, étaient de véritables études sociales. Pour un exemple de ce dont je parle, n'hésitez par exemple pas à regarder Suitei Yuuzai (ou à en lire la review, selon ce que votre temps libre vous permet), où le thriller est un élément important de la série, mais où il y a un vrai propos. Il manque énormément de fond à notre série finlandaise, ce qui est d'autant plus désagréable que, loin d'être anodin, le sujet des téléphones portables, dans un pays où le marché de la téléphonie tient une place si importante dans l'économie (NOKIA, anyone ?) mais aussi la vie de tous les jours (un petit tour sur Google m'a ainsi appris que les Finlandais n'ont pas de téléphone fixe, ou encore qu'en 1999, ils étaient déjà 60% à avoir un portable), a une vraie importance sociale.
Peut-être que les épisodes suivants s'en inquièteront un peu mais en trois épisodes d'une heure, les chances sont mince. C'est évidemment toujours la question, quand on regarde un pilote, que de déterminer ce qui a dû être mis de côté pour faire place à l'exposition, et ce qui est vraiment une caractéristique de la série, mais je crois que dans le cas d'une mini-série en 3 épisodes, je ne m'avance tout de même pas beaucoup.
Or, c'est très regrettable, car regarder un thriller qui vous dit depuis le départ comment l'info a fuité, quels sont les moyens de pression dont le "méchant" dispose, et dont vous connaissez déjà une grande partie des détails (on a droit à une longue scène dans le labo indépendant pour nous expliquer le risque encouru par les futurs utilisateurs du téléphone), ça ne laisse plus place à beaucoup de surprises, surtout vu le body count du pilote. Si encore les spectateurs partageaient le même degré de connaissance de l'affaire que Satu, ça passerait encore (ce serait très cliché, mais un de plus ou un de moins...), or là, nous en savons plus qu'elle. Où est le mystère ?

Alors au final, sur le plan des séries finlandaises, à ce jour, je préfère encore me consoler en repensant à Alamaailma Trilogia, que de m'accrocher à NDA - Salassapitosopimus, ne serait-ce que pour deux épisodes de plus... Ce qui en dit, finalement, assez long, surtout connaissant ma propension à me lancer si facilement dans de nouvelles séries.

Challenge20122013

12 septembre 2012

[DL] De Vijfhoek

Il y a des pays dont j'ai toujours l'impression de ne pas parler assez, mais depuis quelques mois, j'essaye de m'y mettre. La Belgique et les Pays-Bas sont de ceux-là, et même si je ne suis pas encore totalement au point à leur sujet (mais j'y travaille, juré), j'avais repéré deux séries en cette rentrée : De Geheimen van Barslet et De Vijfhoek.
Je pensais qu'elles démarraient toutes les deux en ce mois de septembre mais, après quelques recherches (et pas mal de frustration parce que j'étais convaincue que le pilote avait déjà été diffusé), je me suis aperçue que De Geheimen van Barslet serait lancée sur Ned2, au Pays-Bas, le 6 octobre seulement (; e Pilot Watch a d'ailleurs été corrigé en conséquence.
De Vijfhoek, elle, a bel et bien démarré à la date prévue sur la chaîne belge één, soit le 4 septembre dernier, et c'est d'elle que je vais vous parler ce soir.

Ce qui m'intéressait, c'était que le pitch de De Vijfhoek me faisait penser à ceux d'un grand nombre de séries diffusées sur la chaîne nippone WOWOW. Il y avait un côté "radiographie d'un problème de société" qui me plaisait bien.
Pour ceux qui ont la flemme d'aller regarder dans le grand world tour de cet été pour se remémorer quoi il s'agissait, puisqu'on en avait déjà parlé, rappelons que, logée dans un quartier de Bruxelles, De Vijfhoek s'intéresse à un grand probjet de construction qui se trame dans les bureaux d'une grande compagnie. Alors que les habitants ne soupçonnent pas les grands bouleversements qui les attendent, le projet progresse...

Vous imaginez bien que c'est la mort dans l'âme que j'ai donc récupéré le pilote de De Vijfhoek, et comme j'ai décidé de faire une pause de quelques jours avant d'attaquer la suite de Srugim (essentiellement parce que je vais avoir quelques jours de congès, et que j'ai l'intention de me faire la saison 2 d'une traite à cette occasion !), j'ai donc jeté un oeil au premier épisode. Eh bien écoutez, vraiment on s'y croirait. C'est une série de WOWOW, sauf qu'elle est diffusée par één. Et les acteurs ne sont pas asiatiques. Sinon, c'est la même ! Les mêmes techniques narratives, la même volonté d'offrir plein de points de vue différents...

La construction de ce premier épisode est efficace en diable, à défaut d'être surprenante. Comme nous sommes invités dans les bureaux de la Leroi Building Company, nous savons ce qui se trame. Les habitants du quartier, eux, pas du tout.
Ils mènent leur vie sans rien remarquer, avec leurs propres petits problèmes, mais nous, nous repérons les détails avant-coureurs ; l'absence de suspense est ainsi compensée par une impression de compte à rebours invisible. Nous savons que tous ces préoccupations "anodines" ne sont rien, comparés à ce qui attend le quartier, mais nous sommes les seuls dans la confidence. C'est pourtant ce qui explique que, tournés vers leurs soucis personnels, les locaux ne sentent rien venir, et cela accentue, de fait, l'impression d'inéluctabilité : on sent que, quand ils vont s'inquiéter, il sera presque trop tard. C'est évidemment le but, et la série ne s'en cache pas.
Nul doute cependant que De Vijfhoek sème déjà tous les éléments nécessaires pour la réplique, notamment avec le personnage de la nana qui vient d'être reçue au barreau mais qui finalement décide de devenir journaliste (je vous l'accorde c'est pas très subtil) ; mais, comme les autres habitants du quartier, elle est pour le moment dans le flou.

Bonus non-négligeable, De Vijfhoek se déroule dans un quartier multilingue, cosmopolite, où les personnages se parlent en flamand comme en français. La vie du quartier est bien décrite, avec sa petite brasserie, la petite boutique du commerçant arabe du coin, le petit kiosque à journaux... Tout cela rend le quartier très vivant et réaliste. Ce qui est, forcément, nécessaire, afin de pouvoir compatir avec les habitants contre le grand capital. Eh oui, ce genre de séries laisse rarement le choix quant à la prise de position finale du spectateur, même en offrant un point de vue large, mais quand même subjectif sur la question.
Mais qu'est-ce que vous vouliez, vous ranger du côté des riches, peut-être ?!

Si le premier épisode de De Vijfhoek est pour le moment un peu mou (beaucoup, beaucoup d'exposition...), le trailer annonçant la suite des opérations est quant à lui plus alléchant. Et puis, ce sont en tout 13 épisodes qui ont été commandés, donc on a le temps d'être surpris par la tournure des choses.

DeVijfhoek
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Pour ce qui concerne le générique, puisqu'on est un peu là pour ça quand même, en fait il est musicalement divisé en deux parties. D'abord un côté très pop, avec une voix féminine qui fait des vocalises ; et puis, au bout de 19 secondes... je ne vous en dis pas plus, je vous laisse le découvrir. Mais je trouve que ça correspond assez bien à l'identité du quartier.
Identité que l'on retrouve, en filigrane, à travers des lumières, des images subliminales de plans, et surtout, le logo, qui reprend subtilement la forme d'un pentagone... ça tombe bien, c'est la traduction du titre de la série !

Sans être un générique inoubliable ni même très original, celui de De Vijfhoek lui ressemble bien, et dure quand même 30 secondes, ce qui est quand même un minimum. En tous cas la série part avec les bonnes cartes dans sa manche.

11 septembre 2012

Dans un mauvais jour

Le défi que whisperintherain et moi relevons cette saison n'est pas des moindres : regarder puis reviewer tous les pilotes qui sortiront. Cela englobe entre autres les séries britanniques, et même si j'ai toutes les peines du monde à faire la review de Bad Education, j'ai bien l'intention de réussir ma part du challenge.
Voici donc un post sur le pilote de Good Cop, sachant qu'évidemment, au bas de ce post, vous trouverez un lien vers le blog de whisper afin d'aller y lire sa review également.

GoodCop

L'écran était passé au noir et elle ne cillait pas. Le regard braqué sur l'écran, les sourcils légèrement froncés, et le visage impassible, elle était restée dans la même position depuis de longues minutes déjà, mais elle ne semblait pas l'avoir remarqué. Pourtant, c'était justement son silence et son immobilité qui la trahissaient, qui disaient combien elle venait de se prendre un méchant coup, sans quoi elle aurait au contraire sauté sur son clavier pour immédiatement rédiger une review. Mais pas cette fois. Cette fois, chacun de ses muscles était tendu, crispé, noué ; sa mâchoire était impossible à desserrer et même ses orteils s'étaient recroquevillés.
Elle était dans cette position depuis que, près d'une demi-heure plus tôt, elle avait hurlé d'horreur. Les cris avaient résonné dans la cuisine et le couloir, et peut-être même jusque sur le pallier. Il n'était pas dans ses habitudes de crier devant un épisode mais certaines fois, certaines très rares fois, elle ne pouvait s'en empêcher. Même après avoir regardé des centaines d'heures de télévision, il arrivait encore qu'il y ait des instants capables de la surprendre au point qu'elle n'ait pas le temps de réprimer son cri.

C'était l'angoisse du moment, d'abord. La montée d'adrénaline quand elle avait senti qu'il allait se passer quelque chose. Lorsque l'étau s'est refermé, elle n'avait pas été surprise, mais elle avait eu une sorte de demi-hoquet, moitié par soulagement que la tension retombe, moitié parce qu'il était évident que le pire était à venir. Elle avait presque cessé de respirer, les yeux écarquillés, sentant que ce qui allait se passer n'était pas anodin, bien au contraire.
Et puis, il y avait la violence. La violence était venue juste après, et elle était au limites du tolérable, allant crescendo, comme pour faire supplier tant les personnages que le spectateur. Quand elle avait lu dans le regard de la victime hébétée que c'était foutu, elle avait senti ses épaules tomber, comme sous le poids de la réalisation qu'elle allait assister à un massacre et pas juste un passage à tabac. Elle n'entendait ni ne voyait vraiment les réactions de l'autre, entendait à peine les rires des bourreaux, elle ne voyait, comme par persistance rétinienne, que les yeux de la victime. Et puis, elle avait vu le poste de télé, et c'était là que c'était sorti. Elle n'avait pas cherché à se calmer.

Jusqu'à cette séquence, elle avait été moyennement convaincue par l'épisode, principalement parce que le personnage central semblait tellement impossible à saisir. La dureté de son regard, ses rares expressions, son rôle de justicier efficace mais compatissant, lui semblait même difficile à appréhender. Comment ressentir de l'empathie pour une personnage qui ne semble pas en vouloir, qui évite même de partager son ressenti ? Elle ne comprenait pas les critiques positives qu'elle avait lues, hantée par la lourde impression d'avoir vu cela cent fois.
Mais c'était le cas, après tout. Ce regard un peu perdu, rivé sur le point d'horizon, ou fixant les gens comme pour regarder au travers d'eux, elle le connaissait ; son père était rentré, bien des soirs, avec ce regard-là, lui qui avait fait pendant plus d'un quart de siècle ce même métier. Le regard de celui qui en a tant vu qu'il ne peut plus accepter de se laisser démonter, sans quoi il va perdre tout contrôle de lui-même. Elle connaissait ce regard mais il ne l'émouvait plus.
Elle aurait voulu être émue par la première affaire sur laquelle le personnage et son collègue étaient intervenus, elle aurait aimé y sentir quelque chose, y trouver des éléments trahissant la personnalité du personnage, ou ayant une signification sociale, éventuellement. Elle trouvait que les séquences se succédaient sans avoir de sens. Elles en avaient un, bien-sûr. Ce qui leur manquait était un objectif, plutôt.

Après la scène de violence, quand le silence était retombé dans l'appartement, elle n'avait jamais réussi à se décrisper, ou au moins à relâcher sa mâchoire. Elle n'avait pas non plus réussi à retrouver cette émotion, ce rush, cette intensité, dans les scènes suivantes. Elle s'était brièvement demandé si elle ne se raccrochait pas un peu au sentiment d'horreur qu'elle avait ressenti au milieu de l'épisode, quand le reste des scènes était tant dénué d'émotion ou du plus petit impact sur elle. Elle ne comprenait pas comment le personnage trouvait le moyen de s'intéresser encore à son affaire précédente, ou à garder un ton neutre en allant proposer son aide à son père malade.
Tout au plus avait-elle été prise de surprise par une phrase de celui-ci. "You know the trouble with you being a copper is you see too much shite. Life's good. People are good." Elle s'était demandé si quelqu'un avait jamais pensé à faire la remarque à son père tant cette phrase sonnait vrai. Et puis c'était passé.

Elle avait traversé le reste de l'épisode avec l'impression de flotter au travers des scènes, de ne pouvoir s'y accrocher, se laisser atteindre par elles. Peut-être parce que c'était l'impression que renvoyait le héros. Peut-être que si elle avait pu s'approcher de lui, avoir l'impression de sentir ce qui le tourmentait, et pas simplement de le deviner, elle aurait été bluffée par cet épisode. Elle s'y sentait tellement extérieure.
Mais tout ce qui restait était le souvenir d'un cri de terreur, et le regard fixe sur un écran noir.

Elle avait passé plus d'un quart d'heure, le regard braqué sur l'écran, les sourcils légèrement froncés, et le visage impassible. Elle se demandait comment elle allait réussir à mettre des mots ce qu'elle venait d'expérimenter avec le pilote de Bad Cop.
Et puis elle desserra les doigts plantés dans son accoudoir, saisit la souris, et ouvrit un nouvel onglet de son navigateur...

Challenge20122013

10 septembre 2012

With a little faith

"Je ne sais pas ce que je suis...
- Religieuse. Si tu es autant tourmentée, c'est que tu es religieuse".
(Hodaya et Avri, Srugim - 1x08)

Il y a peu de choses que j'aime autant qu'écouter Letting go of God de Julia Sweeney (et plusieurs fois par an, qui plus est). Pour l'athée que je suis, c'est une source de réflexion constante, même au bout d'une dizaine d'écoutes.
Ce spectacle brillant, sorti également au format CD, raconte comment la comédienne (...ex-SNL, on ne se refait pas), élevée dans une famille aux racines irlandaises et très catholique, se pose des questions sur sa foi. Vers la fin de cet incroyable voyage spirituel (plein de drôlerie et d'intelligence, prodigieusement écrit, et jamais dénué d'émotion, au passage), quelqu'un lui glisse : "tu sais, tu aurais dû être Juive. Il est attendu des Juifs qu'ils soient en lutte avec leur foi".
Au terme de la première saison de Srugim, j'ai l'impression que la série un très bel exemple de cette lutte interne, de ce conflit. Il est présent mais il est naturel. Il ne s'agit pas de remettre en question sa foi pour la plaquer, mais juste de ne jamais totalement se laisser envahir par elle, d'accueillir le doute et la remise en question, pour mieux vivre ses croyances. Pour vérifier régulièrement ce que l'on en pense, si cela nous convient, et si on est prêt à poursuivre le chemin, avec ses moments de grâce mais aussi les autres.
En 15 épisodes (regardés depuis samedi, donc), Srugim a su faire une magnifique démonstration de cette lutte sans jamais en faire une guerre.

Cette saison a été l'occasion pour moi de découvrir une bande de trentenaires qui vivent leur religion à la fois comme quelque chose de collectif, généralement pour tout ce qui est positif (célébrations, entraide...), mais qui ont aussi un rapport intime et douloureux à la religion, lorsqu'il s'agit de se retrouver seul avec Dieu, et de prendre des décisions.

Srugim-Ocean

Hodaya, en particulier, est très touchante. Elle est étudiante en "Biblical criticism", fille de rabbin, ce qui, on l'imagine, n'a jamais dû être facile à concilier avec son tempérament assez décomplexé (on apprend en effet au début de la saison qu'elle porte des jeans mais n'a pas osé l'annoncer à sa grand'mère qui, très conservatrice, aurait du mal à l'accepter). Sa rencontre avec un "non-religieux" (attention, dans le contexte de la série, cela ne veut pas dire athée, mais plutôt non-orthodoxe) va la pousser dans ses retranchements. Elle vit sa pratique religieuse comme un fardeau, au point que des problématiques de coming out vont être abordées. A travers plusieurs scènes (qui, il me faut le préciser, comptent parmi les plus belles de cette saison), Hodaya va essayer de pousser les limites de sa propre foi, se fâcher avec elle-même, son petit-ami, ses amis et un peu Dieu, et finalement déterminer, à tâtons, ce qu'elle s'autorise à faire, et ce qui est hors-limites.
Quand je dis que Srugim ne parle pas de rejeter la religion, mais s'autorise abondamment à la remettre en question au plan individuel, c'est là, dans cette quête intérieure qui touche à son expérience sociale et amoureuse.

Personnage au départ introverti, Amir va également offrir de très belles scènes. C'est un homme profondément traditionnaliste, mais qui sort d'un divorce qui l'a profondément atteint. Il sert d'abord de serpillère à son colocataire Nati (il faut dire que ce dernier n'est qu'ego), avant de progressivement s'affirmer. Cela ne le mettre pas à l'abri des questionnements moraux, notamment lorsqu'il renoue avec son ex-femme...
Les dilemmes des personnages, même s'ils sont de toute évidence ancrés dans une culture qui nous reste un peu hermétique, sont finalement des représentations de questions universelles. Amir se retrouve seul, il ne parvient pas à se trouver quelqu'un parce que les divorcés sont quasiment des pestiférés sur le marché de la "drague" de Jérusalem, et même s'il ne remet pas en cause sa foi comme peut le faire Hodaya, il en teste aussi les limites à sa façon. A aucun moment il n'envisagera de tourner le dos à sa pratique religieuse, et au contraire, celle-ci lui offrira plusieurs fois la possibilité d'exprimer ce qui le tourmente, à l'instar de cette incroyable scène de chant avec des inconnus pendant shabbat, d'une grande force.

Forcément, dans Srugim, la religion est omniprésente, c'est clair. Et cela dérangera peut-être les plus anticléricaux, j'imagine, de voir les personnages prier dans presque chaque épisode, d'entendre des chants religieux, de voir des attributs religieux portés par quasiment tout le monde. Mais non seulement il n'y est jamais question de prosélytisme, sous aucune forme, mais en plus, elle prend une signification particulière dans le cadre de la vie des célibataires qui sont au centre de la série.
Car la religion représente aussi et surtout leur bagage dans la vie ; elle est à la fois ce qu'ils sont (leur éducation, leur culture), ce qu'ils font (les rites par lesquels la religion se manifeste), ce qu'ils pensent (leurs opinions politiques en découlent, par exemple), ce qu'ils sont prêts à accepter... Par-delà le socle commun, chacun a ses propres limites, sa propre interprétation de ce qui est acceptable ou pas, et cette limite bouge même en permanence pour les personnages qui sont le plus en proie au doute et à la remise en question. Déterminer où est la limite entre ce que l'on doit faire, ce que l'on veut faire, et ce que l'on refuse de faire, lorsqu'il s'agit de rencontrer l'autre : y a-t-il plus universel que cela ?
Et pourtant, j'ai l'impression que le thème n'a jamais été exploité de cette façon dans la plupart des séries parlant des célibataires, notamment aux USA où les questions amoureuses, sexuelles, et la peur de la solitude, semblent au centre des préoccupations.
Mais dans un contexte où le mariage est considéré comme une fin en soi, et la chose la plus naturelle et incontournable au monde, et où le divorce est encore accompagné d'un fort stigmate, il n'est pas très étonnant que des personnages qui savent qu'ils s'engagent pour la vie pensent plutôt à ce genre de choses qu'à des problématiques hédonistes, par exemple.
Mais pour moi qui suis si peu friande, vous le savez, de séries autour du domaine amoureux, j'ai eu l'impression de mieux comprendre et mieux ressentir ce qu'il se passait dans Srugim, parce que justement, il s'agissait d'aller un peu plus loin que les interrogations habituelles sur "cela va-t-il marcher"/"est-ce que je l'aime/il m'aime"/etc... Sans doute y a-t-il de la place pour les deux écoles, car il en faut pour tous les publics, mais celle-ci me touche plus.

Même si j'ai énormément de mal avec cette pression constante autour du mariage (les protagonistes répèteront en plusieurs occasions des phrases comme "on se connait depuis trois mois maintenant, il est temps" ; un épisode nous montrera une femme qui, fiancée et ravie de l'être, plaquera son promis pour un type qui la demande en mariage sur le champs...), qui sonne à bien des égards comme une aberration, je suis admirative par la façon dont les personnages conçoivent cet engagement. Pour eux, il faut le prendre, le plus vite possible, et presqu'avec le premier venu, mais il faut aussi ne pas se trahir et, partagés entre les deux, même dans la précipitation, je trouve leur cheminement plus profond que celui de beaucoup de personnages occidentaux sur le point de s'engager de façon similaire. La romance a toujours sa place, bien-sûr, mais elle n'est pas le conte de fées idéalisé non plus, et finalement, en étant plus pressés de se marier que leurs équivalents américains ou asiatiques, les personnages de Srugim font preuve d'une plus grande mesure.

Srugim-Candles

Et puis sur un plan plus téléphagique, j'ai vraiment eu la sensation de suivre une série au charme paisible, reposant... Jamais de cris. Une gestion incroyable des silences. Une bande-son modeste et douce. Une caméra qui opère un léger mouvement de balancier en quasi-permanence. Et une fois de temps en temps, des scènes d'une grande simplicité, mais merveilleusement belles et touchantes, inspirées.
Faire ce chemin en compagnie de la bande était un moment incroyablement stimulant, de par toutes les choses que j'avais à découvrir, à apprendre, à comprendre ; mais c'était aussi, en quelque sorte, un moment de recueillement, d'introspection, et pour l'athée que je suis, c'est toujours très impressionnant de se retrouver dans la situation où on a l'impression de toucher à quelque chose de religieux grâce à une série. La richesse spirituelle, le parcours intérieur que permettent des séries comme Srugim (ou Cloudstreet, dans un registre légèrement différent) fait bien plus pour élerve spirituellement le spectateur que toutes les prêches de 7 à la Maison.

C'est exactement pour des expériences comme celle-là que je regarde des séries, et à plus forte raison des séries venues des quatre coins du monde. Il s'agit là d'une véritable aventure, capable de combler sur un plan émotionnel, téléphagique, et intellectuel. Je crois qu'il est inutile de souligner combien je vais m'engager dans la deuxième saison de Srugim avec enthousiasme, d'autant le character development effectué dans la série me fait dire que ce ne pourra qu'être meilleur encore !
Un joli coup de coeur que cette série. Parfois, ça vaut vraiment le coup d'acheter un DVD à l'aveuglette !

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9 septembre 2012

Mazel tov !

Après vous avoir parlé du pilote de Srugim, j'ai reçu plusieurs réactions intéressées ; j'ai fini par proposer sur Twitter d'uploader le pilote de la série (avec sous-titres anglais) si au moins 5 personnes manifestaient leur intérêt pour cet épisode. Et vous avez été plus de 5 en à peine un après-midi ! Voici donc comme promis un post La preuve par trois sur ce premier épisode ; une catégorie de ce blog dont le concept est, pour rappel, qu'on y parle d'un épisode à l'aide de 3 captures-clé, et d'une petite surprise en fin de post.

A noter que la lecture de mon post précédent sur Srugim est recommandée pour remettre l'épisode dans le contexte de la série et avoir plus de détails sur ce pilote, mais pas non plus d'une absolue nécessité.

Srugim-1
Je crois que ça veut dire non.
Au-delà des questionnements de célibataires dont fait état l'exposition de cet épisode inaugural, c'est l'intrique de Reut qui entre le plus dans le coeur du sujet ; elle est d'ailleurs la seule à commencer la série en étant dans une relation. Cette relation en question a duré 5 mois, et son prince charmant, qui vient d'obtenir une juteuse promotion, décrète donc que maintenant serait le bon moment pour se marier. Alors, qu'est-ce qui vaut à Reut d'arborer ce magnifique sourire d'enthousiasme ? Eh bien, la seule raison pour laquelle il lui propose cela, c'est parce que dorénavant son salaire n'est plus supérieur à celui de son copain. Bonjour romance.
Clairement, ce n'est de toute façon pas l'Amour que cherchent les personnages de Srugim. L'épisode dépeint par petites touches un milieu culturel où le mariage n'est pas tellement un objet romantique, mais plutôt une situation sociale, et la confirmation qu'on a fait de sa vie ce qu'on était supposé en faire. Un peu plus tôt dans l'épisode, Nati se plaint par exemple que s'il avait laissé ses parents lui choisir une épouse, ça ferait 12 ans qu'il serait marié... Sauf qu'au 21e siècle, les préoccupations amoureuses et les critères sont différents. La force de Srugim sur ce thème, c'est qu'aucun des personnages ne remet fondamentalement cette culture en cause. Ils essayent au contraire d'empiler les valeurs religieuses rigoureuses de leur pratique, avec ses convictions personnelles, comme ici Reut et ses idées féministes.
A noter que Reut est la seule des 5 amis à gagner un salaire mirobolant (le double du salaire moyen à Jérusalem d'après ce que j'avais lu dans un article), ce qui explique qu'elle soit la seule à ne pas être en colocation. Glissé rapidement dans le pilote, cet axe prendra donx de l'importance ultérieurement.

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Voilà un très bon exemple de passages qui ponctuent la série (y compris au-delà du pilote) et qui nous sont parfois un peu obscurs pour nous autres goy. Les rituels de shabbat sont, évidemment, très importants dans la pratique du judaïsme, et évidemment, les orthodoxes y sont plus attentifs encore. Sauf qu'on en ignore les menus détails, comme par exemple celui-ci : Yifat a commencé sa prière du vendredi (celle qui précède le dîner), mais son téléphone portable sonne ; impossible pour elle de le décrocher (des actions sont interdites jusqu'à la fin du shabbat), elle est donc obligée de demander à Hodaya de décrocher à sa place, ce qui est d'autant plus agaçant pour elle que ce dîner est aussi la première occasion pour Yifat de passer du temps avec Nati et qu'elle est nerveuse.
Srugim parvient avec brio à insérer ces rites dans le quotidien de ses personnages, si bien que même quand on ne les comprend pas, on les ressent comme très naturels. Et puis, ils forment au bout du compte un contexte fort, qui rappelle combien la religion a une place importante dans la vie des protagonistes. Ils ne parlent jamais de religion sur un plan théorique, théologique ou politique, ce qui permet à tout le monde, athées y compris, de se retrouver idéologiquement dans la série ; en revanche, il est énormément question d'usages, de rites et d'interdictions dans cet épisode (et les suivants, puisque depuis mon post précédent j'en ai regardé 4 autres), et par ricochets, de la façon dont ceux-ci sont conciliables avec la quête amoureuse des personnages.

Srugim-3
Amené à devenir un rendez-vous régulier de la série, le repas d'erev shabbat (la veille de shabbat, soit le vendredi soir) est ici l'occasion de montrer comment une tradition religieuse devient aussi une tradition pour ce petit groupe de futurs amis. Puisque Reut a rompu avec son prétendant en début d'épisode, et que c'est lui jusque là qui disait la prière bénissant le dîner (kiddush, donc), il faut trouver un volontaire pour le remplacer ; les garçons, embarrassés (c'est le premier dîner de shabbat avec les filles), essayent de se refiler la responsabilité poliment, ce qui agace prodigieusement Reut qui est d'une patience limitée (vous pouvez presque voir sur la capture la fumée lui sortir par les oreilles).
A travers ce premier repas pris ensemble (et puisque shabbat est hebdomadaire, on devine qu'il y en aura d'autres), on sent que la tradition religieuse est sur le point de devenir une tradition plus intime pour ce groupe, qui cherche ici ses marques et son organisation. La suite du repas va d'ailleurs clairement établir la future dynamique interne, entre Amir qui se fait écharper vif par Reut, Yifat pour qui la soirée ne tourne pas comme prévu...

Après avoir vu plusieurs épisodes, je suis rétroactivement encore plus impressionnée par le style tout en nuances, en subtilité et en douceur dont Srugim fait montre dans le pilote.
L'exposition des personnages et des situations se fait avec une certaine brusquerie (rien n'est mis dans un contexte de façon explicite, comme si on prenait la vie des protagonistes en marche), et pourtant il se dégage une grande impression de fluidité de ce premier épisode, capable de jouer son exposition avec délicatesse, sans avoir l'air d'expliquer les choses de façon trop explicite, mais sans jamais nous montrer un monde dans lequel il serait difficile de pénétrer. Tous les ingrédients sont posés avec élégance pour avoir les bases des problèmes soulevés dans la série, tout en évitant les lourdeurs et les clichés. C'est très bien vu...

Voilà ! Maintenant, c'est votre tour, il ne vous reste plus qu'à !
Et j'espère que vous me ferez part de vos impressions en commentaire (sous ce post ou le précédent, à votre guise), ou que vous me fournirez un lien vers votre blog si vous en faites une review : je suis curieuse de croiser les points de vue !
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9 septembre 2012

Observe le jour du Sabbat

Srugim-logo

Cet été, j'ai fini par le faire.
Ca faisait deux ans que j'avais repéré les DVD avec sous-titres de Srugim, mais entre le prix et le fait que la série n'était pas finie, je restais hésitante. La première saison de Srugim était deux fois plus chère que l'intégrale de Mesudarim sur le site d'Israel-catalog, par exemple, un coup à vous dissuader même les téléphages les plus dépensiers ! Et puis, quand il a été clair il y a quelques mois que Srugim n'aurait pas de 4e saison, les choses ont commencé à être plus claires pour moi. Finalement, j'ai cassé ma tirelire le mois dernier pour m'offrir l'intégrale de la série.

Sur Srugim, j'avais entendu tout et son contraire. C'est que, il faut que je vous explique : c'est une série israélienne où il est fortement question de religion. Pour polariser les réactions, on imagine difficilement plus efficace. Régulièrement qualifiée de "Friends juive" (un qualificatif ridicule par essence vu qu'il s'agit d'une série dramatique) ou "Sex & the City juive" par plusieurs rédacteurs occidentaux qui visiblement se lisent les uns les autres avant d'écrire au lieu de regarder les épisodes (je n'ai pas fait exception), la série était auréolée d'un certain mystère, mais se montrait aussi alléchante de par son sujet particulier (surtout pour une goy), le fait que les personnages soient ouvertement très religieux (et sionistes), et le succès qu'elle semblait trouver.
Et puis, aussi j'avais cagoulé le générique, je le trouvais très doux et réussi, et vous savez ce que c'est, parfois un générique peut vous conquérir et vous rendre terriblement curieux.

Alors allons-y pour les présentations, histoire d'essayer de tous comprendre de quoi on parle. Srugim est l'histoire d'une bande d'amis (3 femmes et 2 hommes), qui sont tous des juifs orthodoxes vivant dans le quartier de Katamon, à Jérusalem, qui est apparemment devenu LE quartier où vivre pour les célibataires orthodoxes. On peut y vivre selon les rites exigeants de sa foi sans difficulté... tout en y cherchant l'âme soeur.
C'est en effet le problème essentiel de ces jeunes gens : dans une communauté qui accorde énormément d'importance à la famille, être célibataire est supposé être une situation temporaire, certainement pas un état et encore moins un mode de vie. Chacun ressent donc cette pression de devoir trouver la personne avec qui il ou elle passera sa vie. Il s'agit donc de rencontrer quelqu'un de l'autre sexe à tout prix, dans une culture qui pourtant ne favorise pas le mélange des sexes, et ce dans tous les sens du terme. Forcément, entre une pratique religieuse stricte et des aspirations de romance, l'équilibre est difficile à trouver.
La question est d'autant plus aigue qu'on est au 21e siècle, que les mariages arrangés sont tombés en désuétude, que les années d'étude repoussent d'autant l'entrée dans le monde adulte, et que les femmes ne sont plus autant soumises à leur époux. Autant de raisons qui font qu'il est plus compliqué pour cette génération de trouver chaussure à son pied, par rapport aux précédentes.

Cela rend d'ailleurs Srugim bien plus intéressant que la plupart des histoires de célibataires, ne serait-ce que par principe : la question n'est pas juste de faire des rencontres et de trouver quelqu'un (et d'essayer un temps, de voir que ça ne marche pas, puis de répéter la manoeuvre jusqu'à ce qu'enfin on finisse par se marier), mais bien de trouver quelqu'un qui partage les mêmes valeurs, et que ces valeurs se construisent à tâtons, en s'appuyant sur une croyance religieuse commune, mais que chacun développe ses propres critères personnels à partir de là.
Et dés le pilote, Srugim montre bien que finalement, la religion n'est qu'un outil pour faire le tri dans les opportunités qui se présentent, mais ne représente pas le critère unique à partir duquel choisir un ou une partenaire pour la vie.

Tout commence pour Srugim alors que Yifat et Hodaya, deux colocataires partageant un appartement entre filles (vivre avec un homme hors des liens du mariage est évidemment inimaginable), discutent au petit déjeuner. On ne comprend pas tout de suite de quoi elles parlent, mais ce qui est sûr, c'est qu'il est question d'un mec (et ça c'est clairement universel !).
Progressivement on comprend que Hodaya est retombée sur un type pour lequel elle avait le béguin plusieurs années en arrière, mais dont elle n'a finalement pas gardé un bon souvenir ; elle est retombée sur lui récemment et se demande si ça vaut le coup qu'elle le revoie, puisque, ne la reconnaissant pas, il l'a invitée à sortir. En attendant que Hodaya prenne sa décision, Yifat, elle, participe à une rencontre de speed dating, et y rencontre un type charmant, Nati, qu'elle avait rencontré brièvement quelques années en arrière lors d'un séminaire de Bnei Akiva. Le courant passe très vite entre eux et ils décident de s'éclipser pour aller prendre un café ; si sur le coup, le fait que Nati soit médecin était un bon point pour lui, manque de chance : il est bipé alors qu'ils n'ont fait que trois pas. Yifat invite alors Nati à venir pour le dîner du vendredi (erev shabbat), veille du samedi chômé et donc repas très important dans la communauté juive.
Cette exposition cède la place à celle de Reut, dont on ne comprend pas immédiatement en quoi elle est liée aux précédentes. Reut est en train de déjeuner avec un homme qui lui annonce d'abord qu'il vient d'être promu vice-président, ensuite qu'il a maintenant l'argent nécessaire pour se marier. Mais la belle Reut n'a pas l'air très émue par cet argument (et pas tellement plus par le "ça fait déjà 5 mois que nous sortons ensemble", ça nous faisait un point commun) et prend la mouche : ils avaient déjà l'argent de se marier, s'ils le voulaient. Son argent à elle. Mais le bellâtre a attendu de gagner autant d'argent que Reut pour faire sa demande. Le goujat sexiste n'aura pas le temps de récupérer sa mâchoire que Reut aura déjà refusé sa proposition de mariage et rompu avec lui. Visiblement, c'est le retour à la case départ.
Enfin, on apprend que Nati a emménagé avec son ami Amir. Ce dernier vient de divorcer et, étant d'un naturel peu affirmé, a laissé tout l'électro-ménager à son ex (mais fort heureusement, il a pu récupérer le Talmud, petit veinard !). Qui plus est, il est professeur de grammaire, ce qui tout de suite brosse un portrait d'homme réservé voire soumis...

Ce qui est fascinant avec les personnages de Srugim, c'est que bien que faisant partie d'une communauté ayant un socle de valeurs et bien-sûr de croyances en commun, ils ne sont pas taillés dans le même moule. Cela permet d'avoir des nuances intéressantes. Ainsi, avec son salaire apparemment élevé, et surtout sa petite pointe d'aggressivité, Reut est une femme très affirmée, avec beaucoup de répondant, et dont le regard lance de la foudre en quasi-permanence. On sent que de son côté, Hodaya est une femme très indépendante, qui prend du recul vis-à-vis de sa religion (elle est fille de rabbin mais spécialise son cursus universaire en "Biblical criticism") et peut-être même aussi certains préceptes ; elle n'est par exemple pas du tout choquée à l'idée de faire dormir un homme à la maison, même en tout bien tout honneur. A l'inverse, Yifat, sans être une romantique niaise, n'a de toute évidence qu'un objectif, rester aussi sage que possible en attendant de trouver son futur époux, et est très attachée à ses principes ; c'est une personne indépendante, mais elle a une forme de fragilité et d'insécurité qui la rend très touchante. Du côté des garçons, on aura l'occasion de brièvement voir quelques rustres machistes se faire éliminer rapidement de la vie des filles ; Nati, lui, est un type à qui tout réussit, qui ressent la pression du mariage, mais qui n'a pas l'air de comprendre qu'il souffle le chaud et le froid. Quant à Amir, c'est purement et simplement un paillasson, mais on sent qu'il a bon coeur et qu'il n'est pas totalement idiot, il est juste plus vulnérable suite à son divorce.
Là où, dans une série, on a souvent un personnage aux valeurs morales plus rigoureuses, ici, on en a donc cinq, et cela permet d'éviter la caricature, tout en abordant les problèmes de ces célibataires sous plusieurs angles.

Après l'exposition des personnages, qui passe par plusieurs autres scènes dont je vous fais grâce, mais qui ne font que confirmer nos premières impressions, Srugim se lance dans une longue soirée, celle du vendredi.
Yifat a en effet mis les petits plats dans les grands pour impressionner Nati (lequel a d'ailleurs demandé s'il pouvait amener Amir), et c'est là qu'on apprend donc que Reut participe également à ce repas du vendredi. Jusque là on ignorait qu'elle était amie avec les filles, mais elle se montre là encore très assertive, prenant la direction des opérations pendant les prières rituelles alors que les garçons n'ont pas trop l'air de savoir comment se comporter en présence des filles.

La séquence du dîner, si elle lançait quelques axes pour l'avenir (Yifat qui aimerait bien que Nati la réinvite, Nati qui en réalité a des vues sur Hodaya, Reut et Amir qui ne pourraient être plus différents et qui se prennent le bec...), m'a surtout rappelé la dynamique des dîners du vendredi de Gilmore Girls. En cela qu'on comprend que cela peut aisément devenir un rendez-vous, et donc un gimmick, permettant de régulièrement mettre les personnages ensemble, de faire éclater les conflits, bref, d'éviter que les choses marchent par tandem. La tentation serait grande, sans ce rituel de veille de sabbat, de se contenter de faire interagir Yifat et Hodaya, ou Nati et Amir, simplement parce qu'ils vivent ensemble, ou bien Nati et quiconque finira par sortir avec lui, simplement parce qu'il y a une relation amoureuse. Ce qui fonctionne comme une utilisation évidente du contexte religieux est donc un merveilleux outils pour les scénaristes, afin de forcer tout ce petit monde à se parler ensemble. Alors même que la culture de la mixité n'est pas très prégnante... C'est bien joué !

Srugim-promo

Le revers de la médaille du contexte si particulier de Srugim, puisqu'il s'intéresse à une communauté religieuse orthodoxe dont les usages ne sont pas forcément connus du grand public (et a fortiori du grand public non-juif), c'est qu'il nécessite une grande dose de concentration. Si vous n'avez aucune éducation religieuse juive, comme c'est mon cas (non, avoir vu l'intégrale d'Une Nounou d'Enfer huit fois ne compte pas), vous ne connaissez pas grand'chose des rites qui sont mentionnés ou montrés comme des évidences pendant l'épisode. De nombreux noms propres, également, se rapportant à la scène religieuse, à l'instar de Bnei Akiva que je citais plus haut, sont lancés hors de tout contexte (je suis bien contente de n'avoir jamais tenté la VOSTM, car la VOSTM marche essentiellement grâce au contexte !). De ce côté-là, le grand public en Israël n'était, je pense, pas trop perdu.
Mais ce qui est intéressant dans le succès de Srugim, c'est que même ce qui est propre aux orthodoxes ne fait l'objet d'aucune sorte d'explication. Et finalement cela rend les choses plus belles dans le déroulement des épisodes, et confère à la série une aura qui lui permet de sortir de la trivialité coutumière des histoires d'errances amoureuses.

En regardant Srugim, j'étais tentée parfois de tout mettre en pause pour aller rechercher un terme spécifique (beaucoup de mots d'origine religieuse ne sont pas traduits dans les sous-titres), et je ne savais pas toujours si mon handicap était dû au fait que je ne suis moi-même pas juive, ou au fait que la série a décidé de ne rien expliquer dans le domaine sacré. Finalement je ne l'ai pas fait, j'ai été au bout de l'épisode en acceptant qu'il y ait quelques petites choses qui m'échappent.
En fait, je crois que c'est aussi ce qui fait que Srugim fonctionne : l'universalité se loge dans le fait que même si dans la pratique, il y a des choses qui nous échappent pour tout ou partie dans la pratique religieuse de ce petit groupe, ils ont quelque chose de très accessibles sur un plan humain. La façon dont Hodaya remet en cause certaines choses, le petit côté féministe de Reut, la pétillance un peu triste de Yifat qui est tendue vers un seul but, la façon dont Amir s'excuse en permanence, ou la froideur de Nati, sont les meilleures portes d'entrées dont on pouvait rêver pour aborder la série.

Et puis, la série est incroyablement sereine dans son déroulement. Pas tellement à cause de l'angle religieux, mais parce qu'une grande importance est donnée à l'impression de naturel, et parce que même pendant les moments de crise il n'y a aucune sorte d'hystérie (c'est assez frappant sur la fin). Il se dégage de l'ensemble un grand sentiment d'équilibre, de calme, et de modération. C'est très appréciable (et confirme que la série n'a pas grand'chose de commun avec Friends et Sex & the City du côté du ton, du jeu ou des dialogues). On est dans un drama d'une grande sobriété, qui a donné la priorité à ses personnages mais qui ne veut pas les mettre en scène de façon théâtrale, et qui sait user des silences, des regards, et même (je crois que c'est le plus précieux), des dialogues prononcés d'une voix détendue.
Le monde de Srugim a quelque chose de très réaliste, pour autant que je puisse en juger, en tous cas d'authentique et de paisible, où les personnages apparaissent en fait comme des personnes. Ils ne sont pas écrits, ils respirent. Srugim pourrait presque être un documentaire, pour un peu.

A la fin de l'épisode, je me suis dit que ce serait sûrement très agréable de passer du temps avec ces cinq personnes, parce qu'ils ont l'air tellement normaux, tellement réels, tellement palpables, que je n'aurais presque par l'impression de regarder une série, mais juste d'être à leurs côtés. Et maintenant que j'ai l'intégrale, vous pensez bien que je ne vais pas m'en priver.
Ah non, c'est parfait ça alors, merci. Un coup de coeur en pleine rentrée US, vraiment ça m'aide beaucoup, tiens !

8 septembre 2012

Française

Tout a commencé avec des séries américaines. J'ai regardé toutes sortes de séries quand j'étais petite, à l'époque où la nationalité n'avait pas d'importance. Je ne savais pas faire la différence entre une fiction américaine et une co-production australo-polonaise, et ça ne m'intéressait même pas d'apprendre. D'ailleurs je ne sais pas comment je l'ai apprise, cette différence. On est nombreux à l'apprendre, et je ne sais pas comment ; quelque chose s'insinue dans notre naïveté de jeune spectateur et nous apprend un sectarisme que je ne m'explique pas. Mais que j'ai bien connu, et dont j'ai mis longtemps à me défaire. Toujours est-il qu'arrivée à l'adolescence, je ne jurais déjà plus que par les séries américaines.
C'était, sans doute, une question de proportions. Le nombre de séries américaines diffusées à la télévision, à des heures où je pouvais la regarder, ça a sans doute beaucoup joué. De la même façon que j'ai fait partie de la génération qui, avec La Cinq et le Club Dorothée, a intégré certains codes de la fiction animée japonaise, entrebâillant bien des portes pour la suite.

Les premières séries que je me rappelle avoir regardées (et pas simplement avoir vues parce que la télévision était allumée) étaient américaines ; c'étaient des séries comme L'Enfer du Devoir, La Belle et la Bête, MacGyver. Depuis c'est resté. C'est même devenu un leitmotiv : seules les séries américaines étaient dignes d'exister à mes yeux, je considérais que c'était la preuve que j'étais sélective, exigeante, voire même élitiste. J'en regardais d'autres, parfois sans faire exprès (comme Invasion Planète Terre, dont je n'avais pas percuté malgré le logo concluant son générique de fin qu'elle était canadienne), mais quand je savais qu'elles étaient étrangères, c'était avec la conviction qu'elles étaient inférieures.

Il y avait une hiérarchie. Les américaines étaient là-haut, et ensuite on allait décroissant selon les préjugés. Il est à peine utile de préciser que la France se trouvait tout au bas de la pyramide.

Progressivement, j'ai apparemment appris à reconnaître au premier coup d'oeil une production allemande ou britannique. Je pouvais zapper, passer à peine une seconde sur une chaîne, ne même pas lever le doigt du bouton enfoncé de la télécommande, et déterminer la nationalité d'une fiction que je n'avais pourtant jamais vue auparavant. Aujourd'hui je me dis que c'est parce que le catalogue de séries allemandes ou britanniques des chaînes françaises ne se renouvelait pas beaucoup, et que ce que je prenais pour une preuve de nationalité (inférieure, donc) était peut-être simplement d'âge (et quand on a 15 ans, une série des années 70 est forcément inférieure). Peut-être que comparer toute série allemande à Derrick, quand Derrick est l'une des rares séries allemandes omniprésentes sur les écrans français, n'aide pas.
Mais peu importe les raisons. Le sectarisme était là.

Quand j'ai lancé ce blog, je regardais déjà quelques séries japonaises de temps à autres. Et j'y étais plutôt attachée. Mais leur brièveté me donnait une excuse pour ne jamais en citer une seule quand on me demandait quelle série je regardais en ce moment, ou quelles étaient mes préférées. C'étaient des sous-séries parce qu'elles ne venaient pas des Etats-Unis, et parce qu'elles ne s'inscrivaient pas dans la durée. Ce n'était pas ce qu'une série était supposée être. Quand j'ai commencé à envisager écrire sur les séries asiatiques ici, ça a été l'objet d'une véritable question pour moi. C'est aujourd'hui assez caractéristique d'aller lire mes posts de l'époque, on peut y sentir la bataille interne contre une certaine honnêteté intellectuelle (je regarde ces séries, j'en apprécie) et mon opinion préfabriquée me dictant de considérer que seule la fiction américaine est digne de mon attention.
Petit à petit, les choses ont changé. Elles ont beaucoup changé.
C'était une aventure pour moi de me faire de la place sur ce blog aux séries japonaises, puis sud-coréennes, puis asiatiques dans un sens plus large (j'ai évoqué quelques séries indiennes).
C'est toujours une aventure. Ces derniers mois, j'ai acheté des DVD venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande, d'Islande, de Norvège, d'Israël, du Brésil, de Grande-Bretagne, et j'en passe. J'en ai un d'Afrique du Sud qui doit prendre l'avion sous peu.

Une fois qu'on a ouvert les frontières, il n'y a plus de limites, que des horizons.

Maintenant que c'est si facile pour moi de sauter d'un pays à l'autre ! Je ne me dis plus "c'est polonais, c'est forcément merdique". C'est même un tel plaisir, je me suis libérée de presque toutes mes idées en préfabriqué et c'en est libérateur ! Aujourd'hui c'en est au point où j'ouvre un onglet de mon navigateur et cherche au hasard des idées de séries venant de pays dont je n'ai pas vu la moindre image, juste pour voir ce qui se fait là-bas, parce qu'il se fait toujours quelque chose, et il se fait toujours quelque chose de bien.
Il était donc temps de m'attaquer à mon plus grand défi. Ma plus grande aventure téléphagique. La fiction française. A ces mots, le tonnerre gronde, éclairant mystiquement mon visage avant de tous nous replonger dans l'obscurité et le silence, comme dans un mauvais film d'horreur.

La fiction française. Des Julie Lescaut et des Joséphine, ange gardien un peu partout. C'est difficile d'être téléphage et de ne pas être lescaut intolerant. Il y a un minimum de bon goût, quand même, merde, on a sa dignité. Mais sans doute mon allergie à TFHein (seule chaîne supposée être allumée en présence de mon père) a-t-elle joué un rôle important dans ma conviction que les séries françaises étaient en général totalement merdiques.

J'y repensais récemment, après avoir testé plusieurs séries françaises ces dernières années, et en particulier ces derniers mois. Le Visiteur du Futur, Kaboul Kitchen, Hénaut Président, et quelques autres, ont été vues de bout en bout, par exemple, là où si souvent je n'avais pas eu la force, par le passé, d'aller au-delà du pilote (à l'instar de Maison Close ou Hard). Je ne dis pas que j'apprécie toutes les séries françaises que je regarde : il y a encore des Clash, des Workingirls. Mais enfin, j'y travaille, vous savez. J'essaye d'apprendre à ne plus me dire "c'est français, c'est forcément merdique". J'ai encore ce réflexe, je n'ai pas encore fini mon aventure, mais en tous cas, je suis dessus, je planche sur la question. Je me soigne.
Je crois que je commence à peine à mettre de l'ordre dans ma tête de ce côté-là. A comprendre pourquoi je suis restée, pendant des années, fermée comme une huître à la simple mention de "série française". Pourquoi j'ai toujours eu cette véhémence, ce rejet violent, lorsqu'il s'agissait de les regarder ou même juste d'en parler.

L'idée qui commence à germer dans mon esprit, et l'analyse est peut-être erronnée, je ne sais pas, mais c'est que je crois que c'est un problème purement identitaire. Je ne me reconnais pas dans une série française.
Maintenant, bon, vous allez me dire : "mais enfin lady, tu peux pas nous dire ça alors qu'encore récemment, tu clamais que ce n'était pas l'identification ton but dans la téléphagie". Ah, je vois, oui, alors laissez-moi clarifier, je me suis peut-être mal exprimée. Je ne veux pas qu'une série parle de moi. Mais je veux qu'elle me parle, et pour cela, elle doit parler d'un monde que je reconnais. Et je ne reconnais pas le monde de la plupart des séries françaises. Il ne forme pas un monde cohérent, voilà.

Je regarde des séries japonaises et, malgré leurs différences de ton, de contexte, de sujet, de personnages, de déroulement, c'est toujours clairement d'une série japonaise qu'il s'agit, au sens où je peux me mettre devant mon écran et dire que, ok, d'accord, je peux imaginer être un spectateur japonais et prendre cette série comme si elle m'était destinée. Une série japonaise est faite avant tout pour les Japonais et ça se sent. Culturellement, elle a un sens. Pas parce qu'elle porte nécessairement un message spécifique, ni même parce qu'elle fait preuve de patriotisme, mais parce qu'elle renvoie à cette société des images qui lui parlent d'elle, qui se nourrissent de son identité, de ses codes, et qui en apportent de nouveaux.
En tous cas c'est l'impression que cela me renvoie. Je peux regarder une série de fantasy comme Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro (d'ailleurs, bientôt la saison 2), une série historique comme Nankyoku Tairiku, ou une comédie comme Seigi no Mikata, je ne peux jamais douter de ça. Jamais. Mais malgré tout, il en sort toujours quelque chose pour moi d'accessible, et d'universel. Et c'est vrai pour à peu près n'importe quel pays. Alors que je n'en ai pas visité beaucoup "en vrai", pourtant !

Pour avoir intégré si facilement un grand nombre de codes culturels américains à travers les séries US, nous connaissons de toute façon bien ce phénomène ; nous l'expérimentons quasiment au quotidien sans même jamais y réfléchir à deux fois.

Mais quand je pense aux séries françaises que je connais, celles que j'apprécie et celles que je déteste, celles qui m'indiffèrent et celles dont on parle, je ne comprends pas.
Je ne comprends pas ce que c'est que d'appartenir à la culture française quand je regarde une série française. Je ne me sens même pas spécialement française quand je les regarde. J'ai l'impression que ces séries ne parlent que d'elles-mêmes, que de leur sujet, mais qu'elles n'ont aucune résonance qui aille au-delà, qu'elles n'appartiennent à rien, qu'elles ne s'inscrivent dans rien. Les exemples les plus extrêmes, comme Julie Lescaut et Joséphine, ange gardien, renvoient, tout au plus, une image remâchée et utopique de la France, et encore, d'une certaine France. Comme un mauvais remake de notre propre identité. Et c'est peut-être aussi un peu (outre les qualités télévisuelles propres de ces "oeuvres") la cause du problème.
Aseptisées, javellisées, ces séries ne disent rien de ce que nous sommes, mais murmurent simplement à notre oreille ce que nous voudrions être en tant que société, un endroit où il y a des fermes, des usines, des églises... Je ne connais pas du tout le pays imaginaire où se déroulent ces séries, pas plus que des séries transparents comme Clash. Je ne l'identifie à rien, je n'ai pas de repère.

Je ne cherche pas à généraliser, à dire que le problème de la fiction française c'est ci ou ça. Parler du problème de la fiction française me fatigue, on en entend parler depuis des années sans que rien ne semble jamais résolu.

Non, mon problème avec la fiction française est celui-là (enfin je crois) : la qualité, d'une part, parce qu'un épisode de Joséphine, ange gardien, c'est un peu de la téléphage en moi qui meurt. Et d'autre part, la question fondamentale que je me pose dorénavant : pourquoi suis-je capable de m'imaginer être assise sur un sofa à peu près n'importe où dans le monde, sauf en France ? Pourquoi tant de séries étrangères me semblent-elles universelles, quand je ne parviens pas à me sentir concernée par l'univers d'une série française ?
C'est ma piste de réflexion à l'heure actuelle, peut-être qu'en découvrant une façon de trouver ma place dans le monde de ces séries, je trouverai un moyen de les apprécier. Mais c'est un problème que je n'ai pas encore su résoudre et c'est peut-être une fausse piste, je n'en sais rien.

Francais

Avec le battage médiatique qui a eu lieu autour du retour d'Engrenages sur Canal+ (et à la faveur d'un achat impulsif de la première saison), j'ai décidé de tenter ma chance avec cette série dont on dit tant de bien. Et j'envisage ensuite de redonner sa chance au pilote d'Un village français (si cette série ne véhicule pas quelque chose à la fois de très français et d'universel, alors laquelle pourra ?). Ce sera mon premier revisionnage de série française.
On verra bien si ça prend.

Mais plus j'y pense, plus ça me chiffonne cette histoire. De tous les préjugés que j'avais, malgré tout, malgré absolument tout le reste, celui-ci demeure le plus difficile à totalement laisser de côté. Mais comment Diable se fait-il que j'aie tant de mal avec les séries françaises ?!

8 septembre 2012

[DL] The High Life

Allez, on est samedi, on se détend. Pour aujourd'hui, pas de review de pilote, pas de bilan de saison, pas de... non, franchement, on prend les choses à la cool aujourd'hui, et pour ça, rien de mieux qu'un générique complètement stupide et ridicule.
Mais un générique complètement stupide et ridicule AVEC Alan Cumming. Ahaaa ! Je savais bien que j'allais vous intéresser.

Et qui plus est, chose qui n'est pas courante, ce sera l'occasion de découvrir une série écossaise, The High Life, donc. Cette pépite n'a duré qu'une maigre saison d'une demi-douzaine d'épisodes dans les années 90 (c'est-à-dire qu'elle est potentiellement plus vieille que certains d'entre vous), et se déroulait dans une compagnie aérienne fictive, Air Scotia. Les deux héros, Steve et Sebastian, sont des stewarts pas franchement compétents ni motivés, qui préfèrent rêver qu'un jour il auront un poste important dans une compagnie prestigieuse, plutôt que de se donner un minimum de mal dans leur job actuel, et qui passent le plus clair de leur temps à faire les idiots et se moquer de tout, que ce soit en salle de repos ou même en vol.

Comme le DVD est proposé à un prix dérisoire, et qu'il m'est arrivé hier, j'ai donc pu découvrir les épisodes, et donc le générique. Et je n'ai pas su résister à l'envie de partager ce grand moment "wtf" avec vous. Ah c'est sûr, ça casse un peu l'image d'Eli Gold, mais qu'est-ce qu'on rigole !

TheHighLife-Generique
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Alors vous allez me dire : mais qu'est donc allé faire Alan Cumming dans cette galère ? Encore un job purement alimentaire ! Eh bien pas du tout : c'est l'un des co-créateurs et scénaristes de la série ! En fait, son Sebastian est une variation d'un personnage qu'il avait créé depuis qu'il avait fait le conservatoire (et qu'il y avait rencontré Forbes Masson, qui incarne Steve). Aucune excuse !

Mais je crois que ce qui m'a achevée, c'est d'assister au générique de fin. Si tous les génériques de fin de comédies étaient aussi barrés, même Whitney serait regardable. Vous voulez que je vous dise ? On néglige complètement le potentiel d'un générique de fin.

TheHighLife-Ending
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

La question se pose de savoir ce qu'Alan Cumming fumait dans les années 90... à mon avis il n'y a pas que le boeing qui est "high" !
En tous cas, je crois que j'ai trouvé l'antidote parfaite à tous les coups de mou et de grisou que je pourrais avoir à l'avenir. Le moral dans les chaussettes ? Il suffit de suivre les instructions de l'équipage, et d'embarquer pour moins d'une minute de délire.

Je m'en serais voulue de ne pas partager ces quelques fous rires avec vous... et avouez, ça met de bonne humeur de voir un truc pareil !

7 septembre 2012

You say you want a revolution

Vous n'êtes évidemment pas sans savoir que whisperintherain et moi-même avons un défi en cette rentrée, regarder les pilotes de toutes les séries de la saison. Je dois dire que j'apprécie la façon dont graduellement on est en train d'augmenter le niveau du côté américain : tout a commencé avec un pilote de dramédie (Go On), puis plusieurs comédies-ou-à-peu-près, et là, on tient le pilote d'un des dramas les plus attendus de l'année. Ou en tous cas, avec un buzz monstre.
Difficile de résister bien longtemps à l'attrait du pilote diffusé en avant-première, et me voici donc ce soir à vous parler de Revolution ; sitôt que whisper aura écrit sa propre review de cet épisode, vous trouverez donc un lien au bas de ce post pour aller la consulter, et ainsi comparer nos deux points de vue.

Revolution

Des quelques séries devant lesquelles j'avais envie de me caler les fesses cette saison aux USA, Revolution arrivait numéro 2 sur la liste, et je pense que pas mal d'autres téléphages doivent l'avoir dans leur ligne de mire.

Je n'en savais pourtant pas grand'chose : le pitch, et encore. Et j'avais aperçu une photo de promo, aussi, mais sans retenir aucun nom ni visage. Et évidemment je savais pour Abrams. Voilà, c'est tout.
Comme c'est désormais mon habitude, j'avais soigneusement évité les bande-annonces, les résumés, ne parlons même pas des reviews... écoutez je suis même pas certaine d'avoir lu une seule news sur Revolution depuis le SeriesLive Show où on avait causé projets. C'est vous dire.
Mais en fait, plus je prends garde à éviter le buzz autour d'une nouveauté américaine, plus en général ça veut dire que j'essaye d'intimer à l'univers entier l'ordre de ne surtout pas me gâcher la surprise. J'avoue que c'est encore pire pour la science-fiction, parce que c'est un genre tellement mal servi ces dernières années, que quand une série au concept original débarque, j'ai envie d'en déguster chaque minute du pilote pour m'imprègner de son ambiance.
A la limite, tomber sur une news ou une video portant sur, mettons, The Mob Doctor, c'est pas grave ; j'ai rien contre la série a priori, mais je m'en remettrai facilement. Par contre gâchez-moi le plaisir de la découverte du pilote de Revolution, et on va avoir un problème. Me ruiner l'effet de surprise d'un pilote de SF peut être très dangereux pour la santé.

Alors au final, me voilà, trépignant d'impatience devant le pilote de Revolution, m'installant sur mon fauteuil comme un gourmet se met à table, espérant faire un festin mais bien consciente qu'à partir du moment où je presse le bouton "play", il peut se passer n'importe quoi.

C'est donc très exactement ce que j'ai eu. N'importe quoi.

Laissez-moi résumer les principaux points de discorde avec le pilote de Revolution : une séquence d'introduction ayant la légèreté d'un pachyderme, des situations présentées brièvement comme pour se débarrasser, des personnages qui n'existent que par leur situation et pas par leur personnalité, des scènes de baston à vocation de pur remplissage, et pour finir, une fin bien agaçante juste pour essayer de t'attraper de justesse et t'obliger à revenir.
Je crois que je n'avais pas vu un tel défilé de bonnes idées très mal exécutées depuis... Falling Skies. Falling Skies ! On vit dans un monde où Falling Skies a l'air d'être le modèle à suivre de quelqu'un ! On marche sur la tête.

En fait, mon contentieux avec le pilote de Revolution est en deux parties.
D'une part, il y a le fait que, comme c'était d'ailleurs le cas pour Terra Nova (qui appartient également à la grande famille des déceptions de SF récentes), j'ai ressenti presque comme une insulte que l'introduction serve plus de prétexte que d'autre chose. Punaise, rendez-vous compte : tout est coupé, le monde tel qu'on le connaît s'est totalement affaissé en quelques minutes, des avions tombent du ciel au nom de Dieu ! et pendant ce temps les personnages se regardent dans le blanc des yeux, ou mangent des glaces. Des glaces, quand même, m'enfin mais c'est pas possible de voir ça ! Pourquoi pas offrir un skateboard à un enfant aussi ? Ah, oops, déjà fait. Où est le sentiment de désolation ? Où est la terreur de la perte du monde connu ? Où est la désorientation qui a forcément suivi parce que tout ce qui semblait pouvoir se présenter à partir de là ne serait que chaos pendant un bon moment ? Non-non, les mecs ils regardent leur congel dégivrer. Laissez-moi vous dire que c'est pourri, voilà. Parce que même si vous n'avez pas l'intention d'utiliser cette époque (et/ou la plupart de ces personnages) par la suite, c'est quand même important d'être capable de saisir l'émotion d'une séquence pareille. Si la civilisation s'arrête brutalement, que des avions tombent du ciel sur la gueule des Américains, et que vous n'arrivez qu'à écrire "mange ta glace avant qu'elle ne fonde, ce sera la dernière", je sais pas, je suggère de devenir chauffeur de taxi ou courtier en assurances, faut arrêter l'écriture.
Donc ça c'est une chose. Mais la seconde, je crois que c'est l'absence totale de foi que Kripke semble avoir en son histoire. On a droit à tout : le retour à la terre (oh bah oui, tiens, un ptit arrière-goût écologique dans une histoire pareille, on n'allait pas le laisser s'échapper comme ça), l'héroïne orpheline qui doit se battre seule contre tous, le vilain méchant qui bosse pour un encore plus vilain méchant... On croirait que le scénario a été écrit en suivant des pointillés, un peu comme un enfant colorie un dessin sans dépasser les traits. Alors oui, hein, c'est bien propre. Mais qu'est-ce qu'on s'emmerde. Rien n'existe par soi-même dans ce monde-là, tout n'est que clichés sans âme mis bout à bout. Et le pire c'est que le scénariste n'est même pas pris de remords, on a l'impression de le sentir ; moi en tous cas je l'ai vraiment perçu comme ça : l'acte rassurant d'un scénariste qui se complait dans les facilités.
Je dis ça aussi un peu par jalousie, parce qu'être payé à écrire ça, c'est quand même un peu le job de rêve, et puis ça laisse du temps pour les loisirs.

Alors oui, peut-être que finalement, le plus beau cadeau qu'aurait pu me faire Revolution (outre avoir un autre scénariste, voire même aussi un autre producteur parce qu'Abrams et moi on n'a jamais été franchement potes), ç'aurait finalement été de ne pas faire ce bond en avant de 15 ans, pas tout de suite, peut-être en saison 2 qui sait, mais en tous cas de profiter un peu de cette superbe opportunité de faire une vraie série post-apocalyptique et pas une espèce de série de fantasy sans ambition, où comme par hasard on est revenus à l'âge de pierre, sauf ceux qui ont des super-pouvoirs.
Le seul truc qui ne m'a pas donné des envies de meurtre, c'est que le cast, bien que souvent transparent, n'est pas totalement miteux. Et par cast je veux dire l'héroïne centrale, incarnée par Tracy Spiridakos, qui a même réussi à m'émouvoir un peu à un moment. Ce qui n'était pas gagné, osons le dire.

Des quelques séries devant lesquelles j'avais envie de me caler les fesses cette saison aux USA, Revolution est donc, c'est le moins qu'on puisse dire, une déception. Je n'ose même pas vous dire ce qui est en première position, je commence déjà à angoisser.

Challenge20122013

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