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ladytelephagy

21 novembre 2012

In vino veritas

L'expérience Intersexions avait été un véritable succès (j'espère d'ailleurs que la saison 2, une fois qu'elle sera diffusée, sortira également en DVD), et maintenant que j'avais trouvé un fournisseur pour mes coffrets sud-africains (voir le test de Kalahari.com ici) capable de me procurer des DVD en zone 2 avec plein de séries absolument introuvables autrement, je n'avais pas l'intention de m'arrêter là. Le simple fait que ces séries soient impossible à télécharger, ou même regarder en streaming même si j'ai ça en horreur, fait cependant que commander un coffret sud-africain est sans nul doute devenu une expérience relevant de la roulette russe, étant donné que tout ce que je sais d'une série avant de faire l'acquisition de ses épisodes, c'est son pitch... Or, un pitch peut être trompeur, et surtout, il n'est pas parlant sur les qualités d'une série.
Parmi mes emplettes du mois d'octobre, on comptait donc Known Gods, une série dont je savais uniquement le postulat de départ, sur lequel je vais revenir dans un instant, ainsi que sa longueur : 26 épisodes, diffusés sur la chaîne câblée à subscription M-Net voilà une demi-douzaines d'années. Or, quand on prend des risques, autant ne pas commencer par se lancer dans une série de plus d'une saison : c'est essentiellement là que désormais se placent mes critères lorsque j'achète des DVD à l'aveuglette. Si on m'avait dit ça il y a quelques années, non seulement je ne l'aurais pas cru mais j'aurais fait des démarches pour faciliter l'internement en milieu psychiatrique de mon interlocuteur... c'est fou de voir comment les pratiques peuvent changer sous l'effet de la curiosité.

KnownGods

Contrairement à ce que pourrait éventuellement laisser évoquer son titre, Known Gods n'a pas grand'chose à voir avec la religion ou le surnaturel. Il s'agit pourtant d'une série au genre difficilement définissable, voyez plutôt.

Tout commence dans une vallée un peu refermée sur elle-même, qui autrefois accueillait un seul vignoble, et qui aujourd'hui est divisé en quatre domaines : Rossow, Le Fortune des Vins (en Français dans le texte), Smoorberg et Mount Jolley. On y exploite le vin chez les quatre riches propriétaires qui se divisent la terre, mais il ne semble pas y avoir outre mesure de compétitions ou de jalousies (ce qui aurait pu laisser imaginer une parenté involontaire avec l'espagnole Gran Reserva) ; au lieu de ça, quand le pilote commence, plusieurs des figures importantes de la vallée assistent à un concert d'opéra, une tradition depuis bien des années qui se tient dans les bâtiments de Rossow. Malheureusement, lorsque le lendemain, le corps de Deetlef Koen, viticulteur de Rossow, est découvert dans une cuve à vin vide, il semble clair que tout ne va pas si bien au royaume des vignes. Et devinez quoi, il semblerait qu'il ait été tué pendant le récital.

En effet, la micro-société composée par les quatre familles fait illusion en matière de bon voisinnage, mais nous apprenons d'entrée de jeu quels sont les petits secrets de chacun. Pour nous accompagner dans cette revue des troupes, la voix-off d'Hermien Liebenberg, une vieille femme qui est propriétaire du cotage situé sur la propriété de Smoorberg. Je dis "vieille femme", mais on n'est pas ici en présence d'une petite mémère inoffensive ; au contraire, Hermien n'a pas la langue dans sa poche, présente encore plutôt bien pour son âge, et se montre d'une acuité et d'une sensibilité qui font certainement d'elle, au vu de ce pilote, le personnage le plus complexe de Known Gods. C'est aussi, de toute évidence, l'une des amatrices de ragots du coin, et c'est ce qui lui vaut d'être notre hôte en ce début d'épisode, alors qu'elle assiste au concert et qu'elle nous introduit un grand nombre des personnages, ainsi que leur dynamique, et notamment, qui trompe qui avec qui. Evidemment, ça peut paraitre soapesque, mais comme il apparait très vite qu'un meurtre se déroule à quelque pas du récital, vous vous doutez bien que ces relations secrètes (ou présumées telles par les premiers concernés, puisque nous sommes dans le secret) vont avoir de l'importance.
C'est l'inspecteur Mickey Steadman qui va être mis sur le coup. Mais on n'a pas franchement affaire à une lumière, ou si c'est le cas, il fait incroyablement bien illusion. Steadman a écopé de l'affaire mais son patron ne croit pas trop en lui (il ponctue leur venue sur les lieux du crime par un "do your best, adn try not to screw up again" qui met bien en confiance), en raison d'une affaire précédente qu'il n'a pas menée correctement. Il conduit ses entrevues avec les témoins avec énormément d'hésitation ; en plus, de son propre aveu à Hermien, non seulement il ne connaît pas le coin mais il ne boit même pas de vin, alors c'est vous dire. Par-dessus le marché, Steadman a une vie personnelle très brouillonne, puisqu'il a divorcé mais qu'il habite toujours son logement de fonction avec son ex-femme championne du monde d'agressivité passive, ainsi que leur petite fille, ce qui ne peut pas vraiment aider à booster la confiance de notre inspecteur.

A travers ces deux personnages, nous rencontrons donc une bonne dizaine de visages les plus importants parmi les 200 âmes environ qui peuplent cette petite vallée cossue vivant en autarcie. L'épisode a surtout pour fonction de présenter les différentes personnalités en présence, et pas vraiment de faire avancer l'enquête, bien que celle-ci serve de fil rouge pour rencontrer les protagonistes.
Ainsi, dans la demeure Le Fortune des Vins, vivent les Jansen ; Kas a épousé en secondes noces la belle Nina, une superbe créature plus jeune que lui et à peine plus âgée que sa propre fille. Le soir du meurtre, Nina n'était pas vraiment branchée musique puisqu'elle s'envoyait Alain du Vinage, une sorte d'outsider qui vit dans ce milieu mais n'est associé à aucun crû en particulier.
Du côté de Mount Jolly, on trouve également une jeune femme désireuse de mener sa vie affective comme elle l'entend, Octavia, une lesbienne qui va avoir recours à un stratagème pour réussir à attirer une femme qu'elle convoite dans sa chambre dans des vêtements trempés de boue (la scène se concluera par un "tu peux prendre une douche ici et m'emprunter des vêtements si tu veux" de la plus grande subtilité), au nez et à la barbe de son père, un homme vieillissant à la gâchette un peu facile.
Du côté de chez Rossow, où s'est déroulé le drame, les choses sont un peu plus compliquées, puisque Lohmeyer, le propriétaire du domaine, est en Allemagne pendant une bonne partie de l'épisode et ne peut donc pas témoigner de grand'chose ; Grace Foster, qui travaille avec lui, sympathise avec Steadman en essayant de l'aider, tandis que l'autre viticultrice du domaine, Nana Soci (qui ambitionne de devenir la première femme noire propriétaire d'un vignoble en Afrique du Sud) semble avoir les dents qui rayent les tonneaux.
Ces détails ne sont, en définitive, connus que de nous, de Hermien, et en partie de Steadman, mais qui permettent de prendre la mesure des parties en présence.

Le plus étonnant, c'est qu'à mesure que le pilote avance, on réalise que l'intention de Known Gods n'est pas du tout de s'intéresser à l'enquête. Et Dieux merci ! Car ç'aurait été assez chiant de suivre une sorte de Columbo durant 26 épisodes, avec un inspecteur Steadman se faisant balader dans les vignobles en attendant une conclusion. Pas du tout : on saura qui a tué Koen à la fin du pilote ! Bon, certes, Steadman n'a pas encore cette information, mais on est habitués à avoir une longueur d'avance sur lui de toute façon. Et, je vous l'accorde, il y a toujours la possibilité que cette déclaration soit du chiqué. Mais j'ai revu la scène, et moi j'y crois.
En tous cas, clairement, l'intention n'est pas d'avoir une simple intrigue policière, ou un simple primetime soap, mais plutôt un mélange des deux, ce qui donne finalement un résultat hybride tout-à-fait regardable même pour qui n'aime ni l'un ni l'autre de ces genres. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance !

Au niveau du ton, l'épisode parvient en plus à ménager des séquences un peu over the top (la manip d'Octavia, par exemple), d'autres simplement légères et pétillantes (quand Hermien retrouve ses deux vieilles amies Pearl et Anesca pour cancanner), intéressantes d'un point de vue social (le speech de Nana à l'inspecteur soulève des points intéressants sur la dynamique des vignobles et par extension des milieux aisés d'Afrique du Sud) ou sincèrement émouvantes (comme quand Nina nous explique qu'elle s'envoie Alain pour le fun, mais qu'elle elle est amoureuse de feu Deetlef Koen, et raconte combien elle est déchirée par cette relation qu'elle ne peut pleurer sans éveiller les soupçons de son mari Kas). Il y a vraiment à manger pour tout le monde !

Mais c'est surtout sur un plan esthétique que Known Gods réussit à poser sa patte. Avant même que des séries comme The Wild (née en 2011 et annulée cet été au terme de deux saisons par M-Net) ou Isindingo (forcée de s'y mettre cette année, suite à l'incendie qui a ravagé ses décors au printemps), la série est entièrement tournée on location dans un véritable vignoble, Lourensford Estate, et les prises de vue des côteaux comme des bâtiments donnent, sans aucun doute, un cachet incroyable à la série, et cela, sans en rajouter dans les filtres. La nature domptée des vignes de Known Gods se suffit à elle-même pour souligner à la fois la façon dont cette vallée est coupée du monde, et pourtant extrêmement huppée. La plupart des prises de vue s'accompagnent qui plus est de panneaux fort utiles nous rappelant sur quelle propriété on met les pieds, aidant ainsi à cartographier l'endroit, ou au moins un peu, ce qui donne l'impression que ces images de cartes postales ne sont pas là juste pour faire joli, mais que tout a un but et une élégance à la fois.
Je dois d'ailleurs préciser que, n'ayant jamais mis les pieds en Afrique du Sud, et après avoir vu les paysages d'Intersexions, ce n'était pas vraiment le décor que je m'attendais à voir pour la série ; franchement à certains moments, j'avais l'impression d'être dans les forêts canadiennes ou des vallons français... Rien que pour l'effet de dépaysement, ça valait le coup d'oeil !

Une vue de Smoorberg Le hall de Rossow Le Fortune des Vins qui visiblement n'a pas volé son appellation Hermien explique à Steadman l'organisation de la vallée

Alors au final, même si par moments le pilote flirte avec des genres qui sont loin d'avoir ma préférence, le panachage de tous ces ingrédients donne au contraire un épisode sympathique à suivre ; ce n'est probablement pas aussi touchant et profond qu'Intersexions (il faudra que j'essaye d'arrêter de tout comparer à Intersexions, ça ne va pas me rendre service, cette série est juste magnifique), mais c'est une série tout-à-fait divertissante et sympathique, assez bien équilibrée, à laquelle on a affaire ici.
Disons si vous le voulez bien que Known Gods n'est pas un grand crû, mais elle n'a pas volé son label. A déguster sans modération...
...en attendant que je tente Wabona, le service de VOD africaine qui a ouvert il y a quelques jours et qui propose, joie parmi les joies, les épisodes de Yizo Yizo et The LAB (entre autres), deux séries que j'ai dans mon viseur depuis un bout de temps (j'ai d'ailleurs raconté la genèse de l'expérience télévisuelle et sociale Yizo Yizo dans un post précédent) et que je suis infichue de trouver en DVD. Si j'arrive à trouver un moyen de conserver les épisodes, je m'achète l'intégrale sur le site de Wabona, ya pas photo ! Moi, payer pour de la VOD africaine, la vie téléphagique est décidément pleine de surprises !

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20 novembre 2012

Foule sentimentale

La journée a été longue et dure. Ce n'est pas vraiment comme ça que j'aime mes journées de travail (d'autres choses, oui, sans doute), mais c'est une réalité. A la fin d'une journée telle que celle-là, qui peut avoir inclus un certain nombre de mauvaises nouvelles et peut-être éventuellement plus d'heures travaillées que d'heures de veille, j'aime bien me détendre. Comme la plupart d'entre nous, je crois.

Je rêve... d'un endroit confortable. Mon canapé, par exemple. Et puis d'un endroit téléphagiquement confortable. Les défis téléphagiques seront pour plus tar ; dans une heure, ou demain : on verra, il sera temps d'aviser, et je ne fais pas de plan à l'avance. Pour l'instant je veux juste trouver cette sensation (qui sera toujours inconnue aux cinéphiles, ah ah ah, les rustres) de se rouler en boule, lové dans une intrigue qu'on connaît bien, calé bien au chaud entre quelques personnages qu'on aime et qu'on a l'impression d'avoir toujours eus dans notre vie.

Parce qu'on peut dire ce qu'on veut sur la télévision, on peut bien clamer que ce n'est pas "toujours la même chose", qu'il est faux que "quand tu en as vu un épisode, tu les as tous vus", et toute cette sorte de choses, mais parfois, il y a certaines séries pour lesquelles c'est vrai, et une fois de temps en temps, on aime bien se regarder un épisode prévisible, mais tellement chaleureux et tellement rassurant, que ça met du baume au coeur et ça permet de se lancer à l'assaut d'autre chose, un pilote un peu difficile d'accès genre Luck, mettons, ou carrément un Anapurna téléphagique, comme le pilote de la série norvégienne Schmokk avec un bandeau sur les yeux, sans filet, sans les mains, et avec sous-titres suédois. On a tous besoin d'un petit remontant parfois.

Aussi, en ce mardi d'épuisement, alors que j'avais besoin de recharger mes batteries, je me suis tournée vers la solution de confort, de facilité et de chaleur qui m'est venue naturellement à l'esprit...

Partners-Park

On ne dira jamais assez les ravages que font certaines annulations sur la santé mentale d'un téléphage. Oh Partners, même si je suis l'une des dix personnes sur Terre à te regretter, ce soir je ne te regrette pas qu'à moitié !
Allez, pas grave, je vais regarder Last Resort à la place, ça au moins, ça n'a pas été an-...
...
QUOI ?!

Pardon pour cet instant sentimental (surtout sur une série que la plupart d'entre vous ne tient pas en haute estime), mais ça me fiche beaucoup plus le bourdon que je ne l'aurais pensé, tout ça. Ca fait des années que je suis téléphages, et les annulations, je crois que je ne m'y fais toujours pas, en fait.

19 novembre 2012

Passé refoulé

Ca fait un mois et demi que la rentrée nippone a officiellement démarré, et je suis loin d'avoir vu tous les pilotes qui m'intéressaient. Mais puisque j'ai un peu de temps, ce soir, et que vous aussi... vous avez un peu de temps ? Bon, alors vous voyez bien, on a le temps d'évoquer un autre pilote japonais de l'automne. Aujourd'hui, place à une série dramatique avec Osozaki no Himawari, une série qui... Hein ? Qu'est-ce que c'est que ce bruit ?

SifflementDrCox

Euh, oui, je sais plus si je vous ai dit, mais dernièrement je m'envoie quelques épisodes de Scrubs derrière la cravate (je vais finir la saison 3, en fait), pendant les trajets et les pauses déjeuner, ce genre de choses. Donc aujourd'hui, le rôle de ma conscience sera interprétée par Perry Cox.

FaitCentFois

Bah c'est pas vraiment un quatrième mur, au sens où ce blog n'est pas une fiction, mais c'est vrai que ce genre de technique de narration postmoderniste, c'est un peu usé, même si personnellement ça me fait toujours rire quand j'en vois dans une série, mais là encore j'insiste, ce blog n'est pas une série et d'ailleurs...

RienOublie

Non, je vois pas... Ah ! Si, peut-être. Tu veux dire qu'avant de parler de nouveautés de la rentrée automnale, je pourrais profiter d'avoir un peu rattrapé mon retard sur la saison estivale et parler d'un pilote tant que je l'ai en tête, avant de l'oublier et/ou de passer aux épisodes suivants ?
C'est pas faux.
Alors si vous le voulez bien, on va remettre le post sur Osozaki no Himawari à une prochaine fois, et aujourd'hui, on fait un sort à Soumatou Kabushikigaisha, d'accord ? Il vous reste un peu de temps ? Alors on se lance. Ah, et merci Dr Cox, vous êtes un mentor pour moi.

SoumatouKabushikigaisha

De toutes les séries nippones de cet été que j'avais mises de côté à cause de mes problèmes de connexion de juillet-août, Soumatou Kabushikigaisha est la seule qui me donnait des regrets. Il faut dire que c'était vraiment un pitch de rêve, jugez plutôt : imaginez qu'une société ait la possibilité d'enregistrer toute votre vie, de vos premiers pas à votre dernier soupir, en camera subjective, et de la transférer sur DVD. Mieux encore : vous avez une chance de voir ces videos, si une succursale de cette entreprise croise votre chemin.
Regarderiez-vous un tel film ? Si vous pensez que vous n'avez rien à en apprendre, vous vous trompez...

Reprenant la structure de nombreuses séries d'anticipation japonaises de ces dernières années,  Soumatou Kabushikigaisha fonctionne sur une formule destinée à se répéter d'épisode en épisode, comme une anthologie procédurale. Le pilote propose donc d'apprendre à connaître cette étrange société à travers un personnage qui n'est pas voué à être le héros pendant toute la série ; en réalité, le seul personnage ostensiblement écrit pour être présent chaque semaine est une étrange femme, assez avare de ses paroles, qui officie en tant qu'hôtesse et accueille les clients qui vont venir voir le film de toute une vie : la leur. Ce personnage n'est pas voué (contrairement aux maîtres de cérémonie de séries comme The Quiz Show ou LOVE GAME) à avoir une intrigue servant de fil conducteur, et à première vue dans ce pilote, cette étrange femme est surtout là pour aider à installer l'ambiance.
Pour le pilote, notre héros sera Takahiro, un jeune homme qui revient dans sa province natale avec sa fiancée, qu'il souhaite présenter à sa mère en vue des noces prochaines. Et si sa vie semble parfaite, c'est peut-être aussi un peu parce qu'elle l'est : sa mère est une crème de femme, sa fiancée s'entend à merveille avec elle, et globalement il est quand même bien content de passer quelques jours dans la maison de son enfance, ça lui rappelle plein de souvenirs, certains plus clairs que d'autres, qu'il partage avec sa dulcinée, trop ravie de découvrir plein de choses sur l'enfance de son bien-aimé.

Donc évidemment ça ne pouvait pas durer.
Lorsque l'un de ses amis d'enfance mentionne une étrange société, l'information pique la curiosité de Takahiro, qui comble du hasard tombe sur une enseigne de l'entreprise juste après en avoir discuté. Entre alors en scène l'étrange hôtesse, qui lui explique qu'il peut regarder le film de sa vie s'il le souhaite.
...Mais ce qu'il va découvrir pendant ce visionnage dépasse tout ce que la téléphagie m'aura jamais montré !

Ce qui est intéressant dans Soumatou Kabushikigaisha, c'est d'abord le ton. Presque totalement dénué de musique, extrêmement authentique dans sa façon d'écrire les échanges entre les personnages impliqués, et doté d'une ambiance feutrée qui n'insiste pas sur le mystère, mais installe parfaitement le contexte dans lequel le DVD va être vu et compris, le pilote fait un formidable travail. On est loin de la réalisation m'as-tu-vu de séries tout aussi conceptuelles, genre Clone Baby. C'est d'ailleurs ce qui renforce les effets du scénario, ce naturel apparent... c'est terrifiant, quand on y pense.

Mais surtout, la façon dont Soumatou Kabushikigaisha traite son sujet mérite plus d'une salve d'applaudissements. Déjà parce qu'elle refuse d'emblée de s'enfoncer dans des questions mythologiques : on ne saura pas comment ces enregistrements sont faits, personne ne pose la question ; on prend le DVD pour ce qu'il dit, et non pour ce qu'il implique. La société a-t-elle recours à des pratiques douteuses ? Pas de jugement éthique non plus. Quant aux problématiques soulevées par l'enregistrement de la vie d'une personne, sur ce que cela signifie pour sa vie privée et pour celle de ses proches, on n'abordera pas plus le sujet. En réalité, une question n'a même pas été soulevée : que peut bien avoir à y gagner l'entreprise (et/ou l'hôtesse), puisque le visionnage a l'air d'être gratuit, il se fait dans une suite tout confort avec rafraîchissements à volonté, et euh, bon, ce truc de filmer la vie des gens, ça doit bien avoir un coût. Mais ce n'est pas du tout mentionné, pas une fois.
Pour quelqu'un qui, comme moi, attendait d'une telle série qu'elle aborde des sujets de fond, curieusement, ça n'a pas du tout été une déception (même si un jour j'aimerais bien voir une série d'anticipation capable d'exploiter quelques uns des riches sujets évoqués dans The Final Cut). On sait d'emblée, on le sent, que ce DVD (ou plutôt, si on veut être précis, ces DVD, puisqu'il y en a un par an... punaise, une année de ta vie réduite à 4 Go, ça doit faire un choc quand même) est surtout un outil pour nous raconter quelque chose d'autre, pour offrir la possibilité de plonger dans les souvenirs, de questionner la nature et la texture de ces souvenirs. Il faut vraiment prendre Soumatou Kabushikigaisha comme une parabole, et ne pas s'attarder sur ce côté pratique qui n'est pas du tout la vocation de la série. Elle a décidé de prendre une autre direction, et puisqu'elle s'y engage fort bien, je n'ai pas de réclamation sur les problématiques évitées.

Mais une question se pose, par contre : à quoi bon voir notre propre vie telle que nous l'avons vue ? On sait déjà ce qu'on a vu et vécu !
Eh bien justement non, et c'est aussi ce que raconte Soumatou Kabushikigaisha. Dans ce pilote, les souvenirs de Takahiro vont être évoqués plusieurs fois, alors qu'il parle avec sa fiancée ; mais ces souvenirs sont parfois vagues, flous, incomplets. La perception sur le moment, et le souvenir qu'il reste d'un évènement, sont clairement deux choses distinctes. C'est bien ce sur quoi compte la série, et effectivement, cette façon de considérer la friabilité des souvenirs va être le pivot du pilote. La prochaine fois que vous retournez dans votre ville natale et/ou chez vos parents, le souvenir (même flou) de ce pilote risque de vous faire passer un sale quart d'heure de doutes et de sueurs froides...

Mais bien-sûr, Soumatou Kabushikigaisha, c'est avant tout un thriller, pas juste une réflexion philosophique. On attend de la série qu'elle étonne, qu'elle bouleverse. Je vous confirme qu'elle y parvient, c'est même un peu trop efficace pour les âmes sensibles (dont je suis). En fait, même si on a vu arriver une bonne partie de la conclusion avant que Takahiro ne comprenne ce qu'il a vu sur le film, il reste une glaçante conclusion qui fait pleinement son effet.

Je suis admirative. Des séries à concept, au Japon, on en voit tous les 3 à 6 mois en moyenne maintenant, on pourrait croire que tout a été fait, dit, tenté. Bon, je veux dire, soyons clairs : passé le brio de The Quiz Show et l'efficacité de FACE MAKER, on peut plier les gaules et rentrer chez soi, tout a été dit. Eh bien non, et chaque fois je parviens à être éblouie par la façon dont ces séries maîtrisent à la fois un pitch original, un ton bien à part, une fascination évidente pour la nature humaine, et un soucis de vérité criant. Le mélange de tout ça donne des séries qui pourraient, si elles manquaient d'imagination, être des séries policières toutes bêtes, mais qui grâce à leur inventivité et leur audace, parviennent à donner à des histoires classiques une tournure passionnante, troublante, et surprenante. Soumatou Kabushikigaisha est la digne héritière de ces excellentes séries, et la preuve qu'on peut encore vraiment innover, même dans une niche qui semble parfois un peu bouchée (mais sitôt que j'oublie l'existence de Clone Baby, la moitié de mes doutes sur le genre disparaissent).

Nan mais, j'ai bien fait de parler du pilote de Soumatou Kabushikigaisha ce soir. Maintenant, je vais me dépêcher de rattraper la suite... et vous devriez en faire autant.

18 novembre 2012

[#Ozmarathon] 6x01, take a bow

Quand la Em Crew se réunit pour la dernière phase du #Ozmarathon, c'est à la fois une occasion de se réjouir et de s'attrister. Quel dommage que déjà ce marathon à plusieurs prenne fin... et en même temps, ça va bientôt faire un an qu'on l'a commencé !
Mais ce n'est pas le moment de reculer. Je sais que j'ai souvent des problèmes avec la perspective d'aller au terme d'une série, quand bien même j'ai déjà vu son final (pour Oz, c'est même l'un des quelques épisodes de la séries que j'avais vus avant de commencer ce marathon !), mais ce serait dommage de se priver de la dernière ligne droite... surtout quand elle commence de cette façon !

Ozmarathon-6x01

Augustus Hill est mort... mais il n'a pas quitté Em City. Au contraire, il a rejoint les autres fantômes qui hantent les couloirs de la prison.
Combien sont-ils, au juste ? Difficile de les compter. Mais ils sont là et ils ont toujours des choses à nous dire sur la prison, mais aussi la société ou la vie en général. Et quel régal que de tenter de reconnaître, parmi les ombres qui apparaissent fugacement au début de cet épisode, des silhouettes connues et/ou aimées. Cette robe blanche, ce ne peut être que... Et là, à côté, ne serait-ce pas...? Quant à cette barbe, se pourrait-il que finalement nous ayons droit à une réapparition ? Ils sont venus, ils sont tous là. L'ambiance est à la réunion de famille.
Cette ultime saison commence avec des retrouvailles bien excitantes ; qui plus est, c'est aussi la promesse d'un renouvellement narratif. Cédant sa place de coryphée, Hill permet à d'autres de prendre la parole, et le premier à le faire est Jefferson Keane, pas vraiment un personnage auquel la série avait permis de s'exprimer longuement. Keane, mort en prison de façon tout-à-fait légale (un fait suffisamment rare pour être noté, après tout), est donc notre premier maître de cérémonie, pour une saison qui semble prête à en avoir plusieurs, et donc à aborder autant de points de vue. Même Hill admet avoir changé sa façon de voir maintenant qu'il est passé de l'autre côté, de toute façon... Même si au cours de la saison 5, nous avons connu quelques excellents monologues, cette pratique ne peut être qu'une bonne nouvelle.

Au rayon des nouveautés, l'épisode a encore quelques idées dans sa manche. Ainsi, McManus, se sentant responsable de la mort de Hill, a décidé de peindre dans la gymnase un immense labyrinthe bleu dans lequel les prisonniers puissent venir se perdre en méditations. L'idée est incroyablement poétique, et sa présentation est en plus diablement futée. Sur fond d'air à l'harmonica, c'est l'officier Murphy qui vient constater la dernière lubie de McManus. Et je crois que cette scène est certainement la raison précise pour laquelle l'officier Murphy est l'une des forces de la série depuis si longtemps : c'est l'un des rares personnages qui soit l'avatar du spectateur dans la série, qui connaisse tout le monde sur le bout des doigts, qui soit capable de plaisanter sur les idées "New Age" de McManus, à ironiser sur la viabilité d'un nouveau projet, qui ait conservé son humour et sa lucidité. Quelle que soit la situation, la réaction de Murphy est toujours parfaite, et sur fond d'harmonica débonaire, on ne peut pas mieux le montrer.
Pour autant, j'adore l'idée de McManus. Elle lui ressemble, au sens où elle ressemble au McManus des débuts, un peu idéaliste certes, mais tellement motivé pour aider les prisonniers à cultiver une vie intérieure qui puisse les sauver. On est à mille lieues de la cage d'isolement au milieu de salle communautaire d'Emerald City. Et quand McManus croit à nouveau en l'être humain, je crois à nouveau en lui. C'est pour ainsi dire mécanique.

La mort d'Augustus Hill a des conséquences aussi du côté des vivants. Burr, ébranlé par son deuil (jusqu'au bout j'attendrai la révélation que Burr est le père biologique de Hill, jusqu'au bout !), a besoin d'un petit pep talk de Kareem Said, mais une fois que c'est fait, il va tenter de se reprendre en main.
Comme l'épisode est composé d'énormément de séquences courtes, on n'en saura guère plus, toutefois, dans l'immédiat. Mais il ne reste plus beaucoup d'épisodes pour nous balader de toute façon !
Alors, ces multiples petites scènes nous permettant de retrouver toute la population de la prison, quelles sont-elles ?

Eh bien, il y a des scènes au sens théâtral du terme. la mère de Ryan a en effet décidé de monter MacBeth, rien de moins, avec le plus grand soutien de McManus qui semble ravi. La pièce est l'occasion de plusieurs prisonniers de travailler ensemble ; ainsi le père Meehan décroche le rôle principal, Ryan se fait embarquer pour les décors, etc...
Ryan est, comme pratiquement toujours, particulièrement affairé pendant cet épisode. Entre deux visites dans le couloir de la mort où il passe voir Cyril, plus la préparation de la pièce de sa mère, il tente aussi de s'arranger "à la Ryan" pour obtenir des témoignages en faveur de Cyril qui permettent à celui-ci d'être sauvé. En chemin, il trouve même le temps de s'engueuler avec Schibetta junior, ce qui conduira à une escalade de violence, au cours de laquelle Meehan trouve la mort... aborption massive de verre pilé. Souvenirs, souvenirs ! C'est à la fois une idée très malicieuse que de souligner qu'au moment où Ryan commençait à se rapprocher de Meehan presque comme d'un père, ce dernier est tué par Peter Schibetta de la même façon que son père a été tué par Ryan ; mais c'est aussi une répétition avant le sentiment de perte auquel Ryan devrait se préparer vu la tournure du procès de Cyril.
Oh, et tant que j'y pense, on est tous d'accord pour dire que Jeremiah devient franchement flippant ?

A ce stade, c'est incontournable, il va nous falloir parler de l'officier Howell. J'essaye en général d'éviter le slut shaming, mais au vu de son tableau de chasse, la question se pose : Claire Howell est-elle capable d'avoir des relations sexuelles avec des hommes sur lesquels elle n'ait pas droit de vie et de mort ? Bon, c'est une connasse, certes, mais ça doit bien exister quand même, des hommes "du dehors" qui veuillent se la faire, non ? Je sais pas, sous le coup de l'alcool ou des drogues dures, quelque chose ? Vous allez me dire : oui, puisqu'elle s'est aussi envoyé McManus. Bon, mais on est d'accord que ça ne compte pas, parce que McManus lui-même a un gros problème pour garder son matos dans son froc, et qu'il s'envoie toutes les femmes qui bossent à Oswald (à l'exception évidemment de Sister Peter Marie ; ah, et la mère de Ryan O'Reily... pour l'instant ?). Non vraiment, c'est très dérangeant la façon dont le sexe et le pouvoir se mélangent pour ce personnage. Rien que pour ça, il est et sera toujours impossible de l'aimer, et de lui permettre de sortir de sa propre caricature. En tous cas, la scène pendant laquelle elle décide que c'est au tour d'Omar de passer à la casserole est écoeurante, et pas uniquement parce qu'apparemment, voir un homme chier ne parvient pas à tuer sa libido. Cette séquence de viol sonne cependant comme une intéressante alternative au thème de la sexualité forcée qu'on connait entre prisonniers, plus insidieuse, plus vicieuse, et paradoxalement, beaucoup plus violente.

Dans un autre genre, Leo Glynn est aussi un enfoiré d'une grande violence. Voilà, je l'ai dit. Ca fait des saisons qu'il s'acharne sur Miguel Alvarez (un personnage impossible à ne pas aimer, qui plus est), sans autre raison que "des latinos ont violé ma fille, ce con de latino a voulu faire le malin une fois en face de moi, il va donc payer jusqu'à la fin de sa vie", et ça me gonfle, parce qu'il refuse obstinément d'admettre que son comportement est à l'origine de bien des choses pour lesquelles ensuite il s'empresse de punir Alvarez. Mais Miguel est dorénavant libéré de l'isolement où je pense que les couchettes avaient pris l'empreinte de ses fesses, et sous l'insistance de McManus décidément plein de bonnes intentions (même si on sait où ça mène généralement), il réintègre Em City.

Oui, Em City, là où les latinos veulent sa peau. Mais cette fois, McManus a un truc : il s'arrange pour que Guerra, pourtant sans conteste le pire ennemi d'Alvarez, devienne son garde du corps. Alors qu'on aurait pu accueillir cette tentative avec un scepticisme murphien, pour la première fois, la série s'autorise à entrer dans l'intimité de l'un des irréductibles "méchants". La conversation de Morales avec Guerra est une intéressante plongée dans la psyché de personnages qui nous ont souvent semblé monochromes ; "You ever feel like you've lost your appetite for all the bullshit ?", demandera un Guerra las et en proie au doute à son compagnon de cellule. La scène est d'autant plus forte que non seulement ces personnages n'ont jamais été très épais, mais leur relation n'a jamais semblé dépasser celle du boss et de son laquais obéissant ; pour la première fois, ils apparaissent comme de véritables compagnons de cellule, capables de discuter d'égal à égal. C'était une belle scène, vraiment.

De son côté, Rebadow tente toujours de faire le deuil de son petit-fils. Comme il n'a plus goût à rien, McManus le change de job, et le place à la bibliothèque de la prison, là où Stella, la nouvelle bibliothécaire vient d'arriver. Une scène courte, comme promis, mais formant une jolie rencontre et un échange touchant. On peut sentir à cette nouvelle aventure que Rebadow va reprendre du poil de la bête.

Et en parlant de Bête, repassons le bonjour à Timmy Kirk, le rouquin qui déclare être Satan, ou au moins être possédé par lui (tant de clichés sur les roux, c'est tragique). Le père Mukada, qui semble au moins aussi fâché vis-à-vis de Dieu que de ce prisonnier répugnant, est d'abord outré par ses déclarations, mais grâce à une petite conversation entre quat'zyeux avec Sister Pete, il met le doigt sur ce qui le tourmente réellement, et qu'on pouvait sentir arriver depuis quelques temps maintenant : il vit une crise de foi. "Sometimes, we come face to face with a larger, more stunning reality : we come face to face with pure evil. And we're powerless". Le problème, c'est que c'est une réaction d'impuissance que Mukada a toujours eu du mal à affronter, et que désormais, son face à face avec Kirk le pousse dans ses retranchements, d'autant que le petit Timmy a écrit au diocèse pour accuser Mukada de viol !

Comme toujours, Oz réserve son tandem maudit Keller/Beecher pour la fin ; mais en fait de tandem, c'est surtout un trio, car Beecher et Schillinger n'en ont jamais fini avec leur éternelle danse de la mort.
Beecher prépare une fois de plus sa demande de libération sur parole, au moment-même où Schillinger est libéré d'isolement. Tu parles d'un hasard ! Ajoutez à cela le fait que le petit prag du nazillon qui a envie d'évoluer dans la hiérarchie de la prison, et cela donne un cocktail terrifiant qui conduit à la more du père de Beecher. Touché une fois de plus dans son sang, Beecher va-t-il craquer ? En tous cas, Keller a une fois de plus perdu un avocat fourni par Beecher, et ses chances d'échapper à la peine de mort semblent de plus en plus fines.

Vous l'aurez compris, cet épisode n'a pas forcément le temps d'entrer en profondeur dans chaque intrigue, mais la plupart sont formidablement bien traitées.
Oz est ici dans sa forme la plus classique, la plus noble ; quelque chose que les saisons intermédiaires n'avaient pas toujours réussi à faire perdurer. Retrouvant toute la force de sa formule chorale, et mettant en pratique des idées de mise en scène et un ton qui ramènent la série à ses origines théâtrales (parfois au sens le plus littéral du terme via MacBeth), ce season premiere est très fort. Qui plus est, les travers consistant à bêtement reprendre de vieilles intrigues pour les faire continuer sans rien y apporter semblent loin : beaucoup des personnages semblent prêts à aller de l'avant, et la saison elle-même se fixe, semble-t-il, un objectif, si l'on en croit la façon dont la prison est mise en lockdown au terme de l'épisode.
Que de bonnes nouvelles, donc, et si mes quelques souvenirs de cette saison finale ne me trahissent pas, on n'a pas fini de se régaler. J'en suis toute émoustillée et triste par avance !

17 novembre 2012

Back where we left off

C'est un exercice bien périlleux que de tenter de revenir sur le devant de la scène avec un nouveau sitcom, après en avoir eu un premier qui ait connu le succès. Fran Drescher ou Reba McEntire le savent bien, qui ont tenté par tous les moyens de revenir sous les projecteurs (et parfois, ça a exigé du temps et de la patience) et de retrouver la formule qui avait fait leur gloire télévisée.

C'est en fait si difficile, qu'une fois que ces "anciennes gloires du sitcom" retrouvent un projet, la tentation est grande de multiplier les références à leur succès initial.
On peut le voir avec Happily Divorced, qui consacre énormément de temps aux clins d'oeil, sous toutes les formes possibles. C'est, étrangement, ce qui fait que Happily Divorced est plus agréable à regarder que Living with Fran, d'ailleurs : le nombre d'allusions et de guests est vertigineux, tandis que Living with Fran avait préféré ne faire appel à la grande famille d'Une Nounou d'Enfer qu'à titre affectueux, plus comme une façon de profiter de l'occasion pour rebosser entre vieux amis, que comme une technique visant à faire appel à la nostalgie des spectateurs.
On ne me fera pas croire que Renee Taylor se pointe dans un rôle extrêmement proche de celui de Sylvia Fine au cours de plusieurs épisodes de Happily Divorced pour une autre raison que faire des appels du pied aux nostalgiques d'Une Nounou d'Enfer, par exemple. C'est impossible à avaler, tout simplement parce que les répliques se déchaînent à chaque apparition pour souligner la parenté avec la série "originale". Le but est avoué.
Après tout, on est sur TV Land ; le simple fait d'offrir à des vieilles gloires du sitcom la possibilité de lancer une nouvelle série est une façon totalement assumée de faire du neuf avec du vieux.

Paradoxalement, ce n'est pas déplaisant. On pourrait blâmer Happily Divorced pour cette façon décomplexée de faire appel à un succès passé pour créer un succès actuel, on pourrait l'accuser de manquer d'originalité, mais c'est très précisément ce que l'on cherche, en réalité, quand on regarde une série avec Fran Drescher. Alors cette façon de faire appel à la mémoire du spectateur, en dépit des apparences paresseuses que cela peut avoir pour quelqu'un d'extérieur à tout cela, ça fonctionne incroyablement bien.

Jusque là, Malibu Country semblait éviter cette technique. Il était pourtant clair que les méthodes de création de la série étaient les mêmes : l'actrice qui reprend un personnage similaire, répondant d'ailleurs au même nom (c'est rarement un signe trompeur), et qui produit la série qui signe son retour...
Mais les références de Malibu Country à Reba étaient absentes des deux premiers épisodes, ce qui était même assez surprenant. La série jouait sur les références à la carrière de Reba McEntire, puisque son héroïne est également chanteuse de country, et ça s'arrêtait là.

Malibu

...Jusqu'au 3e épisode, diffusé hier. Comme souvent, les dialogues ont commencé à tirer partie des gimmicks inhérents à Reba ; parmi les coupables généralement désignés, et c'était déjà le cas dans Reba, on trouve la couleur de cheveux de l'actrice/chanteuse, son accent de l'Oklahoma bien profond, ou son caractère un peu, hm, rigide. Ici c'était l'accent.
Quand soudain, vient une réplique sur le fait que "chewing ice" avec l'accent donne l'impression de dire "chewing ass".

Mes yeux ont roulé sur la table. Vous savez d'où elle vient cette réplique ? Du making-off de la 5e saison Reba ! Meta !

Et finalement il semble qu'on ne puisse y échapper. Malibu Country n'a pas besoin de ces références pour faire des scores décents, et probablement que la série ne compte pas dessus pour attirer son public, mais il semble inévitable de faire référence à un sitcom passé pour donner un supplément d'âme à l'actuel. Dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas d'appâter les spectateurs avec cela, parce qu'il faut vraiment avoir été totalement mordu de Reba (au point d'avoir vu les making-off, quand même) pour saisir cette référence. Mais malgré tout, impossible de faire sans.

Comme je le disais, ce n'est pas désagréable. Quelles que soient les raisons pour faire appel aux souvenirs (qu'on présume émus) des spectateurs, que ce soit pour créer artificiellement un attrait vers la série, ou juste pour entretenir une forme de connivence, ces pratiques fonctionnent. Elles ne fonctionnent à vrai dire que dans cette configuration : la star de sitcom qui revient dans un nouveau sitcom. C'est inconcevable dans les dramas, et décrédibilisant au possible. Mais ça fonctionne, et en tant que spectatrice, j'admire qu'une série soit capable d'établir ce genre de relations avec le public, sans complexe ni faux-semblant.

Dans le fond, nous regardons ces séries parce que nous avons vu les précédentes, parce que nous aimons leur interprète principale, parce que nous voulons avoir l'illusion de suivre des histoires se déroulant dans le même univers, même si les situations ont changé. Nous voulons l'illusion d'une unité dans l'univers de ces séries.
A vrai dire, c'est aussi la raison pour laquelle je regardais Partners ; je regrette que cette dernière n'ait pas plus ostensiblement tiré partie de ses points communs avec Will & Grace. C'est peut-être étrangement ce qui l'aurait sauvée : assumer sa parenté.

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16 novembre 2012

[DL] Paramédicos

Très honnêtement, les génériques de séries médicales/d'intervention sont rarement très originaux. Bien-sûr, ça ne les empêche pas d'entrer dans les annales et de devenir inoubliables, à l'instar de celui d'Urgences, mais globalement, c'est un peu toujours la même chose : on suit les médecins/infirmers/ambulanciers/pompiers sur leur lieu d'intervention, embarquant avec eux un équipement si possible volumineux, intervenant sur des victimes sans visage, sauvant des vies avec bien des filtres bleus et/ou rouges. D'ailleurs, ça n'est pas vraiment propre aux américains, car même le générique de Gyne reprenait les mêmes codes (même s'il choisissait de le faire avec une chanson pop/reggae pour varier quand même un peu les plaisirs), si vous vous souvenez.

Après tout, le principe de ces génériques, c'est de mettre en valeur les courageux héros qui sauvent des vies. On a besoin de voir leurs visages, pas ceux des anonymes qu'ils traitent ; on a besoin de voir leurs actions, de se glisser dans leur blouse (surtout s'il s'agit de Noah Wyle... j'ai dit ça à voix haute ?), de vivre les évènements à leurs côtés, de comprendre ce que cela implique pour eux. Dés le générique, ces séries veulent faire monter l'adrénaline et/ou l'émotion pour que nous nous mettions aux côtés des urgentistes de tous poils.
Mais Paramédicos, une nocturna Mexicaine qui s'achèvera jeudi prochain, a décidé de porter sur tous ces clichés un regard un peu neuf. Le générique de la série n'a pas un concept plus original que les autres, mais c'est l'angle abordé qui fait tout. Jugez plutôt.

Paramedicos
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Dés la première image, alors que le générique n'a pas vraiment commencé et que s'affichent à peine des logos, dont celui de la Croix Rouge qui a participé à la production de la série, Paramédicos dit déjà sa différence. C'est même un peu destabilisant dans un premier temps. Mais, traitant cette première image comme le début de sa narration, le générique va nous raconter une histoire. Et une seule.
Décider de suivre une seule intervention, c'est déjà révolutionnaire en soi, quand on y pense. Peu de génériques médicaux le font, tout simplement parce que trouver des images de plein de sauvetages/opérations différents, issus d'épisodes variés, permet de ne piocher que ce qui est le plus émouvant, le plus à même d'impressionner. Mais Paramédicos ne mange pas de ce pain-là, et va suivre un cas, et un seul, du moment où un accidenté reprend connaissance sur la chaussée jusqu'au moment où il va arriver à bon port, aux urgences.

Mais ce qui fonctionne certainement le mieux dans ce générique, c'est que la perspective dominante est celle du patient. La camera subjective regarde les actions des personnages à travers le regard perdu et sans doute un peu choqué de l'accidenté. Et curieusement, ce procédé permet de tout de même montrer l'héroïsme du personnel médical, mais sans leur attribuer de visage, sans clairement définir leur personnalité. On est là, dans l'urgence, la même qui fait que tout d'un coup les portes battantes du Chicago County s'ouvrent sur un personnel médical affairé. Sauf qu'ici, ce qui importe, c'est le sort du patient, pas la réussite du médecin. Les actes médicaux sont les mêmes, les ressorts sont les mêmes... sauf que regarder l'intervention en étant dans la peau (abimée) du patient change tout. Et c'est diablement efficace, du coup.

Paramédicos est pourtant, sur le contenu, une série assez classique dans le genre médical, suivant de nouveaux ambulanciers alors qu'ils viennent de finir leur formation auprès de la Croix Rouge et qu'ils entrent dans la cour des grands. Dans le genre, on a difficilement fait plus classique, si j'en juge par le pilote. Malgré cela, avec ce générique énergique et capable d'apporter un regard différent, Paramédicos parvient à se vendre avec une touche d'originalité en plus.
Le générique, qui plus est, souligne combien la réalisation de Paramédicos est importante : on trouve dans la série, pendant les scènes d'intervention (dont celle qui ouvre le pilote) au moins autant de filtres et d'angles léchés que dans un épisode des Experts. C'est quelque chose que le générique, avec son sens de la couleur et du montage, retranscrit très bien.

C'est à ce genre de techniques qu'on reconnaît une série qui sait appâter le spectateur, qui a compris qu'il fallait innover pour attirer l'attention (la garder étant un sujet différent). D'ailleurs, Paramédicos a reçu cette semaine un Pantalla de Cristal, un prix remis à l'occasion du festival du même nom, dont la vocation est de mettre en valeur des productions indépendantes mexicaines ; les récompenses concernent également les campagnes publicitaires et les stratégies marketing, et justement, la production de la série a été saluée pour son travail en matière de promotion digitale et sa dimension sociale (au sens "interactif" du terme). Comme quoi, quand on y met les formes...

15 novembre 2012

Tous au bestiaire

Il existe des concepts de séries totalement débiles. Plein. Et plus on fait du kilométrage téléphagique, plus on en a de preuves potentielles.
Mais je crois que le type de concepts qui emporte la palme, ce sont les animaux qui parlent. Depuis les années 90, ce n'est plus acceptable que des séries prétendent pouvoir utiliser un argument comme l'animal qui parle (chien, chat, cheval...) tout en conservant un minimum de dignité. Non qu'avant, cela ait donné d'extraordinairement bons résultats, mais à un moment, on ne peut plus admettre que pareilles choses se produisent.
Adieu Mr. Ed, adieu Darwin, adieu Salem ; cette pratique appartient à un autre âge.

Bon, en toute franchise, les séries avec des animaux, c'est rarement une idée qui fonctionne de toute façon à l'heure actuelle, même quand l'animal n'a aucun vocabulaire. Et je vous dis ça avec toute la tendresse du monde sachant que quand j'étais enfant, je regardais Skippy, Flipper (la version avec Jessica Alba), L'étalon noir et Rintintin Jr.. Mais à un moment, il faut arrêter les dégâts.
L'utilisation d'un animal est issue de la grande tradition des séries "familiales" (au sens péjoratif du terme) dans lesquelles on choisit un animal généralement pelucheux (mais pas toujours), en tous cas mignon, qui est capable de venir en aide aux humains d'une façon ou d'une autre, soit parce que l'animal exerce un métier touchant au secourisme (je me demande toujours où est Wally la baleine-pompier, pourtant), soit simplement parce que sa présence est thérapeutique.
Les séries avec les animaux s'accompagnent systématiquement d'un héros jeune (enfant et/ou adolescent) qui puisse enfouir son nez dans la fourrure/crinière de l'animal (voire nageoire si on n'a pas mieux sous la main) et y déverser ses larmes ainsi que les problèmes qu'il a sur le coeur. C'est ce qu'on prétendra être des moments "d'émotion", quand le spectateur, lui-même jeune, peut imaginer avoir un ami au pelage soyeux (ou la nageoire dorsale lisse) qui représente le confident dont il a toujours rêvé. Même si l'animal ne capte rien, rapport au fait qu'il ne parle pas plus humain que l'enfant parle la moufette rayée, voire pis encore si en plus la bestiole est affublée d'un travers débilitant supplémentaire, genre strabisme léonin.
Sous un autre angle, c'est un peu pathétique ; mais faisons mine de trouver le concept émouvant tout de même... Il arrive que parfois ce soit relativement bien fait, comme avec Caitlin Montana, mais enfin, bon, ça fait un peu pitié quand même que l'unique chose qui soit écrite pour faire rêver le spectateur, c'est que la seule créature à même de comprendre le héros (= l'avatar du spectateur dans la série) soit une bestiole incapable de résoudre une simple équation à deux inconnues, passer un appel longue distance, ou se retenir de se lécher le derrière en public.

Le problème c'est que ces séries ont systématiquement un travers : elles sont répétitives au plus haut point. Quand Timmy est tombé dix semaines d'affilées dans un puits, et que cette bonne vieille Lassie a une fois de plus, bravement et patiemment, amené les secours pour le tirer de là alors que très franchement il suffirait de condamner l'accès au puits une bonne fois pour toutes, on commence un peu à s'ennuyer ferme.
Seul La Double Vie d'Eddie McDowd avait tenté de contourner le problème avec un pseudo-fil rouge. D'ailleurs on en revient à cette histoire de bestiau bavard.

Il faut bien l'admettre, à l'heure où les séries s'éloignent de ces pitches simplistes, y compris pour les séries "familiales" où de toute façon la série d'aventure n'a plus beaucoup de succès, on n'a plus trop l'occasion de constater l'ampleur des dégâts. On serait même tentés de s'en réjouir, si ce n'était pour une vague trace de nostalgie.

Et pourtant, il y a encore des gens pour créer une série qui s'appelle Dog with a Blog, dans laquelle un chien parle... et tient un blog. Si-si.
Oui mais le chien est-il sur Instagram, voilà la vraie question ?

DogwithaBlog

N'écoutant que mon courage, un mal de crâne carabiné, et la prescription de marijuana à laquelle j'ai eu recours pour me mettre dans l'ambiance de Malibu Country, j'ai donc décidé de ce soir de cagouler le pilote de cette série Disney. Que je n'ai pas encore regardé parce que rien que son existence me laisse pantoise.
Comment un courant télévisuel disparu depuis belle lurette, ou ayant réussi à en donner l'illusion en tous cas (la fin de La Double Vie d'Eddie McDowd n'a que 10 ans) peut-il trouver le moyen revenir sur les écrans sans provoquer l'hilarité générale, en particulier chez les décideurs des chaînes ?

D'ailleurs, en parlant de ça, à quoi peut ressembler une séance de pitch à laquelle des exécutifs prêtent sérieusement l'oreille à une série dont le sujet tient de façon extensive dans son titre... à moins que ce ne soit l'inverse.
Et songez : il a fallu pas moins de DEUX créateurs pour cette série ! Le premier coupable, Philip Stark, ayant comme plus haut fait de guerre l'écriture de moins d'une vingtaine d'épisodes de That 70s Show, l'autre ayant derrière lui une carrière de plusieurs décennies couvrant des sitcoms aussi divers que Roseanne, Girlfriends ou I'm with the band (déjà Disney). Donc ces deux types, pas franchement tombés de la dernière pluie, réunis très sérieusement devant des types en costards qui hochent la tête : "hm, oui, intéressant, et pourquoi c'est drôle ?"... et qui finissent par acheter le truc ! Ca semble surréaliste.

Mais surtout, qu'est-ce que ça dit du monde de la télévision, dans une industrie qui semble en perpétuelle mutation et qui s'en enorgueillit tant, que nos chères têtes blondes (enfin les vôtres, en fait, moi je me suis bien gardée d'en faire !) regardent des séries qui, à peu de choses près, reposent sur les mêmes principes que des séries qu'on a progressivement arrêté de faire il y a 20 ans ?
Vous le savez, je ne suis pas fan des séries musicales pour (pré)ados, qui ont fait les beaux jours de la décennie précédente et ont participé à la pression sociale sur la célébrité à portée de tous, si ce n'est obligatoire pour tous. Mais au minimum, ces séries apportaient quelque chose de nouveau dans le panorama télévisuel, à défaut que ce soit quelque chose de forcément impressionnant. Là j'ai l'impression d'un retour en arrière : "Hannah Montana va se marier, on se replie, on se replie, infirmieeeeeer !".

C'est inquiétant au sens où les spectateurs qui regardent ces séries paresseuses sont les spectateurs de demain. Bien-sûr une bonne proportion d'entre eux regardera en priorité les futurs équivalents de Gossip Girl, et ceux-là on ne pourra pas les sauver, ils sont perdus.
Mais quel goût téléphagique donnons-nous à la génération qui vient si nous leur montrons des séries pour la jeunesse qui reprennent des vieilles recettes, alors que beaucoup des séries pour les jeunes adultes et les adultes tentent au contraire d'aller de l'avant et de repousser les horizons ? Il parait paradoxal que les séries pour les futurs spectateurs soient aussi peu imaginatives, et que celles adressées à la génération juste après le soient énormément, au niveau du contenu, du concept, ou simplement du format, comme on peut le voir avec le renouveau du soap, totalement rénové par l'inspiration des telenovelas, ouvrant la voie à des séries qui n'ont peut-être rien de nouveau à dire, mais tentent au moins de le dire différemment.
Or rien de tout cela ne semble se produire quand on tombe sur le pitch de Dog with a Bog.

Alors je sais pas... est-ce qu'à votre avis il y a une chance que Dog with a Blog fasse quelque chose d'un tantinet original, sur le fond, la forme ou le format ? Rien qu'une toute toute petite ?
Ouais, hein. C'est bien ce que je me disais. Bon, je me lance. Espérons que j'en sorte vivante. Si je ne suis pas de retour dans 48h, envoyez-moi une tortue de secours.

14 novembre 2012

Un accident est si vite arrivé

Depuis que je jongle entre deux boulots et que je me suis fait la promesse solennelle de continuer à tenir ce blog, regarder des séries est devenu... une nouvelle aventure, paradoxalement.

Permettez que je raconte ma vie téléphagique deux minutes (mais eh, c'est un peu à ça que sert cette rubrique !) : en gros, outre les heures toujours aussi longues à effectuer dans l'ancien job, parfois même plus (une joie de chaque instant chroniquée du côté de ladymnistration), j'ai une "revue téléphagique" hebdomadaire à tenir pour mon nouveau boulot qui consiste à regarder plein de séries, et notamment de pilotes, pour dresser un panorama télévisuel à peu près réaliste des télévisions de la planète, plus quelques missions ponctuelles plus thématiques que je vous épargne (et qui pour le moment ne constituent qu'une part minime du boulot). Bon. Là-dessus il faut ajouter le suivi de l'actualité télé du monde que je faisais déjà, quelques autres petits projets, et ce truc, là, le... mais si, vous savez ? Vie privée, voilà. Notamment parce qu'en ce moment j'ai quelqu'un qui squatte mon canapé. Et je vous épargne mon bouquin hebdomadaire (généralement sur la télévision), la lecture de la presse, etc... J'ai l'impression de me résumer à mon cerveau en ce moment (mais un cerveau qui boit de la Suze pink à 2h du mat avec mon colocataire du moment en matant Ted).

Avec tout ça, il a fallu que je m'impose une certaine rigueur en matière de visionnages. Et on va être clairs, la rigueur téléphagique n'a jamais été mon genre.
Mon genre, c'est regarder tout ce qui me passe par la tête quand j'en ai envie. Si j'ai tout d'un coup envie de m'enfiler 7 saisons de Gilmore Girls comme cet été, je le fais, par exemple. Que j'aie déjà 712 séries en cours n'entre pas une seconde en ligne de compte, même si je les adore. Une fois mon marathon fini, je reprends certaines de ces séries, d'autres attendent encore, et/ou un nouveau coup de coeur intervient parce que je continue de mater des pilotes. Si tout d'un coup je décide que je n'ai vu la première saison de House of Lies que trois fois cette année, et que ça me semble peu, eh bah vogue la galère, on est repartis pour un tour. Deux jours plus tard, à un épisode du final de la saison de House of Lies si ça se trouve, je vais me rappeler que Homeland reprend bientôt et me piquer d'en faire un post To be continued... qui va me pousser, en faisant les captures, à en fait revoir la première saison de la série. Mais patatras, en plein milieu de l'intégrale de Homeland, je me redécouvre une frigale de pilotes et ne vais jamais au bout de mon revisionnage de la saison 1, enchaînant les pilotes de la rentrée US. Là-dessus, la rentrée nippone débarque et ça continue niveau pilotes ; j'en viens même à mettre en pause le suivi de séries comme The Good Wife par exemple. Mais quelques semaines plus tard, en un aprem, c'est rattrapé, alors c'est pas grave. Et ainsi de suite. C'est mon fonctionnement habituel. Ca, c'est bien mon genre.
Et, qu'on soit, mais alors, absolument limpides sur le sujet : je suis tout-à-fait décomplexée vis-à-vis de ça. Même pas honte. Me laisser porter par mes envies, mes humeurs et le sens du vent, ça fait même partie de mon plaisir. Chaque fois que j'ai essayé de me forcer à regarder un truc parce que "bah j'ai commencé c'est trop con" ou "j'ai du retard sur la diffusion US" voire même "c'est pas la quatrième fois que je me fais une intégrale cette année ? j'ai pas mieux à faire de mon temps ?!", je dis bien à chaque fois, ça tourne mal. Soit parce que je finis par en vomir la série, soit tout simplement parce que je la regarde du coin de l'oeil alors que mon cerveau chante en boucle : "99 séries plus intéressantes à regarder, j'en regarderais une à la place de ça, ça ferait 98 séries plus intéressantes à regarder !", un peu comme Patrick Swayze dans Ghost.

Le problème c'est que quand on a quelqu'un qui vous paye pour regarder des pilotes/séries et vous faire un compte-rendu, vous ne pouvez pas prendre votre plus beau clavier et écrire un mail au boss : "cette semaine... rien. J'ai eu envie de revoir le pilote de Threesome et je suis tombée dans une intégrale de la série. L'accident con. Du coup, j'ai rien vu de neuf. Rendez-vous la semaine prochaine pour une revue des pilotes turkmènes du moment. (Peut-être). PJ : mon RIB pour le salaire de la semaine".
J'ai donc fait preuve de sérieux, d'organisation, et de persistance. Je me bloque tel jour de la semaine pour voir x pilotes. Tel autre pour m'enfiler toute une saison d'une série dont je sais que la thématique entre dans les attentes de mon patron en ce moment. Le lendemain c'est une lecture soutenue des dernières news (très contente pour le renouvellement de Redfern Now par exemple, d'ailleurs on parle du pilote très vite). Certains jours je vais jusqu'à manger et dormir. Et ainsi de suite.

Là-dedans, j'ajoute la rédaction des posts pour ce blog. Parce que j'y tiens.
Parce que d'une part, si je ne le fais pas, ça me manque ; déjà. C'est trivial mais c'est comme ça. Ensuite parce que j'aime bien avoir un retour sur les séries que je vois, et croiser les points de vue et les ressentis (oui alors en ce moment les commentaires ne se bousculent pas, certes, mais bon, on va faire comme si, pour les besoins de la démonstration).
J'avais envisagé de réduire la cadence et ne plus poster en quotidienne. Je l'avais envisagé environ pendant dix secondes : la vérité c'est que si j'écris au quotidien, c'est aussi parce que si je ne le fais pas, il y a plein de choses que je n'ai pas le temps d'aborder (en fait, déjà en écrivant tous les jours, je n'ai pas le temps de tout aborder, alors imaginez un peu ; tiens, il faudrait que je vous parle de In Deriva à un moment, la version roumaine de BeTipul et In Treatment, j'ai maté le pilote, c'était une expérience intéressante, d'ailleurs assez destabilisante dés la première séquence). Et ce que je n'ai pas le temps d'aborder eh bien, ce n'est pas documenté dans ces colonnes, ce qui veut dire que c'est assez rarement documenté ailleurs mais si un autre blogueur veut parler du pilote de Suburbia, faut pas qu'il se prive, au contraire ce serait dommage de passer à côté. Et puis, d'une façon générale, ce blog est parfois, aussi littéralement que possible, un blog, au sens où je le traite aussi comme un journal de visionnages, et que dans six mois, un an, je ne pourrai pas lire mes impressions sur un pilote si je ne les écris pas sur le moment. Or ça peut être intéressant de comparer par la suite ; c'est le cas pour The Good Wife, par exemple. Aujourd'hui je ne vois plus ce pilote du tout de la même façon, et j'ai envie de dire que c'est normal, mais me relire est intéressant quand j'aborde un épisode ou un arc de la série dans un post ultérieur.

Alors avec tout ça, le problème c'est que même quand on veut jouer à la professionnelle sérieuse, sous les lunettes et le tailleur violets, il y a encore un coeur de téléphage qui bat.

Scrubs

La semaine dernière, je ne sais plus pourquoi, j'ai soudain repensé à Scrubs. J'ai eu envie de voir le pilote : je me suis dit que ça me détendrait et que j'en avais bien besoin.
Donc j'ai regardé toute la première saison, fidèle à moi-même.
Du coup, j'ai dû batailler encore plus avec mon emploi du temps pour quand même faire mon travail n°1, mon travail n°2, et suivre les séries qui me tiennent à coeur dans la mesure du possible (je suis un peu en retard sur Tu m'aimes-tu?, par exemple), tout en adressant au moins une fois par jour la parole à la personne qui est à la maison en ce moment.
Et du coup j'avais encore plus besoin de me détendre. Et du coup j'ai entamé la saison 2 hier.

C'est un truc qu'on ne vous dit pas forcément, quand vous commencez à être payé à faire ce que vous aimez : les limites entre l'agréable et le désagréable se brouillent un peu. Juste un peu. Pas au point que ce qui est agréable devienne désagréable (au contraire, les jours où on est motivé pour rien, ça aide drôlement à se trouver un truc sympa à regarder malgré tout), pas du tout, je vous rassure.
Il y a un équilibre à trouver, c'est clair, et ce n'est pas en deux semaines qu'il va m'apparaitre comme par magie. Mais je voulais partager ça avec vous quand même. Déjà parce que je pense que ça fait partie de l'expérience : on en a tous rêvé, de réussir à recevoir un (petit) chèque pour regarder des séries, eh bien voilà à quoi ça ressemble aussi, même si d'un autre côté je m'éclate, et je n'arrêterrais de mener cette vie en ce moment pour rien au monde. Et puis aussi parce que j'aime bien partager avec vous, tout simplement. Et ça non plus, je n'arrêterais pour rien au monde, quand bien même en ce moment j'ai très peu de temps pour Twitter où je sais pouvoir retrouver la plupart d'entre vous...

13 novembre 2012

Du lard et du cochon

Hana no Zubora Meshi faisait partie des séries que je surveillais si peu en cette saison, que je n'avais même pas percuté qu'elle démarrait le mois dernier ! Mais bon, euh, ça y est, je suis rentrée dans le rang, j'ai fait mes petites lectures et tout, je suis parée.
A la lecture du pitch, j'ai en fait eu le temps de me demander si c'était du lard ou du cochon. Jugez plutôt : Hana no Zubora Meshi raconte les tribulations d'une femme au foyer brouillonne (limite souillonne) qui ne fait pas le ménage ! Et quand son mari rentre à la maison, eh bien, c'est la pagaille.
Euh, alors, comment vous dire ? Déjà que je me soupçonne de devenir féministe ces derniers mois, mais là je vois pas comment ça va s'arranger ! Ohé, le Japon ? Les années 50 ont appelé, elles veulent qu'on leur rende leur sujet de série.

Les choses sont légèrement plus compliquées que cela, pourtant. Comme souvent.
Le pilote de Hana no Zubora Meshi commence avec une petite séquence animée reprennant le point de départ du fameux conte sur Momotarou. La légende veut en effet qu'une vieille femme lavant son linge aperçoive une énorme pêche flotter ; en l'attrapant, elle découvre qu'un petit garçon est à l'intérieur, et, avec son vieil homme de mari, elle l'appelle Momotarou. Mais ce petit garçon est un peu paresseux, et en grandissant, il développe un don sans pareil pour des actions radicales afin de s'éviter tout effort, aussi un seigneur, histoire de lui apprendre à se bouger le derrière, l'envoie affronter des démons. En chemin, il rencontre des animaux qui deviendront ses amis, il vainc les démons, et hop, une légende est née.
Mais dans notre version, la vieille femme n'a pas fait sa lessive depuis très longtemps, car c'est une flemmarde. Elle finit cependant par aller à la rivière, et quand elle voit la pêche flotter, elle n'a pas envie de tendre la main pour l'attraper. En dépit des cris surexcités de son mari qui lui explique que si elle n'attrape pas le fruit géant, l'histoire ne peut continuer, eh bien, la pêche continue de s'éloigner, et point de Momotarou.
Que voilà une idée sympathique pour parler de la flemmardise, qui est le thème central de Hana no Zubora Meshi ! Et qui reprend avec ironie un conte lui aussi supposé parler de flemmardise, d'ailleurs. Bien joué pour cette scène d'ouverture originale, donc. Mais je n'étais toujours pas convaincue.

Plus classique, la scène suivante nous présente notre héroïne, Hana, notre fameuse femme au foyer qui ne glande rien, alors qu'elle est au téléphone avec son mari, qui travaille au loin et la laisse donc longtemps toute seule à la maison. Ce qui explique l'état de l'appartement ! C'est là que la série tombe exactement dans le travers prévu, et tente de nous intéresser aux tribulations de la pauvre épouse qui fait rien que de ne rien faire, et qui vit comme un cochon dans sa porcherie. Ce furent quelques affligeantes minutes de télévision, je ne vous le cache pas. Je sais que la société nippone (j'ai dit nippone ? je voulais dire asiatique en général) est assez sexiste, mais là, wow ! Vraiment ça mériterait presque des applaudissements si je n'avais pas déjà les majeurs occupés. Et pourtant, tout en se vautrant dans son exposition insupportable sur le fond, Hana no Zubora Meshi se montre plutôt taquine sur la forme, avec quelques minis idées de réalisation intéressantes et, plus généralement, un sens du montage assez dynamique et frais.
C'est que, aha ! Hana no Zubora Meshi n'a pas encore dit son dernier mot, bien décidée à lutter avec toutes les armes qui sont à sa disposition pour me convaincre. Et vous savez quoi ? C'est une qualité que j'admire dans un pilote.

HananoZuboraMeshi

Car une fois l'exposition achevée, l'épisode repart dans une série de petits délires franchement sympathiques. Par exemple, Hana est une souillon, mais voudrait réussir à faire quand même un peu de ménage chez elle ? Eh bien la série se transforme en évènement sportif, dans lequel un présentateur et un expert observent sa prestation et donnent des éclaircissements techniques sur la façon dont se passe le combat Hana VS crasse. Et c'est proprement (hm...) hilarant, en plus d'être assez bien vu ! Le ton rappelle l'absurdité placide des séries Yuusha Yoshihiko, et la façon dont cette séquence est commentée est d'un humour indubitable.

Mais on n'a finalement pas encore atteint le coeur de notre sujet. Car Hana no Zubora Meshi est l'adaptation d'un manga (or moi, les manga...), et que ce manga est du même auteur que, tenez-vous bien... la série culinaire Kodoku no Gourmet ! En fait j'ai même cru comprendre que les héros des deux manga étaient en réalité mariés.
C'est donc le dernier tiers du pilote qui va parler de bouffe. Ce qui signifie qu'à partir de là, forcément, on ne va pas se raconter des histoires, j'étais fichue, hein ; on se rappellera que j'idolâtre méchamment Shinya Shokudou entre autres parce qu'il y est question de nourriture, par exemple, c'est à peine mieux pour Pasta, et ça a quand même bien joué pour Oishii Gohan.

Tout le concept de Hana no Zubora Meshi est en fait d'expliquer pourquoi cette femme au foyer qui a tout le temps du monde pour cuisiner de savoureux petits plats compliqués se retrouve en réalité, par accès de flemmardise, à bricoler des trucs vite fait dans sa cuisine. Vite fait, mais bien fait.
Dans le présent épisode, comme Hana n'a évidemment pas été faire les courses, et qu'on est dimanche (mais à ce stade, il y a de fortes suspicions pour que ce soit la même chose le reste de la semaine), elle tente donc de se bricoler un repas avec les fonds de placard. Et ça donne... ça.

HananoZuboraMeshi-1 HananoZuboraMeshi-2

Fracture simultanée de l'oeil et de la mâchoire. Brutal.

Pendant que la miss s'empiffrait de l'équivalent de son poids en toasts garnis (en s'en foutant partout comme une petite truie qu'elle est, ça doit être un sous-genre de food porn je pense, d'ailleurs), il m'a fallu voir les choses en face : cette vacherie de série a peut-être un pitch méchamment sexiste (ça on ne me l'ôtera pas de l'idée), mais en attendant, elle sait mettre l'eau à la bouche.

Pourtant sa formule est, à ce stade, diablement originale : il n'y a, en gros, pas d'histoire ! L'action du pilote se déroule intégralement à l'intérieur de l'appartement en désordre de Hana (avec quelques séquences originales et/fantasmées, comme on le disait, pour aérer un peu l'action), il y a un seul personnage (les rares autres visages de passage étant eux aussi imaginaires), et le but du jeu, c'est juste de voir l'héroïne cuisiner un truc étrange et hautement calorique (dans la version manga, Hana est d'ailleurs beaucoup plus potelée), puis de la regarder se baffrer pendant que mentalement on liste ce qui reste dans NOTRE placard.
Et c'est pile au moment où vous remarquez qu'il reste encore quelques minutes d'épisode que le pire est à venir, avec un segment totalement hors-histoire (...dans une série qui n'en a pas, donc) dans lequel l'acteur qui interprétait l'expert dans la fausse séquence sportive mentionnée ci-dessus commence à donner les détails d'une recette de cuisine pour nous aussi faire des toasts couverts de vice et de fromage. Je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il y a un partenariat avec Weight Watchers là-dessous.

Totalement inutile d'un point de vue dramatique, Hana no Zubora Meshi se révèle au final être une comédie rafraîchissante, avec de bonnes idées de réalisation n'ayant en réalité qu'un seul but, totalement assumé : vous donner faim, et vous pousser à cuisiner un truc calorique au possible au beau milieu de la nuit, puisque la série est diffusée à 00h55 en plein milieu de la semaine. Du vice, je vous dis !

Loin d'être à même d'entrer dans la légende comme d'autres séries culinaires capables d'exploiter leur ambitions gastronomiques à des fins dramatiques et poétiques (Shinya Shokudou en étant un sublime exemple), la série donne, à tous les niveaux, dans le guilty pleasure. Mais à la limite, pourquoi pas, à partir du moment où on sait qu'on va crever la dalle au bout de 10 minutes d'épisode. Mon conseil : faites vos courses avant de regarder, et faites-vous péter la panse de mauvaise bouffe et de mauvaise téléphagie. Personne ne vous jugera.
Sauf si un présentateur sportif et un expert observent secrètement ce qui se passe dans votre salon.

12 novembre 2012

43 Glorieuses

Qu'il est rare qu'une série historique me plaise ! Il y a probablement des cas dans lesquels c'est moi qui me braque, un peu par principe : je n'aime pas avoir l'impression qu'on me fasse la leçon ; les cours d'Histoire comptent, ils faut le dire, parmi quelques uns de mes plus désagréables souvenirs du collège et du lycée (les autres étant généralement ceux des cours de maths, mais... il existe très très peu de séries sur les maths). Rien ne m'exaspère autant qu'une série qui veut absolument prouver qu'elle a des super décors et des costumes parfaitement fidèles, et qui au final brade totalement l'émotion dans son soucis de "faire vrai". Trop souvent, les séries historiques semblent vouloir prendre le prétexte de parler de l'Histoire grâce aux petites histoires, mais ce faisant, elles négligent leurs petites histoires parce qu'elles ont trop l'oeil sur la vue d'ensemble. Celles qui ne donnent pas dans ce désagréable travers, ironiquement, échouent tout de même à mes yeux en étant justement trop soapesque. C'est un peu une situation sans issue, et très peu de fictions de ce type finissent par trouver grâce à mes yeux, même s'il y en a.
Le contexte joue aussi, évidemment ; par exemple, je me sais un peu plus ouverte d'esprit sur tout ce qui porte sur l'Histoire de ces 50 dernières années environ (on n'est pas à une décennie près, évidemment), je commence à faire une véritable overdose de tout ce qui est Guerre Mondiale, et ensuite, plus on remonte le temps plus le sujet me pose un problème de principe.

Tout ça fait que les exceptions passant entre les mailles du filet répondent généralement à des critères assez précis (même s'il arrive qu'il y ait des exceptions un peu partout, évidemment), et il faut le dire, Moeder, Ik Wil Bij de Revue, une série apparue cet automne à la télévision néerlandaise, avec plusieurs atouts dans sa poche : elle avait choisi un sujet qui n'était pas tout-à-fait historique, et qui se déroulait dans l'après-Guerre. Et je dis banco.

MoederikwilbijdeRevue

Ce sujet, c'est celui des van Woerkom, une famille qui a survécu tant bien que mal à la guerre, et qui désormais peut se consacrer à la boutique familiale, qui s'est reconvertie en magasin d'électro-ménager. Signe des temps. Les van Woerkom et leur fille font leur chemin dans une économie en pleine renaissance, Trente Glorieuses obligent.
A côté de ça, un autre personnage, Bob, revient de la Guerre ; il était soldat, le voilà désormais voué à reprendre l'exploitation de charbon de son père, mais il n'a envie de rien de moins au monde. Alors qu'il obtient des places pour assister au spectacle de music-hall d'une troupe qui s'installe, Bob va découvrir les joies que procurent le show business aux spectateurs ; ému par le spectacle, et ces chansons dans lesquelles il se retrouve tant, il décide de rester en ville, de laisser tomber le charbon, et de devenir homme de main au sein de la revue : n'importe quoi, pourvu de participer à sa façon au spectacle ! Même si, en toute sincérité, il préfèrerait pouvoir chanter...

Moeder, Ik Wil Bij de Revue est bien décidé à visiter des personnages très différents en l'espace d'un seul épisode : outre la famille van Woerkom et Bob, on suit aussi le chanteur de la revue, John, et sa soeur Riet, des personnages du monde du spectacle qui vivent un peu en marge de la société, avec des goûts de luxe. A travers ces différentes couches de la société, la série peut ainsi se permettre de voir le progrès économique de plusieurs façons ; ici il n'est pas question de montrer des différences entre les classes : désormais tout le monde a accès aux dernières radios ou tourne-disques dernier cri, par exemple. Ces points de vue différents permettent simplement d'aborder différents thèmes.
A la façon d'American Dreams, le pilote de Moeder, Ik Wil Bij de Revue met en parallèle la façon dont le pays recommence à rêver et songer à l'avenir, et la façon dont les personnages le veulent eux aussi. Le magasin était d'ailleurs un outil utilisé dans American Dreams, tout comme l'était le divertissement (grâce à American Bandstand), pour décrire la période de transition vécue par les personnages.

La scène la plus touchante, après quelques longues d'exposition passagères, est certainement celle qui clot le pilote. Bob assiste en effet à la Revue, et il est difficile de ne pas partager son émotion.
Elle m'a rappelé, eh bien, par une intéressante mise en abime, celle que nous ressentons tous, je crois, de temps à autres, en tous cas c'est à espérer, en tant que téléphages : une fenêtre sur un monde à mille lieues de ce que nous connaissons, capable à la fois de nous transporter et de nous ramener à ce qu'il y a de plus intime en nous.
Comment ne pas songer à ces chansons mélancoliques qui parlent (si je comprends bien ma VOSTM) de souffrances passées et de deuil, et ne pas songer aux séries qui nous disent la même chose. Elles nous bouleversent et nous donnent envie, nous aussi, de participer, peu importe comment ; avec une news, un review, ou pourquoi pas en soumettant le pitch à un producteur qui nous consulte. Je veux dire, on est là pour ça, non, pour être à la fois ému sur le moment et transcendés dans la minute qui suit ? Cette séquence finale du pilote de Moeder, Ik Wil Bij de Revue nous renvoie là, à ce quelque chose de très positif, quand tout est à construire.

Moeder, Ik Wil Bij de Revue est l'histoire de personnages qui veulent aller de l'avant, qu'il s'agisse de ceux qui veulent simplement asseoir leur confort matériel, trouver l'amour, ou, comme Bob, s'exprimer grâce à quelque chose qui leur semble fondamentalement beau même si c'est un peu superficiel à la fois. En cela, ces 43 premières minutes sont délicieusement désuettes et en même temps terriblement actuelles. Après tout, nous aussi, nous allons vouloir vivre nos Trente Glorieuses, quand on arrêtera d'annoncer que c'est La Crise tous les matins...
Voilà, ça y est, j'ai trouvé. Les séries historiques qui me plaisent vraiment, ce sont celles qui sont tellement universelles qu'en réalité elles pourraient se passer n'importe quand. Mais qui sont quand même drôlement plus élégantes quand elles utilisent le passé pour nous le dire.

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