Quand Fabien m'a dit qu'il pensait que First Contact était un bon film de la franchise Star Trek, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander, pour savoir que faire de cette information, à quel moment il avait découvert le film dans la chronologie de sa découverte de ladite franchise. Car en ce qui me concerne, First Contact est le tout premier élément de Star Trek que j'aie découvert, comme la première pièce d'un légo géant que je n'ai jamais fini de construire, et je soupçonne que cette première place chronologique lui assure également une première place affective à vie. Quelles que soient les briques de légo qui ont suivi, et qui suivront je pense, ma préférence lui reviendra toujours.
Si je me permets de m'avancer sur le futur, c'est aussi parce que, hein, je me connais. Je sais bien quel genre de téléphage je suis !
Et à l'instar des séries qui nous inoculent le virus de la téléphagie, et que nous ne parvenons jamais à renier (souvent sans même essayer), l'épisode par lequel on commence une série tient à jamais une place particulière. Oh, il n'a pas besoin d'être le meilleur ! Il est juste le préféré.
Je ne sais pas si ça m'est propre, mais c'est en tous cas un comportement assez marqué chez moi. Plusieurs exemples me viennent à l'esprit pour confirmer ce verdict.
Dés les premiers émois de ce blog, par exemple, je vous parlais d'un épisode de Rude Awakening. C'est à la fois le premier que j'ai vu mais aussi le plus ancien que j'ai pu me procurer. Sa structure, il est vrai, est assez particulière, puisqu'à la faveur d'un anniversaire, Billie fait un bilan de sa vie (un exercice qui est toujours très pratique pour qui prend une série en cours de route, il faut bien le reconnaître), mais pour moi, il a valeur de pilote. Si un jour... j'ai dit "un jour"... si un jour je finis par mettre ENFIN la main sur le pilote de cette série (hélas, rien n'est moins sûr ; quel camouflet, quand même !), je pense qu'il ne détrônera jamais cet épisode. Et puis il faut dire qu'en plus je l'ai regardé si souvent, celui-là...!
Dans le même genre, il y a eu l'expérience Titus. J'ai là aussi évoqué très tôt l'un des deux épisodes de la série que je connaissais (quasiment par cœur, en plus), et quand j'ai finalement vu le pilote, eh bien deviné ce qui s'est passé ? Voilà, ça n'a pas raté : bien qu'ayant beaucoup aimé, et bien que continuant ensuite de suivre la série avec délice, Papa est mort reste mon épisode préféré.
Ainsi, le premier épisode vu a toujours une place à part dans mon cœur, et ce, que la série soit feuilletonnante ou non, d'ailleurs.
Alors, de la même façon que parfois on se remet en question sur ses séries favorites, plus par hygiène intellectuelle qu'autre chose, histoire de se prouver qu'on est encore capable de recul sur sa propre consommation téléphagique, je me demande où est l'oeuf, et où est la poule, dans mon cas particulier de téléphage pilotovore.
Est-ce que j'aime plus spécifiquement les pilotes parce qu'ils apportent des éléments précis (construction des personnages, présentation de l'intrigue, introduction des problématiques...), ou est-ce juste par rigueur, pour commencer les choses par le commencement, de façon à ne pas risquer par la suite de penser que le pilote n'est pas si bien que ça ? Mouais, sans doute un peu des deux, dans le fond. Le plaisir de la découverte serait-il le même si je débutais une série par autre chose que le pilote ? Désolée, je ne peux répondre à cette question, ma religion de pilotovore me l'interdit.
Combien de fois est-ce arrivé ? Parce que j'avais découvert la série par le biais d'un épisode ultérieur, je finissais souvent par me dire que le pilote était imparfait, inachevé, bancal, lent, inefficace... Je crois que j'aurai toujours un doute, dans le fond : l'est-il vraiment, souffre-t-il simplement de la comparaison avec les épisodes suivants, ou est-ce carrément mon affection quasi-systématique pour le premier épisode vu qui entre alors en ligne de compte ?
Notez bien cependant que ça ne m'empêche aucunement d'adorer les séries frappées par ce sort mystérieux, comme en témoigne la 3e saison de Titus que je termine d'engloutir (par contre j'en ai marre d'envoyer des résumés d'épisodes qui ne sont jamais validés, entre nous soit dit, je fais grève de ce côté-là en ce moment).
Après tout, quelle est l'objectif premier d'un pilote (et par extension du premier épisode vu) ? Ce n'est pas tant de construire un cadre narratif, ni de décrire les personnages avec précision. Il s'agit avant tout de commencer au plus tôt à tisser des liens affectifs avec le spectateur. Et si le premier épisode accomplit ce miracle, le spectateur en question finira son visionnage avec la pensée suivante "j'ai hâte de voir ce que ça va donner quand ils maîtriseront tout ça et auront le temps de développer". A partir de là, l'affaire est dans le sac. Mais, qu'il manque à sa mission, et la fidélisation du spectateur, pourtant primordiale en télévision, ne tient plus qu'à un fil. Le reste n'est que secondaire de ce point de vue ; les écarts de conduite seront facilement pardonnés par le spectateur si on le tient par l'organe le plus important : le cœur !
Dans la vie de tous les jours (vous savez, celle qu'on a quand on éteint la télé... non-non, c'est pas une légende, il parait que ça se fait parfois), on plaisante souvent sur l'importance de la première impression, mais en y réfléchissant, la télévision est le secteur audiovisuel où elle a le plus d'importance. Vous n'avez pas aimé le début du film ? Pas grave. Non seulement vous êtes enchaîné jusqu'à la fin (ne serait-ce que parce que, vu le prix des places, vous allez rester jusqu'au bout !), mais au pire personne ne vous force à revenir voir le même film la semaine suivante, ni à aller voir son épisode suivant l'année d'après. Mais pour une série, la fidélisation, c'est la clé ! Et la première impression laisse sur le spectateur une empreinte profonde et indélébile.
La meilleure preuve, c'est peut-être à vous de la donner : combien de fois avez-vous changé d'avis sur une série qui vous avait fait très mauvaise impression au départ ?