Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

ladytelephagy

26 janvier 2010

Réorientez vous... vers une autre chaîne

Au Japon, la saison hivernale 2010 semble avoir pour thématique le monde du travail. Certains pitches promettaient d'être sans concession, comme Nakanai to Kimeta Hi et son exploration du harcèlement professionnel. D'autres laissaient en revanche plus dubitatif quant à ce qu'on pouvait réellement en attendre.
Angel Bank était de ceux-là. Songez donc : une prof qui décide de changer de vie, et qui se trouve elle-même dans la position d'un conseiller en réorientation professionnelle... on pouvait en attendre le pire comme le meilleur.

Et c'est très précisément ce qu'on trouve dans le pilote.

Alors : comédie ou drame ? Les deux, en fait. Principalement le premier, et c'est dommage, car la réorientation professionnelle de Mamako, l'héroïne, fait plus figure de prétexte que d'acte fondateur. Là voilà en quelques minutes en train de se demander quelle est sa valeur sur le marché du travail, et hop ! Elle rencontre le grand gourou de la réorientation professionnelle, qui, ni une ni deux, la prend comme stagiaire. Le mot "facilité" vient à l'esprit.

Mamako va donc aider sa première cliente, une mère au foyer sur le point de divorcer, dont le futur ex-mari l'a mise au défi : soit elle trouve un boulot qui rapporte plus d'argent que lui dans le mois qui vient, soit elle perd la garde de leur fille. C'est donc là qu'interviennent les violons.

Ce n'est donc pas tellement dans le scénario précipité et peu original qu'il faut chercher l'intérêt d'Angel Bank, mais plutôt dans les dialogues, et notamment dans chacune des apparitions de Yasuo Ebisawa, le fameux réorienteur professionnel. S'il est vrai que beaucoup de ses tirades sont à l'économie ce que les termes techniques de Star Trek sont à la science, ça reste quand même bien le seul élément qui apporte de la valeur ajoutée à la série, et élève le niveau du débat.

AngelBank

Les mécanismes économiques dont il est (hélas rapidement) question une fois ou deux présentent un réel intérêt, mais la production n'a pas joué le jeu jusqu'au bout. Afin que la série conserve un maximum de spectateur, on préfère introduire un maximum d'éléments simples à comprendre (maman veut garder enfant, papa très méchant parce que maman pas esclave docile, entreprises pas assez compréhensives, grand gourou franchement antipathique, etc...), voire carrément simplistes. L'autre passage obligé était apparemment de caser une moue différente de Kyouko Hasegawa dans chaque scène, ce qui forcément est un autre genre de contrainte scénaristique.

Bref, Angel Bank gâche lamentablement son potentiel, scène après scène, alors que visiblement il y avait de bonnes bases.
Ce qui signifie que dans le monde de ma téléphagie, cette série a une valeur de zéro. Comprenne qui pourra.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Angel Bank de SeriesLive.

Publicité
25 janvier 2010

[DL] St. Elsewhere

Dans les années 80, apparemment, la plupart des séries commençaient par un générique, et non une scène d'exposition. C'est en tous cas la conclusion que je tire de mes observations de vieilleries en tous genres. Du coup, quand débute le générique de St. Elsewhere, on prend un sacré coup de vieux puisqu'il commence par une image en noir et blanc.
Je veux bien admettre d'avoir pris un an aujourd'hui, et je n'ai en fait aucun problème avec ça, mais de là admettre que l'année de ma naissance, il y avait encore des séries en noir et blanc, c'est hors de question ! Pas pousser. Fort heureusement, les choses s'arrangent rapidement...

StElsewhere
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Eh oui, car St. Elsewhere est apparue en 1982 ! Et si beaucoup de choses ont vieilli dans ce pilote (à commencer par les acteurs ! Ouh punaise, ça, c'est David Morse ?!), globalement il fonctionne relativement bien. Ce qu'on dit est vrai, c'est un excellent prélude à Urgences. On y trouve à vrai dire les mêmes éléments : adrénaline, drame et petites pointes d'humour, la vie de l'hôpital est rythmée mais pas surfaite. L'ambiance est différente, c'est net, mais la paternité est évidente. C'est assez rafraîchissant finalement.
En fin de compte, ça laisse une impression très amusante d'avoir remonté l'arbre généalogique des séries médicales. Je me demande si on peut remonter encore plus loin... Des suggestions ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche St. Elsewhere de SeriesLive.

24 janvier 2010

Si tu tombes neuf fois, toujours te relever dix

Pauvres, pauvres télespectatrices japonaises ! Elles font l'objet d'un matraquage manifeste qui, s'il n'était pas aussi lourdement opéré, ferait quasiment rire de par ce qu'il traduit de désespoir dans l'industrie médiatique. Celle-ci semble s'accrocher à tout prix à une certaine vision du rôle de la femme dans la société, où chacune se doit d'être toute entière lancée vers le mariage et la maternité, alors qu'inexorablement, la société change et que les choses ne sont plus aussi nettes. On a déjà discuté de ce problème en de nombreuses occasions.

Magerarenai Onna prend le même postulat de départ, et se présente comme une nouvelle démonstration de sceller le sort des femmes par des modèles médiatiques rigides. Et ça n'a rien de nouveau... ou bien ?

MagerarenaiOnna

Magerarenai Onna se traduit par "la femme qui ne plie pas", et il est vrai que le personnage principal, Saki, est l'illustration-même de notre expression "avoir un balai dans le cul". Ou, en langage plus recherché : psycho-rigide.

Et c'est vrai que c'est pas une rigolote, la Saki. Jamais un sourire... d'ailleurs, peu ou pas d'expression du tout. Elle a raté l'examen d'entrée au Barreau par neuf fois déjà, oui, neuf années de suite, neuf années pendant lesquelles elle n'a rien fait d'autre qu'étudier. Et alors que le bon sens dicterait à n'importe quelle personne sensée d'en prendre son parti et de faire sa vie autrement, Saki persiste.

Au moment du pilote, Saki prépare donc son dixième concours d'entrée, et travaille à temps partiel comme clerc dans un cabinet d'avocats. Sa vie est réglée comme du papier à musique et, sincèrement, ça relève quasiment de la pathologie lourde à ce stade. On a un peu l'impression d'avoir trouvé la fiancée japonaise de Monk ! Les plats préparés à l'avance pour chaque repas de la semaine et empilés sagement dans des Tupperware carrés dans le frigo, le carnet où sont notées quotidiennement les heures passées à travailler comme autant de lignes strictement identiques, l'exactitude avec laquelle chaque activité de sa journée commence à une heure bien précise...

Pourtant, passés les clichés de rigueur et de pointillisme, on comprend que Saki a, en fait, optimisé chaque instant de son existence pour se consacrer au maximum à ses révisions. Chaque seconde compte, et ainsi chacune est économisée dans ce but. L'existence entière de Saki est pensée dans le détail afin d'atteindre cet objectif qu'elle s'est fixé (et on devine qu'en neuf ans, sa technique en ce domaine a largement eu l'occasion de s'affiner).

Au bout de la moitié du pilote, le spectateur occidental commence toutefois à ressentir des pulsions d'homicide.
Sur l'air de :" si les chaînes japonaises se sortaient un peu la tête du cul, elles verraient qu'un tel personnage n'a pas nécessairement besoin d'être la fille impossible à marier qui fait le désespoir de sa maman, c'est pas croyable ça, les commanditaires de Magerarenai Onna sont aussi informés sur l'état de la société japonaise que TF1 sur celui de nos contrées !"
Voir Saki en indécrottable célibataire rigide relève en effet du cliché le plus navrant de la télévision japonaise. Quand on lui dit qu'une femme doit se marier et avoir des enfants, on a l'impression de lire dans son regard qu'elle se demande si elle pourrait concilier contractions et révisions, qu'elle en conclut que non, et qu'elle laisse tomber cette ridicule histoire de bonheur féminin. Alors sa maman, son patron, son petit ami, son ancienne camarade de classe, y vont chacun de leurs allusions plus ou moins fines sur ce qui rendrait Saki heureuse, et comme elle ne marque aucune émotion et semble ne jamais prendre de plaisir à rien, toute tendue qu'elle est vers son objectif, Saki accrédite la thèse du "elle est complètement barrée cette gonzesse qui ne veut pas se marier, faut surtout pas devenir comme elle". Et ça c'est rageant.

Car en plus ces deux états n'ont rien d'antithétiques : Saki aurait aussi bien pu accepter de se marier à Masato, et aurait optimisé leur vie de couple de façon à tout de même préparer son fichu examen tout en faisant tourner la maison. Mais non, il nous fallait une mauvaise élève, on est allés jusqu'au bout de la démonstration, quitte à en faire des tonnes.

On en arrive donc comme ça à la moitié du pilote et, je vais être honnête avec vous, là, j'ai décidé d'arrêter les frais. Plus précisément, quand la maman de Saki est tombée malade et que Saki, allant la visiter, entend sur le répondeur de sa mère que celle-ci a récemment eu une conversation avec une amie où elle confiait avoir vraiment envie que Saki se marie et lui donne des petits-enfants. Le seul truc qui pourrait ajouter du pathos à la situation serait que Saki se découvre un ovaire paresseux histoire de vraiment mettre la pression.
Et donc là, c'est le drame.
Saki s'en retourne dans la neige, pensant à son papa qui est mort quelques minutes après avoir enfin décroché l'examen du Barreau qu'il avait eu beaucoup de mal à décrocher (parce qu'en fait elle ne le veut même pas pour elle-même mais au nom de son père, ce fichu examen), et là arrive Masato qui lui présente une bague et lui propose de l'épouser, et on vivrait ensemble, et on s'occuperait de ta mère, et tu repriserais mes chaussettes pendant que j'ouvre mon propre cabinet, et ce serait magnifique.

Donc voilà, c'est là que, découragée par la télévision japonaise et ses odieux clichés sexistes, j'ai décidé que j'avais suffisamment subi ces conneries avec les  foutaises sur la célibataire mal-aimable qui heureusement va rentrer dans le rang grâce à un gentil garçon, et j'ai déclaré que Magerarenai Onna et moi, on n'étais pas copines. L'effet d'accumulation avait eu raison de moi.

Passent plusieurs jours. Un soir que j'ai mal à la tête mais pas envie de dormir, je me dis, comme ça, que je pourrais regarder un truc pas trop intéressant histoire de passer le temps, et que mes 10g d'anti-migraineux fassent effet. Grand bien m'a pris (pas juste pour les médicaments). Car c'est très tard que la série Magerarenai Onna montre ce qu'elle a dans le ventre.
Sans vouloir vous spoiler, disons simplement qu'après avoir longtemps joué avec l'idée d'un mariage entre Saki et Masato, et vas-y que j'essaye des robes, et vas-y qu'on va réserver une salle de réception, le pilote décide d'enfin dévoiler une information capitale, mais jusque là complètement invisible à l'œil nu : oui, Saki est un être humain. Complexe. Intéressant. Peut-être que le personnage ne plie pas mais ça ne signifie pas qu'il n'a aucun doute.

L'issue de cet épisode connaît alors un très bon moment alors que Saki, au téléphone avec sa maman, fait face à ses projets d'avenir. L'examen au Barreau, pas plus que le mariage, ne sont des garanties de bonheur, et le monde autour d'elle se charge bien de ne pas lui rendre la vie facile quel que soit son choix. Mais Saki démontre soudain que la rigueur à laquelle elle s'était astreinte ne l'empêche pas de craindre pour son avenir. Alors qu'on l'imaginait sûre d'elle et de son objectif, on comprend que son obstination ne signifie pas forcément qu'elle est certaine d'avoir raison alors que le monde a tort à son sujet.

Il faut beaucoup, beaucoup de patience, pour aller au bout du pilote de Magerarenai Onna. Beaucoup. Cela demande de survivre au visage de marbre de Saki pendant pas loin de 50 minutes (sur presqu'une heure d'épisode, ça fait beaucoup), de surmonter courageusement le cabotinage de Riko, proprement insupportable pendant 99% de son temps d'antenne, et surtout de serrer les dents chaque fois qu'un imbécile se croit en droit de faire remarquer à Saki qu'il sait mieux qu'elle ce qui la rendrait heureuse. De nombreuses minutes de frustration, voire de colère, sont à prévoir. A plus forte raison si vous avez le malheur d'être une femme. Mais finalement, ça en vaut assez la peine.

Magerarenai Onna nous permettra-t-elle enfin de faire le ménage dans tous les énervants clichés sur le bonheur de la femme japonaise ? Il est permis de l'espérer. Et personnellement, je suis d'avis que si la série poursuit son chemin, maintenant que je sais qu'elle est capable de plus de nuances qu'à ses débuts, elle pourrait même s'avérer nécessaire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Magerarenai Onna de SeriesLive.

23 janvier 2010

Let the memory live again

L'an dernier, pour mon anniversaire, je vous avais offert le pilote de Ricky ou la Belle Vie, série qui était née la même année que moi. Cette année, dans le même ordre d'idée, j'avais espéré parler de Cagney & Lacey. Mais voilà : impossible de mettre la main sur le pilote. Pas une cagoule qui traine, rien. Le désert.

Bah je vais pas me laisser arrêter pour si peu. Je vais le faire de mémoire.
Sauf qu'en dépit de l'immense tendresse que j'éprouve pour cette série, je ne me souviens plus de grand'chose. Aussi, quoi de mieux, alors que je m'apprête à prendre un an de plus, que de vous proposer un post sur la mémoire du téléphage ?

CagneyLacey

Pour regarder plus de films ces dernières semaines, je n'ai que plus encore la conviction que la mémoire joue un rôle essentiel dans la téléphagie.
Quand un film est relativement intelligent (partons sur ce postulat de base, voulez-vous ?), il construit son intrigue sur la base de petits éléments qui prennent du sens au fur et à mesurte, de sorte que, lorsqu'arrive la conclusion du film, la façon dont se finit l'histoire ait du sens. C'est vrai aussi bien d'une histoire d'amuuuur ("en fait il l'a toujours aimée !") que d'un thriller ("ah mais c'est pour ça qu'il arrivait aussi vite sur les lieux du crime !"). Mais en faisant cela, le film ne joue que sur la mémoire immédiate. Dans deux heures, vous n'aurez plus besoin de vous rappeler si le tueur au masque était apparu alors que le meilleur copain était sorti de la pièce.
Et même dans le cas d'un film à suites, la plupart du temps, la réutilisations de gimmicks, ou le rappel de quelques éléments de l'intrigue par des allusions voire un flashback, suffisent amplement à rafraîchir la mémoire pour obtenir le minimum syndical. D'ailleurs, pour ce que j'en ai observé, la plupart des films comptant plusieurs volets tiennent en fait plus de la franchise que de la suite, et peuvent être vus de façon indépendante sans que cela ne bloque la compréhension. Box office oblige, j'ai envie de dire.

Avec la série, c'est évidemment différent, donc. Le principe étant qu'on va revenir entre 10 et 25 fois par an, disons, sur les écrans. La mémoire du spectateur a alors un rôle essentiel à jouer. L'exemple le plus évident étant celui du personnage mineur qu'on a totalement oublié et qui réapparait subitement pour révéler un point capital de l'intrigue. D'où le soin infini porté à la construction d'un axe ou d'un personnage dans toute série un peu sérieuse sur ses intentions.
En fait, j'ai même envie de dire que, dans le fond, écrire une série télévisée, c'est apprendre à appuyer sur les interrupteurs de la mémoire du téléphage.

Tout le jeu consiste à savoir distiller des éléments et à les réutiliser ensuite. Même pas forcément sur plusieurs épisodes, d'ailleurs. Les comédies, qui se dispensent plutôt bien d'arcs couvrant plusieurs semaines, exploitent ce procédé à l'intérieur d'un même épisode, par exemple ; cela leur permet de trouver de bonnes chutes pour un gag, ou de jouer sur le comique de répétition. Or, le comique de répétition, comment fonctionne-t-il ? Il fait de l'effet au spectateur parce que celui-ci a mémorisé le fait que telle réplique, ou tel geste, a déjà eu lieu. Un geste souvent anodin la première fois qu'il est exécuté (à plus forte raison si la série n'est pas tournée en public ni ponctuée de rires enregistrés), mais qui a été écrit et montré de telle façon qu'un marqueur invisible l'a pointé du doigt pour qu'à l'occurrence suivante, le spectateur s'en souvienne et réagisse.

C'est tout un art de jouer avec la mémoire des gens à la télévision. Parce qu'on n'est jamais sûr de ce que le spectateur a vu : il peut être en train de manger, de discuter, d'envoyer un texto, de lire ses mails, de passer un coup de balai...
La subtilité d'écriture d'une série repose en définitive sur deux choses dans un tel contexte : la capacité à inciter le spectateur à ne pas faire autre chose, et la façon de poser les marqueurs sans avoir l'air d'insister lourdement. Avec ces deux qualités, un scénariste peut emmener un spectateur n'importe où.

Pour autant, le téléspectateur ne peut pas tout mémoriser. Il a beau avoir relevé plus ou moins consciemment tous les marqueurs sur le moment, il passe aussi tout le reste de la semaine à penser à autre chose. Et même, à regarder d'autres séries, avec leurs propres marqueurs. Même le téléphage le plus absorbé ne peut se souvenir de tout. Et celui qui le prétend est soit un menteur, soit un asocial qui passe son temps à apprendre ses épisodes comme on apprenait des poèmes de Prévert à l'école primaire.
Il y a donc, nécessairement, une part d'oubli dans le visionnage d'une série.

D'ailleurs, faites l'expérience. Prenez l'une de vos séries préférées, et faites-vous l'intégrale d'une saison. Quelle que soit la série choisie, vous allez à un moment ou à un autre, au milieu des exclamations de ravissement ("ah, attends, j'adore cette scène... là, après ça"), finir par vous exclamer : "tiens, je ne me rappelais plus de ça". Une scène, une réplique, un gag... J'ai beau avoir vu Une Nounou d'Enfer une bonne douzaine de fois en intégralité (et je remercie M6 sans qui tout cela n'aurait jamais été possible), pourtant, il y a invariablement une réplique qui me surprend alors même que je récitais l'épisode par cœur.
Ainsi, même si la mémoire est un ingrédient fondamental de la téléphagie, l'oubli en fait partie aussi. Et c'est une excellente nouvelle pour l'industrie du DVD.

Nous ne sommes qu'humains, après tout. Et nous ne pouvons pas nous souvenir de tout ce que nous voyons.

On en a d'ailleurs régulièrement l'illusion ! Si vous êtes un peu comme moi, la moitié du temps, vous êtes infichus de dire ce que vous avez mangé mardi soir dernier, mais vous pouvez réciter l'intégralité des dialogues d'une scène issue d'une série donnée !
(votre entourage, souvent ignorant en matière de téléphagie, prétend alors, à tort, que vous avez la mémoire des choses inutiles. Mais peut-on qualifier un dialogue d'A la Maison Blanche d'inutile ?! Décemment non)

C'est la raison pour laquelle j'ai tellement de mal à faire ce post, qui pourtant me tenait à cœur, sur Cagney & Lacey. De mémoire, en tous cas. Les bribes de ce que j'en ai retenu, autour d'une vingtaine d'années après en avoir vu des épisodes, sont insuffisantes. Je n'étais pas la téléphage que je suis aujourd'hui, pour commencer, mais j'étais aussi moins sensible aux marqueurs parce que je ne donnais pas forcément la même attention à ce que je regardais. Qui plus est, je n'ai pas eu la chance de me rafraîchir la mémoire et, au cours de ces années de téléphagie intensive où j'aurais été complètement à même d'enregistrer un maximum de données, de voir ne serait-ce qu'un seul épisode de la série.
Pourtant, ces mêmes bribes semblent encore suffisantes pour avoir, chevillée au cœur, cette tendresse envers la série.
C'était certainement le marqueur le plus efficace, en fin de compte.

22 janvier 2010

Dans la ligne de mire

Elle vous avait manqué ? Le soir, dans votre lit froid, vous vous retourniez sans trouver le sommeil, désespérant de sa disparition ? Ne perdez pas espoir : la première Twittereview de l'année se tiendra demain, soit le samedi 23 janvier, à 17h00 ! Pas tapantes, parce qu'on n'est pas des machines...

Vos deux revieweuses préférées s'attaqueront à Human Target, et comme de nombreuses Twittereviews avant elle, celle de ce samedi promet du saignant ! D'après ce que j'ai entendu dire, la série n'est pas aussi convaincante que prévu, ce qui fait tout-à-fait mon affaire quand on sait que les séries précédemment écorchées vives par nos soins ont été Make it or Break it ou HawthoRNe !

Comme toujours, mais en début d'année il est parfois bon de rappeler les bases, la Twittereview s'effectue en direct, sur Twitter (qui l'eût cru ?), par nos bons soins, sur la base d'un épisode que nous n'avons vu ni l'une ni l'autre, en l'occurrence ici, le pilote de Human Target, donc. Si vous voulez suivre nos réactions à chaud, au fur et à mesure, n'hésitez pas à nous suivre !

Twittereview_icon           Logo_bigger

Et si en plus, vous avez envie de vous joindre à nous, aucun problème ! Plus on est de fous, etc... Nous donnerons le compte à rebours pour que vous puissiez lancer l'épisode en même temps que nous !

Publicité
21 janvier 2010

Sashiglee

Elle court, elle court, la video. La bande-annonce japonaise de Glee fait une tournée virale des blogs, Twitters et consorts.
Glee + Japon ? Il était inévitable que j'y jette un œil.

GleeJapanesePromo

Construite comme une parodie, elle montre un jeune sumo loser être pris en charge par Tarou Akebono qui, devenant son mentor, l'encourage à entonner "Don't Stop Believing" avec entrain (et un accent typiquement nippon).
Beaucoup y verront, en fait, les clichés habituels sur la télévision japonaise dont, vue de l'étranger, la maxime semble être : "le ridicule ne tue pas, et pourtant c'est pas faute d'essayer". Couleurs criardes, concept pas franchement intelligent, interprétation vascillante... tout y est.
Cette avalanche de stéréotypes outranciers explique d'ailleurs certainement que cette bande-annonce soit si populaire en Occident, quand son autre version ne connaît quasiment aucun écho.

Si vous permettez, j'ai vu dans cette publicité de la branche nippone de la FOX tout autre chose. Quelque chose de tout aussi nippon, finalement : le pragmatisme des publicitaires.

Car que propose cette bande-annonce, précisément ? Une parodie, on l'a dit. Juste au-dessus, vous pouvez vérifier. Et qui dit parodie, dit que le spectateur, pour en apprécier les références et l'humour... doit connaître l'original.

La thématique (l'élève au profil de perdant qui retrouve la joie de vivre grâce à son prof), la chanson (moment-clé de la fin du pilote), les tenues des danseuses au moment du final (toutes habillées comme Tina, l'asiatique de service)... La FOX Japan part du principe que non seulement le spectateur a déjà entendu parler de Glee, mais cela n'a rien de très original quand on sait que la plupart des bande-annonces de TF1 ou M6 comportent l'expression "série-évènement", mais en plus cela sous-entend qu'il l'a probablement déjà vue ! Ce que la FOX nippone propose, de son propre aveu, c'est la diffusion d'une série que le spectateur connait via des moyens moins légaux, puisque c'est bel et bien la première diffusion de Glee sur la télévision nippone qui commencera le 29 janvier prochain.

Oui, FOX Japan vient d'officialiser le concept de rediffusion inédite, ce qui en définitive n'est rien d'autre que bâtir la promotion de la diffusion d'une série... sur le téléchargement illégal.

20 janvier 2010

La première camisole de l'année, ça se fête !

Aussi difficile que ce soit à croire, et je sais combien vous allez tomber des nues... la rubrique Tell Me You Google Me n'avait pas vu la lumière depuis janvier 2009. Et personne ne me dit rien ? Mais si on ne peut même plus compter sur son lectorat pour se faire tirer les oreilles, on ne peut plus compter sur rien !!!
M'bref.
Voilà donc le palmarès depuis le début de l'année...

- Dorama Powa !
Eh bah je vais vous dire, ça fait plaisir. Enfin en tous cas l'intention y est, et c'est déjà pas mal. Parmi les requêtes, on note (et j'irai jusqu'à dire que c'est proportionnel avec l'augmentation de posts dans ce sens ces derniers mois) pas mal de demandes portant sur des séries japonaises. Sauf que ça ne pouvait évidemment pas se faire sans casse...
city hall drama (ça commence à dater, mais soit)
futatsu no spica (c'est marrant, c'est avec cette série pourtant moyenne que tout a recommencé pour moi cet été)
Akakabu Kenji Kyoto-hen drama (je vois qu'il y en a qui sont renseignés)
-Ichi rittoru no namida (le signe moins a probablement un sens qui m'échappe)
real clothes drama spoiler (c'est pas pour l'épaisseur de l'intrigue que vous risquez grand'chose)
Majisuka Gakuen (les fans des AKB48 sortent du bois)
serie like Shimokita glory days (ah pardon, en fait je voulais le mettre dans le paragraphe suivant)

- The internet is for porn
...Enfin, c'est en tous cas ce que bien des internautes semblent croire. Les hormones démangent en toutes saisons, et la meilleure preuve en est le défilé de recherches suivantes :
sm femme offerte au chien (voilà, merci, maintenant il ne me reste plus qu'à me pendre)
teens voyeurs (on est à la limite de la légalité, là)
extrai de scene de nue integrale au cinema (c'est ça oui, faisons mine de croire que c'est pour se documenter sur le cinéma)
cougars suceuses (je me méfierais quand même des dents à votre place, les félins on ne peut jamais prédire ce qu'ils vont faire...)
déesse fait un strip-tease (désolée, le vigile à l'entrée du Mont Olympe trouve que vous n'avez pas suivi le dress code : toge et pouvoirs mythologiques de rigueur)
stop célibat (un nouveau panneau routier ?)
miley cirus nus. (déjà qu'il ne reste pas grand'chose à l'imagination...)

- Ils sont parmi nous, ils sont téléphages, et ils ont un plan
Là, enfin, ça fait sens. On parle séries. Je me sens plus en confiance. D'accord, ce ne sont pas forcément les séries pour lesquelles on trouve beaucoup de posts (mais plutôt quelques tags, glissés comme ça, dans la conversation), mais enfin, bon, quand même, il y a un net progrès.
quels series de vampire regarder ? (sans déc', c'est à moi que vous l'demandez ?)
M6 diffuse rome (il n'est pas interdit de rêver)
lincoln heights sitcom (moi aussi j'ai mis beaucoup de temps à comprendre ce qu'était un sitcom, l'héritage AB Prod sans doute)
regarder vampire diaries (non, non)
maison superbe galactica caprica (ah oui, je vois tout-à-fait de laquelle vous parlez, et si vous connaissez un agent immobilier...)
est-ce que albert ingalls est mort de sa leucémie (le doute subsiste, à vous d'en décider selon votre degré de sadisme)
la serie ou un homme peut faire revenir les morts (hélas, l'homme ne peut pas faire revenir la série d'entre les morts)
qui a composé le générique de the mentalist (oh, de l'humour, j'aime !!!)

- On ne sait toujours pas si on habite dans la même dimension...
Nan, mais vraiment. L'idée même de faire ce genre de requêtes apparait comme tirée d'une série de science-fiction, pour moi. Quels sont les êtres qui ont ce genre de préoccupations, et qui cherchent sur Google la réponse à leurs questions les plus tordues ? Pire encore, pourquoi les moteurs de recherche les dirigent-ils sur moi, ces aliens ?!
surcils ideal homme (ce n'est pas l'épaisseur des sourcils qui compte etc...)
Je veux parler icarly (parler français serait pas mal pour commencer)
you gougle (infirmièèèèèèère !!!)
filme beite maloone (on lui dira, on lui dira)
je vous avouerai (le suspense de cette requête est in-sou-te-na-bleuh)
un homme dit je vais finir par tomber amoureux (j'aime bien la façon que cette formulation a de sonner comme une menace)
jeu virtuelle de deviner a lequel je pense (double challenge parce qu'il faut aussi comprendre l'intitulé)

Eh beh punaise, quand on voit ce qu'on voit, et qu'on lit ce qu'on lit, on se dit qu'on aurait pu être mentalement bien plus atteint.

Allez, pour la route, le Top Cagoule de la première quinzaine de janvier, avec les requêtes portant sur le téléch-... ahem, l'achat légal de DVD. Mais si.
- La Famille Green
- Hero Corp
- Wolf Lake
- The War Next Door
La plupart font quand même plaisir, je trouve. Et pour The War Next Door, sachez que je suis totalement d'accord, l'absence de... DVD pour cette série relève du crime contre l'humanité.

19 janvier 2010

Trop attendue

Ce post s'adresse à vous tous qui, comme moi, avez été adolescents pendant la seconde moitié des années 90... vous vous souvenez ? Ce qu'on a pu ressentir devant Felicity, Dawson et/ou Young Americans ? Pour ma part, je gardais beaucoup de distance avec ces séries pour adolescents (et TF1 ne m'a pas permis d'approfondir la question Felicity qui aurait pu être la seule exception), mais même moi je l'ai perçu à un moment. Oui, le fait est qu'on l'a tous ressenti, à un moment ou à un autre, devant l'une de ces séries ou leurs équivalents, à des degrés divers.
Cette impression de proximité. Quelque chose nous parlait. Quelque chose s'adressait à nous sans (trop) nous prendre pour des crétins. Ne simplifiait pas le monde exagérément. Ne se contentait pas de nous divertir. Ces séries n'étaient pas juste écrites pour que nous les regardions, elles étaient écrites pour que nous y trouvions un petit quelque chose. Peut-être même un peu de nous.

Je pensais sincèrement cette époque totalement révolue. Elle s'est éteinte avec Joan of Arcadia et Everwood, pensais-je. Et pour être sincère, ça ne me faisait ni chaud ni froid, j'avais déjà amplement passé l'âge de me sentir touchée de plein fouet par ces séries, et même quand j'en avais l'âge, elles étaient loin d'avoir sur moi l'impact qu'elles avaient sur mes ami(e)s.

Sont apparues, graduellement, par ordre croissant d'indigence, The OC, One Tree Hill, Gossip Girl, 90210 et autres Hidden Palms, et je me disais : je suis bien contente de ne pas être une ado. Bien contente de ne pas chercher dans le paysage télévisuel quelque chose qui me parlerait, parce que, punaise, qu'est-ce que je serais déçue ! Les années semblaient ne passer que pour apporter moins de sens aux séries pour ados. Qu'est-ce que je les plains, les ados. C'est déjà pas facile d'être ado, mais quand on voit en plus les séries qu'ils se coltinent... pas gâtés, les pauvres. Au mieux, ils devraient être aussi furieux que je le suis de ce qu'on leur fourgue.
Et d'ailleurs, un peu plus tôt cette saison, je m'en étais émue à nouveau avec l'arrivée de The Beautiful Life, qui ne remontait toujours pas le niveau.

Et puis, tout le monde a commencé à parler de Life Unexpected. Et de vous à moi j'ai évité du mieux que j'ai pu ce qu'on en a dit, ce qu'on en a vu, ce qu'on en a espéré. Car de toute évidence, tout le monde en espérait beaucoup. Quand les trailers sont apparus, wow ! Je lisais les réactions et j'avais l'impression que tout le monde attendait l'arrivée de cette série comme celle du Messie. The WB redescendue sur Terre... On pouvait presque entendre les larmes d'émotion et d'espoir rouler sur les joues des gens.
C'est dangereux de trop en attendre d'une série. C'est déjà pas très sain d'attendre grand'chose de la CW, alors...

MuchExpected

Et pourtant, après avoir, ce soir, regardé le pilote de Life Unexpected, je dois reconnaître que je comprends sur quoi repose cet espoir, et qu'a priori il est relativement fondé. Mais que ce poids qui pèse sur les épaules de la série est peut-être trop lourd à porter quoi qu'il arrive. Life Unexpected parvient à avoir ce petit quelque chose de "vrai" qui semblait s'être évaporé mystérieusement des teenageries modernes. Certainement parce que dans le fond, Life Unexpected n'est pas conçu comme une teenagerie. Son personnage principal est une adolescente, certes, mais son discours est plutôt adulte, et surtout c'est à la génération de ses jeunes parents que la série s'adresse (la présence de Kerr Smith, transfuge de Dawson, et de Shiri Appleby, venue de Roswell, sont deux choix de casting assez révélateurs de la véritable cible de la série). Des adultes pas trop adultes, mais résolument plus des ados. D'ailleurs, on comprend avec ce pilote que ce n'est pas l'adolescence de Lux qu'on va suivre, mais bien la façon dont les deux parents vont grandir, enfin, et totalement. Et pourtant quelque chose dans le ton de cette série fait que, si j'étais adolescente aujourd'hui, je ressentirais ce que j'ai ressenti jadis devant Felicity.

Mais voilà le cœur du problème : je ne suis plus adolescente. Et vous, mes camarades qui avez été adolescents au cours de la seconde moitié des années 90, non plus. Et c'est là que le problème se pose finalement. C'est que nous avons passé l'âge. Ça ne nous appartient plus vraiment, cet univers. Les moins téléphages d'entre nous ont gardé Dawson dans un coin de leur cœur et sont passés à autre chose. Les plus téléphages d'entre nous, bien qu'éventuellement passés par des Skins et consorts, ont depuis grandi aussi, et ont découvert des Experts, des Dexter, des Mad Men même, et j'en passe. Nous vivons dans un autre monde et nous aimerions que Life Unexpected nous ramène à notre prime jeunesse, alors que nous ne guettions pas encore nos premiers cheveux blancs et que nous ne payions pas encore d'impôts. Mais c'est un miracle que Life Unexpected, malgré son pilote plutôt solide, ne peut accomplir. C'est trop lui demander.
D'autant que Life Unexpected n'est pas une série épatante. Elle est juste correcte. Quelque part ce devrait être le minimum syndical, mais nous avons tellement baissé le niveau de nos attentes !

Il faudrait pouvoir prendre cette série pour ce qu'elle est : une série divertissante mais pas abrutissante. C'est déjà bien. Mais je crains qu'après les semaines, voire les mois passés, cela ne lui soit refusé. Tout le monde attendait Life Unexpected comme la série qu'elle ne pouvait être. Celle qui nous rappellerait ce que nous avons ressenti il y a une dizaine d'années de ça. Mais même la meilleure des séries ne le peut pas. Alors, une série correcte...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Life Unexpected de SeriesLive.

18 janvier 2010

Toute histoire a un début... ou parfois, deux

C'est à cause de l'heure. Il ne peut pas y avoir d'autre explication. Si, en fait il peut y en avoir d'autres. Mais majoritairement, c'est à cause de l'heure. Quand on regarde les premiers épisodes d'une série après minuit, on s'expose à n'être pas franchement rationnel.
Si je n'avais pas découvert Heroes à environ deux heures du matin (si mes calculs sont justes), aujourd'hui on n'en serait donc pas là. Je n'aurais sans doute pas acheté le coffret de la 1e saison, et le second ne figurerait pas dans la commande Cdiscount que je dois aller chercher à la Poste (happy birthday to me ♪).

J'ai donc redonné sa chance au pilote de Heroes. 'Stoire de voir. De me tester, si on veut. Comparer avec moi-même.
L'expérience est d'ailleurs assez intéressante parce qu'après trois ans quasiment jour pour jour, il était évident que mon regard allait changer sur cette série. Ne serait-ce qu'à cause de tout ce que j'en avais lu dans l'intervalle, déjà. Et puis aussi parce que, forcément, mes goûts ont évolué depuis, et que c'est amusant d'essayer de reprendre les choses depuis le début (ou en tous cas, essayer) et de constater que...

...que le résultat, en définitive, est complètement différent. Et pas du tout.

Ce qui est radicalement différent, c'est que je suis loin de l'enthousiasme sans borne et de la fringale (osons le dire) que j'ai ressentis après les premiers épisodes de la série, il y a donc trois ans de ça (ce blog était encore en langes, c'est émouvant). Non, après avoir revu le pilote, je n'ai même pas absolument envie de m'enfiler le second épisode dans l'immédiat, bien que, bon, allez, ça va certainement se produire un soir où je serai fatiguée et où j'aurai envie de m'enfiler un truc pas trop compliqué, d'autant que maintenant que j'ai remis le pied à l'étrier... mais ça s'arrêtera là.
Car du coup, ce qui ne sera pas différent, c'est que Heroes n'est pas, et ne sera jamais, la série que je n'aurais jamais dû arrêter de regarder, et que je regrette d'avoir laissé filer.

Cela dit, je ne m'en veux pas pour l'investissement côté DVD. D'autant que j'ai jamais payé le prix fort pour cette série vu que je l'achète toujours avec 50 ans de retard. C'est pas plus mal d'avoir ce genre de série dans ma téléphage-o-thèque, ça change. Ce ne sont pas les dizaines d'euros que j'ai le mieux dépensés mais enfin, c'est pas comme si j'avais acheté un DVD de Son of the Beach, n'est-ce pas ? Ahem.

Bref, le pilote de Heroes m'a finalement rassurée.
Tout va rien, en arrêtant de regarder la série au cours de la première saison, je n'ai pas fait la plus grosse bêtise de ma vie de téléphage.

Et quelque part, maintenant que je sais ça, en fait, je pense que je vais regarder la série beaucoup plus sereinement que si je ne me disais que j'ai loupé (au moins pour la première saison, mettons) l'un des meilleurs divertissements popcorn de ces dernières années.
Je crois que je suis prête pour enfin vraiment découvrir la série. Réconciliée.

Heroes

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (vous me raconterez à quoi ressemble la vie de troglodyte, à l'occasion) : la fiche Heroes de SeriesLive.

17 janvier 2010

La fiction française m'a tuer

Les séries françaises...
J'en vois déjà plusieurs parmi vous qui poussent un soupir résigné, et ils ont raison : ce post ne va pas être joli. Oh non. Pourtant, c'est pas comme si je n'avais pas prévenu tout le monde : je n'ai pas la moindre foi en la fiction française. Je fais beaucoup d'efforts pour en finir avec mon pro-américanisme primaire (et côté Asie, ça marche plutôt bien, et je vous ai déjà parlé de séries britanniques, néo-zélandaises et même indiennes, c'est dire si je fais un travail sur moi), mais je ne me sens pas aidée. Il faut préciser que je n'ai pas Canal +. Oh bien-sûr, une fois de temps en temps, je m'assieds devant une diffusion de Kaamelott en prime time, et j'ai envie d'embrasser mon téléviseur, oui, évidemment... mais enfin, ça reste une situation minoritaire. Rarissime, même. Et ça fait des années que je ne suis pas tendre, et que je ne loupe personne au tournant, en plus. Donc j'estime que tout le monde était effectivement prévenu.
Alors, quand je lance le pilote d'une série française, je trouve normal d'être sans pitié. Je veux dire : ou alors c'était pas la peine de venir, les gars, fallait rester à la maison.

Je suis très en colère, en fait. Fâchée de chez fâchée. J'ai le sentiment qu'on n'arrive à rien. Et tout ça c'est justement la faute de Kaamelott, précisément. Pour moi, cette série est le symbole de l'espoir télévisuel grand public en nos contrées. Kaamelott, pensais-je, va nous sauver. Et je me rappelle comment mes espoirs se sont brisés quand M6 nous a sorti Off Prime, par exemple. Ou comment ne pas tirer de leçon et refaire de la comédie lourdingue des années 90. On n'allait jamais s'en sortir.

Il y a un bout de temps de cela, j'ai commencé à entendre parler de Hero Corp. Et je me suis dit que si un Astier était à la barre, c'est qu'il avait bien dû apprendre deux ou trois trucs des apports de son aîné au monde de la télévision française, et qu'on allait peut-être, enfin, oui c'est sûr, il ne faut pas désespérer, voir fleurir non pas une série porteuse d'espoir, mais toute une génération de séries.
Et puis j'ai regardé le pilote.

HeroCorp_logo

J'ai une affection particulière, vous le savez, pour NERDZ et Flander's Company, vous le savez sans doute. Mais cette sympathie se fait en toute conscience d'une chose : leur degré d'amateurisme. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de sous. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'exposition médiatique. Je sais que ça tient souvent du délire entre potes. Et ce sont des séries dont le plan marketing, d'ailleurs, est fondé sur ces trois piliers (à différent degré l'une de l'autre). Je n'attends pas d'effets spéciaux incroyables (mais suis ravie d'en voir), je n'attends pas d'intrigues fouillées (mais adore voir que ça ne les empêche pas d'essayer), et je n'attends pas, c'est sans doute le plus important, une qualité d'interprétation digne de l'Actor's Studio (mais ait trouvé que certains acteurs avaient à en remontrer à d'autres plus connus). Je n'oublie pas que ces mecs-là, le reste de la semaine, ils sont graphistes, profs... on ne peut pas demander trop à des personnes qui n'ont pas le temps de vivre de leur fiction. Et tout est à regarder dans cette optique, ce qui, je le précise encore, n'évite strictement pas les excellentes surprises.

Voilà donc mon problème : quand CALT produit une série pour Comédie! et France 4 sur l'idée d'un auteur et comédien dont c'est le travail à plein temps, j'attends plus. J'exige plus. C'est un minimum que de ne pas faire du travail amateur dans ces conditions. Ce devrait aller sans dire.
Mais le pilote de Hero Corp, je garde la conviction que l'équipe de NERDZ aurait pu le réaliser sans qu'on y voit beaucoup de différence. Et ça me met rudement en colère.

Le plus horripilant n'est même pas dans la réalisation ; elle a d'ailleurs un ou deux bons moments (essentiellement au début de l'épisode). Non. Le comble de l'horreur, le truc qui me fait faire la tête du Cri de Munch, ce qui me hérisse le poil, c'est l'interprétation. Je supplie les acteurs français de nous tuer plutôt que de continuer de nous infliger ça. Merde les gars, à ce stade, AB Prod avait aussi bien fait de s'occuper du casting ! C'est pas possible. On ne peut pas humainement imposer ça à ses spectateurs. Pourquoi vous ne vous mordez pas les joues pour éviter de rire, aussi ? C'est au-delà de mes forces.

Le problème de Hero Corp, c'est très certainement de ne soutenir la comparaison avec Kaamelott à aucun moment, sauf qu'elle se fait automatiquement, non seulement à cause de Simon Astier, de l'univers décalé, mais du ton choisi pour les dialogues. Ton des dialogues, j'ai dit, pas ton de l'histoire. Car, et c'est sans doute là que le bât blesse, les personnages semblent baigner dans une comédie à la Kaamelott là où l'ambiance cherche à instaurer du mystère. Mystère qu'on ne peut pas un instant prendre au sérieux puisque les acteurs persistent à s"invectiver avec fougue et à faire les pitres là où il aurait fallu cultiver de vraies pauses sérieuses dans la narration. Mais Simon n'est pas Alexandre, et le résultat manque de finesse voire de soin. Le résultat donne une impression de travail à la va-vite, de torchage mal pensé, et peut-être même, si l'on est de mauvaise humeur comme moi à présent, de copie éhontée.

Non, Hero Corp n'a rien de la révélation que j'attendais. Mais vous savez quoi ? Je vais quand même tenter le second épisode. Parce que même fâchée, désormais j'ai l'espoir.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hero Corp de SeriesLive.

Publicité
ladytelephagy
Publicité
Archives
Publicité